REPUBLIQUE TOGOLAISE
Travail -Liberté -Patrie
-------------
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE A RECHERCHE.
-----------
UNIVERSITE DE LOME
-----------
FACULTE DE DROIT
--------
De fin de formation en vue de l'obtention
du
Diplôme d'Etudes Approfondies
(D.E.A.)
OPTION : DROIT PUBLIC
FONDAMENTAL
Thème :
LA PROBLEMATIQUE DE L'INTEGRATION AFRICAINE
ANNEE ACADEMIQUE
2006-2007
Directeur de Mémoire
M. KPODAR Adama
Agrégé de droit et de science politique, Vice
doyen de la faculté de droit de l'Université de Lomé.
Présenté et soutenu
Publiquement par
KOUNOUDJI Kokou
INTRODUCTION GENERALE
Portée à bout de bras aussi bien dans les
discours politiques qu'économiques, la création de l'Union
africaine peut être considérée comme un
événement majeur dans l'évolution politique et
institutionnelle du continent. Elle serait pour le continent une institution
miracle chargée de trouver des solutions aux multiples problèmes
à travers la technique de l'intégration. Effectivement, le 09
septembre 1999, les chefs d'Etats et de gouvernement de l'Organisation de
l'Unité Africaine ont adopté une déclaration, la
Déclaration de Syrte, demandant la création de l'Union Africaine
en vue, entres autres, d'accélérer le processus
d'intégration sur le continent afin de permettre à l'Afrique de
jouer le rôle qui lui revient dans l'économie mondiale, tout en
déployant des efforts pour résoudre les problèmes sociaux,
économiques et politiques multiformes auxquels elle est
confrontée, problèmes accentués par certains effets
négatifs de la mondialisation. En effet, les principaux objectifs de
l'ex-O.U.A. étaient notamment d'éliminer les derniers vestiges du
colonialisme et de l'apartheid, de renforcer l'unité et la
solidarité des Etats africains, de coordonner et d'intensifier la
coopération en faveur du développement, de défendre la
souveraineté et l'unité territoriale des Etats membres et
de favoriser la coopération internationale dans le cadre des Nations
Unies. Avec l'Union Africaine, le régionalisme africain semble prendre
une nouvelle orientation favorable à une politique d'intégration
continentale même si certains acquis de la politique de
coopération qui avait prévalue sous l'ex-O.U.A. sont encore
gardés.
La nouvelle organisation panafricaine, investie d'une mission
de grande envergure1(*) afin
de répondre aux défis d'une mondialisation de plus en plus hors
de portée, a, plus que jamais, ressuscité la
problématique de l'intégration africaine sous une
dimension originale qui fera l'objet d'une réflexion approfondie dans le
cadre de ce mémoire. De ce fait, la maîtrise de certaines notions
clés du sujet de notre mémoire se révèle aussi
nécessaire que scientifique.
Avant de définir le terme
«intégration», il convient d'aborder brièvement la
notion de «régionalisme» et, ce, dans un contexte
exclusivement africain. S'inspirant de la thèse du professeur Adama
KPODAR2(*), il convient de
souligner que la notion de régionalisme sera abordée, d'une part,
à travers les critères suivants et, d'autre part, par rapport
à l'évolution de la conception des accords ou organismes
régionaux. La détermination des critères du
régionalisme reste très complexe. Faut-il s'intéresser aux
critères géographiques, extra-géographiques ou
partiellement géographiques ?
D'un côté, il faut reconnaître que le
dictionnaire de droit international public est avare dans sa définition
en soulignant simplement que tout ce qui est régional se rapporte
à une zone territoriale faisant partie d'un ensemble plus
étendu3(*). La
doctrine en droit international affirme, de son côté, que le
critère étroitement et exclusivement géographique ne
saurait être retenu.
En effet, selon Charles ROUSSEAU, « la notion
d'entente régionale repose à la fois sur la contiguté
géographique et la communauté d'intérêts
politiques »4(*).
Michel VIRALLY écrivait à ce propos : « ... On a
baptisé ce phénomène : régionalisme. Le terme
est trop étroit. Dans la plupart des cas, il est vrai, le rapprochement
a été favorisé par la géographie, mais d'autres
liens ont pu jouer également... »5(*). L'Union Africaine semble se
conformer à ces divers critères dans la mesure où
elle regroupe des Etats qui sont territorialement contigus. Aussi son objectif
principal est-il de promouvoir le développement économique et le
maintien de la paix et de la sécurité sur le continent
africain.
De l'autre côté, les notions
« d'accords » ou d' « organismes
régionaux » mentionnées par la Charte des Nations Unies
ont subi une évolution en passant d'une interprétation
restrictive à une interprétation large. La question fut largement
débattue lors de l'élaboration de la Charte, et des Etats ont
proposé des critères suivants : le voisinage des Etats, le
caractère permanent6(*) de l'accord, des affinités de culture et de
religion, une organisation commune à tous les Etats du groupe. Les
rédacteurs de la Charte n'ont cependant pas proposé de
critères pour définir ces notions.
L'article 52 prévoit juste que les activités des
accords et organismes régionaux doivent être compatibles avec les
buts et les principes des Nations Unies. Il ne se réfère ni
à l'éventuelle conclusion d'un traité, ni à l'aire
géographique dans laquelle se constitue l'entente régionale.
Aucune procédure n'ayant été prévue, l'expression
« accords ou organismes régionaux » peut faire
l'objet d'une grande souplesse dans sa définition. Sur ce point
précisément, la doctrine est partagée entre deux
tendances.
Pour la première, l'existence des « accords
ou organismes régionaux » doit être le produit d'un
traité conclu entre Etats membres de l'O.N.U. Ainsi, pour Boutros
BOUTROS-GHALI, il est nécessaire que les accords régionaux
disposent d'une structure organique permanente.
De la sorte, cette première tendance doctrinale exige
qu'il s'agisse d'organisations à compétences
générales, c'est-à-dire que, entre autres
finalités, elles doivent s'occuper non seulement d'affaires relatives au
maintien de la paix et de la sécurité internationale, mais encore
d'autres domaines tels que : politique, économique, social et
culturel7(*). Seulement, au
sein de cette première tendance, certains auteurs comme Vellas, Saba,
Padelford, Van Kleffens ou Kelsen se sont montrés plus souples en
estimant que toutes ces conditions ne sont pas nécessaires ni
souhaitables. Ils retiennent comme essentielle, la nécessité d'un
traité ayant pour objectif la sécurité
internationale8(*).
C'est justement cette idée qui se retrouve
dans la première définition donnée dans le dictionnaire de
droit international en ces termes : l'accord régional est un accord de
sécurité conclu par des Etats appartenant à une
région géographique ou politique donnée9(*). Comme nous pouvons le
constater, les interprétations données, par ce premier courant
doctrinal de la notion d'accord et d'organisme régional, ont
été diverses.
Cependant, les auteurs semblent unanimes pour
admettre que l'article 52-1 fait référence à des accords
ou organismes internationaux qui doivent avoir au moins trois
caractéristiques : d'abord, ils doivent être conformes aux
buts et principes des Nations Unies, ensuite, ils doivent prévoir un
mécanisme de règlement des différends10(*), et être conclus entre
Etats d'une zone géographique déterminée11(*). C'est cette conception
restrictive qui l'a emportée dans un premier temps.
Mais une nouvelle conception plus large est
intervenue et fut soutenue par Koffi ANNAN, l'ex Secrétaire
Général des Nations Unies. Pour ce nouveau courant doctrinal, les
accords ou organismes susceptibles de prendre une responsabilité dans le
domaine du maintien de la paix doivent être compris dans un sens
très large : « Les auteurs de la Charte ont
délibérément renoncé à donner une
définition précise des accords et organismes
régionaux ; la souplesse qui en résulte permet à des
groupes d'Etats d'intervenir pour régler une question qui se prête
à une action de caractère régional et de contribuer
également au maintien de la paix et de la sécurité
internationales. Les associations ou entités en question peuvent
être des organisations créées par un traité, avant
ou après la fondation de l'Organisation des Nations Unies, ou bien des
organisations régionales de sécurité et de défense
mutuelles, ou encoure des organisations destinées à assurer le
développement régional d'une façon générale
ou sur un aspect plus spécifique. Ce peut être encore des groupes
créés pour traiter d'une question particulière, qu'elle
soit politique, économique ou sociale, posée au moment
considéré »12(*).
Le nouveau régionalisme africain
qu'incarne actuellement l'Union Africaine s'inscrit dans ces deux formes
d'interprétations. Ce qui permet à la nouvelle organisation
panafricaine de s'inscrire dans une logique favorable à la
réalisation de sa mission d'intégration. Sur ce point, il importe
de savoir que le terme d'intégration est, selon Pierre
François GONIDEC13(*), « à la fois un processus et une
situation qui, à partir d'une société internationale
morcelée en unités indépendantes les unes des autres,
tendant à leur substituer de nouvelles unités plus ou moins
vastes, dotées au minimum du pouvoir de décision, soit dans un ou
plusieurs domaines déterminés, soit dans l'ensemble des domaines
relevant de la compétence des unités intégrées,
à susciter au niveau des consciences individuelles, une adhésion
ou une allégeance et à réaliser au niveau des structures,
une participation de tous au maintien et au développement de la nouvelle
unité».
Notons par ailleurs, qu'une meilleure compréhension de
la notion d'intégration nécessite la prise en compte de celle de
la coopération qui est, toujours selon Pierre François GONIDEC
« un mode des relations internationales qui implique la mise en
oeuvre d'une politique (donc d'une stratégie et d'une tactique)
poursuivie pendant une certaine durée de temps et destinée
à rendre plus intime, grâce à des mécanismes
permanents, les relations internationales dans un ou plusieurs domaines
déterminés, sans mettre en cause l'indépendance des
unités concernées ».
De la sorte, il existe des organisations de coopération
et des organisations d'intégration. En nous fondant sur le dictionnaire
de droit international public14(*), une organisation de coopération est une
« organisation ayant pour but de favoriser la coordination des
activités des Etats membres dans un domaine spécifique afin
d'atteindre des objectifs d'intérêt commun sans transfert de
souveraineté. On la qualifie également d'organisation de
coordination ». Mais une organisation d'intégration est une
« organisation caractérisée par un transfert de
compétences, de pouvoirs, de facultés et de fonctions
étatiques à des organes communs supranationaux, distincts des
gouvernements des Etats membres ». Ce qui n'est pas forcément
facile à déceler au niveau de l'Union Africaine.
Ce constat n'a d'ailleurs pas échappé à
la perspicacité du professeur Koffi AHADZI lorsqu'il déclare,
dans son article : « Réflexions critiques sur l'Union
Africaine », que «l'Union Africaine se présente comme une
organisation à « double face » où la
volonté d'intégration et celle de coopération
s'entrechoquent». Ceci s'explique aussi par le fait que, tout comme la
défunte O.U.A., la création de l'Union Africaine n'a pas
échappé à la vision partagée entre les
défenseurs d'une Afrique unie et forte conformément à la
thèse unitariste15(*) défendue par Kwamé NKRUMAH et les
progressistes qui ont opté pour la nécessité de
bâtir un partenariat entre les gouvernements et toutes les couches de la
société civile afin de renforcer la solidarité et la
cohésion entre les peuples africains. Pour ces derniers, en tant
qu'organisation à vocation continentale, l'Union Africaine devrait se
consacrer d'abord à la promotion de la paix, de la
sécurité et de la stabilité sur le continent comme
préalables à la mise en oeuvre de son programme
d'intégration.
En réalité, nul ne peut contester le fait que
l'Union Africaine demeure la principale organisation panafricaine à
promouvoir une politique d'intégration qui embrasserait l'ensemble du
continent. Et, ceci a connu, depuis 1999, une accélérée
sous l'égide de l'ex-O.U.A. en vue du renforcement de l'unité et
de la solidarité entre les pays et les peuples africains.
Ainsi donc, théoriquement, le trente-sixième
sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine, qui s'est tenu le 11
juillet 2000 au Togo, a consacré l'adoption, par la majorité des
Etat africains, de l'Acte constitutif de l'Union africaine. Ce qui pourrait
apparaître comme le signe d'un début d'accélération
d'une politique d'intégration dynamique sur tout le continent.
Il découle de tout ce qui précède que
notre problématique se fonde sur le constat suivant : sur le
terrain de l'intégration, la mission de l'Union africaine paraît
sans doute très vaste et complexe. Il s'agit désormais pour
l'Union de jouer réellement le jeu de l'intégration et de
s'abstenir de sombrer dans la léthargie dont avait fait preuve
l'ex-O.U.A. qui s'était consacrée largement à la lutte en
faveur de la décolonisation16(*) du continent sans se préoccuper
véritablement des nombreux autres problèmes notamment la
pauvreté croissante et la fragilité économique de
l'Afrique. En effet, il faut reconnaître qu'en lieu et place de
l'unité recommandée, l'ex-O.U.A, partagée entre
« Progressistes » « et
Modérés17(*) », n'avait cessé d'étaler au
grand jour ses divisions sur bon nombre de dossiers plus ou moins sensibles
notamment les crises du Biafra, du Sahara occidental, de l'Angola18(*) etc. ...
Quant à la lutte menée en faveur de la
solidarité et de l'amélioration des conditions d'existence des
peuples africains, le résultat est resté négatif
malgré l'adoption en 1980 du Plan d'Action de Lagos (P.A.L.) en vue
d'aider l'Afrique à se développer et la création de la
Communauté Economique Africaine (C.E.A.) en 1991 pour favoriser
l'intégration économique. C'est ce qui justifie d'ailleurs le
fait que la Banque Mondiale ait qualifié l'Afrique de « Tiers
Monde du Tiers Monde19(*) ».
Pour ce qui concerne la prévention et le
règlement pacifique des conflits armés, le bilan de l'ex-O.U.A
reste très mitigé et ses faiblesses se sont étendues en
raison des « difficultés financières
occasionnées... par les arriérés de cotisation
enregistrés par bon nombre d'Etats membres20(*) ». Comme le note le
professeur Koffi AHADZI, « c'est ...cette O.U.A.
discréditée que l'Union Africaine a été
appelée à remplacer en vue de redonner force et vigueur au vieux
rêve panafricain d'une Afrique unie et forte pour affronter les multiples
défis du vingt-et-unième siècle ». Prenant
l'initiative de cette refondation, le président Khadaffi de
Libye convoqua ses homologues à Syrte en 1999 au tour du
thème : « Comment renforcer la capacité de
l'Afrique à faire face aux défis du nouveau millénaire
» ?
Il importe dès lors de s'interroger sur l'ampleur des
défis auxquels elle devra faire face à cette ère de la
mondialisation.
Il faut reconnaître que l'Union Africaine continue de
rester à l'écart des nombreuses crises socio-économiques
qui secouent le continent et qui affectent principalement les secteurs
public21(*) et
privé22(*). Cette
situation dégradante ne contribue d'ailleurs qu'à enfoncer
davantage les peuples africains dans une extrême pauvreté23(*).
Or, il est évident que l'Union Africaine ne pourra
continuellement se fonder sur l'aide extérieure pour espérer
venir à bout des nombreuses crises24(*) politiques, socio-économiques et culturelles
qui menacent sérieusement la survie du continent. Pour cette raison,
à la veille du 9e sommet de l'Union, la création d'un
gouvernement des États-Unis d'Afrique était devenue un sujet
central alors même qu'aucun préalable n'a été
fixé sur les conditions requises pour un tel projet25(*).
Il ne fait donc aucun doute que cette thématique pose
le problème de la nature du nouveau régionalisme africain :
Fallait-il continuer dans la voie d'une simple organisation de
coopération incarnée par l'ex-O.U.A. ou bien était-il
nécessaire de changer d'orientation ?
Dans tous les cas, l'Union Africaine continue de subir le
souverainisme26(*)
étatique et peine à asseoir véritablement sa
suprématie vis-à-vis de ses Etats membres qui n'hésitent
aucunement à s'engager, avec elle, dans un bras de fer qui affaibli
considérablement sa personnalité juridique
internationale27(*).
Face à cette problématique liée aux
défis de l'intégration africaine, les inquiétudes de
l'ancien président28(*) de la Commission (Alpha Oumar KONARE) de l'Union
Africaine sont de nature à entacher sérieusement la
crédibilité même de la volonté politique des chefs
d'Etats africains à engager une réelle politique
d'intégration sur le continent.
En un mot, si l'intégration africaine sous
l'égide de l'Union Africaine connaît des tendances
favorables29(*), il faut
reconnaître que son chemin reste encore parsemé
d'embûches.
C'est d'ailleurs tout l'intérêt de notre sujet de
mémoire qui vise à mettre en exergue, de façon objective,
les progrès réalisés par la nouvelle organisation
panafricaine dans sa politique d'intégration et à souligner, par
la même occasion, la menace sans cesse grandissante qui met à rude
épreuve cette politique d'intégration régionale. Ainsi,
pour ne pas risquer son processus d'intégration, une plus réelle
volonté politique des chefs d'Etats africains en faveur de
véritables réformes institutionnelles et politiques de l'Union
Africaine s'impose de façon impérative. Ce serait peut-être
le prix à payer pour ne pas donner entièrement raison à
cette tendance doctrinale30(*) qui doute légitimement encore d'une
intégration africaine.
Pour répondre à cette
problématique, plusieurs démarches semblent possibles. On
pourrait envisager en premier lieu de retracer l'origine du
panafricanisme31(*) depuis
sa genèse jusqu'à la création de l'Union Africaine et de
faire le bilan de ses acquis et de ses faiblesses. Mais une telle
démarche nous a paru plutôt descriptive et c'est pourquoi nous
l'avons rejetée. Nous avons donc préféré mettre un
accent particulier sur le progrès que connaît l'intégration
africaine (Première partie) avant de réveiller les consciences
sur les menaces qui pèsent actuellement sur cette intégration
(Deuxième partie).
PREMIERE PARTIE : UNE INTEGRATION EN
PROGRES
Contrairement à l'Organisation de l'Unité
Africaine, le lancement officiel de l'Union Africaine (U.A.) au sommet de
Durban en 2002 a été fait dans une vision différente dans
le but de donner une nouvelle orientation économique et politique
à l'intégration africaine qui est en accélération
depuis 1999 (Chapitre 1). Aussi les tenants et aboutissants de l'Union
Africaine n'ont-ils pas perdu de vue la nécessité de créer
le Conseil de Paix et de Sécurité (C.P.S.) afin de promouvoir la
paix et la sécurité qui constituent les seuls gages de
développement économique du continent (Chapitre 2).
Chapitre 1 : UNE INTEGRATION AFRICAINE
EN ACCELERATION DEPUIS 1999
L'intégration africaine a débuté en 1963
avec la création de l'Organisation de l'Unité Africaine.
Seulement, c'est à partir de 1999-2000 que ce processus a connu une
nouvelle dynamique32(*)
avec l'institution de l'Union Africaine (U.A.) et la naissance du Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (N.E.P.A.D.). Cette
volonté politique affirmée d'encourager le développement
économique et politique par l'intégration régionale
constituera les grands axes de notre rédaction. C'est dire que la
création de l'Union Africaine a permis d'instaurer un équilibre
institutionnel (section 1) en même temps qu'elle a projeté
d'ambitieuses initiatives sur le devenir du continent (section 2).
Section 1 : L'instauration d'un
équilibre institutionnel
Ce nouvel équilibre se remarque
fondamentalement par la rénovation que connaît actuellement
l'organisation exécutive et parlementaire de l'Union Africaine
(paragraphe 1) sans oublier ses institutions juridictionnelles et de
défense des droits de l'homme (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'organisation
exécutive et parlementaire de l'Union Africaine
Pour mener à bien sa mission
d'intégration du continent, l'exécutif de l'Union Africaine se
compose de plusieurs organes disposant chacun d'une fonction
particulière. Il s'agit de la Conférence, du Conseil
exécutif, de la Commission et du Parlement panafricain.
A/ la Conférence, le Conseil exécutif
et la Commission
Organe suprême33(*) de l'Union, la Conférence est composée
des Chefs d'Etats et de Gouvernement ou de leurs représentants
dûment accrédités. S'inspirant de la pratique34(*) en cours dans l'Union
Européenne (U.E.), la présidence de la Conférence est
soumise à un système de rotation.
Mais ce système de rotation n'est pas sans
inconvénient pour l'intégration africaine, car, dans la plupart
des cas, les décisions de la Conférence n'auraient pas souvent un
effet direct35(*). Ceci
s'explique par le fait que l'Union Africaine serait dans l'incapacité de
faire usage des attributions liées à sa personnalité
juridique36(*)
internationale, attributions qui lui permettront de prendre des
décisions exécutoires dans le droit interne de ses Etats membres.
Dans ces conditions, ne serait-il pas préférable
que la présidence de la Conférence soit confiée
périodiquement à un ancien chef d'Etat qui jouirait d'une
réelle crédibilité en matière de bonne gouvernance
et de démocratie au plan interne ? Ce qui aurait probablement le
mérite d'éviter que certains chefs d'Etats africains ne
s'accrochent à vie au pouvoir au moyen des élections
truquées qui débouchent sur des émeutes populaires
réprimées dans le sang37(*) ou sur des guerres civiles. Or, à cette
allure, il serait quasi-impossible pour la nouvelle organisation panafricaine
d'encourager ou de promouvoir la construction de l'Etat de droit sur l'ensemble
du continent.
Disposant de réelles prérogatives par rapport au
droit de l'ex-O.U.A. aux termes de l'Acte constitutif de l'Union, la
Conférence se prononce par consensus ou, à défaut,
à la majorité des deux tiers des Etats membres. Elle prend des
règlements et des directives à caractère obligatoire, et
des recommandations, des déclarations et des résolutions
simplement indicatives. Outre cette avancée, l'institutionnalisation du
poste de président de la Conférence est désormais acquise
aux termes de l'article 6 alinéa 4 de l'Acte constitutif de l'Union
Africaine. De part donc ses prérogatives, la Conférence pourrait
apparaître comme un réel organe de promotion de
l'intégration au niveau des Etats. A cet effet, elle pourra, non
seulement, devenir un organe régulateur, mais aussi un organe
d'incitation de ses Etats membres à oeuvrer, à travers leurs
programmes politiques, pour l'instauration de l'Etat de droit.
En ce qui concerne le Conseil exécutif, il est
composé des ministres des Affaires étrangères ou de tous
autres ministres ou autorités désignées par les
gouvernements des Etats membres. Il est responsable devant la
Conférence. Malgré ses pouvoirs et attributions38(*), il se révèle
incapable de stimuler le commerce intra-africain39(*). De plus, le Conseil
exécutif se montre totalement désorienté et impuissant
à protéger le commerce international de l'Afrique. Ce qui
évidemment serait la cause ultime de la récession40(*) du coton africain.
Par ailleurs, la Commission et le Conseil de Paix
et de Sécurité (C.P.S.) constituent deux autres organes
clés de l'Union Africaine : La Commission joue un rôle
central dans la gestion quotidienne de l'Union. Entre autres attributions, elle
représente41(*)
l'Union et défend ses intérêts.
