PRELUDE
« Ce que l'indigène (autochtone) reproche
aujourd'hui et reprochera demain avec véhémence à notre
politique foncière (...), c'est d'avoir méconnu
complètement ses coutumes et d'avoir disposé de son patrimoine
foncier sans même l'avoir consulté »
Lapika Dimomfu
DEDICACE
- A mes parents qui ont toujours été
animés par le souci de mon bien-être général et qui
ont gardé ma famille restreinte pendant mes études,
- A mon grand frère Louis SHAMAVU
Papy qui a supporté une grande partie de mes charges
académiques et qui ne cesse de m'encourager et de m'appuyer dans toutes
mes entreprises, malgré ses charges,
- A mon épouse Monique MAPENDO qui a
accepté la séparation de deux années et qui a su supporter
toutes les difficultés tout en m'appuyant moralement et
matériellement,
- A mes fils et neveu, NICK AZARIA, JOSIAS
AURELIEN et ARIEL pour les peines subies à
cause de mes études,
- A mon grand frère Liévin
SHAMAMBA et mes petits frères et soeurs qui n'ont cessé
de m'encourager,
- A ceux qui s'occupent ou s'occuperont des
délaissés urbains,
A tous et à chacun, je dédie ce travail.
Deo KUJlRAKWINJA K-M.
REMERCIEMENTS
« A tout service rendu correspond une
gratitude ».
Je dois remercier toutes les personnes qui ont
contribué moralement et matériellement à mes études
et à la réalisation de ce travail.
Mes gratitudes vont au Professeur Roger CHIBENDA
MULASHI qui a accepté de diriger ce travail malgré ses
multiples occupations, je lui resterai reconnaissant.
Je reste aussi reconnaissant aux enseignants qui nous ont
formé tout le long de ce cycle de licence et des administratifs qui nous
ont servi.
Mes remerciements particuliers vont à mon grand
frère Louis SHAMAVU Papy et sa
famille, à mon épouse Monique MAPENDO, à
Léontine M'Babisha et à mes fils
NICK, JOSIAS et ARIEL pour
avoir accepté d'être sacrifiés et / ou de se sacrifier
à cause de mes études
Mes remerciements vont à tous mes frères et
soeurs (petit(e) et grand(e)s) pour tout leur encouragement et leur soutien.
A mes chefs hiérarchiques, à mes collaborateurs
et personnes qui m'ont aidé à surmonter les difficultés
quotidiennes durant la vie académique qu'ils trouvent l'expression de ma
gratitude, pour qu'ils ne cessent d'assister les étudiant,
A mes collègues de l'auditoire, les 22, avec qui j'ai
parcouru ce cycle de licence pour le réconfort et que la
solidarité continue à se manifester.
A mes compagnons de lutte de toujours; DJUMA
B., Théo BUJIRW A, Doom's
NAMUHANGA, Emery KABUGI,
Eustache KALWIRA et aux intimes
ZIGA BUGEME, Venant
CISHUGI, Yves KAHASHI et
Greg KAMBALE pour leurs soutien et relations
qui me resteront utiles.
Aux aînés et cadets T.D.R de qui je garde de bons
souvenirs et qui n'ont cessé de m'assister et de me guider dans mes
activités,
Aux personnes qui m'ont aidé à mener les
enquêtes, à saisir et imprimer ce travail, je reste reconnaissant
pour tout.
Deo KUJIRAKWINJA K.
RESUME
DU TRA V AIL
Dans la plupart des pays africains, l'urbanisation est mal
maîtrisée. Cela se remarque par d'insolubles problèmes
liés soit à l'homme, soit aux infrastructures, soit aux revenus.
Le lotissement dans les quartiers Keshero, Ndosho et Katoyi
n'est pas épargné des conséquences susmentionnées.
Partant de la domanialité des terres, les autochtones
sont laissés pour compte et subissent les effets pervers du lotissement
qui est curatif et instrumentalisé.
Devant l'accroissement de la population urbaine et de
l'espace, l'Etat qui se trouve sans moyens, s'investit dans un lotissement
opéré au détriment de la population. Ce
développement urbain, réduit à des actions urbanistiques
de lotissement, se heurte aux réalités locales; ce qui engendre
des problèmes au niveau des individus, du milieu local, de la
région et même de la nation.
Pour essayer de limiter les conséquences du lotissement
sur la vie des populations locales, des orientations à court, moyen et
long terme sont à préconiser et tournent autour des axes
suivants;
- La participation des populations locales au lotissement,
- L'intervention de divers acteurs dans le lotissement,
- La reforme et le bon usage de la loi foncière,
- La référence à l'urbanisation et au
lotissement préventif,
- L'encadrement des milieux ruraux environnant la ville ou
l'adoption d'un développement solidaire,
« urbain. »
La faisabilité de ces orientations n'est possible que
si la volonté politique se manifeste et que l'Etat devienne fort. Aussi,
il faut que la population soit sensibilisée et conscientisée pour
bien défendre sa cause.
ABSTRACT
ln many African countries, the urbanization is badly mastered.
This is seen through the different problems that are not solved linked
sometimes to man, sometimes to substructure and the income.
The housing development which is now on going in Goma town;
mainly in Keshero, Ndosho and Katoyi quarters is also facing consequences
highlighted above. Autochthonous are not taken into account when the housing
development is taking place. They suffer from different difficulties of the
housing state which is curative and instrumentalised. In front of the increase
of population and the urban area; the government which doesn't have means to
implement real urbanization, put in place wrong urbanization to the detriment
of habitants. This urban development reduced to simple urbanistic action of
housing development strikes the local realities. This introduces problems at
individual, regional or nation levels.
ln order to try to overcome the consequences of the housing
development on the life of local people, some immediate, medium and long terms
are to be applied following different areas:
- Participatory approach which involves local people into the
housing development process,
- the intervention of different actors in the housing
development,
- the reform and land tenure law enforcement
- the reference to both the preventive urbanization and
housing development
- support to rural areas surrounding the town or the
implementation of interdependent development between rural an urban policies.
The orientations' feasibility can be possible if the there is
political will and if the government becomes strong in terms of law
enforcement. Local communities should be heightened awareness of the problem
and know how to defend their rights.
TABLE
DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
« Jamais dans l'histoire humaine, notre planète
n'a été peuplée comme elle l'est actuellement avec plus de
six milliards d'hommes alors que le taux de natalité continue à
décroître dans plusieurs pays « ( Klaus M. LEISINGER, 2000,
p. 2.)
Ce peuplement de la planète se répartit entre le
milieu rural et le milieu urbain, tant dans les pays développés
que dans le Tiers-Monde. Sauf que cette répartition est inégale
entre les deux milieux où néanmoins l'urbain l'emporte.
En effet, le monde est en train de devenir de plus en plus
urbanisé, surtout dans les pays sous développés car, il
est reconnu par plusieurs spécialistes de peuplement que « c'est
vers 2010 qu'en Afrique, par exemple, la population urbaine dépassera la
population rurale. C'est la dégradation des conditions de vie
liées à l'agriculture dans certaines zones et l'attraction des
villes qui vont encourager ou forcer les dizaines de millions des ruraux
à quitter leurs campagnes » (spore 2000,)
La République Démocratique du Congo (R. D. C.)
n'est pas épargnée par cette réalité. On y remarque
que des milliers de personnes sont obligées de se déplacer
à l'intérieur du pays pour échapper aux malaises sociaux,
aux violences, aux calamités naturelles et/ou à une pression
économique insupportable. Ce déplacement s'opère dans la
majeure partie des cas, du milieu rural vers le milieu urbain.
La ville de Goma voit ainsi les quartiers populaires
saturés et les quartiers résidentiels envahis par les migrants.
Ce déplacement et cette installation des migrants ruraux et urbains et
l'accroissement « naturel » de la population entraînent une
restructuration de l'espace urbain et/ou son extension.
Ces opérations de restructuration et d'extension de la
ville ne vont pas sans conséquences sur la vie de la population tant
autochtone qu'allogène.
1.
PROBLEMATIQUE
« La population urbaine croit beaucoup plus vite que la
population mondiale. Par delà l'évolution dite « naturelle
» l'exode rural et les migrations diverses, la population urbaine augmente
de 4,3% par an dans le tiers monde » (G. MASSIAH et al., 1987,p.17). Cette
augmentation a été de 4,1% pour l'année 1999 (UNICEF,
2001).
La migration des populations actives du milieu rural vers le
milieu urbain est un fait fort remarquable. Elle concerne tous les centres
urbains du pays: BUKAVU, GOMA, KINDU, KISANGANI, KINSHASA, LODJA, ect.
A Goma, elle entraîne une forte concentration des gens
dans des quartiers dits populaires (BlRERE, MABANGA, MAJENGO) où
prolifèrent des constructions anarchiques qui rendent difficile la
circulation des gens, l'évacuation des eaux de pluie et des eaux
usées ainsi que des déchets domestiques,...
Cependant, comme le souligne Paul AUGE (1936), «
l'effectif humain se marque visuellement à la surface de la terre
beaucoup moins par le fourmillement des hommes que par les faits d'habitat
(...) » Ceci est vrai car tout homme cherche à utiliser une portion
de la terre à sa disposition dans le profond souci d'avoir un «
chez soi ».
Face à la pression démographique sur l'espace,
aux conditions de vie devenues difficiles dans le milieu rural et au souci de
trouver un emploi en ville, à l'incapacité des quartiers urbains
-peuplés -d'absorber tous les candidats migrateurs, et aux multiples
conditions à remplir pour accéder à une parcelle en pleine
ville de Goma, les quartiers suburbains -encore à caractère
rural- servent d'exutoire pour cette migration.
Pour répondre à cette situation, il s'instaure
une transaction des terres dans ces quartiers. Cette transaction
foncière est trop souvent marquée par une confusion et une
indétermination dans la propriété
(légalité), l'attribution (légitimité) et
l'affectation dans l'espace.
Cette transaction crée, d'une part, des conflits entre
personnes: autochtones et allogènes, autochtones et agents des services
fonciers, et d'autre part, des modifications des structures sociales,
économiques, politiques et culturelles.
La transaction foncière dans les quartiers
périphériques ou périurbains de la ville de Goma (KESHERO,
NDOSHO, KATOYI) est souvent et avant tout le fait de la population dite
autochtone. On assiste ainsi à une transformation de la
propriété foncière jadis collective en une
propriété individualisée qui se matérialise par le
lotissement des quartiers.
De ce fait, il sied d'estimer les effets du lotissement qui
découlent non seulement de la pression démographique mais aussi
de la crainte d'expropriation de la population par l'Etat - sur la situation
sociale et économique des populations: les rapports entre les membres,
les croyances et les mentalités, la capacité des institutions de
base, les rapports juridiques et les échanges ainsi que leur incidence
sur la vie de la population.
Il est un fait que « l'homme agit sur la nature, en
retour, la nature lui impose certaines modifications ou adaptations, il y a
actions et réactions « (AUGET, p., 1936, op-cit.). C'est
pourquoi, concernant la ville de Goma, notre préoccupation a
été de chercher les liens entre migration et lotissement,
peuplement, société et économie, les rapports
éventuels du lotissement au milieu d'étude, ainsi que les moyens
de rendre ce lotissement moins ou pas du tout conflictuel.
2.
HYPOTHESE DU TRAVAIL
La croissance de la population urbaine à travers le
monde et la ville de Goma en particulier enregistre à la fois la
croissance naturelle de la population et l'apport des migrations rurales et
urbaines; deux éléments dont tout étude relevant de la
population urbaine doit tenir compte.
Face aux problèmes soulevés par le lotissement,
et à nos préoccupations formulées plus haut, nous avons
présumé:
- d'une part, que les influences du lotissement tel
qu'appliqué actuellement dans la ville de Goma sont négatives et,
- d'autre part, que l'une des stratégies pour rendre le
lotissement moins problématique est instauration d'une gestion
participative qui fasse appel à des actions à court, moyen et
long terme, à des acteurs intervenant dans différents domaines et
dans toutes les dimensions de la vie humaine et qui tienne compte des
réalités locales et juridiques (adaptation de la loi au contexte
du pays).
3.
CHOIX ET INTERET DU SUJET
Notre choix s'est expliqué par la
considération du lotissement et/ou de l'urbanisation qui est une
question qui tend à être ignorée par divers acteurs de
développement alors que ces acteurs devraient plaider la cause des
populations autochtones qui se retrouvent dépossédés sans
aucune indemnisation.
Ensuite, il a été motivé par notre souci,
en tant qu'agent de développement, d'interpeller les différents
acteurs pour prendre en compte ou en charge le développement (rural et
urbain) en partant des problèmes qui découlent du lotissement des
quartiers KESHERO, NDOSHO et KA TOYI.
L'intérêt de ce travail réside dans le
fait que:
- le lotissement étant un problème presque
nouveau qui évolue très rapidement en provoquant des
conséquences dans divers domaines, ce travail en évalue les
incidences et propose des pistes pour sa meilleure application ;
- il (travail) constitue un travail scientifique
intéressant les acteurs dans le foncier et susceptible d'éveiller
ou d'affermir l'attention des acteurs de développement pour aider la
population marginalisée des quartiers urbains et suburbains.
4.
DELIMITATION DU TRAVAIL
Notre travail se limite, dans l'espace, à la ville de
Goma et plus particulièrement aux quartiers périphériques
de KESHERO, KA TOYI et NDOSHO qui sont en cours du lotissement.
Quant à la délimitation dans le temps, il sied
de signaler que les conséquences du lotissement sont perceptibles et
analysées à ces jours où la question se pose avec
acuité et où la population est en train de subir le recoupement
de deux modes de vie - quoi que faisant recours au passé -d'une
manière fatale, notre travail couvre la période allant de 1996
à 2000 parce que c'est vers 1996 que les lotissements des quartiers
d'étude ont commencé et que les données de 2001
n'étant pas encore réunies, nous avons arrêté
l'étude à l'année 2000 où existent les
dernières données disponibles.
5. DES
METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES
Pour produire un travail scientifique, l'on doit faire
recours à diverses méthodes et techniques appropriées.
Nous avons fait recours à certaines méthodes et techniques pour
notre cas, dont :
5. 1.
La méthode descriptive
Nous avons utilisé cette méthode pour
décrire les faits résultant du lotissement afin d'approfondir la
question d'une manière cohérente et pour circonscrire le milieu
d'étude qu'est la ville de Goma.
5. 2.
La Méthode analytique
En recueillant les points de vue des personnes
contactées, nous avons procédé à l'analyse des
diverses variables qui proviennent du lotissement. Nous avons cherché
à évaluer et analyser les éléments reçus sur
terrain en recourant aux documents archives divers ayant trait au peuplement.
5. 3.
L'approche systémique
Nous avons utilisé cette approche en mettant en
interaction et interrelation divers éléments et acteurs sous
forme de graphiques et figures.
5. 4.
Les méthodes historique et comparative
La première nous a servi pour remonter dans le temps
pour y fixer certaines données, la seconde pour déceler, à
partir de la comparaison des données et des situations, les
inadéquations et en tirer des éléments pour des
orientations.
5.5.
L'interview
Pour avoir le jugement de la population (autochtone et
allogène) des quartiers d'étude et des agents de l'Etat, nous
nous sommes entretenu avec eux, en nous servant d'un questionnaire guide
d'entretien, au sujet du lotissement, des problèmes vécus par la
population et des versions juridiques et politiques du lotissement
auprès des services fonciers et de I 'urbanisme.
5.6.
L'observation directe
De nos descentes sur terrain, nous avons observé des
modifications de la structure spatiale des quartiers et la concentration des
maisons qui se multiplient.
Nous avons aussi assisté à la résolution
des conflits fonciers au niveau des quartiers et des services du contentieux
foncier en observant les différentes phases de ces séances.
6.
CADRE THEORIQUE DU TRAVAIL
En abordant ce sujet, nous avons parcouru la
littérature qui traite de l'urbanisation pour y tirer une théorie
de référence.
