REPUBLIQUE DU SENEGAL
UN PEUPLE UN BUT UNE FOl
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, DES UNIVERSITES ET DES
CENTRES UNIVERSITAIRES REGIONAUX ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE THIES ECOLE NATIONALE SUPERIEURE
D'AGRICULTURE
MASTER FORESTERIE ET ENVIRONNEMENT POUR UNE GESTION DURABLE
DES RESSOURCES NATURELLES
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
THEME
ETUDE DE L'ETAT DE REFERENCE DES PLANTATIONS
DE Rhizophora sp. DU PROJET PILOTE OCEANIUM DANS LE BASSIN DU
SALOUM
Présenté et Soutenu le 21 Septembre
2010 par :
PATHE BALDE 1ère
Promotion
DEVANT LE JURY
Pr. PAPA IBRA SAMB, RECTEUR DE L'UNIVERSITE DE THIES,
PRESIDENT
Dr. AHMED TIDJANE DIALLO, DIRECTEUR DE L'ENSA,
MEMBRE
Pr. ALIOU GUISSE, DEPARTEMENT BIOLOGIE VEGETALE,
FST/UCAD, MEMBRE
Mr JEAN GOEPP, COORDONNATEUR DES PROJETS d'OCEANIUM,
MEMBRE
Cl. SEYDINA ISSA SYLLA, CONSEILLER TECHNIQUE M.E.P.N,
MEMBRE
Mr MASSAMBA THIAM, ENSEIGNANT-CHERCHEUR A L'ENSA,
RAPPORTEUR
Avec le soutien financier et
technique
ENSA, THIES Septembre 2010
Remerciements
Il thème plus loin. Tant s'en faut que ce sujet soit
épuisé qu'il reste encore des choses à arrivera possible
que cette étude fera naître à d'autres personnes l'envie de
porter le
approfondir ou à dire que je n'en ai dites. J'ai choisi
l'essentiel ou du moins ce qui me parait comme tel. Outre que je puisse
m'être trompé dans mon appréhension du thème, il
sera difficile de donner un autre tour à cela même que j'ai choisi
; et si ce tour est plus pertinent, il sera sans doute plus approuvé.
Quoi qu'il arrive, on m'aura toujours obligation soit que ma
témérité ait été heureuse et que je ne me
sois trop écarté du cadre de l'étude soit que j'ai
seulement excité les autres à mieux faire. Je crois avoir
suffisamment rempli mon dessein, quant à l'exécution de ce
dernier ceux qui m'ont de près ou de loin soutenu en seront
distingués. Parmi ces derniers, je voudrai remercier Dieu le tout
puissant et son Prophète Mohamed (PSL). Je voudrai aussi remercier ma
maman Banna DIAO pour l'effort qu'elle n'a cessé de faire pour nous et
prier pour le repos de mon père Mamadou BALDE. Je réitère
aussi mes remerciements et ma sincère reconnaissance à Mme BALDE
Assome Aminata DIATTA, pour son soutien, au Colonel Mame Balla GUEYE, Directeur
des Parcs Nationaux pour son attachement à la formation et à la
promotion des agents. J'associe à ces remerciements le Dr
Ahmed Tidjane DIALLO, Directeur de l'Ecole Nationale Supérieure
d'Agriculture de Thiès et à travers lui tout le corps professoral
et le personnel d'appui. Ce mémoire est réalisé
grâce à la coordination et à l'intervention de certaines
personnes que j'aimerais remercier sincèrement. Il s'agit du
Dr Saliou NDIAYE ; Directeur des études de l'ENSA, de
Mr Massamba THIAM ; Coordonnateur du Master et Maitre de stage pour
ses suggestions et ses brillantes contributions, de Mr
Sébastien MONCORPS, Directeur du Comité Français de
l'UICN, de Mr Remi GOUIN ; chef de Projets au Comité
Français, de Mme Katherine CLAUDET ; Responsable
Administrative et Financière du Comité Français, de
Mme Carole Martinez ; Agence des Aires Marines Françaises, de
Mr Jean Pierre RENNAUD ; Directeur des Projets du Groupe Danone, de
Mr Aly El AÏDAR ; Président d'OCEANIUM, de Mr
Jean GEOPP Coordonnateur des Projets d'OCEANIUM, du Cl Seydina Issa SYLLA ;
Conseiller Technique du M.E.P.N, du Dr Bienvenu SAMBOU ; Directeur
du Institut des Sciences de l'Environnement, du Dr Maguette KAÏRE ;
enseignant à l'Université de Ziguinchor. Je voudrai
également remercier les étudiants du master Foresterie,
Environnement particulièrement Cdt Mame Mory DIAGNE, Lt. Cheikh Moucktar
SYLLA et Lt. Babacar Dieye GAYE. Durant mon séjour à l'ENSA j'ai
bénéficié de l'affection des étudiants. En
reconnaissance je réitère mes sincères remerciements
à tous particulièrement à Mr Omar SANE,
à Mselle Diouma FAYE et à Mselle Mariama
CAMARA. Enfin je remercie toutes celles et tous ceux qui mériteraient
d'être cités et que j'ai involontairement omis.
|
|
2
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
RESUME
La campagne de reboisement mise en oeuvre par l'ONG OCEANIUM
dans le bassin du Saloum a mobilise 48 villages dans les departements de Thies,
de Fatick, de Foundiougne et de Nioro du Rip. Le bilan de cette campagne fait
etat de 247,02 hectares sur 314 sites. Les sites sont classes dans les codes
couleurs en fonction de leurs conditions ecologiques et de leur salinite. Les
differentes couleurs utilisees sont le vert, le jaune, l'orange et le rouge et
determinent successivement des sites tris favorables, favorables, peu
favorables et non favorables au developpement de la mangrove notamment du
genre Rhizophora. Au total 81,29% des sites representant une surface
de 230,92 hectares peuvent ainsi etre admissibles au Mecanisme de Developpement
Propre aupris de la Convention Cadre des Nations Unies pour les Changements
Climatiques. Les sites non eligibles sont constitues de sites favorables dont
la surface est inferieure a celle retenue par le Senegal dans le cadre de la
definition de la foret et des sites oranges. Dans la zone d'etude aucun site
reboise n'a ete classe dans le code couleur rouge alors que les sites oranges
sont insignifiants et concentres aux environs des agglomerations urbaines. La
mortalite est relevee dans tous les types de sites, cependant elle est plus
importante dans les sites oranges, moins importante dans les sites jaunes et
infime dans les sites verts.
|
|
3
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
SUMMARY
The reforestation campaign implemented by the NGOs in the
basin OCEANIUM Saloum has mobilized 48 villages in the departments of Thies,
Fatick Foundiougne and Nioro of Rip. The results of this campaign reported
247.02 hectares from 314 sites. The sites are ordered in a colour coded
according to their ecological conditions and salinity. The different colours
used are green, yellow, orange and red and successively determine sites very
favourable, favourable, unfavorable and not conducive to the development of the
mangrove and particularaly Rhizophora kind. A total of 81.29% of sites
representing an area of 230.92 hectares may be eligible for Clean Development
Mechanism at the United Nations Framework Convention on Climate Change.
Ineligible sites consist of suitable sites with an area less than that used by
Senegal in the definition of forest and oranges sites. In the study area no
reforested site were placed in the red color code, while oranges are
insignificant and concentrated around urban areas. Mortality was noted in all
types of sites, however it is most important in oranges sites, smaller in the
yellow ones and tiny in green sites.
|
|
4
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
TABLE DES MATIERES
RESUME................................................................................................................................................................
3 SUMMARY............................................................................................................................................................
4
LISTEDES ACRONYMES
................................................................................................................................
7 LISTEDES
TABLEAUX....................................................................................................................................
8 LISTEDES
FIGURES........................................................................................................................................
8 LISTEDES
CARTES..........................................................................................................................................
8 LISTEDES
PHOTOS.........................................................................................................................................
9
INTRODUCTION 10
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE L'ETUDE 12
1.1 Problematique et Contexte de l'etude 12
1.3 Objectifs de l'etude 14
1.4 Methodologie de l'etude 14
1.4.1 Revue bibliographique 14
1.4.2 Travaux de terrain 15
1.4.2.1 Fiche d'Identite du site Reboise 16
1.4.2.2 Global Positionning System 17
1.4.2.3 Salinomatre 17
1.4.2.4 Photos des sites reboises 18
1.4.2.5 Observation directe 18
1.4.2.6 Enque"tes et Entretiens informels 18
1.4.2.7 Prelavement et mesure de la Salinite de l'eau
18
1.4.3 Determination de l'echantillon 18
1.4.4 Limites de l'etude 19
1.4.5 Traitement et analyse des donnees 19
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 21
2.1 Cadre Physique 21
2.1.1 Relief 21
2.1.2 Hydrographie 22
2.1.3 Climat 23
2.2 Cadre Biophysique 24
2.2.1 Flore 24
2.2.2 Faune 25
2.3 Cadre Humain et Social 25
2.3.1 Population 25
2.3.2 Activites Socio-Economiques 26
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA MANGROVE 27
3.1 Definition de la mangrove 27
3.2 Origine et distribution des Rhizophoracae 28
3.3 Distribution de la mangrove au Senegal 28
3.4 Anatomie du genre Rhizophora 29
3.4.1 Anatomie des Racines 29
3.4.2 Anatomie du Bois 29
3.4.3 Anatomie des feuilles 30
3.4.4 Anatomie des semences 30
3.5 Reproduction de la mangrove 31
3.6 Ecologie et Dynamique de la mangrove au Senegal
31
|
|
5
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
3.7 Adaptation de la mangrove 33
3.7.1 Adaptation a une salinité élevée
33
3.7.2 Adaptation aux marées 33
3.7.3 Adaptation a une faible oxygénation du sol
34
3.7.4 Limitation des pertes en eau 34
3.7.5 Récupération de nutriments 35
3.7.6 Adaptation au sol 35
3.8 R6les de la mangrove dans le Bassin du Saloum
35
3.8.1 Habitat pour de nombreuses especes animales et
végétales 35
3.8.2 Protection des cetes 36
3.8.3 Production de ressources halieutiques et ligneuses
36
3.8.4 Fixation du dioxyde de carbone (CO2) 36
CHAPITRE 4 : ANALYSE ET DISCUSSION DES RESULTATS
38
4.1 Localisation administrative des sites reboisés
38
4.2 Cours d'eau (bolongs) riverains des sites
reboisés 38
4.3 Historique du Site Reboisé 38
4.3.1 Présence antérieure de la Mangrove sur
le site reboisé 38
4.3.2 Périodes de la dégradation de la
mangrove 39
4.3.3 Causes de la Dégradation de la mangrove
39
4.3.3.1 Causes naturelles de la disparition de la mangrove
39
4.3.3.2 Causes anthropiques de la disparition de la mangrove
40
4.3.3.3 Causes climatiques 41
4.4 Genese du reboisement de la mangrove dans le bassin du
Saloum 42
4.5 Plantations de Rhizophora 43
4.6 Situation actuelle du site reboisé 43
4.6.1 Immersion et présence de la mangrove
43
4.6.2 Origine et port de la mangrove présente sur les
sites reboisés 43
4.6.3 Caractéristiques pédologiques des sites
reboisés 44
4.6.3.1 Contenance du sol 44
4.6.3.2 Salinité des Sites reboisés
44
4.6.4 Surfaces reboisées et écartements dans
le Bassin du Saloum 46
4.6.5 Densité des sites reboisés 49
4.6.6 Taux de Mortalité 51
4.6.6.1 Impact de la salinité sur la Mortalité
51
4.6.6.2 Impact de la densité sur la Mortalité
54
4.7 Crithres d'admission des sites reboisés au MDP
56
4.7.1 Sites éligibles au MDP 58
4.7.1.1 Sites verts 58
4.7.1.2 Sites jaunes 58
4.7.2 Sites non éligibles au MDP 59
CONCLUSIONET RECOMMANDATIONS 61
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 63
ANNEXES 67
|
|
6
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
LISTE DES ACRONYMES
ADN : Acide DésoxyriboNucléique
CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur
les Changements Climatiques
CERAAS : Centre d'Etudes Régionales pour
l'Amélioration de l'Adaptation à la Sécheresse
CF : Comité français
CO2 : Dioxyde de Carbone
CoP : Conférence des Parties du Protocole
de Kyoto
CR : Communauté Rurale
DEFCCS : Direction des Eaux, Forêts,
Chasses et Conservation des Sols
DPN : Direction des Parcs Nationaux
ENCR : Ecole Nationale des Cadres Ruraux
ENSA : Ecole Nationale Supérieure
d'Agriculture
GPS : Global Positionning System
ISFAR : Institut Supérieur de Formation
Agricole et Rurale
MDP : Mécanisme de Développement
Propre
ONG : Organisme Non Gouvernemental
PAGERNA : Programme de Gestion des Ressources
Naturelles du Sine Saloum
pH : potentiel Hydrogène
PPM : Parties Pour Mille
PPT : Parts Per Thousand
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
RNDS : Réserve Nationale du Delta du
Saloum
TDS : Taux de Matières Dissoutes
UICN : Union Internationale pour la Conservation
de la Nature
WAAME : Weste African Association for Marine
Environment
WIWAP : Wetlands International West Africa
Programm
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Paramètres et unités du GPS
17
Tableau 2 : Analyse de la Variance
52
Tableau 3 : Analyse du Paramètre du
modèle 52
Tableau 4 : Analyse de la Variance
54
Tableau 5 : Analyse du paramètre de
Modèle 55
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : évolution de la surface de mangrove
de 1980 à 2006 33
Figure 2 : proportion des Villages ayant
reboisés en fonction des départements 38
Figure 3 : évolution des surfaces
reboisées par Département 47
Figure 4 : variation des sites et des surfaces
reboisés par département 49
Figure 5 : variation du nombre de propagules en
fonction de la surface 49
Figure 6 : effets de la salinité sur la
mortalité 53
Figure 7 : Effets de la densité sur la
mortalité 55
Figure 8 : Variation des surfaces vertes
éligibles au MDP en fonction des Régions 58
Figure 9 : variation des surfaces jaunes
éligibles au MDP en fonction des Régions 59
Figure 10 : Variation des surfaces non
éligibles au MDP en fonction des Régions 60
LISTE DES CARTES
Carte 1 : Localisation du Bassin du Saloum 21
Carte 2 : Sites Jaunes de Fadial Fadiouth 45
Carte 3 : Sites reboisés à Fassanda, Mama
Guedj et à Ndoubab 54
Carte 4 : Sites reboisés à Koular, Baria et
à Nidji 56
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Mesure de la salinite 18
Photo 2: Racines de Rhizophora
spKKKKKKKKKKKKKKK!KKKKKKKKKKKKKKKKK!KKKKKKK!KKKKKKK29 Photo 3: Feuilles de
Rhizophora spK 30 Photo 4: Fleurs et Propagules de Rhizophora
spKKKK!KKKKK!!KKKKKKKKKKKKKKKKKKK!KKKK!KKK!!!30 Photo 5: Tas de Rhizophora sp
exploit~s d Soukouto 40 Photo 6: Mise en evidence de la vase d Saboya..
44 Photo 7: Transfert des mesures sur ordinateur et sur Google Earth
47
Photo 8: experimentation d MissirahK 49
Photo 9: Sacs de propagules d Koular. 50
Photo 10: Tris de propagules d Koutango. 50
Photo 11: Ecartements observes d Koular 50
|
|
9
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
INTRODUCTION
L
es changements climatiques sont depuis la fin du
vingtième siècle un des problèmes qui préoccupent
l'actualité mondiale. Ces changements sont dus à diverses causes
et entrainent le
réchauffement de la planète. A l'origine, les
changements climatiques résultaient des causes naturelles. Ils sont de
nos jours essentiellement liés aux actions anthropiques et se
manifestent par de fortes émissions de gaz à effet de serre. Les
conséquences de ces changements climatiques sont diverses et
importantes. Pour les réduire, plusieurs stratégies ont
été développées au niveau international et
national. Au niveau international, une centaine de chefs d'Etat et de
gouvernement se sont réunis à RIO (1992) à l'occasion du
Sommet de la Terre pour définir des mécanismes de
réduction des émissions de gaz à effet de serre dans
l'atmosphère. L'objectif était de stabiliser les émissions
à un niveau qui empêche toute perturbation du système
climatique" (UNFCCC, 1992, Art. 2). Dans la mise en oeuvre de cette
volonté internationale, Al Gore1, (2002) estimait que 4:(
minimum
d'actions, d'investissements et d'efforts scientifiquement
necessaires pour prevenir le changement climatique depasse de loin le maximum
envisageable pour ne pas perdre les prochaines elections A. Au niveau
national, la lutte contre les changements climatiques est
manifestée par la ratification du Sommet de Rio, des
accords de Marrakech et du protocole de Kyoto. Les différentes
rencontres ont abouti à la définition de mécanismes de
compensation des émissions de gaz à effet de serre. On a alors
parlé du Mécanisme de Développement Propre (MDP). Le MDP
est un mécanisme économique de la finance du carbone
élaboré dans le cadre du Protocole de Kyoto. Son but premier est
de réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau
mondial. Le MDP vise la récompense de l'instauration de technologies de
réduction d'émissions dans les pays en voie de
développement et l'échange des volumes séquestrés
en unités équivalent à une tonne de CO2. Le MDP permet
aussi à une entreprise de polluer elle-même dans les proportions
de ce que son investissement a évité (selon un dossier
monté par l'entreprise et systématiquement validé par
l'office des Nations-unies, la CCNUCC).
C'est dans ce cadre que le Fonds DANONE a initié le
projet pilote pour la plantation de la mangrove au Sénégal pour
compenser l'impact de sa marque EVIAN sur l'environnement. Ce projet a
été exécuté par l'ONG OCEANIUM alors que le
Comité Français de l'Union Internationale pour la Conservation de
la Nature a été chargé du suivi des travaux scientifiques
notamment la mise en oeuvre efficace du programme d'Action du Fonds, qui inclue
la coordination, le suivi, le contrôle et le compte-rendu des
activités (du Programme d'Action) ainsi que la réalisation des
projets de terrains.
