4.6.4 Surfaces reboisées et écartements
dans le Bassin du Saloum
Les surfaces reboisées durant la campagne de 2009 ont
été obtenues par mesure à l'aide du Global Positionning
System. Les différents paramètres du GPS ont été
mentionnés dans le tableau 1. Dans le cadre des mesures de surface, avec
le menu marque du GPS, nous prenons d'abord un point à la
périphérie du site reboisé et puis avec le menu trace et
calcul de zone, nous faisons son tour.
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Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
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Figure 3 : Evolution des surfaces reboisées
par Département
Les mesures sont ensuite transférées dans le
logiciel Map source. A partir du logiciel Map source et en rapport avec les
constats écologiques et les mesures de la salinité relevée
sur le site, nous lui affectons une couleur. Ensuite les fichiers Map source
sont transférés sur Google Earth et transmis au Comité
Français de l'UICN chargé du suivi scientifique du reboisement
des plantations de l'OCEANIUM.
Photo 7 : Traitement des données map source et transfert
sur Google Earth (ph. Pathé BALDE)
Les résultats des mesures sont présentés
dans la section « localisation administrative des sites reboisés
». Par ailleurs les surfaces reboisées par départements
varient en fonction des sites et la figure 4 nous renseigne que les plus
grandes surfaces ont été successivement obtenues dans le
département de Foundiougne, Mbour, Nioro du Rip et Fatick. En lisant ces
résultats nous nous sommes posés un certain nombre de
questions.
Tout d'abord, nous avons essayé de voir la relation
entre la mobilisation des villages et l'état de la dégradation
de la mangrove riveraine. Dans un second temps, nous nous sommes
intéressés à la relation entre la surface
reboisée et la dégradation de la mangrove. Enfin nous avons aussi
cherché
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Environnement
la relation entre le nombre de sites reboisés par
département et la dégradation de la mangrove. En somme ces
questions sont liées d'une part à la participation et le nombre
de sites reboisés et d'autre part aux surfaces reboisées par
département.
Par rapport à la relation entre le niveau de
dégradation de la mangrove et la participation des villages, plusieurs
hypothèses ont pu être formulées. En effet, nous avons vu
que le nombre de villages ayant participé dans les départements
de Mbour et de Nioro du Rip était égal. Or la surface
reboisée par les populations de Mbour est le double de celle
reboisée par les populations du département de Nioro du Rip. Les
reboisements sont précédés de la prospection des sites par
l'équipe d'OCEANIUM et les populations. Le nombre de villages
nécessaires peut être estimé pour reboiser les sites de
chaque département. Nous avons vu que les populations de Joal se
déplaçaient jusqu'à Ngoussé Diohé, à
Ndoubab ou à Fassanda pour prospecter et reboiser des sites. La
participation est donc motivée par des raisons environnementales et
économiques puisque chaque sortie pour le reboisement est
rémunérée et les déplacements des planteurs pris en
charge.
La seconde question était de savoir si la surface
reboisée par département était fonction du niveau de
dégradation. Nous pouvons dire que dans une large mesure les surfaces
reboisées sont fonction du niveau de dégradation de la mangrove
de chaque département. En effet, nous avons remarqué que le
département de Mbour a obtenu plus de surface que celle reboisée
dans le département de Nioro du Rip alors qu'il présentait un
nombre de sites inférieur à celui de Nioro du Rip. Par ailleurs,
le département de Nioro du Rip avec 86 sites reboisés n'a pu
couvrir que 25,38 ha alors que le département de Mbour avec un nombre de
sites inférieur a atteint 63,69 ha reboisés. Nous constatons
ainsi que le rapport de surface est plus grand que celui des sites. Nous
pouvons ainsi conclure que la surface n'est pas fonction du nombre de sites
reboisés mais plutôt du niveau de dégradation de la zone.
Cette conclusion peut être vérifiée par la
corrélation entre la surface et le nombre de site dans la courbe
intitulée « variation de la surface par Département en
fonction du nombre de site ». Cette courbe montre que la
corrélation entre le nombre de sites et la surface reboisée est
faible (figure 3).