Nous allons adhérer, pour ce qui nous concerne, au
modèle théorique des divers auteurs dont principalement O.
MASSIAH et J. F TRIBILLON (1987, op. cit.) et I.P DIEHL
(1984).
« Dans la conception juridique bantou, la
propriété des terres n'est jamais individuelle, elle est toujours
collective » (CICIBA, 1989, p,21). Dans cette conception, la terre
appartient à la communauté, à la famille; et personne ne
dispose du pouvoir individuel sur la terre.
« Le décuplement, en moins de 100 ans, de la
population totale et donc de densités moyennes, implique un
bouleversement total de l'occupation de l'espace, des établissements
humains, des échanges, des relations entre I 'homme et l'environnement,
des structures sociales, etc. » (N. HARRIS, 1992).
De la propriété collective; non seulement
l'accroissement l'a modifiée avec le concours juridique, mais aussi a
fait évoluer deux mondes qui cohabitent avec des forces et atouts
différents, monde rural et urbain; on est arrivé à la
propriété individuelle.
Bien que ces deux mondes (rural et urbain) évoluent
en interdépendance, le rapport de force entre eux est différent
car, le monde urbain bénéficie de certains avantages que le monde
rural mais aussi, comme le souligne J. P. DIEHL (1984, op. cit.), «
hectare après hectare, la ville grignote le territoire qui l'entoure
», la ville ne cesse de s'étendre au détriment de la
campagne. La ville de Goma, quant à elle, cherche à valoriser ses
étendues en réduisant l'espace rural.
En faisant face aux changements que G. MASSIAH et al. (op.
cit.) appelle « révolution urbaine », la ville de Goma, comme
les autres villes du tiers monde connaît des conséquences
dramatiques qui vont de la transformation des relations entre la ville de Goma
et ses environs aux transformations de la vie de I 'homme.
En somme, le problème central auquel est
confrontée l'urbanisation est « la distorsion entre une croissance
très faible des activités et des emplois. La ville croît
plus vite que ne croît la majorité des infrastructures de base
». (G. MASSIAH et al., op. cit. ).
Dans ce cadre, la ville de Goma connaît une
prolifération des habitations qui ne cessent de combler tous les
interstices des quartiers populaires (constructions désordonnées)
et ne cesse de s'étendre sur des quartiers environnants pendant que les
équipements de base restent dans le statu quo.
L'urbanisation dans la ville de Goma,
matérialisée par le lotissement, amène avec elle des
conséquences qui pèsent sur l'environnement, la vie sociale et
économique, l'espace.
En effet, « c'est dans les zones urbaines que les
conséquences socio-économiques du peuplement sont les plus
visibles, criantes même... (Gilles FONTAINE, 1992).
Pour arriver à répondre à ces
conséquences, G. MASSIAH et al. (op. cit.) dit que « la
première dimension qui doit caractériser une politique urbaine,
est sa manière de prendre en compte les contradictions entre ville et
campagne » et il propose pour ce faire, la théorie de
maîtrise de l'urbanisation que J.P. DIEHL (op. cit) appelle
la maîtrise du développement. Cette
théorie préconise que les politiques urbaines commencent par des
politiques de développement rural.
Elle n'est pas le projet de contraindre le centre urbain
à inscrire son évolution dans un cadre
prédéterminé.
Elle suppose à toute évidence une connaissance
fine et expérimentale du phénomène, de ses acteurs et de
sa dynamique.
Nous trouvons que cette théorie est adaptée au
sujet que nous traitons d'autant plus que nous voulons proposer un
schéma qui tienne compte des réalités du milieu, des
acteurs du foncier et des divers changements d'activité à prendre
en compte. Elle doit aussi concerner les activités des milieux de
production (milieux ruraux) pour soutenir les actions de l'urbanisation.
L'applicabilité de cette théorie doit
obéir à cinq impératifs proposés par J.P. DIEHL
(1984, op. cit) :
- « tout problème de l'urbanisation doit
être abordé en terme d'espace, en termes économiques et
sociaux ;
- la primauté doit être donnée à
l'analyse des besoins en espace, en eau pure, en santé, en combustible,
en école, ect.;
- doit être libéré, le potentiel de
développement endogène (...);
- des normes d'environnement adéquates doivent
être dictées;
- aucune action ne doit être entreprise sans qu 'y
soient associées les formations sociales intéressées.
»
Dans la ville, elle doit poursuivre comme objectifs:
- « réduire l'accroissement des
inégalités entre quartiers ;
- réduire et rattraper, le cas échéant,
les trop grands écarts entre les quartiers ;
- pallier les difficultés nées des
transformations »C. LACOUR, 1992).
Cette théorie constitue un guide pour notre travail
qui se veut de proposer un schéma participatif de lotissement qui part
des problèmes réels sur terrain pour influencer les interventions
basées sur 1 'homme et faisant appel à divers acteurs. Ici, nous
nous référons à la théorie de l'espace
urbain de multipilotage (AMPS; 1985, p.66) où l'on se base
sur la multiplicité d'acteurs et la prise de conscience de ceux-ci selon
des objectifs et des moyens propres.
Pour son opérationnalisation, il faut une analyse
globale de la situation, agir en tenant compte des causes et
conséquences, traiter toutes les questions, agir en concertation avec
tous les acteurs urbains.
La théorie de multipilotage nous aidera à
faire interagir les acteurs du foncier de la ville de Goma à savoir
l'Etat (comme acteur dominant), les organisations sociales et
économiques (les secteurs) et la population locale (comme
concernés).
Elle se base sur les négociations entre acteurs et
l'arbitrage par l'acteur dominant qui passe par un réseau d'influence
des acteurs.
Cette approche de multipilotage qui se greffe à la
théorie de maîtrise de l'urbanisation font que nous puissions
considérer le lotissement comme un problème urbain
multidimensionnel.
La question urbaine ne doit plus être laissée aux
seules mains techniques (urbanistes, géomètres, architectes...)
car les actions de développement font appel à diverses
compétences qui impliquent la participation des divers acteurs. C'est ce
que souligne aussi G. FONTAINE (op. cit.) en notant que « le
phénomène urbain est devenu beaucoup plus sérieux pour le
laisser plus longtemps aux urbanistes ».
La ville, considérée comme un système
complexe, pose des problèmes complexes qui suscitent des actions
multiples avec de multiples acteurs.
Le lotissement de la ville de Goma doit donc se baser non
seulement sur l'espace mais aussi sur le social, l'économique avec
l'intervention de divers acteurs.
CHAPITRE I : CADRE MONOGRAPHIQUE DU TRAVAIL
Pour traiter de la "problématique du lotissement dans
la ville de Goma", il est indispensable de circonscrire ce milieu
d'étude. Nous retraçons d'abord l'historique de la question
foncière avant de présenter les données sociales,
économiques, démographiques et géographiques.
1.1. HISTORIQUE DE LA QUESTION FONCIERE EN R.D.C.
La terre constitue le support matériel de grande
importance pour la production des denrées alimentaires, I 'habitat,
l'échange, bref; pour la survie de l'être humain.
Néanmoins, avec la pression humaine sur cette
ressource, on aboutit à des conflits d'ordre foncier auxquels on assiste
tant dans la ville que dans les campagnes.
Pour arriver à régler ces conflits, la
société conçoit des mesures de régulation qui
varient suivant les sociétés et les époques.
Notre pays, la R. D. C., a connu ces adaptations
foncières aux différentes étapes de son histoire au cours
de laquelle la question foncière a évolué en fonction des
différentes perturbations qui se sont produites. Malgré les
modifications des lois foncières au cours de ces étapes, nous
avons relevé les caractéristiques principales de ces lois durant
les trois périodes historiques couramment retenues pour I 'histoire de
la R. D. C. depuis son contact avec la civilisation européenne.
1.1.1.
Sous l'Etat Indépendant du Congo (E. I. C.) 1885-1908
Certains actes de l'ordonnance de l'Administrateur
général de l'E.I.C. relative à l'occupation des terres
à travers tous les nouveaux territoires ont attribué à
l'Etat toutes les terres vacantes et interdit leur occupation sans titre (prof.
KALAMBA Y. cité par MUNIHIRE B. 1988/89).
Durant cette période, trois sortes de
propriétés foncières étaient reconnues, comme le
note TH. HEYSE (1947, p. 11):
- « les terres occupées par les autochtones
(indigènes), collectivement et/ou individuellement pour les
activités agricoles et I 'habitation. Elles étaient régies
par la coutume.
- les terres en possession des non-indigènes
occupées par les Européens (hollandais,
Portugais et anglais) et sous contrats passés avec les
chefs indigènes.
- les terres vacantes qui composaient le domaine de l'Etat
»
La question foncière, à cette époque,
avait déjà le caractère dualiste: la coexistence des
terres régies par les lois/ actes et celles régies par la
coutume. Néanmoins, on peut noter malgré tout, la reconnaissance
de l'autorité coutumière dans cette question.
1.1.2.
Sous le régime du Congo-Belge (1908-1960)
Le Congo fut annexé à la Belgique par le
traité de cession du 28 novembre 1907. La loi du Congo-Belge fut
promulguée en date du 18 octobre 1908. Et la Belgique s'était
engagée à respecter les droits acquis pendant la période
de l'E. I. C. avec toutes les obligations de I 'Etat (TH. HEYSE, op. cit, p. l4
).
C'est durant cette période que la distinction entre
les biens domaniaux situés dans les circonscriptions rurales et les
biens des circonscriptions urbaines apparaît. L'autorité sur ces
biens revenait au gouverneur général.
« La loi foncière coloniale était
discriminatoire car, les Européens, dans les circonscriptions urbaines
et sur les terres rurales, possédaient sur le fonds qu'ils I occupaient
un droit de propriété (...) régi par le code civil et en
conséquence protégé par la charte coloniale. Quant aux
autochtones, leur droit sur le sol était de nature différente
selon qu'ils habitaient les circonscriptions indigènes ou les
circonscriptions urbaines » (prof. KALAMBA Y. L., 1981, p. 100). Par
contre, les autochtones étaient souvent cantonnés, soit dans la
sphère des droits d'occupation précaire (livret de logeur), soit
dans le droit coutumier tout court ».(PALUKU MATUMO, 1982, p. 32).
Cette loi, basée sur la discrimination raciale et
sociale et orientée vers une exploitation économique, a
été à la base de l'insécurité
foncière découlant du dualisme juridique avec en principe, une
tendance à la protection des indigènes alors que les droits des
indigènes n'étaient pas définis, ni leur nature «
(TH. HEYSE, ...op. cit, p. 14).
Bien que l'on constate l'existence durant cette
période d'enregistrement pour les
européens, et la propriété
précaire pour les autochtones; on peut tout de même estimer que la
coutume a été prise en compte bien que ce fut par souci de
domination et d'exploitation.
1.1.3.
Sous le Congo Indépendant (1960- à nos jours)
En matière de politique foncière, cette
période connaît deux grands moments. Jusqu'en 1966, comme le note
PALUKU M. (1982,..op. cit p. 32), « notre législation
foncière ne différait en rien de celle en vigueur avant
l'accession du pays à l'indépendance » parce que le
régime en place devait faire face à la crise politique
d'après l'indépendance.
Des changements vont intervenir dès 1966 et depuis
lors, nous pouvons considérer deux principales lois foncières:
· La loi foncière de 1966 dite « loi BAKAJIKA
» (ordonnance-loi no66 - 343 du 7 juin 1966) qui était
considérée comme une réforme. « Elle favorisait aussi
plus les congolais que les étrangers. Ladite loi décide que
l'Etat reprend la libre et pleine disposition de tous les droits fonciers (...)
concédés ou cédés avant le 30 juin 1960 »
(MAXIMY R, 1984, p. 159). Mais, considérant les abus commis à
l'aide de la loi BAKAJIKA, une autre loi (ord. loi n° 71/008 portant
révision de la constitution) fut promulguée le 31 décembre
1971. Elle visait à corriger la première en frappant tous ceux
qui détenaient des certificats d'enregistrement obtenus avant le 31
décembre 1971 » (prof. KALAMBA Y. L..., op. cit, p. 103).
L'échec de ces deux lois a alors motivé l'Etat à
concevoir, en 1973, un nouveau droit foncier susceptible de lui donner la
maîtrise permanente du sol.
· La loi foncière no073-021 du 20 juillet 1973,
modifiée par la suite, par la loi foncière n° 80-008 du 18
juillet 1980, a le seul mérite d'avoir remis tous les citoyens au
même niveau et avoir supprimé la propriété
foncière des particuliers pour leur laisser la jouissance. Ainsi, comme
le note PALUKU (1982,...op. cit, p. 39), « la loi foncière a rendu
toutes les terres domaniales, reconnaissant l'exigence des droits de jouissance
que les communautés locales exercent sur le sol qu'elles occupent
».
Il est à noter que l'évolution de la loi
foncière n'a pas encore permis de résoudre tous les
problèmes fonciers. Par exemple, avec la jouissance, les
communautés locales/rurales ne sont pas prises en compte car aucune loi
ne règle leur sort en matière de propriété
foncière et l'Etat, jouissant de la propriété du sol et du
sous-sol, détient le monopole des terres et, donc, la base de toute
production et de tout le développement du pays.
Par ailleurs, comme signalé plus haut, depuis
l'époque coloniale jusqu'à ce jour, les terres sont
subdivisées, au Congo, en terres rurales et terres urbaines.
Concernant les milieux urbains, il est à constater,
comme le soulignent divers auteurs, que « les villes du tiers-monde
à l'occurrence celles d'Afrique ont été
façonnées par le fait colonial (...), car avant la colonisation,
les villes n'étaient que des entrepôts et des relais sur les
routes (...). Rarement elles ont abrité plus de dix ou vingt mille
habitants. Elles ont servi de base à l'exploitation coloniale directe.
Elles assuraient alors des fonctions économiques
directes, des fonctions administratives et de logement des administrateurs et
négociants européens » (J. P. DIEHL, op. cit, p.
51).
Ainsi, comme pour la loi foncière, l'urbanisme
était orienté vers les intérêts coloniaux et suivant
leurs besoins sans tenir compte des autochtones. C'est ce qu'affirme J.
P. DIEHL., (op. cit. p. 52) en disant que « la colonisation a
été la dissociation de la ville ( espace de la mutation
socio-économique) avec la campagne (milieu conservateur de la tradition)
».
L'urbanisation en tant que tel, avec tous ses instruments est
un phénomène externe qui, au fil du temps, a connu divers
changements avec l'accession des pays colonisés à
l'indépendance. Cet avènement a changé la vision de la
ville en laissant tous les gens y accéder sans discrimination. Mais,
malgré ces changements, pour la R. D. C. « sa ville reste une ville
dépendante de l'univers colonial ou néo-colonial, qualitativement
peu modifiée par une réalité humaine nouvelle »
(MAYAYA G. 1973, p. 118).
Les travaux d'urbanisation débutés au moment
de la colonisation, se sont poursuivis et accentués durant la
période d'après l'indépendance. Cela se fait remarquer
pour la R.D.C. non seulement par le nombre de villes :de 4 villes en 1958
à 10 villes en 1970 de plus de 100 000 habitants -(MA y A y A, op. cit.
p. 114) à, aujourd'hui, 19 villes de plus de 300 000 habitants et divers
centres commerciaux de plus de 100 000 habitants, mais aussi par leurs
extensions. Les villes ne cessent de croître.
La ville de Goma n'échappe pas à cette
réalité nationale. « Elle a été
érigée en chef-lieu de la sous-région du Nord-Kivu depuis
1950 suivant l'ordonnance (ord.) n° 217-27 » (RUKATSI, 1988, p. 31),
elle a évolué ainsi jusqu'en 1988 quand, avec la création
de la région du Nord-Kivu, ses limites se sont vues
déplacées sur les milieux ruraux environnants: sa superficie est
passée de 45 Km2 (en 1981) à 66,824 Km2
actuellement.