1
Ancien Vice président des USA, Prix nobel de la Paix,
réalisateur de « la Varité qui Dérange »
L'opportunité nous a été donnée de
réaliser notre stage de fin d'études au Comité
Français de l'UICN notamment au suivi des plantations de
Rhizophora sp du projet Pilote OCEANIUM dans le Bassin du Saloum.
Ce stage entre dans le cadre du mémoire de Master et est composé
de quatre chapitres.
Le premier chapitre traite de la présentation de
l'étude notamment la problématique, le contexte, la
méthodologie utilisée et les limites de l'étude. Dans la
partie méthodologique, l'essentiel de notre action a été
la revue documentaire et les travaux de terrain. Les travaux de terrain ont
pour but la collecte des données et ont été
effectués par des enquêtes, des mesures de surface, des mesures de
la salinité, des mesures du pH et du traitement des données.
Le second chapitre est la présentation de la zone
d'étude. Dans ce chapitre l'accent a été mis sur le cadre
physique, le cadre biophysique, le cadre humain et socio-économique. Ce
chapitre montre la relation entre la présence de la mangrove,
l'implantation humaine et le développement des activités
socio-économiques.
Dans le troisième chapitre, nous avons revu et
présenté l'objet de l'étude notamment la mangrove. Nous
avons ainsi présenté sa systématique, son écologie,
sa dynamique, les causes de sa disparition et son intérêt
socio-économique.
Enfin le quatrième chapitre a été
consacré à la présentation, à l'analyse et à
la discussion des données collectées au terrain. Dans ce
chapitre, l'accent a été mis sur les mesures des surfaces
plantées, la classification dans les différents codes couleurs.
Nous avons par ailleurs étudié l'impact de la salinité et
de la densité sur la mortalité des propagules plantées
durant la campagne de reboisement de 2009. Enfin nous avons
évalué la proportion des surfaces éligibles au
Mécanisme de Développement Propre.
|
|
11
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE L'ETUDE 1.1
Problématique et Contexte de l'étude
Plusieurs raisons motivent notre choix pour la mangrove et le
Bassin du Saloum et pour le thème du suivi de l'état
de référence des plantations de Rhizophora sp du projet Pilote
OCEANIUM
et le Bassin du Saloum dont il est le
support.
· Les plantations effectuées lors de la campagne
de reboisement de la mangrove du projet pilote OCEANIUM sont
considérées comme la plus grande surface plantée de
l'histoire du reboisement de la mangrove au Sénégal. Cette
plantation a été réalisée dans le cadre de la lutte
contre les changements climatiques notamment par la neutralisation des
émissions de GES dans l'atmosphère. C'est dans ce contexte que le
groupe Danone a initié le reboisement de la mangrove pour compenser les
effets de sa marque Evian sur l'environnement.
· En plus, la mangrove est un écosystème
tropical singulier, présente de façon plus abondante le long des
cordons littoraux abrités où l'on trouve des vases ou des
bas-fonds boueux ou sableux soumis au flux et au reflux des marées. Les
mangroves s'étendent souvent dans les régions subtropicales le
long des rivages orientaux des continents et des grandes terres
émergées où les eaux tièdes des courants marins
littoraux favorisent leur développement. Elles représentent 6%
des écosystèmes et stockent près de 25% de carbone dans la
biosphère2. Le développement, la structure et la
dynamique des écosystèmes de la mangrove sont régis par
l'interaction des eaux marines côtières et des eaux douces ou
saumâtres.
· Les caractéristiques géographiques et
topographiques de la frange littorale dont la géomorphologie et le
régime des marées conditionnent la présence ou l'absence
de la mangrove. En outre, la structure, les propriétés physiques
et la composition chimique ainsi que la salinité, l'acidité du
sol et des sédiments, la nature du substrat de même que le climat
déterminent le développement, la croissance et la
productivité de la mangrove.
· Les mangroves diffèrent des autres
écosystèmes en ceci qu'elles reçoivent de grands apports
de matières et d'énergie en provenance du milieu terrestre comme
du milieu marin. Elles stockent de grandes quantités de carbone
organique (25% du carbone de la biosphère). Elles montrent un fort
degré de diversité structurelle et fonctionnelle, ce qui les
situe parmi les écosystèmes les plus complexes.
2
http://www.fao.org/docrep/V5240F/V5240FOa.htm
· Ecologiquement, les mangroves représentent une
zone de transition assez marquée entre le milieu marin et celui des eaux
douces. C'est pourquoi sa flore et sa faune sont composées
d'espèces qui ayant une large tolérance physiologique. Les
mangroves représentent les seules associations végétales
qui prennent racines et se développent en formations forestières
dans la zone intertidale. En dépit de cet environnement exigeant, les
mangroves abritent un large spectre de diversité biologique,
végétale et animale. Elles servent d'habitat à de
nombreuses espèces animales, d'oiseaux, de mammifères, de
reptiles, de poissons, de mollusques et de crustacées, ainsi qu'à
une large gamme de micro-organismes jusqu'à présent inconnus.
· Les mangroves assurent de nombreuses autres fonctions
dont la stabilisation du littoral, la prévention de l'érosion, le
filtrage biologique. Elles servent aussi de piège pour plusieurs
polluants, de laboratoires naturels où les scientifiques
découvrent des processus écologiques ou physiologiques nouveaux
ou mal connus, des liens entre morphotypes et des séquences ADN de la
flore et de la faune, etc.
· En outre, les mangroves fournissent des biens
économiques nombreux : bois de feu, charbon de bois, grumes et
matière première pour l'industrie du papier et des panneaux de
particules sont autant de produits ligneux utiles obtenus de la mangrove. Les
mangroves fournissent des substances médicinales et du fourrage. Elles
sont aussi de plus en plus considérées comme des lieux de visite
touristique.
Malgré toutes ces propriétés
écologiques, environnementales, sociales et économiques les
formations de mangrove font l'objet d'une pression qui dépasse leur
capacité de régénération. Dans le Bassin du Saloum,
comme partout ailleurs dans les pays tropicaux et subtropicaux, les effets
combinés du déficit pluviométrique et la perturbation du
régime de submersion par la marée ont entrainé la
sodification et l'acidification. Il en a résulté un
ralentissement de la croissance des palétuviers, de leur
régénération naturelle, une mortalité massive par
endroits et, dans les cas extrêmes, la formation de tannes
stériles. Lors de la conférence internationale
Intercol3 sur les zones humides4 qui a réuni 700
scientifiques et experts au Brésil sur l'atténuation du
réchauffement climatique, les participants ont
révélé que les zones humides, telles que les
marécages, les deltas, les mangroves, les prairies ou les
tourbières jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le
changement climatique en stockant le dioxyde de carbone. Ainsi, le groupe
Danone, dans l'optique de neutraliser l'impact de certaines de ses marques sur
l'environnement a appuyé l'ONG
3
Htpp://www/ramsar/org/pfd/moc/danone_protocole_2008_f/pdf
4 Etendues de marais, de fagnes, de
tourbières où d'eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou
temporaires, ou l'eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou
salée, y compris des étendues d'eau marine dont la profondeur
à marée basse n'excéde pas six mètres (Ramsar,
1997).
13
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
OCEANIUM pour reboiser la mangrove dans le Bassin du Saloum
durant la campagne 2009. Le carbone restant après compensation pourra
être échangé par le Groupe Danone.
1.3 Objectifs de l'étude
L'objectif global de l'étude est de suivre les
plantations de Rhizophora sp. de l'ONG OCEANIUM durant la campagne de
reboisement de 2009 en vue d'établir leur état de
référence dans le cadre du Mécanisme de
Développement Propre. Cet objectif global est composé d'objectifs
spécifiques que sont :
· La mesure de tous les sites reboisés par OCEANIUM
durant la campagne de plantation de 2009.
· L'analyse des conditions écologiques des sites
reboisés notamment les taux de salinité, les conditions
pédologiques, la dynamique de la mangrove naturelle et artificielle.
· La réalisation d'une liste des sites
reboisés durant la campagne de 2009 en fonction de leur potentiel pour
l'adaptation de la mangrove, de leur typologie afin de distinguer les sites par
leurs codes couleurs et de leur étendue pour l'admissibilité au
Mécanisme de Développement Propre.
1.4 Méthodologie de l'étude
L'étude permettra d'une part au groupe Danone et
à OCEANIUM d'évaluer la campagne de reboisement de 2009 et
d'autre part d'estimer la proportion de sites éligibles au MDP. Pour
mener cette étude, la méthodologie utilisée a
été la revue documentaire, les travaux de terrain, l'analyse et
le traitement des données recueillies.
1.4.1 Revue bibliographique
La mangrove représente un écosystème
très important dans la séquestration de carbone. Cependant, elle
est tributaire des actions anthropiques sans pour autant que l'homme soit
à même de restaurer ces biotopes qu'il a modifiés. C'est ce
qui explique la richesse et la diversification de la documentation sur la
problématique de la dégradation de la mangrove et son impact sur
la biodiversité, les activités sociales, économiques et
l'atténuation des conséquences des gaz à effet de serre.
Pour en avoir une grande compréhension, nous avons échangé
avec beaucoup de chercheurs, d'universitaires et interrogé les
populations locales qui ont une large expérience de la mangrove.
Toujours dans la dynamique de diversifier les sources de données,
beaucoup d'univers de recherche ont été explorés. C'est
ainsi que nous avons visité les bibliothèques du Centre Forestier
de Recyclage de Thiès, de l'Institut Supérieur de Formation
Agricole et Rurale (ex ENCR
|
|
14
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
|
de Bambey), de l'Ecole Nationale Supérieure
d'Agriculture de Thiès, de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD)
et le centre de Documentation de Wetlands International West Africa Programm
(WIWAP). L'Internet aussi a été mis à contribution. La
revue documentaire nous a permis de disposer des informations sur la situation
de la mangrove au niveau mondial et local, la dynamique durant les trois
dernières décennies, les causes et les conséquences de sa
dégradation, les techniques de reforestation et d'aménagement.
Parmi les divers ouvrages consultés dans le cadre de cette étude,
notre attention a particulièrement porté sur quelques documents
notamment :
Ba A. T., et al. (1999). dont les travaux ont permis
d'étudier la dynamique et l'écologie de la mangrove du Delta du
Saloum ainsi que les facteurs naturels et anthropiques qui favorisent sa
dégradation.
Le rapport de Aaron M. et al. (2008) nous renseigne
sur l'analyse isotopique, la lichnométrie, le substrat de base, la
différenciation et le rôle du sel dans le développement des
propagules.
Dans « Ecological Engeneering for successful management
and restoration of mangrove forests », ROY R., et al. (2005), ont
présenté l'anatomie de la mangrove et montré l'impact de
l'écosystème dans la séquestration du carbone.
Marius (1977), à quant à lui souligné
que la salinisation des nappes s'est intensifiée depuis l'installation
de la sécheresse. Ce faisant, le sens de l'écoulement a
été inversé pour passer des tannes vers le plateau.
Aussi, Vincent GITZ (2004) relate qu'en termes de
retombées, le MDP est contrôlé à hauteur de 80% par
4 pays : la Chine, le Brésil, l'Inde et la Corée du Sud. Or le
MDP avait pour vocation de soutenir le développement des pays en
transition.
La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques adopté en 2005 nous a permis d'approfondir notre
connaissance du mécanisme du protocole de Kyoto connu sous le nom de MDP
qui permet aux pays développés de compenser certaines de leurs
émissions intérieures par des investissements dans un autre pays
développé ou dans un pays en transition en échange de
permis d'émission. C'est alors une opportunité offerte aux pays
du sud de renforcer les puits de carbone et de les monétariser.
Enfin, l'ouvrage d'Amadou Niang et al. (2009), a
permis de connaitre la situation des écosystèmes du
Sénégal et la définition de la forêt dans le cadre
du Mécanisme de Développement Propre.
1.4.2 Travaux de terrain
Ces derniers sont perçus comme la collecte de
données et ont été réalisés par la mesure
des surfaces plantées, la mesure de la salinité,
l'évaluation de la mortalité des propagules, les
enquêtes
15
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
et interviews auprès des populations locales et des
agents du projet susceptibles de fournir des données qualitatives et
quantitatives sur la dynamique de la mangrove et les caractéristiques de
sites reboisés. Les outils utilisés ont été le
Salinomètre, le Global Positionning System, le ruban métrique, le
compas forestier, la fiche d'identité du site reboisé et les
appareils numériques.
1.4.2.1 Fiche d'Identité du site
Reboisé
La fiche d'identité des sites reboisés a
été réalisée avec le logiciel SPHINX et est
composée d'un ensemble de questions permettant la collecte des
données. Dans la zone d'étude, les données ont
été obtenues grâce aux entretiens déroulés en
langue locale. Cette démarche a permis l'intégration au sein des
communautés et l'obtention des données sur les sites
reboisés. La fiche d'identité du site reboisé est
annexée et est composée des questions liées à :
· La localisation du site
reboisé
Dans cette partie, les questions sont liées à
la situation géographique, à l'identification des cours d'eau
riverains, aux coordonnées géographiques du site reboisé
et à l'identification des responsables du reboisement.
· L'historique du site reboisé
Au niveau de l'historique du site reboisé, nous avons
administré des questions dont le but est de recueillir des informations
sur la présence antérieure de la mangrove, la période et
les causes de sa dégradation sur le site reboisé.
· L'historique du reboisement dans le
site
Dans cette partie nous nous sommes renseignés sur les
différentes expériences de reboisement du village, les dates des
précédentes initiatives, la structure ayant commanditée
cette campagne, l'espèce de palétuvier reboisée, la
superficie plantée, l'écartement réalisé entre les
propagules, la hauteur des palétuviers plantés, leur état
sanitaire et le bilan sur ces campagnes antérieures.
· La situation actuelle du site
reboisé
Pour avoir une idée sur la situation actuelle du site
reboisé, les questions ont eu trait à l'immersion du site
à marais basse pendant la saison des pluies, la présence de la
mangrove, les espèces dominantes, l'origine et le port de chaque
espèce, la contenance, le type de sol, la couleur et la consistance du
sol ainsi que la salinité.
· La restauration du site à la campagne 2009
de l'OCEANIUM
En ce qui concerne la campagne 2009 de l'OCEANIUM nos questions
ont porté sur la surface du site reboisé, le nombre de
parcelles composant le site, la taille de chaque parcelle, l'espèce
de
16
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
palétuvier plantée, l'écartement entre les
propagules, la présence de la régénération
naturelle de Rhizophora et l'immersion du site à marais haute
lors des petits coefficients.
· Les aspects sociaux du site
reboisé
Dans la rubrique des aspects sociaux du reboisement, nos
questions ont été liées au statut juridique, au nombre de
personnes ayant participé au reboisement, au nombre de jours durant
lesquels les populations se sont mobilisées pour reboiser, à la
collecte des propagules et aux travaux préparatoires dans les sites de
reboisement.
1.4.2.2 Global Positionning System
Le GPS utilisé est Garmin. il est paramétré
aux unités contenues dans le tableau 1
Tableau 1 : Paramètres et unités du
GPS
Sous menu unité Paramètre
Format de Position Hddd°mm.mmm'
Map Datum (système Géodésique) WGS
84
Distance/ Vitesse Métrique
Elévation (Vitesse ascension) Mètres
(m/sec)
Profondeur Pieds
Surface ha
Dans le cadre des mesures de surface, avec le menu marque du
GPS, nous prenons d'abord un point à la périphérie du site
reboisé et puis avec le menu trace et calcul de zone nous faisons le
tour du site. Les mesures sont ensuite transférées dans le
logiciel Map source à partir duquel une couleur est affectée
à chaque site en fonction des constats écologiques et les mesures
de la salinité mesurée. Par suite les fichiers Map source sont
transférés sur Google Earth et envoyés au Comité
Français de l'UICN chargé du suivi scientifique du reboisement
des plantations de l'OCEANIUM.
1.4.2.3 Salinomètre
Le salinomètre utilisé dans le cadre de cette
étude est le METTLER TOLEDO (photo 7). Il a été
étalonné au CERAAS de Thiès avec les solutions de
conductivité 1413 uS/cm, 1288 uS/cm et 84 uS/cm de 20 ml à 25
°c. Les unités ont été définies en TDS (taux
de matière dissoutes) et exprimées en milligramme de sel par
litre d'eau pour de petites concentrations ou en gramme de sel par litre d'eau
lorsque la concentration massique est supérieure à 1000 ppt. Nous
avons vérifié les salinomètres dans des solutions tampons
d'eau distillée. Les mesures ont montré successivement 1413
uS/cm, 1288 uS/cm et 84 uS/cm. En effet, l'eau distillée ne contient pas
de sel. Cela signifiait qu'en plongeant le capteur de conductivité dans
la solution d'eau distillée, les salinomètres affichent la
même mesure que la solution étalon utilisée. Chaque
salinomètre a affiché dans la solution d'eau distillée les
mêmes chiffres que la solution étalon avec laquelle il a
été calibré.
|
|
17
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
1.4.2.4 Photos des sites reboisés
Les photos sont prises sur les sites reboisés et
couplées avec les images Landsat de 1979. Ce qui permettait de voir
l'état des sites depuis trois décennies. Nous avons ainsi
remarqué que tous les sites reboisés étaient
dégradés et ne sont pas reconstruits jusqu'en 2009.
1.4.2.5 Observation directe
Elle consiste, tout comme son nom l'indique, à observer
de visu les réalités du site reboisé. Cette étape
est essentielle dans la recherche de données car elle permet un contact
direct avec le milieu en vue de s'imprégner des réalités
des sites où est effectué le reboisement, d'orienter les
populations vers d'autres sites pour accroître les potentialités
de réussite de la plantation et de voir l'impact des activités
humaines sur les écosystèmes.
1.4.2.6 Enquêtes et Entretiens informels
Cette étape est cruciale pour la collecte de
données et est réalisée par des entretiens directs avec
les personnes ressources impliquées dans la campagne de reboisement de
Rhizophora sp. Par la méthode non probabiliste d'enquête,
100 personnes ont été soumises à un questionnaire/
individu, en vue d'obtenir leurs opinions par rapport aux sites
reboisés. Cette technique constitue la méthode raisonnée
et se poursuit jusqu'à la satisfaction des réponses fournies par
l'enquêté. La phase de collecte de données a duré au
total 42 jours.
