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Analyse du financement bancaire en Côte d'Ivoire 1999-2008

( Télécharger le fichier original )
par Vakaramoko DOUMBIA
Ministère de l'Economie et des Finances de Côte d'Ivoire - DESS en Gestion de la Politique Economique 2010
  

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DIRECTION DU TRESOR

ANALYSE DU FINANCEMENT BANCAIRE

EN CÔTE D'IVOIRE

(1999-2008)

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I. LE CREDIT BANCAIRE AU COURS DES DIX DERNIERES ANNEES 4

I.1. Evolution Globale du crédit bancaire de 1999 à 2008 4

I.2. Evolution globale du crédit bancaire selon le terme 5

II. STRUCTURE DU CREDIT BANCAIRE DE 1999 A 2008 6

II.1. Les secteurs faiblement financés en Côte d'Ivoire 7

II.2. Les secteurs moyennement financés en Côte d'Ivoire 9

II.3. Les secteurs privilégiés dans le financement bancaire en Côte d'Ivoire 10

III. CAUSES DU SOUS FINANCEMENT BANCAIRE DE CERTAINS SECTEURS D'ACTIVITES 11

III.1. Agriculture et sylviculture 11

III.2. Industries extractives 11

III.3. Electricité, gaz et eau 12

III.4. Bâtiments et travaux publics 12

III.5. Assurance, immobilier et services aux entreprises 12

IV. RECOMMANDATIONS POUR UN FINANCEMENT EFFICACE DE L'ECONOMIE 13

CONCLUSION 14

BIBLIOGRAPHIE 15

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L'avènement d'une économie moderne au sein d'un pays peut se mesurer par rapport au degré de modernisation de son système financier. Ce dernier regroupe généralement les secteurs des assurances, de la microfinance et le secteur bancaire (banques et établissements financiers).

Le dynamisme et la prépondérance des banques dans ce système tiennent non seulement à leur fonction principale dans le financement de l'économie mais également à leur place incontournable dans la mobilisation de l'épargne des agents économiques. La banque intervient ainsi à la fois sur le marché financier (par l'intermédiaire des Sociétés de Gestion et d'Intermédiation) et monétaire (par la dette/créance interbancaire et par l'acquisition des titres du Trésor Public).

Rappelons que la finalité de toute économie est de réaliser durablement un taux de croissance peu volatile et satisfaisant nécessaire à la mise en place des infrastructures adéquates pour susciter et atteindre le développement social des populations. Au regard de cette ambition légitime, le secteur bancaire sollicité par l'ensemble des acteurs économiques, se voit confié une lourde responsabilité. Il s'agit de réaliser un financement efficient de la croissance économique grâce aux crédits octroyés aux ménages, aux entreprises privées et publiques voire à l'Etat lui-même. Dans ce cadre, la question essentielle qui se pose est de savoir si la structure du financement bancaire dans son état actuel en Côte d'Ivoire, de 1999 à 2008, profite efficacement à l'économie. Pour répondre à cette préoccupation, notre examen s'appuiera, dans une première partie, sur l'évolution du montant total de crédits octroyés par les banques et établissements financiers à l'économie ivoirienne. Une deuxième partie analysera, quant à elle, la structure de ces crédits en considérant les différents secteurs d'activités économiques ayant bénéficié des financements bancaires au cours des dix dernières années. Dans une troisième partie, nous avons exposé quelques raisons du sous financement de certains secteurs. Enfin, au niveau de la dernière partie, il sera question des recommandations en vue d'un financement efficace de l'économie ivoirienne.

La présente analyse a été élaborée grâce aux informations recueillies dans les rapports annuels de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) de 2000 à 2008 à l'exception de celles relatives aux données de 2009 qui proviennent, elles, de la note de conjoncture bancaire du Trésor Public de mars 2010.

