BURKINA FASO UNITE-PROGRES-JUSTICE
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE, SUPERIEUR ET
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE POLYTECHNIQUE DE BOBO-DIOULASSO
INSTITUT DU DEVELOPPEMENT RURAL
MEMOIRE DE FIN DE CYCLE
en vue de l'obtention du DIPLOME D'INGENIEUR DU
DEVELOPPEMENT RURAL
Option : Elevage
ETUDE DE L'IMPACT DES PRATIQUES DE PRODUCTION ET DU
CHANGEMENT CLIMATIQUE GLOBAL SUR LES TRYPANOSOMOSES ANIMALES AFRICAINES
ET LES GLOSSINES
Présenté par : PAGABELEGUEM
Soumaïla
Maître de stage : Dr Zakaria
BENGALY
Co-maître de stage : Dr Jérémy
BOUYER
Directeur de mémoire : Pr Adrien Marie
Gaston BELEM
JUIN 2010
N°: 2010/ELEVAGE
|
Ce document est issu des travaux de recherche d'un
projet financé par le Ministère Français des Affaires
Etrangères et Européennes (MAEE) a travers l'Institut
français de recherche pour le développement (IRD) Coordonnateur
du Fonds de solidarité prioritaire FSP RIPIECSA (Recherche
interdisciplinaire et participative sur les interactions entre les
écosystèmes, le climat et les sociétés d'Afrique de
l'Ouest).
Son contenu n'engage que ses auteurs et ne peut
être considéré comme reflétant la position du
MAEE
|
bedicace
|
A mon pere et a ma mere pour tous les sacrifices consentis pour
me mettre dans de bonnes conditions d'études.
ü A la famille SABO a Bobo pour les 9 merveilleuses annees
passees avec vous.
ü A la memoire des defunts PAGABE LEGUEM Rasmane mon petit
frere et SABO C. Mariam ma grand-mere. Que leurs ames reposent en paix.
|
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Remerciements
Nous remercions,
- Pr Abdoulaye S. GOURO, Directeur
Général du CIRDES qui a bien voulu nous accepter au sein de son
institution ;
- Pr Adrien Marie Gaston BELEM,
Enseignant-chercheur à l'Université Polytechnique de
Bobo, notre Directeur de mémoire pour avoir accepté de nous
encadrer. Nous tenons à vous remercier pour la confiance placée
en nous ;
- Dr Zakaria BENGALY, Chercheur
parasitologiste-épidémiologiste, chef de l'Unité de
Recherches sur les Bases biologiques de la lutte intégrée au
CIRDES, notre Maître de stage qui nous a proposé ce thème
de recherche. Nous vous exprimons du fond du coeur toute notre gratitude pour
la qualité de l'encadrement reçu et votre soutien sans faille
;
- Dr Jérémy BOUYER,
chercheur en Ecologie et contrôle des vecteurs au CIRAD -
Département Systèmes Biologiques, notre Co-maître de stage
pour nous avoir guidé dans les enquêtes entomologiques,
aidé dans l'analyse des données et la correction du document
;
- Dr SANGARE, responsable du projet
ASECC/RIPIECSA (source de financement et cadre d'exécution de nos
travaux de recherche) au CIRDES, pour avoir porté des remarques et
corrections à notre document. A travers lui, nous remercions l'IRD et le
MAEE ;
- le Directeur et tout le corps enseignant de l'IDR
pour la qualité des enseignements reçus ;
- Dr DAYO et Dr El Hadj. ADAKAL,
tous chercheurs au CIRDES, pour leurs observations respectives qui ont
permis d'améliorer ce document ;
- Dr TOGUYENI, Enseignant-chercheur à
l'Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso et au CIRDES pour nous
avoir apporté un soutien sans faille et de judicieux conseils ;
- Dr SOLANO, M. RAYAISSE et le reste de
l'équipe particulièrement BARRY, YONI, pour nous
avoir aidés dans la réalisation de nos enquêtes
entomologiques à Folonzo ;
- Dr COURTIN et Dr SOW,
pour leur constante disponibilité et pour la documentation
;
- les techniciens Cène, Léopold,
Mémè et les chauffeurs Joseph et Laurent
pour leur encadrement technique et tous ces passionnants moments
passés ensemble sur le terrain ;
- toute l'administration et tout le
personnel de soutien du CIRDES ;
- les stagiaires en thèse (Massouroudini,
Bienvenu, Hamidou, Jacques, Ernest et Emilie), en DEA
(Bétéo, Aristide et Oumou) et
en ingéniorat (Ange, Ruphin et
Kadisso) durant l'année 2009-2010 au CIRDES ;
- la 34ème promotion de l'IDR,
tous mes amis (es), les aînés de l'IDR
particulièrement DA, SANFO, KOUTOU, MANDE et
tous ceux qui ont contribué à la réalisation de
ce travail.
Table des matières
Résumé v
Abstract vi
Sigles et abréviations vii
Liste des tableaux viii
Liste des figures viii
Liste des annexes viii
Introduction 1
PREMIERE PARTIE: Synthèse bibliographique
3
Chapitre I : Généralités sur les
trypanosomoses animales africaines 4
1.1. Définition et importance 4
1.2. Epidémiologie 4
1.3. Méthodes de lutte 6
1.3.1. Chimiothérapie 6
1.3.2. Chimioprophylaxie 7
1.3.3. Lutte anti-vectorielle 7
Chapitre II : Concept de changement climatique et des
systèmes d'élevage et leurs
impacts sur l'épidémiologie des TAA et des
glossines 9
2.1. Concept de changement climatique global 9
2.1.1. Causes du changement climatique global 9
2.1.2. Impact du changement climatique sur
l'épidémiologie des TAA et sur les glossines ... 10
2.2. Les systèmes d'élevage 11
2.2.1. L'élevage sédentaire 11
2.2.2. La transhumance 12
2.2.3. Impact des pratiques de production sur
l'épidémiologie des trypanosomoses 13
DEUXIEME PARTIE: Etude expérimentale
15
Chapitre I : Matériel et méthodes
16
1.1. Matériel 16
1.1.1. Site de l'étude 16
1.1.2. Animaux 17
1.1.3. Le matériel de laboratoire 17
1.2. Méthodes 18
1.2.1. Mesures 18
1.2.1.1. Enquêtes parasitologiques 18
1.2.1.2. Enquêtes entomologiques 19
1.2.2. Etude diachronique 20
1.2.3. Analyses statistiques 21
Chapitre 2 : Résultats et discussion
23
2.1. Résultats 23
2.1.1. Données épidémiologiques 23
2.1.1.1. Enquêtes parasitologiques 23
2.1.1.2. Enquêtes entomologiques 27
2.1.2. Analyse diachronique 31
2.1.2.1. Site de Dédougou 31
2.1.2.2. Site de Folonzo 31
2.2. Discussion 33
2.2.1. Enquêtes parasitologiques 33
2.2.2. Enquêtes entomologiques 36
2.2.3. Analyse diachronique 39
2.2.3.1. Site de Dédougou 39
2.2.3.2. Site de Folonzo 39
Conclusion et recommandations 41
Références bibliographiques 43
Annexes I
Résumé
L'objectif de cette étude est de caractériser
l'impact des pratiques de production et du changement climatique sur les
trypanosomoses et les glossines. Quatre sites ont été choisis sur
un transect sud-nord à gradient d'aridité croissante : Folonzo
(province de la Comoé) dans la zone soudano-guinéenne, Koumbia
(province du Tuy) dans la zone soudanienne, Dédougou (province du
Mouhoun) dans la zone soudano-sahélienne et Djibo (province du Soum)
dans la zone sahélienne du Burkina Faso. L'étude associe des
enquêtes parasitologiques et entomologiques. Pour le volet
parasitologique, le sang a été prélevé sur 1041
bovins par échantillonnage stratifié en fonction des
systèmes d'élevage (grande transhumance, petite transhumance,
sédentaire). Les séroprévalences et les prévalences
parasitologiques par site et spécifiques aux systèmes
d'élevage montrent une croissance graduelle des prévalences
trypanosomiennes de la zone sahélienne à la zone
soudano-guinéenne. Le système d'élevage a un effet
significatif sur les prévalences parasitologiques. Les densités
moyennes apparentes des glossines ainsi que leurs taux d'infection dans les
sites sont significativement différents le long du gradient
d'aridité. Aucune glossine n'a été capturée
à Djibo alors que les vecteurs mécaniques sont nombreux. La
diversité des espèces de glossines va décroissant du sud
au nord du transect allant de quatre espèces (Folonzo) à
zéro (Djibo). La comparaison des densités actuelles de glossines
à celles obtenues en 1980 et en 2008 à Folonzo montre une baisse
graduelle des densités des deux espèces riveraines (G.
tachinoides et G. palpalis gambiensis), mais plus importante pour
G. tachinoides. La variabilité climatique associée
à l'augmentation des densités humaines a un impact négatif
sur les densités des glossines.
Mots clés : Bovin, Trypanosomose animale
africaine, glossines, changement climatique, anthropisation, système
d'élevage.
Abstract
The objective of this study was to characterize the impact of
production practices and climatic change on the African Animal Trypanosomosis
(AAT) and the tsetse flies. Four sites were selected along a South-north
transect of increasing aridity: Folonzo (province of Comoé) in the
Sudano-Guinean area, Koumbia (province of Tuy) in the Sudanese area,
Dédougou (province of Mouhoun) in the sudano-sahelian area and Djibo
(province of Soum) in the sahelian area of Burkina Faso. The study combines
parasitological and entomological survey. For the parasitological aspect, blood
samples were collected from 1041 cattle which were selected through a
stratified sampling procedure including livestock management systems (long
transhumance, short transhumance, sedentary). Parasitological and serological
prevalence specific to livestock management systems show a gradual increase
from the sahelian to the sudano-Guinean area. Livestock management system has a
significant impact on parasitological prevalence. Tsetse apparent densities as
well as their infection rates per site were significantly different along the
aridity gradient. No tsetse was captured in Djibo whereas a strong density of
other biting flies was recovered there. The diversity of tsetse species
decreased from South to North with four species in Folonzo and zero in Djibo.
The comparison of current densities of tsetse flies to those of 1980 and of
2008 at Folonzo shows a gradual decrease of the densities of the two riparian
species (G. tachinoides and G. palpalis gambiensis), even
more important for G. tachinoides. The climatic pressure (high
temperatures and low annual rainfalls) associated to human pressure has a
negative impact on tsetse abundance.
Keys words: Cattle, African Animal
Trypanosomosis, tsetse, change climatic, anthropic pressure, livestock
management system.
Sigles et abréviations
ASECC/RIPIECSA : Adaptation des
Système d'Elevage au Changement Climatique/ Recherches
Interdisciplinaires et Participatives sur les Interactions entre les
Ecosystèmes, le Climat et les Sociétés en Afrique de
l'Ouest.
CCG: Changement Climatique Global
CIRDES : Centre International de
Recherche-Développement sur l'Elevage en zone Subhumide
DAP : Densité Apparente par
Piège
DAPi : Nombre de glossines infectantes par jour
et par piège
DO : Densité Optique
EDTA : Ethylène Diamine
TétraAcétate
ELISA : Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay
GES : Gaz à Effet de Serre
GIEC : Groupe Intergouvernemental sur
l'Evolution du Climat
GPS : Global Positioning System
IDR : Institut du Développement Rural
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
MAEE : Ministère Français des
Affaires Etrangères et Européennes
MBC : Méthode du Buffy-Coat
PCR : Polymerase Chain Reaction
PPRB : Pourcentage de Positivité Relative
en Trypanosoma brucei brucei
PPRC : Pourcentage de Positivité Relative
en Trypanosoma congolense
PPRV : Pourcentage de Positivité Relative
en Trypanosoma vivax
TAA : Trypanosomoses Animales Africaines
THA : Trypanosomiase Humaine Africaine
TIS : Technique de l'Insecte Stérile
VMEA : Valeur Moyenne de l'Eraillure Alaire
w f : wing fray
Liste des tableaux
Tableau I : Répartition des animaux
échantillonnés dans les sites en fonction des
systèmes d'élevage 17
Tableau II : Catégories de
l'éraillure alaire et les coefficients correspondants 20
Tableau III : Prévalences
parasitologiques et sérologiques par espèce de trypanosome
en fonction des sites 24
Tableau IV : Diversité des espèces
vectrices de TAA rencontrées. 28
Tableau V : Taux d'infection (%)
spécifique par espèce de trypanosomes en fonction des sites
29
Liste des figures
Figure 1 : Sites d'étude dans les
différentes zones agro-climatiques 16
Figure 3 : Prévalences parasitologiques
et sérologiques dans les différents sites 24
Figure 4 : Prévalences parasitologiques
en fonction des systèmes d'élevage identifiés
dans chaque site 25
Figure 5 : Prévalences
sérologiques en fonction des systèmes d'élevage
identifiés dans chaque site 26
Figure 6 : Distributions (boîtes à
moustache) des hématocrites dans les différents sites 27
Figure 7 : Distributions (boîtes à
moustache) des densités de glossines dans les
différents sites. 28
Figure 8 : Densité apparente des
glossines et des vecteurs mécaniques en fonction des
sites.30 Figure 9 : Taux d'infection des glossines en
fonction des sites. 30
Figure 10 : Densités de G.
tachinoides et de G. palpalis gambiensis observées en 2002
et en 2010 à Dédougou 31
Figure 11 : Densités des glossines du
groupe palpalis observées en 1980, en 2008 et en 2010 à
Folonzo. 32
Liste des annexes
Annexe 1 : Tableau de conversion de la VMEA en
âge moyen d'une population de glossines mâles (source : manuel
de lutte contre la mouche tsé-tsé/volume 1/FAO) I
Annexe 2 : Protocole détaillé du
dosage immuno-enzymatique (ELISA-indirect) des anticorps anti-trypanosomes :
ELISA-indirect à Trypanosoma spp I
Annexe 3 : Matériels de laboratoire
utilisés III
Introduction
En Afrique tropicale, l'élevage occupe une place
importante dans l'économie et les activités socioculturelles des
populations. Il est source de protéines, de force de traction et de
fumure animale. Il participe ainsi à la fertilisation des sols et
constitue un moyen d'épargne surtout dans les campagnes africaines
(Itard, 1981) où il peut être assimilé à de
véritables « billets de banque sur pieds » (Bernus, 1995).