Photo 1: Mesure de la Salinité (ph. Pathe BALDE)
1.4.2.7 Prélèvement et mesure de la Salinité
de l'eau Dans chaque site visité, un échantillon est
prélevé et sa salinité mesurée avec le
salinomètre (photo 1) et les résultats affichés par le
salinomètre sont reportés sur la fiche d'identité du site
reboisé.
La salinité a été déterminante
dans le cadre de la classification des sites dans les différents codes
couleurs.
1.4.3 Détermination de l'échantillon
Un recensement, c'est-à-dire un décompte
complet, n'est pas toujours réalisable pour recueillir des
données sur l'ensemble de la population cible (producteurs). Le groupe
est trop important, le temps insuffisant mais aussi les ressources
limitées pour effectuer ce travail. Au regard des avantages requis
(fiabilité et facilité à utiliser), la méthode non
probabiliste de collecte des données est basée sur des techniques
d'enquêtes raisonnées évoquées
précédemment. Le choix est porté sur les populations
paysannes en raison de l'ancienneté et de leur expérience sur la
dynamique de la
18
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
mangrove durant les trois dernières décennies.
Les personnes couvertes sont âgées de trente à soixante dix
ans et ont une grande connaissance de ma dynamique de la mangrove et l'impact
des initiatives de reboisement sur la reconstitution biologique.
1.4.4 Limites de l'étude
Cette étude, a été confrontée
à un certains nombres d'impairs qui se sont répercutés sur
son échéance.
En effet, six semaines après le démarrage du
stage, nous avons remplacé notre encadreur initial au niveau de la
structure d'accueil. En plus nous avons été chargés de
suivre et coordonner une équipe de onze stagiaires, de centraliser les
données cartographiques et les fiches collectées sur le terrain,
de traiter et d'assurer la transmission des résultats au siège du
Comité Français. Quelques jours après notre prise de
service, notre répondante à l'UICN a été
remplacée ce qui a aussi entrainé de petites
discontinuités dans le fonctionnement et l'administration du Projet.
Par ailleurs, la visite de terrain a eu lieu au courant du
mois d'Août coïncidant avec la période d'entretien des
cultures ce qui s'est manifesté par de petites difficultés de
mobilisation des populations locales. En plus l'UICN ne nous a pas fourni
à temps opportun le salinomètre et le pHmètre, alors que
les appareils numériques servant à prendre des photos des sites
reboisés en plus de leur qualité étaient peu utilisables
pendant l'hivernage. Ce qui nous empêchait de prendre des photos de
certains sites reboisés. Dans le registre des limites de l'étude,
il faut aussi ajouter la difficulté pour les populations d'identifier
l'espèce de Rhizophora plantée. Ces difficultés
constituent autant d'obstacles qui ont accentué l'échéance
des travaux de terrain. Malgré toutes ces contraintes, nous sommes
parvenus à couvrir toutes les surfaces reboisées grâce
à la constance sur le terrain, à la collaboration des agents
d'OCEANIUM et à l'appui du Comité Français de l'UICN.
1.4.5 Traitement et analyse des données
Après le procédé d'enquêtes par
questionnaire, les données recueillies sont traitées à
partir des logiciels spécifiques qui s'adaptent parfaitement à ce
genre d'étude. Il s'agit des tableurs Excel, des logiciels Sphinx et
XLSAT, pour l'analyse statistique, la détermination de la distribution
des fréquences, des variables qualitatifs et quantitatifs. Les
données traitées avec le tableur Excel ont été
croisées avec celles collectées auprès des personnes
couvertes en vue d'une meilleure exploitation des résultats. En ce qui
concerne l'établissement des graphiques et tableaux, le tableur Excel a
fait l'objet d'un usage fréquent. Par ailleurs, les logiciels Google
Earth et Landsat ont été utilisés pour comparer
l'état des sites durant les trente dernières années (1979
à 2009). Le logiciel
|
|
19
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Map Source a été employé dans le traitement
des données géographiques et le logiciel Arc View GIS 3.2a
à la conception des cartes de sites reboisés et de la zone
d'étude.
|
|
20
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 2.1
Cadre Physique
2.1.1 Relief
Le Bassin du Saloum se situe entre la petite côte et le
delta du Saloum. Il est composé des départements de Mbour,
Fatick, Foundiougne et Nioro du Rip et est limité à l'Est par les
départements de Kaolack et de Diourbel, à l'Ouest par
l'Océan Atlantique, au Nord par le Département de Thiès et
au Sud par la République de la Gambie (carte 1).
Carte 1 : Localisation du Bassin du
Saloum
Les formes du relief du Bassin du Saloum sont liées
à son histoire géologique laquelle est directement
associée à la dynamique marine (UICN, 1999). Selon la même
source, la transgression marine du Nouakchottien a provoqué des
dépôts sableux qui forment des terrasses en bordure du plateau
continental se transformant dans certains cas en îles. Après cette
transgression marine, la houle du NW a mis en place des cordons littoraux
successifs qui ont fini par fermer partiellement le golfe à
l'intérieur duquel il s'est opéré un dépôt de
vases. A la suite de la régression marine,
d'anciennes vasières exondées se sont
transformées en tannes5 dépourvues de
végétation (tannes nues) et cette évolution s'est
poursuivie jusqu'à la période actuelle (UICN, 1999). La
conséquence est la constitution d'un réseau de chenaux
arborescents abritant la mangrove sur les deux rives.
Au plan morphologique, on note une dissymétrie entre
les deux rives du Saloum6 qui est en relation avec l'incidence des
flux d'eau marine à l'intérieur des bolongs. La pédologie
du delta du Saloum est directement liée à ses facteurs
morphologiques (Alongi D.M., 1990). Mieux, Baillon (1988) note quatre grands
ensembles de sols7. Sous l'effet des déficits hydriques que
connait la zone du Bassin du Saloum, ces sols sont soumis à la
salinisation ainsi qu'à l'érosion hydrique et éolienne
dont les effets ont été renforcés par la
dégradation du couvert végétal notamment celui de la
mangrove. Toujours selon Baillon (1988), les caractéristiques actuelles
du milieu physique du Bassin du Saloum ont été imprimées
par les fluctuations eustatiques et climatiques du quaternaire. La
proximité de l'océan, l'hydrologie, la géomorphologie et
la nature des sols exercent ainsi par leur combinaison une influence
considérable sur les ressources naturelles de la zone notamment la
mangrove. Selon (Nouidemona, 2004), ces caractéristiques constituent un
élément déterminant de la physionomie des peuplements de
mangrove.
2.1.2 Hydrographie
La zone du Bassin du Saloum présente un ensemble
d'îles séparées par des cours d'eau dont les plus
importants sont le Saloum rejoignant la mer par un estuaire8 et le
Diombos (Ba et al., 1999 ; UICN, 1999). Malgré l'extrême
faiblesse des apports hydriques en provenance de l'amont, ce réseau a un
mode de fonctionnement hydrodynamique. Il n'en demeure pas moins que la
marée essentiellement de type diurne reste le principal facteur de
l'hydrodynamique estuarienne. Il en résulte donc un fort gradient de
salinité des eaux de l'aval vers l'amont. La teneur en sel des marigots
est partout élevée (Diop et al., 1995). Il a
été enregistré des taux de 70g/l à
côté de la mer vers la flèche de Sangomar et dans le
Bandiala, plus en aval des taux de 100g/l ont été
enregistrés vers Sokone, soit de deux à trois fois plus que la
salinité moyenne de la mer qui est de 35 g/l (UICN, 1999). Cependant,
plusieurs cours d'eau débouchent dans l'estuaire du Saloum, ce qui
témoigne l'humidité du milieu. Ces cours d'eau sont : Le
Latmingui, le Tyikat dieri, le Tawu et le Bil (Fall et al 2000), la
Néma, le Sokone, le Senghor et les marigots du NW de l'estuaire
(Nouidemona, 2004). La péjoration climatique qui a comme corollaire la
forte diminution des apports d'eau douce a réduit
énormément les débits de ces rivières et marigots
et a occasionné en même temps une forte
5 Etendues herbeuses ou le plus souvent nues, hyper
salées et stériles
6 Marius C. 1977. , Propositions pour une
classification et cartographie des sols de mangroves tropicales. ORTSTOM 97p
7 sols minéraux bruts qui occupent
l'essentiel des plages sableuses de la côte, de sols peu
évolués bien représentés au niveau des îles
Bétenti, de sols halomorphes localisés au niveau des tannes vifs
(souvent désignés sous le terme de sols sulfatés acides),
de sols hydromorphes sur les tannes herbacés, et calcimagnésiques
localisés à l'emplacement des amas artificiels de coquilles.
8 Zone de mélange d'eau douce et marine
destruction des ressources de la mangrove (Sene et
al., 1987). Aussi la rupture de la flèche de Sangomar depuis 1987 a
entraîné des modifications profondes tant dans l'hydrodynamique
que dans la sédimentologie de l'estuaire (Doyen A, 1985). Parmi ces
modifications, (Baillon, 1988) a noté la formation des bancs de sables
à proximité de Niodior et l'assèchement de la mangrove au
niveau de rupture de la flèche de Sangomar.
2.1.3 Climat
Le climat du Bassin du Saloum a fait l'objet de nombreuses
études (Donnheur, 1974 ; Leroux, 1983 ; Dresch, 1977 ; Leborgne et
al., 1988 ; Sagna, 1988, Ndong, 1996 ; Ndione, 1988 ; Sagna, 2000) et une
réactualisation de la situation a été récemment
effectuée.
Le Bassin du Saloum appartient à la zone tropicale et
est marquée par des températures relativement
élevées et une pluviométrie irrégulière
aussi bien dans le temps que dans l'espace. Son climat est soumis à des
influences à la fois géographiques et atmosphériques par
l'intermédiaire de l'alizé-maritime, de l'harmattan et de la
mousson. Ces flux déterminent deux saisons différenciées :
une saison sèche (de novembre à mai) marquée par la
prépondérance des alizés maritimes (à l'ouest) et
continental (à l'est) et une saison pluvieuse (de juin à octobre)
dominée par le flux de mousson issu de l'anticyclone de
Sainte-Hélène. Le maximum pluviométrique se situe en
août-septembre.
Les températures, généralement
élevées toute l'année suivent et déterminent le
rythme des saisons. Leur évolution et leur distribution résultent
de la conjonction de facteurs cosmiques, météorologiques et
géographiques. Les minima thermiques surviennent
généralement pendant les mois de décembre ou janvier et
les maxima en début et/ou à la fin des saisons des pluies. Le
gradient thermique varie du nord au sud avec un effet atténuant
très marqué au niveau de la côte.
Dans le Bassin du Saloum, les précipitations
constituent l'élément majeur du climat. La pluviométrie
fluctue entre 900 mm à Mbour et 1200 mm à Toubacouta.
Malgré sa régression, la pluviométrie reste le trait le
plus marquant du climat au cours des trente dernières années. Ce
qui faisait dire à Nicholson (1981) que « la pluviométrie
est peu abondante, sporadique. La sécheresse est ainsi une menace
permanente et les années sèches seront plus fréquentes que
les années humides. »
Les impacts de cette baisse pluviométrique sont : la
dégradation du couvert végétal, la raréfaction et
la salinisation des ressources en eau, la mobilisation des particules de sable
dans les zones déboisées devenant ainsi très
vulnérable à l'érosion éolienne. En outre,
l'évapotranspiration atteint 2200 mm d'où un déficit
hydrique exacerbé en saison sèche (Ndione, 1988). Ce
déficit pourrait affecter les plantations de mangrove surtout dans les
zones non immergées durant la saison sèche.
|
|
23
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
C'est pourquoi le choix des sites de reboisement doit tenir
compte, en plus des caractéristiques pédologiques, de l'immersion
durant la saison sèche.
2.2 Cadre Biophysique 2.2.1 Flore
La mangrove occupe 440.000 ha du territoire du
Sénégal (UICN9, 2005) et la presque totalité
des palétuviers se concentre aux bordures des bras de mer dans le Bassin
du Saloum et de la Casamance. La mangrove du Bassin du Saloum s'étend
sur 59.000 ha « Study of United Nation's Sudano-Sahelien Office in 1983
». Derrière la mangrove, des terrains arides dénudés
appelés « tanne » s'étendent et à
l'intérieur du côté continental se développent des
champs où l'on cultive l'arachide et le riz en saison pluvieuse. Le
Bassin du Saloum se place ainsi sur la partie transitoire du domaine
soudano-guinéen au domaine sahélo-soudanien et sa
végétation la plus représentative est la mangrove. Les
palétuviers sont composés d'une diversité d'espèces
réparties entre la zone submersible10 et celle non
submersible.
La mangrove des zones submersibles est formée de six
espèces floristiques réparties dans quatre familles :
Rhizophoracae, Avicenniacae, Verbenacae et Combretacae
(Marius, 1977). La famille des Rhizophoracae est
représentée par trois espèces du genre Rhizophora
ou palétuvier rouge. Rhizophora racemosa (environ 10 m de haut)
colonise les chenaux généralement argileux. Rhizophora
mangle, de moindre taille, forme les peuplements les plus étendus.
Rhizophora harrisonii est plutôt rare. Les espèces du
genre Rhizophora sont caractérisées par leurs racines
échasses (Rhizophores) et leur mode de reproduction (chapitre
3). Les nombreuses propagules pendent sur les branches des sujets adultes et
sont dispersées par le courant marin. Elles s'implantent par la suite
sur les substrats vaseux. Le genre Rhizophora constitue ainsi la
plante pionnière des vases nues puisqu'elle est la première
à les coloniser et a servi de semence à la campagne de
reboisement de 2009.
La famille des Verbenacae n'est
représentée que par une seule espèce, Avicennia
africana ou palétuvier blanc. Cette espèce est
caractérisée par la présence de racines aériennes
ou pneumatophores11 qui lui permettent d'absorber l'oxygène
atmosphérique.
La famille des Combrétacae moins abondante est
représentée par Laguncularia racemosa et Conocarpus
erectus.
9
http:/ / www. panda. org/ news_facts/ education/ university/
habitats/ habitatsdetail. cfm?habitat
10 Innondables, recouvert d'eau
11 Excroissance aériennes des racines de
certains arbres vivant dans les zones humides
La végétation des zones non submersibles est en
général composée des savanes arbustives à
boisées avec des espèces soudaniennes et guinéennes. Les
espèces sont réparties entre la zone le littoral, les cordons
sableux et la zone continentale.
La richesse en termes de diversité floristique et la
présence de nombreuses aires protégées font de cette zone,
un habitat favorable au développement de la faune.
2.2.2 Faune
La faune du Bassin du Saloum est importante, diversifiée
et répartie en trois grands ensembles écologiques que sont : les
aires protégées, la zone aquatique et la zone de terroir.
Au niveau des aires protégées la dominance des
petits mammifères, des grands mammifères, des primates, des
rongeurs et des reptiles ont noté (Diatta et al., 1981).
Dans la zone aquatique la faune sauvage est constituée
de dauphins (Delphinus delphis), de baleines, de cachalots, de varans
du Nil. L'ichtyo-faune de la zone est marquée par la présence des
espèces de poissons démersales12 comme les
Mérous et les Soles, de même que les espèces
pélagiques comme le thon, tandis que l'avifaune constitue, au plan des
effectifs la faune la plus importante de la zone. On peut citer entre autres :
l'aigrette à gorge blanche (Egretta galaris), la sterne royale
(Sterna maxima), le héron à dos vert (Butorides
striatus), le balbuzard fluviatile (Pandion haliaetus), etc.
La faune de la zone de terroir est constituée quant
à elle par le gros bétail, les petits ruminants et la volaille.
L'importance des ressources végétales et animales dans le
contexte de développement socioéconomique a fait du Bassin du
Saloum un lieu important et riche au plan diversité ethnique et
culturelle. Ces conditions biophysiques en équilibre expliquent la
présence de la mangrove. Leur perturbation récente a
significativement affecté l'écosystème.
2.3 Cadre Humain et Social 2.3.1 Population
Baillon (1988) situe l'implantation des villages du Bassin du
Saloum entre la fin du 18ème siècle et le début
du 19ème siècle. Le choix de la zone pour la fondation
des villages était selon (Nouidemona, 2004) lié à la
disponibilité des ressources naturelles indispensables au
développement des activités socioéconomiques. Les
populations du Bassin du Saloum vivent principalement des retombées de
l'agriculture, de la pêche, de l'élevage, mais aussi de la
cueillette des produits de la mangrove (perches, bois, huîtres etc.). La
particularité du peuplement du Bassin du Saloum tant en terme de
12 Vivants au fonds des mers
diversité ethnique et culturelle qu'en terme de
dépendance vis-à-vis de la mangrove, confère à
cette zone un profil démographique très particulier
comparativement au reste du territoire national. Par ailleurs, l'analyse des
résultats du RGPH13 de 1988 révèle que la
population est majoritairement jeune. Environ 57,8% a moins de 20 ans, 35,7%
entre 20 et 59 ans et seulement 6,5% a plus de 60 ans. Cette tendance justifie
le développement des activités de la pêche. L'organisation
socioéconomique de la population du Bassin du Saloum à l'instar
d'autres populations des zones rurales du Sénégal est fortement
tributaire des ressources naturelles et de la clémence du climat.
2.3.2 Activités Socio-Economiques
Les populations du Bassin du Saloum sont à dominance
rurales et vivent d'une économie basée essentiellement sur la
pêche, le prélèvement des produits de la mangrove (bois,
huîtres, arches, etc.) et, dans une moindre mesure l'agriculture et
l'élevage puis, plus récemment le tourisme (écotourisme).
Elles pratiquent une économie de subsistance de type agraire dans leur
majorité, avec des systèmes d'exploitation et de mise en valeur
basés sur des techniques souvent élaborées mais reposant
sur la force humaine (Nouidemona, 2004). Les rôles sur la gestion des
ressources sont attribués en fonction du genre. La cueillette des
produits de la mangrove (bois, arches, huîtres etc.), la transformation
des produits halieutiques et le jardinage sont réservés aux
femmes tandis que la pêche, l'élevage et l'agriculture sont
destinés pour la plupart des cas aux hommes (Dia, 2003).