C'est la Commission qui élabore les projets
de positions communes de l'Union et elle détermine également les
plans stratégiques et les études à soumettre à
l'examen du Conseil exécutif. Notons que la Commission assure
également l'élaboration, la promotion, la coordination et
l'harmonisation des programmes des politiques avec ceux des Communautés
Economiques Régionales (C.E.R.) et veille à l'intégration
des femmes dans tous les programmes, activités de l'Union. Au regard de
son rôle stratégique, la Commission dispose de huit
portefeuilles42(*).
Seulement, la Commission n'est pas non plus à l'abri de
difficultés liées à la réalisation de ses missions.
Ceci s'explique, sans doute, par les nombreuses critiques et interpellations
émanant de son ancien président Alpha Oumar KONARE qui, avant de
céder son fauteuil, a annoncé vouloir réformer les
institutions de l'Union Africaine pour les rendre plus efficaces et moins
bureaucratiques. En effet, il souhaite que son successeur dispose d'un mandat
unique de sept ans (contre quatre ans renouvelables actuellement), ce qui le
mettra à l'abri des pressions des chefs d'État. Il souhaite aussi
que les pouvoirs de ses successeurs soient renforcés et que les
commissaires répondent devant lui et non devant les chefs d'État.
Comme son homologue européen, le président de la Commission de
l'Union Africaine devra pouvoir rappeler sévèrement à
l'ordre, sans être inquiété, les gouvernements qui ne
respectent pas les valeurs qu'ils ont librement adoptées et qui sont
contenues dans l'Acte constitutif.
Figurant parmi les nombreuses institutions ambitieuses de
l'Union Africaine, le Conseil de Paix et de Sécurité (C.P.S.)
sera largement développé dans le chapitre suivant en ce qui
concerne son organisation et son fonctionnement. Il en sera de même pour
le Comité des Représentants permanents et les Comités
Techniques Spécialisés.
De même, il importe de savoir que l'Union Africaine n'a
pas méconnu l'importance de se doter d'un parlement panafricain qui peut
paraître, en réalité, comme un véritable instrument
d'intégration.
B/ L'importance du parlement panafricain dans le
processus d'intégration
Le parlement panafricain est un organe qui vise à
assurer la pleine participation des peuples africains à la gouvernance,
au développement et à l'intégration économique. Le
protocole définissant la composition, les pouvoirs, les attributions et
l'organisation du parlement panafricain a été signé par
les Etats membres et est en cours de ratification. Sa création, en mars
2004 à Addis-Abeba, répond à un souci de rapprochement de
l'Union Africaine et des populations. Il a des pouvoirs consultatifs jusqu'en
200943(*). Les
députés sont désignés ou élus, à
raison de cinq dont une femme, par chaque parlement national. La
présidente est la Tanzanienne Gertrude MONGUELA. 235 membres sur 265 ont
été désignés en avril 2006. Le siège est
situé à Midrand près de Johannesburg en Afrique du Sud
pour les quatre prochaines années.
Le parlement panafricain tient deux sessions ordinaires par
an, ramenées de trente à dix jours par souci d'économie.
Il a tenu cinq44(*)
sessions depuis sa création. Lors de sa 4ème session,
il a adopté à l'unanimité son «Plan
stratégique 2006-2010» élaboré par un
groupe45(*) de travail. Ce
plan porte sur la mise en place des moyens du parlement et sur ses
actions46(*). Il a aussi
étudié divers rapports47(*). Pour remédier aux difficultés de
financement de l'Union Afrcaine et à ses problèmes
budgétaires48(*) , il a proposé la création d'un
«impôt communautaire» et pour enrayer la «fuite des
cerveaux», il a proposé la création d'une «
Université d'Afrique».
La cinquième et dernière session a
montré à la fois l'intérêt de l'institution comme
espace de débat et sa fragilité financière qui la place au
bord de la faillite, en raison de cotisations non payées49(*). En outre, le parlement
bénéficie du soutien de bailleurs50(*) et des partenariats sont sollicités avec
d'autres assemblées à l'instar du parlement européen ou du
Conseil de l'Europe.
Mais de quelle utilité peut être
réellement le parlement panafricain dans le processus
d'intégration du continent ?
S'il est vrai que, conformément à
l'Acte constitutif de l'Union Africaine, le parlement panafricain ne semble
jouer aucun rôle déterminant dans le processus
d'intégration, il n'en demeure pas moins certain qu'il peut constituer,
à l'avenir, un instrument incontournable pouvant révolutionner la
politique d'intégration en cours.
Tout comme le Parlement européen, le
Parlement panafricain peut jouer un rôle primordial dans l'accompagnement
du processus d'intégration en contrebalançant les attributions de
la Conférence au moyen de deux stratégies :
D'abord, en s'inspirant des pratiques
parlementaires européennes51(*), le Parlement panafricain peut intervenir, de
façon significative, dans le processus législatif. Il peut
notamment donner des avis sur les projets d'actes communautaires. Mieux encore,
en Europe, cette consultation du Parlement est obligatoire52(*). Par ce jeu d'intervention en
douce, le Parlement panafricain peut contribuer à harmoniser les
législations nationales en les orientant dans le sens de l'instauration
de l'Etat de droit, de la protection des droits de l'homme et de la garantie
d'un environnement sain.
Ensuite, le Parlement panafricain dispose d'une arme
aussi efficace que l'intervention dans le processus législatif. Il
s'agit notamment du contrôle politique qu'il pourra exercer non seulement
sur les décisions de la Conférence, mais aussi sur tous les
autres organes de l'Union. Par le truchement de son règlement
intérieur, il pourra, à l'instar du Parlement européen,
procéder comme suit :
· Poser des questions orales, avec ou sans débat
à la Commission et au Conseil exécutif de
l'Union.
· Procéder à des débats de politique
générale.
· Constituer une commission temporaire d'enquête en
cas de mauvaise application du droit
de l'Union.
· Recevoir des pétitions individuelles ou
collectives sur tout sujet relevant des domaines
d'activités de l'Union.
Aussi est-il important de savoir que si la Conférence
favorise plus largement l'intégration au niveau des Etats, le Parlement
pourra, à son tour, constituer un des instruments clefs ultime de
l'édification d'une d'intégration au niveau des peuples. Ce qui
peut contribuer à faire participer les citoyens africains aux
décisions qui engagent le continent dans son ensemble.
Malheureusement, la structure monocamérale du parlement
panafricain peut apparaître comme un véritable handicap à
«... la pleine participation des peuples africains au développement
et à l'intégration économique du continent» comme le
prévoit l'article 17 ?
En tout état de cause, l'efficacité
du Parlement panafricain pouvait être renforcée si ce dernier
reposait sur une double représentativité qui tienne compte des
réalités socio-politique de la société africaine.
Il serait opportun qu'il dispose de deux Chambres distinctes comme c'est
le cas dans les systèmes fédéraux53(*). Il s'agira de:
· La Chambre des Etats ou
«Sénat africain» qui sera composée
essentiellement des anciens chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que de hauts
fonctionnaires africains à la retraite. Une telle composition du
Sénat africain pourra, à long terme, inciter les chefs d'Etat
africains à ne pas s'éterniser au pouvoir contre la
volonté de leurs peuples comme c'est le cas actuellement au Zimbabwe
Ceci étant, le Sénat africain pouvait servir de frein aux
éventuels excès de la Conférence dans l'exercice de ses
attributions. Il peut également accompagner le Conseil de paix et de
sécurité dans sa mission de maintien de la paix et de la
sécurité sur le continent.
· et de la Chambre des citoyens ou
«Assemblée africaine». Seule la composition
des membres de cette dernière pourra être soumise à un
système électoral au suffrage universel direct. C'est elle qui se
chargera effectivement faire prévaloir les aspirations des peuples
africains au plus haut sommet de l'Union Africaine.
Par ailleurs, le Parlement panafricain pourrait
également servir d'organe de contrôle des élections
présidentielle et législative sur le continent de sorte à
contenir davantage les troubles ethniques54(*) qui surgissent avant et après ces
élections sur le continent.
Enfin, le Parlement devra non seulement
récupérer le droit de voter le budget de l'Union en
exerçant un contrôle très poussé dans le domaine,
mais il doit aussi partager, avec la Conférence de l'Union, l'initiative
des lois.
Dans tous les cas, la question se pose de savoir quelle
légitimité pourrait avoir un parlement panafricain qui ne serait
pas l'émanation de la volonté des peuples africains ?
En effet, au regard de sa léthargie
actuelle et quels que soient les privilèges et immunités55(*) de ses membres, le parlement
panafricain pourrait apparaître comme moins indispensable dans la mesure
où il n'exerce pratiquement aucun contrôle sur le fonctionnement
des systèmes électoraux au niveau des Etats qui continuent
d'instrumentaliser leurs parlements pour en faire de simples instruments au
service du politique56(*)
qui s'en sert habilement pour conserver le pouvoir le plus longtemps possible.
Ainsi, pour compenser cette situation de concentration des
pouvoirs au niveau de la Conférence et réduire, par la même
occasion, l'inefficacité se rapportant au fonctionnement même du
parlement panafricain, l'Union Africaine s'est-elle dotée des
institutions juridictionnelles.
Paragraphe 2 : Le concours des
institutions juridictionnelles dans le processus
d'intégration
Se fondant sur la Charte africaine des droits de l'homme et
des peuples, l'Union Africaine a créé de nouvelles institutions
tant dans le domaine juridictionnel (A) que dans celui de la défense des
droits de l'homme (B).
A/ La mission des institutions
juridictionnelles
Au cours de la description de ces
institutions, nous essayerons de faire le point sur leur contribution au
progrès enregistré par rapport au processus d'intégration
en cours sur le continent.
1. La Cour africaine des droits de l'homme et des
peuples
Au prime abord, il s'agit de la Cour africaine des droits de
l'homme et des peuples et le protocole afférent a été
adopté en 1998 avant d'entrer en vigueur en 2004. La Cour est
composée de 11 juges qui sont sélectionnés pour leur
compétence. Ils sont élus par la Conférence des chefs
d'Etat, par scrutin secret et avec un souci d'équilibre par
région et par système juridique. Elle ne peut pas comprendre plus
d'un juge de la même nationalité. Le mandat est de 6 ans
renouvelable une fois. Sa mission est de veiller au respect de la Charte
africaine des droits de l'homme et des peuples.
En outre, elle peut aussi constituer une voie de
recours pour les Etats victimes ou incriminés, les
organisations intergouvernementales africaines et la Commission Africaine pour
les droits de l'homme et des peuples. Un protocole en cours de ratification la
rendrait accessible aux particuliers. En effet, cette Cour apparaît comme
le début de l'expression d'une conscience juridique régionale.
Elle vient ainsi renforcer le système de protection des droits de
l'homme sur le continent dans la mesure où elle constitue un dernier
recours contentieux pour les citoyens africains dès qu'ils estiment que
le droit est mal dit au niveau de leurs juridictions nationales. Ce faisant,
elle s'apparente à la Cour européenne des droits de l'homme et
permet de, ce fait, d'étendre la garantie des droits individuels qui
sont constamment bafoués57(*) par les juridictions nationales en Afrique.
C'est clair que cette Cour aura, principalement,
pour mission de garantir le respect les droits de l'homme qui sont
quotidiennement violés sur le continent, soit en raison des conflits
armés58(*) qui se
multiplient et qui débouchent parfois même sur des
génocides, jetant ainsi, sur la voie de l'exil59(*), des milliers de personnes
notamment les femmes et les enfants, soit en raison des élections mal
organisées qui divisent les populations d'un même pays60(*). Ce qui favorise le plus
souvent la formation de rebellions armées qui n'hésitent pas
à enrouler des enfants61(*) dans leurs rangs.
Il faut ajouter que la prise de conscience par les africains
de la nécessité de renforcer leur système de protection
des droits individuels et collectifs s'est faite également ressentir
avec la création de la Cour de Justice de l'Union Africain.
2. L'importance de la Cour de Justice de l'Union Africaine
Le protocole de la Cour de Justice de l'Union Africaine est
adopté par la deuxième session ordinaire de la Conférence
de l'Union à Maputo, le 11 juillet 2003. Principal organe juridictionnel
de l'Union, la Cour de Justice de l'Union Africaine a sa mission définie
à l'article 2062(*)
du Protocole qui est analogue à l'article 38 du statut de la C.I.J. Elle
serait composée de 11 juges dont au moins deux par région. Les
juges seraient élus par la Conférence des chefs d'Etats au vote
secret, pour un mandat de six ans. La Cour rendrait un rapport annuel lors du
sommet ordinaire de L'Union Africaine et siègerait en Tanzanie. Tout
comme la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, la Cour de
justice de l'Union Africaine viendra compléter l'arsenal juridique
africain en matière du respect des droits de l'homme et de lutte contre
l'impunité. Il reste donc à ces deux juridictions de
démontrer qu'elles peuvent dire le droit63(*) et garantir ainsi la justice sur le continent.
Mais une question fondamentale se pose de savoir si l'Union
Africaine serait en mesure, du moins financièrement, de disposer de deux
juridictions. Heureusement, cette préoccupation n'a pas
échappé à la nouvelle organisation panafricaine qui a
déjà prévu une nouvelle Cour de justice et des droits de
l'homme.
En effet, à Syrte en juillet 2005, un projet de
protocole portant création d'une Cour de justice et des droits de
l'homme de l'Union Africaine a été élaboré. Cette
Cour fusionnerait en une seule la Cour africaine des droits de l'homme et des
peuples et le projet relatif à la Cour de Justice de l'Union Africaine.
Cette nouvelle Cour devrait comprendre 15 juges élus pour un mandat de
six ans et rééligibles une fois. Elle comprendrait
également deux chambres : l'une spécialisée sur les
questions liées aux droits de l'homme et des peuples, l'autre de
compétence générale. Ce Protocole entrerait en vigueur
après ratification par 15 Etats membres.
Aussi ne faudrait-il pas oublier que l'Union Africaine a mis
en place des institutions de défense des droits de l'homme.
B/ Le rôle des institutions de défense
des droits de l'homme
Le tout premier instrument de défense des droits de
l'homme de l'Union Africaine est la Charte africaine des droits de l'homme
et des peuples. Ce texte de référence a été
adopté en 1981 et est entré en vigueur en 1986. Il affirme les
grands principes et porte création de la Commission africaine des droits
de l'homme et des peuples qui, ayant son siège à Bandjul, est
sous la présidence actuelle du Burkina-Faso. Cette Commission africaine
des droits de l'homme et des peuples est composée de 11 membres
élus pour six ans et rééligibles. Elle possède une
compétence générale sur les questions relatives aux droits
de l'homme et l'application de la Charte. Elle peut mener enquête,
recevoir des communications et rendre des rapports, dont un rapport annuel au
sommet ordinaire de l'Union.
A titre d'exemple, ses rapports ont porté sur des pays
comme (la R.D.C., l'Ethiopie, l'Ouganda, le Soudan, le Zimbabwe) ou sur des
situations générales (appel à la lutte contre
l'impunité). Son 19e rapport d'activité a
été adopté à Khartoum en janvier 2006, mais
certains rapports-pays ne sont pas publiés. Une fois saisie pour cause
de violation des droits de l'homme, la Commission peut saisir à son tour
la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples.
De même, conformément à ses objectifs,
l'Union Africaine s'est engagée à favoriser la coopération
internationale en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies et
de la Déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que de tous
les autres instruments pertinents relatifs aux droits de l'homme notamment les
deux pactes de 1966.
Aussi ne serait-il pas injuste de passer sous silence
les nombreuses initiatives sur le devenir de l'Union dans le cadre du
renforcement du processus d'intégration ?
Section 2 : Les initiatives sur le devenir
de l'Union
Sous l'influence des défenseurs64(*) de l'intégration, le
principe d'unification politique et économique par étapes fut
inscrit dans l'Acte constitutif auquel il donna «l'orientation
unioniste» qui sera étudiée dans les développements
ci-après dans son double volet politique (Paragraphe 1) et
économique (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : D'une vision progressiste
de l'intégration politique
Aux termes de l'article 3, alinéa c de l'Acte
constitutif de l'Union Africaine, celle-ci se donne pour objectif, entre autres
«d'accélérer l'intégration politique». Or, comme
le dit clairement le professeur Koffi AHADZI dans son article
précité, « ce processus n'est possible qu'entre Etats
qui partagent les mêmes valeurs politiques, en l'occurrence
libérales ». C'est pourquoi, l'Acte constitutif de l'Union
Africaine contrairement à la Charte de l'ex-O.U.A. restée muette
sur ces questions capitales, se fixe pour objectifs de :
- «Réaliser une plus grande unité et
solidarité entre les pays africains et entre les peuples
d'Afrique » ;
- «Accélérer l'intégration politique
et socio-économique du continent» ;
- «Promouvoir et défendre les positions africaines
communes sur les questions d'intérêt pour le continent et
ses peuples» ;
- «Promouvoir la paix, la sécurité et la
stabilité sur le continent» ;
- «Promouvoir les principes et les institutions
démocratiques, la participation populaire et de bonne
gouvernance» ;
- « Promouvoir et protéger les droits de l'homme
et des peuples conformément à la Charte
africaine des droits de l'homme et des peuples et aux
instruments pertinents relatifs aux droits de l'homme»65(*) ;
- « Créer les conditions appropriées
permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans
l'économie mondiale et dans les négociations
internationales».
En vue d'atteindre ces objectifs, l'Union Africaine
adopte les principes suivants qui sont aussi
des avancées incontestables par rapport à la
Charte de l'ex-O.U.A.:
- « Le droit de l'Union d'intervenir dans un Etat
membre sur décision de la Conférence, dans
certaines circonstances graves, à savoir : Les
crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l'humanité
ainsi qu'une menace grave de l'ordre légitime afin de restaurer la paix
et la stabilité dans l'Etat membre sur la recommandation du Conseil de
paix et de sécurité»66(*) ;
- « Respect des principes démocratiques, des
droits de l'homme, de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance»67(*) ;
- « Promotion de la justice sociale pour assurer le
développement économique équilibré» ;
- « Respect du caractère sacro-saint de la vie
humaine et condamnation et rejet de l'impunité,
des assassinats politiques, des actes de terrorisme et des
activités subversives» ;
- « Condamnation et rejet des changements
anticonstitutionnels de gouvernement»68(*).
Afin de mettre réellement en application ces principes,
l'Union Africaine a adopté un certain nombre de textes et de
mécanismes parmi lesquels on peut citer la Conférence sur la
sécurité, la stabilité, le développement et la
coopération en Afrique (C.S.S.D.C.A.)69(*) ; la Déclaration du N.E.P.A.D70(*) sur la démocratie, la
gouvernance politique et économique et la gouvernance des entreprises
(2002) ; le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs
(2002)71(*) ; la
Déclaration de Durban sur les élections, la gouvernance et la
démocratie (2002) ; la Convention sur la prévention et la
lutte contre la corruption (2003). C'est dire que l'effort
déployé par l'Union Africaine sur le plan normatif et conceptuel
pour encourager la démocratie en Afrique reste appréciable. Ces
efforts peuvent faire progresser davantage le processus d'intégration
s'ils ne sont pas laissés aux oubliettes, car ils exigent un
véritable sacrifice de volonté politique de la part des
dirigeants et des peuples africains. C'est pourquoi il est important de
comprendre que l'intégration régionale ne se réalise
qu'à long terme avec plus de rigueur et de ténacité
à tous les niveaux. C'est justement suivant ce processus que l'Union
Européenne connaît une extension de ses Etats membres au fil du
temps. Il paraît donc clair que le sacrifice à long terme restera
le prix à payer pour réaliser, avec un succès
éclatant, le projet d'intégration économique par
étapes entrepris par l'Union Africaine.
Paragraphe 2 : Vers une intégration
économique fractionnée
C'est l'article 3, c de son Acte constitutif qui fixe à
l'Union Africaine « l'accélération de l'intégration
socio-économique» de l'Afrique comme un de ses objectifs majeurs.
Dans cette perspective, la Communauté Economique Africaine (C.E.A.),
créée en 1991 par le traité d'Abuja signé sous les
auspices de l'O.U.A., a été intégré dans le
dispositif de la nouvelle organisation panafricaine.
Entré en vigueur en 1994, ce traité
prévoit un processus d'intégration progressive de trente-quatre
ans comportant six étapes et devant s'achever en 2028 :
La première étape, d'une durée de cinq
ans, doit se traduire par un soutien accordé aux six communautés
économiques existantes72(*) et par la création de nouvelles;
La seconde, pour sa part, devra se dérouler sur huit
ans et se solder par l'harmonisation des tarifs et des barrières du
commerce régional et le soutien de l'intégration sectorielle dans
des domaines tels que l'agriculture, le commerce, les finances, etc ;
La troisième prévue pour
s'étendre sur dix ans verra l'établissement d'une zone de libre
échange et d'une union douanière73(*) au niveau de chaque communauté
économique régionale ; la quatrième,
programmée sur deux ans, sera consacrée à la coordination
et à l'harmonisation des systèmes tarifaires et non tarifaires
parmi les communautés économiques régionales en vue de la
mise sur pied d'une union douanière continentale ;la
cinquième qui sera réalisée en quatre ans, se traduira par
la création d'un marché commun africain74(*) et l'adoption de
politiques communes ; la sixième, enfin, étalée sur
cinq ans, parachèvera le processus par l'intégration de tous les
secteurs, la création d'une banque centrale africaine, d'une seule
monnaie africaine, d'une union monétaire et économique
africaine75(*) et d'un
parlement panafricain76(*).
Afin d'avoir un meilleur suivi du processus
d'intégration, un Conseil économique, social et culturel ainsi
que des Comités techniques spécialisées ont
été mis sur pied77(*). Il reste que les communautés
économiques régionales constituent « les
véritables chevilles-ouvrières » du dispositif
d'intégration.
C'est pourquoi, en 1998, un Protocole régissant les
relations entre la C.E.A. et ces communautés fut adopté. Aux
termes de l'article 4 de ce traité, «les parties s'engagent
à promouvoir la coordination de leurs politiques, mesures, programmes et
activités en vue d'éviter le double emploi». Ainsi, comme
dans le domaine de l'intégration politique, un effort réel a
été fait pour la promotion de l'intégration
économique. Ici, comme le démontre clairement le professeur Koffi
AHADZI, on est même plus loin que les simples déclarations de
principe puisque les communautés économiques régionales
existent déjà.
Mais, il faut bien voir selon les auteurs d'un rapport
élaboré sous l'égide de la Commission économique
des Nations Unies pour l'Afrique, qu'«en dépit des
déclarations politiques, des arrangements institutionnels complexes et
des efforts que ne cessent de faire les gouvernements, le bilan est bien
maigre. A la différence des autres organismes d'intégration
économique dans d'autres régions78(*) du monde, les communautés régionales
africaines n'ont pas réussi à accélérer la
croissance ni à intensifier le commerce79(*)». Analysant les causes de cet échec, les
experts de la Commission économique constatent que «le processus
d'intégration de l'Afrique se heurte à des problèmes dont
certains peuvent être imputés aux objectifs trop ambitieux par
rapport aux besoins en ressources et en capacités...
Les mêmes problèmes systémiques qui
entravent le développement des économies nationales du continent
bloquent aussi les progrès rapides vers son intégration». A
côté de ces causes structurelles ici mentionnées, il nous
semble indispensable d'évoquer une insuffisance de volonté
politique des dirigeants africains à consentir des abandons
significatifs de souveraineté qui constituent pourtant la condition
essentielle de toute forme d'intégration. A cet égard, l'Acte
constitutif de l'Union Africaine apporte un témoignage éclairant.