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I. LE CREDIT BANCAIRE AU COURS DES DIX DERNIERES ANNEES

L'économie ivoirienne peut compter sur le financement bancaire pour poursuivre la consolidation et la diversification de son système productif. Il ressort de l'activité bancaire des dix dernières années qu'un concours appréciable à été apporté aux différents secteurs d'activités. Les réalités sectorielles étant différentes, les mobilisations des fonds ont respecté cette diversité. Toutefois, avec un taux de croissance moyen de la masse de crédit de 5,72% sur la période allant de 1999 à 2008, les banques et établissements financiers ont octroyé des crédits à hauteur de 13 974 milliards de FCFA sur les dix ans, soit un montant moyen annuel de 1 397,4 milliards de FCFA. Ces montants peuvent sembler énormes, mais au regard des besoins importants en équipements et infrastructures de toute sorte, ils se sont avérés insuffisants.

I.1. Evolution Globale du crédit bancaire de 1999 à 2008

Le crédit bancaire était à 1 117,5 milliards de FCFA en 1999. Il a progressé pour atteindre 1 427 milliards de FCFA en 2001 avant de baisser successivement de -1,33% puis de 8,95% pour s'établir à 1 282 milliards de FCFA en 2003. Cette chute du financement bancaire de 2003 peut être imputable aux effets pervers de la crise militaro politique qui a débuté le 19 septembre 2002. En 2004, le crédit a atteint 1 394 milliards de FCFA avant de baisser jusqu'à 1 344 milliards de FCFA en 2006. Les conditions de sécurité financière et de confiance créées par l'Accord Politique de Ouagadougou (APO) ont favorisé la reprise des engagements des banques. Les crédits ont ainsi amorcé une croissance depuis 2007, passant de 1 652 milliards de FCFA à 1 862,5 milliards de FCFA en 2009. Cette tendance devrait se poursuivre au cours des prochaines années. Le graphique 1 ci-dessous illustre cette évolution des crédits bancaires en Côte d'Ivoire de 2001 à 2009.

Graphique 1 : Evolution du crédit bancaire en Côte d'Ivoire

(SOURCE : BCEAO et nos calculs)

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I.2. Evolution globale du crédit bancaire selon le terme

Le crédit bancaire peut être analysé en considérant le délai indiqué dans le contrat de prêt. Pour rendre facile ce type d'analyse, la BCEAO a défini la période distinguant les trois termes généralement pris en compte dans le domaine économique et financier. Ainsi, le court terme n'excède pas deux ans, le moyen terme est compris entre deux et sept ans, quant au long terme, il se situe au delà de sept ans.

Par ailleurs, il importe de mentionner que dans cette partie l'on n'a pas pris en compte les crédits-bails et les encours de crédits. La conséquence de ce choix se verra sur les montants totaux annuels qui seront différents de ceux retenus dans la partie précédente. Le résultat des investigations sur le crédit à court, moyen et long terme est représenté dans le graphique 2 cidessous.

Graphique 2 : Evolution du crédit bancaire selon le terme

SOURCE : BCEAO et nos calculs.

La réalité du crédit bancaire transcrite ici montre une situation diversement appréciée. En effet, les crédits à court terme se taillent la plus grande part avec près de 71,35% en moyenne sur la période. Ce type de crédit semble être apprécié des banquiers car, déjà en 2000, il représentait 66,6% des crédits octroyés. Cette part a connu une progression jusqu'à atteindre 76,6% en 2005, représentant son plus haut niveau sur la période d'études. En 2006, les crédits courts ont baissé légèrement pour être à 69,1% puis, l'année suivante, ils sont montés à 74,6% avant de descendre à 69,7%. Pour rappel, ces crédits sont constitués d'avances de trésorerie, de crédits de campagne et de découverts mis à la disposition des clients. Leur terme (moins de deux ans) et leur nature doivent justifier la propension très forte des établissements de crédit pour ces crédits. Il faut également noter qu'ils constituent un véritable outil de gestion courante de la trésorerie auxquels les Directeurs financiers des entreprises recourent très souvent. Ils

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permettent ainsi de pallier un temps soit peu le défaut de liquidité nécessaire pour honorer certains engagements. La confiance du créancier au débiteur étant maintenue intacte.