Avec cette extension, de la ville, elle ne cesse de
croître et voir ses espaces vides se réduire du jour le jour avec
l'arrivée massive des migrants.
L'on peut ainsi dire que l'urbanisation a
évolué aux cotés de la loi foncière qui est la
référence des services fonciers. Néanmoins, elle a
changé d'orientation avec l'évolution du pays dans le temps.
1.2.
PRESENTATION DE LA VILLE DE GOMA
Ayant brossé l'histoire de la loi foncière en
R.D.C.; nous allons pouvoir présenter succinctement les données
géographiques, démographiques, administratives et
socio-économiques de la ville de Goma, notre milieu d'étude.
1. 2.
1. Eléments géographiques
« La ville de Goma est située au sud de
l'Equateur entre 141° latitude sud et 29° 14 longitude Est »
(Mairie de Goma, 99).
Elle est limitée au Nord par le territoire de
Nyiragongo, au sud par la province du Sud- Kivu, à l'ouest par le
territoire de Masisi et à l'Est par la République Rwandaise.
Elle s'étend sur une superficie de 66,824 Km2 soit 11%
de la province du Nord-Kivu.
La ville, bâtie au pied des volcans NYIRAGONGO et
KARISIMBI, est entièrement couverte des sols volcaniques avec un relief
peu accidenté. « Son altitude varie entre 140lm au bord du lac Kivu
et 2000m au point d'adjonction avec la collectivité de BUKUMU »
(NABIRU, 1993/94). La ville a un seul point le plus élevé, le
Mont Goma.
Avec un climat généralement
tempéré, adouci par les vents qui soufflent du lac Kivu et des
volcans, la ville connaît en général deux saisons:
- une saison pluvieuse de fin Août à mi-Mai,
entrecoupée par une courte saison sèche qui va de
mi-décembre à mi-février et ;
- une saison sèche allant de mi-Mai à fin
Août.
L'hydrographie de la ville de Goma comprend seulement «
le lac Kivu, le lac vert et le lac noir » (Mairie de Goma, 1999, op. cit.)
Notons que la configuration géographique de la ville de
Goma est un atout pour la construction grâce à la surface presque
plane et à la facilité d'avoir des pierres, du sable et du
gravier. Certains éléments constituent néanmoins des
contraintes notamment le problème de l'eau et les conditions sismiques.
1.2.2.
Données administratives et démographiques
Jadis chef-lieu de la sous-région du Nord-Kivu, la
ville de Goma est aujourd'hui le chef lieu de la province du Nord-Kivu. Elle a
été créée par ord. n° 88-170 du 15 novembre
1988 après le découpage de l'ancienne région du Kivu
(Mairie de Goma, op. cit. ).
Elle est subdivisée en communes, celles-ci en quartier
et ces derniers en avenues et cellules.
La dénomination et la délimitation des
communes de la ville de Goma sont données par l'ord-loi no89-127 du 22
mai 1989. Ces communes sont:
- La commune de Goma qui couvre une superficie de 33,372 Km2
et compte sept quartiers: MIKENO, MAPENDO, LES VOLCANS, KATINDO, KESHERO, HIMBI
et LAC-VERT ;
- La commune de Karisimbi qui s'étend sur une
superficie de 33,452 Km2 et comprend Il. quartiers: KAHEMBE, MURARA, BUJOVU,
MAJENGO, MABANGA NORD, MABANGA SUD, KASIKA, KA TOYI, NDOSHO, MUGUNGA et
VIRUNGA.
La ville est dirigée par un Maire secondé par
un Maire adjoint qui supervise les bourgmestres. Ceux-ci, à leur tour,
supervisent des chefs de quartiers.
La ville et la commune, au terme de la loi, sont des
entités administratives décentralisées et dotées
d'une personnalité juridique alors que les quartiers ne sont que des
« entités administratives sans représentation ni
personnalité juridique ». (article- art.-ll ord-loi no82-006). Le
quartier est aussi subdivisé en avenues, cellules et nyumba kumi ( dix
maisons gérées par une personne nommée par le chef de
quartier).
La pratique de « nyumba kumi » est un modèle
de gestion locale copié du Rwanda et qui a été mise sur
pied en 1997 par l'Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération du Congo-Zaïre (AFDL ).
Quoi qu'érigée en ville, la ville de Goma
comprend encore des quartiers en cours de lotissement (KATOYI, NDOSHO, KESHERO)
et qui mènent encore une vie rurale (basée sur l'agriculture),
d'autres non encore lotis et peu densément peuplés (LAC VERT,
NDOSHO, MUGUNGA) et d'autres non lotis mais densément occupés,
(MABANGA NORD et SUD, MAPENDO, MIKENO, KAHEMBE).
En matière foncière, la République est
subdivisée en circonscriptions foncières par ordonnance
présidentielle qui en fixe les limites.
C'est le conservateur des Titres Immobiliers (C.T.I.) qui
gère le domaine privé de l'Etat en matière
foncière.
Les services fonciers et celui de l'urbanisme collaborent pour
réaliser les plans d'urbanisation et/ou de lotissement.
Quand à la population de la ville de Goma, elle est
diversifiée car elle provient des zones différentes avec des
objectifs différents (voir point 2.2.1., p.24).Les divers
atouts-géographiques, commerciaux ( échanges ),
transport-prédisposent la ville à des migrations tant internes
qu'externes.
Ce qui explique l'augmentation continue de la population.
Cette augmentation de la population pendant les cinq dernières
années, ressort dans le tableau ci-après:
Tableau n° 1 : Population de la ville de Goma (
1996-2000)
CAREGORIE
ANNEE
|
HOMMES
|
FEMMES
|
GARCONS
|
FILLES
|
TOTAL
|
DENSITE
Hab/Km2
|
1996
|
43427
|
48044
|
94111
|
53815
|
194397
|
2909
|
22,23%
|
24,71%
|
25,26%
|
27,68%
|
1997
|
45916
|
47758
|
58294
|
65558
|
217526
|
3255,2
|
21,11%
|
21,95%
|
26,8%
|
30,13%
|
1998
|
51913
|
55894
|
66787
|
74887
|
249481
|
3733,4
|
20,8%
|
22,4%
|
26,77%
|
30,01%
|
1999
|
68732
|
72885
|
87363
|
95912
|
324892
|
4861,9
|
21,15%
|
22,43%
|
26,89%
|
29,52%
|
2000
|
74905
|
78504
|
94033
|
105739
|
353181
|
5285
|
21,2%
|
22,22%
|
26,62%
|
29,94%
|
Source: Rapports de la Mairie de Goma (96, 97,
98, 99, 2000)
De ce tableau, il se dégage les constats suivants :
- la population ne cesse de croître d'année en
année. Comme le montre la population totale par année et la
densité;
- les femmes sont plus nombreuses que les hommes et, les
filles plus nombreuses que les garçons ;
- les femmes et les filles sont plus nombreuses
(numériquement) que les hommes et les garçons ;
- la population de la ville de Goma est à
majorité jeune, 52,94% contre 47,04%.
Soulignons que cette augmentation annuelle de la population
explique l'extension continue de la ville; car, comme le dit G. MASSIAH et alii
(op. cit) « la surface triple ou quadruple lorsque la population double
», et la saturation de certains quartiers.
« Dans les pays pauvres, l'accroissement naturel est de
2,3% en moyenne, chaque pays et région ayant ses particularités
» (A. M. P. S. op. cit.p. 98). Pour la ville de Goma, la croissance de sa
population (16,375% partant des données de la Mairie) est de loin
supérieure à l'accroissement naturel (0,93%) ce qui montre
l'ampleur de l'immigration.
Nous pouvons néanmoins dire que les données
ci-haut présentées sont prélevées par des
recensements effectués dans la ville de Goma par échelon (Nyumba
Kumi-chef de cellule-chef d'avenue-chef de Quartier-commune) pour se terminer
à la mairie et chaque échelon inférieur fait la
sélection des données reçues de l'échelon
inférieur.
En outre, le recensement se fait par des personnes peu ou pas
formées en ce domaine avec des matériels inadaptés et sans
tenir compte des différents événements, dans certains
quartiers (LAC VERT et MUGUNGA) notamment les décès, les
naissances, les arrivées et les départs ne sont pas
déclarés. D'où les chiffres donnés ne sont pas
absolus.
1. 2.
3. Eléments socio-économiques
v Secteur économique:
La ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu,
dispose des diverses infrastructures qui participent à son ouverture
à d'autres pays et à d'autres provinces et villes du pays.
Elle est dotée d'un aéroport international qui
facilite ses échanges avec d'autres provinces (KATANGA, KASAI,
HAUT-CONGO, BUKAVU) et les pays étrangers. Les échanges
commerciaux sont aussi intensifiés par la voie terrestre qui la relie
à la République du Rwanda et aux centres commerciaux BENI et
BUTEMBO. A la ville de BUKAVU, elle est aussi reliée par la voie
lacustre avec un port au bord du lac Kivu.
Les deux voies la relient aussi aux villages qui fournissent
des vivres à la population de la ville de Goma.
Ces échanges intensifient la circulation des biens,
des devises et des personnes dans la ville et débouchent sur le
développement du secteur informel. On rencontre ainsi des
étalages partout, des marchés illégaux, des kiosques et
des ateliers de réparation et de couture qui prolifèrent et des
colporteurs qui circulent à travers la ville. On note aussi la
prolifération des agences de communication (phonie) et des agences
aériennes de fret, des petites maisons de commerce (boutiques ), des
organisations locales dites de développement, Initiatives Locales de
Développement (I.L.D.), des organisations non gouvernementales (ONG) et
diverses associations.
A ces structures, s'ajoutent les usines et les stations de
carburants, SAGRIM, SOPELKI, OZACAF, station AGIP, VIRA OIL, FAKAM, G. R.,
MOBIL OIL. Au total « la ville de Goma compte 115 structures ou
entreprises »(Maire de Goma, op.cit)
La ville de Goma compte deux grands marchés ( VIRUNGA
et MIKENO) relayés par des petits marchés reconnus ou formels
(CARMEL, RUZIZI, KlTUKU, KATOVI) et
d'autres encore qui se placent le long de la route et dans
diverses avenues où il y a
Ces marchés constituent le lieu d'approvisionnement en
produits de consommation courante et manufacturés. La ville
s'approvisionne en vivres de BENI, MASISI, RUTSHURU, LUBERO, OUGANDA, RWANDA,
LODJA, KINDU, KENYA, les Emirats Arabes Unis (DUBAI...) et d'autres pays.
Outres ces activités économiques, la ville
dispose des infrastructures sanitaires et scolaires et des services de base
pour satisfaire les besoins de la population.
v Infrastructures scolaires:
La ville dispose des écoles publiques, privées
et conventionnées publiques et privées. Ces écoles sont
réparties en divers niveaux: maternel, primaire, secondaire et
supérieur.
Tableau n° 2: Nombre d'écoles et effectif
scolaire de la ville de Goma
NOMBRE
NIVEAU
|
ECOLES
|
CLASSES
|
EFFECTIFS
|
MATERNEL
|
23
|
71
|
1 555
|
PRIMAIRE
|
44
|
334
|
11 646
|
SECONDAIRES
|
23
|
171
|
4 511
|
PROFFESSIONNEL
|
16
|
58
|
-
|
UNIVERSITE
|
12
|
33
|
1 880
|
Source : Rapport Mairie (op.cit)
Il ressort de ce tableau que l'effectif des scolarisés
jusqu'au niveau secondaire est de 17 712 soit un taux de scolarité de
5,45 %.
Notons que la majorité de ces écoles sont
privées (58%). La population estudiantine représente moins de 1%
de la population totale.
Mentionnons aussi que suivant que les écoles sont
viables, elles enregistrent plus d'élèves que les autres. Mais
aussi la commune de Karisimbi compte plus d'écoles que la commune de
Goma.
Les infrastructures scolaires de la ville de Goma ne suivent
pas la croissance de la population. Ce qui donne l'occasion à des
privés d'implanter des écoles moins viables sur le plan des
infrastructures, du personnel, de la documentation et de la gestion.
v Infrastructures sanitaires:
Dans ce cadre, la ville de Goma comprend un hôpital
général de référence (HGR), deux centres de
santé de référence (CSR), 17 centres de santé (CS)
et postes de santé (PS) agréés. A ces structures
sanitaires publiques et agréées, s'ajoutent des dispensaires
privés qui sont, pour la plupart, moins viables. En fait, on peut
considérer que la ville de Goma compte trois hôpitaux parce que
les deux CSR sont équipés plus ou moins de la même
manière que I 'Hôpital Général de
Référence.
Par rapport à la population totale à desservir,
ces infrastructures sanitaires sont insuffisantes pour la ville s'il faut
considérer les principes arrêtés à la
conférence de ALMANATA concernant les personnes à desservir .
v Services de base:
Nous y incluons l'approvisionnement en eau et
électricité, le transport et l'habitat.
La ville de Goma utilise l'eau du Lac Kivu pour tous ses
usages. Cette eau est traitée et fournie par la REGIDESO. Elle fournit
environ 72 089 m3 d'eau par semaine soit 3 758 926,429 m3
d'eau par an. Certains quartiers n'accèdent pas aux installations
d'approvisionnement en eau tel: KATOYI, NDOSHO, MUGUNGA, LAC VERT et KESHERO.
Ces quartiers utilisent directement l'eau du lac chlorée avec l'aide du
Comité International de la Croix Rouge (C. I. C. R.).
Quant à l'électrification de la ville, elle
n'atteint pas non plus tous les quartiers. Et là où elle semble
être effective, certaines maisons n'y accèdent pas et/ou le
courant est irrégulier et avec une faible tension.
L'habitat de la ville de Goma se fait pour la majeure partie,
spontanément et en planche (donc sans aucune autorisation de
bâtir), en matériaux durables pour les quartiers
résidentiel et commercial (suivant les moyens) et en matériaux
« locaux » ou en terre pour les quartiers populaires et certaines
parties des quartiers en lotissement.
Le transport dans la ville est assuré par des
privés qui exploitent leurs voitures, motos et bus pour relier les
quartiers. Le transport des fonctionnaires (pour les départs et sorties
du boulot) est assuré par un bus de la province.
Les transporteurs privés sont regroupés dans
l'Association des Chauffeurs du Congo (A: C. CO.) pour le transport urbain.
Mentionnons que les quartiers nouvellement lotis ne disposent
pas des facilités pour avoir des arrêts-bus proches.
La diversité d'origine de la population de la ville de
Goma implique la diversité de langues ou parlers locaux: Mashi, Kihavu,
Kinande, Kihunde, Kinyarwanda, Kikumu, Lingala. Néanmoins, la langue de
communication locale reste le Swahili, le Français constituant la langue
officielle.
Les « religions », comme partout dans la
République Démocratique du Congo, sont multiples dans la ville de
Goma. Les diverses églises fonctionnent aux côtés des
sectes diverses.
La ville de Goma, située à l'Est de la
République Démocratique du CONGO, est
l'une des provinces de la République
Démocratique du Congo qui échange avec d'autres provinces et
villes du pays et des pays étrangers. Avec une population, aujourd'hui
estimée à 353 181 habitants, diversifiée et attirée
par ses atouts commerciaux et géographiques; la ville va en croissant et
en grandissant. Ces deux éléments font que les zones moins
occupées enregistrent des immigrants à la recherche de l'espace
pour avoir un « chez-soi » et servent d'exutoire pour les quartiers
populaires mais aussi de sites d'investissement pour les riches.
CHAPITRE Il : MIGRATIONS ET LOTISSEMENT
Le lotissement entendu comme un fait de l 'homme sur l'espace,
est en relation avec la migration qui agit sur le lotissement. Il faut de ce
fait rechercher les causes et la source des migrations ainsi que les
motivations du lotissement dans la ville de Goma.
2. I.
MIGRATIONS VERS LA VILLE DE GOMA
La migration est un phénomène social
étant donné qu'elle touche une organisation: la famille, le
village, le quartier.