Il faut aussi noter que le champ des innovations de la
nouvelle organisation panafricaine s'est également étendu au
domaine sensible du maintien de la paix et de la sécurité sur le
continent avec la création du Conseil de paix et de
sécurité.
Chapitre 2 DES AVANCEES RELATIVES AU MAINTIEN
DE LA PAIX
ET DE LA SECURITE
«Pas de Paix, pas de Développement»! Cette
maxime universelle n'a pas échappé à la
perspicacité des partisans de l'intégration africaine. Ces
derniers ont certainement pris conscience de l'ampleur des conflits
armés80(*) qui
déchirent le continent et ont compris la nécessité de
doter l'organisation panafricaine d'un nouvel organe de paix, plus
crédible et plus efficace.
Comme l'a si bien perçu le professeur Adama
KPODAR81(*),
«... c'est l'introuvable paix dans une Afrique poudrière, et
surtout, le changement de la stratégie sécuritaire internationale
qui ont conduit la communauté internationale à responsabiliser
les organisations régionales africaines dans le domaine du maintien de
la paix. Dans ce contexte a germé l'idée de créer des
forces militaires sous-régionales82(*) en s'appuyant sur les organisations existantes telles
que la CEDEAO. Afin de matérialiser cette idée en Afrique de
l'Ouest, il a été mis en place un cadre de coopération en
matière de sécurité à travers la signature de
différents Protocoles... ».
La paix constituant désormais une condition
préalable de la sécurité et du développement du
continent, l'Union Africaine a mis en place en mai 2004 un Conseil de paix et
de sécurité (C.P.S.) qui s'est substitué au
Mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement
des conflits de l'ex-O.U.A., créé en 1993, mais qui a
montré ses limites. Ce nouvel instrument, qui sera étudié
ici en détail, vise à jouer un rôle clef dans la future
architecture de stabilité du continent africain. C'est dire que le souci
de renforcer la paix et la sécurité sur le continent a pris corps
avec la création du Conseil de paix et de sécurité
(C.P.S.) dont le caractère novateur mérite d'être mis en
exergue dans ce chapitre. Avant d'évaluer l'action de cette nouvelle
institution de paix et de sécurité (C.P.S.) en matière de
prévention, de gestion et de règlement des conflits armés
qui secouent le continent (Section 2), il serait judicieux de faire le point
sur ses principes de fonctionnement, son mandat et sur sa composition (Section
1).
Section1 / La création du Conseil
de paix et de sécurité (C.P.S.) : une institution
novatrice
L'innovation incarnée par la création du Conseil
de Paix et de Sécurité (C.P.S.) se trouve
caractérisée non seulement par l'assouplissement de certains de
ses principes de fonctionnement contenus dans le Protocole relatif à sa
création et dans son règlement intérieur83(*) et par l'apparition de
nouveaux concepts (Paragraphe 1), mais aussi par la particularité des
critères de sélection de d'élection de ses membres
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les principes de
fonctionnement du C.P.S.
Il s'agira ici de relever les principes (A) avant d'aborder la
rubrique des fonctions du C.P.S. (B)
A/ Les principes régissant le C.P.S.
Comme tout organe institutionnel, le C.P.S.
fonde bien évidemment son action sur des principes. Ceux qui lui ont
été attribués par les pays africains sont
évoqués à l'article 4 du Protocole à
savoir :
· le règlement pacifique des différends et des
conflits ;
· la réaction rapide aux situations de
crises ;
· le respect de l'Etat de droit et des droits de
l'homme ;
· l'interdépendance entre paix,
sécurité et développement ;
· le respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale des Etats membres ;
· la non-ingérence ;
· l'égalité souveraine des Etats ;
· le respect des frontières héritées de
la colonisation ;
· le « droit d'ingérence84(*) » reconnu à
l'Union en cas de violation massive des droits de l'homme ou de menaces
à la paix.
Les principes qui guident l'action du C.P.S. sont
l'expression d'un compromis et d'une « ambiguté
constructive » qui a permis aux Etats africains de construire un
consensus autour de deux approches antinomiques : « la
non-ingérence d'un Etat membre dans les affaires intérieures d'un
autre Etat membre » (article 4 du Protocole) et « le droit
de l'Union d'intervenir dans un Etat membre dans certaines circonstances graves
[...] » (article4.j du Protocole).
En tout état de cause, la création du
C.P.S. peut être considérée comme un atout important qui
vient renforcer le processus d'intégration du continent. En effet, s'il
ne fait l'objet d'aucun doute que les organisations sous-régionales
africaines85(*) ont failli
à leur mission de maintien de la paix et de la sécurité
sur le continent, il faut reconnaître que chacune d'elles a son
mécanisme de règlement des différends86(*) qui lui est propre.
Vu donc l'enjeu que représente le maintien de
la paix et de la sécurité en Afrique, l'Union Africaine a donc
compris la nécessité de se doter d'un Conseil de paix et de
sécurité pour contenir les nombreux conflits armés qui
déchirent les peuple africains, car depuis quelques décennies le
système de sécurité des Nations Unies a montré ses
limites dans la gestion des conflits en Afrique. Ainsi, le C.P.S.
apparaît comme l'organe suprême de régulation des
systèmes sous-régionaux de maintien de la paix et de la
sécurité dès lors que le règlement d'un conflit
dépasserait les compétences d'une organisation
sous-régionale. Bref, le C.P.S. est pour l'Afrique ce que l'OTAN est
pour l'Europe et les Etats-Unis ou ce que le Conseil de sécurité
est pour les Nations-Unies. C'est donc prévisible qu'avec la
création du C.P.S, l'Union Africaine entend manifester sa ferme
volonté d'intégrer ou d'harmoniser davantage les
mécanismes de maintien de la paix et de la sécurité
collectives sur le continent. Pour s'en convaincre, il nous suffira de faire la
lumière sur les diverses fonctions assignées à cette
nouvelle institution qu'est le C.P.S.
B/ L'apport des fonctions assignées au C.P.S. en
matière d'intégration
De part la diversité des fonctions qui lui sont
assignées, le C.P.S participe87(*), sans aucun doute, au processus d'intégration
entrepris par l'Union Africaine. Ses fonctions sont déterminées
par rapport à sa composition et à son mandat.
1. Les fonctions
Aux termes de l'article 6 du Protocole, les fonctions du
C.P.S. peuvent être résumés comme suit :
· la promotion de la paix, de la sécurité
et de la stabilité ;
· la prévention, la gestion et le règlement
des conflits ;
· la consolidation des processus de paix et la
reconstruction post-conflit ;
· l'action humanitaire et la gestion des catastrophes.
Par ailleurs, pour mener à bien son action et les
missions qui lui ont été dévolues, le C.P.S. dispose de
pouvoirs énoncés à l'article 7 du Protocole, à
savoir :
· l'anticipation, la prévention et le
règlement des conflits ;
· l'intervention dans le cadre d'une opération de
maintien de la paix ;
· les sanctions contre toute menace ou atteinte à
la paix ;
· la mise en oeuvre de la politique de défense
commune ;
· la lutte contre le terrorisme ;
· la coopération avec les mécanismes
régionaux et les Nations Unies dans préservation et le maintien
de la paix.
La périodicité des réunions permet
d'assurer une certaine continuité : au niveau des
ambassadeurs, « aussi souvent que nécessaire, mais au
moins deux fois par an » ; au niveau des ministres ainsi
qu'à celui des Chefs d'Etat et de Gouvernement, « au moins
une fois par an, respectivement » (article 2 du règlement
intérieur).
La réunion annuelle au niveau des Chefs d'Etat vise
à la fois à montrer l'intérêt certain des dirigeants
africains à la gestion de ces conflits et à donner plus de
crédibilité aux décisions en leur conférant plus
d'impact sur les plans politique et médiatique. En
réalité, le C.P.S. reste, en quelque sorte, en
« session permanente » dans la mesure où il peut
être saisi à tout moment face à une situation d'urgence. La
tenue des réunions à huis clos et le fait que les pays
concernés par le conflit inscrit sur l'agenda de la réunion
présentent leur cas au début de la séance, et ce avant de
se retirer, permettent aux membres du C.P.S. de débattre et de
délibérer en toute liberté et en toute
responsabilité88(*).
Par rapport donc à ces multiples fonctions, nul ne
saurait dénier le fait que le C.P.S. soit investi d'une mission
hautement importante qui est celle d'harmoniser les mécanismes
sous-régionaux de règlement des différends pour une paix
durable sur le continent. Bref, avec le C.P.S, l'Union Africaine affiche
clairement sa volonté de prendre en charge la gestion des conflits qui
retardent actuellement le développement économique de l'Afrique.
Ce qui paraît davantage séduisant, c'est aussi
l'ingéniosité liée à la composition et au mandat
de cette nouvelle institution chargée de préserver la paix et la
sécurité sur le continent.
2. La composition
Le C.P.S est marqué par le choix de l'absence de
membres permanents et d'un pouvoir de veto pour conférer aux
décisions prises un caractère consensuel et
démocratique. Or, il existe une dimension mimétique
importantes dans les institutions et les règles de l'Union Africaine par
rapport à l'Union Européenne et aux Nations Unies.
De même, dans une certaine mesure, le C.P.S. est de
facto d'inspiration onusienne car la double composante « membres
permanents/membres non permanents89(*) » se reflète d'une certaine
manière dans sa composition et son fonctionnement avec la
possibilité pratique d'exercer une certaine permanence par la
prolongation de la durée d'occupation de son siège. Deux facteurs
ont, néanmoins, joué in fine contre l'existence de
membres permanents au sein du C.P.S. : premièrement, les pressions
actuelles pour une recomposition du Conseil de sécurité des
Nations Unies90(*) ;
deuxièmement, l'opposition vigoureuse des « petits
Etats » africains à accepter le statut de membres permanents
par crainte de cautionner l'octroi de pouvoirs exorbitants à certains
Etats. Les « petits Etats » se montrent, certes,
peut-être jaloux du mandat de trois ans qu'ils espèrent pouvoir
obtenir un jour, mais ils savent également que ces « grandes
puissances » potentielles présentent plus d'une
fragilité, en particulier leur absence de consensus politique interne,
leur risque de partition ethnique et leur fragilité sur le plan
économique.
Aussi le choix de l'absence d'un pouvoir de veto
relève-t-il, au moins, de deux considérations selon lesquelles un
tel droit aurait été plutôt dommageable :
premièrement, la manipulation à leurs propres fins de ce droit
par certains Etats ; deuxièmement, la particularité des
conflits sur le continent, à savoir l'implication de certains pays
africains dans les situations conflictuelles de leurs voisins, voire leur
complicité dans leur maintien ou leur aggravation. Tout ceci
confère au C.P.S. un mandat non moins important.
3. Le mandat
Le mandat du C.P.S. a été clarifié et
élargi pour inclure toutes les étapes des situations
conflictuelles
· un système d'alerte des situations de crise
potentielles ;
· des activités de prévention, de gestion
et de règlement des conflits ;
· la reconstruction post-conflit comprenant le
désarmement, la
démobilisation et la
réintégration des combattants ;
· l'appui à la bonne gouvernance et le soutien aux
élections libres.
Deux types d'intervention de l'Union sont prévues avec
ou sans composante militaire : d'une part, le droit d'intervention de
l'Union Africaine dans un Etat membre de la Conférence des Chefs d'Etats
et de Gouvernement dans certaines situations graves de violations des droits de
l'homme comme les crimes de guerre, les génocides et les crimes contre
l'humanité (article 4.h de l'Acte constitutif) ; d'autre part, le
droit des Etats membres de solliciter l'intervention de l'Union pour restaurer
la paix et la sécurité (article 4.j de l'Acte constitutif). Il
est également prévu d'apporter une plus grande attention à
la maximisation de l'utilisation des ressources des puissances
sous-régionales.
Outre l'assistance technique qui lui sera apportée par
la Commission de l'Union Africaine le C.P.S. bénéficiera de
l'appui des mécanismes opérationnels suivants :
· le « groupe des sages »,
composé de cinq personnalités africaines nommées, pour une
période de trois ans, par la Conférence de l'Union. Il aura,
notamment, pour mission de fournir des services consultatifs au C.P.S. et au
président de la Commission sur les questions touchant au maintien et
à la promotion de la paix ; de la sécurité et de la
stabilité en Afrique (article 11 du Protocole) ;
· le Système continental d'alerte rapide, qui sera
constitué d'un centre d'observation chargé de la collecte et de
l'analyse des données permettant de mieux suivre l'évolution des
conflits sur le continent et de recommander la meilleure action à
prendre (article 12 du Protocole) ;
· la Force africaine pré-positionnée ou
Force africaine en attente qui sera, pour sa part, constituée de cinq
brigades, à raison d'une brigade par région, en vue
d'éventuel déploiement rapide (article 13 du Protocole). La mise
en place progressive de ces brigades devra s'achever, au plus tard, en juin
2010 ;
· le Fonds de la paix, destiné à financer
les missions de maintien de la paix, ainsi que toute autre activité
opérationnelle liée à la paix et à la
sécurité en Afrique. Il sera essentiellement alimenté par
des prélèvements sur le budget ordinaire de l'Union, par des
contributions volontaires des Etats membres et par d'autres sources africaines
et extra-africaines (article 21 du Protocole).
L'autre originalité du C.P.S. se rapporte justement aux
critères de sélection et d'élection de ses membres. Ces
critères sont, sans doute, animés par un esprit
d'intégration.
Paragraphe 2 : Les critères de
sélection et d'élection des membres du C.P.S.
La procédure d'élection (A) tout comme le
système électoral (B) des membres du C.P.S. témoignent de
son implication direction dans le processus d'intégration.
A/ La particularité de la procédure de
sélection
Ces membres sont présélectionnés au
niveau sous-régional, puis les candidatures retenues sont soumises au
Conseil exécutif de l'Union Africaine pour élection.
L'idée sous-jacente à l'adoption du principe de consultations et
d'arrangements préalables au niveau des cinq sous-régions peut
s'expliquer par le souci des Etats membres de respecter une tradition bien
ancrée au niveau des institutions régionales et internationales,
de faciliter le processus de sélection des candidats au C.P.S. et de
responsabiliser les sous-régions dans les choix retenus. La
sélection des Etats membres au niveau des sous-régions est
déterminée par un certain nombre de critères liés
à leur volonté, à leur capacité et à leur
disponibilité concernant la restauration de la paix et la
préservation de la sécurité.
Les critères ouvrant droit à la
qualité de membre de C.P.S. sont identiques pour les cinq
sous-régions et ont été strictement définis
à l'article 5.2 du Protocole91(*). La sélection opérée au niveau
de chaque sous-région a été globalement respectée
lors du choix des membres puisque les 45 Etats membres habilités
à voter, les autres étant soumis à sanction92(*), ont élu les pays dont
la candidature a été présentée par chacune de leur
région respective pour un mandat de deux ou trois ans.
B/ Le système électoral
Après la sélection
sous-régionale93(*), les membres du C.P.S. sont élus par
l'exécutif de l'Union dans le strict respect des principes de rotation
et de répartition géographique équitable. Actuellement
deux types de mandat, d'une durée respective de deux et trois ans, pour
les 15 membres94(*)
siégeant au Conseil ont été institués, d'une part,
pour favoriser la continuité et le suivi des dossiers et, d'autre part,
pour marquer la différence entre les pays influents et ceux qui le sont
moins. Une telle formule présente l'avantage d'éviter le
changement total des membres du C.P.S. au terme des mandatures. Ainsi les
premières consultations et élections ont-elles permis de confier
un mandat de :
· trois ans pour le Nigeria (Afrique de l'Ouest),
l'Algérie (Afrique du Nord), l'Ethiopie (Afrique de l'Est), le Gabon
(Afrique centrale), et l'Afrique du Sud (Afrique australe) ;
· deux ans pour le Ghana, le Sénégal, et le
Togo (Afrique de l'Ouest), la Libye (Afrique du Nord), le Kenya et le Soudan
(Afrique de l'Est), le Cameroun et le Congo (Afrique centrale), le Lesotho et
le Mozambique (Afrique australe).
Tout Etat membre du C.P.S. a, au demeurant, la
possibilité d'être réélu95(*) et ce, à la
différence des membres non permanents du Conseil de
sécurité des Nations Unies, qui ne peuvent exercer deux mandats
consécutifs. Vu sa particularité, une première
évaluation de l'action du Conseil de paix et de sécurité
mérite d'être faite.
Section 2/ L'action du Conseil de paix et de
sécurité : une première évaluation
Il est certes prématuré
d'évaluer l'action du C.P.S, son installation récente (mai 2004)
limite objectivement la portée de l'exercice. En réalité,
ce qui compte dans cette perspective, c'est moins les résultats dans
l'accomplissement des missions qui lui ont été assignées
que les efforts et les initiatives déployés dans le cadre de sa
mise en oeuvre. L'entrée en vigueur du Protocole et son application ont
tout de même soulevé diverses interrogations, comme le fait de
savoir pourquoi certains Etats ne l'ont pas encore ratifié ?
Comment faire cohabiter les responsabilités qui incombent respectivement
au président en exercice de l'U.A., au président de la Commission
de l'U.A. et au président du C.P.S. en matière de gestion des
conflits ou encore si le débat parallèle sur la défense
commune n'est pas de nature à affaiblir le consensus africain sur le
rôle du C.P.S. Il serait donc judicieux, avant d'évoquer les
apories inhérentes au C.P.S. (paragraphe 2), de faire l'état des
lieux de ses premières activités (paragraphe 1).
Paragraphe 1 :
L'état des lieux des premières activités du
C.P.S.
Non seulement, le C.P.S. s'est attaché au respect de la
périodicité des réunions prévues dans le Protocole
(A), mais aussi il a marqué sa détermination à contribuer
à la restauration de la paix sur le continent (B).
A/ L'attachement au respect de la
périodicité des réunions
La première réunion ministérielle du
C.P.S. a été convoquée le 15 mars 2004, à
l'occasion de la quatrième session ordinaire du Conseil exécutif
de l'Union, après l'élection de ses membres.
Une vingtaine de réunions ont eu lieu au niveau des
ambassadeurs en l'espace de dix mois, auxquelles il faut ajouter une
réunion au niveau ministériel (04 juillet 2004) et une autre au
niveau des Chefs d'Etat et de Gouvernement (25 mai 2004).
A la demande du président Omar BONGO dont le pays avait
assuré la présidence du C.P.S. pour le mois de janvier 2005, une
autre réunion au niveau des Chefs d'Etat et de Gouvernement avait eu
lieu à Libreville (Gabon) les 10 et 11 janvier 2005. Le nombre
relativement élevé des réunions du C.P.S. dans un temps
relativement court permet de relever que la périodicité
prévue dans le Protocole a été respectée, ce qui
atteste de la détermination des Etats membres de conférer
à cet instrument une importance toute particulière.
Par ailleurs, la question du changement de la
présidence du C.P.S. pour une réunion en raison de
l'intérêt direct du pays concerné sur l'agenda a
été réglée de façon originale. C'est ainsi
que le Soudan disposait théoriquement de la présidence du C.P.S.
pour le mois d'août 200496(*). Or l'agenda de la 14e réunion en
date du 09 août 2004, a savoir l'examen de la situation au Darfour,
concernait directement le Gouvernement soudanais. L'article 6.8 du Protocole
prévoit dans ce cas son remplacement par le membre du C.P.S. suivant
dans l'ordre alphabétique. En l'espèce, le Togo aurait donc
dû se substituer au Soudan pour la tenue de cette réunion. Mais la
présidence est finalement revenue à l'Algérie dans la
mesure où le Togo n'était représenté, à
l'époque, auprès de l'U.A. que par un chargé d'affaires,
et non pas par un ambassadeur.
Au-delà de cet attachement au respect de la
périodicité des réunions, les membres du C.P.S. ont
également marqué leur engagement à restaurer la paix sur
le continent.
B/ L'engagement de restaurer la paix sur le
continent
Le C.P.S. a manifesté sa détermination
à promouvoir la paix sur le continent en :
· multipliant les initiatives de paix97(*) ;
· montrant une plus grande rapidité dans l'examen
des situations par 15 Etats « connus » et facilement
mobilisables, qui vise à accélérer autant que faire ce
peut la prise de la décision ;
· essayant de « bien faire » compte
de leur volonté d'être réélus à l'issue de
mandats relativement courts ;
· favorisant des discussions plus franches qu'au sein de
l'Organe central ;
· désirant prendre des décisions et adopter
des résolutions plutôt que de produire de simples
communiqués comme dans le passé ;
· ayant la volonté de donner plus de force et
d'impact à ses décisions (il est loisible de citer à titre
d'exemple leur insistance à maintenir la pression sur le Gouvernement
burundais pour qu'il respecte les échéances électorales
fixées) ;
· organisant des activités pour le soutien
à la paix et à la sécurité telle la
« retraite » de réflexion des ambassadeurs africains
à Addis-Abeba et des hauts responsables de la Commission, qui s'est
tenue au Cap du 1er au 04 mai 2004, sur le thème du
« programme africain de paix et de
sécurité ». Cette retraite était
organisée autour des thèmes suivants : méthodes de
travail du Conseil de paix et de sécurité ; rôle du
N.E.P.A.D. dans la consolidation de la paix et du développement en
Afrique ; mobilisation des ressources pour le Fonds de la paix de l'U.A.
en vue de soutenir les initiatives africaines de paix et de
sécurité ; création de la Force africaine en
attente ; alerte rapide et réponse rapide ; relations entre
l'U.A. et les C.E.R., avec une attention particulière à la
nouvelle architecture de paix et de sécurité. Un certain nombre
de recommandations ont d'ailleurs été formulées sur la
voie à suivre pour le renforcement de la capacité du C.P.S et de
l'Union dans la promotion et le maintien de la paix et de la
sécurité en Afrique ;
· mobilisant davantage le soutien financier des
partenaires, particulièrement celui de l'Union Européenne qui
reste le partenaire privilégié de l'Union Africaine ;
· impliquant de manière plus visible l'O.N.U. dans la
consolidation des initiatives de paix concernant le continent africain98(*).
Mais, il faut admettre que malgré ses efforts
pluridisciplinaires, le C.P.S. n'est pas à l'abri des
difficultés.
Paragraphe 2 : Les apories
inhérentes au C.P.S.
Le C.P.S. dont les décisions n'ont pas
véritablement un effet direct au regard du droit interne des Etats
membres de l'Union Africaine (B), connaît un disfonctionnement interne
(A).
A/ La léthargie fonctionnelle du
C.P.S.
L'une des premières apories semble résider dans
le fait que nombres de représentants permanents acquiescent facilement
les rapports proposés par la Commission. Les membres du C.P.S.
paraissent d'ailleurs particulièrement dépendants des rapports
produits par la Commission parce que la plupart des ambassades
concernées ne sont pas encore prêtes matériellement pour un
suivi très régulier et objectif des conflits africains.