En ce qui concerne les crédits à moyen terme, ils ne portent que sur 24.47% en moyenne des crédits octroyés sur les neuf ans. Cette part est restée presque stable car en 2000, elle représentait 26,8% de l'ensemble des crédits et en 2008, elle est à 26,7%. Mais entre temps, les crédits à moyen terme ont chuté en 2004 et 2005 avec respectivement 18,5% et 19,5% des crédits. L'on peut citer ici les investissements autres que ceux orientés vers l'immobilier. D'ailleurs, il est de pratique constante de considérer que les risques de recouvrement augmentent avec la durée du prêt. Or, le banquier veut garantir au mieux ses ressources.

Enfin, quant aux crédits longs, ils concernent à peine 5% du total des crédits accordés chaque année en Côte d'Ivoire entre 2000 et 2008. Ils sont sollicités généralement pour la réalisation d'infrastructures importantes ; notamment l'immobilier. Cette tendance mérite d'être améliorée sinon inversée afin de créer les conditions adéquates pour résoudre le problème récurrent de manque d'habitats économiques dans les grandes agglomérations ivoiriennes. Bien avant, les observations évoquées dans la première partie seront orientées vers les secteurs d'activités économiques.

II. STRUCTURE DU CREDIT BANCAIRE DE 1999 A 2008

L'analyse du crédit peut se faire de plusieurs manières. L'on peut s'orienter vers la segmentation en trois compartiments des bénéficiaires à savoir : les particuliers, les petites et moyennes entreprises et les grandes entreprises. Dans la présente note, nous avons opté pour une considération des secteurs d'activités selon la structure adoptée par les autorités monétaires dans leurs rapports annuels. A cet effet, neuf secteurs sont identifiés. Il s'agit des secteurs d'activités suivants :

o agriculture, sylviculture ;

o industries extractives ;

o industries manufacturières ;

o électricité, gaz, eau ;

o bâtiments, travaux publics ;

o commerce, restaurants, hôtels ;

o transports, entrepôts et communications ;

o assurance, immobilier, services aux entreprises ; o services divers.

Dans le graphique 3 qui suit, la structure annuelle des crédits bancaires est présentée en faisant ressortir la part accordée aux secteurs d'activités indiqués auparavant.

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Graphique 3 : Evolution de la structure du crédit bancaire en Côte d'Ivoire de 1998 à 2008

SOURCE : BCEAO et nos calculs.

En considérant cette répartition du crédit sur la période prise en compte, trois groupes peuvent être distingués. Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour justifier le manque ou l'afflux de financement dans un secteur donné. La rentabilité financière des investissements ajoutée à la sécurité et à la nature des garanties présentées fréquemment par certains acteurs du secteur peuvent, entre autres, justifier cette réalité. Certains secteurs apparaissent alors plus attractifs que d'autres.

Au regard de ce qui précède, l'on étudiera successivement les secteurs faiblement financés, les secteurs moyennement financés et les secteurs privilégiés par les crédits bancaires.

II.1. Les secteurs faiblement financés en Côte d'Ivoire

Certains secteurs ont perçu au plus 5% du montant annuel total des crédits bancaires octroyés à l'économie. Les cinq (5) secteurs qui sont dans cette classe sont :

o agriculture, sylviculture ;

o industries extractives ;

o électricité, gaz, eau ;

o bâtiments, travaux publics ;

o assurance, immobilier, services aux entreprises.

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Au cours de la période allant de 1999 à 2008, aucun des secteurs susvisés n'a reçu un crédit bancaire au-delà de 5% des montants annuels. Les industries extractives, n'ayant bénéficié que de 1% en moyenne du volume de crédits octroyés de ces montants annuels semblent être les laissés pour compte. Pour les années 2002 et 2003, il y a eu une absence totale de crédit bancaire pour ces secteurs. Suivent les bâtiments et les travaux publics qui ne sont pas mieux lotis avec une part constante de 2% depuis 2003 après une légère hausse à 4% en 2001 suivie d'une chute brutale à 1% en 2002.