Elle est une source de transformations des structures sociales
existantes tant dans le milieu de départ que dans celui
d'arrivée. Elle est en outre un phénomène
économique en tant qu'elle est motivée par diverses raisons
lucratives (emploi, commerce, études...) et qu'elle provoque un
déséquilibre dans le circuit économique des milieux
concernés.
Dans la ville de Goma, la migration est visible comme partout
ailleurs - par la présence de nouvelles gens dans les quartiers et dans
divers secteurs de travail. Ce qui nous fait dire que la migration est aussi un
symbole de déplacement de gens des milieux ruraux vers le milieu urbain
- exode rural et déplacement forcé des paysans - ou encore du
milieu urbain supposé marginalisé ou dépendant
économiquement vers la ville de Goma, supposée propice à
diverses activités.
Nous abordons ce point parce que « la migration est
reconnue comme un instrument d'analyse privilégié du processus
d'urbanisation » (E. LEBRIS, 1988/89) et les migrations
représentent bien la croissance urbaine et sont une des composantes de
la croissance urbaine et un signe de la dynamique de la ville concernée.
Nous ne pouvons pas aborder le lotissement sans
préciser les milieux qui déversent leur population sur la ville
de Goma et les raisons de ces migrations. Nous allons aussi présenter
l'évolution de la population du milieu d'étude durant les cinq
dernières années et les raisons qui motivent l'extension de la
ville de Goma.
2. I.
I. Origine et causes des migrations
La ville de Goma accueille une population migrante
diversifiée qui provient de diverses provinces de la République
Démocratique du Congo et de différents pays. La population qui
immigre dans la ville de Goma provient des villes de BUKVU, KISANGANI, GISENYI,
KIGALI; des centres commerciaux de LODJA, SANKURU,
KALEMIE et des villages avoisinant les différentes
villes et centres précités ainsi que ceux reliés à
la ville de Goma.
Faute des documents à ce sujet, nous n'avons pas pu
réunir les statistiques y afférentes. La ville de Goma subit
ainsi une pression démographique conduisant à des occupations
anarchiques de l'espace. Diverses raisons sont à la base de cette
migration parmi lesquelles: les raisons économiques, socioculturelles et
politiques.
2. I. I. I. Les raisons économiques
La ville de Goma, par son ouverture commerciale, est
interconnectée à d'autres villes soit par l'aéroport, soit
par le lac, soit par la route.
La circulation monétaire y est jugée intense,
profitable et favorisant toute initiative à entreprendre. Ce jugement
est rendu par les migrants en comparaison avec leur milieu de départ.
La ville de Goma constitue aussi un centre de transition et de
négoce des produits agricoles et des minerais venant des milieux ruraux
pour les autres centres urbains. Ainsi, il est estimé que les produits
de premières nécessité y coûtent moins cher que dans
d'autres villes précitées.
Notons aussi, parmi d'autres raisons, la configuration
géographique qui n'exige pas, pour certains, des frais de transport ;
les moyens de transport qui sont faciles à trouver et à utiliser
pour d'autres et la recherche de l'emploi pour bon nombre de la population
rurale qui émigre.
En somme, disons que les raisons sont soit commerciales; pour
ceux qui viennent des centres commerciaux et villes suivant le rang social;
soit professionnelles pour ceux qui viennent des milieux ruraux. Dans ce
dernier cas, ne trouvant pas d'emploi, les émigrants s'orientent dans le
secteur informel.
2. I. I. 2. Les raisons socioculturelles
Partant de la diversité culturelle et la socialisation
de fait, caractéristiques socioculturelles des villes; la ville de Goma
n'est pas hostile aux nouveaux venus, surtout parce qu'il n'y a pas de mesures
restrictives légales.
Toutefois, avec le système de « Nyumba Kumi
», ces entrées sont contrôlées à ce niveau sans
être enregistrées au niveau de l'Etat-civil.
Les migrants, citadins et ruraux viennent dans la ville de
Goma après avoir repéré un membre du clan, de la tribu, de
la famille ou un ami qui sera considéré comme « parrain
» dans la ville. Le fait d'avoir un lieu d'arrivée est une raison
sociale considérable.
Notons que l'émigration vers la ville de Goma est
provoquée par la détérioration des conditions de vie, de
la productivité des sols et de la sécurité des populations
rurales, par le mirage d'une vie facile, sécurisée et sans
contraintes diverses et par la poursuite des études dans des bonnes
écoles (infrastructures et potentialités humaines ).
Ainsi, les formes et les causes des migrations proviennent
souvent de la différence ou de la détérioration des
rapports sociaux dans le milieu ou dans la famille d'origine.
2. I. I. 3. Les raisons politiques
Une des réalités congolaises est que les
campagnes sont des entités laissées pour compte par les pouvoirs
politiques et administratifs.
Dans les milieux de RUTSHURU, de MASISI et de MINOVA où
sévissent depuis des années, des conflits de règlement de
compte et de démonstration de pouvoir ou de force entre des ethnies et
entre des personnes,..., les populations, vivant sans politique d'encadrement
rural et commercial, se déplacent de ces zones à haut risque vers
des zones sans risque ou à moins de risque dont la ville de Goma.
En gros, ce sont les disparités
socio-économiques et politiques - entre provinces, entre milieu urbain
et milieu rural et entre - pays qui peuvent porter une justification globale
des migrations vers la ville de Goma. Celle-ci, lieu de transition et de
liaison ; commerciale disposant des infrastructures assez considérables,
se trouve ainsi ouverte à l'accueil continu des migrants venant de
divers centres urbains et milieux ruraux.
D'abord abrités par les proches au nom de la
solidarité sociale africaine, les émigrants se cherchent ensuite
un terrain dans le souci d'avoir un « chez-soi ». Ils occupent alors
des zones qui leur sont accessibles et favorables.
2. I.
2. Zone d'installation des migrants
Malgré la solidarité traditionnelle
évoquée ci-haut, certains quartiers de la ville de Goma sont plus
sollicités que d'autres par les immigrants en fonction de leur niveau
économique. Nous voulons parler du zonage des migrants dans la ville de
Goma, zonage qui se caractérise par le niveau de pauvreté.
L'installation des immigrants part des divers
éléments dont:
· le secteur d'activité du membre / de la famille
d'accueil,
· la situation sociale et économique du membre /
de la famille d'accueil
· le genre d'activité à entreprendre par le
nouvel émigrant qui évolue souvent dans le secteur (informel) de
son « parrain »
· les relations sociales de fraternité ou
d'amitié,
· la cause de la migration
· le coût du loyer,
· la situation socio-économique de
l'émigrant.
Partant les facteurs susmentionnés, les immigrants
s'installent dans les quartiers populaires de la ville de Goma: MIKENO,
MAPENDO, MABANGA NORD et SUD, MAJENGO et le quartier VIRUNGA pour les migrants
transnationaux (Rwandais).
La migration contribue à l'accroissement de la
population urbaine plus que l'accroissement naturel. Car, si l'exode rural, qui
n'est qu'une partie de la migration, « représente près de la
moitié de la croissance démographique des villes » (G.
MASSIAH. et al. op. cit), la migration dans son ensemble doit en
représenter plus.
2. I. 3. Evolution de la population des quartiers
périphériques
L'explication de la migration doit l'être par le surplus
de la population du milieu en dehors de son accroissement naturel. Nous allons
pouvoir observer/constater une augmentation de la population de la ville de
Goma plus qu'elle ne doit l'être en considérant l'accroissement
naturel qui s'obtient par le taux de natalité moins le taux de
mortalité (accroissement estimée à 0,9 %., comme dit
précédemment).
Le tableau ci-après nous donne l'évolution de la
population des quartiers de notre étude: KESHERO, NDOSHO et KATOYI pour
les cinq dernières années.
Tableau no3 : Evolution démographiQue des Quartiers
périphériQues de la ville de
Goma (1996-2000).
Années
Quartiers
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
KESHERO
|
3 138
|
3 814
|
3 814
|
7 055
|
12 058
|
NDOSHO
|
787
|
1 833
|
2 456
|
1 506
|
6 894
|
KATOYI
|
18 717
|
16 647
|
21 333
|
17 618
|
23 570
|
TOTAL
|
22 642
|
22 294
|
27 603
|
26 179
|
42 522
|
TOTAL VILLE
|
194 397
|
217 526
|
249 481
|
324 892
|
353 181
|
% PAR RAPPORT à LA VILLE
|
11,64
|
10,24
|
11,06
|
8,05
|
12,03
|
Source: Rapports annuels Mairie de Goma.
Cette évolution est visualisée par la figure
ci-après:
Fig. 1. GraphiQue de l'évolution
démographiQue de la population des Quartiers périphériQues
Le pourcentage moyen de la population de ces quartiers est de
10,6% par rapport à la population de la ville de Goma. Comme le montrent
le tableau et la figure; la population des quartiers
périphériques a connu des accroissements et des
décroissances qui peuvent être dus à la complicité
des certaines personnes qui accueillaient des réfugiés et les
faisaient recenser comme des nationaux, et après, ces derniers
décidaient de rentrer chez eux au Rwanda (1996-1997).
L'accroissement démographique de 1997 -1998 par rapport
à 1996 est imputé à la guerre dite de libération de
l'A. F. D. L. Quant à la décroissance de 1998-1999, elle est
attribuée à la guerre du RCD (Rassemblement Congolais pour la
Démocratie) qui, avec le recrutement des jeunes a déplacé
une portion de la population. La même guerre est responsable de
l'accroissement de 1999-2000, par l'insécurité
caractérisée dans les milieux paysans. Mais aussi, on peut
ajouter la propulsion du commerce (à l'intérieur de certaines
cités) et des marchés des minerais, à l'occurrence le
COLTAN.
A ces faits sociaux et politiques, nous pouvons ajouter les
irrégularités dans le processus de recensement qui partent de
l'incompétence des agents recenseurs (Nyumba kumi, chefs des cellules,
d'avenues, de quartiers...) à l'utilisation des matériels
inadéquats. Le retour des réfugiés est aussi un autre fait
perturbateur de grande envergure.
Excepté le quartier KESHERO qui a connu une croissance
continue de la population qui est, en moyenne, de 26%; les autres quartiers ont
été plus affectés par ces irrégularités.
Malgré cela, le quartier NDOSHO a connu une croissance
supérieure de 64,7% en moyenne alors que KATOYI a connu une croissance
moyenne de 14,13%.
En général, la population des trois quartiers a
connu un accroissement de 34,94% et si l'on considère les cinq
années, comme espace temporel de comparaison, la population des trois
quartiers s'est accrue de 61,04%. Cet accroissement est plus visible en
regardant la courbe de 1999 à 2000.
Cet accroissement se fait remarquer par l'occupation spatiale
de la ville de Goma et les problèmes qui en découlent.
Le mouvement des populations incontrôlé des
migrants donne lieu aux démembrements illicites des parcelles
occupées. Ces démembrements débouchent sur des
constructions anarchiques qui occasionnent à leur tour des perturbations
dans le cours normal de la vie du quartier: alimentation en eau et en
électricité, l'évacuation des eaux usées et de
pluies, l'élimination des déchets domestiques, la circulation des
personnes,...
Ces démembrements et leurs conséquences en
appellent aussi à des nouveaux lotissements.
Toute cette chaîne fait appel à la
régulation administrative qui est l'urbanisation par le lotissement.
L'interaction entre les éléments repris dans ce
point peut être résumée par la figure ci- après :
Fig.2. L'interaction entre les éléments
conduisant au lotissement partant de la migration
vers la ville de Goma.
CROISSANCE DE LA POPULATION URBAINE DANS LES QUARTIERS
PERTURBATION DES CONDITIONS DE VIE DANS LES QUARTIERS
2. 2.
MOTIVATIONS DU LOTISSEMENT
Le lotissement qui est une concrétisation de
l'urbanisation est motivée par divers éléments d'ordre
social, économique, politique, technique et juridique.
Nous allons pouvoir relever quelques-uns uns d'entre eux.
2. 2.
I. Les motivations sociales et économiques
La raison sociale du lotissement, comme disent les
responsables des services des affaires foncières, est de trouver des
espaces d'habitations pour les populations qui s'ajoutent aux citadins des
quartiers populaires, mais aussi d'assurer l'embellissement de la ville.
Le lotissement est donc une mesure sociale en faveur des
migrants et des populations habitants des lieux impropres.
C'est la modernisation des quartiers à lotir et une
mesure d'atténuer la pression sur les espaces déjà
habités. .
La raison économique, pour l'Etat, est d'élargir
la ville pour ainsi étendre le pouvoir urbain et renforcer le budget de
la ville et/ou de la province. Et, pour certaines personnes, un moyen
d'investir dans l'immobilier et d'atteindre les nouveaux marchés
créés par le lotissement.
Les services fonciers sont motivés par le lotissement
partant des transactions foncières qu'ils vont effectuer au
détriment de la population et de l'Etat, malgré
l'illégalité de cette pratique. Outre ces raisons, on peut aussi
noter que le lotissement étend le marché économique et
augmente le nombre des consommateurs et des contribuables.
2. 2.
2. Eléments politiques et juridiques
Les éléments que nous appelons politiques sont
ceux qui se rapportent à l'administration et à l'élite
politique. Et les éléments juridiques sont ceux qui se rapportent
à la loi.
Ne peut prétendre être appelée ville ou
quartier urbain que l'entité jouissant de ce statut par un texte
juridique émanant des institutions habiletés à le
signer.
Selon la législation foncière de notre pays, ce
texte est une ordonnance présidentielle ou un arrêté du
ministère des affaires foncières. En effet, la création
des villes émane de la présidence alors que leurs
délimitations sont du ressort du ministère des affaires
foncières (loi foncière no73/021 ).
Le développement rapide des centres et/ou quartiers
urbains, se manifestant plus par l'accroissement de la population de ces
quartiers que par les activités, est la motivation de l'extension de
ville de Goma.
Le lotissement des quartiers périphériques de la
ville de Goma concerne des terres rurales qui sont devenues urbaines par
l'ordonnance présidentielle n° 88-170 fixant les chefs lieux des
régions issues du découpage de l'ancienne région du Kivu.
Ce lotissement devient alors un acte juridique à
exécution quoi que la population autochtone n'a pas été
indemnisée ni informée des conséquences
subséquentes lors de ladite décision de transfert des terres
rurales aux terres urbaines.
Quand aux motivations politiques, elles partent du remplissage
des caisses de l'Etat par les frais de location et administratifs au besoin des
hommes politiques de faire passer leur idéologie et de servir leur
entourage; tant familiale que politique.
Le lotissement est plus motivé par les
intérêts politiques, juridiques et économiques de l'Etat et
de ses acteurs que par les intérêts socio-économiques de la
population.
Ces motivations, centrées sur la politique du
lotissement de la ville de Goma, conduisent à une urbanisation et un
lotissement subjectifs et désordonnés qui provoquent, sur la vie
des populations, des conséquences négatives malgré une
contribution positive, minime soit -elle, du lotissement.
La motivation technique peut se résumer au fait que les
services urbains et fonciers veulent appliquer ou faire appliquer les normes
urbanistiques contemporaines sur tout l'espace de la ville.
Pour compléter ces éléments, il sied de
relever la controverse de la pratique ou de l'application du lotissement dans
la ville de Goma.
2. 3.
LE LOTISSEMENT ET SON APPLICA TION DANS LA VILLE
DE
GOMA
2. 3. I. Généralités
« Le lotissement est la division d'une
propriété foncière en vue de l'implantation des
bâtiments, lorsque cette division a pour effet de porter à plus de
deux le nombre de terrains qui en seront issus, dans les 10 ans à venir
». (R. LAFFONT, 2000). Et, l'urbanisation « est l'organisation
spatiale d'habiter la ville, une structure d'équipements publics, une
sphère de développement d'activités spécifiquement
urbains,... » (G. MASSIAH et al., ...op. cit. p. 99).