En dépit de l'existence de bureaux de
représentation et de bureau de liaison99(*), le C.P.S ne dispose pas encore de tous les moyens
pour développer des informations objectives sur le terrain100(*), ce qui ouvre la porte
à toutes sortes de manipulations, de désinformations et
d'instrumentalisations101(*). En effet, certains diplomates africains
allèguent à leur corps défendant que la convocation en
urgence et par téléphone de la plupart des réunions du
C.P.S. ne leur donne pas le temps nécessaire pour se préparer
convenablement et consulter leur gouvernement afin d'établir une
position ferme pouvant être proposée pour discussion lors de
ladite réunion. A cela s'ajoute le fait que la plupart d'entre eux sont
des « généralistes » qui ne disposent pas
encore d'une connaissance approfondie des conflits armés.
Dans les cas, dans la plupart des réunions, le
consensus privilégié par les ambassadeurs crée une
situation d'apparente sérénité qui ne traduit pas
nécessairement une unité de pensée. A cet égard, il
est loisible de se demander si le « suivisme politique » de
certains ne l'emporte pas sur l'affirmation de propositions objectives et
constructives. En effet, les représentants permanents des Etats
semblent, sûrement par prudence, hésiter à susciter un
réel débat de fond. Ils ont à cet égard
certainement hérité d' « une
vieille habitude » de l'OUA qui consistait à montrer une
solidarité réciproque entre « frères
africains » et craignent d'être à leur tour un jour
condamnés. C'est ainsi que les membres du C.P.S. se sont limités
à une simple condamnation de ce qui se passe en Côte- d'Ivoire
lors de la réunion du 27 mars 2004 ou encore qu'ils n'ont pas
utilisé l'article 4.j du Protocole à l'encontre du Gouvernement
soudanais dans la situation du Darfour.
Outre ce disfonctionnement interne, les décisions
du C.P.S. n'ont pas toujours d'effet direct dans le droit interne des Etats
membres de l'Union Africaine.
B/ L'absence d'effet direct des décisions du
C.P.S.
L'absence de suivi et de mise en oeuvre des décisions
du C.P.S. est au demeurant déjà visible. En effet, lors de la
réunion du 25 mai 2004, le C.P.S. avait pris la décision de
dépêcher une mission d'information en Erythrée
chargée de vérifier les allégations du Gouvernement
soudanais selon lesquelles ce pays soutiendrait les rebelles du Darfour. Mais,
il a relevé, lors de sa réunion du 04 juillet 2004, que cette
décision n'avait pas été mise en oeuvre. C'est dire que le
risque que les décisions du C.P.S. ne soient « pas prises au
sérieux » par les Etats concernés est réel dans
la mesure où ces derniers savent pertinemment que l'Union Africaine ne
dispose pas encore des moyens matériels et financiers pour garantir le
respect de ses normes.
A cet égard, il convient de mentionner que,
lors de la deuxième réunion du C.P.S., le directeur du
Département Paix et Sécurité de la Commission de l'Union
Africaine, M. Said DJINNIT a déploré le fait que, mis à
part les pays contributeurs en troupe102(*) et le Sénégal, les autres Etats
membres de l'Union Africaine, en particulier les membres du C.P.S., n'aient
apporté aucune contribution à la M.I.A.B. en dépit des
appels répétés du président de la Commission et de
différents organes de l'Union Africaine.
De plus, certains reprochent au C.P.S. d'agir avec
moins de célérité et de profondeur que le Conseil de
sécurité des Nations Unies103(*). A cela s'ajoute le fait que le manque de
capacités d'intervention aux niveaux politique, financier et logistique
implique la nécessité d'un renforcement du partenariat avec
l'Union Européenne et les Nations Unies. Le C.P.S. se trouve, pour le
moment, subordonné à l'aide financière et logistique de
ces deux organisations. Le montage opérationnel et financier de la
commission de cessez-le feu et de la mission d'observation de l'U.A. au Darfour
(M.U.A.S.) en constitue le premier exemple concret et servira donc, en quelque
sorte d'«opération test». A cet effet, le Fonds de la paix a
été obligé de recourir aux ressources
extrabudgétaires de l'U.A. pour l'opération MUAS II104(*), le Groupe de travail
intégré pour le Darfour-GTID105(*) et les pourparlers d'Abuja.
Enfin, s'il ne fait aucun doute que, contrairement à
l'ex- O.U.A., l'Union Africaine se distingue fondamentalement par ses
innovations institutionnelles en vue de rendre plus effective
l'intégration africaine, il faut néanmoins admettre que la
nouvelle organisation panafricaine devra faire face à de grands
défis qui peuvent se révélés nuisibles à sa
mission d'intégration sur le continent tant sur le plan interne
qu'international.
DEUXIEME PARTIE : UNE INTEGRATION
MENACEE
Face aux grands défis actuels inhérents à la
promotion d'une politique d'intégration régionale, nul ne saurait
remettre en cause l'inertie dont fait preuve actuellement l'Union Africaine.
En effet, toute démarche scientifique
conduirait certainement à faire remarquer que des menaces
sérieuses pèsent actuellement sur la politique
d'intégration qui est celle de l'Union Africaine. Bien qu'étant
fondamentalement liées à l'organisation et au fonctionnement
même de la nouvelle organisation panafricaine, ces menaces sont aussi
bien d'ordre juridique (Chapitre1) que pratique (Chapitre 2).
Chapitre 1 L ES
MENACES JURIDIQUES
Par menaces juridiques, il faut comprendre, essentiellement,
que nous sommes au coeur même des dispositions ou normes sur lesquelles
se fonde l'arsenal juridique de l'Union Africaine. Il ne fait aucun doute que
c'est l'Acte constitutif de l'Union qui nous communique la philosophie des
règles qui régissent l'organisation et le fonctionnement de cette
nouvelle institution panafricaine.
Pourquoi soulever cette question des menaces juridiques,
comment les déceler et quelles sont les mesures qui s'imposent en la
matière pour sauver l'Union Africaine de son probable naufrage ?
Tout au long de ce chapitre, nous essayerons d'apporter des
éclaircissements scientifiques aux différents volets de cette
interrogation en prenant soin, bien évidemment, d'aborder, dans notre
conclusion générale, le volet consacré aux mesures
à prendre pour contenir ces menaces.
La question de savoir le pourquoi de ces menaces juridiques
pose, en réalité, le problème de la nature du nouveau
régionalisme106(*) africain. Et, ce point a été
déjà débattu, de façon substantielle, avec
l'article précité du professeur Koffi AHADZI107(*) qui nous a permis de
constater que l'Union Africaine se présente comme un
« ...mélange d'intégrationnisme et de
souverainisme... ». De ce mélange donc, nous réalisons
que les menaces juridiques qui perturbent la bonne marche de la politique
d'intégration de l'Union Africain sont, non seulement d'ordre normatif
(Section 1), mais aussi de nature institutionnelle (Section 2).
Section 1/ Les menaces d'ordre
normatif
L'idée des menaces normatives s'est construite autour
d'un paradoxe en ces termes : en même temps que l'organisation met
l'accent sur le principe de l'union, l'Acte constitutif de l'Union Africaine
consacre des principes et objectifs qui s'opposent à toute idée
de regroupement.
Il faut admettre que la reconduction des principes et
objectifs souverainistes est une situation paradoxale (Paragraphe 1) qui porte
un coup quasi-fatal à la politique d'intégration de l'Union
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Le paradoxe né de la
réaffirmation des principes et objectifs souverainistes
En toute évidence, deux articles essentiels de l'Acte
constitutif de l'Union Africaine peuvent être indexés comme
s'opposant à toute idée d'intégration (A) même si,
en la matière, des efforts sont fournis pour tenter de corriger cette
incohérence (B).
A/ Les textes incriminés
Après avoir dressé le constat (1), nous
tenterons d'y apporter une explication (2).
1. Le constat
Les deux textes fondamentaux considérés comme
contraires à l'idée d'intégration se situent aux articles
3 et 4 de l'Acte constitutif.
En effet, le premier, en son alinéa b, fixe comme
objectif à l'Union de «défendre la souveraineté,
l'intégrité territoriale et l'indépendance des Etats
membres». En ce qui concerne le second, il définit les principes de
base de l'organisation. Parmi ces principes, l'on peut citer :
- l' « égalité souveraine et
l'indépendance de tous les Etats membres de l'Union» ;
- le «respect des frontières existant au moment
de l'accession à l'indépendance» ;
- la «non -ingérence d'un Etat membre dans les
affaires intérieures d'un autre Etat membre».
En réalité, ces principes,
tirés de la plus pure tradition de l'interétatisme fondé
sur le triomphe de Etat-Ntaion108(*), constituent la négation tout simplement du
principe d'union puisque, fondamentalement, celle-ci repose sur des abandons de
souveraineté et la disparition progressive ou immédiates des
frontières étatiques internationales au profit d'une
entité à vocation supranationale109(*). C'est donc le souverainisme
qui continue de dominer, pour l'essentiel du moins, les fondements de l'Union
Africaine. En cela, celle-ci s'inscrit dans la droite ligne de sa
devancière : l'Organisation de l'Unité Africaine. En effet,
après avoir affirmé la nécessité de «renforcer
l'unité et la solidarité des Etats africains et
malgache»110(*), la
Charte de la défunte organisation fixe comme objectifs, entre autres,
de :
- « Coordonner et intensifier » la
coopération entre les Etats membres» ;
- « Défendre leur souveraineté, leur
intégrité territoriale et leur
indépendance»111(*)
Afin d'atteindre ces différents objectifs,
les Etats s'appuient notamment sur des principes suivants :
- «égalité souveraine...» ;
- «non-ingérence dans les affaires
intérieures des Etats» ;
- «respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale de chaque Etat et de son droit
inaliénable à une existence indépendante»112(*).
Force est donc de constater qu'entre l'Union
Africaine et l'Organisation de l'Unité Africaine, la ressemblance sur
ces points précis est très frappante. On peut même soutenir
que la première, en inscrivant le principe de l'«uti possidetis
juris»113(*) dans
son Acte constitutif, accentue ses traits souverainistes, puisque du temps de
l'O.U.A., un tel principe était certes en vigueur, mais ne se trouvait
consigné que dans une simple résolution adoptée par la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement en 1964 au moment du
premier sommet ordinaire tenu au Caire en Egypte114(*).
Dès lors, il se pose la question de savoir
quelles peuvent être les raisons qui permettent d'expliquer un
tel paradoxe ?
2. L'explication
C'est en ayant recours à l'histoire du
régionalisme africain115(*) que nous serons en mesure d'élucider ce
paradoxe entretenu par l'Acte constitutif de l'Union Africaine.
En effet, au moment de la création de
l'ex-O.U.A., il y avait deux thèses en présence : celle du
fédéralisme défendue par Kwamé NKRUMAH et celle du
nationalisme étatique soutenue notamment par Félix
HOUPHOUET-BOIGNY, premier président de la Côte d'Ivoire
indépendante. Si la première voulait que l'Afrique s'unisse
immédiatement par l'abolition des frontières
héritées de la colonisation, la seconde, en revanche,
prônait une unité africaine fondée sur la
coopération entre Etats souverains regroupés au sein d'une
organisation de coopération.
Lors de la conférence d'Addis-Abéba
(21-28 Mai 1963) qui donna naissance à l'O.U.A., ce fut la
deuxième thèse qui triompha. L'on comprend ainsi la mention dans
la Charte de l'O.U.A. des principes qui mettent l'accent sur
l'interétatisme et ignorent le supranationalisme.
Comme le soulignaient les partisans de l'Afrique
des Etats-Nations, «l'unité qui constitue notre but actuel n'a pas
en vue une intégration politique d'Etats souverains, mais une
unité d'aspiration et d'action considérée sous l'angle de
la solidarité nationale africaine et de l'identité des points de
vue politiques»116(*). Fondée sur cette base, l'O.U.A. ne tarda pas
à montrer son inefficacité117(*). Un consensus se dégagea progressivement aux
fins de la réformer.
D'accord sur le principe, les dirigeants
africains se divisèrent, une fois de plus, sur les orientations à
donner à la nouvelle organisation. Alors que le président
Khadaffi de Libye défendait, comme Kwamé NKRUMAH en son temps, le
projet d'une union continentale immédiate, les présidents
Mbéki (Afrique du Sud), Obasanjo (Nigéria), Bongo (Gabon), etc,
trouvaient la démarche précipitée ; un
troisième groupe de Chefs d'Etat, parmi lesquels feu Eyadéma
GNASSINGBE, préconisaient l'union par étapes. C'est à
cette voie moyenne que tous finirent par adhérer, ce qui explique les
concessions faites au panafricanisme et la résistance des principes
interétatiques118(*).
Cette coexistence d'idéaux contradictoires
constitue un obstacle de taille à la dynamique unitaire, car la
concrétisation de celle-ci suppose la renonciation à bon nombre
d'avantages certains (recettes financières, position de pouvoir...) en
contrepartie de gains futurs aléatoires. La tendance sera toujours plus
forte de faire triompher le court terme sur le long, c'est-à-dire de
faire prévaloir les égosmes nationaux sur la solidarité.
C'est ce que soulignent les auteurs précités du rapport de la
Commission Economique des Nations-Unies pour l'Afrique en notant «la
réticence des gouvernements à sacrifier les intérêts
politiques nationaux immédiats sur l'autel des objectifs
économiques régionaux à long terme (qui seraient plus
avantageux pour les populations à long terme) ou à céder
des domaines essentiels de la souveraineté à des institutions
régionales119(*)».
N'est-ce pas ce qui pourrait expliquer les
résultats décevants enregistrés par le processus
d'intégration africaine ?
On peut le croire si l'on sait surtout qu'un tel
processus doit être impulsé par des organes plus
imprégnés de la philosophie interétatique que
supranationale.
Par ailleurs, il faut admettre que ce paradoxe connaît
certains aménagements qui ne sauraient constituer une solution
définitive en raison justement du contrôle absolu exercé
par la Conférence qui a conservé ses attributions anciennes sous
l'égide de l'ex-O.U.A..
B/ Des efforts insuffisants pour remédier aux
incohérences de l'Acte constitutif
L'expérience a démontré qu'il
paraît plus délicat de mettre fin à l'existence d'une
organisation internationale dans des conditions où l'Acte constitutif ne
prévoit pas une clause transitoire ou à travers un appel aux
organes juridictionnels établis par les organisations successeurs. A ce
propos, la question120(*) du régime des territoires sous mandat
(sud-ouest africain) et celle des compétences exercées à
leur égard par des organes de l'O.N.U succédant à ceux de
la S.D.N ont été portées devant la C.I.J par une
série de demandes d'avis consultatifs (Rec. 1950, 1954, 1955, 1971).
C'est justement dans cette optique que se range l'article 33 alinéas 1
et 2 de l'Acte constitutif de l'Union Africaine qui dispose :
« 1. Le présent Acte remplace la Charte de
l'Organisation de l'Unité Africaine. Toutefois, ladite Charte reste en
vigueur pendant une période transitoire n'excédant pas un an ou
tout autre délai déterminé par la Conférence,
après l'entrée en vigueur du présent Acte, pour permettre
à l'O.U.A./ A.E.C. de prendre les mesures appropriées pour le
transfert de ses prérogatives, de ses biens, de ses droits et de ses
obligations à l'Union et de régler toutes les questions y
afférentes.
2. Les dispositions du présent Acte ont
également préséance et remplacent les dispositions du
Traité d'Abuja instituant la Communauté économique
africaine, qui pourraient être contraires au présent
Acte ».
En plus, il existe une autre innovation au profit de la
personnalité juridique internationale121(*) de l'Union Africaine qui figure à l'article 4
(h)122(*) de l'Acte
constitutif et qui concerne le droit d'intervention. Seulement, ces efforts
paraissent si insignifiants que le continent noir semble, plus que jamais,
s'orienter vers une autodestruction en raison des nombreux conflits
armés assaisonnés de coup d'Etat militaires123(*) qui ne cessent de se
multiplier sous le regard complice ou du moins impuissant de l'Union
Africaine.
Ceci étant, le principal défi de l'Union
Africaine restera certainement l'affirmation, de façon audacieuse, de sa
personnalité juridique internationale afin de contrôler,
efficacement, la résistance de certains de ses Etats membres qui ne
seraient pas prêts à accepter d'abandonner une partie de leur
souveraineté au profit du succès de l'intégration.
Cette situation serait d'ailleurs, la cause principale des
faiblesses récurrentes de l'Union Africaine à maintenir la paix
et la sécurité sur le continent. Ce qui l'oblige justement
à se réfugier derrière les solutions unilatérales
des organisations sous-régionales africaines qui, elles aussi, ne se
préoccupent pas véritablement des problèmes les plus
élémentaires de leurs populations. C'est ainsi que la jeunesse
africaine se trouve aujourd'hui désorientée, car ne croyant plus
en un avenir meilleur en raison du taux de chômage qui reste très
élevé en Afrique. Ceci pourra davantage expliquer le fait que le
phénomène actuel de l'insécurité
alimentaire124(*) touche
principalement le continent noir. Et, cette recrudescence du
phénomène de chômage apparaît aujourd'hui comme la
conséquence immédiate de l'ampleur que connaît actuellement
l'immigration clandestine125(*) de la jeunesse africaine vers les pays du Nord. Dans
ces conditions, il reviendrait à l'Union Africaine d'encourager, au
niveau des sous-régions, la mise en place d'une réelle politique
de développement au niveau des secteurs clefs comme l'éducation,
la santé, le travail, l'agriculture et l'économie.
Au regard de ces exigences de développement, la
question se pose de savoir si l'Union Africaine a véritablement les
moyens de sa politique d'intégration ?
Dans tous les cas et quelles que soient les
promesses de la nouvelle organisation panafricaine en matière
d'intégration, nul ne peut nier la pertinence des critiques du
professeur Koffi AHADZI lorsqu'il déclare : « L'Union
Africaine...n'échappe pas à la critique en cautionnant ou en
faisant le silence sur des consultations électorales ne
répondant pas aux normes internationalement
admises126(*). Il est
très significatif de relever que le président Obasanjo du Nigeria
qui assure pour un an à l'issue du sommet de 2004, la présidence
de l'organisation, a été réélu dans son pays au
terme d'élections dont les irrégularités massives ont
été dénoncées par tous les observateurs,
exceptée l'Union Africaine. Comment des ces conditions peut-il avoir
l'autorité morale nécessaire pour dénoncer, au nom de
l'Union, les scrutins frauduleux organisés par ses
homologues ? »
C'est donc clair que « L'embarras
dans lequel l'institution se trouve plongée à l'issue des
élections togolaises du 24 avril 2005127(*) est la conséquence de cet état de
chose. Alors que son président en exercice, appuyé par la plupart
de ses pairs, semble donner quitus au nouveau président togolais, le
président de la Commission, Alpha Omar KONARE, reste très
critique à l'égard du processus électoral dans son
ensemble128(*) ».
« Or si l'Union Africaine, contrairement
aux organisations dont elle s'inspire sur ces points politiques, à
savoir l'Union Européenne, le Conseil de l'Europe et l'Organisation pour
la Sécurité et la Coopération en Europe, ne peut pas
rester ferme sur la défense de ses principes fondateurs, il est à
craindre qu'elle ne s'engage sur la même voie que son
prédécesseur, l'O.U.A., naguère connue pour sa
frilosité à l'égard des questions relatives à la
démocratie ainsi qu'aux droits et libertés des citoyens. Dans ces
conditions, l'objectif d'intégration politique demeure une vague
idée sans aucune consistance puisque les prés requis qui doivent
conduire à sa réalisation relèvent du
mythe... ».
Dans tous les cas, les incohérences et les faiblesses dont
fait preuve actuellement l'Union Africaine ne peuvent conduire qu'à des
situations de risques imprévisibles voire extrêmement dangereux
pour l'ensemble du continent.
Paragraphe 2 : Les risques d'une disparition
précoce de l'Union Africaine
Face à cette situation présente qui se rapporte
à l'impuissance quasi-généralisée de la nouvelle
organisation panafricaine (A), les Etats membres font prévaloir leur
souveraineté sur des intérêts régionaux. Ce qui
constitue un réel danger pour l'intégration africaine (B).
A/ L'inertie de l'Union Africaine dans la
prévention et la gestion des conflits armés
Il faut reconnaître que l'action de l'organisation est
demeurée très limitée dans bien des domaines. Elle s'est
souvent révélée impuissante face aux antagonismes qui
agitent les pays africains et aux multiples conflits qui en sont le corollaire.
En effet, le continent est déchiré depuis les
indépendances par des conflits armés inter Etats, intra Etats,
ethniques, religieux, économiques.
En outre, ces conflits armés n'épargnent aucune
région géographique du continent et les conséquences sont
alarmantes129(*).
Certaines de ces guerres ont été extrêmement
longues130(*).
D'ailleurs, cette inquiétude a été partagée par
Koffi ANNAN (l'ex- Secrétaire Général des Nations Unies).
Il avait affirmé, devant les chefs d'Etats à travers une
allocution prononcée le 10 juillet 2003 à l'occasion du sommet de
l'Union Africaine qui se tenait à Maputo au Mozambique, que la
responsabilité de mettre fin aux conflits qui pèsent de
façon intolérable sur les populations et le développement
du continent incombait d'abord aux dirigeants africains. «C'est pourquoi,
a-t-il ajouté, les membres de l'Union Africaine doivent
impérativement mettre au point une stratégie commune de
règlement pacifique des conflits». Citant le Mozambique comme
exemple Koffi ANNAN n'en a pas moins observé que les «
événements tragiques récents au Libéria, en
République Démocratique du Congo dans l'Ituri et les Kivus»
montraient « malheureusement que l'Afrique était loin
d'avoir les mécanismes dont elle avait besoin pour empêcher un
conflit d'éclater ou faire respecter les principes
élémentaires du droit international humanitaire».
Dans ces pays a-t-il ajouté, « des horreurs sans nom ont
été commises, qui devraient être un sujet de honte pour les
africains, pour les êtres humains...».
A cela, il faut ajouter l'insuffisance du budget de l'Union
Africaine, encore aggravée par les nombreux arriérés de
contribution. Et, la raison principale du peu de résultats
enregistrés dans la prévention et le règlement des
conflits reste cependant non seulement le manque de moyens militaires
adéquats, mais aussi le manque de volonté politique des Etats
membres, plus soucieux de la préservation de leur
souveraineté.
B/ Le danger de la persistance du souverainisme
étatique
«Préserver au maximum leur
souveraineté»131(*), telle est la volonté indéfectible des
Etats africains malgré l'existence de dispositions conventionnelles et
de déclarations de principes panafricanistes. Malheureusement, ce vice
souverainiste des Etats est, d'une manière ou d'une autre, entretenu par
l'Acte constitutif de l'Union Africaine qui a fixé des objectifs et a
posé des principes qui sont de nature à encourager le recours
à la souveraineté étatique. Or, une telle politique
individualiste de la part des Etats n'est pas sans danger pour le
développement du continent.
En effet, le recours à des politiques et à des
programmes souverainistes a, considérablement, affaibli les pays en
développement dans les négociations commerciales internationales
en général et au sein de l'O.M.C.132(*) en particulier. Deux raisons
principales permettent donc d'expliquer cette faiblesse, devenue
récurrente.
1. Les raisons fondamentales
Pour les dégager, il convient de considérer
d'abord les sources de toute puissance dans ce domaine sensible des
négociations commerciales internationales : force politique et
stratégique, force économique et poids du nombre. A l'exception
possible de quelques rares pays, les pays africains ne disposent pas des deux
types de force.