Le secteur de l'élevage traverse une crise dont la
principale cause réside dans la dégradation de l'environnement
liée au réchauffement climatique et à l'augmentation des
densités humaines. En effet, le changement climatique constitue une des
menaces les plus graves qui pèsent sur le développement durable.
En Afrique, les manifestations les plus visibles se rapportent à la
sécheresse qui, combinée à l'accroissement
démographique, accélère le déboisement, comme par
exemple lors des épisodes de sécheresses des années
1970-1990. La température moyenne à la surface du globe a
augmenté de 0,74°C entre 1906-2005 et le niveau de la mer s'est
élevé de 1,8 mm par an entre 1961 et 2003 (GIEC, 2007). Ces
bouleversements ont des impacts négatifs sur les ressources naturelles
et l'ensemble des secteurs de la vie, notamment la sécurité
alimentaire, la santé humaine et animale (GIEC, 2001). Une des
hypothèses qui fait l'unanimité chez les climatologues, c'est le
développement des accidents climatiques (inondations et
sécheresses) dans les années à venir (d'Orgeval, 2008).
Face à ces évolutions, les populations adaptent
leurs pratiques de production pour assurer leur alimentation à partir
des produits animaux. Les stratégies d'adaptation des systèmes
d'élevage mises en oeuvre à cet effet peuvent varier en fonction
des groupes d'éleveurs et surtout des zones agro-écologiques.
Afin de déterminer les stratégies d'adaptation les plus
favorables permettant d'assurer un développement durable, il est
indispensable de connaître la typologie exacte des systèmes
d'élevage et leurs impacts relatifs sur les déterminants
spécifiques de la production animale. Parmi ces déterminants, le
contrôle des facteurs de la santé animale représente un
élément fondamental. Pour illustrer cela en Afrique de l'Ouest,
la présente étude a ciblé les Trypanosomoses Animales
Africaines (TAA). En effet, celles-ci représentent le principal frein au
développement de l'élevage en Afrique Subsaharienne. Elles sont
dues à des protozoaires du genre Trypanosoma. Il s'agit
principalement de Trypanosoma congolense, T. vivax et T. brucei
brucei chez le bétail.
Les TAA entraînent chez le cheptel d'énormes
pertes allant de la mortalité à la diminution de la production de
viande, de lait, du taux de mise-bas et de la force de travail (Swallow, 1997).
Ainsi, lutter efficacement contre les trypanosomoses et leurs vecteurs devient
un enjeu majeur dans le système de contrôle des maladies du
bétail. Plusieurs méthodes sont proposées pour le
contrôle ou l'éradication des trypanosomoses et leurs vecteurs.
Toutefois, le chemin est encore long pour atteindre leur éradication.
Cela pourrait s'expliquer par la méconnaissance de certains
paramètres liés aux trypanosomoses et à leurs vecteurs.
Parmi ces paramètres inconnus, on peut citer l'impact de
l'instabilité actuelle des habitats naturels des glossines due aux
effets des changements climatiques et à la pression anthropique (Van den
Bossche et al., 2010).
Les stratégies d'adaptation aux répercutions
possibles des changements climatiques en Afrique de l'Ouest sont encore mal
connues (RIPIECSA, 2008) notamment dans le domaine de la production animale. La
présente étude s'intègre dans le cadre d'un travail
pluridisciplinaire du projet ASECC/RIPIECSA, ayant pour objectif
général d'étudier l'adaptation des systèmes
d'élevage au changement climatique global en Afrique de l'Ouest.
L'objectif global de cette étude est d'analyser
l'impact des pratiques de production et du changement climatique sur
l'épidémiologie des TAA et leurs principaux vecteurs, les
glossines.
Les objectifs spécifiques visés peuvent ainsi
être décrits :
- analyser la situation épidémiologique
(prévalences trypanosomiennes chez les bovins et les densités
apparentes des glossines) dans des sites sélectionnés le long
d'un transect à gradient croissant d'aridité du Sud au Nord du
Burkina Faso ;
- comparer les situations épidémiologiques
actuelles et antérieures dans les différents sites ; -
caractériser les situations épidémiologiques en fonction
des pratiques de production.
Les travaux seront présentés en deux parties selon
le plan ci-après :
- une première partie consacrée à une
synthèse bibliographique de l'état des connaissances sur les TAA,
le concept des changements climatiques et des pratiques de production ;
- une deuxième partie consacrée à
l'étude expérimentale composée de matériel et
méthodes, résultats, discussions, conclusion et
recommandations.
PREMIERE PARTIE:
Synthèse bibliographique
Chapitre I : Généralités sur
les trypanosomoses animales africaines 1.1. Définition et
importance
Les trypanosomoses sont des maladies parasitaires
provoquées par des protozoaires flagellés du genre
Trypanosoma. Ils vivent dans le plasma sanguin, la lymphe et divers
tissus de leurs hôtes (Itard, 1981).
Le parasite est transmis à l'hôte
vertébré généralement par un insecte
hématophage qui peut être soit un vecteur « biologique
», ce sont les glossines ou mouches tsé-tsé, soit un vecteur
« mécanique », comme les tabanidés ou taons et les
stomoxyinés. Les mouches tsé-tsé sont les vecteurs les
plus importants qui constituent les hôtes intermédiaires de ces
parasites. En Afrique, les trypanosomes pathogènes du bétail sont
Trypanosoma vivax (Ziemann, 1905), Trypanosoma congolense
(Broden, 1904) et Trypanosoma brucei brucei (Plimmer and Bradford,
1989).
Les trypanosomoses ont une grande importance à la fois
sur le plan médical et sur le plan économique. En Afrique
Subsaharienne, les effets de la maladie sur le bétail se traduisent par
des mortalités de 10 à 20%, la diminution de la production de
viande de 30%, du lait de 40%, du taux de mise-bas de 11 à 20% et de la
puissance de travail du tiers (Swallow, 1997). Le retard de croissance chez les
jeunes et les avortements chez les vaches gestantes sont également
rapportés par Murray et al. (1991). Par ailleurs, le coût
des traitements est onéreux. Au moins 25 à 30 millions de doses
de trypanocides sont utilisées chaque année, et cela constitue un
coût annuel de 30 millions d'Euros (Bouyer, 2006 ; Vreysen, 2006). Selon
certains experts, les pertes économiques dues à l'ensemble des
pathologies animales au Sud du Sahara s'élèveraient à 6
milliards d'Euros par an, dont le quart est attribuable aux seules TAA (Itard,
2000).
1.2. Epidémiologie
Les TAA évoluent généralement sous une
forme chronique, dont la durée et les symptômes sont variables
selon la résistance de l'hôte affecté et l'espèce de
trypanosome en cause (Itard, 1981). Elles atteignent les animaux domestiques
mais aussi la faune sauvage. Cette dernière peut servir de
réservoir de trypanosomes, notamment au niveau de l'interface entre
zones protégées et pastorales (Bouyer, 2006 ; Van den Bossche et
al., 2010). Les TAA évoluent généralement sous
forme enzootique dans l'aire de répartition des glossines. Dans les
zones
indemnes, dès que la maladie se déclenche, elle
prend la forme épizootique avec prédominance de la forme
aiguë. On peut également rencontrer d'autres situations
épidémiologiques telles que des situations
enzoo-épizootiques (cas de la trypanosomose hémorragique due
à la souche est-africaine de T. vivax).
Les TAA apparaissent en toute saison mais leur
évolution dépend de la pression vectorielle. En effet, au cours
d'une année, la distribution des glossines de savane (groupe
morsitans) est très dépendante de la saison. Elles
représentent un risque élevé en saison pluvieuse, mais
diffus dans l'espace. Ainsi, en début de saison pluvieuse, leurs
densités augmentent et atteignent un maximum un mois et demi
après. On observe une chute sensible au milieu de cette même
saison du fait de l'effet dévastateur du développement des
prédateurs (guêpes, fourmis) et de la montée des eaux sur
les gîtes de pupaison. Une décroissance régulière
des densités commence avec l'arrêt des pluies et atteint un
minimum pendant la saison sèche. Par contre, chez les glossines
riveraines (sous-genre Nemorhina), le risque de transmission se limite
au voisinage des cours d'eau mais reste permanent tout au long de
l'année.
Les sources d'infections sont les animaux domestiques ou
sauvages cliniquement malades de trypanosomose ou les porteurs sains (faune
sauvage, bétail trypanotolérant voire les animaux
trypanosensibles avant l'apparition des signes cliniques). La voie principale
d'infection est la voie cutanée par piqûre d'insectes
hématophages portant les formes infectantes des trypanosomes ou formes
métacycliques.
T. vivax est transmis par les mouches
tsé-tsé mais peut l'être également par des vecteurs
mécaniques comme les tabanidés et les stomoxes (Desquesnes,
2003). Par conséquent, cette espèce de trypanosome a une
répartition plus large et on peut la rencontrer sur d'autres continents
que le continent africain, notamment en Amérique du Sud. T.
congolense et T. brucei brucei sont considérés
comme exclusivement transmis par les glossines et sont donc limités
à la zone de répartition de ces dernières (Bouyer, 2006).
Cependant, les tabanides sont capables de transmettre T. congolense en
conditions expérimentales (Desquesnes et Dia, 2003 ; Desquesnes et
al., 2009). La pathogénicité des trypanosomes
dépend de l'espèce ou de la souche parasitaire et de
l'espèce ou de la race de l'hôte vertébré, ainsi que
de son état sanitaire, nutritionnel, physiologique et de sa
trypanotolérance (Cuisance et al., 2003).
Contrairement à la transmission cyclique, la
transmission mécanique de la trypanosomose est très fragile du
point de vue épidémiologique (Desquesnes, 2003). La
promiscuité des individus et/ou des espèces dans un
élevage ou leur proximité à un point d'eau est la
condition
nécessaire à la transmission mécanique
des trypanosomes par les insectes hématophages. La probabilité de
transmission est plus ou moins élevée selon divers
paramètres concernant l'hôte infectant (taux de
parasitémie), le vecteur (taille de l'insecte et des pièces
buccales), l'hôte réceptif (compétence immunitaire) et
leurs relations (Sidibé et Desquesnes, 2001). Les foyers de trypanosomes
transmis mécaniquement peuvent connaître des incidences de 100% en
quelques jours, même lorsque l'abondance des vecteurs mécaniques
est modérée. Les insectes piqueurs ont un double effet sur les
bovins : des effets directs (lésions cutanées, spoliation
sanguine et stress) provoquant une immunodépression qui favorise
l'apparition des signes cliniques et l'augmentation de la parasitémie
des animaux infectés et l'accroissement de la réceptivité
des animaux sains ; un effet indirect lié à la transmission
mécanique des parasites.