Enfin notre dernière interrogation au regard des
résultats était de voir si le nombre de sites reboisés est
lié à la dégradation de chaque zone donc à la
surface reboisée par chaque département. Pour étudier
cette relation, nous avons réalisé l'histogramme de variation des
sites et des surfaces en fonction de chaque département (figure 4) et
déterminé la corrélation entre les surfaces et les
départements (figure 3). La valeur du coefficient de corrélation
R2 = 0,71 qui lie la surface reboisée et le nombre de sites
dans chaque département est faible. Ainsi, nous avons
vérifié que le nombre de sites n'influe pas sur la surface
reboisée (figure 4). Par ailleurs, nous venons de voir que pour une zone
quelconque, la participation au reboisement n'est pas une fonction de la
dégradation.
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Donc dans le bassin du Saloum, la participation n'influe pas sur
la surface reboisée. Aussi nous avons montré que la surface
reboisée n'est pas liée non plus au nombre de sites.
Dans le bassin du Saloum, OCEANIUM a reboisé durant la
campagne 2009 environs 6 millions de propagules ce qui devait
théoriquement correspondre à 1054 ha. L'équipe du
Comité Français de l'UICN a mesuré en somme 247,02 ha soit
23,42% des surfaces estimées par OCEANIUM. Plusieurs raisons peuvent
justifier l'écart entre les surfaces estimées et celles
mesurées.
Photo 9 : sacs de propagules posées à Koular (Ph. P
BALDE)
La première raison est liée à
l'unité « sac ». Les chiffres obtenus de l'OCEANIUM font
état de 3416 sacs reboisés. L'équipe d'OCEANIUM estimait
la contenance d'un sac à 1503 propagules. Or les propagules sont
collectées par les populations qui reçoivent une gratification
par unité de sac. Et quelques fois les populations collectent, reboisent
les propagules et communiquent à la base d'OCEANIUM les chiffres.
L'autre biais est lié au fait que le nombre de sac est
dénombré avant tris des propagules. Or les dates de semis sont
fonction du calendrier cultural des populations locales. En d'autres termes,
les reboisements sont effectués durant les dates de repos
champêtres. Il arrive ainsi que les propagules séjournent durant
plusieurs jours sans être replantées. Ce qui entraîne de
fortes mortalités de propagules. Avant de les semer, les planteurs
procèdent d'abord à leur tri (photo 10) pour enlever les
mauvaises propagules. Cette raison est à l'origine de la
différence entre le nombre de propagules estimées par sac avant
tri et celui semé après tri.
Photo 10 : Tris de propagules à Koutango (phto P.
BALDE)
Photo 11 : Ecartement à Koular (ph. P. BALDE)
La troisième raison est liée à
l'écartement dans les plantations. Nous avons vu que la
corrélation entre la surface et le nombre de propagules est très
forte (R2= 0,98). Statistiquement la valeur élevée de
(R2 = 0,98) montre que les densités sont uniformes à
98%. Donc sur 100 sites choisis au hasard, on retrouve les mêmes
densités les 98. La densité est quasiment uniforme dans tous
les
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sites reboisés. Nous venons par ailleurs de montrer que
le nombre de propagules plantées sur l'hectare pouvait suffire à
planter cinq hectares. Donc la densité est très forte et
constitue un manque à gagner pour le cahier de charges de l'ONG
OCEANIUM. Toutefois, les populations trouvent des explications au reboisement
à forte densité. Selon elles, en reboisant à une
densité de 2m2 par plant la mort d'un sujet entrainera de
grands écarts. Donc elles préfèrent reboiser à des
écartements très réduits (photo 11) pour que le taux de
reprise ne soit pas affecté par des cas de mortalité. Ainsi nous
remarquons des différences significatives entre la surface
estimée par l'équipe d'OCEANIUM et la surface plantées et
mesurée.
Une autre raison peut être liée aux erreurs de
mesures. En effet les populations reboisent quelques fois de petites portions
dans la mangrove adulte. Or l'objectif du reboisement du projet est
d'élire les sites reboisés au MDP. Pour cela il faudrait que les
sites reboisés atteignent la surface minimale définissant la
forêt au Sénégal. Cette surface doit être au moins
égale à 0,05 ha. Donc au regard de ce barème de la
forêt, nous pouvons déduire que les surfaces reboisées
inférieures à 0,05 ha ne seront pas prises dans le calcul des
surfaces éligibles au MDP.
La combinaison de ces quatre raisons justifient la
différence entre les surfaces estimées par OCEANIUM et celles
mesurées sur le terrain.
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