Dans les capitales de nombreux pays africains, la classe
politique ne voit pas qu'il est nécessaire de faire preuve de
solidarité. Certains estiment qu'il est plus avantageux de renforcer les
liens avec les principaux pays développés et de se les concilier,
plutôt que de procéder à un regroupement avec les autres
pays africains. Quelques uns croient que leur importance est suffisante pour
obtenir de meilleures conditions et un plus grand appui des pays
développés, à condition d'agir pour leur propre compte
plutôt qu'en groupe avec les autres pays. Un grand nombre
éprouvent un sentiment de frustration, car ils sont trop faibles
individuellement pour être efficaces et ils ne voient aucune promesse de
solidarité et de coopération économique entre pays
africains dans le proche avenir, surtout dans le cadre de l'O.M.C..
Par ailleurs, les groupements régionaux
africains133(*) qui ont
pris l'initiative de forger des liens de solidarité connaissent de
graves problèmes internes dans le domaine politique aussi bien
qu'économique. Leur priorité absolue est de rechercher à
résoudre ces problèmes et ils ne sont guère actuellement
à même de jouer un rôle efficace au niveau international.
Outre ces raisons fondamentales, d'autres raisons pratiques expliquent
davantage la marginalisation de l'Afrique.
2. Les raisons pratiques
Les principales raisons pratiques de la faiblesse des pays
africains à l'O.M.C. sont le manque de préparation, le manque de
ressources adéquates, l'indifférence dans certains cas, et une
crainte impalpable. Il faut préciser quelques uns de ces divers points.
Pour commencer par le dernier, la plupart des pays africains
hésitent à agacer les principaux pays développés
par crainte d'en subir les retombés économiques et politiques
négatives. Quand les principaux pays développés attachent
de l'importance à une question, ils exercent des pressions
bilatérales très vives sur nos Etats qui cèdent facilement
très souvent. Plusieurs d'entre eux estiment que leurs perspectives
économiques dépendent en grande partie de leurs relations avec
les pays développés et s'efforcent d'éviter de causer
à ceux-ci tout sujet d'irritation. Ainsi, ils ressentent une vague
crainte que la colère des pays à économie puissante n'ait
pour eux des conséquences fâcheuses. C'est ce qui traduit quelques
fois l'indifférence de certains Etats au sort des autres. Mais en
agissant ainsi, ces pays courent le risquent de ne pas trouver assez
d'enthousiasme et d'appui parmi les autres pays sur d'autres
problèmes.
Dans ces conditions, les Etats africains doivent comprendre
que leur processus de développement et même leur survie
économique sont en jeu. Ils ne peuvent se permettre de rester
indifférents aux tendances qui se font jour dans les relations
économiques internationales. Si certains d'entre eux croient qu'ils vont
prospérer et ne subir aucun dommage, ils pourraient être dans
l'erreur. Dans les pays développés, les détenteurs de la
puissance industrielle et du capital, de même aussi que les fournisseurs
de services, les innovateurs et les technologues agissent en étroite
liaison avec leurs gouvernements respectifs en vue d'avancée massive
destinée à consolider les gains déjà
réalisés dans les pays en développement et à
conquérir de nouveaux espaces.
Ceci étant, il y a vraiment lieu de craindre que les
capacités de production et de distribution des pays africains ne
continuent de tomber entre les mains des sociétés transnationales
basées dans les pays développés. Bientôt, la
souveraineté économique et politique des Etats africains pourrait
être érodée. Au début du XXIe siècle, les
territoires ne seront pas gagnés ou perdus par des armées en
campagne, mais par des agents économiques. Et les pays qui
méconnaissent le danger pourraient bien avoir le sort de soldats faits
prisonniers dans leur sommeil.
En effet, les pays en développement en
général, et les pays africains en particulier, doivent se tailler
leur propre espace dans les relations économiques internationales,
placer leur propre agenda sur le devant de la scène et se
défendre contre l'exploitation. Ainsi, le secret d'une attitude positive
efficace réside dans la détermination d'un grand nombre d'Etats
africains d'agir de concert à la poursuite d'un objectif commun. En
cela, ils n'ont rien à perdre et beaucoup à gagner. S'ils ne le
comprennent pas et ne serrent pas les rangs, leur ruine sera totale.
Par ailleurs, la crainte des menaces n'épargne
aucunement les institutions spécialisées et les organes de
l'Union Africaine.
Section 2/ Les menaces à
caractère institutionnel
La réussite effective de la mission
d'intégration qui est celle de l'Union Africaine passe
nécessairement par une redynamisation de ses organes (paragraphe 1) et
de ses institutions spécialisés (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La nécessité
de redynamiser les organes de l'Union Africaine
Seuls quatre organes principaux de la nouvelle organisation
panafricaine seront mis en valeur dans ce paragraphe. Il s'agit d'une part, de
la Conférence et de la Commission (A), et, d'autre part, du parlement et
de la Cour de justice (B).
A/ La Conférence et la Commission de l'Union
Africaine
Parler de l'Union Africaine, c'est parler avant tout de ses
organes comme la Conférence et la Commission. En effet, la
Conférence de l'Union Africaine représente les chefs d'Etat et de
gouvernement. Elle en définit les politiques communes, prend les
décisions et veille à leur application par les Etats membres.
Elle nomme le président, les vice-présidents et les commissaires,
adopte le budget, donne des directives sur la gestion des conflits et autres
situations d'urgence. Elle représente alors l'exécutif de l'Union
et doit être davantage redynamisée afin d'encourager la
construction de l'Etat de droit en Afrique.
Quant à la Commission, elle doit être l'organe
opérationnel et non pas le simple
« secrétariat134(*) » prévu par l'Acte constitutif.
Dans ce esprit, elle devrait assurer la coordination et l'application des
politiques décidées par la Conférence, en matière
de commerce, d'énergie, d'industrie, de ressources naturelles135(*) ou humaines136(*), de science et technologie,
de transport et de communication, de nationalité, d'immigration et de
sécurité. Par conséquent, les commissaires africains
devront être de vrais ministres (un par Etat membre), tandis que le
président et les vice-présidents de la Commission exerceraient
les fonctions de chefs de gouvernement avec autorité sur des
Comités techniques spécialisés qui feraient office de
directions générales ministérielles animées par des
hauts fonctionnaires.
Notons aussi que ce mouvement de redynamisation doit porter
sur l'organisation et le fonctionnement du Parlement et de la Cour de justice
de l'Union Africaine.
B/ Le Parlement panafricain et la Cour de justice de
l'Union Africaine
Le Parlement panafricain doit être
bicaméral - et non pas monocaméral137(*) comme prévu par
l'Acte constitutif - si l'on veut qu'il « assure la pleine participation
des peuples africains au développement et à l'intégration
économique du continent», comme le prévoit l'article 17. La
légitimation du gouvernement régional doit, en effet, reposer sur
la double représentativité des Etats et des peuples correspondant
à deux chambres distinctes138(*).
Les deux chambres devront non seulement
récupérer le droit de voter le budget de l'Union (attribué
initialement à la Conférence de l'Union), mais également
partager avec la Conférence l'initiative des «lois
africaines».
Touchant à la Cour de justice de l'Union Africaine,
elle n'aura de sens que si elle exerce un véritable contrôle. Ses
juges devront être recrutés sur proposition de la Commission, mais
élus par le Parlement panafricain et non pas par la Conférence.
Ceci étant, les décisions de la Cour, qui pourra être
saisie par les Etats mais aussi par des individus ou par des personnes morales,
devront s'imposer aux juridictions des Etats membres et aux organes de l'Union.
Il en va de l'autonomie et de la notoriété même de cette
Cour africaine vis-à-vis des Etats membres et des organes de l'Union.
En dehors de ces quatre grands principaux organes, il importe
de souligner que la politique l'intégration mérite d'être
davantage réaffirmée au niveau des institutions
spécialisées de l'Union Africaine.
Paragraphe 2 : La passivité notoire
des institutions spécialisées de l'Union Africaine
Aux termes de l'article 14 de l'Acte constitutif de l'Union
Africaine, il existe sept comités139(*) techniques spécialisés placés
sous la responsabilité du Conseil exécutif. Ils interviennent
dans plusieurs domaines qui sont confrontés à d'énormes
difficultés. Dans ce paragraphe, nous nous servirons d'un
échantillon pour démontrer la passivité desdits
Comités.
A/ La recrudescence du phénomène de
l'insécurité alimentaire en Afrique
Il faut reconnaître que les Comités techniques
spécialisés de l'Union Africaine qui interviennent dans le
domaine de la sécurité alimentaire ont véritablement du
mal à cerner les causes (1) de la crise alimentaire et de la vie
chère qui secouent actuellement le continent. Ils sont aussi impuissants
à trouver des solutions durables de sortie de crise (2).
1. Les causes de la crise alimentaire et de la vie
chère en Afrique
Des millions de personnes140(*) sont aujourd'hui menacées de famine en
Afrique. C'est du moins, le rapport d'une enquête menée en 2002 en
Afrique australe dans le périodique «Afrique Relance». Selon
ce rapport, deux ans de sécheresse qui s'ajoutent à une
pauvreté générale et à des perturbations de la
production ont plongé l'Afrique australe dans la crise alimentaire la
plus grave qu'elle ait connue depuis au moins 10 ans. La famine menace
près de 16 millions de personnes.
A l'époque, selon les prévisions de
l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), la malnutrition et les
maladies pourraient faire 50 000 morts par mois141(*). Ce phénomène
s'explique, entre autres, par des précipitations insuffisantes, des
conflits civils et inter-étatiques et par la pauvreté
endémique dans la mesure où les réserves alimentaires de
la majorité des régions de l'Afrique ont considérablement
diminué. La pénurie de vivres a ensuite provoqué une
flambée des prix des articles de première
nécessité, maintenant les prix hors de la bourse des populations
pauvres.
Paradoxalement, le phénomène de la crise
alimentaire et celui de la vie chère continuent à, ce jour, de
marquer le vécu quotidien des peuples africains. En nous
référant au forum142(*) de Paris du 18 Octobre 2005, « ...la
manifestation d'une insécurité alimentaire conjoncturelle peut
cacher une vulnérabilité et une pauvreté structurelle. La
malnutrition, en particulier celle des enfants est l'un des indicateurs de
pauvreté structurelle. Les travaux réalisés par la FAO ont
montré que dans certains pays de la région, un pourcentage
élevé d'enfants souffre de malnutrition chronique, et que la
situation ne s'est pas améliorée depuis 10 ans. Dans les zones
les plus fragiles, la proportion d'enfants en situation de malnutrition
chronique peut atteindre jusqu'à 50%... L'insécurité
alimentaire structurelle relève davantage, dans ce cas, de la
pauvreté, des problèmes d'accès à la nourriture...
La question de sécurité alimentaire ne peut donc pas être
dissociée de la pauvreté chronique puisque certains sont dans
l'incapacité d'acheter des céréales, même à
un prix subventionné... ».
Face donc à ces phénomènes de crise
alimentaire et de vie chère qui secouent indéniablement le
continent africain, il serait opportun de dénoncer la passivité
excèssive de certains Comités techniques
spécialisés de l'Union Africaine notamment le Comité
chargé des questions d'économie rurale et agricoles et le
Comité chargé de la santé, du travail et des affaires
sociales.
Par ailleurs, lorsque le monde entier semble enfin prendre
conscience du danger que représente le VIH/sida,
l'épidémie continue à faire des ravages en Afrique
subsaharienne, où, en 2001, 2,2 millions de personnes sont mortes de la
maladie et 3,5 millions de personnes infectées. En tout, on estime
à 28,5 millions de nombre total d'africains tués par le virus
mortel à la fin de l'année 2001 ; ce qui représente
70 % de la population séropositive dans le monde. Sur ce total,
seulement 30 000 africains auraient accès au traitement
antirétroviral.
Ces nouveaux chiffres, qui figurent dans le « Rapport sur
le VIH/sida dans le monde» du programme commun des Nations Unies sur le
VIH/sida, déçoivent les experts qui espéraient que
l'épidémie aurait atteint sa «limite naturelle» en
Afrique et que le nombre de nouvelles infections par le VIH/sida se
stabiliserait sans qu'il soit nécessaire de mettre en place de nouveaux
et coûteux programmes de traitement et de prévention. Au
contraire, l'épidémie semble maintenant sur le point de se
propager à une plus grande échelle dans les pays de l'Afrique
occidentale et centrale, jusque-là épargnés par des taux
d'infection à deux chiffres de l'Afrique australe et orientale143(*).
Dans ces conditions, la responsabilité de ces
Comités techniques spécialisés de l'Union Africaine ne
fait l'objet d'aucun doute et les défis qui sont les leurs, à
court et à long terme pour la survie des populations africaines, se
révèlent plus que jamais incontournables.
2. Les défis144(*) portant sur la sécurité alimentaire
à moyen et long terme.
Les Comités techniques spécialisés de
l'U.A. concernés145(*) par la résolution du problème
de l'insécurité alimentaire devront
s'inspirer à l'avenir des diverses solutions proposées par le
forum
de Paris du 18 Octobre 2005 précité au
cours duquel il a été constaté que :
· L'utilisation des engrais reste encore faible et
constitue un levier important d'amélioration des rendements. En Afrique
de l'Ouest, seulement 19kg/ha d'engrais sont utilisés contre 100kg en
Asie et 230 kg en Europe.
· L'utilisation intensive des intrants dans le cadre
d'une agriculture pluviale nécessite peu d'investissement comparé
à l'irrigation et permet un accroissement substantiel des rendements.
· Moins de 10% du potentiel d'irrigation sont
actuellement valorisés. L'irrigation constitue un des leviers importants
d'accroissement des rendements et de la production et, de ce fait,
mérite d'être pris en compte lorsque les investissements le
permettent.
· Les rendements céréaliers sont
estimés en Afrique de l'Ouest à 1,5 tonnes par hectare alors que
l'Asie et l'Europe produisent respectivement 3 tonnes et 5 tonnes de
céréales par hectare en moyenne.
Ces chiffres montrent que la région dispose
encore de beaucoup de marges de manoeuvre pour accroître les rendements,
la production et les revenus. Selon donc le forum de Paris, pour mettre en
valeur ces potentialités, les politiques agricoles nationales et
régionales (dont la politique agricole régionale de la
C.E.D.E.A.O.-E.C.O.W.A.P.) devraient s'appuyer sur les piliers
suivants :
· Améliorer la production, la productivité
et la compétitivité tant pour les exploitations familiales que
pour les entreprises agro-industrielles. Le transfert de technologie,
l'utilisation des biotechnologies agricoles et l'importance d'un partenariat au
niveau mondial ont été soulignés. Ace sujet, il est
à noter que la C.E.D.E.A.O. est en train de mettre en place un plan
d'action pour le développement des biotechnologies agricoles et les
règles de biosécurité;
· Promouvoir un développement durable tenant
compte des contraintes écologiques et environnementales. La question est
importante puisque l'augmentation de la production agricole s'est
essentiellement réalisée par l'extension des superficies
cultivées et la pression sur des ressources naturelles qui en
découle;
· Promouvoir un marché régional et
international en appui à la sécurité alimentaire par une
utilisation adéquate des règles du commerce international pour
lesquelles l'Afrique de l'Ouest dispose encore d'une marge de manoeuvre
importante146(*).
Par ailleurs, le Comité chargé des questions
d'économie rurale et agricoles de l'Union Africaine pourrait se
conformer aux dispositions de la Charte de l'aide alimentaire147(*) pour tenter de freiner la
crise alimentaire qui secoue actuellement les populations pauvres. Dans cette
logique, l'impératif actuel du Comité chargé des
transports, des communications et du tourisme de l'Union Africaine sera de
relever l'ultime défi de la construction d'un réseau routier
performant en vue de faciliter la libre circulation des personnes, des biens et
des capitaux sur le continent.
B/ L'impératif de la construction d'un
réseau routier performant pour un développement
durable
Il faut reconnaître que dès les années
1960, les architectes de l'intégration africaine ont
décidé qu'il fallait absolument construire des infrastructures
pour faciliter le commerce intra-africain et en faire profiter toutes les
régions. Les dirigeants du continent se sont lancés dans
d'ambitieux projets comme les autoroutes transafricaines, dont certains
tronçons finiraient par relier le Caire à Dakar, Tripoli à
Windhoek et Lagos à Mombasa. Elles faciliteraient l'accès
à la mer de 15 pays sans littoral et amélioreraient les liaisons
régionales.
«Malheureusement, à l'instar de
l'intégration économique, la coopération et
l'intégration en matière d'infrastructures régionales
n'ont pas été une réussite extraordinaire», note M.
Adebayo ADEDEJI, éminent chercheur nigérian partisan de
l'intégration. En ce nouveau millénaire, le manque
d'infrastructures adéquates reste un obstacle majeur aux échanges
entre les pays africains. L'Afrique accuserait donc un retard important sur le
reste du monde pour tous les aspects des infrastructures148(*) (quantité,
qualité, coût et accès). Dans de nombreux pays, les routes
sont concentrées dans les zones urbaines ou autour des ports de
mer149(*). Les routes
qui relient des pays voisins au sein d'un réseau routier régional
sont beaucoup moins nombreuses.
«En raison de l'insuffisance des infrastructures, le
coût des transports de marchandises en Afrique est l'un des plus
élevé du monde», note le secrétaire exécutif
de la C.E.A, K.Y. Amoako. Les produits africains sont donc moins
compétitifs que ceux d'autres régions. De mauvaises
infrastructures de transport «constituent en quelque sorte une
barrière commerciale non tarifaire», confirme Kenneth BUTTON,
professeur de politique publique à l'université «George
Mason» (Etats-Unis), qui a réalisé pour l'Union
européenne des études sur les transports.
Les études de la Banque mondiale150(*) montrent qu'une diminution
de 10% des coûts de transport pourrait se traduire par une augmentation
de 25% du commerce africain. La Banque conclut aussi que 25% seulement du recul
de la part des exportations africaines dans les échanges mondiaux sont
imputables aux prix inadaptés, le reste étant dû à
d'autres facteurs, tels que des infrastructures et des services d'information
insuffisants.
Mauvaises routes, véhicules vétustes et
réglementations laxistes ont souvent des conséquences mortelles.
A l'échelle mondiale, le pourcentage d'accidents mortels sur les routes
africaines est trois fois supérieur au nombre de véhicules. Sur
un échantillon de pays africains, 339 décès pour
10 000 véhicules ont été enregistrés en 1996.
Par comparaison, le taux de décès dans les dix pays du monde les
plus motorisés était de 2,3 pour 10 000 véhicules
cette année là, d'après le Global Road Safety
Partnership, un organisme sur la sécurité
routière dans le monde.
Dès lors, il devient nécessaire pour l'Union
Africaine de recourir à la politique selon laquelle «le
développement passe par le développement de la route ».
Ce qui pourrait, éventuellement, permettre à l'Union de contenir
davantage les menaces hautement politiques qui pèseraient sur sa
capacité à réaliser ses objectifs à
l'échelle continentale.
Chapitre 2 : LES MENACES
POLITIQUES
De l'intérieur (section 1) comme de l'extérieur
(section 2), l'Union Africaine est sous le coup de menaces politiques qui
l'empêchent de construire une véritable politique
d'intégration du continent. Il faut admettre qu'elle est mise à
rude épreuve par le phénomène de la
mondialisation151(*) qui
a pris son élan au cours des années 1980 et qui contribue
énormément à la marginalisation actuelle de l'Afrique sur
la scène internationale.
A ce phénomène de la mondialisation qui perturbe
énormément les échanges économiques africains,
s'ajoutent indéniablement les nombreuses difficultés internes de
l'Union Africaine qui paralysent les secteurs public et privé en
Afrique. Pis encore, l'Union doit faire face à la volonté
pernicieuse de certains chefs d'Etat africains qui tentent d'imposer à
l'ensemble du continent « la fausse idée d'un gouvernement
panafricain ».
Section 1/ Les menaces liées au
disfonctionnement du secteur public en Afrique
Malgré les crises socio-politiques qui
secouent l'Administration publique dans les Etats africains (Paragraphe1), il
est déplorable, qu'à l'heure actuelle, certains chefs d'Etats de
l'Union Africaine entretiennent davantage la pression en faveur de la
création d'un gouvernement panafricain (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Sur les crises et
problèmes du secteur public africain
Les crises et problèmes que connaît le secteur
public (A) sont essentiellement dus au fait que nos Etats continuent de se
plier, en toute ignorance, sur le modèle de démocratie
occidentale qui se révèle, de nos jours, incompatible voir
inadapté aux réalités africaines (B).
A/ Les crises et les problèmes
Il est important de faire ici une distinction entre les crises
et les problèmes du secteur public.
1. Les crises
Le signe évident présent partout en Afrique et
qui déclenche tout, c'est le manque d'argent. Les coûts
et les dépenses augmentent, mais les capacités de
réponses n'augmentent pas. Dans tous les pays d'Afrique ce
problème est criard. Depuis 1990, les Etats africains connaissent une
hausse vertigineuse en ce qui concerne la dette par tête d'habitant.
C'est parce qu'il n' y avait plus d'argent que le système de la gestion
publique s'est effondré.
Derrière cette crise financière, on peut
diagnostiquer une crise de la décision. Il est extraordinairement
difficile de décider, beaucoup plus que par le passé. Aujourd'hui
pour prendre la moindre décision, il faut consulter un grand nombre de
personne152(*), ce qui
conduit souvent à des situations inextricables, compte tenu des
intérêts.
Enfin, on trouve partout, à des degrés divers,
une crise de confiance dans les politiques et, plus généralement,
dans les responsables. Cette crise conduit à toutes sortes de
phénomènes dans les pays africains comme le rejet verbal des
gouvernants notamment au Togo, en République Démocratique du
Congo, en Somalie, au Soudan, en Angola pour ne citer que ceux-là. C'est
donc un climat général qui conditionne les comportements.
Au-delà de ses crises, le secteur public connaît en Afrique de
sérieux problèmes.
2. Les problèmes
Ce sont ceux que pose actuellement la transformation
accélérée de toutes nos sociétés. Les pays
en voie de développement ont l'impression qu'ils ont beaucoup de mal
à rattraper les pays développés. Or les pays
développés changent eux aussi et changent très vite.
Ainsi, très souvent, les pays en voie de développement cherchent
à rattraper quelque chose qui est dépassée. Le monde a
tellement changé que les modèles auxquels ceux-ci se
réfèrent ne sont déjà plus applicables chez eux qui
les ont développés. C'est que le monde à partir duquel on
a élaboré le fonctionnement de l'administration de la
société industrielle est non seulement en déclin mais
aussi entrain de disparaître.
La grande transformation dans laquelle nous sommes
engagés fait passer d'une société industrielle,
fondée sur la standardisation et sur le cycle production de consommation
de masse, à une société dans laquelle la standardisation,
la rationalisation n'ont plus la même importance, et où la place
à donner à l'innovation, à la qualité, aux rapports
humains devient de plus en plus grande.
Pourquoi promouvoir donc ce phénomène de
changement ?