La prévalence et l'incidence de la maladie au sein
d'une population dépendent du taux d'infection des glossines et de la
fréquence des contacts hôtes/vecteurs. La sensibilité des
mouches tsé-tsé à l'infection est variable avec leur
état d'infection et de nutrition (Akoda, 2009 ; Akoda et al.,
2009). Dans la nature, le taux d'infection des glossines excède rarement
15% (Duvallet, 1987). Chez les bovins, la prévalence des infections est
particulièrement élevée (> 70%), les adultes sont
régulièrement infectés tandis que les jeunes s'infectent
entre 6 mois et 2 ans (Desquesnes, 2003). Par ailleurs, la prévalence et
l'incidence sont plus élevées chez les bovins de race
trypanosensible (Bos indicus) que chez les races
trypanotolérantes (Bos taurus). Chez les animaux exotiques
provenant des pays du Nord, la prévalence parasitologique peut atteindre
100% si aucun traitement n'est administré (Bengaly, 2003), avec un taux
de létalité très élevé.
1.3. Méthodes de lutte
La lutte contre les TAA tient compte des
éléments qui conditionnent l'existence et l'abondance des
parasites, des hôtes mammifères et des hôtes vecteurs. Les
méthodes actuellement utilisées reposent sur la
chimiothérapie, la chimioprophylaxie, la lutte antivectorielle et
l'élevage de bovins trypanotolérants.
1.3.1. Chimiothérapie
La chimiothérapie consiste à utiliser des
substances chimiques pour lutter contre la TAA. Le traitement curatif se fait
par injection des produits trypanocides. Compte tenu de la sensibilité
spécifique des trypanosomes aux trypanocides disponibles, il est
recommandé d'utiliser le diminazène (3,5 mg/kg de poids vif en
solution de 7 p.100), l'isométamidium (0,25 à 2 mg/kg
de poids vif en solution de 1 p.100) ou l'homidium (1 mg/kg de
poids vif en solution de 1 à 2,5 p.100) dans le traitement des TAA
à T. vivax et T.congolense, et le diminazène (7
mg/kg de poids vif en solution de 7 p.100) contre T. brucei brucei.
En zone d'enzootie, il est conseillé d'appliquer un
traitement curatif suivi d'un traitement préventif dans les deux
semaines qui suivent la guérison (Touré, 1973).
1.3.2. Chimioprophylaxie
Il n'existe pas de moyen d'immunisation définitive.
Cependant, pour assurer la protection des animaux sensibles pendant quelques
mois, il est conseillé de réaliser la chimioprévention.
Pour réduire les risques d'apparition de souches
chimiorésistantes, il convient de pratiquer les traitements
prophylactiques avec la plus grande prudence. Elle consiste à utiliser
sur l'animal des insecticides en pulvérisation ou en pour-on ou
par injection de molécules trypanocides. Le plus utilisé est
l'isométamidium à la dose de 0,5-1 mg/kg qui permet une
protection de 2 à 4 mois.
1.3.3. Lutte anti-vectorielle
La lutte anti-vectorielle consiste à utiliser des
insecticides pour stériliser les vecteurs transmetteurs des
trypanosomes. Parmi les méthodes utilisées pour
l'élimination du vecteur, on peut citer la technique de l'insecte
stérile (TIS), le système attractif toxique et l'épandage
d'insecticide.
La TIS ou la lutte génétique est utilisée
pour réduire le potentiel de reproduction des glossines mâles,
rendus stériles par irradiation avec des rayons gamma. La méthode
consiste à lâcher de façon continue dans une population
sauvage, des mâles stériles de même espèce pour
aboutir à long terme à l'extinction de cette population. Elle a
l'avantage d'être une méthode non polluante et ciblée (Dyck
et al., 2005), mais est relativement coûteuse. Etant
particulièrement efficace à faible densité des populations
cibles, elle est généralement utilisée pour achever les
populations après une phase de réduction par les autres
méthodes, plus efficaces à densité élevée
des glossines (Vreysen et al., 2007).
Les systèmes attractifs toxiques sont un ensemble
d'objets (pièges, écrans) attractifs par leur couleur, leur forme
ou par adjonction d'attractif olfactif et rendus toxiques par
imprégnation par un insecticide (Challier, 1984). La couleur joue un
rôle important, le bleu et le noir, qui ont particulièrement une
attractivité supérieure (Cuisance, 1989). L'insecticide le plus
utilisé de nos jours est la deltaméthrine à cause de sa
toxicité sur les glossines, sa stabilité à l'air et
à
l'environnement et un coût raisonnable. De plus, elle
est bon marché et est utilisée pour deux intérêts :
lutte contre les glossines et barrière contre une nouvelle colonisation
des zones déjà assainies. Il est démontré qu'une
réduction du taux journalier de 1 à 7% de la population femelle
suffit pour aboutir à une réduction de sa densité de 95%
en une année (Cuisance, 1989), voir son élimination (Hargrove,
2003). Les animaux eux-mêmes, pulvérisés d'insecticides
peuvent jouer le rôle d'appâts vivants, mobiles, odorants et
attractifs (Bouyer et al., 2005b ; Vale and Torr, 2005). Cette
technique a l'avantage d'être simple, peu coûteuse et peut
être associée à d'autres méthodes comme la TIS.
L'épandage d'insecticide peut être terrestre ou
aérien en fonction des objectifs visés et de la nature de la zone
à traiter. La pulvérisation terrestre se fait sur les parties
basses de la végétation avec un insecticide à longue
rémanence (dieldrine) en solution aqueuse. Celle aérienne se fait
par hélicoptère ou par avion d'un produit non rémanent
(endosulfan ou deltaméthrine Ultra Low Volume) à des
concentrations très faibles.
L'épandage se fait en saison sèche tôt le
matin ou juste avant le couché du soleil. La technique de
pulvérisation séquentielle revient à traiter à
intervalles réguliers correspondant au temps minimal pour qu'une
glossine nouvellement émergée puise faire sa première
larviposition, et ce pendant la durée de larviposition maximale,
augmentée d'un temps de sécurité additionnel correspondant
à 50% de cette durée. L'inconvénient de cette lutte est
qu'elle est non discriminative, peut entraîner la pollution transitoire
des eaux et des terres, a un coût élevé et peut
créer des résistances dans la population d'insectes.
Chapitre II : Concept de changement climatique et
des systèmes d'élevage et leurs impacts sur
l'épidémiologie des TAA et des glossines
2.1. Concept de changement climatique global
Le changement climatique est une variation de l'état du
climat que l'on peut déceler par les modifications de la moyenne et/ou
les variations de ses propriétés et qui persiste pendant de
longues périodes, généralement pendant des
décennies ou plus (GIEC, 2007). On parle de changement climatique global
(CCG) car son étendue géographique est planétaire et ses
caractéristiques et conséquences sont variées.
2.1.1. Causes du changement climatique global
Les changements climatiques peuvent être dus à
des processus de variations naturelles ou aux activités humaines. Les
variations naturelles se font sur de très longues périodes, ce
qui implique une certaine adaptation des espèces animales et
végétales.
Le changement global est dû à l'augmentation des
concentrations des gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère.
Ces GES ont toujours existé dans l'atmosphère de façon
naturelle car la vie n'est possible sur terre sans l'effet de serre qui assure
une température moyenne de 15°C au lieu de -19°C (GIEC, 2007).
Depuis l'avènement de la révolution industrielle, les plus
dangereux de ces gaz (CO2, CH4, NO2, etc.) ont connu une augmentation
exponentielle dont l'origine est loin d'être naturelle (Cyrielle Den,
2007). Le CO2 est à lui seul responsable de plus de 50% de
l'augmentation de l'ensemble des GES. Dans cette situation anormale où
la concentration des GES dans l'atmosphère est très
élevée, seule une petite partie du rayonnement terrestre
réfléchi vers l'atmosphère est absorbée par les GES
et diffusée vers l'atmosphère. La plus grande partie du
rayonnement est renvoyée vers la basse atmosphère et la surface
du sol, ce qui conduit à la longue à un réchauffement de
la basse atmosphère et de la surface du sol. Les activités
humaines restent les premières causes de réchauffement, notamment
celles relatives à la consommation de combustibles fossiles pour des
usages industriels et domestiques et à la combustion de la biomasse
produisant des GES et des aérosols qui affectent la composition de
l'atmosphère. D'autre part, le changement d'usage des terres, dû
à l'urbanisation et aux pratiques agricoles et forestières de
l'homme, affecte les propriétés biologiques et physiques de la
surface de la terre (Daouda, 2008). Ces changements anthropiques sont
très rapides et par conséquent menacent les
écosystèmes souvent fragiles.
En effet, la déforestation continue, aggravée
par l'exploitation sans cesse croissante des forêts par les
communautés rurales (défrichement et mise en valeur) contribue
à 20 à 25% de la totalité des émissions de CO2
(PNUE, 2008). Ces pratiques de grande envergure font perdre à la
forêt son rôle de séquestration du carbone, amplifiant la
quantité de CO2 dans l'atmosphère. La contribution de la
filière élevage prise dans son ensemble est estimée
à près de 18% des émissions anthropogéniques de GES
(65%NO2, 37%CH4, 5%CO2) (Pierre, 2006). Cette part de l'élevage est en
presque totalité due au système intensif qui nécessite le
stockage de fourrage. Cette culture fourragère nécessite de
l'engrais, dont la production s'accompagne d'émission de gaz. De plus,
en aval, la conservation, la réfrigération et le transport des
produits finis émettent également des gaz.
2.1.2. Impact du changement climatique sur
l'épidémiologie des TAA et sur les glossines
Des actions climatiques comme la sécheresse modifient
les conditions hygrométriques et thermiques nécessaires à
la survie des glossines (L'Hôte et Mahé, 1996). Les
épisodes de sécheresse des années 1970-1990 en sont des
exemples qui ont entraîné une descente de la limite Nord des
glossines (Courtin et al., 2009). Les cycles biologiques des vecteurs
nécessitent des conditions de température et d'humidité
optimales. Les changements du climat ont des conséquences variables en
fonction des régions du globe et les zones agro-climatiques
considérées. La zone Australe du Burkina (zone abritant des
glossines) est soumise depuis quelques dizaines d'années à une
forte pression humaine due à ses potentialités agricoles,
notamment pour la culture cotonnière (De La Rocque, 2003). Cette
région, connaît un bouleversement de l'habitat normal des
glossines, associé à la raréfaction des pluies, ce qui
aurait modifié leur densité et leur aire de répartition
(Courtin et al., 2010). Au Burkina Faso, Glossina longipalpis
a totalement disparu après la grande sécheresse de 1972-1973
(Challier et Laveissiere, 1977). G. morsitans submorsitans,
espèce savanicole, a disparu du bassin du fleuve Mouhoun et dans
pratiquement toute la zone cotonnière du pays et de nos jours son recul
est extrapolable à l'ensemble de tout le pays (Rayaissé et
al., 2009). Cette espèce, autrefois présente plus au
Nord, voit son aire de répartition réduite au Sud du pays du fait
de la dégradation de l'environnement et de la disparition de la faune
sauvage (Sow et al., 2009). Cette évolution de la population
glossinienne, pourrait laisser penser que les glossines et certaines
espèces de trypanosomes sont amenées à disparaître
dans le futur mais ce serait sans compter les facultés d'adaptation de
certaines espèces de glossines. En effet, les glossines du groupe
palpalis (notamment G. palpalis) s'adaptent de plus en plus
aux fortes densités
humaines et se maintiennent dans les plus grands centres
urbains d'Afrique de l'Ouest comme Abidjan et Conakry (Courtin et al.,
2009) ou Dakar (Van den Bossche et al., 2010).
Il est à noter que les changements climatiques ont peu
d'effet sur les vecteurs mécaniques (Dia et al., 2007). Ainsi,
l'élimination des glossines pourrait ne pas être suffisante pour
éradiquer les trypanosomoses animales dans les zones où une
transmission mécanique efficace pourrait se maintenir. Des
expériences menées à Lahirasso (Burkina Faso) ont
montré des incidences de 60% et 75% en 20 jours pour T. vivax,
assurées respectivement par Atylotus agrestis et A.
fuscipes (Desquesnes et Dia, 2003). Les vecteurs mécaniques des
trypanosomoses pourraient avoir un rôle épidémiologique non
négligeable, à l'avenir dans la transmission de la maladie. Avec
la réduction de la durée de vie des glossines et l'augmentation
de la transmission mécanique, on observe une inversion de la dominance
de T. congolense vers T. vivax et la disparition de T.
brucei brucei au Burkina (Dia et al., 2007).
2.2. Les systèmes d'élevage
En Afrique Subsaharienne, particulièrement au Burkina
Faso, il y a une grande variété de systèmes
d'élevage, dont la différentiation fait appel à divers
critères utilisés seuls ou combinés entre eux. En
privilégiant le critère mobilité, on distingue trois
principaux systèmes dont les premiers, l'élevage
sédentaire et l'élevage transhumant sont effectivement
pratiqués au Burkina Faso, le troisième étant
l'élevage nomade.