Le secteur de l'agriculture et la sylviculture subissent également ce déficit de financement lié probablement à la nature aléatoire de ce domaine. Toutefois, c'est le lieu de noter que plusieurs exploitations agricoles méritent de bénéficier d'un financement adéquat pour le rajeunissement des plants. En outre, des efforts supplémentaires doivent être faits par les banques en vue de soutenir nos pays dans le cadre de la politique d'autosuffisance alimentaire.

Quant aux secteurs de l'électricité, gaz, eau et celui de l'assurance, immobilier, services ils ont attiré plus ou moins de crédits bancaires atteignant même la barre des 5% pour le premier en 2000 et 4% pour le second en 2004. Ensuite leur part de crédit a connu une chute avant de se stabiliser à 3% et 2%. Le graphique 4 montre l'évolution des crédits octroyés à ces secteurs faiblement financés.

Graphique 4 : Les secteurs faiblement financés (au plus 5% du financement bancaire annuel)

SOURCE : BCEAO et nos calculs.

Ce seuil est très faible ; car il ne peut pas permettre d'amorcer de réelles modifications d'ampleur dans les secteurs concernés. Il va sans dire que les acteurs de ces secteurs d'activités iront accroître le nombre de ceux qui soutiennent que le crédit bancaire est rare, voire exceptionnel. Ils n'auront pas torts si on ne considère que les crédits qu'ils reçoivent. Un effort doit être demandé aux établissements de crédit en vue d'accroitre le financement de ces secteurs. Mais, bien avant, un diagnostic objectif doit être établi.

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II.2. Les secteurs moyennement financés en Côte d'Ivoire

Pour les besoins de cette analyse, ce deuxième groupe concentre les secteurs ayant retenu plus de 5% des crédits bancaires pendant au moins une année entre 1999 et 2008. Cependant, leur part dans le crédit bancaire annuel n'atteint pratiquement jamais le quart (25%) du montant total octroyé par les banques et établissements financiers. On y trouve le secteur des transports, entrepôts et communications ainsi que celui des services divers. La tendance observée montre deux parties présentées par le graphique qui suit.

Graphique 5 : Les secteurs moyennement financés (au plus 25% du financement bancaire annuel)

SOURCE : BCEAO et nos calculs.

En effet, on constate que le financement bancaire vers ces secteurs couvre deux périodes. La première période court de 1999 à 2004. Pendant cette période, la part du financement accordé aux services baisse de 22% à 14% après une légère remontée à 18% en 2003. Mais, ces proportions demeurent tout de même supérieures à celles reçue par l'autre secteur. Le financement orienté vers le transport, entrepôts et communications ne représentait que 10% du crédit total en 1999. Cette part a baissé au fil du temps pour se situer à 8% en 2001 avant de remonter jusqu'à 11% en 2003 et 2004.

Quant à la deuxième période qui débute en 2005 pour finir en 2008, la tendance est inversée. Pendant que la part des transports, entrepôts et communications a poursuivi sa hausse passant de 13% à 16%, la part des services divers de 1999 à 2005 a légèrement baissé. Ensuite, ces derniers restent stables à 4% en 2005 et 2007 avant de remonter légèrement à 5% en 2008. A ce niveau, une limite à cette analyse a été l'impossibilité de distinguer l'affectation ciblée du financement du secteur transport. En fait, il aurait été instructif de déterminer avec précision la part du financement orientée vers l'acquisition de matériels (véhicules par exemple) et celle consacrée aux infrastructures. Les informations disponibles n'ont pas permis cette analyse supplémentaire.

Sur la période étudiée, le financement bancaire en Côte d'Ivoire semble avoir privilégié certains secteurs.

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II.3. Les secteurs privilégiés dans le financement bancaire en Côte d'Ivoire

L'analyse des informations disponibles fait apparaître que deux secteurs sont privilégiés par le financement bancaire. Les deux secteurs privilégiés au regard du crédit bancaire sont le secteur des industries manufacturières et celui du commerce, restaurants, hôtels.

