3.7.1 Adaptation à une salinité
élevée
Les mangroves tolèrent très bien le taux de sel
élevé. On dit qu'ils sont halophiles ou plus exactement
halo-résistantes. Les palétuviers rouges (Rhizophoracae)
s'isolent du sel en ayant des racines imperméables qui se
tubérisent fortement, agissant ainsi comme un mécanisme
d'ultrafiltration (rhizophores) pour épurer le sel du milieu. L'eau des
sites peut contenir de 90 à 97% de sel selon les cas. Tout le sel qui
rentre dans la plante s'accumule dans les pousses et se concentre dans de
vieilles feuilles qui servent alors de hangar de stockage éloigné
dans les vacuoles des cellules végétales. Les palétuviers
blancs (Aviceniacae) ou gris (Conocarpus) peuvent
sécréter le sel par l'intermédiaire de glandes à
sel à la base des feuilles. Ce qui leur a donné leur nom
puisqu'elles sont couvertes de cristaux blancs de sel.
3.7.2 Adaptation aux marées
La mangrove est parfaitement adaptée au cycle des
marées qui sont une des sources d'énergie du système
écotonial particulier. Cependant, les palétuviers
réagissent différemment aux différents régimes de
marée. Dans les zones inondées on note la prédominance de
Avicenia, alors que les zones inondées par intermittence sont
colonisées par les Rhizophora (Saha et al. 1995). Or
durant la campagne de 2009, l'espèce de Rhizophora a
été la seule utilisée. Pour accroître son taux de
reprise, les sites prospectés ne doivent pas être constamment
immergés. En outre, les études
20 Corcoran E. et al (2006). Mangroves of Western and Central
Africa UNEP-WCMC Biodiversity series no 26, 92 pages
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33
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Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
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réalisées par Kathiresan, et al.,
(1996) sur la croissance de Rhizophora en zone de marée dans
l'estuaire sud de l'Inde ont montré que les propagules plantées
dans la zone intertidale ont connu une dynamique plus importante. Dans ces
milieux, le taux de reprise est de l'ordre de 98%. Des tendances similaires de
la survie et la croissance différentielle ont été
observés dans les mangroves du Qatar (Abdel-Razik, 1991) et de la
Nouvelle-Zélande (Osunkoya et al. 1997). Ellison et
al. (1993) ont étudié la survie et la croissance de
Rhizophora mangle et de Avicenia semés aux faibles
coefficients de marée basse (DFA), à la marée moyenne
(MW), et aux grands coefficients des hautes marées (RDD). Les
résultats ont montré que les plants de Rhizophora mangle
ont survécu dans le MW (69%) et DFA (56%) des traitements;
Avicenia a survécu à MW (47%), mais pas au DFA. Aucune
des deux espèces n'a survécu à la RDD. Les semis des deux
espèces ont subi deux fois plus de dommages des insectes dans le
traitement MW et dans le traitement de DFA. Au regard des résultats de
ces différentes études, nous pensons que la prospection des sites
à reboiser doit tenir compte de deux facteurs importants pour la survie
des plantations. Il s'agit de l'immersion des sites et de la salinité.
Sur ce registre, les sites destinés au reboisement ne doivent pas
être constamment immergés et doivent avoir une salinité
modérée. Le reboisement doit être effectué aux
heures de mi-marée basse. En effet, les résultats des
études ont montré que les plants reboisés aux heures de
marée haute subissent de forts taux de mortalité alors que ceux
reboisés durant les faibles coefficients de marée basse sont
attaqués par les insectes.
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