2.2.1. L'élevage sédentaire
Ce mode d'élevage est pratiqué par les
agriculteurs qui thésaurisent leurs productions agricoles sous forme de
bétail ou par les éleveurs sédentarisés pour
diverses raisons, qui diversifient leurs sources de revenus en pratiquant
l'agriculture. Dans ce système, les animaux sont gardés en
permanence au niveau du village où, sous la conduite des bergers, ils
pâturent sur de courtes distances dans les espaces non cultivés
pendant la saison des pluies. Pendant la saison sèche, l'alimentation
est complémentée avec les résidus de cultures et les
fourrages conservés. Cette pratique d'élevage permet
d'éviter le contact entre troupeau et glossines en zone indemne de
mouches tsé-tsé. La taille moyenne du troupeau est
généralement inférieure à cinquante têtes.
Sous l'effet de l'augmentation qualitative et quantitative
rapide de la demande en produits animaux, d'autres formes d'élevage
sédentaire ont fait leur apparition autour des grands centres de
consommation (milieux urbains et périurbains). Parmi ceux-ci, on peut
citer
l'embouche des bovins, des petits ruminants, les
élevages laitiers, les fermes de production avicole et porcine.
Pour ce qui concerne l'embouche intensive au Burkina Faso, sa
durée n'excède pas six mois et se pratique
généralement au cours de la saison sèche. Les rations
alimentaires de ces effectifs sont généralement servies sur
place, ce qui minimise le contact direct avec les vecteurs biologiques des
TAA.
2.2.2. La transhumance
La transhumance se définie comme « un
système de production animale basé sur des mouvements cycliques,
d'amplitude variable, à la recherche des meilleurs pâturages des
saisons en cours. Ces mouvements s'effectuent entre zones écologiques
complémentaires, sous la garde de quelques personnes, la plus grande
partie du groupe restant sédentaire » (Lhoste et al.,
1993). Actuellement, cette stratégie de déplacement
adaptée aux variations climatiques saisonnières est toujours
admise dans les zones sahéliennes et soudanosahéliennes. Au
Burkina, plus de 70% du cheptel bovin sont conduits annuellement en
transhumance nationale ou transfrontalière (Kagoné, 2004). En
fonction de la distance parcourue entre les terroirs d'attache et les zones
d'accueil d'une part et de la saison de transhumance d'autre part, on distingue
deux types de transhumance : la petite transhumance et la grande
transhumance.
- La petite transhumance est un
déplacement à l'intérieur du territoire national. Elle
s'effectue sur de courtes distances (inférieures à 100 km). Elle
se pratique en toute saison. En saison pluvieuse, elle se pratique au moment de
la levée des semis où le problème d'espace de pâture
se pose et a pour objectifs de protéger les cultures et d'éviter
les conflits entre éleveurs et agriculteurs et de réduire les
risques de maladies de bovins (zone infestée de glossines par exemple).
Après les récoltes, le bétail regagne les aires de culture
pour exploiter les résidus et sous-produits de récolte. Pendant
la saison sèche les raisons sont la recherche de pâturages et de
points d'eau.
- La grande transhumance est la transhumance
classique qui va à la rencontre des pluies en saison sèche avant
de « remonter » vers le Nord tout en restant en deçà du
front de progression de la nouvelle herbe (Benoît, 1998). Elle est
engendrée par l'assèchement des cours d'eau et des mares et la
rareté des pâturages exploitables. Entre terroirs d'attache et
zones d'accueil, la distance est grande, souvent de plusieurs centaines de
kilomètres. Les déplacements peuvent se limiter à un
changement de régions dans le même pays, mais ils
peuvent dépasser les limites frontalières. Au
Burkina Faso, les troupeaux guidés par les bergers, transhument (pendant
la saison sèche) des régions du Nord vers les zones du Sud
(climat soudanien), qui offrent des ressources en eau et en pâturages qui
ne sont plus disponibles au Nord notamment les graminées
pérennes, qui bien que moins riches que celles du Nord peuvent
être complétées par des résidus de culture.
Les trajets suivis sont orientés par la
disponibilité et l'accessibilité en eau. L'itinéraire
emprunté est le même chaque année, seules les dates de
descente et de remontée varient compte tenu de la variabilité de
la pluviométrie. Dès les premières pluies, les troupeaux
remontent vers les zones d'attache où l'eau redevient disponible (mares
et puits) et les pâturages offrent une alimentation de qualité en
graminées annuelles.
2.2.3. Impact des pratiques de production sur
l'épidémiologie des trypanosomoses
Les pâturages des pays soudano-sahéliens ont
connu en moins d'un siècle de véritables modifications du fait de
l'occupation humaine des espaces et des variations climatiques. Ces espaces
pastoraux de faible capacité ne sont plus en mesure de satisfaire les
besoins des animaux particulièrement en saison sèche. Face
à cette pénurie, les producteurs essayent de s'adapter par des
mobilités variables des animaux (petite et grande transhumance).
La zone soudanienne du Burkina qui représente un des
principaux foyers historiques de trypanosomoses (animale et humaine), de part
son climat favorable possède d'énormes potentialités
pastorales. Elle est utilisée comme site d'accueil des troupeaux
transhumants (Bengaly et al., 2001) et comme zone de transit des
transhumants transfrontaliers et des troupeaux exportés vers la
Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin. La zone
sahélienne caractérisée par une vaste couverture de
graminées, entrecoupée de zones arbustives où dominent les
épineux dont les espaces pastoraux dépourvus de
végétation pendant la période sèche est indemne de
glossines. Pendant cette période, les animaux de cette zone manquent
d'eau et de pâturages. Les éleveurs se déplacent alors vers
le Sud, espace épidémiologiquement actif, pour minimiser les
contraintes alimentaires.
Le premier problème de la transhumance est le risque
pathologique qu'elle occasionne. En effet, les bovins du nord sont des
zébus qui sont très sensibles aux TAA. Cette sensibilité
est aggravée par l'affaiblissement des animaux dû aux longues
distances parcourues. La transhumance favorise le contact bovin/vecteur,
principalement au niveau des points d'eau mais aussi dans les pâturages.
Ce contact conduit à l'infection des animaux par les trypanosomes ;
lesquels animaux, à leur retour constituent alors des sources
d'infection aux
autres animaux de leurs terroirs d'attache, par le biais des
vecteurs mécaniques notamment. La transhumance permettrait ainsi le
brassage régulier de parasites entre le Sud et le Nord.
Les zones d'accueil des transhumants connaissent une
augmentation considérable de la densité de bovins pendant la
saison sèche. Cet accroissement de l'effectif du cheptel diminue la
prévalence de la maladie dans les troupeaux (Wacher et al.,
1993). Les glossines ont à leur disposition un grand nombre
d'hôtes nourriciers et la fréquence de piqûre sur les
animaux baisse. Par contre, dans les zones d'attache où la maladie
sévit, on observe le contraire dans les troupeaux qui sont restés
sédentaires.
DEUXIEME PARTIE:
Etude expérimentale
Chapitre I : Matériel et méthodes
1.1. Matériel
1.1.1. Site de l'étude
L'étude a été réalisée le
long d'un transect à gradient croissant d'aridité du Sud au Nord
du Burkina Faso (figure 1). Quatre sites ont été choisis sur le
transect en fonction de leurs caractéristiques et des zones
agro-écologiques auxquelles ils appartiennent:
1. Folonzo : domaine soudano-guinéen - savanes
boisées et forêts claires, infesté de glossines, à
risque trypanosomien et zone d'accueil des troupeaux transhumants ;
2. Koumbia : domaine soudanien - savanes boisées et
arborées, infesté de glossines, à risque trypanosomien et
zone d'accueil, de transit et d'attache des troupeaux transhumants ;
3. Dédougou : domaine soudano-sahélien - savanes
arbustives, infesté de glossines, à risque trypanosomien et zone
d'accueil, de transit et d'attache des troupeaux transhumants ;
4. Djibo : domaine sahélien - steppes arborées et
arbustives, indemne de glossines, à faible risque trypanosomien et zone
d'attache des troupeaux transhumants.
N
Figure 1 : Sites d'étude dans les
différentes zones agro-climatiques
1.1.2. Animaux
L'échantillon de bovins ayant fait l'objet de
prélèvements sanguins compte 1041 têtes reparties par site
et par système d'élevage (tableau I). Dans chaque système,
le choix des bovins était fait au hasard sans critère
d'âge, ni de sexe ou de race. Mais, après le
prélèvement, ces informations, de même que l'état
corporel, la date du dernier traitement contre les TAA et la nature du
trypanocide utilisé étaient enregistrés. La plupart des
animaux de l'échantillon était des zébus Peuls et des
métis zébus Peuls x taurins Baoulé et en majorité
des femelles. Ces bovins appartenaient majoritairement à des
éleveurs de l'ethnie peulh. Sur les 1041 bovins, 26,71% provenaient de
la grande transhumance, 23,15% de la petite transhumance et 50,14% du
système sédentaire.
Tableau I : Répartition des
animaux échantillonnés dans les sites en fonction des
systèmes d'élevage
|
|
|
Sites
|
|
|
Système d'élevage
|
Djibo
|
Dédougou
|
Koumbia
|
Folonzo
|
Total
|
Grande transhumance
|
59
|
55
|
164
|
-
|
278
|
Petite transhumance
|
178
|
-
|
-
|
63
|
241
|
Sédentaire
|
159
|
130
|
200
|
33
|
522
|
Total
|
396
|
185
|
364
|
96
|
1041
|
- : Système d'élevage non identifié
1.1.3. Le matériel de laboratoire
Le matériel de laboratoire utilisé pour les
différentes manipulations se trouve en annexe 3. Ce matériel a
servi entre autre pour les prélèvements sanguins des bovins, pour
la mesure de l'hématocrite, pour la détermination de la
parasitémie, pour la récolte du plasma et du "Buffycoat" de sang
suspect de bovins et d'organes de glossines infectés, pour la
sérologie, pour la capture des insectes vecteurs de TAA et enfin, pour
la dissection des glossines.
1.2. Méthodes
1.2.1. Mesures
1.2.1.1. Enquêtes parasitologiques
+ Les paramètres physiques des animaux étaient
déterminés au moment ou après le prélèvement
sanguin. Le sexe et l'état corporel étaient
déterminés par examen visuel direct, l'âge de l'animal
était celui donné par l'éleveur.
+ L'hématocrite est défini comme le pourcentage
de globules rouges dans un volume donné de sang. Il permet de
caractériser le degré d'anémie. Il a été
déterminé après centrifugation à 12 000
tours/minute pendant 10 minutes de tubes capillaires à
hématocrites remplis au 4/5e de leur volume avec du sang
prélevé à partir de la veine jugulaire (le
prélèvement sanguin est fait à l'aide d'une aiguille
vacutainer montée sur un tube contenant de l'EDTA). Les valeurs de
l'hématocrite sont directement lues à l'aide d'un abaque de
lecture SIGMATM.
+ Les examens parasitologiques
La méthode d'examen du "Buffy-coat" ou
méthode de Murray (Murray et al., 1977) et la méthode du
frottis sanguin ont été utilisées pour rechercher la
présence de parasites dans le sang périphérique des
animaux. La méthode de l'ELISA-indirect a été
utilisée pour détecter des anticorps anti-trypanosomes dans le
plasma des animaux (preuve d'une infection récente ou passée).
La méthode du frottis sanguin consiste à
étaler une goutte de sang sur une lame et fixer à l'alcool
(méthanol) puis colorer au Giemsa. La lame est ensuite observée
au microscope (objectif X100) avec de l'huile d'immersion pour l'identification
des parasites.
La méthode de Buffy-coat (MBC) : après la
lecture de la valeur de l'hématocrite (technique décrite plus
haut), on coupe le tube capillaire à l'aide d'une pointe en diamant
à 1 mm environ en dessous de la couche de globules blancs. Le
matériel biologique (interface globules/plasma) est ensuite
observé entre lame et lamelle au microscope (objectif X40) à fond
noir. La parasitémie est ensuite exprimée en nombre de parasites
par champ microscopique ou nombre de parasites sur 40 champs. Ces valeurs sont
ensuite converties en nombre de trypanosomes par millilitre de sang selon le
tableau de correspondance établi par Paris et al. (1982).