Les populations des îles (Ndjirda, Marlodj, Marfafako,
Ngoussé Diohé etc) pratiquent une pêche commerciale de
subsistance, l'agriculture et l'agroforesterie. Parmi les spéculations,
l'UICN (1999) relate des cultures vivrières (mil et le riz) des cultures
de rente (arachide) et des cultures fruitières (Anacardium
occidental).
Les forêts classées sont composées du
Fathala, du Sangakho, de Keur Sambel et du Djilor. Elles représentent
dans la partie Est de la Réserve d'importantes zones de pâturage
pour le bétail. En somme, le degré de dépendance de la
population du Bassin du Saloum aux ressources naturelles témoigne de
l'importance du rôle catalyseur que jouent ces ressources dans le
développement socioéconomique.
13 Recensement Général de la Population
et de l'Habitat
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA MANGROVE 3.1 Définition de
la mangrove
La mangrove est définie par Blasco et al.,
(1998) comme « une forêt de palétuviers14 se
développant dans la zone de balancement des régions littorales,
pouvant se maintenir localement jusqu'à 32° Nord et 28° Sud
sous l'effet de courants marins cha uds ». Selon l'organisation mondiale
pour l'alimentation et l'agriculture « La mangrove est l'ensemble de la
végétation (palétuviers) qui se développe dans la
zone de balancement des marées des régions littorales
intertropicales ». La FAO considère qu'une acceptation plus large
identifie la mangrove comme l'ensemble de l'écosystème
colonisé par cette végétation. La mangrove occupe des
zones alimentées en eau douce et à l'abri des courants marins
comme les estuaires, les lagunes (zones calmes et peu profondes). Dans les
régions tropicales, la mangrove occupe près de 75% des
côtes et des deltas. Selon les estimations, elle recouvre 14 à 23
millions d'ha à travers le monde (FAO, 2000).
Quant à Marius (1977), « la mangrove est
l'ensemble des formations végétales, arborescentes ou
buissonnantes qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux
des côtes tropicales ». Fournier F. et al. (1983)
identifient la mangrove comme une « forêt littorale typiquement
tropicale des côtes marécageuses ».
L'encyclopédie libre wikipédia définit la
mangrove comme « un écosystème incluant un groupement de
végétaux principalement ligneux spécifiques, qui ne se
développent que dans la zone de balancement des marées
appelée estran des côtes basses des régions tropicales. Les
espèces ligneuses les plus notables sont les palétuviers avec
leurs pneumatophores (Aviceniacae) et leurs racines-échasses
(Rhizohporacae).
Au regard de ces définitions nous percevons que la
mangrove est un écosystème complexe. Cela explique la
variabilité de sa définition en fonction des auteurs. Toutefois,
les auteurs s'accordent sur un certain nombre de constances liées
à l'hétérogénéité de sa composition,
la spécificité de son habitat et les régions de son
adaptation. C'est pourquoi, nous retenons que la mangrove est un ensemble
hétérogène de plantes, d'arbres ou d'arbustes qui se
développent sur le littoral des côtes tropicales. Il s'agit des
forêts qui s'installent entre la zone des marées basses et celle
des marées hautes dans les régions tropicales. La mangrove est
donc une appellation non-taxinome pour décrire un groupe de plantes et
d'arbres qui sont bien adaptés à un habitat humide et salin.
14 Ensemble composés de pneumatophores et de
rhizophores.
3.2 Origine et distribution des Rhizophoracae
Les scientifiques théorisent que la première
espèce de Rhizophora tire son origine dans la région
Malayo-Polynésienne. Ceci pourrait expliquer plus d'espèces de
Rhizophora dans cette région que dans les autres parties de son
aire de distribution. Grâce à leurs uniques appareils
génitaux et graines flottantes, certaines de ces premières
espèces se sont dispersées vers l'ouest portées par les
courants océaniques jusqu'en Inde et l'Afrique de l'Est. Les graines
sont arrivées aux Amériques pendant la période du
Crétacé et l'époque du Miocène, il y a entre 66 et
23 millions d'années. Pendant ce temps les Rhizophora se
répandirent dans toute la Mer des Caraïbes, à travers une
ouverture entre les mers qui se situait à l'endroit où le Panama
se trouve actuellement. Plus tard, des courants maritimes ont transporté
des graines de Rhizophora aux côtes Ouest de l'Afrique et vers
le sud jusqu'en Nouvelle Zélande. Ceci explique que les
Rhizophora d'Afrique de l'Ouest et des Amériques contiennent
moins d'espèces (Rhizophora mangle, R. racemosa et
R. harissonni) colonisatrices mais qu'elles sont similaires, tandis
que celles d'Asie, de l'Inde et d'Afrique de l'Est contiennent une plus grande
gamme d'espèces de Rhizophora.
3.3 Distribution de la mangrove au
Sénégal
Selon Dupuy et al. (1982), au Sénégal,
le delta du Saloum constitue la région la plus septentrionale
occupée par une haute mangrove dans l'ouest de l'Afrique. Farrant J. M.,
et al. (1992) confirment la disparition des reliques de la
végétation de mangrove signalées par Dupuy et al.
(1982) en Mauritanie. Ndione J. A., (1988) a par ailleurs
témoigné de la disparition de la végétation de
mangrove des cuvettes du N'diael, par la découverte de pneumatophores
subfossiles, confirmant ainsi l'existence de mangrove notée par Wier A.
M. (1996) sur le fleuve Sénégal.
Les autres localités du Sénégal où
l'on rencontre encore la mangrove sont : la Somone, le Fadiouth, l'estuaire du
Saloum et le fleuve Casamance (Doyen A., 1985). Les formations de mangrove y
sont dominées selon (Marius, 1977 ; Diop, 1986) par Rhizophora
harissonii, R. mangle et R. racemosa
(Rhizophoracae) et Avicennia africana
(Verbénacae). A ces deux familles qui constituent l'essentiel
des formations de mangrove s'ajoute celle des Combrétacae
représentée par Conocarpus erectus et Laguncularia
racemosa (Ndour, 2005). Il apparaît ainsi que les mangroves du
Bassin du Saloum, à l'instar des mangroves de l'Afrique de l'ouest sont
caractérisées par une pauvreté floristique par rapport aux
mangroves de l'Afrique orientale (Doyen A., 1985).
|
|
28
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Photo 2 : Racines de Rhizophora à Koular (Photo P.
BALDE)
3.4 Anatomie du genre Rhizophora 3.4.1 Anatomie des
Racines
Les palétuviers sont ancrés dans le substrat par
de nombreux rhizophores qui prennent naissance sur le tronc et les basses
branches. Ces rhizophores, dont la structure anatomique archaïque ne
correspond ni à la structure d'une tige, ni à celle d'une racine
se transforment en racines vraies sous la surface du sol et émettent
chacune une dizaine de racines secondaires horizontales
qui vont à leur tour se ramifier
abondamment. Les racines des palétuviers sont
d'une couleur blanche caractéristique, légères, à
écorce épaisse et spongieuse. Les racines les plus fines ont un
diamètre à peu près constant de 110 à 140 um et
correspondent aux ramifications d'ordre 3 ou 4. Elles peuvent atteindre une
longueur de 15 à 20 cm, parfois plus sans se ramifier. Ces radicelles
capillaires, de couleur blanche, sont pourvues d'une coiffe transparente de
type liorhize (Belzung,15 1900) de 1,5 mm de long et ne portent pas
de poils absorbants. La structure anatomique de ces radicelles capillaires est
très simple. L'écorce mesure 0,2 mm
d'épaisseur environ et renferme plusieurs assises de cellules à
tanin.
3.4.2 Anatomie du Bois
Tomlinson (1986) a résumé les
caractéristiques anatomiques uniques du bois de la mangrove. Sur le bois
d'Avicenia, Das et al. (1998) nous renseignent que les
anneaux de croissance sont manifestement anormales et
généralement absents (photo 5). Par conséquent, le
vieillissement des peuplements est difficile. Duke et al. (1992)
suggèrent que le nombre de cicatrices foliaires nodales est une
meilleure façon d'estimer l'âge des plants de Rhizophora.
Le bois de mangrove a des caractéristiques particulières qui
permettent aux arbres de surmonter le fort potentiel osmotique de l'eau de mer
et de la transpiration causée par des températures
élevées (Tomlinson, 1986). Par ailleurs, les
Rhizophoracae ont des plaques de perforation
scalariformes16 qui entrainent l'influence de la conduction de l'eau
à travers le bois. L'eau se déplace plus rapidement à
travers la zone poreuse dans laquelle se trouvent des vaisseaux de croissance
ultrapériphériques. La conduction
15 BELZUNGE, . - Anatomie et Physiologie
Végétales, Félix Alcan Ed., Paris (1900).
16 Ponctuations intervasculaires allongées ou
linéaires disposées en barreaux d'échelle
est beaucoup plus lente dans les pores où les tissus sont
plus uniformes en taille et en distribution. La plupart des bois de mangroves
ont des pores diffus, Wier et al., (1996).
3.4.3 Anatomie des feuilles
Photo 3 : Feuilles de Rhizophora à Saboya (ph. P.
BALDE)
Les feuilles de Rhizophora sont presque coriaces,
avec les nervures obscures. La cuticule est épaisse et lisse avec de
petits poils, ce qui donne à la plante une apparence brillante. Les
feuilles sont de taille moyenne et sont disposées successivement
à un angle inférieur à 180° (Photo 3). Cet
arrangement réduit l'auto-ombrage et produit des systèmes de
branche qui remplissent l'espace dans la plupart des cas en permettant une
optimisation de la photosynthèse (Tomlinson, 1986). Les feuilles ont
généralement une symétrie dorsiventrale. L'excroissance
cuticulaire porte soit sur la face externe du pore stomatique soit sur les deux
faces. Ces structures permettent de réduire la transpiration stomatique
qui est importante, étant donné la forte concentration des
solutions de l'eau (Das et al., 1993). Les feuilles de mangrove ont
des cellules spécialisées idioblastes, des cellules tannins
(Rhizophoracae), des cellules muqueuses (Rhizophora,
Sonneratia), des cellules cristallifères (Rhizophoracae),
des cellules du pétiole (Osbornia) et des cellules laticifères
(Tomlinson, 1986). Dans le cas général, les feuilles
placées ensemble manquent de fibres alors que la gaine est une extension
fasciculaire. Toutefois les feuilles possèdent des trachéides
élargies se terminant dans la veine.
3.4.4 Anatomie des semences
Photo 4 : Fleurs (gauche) et propagules (droite) de Rhizophora
(ph. P. BALDE )
Avicennia marina est un endosperme ayant des
haustéries formées durant le début du cycle embryonnaire
ou histodifférentiation. Une fois que la phase de croissance est
initiée, la suite du développement est extra-ovulaire. Par
conséquent, les graines mûres, sont entourées d'un
péricarpe (photo 4) qui provient entièrement de la paroi de
l'ovaire. Dès la fin de l'histodifferentiation jusqu'à ce que les
graines mûres soient abscissées, les cellules deviennent
très
30
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
vacuolées et contiennent de grandes quantités de
sucres solubles, qui constituent les principales réserves nutritives
(Farrant, et al. 1992). Le phellogène se développe
généralement vers la fin des semis de palétuviers. Les
cellules tannins sont présentes dans le tissu parenchymateux. Dans les
expériences avec six espèces de palétuviers, Khatiresan
et al. (1996) ont démontré que les plants ont des
caractéristiques particulières qui leur permettent de
tolérer l'inondation, l'oxydation et de faciliter la
pénétration dans la rhizosphère. Des lacunes assurent la
circulation d'air permettant la conservation de l'oxygène. Ce
phénomène alimente la mangrove et maintient le métabolisme
aérobie pendant les périodes d'inondation. Les variations de
cette fonction anatomique sont responsables de la tolérance au stress
hydrique des espèces.
3.5 Reproduction de la mangrove
Duke et al. (1992) ont décrit quatre
méthodes de reproduction des mangroves: viviparité,
cryptoviviparité, germination normale sur le sol et multiplication
végétative. La croissance des propagules est précoce,
continue et les semences demeurent attachées à la plante
maternelle. Leur adaptation à faible profondeur dans les habitats marins
est unique (Thomas et al. 1996). Chez les vraies espèces
vivipares, les propagules restent attachées à la plante
mère durant une année entière alors que les propagules des
cryptovivipares ne sont attachées que pendant 1 à 2 mois (Duke
et al. 1992). Les schémas de reproduction vivipare permettent,
aux propagules de développer une certaine tolérance à la
salinité avant d'être libérées de l'arbre parent
selon Smith S.M. et al. (1995). La période de reproduction des
mangroves dépend des conditions environnementales, stationnaires et peut
différer largement d'un sujet à un autre. La floraison
d'Avicenia africana a lieu 6 mois plus tôt en
Papouasie-Nouvelle-Guinée qu'en Australie du Sud ou en
Nouvelle-Zélande, selon Duke (1990). La durée de la floraison
à la fructification varie de 2 à 3 mois dans le site du nord
tropical et est étendue à 10 mois dans le sud des endroits
tempérés. La floraison semble être contrôlée
par la longueur du jour alors que la température de l'air fixe la
période de maturation des fruits.
3.6 Ecologie et Dynamique de la mangrove au
Sénégal
On distingue quatre principales espèces de
palétuvier17 dans la mangrove du Sénégal:
- Rhizophora mangle18
(palétuvier rouge) qui se retrouve sur des sols vaseux,
près du rivage ainsi que dans les lagunes et les chenaux à
l'intérieur de la mangrove. Le genre R. mangle est plus
17 Il
en existe deux autres espèces de palétuvier
(très rares) : Laguncularia racemosa et Rhizophora
harrissoni,
18
L'espèce de R. mangle est ciblée pour la
campagne de plantation de 2009. Cependant, il faut noter qu'il existe des
risques de confusion, des deux espèces de Rhizophora durant la collecte
des propaguleset durant les plantations.. Les propagules sont collectées
et mises en sacs par les populations. les sacs peuvent contenir les deux
espèces. Or dans le cadre du reboisement R. racemosa ne doit pas
être planté trop en amont du fleuve pour pouvoir avoir des taux de
reprise viables.
31
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
tolérante à l'immersion des marées et
à la salinité que le genre R. racemosa.
Cependant, lorsque la salinité devient trop importante (>50g/l), les
plantes restent naines et finissent par périr ou végéter
pendant des longues périodes. Dans des conditions optimales, le
genre mangle peut mesurer 30 m de haut. Au Sénégal, dans
les meilleures conditions écologiques ayant pu être
observées R. mangle dépasse rarement 4 m.
- Rhizophora racemosa (Palétuvier
rouge) est une espèce pionnière, poussant sur des
atterrissements récents, fréquemment inondés en face de la
mer ou le long des cours d'eau. Elle est moins tolérante à la
salinité que R. mangle et c'est la raison pour laquelle au
Bassin du Saloum, on la retrouve près de la mer. Elle
peut mesurer 30m dans les conditions optimales. Au Sénégal, dans
les meilleures hauteurs ont été observées au Bamboung et
avoisinent 9m
- Avicennia africana (palétuvier
blanc) est l'espèce la plus répandue sur les sols durs
(vieilles vasières), très salés et moins soumis à
l'influence des marées (exondés). C'est une espèce qui
requiert plus de soins lors des plantations (mise en place de nurseries au
préalable, protection contre les prédateurs). OCEANIUM a
expérimenté son reboisement en Casamance. Cependant aucune
étude n'y a été consacrée.
- Conocarpus erectus (palétuvier
gris) est peu abondant et ne se rencontre que dans les sols
sableux-argileux compacts, régulièrement drainés et
faiblement salés. Il est surtout fréquent aux abords des
plages.
Pour comprendre la dynamique de la mangrove durant la
période 1980 à 2006, nous avons exploité Corocran E.
et al. (2006)19. Les données fournies ont servi
à réaliser la courbe d'évolution de la surface
(km2) de mangrove en fonction des années (figure 1).
L'analyse de cette figure montre que la mangrove a régressé en
moyenne de 14,4% durant la période considérée. Cette
régression est due à la combinaison de facteurs que nous
étudierons au chapitre suivant.
19 mangroves of western and central Africa 92pp
32
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
Figure 1 : Evolution de la surface de mangrove de
1980 à 200620 3.7 Adaptation de la mangrove
3.7.1 Adaptation à une salinité
élevée
Les mangroves tolèrent très bien le taux de sel
élevé. On dit qu'ils sont halophiles ou plus exactement
halo-résistantes. Les palétuviers rouges (Rhizophoracae)
s'isolent du sel en ayant des racines imperméables qui se
tubérisent fortement, agissant ainsi comme un mécanisme
d'ultrafiltration (rhizophores) pour épurer le sel du milieu. L'eau des
sites peut contenir de 90 à 97% de sel selon les cas. Tout le sel qui
rentre dans la plante s'accumule dans les pousses et se concentre dans de
vieilles feuilles qui servent alors de hangar de stockage éloigné
dans les vacuoles des cellules végétales. Les palétuviers
blancs (Aviceniacae) ou gris (Conocarpus) peuvent
sécréter le sel par l'intermédiaire de glandes à
sel à la base des feuilles. Ce qui leur a donné leur nom
puisqu'elles sont couvertes de cristaux blancs de sel.