C'est parce que, dans cette société, les
activités dominantes ne sont plus les activités industrielles
mais les activités de service et les activités de haute
technologie. L'industrie est toujours très importante mais, d'une part,
elle n'emploie plus la majorité des salariés, d'autre part, et
peut-être surtout, elle n'a plus le rôle moteur. Ce rôle est
dévolu à la haute technologie et aux services. Certes, ces
derniers ne sont pas séparables de l'industrie dans laquelle on les
trouve. Ce qui permet de conclure que ce système n'est pas adapté
aux Etats africains qui ont donc besoin d'un type d'organisation du secteur
public qui tienne compte davantage des réalités propres à
l'Afrique pour éviter des blocages susceptibles d'émerger en cas
de copie conforme du système occidental basé sur le modèle
de démocratie occidentale. Ainsi, le système administratif
africain doit faire preuve de dynamisme pour ne pas rester,
indéfiniment, prisonnier du modèle de démocratie
occidentale, devenu quasiment dépassé.
B/ La nécessité de réinventer un
nouveau modèle de gestion des affaires publiques
Après l'échec de plus de 30 ans d'application
de la politique d'aide au développement, les occidentaux ont
estimé que le manque du décollage économique de l'Afrique
serait imputable à une pénurie de démocratie et de bonne
gouvernance. Ainsi, à la conférence de Baule de 1990, l'aide au
développement fut subitement conditionnée par la
démocratisation des régimes et systèmes politiques
africains. Depuis lors, la bonne gouvernance et la démocratie sont
« ...mises en avant comme les déterminants fondamentaux de la
réussite des politiques économiques, et plus
généralement des niveaux de développement des pays
africains ». Il est cependant nécessaire de souligner que
l'importation, en Afrique, du modèle de démocratie occidentale
n'a pas permis de résoudre les problèmes de développement
de nos Etats dans la mesure où ces derniers ont été
contraints, sur fond de colonisation, à adopter, dans leur
système administratif, la politique de la métropole à la
lettre.
Dans ces conditions, la question se pose de savoir s'il ne
serait pas opportun de réinventer un nouveau modèle de gestion
des affaires publiques en Afrique afin de limiter le phénomène de
la corruption ?
Dans tous les cas, la corruption et le détournement de
deniers publics sont devenus le vécu quotidien des Etats africains. Ce
qui pourrait signifier, en toute franchise, que nos Etats sont incapables de
s'approprier la politique de leur développement. Or, ce n'est pas en se
fiant à un modèle importé que l'Afrique pourra amorcer son
décollage économique d'autant plus que, même chez les
occidentaux, le pouvoir politique n'est pas géré d'une
manière identique, mais selon les réalités propres
à chaque Etat153(*). A ce sujet, Jean François BAYART faisait
remarquer, dans les années 1990 qu' « il ne s'agit plus
de s'interroger sur la capacité des africains à recevoir des
modèles étrangers d'organisation du politique...Il s'agit
maintenant de prendre les mesures et les stratégies de
réinvention de la démocratie... »154(*).
Mais cet appel fait à la capacité et au droit
des africains de réinventer la démocratie au même titre que
les autres peuples du monde n'est pas toujours pris en compte. En tout
état de cause, il faut prendre conscience que « l'Afrique est
mal partie » et ce mauvais départ, pris depuis les
années 1960, a permis d'instaurer sur l'ensemble du continent des
régimes politiques fondamentalement claniques. Dans ces conditions, la
démocratie libérale se révèle incompatible, car le
citoyen africain tend à faire des choix politiques motivés plus
par l'appartenance ethnique ou tribale que par une profonde et
conséquente conviction de ses droits.
La question se pose donc de savoir si les pays africains ne
devraient pas s'approprier leur politique de développement en prenant
soin d'axer la réflexion sur un modèle de démocratie qui
tienne compte davantage de leurs réalités
socio-économiques. En effet, le voeu exprimé par Jean
François BAYART, au lendemain même du coup d'envoi du processus de
démocratisation et selon lequel « ...les régimes
africains issus de la souche institutionnelle de la Ve République
française aient pu connaître un processus d'hybridation et de
réinvention sur un modèle autre... », reste encore
possible. N'est-ce pas de la réinvention d'un modèle de politique
démocratique propre aux réalités africaines que
dépendra le développement du continent ?
En réalité, il revient à l'Union
Africaine de ne pas emprunter le même chemin que sa devancière au
risque de perdre toute crédibilité internationale.
Paragraphe 2 : La crainte du sort
réservé à l'Union Africaine
Le salut des peuples africains réside-t-il dans la
formation d'un gouvernement panafricain ? Il ne fait aucun doute que la
réponse à cette question continue de diviser les responsables de
l'Union Africaine. En effet, si les uns y croient aveuglement, la
majorité, par contre, ne s'y prête aucunement. En
réalité, à l'heure actuelle, l'idée d'un
gouvernement panafricain relèverait du non sens (A), car un tel
gouvernement serait dépourvu de toute base juridique fiable (B).
A/ La problématique de la formation d'un
gouvernement panafricain
Il existe dans le monde de grands ensembles
politico-économiques155(*). Mais aucune de ces organisations, aucun projet
d'intégration sur aucun autre continent, n'a encore sauté le pas
que les « panafricanistes pressés » veulent
sauter : aller immédiatement, sans étapes et surtout sans
préparations ni de réels préalables, à un
gouvernement commun dans un Etat fédéral.
Il est vrai que l'Union Africaine devra être imaginative
et créer une union qui n'imite aucune organisation d'intégration
et qui tienne compte de son histoire, de sa culture et de ses particularismes.
Cependant, ce serait mettre les charrues avant les boeufs que d'aller à
un gouvernement fédéral sans avoir mené une vraie
réflexion sur la question. Et cette réflexion mérite qu'on
y consacre le temps nécessaire. La question n'oppose pas, en fait, des
« panafricanistes sceptiques » à des
« panafricanistes convaincus ». Elle oppose ceux qui
veulent construire un projet, devenu par ailleurs inévitable pour la
viabilité de notre continent, dans la précipitation,
motivés sans doute par des considérations autres que
panafricanistes, à ceux qui, conscients de l'enjeu, ont choisi de le
construire avec des bases solides, afin d'éviter de créer un
« machin ».
Il ne fait aucun doute qu'il y a une intégration en
cours dans une partie du monde qui se rapproche de ce que proposent les
« panafricanistes pressés » : c'est l'Union
Européenne. Or, il a fallu presque un demi-siècle pour
bâtir patiemment cette « Union » et obtenir les
résultats qui sont les siens aujourd'hui, mais non sans
difficultés. Ce fut un processus long, qui a commencé par six
pays et deux produits (le charbon et l'acier), pour parvenir, étape par
étape, à un marché unique de 27 pays et à une
monnaie commune pour une quinzaine de pays. Malgré tout, cette
« Union » n'a toujours pas de gouvernement unique et
l'étape fédérale est loin d'être pour le moyen
terme.
Comment alors les Etats africains pourront-ils eux, sans
préalables, sans un minimum de critères de convergences et sans
délai, regrouper un milliard d'hommes, de femmes et d'enfants, noirs
blancs, arabes et métis, répartis en plusieurs grands peuples, 53
pays et dix fois plus d'ethnies, parlant près de 2000 langues,
pratiquant plusieurs religions différentes en un seul Etat
(fédéral): les Etats-Unis d'Afrique, doté d'un
gouvernement unique, d'une seule armée, d'une banque centrale et d'une
monnaie unique ? N'est-ce pas là une belle utopie ?
En outre, sur la base de quelle responsabilité ce
gouvernement serait-il formé et devant quelle institution serait-il
responsable ?
B/ Sur la responsabilité d'un gouvernement
panafricain
L'initiative de la création d'un gouvernement
panafricain n'est pas dépourvue de toute inquiétude en ce qui
concerne la nature juridique d'une telle institution, d'autant qu'elle suscite
diverses interrogations sans une réponse fiable. En effet, il
paraît logique de s'interroger sur la responsabilité d'un tel
gouvernement et sur ses liens avec les gouvernements respectifs des Etats
membres de l'Union africaine. Comment les peuples seront-ils associés
à la formation d'un tel gouvernement et quels en seront les
différents départements ministériels ? Voilà
des questions toutes simples auxquelles il n'y a guère de
réponses pour l'instant. Car, il n'est de secret pour personne que la
plupart des dirigeants africains ne bénéficient d'aucune
légitimité démocratique et, par conséquent, ils
n'ont pas la confiance de leurs peuples. Dès lors, comment ceux-ci
pourront-ils se reconnaître dans un gouvernement coopté par
ceux-là même qui n'ont pas leur confiance ?
Il devient donc impératif pour l'Union
Africaine de définir un cadre d'information sur les préalables et
les critères que chaque Etat devra remplir avant de réaliser
l'intégration totale. Ainsi, en l'état actuel de la situation de
la plupart des pays africains, c'est le camp des gradualistes, emmené
par le président sud africain Thabo MBEKI qui réclame la mise en
place ou la réalisation d'un certain nombre de préalables, qui a
la bonne méthode, face au camp des maximalistes dirigé par le
leader libyen. Pour cette raison, le professeur Koffi AHADZI a
réaffirmé que : « telle que l'Union Africaine est
organisée actuellement, elle ne peut que servir de miroir à ses
Etats membres en leur renvoyant l'image de leur impuissance et de leur
incapacité à concevoir et à réaliser un dessein
ambitieux non seulement pour leurs peuples respectifs mais aussi pour l'Afrique
qui, de ce fait, a virtuellement disparu du concert de la
mondialisation... ». Dans le même temps, le projet de
création de l'Union pour la méditerranée, initié
par l'Europe, risque de fragiliser davantage les institutions de l'Union
Africaine.
Section 2/ Sur la politique
générale de l'Union Africaine par rapport à la
mondialisation
La question fondamentale qui mérite
d'être posée ici est de savoir quelles peuvent être les
perspectives156(*) pour
les échanges africains à cette ère de la
mondialisation ?
Lorsque la croissance des économies africaines a
commencé à donner des signes inquiétants de faiblesse, en
particulier dans les années 1970, les organismes internationaux de
développement sont intervenus de manière de plus en plus active
pour organiser différents aspects de la politique économique des
pays africains par le biais de conseils et la fourniture d'un soutien
financier. De ce fait, la plupart des pays africains ont été
progressivement dépossédés du processus décisionnel
en matière économique. Il est à craindre que le mouvement
actuel de mondialisation et son corollaire, une harmonisation mondiale des
éléments clefs de la politique économique,
empiètent davantage sur le pouvoir de décision interne des pays
africains. Ce qui fait peser une menace particulièrement significative
sur l'Afrique, étant donné les handicaps spéciaux de la
région, les conditions de départ médiocres et le manque de
compétitivité internationale dans pratiquement tous les domaines
de la production moderne.
Face donc aux implications de la mondialisation sur la
politique commerciale de l'Afrique (paragrahe1), quels peuvent être alors
les défis à relever par l'Union Africaine pour combattre la
marginalisation persistance du commerce africain (paragraphe 2) ?
Paragraphe 1 : La mondialisation et ses
implications sur le développement de l'Afrique
La mondialisation a largement favorisé non seulement la
pauvreté de masse (A) mais aussi la marginalisation de la politique
commerciale (B) des pays en développement et plus
particulièrement des pays africains.
A / Le phénomène grandissant de la
pauvreté de masse
La mondialisation a incontestablement creusé
l'écart entre les pays pauvres et les pays riches. Il faut
reconnaître que malgré les progrès sociaux qui ont
accompagné les décennies d'après-guerre, la misère
de masse est une réalité tragique.
On évalue aujourd'hui à environ 1,1 milliard le
nombre de personnes vivant dans un dénuement presque absolu, disposant
d'un revenu qui serait l'équivalent d'un dollar par jour157(*). La présidence de la
Banque mondiale affirme que près de trois milliards de personnes,
à savoir la moitié de la population de la planète, ont
moins de 2 dollars par jour pour vivre158(*). Environ la moitié de la population de l'Asie
du Sud et de l'Afrique subsaharienne, un quart de celle d'Amérique
latine et des Carabes, un tiers de celle du Moyen-Orient et de l'Afrique du
Nord vivraient, ou plutôt survivraient, dans des conditions de
misère159(*). Il
y aurait 850 millions d'adultes qui ne sauraient ni lire ni écrire.
L'UNESCO affirme, à ce propos, que 104 millions d'enfants dans le monde
ne sont pas scolarisés, mais d'autres organismes énoncent des
chiffres plus élevés.
Ceci étant, il y aurait actuellement plus d'un milliard
d'individus n'ayant pas accès à l'eau potable et un nombre bien
supérieur encore n'ayant pas accès aux services de
santé160(*). Ce
fléau de la famine ou de la malnutrition entrave le développement
physique et mental d'un enfant sur trois dans les pays en développement
notamment en Afrique. Il frappe avant tout des pays dont l'agriculture est la
principale activité économique.
Dans les pays que les Nations Unies
définissent comme « les moins avancés », qui
comprennent 614 millions de personnes, 15% des enfants n'atteignent jamais
l'âge de 5 ans et l'espérance de vie est de 51 ans161(*).
Ces conditions de misère sont souvent
associées à des pandémies. A ce sujet, quelques 30
millions de personnes sont infectées par le VIH/SIDA dans la seule
Afrique subsaharienne et la progression de cette maladie a des
conséquences humaines dramatiques qui s'avèrent également
très néfastes en termes économiques et sociaux.
C'est cette pandémie du VIH/SIDA qui détruit,
malheureusement, les structures de protection familiale et provoque de grands
mouvements migratoires. Elle entraîne, du coup, une régression
significative de l'espérance de vie. Or, la plupart des victimes du SIDA
sont de jeunes adultes qui meurent en laissant des enfants en bas
âge162(*).
Ces pandémies se perpétuent d'autant plus
qu'elles contribuent aux conditions d'insécurité politique et
juridique dissuadant les flux d'investissements étrangers. On les
définit volontiers en termes « humanitaires » mais
Amartya SEN, le prix Nobel d'économie, et bien d'autres chercheurs, ont
mis en évidence leurs causes politiques et sociales. On ne peut donc pas
dissocier ces phénomènes de l'ensemble des problèmes
liés au sous-développement en Afrique. N'ayant pas accès
à l'éducation, à la formation, et aux conditions
nécessaires à leur hygiène et à leur santé,
nos pays ont peu de chance de participer à la dynamique de
l'économie dominante.
Par ailleurs, il est nécessaire de mettre l'accent sur
les causes institutionnelles et politiques de la misère au niveau des
Etats comme dans l'ensemble de la société africaine. Aujourd'hui
comme par le passé, la pauvreté doit être
appréhendée avant tout comme un phénomène de nature
politique. Elle traduit une carence des rapports de solidarité et par
conséquent des mécanismes d'intégration politique. Ainsi,
cette pauvreté s'inscrit dans des conditions d'exclusion ou de
désintégration sociale, causées par l'affaiblissement des
structures communautaires, et surtout par les défaillances des pouvoirs
publics. C'est justement la raison pour laquelle, la F.A.O. souligne que
« La majorité des affamés de notre planète
vivent dans les zones rurales du monde en développement, loin des
leviers du pouvoir politique et hors de portée visuelle des
médias et du grand public des pays développés.
A moins qu'une guerre ou une catastrophe naturelle ne capte
momentanément l'attention et la compassion du monde, peu est dit et
moins encore est fait pour mettre un terme aux souffrances de ce
« continent d'affamés 163(*)...»».
Il faut aussi rappeler qu'en dehors du phénomène
de la pauvreté de masse, la mondialisation a favorisé la
défaillance des Etats africains. Récemment,
l'ex-Secrétaire Général des Nations Unies
affirmait : « Si l'Afrique n'a pas pu améliorer sa
productivité, c'est parce que les Etats tendent à contrôler
étroitement, sinon efficacement, l'activité économique, ce
qui se traduit par des barrières tarifaires élevées et des
services publics déficients. La corruption est également
très répandue164(*) ». La Banque mondiale insiste volontiers
sur cette responsabilité des Etats africains, allant jusqu'à
remettre en cause la nature des conditionnalités auxquelles elle a si
souvent recouru.
Elle prétend aussi que l'aide extérieure n'est
pas un gage de succès et qu'elle peut même contribuer à
perpétuer les situations de marasme économique et social,
puisqu'elle incite les gouvernements à différer le temps des
réformes. Seuls, les pays qui ont bénéficié de
gouvernements capables de réaliser des réformes de structures
internes importantes, notamment le Ghana, l'Ouganda et le Mali, ont connu des
succès manifestes en termes de progrès économiques et
sociaux165(*).
En clair, la pauvreté des populations africaines
continue d'être entretenue par des politiques macroéconomiques
défavorables aux paysans qui constituent la grande majorité de la
population d'autant que les gouvernements ont établi des contrôles
de prix favorisant les minorités urbaines et décourageant les
investissements dans les infrastructures nécessaires au stockage des
produits agricoles et à leur commerce. Ils ont aussi accumulé les
déficits budgétaires, maintenu des taux de change
surévalués et des droits de douane excessifs. Ils se sont
montrés longtemps hostiles au secteur privé et aux capitaux
étrangers. Ils ont aussi nationalisé des industries ou soutenu
artificiellement des entreprises para-étatiques mal
gérées. Ce fut notamment le cas en Ethiopie, en Tanzanie, en
Mauritanie, en Ouganda et au Sénégal166(*).
Ces entraves, portant sur le contrôle des changes et la
taxation des produits de la terre, ont permis d'enrichir les élites
dirigeantes et d'asseoir leur pouvoir et leurs privilèges. C'est donc
sur le terrain de la lutte contre la pauvreté de masse et celui de la
démocratie que l'Union Africaine devra faire ses preuves au risque de
continuer à exposer au grand jour son impuissance à
réaliser l'intégration du continent.
Soulignons aussi que la mondialisation a des
effets néfastes sur les exportations en Afrique.
B/ Le spectre de la marginalisation par rapport
aux exportations africaines
Pendant les années 1980 et 1990, on a assisté
à une expansion rapide de la valeur et du volume du commerce mondial
des marchandises, et nombre de pays en développement ont vu leur
part dans ce boum commercial. Mais l'Afrique, elle, n'a pas participé
à ce développement quasi mondial des échanges.
Alors même que les échanges mondiaux de biens
connaissent un rythme de croissance annuelle dépassant tout juste 6% au
cours de cette période, les exportations africaines ont diminué
en moyenne de 1% par an, tandis que l'Asie et l'Amérique latine
connaissent des taux de croissance autrement plus robustes, respectivement de
7% et de 5%.
Ainsi, les résultats médiocres
enregistrés par l'Afrique sur le plan de la croissance des exportations
expliquent la diminution constante de la part de la région dans les
échanges mondiaux de marchandises. Cette diminution a été
de l'ordre de deux tiers à peu près, et a fait passer la part de
l'Afrique d'environ 6% au début des années 1980 à 2%
à peine au milieu des années 1990. Par comparaison,
l'Amérique latine a su maintenir sa part d'environ 5% tout au long de
cette période, tandis que l'Asie accroissait fortement la sienne, qui
est passée de 16% à 27%.
Ces chiffres confirment davantage l'idée
que l'Afrique continue d'être marginalisée en ce qui concerne la
contribution aux échanges mondiaux (voir tableau167(*)) :
COMMERCE INTERNATIONAL :
COMPARAISONS PAR REGION
|
Période Afrique
Asie Amérique latine
Monde
1. Taux annuel moyen de croissance des
exportations
Années 1980
Années 1990 - 1% +7%
+5% +6%
2. Part dans les échanges mondiaux de
biens
Début des
Années 1980 6%
16% 5%
Milieu des
Années 1990 2%
27% 5%
|
Les résultats peu encourageants enregistrés par
les exportations africaines suffisent-ils à expliquer les chiffres tout
aussi médiocres de la croissance économique de la région
au cours de cette période ? Si la réponse est affirmative,
il reviendrait à l'Union Africaine de se préoccuper
véritablement de cette marginalisation qui réduit
considérablement ses capacités par rapport au commerce
mondial.
En outre, un autre facteur permet d'expliquer cette
marginalisation. Il s'agit de la croissance relativement lente du PNB168(*) africain. C'est dire qu'en
premier lieu, l'Afrique ne commerce pas autant qu'on peut attendre d'elle, eu
égard à son niveau de revenu par habitant et à sa
situation géographique par rapport au reste du monde. En
deuxième lieu, le ratio africain commerce-PNB n'a pas connu une
diminution aussi brutale que la part de la région dans le commerce
mondial pendant les années 1980 et 1990. On peut en déduire que
la marginalisation de l'Afrique par rapport aux échanges mondiaux
s'explique par le fait que la croissance du PNB de la région a
été plus faible que dans d'autres régions en
développement.
Aussi devons-nous admettre que d'autres raisons expliquent
davantage la part chimérique de l'Afrique dans les échanges
mondiaux :
· Tout d'abord, les exportations africaines comportent un
pourcentage beaucoup
plus élevé de produits primaires (plus de 60%)
que le reste du monde (moins de 25%), y compris l'Asie et l'Amérique
latine. Et ces produits primaires dont tant de pays d'Afrique dépendent
si lourdement ont été affectés par une demande mondiale
peu animée et une baisse continue des prix réels169(*).
· Ensuite, cette diminution est imputable
également au fait que l'Afrique n'a pas su concevoir et promouvoir
d'autres produits d'exportation, comme les produits manufacturés.
Lorsque de tels produits figurent en bonne place dans le panier des
exportations d'un pays, cela traduit le fait que ce pays est en contact avec
les techniques internationales, qu'il apprend ces techniques et
bénéficie d'un transfert de technologie et qu'il est capable de
produire à des prix compétitifs sur le marché
international. Par rapport aux autres régions en développement,
c'est en Afrique que le pourcentage des produits manufacturés est le
plus faible (environ 10% des exportations).
Il revient donc à l'Union Africaine d'harmoniser, de
façon rigoureuse, les politiques nationales de ses Etats membres afin de
diversifier les exportations africaines et de contenir, un temps soit peu, la
marginalisation persistante de l'Afrique dans les échanges mondiaux.
Ceci ne sera certainement pas facile à la nouvelle organisation
panafricaine, car si elle ne parvient pas à ce stade le plus tôt
possible, sa mission d'intégration du continent serait probablement
« mort-née ».Ainsi, pour éviter de sombrer
davantage dans la médiocrité dans les relations internationales,
l'Union Africaine devra relever une diversité de défis sur le
plan des échanges commerciaux de l'Afrique.
Paragraphe 2 : Les défis actuels au
niveau des échanges commerciaux de l'Afrique
Pour attirer les investissements étrangers (B), l'Union
Africaine doit promouvoir, sur le continent, un commerce non seulement plus
ouvert, mais aussi diversifié (A).
A/ La nécessité d'un commerce plus ouvert
et diversifié
Il faut reconnaître que les efforts actuels
d'intégration régionale remontent à 1994, date de
l'entrée en vigueur du traité d'Abuja auquel ont
adhéré les membres de l'ex-O.U.A.. Ce traité
prévoit une intégration progressive à
l'établissement d'une communauté économique
africaine :
· La première étape consistera en la
création des zones de libre-échange en éliminant les
tarifs douaniers sur les produits échangés au sein des diverses
communautés économiques.
· Il s'agira ensuite d'éliminer les
barrières non tarifaires et d'adopter vis-à-vis de
l'extérieur un tarif douanier commun pour former une union
douanière.