La méthode d'ELISA-indirect : le plasma est obtenu par
centrifugation du sang des bovins à 12 000 tours/minute pendant 10
minutes. Le principe est de sensibiliser des microplaques ELISA en
polystyrène à fond plat par des antigènes solubles de
Trypanosoma spp (5 ug/ml) extraits du parasite (par
ultra-centrifugation). Les immunoglobulines spécifiques des
sérums positifs se fixent sur les antigènes et forment des
complexes incolores, qui sont reconnus par des antiglobulines de bovins
couplés à la peroxydase de Raifort. La révélation
est faite à l'aide d'un complexe substrat/révélateur (eau
oxygénée/ABTS pour la peroxydase). Pour les échantillons
négatifs, le lavage exporte le conjugué et le puits reste
incolore à la révélation. La lecture des plaques est faite
à l'aide d'un spectrophotomètre du type MCC/340 à 405 nm
relié à un ordinateur. Les densités optiques (DO) obtenues
sont exprimées en Pourcentage de Positivité Relative (PPR) par
rapport à des échantillons de références positifs
et négatifs dont PPRB pour T. brucei brucei, PPRC pour T.
congolense, PPRV pour T. vivax. La formule du PPR est la suivante
:
Moyenne DO (échantillon) - moyenne DO (témoin
négatif)
PPR = x 100
Moyenne DO (témoin positif) - moyenne DO (témoin
négatif)
Les résultats des trois tests ont été
interprétés par le score maximum de positivité. Le score
de PPR le plus élevé des trois indique avec une très forte
probabilité la présence d'anticorps dirigés contre l'un au
moins des parasites rencontrés par l'hôte (Desquesnes et
al., 1999).
1.2.1.2. Enquêtes entomologiques
Elles ont consisté au piégeage d'insectes
hématophages suivi immédiatement de la dissection des
glossines.
+ Le piégeage a consisté à un
déploiement des pièges biconiques (Challier et al.,
1977) au niveau des points d'abreuvement et des zones de pâture. Dans
chacun des 4 sites (figure 1), 10 pièges étaient posés
à intervalle de 100 m. La position de chacun de ces pièges a
été relevé à l'aide d'un GPS. Le piégeage
durait 72 heures avec des récoltes chaque 24 heures. Au relevé
des pièges, les mouches étaient identifiées par
espèce et comptées par sexe et par piège. Les
résultats obtenus sont exprimés en Densité Apparente par
Piège (DAP) qui correspond au nombre de mouches capturées par
piège et par jour.
+ La dissection a pour but de rechercher les trypanosomes et
de déterminer l'âge physiologique des glossines. Elle était
effectuée sous une loupe binoculaire sur les glossines non
ténérales1 vivantes.
Pour la femelle, la dissection commence par l'extraction de
l'organe génital qui servira à la détermination de
l'âge physiologique. L'extraction des trois organes pour la recherche de
parasites est la même chez les deux sexes. La dissection commence par le
proboscis (Lloyd et al., 1924), puis les glandes salivaires et enfin
l'intestin moyen (Penchenier et Itard, 1981). Les trois organes sont
disposés (intestin moyen en « U ») entre lame et lamelle dans
une goutte de solution de Ringer, puis observés au microscope pour la
recherche de parasites.
La détermination de l'âge diffère selon le
sexe de la mouche. Chez les mâles, elle se base sur l'usure alaire. Six
catégories d'usure alaire ou wing fray (w.f.) ont été
définies en fonction du degré d'usure. Le nombre de mouches dans
chaque catégorie est multiplié par un coefficient qui lui est
attribué (tableau II). On fait ensuite le rapport de la somme des
produits des différentes catégories par le nombre de mouches dans
l'échantillon. La valeur ainsi obtenue constitue la valeur moyenne de
l'éraillure alaire (VMEA) qui sera convertie en âge moyen de la
population des mouches tsé-tsé en se référant au
tableau de conversion des VMEA (annexe 1). Chez les femelles, elle se base sur
l'observation de certains critères de l'appareil génital et de sa
bonne position. L'appareil génital est extrait et placé dans la
position dorso-ventrale pour déterminer l'ovaire et l'ovariole le plus
gros. Ensuite, l'ovaire est ouvert pour vérifier si le follicule le plus
gros contient une relique ou un pédicelle à sa base, puis
l'utérin est caractérisé en fonction de son contenu
(utérus vide ou avec une larve du 1er, 2ème ou
3ème stade). Enfin, l'âge de la mouche est lu sur un tableau
établi par Itard (1966).
Tableau II : Catégories de
l'éraillure alaire et les coefficients correspondants
Catégorie de l'éraillure alaire
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
Coefficient
|
1,0
|
2,0
|
3,0
|
4,4
|
5,5
|
6,9
|
1.2.2. Etude diachronique
Le principe est de faire l'état des lieux des
résultats des études entomologiques antérieures
menées dans les sites sélectionnés et de les comparer aux
données collectées au cours de la présente étude,
afin de voir l'évolution des densités de glossines dans le temps
et surtout dans le cas échéant déterminer les raisons de
cette évolution. Les données rétrospectives ont
été
1 Glossine qui n'a pas encore pris son premier repas
sanguin
obtenues par consultation de la documentation de la
bibliothèque du CIRDES et des sites internet. N'ayant pas trouvé
des données pour l'ensemble des sites, cette analyse ne concernera que
ceux de Dédougou et de Folonzo.
Pour le site de Dédougou, l'analyse diachronique se
fonde sur les résultats de l'étude de Bouyer et al.
(2005) menée en 2002 sur le fleuve Mouhoun (3° 33' W et 12°
30' N) qui correspond au site actuel de notre étude.
A Folonzo, les données entomologiques de
références sont celles de 1980 (Laveissière et
al., 1981) et de 2008 (Rayaissé et al., 2009). Ces
études ont été menées sur le fleuve Comoé,
près du village de Folonzo (4° 36' W, et entre 9° 48' et
9° 65' N) qui correspond au site actuel de notre étude. Seules les
captures effectuées durant le mois d'avril pour les deux enquêtes
antérieures seront utilisées pour la comparaison puisque c'est la
période du présent sondage. Pour la présente prospection
ainsi que celle de Laveissière et al. (1981), des pièges
ont été placés uniquement au niveau de la berge. Par
contre, dans le cas de l'étude de Rayaissé et al.
(2009), des pièges avaient été placés dans la
savane avoisinante, en plus de la berge. Pour cette différence, nous
nous sommes intéressés à comparer les densités des
glossines riveraines.
1.2.3. Analyses statistiques
Le calcul de la prévalence de l'infection trypanosomienne
chez les troupeaux ainsi que les écart-types ont été faits
à l'aide du logiciel Microsoft Excel selon les formules suivantes :
P = prévalence des différentes infections à
un temps t donnée dans une population donnée
m = Nombre d'individus malades dans la population au temps t
N = Nombre d'individus à risque dans la population au
temps t
p = prévalence
q = 1-p
n = taille de l'échantillon
Les taux d'infection (T.I.) et les écarts types (E.T.) ont
été calculés grâce au logiciel Microsoft Excel selon
les formules suivantes:
n = nombre de glossines disséquées
Les taux d'infection ont été comparés
entre sites par le test du Chi2 de Pearson, ainsi que par l'utilisation de
modèles binomiaux à effets mixtes, où le système
d'élevage et le site représentaient les effets fixes. Les
hématocrites ont été comparés par une Anova
à deux facteurs (site et système d'élevage). Les DAP ont
été comparées entre sites par un test de comparaisons non
paramétriques multiples (npmc) (Munzel and Hothorn, 2001). Les tests de
signification et le coefficient de corrélation ont été
calculés avec le logiciel R-2.9.2-win32. Les différents
graphiques ont été tracés avec le logiciel Excel et le
logiciel R-2.9.2-win32. Le seuil de significativité était
fixé à 5%.
Chapitre 2 : Résultats et discussions 2.1.
Résultats
2.1.1. Données épidémiologiques
2.1.1.1. Enquêtes parasitologiques
Sur les 1041 prélèvements effectués le
long du gradient climatique, l'examen parasitologique à l'aide de la
méthode de buffy coat a révélé 43
échantillons positifs, soit une prévalence de 4,13#177;1,23% dont
0 cas à Djibo, 1 cas à Dédougou (0,54#177;1,08%), 23 cas
à Koumbia (6,32#177;2,55%) et 19 cas à Folonzo
(19,79#177;8,13%).
Les résultats sérologiques indiquent un total de
462 cas positifs, soit une séroprévalence de 44,38#177;3,08% (les
trois tests confondus). L'analyse de la séroprévalence en
fonction des sites (Trypanosoma spp) a fourni des valeurs de
18,43#177;3,90% à Djibo, 40,54#177;7,22% à Dédougou,
64,29#177;5,02% à Koumbia et 83,33#177;7,61% à Folonzo.
Les analyses statistiques des prévalences
(parasitologiques et sérologiques) montrent une différence
significative entre les prévalences des différents sites (test du
Chi2, P < 0,05). De plus, les prévalences obtenues à l'aide
des deux méthodes (MBC et ELISA-indirect) montrent une croissance
graduelle des prévalences le long du gradient climatique de la zone
sahélienne vers la zone soudano-guinéenne (figure 3). Dans tous
les sites, la séroprévalence est supérieure à la
prévalence parasitologique (figure 3). L'hématocrite moyen des
animaux séropositifs est non significativement différent à
celui des séronégatifs à l'ELISA-indirect dans tous les
sites, soit respectivement de 32,63% et 33,04% à Djibo, 30,63% et 31,35%
à Dédougou, 32,58% et 32,92% à Koumbia et 25,77% et 28,13%
à Folonzo.
100%
|
90%
|
|
|
|
|
|
|
Prevalences
|
80%
|
|
|
|
|
|
70%
|
|
|
|
|
|
60%
|
|
|
|
|
50%
|
|
|
|
|
|
40%
|
|
|
|
|
30%
|
|
|
|
|
20%
|
|
|
|
|
10%
|
|
|
|
0%
|
|
|
|
|
Djibo Dédougou Koumbia Folonzo
Sites
parasitologique sérologique
Figure 3 : Prévalences
parasitologiques et sérologiques dans les différents sites
Par ailleurs, des infections à Trypanosma spp
mettent en cause deux espèces de trypanosomes (tableau III). Il s'agit
de T. vivax et T. congolense avec une prédominance de
T. vivax à Dédougou et Koumbia et une forte
prévalence de T. congolense à Folonzo. Aucun cas
d'infection active de T. brucei brucei n'a été
identifié.
Tableau III : Prévalences
parasitologiques et sérologiques par espèce de trypanosomes en
fonction des sites
Trypanosoma spp
|
Prévalences parasitologiques (%)
|
Prévalences sérologiques (%)
|
Djibo
|
Ddgou
|
Kbia
|
Flzo
|
Djibo
|
Ddgou
|
Kbia
|
Flzo
|
T. b. Brucei
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,52
|
3,78
|
5,22
|
0
|
|
|
|
|
|
(8,2)
|
(9,3)
|
(8,1)
|
|
T. congolense
|
0
|
0
|
0,27
|
14,58
|
7,07
|
18,38
|
25,82
|
42,71
|
|
|
|
(4,3)
|
(73,7)
|
(38,4)
|
(45,3)
|
(40,2)
|
(51,3)
|
T. vivax
|
0
|
0,54
|
6,04
|
7,29
|
10,35
|
19,46
|
33,52
|
40,63
|
|
|
(100)
|
(95,7)
|
(36,8)
|
(56,2)
|
(48)
|
(52,1)
|
(48,7)
|
Entre parenthèses, les prévalences relatives parmi
les échantillons positifs par site Ddgou : Dédougou ; Kbia :
Koumbia ; Flzo : Folonzo
Les pévalences parasitologiques et sérologiques
relatives aux systèmes d'élevage montrent une augmentation des
prévalences le long du gradient d'aridité décroissante du
Nord au Sud (figures 4 et 5).
L'effet du système d'élevage est globalement
significatif sur les prévalences parasitologiques (P < 0,05). En
effet, à Dédougou et à Koumbia, la prévalence
parasitologique dans les élevages sédentaires est
significativement plus élevée que celle obtenue dans les
troupeaux de grande transhumance (P = 0,019 et P = 0,002 respectivement). Par
contre, à Folonzo, il n'y a pas de différence significative entre
la prévalence parasitologique des troupeaux de bovins sédentaires
et celle des troupeaux de bovins de petite transhumance (P > 0,05). L'effet
du système d'élevage sur les séroprévalences est
non significatif dans tous les sites (figure 5). La figure 5 montre qu'à
Djibo, où les trois systèmes ont été
identifiés, si l'examen direct au microscope n'a
révélé aucun cas d'infection de trypanosome (figure 4), la
séroprévalence pour sa part indique des animaux porteurs
d'anticorps anti-trypanosomes dans les trois systèmes.
120%
100%
Prevalences
80%
60%
40%
20%
*
*
*
0%
Petite transhumance Grande transhumance Sédentaire
Djibo Dédougou Koumbia Folonzo
Sites
* système d'élevage non identifié
Figure 5 : Prévalences
sérologiques en fonction des systèmes d'élevage
identifiés dans chaque site
L'hématocrite le long du gradient climatique varie entre
14 et 50. Il est en moyenne de 32,97 ; 30,14 ; 32,80 et 26,26 respectivement
à Djibo, Dédougou, Koumbia et Folonzo.