Nous pouvons dire, en ce qui nous concerne que le lotissement
est inséparable de l'urbanisation car, quand on veut urbaniser un
quartier, on doit faire le lotissement qui est entendu, selon les responsables
des services de l'urbanisme, comme un morcellement du terrain en
prévoyant la surface de l'habitat, de la voirie et de l'espace vert
ainsi que les équipements collectifs et les zones à reboiser.
Le lotissement cherche - comme susmentionné - à
résoudre le problème de surpopulation urbaine en agissant sur les
espaces encore disponibles.
Pour l'Etat, le lotissement est inscrit dans la logique du
développement du pays tandis que pour la population, le lotissement est
le passage de la propriété foncière collective à la
propriété foncière individuelle qui vient déranger
l'organisation locale au profit des services fonciers.
Pour les agents des services fonciers, c'est une question
technique comprise comme « un ensemble de dispositifs
physico-institutionnels destinés à assurer l'ordre sur l'espace
(occupation) ou au moins à lutter contre les désordres de tout
genre » (G. MASSIAH et al., ...op. cit).
Toutefois, le lotissement s'inscrit dans un cadre juridique au
sujet des normes à respecter pour les zonages de la ville: quartiers
industriels, quartiers résidentiels, Il est prévu une
procédure légale de lotissement et/ou de l'urbanisation qui ne
peut pour autant être appliquée dans tous les sens
(ETAT-POPULATION) et à ses côtés fonctionne une
procédure illégale et viciée qui est une source de
conséquences néfastes sur la vie de la population.
2.3.2. Procédure légale du
lotissement
D'après la législation foncière
congolaise, « le sol est une propriété exclusive,
inaliénable et imprescriptible de l'Etat »(loi foncière de
1973, art. 52) ».
L'Etat s'étant approprié toutes les terres
(rurales et urbaines), les particuliers - citoyens deviennent soit tenants et
jouissants d'un droit foncier, soit des concessionnaires.
De ce fait c'est l'Etat qui peut procéder à tout
transfert de la propriété du sol. Pour le lotissement, la
procédure légale est résumée ci-après:
1. Le maire de la ville, après constat du
problème de peuplement dans la ville, s'adresse au gouverneur de
province qui instruit les services techniques (urbanisme et cadastre) de
concevoir un plan de lotissement.
2. Les services techniques conçoivent le plan qu'ils
déposent au gouverneur - après approbation de la mairie - qui
l'approuve par arrêté. Le lotissement revêt alors son
caractère juridique.
3. Le plan est transmis au C.T.1. par le gouverneur pour
procéder à la vente des parcelles après tous les travaux
de bornage, de mesurage et enregistrements. Et ce, conformément au prix
arrêté par le gouverneur. Précisons que le C.T.I. est
l'agent de l'Etat habilité à faire ce travail et ses erreurs en
matière foncière sont imputables à l'Etat.
4. Le C.T.1. reçoit alors les demandes de terre des
populations et où ces dernières indiquent leur identité,
le genre de construction envisagé et la source des financements de la
construction. S'en suivent alors les opérations administratives qui
débouchent à l'obtention du contrat de location où l'Etat
est bailleur et au certificat d'enregistrement après mise en valeur.
5. Afin d'éviter l'aliénation des populations
locales - généralement rurales - l'Etat doit les déplacer
vers un autre milieu rural et doit, de ce fait, les indemniser et encadrer leur
première production en leur fournissant des semences, des outils
aratoires et autres intrants agropastorales nécessaires et leur donner
des frais d'installation.
Nul n'ignore que - particulièrement - la
dernière condition d'indemnisation et d'encadrement n'a jamais
été rempli par l'Etat. Par contre, ce dernier contraint la
population locale à se conformer aux règles urbaines en
matière foncière sans aucune éducation et
préparations préalables.
Ces dérèglements renforcent les
conséquences néfastes socio-économiques, culturelles et
politiques du lotissement sur la vie de la population et motivent alors d'une
façon ou d'une autre la procédure illégale de fait de
lotissement.
2.3.3. Application actuelle du lotissement dans la
ville de Goma
Compte tenu de l'inefficacité de l'Etat, le lotissement
est effectué suivant une procédure illégale au point de
dire que le lotissement, tel que pratiqué actuellement à Goma,
est une procédure barbare et hétaïrique.
Le plan de lotissement est tracé sans aucune
enquête préalable des occupants. Cette opération devient
alors un déclic pour la population. Celle-ci constatant que les terrains
sont mesurés, sans une consultation quelconque, et seront donc
spoliés par les « agents de cadastre », se met à
transférer la « terre occupée » à ses fils et
à en vendre des portions à des personnes demanderesses des
parcelles.
Ces allogènes avertis, passent au service foncier pour
des documents légaux y afférents. Ce qui devient un autre
déclic cette fois pour les agents des services fonciers. Ceux-ci entrent
dans le jeu et commencent la vente des parcelles dans le bureau, et donc sur
papier.
L'Etat considère les autochtones qui sont sous titre
foncier comme des occupants clandestins illégaux qui ne peuvent rien
réclamer et estime que ces sont des terrains vides malgré
l'existence des statistiques et d'une pseudo-administration locale : le
quartier.
Après cette confusion, même après
construction et occupation de l'espace, on sollicite et dépose la
demande de terre auprès du C. T .1., on sollicite les travaux cadastraux
pour le bornage et mesurage pour ensuite poursuivre les procédures
bureaucratiques afin d'obtenir le contrat de location (trois ans
renouvelables).
En somme, actuellement, le lotissement dans la ville de Goma
devient une affaire de la population locale qui, malheureusement, se met seule
hors circuit et des agents de service foncier qui s'enrichissent sur le dos de
la population et au détriment de celle-ci et de l'Etat.
La population autochtone des quartiers
périphériques concernés subit des pressions de toute part
et cherche une solution, soit en s'adaptant à la situation, soit en
introduisant des réclamations auprès des institutions
provinciales mais souvent en vain, soit en cherchant un autre lieu de
résidence loin du quartier, voire même au village.
Succinctement, la pression que subit la population autochtone
des quartiers périphériques et les espaces peut être
représentée par la figure ci-après :
Fig 3 : Les structures et mouvement de pression Qui
envahissent les Quartier périphériQues et
leurs populations
SERVICES TRECHNIQUES FONCIERS
POPULATION
(des quartiers habités)
POPULATION MIGRANT
AUTORITES POLITICO-MILITAIRES
AUTORITE ADINISTRATIVES
ORGANISATION SOCIALES ET OPERATEURS ECONOMIQUES
POPULATION AUTOCTONE
(Terre suburbaine environnant)
CHAPITRE III : ANALYSE DES ASPECTS
D'INFLUENCE DU
LOTISSEMENT SUR LA VIE DE LA
POPULATION DES
QUARTIERS
PERIPHERIQUES.
3.1 DESCRIPTION DE L 'ENQUETE
Pour récolter les données de ce travail, nous
avons procédé par une enquête dont nous présentons
les aspects généraux.
3.1.1.0bjectifs de l'enquête
· récolter les avis et aspirations des populations
autochtones et allogènes sur le lotissement en cours à l'aide
d'un échantillon,
· relever les avantages et désavantages du
lotissement tels que perçus par les populations et les agents du
foncier,
· évaluer l'écart pouvant exister entre la
situation de départ et la situation actuelle.
3.1.2 Méthodologie de collecte des
données
Nous avons procédé par :
· l'observation expérimentale: ayant
oeuvré dans ces quartiers, nous avons observé des modifications
dans l'occupation de l'espace
· l'observation libre par laquelle nous avons
remarqué les changements sociaux et économiques dans ces
quartiers et, le confinement des habitations. Et nous avons aussi
assisté à la résolution des différents conflits
parcellaires sur terrain et au bureau des services fonciers;
· entretien et interview, nous avons
contacté les personnes (populations locales et allogènes, les
responsables des services fonciers et urbains) dans les quartiers en
lotissement et au bureau à l'aide d'un questionnaire à trois
volets et/ou un guide d'entretien.
3.1.3. Instrument de travail
Nous nous sommes servis d'un échantillonnage et d'un
questionnaire pour réaliser les objectifs nous assignés.
3.1.3 .1.Echantillonnage
Notre échantillon, réparti suivant les quartiers
(KESHERO, NDOSHO,KATOYI) et les groupes (population locale, allogène et
les services fonciers) est représenté dans le tableau
ci-après :
Tableau n° 4 Répartition de
l'échantillon
Quartiers
Catégorie
|
KESHERO
|
NDOSHO
|
KATOYI
|
TOTAL
|
Population Autochtone
|
15
|
10
|
10
|
35
|
Population Allogène
|
25
|
20
|
20
|
65
|
Chefs de quartiers
|
1
|
1
|
1
|
3
|
Services foncier et urbain
|
-
|
-
|
-
|
3
|
TOTAL
|
41
|
31
|
31
|
106
|
Le choix de l'échantillon s'est fait au hasard, sauf
pour les services fonciers et urbains où nous avons visé les
responsables des services et pour les bureaux des quartiers où nous
avons contacté les chefs.
Notons que les enquêtés sont soit « des
propriétaires », soit des « locataires » et c'est sur des
parcelles avec ou sans litiges.
3.1.3.2. Le questionnaire
Comme susmentionné, ayant trois catégories
d'enquêtés, notre questionnaire a été
constitué de trois volets avec trente et huit items :
· le premier volet, destiné aux services publics
chargés des affaires foncières, a été
constitué de treize items dont :
v 6 sur le processus Iles modalités du lotissement
(items I à 5 et 12)
v 4 sur les problèmes liés au processus de
lotissement (6 à 8 et Il )
v 3 sur les effets du lotissement (items 9, 10 et 13)
· Le deuxième volet, destiné aux
populations locales, a comporté 12 items dont :
v 2 sur le système foncier coutumier (item I et 2)
v 4 sur les modifications et changements vécus par la
population(items 4 à 7)
v 3 sur les conséquences apparentes du lotissement
(items 8 à 10)
v 2 sur les apports du lotissement à la vie de la
population (items Il et 12)
· Le troisième volet destiné aux
populations allogènes, a comporté treize items dont :
v 3 sur la situation de départ de
l'enquêté (items 1 à 3)
v 2 sur la procédure réalisée
d'accès au lot (items 4 et 5)
v 3 sur la situation vécue lors du lotissement en
comparaison au milieu de départ (items 6 à 7)
v 3 sur les conditions de vie dans les milieux d'accueil
(items 9 à Il )
v 2 sur la contribution du lotissement au développement
du milieu ( items12 et 13)
Pour administrer notre questionnaire, nous avons
utilisé des enquêteurs, trois par quartier. Il a fallu avoir une
séance d'explication du questionnaire aux enquêteurs pour aboutir
aux résultats escomptés. Seulement pour les services fonciers,
nous les avons contactés seul.
A part les enquêtes préliminaires,
l'enquête a duré 45 jours répartis comme suit:
· pour les quartiers:
v 5 jours de prise de contact et discussion avec les
enquêteurs et les dispositions pratiques
v 20 jours de dépôt et collecte des
questionnaires.
· pour les services fonciers:
v 2 jours de dépôt de questionnaires
v 30 jours pour le suivi et collecte des informations.
v 7 jours pour contacter les chefs des quartiers et autres
personnes morales et physiques.
3.2. ANALYSE DES EFFETS DU
LOTISSEMENT DES QUARTIERS
PERIPHERIQUES SUR LA VIE
DE LA POPULATION
3.2.1. Généralités
Nul n'ignore l'importance et la considération
traditionnelle de la terre dans notre pays, la R.D.C.
Elle sert à plusieurs fins; économiques d'abord
car, elle est la source de richesse par diverses exploitations: agriculture,
élevage, bois de chauffe et de construction,... et génère
des revenus pour l'occupant coutumier ou de droit; sociales ensuite parce
qu'elle est un élément prouvant le statut social et donnant lieu
à la stratification de la famille traditionnelle; culturelle enfin,
étant donné qu'elle est un lien entre les vivants et les morts et
un déterminant pour spécifier le clan, la tribu par rapport au
terroir.
De ce point de vue, étant donné que la
propriété foncière est conçue comme une
propriété familiale collective, tout acte qui vise une partition
du lopin de terre familial engendre des conséquences sur le plan social,
économique, culturel et écologique tant au niveau des individus
que du groupe et donc de toute l'organisation.
Cette propriété concerne aujourd'hui un espace
composant le territoire national ou en faisant partie. L'Etat s'étant
approprié toutes les terres (art. 53 de la loi foncière) dans le
but de faire primer les intérêts généraux sur les
intérêts individuels, les deux catégories
d'intérêts se retrouvent en conflit. Ce conflit débouche
sur une confusion sur terrain soulevant des problèmes en cas
d'urbanisation et du lotissement.
En effet, appliqué au milieu périurbain, le
lotissement, en tant qu'outil de l'urbanisation, fait assimiler la population
de ce milieu et son terroir à la population urbaine. Or, cette
assimilation revêt des dimensions sociale, économique,
culturelle,.. au profit ou non de la population locale.
C'est pourquoi, dans les pages qui suivent, nous allons
analyser les conséquences positives et négatives qui
découlent du lotissement et telles que vécues par les populations
des quartiers nouvellement lotis de la ville de Goma.
3.2.2. Conséquences
négatives
3.2.2.1. Conséquences sociales
Face à un pouvoir désorganisé et «
sans moyens », dépassé par l'accroissement de la
démographie urbaine, les mesures de lotissement sont mises en
application sans aucune considération de la population autochtone
(locale).
Comme tout système, l'apparition d'un nouvel
élément fait surgir, dans l'organisation en place, des
dysfonctionnements qui peuvent être perceptibles ou non, exprimés
ou non, il en est aussi de même du lotissement qui amène avec lui
des effets sociaux qui influent sur le mode de vie local, l'organisation locale
et les comportements de la population.
Nos recherches sur terrain nous ont fait déceler
certains éléments découlant du lotissement et qui agissent
au niveau des individus, du milieu local et au niveau régional.
1°) L'insuffisance des infrastructures de base
Les quartiers périphériques en cours de
lotissement (KESHERO, NDOSHO et KA TOYI) de la ville de Goma subissent les
effets du lotissement par la non conformité des infrastructures aux
besoins de leurs populations. En effet, dans ces quartiers, les
équipements n'ont pas augmenté au même rythme que le nombre
de la population que le lotissement y entasse: pas d'eau potable,
l'électrification ne touche que quelques rares maisons, pas
d'hôpitaux et centres de santé viables, insuffisance
d'écoles...
Les quelques rares infrastructures qui existent appartiennent
à des privés et sont peu ou pas du tout viables. En outre, elles
ne sont pas à la portée de tous les habitants des quartiers
concernés compte tenu du coût élevé des services
qu'elles rendent. Notons que cette insuffisance est plus exprimée par
les populations allogènes que les autochtones.
Tableau no5. Les infrastructures existantes dans les
Quartiers périphériQues
TYPE D'INFRASTRUCTURES
|
KESHERO
|
NDOSHO
|
KATOYI
|
TOTAL
|
Public
|
Privé
|
Public
|
Privé
|
Public
|
Privé
|
|
ECOLES
|
|
primaire :5
|
1
|
3
|
|
07
|
16
|
0
|
Secondaire :1
|
-
|
1
|
|
03
|
5
|
Centre de Santé
|
1
|
-
|
01
|
-
|
-
|
-
|
02
|
Dispensaire
|
-
|
02
|
-
|
03
|
-
|
08
|
13
|
Marchés
|
01
|
01
|
-
|
02
|
Il est à faire remarquer que parmi les écoles de
ces quartiers celles des orphelins et des rescapés sont plus ou moins
viables. Quant aux autres écoles, au centre de santé et aux
dispensaires, ils sont moins viables. Ainsi, les habitants de ces quartiers
sont obligés de recourir aux services du centre-ville où l'on
trouve des infrastructures plus ou moins viables et assez nombreuses.