En effet, le cumul annuel de leurs parts se situe au moins à 58% du montant total des crédits octroyés. Ce cumul a même atteint 70% en 2006 avant de baisser légèrement pour se situer à 67% en 2008. C'est dire qu'à eux deux, ils reçoivent chaque année plus de la moitié, et mieux, plus des deux tiers certaines années (66%) des crédits distribués par les banques et établissements financiers en Côte d'Ivoire. En rappelant que l'ensemble des ressources est orienté vers neuf secteurs en compétition, il faut remarquer que moins de la moitié est repartie entre les sept autres secteurs d'activités. D'ailleurs, au cours de ces dernières années (2005 à 2008), c'est le tiers du montant total de ces crédits qui a été capté par ces sept secteurs. Cette inégalité mérite d'être corrigée dans les prochaines années. L'évolution du financement de ces secteurs est illustrée dans le graphique 6 ci-dessous.

L'on pourrait tout de même déduire que dans ces domaines les garanties exigées aussi bien par les banques commerciales que par la Banque Centrale sont relativement acceptables. En outre, ils semblent plus dynamiques que les autres en matière de demandes de prêts formulées auprès des banques et établissement bancaires. La possibilité de fournir tous les documents exigés les encourage dans ce sens. L'une des explications de ce dynamisme serait due au fait que les opérateurs de ces secteurs utilisent les intrants issus des produits des autres secteurs d'activités.

Graphique 6 : Evolution du financement bancaire des secteurs d'activités privilégiés en Côte d'Ivoire

SOURCE : BCEAO et nos calculs.

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III. CAUSES DU SOUS FINANCEMENT BANCAIRE DE CERTAINS SECTEURS D'ACTIVITES

A l'issue de l'analyse du financement bancaire, le constat est net, les secteurs d'activités sont inégalement financés par le crédit bancaire en Côte d'Ivoire. Pendant que les secteurs des industries manufacturières et celui du commerce, restaurants et hôtels sont sur financés, les autres secteurs demeurent sous financés. De façon générale, la grande concentration du financement bancaire sur les crédits courts pourrait s'expliquer essentiellement par les risques politiques créés par le contexte socio économique de ces dix dernières années Nous discuterons tout de même dans cette partie des autres causes probables de cette répartition inégale du financement bancaire.

Plusieurs raisons peuvent justifier la faiblesse de crédits bancaires vers un secteur d'activités. Pour faire ressortir certaines spécificités, les raisons seront présentées successivement secteur après secteur.

III.1. Agriculture et sylviculture

L'agriculture ne bénéficie pas, sinon peu, du financement bancaire, car les plantations ne commencent généralement à produire qu'après plusieurs années. Le délai et le niveau de production anticipés peuvent augmenter en fonction des mauvaises conditions climatiques. Pendant toute la période d'entretien, le paysan supporte des charges sans aucune recette en contre partie. Ce secteur a donc besoin des crédits longs dont la rentabilité est incertaine. Le banquier ne peut octroyer des prêts dans ces conditions car il est soumis au respect de plusieurs normes de gestion. Ce manque de financement de l'agriculture a entraîné la baisse de la production cacaoyère depuis 2002.

Au niveau de la sylviculture, la situation est pire puisque l'exploitation ne peut être véritablement commercialisée qu'après vingt ans au moins sous la contrainte des mêmes aléas indiqués plus haut. Faute d'investissement ici également, la plus grande partie de la forêt ivoirienne avait été exploitée. La crise sociopolitique a accentué encore cette surexploitation anarchique.

III. 2. Industries extractives

Le manque de financement dans les industries extractives tient à deux raisons principales. En effet, les décideurs politiques n'ont pas accordé une place importante à cette activité au cours de la période d'analyse. Il y avait certes, beaucoup de potentiel économique à ce niveau, mais les choix de politique économique étaient tournés vers d'autres activités. Néanmoins, il importe d'indiquer que plusieurs licences d'exploitation minières ont été délivrées au cours des deux dernières années même si l'exploitation effective n'a pas encore débuté sur de nombreux sites. En fait, le pays possède 32 concessions, offshore et onshore, dont 19 sont déjà attribués, parmi lesquelles 4 seulement sont en cours de production.