L'analyse de la variance (Anova), confirme que le site et le
sexe des animaux ont un effet significatif sur l'hématocrite (P <
0,001), l'âge n'ayant pas d'effet (P = 0,3695). Le site de Folonzo est
significativement différent des autres sites (P < 0,001), ces
derniers n'étant pas significativement différents (figure 6).
Pour le sexe des animaux, les mâles ont un hématocrite
inférieur à celui des femelles. Cet effet n'est significatif
qu'à Folonzo (P < 0,001).
Hematocrites
Sites
Figure 6 : Distributions (boîtes
à moustache) des hématocrites dans les différents
sites.
2.1.1.2. Enquêtes entomologiques
Les densités de glossines diffèrent
significativement le long du gradient climatique (npmc test, P < 0,05) dans
l'ordre : Djibo < Koumbia < Dédougou < Folonzo (Figure 7 et 8).
Aucune glossine n'a été capturée à Djibo. L'analyse
spécifique d'espèces donne une densité moyenne de G.
tachinoides plus élevée à Folonzo, avec une DAP de
39,63#177;56,69, significativement plus élevée que dans les sites
de Dédougou (P < 0,05) et de Koumbia (P < 0,001) avec des DAP de
21,62#177;20,18 et 7,03#177;5,34 respectivement. La DAP de G.
tachinoides dans le site de Dédougou est également
significativement plus élevée que dans le site de Koumbia (npmc
test, P < 0,001). La densité de G. palpalis gambiensis est
faible dans les trois sites, par rapport à celle de G.
tachinoides, avec une DAP de 2,37#177;2,57 à Folonzo, 5,62#177;4,54
à Dédougou et 1,07#177;1,28 à Koumbia. G. morsitans
submorsitans et G. medicorum ont été trouvés
seulement dans le site de Folonzo avec des DAP de 10,5#177;15,23 et
0,6#177;1,30 respectivement. L'absence des mouches tsé-tsé
à Djibo fait que ce site n'a pas été pris en compte dans
les comparaisons entre espèces.
Densite de glossines
Sites
Figure 7 : Distributions (boîtes
à moustache) des densités de glossines dans les
différents
sites.
Lors de la prospection entomologique, outre les glossines, des
vecteurs mécaniques notamment les tabanidés (Tabanus
sufis, T. gratus, T. taeniola, T. par,
Atylotus agrestis, Chrysops distinctipennis et Chrysops
longicornis) et les stomoxes (Stomoxe niger) ont
été identifiés avec une plus grande densité
apparente à Djibo (16,71 vecteur mécanique/piège/jour) par
rapport aux autres sites (inférieure à 1 vecteur
mécanique/piège/jour) (figure 8). Le tableau IV montre une
diversité croissante des espèces de glossines et
décroissante de celles des vecteurs mécaniques sur le long du
gradient d'aridité décroissante.
Tableau IV : Diversité des
espèces vectrices de TAA rencontrées.
Sites
|
Nombre d'espèces de glossines
|
Nombre d'espèces de tabanides
|
Nombre d'espèces de stomoxes
|
Djibo
|
0
|
3
|
1
|
Dédougou
|
2
|
2
|
0
|
Koumbia
|
2
|
2
|
1
|
Folonzo
|
4
|
1
|
0
|
Les taux d'infection par observation directe au microscope de
93 glossines disséquées à Dédougou, 34 à
Koumbia et 146 à Folonzo ont été significativement
différents (test du Chi2, P < 0,05) avec la plus forte infection
à Folonzo par rapport à celles des autres sites (figure 9).
La DAPi (nombre de glossines infectantes par piège et
par jour), un indicateur de risque trypanosomien, qui correspond au produit de
la DAP des mouches tsé-tsé par leur taux d'infection est de 0 ;
0,24 ; 1,36 et 7,43 respectivement à Djibo, Koumbia, Dédougou et
Folonzo. Ainsi, le taux d'infection et le risque de transmission vont dans le
même sens que les DAP.
Le tableau V montre que l'infection à T. brucei
brucei s'observe exclusivement à Folonzo chez G.
tachinoides.
Tableau V : Taux d'infection (%)
spécifique par espèce de trypanosomes en fonction des sites
Espèces de trypanosomes
|
Djibo
|
Dédougou
|
Koumbia
|
Folonzo
|
T. vivax
|
ND
|
1,08
|
2,94
|
6,85
|
T. congolense
|
ND
|
4,30
|
0
|
5,48
|
T. brucei
|
ND
|
0
|
0
|
1,37
|
T. spp
|
ND
|
5,38
|
2,94
|
13,70
|
ND : Non Disponible
L'âge physiologique de 59 glossines à
Dédougou, 23 à Koumbia et de 43 à Folonzo a
été mesuré. L'âge moyen est significativement plus
bas dans le site de Koumbia que dans les deux autres (P < 0,05) avec 28
jours d'âge. Il n'y a pas de différence significative entre
l'âge moyen des mouches récoltées dans les sites de
Dédougou (39 jours) et de Folonzo (38 jours) (P = 0,812).
Figure 8 : Densité apparente des
glossines et des vecteurs mécaniques en fonction des sites.
2.1.2. Analyse diachronique 2.1.2.1. Site de
Dédougou
La présente étude ainsi que celle de 2002
révèlent la présence de deux espèces de glossines
(G. tachinoides et G. palpalis gambiensis) dont les
densités sont présentées dans la figure 10. Ainsi en 2002,
la densité moyenne des glossines était de 14,7
glossines/piège/jour, alors qu'elle est de nos jours de 25,78 ; soit une
multiplication par deux. La figure 10 montre qu'en 2002, la densité de
G. palpalis gambiensis était supérieure à celle
de G. tachinoides, alors qu'en 2010, la situation s'est
inversée où celle de G. tachinoides est
prédomine. De 2002 à 2010, la densité de G.
tachinoides a été multipliée par quatre et celle de
G. palpalis gambiensis diminuée par deux.
Le risque de transmission trypanosomien par les glossines s'est
doublé de 2002 à 2010 avec respectivement 0,74 et 1,36.
Figure 10 : Densités de G.
tachinoides et de G. palpalis gambiensis observées en 2002
et en 2010 à Dédougou
2.1.2.2. Site de Folonzo
La figure 11 représente les densités moyennes par
période respectivement pour G. tachinoides et pour G.
palpalis gambiensis. Ainsi, la densité de G. tachinoides a
été diminuée par trois de 1980 à 2008 et par
deux de 2008 à 2010. Pour G. palpalis gambiensis, bien que la
densité soit
faible par rapport à celle de G. tachinoides
depuis les années 80, il ressort une réduction de sa
densité de moitié de 1980 à 2008 et de 2008 à
2010.
Figure 11 : Densités des glossines
du groupe palpalis observées en 1980, en 2008 et en 2010 à
Folonzo.
2.2. Discussion
2.2.1. Enquêtes parasitologiques
L'importance des TAA en fonction des sites (Djibo <
Dédougou < Koumbia < Folonzo) va dans le même sens que la
classification des sites en fonction de leur degré d'aridité.
Le fait que certains sites soient plus infectés que
d'autres démontre l'hétérogénéité
spatiale de la TAA le long du gradient climatique. Les prévalences
sérologiques ont été supérieures aux
prévalences parasitologiques dans tous les sites. Cela peut s'expliquer
par le fait que les analyses microscopiques ont porté sur des
prélèvements de sang veineux issu de la circulation
générale, ce qui entraine une faible sensibilité
(Pinchbeck et al., 2008). En effet, les trypanosomes peuvent avoir des
localisations extravasculaires: T. congolense peut être
retrouvé dans les cellules endothéliales (Banks, 1978), et T.
vivax peut se rencontrer dans le myocarde, les ganglions lymphatiques et
dans la moelle osseuse (Gardinier, 1989). De plus, l'ELISA-indirect est une
méthode très sensible qui détecte les infections actuelles
(hormis la période de séroconversion) et passives. La
majorité des anticorps détectés pourraient provenir
d'infections passées, eu égard à l'absence de
différence significative entre l'hématocrite des animaux
séropositifs et celui des séronégatifs.
La nullité de la prévalence parasitologique
à Djibo peut s'expliquer par l'absence de vecteurs cycliques. Il faut
cependant rester prudent sur son interprétation, en raison de la faible
sensibilité de l'examen microscopique, et de l'utilisation possible de
traitements trypanocides par les éleveurs. En effet, selon le
responsable du service d'élevage de la région (Lompo,
communication personnelle), la suspicion de la maladie ces dernières
années, fait que de nombreux éleveurs (notamment les transhumants
et quelques sédentaires) appliquent des traitements trypanocides. En
revanche, ceci conforte l'hypothèse selon laquelle les cas d'animaux
séropositifs observés dans cette zone dont les anticorps
proviendraient d'infection passive. Des études antérieures ont
montré que les immunoglobulines peuvent persister pendant 2 à 3
mois après un traitement stérilisant (Desquesnes, 1997). Les
séropositifs peuvent avoir été contaminés
localement par les vecteurs mécaniques : la forte densité des
vecteurs mécaniques retrouvés (16,71 vecteur
mécanique/piège/jour) pourrait entraîner une transmission
épidémique intermittente des TAA (Desquesnes et al.,
2009) (ce qui expliquerait la prédominance sérologique de T.
vivax dans ce site). Ou alors, ils pourraient avoir contracté ces
infections pendant la transhumance effectuée par les éleveurs du
Nord vers le Sud, qui engendre le contact bovin/glossine, ce qui pourrait
créer une source d'infection au retour des
animaux dans leurs terroirs d'attache (comme le montrent les
séropositifs à T. congolense et T. brucei,
espèces dont la transmission mécanique est faible). La situation
observée est en réalité probablement issue de la
conjugaison des deux phénomènes. L'importance des vecteurs
mécaniques a été étudiée à Lahirasso
au Burkina Faso en conditions expérimentales. Les résultats ont
montré qu'en 20 jours, des incidences de 60% et 75% peuvent être
atteintes respectivement avec Atylotus agrestis et A.
fuscipes pour T. vivax et de 25% avec A. agrestis pour
T. congolense (Desquesnes et Dia, 2003). Dans le cas de la
Trypanosomose Humaine Africaine, Prady (1985) avait montré le risque de
réapparition au Burkina Faso par le biais des migrants venus de la
Côte d'Ivoire. La réapparition de la TAA au Nord par le biais des
animaux transhumants et par transmission mécanique parait probable.
Cette situation, qui a toujours existé, pourrait être
amplifiée par les effets des accidents climatiques et de la pression
anthropique qui favorisent les déplacements (Van den Bossche et
al., 2010).
A Dédougou, les infections trypanosomiennes
identifiées correspondent uniquement à T. vivax. Lors
d'un suivi réalisé dans la même zone de mai 2006 à
octobre 2007, T. vivax était également
prédominant (Van den Bossche et al., 2010). La faible
prévalence obtenue dans ce site (1 cas de T. vivax sur 185
prélèvements) peut être liée à un faible
contact bovin/glossine vu la distance qui sépare les animaux
prélevés du fleuve (supérieure à 20 km). D plus,
selon les propriétaires des troupeaux prélevés, les
animaux sont régulièrement traités à raison d'un
traitement préventif (Trypamidium®) et un curatif
(Vériben®) par an, ce qui peut diminuer la prévalence
apparente.
Les examens parasitologiques et sérologiques montrent
une prédominance de T. vivax par rapport à T.
congolense à Koumbia et à Dédougou. Cette
prédominance pourrait s'expliquer par l'abondance de ce trypanosome dans
ces sites, car il est plus facilement transmis par les espèces de
glossines riveraines (Itard, 2000) que T. congolense (Reifenberg et
al., 1997 ; Dayo et al., 2010). De plus, lors des
séances de piégeage dans les deux sites des vecteurs
mécaniques (taons et stomoxes) ont été capturés qui
sont également susceptibles de transmettre T. vivax (d'Amico et
al., 1996 ; Kalu, 1996).