Cette conséquence qui influe sur la vie des quartiers
en lotissement a également une incidence sur la vie du centre-ville qui
se trouve obligé de partager toutes ses ressources avec une population
qui n'était pas prévue, pendant que ne s'accroissent pas: eau,
électricité, hôpitaux, écoles... (pire), l'Etat n'a
pas fait de la création de ces infrastructures sa priorité.
2°) La modification du mode de vie dans les quartiers
lotis:
Par le fait du lotissement, l'occupation coutumière de
l'espace est rompue avec toutes ses valeurs sociales; le voisinage qui
était voulu dans la société traditionnelle devient
imposé dans le milieu urbain. L'on est obligé de côtoyer et
de partager la limite parcellaire avec une personne inconnue et «
étrangère ». La solidarité communautaire - entraide
et assistance connues comme actions obligatoires dans le milieu, deviennent
facultatives et sont basées sur des rapports d'intérêt.
Quant au mode d'acquisition foncier, basé sur des
rapports familiaux et/ou des normes coutumières, ils ont pour base le
marchandage (argent) et le droit.
Bref, les rapports entre les individus sont modifiés de
par leur nature et leur orientation. L'aspect familial tend à se
restreindre donnant place aux relations d'intérêts. Les individus
sont partagés entre la solidarité communautaire et la
cohabitation forcée.
Ceci est renchéri par les chercheurs en habitat qui
estiment que « I 'urbanisation rapide (...) a jeté des ombres
profondes sur nos civilisations (...) et elle a entraîné des
bouleversements dans le mode de vie des habitants. (Ph. LA VIGNE, 1998).
3°) La manifestation intense des conflits
parcellaires
Compte tenu de son importance pour les hommes, la terre
devient une source des divers conflits entre les « ayant-droit » sur
l'espace, de fait ou de droit.
Ayant trait au foncier, le lotissement rend les conflits de
plus en plus violents et multiples. Les conflits dans les quartiers de notre
étude sont plus basés sur les limites des parcelles, la double
occupation d'une parcelle et le manque de considération de la population
locale.
Jadis, les conflits étaient résolus au niveau
familial ou communautaire, et les décisions qui en sortaient
étaient plus unifiantes que contraignantes. Actuellement ( de nos
jours), tout conflit foncier est amené auprès de diverses
juridictions et services qui rendent des jugements contraignants sans souci de
l'unité sociale.
Ces conflits n'engendrent que méfiances complexes,
jalousie, mécontentements, hostilités entre les populations
autochtone et allogène qui doivent pourtant maintenant cohabiter.
Les acteurs dans ces conflits sont loin de s'entendre
considérant leurs niveaux: agents du service de cadastre, population
autochtone qui est « dépossédée », population
allochtone qui bénéficie des terrains du fait du lotissement.
La loi foncière, ignorée par les uns et
enfreinte par les autres est loin d'apporter une solution surtout que la raison
ne peut revenir qu'au plus fort.
4°) Effritement de l'autorité coutumière et
confusion des pouvoir
Alors qu'ils étaient organisés sous
l'autorité coutumière et régis par le droit coutumier, les
quartiers en lotissement se voient soumis au droit écrit qui
méconnaît le pouvoir coutumier et même celui du chef de
quartier. On se trouve désormais devant une pluralité de normes
et des instances d'arbitrage et de règlement des conflits. Ceci
crée une confusion des pouvoirs entre les autorités locales et
les autorités de la ville ou des services administratifs ayant le
foncier dans leurs attributions et modifie les relations entre les individus et
l'autorité. Ceci se remarque sur le terrain par la présence des
fiches d'occupation de terre délivrées administrativement par le
bourgmestre par l'entremise des chefs locaux, les actes de vente visés
par ces chefs locaux et les contrats de location délivrés par les
services fonciers et qui sont seuls valables juridiquement, les premiers
documents ne l'étant pas.
Cette confusion, dans la pratique, génère des
conflits institutionnels sur les limites des quartiers en lotissement et les
terres encore rurales, qui environnent la ville. C'est une
insécurité foncière qui naît de cette confusion.
5°) La prolétarisation de la population
autochtone
La misère et le chômage sont les faits
remarquables dans les quartiers en lotissement. La prolétarisation et la
clochardisation de la population se font remarquer par:
- la spoliation des terrains des autochtones: ceux-ci sont
dépossédés de leurs terres sans indemnité car ne
possédant pas de titres; ils sont obligés de libérer les
espaces occupés au profit des populations allogènes et les
services fonciers.
- l'intégration inharmonieuse de la population
autochtone: cette population n'est pas, en effet, préparée
à mener la vie citadine et se trouve incluse dans la ville sans aucune
mesure d'encadrement. Ainsi, beaucoup d'habitants autochtones de ces quartiers
vont pratiquer l'agriculture dans les milieux environnant disposant d'espaces
- la rareté des denrées alimentaires: les
habitants de ces quartiers recourent à la ville pour s'approvisionner
alors que ce n'était pas le cas. Ils ne produisent plus rien parce que
la terre a changé de sens; de la production des aliments à
l'installation de l'habitat.
- la caractérisation et le zonage de la
pauvreté:
Ces quartiers sont découpés en zones
constituées suivant les avoirs car, les lots sont occupés plus
suivant la disponibilité des revenus que suivant toute autre
considération sociale.
Dans ces quartiers en lotissement, les lots du bord du lac et
des routes principales sont attribués aux personnes nanties qui y
érigent des grandes et belles constructions tandis que les lots
éloignés du lac et ces routes sont réservés aux
moins nanties et on y retrouve des maisons en matériaux semi-durables,
comme qui dirait une occupation suivant « les zones concentriques de la
théorie de J. VON THUNEN » en économie rurale.
- la réduction de la population autochtone/locale
à l'état d'insolvabilité:
le lotissement prive cette population, de sa source de revenus
pendant qu'elle doit répondre à des multiples besoins
fondamentaux sans emploi, sans promotion et prise en charge totale ou partielle
par l'Etat et/ou par les institutions privées sociales. Elle se retrouve
alors en insécurité socio-économique et juridique
croissante.
- l'exclusion de la population autochtone du circuit foncier:
comme elle n'a pas de titre foncier, n'a pas été
indemnisée et se trouve maintenant dans l'ignorance, cette population
n'est rétablie dans aucun droit que ce soit dans les quartiers en
lotissement ou en dehors de ces derniers.
6°) L'exode rural et ses conséquences
Du fait que les terrains paraissent comme disponibles, moins
coûteux dans les quartiers en lotissement, et que les « parrains
» pouvant accueillir des nouveaux migrants s 'y multiplient, les
populations rurales attirées par le mirage du bien-être dans la
ville émigrent et abandonnent l'agriculture et autres activités
rurales.
Ce mouvement des populations influe sur la production
vivrière dans la province et particulièrement dans les milieux de
départ qui se voient privé d'une portion de la main d'oeuvre
active.
3.2.2.2. Conséquences culturelles
1°) La modification du rapport entre I 'homme et la
terre
Conçue traditionnellement comme source de vie et de
richesse/de survie, lien avec les ancêtres et sources de revenus, la
terre devient une marchandise vouée à l'exploitation et la
surexploitation, signe de pouvoir et de domination.
Cette transformation de la conception foncière a aussi
modifié I 'habitat du milieu. Perdu dans la bananeraie et occupé
suivant les liens de la communauté ou de la famille, l'habitat est
aujourd'hui régi par les normes drastiques à respecter. Alors que
les chemins et sentiers étaient tracés suivant les limites de
concessions et suivant un modèle propre à une culture,
aujourd'hui, ils sont tracés suivant les normes
préétablies.
Bien qu'elle soit de portée sociale, la question
urbaine est aujourd'hui bureaucratisée et monnayée.
2°) L'aliénation et la domination de la culture
urbaine
Considérée comme « défoliant
culturel » (B. LUGAN, 1991), la ville ou l'urbanisation est une transition
entre la vie traditionnelle et la vie moderne. Elle modifie les croyances et
les aspirations de la population autochtone par contact avec les populations
venant de divers villes, villages et centres commerciaux. La population
autochtone apprend un nouveau mode de consommation, de vivre, de
réclamer...
La vie antérieure de la population autochtone est
considérée comme « rurale » et porteuse des
souffrances.
« Et comme nous sommes dans la ville, tout doit changer
» disent les gens des quartiers en lotissement.
Notons aussi que les habitudes collectives, les pratiques
coutumières se tro,uvent modifiées et la population s'identifie
par rapport à la ville et non plus par rapport à la famille.
3°) La ruralisation et/ou la « révillagisation
» de la ville
Ayant vécu dans le milieu traditionnel (rural) et
vivant dans le milieu urbain/moderne, on remarque une interférence des
pratiques de la vie rurale dans la vie urbaine. Cette interférence se
double alors des survivances, plus ou moins durables, des traits du milieu
rural dans la vie du milieu urbain. Ceci nous pousse à parler de la
ruralisation et de la révillagisation de la ville car nous remarquons,
dans la ville certaines réalités propres au milieu dit rural :
agriculture, élevage qui sont pourtant interdits dans la ville, des
clivages ethniques et d'autres travaux ruraux non agricoles comme la forge,
l'artisanat...
Les parcelles se trouvent dès lors investies non
seulement par des habitations mais aussi par des cultures de toutes
espèces et du petit bétail. Les habitants de ces quartiers se
plaignent d'avoir perdu, les uns leurs champs, les autres, leurs bétail
et cherchent ainsi à les restaurer à petite échelle.
3.2.2.3. Conséquences sur la vie économique
1°) La croissance en dualité
Le lotissement, avons-nous dit, est une résultante de
la disposition entre l'accroissement démographique et l'insuffisance
spatiale. La conséquence économique directe est que, à
cause de l'accroissement démographique l'espace devient plus
préoccupant que les structures économiques de production et la
création des emplois. Il en résulte un pléthore de
main-d'oeuvre, alimenté par l'immigration face à une absence
d'emplois. On remarque non seulement l'inadéquation du rapport
population/emploi, mais aussi équipements/population.
Cela est prouvé par le fait que, de tous les quartiers
en lotissement, aucun n'est doté d'une structure pouvant embaucher. Ce
qui renforce l'insolvabilité économique des populations de ces
quartiers.
2°) L'accroissement de la dépendance
alimentaire et la baisse de la production
Le lotissement ayant modifié la vie économique
des quartiers péri-urbains avec le passage des activités
agricoles de subsistance à la vie plus ou moins capitaliste basée
sur l'argent, le lotissement a aussi, de fait, réduit la production
vivrière tant dans ces quartiers que dans les milieux
d'émigration au point que la survie de la population urbaine de la ville
de Goma dépend de l'importation de certains produits alimentaires de
première nécessité et cela parce que le lotissement a
accru le nombre de consommateurs sans rendre la ville productrice. Au
contraire, il a réduit et le nombre des producteurs et la
productivité dans les quartiers périphériques de la ville
et, en attirant les migrants, dans leur milieu de départ.
La demande de ces produits s'est accrue plus que l'offre, ce
qui impose la dépendance alimentaire de la ville de Goma
vis-à-vis du RWANDA et de l'OUGANDA et entraîne une augmentation
continue des prix.
3°) La naissance des besoins divers et le transfert de
la pauvreté
Le contact des sociétés, consécutif au
lotissement, crée des nouveaux besoins pour la population: meilleure
scolarisation, électrification, les équipements et meubles
modernes, alimentation, etc.
Cette multiplicité et cette diversité des
besoins pendant que la population reste démunie de toute source de
revenus amplifient la pauvreté. Cette pauvreté découle,
pour les quartiers périphériques, du transfert de la
pauvreté du milieu rural vers le milieu urbain et de la
prolétarisation des populations autochtones de ces quartiers qui sont
« délocalisées » sans aucune mesure d'encadrement ou de
structuration et d'indemnisation.
On se trouve alors en présence de « deux quartiers
dans un même quartier » comme pour reproduire ou illustrer la
théorie de « centre-périphérie », à
petite échelle. Ce sont les réalités d'exploités et
d'exploitants qui sont à l'ordre du jour dans ces quartiers, surtout
concernant les travaux de construction, d'aplanissement des terrains, de
délimitation des terrains par des clôtures en pierres...
4°) Le renforcement de l'insécurité
économique
« Les populations rurales sont les plus exposées
à l'insécurité et au risque économique »
(SADIKI. B., 2000) qui se renforcent dans l'insécurité
foncière.
Le lotissement confisque le capital foncier de la population
sans donner à celle-ci une voie de sortie et d'auto promotion.
Aucune activité n'est développée pour
restaurer la source de revenus de la population des quartiers
périphériques.
N'ayant pas de source de revenus, et devant faire face
à des besoins multiples, la population autochtone et pauvre est
maintenue, par le lotissement, dans « un piège de la
pauvreté » que nous pouvons schématiser comme suit.
Fig. 4. Piège de la pauvreté
résultant du lotissement
PAS DE SOURCE DE REVENU
MULTIPLICITE DE BESOINS
FORTE MONETARISATION DE LA VILLE LOCALE
ACCROISSEMENT DE LA PAUVRETE
SUPPRESSION DES ACTIVITES DE BASE (Agriculture, élevage)
DES QUARTIERS LOTIS
Contradiction
LOTISSEMENT
Par le fait du lotissement, surgit la suppression, la
cessation des activités traditionnelles de production dans les quartiers
lotis et s'y créent de nouveaux besoins qu~ s'ajoutent aux besoins
quotidiens pendant que l'on y trouve plus de sources de revenus ni d'emplois.
Devant faire face à une vie monétarisée et aux faits
ci-hauts cités, les populations locales vivent dans une pauvreté
en croissance.
3.2.2.4. Conséquences écologiques
Par son souci de faire adapter les espaces aux besoins
(habitations, routes, rues, infrastructures sanitaires et scolaires...),
l'homme fait intervenir le lotissement. Mais mal opéré, celui-ci
devient un élément perturbateur de l'environnement physique.
1°) La dégradation de l'environnement par
l'occupation spatiale
Comme le note G. MASSIAH et al. (1987, op. cit), « en
ville, la terre disparaît sous les constructions, les
aménagements, les équipements... »
En traçant les routes, les rues, implantant les
maisons, l'homme dégrade l'environnement pour s'en servir. Il brise donc
l'équilibre écologique. A ceci, ajoutons que la terre arable
disparaît aussi car on doit changer la configuration du terrain pour que
celui-ci s'apprête à son utilisation.
2°) Le déboisement et la concentration de la
population
Par besoin d'un terrain pour la construction et des
matériaux locaux de construction; les arbres sont abattus sans aucune
mesure de reboisement.
Ajoutons que les rues tracées et la recherche d'un
terrain adapté sont des éléments de déboisement
systématique des quartiers en lotissement.
La concentration de la population demande un accroissement des
espaces ou alors une concentration des habitations sur un petit espace. Toutes
les deux concentrations sont destructrices de l'environnement.
3°) L'accès aux ressources communes
Avec le lotissement, cet accès devient l'apanage d'une
classe. Alors que le bord du lac est officiellement un espace
réservé, les terrains qui s 'y trouvent, sont plus
convoités et occupés par les riches qui privent ainsi les autres
(pauvres) d'accéder au lac.
4°) La pollution
Avec l'accroissement de la densité démographique
dans ces quartiers en lotissement, les immondices s 'y accroissent et y sont
stockées en désordre et sans traitement. Ce qui provoque la
pollution et l'insalubrité.
Toutes ces conséquences sont résumées
dans la pensée de J .P .DlEHL, « 1984, op. cit) la ville
présente un défi, elle s'approprie directement un espace et
ampute la biosphère de facteurs générateurs essentiels:
l'eau des fleuves et des lacs, la forêt, la terre arable. »
Les conséquences sociales, culturelles,
économiques et écologiques développés ci-haut
découlent du lotissement.
Néanmoins, il y a aussi des éléments
positifs qu'il apporte aux quartiers. Ces éléments sont aussi
sociaux, économiques et culturels.