3.7.2 Adaptation aux marées
La mangrove est parfaitement adaptée au cycle des
marées qui sont une des sources d'énergie du système
écotonial particulier. Cependant, les palétuviers
réagissent différemment aux différents régimes de
marée. Dans les zones inondées on note la prédominance de
Avicenia, alors que les zones inondées par intermittence sont
colonisées par les Rhizophora (Saha et al. 1995). Or
durant la campagne de 2009, l'espèce de Rhizophora a
été la seule utilisée. Pour accroître son taux de
reprise, les sites prospectés ne doivent pas être constamment
immergés. En outre, les études
20 Corcoran E. et al (2006). Mangroves of Western and Central
Africa UNEP-WCMC Biodiversity series no 26, 92 pages
|
|
33
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
réalisées par Kathiresan, et al.,
(1996) sur la croissance de Rhizophora en zone de marée dans
l'estuaire sud de l'Inde ont montré que les propagules plantées
dans la zone intertidale ont connu une dynamique plus importante. Dans ces
milieux, le taux de reprise est de l'ordre de 98%. Des tendances similaires de
la survie et la croissance différentielle ont été
observés dans les mangroves du Qatar (Abdel-Razik, 1991) et de la
Nouvelle-Zélande (Osunkoya et al. 1997). Ellison et
al. (1993) ont étudié la survie et la croissance de
Rhizophora mangle et de Avicenia semés aux faibles
coefficients de marée basse (DFA), à la marée moyenne
(MW), et aux grands coefficients des hautes marées (RDD). Les
résultats ont montré que les plants de Rhizophora mangle
ont survécu dans le MW (69%) et DFA (56%) des traitements;
Avicenia a survécu à MW (47%), mais pas au DFA. Aucune
des deux espèces n'a survécu à la RDD. Les semis des deux
espèces ont subi deux fois plus de dommages des insectes dans le
traitement MW et dans le traitement de DFA. Au regard des résultats de
ces différentes études, nous pensons que la prospection des sites
à reboiser doit tenir compte de deux facteurs importants pour la survie
des plantations. Il s'agit de l'immersion des sites et de la salinité.
Sur ce registre, les sites destinés au reboisement ne doivent pas
être constamment immergés et doivent avoir une salinité
modérée. Le reboisement doit être effectué aux
heures de mi-marée basse. En effet, les résultats des
études ont montré que les plants reboisés aux heures de
marée haute subissent de forts taux de mortalité alors que ceux
reboisés durant les faibles coefficients de marée basse sont
attaqués par les insectes.
3.7.3 Adaptation à une faible oxygénation
du sol
Le sol de la mangrove est constitué de vase littorale,
un milieu souvent fortement anaérobie (sans oxygène), sauf quand
il s'agit de sable. La respiration des arbres est donc assurée
grâce à des organes complexes développés dans les
racines. Les palétuviers rouges ou Rhizophoracae peuvent vivre
dans les secteurs les plus inondés et poussent vers le haut au- dessus
du niveau d'eau avec des racines échasses. Ils peuvent
récupérer l'air par des fentes dans leur écorce
appelées lenticelles. Les palétuviers blancs ou
Aviceniacae vivent sur des terrains plus élevés et
produisent beaucoup de pneumatophores qui sont des racines
spécialisées poussant hors du sol vers le haut comme des pailles
pour la respiration. Les pneumatophores sont couverts de lenticelles qui
atteignent des tailles de 30 centimètres. Chez quelques espèces
les lenticelles atteignent plus de 3 mètres de haut. Il y a quatre types
de pneumatophores : échasse, droit, en arceau et en ruban.
3.7.4 Limitation des pertes en eau
En raison de la disponibilité limitée en eau
douce dans les substrats salés de la mangrove, les palétuviers
ont développé des mécanismes pour limiter la
quantité d'eau qu'ils perdent par leurs
|
|
34
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
feuilles. Celles-ci peuvent contrôlent l'ouverture et
l'orientation des stomates21 et réduisent
l'évaporation à la surface des feuilles.
3.7.5 Récupération de nutriments
Le plus gros problème auquel les palétuviers
font face est la récupération des nutriments dans le milieu.
Puisque le sol dans lequel les palétuviers vivent est
perpétuellement saturé en eau, il n'y a pas beaucoup
d'oxygène disponible. Avec ces faibles teneurs en oxygène, les
bactéries anaérobies produisent de l'azote sous forme gazeuse, du
fer soluble, des phosphates inorganiques, des sulfures et du méthane,
qui contribuent à l'odeur désagréable des marais à
palétuviers et rendent l'environnement hostile aux espèces
végétales. Afin de s'adapter à ces modifications, les
palétuviers développent des systèmes racinaires
échasses qui leur permettent de récupérer les gaz
directement de l'atmosphère et des divers autres aliments, comme le fer.
Ils stockent ainsi les gaz directement à l'intérieur des racines
de sorte qu'ils puissent être tout de même alimentés lorsque
les racines sont submergées pendant la marée haute.
3.7.6 Adaptation au sol
En plus de leur rôle respiratoire, les racines ont bien
sûr un rôle de fixation important. Elles permettent à la
plante d'assurer sa fixation au sol constitué de vases peu stables. Les
mangroves évitent ainsi l'érosion des côtes grâce
à leurs racines qui forment un rempart aux vagues et permettent de
retenir les alluvions provenant des cours d'eau.
3.8 Rôles de la mangrove dans le Bassin du
Saloum
3.8.1 Habitat pour de nombreuses espèces
animales et végétales
Les mangroves fournissent un habitat à de nombreuses
formations végétales (arbres, arbustes, épiphytes,
fougères, algues, champignons, lichens) mais également à
un nombre important d'espèces animales (EPEEC, 1983). La faune de ces
forêts et de leurs composantes aquatiques comprend des oiseaux, des
reptiles, des amphibiens, des poissons, des crustacés, des mollusques
ainsi que des insectes et d'autres invertébrés aquatiques et
terrestres. Toutes les régions de I'écosystème peuvent
servir d'habitat : les racines aériennes, la boue et les canaux
sillonnant.
Les mangroves jouent un rôle important en tant que
pouponnière pour de nombreux organismes aquatiques, principalement parce
qu'elles possèdent une abondance de nourriture et de cachettes pour
leurs juvéniles. Plusieurs organismes passent les premiers stades de
leur vie dans les peuplements de mangroves pour migrer ensuite vers les
récifs coralliens ou la haute mer. C'est
21 Pores microscopiques qui se voient dans
l'épiderme des plantes et qui servent uniquement à la respiration
de la plante
35
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
d'ailleurs la présence de ces juvéniles et de leurs
migrations qui attire des poissons prédateurs et carnivores qui se
trouvent également dans les mangroves (Farrant et al., 1992).
3.8.2 Protection des côtes
Les chercheurs se sont beaucoup intéressés
à la capacité des mangroves de fixer les sédiments
grâce à leur système racinaire pour ainsi contribuer
à la formation de sol. En général, il semble que les
mangroves contribuent à la formation de sols dans les endroits où
les sédiments auraient tendance à s'accumuler, même si les
rives n'abritaient pas de végétation. Toutefois, elles aident
à stabiliser ces sédiments et à diminuer le mouvement des
rives. Sur les côtes sujettes aux violentes tempêtes tropicales,
elles servent de tampon en ralentissant les vents et en diminuant la force des
vagues lors des ouragans et des typhons (Tomlinson, 1986). Même lors des
temps relativement calmes, les mangroves servent de brise-lames et retiennent
les sédiments avec leurs racines. Cette faculté des mangroves
protège les rives contre l'érosion. Mazda et al. (1997) ont
montré l'importance des mangroves dans la protection des côtes.
3.8.3 Production de ressources halieutiques et
ligneuses
Il existe une relation indirecte entre les mangroves et Ia
pêche côtière. Les mangroves procurent des
éléments nutritifs aux communautés marines. Elles peuvent
servir d'habitat pour certaines des espèces exploitées lors de
moments critiques de leur développement ou encore supporter directement
certains organismes comme des huitres ou autres mollusques qui vivent sur les
racines des arbres (photo 2). De plus, les mangroves stabilisent Ia rive et
filtrent les eaux, réduisant ainsi la pollution et les sédiments
dans les eaux côtières (Tomlinson, 1986). Les forêts de
mangrove sont souvent exploitées pour leurs ressources ligneuses (photo
5), même si elles n'occupent généralement qu'une faible
partie du territoire forestier d'un pays. Le bois de certaines espèces
(Rhizophoracae) possède des propriétés
désirables telles une forte densité et une durabilité
(résistance aux insectes ou aux animaux marins), ce qui le rend utile
dans la construction des habitations. Une grande partie du bois
récolté est utilisé localement, directement comme perches
ou bois de feu. Certaines espèces de mangroves ont été
intensivement exploitées à cause de la concentration
élevée en tannins de leur écorce, lesquels étaient
utilisés dans le traitement du cuir.
3.8.4 Fixation du dioxyde de carbone (CO2)
Les forêts de mangrove, comme les autres forêts,
fixent le dioxyde de carbone contenu dans l'atmosphère. Elles
contribuent donc à réduire la concentration de dioxyde de carbone
dans l'atmosphère, un rôle important face à la menace de
l'effet de serre. En effet, les plantes font partie intégrante du cycle
biogéochimique du carbone. Par l'intermédiaire de la
photosynthèse, elles fixent le dioxyde de carbone en composés
chimiques complexes. Le carbone est ensuite rejeté dans
36
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
l'atmosphère par la respiration cellulaire lorsque
l'énergie de ces composés chimiques est utilisée
directement par l'organisme qui les a fabriqués ou indirectement par des
consommateurs ou des décomposeurs. Le carbone peut également
être libéré lorsque les arbres, ayant stocké du
carbone dans leur bois pendant très longtemps, sont
minéralisés. La combustion convertit les molécules
organiques en dioxyde de carbone et en eau, en dégageant de la chaleur
et de la lumière (Kaythiresan et al. 1996).
|
|
37
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
CHAPITRE 4 : ANALYSE ET DISCUSSION DES RESULTATS 4.1 Localisation
administrative des sites reboisés
Durant la campagne de reboisement de 2009 OCEANIUM a
mobilisé 48 villages dans les quatre départements que constitue
le Bassin du Saloum. La moyenne par département est de douze villages.
Cette moyenne cache de nombreuses disparités entre les
départements. En effet plus de la moitié (58%) des villages qui
ont participé sont localisés dans la région de Fatick,
douze villages dans chacun des départements de Nioro du Rip et de
Mbour.
Figure 2 : Proportion des Villages ayant
reboisés en fonction des départements 4.2 Cours
d'eau (bolongs) riverains des sites reboisés
Pour avoir une idée des cours d'eau riverains des
différents sites reboisés, les populations ont été
invitées à fournir des informations sur l'identité des
bolongs situés à leur proximité. Au total 89% des bolongs
portent le nom des villages, 7% des bolong ont des noms historiques ou
liés à la présence d'un animal ou à un totem et 4%
des bolongs ne sont pas nommés. Nous venons de voire dans l'étude
des activités sociales et économiques de la zone d'étude
que les populations du Bassin du Saloum sont globalement des pêcheurs
(Ndour, 2005). Elles se sont installées près des villages qui
leurs fournissaient de grosses prises et leurs ont donné à leur
village le même nom que les sites de pêche. C'est ainsi que la
plupart des bolongs ont porté le nom des villages riverains.
4.3 Historique du Site Reboisé
4.3.1 Présence antérieure de la Mangrove
sur le site reboisé
Pour reboiser un site, il convient de connaître les
raisons qui ont favorisé la dégradation ou la disparition de
la végétation naturelle. Dans cette logique, nous avons
interrogé les populations
|
|
38
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
âgées de trente à soixante dix ans sur
l'existence antérieure de la mangrove sur le site reboisé. Les
résultats ont montré que tous les sites reboisés en 2009
abritaient antérieurement de la mangrove. Cependant cette mangrove a
été victime de diverses formes d'agressions
(étudiées dans la section 4.3.3) et ayant entrainé sa
dégradation.
4.3.2 Périodes de la dégradation de la
mangrove
Selon 87% des personnes couvertes par les enquêtes, la
période de dégradation de la mangrove remonte à la
période de 1970 et 1973. Durant cette période, la
sécheresse a entrainé une baisse du bilan hydrique et
accentué la salinité. Ce qui a permis à EPEEC (1982) et
à Diatta et al. (1981) de lier la dégradation de la
mangrove du Bassin du Saloum essentiellement à la diminution des apports
d'eau douce et à la salinisation. Ces auteurs ne négligent pas
cependant l'action anthropique (recherche d'huitres, perches) dans la
dégradation de la mangrove.
4.3.3 Causes de la Dégradation de la
mangrove
Dans la section 4.3.2 nous avons un peu relaté une des
raisons de la disparition de la mangrove dans le bassin du Saloum. Par
ailleurs, les populations ont soutenu que la disparition de la mangrove est due
à trois causes principales dont les origines naturelles, humaines et
climatiques.
4.3.3.1 Causes naturelles de la disparition de la
mangrove
Si les chercheurs et toutes les personnes couvertes par les
enquêtes sont unanimes sur la large contribution de la sécheresse
à la disparition de la mangrove, il faut cependant noter des
variabilités sur les autres aspects tels que le manque de propagules, la
dégradation du sol, la salinité, les maladies et les attaques
d'insectes. En ce qui concerne le manque de propagules nous avons
constaté durant nos travaux de terrain que les propagules
reboisées à Joal et à Mandéra sont
récoltées dans la CR de Missirah. La distance entre les lieux de
production des semences et les sites de reboisement est de soixante dix
kilomètres. Les semences sont conditionnées dans des sacs et
transportées par les véhicules de liaison d'OCEANIUM. Ces
véhicules passent quelques fois trente six heures de pistes pour relier
les deux zones. Cette raison de manque de propagules est soutenable en ce qui
concerne la disparition des mangroves. Cependant nous pensons que le manque de
propagules peut être relativisé en ce qui concerne la disparition
de la mangrove. En effet nous avons vu dans l'étude de l'origine de la
mangrove à la section « 3.2 origine et distribution des
Rhizophoracae » que la mangrove est originaire de la
région Malayo-Polynésienne et est transportée sur les
côtes Ouest Africaines par les courants marins. Or la distance entre
Missirah et Joal ou entre Missirah et Mandéra est insignifiante par
rapport à celle de la zone d'origine de la mangrove à l'Afrique
de l'Ouest. Par ailleurs entre Missirah et Mandera ou Joal les cours d'eau
sont
|
|
39
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
continus donc les propagules peuvent être
transportées par les courants de Missirah à Joal ou à
Mandéra. En plus, les graines de mangrove sont vivipares22,
leur germination commence sur l'arbre lui-même. La viviparité est
une adaptation qui prépare les semis à la dispersion de longue
distance, la survie et la croissance dans un environnement salin.
Photo 5 : Tas de Rhizophora exploité (ph. P BALDE
Selon 82% des populations couvertes par les enquêtes la
disparition de la mangrove est due à l'effet conjugué de
l'augmentation de la salinité et de l'ensablement des vasières.
En effet, les villages situés en amont de Foundiougne avaient sur les
rives de chenaux la mangrove tellement touffue que les villageois ne pouvaient
discerner les plans d'eau. La hauteur de la formation était de 2
à 4 m et la largeur de 200 m. Le déficit de pluie depuis les
années 70 a fait disparaître la mangrove d'année en
année et elle a été presque anéantie aux
années 80. La mangrove dans les îles près de l'océan
ne subit pas une dégradation importante jusqu'aujourd'hui. Malgré
tout, on constate la restauration de mangrove dans de nombreux villages des
îles depuis quelques années suite à la normalisation des
précipitations. La moyenne des précipitations annuelles de 1967
à 1996 à Kaolack, (557 mm) étant diminuée de 29 %
par rapport à celle de 1937 à 1995 (784 mm), la moyenne de 1997
à 2000 présente une amélioration (6441mm).
L'alimentation en eau douce du Bassin du Saloum est déficitaire.
L'importance de l'évaporation par rapport aux précipitations
entraine la sodification. Les résultats des mesures de salinité
faites dans le cadre de la présente étude ont montré que
la salinité devient de plus en plus élevée à partir
de l'embouchure du fleuve vers l'amont. La mangrove a fortement
régressé sur les vasières ensablées situées
aux parties intérieures et sur les rives de la partie continentale
où sont développées les cultures.
L'élévation du niveau de vasière due à
l'entassement de la terre et du sable entraîne la réduction du
temps de submersion de Rhizophora et la solidification de
vasière. Ces changements ont pour conséquence l'augmentation de
la mortalité et la difficulté de
régénération naturelle des Rhizophoracae.
4.3.3.2 Causes anthropiques de la disparition de la
mangrove
Malgré l'interdiction de la coupe de palétuviers
sur pied par la législation forestière, les populations
exploitent la mangrove. 68% des personnes couvertes par les enquêtes ont
relaté que les poutres de leurs cases sont faites de tiges de mangrove,
en plus 83% témoignent que la mangrove sert de bois de chauffe
consommé à la cuisine (photo 5). A part ces utilisations, le bois
de mangrove est
22 Contraire de ovipare, dont la reproduction se fait
par les oeufs. La propagule naît vivante et déjà
formée.
1 « Dynamique de l'écosystème de mangrove et
contribution à l'élaboration de stratégies de restauration
dans les îles du Saloum » (Sada KANE, 1998-1999)
40
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
énormément consommé pour le fumage de
poissons ou pour la transformation de coquillages dans la zone de Joal. Dans le
passé, le bois de mangrove a été beaucoup utilisé
pour la fabrication du ciment de coquille dans les îles.
Le bois de Rhizophora grâce à ces
caractéristiques technologiques (résistance, dureté) est
plus exploité que celui d'Avicenia. Des branches de
Rhizophora sont coupées dans les peuplements riverains des
villages mais, selon les populations, la coupe de tiges est rare. Il est ainsi
difficile de constater des traces de coupe à la vue de
l'extérieur de la formation de mangrove. Dans la partie insulaire, des
villageois vont en petite pirogue chercher du bois dans des endroits
éloignés du village.
Dans les îles du delta, les effets climatiques de
dernières décennies auraient été minimes et des
impacts de la coupe de palétuviers sont atténués par le
fait que des branches se dressent à la place des tiges abattues et la
régénération naturelle comble facilement des vides
créés. Par contre sur le côté nord du Saloum et la
zone située entre Foundiougne et Sokone, les effets climatiques
combinés avec l'exploitation par les populations locales ont
accentué la régression de la mangrove. A la coupe des
palétuviers s'ajoute la construction des voies de communication
édifiées par remblayage réduisant le passage d'eau. Certes
les couloirs d'eau sont réalisés, mais ils sont peu nombreux,
trop étroits et leurs fonds sont souvent surélevés pour la
circulation libre des eaux. L'eau est isolée en amont de chenaux au
moment de la marée basse et sa salinité s'élève.