Aussi faut-il reconnaître que les taxes
commerciales imposées sur le continent sont plus élevées
que dans les autres régions. Ce qui contribue à freiner le
commerce entre pays africains. En effet, l'approche progressive définie
dans l'Accord d'Abuja, notamment la réduction de certains tarifs
douaniers au niveau régional, n'a été que partiellement
appliquée dans une ou deux régions. Elle a été en
grande partie remplacée par la libéralisation
généralisée des échanges que préconisent les
programmes d'ajustement structurel financés par la Banque mondiale et le
Fonds monétaire international170(*) (FMI).
De même, les tarifs douaniers africains sur
les matières premières comme les fibres textiles restent donc
élevés. Or, taxer les intrants clefs d'industries à haute
intensité de main d'oeuvre comme la confection et les textiles, secteurs
où l'Afrique dispose d'avantages concurrentiels sur le plan de la
production et de l'exploitation, est contre-productif, note la Banque mondiale.
De même, les tarifs douaniers élevés sur les engrais, les
pesticides et les produits chimiques agricoles constituent «un frein
important à la production locale pour l'exportation»,
d'après l'étude de la Banque, car ces tarifs sur les intrants
essentiels à la production agricole comme les engrais (produits par
certains pays africains) sont en moyenne quatre fois supérieurs à
ceux imposés en Asie du Sud-Est.
De ce fait, le danger que constituent les programmes
d'ajustement structurel pour l'Afrique a été constaté par
une étude de Yilmaz AKYÛZ et Charles GORE de la Conférence
des Nations Unies sur le commerce et le développement
(C.N.U.C.E.D.)171(*).
Selon cette étude, il est certain que, sur tout le continent africain,
de nombreuses incitations au développement industriel ont
été battues en brèche par l'ajustement structurel. «
L'impact immédiat a été la
désindustrialisation172(*) générale». Et, selon la
conclusion de cette étude, il faudrait que les pouvoirs publics
africains «interviennent plus activement que ne leur permettent les
programmes d'ajustement structurel», de façon à mieux
soutenir l'industrialisation de l'Afrique. Sur ce point
précisément, l'industrialisation apparaît comme l'un des
défis majeurs de l'Union Africaine, car, si rien n'est fait pour
démarrer l'industrialisation de l'Afrique, sa marginalisation perdurera
au niveau des échanges mondiaux. Ce qui va certainement faire
échouer toute politique d'intégration du continent.
Par ailleurs, il revient à l'Union Africaine de
développer des stratégies en faveur d'une diversification des
échanges commerciaux de l'Afrique à travers le monde. Il s'agira
en effet pour les Etats africains de réduire leur trop grande
dépendance vis-à-vis des secteurs du textile et de l'habillement
en s'orientant vers la production d'autres biens très demandés.
C'est dire que l'Union Africaine doit, davantage, inciter ses Etats membres
à se lancer dans la transformation des matières premières
locales en produits finis pour l'exportation. D'où, l'importance de la
restauration d'un climat favorable aux investissements étrangers.
B/ L'obligation de restaurer un climat propice aux
investissements étrangers
Pour encourager leurs échanges commerciaux dans le
monde, les pays africains devront, sous le contrôle de l'Union Africaine,
promouvoir des politiques qui attirent les entreprises privées aussi
nationales qu'étrangères. Le respect de l'Etat de droit et la
mise en oeuvre de politiques macroéconomiques claires, cohérentes
et prévisibles sont des conditions nécessaires à un
environnement commercial digne de ce nom.
En effet, il ne fait aucun doute que l'Afrique est
perçue comme un continent où il y a tellement de perturbations,
de guerres, de troubles et de conflits civils, de confusion et
d'instabilité politique. Dans de nombreux pays africains, l'absence de
politique macroéconomique crédible fait fuir les industriels. Les
politiques changent trop souvent et par conséquent, les hommes
d'affaires ne savent pas exactement, d'un jour à l'autre, d'une semaine
à l'autre ou d'un mois à l'autre, à quoi s'attendre. De
même, la plupart des pays africains ne disposent pas de
réseaux173(*) de
transport et de communication performants. Ce qui explique davantage le fait
que le délabrement des infrastructures apparaisse véritablement
cause la principale du manque de compétitivité de l'Afrique. Pour
permettre donc l'accroissement des échanges régionaux en Afrique,
il faut d'abord réaliser des investissements en infrastructures
physiques (routes, rails, lignes électriques, services aériens et
télécommunications).
Par ailleurs, l'Union Africaine doit promouvoir à
l'intérieur de ses Etats membres le développement du secteur des
petites entreprises. En effet, dans de nombreux pays africains, le secteur
privé est souvent composé, d'une part, de quelques
multinationales géantes et, de l'autre, d'un vaste secteur informel de
micro-entrprises. Les responsables africains doivent donc s'interroger sur la
gestion de ce secteur informel qui assure une part importante de la production,
du commerce et des services. Car, bien qu'étant le moteur de la plupart
des économies africaines, le secteur informel n'est pratiquement pas
réglementé, il a peu accès aux financements,
échappe souvent à la fiscalité et sa contribution à
l'économie n'est généralement pas comptabilisée.
Pour que sa politique d'intégration réussisse,
l'Union Africaine ne peut continuer à ignorer ce secteur important pour
l'accroissement de l'économie africaine sur la scène
internationale. Pas plus, qu'elle ne doit pas relâcher au niveau des
autres secteurs clefs précités.
CONCLUSION GENERALE
En définitive, si l'Afrique n'est pas mal partie, elle
paraît certainement enfermée à divers niveaux, et cela ne
fait plus l'objet d'aucun doute. En réalité, ce constat
s'explique aisément par le mot d'ordre « Africa must
unit ! » par lequel Kwamé N'KRUMAH, premier
président du Ghana, avait convié ses pairs réunis en Mai
1963 à Addis-Abéba (Ethiopie) à la réalisation
immédiate de l'unité de l'Afrique lors de la création de
l'Organisation de l'Unité Africaine. Aujourd'hui encore, la
création de l'Union Africaine, intervenue à Lomé (Togo) le
11 juillet 2000, par l'adoption de son acte constitutif lors du
trente-sixième sommet de l'ex-O.U.A., permet de juger, non seulement, de
la prise de conscience des Etats africains du retard que connaît
l'Afrique par rapport au reste du monde, mais aussi de la volonté de ces
derniers de promouvoir l'intégration du continent.
Malheureusement, cette volonté d'intégration de
l'Afrique est si mitigée qu'elle est menacée en tout temps de
l'intérieur comme de l'extérieur. Ce qui jette, en toute
évidence, un véritable discrédit sur la capacité de
l'Union Africaine à réaliser, de façon efficace et
durable, l'intégration du continent. L'heure paraît certainement
grave pour les Etats africains qui continuent de subir, depuis un certain
moment, les effets néfastes de la mondialisation.
Et, comme nous pouvons le constater avec le professeur Koffi
AHADZI : « ...l'Union Africaine......semble, trois ans
après son entrée en fonction, s'engager sur la voie de la
paralysie et donc de l'inefficacité. Sa contribution à la
démocratisation effective des Etats membres demeure quasiment nulle. Les
principes de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires
intérieures inscrits dans l'Acte constitutif174(*) freinent manifestement
l'application de ceux concernant le respect de la démocratie, des droits
de l'homme, de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance175(*). La grande majorité
de Etats africains continuent d'être dirigés par des
régimes issus d'élections non transparentes et faisant peu de cas
des droits de l'homme sans que l'organisation panafricaine émette la
moindre protestation... ».
C'est en s'inscrivant dans cette logique que le professeur a
conclut en ces termes : « En ce qui concerne la mise en oeuvre
du processus d'intégration et du développement économique,
aucune avancée décisive ne paraît avoir été
réalisée depuis l'entrée en vigueur de l'Union Africaine.
Le N.E.P.A.D., par exemple, se signale, pour l'essentiel, par des
conférences qui se tiennent en Afrique ou ailleurs sur les conditions de
sa mise en oeuvre plutôt que par la réalisation effective
des projets qui en découlent.
L'un des principaux initiateurs, le président WADE du
Sénégal, n'a d'ailleurs pas hésité à avouer
publiquement sa déception face à l'insignifiance des
résultats enregistrés. Or, si l'on sait que la plupart des
conflits africains actuels ont pour racine les crises dues à un
imparfait processus de démocratisation ou à la
paupérisation économique de plus en plus
accélérée des populations, on ne peut qu'être
pessimiste sur les capacités de l'Union Africaine d'assurer la
réalisation de cet autre objet majeur qu'est le maintien de la paix et
de la sécurité sur le continent ».
Il est clair qu'actuellement le bilan de l'Union Africaine ne
paraît nullement enviable dans la mesure où son chemin pour la
consolidation d'une intégration effective est véritablement
parsemé d'embûches176(*).
Plus particulièrement, tout semble désormais se
reposer sur un manque de volonté politique, de moyens et de ressources
de la part des Etats africains en faveur d'une culture d'intégration.
Ceci se remarque davantage dans les échanges commerciaux par le simple
fait que les Etats africains sont devenus de serviles consommateurs des
produits étrangers en même temps qu'ils refusent de s'engager dans
un processus d'industrialisation du continent. Plus grave encore, contrairement
aux nouveaux pays industrialisés177(*) de l'Asie, les Etats africains ne s'inscrivent
guère, avec leurs partenaires commerciaux, dans une logique de transfert
de technologies. Ce qui assujettit davantage l'Afrique aux effets de la
mondialisation et rend précaire tout projet de développement du
continent.
Face à une telle situation dramatique de l'Afrique par
rapport au reste du monde, l'unique question qui mérite d'être
posée est de savoir : Que doit donc faire l'Union Africaine pour
arrêter sa «descente aux enfers» ?
Pour répondre à cette interrogation aussi
pertinente que réelle, il importe d'épouser fois la vision du
professeur Koffi AHADZI qui propose qu': «... Afin d'arrêter cette
sorte de descente aux enfers de ce continent potentiellement parmi les plus
riches du monde, l'Union Africaine doit être restructurée. Ne
pouvant vouloir à la fois une chose et son contraire, elle se doit, si
elle veut vraiment se mettre au service d'un véritable panafricanisme et
d'une renaissance effective de l'Afrique, se débarrasser urgemment des
principes et des objectifs interétatiques qui annihilent tout effort
d'intégration politique et économique dans la mesure où
les Etats membres s'en servent pour refuser tout abandon significatif de
souveraineté. Or, l'Afrique doit s'unir ou périr car les faits
démontrent amplement qu'uni, le continent pèse à peine 5%
du produit intérieur brute (P.I.B.). Désuni, il n'existe tout
simplement plus178(*).
De fait, selon les statistiques assez récentes, en 2001, «le
premier pays africain au plus fort P.I.B. se situe au
cinquante-et-unième rang (Libye), tandis que la plupart des pays
africains s'inscrivent le cent vingtième et le dernier
rang »179(*).
Pour finir le professeur ajoute : « Il importe dès
lors que les principes et objectifs supranationaux qui ont été
inscrits dans l'Acte constitutif de l'Union Africaine y occupent
désormais une place exclusive. Parallèlement, les organes
intégrés doivent être dotés de compétences
conséquentes afin de pouvoir exprimer une volonté conforme aux
intérêts de l'organisation et de prendre les décisions
appropriées à cette fin. Une telle avancée
témoignera effectivement de la volonté des Etats africains de se
donner enfin les moyens de faire le bonheur de leurs peuples en ce début
du vingt-et-unième siècle ».
Bref, pour éviter de devenir une O.U.A. bis,
« ... l'Union Africaine a besoin d'être
revitalisée180(*).. ».
BIBLIOGRAPHIE
I -MANUELS
- PELLET (Alain), DAILLIER (Patrick), Droit international public,
Paris, 7e édition, Librairie
Générale de Droit et de Jurisprudence, 2004.
II- OUVRAGES
- BOUTROS-GHALI (Boutros), L'Organisation de l'Unité
Africaine, Paris, Armand Colin, 1969.
- BURDEAU (Georges) et autres, Droit constitutionnel, Paris,
LGDJ, 2001.
- CARREAU (Dominique), JUILLARD (Patrick), Droit international
économique, Paris, LGDJ,1998.
- DECRAENE (Philippe), Le panafricanisme, Paris, PUF,
1976.
- DE SENARCLENS (Pierre), La mondialisation :
Théories, enjeux et débats, 4e édition,
Armand
Colin, 2000.
- DUREAUD (E.), De l'Europe divisée à la Grande
Europe, Paris, Accadémia, 2002.
- GLELE - AHANHANZO (Maurice), Introduction à l'O.U.A. et
aux organisations régionales
africaines, Paris, Edition, Librairie
Générale de Droit et de Jurisprudence, 1986.
- GONIDEC (Pierre François), l'O.U.A. : trente ans
après, Paris, édition KARTHALA, 1993.
- SALMON (jean), (dir.), Dictionnaire de droit international,
Bruxelles, Bruyant/AUF, 2001.
- J.Y. (Yepes), Les accords régionaux et le
droit international, RCADI, 1947.
- JOUVE (Edmond), L'Organisation de l'Unité
Africaine, Paris, PUF, 1984.
- KAMTO (Maurice), PONDI (Jean Emmanuel), ZANG (Laurent),
l'O.U.A. : rétrospective et
perspectives africaines, Paris, Economica, 1990, avec
Préface de M. BOUTROS- GHALI
(Boutros).
- OUGUERGOUZ (Fatshah), La Charte africaine
des droits de l'homme et des peuples, Paris, PUF,
1993.
- PADMORE (George), Panafricanisme ou communisme, Paris,
Présence africaine, 1960.
- P. (Vellas), Le régionalisme international et
l'Organisation des Nations Unies, Paris, Pedone, 1948.
- RIDEAU (J.), Droit institutionnel de l'Union
Européenne, Paris, LGDJ, 2002.
- ROUSSEAU (Charles), Droit international
public, Paris, Sirey, 1953.
- VIRALLY (Michel), Définition et classification :
approche juridique, Le droit international en
devenir, Paris, PUF, 1990.
- W. (Friedmann), De l'efficacité des institutions
internationales, Paris, Collection U, Série,
Relations et institutions internationales, 1970.
- WEMBOU (Michel). Cyr D, L'O.U.A. à l'aube du
XXIe s. Bilan, Diagnostic et perspectives,
Paris, Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence, 1996.
- YEMET-ETEKA (Valère), La Charte africaine des droits
de l'homme et des peuples, Paris,
L'Harmattan, 1996.
III- ARTICLES
- AHADZI (Koffi), « Réflexions
critiques sur l'Union Africaine », Revue béninoise des
sciences
juridiques et administratives, 2007.
- ALOUI (Abdelkader), « La personnalité
juridique de l'Union Africaine », disponible sur
http://www.memoireonline.com/10/06/223/m_personnalité-juridique-union-africaineO.html,
consulté le 18 janvier 2008.
- BAYART (Jean François), « La
problématique de la démocratie en Afrique noire : la
Baule, et puis après ? », Politique Africaine N° 43,
Octobre 1991.
- BORELLA (François), « Les regroupements
d'Etat dans l'Afrique indépendante », A.F.D.I., 1961,
du même auteur, « Le régionalisme africain et
l'Organisation de l'Unité Africaine », A.F.D.I.,
1963.
- E.N. (Van Kleffens), « Regionalism and Political
Pacts », AJIL, vol. 43, 1949.
- LECOUTRE (Delphine), « Le Conseil de paix et
de sécurité de l'Union Africaine, clef d'une
Nouvelle architecture de stabilité en
Afrique » ?, disponible sur
http://cairn.webnext.com/article_p.php,
Consulté le 26/02/2008.
- « Les Chemins de l'intégration »,
Revue Tiers Monde, n°169, janvier-mars 2002.
- LOADA (Augustin), « La limitation du nombre de
mandats présidentiels en Afrique francophone », AFRILEX
N° 3, juin 2003.
- MBUYINGA (Elenga), « Panafricanisme et
néocolonialisme », in Publications de l'U.P.C.,
Paris,
1980.
- PERSON (Yves), « L'O.U.A. une décennie
d'épreuves pour l'unité », Revue Française
d'Etudes
Politiques Africaines, septembre 1973.
- Sessanga Hipungun Dja Kaseng Kapitu, « Les
politiques publiques de sécurité en Afrique
sub-saharienne », Arès, n°49, Vol XIX, Fascicule
3, Mai 2002.
- TSHIYEMBE (Mwayila,), « Du messianisme aux
rives de la mondialisation : Difficile gestation
de l'Union Africaine » in Le Monde
Diplomatique, Juillet 2002.
- VOKOUMA (Joachim), « Union africaine : cap
sur les Etats-Unis d'Afrique », in Le Mensuel Panafricain
d'Information, disponible sur
http://www.continental.com/archives/articles/62-une-union-africaine
IV-ETUDES
- GUEYE (Babacar), La marginalisation de l'O.U.A. dans le
règlement des différends en Afrique,
Etude inédite, 1994.
- GONIDEC (Pierre François), Les organisations
internationales africaines, Etude comparative,
Paris, L'Harmattan, 1989.
V- THESES ET MEMEOIRES
- GBENOUGA (Sénamé), Réflexions sur le
Conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine,
Mémoire de DEA, Université de Lomé, 21 juin 2008.
- J.NDONG-BRIANG, N'krumah et le panafricanisme, Thèse
d'Etat, Sciences politiques,
Paris II, 1979.)
- KPODAR (Adama), Essai de réflexion sur la
régionalisation du maintien de la paix et de la sécurité
collectives : l'exemple de l'Afrique de l'Ouest, Thèse pour le
Doctorat en droit, Université de Poitiers, 02 Octobre 2002.
VI- AUTRES DOCUMENTS
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 1995 ;
Afrique Relance, L'Afrique toujours en quête
d'un véritable partenariat, Département de l'Information des
Nations Unies, Vol.16 N°.2-3, Septembre, 2002.
Afrique Relance, Afrique : lorsque la guerre
s'achève, les combattants se transforment en bâtisseurs,
Département de l'Information des Nations Unies, Vol.19 N°3,
Septembre 2005.
Afrique Renouveau, L'Afrique face aux défis
commerciaux, Département de l'Information des Nations Unies,
vol.20 N°1, Avril 2006.
Bulletin Africain de la Paix, Le monde réuni
autour des armes légères à New York , Centre
Régional des Nations Unies pour la paix et la désarmement en
Afrique (UNREC), Avril, Mai, Juin 2001, Edition Spéciale Double
N°26, disponible sur www.unrec.org
Bulletin Africain de la Paix, Soudan : En attendant
la paix, Centre Régional des Nations Unies pour la paix et la
désarmement en Afrique (UNREC), Décembre, Janvier,
Février 2003/2004, Edition N°29.
Bulletin Africain de la Paix, La question du
désarmement en Afrique, Centre Régional des Nations Unies
pour la paix et la désarmement en Afrique (UNREC), Mai, Juin,
Juillet 2004, Edition N°30, pp.
Bulletin Africain de la Paix, Paix et désarmement en
Afrique : Bilan 2004 et Perspectives 2005, Centre Régional des
Nations Unies pour la paix et la désarmement en Afrique (UNREC),
Janvier, Février, Mars 2005, Edition N°31.
Quotidien ivoirien : Fraternité Matin / Samedi 25
- Dimanche 26 août 2007.
Quotidien togolais : TOGO-PRESSE, Jeudi 25 septembre
2008.
Focus Info : La fausse bonne idée d'un
gouvernement panafricain, Mensuel Togolais d'informations N°007
du 25 juillet au 25 août 2008.
VII-RAPPORTS ET PUBLICATIONS D'INSTITUTIONS
INTERNATIONALES
- COOPERATION SUD, La mondialisation,
publié par le Groupe spécial pour la Coopération Technique
entre Pays en Développement, Programme des Nations Unies pour le
Développement (P.N.U.D.), One United Nations, New York, NY 10017
(Etats-Unis), n° 2 , 1998, 172 p, disponible sur
http://www.undp.org/tcdc/tcdc.htm
- Forum sur : La sécurité alimentaire dans
le Sahel et en Afrique de l'Ouest : Défis à moyen et
à long terme, Synthèses des présentations et discussions,
Organisé conjointement par Le Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest
(C.S.A.O.), le Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la
Sécheresse au Sahel (C.I.L.S.S.) et la Communauté des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O.), Siège de l'Organisation de
Coopération et de Développement Economique (O.C.D.E.), Paris , le
18 Octobre 2005, 35p, http://www.oecd.org/sah
- Rapport de la conférence « GUY
MHONE » organisée par le Conseil pour le
Développement de la Recherche en Sciences Sociales en
Afrique (C.O.D.E.S.R.I.A.) à Zomba au MALAWI du 22-24 Août 2007
sous le thème : Les réformes du Secteur Public en
Afrique : Rétrospective et Perspectives, disponible sur
www.codesria.org
- BOUTROS-GHALI (Boutros), Agenda pour la paix- diplomatie
préventive, rétablissement de la paix et maintien de la paix,
rapport du Secrétaire Général soumis à l'ensemble
des Etats membres de l'ONU le 30 juin 1992, A/47/277-S/24111.
VIII -TEXTES JURIDIQUES
- L'Acte constitutif de l'Union Africaine.
- La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples
- La Charte de l'aide alimentaire.
- Protocole sur les amendements à l'Acte constitutif de
l'Union Africaine.
- Protocole relatif au Conseil de paix et de
sécurité de l'Union Africaine.
- La constitution ivoirienne de 2000.
IX- SITES INTERNET
-
http://www.undp.org/tcdc/tcdc.htm
-
http://www.memoireonline.com/10/06/223/m_personnalité-juridique-union-africaine0.html
-
http://www.oecd.org/sah ; http://
www.mistowa.org
-
http://cairn.webnext.com/article_p.php
-
www.uneca.org/fdaii/docs/fr
aria.htm ;
www.africa-union.org
-
http://www.diplomatie.gouv.fr
-
http://www.memoireonline.com
-
http://www.lemonde.fr/web/depeches
-
www.google.fr ;
www.rfi.fr ; www.unrec.org
-
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/
- http://www jeuneafrique.com/gabarits/article
JAI-online
TABLE DES MATIERES
DEDICACE...............................................................................................................I
SIGLES ET
ABREVIATIONS.................................................................................IV
SOMMAIRE....................................................................................VII
INTRODUCTION
GENERALE.................................................................1
PREMIERE PARTIE : UNE INTEGRATION EN
PROGRES.....................................................12
Chapitre 1 Une intégration africaine en
accélération depuis
1999..............................................14
Section 1 : L'instauration d'un équilibre
institutionnel ..........................................................14
Paragraphe 1 : L'organisation exécutive et
parlementaire de l'Union Africaine................................14
A/ La Conférence, le Conseil exécutif et la
Commission....................................... ................14
B/ L'importance du parlement panafricain dans le processus
d'intégration...................................18
Paragraphe 2 : Le concours des institutions
juridictionnelles dans le processus d'intégration..............22
A/ La mission des institutions
juridictionnelles.....................................................................22
1. La Cour africaine des droits de l'homme et des
peuples.......................................................22
2. L'importance de la Cour de justice de l'Union
Africaine........................................................24
B/ Le rôle de institutions de défense des droits
de l'homme.........................................................25
Section 2 : Les initiatives sur le devenir de
l'Union...............................................................26
Paragraphe 1 : D'une vision progressiste de
l'intégration
politique..............................................26
Paragraphe 2 : Vers une intégration
économique
fractionnée.....................................................28
Chapitre 2: Des avancées relatives au maintien de la paix
et de la sécurité.......................................32
Section 1 / La création du Conseil de paix et de
sécurité (C.P.S.) : une institution
novatrice ..................33
Paragraphe 1 : Les principes de fonctionnement du C.P.S.