En outre, ce sont des firmes multinationales étrangères ayant une surface financière très
importantes qui exercent généralement cette activité en partenariat avec Pétroci Holding. Elles

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disposent sürement d'une capacité d'autofinancement nécessaire leur permettant de faire face à leurs investissements. Dans le cas contraire, elles recourent aux établissements de crédit situés dans leurs pays d'origines pour bénéficier d'un financement au lieu de le faire auprès des banques et établissements financiers ivoiriens. Ce sont ces raisons qui peuvent justifier le faible financement bancaire de ce secteur.

III.3. Electricité, gaz et eau

Il s'agit d'un secteur où règne le monopole. Que ce soit au niveau de l'électricité, de l'eau ou encore du gaz, ce sont des entreprises publiques ou des entreprises privées exerçant sous concession de l'Etat. Le financement des investissements se fait selon des mécanismes prévus dans les contrats de concession et non par le crédit bancaire. Le recours à ce dernier n'est pas proscrit mais il est très encadré, ce qui fait que le financement bancaire de ce secteur est très faible. Généralement, c'est à partir des financements publics (sur le budget de l'Etat) que les investissements son effectués.

III.4. Bâtiments et travaux publics

Le sous financement de ce secteur est justifié dans un contexte où les infrastructures de communication n'ont pas été aménagées depuis plusieurs années et où aucun nouveau chantier n'a été ouvert entre temps. Ce secteur est l'un des plus sinistrés car depuis 2002 aucun investissement majeur n'y a été effectué. Auparavant, les projets étaient financés en dernier ressort par les bailleurs de fonds internationaux. Ce qui donnait des garanties aux banques pour accorder des crédits aux opérateurs économiques de ce secteur. Depuis que les bailleurs n'accordent que des appuis budgétaires, le domaine du bâtiment et des travaux publics ne perçoit que très peu de crédits bancaires. Avec le prolongement de l'autoroute du Nord jusqu'à Yamoussoukro et la réfection de plusieurs routes urbaines et nationales, nous osons croire que cette tendance s'inversera.

III.5. Assurance, immobilier et services aux entreprises

Le manque de crédit aux maisons d'assurance ne doit pas surprendre car ces entreprises exerçant dans le secteur financier, ont la possibilité de mobiliser des ressources nécessaires à leurs besoins sans s'adresser à une banque. Par contre, la faible part du financement dont bénéficie l'immobilier est surprenante. En effet, les projets immobiliers sont devenus nombreux et en considérant les charges supportées par les promoteurs de ces projets, l'on peut déduire que des fonds importants sont mobilisés. Puisque la présente analyse montre que ce financement provient d'une manière très marginale de la banque, il faut s'interroger sur la provenance des ressources impliquées dans ces projets. Quand on sait que c'est le domaine privilégié pour le blanchiment d'argent, une réflexion mérite d'être menée sur ce phénomène.

Par ailleurs, il importe d'indiquer que l'immobilier nécessite des financements à long terme alors que nos banques ne reçoivent que des dépôts à court terme. Il est évident que les établissements de crédit font un arbitrage difficile entre le respect de la norme prudentielle de la BCEAO relative à la couverture des emplois longs par des ressources stables et la satisfaction

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des clients. Dans la plupart des cas, ce sont ces derniers qui sont rationnés. Les projets à court terme sont financés au détriment des projets à long terme.

Quant au secteur des services, il semble majoritairement constitué par des PME assimilées au secteur informel. Seule cette raison pourrait justifier, en partie, le manque de financement en leur faveur.

IV. RECOMMANDATIONS POUR UN FINANCEMENT EFFICACE DE L'ECONOMIE

Le développement n'est possible qu'avec un financement bancaire adapté aux besoins de l'économie. C'est pourquoi la première exigence pour faciliter la tâche des établissements de crédits est de faire la promotion des dépôts à long terme auprès des agents à capacité de financement au détriment des dépôts courts. A ce niveau, les pouvoirs publics doivent inclure cette action dans la politique financière nationale à côté de la promotion de la bancarisation. Ainsi, ces ressources stables seront utilisées pour financer des emplois à long terme.