3.2.3. Apports positifs du lotissement au
développement des quartiers en lotissement
Parmi les apports du lotissement, nous pouvons en retenir;
3.2.2.1. Améliorations sociales
1°) L'embellissement de la ville et la délimitation des
terrains; le lotissement rend le milieu beau par le traçage de la voirie
suivant les normes urbanistiques contemporaines et l'égalisation des
formes des parcelles et des constructions. Cela permet aussi une circulation
aisée des habitants dans les quartiers.
Source de conflits sociaux, le lotissement délimite les
parcelles et les dote d'un cadre juridique protégeant l'occupant.
(Sécurité foncière).
2°) La diminution du nombre des locataires par cette
offre, le lotissement diminue tant soit peu le nombre des locataires dans la
ville. Car chaque citadin est animé par le souci d'avoir un
«chez-soi ». Non seulement il réduit le nombre de locataires
mais aussi le prix du loyer.
3°) La lutte contre les constructions anarchiques. Cette
lutte ne peut être efficace qu'à la seule condition que les
autorités locales y soient impliquées et qu'elles comprennent le
processus et le bien fondé du lotissement.
4°) L'accès facile aux divers services de la ville
(écoles, hôpitaux, transport, marchés, magasins, ONG, ...)
: Par le rapprochement et la concentration, la population des quartiers en
lotissement bénéficie du transport, et des autres services au
même titre que les anciens locataires de la ville. Quoi qu'en cours et
malgré les instructions socio- politiques, l'électrification est
un service auquel les quartiers accèdent tant bien que mal.
Par la concentration de la population, les quartiers en
lotissement bénéficient de la part des organismes internationaux
comme par exemple l'OXFAM, le CICR des assistances pour l'accès à
l'eau potable.
5°) L'urbanisation du milieu est un
élément nouveau parce que la population acquiert aussi un soucis
de confirmation sociale et politique à l'égard des milieux
environnants. Et on remarque tout de même des améliorations des
conditions de vie qui doivent s'adapter au comportement du voisin venant d'un
centre ville.
La socialisation imposée est aussi un autre fait
à considérer qui rappèle la détribalisation du
milieu.
3.2.3.2. Les apports économiques
« La ville est présentée comme un moyen
d'intégration économique et culturelle de la masse paysanne au
processus de modernisation de la société » (A.M.P.S.,
op;cit).
Evoluant dans un pays à problèmes
économiques, on remarque que le lotissement en ayant
intégré les populations locales à la ville, encourage le
secteur informel qui se conçoit comme un mécanisme de
régulation du manque d'emploi. La population, tant immigrante que locale
se crée du travail soit en devenant colporteuse, spéculatrice:
vente dans des kiosques des produits manufacturés de première
nécessité ou dans des petits marchés pirates tout le long
des routes.
A ces activités de survie s'ajoute la transaction
foncière qui, selon nous, peut concerner les parcelles et l'exploitation
dans la parcelle des pierres qui seront vendues. Périodiquement, le
secteur de bâtiment offre des emplois: terrassement, maçonnerie,
menuiserie, peinture, les métiers d'artisanat: coupe-couture,
cordonnerie, tresse des divers objets traditionnels.
Enfin, nous pouvons dire que des activités rurales qui
sont intégrées dans la vie économique du milieu,
contribuent tant bien que mal à la régulation de la vie de la
population. En somme, le lotissement a permis l'élargissement du
marché urbain. Les entrepreneurs: commerçants, artisans,
créateurs d'écoles... et autres prestataires des services (SNEL,
REGIDESO, transporteurs) ont eus des nouveaux demandeurs des services et/ou
consommateurs.
3.2.2.3. Les apports culturels
Nous avons relevé deux éléments;
1°) La réconciliation entre les différentes
ethnies présentes dans les quartiers en lotissement. Car en tant que
marché, le lotissement amène des personnes d'origines
différentes à cohabiter malgré eux.
Par contraintes sociale et juridique, ces personnes
s'entendent et se côtoient malgré les conflits en cours. Par cette
diversité culturelle, la population autochtone se trouve en train
d'apprendre plus des immigrants car, comme le dit G. MASSIAH et al (1987 op.;
cit.) « la ville ouvre de nouvelles perspectives et une nouvelle culture
urbaine émerge et s'impose »
2°) Par contact des cultures, le paysage et les
habitations se sont améliorés car, les parcelles sont devenues
individuelles et uniformes alors que, avant le lotissement elles étaient
familiales et multiformes.
Enfin, si le lotissement a des conséquences sur la
vie/les conditions socio- économiques et culturelles de la population,
autochtone surtout, il est aussi une voie de transformation de la
société malgré l'aliénation qui en découle
car comme le dit DIEHL J .P ( op. cit) en dépit de la pauvreté,
les villes sont relativement riches.
CHAPITRE IV: STRATEGIES ET VOlES
D'AMELIORATION
DU LOTISSEMENT DANS LA VILLE DE GOMA
4.1. GENERALITES
Le lotissement de la ville de Goma, particulièrement
des quartiers KESHERO, NDOSHO et KA TOYI, est une pratique bureaucratique. Il
ne s'intéresse qu'à la dimension « technique et juridique
» c' est à dire l'application des mesures d'urbanisation au bureau
et du rapport juridique de la population avec la terre
décrétée propriété de l'Etat et ce, sans
souci d'autres dimensions du lotissement et de l'urbanisation (
économique, sociale, culturelle, écologique...).
Partant des conséquences du lotissement tel
qu'appliqué dans la ville de Goma, nous souscrivons à
l'idée de I. SACHS ( 1981) selon laquelle, « l'aspect fondamental
de l 'habitat est la valeur attribuée à celui par la population
concernée, les conditions qu'il offre à l'épanouissement
de l'homme, à la création des liens de convivialité, au
développement des activités collectives, des liens
communautaires». Nous proposons, comme solution, des stratégies qui
veulent que le lotissement soit humanisé et
débureaucratisé. Ces stratégies qui ont comme
finalité de placer l'homme-rural et urbain au centre du lotissement, se
situent à trois niveaux complémentaires.
· au niveau de la population pour qu'elle participe
activement au lotissement, directement comme indirectement,
· au niveau de l'Etat pour qu'il prenne en compte la
population autochtone suivant les besoins et non seulement suivant les revenus
comme mentionné au cours du travail, qu'il envisage des
mécanismes de prise en charge partielle de la population en
intégrant les autres acteurs et qu'il adapte la loi foncière
à la réalité actuelle.
· au niveau des autres acteurs socio-économiques (
églises, associations privées, les comités locaux,...)
pour qu'ils soient actifs dans le processus de lotissement en plaidant la cause
de la population, en la défendant et en l'accompagnant.
Notre proposition s'écarte encore d'avantage de la
routine car l'urbanisation doit aussi tenir compte du développement
rural compte tenu de l'influence du milieu rural sur le milieu urbain et
inversement.
En effet, aucune action foncière ne peut
prétendre réussir et contribuer au développement du pays
sans promouvoir la campagne qui est pourvoyeuse de vivres pour la ville. Car,
« un pays sans paysans est un pays sans nourriture: car il doit acheter de
l'étranger. » (CICIBA, op cit, p. 49).
Le lotissement doit, non seulement tenir compte du «
terroir social » urbain mais aussi des zones rurales environnant la ville
de Goma.
4.2. SCHEMA DE PROCESSUS PARTICIPA
TIF DU LOTISSEMENT
4.2.1. La participation des
populations locales
L'orientation participative du lotissement n'a pas pour
objectif de faire taire la loi, ni de permettre à la population de
l'enfreindre. Mais plutôt d'obliger le lotissement et la loi à
s'adapter aux réalités du moment.
La situation que traverse le pays ne peut pas permettre aux
populations autochtones de se conformer à la loi, et aux pouvoirs
publics d'appliquer la loi dans son intégralité au profit de la
population.
La participation de la population au lotissement
s'avère donc être un cadre souple; mais celui-ci peut devenir
absurde et dangereux quand on tente de la bureaucratiser.
Ce cadre se situe à l'intersection des deux modes de
gestion foncière: « gestion domaniale ( de l'Etat vers les
populations) et gestion patrimoniale (restituant aux populations leur pleine
responsabilité dans la gestion) » (PH. LA VIGNE op cit, p. 325)
où chacun de deux acteurs a un rôle spécifique à
jouer.
Pour débureaucratiser et détechnocratiser le
lotissement, en dehors des procédures en vigueur (voir point 3.2.2), les
services publics doivent associer la population dans les activités de
conception, d'exécution et de gestion du lotissement.
La clé de la réussite de cette participation
réside dans ce que J.M. ELA C 1994) appelle « accepter de descendre
dans les bas-fonds ». Cette participation doit se baser sur la,
communication, les échanges entre les trois niveaux mentionnés
plus haut et déboucher sur la structuration de la population pour
qu'elle puisse mieux participer. Cette structuration devra catégoriser
les groupes existant dans les quartiers pour que « toute » la
population soit représentée.
La participation au lotissement ne concerne pas seulement la
population locale, mais aussi les autres acteurs. Parmi les atouts de cette
stratégie mentionnons la limitation des conséquences du
lotissement sur la population parce que celle-ci est prise en compte et est
considérée comme partenaire.
La solution aux problèmes du lotissement des quartiers
périphériques de la ville de Goma ne peut se trouver que
localement comme le dit Jaime RA VINET cité par le CNUEH ( Centre des
Nations Unies pour l'Environnement et l'Habitat, 1996), « les
difficultés auxquelles sont confrontées les villes nous prouvent
que c'est au niveau local qu'il faut trouver des solutions, même aux
problèmes mondiaux ». Et BELLA S.A (cité par CNUEH, op cit)
d'ajouter que « nous ne pouvons jamais résoudre les
problèmes de nos villes tant que ceux qui en souffrent le plus n'auront
pas les moyens de faire adopter leurs propres solutions ».
4.2.2. Le multipilotage du
lotissement
Pour sa réussite, le lotissement doit reposer
également sur un consensus local entre la population, les services
publics, les autorités locales et les organisations
socio-économiques diverses. Ce processus est une conséquence de
la participation qui doit provenir du dialogue entre les acteurs.
En mettant aux prises divers acteurs et compte tenu de
l'influence du lotissement sur les autres secteurs, le dialogue sur le
lotissement concerne aussi les autres domaines de la vie de la population des
quartiers à lotir.
En effet, comme le note LAURINI CAMPS, op cit. p 66), l'on se
base sur la multiplicité d'acteurs qui agissent dans la ville. Le
problème de lotissement doit concerner non seulement les services
fonciers, mais aussi les autres acteurs ou intervenants qui jouent un
rôle différent de celui de ces services.
Et, en fonction de cette approche de multipilotage, il faut,
pour la ville de Goma, que la population locale autochtone des quartiers en
lotissement et les organisations locales, provinciales, nationales et
internationales ainsi que les églises soient consultées et
impliquées pour humaniser la question urbaine. Comme celle-ci est
complexe et ne se limite pas seulement à l'espace mais amène avec
elle des problèmes sociaux, économiques, politiques... ; les
autorités politico-administratives aux divers échelons de la
ville, doivent aussi collaborer avec les services fonciers pour un lotissement
participatif et multipiloté.
Succinctement, nous reprenons, dans le schéma suivant
l'articulation entre acteurs du lotissement participatif et la
définition de leurs rôles.
Fig. 5; Le multipilotage du lotissement et rôles des
acteurs
AUTORITES POLITICO-ADMINISTRAVIE
POPULATION 3
DIALOGUE
ORGANISATIONS DIVERSES 4
COMITE LOCAL
Autogestion du lotissement
Participer au lotissement
SERVICES FNCIERES ET DE L'URBANISME 2
Exprimer les problèmes
Proposer les solutions
Diffuser les solutions
Les autorités politico-administratives ( 1) sont les
déclencheurs du processus et doivent être en relation avec tous
les autres acteurs à toutes les phases du lotissement.
Les services fonciers et de l'urbanisation (2),
considérés comme techniques en la matière, sont au niveau
de la mise en application des mesures arrêtées, et doivent
être actifs dans le dialogue avec les deux groupes d'acteurs. Les
autorités des quartiers sont aussi dans ces deux catégories.
Ces deux catégories d'acteurs (autorités et
services) constituent « l'acteur dominant » et ont comme
tâches:
· la prise de décision pour le lotissement,
après consultation de tous les acteurs fonciers;
· le diagnostic, l'étude du site et les
concertations; .la planification des activités;
· le processus d'arbitrage et de résolution des
conflits;
· la mise en application des solutions/décisions
arrêtées;
· le respect de la loi et du consensus.
La population (3), est plus concernée par le processus,
doit se structurer, structurer ou hiérarchiser ses problèmes,
proposer des solutions en référence à la loi et participer
à l'exécution des travaux collectifs pour faire valoir ses
droits. Elle peut ainsi constituer un comité foncier local
représentatif qui peut accomplir certains actes ne nécessitant
pas toute la population (négociations...).
Les organisations diverses ( 4), considérées
comme piste de régulation ou de soulagement, devront intervenir à
tous les niveaux par :
- le renforcement des capacités des acteurs (population
et agents des services foncier et urbanisme);
- la sensibilisation et l'encadrement de la population ( dans
tous les domaines )
- le financement et la promotion des activités
productives locales
- la diffusion des décisions prises et la
défense des intérêts de la population.
Le processus doit aboutir à assurer à la
population une auto-gestion du lotissement. II ne s'agit pas de laisser cette
question aux mains de la population, mais de faciliter le déroulement du
lotissement avec moins de conséquences et heurts. Pour atteindre cette
autogestion, on part de l'expression libre des problèmes et des besoins
et de la proposition des solutions possibles et souhaitées pour enfin
arriver à l'adoption et à la vulgarisation des solutions
convenables.
La validité de cette action des divers acteurs tient,
d'une part, à ce qu'elle veut établir des relations de
collaborations qui ont fait défaut dans la pratique antérieure (
Cfr point 2.3) et; d'autre part, au fait qu'elle place au centre du lotissement
l'homme démuni qui est considéré avec tous ses besoins en
rapport directe avec l'habitat. II s'agit, pour cette stratégie, de
partager les responsabilités et d'impliquer tous ceux qui interviennent
dans la vie urbaine. C'est l'acceptation du système interne et externe
du foncier où l'on reconnaît une structure locale d'arbitrage qui
est sans pouvoir foncier et l'Etat comme agent d'arbitrage agissant avec les
autres acteurs.
Ces deux stratégies (participation et multipilotage)
s'insèrent dans un processus opérationnel que nous
définissons dans les lignes suivantes.
4.2.3. Processus concerté du lotissement
Le processus concerté s'inscrit dans le cadre pratique
dont les étapes en articulation sont les suivantes :
- la décision de l'autorité qui, partant des
besoins de la ville, doit décider du site à lotir et
d'étendre la ville. Cette autorité doit préciser sa
décision, donner au comité mixte le pouvoir d'entamer la
procédure et mobiliser tout ce dont elle dispose pour amorcer l'action.
Par autorité de décision, nous nous référons au
schéma légal de lotissement
- Gouverneur-maires-services fonciers et de l'urbanisme. Cette
étape, pour les quartiers en lotissement doit consister à
localiser un autre terrain non loti pour l'installation des populations qui ont
perdu leurs terrains et donc procéder à un nouveau lotissement
« spécial ».
- la mobilisation de la population qui doit être
lancée par l'autorité (mobilisation générale au
niveau des quartiers) et poursuivie par les services techniques et leaders des
organisations diverses.
Cette action de sensibilisation - conscientisation doit
aboutir à la constitution de l'équipe locale de discussion et
à la définition du calendrier des activités. Là,
nous adhérons au souci de E. LEBRIS (AMPS, op. cit., p.170) du «
développement ascendant », de la population aux décideurs.
Cette étape se retrouve dans les quartiers en
lotissement et dans ceux devant subir le lotissement spécial.
- la concertation des acteurs qui doivent analyser les
demandes des populations et reformuler les solutions proposées en
comparaison avec les propositions des autres parties pour enfin aboutir
à un consensus.