Ainsi la mangrove se voit mourir. Selon les populations, à Palmarin la
construction de la piste a arrêté la circulation des eaux de mer
et a tué de nombreux palétuviers. Après la construction du
pont, la circulation a repris et la forêt de mangrove suit la voie de
restauration grâce à la régénération
naturelle.
4.3.3.3 Causes climatiques
Les forêts de mangrove représentent quasiment 6%
des écosystèmes et stockent 25% du carbone présent dans la
biosphère23. Par ailleurs, les écosystèmes de
mangrove fournissent d'abondants produits forestiers ligneux (photo 5) et non
ligneux (tannins) et des services associés (exploitation
d'huîtres, de perches). Outre qu'elles répondent aux besoins en
produits ligneux des populations dans des zones littorales, les forêts de
mangrove offrent un riche habitat pour la pêche et l'aquaculture. Elles
protègent également les zones littorales des tempêtes
tropicales, de l'érosion et offrent des sites de reproduction à
un grand nombre d'animaux sauvages (Chapman, 1976). Toutefois, les formations
tropicales en général et la mangrove en particulier sont
sensibles au changement climatique.
23
http://www.fao.org/docrep/V5240F/V5240fOa.htm
Le changement du régime des températures influe
sur les précipitations et les aires de répartition naturelle des
espèces de mangrove (Ndour, 2005). Avec le réchauffement de la
terre, la mangrove tend à déplacer son aire vers des latitudes et
des altitudes plus basses. Les déplacements des aires naturelles de la
mangrove pourraient être réduits pour plusieurs raisons.
Premièrement, il semblerait que le climat pourrait changer plus vite que
certaines essences de mangrove (Rhizophora sp) ne peuvent
réagir par migration. Deuxièmement, les caractères
édaphiques des nouveaux sites ne sont pas toujours adaptés
à cette migration. Enfin, les zones climatiques futures, en provoquant
le déplacement des palétuviers, ne correspondraient pas aux zones
de développement de la mangrove et aux modes de gestion des
écosystèmes (Fall M., 2000). Dans cet ordre d'idée, des
études récentes ont révélé que le changement
climatique pourrait influer sur la répartition et l'abondance des
forêts de mangrove.
Par contre, Doyen A (1977) ne partage pas cette opinion. Selon
lui, rien ne permet d'affirmer que la mangrove puisse disparaître
à cause du changement climatique. Il soutient que la mangrove est fixe
et doit compter sur la viviparité qui permet la dispersion des semences
à partir de zones qui ne sont plus favorables vers de nouvelles zones,
d'où un déplacement progressif de leurs aires naturelles. Il
estime que les propagules ont de vastes aires de répartition
géographique donc ont plus de chances de survivre au changement
climatique. Or nous venons de voir dans la répartition de la mangrove
qu'elle est largement distribuée. Nous pouvons donc penser que la
dynamique de leur écosystème est peu tributaire aux actions
naturelles qu'anthropiques.
4.4 Genèse du reboisement de la mangrove dans le
bassin du Saloum
Les ONG (UICN, WAAME24, CAREM, FIOD, etc.) ont
initié et appuyé l'activité de reboisement de
Rhizophora dans plusieurs villages depuis 1995. De 1997 à 2001
ces organismes ont globalement couvert 420 ha, alors qu'en une campagne
OCEANIUM a réalisé 247 ha. Ce résultat de l'ONG OCEANIUM
est du à la combinaison de plusieurs facteurs dont les prospections, les
cinéma-débat, et les formations des planteurs. En marge des ONG,
la Yungar a fait quelques essais de plantation de Rhizophora à
Mar Lodji et ailleurs. Le PAGERNA25 a mis en oeuvre à Sadioga
une plantation de mangrove en vue de pallier des dégâts de
salinisation. Les services administratifs ne sont pas en reste. Nous avons
ainsi relevé l'appui de la DEFCCS et la DPN aux efforts de reboisement
de la mangrove particulièrement dans les îles.
24 West African Association for Marine Environment
25 Programme de Gestion des ressources Naturelles du
Sine Saloum
4.5 Plantations de Rhizophora
Nous avons visité des plantations majeures afin de
vérifier le taux de reprise et l'état de croissance. Le
développement de ces plantations est différent d'une
localité à une autre. Il est généralement
satisfaisant, néanmoins nous avons remarqué des sites dans
lesquels la dynamique est compromise. Cette situation est essentiellement due
à la surélévation de la vasière, l'ensablement des
sites, la sodification et les empiètements du bétail.
Géographiquement ces sites sont localisés dans la région
de Fatick plus généralement dans les CR de Fimela, Djilor,
Dionewar, Bassoul et Djirnda.
4.6 Situation actuelle du site reboisé 4.6.1
Immersion et présence de la mangrove
Durant les travaux de terrain nous avons constaté que
tous les sites reboisés présentent la mangrove naturelle. Par
contre la régénération naturelle n'est observée que
dans 7% des sites reboisés et est constituée de plusieurs
espèces. Parmi ces espèces constituant la
régénération naturelle, 92% des personnes
interrogées estiment que le genre Rhizophora est dominant. Or
cette espèce a été utilisée durant le reboisement,
ce qui nous amène à penser que les propagules reboisées
trouveront dans le milieu des conditions favorables à leur
développement. Par contre, la faiblesse du taux de la
régénération naturelle montre que les sites
reboisés ne peuvent se reconstituer naturellement. Donc l'intervention
du projet pilote OCEANIUM pour les restaurer est justifiée.
L'incapacité des sites à se reconstruire est un critère
pour admettre les sites reboisés au mécanisme de
développement propre.
Par ailleurs, l'observation des plantations
précédentes a montré que certains reboisements rencontrent
d'énormes contraintes. Parmi celles-ci nous avons noté
l'insuffisance des apports d'eau. En effet, au-delà des facteurs
édaphiques, la mangrove s'adapte dans des stations immergées
quotidiennement durant quatre heures. Or les mesures ont été
faites durant la saison pluvieuse à marais basse. Malgré le
niveau de la marée, nous avons remarqué que tous les sites
étaient immergés. En outre, nous avons demandé aux
populations quant à l'immersion des sites pendant la saison
sèche, ces dernières ont unanimement répondu positivement.
La durée minimale d'une marée est de quatre heures et correspond
aux besoins hydriques de la mangrove. Donc qu'il s'agit de la saison pluvieuse
ou sèche les semis serons immergés quotidiennement durant au
moins quatre heures.
4.6.2 Origine et port de la mangrove présente sur les
sites reboisés
|
|
43
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Dans les sites reboisés, nous avons
généralement rencontré trois espèces : les
Rhizophoracae, les Aviceniacae, et les Laguncularia.
L'âge de ces formations dépasse trente ans. Or nous avons vu dans
la section « Genèse du reboisement de la mangrove dans le bassin du
Saloum » que L'UICN et la CAREM ont été les premières
structures à appuyer le reboisement de la mangrove et leur initiative
n'a commencé qu'en 1995. Ce qui justifie les informations recueillies
auprès des populations locales. En effet ces dernières sont
unanimes que la mangrove présente sur les sites est naturelle.
Quant au port, il varie en fonction des espèces. Pour
caractériser le port de chaque site nous avons pris en
considération l'espèce dominante. Les mesures
dendrométriques ont été réalisées sur les
peuplements naturels dominants et ont montré que la mangrove naturelle a
un port arborescent, caractéristique des Rhizophora. Le port
arbustif est composé d'Avicenia alors que celui-ci sous
arboré est représenté par Laguncularia
racemosa.
4.6.3 Caractéristiques pédologiques des
sites reboisés
Photo 6 : Présence du Poto Poto sur un site à
Saboya (photo P. BALDE)
4.6.3.1 Contenance du sol
Pour avoir une idée sur la contenance du sol des sites
reboisés, nous avons prélevé et envoyé des
substrats au laboratoire de pédologie. En plus des résultats
d'analyse du sol, nous avons interrogé les populations sur la
présence de la vase ou du sable dans les sites reboisés. Nous
avons aussi observé la contenance des sites durant les travaux de
terrain. La (photo 6) renseigne sur les caractéristiques
pédologiques des sites reboisés. Le reboisement est
réalisé sur des sols vaseux, noirs, caractérisant la
présence de l'humus. Celui-ci favorise la cohésion entre les
particules et le développement de la mangrove. Ces sites ont
été choisis par les populations.
4.6.3.2 Salinité des Sites reboisés
Nous avons effectué des mesures de salinité sur
le terrain. La salinité est un critère déterminant dans la
classification des sites dans les différents codes couleurs. En mesurant
la salinité, nous avons obtenu la quantité totale de
matières dissoutes ou TDS. Le TDS exprime la masse de sel dissoute dans
un litre d'eau. C'est donc le nombre de particules pour 1000 ou ppt (parts per
thousand). Ainsi la couleur affecté à un site dérive en
plus des constats écologiques de la mesure
|
|
44
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
de la salinité. En fonction du Taux de Matières
Dissoutes et des caractéristiques pédologiques, quatre
catégories de sites ont été définis. Il s'agit :
- des Sites Verts : les sites verts sont
qualifiés de très favorables pour la
croissance des Rhizophora. Le taux de salinité est
modéré (< 34 ppt). Le sol est vaseux et le site est
immergé par les marées hautes lors de la saison sèche et
présente un taux élevé de
régénération naturelle, d'arbres matures et sains de
Rhizophora mangle. Le bilan des tentatives de reboisements
précédents est très positif. La plupart des sites verts
sont rencontrés dans le département de Nioro du Rip.
- des Sites Jaunes : les sites jaunes sont
qualifiés d'acceptables (favorables) pour la
plantation des palétuviers. Le taux de salinité y est compris
entre 35 et 55 ppt. Le sol argilo-sablonneux est compact. Le pH est faible
(<5,5) et le sol est immergé en marée haute lors de la saison
sèche. On y note la présence de mangroves matures de taille
réduite (port arbustif 2m), une faible croissance des plantes et la
régénération naturelle y est limitée. La
densité du peuplement de Rhizophora et d'Avicennia est
équivalente. La plupart des sites jaunes sont rencontrés dans le
département de Mbour (voir carte ci-dessous)
Carte 2 : Sites Jaunes de Fadial Fadiouth (Source :
données GPS terrain)
45
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
- des Sites Oranges : les sites
affectés de la couleur orange sont peu favorables
pour le reboisement. Le taux de salinité est importante
(> 55 ppt), le sol est sablonneux ou argileux et compact. Son acidité
du sol est élevée (pH< 4). Cette zone est rarement
immergée en saison sèche et la durée d'immersion est
très courte. La régénération naturelle de
Rhizophora est faible ou complètement absente. L'espèce
dominante est Avicennia. L'état sanitaire des
palétuviers est mauvais (arbres de faible taille, clairsemés,
buissonnants). Certains de ces sites présentent un taux
élevé de maladies et de parasites (araignées et
bernacles). Les surfaces reboisées dans les sites oranges ne sont pas
pris en compte dans le calcul des surfaces admissibles au MDP.
- des Sites Rouges : les sites rouges
correspondent à des zones qualifiées de non
favorables pour la croissance et la survie des Rhizophora.
Ces zones sont fortement dégradées et le sol a
été modifié chimiquement par la sécheresse (sols
sulfatés-acides). Le taux de salinité est très
élevé (> 68 ppt). Les Sites sont peu soumis à
l'influence des marées ou entièrement situés à
l'étage supratidal. Ce sont des sites qui peuvent, soit être
entièrement dépourvus de végétation soit
présenter des peuplements clairsemées d'Avicenia. Sur le
plan de la dynamique, les plantations observées dans ces sites ont un
bilan très négatif (le taux de survie des propagules < 5%).
Dans le bassin du Saloum aucun site reboisé n'a été
classé dans le code couleur rouge.
Au regard de ces critères, sur les 314 sites
globalement suivis, 66,33% sont verts, 27,21% jaunes et seulement 6,46% sont
oranges. En combinant les critères écologiques et de
salinité aucune parcelle reboisée dans le bassin du Saloum n'a
été classée dans la couleur rouge. En d'autres termes
aucun site n'est défavorable. Ceci a été
réalisé grâce à la connaissance des populations et
aux renforcement de capacité qu'elles ont subi durant les travaux de
sensibilisation, de formation et d'encadrement au moment de la
préparation de la campagne de reboisement de la mangrove. Par ailleurs
on sait que les sites verts et jaunes d'une proportion de 93,54% sont
éligibles dans le cadre du Mécanisme de Développement
Propre.
4.6.4 Surfaces reboisées et écartements
dans le Bassin du Saloum
Les surfaces reboisées durant la campagne de 2009 ont
été obtenues par mesure à l'aide du Global Positionning
System. Les différents paramètres du GPS ont été
mentionnés dans le tableau 1. Dans le cadre des mesures de surface, avec
le menu marque du GPS, nous prenons d'abord un point à la
périphérie du site reboisé et puis avec le menu trace et
calcul de zone, nous faisons son tour.
|
|
46
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Figure 3 : Evolution des surfaces reboisées
par Département
Les mesures sont ensuite transférées dans le
logiciel Map source. A partir du logiciel Map source et en rapport avec les
constats écologiques et les mesures de la salinité relevée
sur le site, nous lui affectons une couleur. Ensuite les fichiers Map source
sont transférés sur Google Earth et transmis au Comité
Français de l'UICN chargé du suivi scientifique du reboisement
des plantations de l'OCEANIUM.
Photo 7 : Traitement des données map source et transfert
sur Google Earth (ph. Pathé BALDE)
Les résultats des mesures sont présentés
dans la section « localisation administrative des sites reboisés
». Par ailleurs les surfaces reboisées par départements
varient en fonction des sites et la figure 4 nous renseigne que les plus
grandes surfaces ont été successivement obtenues dans le
département de Foundiougne, Mbour, Nioro du Rip et Fatick. En lisant ces
résultats nous nous sommes posés un certain nombre de
questions.
Tout d'abord, nous avons essayé de voir la relation
entre la mobilisation des villages et l'état de la dégradation
de la mangrove riveraine. Dans un second temps, nous nous sommes
intéressés à la relation entre la surface
reboisée et la dégradation de la mangrove. Enfin nous avons aussi
cherché
47
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
la relation entre le nombre de sites reboisés par
département et la dégradation de la mangrove. En somme ces
questions sont liées d'une part à la participation et le nombre
de sites reboisés et d'autre part aux surfaces reboisées par
département.
Par rapport à la relation entre le niveau de
dégradation de la mangrove et la participation des villages, plusieurs
hypothèses ont pu être formulées. En effet, nous avons vu
que le nombre de villages ayant participé dans les départements
de Mbour et de Nioro du Rip était égal. Or la surface
reboisée par les populations de Mbour est le double de celle
reboisée par les populations du département de Nioro du Rip. Les
reboisements sont précédés de la prospection des sites par
l'équipe d'OCEANIUM et les populations. Le nombre de villages
nécessaires peut être estimé pour reboiser les sites de
chaque département. Nous avons vu que les populations de Joal se
déplaçaient jusqu'à Ngoussé Diohé, à
Ndoubab ou à Fassanda pour prospecter et reboiser des sites. La
participation est donc motivée par des raisons environnementales et
économiques puisque chaque sortie pour le reboisement est
rémunérée et les déplacements des planteurs pris en
charge.
La seconde question était de savoir si la surface
reboisée par département était fonction du niveau de
dégradation. Nous pouvons dire que dans une large mesure les surfaces
reboisées sont fonction du niveau de dégradation de la mangrove
de chaque département. En effet, nous avons remarqué que le
département de Mbour a obtenu plus de surface que celle reboisée
dans le département de Nioro du Rip alors qu'il présentait un
nombre de sites inférieur à celui de Nioro du Rip. Par ailleurs,
le département de Nioro du Rip avec 86 sites reboisés n'a pu
couvrir que 25,38 ha alors que le département de Mbour avec un nombre de
sites inférieur a atteint 63,69 ha reboisés. Nous constatons
ainsi que le rapport de surface est plus grand que celui des sites. Nous
pouvons ainsi conclure que la surface n'est pas fonction du nombre de sites
reboisés mais plutôt du niveau de dégradation de la zone.
Cette conclusion peut être vérifiée par la
corrélation entre la surface et le nombre de site dans la courbe
intitulée « variation de la surface par Département en
fonction du nombre de site ». Cette courbe montre que la
corrélation entre le nombre de sites et la surface reboisée est
faible (figure 3).
Enfin notre dernière interrogation au regard des
résultats était de voir si le nombre de sites reboisés est
lié à la dégradation de chaque zone donc à la
surface reboisée par chaque département. Pour étudier
cette relation, nous avons réalisé l'histogramme de variation des
sites et des surfaces en fonction de chaque département (figure 4) et
déterminé la corrélation entre les surfaces et les
départements (figure 3). La valeur du coefficient de corrélation
R2 = 0,71 qui lie la surface reboisée et le nombre de sites
dans chaque département est faible. Ainsi, nous avons
vérifié que le nombre de sites n'influe pas sur la surface
reboisée (figure 4). Par ailleurs, nous venons de voir que pour une zone
quelconque, la participation au reboisement n'est pas une fonction de la
dégradation.
48
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
Donc dans le bassin du Saloum, la participation n'influe pas sur
la surface reboisée. Aussi nous avons montré que la surface
reboisée n'est pas liée non plus au nombre de sites.
Dans le bassin du Saloum, OCEANIUM a reboisé durant la
campagne 2009 environs 6 millions de propagules ce qui devait
théoriquement correspondre à 1054 ha. L'équipe du
Comité Français de l'UICN a mesuré en somme 247,02 ha soit
23,42% des surfaces estimées par OCEANIUM. Plusieurs raisons peuvent
justifier l'écart entre les surfaces estimées et celles
mesurées.