La seconde recommandation tient à la spécificité de certains secteurs notamment l'agriculture qui, du fait de leur nature, n'attireront que rarement les crédits bancaires. Il serait indiqué que des subventions soient accordées aux paysans ou mettre en place un système de fonds de garantie aux crédits bancaires orientés vers des activités précises. Par ailleurs, les pouvoirs publics doivent favoriser la mise en place des structures de transformation en charge de l'encadrement et du financement des plantations.

La dernière recommandation porte sur le recours éventuel au système financier décentralisé. Il sera d'un apport appréciable surtout pour les entreprises exerçant dans des secteurs marginalisés comme les services. Il en sera de même des autres acteurs qui ne peuvent pas se soumettre aux exigences liées aux crédits bancaires. Ces entreprises pourront profiter des conditions relativement abordables et des fonds disponibles auprès des institutions de microfinance pour combler leur déficit en matière de financement bancaire.

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CONCLUSION

En définitive, il est temps que le financement octroyé par les banques et établissements financiers soit encadré à travers une politique économique et financière du crédit en vue d'impulser une véritable modification de notre système de production. Depuis la période coloniale jusqu'à nos jours, force est de constater que notre économie est encore tributaire de l'exportation des matières premières agricoles et minières. Avec l'existence sur le marché de l'emploi de cadres compétents capables de conférer des plus values à ces produits, il est nécessaire d'accompagner ces derniers et particulièrement, ceux qui ont déjà pris le risque de créer leurs propres entreprises.

Par ailleurs, il n'est pas fortuit de s'interroger sur la structure des crédits mise en relief par cette analyse. Elle serait tributaire de l'obligation liée au respect par les établissements de crédit des ratios prudentiels en vigueur dans la zone UMOA. A ce niveau, l'on peut rappeler le ratio relatif à la couverture des emplois longs par des ressources stables ainsi que les conditions rigides du recours au refinancement BCEAO dans le cadre des accords de classement. Même s'il semble évident que la majeure partie des acteurs de certains secteurs économiques exercent dans l'informel, il n'en demeure pas moins que des dispositions spécifiques d'accès au crédit soient mises en place pour satisfaire leurs demandes. En fait, il est établi, selon des études menées par le Bureau International du Travail (BIT) depuis les années 1970 que le secteur informel contribue d'une manière importante à la création de richesses au sein de nos pays en développement.

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BIBLIOGRAPHIE

BCEAO (2002) : Rapport annuel de la Commission Bancaire de l'UMOA-2002. BCEAO (2003) : Rapport annuel de la Commission Bancaire de l'UMOA-2003. BCEAO (2004) : Rapport annuel de la Commission Bancaire de l'UMOA-2004. BCEAO (2005) : Rapport annuel de la Commission Bancaire de l'UMOA-2005. BCEAO (2006) : Rapport annuel de la Commission Bancaire de l'UMOA-2006. BCEAO (2007) : Rapport annuel de la Commission Bancaire de l'UMOA- 2007. BCEAO (2008) : Rapport annuel de la Commission Bancaire de l'UMOA-2008.

BAMBA, N.L. (2004) : Les Sources de la Croissance en Côte d'Ivoire, Document de Travail, n°97, CAPEC, Côte d'Ivoire.

De Gregorio, J. et Guidotti, P. E. (1995) : Financial Development and Economic Growth, World Development, March, 23 (3), pp. 433-448.

HUTIN Hervé (2008) : Toute la finance, EYROLLES, Editions d'Organisation, Paris.

JEUNE AFRIQUE : Les guides ECOFINANCE pour l'information de l'investisseur 2009 : La Côte d'Ivoire et son potentiel économique, Paris.

KEHO Yaya (2005) : Efficacité macroéconomique du crédit bancaire en Côte d'Ivoire, Document de travail n°118, CAPEC, Côte d'Ivoire.

TRESOR PUBLIC (2010) : Note de conjoncture bancaire du 1er trimestre 2010, Sous Direction des Affaires Monétaires et Bancaires, mars 2010.






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