La prévalence parasitologique cumulée de 19,79
de Trypanosoma spp avec une prédominance de T.
congolense par rapport à T. vivax obtenue à Folonzo
est conforme aux résultats d'un sondage réalisé dans la
période mai-juillet en 2002 (CIRDES, 2002, données non
publiées, cité par Dayo, 2004). Cet auteur trouvait une dominance
de T. vivax à Ouangolodougou (situé à quelques
kms au Nord-Ouest de Folonzo), où G. morsitans submorsitans est
absente (Dayo et al., 2010). La forte prévalence de T.
congolense comparée à celle de T. vivax à
Folonzo
suggère l'importance du contact entre les animaux et
ces glossines savanicoles connues comme des vecteurs efficaces de T.
congolense (Reifenberg et al., 1997 ; Merid et al.,
2007). Cette hypothèse est d'autant plus forte que, lors de la
prospection entomologique, G. morsitans submorsitans est
retrouvée en abondance dans la zone (10,5 mouches/piège/jour). En
outre, les animaux échantillonnés dans le site de Folonzo avaient
un âge moyen de 5 ans. Or, selon Murray et al. (1982), les
animaux âgés sont plus sujets et plus sensibles aux infections
à T. congolense qu'à T. vivax.
Sur toute la zone d'étude, aucun cas de T. brucei
brucei n'a pas été identifié chez les bovins à
l'observation directe au microscope et sa prévalence sérologique
était faible. Cela peut être rapproché de la disparition de
T. brucei gambiense (agent de la THA) de la zone d'étude
(Courtin et al. 2006 ; Courtin et al. 2009). Cette absence de
T. brucei brucei confirme les tendances observées dans les
dernières études parasitologiques au Burkina Faso (Bouyer et
al., 2009 ; Dayo et al., 2010). De plus, ce trypanosome se
localise dans les tissus plutôt que dans les vaisseaux sanguins
réduisant ainsi les probabilités de le retrouver dans le sang
périphérique par examen microscopique.
Les trois systèmes d'élevage ont
été identifiés seulement à Djibo. L'absence de
certains systèmes dans certains sites s'explique d'une part par la non
existence de ces systèmes dans les dits sites et d'autre part par le
départ des animaux en transhumance au moment de l'enquête,
menée en saison sèche (Novembre pour Dédougou,
Février pour Folonzo et Mars pour Koumbia).
Le système d'élevage a eu un effet significatif
sur les prévalences parasitologiques. À Dédougou et
à Koumbia, la prévalence était plus élevée
chez les animaux sédentaires que chez les animaux de la grande
transhumance. Cela s'expliquerait par un risque trypanosomien
élevé sur les animaux sédentaires. Dans ces sites, pendant
la saison sèche une partie du cheptel part en transhumance vers le Sud,
ainsi, ceux restés sur place (sédentaires) étant en nombre
réduit, subissent une fréquence élevée de
piqûres de glossines, d'autant que celles-ci sont concentrées au
niveau des derniers points d'eau disponibles (Mouhoun et Koba respectivement),
entraînant un plus grand risque de transmission de la maladie. Des
observations similaires ont été rapportées en Gambie lors
de suivis parasitologiques d'animaux transhumants et sédentaires (Wacher
et al., 1993).
Les effets du site et du sexe sur l'hématocrite se sont
avérés significatifs. La différence
était significative entre l'hématocrite moyen obtenu à
Folonzo et ceux obtenus dans les autres sites
(figure 6). Ceci est corroboré avec la forte
prévalence trypanosomienne de cette zone, ce qui est logique, car
l'anémie demeure le principal symptôme de la maladie. T.
congolense est le plus pathogène des trois espèces pour le
bovin (Troncy et al., 1981) donc son abondance à Folonzo
expliquerait également cet effet significatif. Pour l'effet du sexe, la
faible valeur de l'hématocrite des mâles à Folonzo
peut-être attribué au fait que ces derniers étant plus gros
que les femelles, ils attirent plus les glossines (Torr et al., 2007).
De plus, dans les troupeaux, les femelles sont gardées plus longtemps
que les mâles (ventes ou dons pour la traction animale) il est donc
probable qu'elles aient développé une certaine résistance
à la suite de multiples infections. Une autre explication pourrait
être le fait que les mâles sont généralement
fatigués par des services accrus (traction animale et transport) et par
conséquent résistent moins par rapport aux femelles (Dehoux,
1992).
2.2.2. Enquêtes entomologiques
La densité apparente moyenne des glossines est
respectivement de 0 ; 25,87 ; 8,16 et 53,1 glossines/piège/jour à
Djibo, Dédougou, Koumbia et Folonzo. Ainsi, la DAP est nulle à
Djibo, moyenne à Koumbia et très forte à Dédougou
et à Folonzo. Selon Taze et al. (1977), une DAP de plus de 15
glossines par jour et par piège équivaut à une très
forte densité, de 10 à 15 glossines à une forte
densité, de 3 à 10 glossines à une densité moyenne
et moins de 3 glossines à une faible densité. A côté
de ces variations de densités, la diversité des espèces de
glossines croit de la zone sahélienne à la zone
soudano-guinéenne. Ces observations sont en relation avec la variation
d'un site à l'autre des conditions climatiques (pluviométrie et
température), et du degré de fragmentation des formations
végétales dues aux effets cumulés de la pression
démographique et à l'occupation des sols (Guerrini and Bouyer,
2007 ; Guerrini et al., 2008). En effet, les précipitations
augmentent du Nord au Sud soit des différences de 600 mm/an entre les
deux extrêmes du transect. De plus, l'aridité du sol diminue
également dans le même sens. Ainsi, les conditions abiotiques
(pluviométrie et température) et biotiques
(végétation et hôtes) des glossines vont de
défavorable du sahel à favorable dans la zone
soudano-guinéenne. Ceci expliquerait les différences entre les
DAP de glossines des sites et la diversité en espèces de mouches
qui va croissant du Nord au Sud. L'infection des glossines le long du gradient
climatique va dans le même sens que la DAP. On note cependant une
exception avec le site de Dédougou, où ces dernières sont
retrouvées à des densités supérieures à
Koumbia, ce qui s'explique par la présence du fleuve Mouhoun, qui permet
la survie des glossines riveraines, et la persistance du risque trypanosomien
très faible au Nord, jusqu'à la lisière de la zone
sahélienne (Guerrini and Bouyer, 2007 ; Guerrini et al.,
2009).
De nos jours, les glossines ont disparu dans le Sahel alors
qu'elles ont été capturées jusqu'en 1935 (Roubaud et
al., 1935 ; Courtin et al., 2010). L'absence des mouches
tsé-tsé dans la zone sahélienne est attribuable aux
changements des facteurs climatiques dues aux épisodes de
sécheresses que le Sahel a connu dans les années 1970-1990 qui
ont entraîné la descende des isohyètes vers le Sud et une
montée des isothermes vers le Nord. En fait, cette modification des
conditions hygrométriques et de températures nécessaires
à la survie des glossines, associée à la pression
anthropique sur les ressources végétales et animales, ont aussi
et surtout conduit à une dégradation des habitats forestiers des
glossines et à leur disparition dans le Sahel. En effet, là
où ces habitats persistent, les glossines riveraines peuvent persister
à des pluviométries de moins de 500 mm par an (Bouyer et
al., 2010). L'importance de la transmission mécanique est
difficile à évaluer dans les zones infestées de glossines
(d'Amico, 1993). A Djibo, où les glossines sont absentes, une forte
densité de vecteurs mécaniques a été obtenue. Ce
qui veut dire que si les sécheresses engendrées par
l'évolution climatique ainsi que la pression anthropique sont
défavorables à l'existence des glossines au Nord, elles ont peu
d'effet sur les tabanidés (Dia et al., 2008). On constate que
plus les conditions environnementales se dégradent et la densité
des glossines diminue, plus les vecteurs mécaniques sont
favorisés. Ce qui est attesté par les densités
décroissantes des glossines et croissantes des vecteurs
mécaniques le long du transect d'aridité croissante.
La disparition de G. morsitans submorsitans
(espèce savanicole) à Dédougou et à Koumbia
s'explique par la saturation foncière qui a abouti à une
élimination des animaux sauvages (hôtes nourriciers par excellence
de ces espèces) et à la dégradation des interfluves
(Rouamba et al., 2009). Bien que Dédougou soit dans une zone
soudano-sahélienne et Koumbia dans une zone soudanienne, la DAP des
glossines (riveraines) à Dédougou est supérieure à
celle de Koumbia. Ceci peut être lié à la différence
de galerie forestière qui est plus conservée au niveau de la
portion du fleuve Mouhoun (Dédougou) où le piégeage a eu
lié par rapport à celle du fleuve Bougouriba (Koumbia) (Bouyer
and Bengaly, 2006 ; 2007). Dans ce dernier site, la portion de la Bougouriba
(notre lieu de piégeage) est à proximité d'un village
Bozos (200 m) donc soumise à l'impact des activités humaines. De
plus, la prospection de Dédougou a été faite pendant la
saison sèche froide (novembre) et celle de Koumbia pendant la saison
sèche chaude (mars). Le mois de mars est une période où
les conditions climatiques (température et hygrométrie relative)
sont plus défavorables aux tsé-tsé que le mois de
novembre, expliquant également cette faible densité par rapport
à celle de Dédougou (Koné et al., 2009).
L'âge moyen de la population de glossines s'est
avéré significativement inférieur à Koumbia (28
jours) qu'à Dédougou et à Folonzo. Ce qui peut être
attribué à un taux plus élevé de mortalité
des adultes (Bouyer et al., 2006). Par ailleurs, dans ce site, les
mouches sont infectées uniquement par T. vivax. Cherenet et
al. (2004) ont rapporté que le taux élevé de
mortalité des mouches tsé-tsé résulterait de la
perturbation de leur habitat suite à l'accélération
anthropique et la modification des facteurs climatiques (température et
humidité relative). Cette réduction de la durée de vie ne
favorise que le développement des espèces de trypanosome ayant un
cycle court tel que T. vivax dont le cycle est de 10 jours, alors
qu'il est de 14 et 30 jours respectivement pour T. congolense et
T. brucei brucei (Cuisance et al., 2003 ; Van den Bossche et
al., 2010).
La plus forte densité ainsi que le nombre le plus
élevé d'espèces de glossines ont été obtenus
à Folonzo. Dans cette zone, plus de 6 mois sont arrosés dans
l'année, avec une pluviométrie moyenne comprise entre 900 et 1100
mm, et le fleuve (la Comoé, site de piégeage) est un cours d'eau
pérenne. La bonne pluviométrie et la diversité floristique
offrent des conditions favorables (température et humidité
relative optimales, gîtes de repos et de ponte) aux glossines. Ce
qu'attestent la vieillesse des glossines dans ce site et les cas d'infections
de T. brucei retrouvées. La présence de quatre
espèces de glossines dans la zone avait déjà
été mentionnée dans des précédentes
études (Laveissière et al., 1981 ; Amsler et
al., 1994 ; Rayaissé et al., 2009). L'existence de
G. morsitans submorsitans et de G. medicorum à Folonzo
est liée à une moindre dégradation de la savane due
peut-être à une faible occupation culturale des sols
comparativement aux autres sites. Cette faible densité humaine est
attestée par le choix de ce village comme véritable front
pionnier pour les migrants et les rapatriés de la Côte d'Ivoire
(Courtin, 2007). De plus, l'existence de faune sauvage comme les
phacochères, les cobes, les buffles, les varans et les singes (du fait
que la zone est protégée), qui sont les hôtes nourriciers
par excellence de G. medicorum, expliquerait leur présence.
2.2.3. Analyse diachronique 2.2.3.1. Site de
Dédougou
Les densités de glossines ont doublé de 2002
à 2010. Cette augmentation des DAP semble liée à une
variabilité saisonnière des conditions de vie des mouches. En
effet, dans le mois de novembre (notre étude), quelques rares pluies
continuaient d'arroser la zone ce qui a certainement favorisé le
maintien de la forte densité de saison pluvieuse jusqu'en cette
période. De plus, les conditions de vie des glossines sont meilleures
(température, ensoleillement et humidité relative) en saison
sèche froide (période de la présente enquête) qu'en
saison sèche chaude (période de l'enquête menée en
2002). Ceux-ci expliqueraient la supériorité des DAP actuelles.
De 2002 à aujourd'hui, la densité de G. tachinoides a
été multipliée par quatre et celle de G. palpalis
gambiensis diminué par deux. Cette dernière
prédominait en 2002 et cela pourrait s'expliquer par une certaine
conservation de la galerie de type soudano-guinéen pendant cette
période qui était plus favorable à G. palpalis
gambiensis. De nos jours, la situation s'est inversée où
G. tachinoides est dominante. Cette observation semble liée
à l'effet de l'anthropisation qui a entraîné une
destruction de la strate arborée en faveur de celle arbustive
créant ainsi un milieu plus favorable au développement de G.
tachinoides, au détriment de G. palpalis gambiensis
(Bouyer, 2006).
Le risque de transmission s'est doublé de 2002 à
2010. Le risque semble corrélé avec la DAP qui a également
doublé de 2002 à 2010. Même si l'effet saisonnier peut
expliquer ce doublement, on peut au moins dire que le risque n'a pas
diminuée dans cette zone.