Photo 9 : sacs de propagules posées à Koular (Ph. P
BALDE)
La première raison est liée à
l'unité « sac ». Les chiffres obtenus de l'OCEANIUM font
état de 3416 sacs reboisés. L'équipe d'OCEANIUM estimait
la contenance d'un sac à 1503 propagules. Or les propagules sont
collectées par les populations qui reçoivent une gratification
par unité de sac. Et quelques fois les populations collectent, reboisent
les propagules et communiquent à la base d'OCEANIUM les chiffres.
L'autre biais est lié au fait que le nombre de sac est
dénombré avant tris des propagules. Or les dates de semis sont
fonction du calendrier cultural des populations locales. En d'autres termes,
les reboisements sont effectués durant les dates de repos
champêtres. Il arrive ainsi que les propagules séjournent durant
plusieurs jours sans être replantées. Ce qui entraîne de
fortes mortalités de propagules. Avant de les semer, les planteurs
procèdent d'abord à leur tri (photo 10) pour enlever les
mauvaises propagules. Cette raison est à l'origine de la
différence entre le nombre de propagules estimées par sac avant
tri et celui semé après tri.
Photo 10 : Tris de propagules à Koutango (phto P.
BALDE)
Photo 11 : Ecartement à Koular (ph. P. BALDE)
La troisième raison est liée à
l'écartement dans les plantations. Nous avons vu que la
corrélation entre la surface et le nombre de propagules est très
forte (R2= 0,98). Statistiquement la valeur élevée de
(R2 = 0,98) montre que les densités sont uniformes à
98%. Donc sur 100 sites choisis au hasard, on retrouve les mêmes
densités les 98. La densité est quasiment uniforme dans tous
les
50
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
sites reboisés. Nous venons par ailleurs de montrer que
le nombre de propagules plantées sur l'hectare pouvait suffire à
planter cinq hectares. Donc la densité est très forte et
constitue un manque à gagner pour le cahier de charges de l'ONG
OCEANIUM. Toutefois, les populations trouvent des explications au reboisement
à forte densité. Selon elles, en reboisant à une
densité de 2m2 par plant la mort d'un sujet entrainera de
grands écarts. Donc elles préfèrent reboiser à des
écartements très réduits (photo 11) pour que le taux de
reprise ne soit pas affecté par des cas de mortalité. Ainsi nous
remarquons des différences significatives entre la surface
estimée par l'équipe d'OCEANIUM et la surface plantées et
mesurée.
Une autre raison peut être liée aux erreurs de
mesures. En effet les populations reboisent quelques fois de petites portions
dans la mangrove adulte. Or l'objectif du reboisement du projet est
d'élire les sites reboisés au MDP. Pour cela il faudrait que les
sites reboisés atteignent la surface minimale définissant la
forêt au Sénégal. Cette surface doit être au moins
égale à 0,05 ha. Donc au regard de ce barème de la
forêt, nous pouvons déduire que les surfaces reboisées
inférieures à 0,05 ha ne seront pas prises dans le calcul des
surfaces éligibles au MDP.
La combinaison de ces quatre raisons justifient la
différence entre les surfaces estimées par OCEANIUM et celles
mesurées sur le terrain.
4.6.6 Taux de Mortalité
4.6.6.1 Impact de la salinité sur la
Mortalité
Sur les sites identifiés lors de l'étude de la
densité (section 4.6.5 densité des sites reboisés, nous
avons dénombré le taux de reprises des propagules
plantées. Nous avons remarqué des mortalités aussi bien
dans les sites favorables que dans ceux peu favorables. Alors, nous n'avons pas
pu lier la mortalité ni à la densité ni à la
salinité. Nous avons ainsi procéder à une étude sur
24,7 hectares représentant 10% de la surface totale reboisée dans
les quatre départements (Mbour, Fatick, Foundiougne et Nioro du Rip).
Nous avons proportionnellement distribué cette surface entre les
surfaces vertes, jaunes et oranges. Ce qui nous a donné globalement 14
hectares dans les sites verts, 9,1 hectares dans les sites jaunes et 1,5
hectare dans les sites oranges. Ces surfaces ont été à
leur tour proportionnellement réparties entre les trois régions.
Nous avons ainsi obtenu 6,3 hectares dans le Département de Mbour, 2
hectares dans le Département de Fatick, 13,8 hectares dans le
département de Foundiougne et 2,5 hectares dans le département de
Nioro du Rip. Dans chaque département, nous avons choisi des sites
verts, jaunes et Oranges pour couvrir la surface à étudier. Les
données numériques obtenues ont été traitées
avec le logiciel XLSAT.
Les résultats sont présentés sous forme de
tableau et de graphique. Les tableaux relatent l'analyse de la variance, du
paramètre de modèle, des coefficients normalisés et des
différences entre les
modalités avec un intervalle de confiance de 95% avec le
Test de Tukey, le Test de Fisher et le Test de Newman-Keuls. Le tableau
ci-dessous analyse (tableau 2) la variance du modèle.
Tableau 2 : Analyse de la Variance
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr
> F
Modèle 2 18,152 9,076 2,224 3,001
Erreur 19 14,107 0,742
Total corrigé 21 32,259
L'analyse de ce tableau montre qu'au seuil de signification
á=5%, la valeur de F est égale à 2,224 et la valeur de p
(p=3,001) qui se trouve sous l'entête significance F indique que
l'hypothèse nulle H0, â0=0 peut être rejetée,
et donc que la relation entre la salinité et la mortalité des
propagules plantées est significative.
L'utilisation de la valeur de t, égale à 2,660
dans le tableau 3 (analyse du paramètre du modèle) et la valeur
de p qui lui est associée, égale à 3,001 aboutit à
la même conclusion. Il en découle ainsi que la relation entre la
mortalité des propagules reboisées et la salinité des
sites est significative.
Tableau 3 : Analyse du Paramètre du
modèle
Constante 2,200 0,287 2,660 < 3,001 1,599 2,801
Code Couleur-j 1,238 0,419 2,956 0,008 0,361 2,114
Code Couleur-o 2,320 0,481 1,827 0,000 1,314 3,326
Code Couleur-v 0,000 0,000
Source Valeur Ecart-type t Pr > |t|
Borne inférieure (95%)
Borne supérieure (95%)
D'autre part, les coefficients de régression de 2,2 pour
la constante et de 1,2375 et 2,32 successivement pour les variables sites
jaunes et sites oranges indépendants sont significatifs.
La statistique de Newman- keuls (SNK), de Fisher (HSD) et de Tukey (LSD) et
la valeur de p de ces
tests révèlent que la relation entre la
mortalité et la salinité est significative. Ces
différents tests ont permis de réaliser
l'histogramme des effets de la salinité sur la mortalité (figure
5).
|
|
52
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Figure 6 : Effets de la salinité sur la
mortalité
L'analyse de cette figure montre que la salinité a une
influence sur les taux de mortalité des propagules. En effet les
cellules lower (borne inférieure) 95% et upper (borne supérieure)
95% fournissent des intervalles de confiance des paramétres du
modèle de régression 130 et
131. Ainsi au seuil de 5%, â0 est compris entre 0,361 et
3,326 et â1 compris entre 0,287 et 0,481. Les tests ont par ailleurs
permis d'identifier trois groupes : le groupe a (4,52%) avec la plus forte
mortalité suivi du groupe b (3,438%) et enfin le groupe c (2,2%) ayant
la plus faible proportion de mortalité. Le groupe c représente
les sites très favorables au dévéloppement de la mangove
et sont rencontrés dans les zones du delta du Saloum notamment dans les
communautés rurales de Toubacouta, Saloum Diané et de Wack
Ngouna. Les meilleurs taux de survie des propagules se situent dans les sites
verts et correspondent aux intervalles de salinité comprises entre
9,7ppt et 12,7 ppt. Par contre les plus forts taux de mortalité sont
enregistrés dans les sites oranges qui correspondent aux sites peu
favorables au reboisement et non admissibles au Mécanisme de
Développement Propre. Ces sites sont influencés par les rejets
ménagers, les eaux usées ménagéres souvent riches
en chlorures et les dépots organiques. Au plan géographique, ces
sites sont concentrés aux environs des stations hotelières des
ïles et aux environs des grandes agglomérations notamment
près du four composte de Joal (carte 3).
|
|
53
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Carte 3 : Sites reboisés à Fassanda,
Mama Guedj et à Ndoubab
4.6.6.2 Impact de la densité sur la
Mortalité
Pour avoir une idée de l'impact de la densité
sur la mortalité des propagules plantées, nous avons fait recours
au logiciel XLSAT. Les résultats sont présentés sous forme
de tableau et de graphique. Les tableaux montrent l'analyse de la variance
(tableau 4), du paramètre de modèle, des coefficients
normalisés et des différences entre les modalités avec un
intervalle de confiance de 95% avec le Test de Newman- keuls (SNK), de Fisher
(HSD) et de Tukey (LSD).
Tableau 4 : Analyse de la Variance
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr
> F
Modèle 7 22,794 3,256 4,816 5,006
Erreur 14 9,465 0,676
Total corrigé 21 32,259
L'analyse de ce tableau montre qu'au seuil de signification
á=5%, la valeur de F est égale à 4,816 et la valeur de p
(p=5,006) qui se trouve sur l'entête « significance F » indique
que l'hypothèse nulle H0, â0=0 ne peut être
rejetée, et donc que la relation entre la densité et la
mortalité des propagules plantées est non
significative.
54
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
L'utilisation de la valeur de t, égale à 6,114
dans le tableau 5 et la valeur de p qui lui est associée, égale
à 5,212 aboutit à la même conclusion. Il en découle
ainsi que la relation entre la mortalité des propagules reboisées
et la densité est non significative.
Tableau 5 : Analyse du paramètre de
Modèle
Source Valeur Ecart-type t Pr > |t| Borne inférieure
(95%) Borne supérieure (95%)
Constante 1,900 0,311 6,114 5,212 1,233 2,567
La statistique de Newman- keuls (SNK), de Fisher (HSD) et de
Tukey (LSD) et la valeur de p de ces tests révèlent
que la relation entre la mortalité et la densité n'est pas
significative.
Ces différents tests ont permis de réaliser les
courbes de variation de la mortalité en fonction des codes couleurs et
de la densité (figure 7). L'analyse de ce graphique ullistrant la
mortalité en fonction des codes couleurs et de la densité nous
renseigne que lorsque la densité est bonne (comprise entre 1 à
8000 ), la différence entre les mortalités relevées dans
les sites jaunes et oranges est non significative. Lorsque la densité
est forte (comprise entre 8001 à 10000) ou très forte (plus de
10001), la mortalité est plus observée dans les sites oranges
(peu favorables au développement de Rhizophora sp). Par
ailleurs la figure 6 montre que quelque soit l'importance de la densité,
son influence sur les sites verts est minime. Ceci renforce notre
classification des sites car ceux verts sont définis comme très
favorables au dévéloppement de la mangrove. Ils sont
caractérisés par un taux de salinité modéré
(< 34 ppt), un sol vaseux et le site est immergé par les
marées hautes lors de la saison sèche.
Figure 7 : Effets de la densité sur la
mortalité
|
|
55
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Les sites verts présentent un taux élevé
de régénération naturelle de Rhizophora mangle.
Le bilan des tentatives de reboisements précédents y est
très positif. Ces sites verts sont généralement
rencontrés dans le département de Nioro du Rip (carte 4).
Carte 4 : Sites reboisés à Koular,
Baria et à Nidji
4.7 Critères d'admission des sites
reboisés au MDP
En ce qui concerne l'éligibilité des sites au
mécanisme de développement propre, trois critères
fondamentaux sont pris en compte. Le premier est la démonstration de la
disparition de la forêt sur le site au moment du reboisement. Pour cela,
nous avons remarqué que la terre au moment du démarrage des
reboisements ne contient pas la forêt. En outre, la
végétation sur les terres est inférieure aux seuils de
forêt26 adoptée pour sa définition par le
Sénégal. Aussi tous les jeunes peuplements naturels et toutes les
plantations sur les terres n'atteignent pas le couvert minimum et la taille
minimale choisie par le Sénégal dans le cadre de la
définition des forêts. Les terres ne sont pas temporairement
déboisées, à la suite de l'intervention de l'homme telle
que la récolte ou les causes naturelles.
26 Définition de la forêt au
Sénégal dans le cadre des mécanismes de mise en oeuvre de
la convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique,
Décembre 2009
56
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
D'autre part les images satellitaires des sites
reboisés reçues au centre de suivi écologique, les
photographies aériennes complétées par des cartes
numériques du site reboisé, ainsi que les informations
collectées auprès des personnes ressources et des services
administratifs tels que le cadastre, témoignent de la disparition de la
mangrove depuis trois décennies sur les sites reboisés.
Le troisième critère est lié à
l'adaptation des sites au développement de la mangrove et à
l'étendue des surfaces reboisées. En effet au delà de la
définition de la forêt retenue par la FAO « associations
végétales à base d'arbres ou d'arbustes, susceptibles de
produire du bois ou d'autres produits forestiers ou d'avoir une influence sur
le climat ou le régime des eaux » et les Accords de Marrakech
« une surface de territoire d'une aire minimale comprise entre 0,05 et
1 ha, dont la couverture forestière minimale est comprise entre 10 et 30
% et est assurée par des arbres susceptibles d'atteindre une hauteur
minimale de 2 à 5 m à maturité », chaque Partie
au Protocole de Kyoto doit adopter une seule définition de
«forêt», c'est-à-dire fournir les limites
inférieures, des paramètres de définition et s'y tenir
jusqu'au terme de la première période d'engagement au 31
décembre 2012. Le Sénégal s'est inspiré des Accords
de Marrakech pour définir la forêt « comme une terre d'une
superficie minimale comprise entre 0,05 et 1,0 hectare portant des arbres dont
le houppier couvre plus de 10 à 30 % de la surface (ou ayant une
densité de peuplement équivalente) et qui peuvent atteindre
à maturité une hauteur minimale de 2 à 5 mètres.
Une forêt peut être constituée soit de formations denses
dont les divers étages et le sous-bois couvrent une forte proportion du
sol, soit de formations claires. Les jeunes peuplements naturels et toutes les
plantations composées d'arbres dont le houppier ne couvre pas encore
10-30 % de la superficie ou qui n'atteignent pas encore une hauteur de 2
à 5 mètres sont classés dans la catégorie des
forêts. Il en est de même des espaces faisant normalement partie
des terres forestières qui sont temporairement déboisés
par suite d'une intervention humaine telle que l'abattage ou de
phénomènes naturels mais qui devraient redevenir des forêts
selon NIANG A., et al., (2009). Cette définition de
«forêt» repose sur deux caractéristiques : la
couverture du territoire et la surface. Elle considère donc que toute
portion de territoire couverte d'arbres est une forêt, à
moins que les valeurs des paramètres de définition permettent une
autre classification. La forêt peut désigner ainsi un peuplement
dense, où des arbres peuvent former plusieurs étages et couvrir
une forte proportion de sol ou un peuplement ouvert. Les jeunes plantations
sont également reprises sous cette définition de
«forêt» puisqu'elles font partie du processus normal
de «gestion des forêts». La définition de
«forêt» impose aux Parties du Protocole de Kyoto de
définir le boisement en termes de «potentiel» de couverture de
sol. Le boisement est ainsi le rapport de la biomasse végétale
sur une unité de surface à la biomasse maximale potentielle sur
cette même unité, compte tenu des limitations de
l'écosystème (altitude, climat, nutrition minérale,
espèce, etc.). Ainsi, une unité de territoire qui ne
répond plus à la définition de
«forêt» après le 31 décembre 1979, peut
ou non être classée comme
57
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
soumise à déforestation donc non admissible au
Mécanisme de Développement Propre. Le critère clé
dans la reconnaissance de la déforestation est la perte du couvert
forestier, impliquant le suivi des unités territoriales, dans le cadre
des activités de changement d'affectation des terres et de foresterie
sous couvert du Protocole de Kyoto.
Par rapport à cette définition de la forêt,
certains sites reboisés sont admissibles au MDP alors que d'autres sont
non éligibles.
4.7.1 Sites éligibles au MDP
Au regard des trois critères cités ci-dessus,
nous avons noté que parmi les 314 sites reboisés, 259
représentant 230,92 hectares sont éligibles au MDP. Cette surface
éligible au MDP se compose de sites verts et de sites jaunes.
4.7.1.1 Sites verts
Les sites verts éligibles au MDP. Ils couvrent 139,28
hectares dont 12% sont localisés dans la région de Thiès,
70,9% localisés dans la région de Fatick et 16,7% dans la
région de Kaolack (figure 8). La moyenne générale des
sites verts admissibles au MDP est de 0,54 ha. Dans la région de kaolack
cette moyenne est de 0,39 ha ce qui prouve l'importance du nombre de sites par
rapport à la surface reboisée dans cette région.
Figure 8 : Variation des surfaces vertes
éligibles au MDP en fonction des Régions
4.7.1.2 Sites jaunes
Les sites jaunes admissibles au MDP couvrent une surface
globale de 91,64 hectares dont 45,05 hectares dans la région de
Thiès, 45,13 hectares dans la région de Fatick et seulement un
site (Nidji S1) couvrant une surface 1,47 hectare est localisée dans la
région de Kaolack (figure 9). Au regard de ces résultats, nous
retenons plusieurs enseignements. Le premier enseignement est lié
à l'étendue des surfaces dégradées dans chaque
région. Ce qui nous renseigne que la région de Kaolack est la
moins dégradée en ce qui concerne l'écosystème de
mangrove. En effet sur 71 sites
58
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
jaunes recensés dans le Bassin du Saloum, un seul est
localisé dans cette région. La seconde nous renseigne que la
région de Kaolack est la plus favorable au développement de la
mangrove. En effet, sur 87 sites reboisés dans cette région seul
un site est favorable alors que 86 sont classés très favorables
au développement de la mangrove.