- le renforcement des capacités de tous les acteurs du
foncier pour mener à bien l'action et en comprendre les pri,ncipes
directeurs basés sur la participation, le multipilotage et la
multidimensionnalité du foncier. Cette action du renforçage doit
être assurée par des spécialistes des divers domaines et
oeuvrant dans divers secteurs de la vie.
- la conception du plan de lotissement par les services
techniques en collaboration avec les leaders représentant les groupes.
- le recensement des ménages des quartiers
concernés qui ont un droit coutumier sur un lopin de terre.
L'activité devant être exécutée par le comité
mixte ou par les recenseurs indépendants. Cette étape vise
à avantager les populations autochtones des quartiers d'accueil
spécial et de ne pas exagérer avec le nombre des
bénéficiaires des lots provenant des quartiers en lotissement
tout en tenant compte de la valeur culturelle de l'espace.
- la régularisation juridique des lots; pour faciliter
à la population l'accès à ces lots, la
régularisation doit être collective et le paiement individuel
réduit car il n'y a pas d'indemnisation.
- le lotissement de l'espace; au cours de cette étape,
on veillera que les terrains soient accessibles aux allogènes
après que les autochtones des quartiers soient servis. La vente des lots
doit alors respecter la loi foncière en vigueur et être suivie par
le comité mixte. Les frais versés par les demandeurs
allogènes devront constituer un fonds de lotissement qui va supporter la
mise en application du processus et contribuer au financement des
infrastructures de base.
- le suivi doit être effectué pour que ce
processus aboutisse comme prévu ou alors pour qu'il puisse être
modifié à temps opportun.
Bien qu'il soit exigeant matériellement,
financièrement et temporellement, ce processus est réaliste en
tenant compte de tous les acteurs pour non seulement chercher à soulager
et prévenir les conséquences du lotissement, mais aussi du fait
qu'il assure une sécurité à tous les acteurs qui
s'identifient au lotissement.
Ce processus s'inscrit dans le court terme. Il doit donc
être accompagné des actions à moyen et à long terme.
4.3. MESURES D'ENCADREMENT DES STRUCTURES DE BASE ECONOMIQUES
4.3.1. La mise en place des infrastructures de base
Les quartiers en lotissement sont les moins
équipés en infrastructures de base et autres équipements
collectifs de la ville de Goma mis à part les quartiers populaires. Cela
parce que les activités de lotissement n'ont pas été
planifiées d'avance ou ont été mal planifiées. Le
processus participatif considère la mise en place des infrastructures
comme une priorité après le respect des droits des populations
autochtones.
Cette mise en place peut consister en la création des
structures: 1 centre de santé à KA TOYI et 3 postes de
santé par quartier, 2 écoles (primaire et secondaire) par
quartier et 1 marché à KATOYI, l'on peut aussi procéder
à la réhabilitation des structures existantes: 2 marchés
à NDOSHO et KESHERO, 2 centres de santé. Pour la voirie, il faut
la réhabilitation par des moyens disponibles des voies d'accès
par avenue et par quartier ( chargement des routes/voies en sables et gravier).
Toutes ces actions doivent être menées en tenant
compte des besoins croissants de la population avec sa participation et peuvent
être réalisées par les services publics ou privés
sous mandat de l'Etat.
4.3.2. Création d'un fonds de lotissement
L'objectif de la création de fonds est de rassembler
les capacités financières pouvant aider à la mise en
application de ce processus participatif et à la prise en charge
partielle de la population autochtone intégrée à la
population urbaine.
La constitution de ce fonds se fait par la disponibilisation
par l'Etat d'un budget provenant des ventes des parcelles en considérant
un pourcentage à repartir par la commission mixte de lotissement suivant
les besoins primordiaux, la participation financière des organismes de
développement et si possible recourir à l'aide
étrangère.
La gestion de ce fonds revient à la commission mixte
sous l'oeil des autorités provinciales.
La population, quant à elle, se doit de participer
physiquement aux activités comme celles de la voiries, de la
construction des structures sanitaires et scolaires, ...Pour cela, elle doit
s'organiser dans chaque quartier par avenue en cercle ou comité de
défense des droits.
4.3.3. La promotion immobilière
Les actions et/ou entreprises immobilières sont
à encourager par l'Etat. Des particuliers ou des bailleurs de fonds
peuvent construire des logements sociaux à crédit pour non
seulement assurer à la population un beau logement mais aussi faire
respecter la loi urbaine ( ex: la mise en valeur qui est justifiée par
des constructions en matériaux durables, la disposition des immeubles,
etc).
Dans ce cadre, les entrepreneurs ou promoteurs, en
concertation avec l'Etat et la population, doivent dialoguer pour tirer de
cette construction des logements, chacun en ce qui le concerné, un
intérêt raisonnable (acceptable).
Il est à noter que l'Etat doit disponibiliser les
espaces et faciliter l'exploitation de certains matériaux de
construction et les conditions d'accès à ces espaces en les
fixant de concert avec les promoteurs immobiliers.
4.3.4. Structuration du secteur informel
Le lotissement dans la ville de Goma ne s'est pas fait suivre
par des mécanismes d'encadrement et promotion socio-économique.
Partant du processus participatif du lotissement
proposé et la réalité dans laquelle les villes des pays
sous développés et à l'occurrence la R.D.C., le secteur
informel est une réponse aux désarticulations
socio-économiques du développement du pays; ce qui cadre avec la
situation de ville de Goma.
La population des quartiers d'étude a aussi
cherché à suivre par la mise en place des activités de
suivie à petite échelle et non structurées.
Ainsi, dans ce processus participatif, pour soulager la
population du joug du lotissement qui n'a pas bénéficié
d'une quelconque intégration ou adaptation à la vie urbaine, le
comité mixte de gestion du fonds du lotissement doit adopter une
stratégie de structuration des actions du secteur informel ( ceux qui
étalent et ceux qui vendent dans des kiosques) accompagnée d'un
système de crédit adapté ainsi que le renforcement des
capacités de ces acteurs.
Cette structure vise non seulement à rendre productif
lesdits quartiers mais aussi de faire évoluer le secteur: informel vers
un entreprenariat ou secteur structuré.
4.3.5. La promotion des activités traditionnelles
Les activités rurales pratiquées en ville
doivent être promues et réglementées pour qu'elles ne
causent pas plus de mal que de bien. Pour cela les dispositions doivent
être prises pour éviter les divagations des animaux, les
accidents, la dégradation de l'environnement, la pollution, l'occupation
anarchique des interstices de la ville...
Cela peut se faire soit en encadrant ceux qui ont de l'espace
suffisant en ville, soit en créant une zone ou ceinture verte autour de
la ville dans les milieux environnants pour la production des légumes et
autres denrées fraîches. Cette promotion se réalise par
divers acteurs pouvant intervenir pour l' octroi des matériels, les
services de renforcement des capacités et de financement.
4.4. LE DEVELOPPEMENT SOLIDAIRE
« La ville est comprise comme un système
résultant et régi par le chaos et la maîtrise, son histoire
et l'interaction des acteurs. Aussi, la ville est un système ouvert, en
interaction avec la région ou le pays qui l'entoure » (AMPS, op
cit, p. 153).
Aucune action ne peut être durable pour résoudre
le problème du lotissement dans la ville de Goma sans prendre en compte
la question rurale. C'est pourquoi il faut un développement solidaire
entre le milieu rural et le milieu urbain.
4.4.1. La politique d'accompagnement du développement
Comme le soulignent les experts du CRSN ( 1972), « seule
une politique de développement équilibrée de la campagne
et de la ville pourrait venir à bout de la croissance anarchique et
miséreuse des villes. »
L'équilibre de ces deux milieux passe par
l'accompagnement du développement rural pour réduire non
seulement l'exode rural mais aussi les conditions dramatiques du milieu rural.
La politique du développement rural accompagnant celle
du développement urbain doit se baser sur la satisfaction des besoins
des ruraux et créer un surplus pour les échanges. Comme le dit J.
MORIZE ( 1992) « le développement rural consiste à
améliorer tout l'environnement de l'agriculteur, considéré
cette fois comme le principal bénéficiaire. Il porte à la
fois sur les routes, les villages, la santé, l'éducation et sur
tous les services économiques et sociaux susceptibles d'améliorer
non seulement la fonction productive, mais aussi le bien-être social
».
Comme la ville ne peut vivre sans la campagne, les
autorités tant provinciales que nationales doivent entreprendre des
actions durables d'incitation à la production et à la
réduction de l'exode rural. Parmi les diverses mesures, mentionnons:
Ø la promotion de l'agriculture par l'encadrement
technique et la modernisation adaptée au mIlieu,
Ø la promotion des activités non agricoles, pour
qu'elles répondent aux besoins du milieu,
Ø la modernisation de la vie rurale ancrée dans
la réalité locale,
Ø le développement des réseaux de
communication et de commercialisation
Ø la décentralisation des décisions du
développement rural et la promotion des infrastructures de base ;
Ø assurer la sécurité foncière aux
paysans et fonder la politique sur l'égalité des personnes.
Les activités doivent être planifiées au
niveau local en tenant compte des particularités de chaque milieu et
basées sur les ressources locales et sur les principes «
d'auto-développement, auto-réalisation et les rapports
coopératifs » (F. DEBUYST cité par S. MUGANGU, 2000).
4.4.2. La politique urbaine de lotissement humain
La politique à moyen terme et long terme du lotissement
part du développement rural (des milieux qui entourent la ville et qui
l'approvisionnant en vivres) au développement urbain qui tient compte
des citadins et des populations devant subir l'urbanisation et le lotissement.
Deux voies s'offrent, de ce fait, au pouvoir:
- indemniser et réinstaller les populations autochtones
des quartiers à lotir en leur assurant tout ce qu'il faut pour qu'elles
mènent une vie paisible; dans leur nouveau milieu ;
- intégrer ces populations dans la population urbaine
en leur offrant des faveurs et ressources pour s'adapter à cette vie et
en leur assurant une garantie et une sécurité foncière.
Pour un lotissement légal et humain, certaines actions
doivent être préalablement entreprises entre autres:
Ø la mise en place des infrastructures avant tout
lotissement, répondre aux besoins fonciers et besoins apparentés
de la population autochtone;
Ø la prise en charge des populations locales par l'Etat
pour qu'elles s'habituent à la nouvelle vie leur imposée par le
lotissement;
Ø le développement des activités
productives et créatrices d'emplois pour que la ville ne soit pas
seulement consommatrice, mais aussi productrice;
Ø la planification de toutes les interventions dans le
quartier en tenant compte de la situation démographique, des migrations
possibles, de la taille de ménages et du niveau de pauvreté de la
population;
Ø la réforme du droit et l'acceptation de la
pluralité du droit étant donné que les lois doivent
s'adapter aux conditions de l'homme tant que celui-ci doit s'y conformer aussi
et que la question foncière doit se décentraliser davantage;
Ø la conception d'une urbanisation multidimensionnelle
faisant appel à des compétences diverses et acteurs divers.
Toutes ces mesures proposées (à court, à
moyen et à long terme) ne peuvent se réaliser sans la
volonté politique, sans prise de conscience et détermination de
la part de tous les acteurs susmentionnés concernés par le
processus de lotissement. Elles doivent aussi être
intégrées dans le programme urbain de développement.
CONCLUSION GENERALE
L'urbanisation devient un phénomène qui doit
préoccuper les décideurs étant donné que les pays
sous-développés connaissent un taux d'urbanisation croissant.
Cette urbanisation, dans nos villes, se remarque par une
extension sans fin des espaces urbains conduisant au lotissement des quartiers
périphériques ou environnant la ville.
Dans notre pays, la R.D.C, l'urbanisation a
évolué suivant l'histoire de la question foncière allant
de l'époque de l'E.I.C passant par la colonisation à la
période du pays indépendant (à nos jours).
Au cours de cette période historique, les
propriétés ont été changées suivant les
périodes et suivant les intérêts qui ont été
soit d'exploiter, soit d'exproprier les blancs, soit de récupérer
la situation pour vouloir éviter l'aliénation de la terre. Ainsi,
l'urbanisation dans notre pays a vu le jour grâce à la
colonisation et son évolution s'est accélérée
après les indépendances. Il en est de même pour la ville de
Goma.
Jadis chef lieu de la sous-région du Nord-Kivu, elle
est devenue chef-lieu de la région du Nord-Kivu et a connu l'extension
de ses limites allant jusqu'à empiéter les limites des zones
rurales environnant. Ainsi, la ville de Goma connaît des quartiers
populaires non-lotis, des quartiers résidentiels lotis, et des quartiers
périphériques qui vivaient encore de l'agriculture et de
l'élevage comme dans le milieu rural.
Devant faire face à la pression tant interne
qu'externe, les décideurs recourent au lotissement des quartiers
péri-urbains.
Le lotissement de ces quartiers est considéré
comme une solution aux problèmes de peuplement dans la ville de Goma car
les espaces des quartiers populaires et résidentiels sont saturés
et doivent accueillir les populations urbaines en croissance naturelle et les
candidats migrateurs. A ceci, ajoutons que des raisons tant économiques
que politiques sous tendent aussi le lotissement.
Le lotissement, en tant qu'outil d'urbanisation, est
pratiqué sans tenir compte de l'existence de la population sur les
terrains à lotir et la loi sur le lotissement est loin d'être
appliquée surtout en ce qui concerne la population autochtone.
La pratique du lotissement de la ville de Goma revêt une
dimension plus technique et politique que socio-économique, culturelle
et environnemental.
Le lotissement, opéré de cette façon et
centré sur les services fonciers, conduit à des
conséquences sociales, économiques, culturelles et
environnementales sur la vie de la population.
Ces conséquences comprises comme perturbation de la vie
locale accroissent le nombre de consommateur et des inégalités
sans pour autant créer des structures d'encadrement et de promotion des
activités au profit de la population.
Pour limiter ces conséquences, une politique de
lotissement centrée sur la population est à adopter. C'est le
processus participatif du lotissement multipiloté appuyé par le
développement solidaire ou « rurbain » qui conduit à la
maîtrise de l'urbanisation et permet de mettre fin à
l'urbanisation curative au profit de l'urbanisation préventive.
Ce processus se base sur un consensus que doivent trouver les
acteurs du lotissement en jeu (Etat, services publics, population et
organisations socio-économiques).
Quarte éléments sont à considérer
pour les décideurs afin d'appliquer ce processus:
· la conception d'un plan d'aménagement de la
ville de Goma à long terme basé sur les milieux ruraux avoisinant
les 20 Km de ceinture,
· la conception d'une politique de développement
rurbain adapté au contexte et faisant appel à la participation
des divers acteurs et compétences multiples,
· privilégier les infrastructures de base, les
équipements collectifs et les structures de production dans 1es
quartiers à lotir,
· associer à la politique de l'habitat urbain des
mécanismes de crédit à tous les niveaux et dans divers
domaines.
Ces éléments ne peuvent se réaliser que
si l'Etat ou les décideurs manifestent une volonté politique et
que les populations marginalisées acceptent de se battre pour leurs
causes. A ce point de vue, le rôle des organisations
socio-économiques devient alors capital pour combattre l'ignorance de
ces populations. Et l'Etat doit jouer le rôle régulateur.
Toutefois, la contribution du lotissement au
développement de la ville de Goma ne petit être positive que si
des mesures d'encadrement participatives intégrées sont mises en
oeuvre et tiennent compte des potentialités du milieu. Il est
accepté des experts de l'habitat et de l'urbanisation que les villes
jouent un rôle crucial dans la croissance économique du pays, ou
mieux dans le développement national.
Etant ouvert aux compléments, ce travail
n'épuise pas toutes les questions relatives au lotissement et ses
conséquences.
Une question reste à étudier, l'estimation
quantitative de préjudices causés par le lotissement curatif tel
qu'il est opéré actuellement et les possibilités de faire
respecter les nonnes urbanistiques ou de lotir des quartiers populaires.
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