2.2.3.2. Site de Folonzo
La diminution des DAP de G. tachinoides et de G.
palpalis gambiensis de 1980 à 2008 peut s'expliquer d'une part par
la variabilité du climat et d'autre part par l'accéleration de
l'anthropisation des paysages environnant le village de Folonzo
(Rayaissé et al., 2009). En effet, les zones
sahélo-sahariennes particulièrement la zone sahélienne du
Burkina Faso, ont connu une baisse de la pluviométrie de 1970-1996 suite
à des épisodes de séchresses se traduisant par le
déplacement des isohyètes vers le Sud (L'Hôte et
Mahé, 1996). La conséquence observée est la
réduction de l'hygrométrie et du temps de crue des cours d'eau.
Ce bouleversement des conditions de survie des glossines a certainement
entraîné une forte mortalité et le glissement vers le sud
des tsé-tsé suivant le niveau élevé des cours
d'eau. En outre, le nombre d'habitants de la population du village de Folonzo a
triplé de 1999 à 2005, suite à l'arrivée de
migrants et de rapatriés venus de la Côte d'Ivoire (Courtin,
2007),
engendrant ainsi une augmentation des superficies
cultivées et de l'installation des campements (ou hameaux de culture).
Cette augmentation de la densité humaine s'est faite d'une part au
détriment des interfluves et cordons ripicoles indispensables à
la survie des glossines et d'autre part au détriment de la population
des animaux sauvages (favorable aux fortes densités des espèces
riveraines étudiées ici) via le braconnage. Le site de
piégeage est situé dans une zone interdite au pâturage
d'animaux domestiques (forêt classée), donc les animaux sauvages
sont, en plus des hommes, les principaux hôtes nourriciers pour les
glossines.
La diminution des densités des mouches de moitié
de 2008 à aujourd'hui, notamment G. tachinoides, ne peut
cependant être uniquement attribuable aux causes citées
précédemment. En effet, lors de nos enquêtes, la zone a
reçu quelques jours de pluies importantes, ce qui a certainement
favorisé une dispersion de cette espèce dans la savane
avoisinante.
La faible densité de G. palpalis gambiensis
depuis les années 80 est une preuve que la galerie de type soudanien est
moins favorable à cette espèce qui préfère les
galeries de type guinéen (Bouyer et al., 2005).
Conclusion et recommandations
La trypanosomose animale africaine (TAA) est une des
contraintes majeures à la satisfaction des besoins des populations en
produits d'origine animale en Afrique tropicale. Le changement climatique qui
tire en partie ses origines des activités humaines, influence
l'épidémiologie des maladies vectorielles notamment les
trypanosomoses. L'objectif de notre étude était de
déterminer les interactions entre TAA, glossines, changement climatique
et pratiques de production. Pour cela, deux volets ont été
traités : les études parasitologiques et les études
entomologiques. Ces suivis nous ont permis d'évaluer les
prévalences parasitologiques chez les bovins ainsi que la densité
des espèces vectrices et le risque trypanosomien par dissection des
glossines.
Dans cette étude, les techniques parasitologiques et
sérologiques ont montré que les infections trypanosomiennes sont
significativement différentes entre les 4 zones agro-écologiques
avec une croissance graduelle de la zone sahélienne vers la zone
soudano-guinéenne. Nos résultats ont également
montré que le système d'élevage a un effet significatif
sur les prévalences trypanosomiennes avec un fort taux de
prévalence dans le système sédentaire par rapport aux
autres systèmes. Il ressort de la prospection entomologique, que le taux
d'infection des glossines est variable en fonction des zones
agro-écologiques et que le risque de transmission cyclique est
positivement corrélé avec les densités apparentes des
glossines. L'analyse diachronique montre que les variations du climat
associées à l'accélération de l'anthropisation
réduisent les densités des glossines mais ont peu d'effet sur les
vecteurs mécaniques.
Ce travail est une composante d'une étude
pluridisciplinaire en cours au CIRDES dont les présents résultats
et ceux des autres disciplines seront utilisés pour la mise en oeuvre
d'un modèle d'indicateurs de changement climatique.
Au regard de nos résultats, nous suggérons :
- qu'un suivi longitudinal parasitologique et entomologique
soit fait dans chaque zone agroécologique, ce qui permettrait non
seulement de connaître la pression parasitaire qui renseigne mieux le
risque trypanosomien que la prévalence, mais aussi de mettre en
évidence l'effet saison et de l'année sur les infections et les
densités des espèces vectrices ;
- que les analyses PCR des échantillons
récoltés sur le terrain (sang suspect de bovin, organes de
mouches) soient réalisées à temps pour confirmer les
espèces de trypanosomes responsables des infections ;
- enfin, que les prospections parasitologiques et
entomologiques soient menées à la même période dans
tous les sites afin de limiter l'influence de la saison et de comparer les
situations épidémiologiques des zones agro-écologiques
dans les mêmes conditions.
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Annexes
Annexe 1 : Tableau de conversion de la VMEA en
âge moyen d'une population de
glossines mâles (source : manuel de lutte contre la
mouche tsé-tsé/volume 1/FAO)
VMEA
|
Age
|
VMEA
|
Age
|
VMEA
|
Age
|
VMEA
|
Age
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
moyen
|
1,6
|
11
|
2,8
|
21
|
3,9
|
31
|
5,1
|
41
|
1,8
|
12
|
2,9
|
22
|
4
|
32
|
5,2
|
42
|
1,9
|
13
|
3
|
23
|
4,2
|
33
|
5,3
|
43
|
2
|
14
|
3,1
|
24
|
4,3
|
34
|
5,4
|
44
|
2,1
|
15
|
3,3
|
25
|
4,4
|
35
|
5,5
|
45
|
2,2
|
16
|
3,4
|
26
|
4,5
|
36
|
5,6
|
46
|
2,3
|
17
|
3,5
|
27
|
4,6
|
37
|
5,8
|
47
|
2,4
|
18
|
3,6
|
28
|
7,7
|
38
|
5,9
|
48
|
2,6
|
19
|
3,7
|
29
|
4,8
|
39
|
6
|
49
|
2,7
|
20
|
3,8
|
30
|
5
|
40
|
|
|
Annexe 2 : Protocole détaillé du
dosage immuno-enzymatique (ELISA-indirect) des anticorps anti-trypanosomes :
ELISA-indirect à Trypanosoma spp
1. Sensibilisation des plaques
- Diluer 125 jtl d'antigènes solubles de T. vivax
et T. congolense (soit 5 jtg/ml) dans 25 ml de tampon
carbonate-bicarbonate ou Coating Buffer (CB) 0,05 M ;
- Déposer 100 jtl de cette dilution dans tous les puits
de la plaque à sensibiliser ;
- Incuber les plaques pendant 2 heures à 37°C sous
agitation ou les garder une nuit à +4°C ; - Vider, sceller et
garder les plaques à -20°C si le test est programmé pour
plus tard.
2. Blocage des sites non spécifiques
- Sortir les plaques du congélateur, et laisser environ 5
minutes à la température ambiante ; - Déposer 150 jtl du
tampon de blocage ou Blocking Buffer (BB) dans chaque puits des plaques
sensibilisées ;
- Incuber les pendant 30 minutes à 37°C sous
agitation permanente.
3. Dilution des sérums
- Sortir les plaques de l'incubateur, vider et les laver 3 fois
à l'aide du tampon de lavage (WB) ;
- Les sérums à tester ainsi que des standards
(positifs et négatifs) sont dilués à 1/25ème et
à 1/50ème dans un tampon de dilution (DB) dans des plaques de
dilutions ;
- Les sérums (100 jtl) sont déposés en
double dans chaque plaque ;
- Incuber les plaques pendant 1 heure à 37°C sous
agitation permanente.
4. Ajout de l'anti-sérum ou
conjugué
- Sortir les plaques de l'incubateur, vider et les laver 3 fois
à l'aide du tampon de lavage (WB) ;
- Déposer 100 pl de conjugué (anti-IgG) dans chaque
puits, préalablement dilué au 1/10000ème dans
du PBS + 0,1% Tween ;
- Incuber les plaques pendant 1 heure à 37°C sous
agitation.
5. Substrat / Chromogène
- Sortir les plaques de l'incubateur, vider et les laver 3 fois
à l'aide du tampon de lavage (WB) ;
- Placer 100 pl de substrat par puits, préparé
à partir de 25 ml d'acide citrique, 125 ml d'ABTS et de 100 pl H2O2.
6. Lecture des résultats (densités
optiques ou DO)
- Mettre en marche le lecteur ELISA (spectromètre) au
moins 15 minutes avant et vérifier que le programme
sélectionné est correct ;
- Essuyer le dessous des plaques pour éviter les
aberrations ;
- Sur l'ordinateur sélectionner le logiciel Procomm ;
- Lire les plaques à 405 nm.
Préparation des tampons
Les tampons doivent être préparés 24 heures
à l'avance et conservés à +4°C tout ou plus une
semaine. Vérifier systématiquement et ajuster si
nécessaire le pH avant leur utilisation à l'aide d'un
pH-mètre.
-Coating Buffer (CB) ou tampon
carbonate-bicarbonate:
Na2CO3 1,58 g
NaHCO3 2,93
H2O qsp 1 litre ajusté pH 9,6
- PBS Buffer:
Na2HPO4 1,21 g
KH2PO4 0,20 g
NaCl 8,00 g
QSP 1 litre eau distillée pH 7,4
- Washing Buffer 0,05% Tween (WB) ou tampon de lavage:
soit 500 pl de «Tween 20» par litre de tampon
- Blocking Buffer (BB): 0,2 g de
caséine/100ml WB - Diluting Buffer (DB): 0,2 g de
caséine/ 100ml WB
- Conjugate Buffer (CB1): PBS 0,5% «Tween
20»
- Conjugué bovin sigma au 1/10.000 dans
CB1: l'enzyme utilisé dans le couplage est la peroxydase de
Raifort E.C.1.11.1.17, enzyme à deux substrats (H2O2 et ABTS).
- H2O2 ou eau oxygéné ou peroxyde
d'hydrogène: 500jil d'H2O2 à 30% + 7,5ml d'eau
distillée; conserver au frais et à l'abri de la
lumière.
- ABTS ou 2,2'-azino-di-[3-ethylbenzthiazoline
sulfonate]: 135 mg ABTS poudre/6,25 ml d'eau distillée;
conserver au frais et à l'abri de la lumière.
- Substrate Buffer: acide citrique (C6H8O7) 9,6
g dans 1 litre d'eau distillée, pH 4
Annexe 3 : Matériels de laboratoire
utilisés
Pour le prélèvement de sang chez les bovins,
nous avons utilisé le matériel suivant : des tubes VENOJECT®
sous vide munis d'anticoagulant (EDTA), des aiguilles vacutainer (PRECISIONGUDE
TM) : 0,8 x 38 mm (21G1.5"), de la glace pour conserver les
échantillons jusqu'au point d'analyse.
Pour la mesure de l'hématocrite, nous avons
utilisé : des tubes capillaires à hématocrite, de la
plasticine, une centrifugeuse à hématocrites (Hettich
HAEMATOKRIT) et une centrifugeuse à tubes VENOJECT®, des
microscopes optiques à fond noir, des lames et lamelles, un abaque de
lecture des valeurs de l'hématocrite.
Pour la récolte du plasma et du Buffy coat, le
matériel suivant a été utilisé : des tubes
eppendorf 0,5et 1,5, de l'eau distillée stérile, des pipettes de
5ul et 50ul et cônes associés. Pour l'ELISA-indirect, le
matériel utilisé est composé : d'un incubateur, des
pipettes à volumes variables (5-1000ul) et multicanaux (5-50 et
50-300ul) et cônes associés, des plaques à microtitration
en polystyrène de 96 puits à fond plat, d'une plaque en
polypropylène pour la dilution des sérums, d'un
réfrigérateur à +4°C et un congélateur
à - 20°C, de la verrerie de laboratoire, un pH-mètre, un
agitateur de plaques, d'une balance pour les produits, d'un spectromètre
couplé à un ordinateur pour la lecture des densités
optiques.
Pour la capture, nous avons utilisé : des pièges
biconiques, un conteneur pour cages de capture, un marteau pour la fixation des
piquets, un GPS (Global Positioning System) de marque GARMIN G12.
Pour la dissection, le matériel utilisé est le
suivant : une loupe binoculaire (grossissement 60), un microscope
(grossissement 400), une boîte de pétri, des lames et des
lamelles, deux pinces à horloger n°5, un tube à essai,
des tubes eppendorf 0.5 ml pour la récolte des
organes infectés, de l'eau de javel et de l'eau
distillée pour la stérilisation, de la solution physiologique
(Ringer).
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