Figure 9 : Variation des surfaces jaunes
éligibles au MDP en fonction des Régions
4.7.2 Sites non éligibles au MDP
Certains sites reboisés au regard des critères
d'éligibilité au MDP ne sont pas admissibles. Ces sites sont
disqualifiés soit pour leur faible étendue (sites verts et
jaunes) soit par leurs conditions écologiques peu favorables au
développement de la mangrove (sites oranges). Au total, 55 sites
couvrant globalement 16,01 hectares sont non éligibles au MDP. Cette
moyenne cache de nombreuses disparités. En effet, la moyenne est 0,79
hectares dans les sites peu favorables au développement. Ces
résultats, en plus de leur indication sur
l'hétérogénéité des sites, nous renseigne
que la région de Fatick renferme le plus grand nombre de sites peu
favorables alors que la région de Thiès en dispose faiblement.
Quant à la région de Kaolack aucun site reboisé durant la
campagne n'a été classé peu favorable au
développement de la mangrove.
|
|
59
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Figure 10 : Variation des surfaces non
éligibles au MDP en fonction des Régions
L'analyse de la figure 10 montre que sur l'ensemble de la
surface non éligible au MDP, 87,19% sont localisés dans la
région de Fatick, 9,46% dans la région de Thiès et
seulement 3,34% des surfaces sont dans la région de Kaolack notamment
dans la communauté rurale de Wack Ngouna. Ces résultats nous
conduit à suggérer à l'ONG OCEANIUM de concentrer
l'essentiel de ses efforts dans les communautés rurales de Toubacouta,
de Saloum Diané et de Wack Ngouna pour disposer des sites favorables au
développement de la mangrove et admissible au MDP.
|
|
60
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
L'étude de l'état de référence des
plantations de mangrove du projet pilote OCEANIUM est riche en enseignements.
En effet, elle a permis de comprendre que les habitats de mangroves sont parmi
les lieux les plus fascinants de la planète et représentent des
endroits au bord du temps où la vie marine se confond avec la vie
terrestre en un tout biologique. La décimation progressive des mangroves
à l'échelle mondiale pour leur conversion à d'autres
utilisations, suscite de graves conséquences notamment sur la
séquestration du carbone et la neutralisation des émissions de
GES. C'est pourquoi la restauration des écosystèmes de mangrove
est impérative. Cette urgence a été bien perçue par
l'ONG OCEANIUM qui, en partenariat avec le Groupe Danone, a mobilisé 48
villages pour la restauration de la mangrove du Bassin du Saloum. En somme, 314
sites couvrant 247,02 ha ont été reboisés dont 93,5% des
surfaces sont éligibles au Mécanismes de Développement
Propre. Les sites non éligibles au MDP ont des étendues
inférieures au seuil retenue par le Sénégal dans le cadre
de la définition de la forêt dans le contexte de la Convention
Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Par ailleurs, le suivi
a permis de constater que certaines plantations sont réalisées
sur des sites à forte concentration de sel. L'étude de la
mortalité des propagules a révélé une relation
étroite entre la mortalité et la salinité alors que la
densité n'influe pas significativement sur la mortalité des
propagules reboisées. Toutefois nous pensons que les plantations doivent
subir des traitements sylvicoles afin que la densité n'influe pas sur
leur dynamique. C'est pourquoi nous avons formulé quelques
recommandations à l'ONG OCEANIUM.
Nous pensons que pour préserver la mangrove, il est
impératif de former les populations au développement durable qui
stipule la satisfaction des besoins présents tout en assurant la
satisfaction des besoins des générations futures. Dans le delta,
les populations sont bien conscientes de l'importance de la mangrove et il
conviendrait de les encadrer pour préserver les ressources.
Dans la même dynamique de conserver la mangrove, nous
pensons que tous les sites dégradés doivent être
évalués, restaurés et protégés. La
protection peut avoir un double avantage. Elle permet l'accroissement des
retombées financières et la reconstitution de la
biodiversité. Cette option est en phase avec la Convention sur la
diversité biologique, qui prévoit d'impliquer davantage les
populations locales dans les prises de décisions et la
réalisation de tâches pratiques au niveau des aires
protégées. En outre, les populations locales doivent
bénéficier des retombées économiques et biologiques
de la gestion des aires protégées.
|
|
61
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
Au-delà des suggestions dont la mise en oeuvre pourrait
permettre la conservation des écosystèmes de mangrove, nous avons
particulièrement porté notre attention sur le fait suivant :
durant la campagne de reboisement de 2009, OCEANIUM a ciblé le genre
Rhizophora qui s'est bien adapté dans la zone. Néanmoins
nous ignorons les espèces de Rhizophora qui sont effectivement
plantées et la capacité de chacune à séquestrer le
carbone. C'est pourquoi, nous pensons qu'une étude doit être
entreprise pour évaluer la contribution des plantations du projet pilote
OCEANIUM dans le renforcement du puits de carbone.
|
|
62
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
AARON M. et Ellison 2008. ; Mangrove ecology
-apllication in forestry and costal zone management - science direct aquatic
botany N°89, 77 p.
ABDEL-RAZIK, M. S., (1991). Population
structure and ecological performance of the mangrove Avicennia marina
(Forssk.) Vierh. on the Arabian Gulf coast of Qatar. Journal of Arid
Environments 20 (3), 331-338.
ALONGI, D.M. (1990b). Effect of mangrove
detrital outwelling on nutrient regeneration and oxygen fluxes in coastal
sediments of the central Great Barrier Reef lagoon. Estuarine,
Coastal and Shelf Science vol 31 (5), 581-598.
BA A. T., SAMBOU B., et al., 1999.
Flore et végétation ligneuse de la réserve de
biosphère du delta du Saloum. Etat actuel, tendances évolutives
et facteurs structurants. Rapport de consultation pour l'élaboration du
plan de gestion de la réserve de biosphère du delta du Saloum
(RBDS), UICN. 123p.
BAILLON F. 1988. Le complexe hydro-cotier du
Sine Saloum : Synthèse des paramètres écologiques et
socio-économiques de la zone nord du delta du Saloum. ORSTOM. 72 p.
BLASCO, F., GUAQUELIN T., RASOLOFOHARINORO M., et al.,
1998. Recent advances in mangrove studies using remote sensing data.
Marine and Freshwater Research vol 49 (4),
287-296.
CHAPMAN, V.J., 1976. Mangrove Vegetation. J.
Cramer, Vaduz.
CORCORAN E., et al., 2006. Mangroves of
Western and Central Africa UNEP-WCMC Biodiversity series N°26, 92 pages
DAS S., et GHOSE M., 1993. Morphology of stomata
and leaf hairs of some halophytes from Sunderbans, West Bengal.
Phytomorphology 43 (1-2), 59-70.
DAS S., et GHOSE M., 1998. Anatomy of the
woods of some mangroves of Sunderbans, West Bengal (India). In «
International Symposium on Mangrove Ecology and Biology», April 25-27,
1998, Kuwait. 10p.
DHONNEUR G., 1974. Nouvelle approche de
réalités météorologiques de l'Afrique occidentale
et centrale, ASECNA, Univ. Dakar, 407p
DIA, M. 2003. Elaboration et mise en oeuvre
d'un plan de gestion intégrée pour la réserve
de biosphère du Delta du Saloum (Sénégal). Union
mondiale pour la nature (UICN). 145 p.
DIATTA L., BODIAN A., et THOEN D., 1981. Etude
phytosociologique IN : Rapport final de l'atelier d'étude des mangroves
et de l'estuaire du Saloum (Sénégal), 121-157
|
|
63
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
DIOP E.S., SOUMARE A., DIALLO N., et GUISSE
A., 1995. Recent changes of the mangroves of the Saloum river estuary,
Senegal. Mangroves and Salt Marshes 1, 163- 172.
DIOP E.S.,1986. Caractéristiques
hydrodynamiques comparatives de deux environnements estuariens: Saloum et
Casamance. Essai de « corrélation « avec les données de
l'imagerie Landsat. Ann. Fac. Lett. Sci. hum., 13: 231 - 252.
DOYEN A., 1985. La mangrove à usages
multiples de l'estuaire du Saloum (Sénégal). Rapport de
consultation. 144 p.
DRESCH J. et al., 1977. Atlas National
du Sénégal. ING, Paris. 97p.
DUKE N.C., 1990. Phenological trends with
latitude in the mangrove tree Avicennia marina. Journal of Ecology
78, 113-133.
DUKE N.C., et PINZON S.M., 1992. Ageing
Rhizophora seedlings from leaf scar nodes: A technique for studying
recruitment and growth in mangrove forests. Biotropica vol 24
(29), 173-186.
DUPUY A., VERSCHUREN C., 1982. Un exemple de
type de réserve de la Biosphère : le delta du Saloum au
Sénégal ; In notes d'information UNESCO n° 813.
ELLISON A.M., et FARNSWORTH E.J., 1993.
Seedling survivorship, growth and response to disturbance in Belizean
mangal. American Journal of Botany vol 80 (10),
1137-1145.
EPEEC, 1982. Rapport final de l'atelier
d'étude des mangroves et de l'estuaire du Saloum(Sénégal).
UNESCO/EPEEC, Dakar (Sénégal), 175 p.
EPEEC, 1983. L'atelier d'étude des
mangroves au Sud de l'estuaire du Saloum : Diombass, Bandiala
(Sénégal). Rapport technique UNESCO, Division des Sciences de la
Mer, Rosta, Dakar, 219p.
FALL M., 2000. Les conflits liés
à la gestion des ressources naturelles dans la réserve de
biosphère du Delta du Saloum (RBDS ), Mémoire de Maîtrise,
Département de Géographie, UCAD
FAO, 2000. Conversion et conservation des
Mangroves (http:/ /
www. fao. org/DOCREP/ 009/
Y7581F/ y7581f04. htm#P0_09), FAO. Consulté le 28/09/2009
FARRANT J.M., PAMMENTER, N.W. et BERJAK P.
1992. Development of the recalcitrant (Homoiohydrous) seeds of Avicennia
marina: anatomical, ultra structural and biochemical events associated
with development from histodifferentiation to maturation. Annals of Botany
vol 70 (1), 75-86.
|
|
64
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
GITZ Vincent, 2004.Changements d'usages et
politiques climatiques globales, Thèse de Docteur ENGREEF 438p.
IUCN, 1999. Oil gas exploration and
production in mangrove areas. Guidelines for environmental protection. IUCN -
The World Conservation Union, Gland, Switzerland, 47 p.
KATHIRESAN K., MOORTHY P., et RAJENDRAN N.,
1996. Methanol induced physiological changes in mangroves. Bulletin of
Marine Science vol 59 (2), 454-458.
KATHIRESAN K., MOORTHY P., et RAVIKUMAR S.,
1996. A note on the influence of salinity and pH on rooting of Rhizophora
mucronata Lamk. Seedlings. The Indian Forester vol 122
(8), 763-764.
KATHIRESAN K., RAJENDRAN N. et THANGADURAI
G., 1996. Growth of mangrove seedlings in intertidal area of Vellar
estuary southeast coast of India. Indian Journal of Marine Sciences
25, 240-243.
Le BORGNE J., 1988. La pluviométrie au
Sénégal et en Gambie. Ministre Français de la
Coopération et ORSTOM, 95p.
LEROUX M., 1983. Le climat d'Afrique tropicale.
Thèse de Doctorat d'Etat es-Lettres, Dijon, 3 Tomes, 1427p.
MARIUS C., 1977. Propositions pour une
classification et cartographie des sols de mangroves tropicales. ORTSTOM.
97p.
MAZDA Y., YOKOCHI H., SATO Y., WOLANSKI E., et Boto
K.G., 1997. Groundwater flow in the Bashita-Minato mangrove area, and
its influence on water and bottom mud properties. Estuarine,
Coastal and Shelf Science vol 31 (5), 621-638.
NDIONE J. A., 1988. Contraintes et
évolution climatique récente du Sénégal : Impacts
sur le milieu physique. Th Doct. 3ème cycle UCAD, 416p.
NDONG J. B., 1996. L'évolution du climat
du Sénégal et les conséquences de la sécheresse
récente sur l'environnement. Th. Doct. Uvin. Lyon III, 501p.
NDOUR N., 2005. Caractérisation et
étude de la dynamique des peuplements de mangrove de la réserve
de biosphère du Delta du Saloum (Sénégal). Thèse de
doctorat de troisième cycle. Institut des Sciences de l'Environnement
(ISE).170 p.
NICHOLSON S.E., 1981. Rainfall and atmospheric
circulation during drought period and wetter years in West Africa. Mon. Rev.,
109, 2191-2208.
|
|
65
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
NOUIDEMONA J., 2004. Problématique des
activités humaines dans les aires classées : Cas du parc national
du delta du Saloum. Mémoire de DEA. Institut des Sciences de
l'Environnement (ISE). 86 p.
OSUNKOYA O.O., et CREESE R.G., 1997.
Population structure, spatial pattern and seedling establishment of the grey
mangrove, Avicennia marina var. australasica, in New Zealand.
Australian Journal of Botany vol 45 (4), 707-725.
ROY R., et LOUIS III., 2005. Ecological
engeneering for successuf management and restauration mangroves forests science
direct pp, 403-418.
SAGNA P., 1988. Etude des lignes de grains en
Afrique de l'ouest, Thèse 3ème cycle , Univ. Dakar,
291p.
SAHA S., and Choudhury A., (1995). Vegetation
analysis of restored and natural mangrove forest in Sagar Island, Sunderbans,
east coast of India. Indian Journal of Marine Sciences
24, 133-136.
SENE Claude, 1987. Impacts de la
brèche de Sangomar sur la gestion des ressources naturelles dans les
Iles du Saloum : l'exemple de Djifère, Dionewar et Niodior . Travaux
d'études et de recherches, Département de Géographie,
Faculté des Lettres et Sciences Humaines, UCAD, Dakar.
SMITH S.M., SNEDAKER S.C., et DAVENPORT T.L.,
1995. Observations on the effects of naphthalene acetic acid and gibberellic
acid on the floating behaviour and early development of red mangrove
(Rhizophora mangle L.) seedlings. Tropical Ecology vol
36 (1), 129-135.
THOMAS E., et Paul A.C., 1996. Evolution of
vivipary in flowering plants: Mini Review. Oikos 77,
3-9.
TOMLINSON P.B., 1986. The Botany of mangroves.
Cambridge University Press, Cambridge, U.K. 413 p.
WIER A.M., SCHNITZLER M.A., et al.,
1996. Wound periderm development in red mangrove, Rhizophora mangle L.
International Journal of Plant Sciences vol 157 (1),
63- 70.
http://www.fao.org/docrep/V5240F/V5240FOa/htm
http://www/ramsar/org/pdf/moc/danoneprotocole2008f/pdf
http://www.panda.org/newfact/education/inuversity/habitats/habitatsdetail.cfm?
|
|
66
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
ANNEXES
ANNEXE 1: Impact de la densité et de
salinité sur la mortalité
Département
|
Site
|
Code Couleur
|
Surface (ha)
|
Salinité (mg/l)
|
densité (plants/ha)
|
mortalité (%)
|
Coordonnées Géographiques
|
X
|
Y
|
Mbour
|
Ngousse Diohé S10
|
v
|
1,2548
|
23,1
|
13658
|
2,5
|
305014
|
1564780
|
Mbour
|
Mama Guedj S1
|
v
|
0,8723
|
28,7
|
15621
|
2
|
301985
|
1566333
|
Mbour
|
Fadial Fadiouth S9
|
j
|
1,2548
|
41,07
|
18900
|
3
|
304724
|
1566677
|
Mbour
|
Fadial S1
|
j
|
1,8812
|
39,9
|
17825
|
4,5
|
309403
|
1563651
|
Mbour
|
Four composte S2
|
o
|
0,7507
|
61,2
|
8068
|
5,1
|
305623
|
1566129
|
Mbour
|
Ndiong S2
|
o
|
0,2248
|
65,5
|
12308
|
4,8
|
301654
|
1566683
|
Fatick
|
Marlodj S1
|
v
|
0,1477
|
18
|
15421
|
3
|
318025
|
1550530
|
Fatick
|
Marlodj S2
|
v
|
0,0643
|
21
|
15560
|
2,8
|
318073
|
1550580
|
Fatick
|
Mbissel S4
|
j
|
0,4099
|
38,6
|
14322
|
3,7
|
310501
|
1563630
|
Fatick
|
Mbissel S3
|
j
|
0,2305
|
43
|
15021
|
4,2
|
310514
|
1563711
|
Fatick
|
Marsoulou
|
o
|
2,4937
|
59
|
18091
|
4
|
320393
|
1552283
|
Foudiougne
|
Baria S14
|
v
|
2,3
|
12,7
|
17148
|
1
|
374428
|
1511515
|
Foudiougne
|
Maya S1B
|
v
|
2,9789
|
18
|
6750
|
2
|
328669
|
1546995
|
Foudiougne
|
Baria S1
|
v
|
1,5
|
13,1
|
16928
|
2
|
372980
|
1512274
|
Foudiougne
|
Thialane S1
|
j
|
1,1941
|
43,1
|
14802
|
3
|
323734
|
1538999
|
Foudiougne
|
Wandié S2
|
j
|
1,301
|
44,2
|
17888
|
4
|
318756
|
1551028
|
Foudiougne
|
Djirnda S1
|
j
|
1,3017
|
41,3
|
19022
|
2,1
|
326884
|
1545801
|
Foudiougne
|
Bani S2C
|
o
|
1,549
|
63
|
16358
|
3,6
|
339942
|
1522888
|
Foudiougne
|
Sangako
|
o
|
1,6291
|
58,9
|
13460
|
5,1
|
342525
|
1527338
|
Nioro du Rip
|
Ndiayene S1
|
v
|
0,7596
|
9,7
|
18338
|
1
|
387341
|
1504413
|
Nioro du Rip
|
Saboya S4
|
v
|
0,30877
|
11,2
|
17671
|
1,5
|
381507
|
1005605
|
Nioro du Rip
|
Nidji S1
|
j
|
1,4674
|
39,6
|
15078
|
3
|
375024
|
1511991
|
Moyenne
|
|
|
1,18
|
36,08
|
1537,45
|
3,14
|
|
|
|
67
|
Pathé BALDE, Mémoire de Fin d'Etudes
pour l'Obtention du Grade de Master Foresterie et
Environnement
|
|
|
ANNEXE 2 : Fiche d'Identité du Site
Reboisé
|