INTRODUCTION GENERALE
L'agriculture, est caractérisée par l'usage et
la transformation des ressources de base. Certaines de ces ressources sont
confrontées à des pressions d'usage (ressources hydriques et
pédologiques) et par conséquent sont soumises à des
processus de dégradation dont le degré varie selon la ressource
et le lieu. Récemment, les problèmes environnementaux
causés par une activité agricole de plus en plus intensive ont
commencé à faire l'objet d'une prise de conscience mondiale.
Suite à la tenue de la conférence de Rio de Janeiro
(Brésil) en 1992, les pouvoirs publics ont commencé à
réfléchir sur des alternatives orientées vers la gestion
rationnelle et la conservation des ressources naturelles comme bases
fondamentales de développement durable.
La composante « élevage », souvent
considéré comme produit ou intrant de l'agriculture, est une
ressource de base dont sont dotées les exploitations agricoles. Les
animaux d'élevage font également partie intégrante de
l'environnement et obéissent à des processus et mécanismes
de dégradation. Cette dégradation, peut prendre plusieurs formes
dont la plus importante correspond à la perte de la diversité
génétique (Cunningham, 1995).
Les innovations agricoles, mises en oeuvre au fil du temps,
ont spectaculairement marqué la civilisation humaine et elles se sont
diffusées dans le monde entier à travers les caravanes
commerciales et les conquêtes (Mendelsohn, 2003). Le développement
de l'agriculture, y compris l'élevage, a constitué un
élément capital du développement de l'humanité. Au
cours de l'histoire humaine, deux ères se sont distinguées en
matière d'évolution de l'élevage. Durant la
première ère, les éleveurs ont procédé
à des améliorations lentes mais cumulatives de la qualité
génétique de leurs animaux. La diversité est
l'aboutissement de l'effort de nombreuses communautés gérant leur
cheptel dans des habitats et niches écologiques aussi nombreux que
variés, et manipulant la composition génétique en fonction
des besoins spécifiques de leur environnement, de leur système de
production et de leur propre préférence ou objectif
d'élevage. La conviction selon laquelle le cheptel a
évolué uniquement sous l'influence de l'environnement et n'a pas
été modifié par l'intervention de l'homme est largement
répandue dans les milieux spécialisés. Cependant, des
compilations récentes des connaissances traditionnelles sur la
sélection animale réfutent cette analyse (Köhler-Rollefson,
2000). En favorisant les animaux qui sont mieux adaptés aux conditions
locales, les éleveurs ont pu graduellement améliorer leur
production par sélection. En adoptant des approches
génétiques, simples mais efficaces, ils se sont
chargés des aspects d'adaptation des animaux aux conditions
environnementales locales. Ces adaptations ont produit une multitude de races
et ont permis le développement des activités d'élevage
même dans des conditions de production extrêmes (Rege et
al., 2003). A partir de la seconde moitié du
XXième siècle, le progrès technologique et les
activités agricoles prenaient de nouvelles orientations permettant
d'amplifier les processus de sélection à un rythme
régulier. La deuxième ère s'est dessinée donc, en
favorisant la genèse et la diffusion à grande échelle des
innovations technologiques qui sont accompagnées d'une croissance rapide
de la population mondiale. Durant cette période, le progrès
technique et la croissance économique ont constitué les
principaux moteurs du développement humain dans le monde entier. Cette
croissance a eu pour conséquence une augmentation des
disponibilités alimentaires pour les animaux d'élevage qui,
progressivement, sont devenus moins dépendants vis-à-vis des
ressources pastorales et sylvicoles (Mendelsohn, 2003). Cette situation s'est
manifestée par l'émergence de modes de production intensifs en
capital. Parallèlement, les éleveurs engagés dans la
production animale destinée au marché ont procédé
à la substitution des races locales par des races exotiques. La
combinaison, fortement rentable, de races spécialisées et de
procédés de production intensifs en capital, s'est
développée au détriment des techniques de production
traditionnelles, basées sur des races indigènes qui sont devenues
moins viables économiquement. Les succès qui ont marqué
l'amélioration des productivités et des qualités des races
animales spécialisées ont dérobé le "revers
de la médaille", qui est la réduction ou perte de la
diversité des ressources génétiques animales
accumulées et disponibles pour les générations actuelles
et futures (Lamotte, 1995). L'intérêt économique
immédiat ne doit pourtant pas faire oublier l'importance fondamentale
qu'a pour l'avenir le maintien et la préservation de la diversité
génétique, seule à pouvoir répondre à des
besoins futurs d'adaptation.
C'est dans ce cadre général que cette
thèse a été menée. L'objectif principal
était d'évaluer le potentiel actuel des ressources
génétiques animales indigènes, particulièrement en
zones arides de la Tunisie à partir de l'exemple de la population de
dromadaire.
Les objectifs spécifiques étaient de :
· Décrire les pratiques des éleveurs qui
régissent les activités des élevages, les
potentialités productives de l'espèce et leurs
possibilités d'exploitation.
· Décrire les populations des dromadaires
rencontrées.
· Mener une caractérisation
moléculaire des différents écotypes de dromadaires
identifiés.
Ce travail de caractérisation représente une
étape indispensable pour contribuer à la conservation de
l'espèce cameline et sa valorisation économique à l'heure
où la Tunisie s'ouvre au marché mondial.
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