.....................................................33
A/ Les principes régissant le
C.P.S..................................................................................33
B/ L'apport des fonctions assignées au C.P.S en
matière d'intégration.......................................
35
1. Les
fonctions..........................................................................................................35
2. La
Composition......................................................................................................36
3. Le
mandat............................................................................................................38
Paragraphe 2 : Les critères de sélection
et d'élection des membres du C.P.S.
................................39
A/ La particularité de la procédure de
sélection.......................................................................39
B/ Le système
électoral..................................................................................................40
Section 2/ L'action du Conseil de paix et de
sécurité : une première
évaluation................................41
Paragraphe 1: L'état des lieux des premières
activités du C.P.S.................................................41
A/ L'attachement au respect de la périodicité
des
réunions........................................................41
B/ L'engagement de restaurer la paix sur le
continent.............................................................43
Paragraphe 2 : Les apories inhérentes au
C.P.S.......................................................................44
A/ La léthargie fonctionnelle du C.P.S.
.............................................................................44
B/ L'absence d'effet direct des décisions du
C.P.S.................................................................45
DEUXIEME PARTIE : UNE INTEGRATION MENACEE :
..................................................47
Chapitre 1 Les menaces
juridiques....................................................................................49
Section 1/ Les menaces d'ordre
normatif..........................................................................50
Paragraphe 1 : Le paradoxe né de la
réaffirmation des principes et objectifs
souverainistes....................50
A/ Les textes
incriminés..................................................................................................50
1. Le
constat.......................................................................................................50
2.
L'explication...................................................................................................52
B/ Des efforts insuffisants pour remédier aux
incohérences de l'Acte constitutif .........................54
Paragraphe 2 : Les risques d'une disparition précoce
de l'Union Africaine..............................57
A/ L'inertie de l'Union Africaine dans la prévention et la
gestion des conflits armés........................57
B/ Le danger de la persistance du souverainisme
étatique..................................................59
1. Les raisons
fondamentales...................................................................................59
2. Les raisons
pratiques.........................................................................................60
Section 2/ Les menaces à caractère
institutionnel.....................................................................61
Paragraphe 1 : La nécessité de redynamiser
les organes de l'Union Africaine...............................61
A/ La Conférence et la Commission de l'Union
Africaine........................................................62
B/ Le Parlement panafricain et la Cour de justice de l'Union
Africaine.......................................62
Paragraphe 2 La passivité notoire des institutions
spécialisées de l'Union Africaine......................63
A/ La recrudescence du phénomène de
l'insécurité alimentaire en
Afrique...................................63
1. Les causes de la crise alimentaire et de la vie
chère en Afrique..............................................64
2. Les défis portant sur la sécurité
alimentaire à moyen et long
terme............................................66
B/L'impératif de la construction d'un réseau
routier performant pour un développement durable..........68
Chapitre 2 : Les menaces politiques..................
................................................................70
Section 1/ Les menaces liées au disfonctionnement du
secteur public en Afrique ........................70
Paragraphe 1 : Sur les crises et problèmes du
secteur public africain.........................................70
A/ Les crises et les
problèmes...........................................................................................71
1. Les
crises.............................................................................................................71
2. Les
problèmes ..........................................................................................................71
B/ La nécessité de réinventer un
nouveau modèle de gestion des affaires
publiques............................72
Paragraphe 2 : La crainte du sort réservé
à l'Union Africaine
....................................................74
A/ La problématique de la formation d'un gouvernement
panafricain...................................................74
B/ Sur la responsabilité d'un gouvernement
panafricain ..............................................................75
Section 2/ Sur la politique générale de l'Union
Africaine par rapport à la mondialisation
.............76
Paragraphe 1 : La mondialisation et ses implications sur
le développement de l'Afrique......................76
A / Le phénomène grandissant de la
pauvreté de
masse..........................................................76
B/ Le spectre de la marginalisation par rapport aux
exportations africaines..............................79
Paragraphe2 : Les défis actuels au niveau des
échanges commerciaux de l'Afrique..........................82
A/ La nécessité d'un commerce plus ouvert et
diversifié........................................................82
B/ l'obligation de restaurer un climat propice aux
investissements étrangers..................................84
CONCLUSION
GENERALE..........................................................................................85
BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................88
TABLE DES
MATIERES.............................................................................................93
* 1Afrique Relance, volume 16
N°2-3 Septembre 2002 P.25 (citant les propos de Mme Lalla Ben BARKA,
secrétaire
générale adjointe de la Commission
économique des Nations Unies pour l'Afrique, lors d'un colloque de la
société
civile organisé avant le lancement de l'Union
Africaine).
* 2Adama KPODAR,
« Essai de réflexion sur la régionalisation du maintien
de la paix et de la sécurité collectives :
l'exemple de l'Afrique de l'Ouest », Thèse
pour le doctorat en droit, Université de Poitiers, Octobre 2002, pp.
35-39.
* 3 Jean SALMON, (dir),
« Dictionnaire de droit international public », Bruxelles,
Bruylant/AUF, 2001, p. 959.
* 4 Charles ROUSSEAU, Droit
international public, Paris, Sirey, 1953, p.212.
* 5 Michel VIRALLY,
« L'Organisation mondiale », A. Colin, 1972, p. 294.
* 6 Différence avec
l'alliance qui n'est pas obligatoirement permanente.
* 7 Boutros BOUTROS-GHALI,
« Contribution à l'étude des ententes
régionales », Paris, Pedone, 1949, p. 101. Yepes
(J.Y.), « Les accords régionaux et le droit
international », RCADI, 1947, p. 252.
* 8 Vellas (P.), « Le
régionalisme international et l'organisation des Nations
Unies », Paris, Pedone, 1948, pp. 40-41 ; Saba
(H.), « Les accords régionaux dans la Charte
des Nations Unies », RCADI, 1952-1, pp. 684-692 ;
Padelford (L.J.),
« Regional organisations and the United Nations,
International Organisation », vol. VIII, 1954, p. 204. Van
Kleffens
(E.N.), « Regionalism and Political
Pacts », AJIL, vol. 43, 1949, pp. 668-669. Kelsen (H.),
« The Law of the United
Nations », Londres, Stevens& Sons Ltd., 1951, pp.
319-320.
* 9 Voir Jean SALMON, (dir.),
« Dictionnaire de droit international public »,
préc. p. 17. Il propose cependant une seconde
définition : « Accord conclu dans un but
autre que la sécurité : par exemple en vue de
développer la coopération
économique entre les Etats de la
région ».
* 10 En ce sens s'expriment de
façon expresse: Vellas (P.), « Le
régionalisme... » préc. P.40 ; Yepes (J.Y.),
« Les accords
régionaux... » préc. p. 252,
Yakemtchouk (R.), « L'ONU., la sécurité
régionale et le problème du régionalisme »,
Paris, Pedone, 1955, pp. 165-166, Saba (H.), Les accords
régionaux...préc. p.686. Les seules exceptions à
l'exigence
de cette condition se trouve chez Edem KODJO, pour qui :
« tout accord régional, par définition, a pour but de
renforcer la coopération entre ses membres
signataires. On peut donc penser qu'il contient en lui-même des
dispositions pour maintenir la paix et la
sécurité internationales. Ce critère est donc vague et
n'est d'aucun secours
valable pour la définition en cause ».
Commentaire de l'article 52, in Commentaire de la Charte des Nations
Unies,
Paris, Economica,1991, p. 797.
* 11 Cette condition est
exigée par Boutros BOUTROS-GHALI, « Contribution à
l'étude des ententes... » préc. p.101.
* 12Boutros BOUTROS-GHALI,
« Agenda pour la paix- diplomatie préventive,
rétablissement de la paix et maintien de la
Paix », Rapport du Secrétaire
Général soumis à l'ensemble des Etats membres de l'ONU le
30 juin 1992, A/47/277S/24111.
* 13Pierre François
GONIDEC, Les Organisations Internationales Africaines, Etude comparative,
Paris, L'Harmattan,
1989, p. 53.
* 14Voir aussi Michel VIRALLY,
« Définition et classification : approche juridique, Le
droit international en devenir »,
Paris, PUF, 1990, pp. 220-231.
* 15Maurice KAMTO,
« Les mutations institutionnelles de l'OUA (chap. 1er de
l'ouvrage : L'OUA : Rétrospective et
perspectives africaines », Paris, Economica,
1990.
* 16 Afrique Relance, volume 16
N°2-3 Septembre 2002, p. 25.
* 17 Maurice GLELE-AHANHANZO,
« Introduction à l'Organisation de l'Unité Africaine et
aux organisations
régionales africaines », Edition, Librairie
Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris N2047, Juin
1986,Tome, p. 15.
* 18 Edmond JOWVE,
« l'Organisation de l'Unité Africaine », Paris,
PUF, 1984, P109 et ss..
* 19 Koffi AHADZI,
« Réflexions critiques sur l'Union Africaine »,
Revue béninoise des sciences juridiques et
administratives, 2007, p.70.
* 20 Mwayila TSHIYEMBE,
« Du messianisme aux rives de la mondialisation : Difficile
gestation de l'Union Africaine »,
Le Monde Diplomatique, Juillet 2002, pp. 22-23.
* 21C'est l'objet de la
conférence « GUY MHONE » organisée par le
Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en
Afrique (CODESRIA) à Zomba au MALAWI du 22-24 Août 2007 sous le
thème : Les réformes du Secteur Public en Afrique :
Rétrospective et Perspectives.
*
22« «L'approche minimaliste du rôle de l'Etat
ne convient pas», a déclaré le Ministre sud africain des
transports, Dullah OMAR au Forum d'Addis-Abeba. Ce dont les pays africains ont
besoin, a-t-il poursuivi, ce sont des Etats solides et démocratiques qui
peuvent former de véritables partenariats avec le secteur
privé...», Afrique Relance, Septembre, 20002, Vol.16 N°.2-3,
p.13.
* 23« Deux ans de
sécheresse, qui s'ajoutent à un e pauvreté
générale, à des perturbations de la production et à
l'épuisement des réserves alimentaires, ont plongé
l'Afrique australe dans la crise alimentaire la plus grave qu'elle ait connue
depuis au moins 10 ans. La famine menace au moins 16 millions de personnes de
sept pays d'ici la fin de l'année. Si des mesures d'urgences ne sont pas
prises, prévient l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.), la
malnutrition et les maladies pourront faire 50.000 morts par mois »,
Afrique Relance, Septembre 20002 , p.03.
* 24 Les crises du Darfour, du
Tchad, de la Somalie, de la République Démocratique du
Congo....
* 25Les dirigeants africains ont rendez- vous avec
l'Histoire les 1er et 2 juillet 2007 à Accra, capitale du Ghana,
à l'occasion de la tenue du 9e sommet ordinaire de l'Union africaine
(UA). À l'ordre du jour de ce conclave panafricain : le lancement d'un
gouvernement des États-Unis d'Afrique, l'élection du
président de la Commission de l'UA - Alpha Oumar Konaré ayant
renoncé à solliciter un second mandat- la nomination des
commissaires, l'intégration du Nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique (Nepad) dans le giron de l'UA et la
réforme des institutions. Lors du précédent sommet en
janvier dernier à Addis-Abeba en Éthiopie, les débats sur
la création des États-Unis d'Afrique avaient tourné court,
les divergences étant apparues insurmontables entre les partisans de la
mise en place imminente d'un exécutif continental pour donner une
impulsion à l'intégration et ceux, moins volontaristes,
plutôt pragmatiques, partisans d'une approche graduée par la
consolidation des ensembles économiques régionaux. «Ce
sommet doit permettre de progresser vers la concrétisation d'un
gouvernement fédéral africain imaginé par Kwamé
NKRUMAH», plaide le ministre sénégalais des Affaires
étrangères, Cheikh Tidiane GADIO. Tout en comprenant le
scepticisme que le projet suscite chez certains, il rappelle que
«l'approche progressive adoptée depuis quatre décennies n'a
pas marché, les africains étant plus que jamais divisés et
sans possibilité de réaliser leur développement».
Dans le camp des volontaristes, il y a, entre autres, les présidents
Abdoulaye WADE du Sénégal, Ben ALI de Tunisie, Alpha Oumar KONARE
et Mouammar KADHAFFI. Déçu de n'avoir pas réussi à
réaliser l'Union du Maghreb Arabe (U.M.A.), le guide de la Jamahiriya
libyenne est apparu ces dernières années comme l'avocat le plus
médiatique de la cause africaine. « Je me suis couché avec 4
millions de Libyens et je me suis réveillé avec 700 millions
d'africains», confiait Kadhafi en septembre 1999, à l'occasion du
sommet extraordinaire de l'Organisation de l'Unité Africaine tenu
à Syrte, à 500 km de Tripoli, au cours duquel le projet de
création de l'Union Africaine avait été annoncé.
Après d'intenses tractations lors des sommets de Lomé, au Togo en
2000, et de Lusaka, en Zambie en 2001,l'U.A est officiellement portée
sur les fonts baptismaux, dans un contexte d'euphorie générale en
juillet 2002 à Durban, en Afrique du Sud par les 53 chefs d'État
et de gouvernement du continent,
Le Mensuel
Panafricain d'Information : Union Africaine : cap sur les Etats-Unis
d'Afrique,
www.africa-union.org, consulté
le 23 janvier 2008.
* 26Le souverainisme se
présente comme une idéologie fondée sur le refus d'abandon
de souveraineté dans les
Relations inter étatiques et donc sur l'option de la
coopération au détriment de l'intégration.
* 27« Une
organisation est considérée comme une organisation
intergouvernementale ou comme une organisation internationale publique,
lorsqu'elle est constituée par un accord interétatique entre
Etats par un traité. Ce traité est généralement
dénommé le traité constitutif de l'organisation, ainsi et
dans de nombreux cas la personnalité juridique d'une organisation
internationale est expressément reconnue par son acte constitutif ;
exemple : (article 39 de la constitution de l'O.I.T, article 8 du statut
de l'O.M.C). Cette reconnaissance expresse n'est que la constatation d'une
qualité que toutes les organisations internationales acquièrent
dès leur naissance une personnalité... nécessaire dans
l'accomplissement de leurs compétences. Mais d'autant que cela est vrai,
il existe aujourd'hui de nombreuses organisations internationales
privées de la personnalité juridique dont les textes constitutifs
de la plupart d'entre elles ne la mentionne pas, et comme exemple type l'Union
Africaine qui a succédé à l'Organisation de l'Unité
Africaine (O.U.A.)...», Abdelkader ALOUI, « La
personnalité juridique de l'Union Africaine », (
http://www.memoireonline.com/10/06/223/m_personnalité-juridique-union-africaineO.html,
consulté le 18 janvier 2008).
* 28Élu en juillet
2003, l'ancien président malien, Alpha Oumar Konaré, nourrissait
de grandes ambitions pour le continent, déterminé à le
conduire dans la modernité démocratique. «L'Afrique est de
retour» avait-il lancé, s'inscrivant résolument dans la
philosophie de la renaissance africaine chère au président
sudafricain Thabo Mbeki. Mais il a vite été gagné par le
désenchantement. Avec un maigre budget -70 millions de dollars alors
qu'il en réclamait 600-, entouré de commissaires qui lui sont
imposés et entretenant des relations pour le moins difficiles avec de
nombreux chefs d'État, il a finalement annoncé en juillet 2006
qu'il ne souhaitait pas être reconduit pour un second mandat. À
ces difficultés, s'ajoute également le bicéphalisme qui
existe à la tête de l'organisation entre le président de
l'Union Africaine et le président de la Commission, nuisible à
l'efficacité de l'action de l'exécutif. La gestion confuse de la
succession de feu Gnassingbé Eyadéma en avril 2005 a
révélé l'urgence d'opérer des réformes
institutionnelles en délimitant clairement les domaines de
compétences de ces deux fonctions. Avant de céder son fauteuil,
Alpha Oumar Konaré a annoncé vouloir réformer les
institutions de l'Union africaine pour les rendre plus efficaces et moins
bureaucratiques. Il souhaite que son successeur dispose d'un mandat unique de
sept ans (contre quatre ans renouvelables actuellement), ce qui le mettra
à l'abri des pressions des chefs d'État. Il souhaite aussi que
les pouvoirs de ses successeurs soient renforcés et que les commissaires
répondent devant lui et non des chefs d'État. Comme son homologue
européen, le président de la Commission de l'Union Africaine
devra pouvoir rappeler sévèrement à l'ordre sans
être inquiété, les gouvernements qui ne respectent pas les
valeurs qu'ils ont librement adoptées et qui sont contenues dans l'acte
constitutif. En fait, les blocages et dysfonctionnements qui nuisent à
l'efficacité de l'organisation panafricaine résultent du fait que
le critère d'adhésion à l'Union Africaine repose sur un
droit naturel et non sur un droit positif. Dès lors, à quoi se
référer pour dénoncer, par exemple, le taux d'inflation du
Zimbabwe qui a franchi en mars dernier la barre de 2000 % quand la moyenne
continentale est de 12,7%? Et si le simple critère géographique
n'était plus suffisant pour être membre de l'Union Africaine?
Le Mensuel
Panafricain d'Information, « Union africaine : cap sur
les Etats-Unis d'Afrique », Joachim
VOKOUMA.
* 29Au terme des travaux de
la 20e session du Comité Interparlementaire de l'U.E.M.O.A.
(C.I.P.) qui se sont déroulés du 13 au 23 août 2007
à Abidjan, le président du C.I.P., Mélégué
TRAORE, répondait en ces termes à la question « Peut-on
arriver à une véritable intégration» ? « Le
C.I.P. est en train de démontrer qu'on peut arriver à une
véritable intégration. C'est dire que nous ne raisonnons pas au
CIP en terme de nationaux. Lorsque nous abordons une question, quel que soit le
pays qui est concerné, personne n'intervient au titre de son pays. Quand
j'interviens, c'est en tant que député de l'U.E.M.O.A. et quand
un député ivoirien parle, il aborde la question en tant que
représentant des peuples d'Afrique de l'Ouest. C'est une très
grande force. On renoue là avec quelque chose qui existait avant les
indépendances. La territorialisation, en 1960, a été un
grand mal, à mon avis. En ce sens qu'elle a été trop loin
et a fini par couper les élites les unes des autres. Cela a abouti
à une espèce de micro nationalisme qu'on cherche aujourd'hui
à dépasser difficilement. Or, au niveau du C.I.P., nous avons pu
créer l'embryon de cette élite communautaire »,
Quotidien ivoirien : Fraternité Matin / Samedi 25 - Dimanche 26
août 2007, pp.12-13.
* 30Koffi AHADZI,
« Réflexions critiques sur l'Union Africaine »,
op.cit, p.19 : « En ce qui concerne la mise en oeuvre du
processus d'intégration et du développement économique,
aucune avancée décisive ne paraît avoir été
réalisée depuis l'entrée en vigueur de l'U.A.. Le
N.E.P.A.D., par exemple, se signale, pour l'essentiel, par les
conférences qui se tiennent en Afrique ou ailleurs sur les conditions de
sa mise en oeuvre plutôt que par la réalisation effective des
projets qui en découlent. L'un de ses principaux initiateurs, le
président WADE du Sénégal, n'a d'ailleurs pas
hésité à avouer publiquement sa déception face
à l'insignifiance des résultats enregistrés. Or, si l'on
sait que la plupart des conflits africains actuels ont pour racines les crises
dues à un imparfait processus de démocratisation ou à la
paupérisation économique de plus en plus
accélérée des populations, on ne peut qu'être
pessimiste sur les capacités de l'Union Africaine d'assurer la
réalisation de cet autre objectif majeur qu'est le maintien de la paix
et de la sécurité sur le continent. En réalité,
telle que l'Union Africaine est organisée actuellement, elle ne peut que
servir de miroir à ses Etats membres en leur renvoyant l'image de leur
impuissance et de leur incapacité à concevoir et à
réaliser un dessein ambitieux non seulement pour leurs peuples
respectifs mais aussi pour l'Afrique qui, de ce fait, a virtuellement disparu
du concert de la mondialisation ».
* 31Le panafricanisme
constituait à ses débuts (dix-neuvième siècle)
«une simple manifestation de solidarité fraternelle»
Entre les noirs et la diaspora implantée aux Antilles
britanniques et aux Etats-Unis. Mais, il évolua par la suite pour
devenir un mouvement de pensée fondé sur la
nécessité de bâtir une unité complète du
continent noir, celui-ci gardant des liens très étroit avec tous
les noirs de la diaspora. Le terme unité recevra diverses
interprétations, mais si l'on se réfère à la
conception originelle, il désigne un mouvement d'intégration et
non de simple association ou de coopération. C'est dans cette acception
originelle que nous l'utilisons ici. Pour d'amples précisions sur
l'histoire du panafricanisme, cf, entre autres, Philippe DECRAENE,
« Le panafricanisme », Paris, PUF, 1976 ; George
PADMORE, « Panafricanisme ou communisme », Paris,
Présence africaine, 1960 ; Elenga MBUYINGA,
« Panafricanisme et néocolonialisme », Paris,
Publications de l'U.P.C., 1980 ; Yves PERSON, « L'O.U.A ou une
décennie d'épreuves pour l'unité »,
Revue Française d'Etudes Politiques Africaines, septembre 1973,
pp. 29-60.
* 32
http://www.diplomatie.gouv.fr,
consulté le 05 janvier 2007.
* 33Article 6.2 de l'Acte
constitutif de l'Union Africaine.
* 34 La présidence de
l'Union Européenne est assurée pour 6 mois par chaque Etat membre
suivant le système de rotation.
* 35Actuellement le bras de fer
qui oppose l'Union Africaine et les militaires putschistes qui ont pris le
pouvoir en
Mauritanie depuis le 06 août 2008 et qui défient
l'ultimatum qui leur est donné par l'organisation panafricaine pour
rétablir l'ordre politique et constitutionnel d'avant
le coup d'Etat en est une illustration palpable.
* 36«Une organisation
est considérée comme une organisation intergouvernementale ou
comme une organisation internationale publique, lorsqu'elle est
constituée par un « accord interétatique » entre
« Etats », par un traité. Ce traité est
généralement dénommé le traité constitutif
de l'organisation, ainsi et dans de nombreux cas la personnalité
juridique d'une organisation internationale est expressément reconnue
par son acte constitutif ; exemple : (article 39 de la constitution
de l'O.I.T, article 8 du statut de l'O.M.C.). Cette reconnaissance expresse
n'est que la constatation d'une qualité que toutes les organisations
internationales acquièrent dès leur naissance une
personnalité dont elle est nécessaire dans l'accomplissement de
leurs compétences. Mais d'autant que cela est vrai, il existe depuis
l'avis de la C.I.J de 1949 de nombreuses organisations internationales dont la
personnalité juridique n'est pan mentionnée dans les textes
constitutifs, et comme exemple type L'Union Africaine qui a
succédé à l'Organisation de l'Unité
Africaine...», Abdelkader ALOUI, La personnalité juridique de
l'Union Africaine, p.3 (publié sur
http://www.memoireonline.com,
consulté le 18 janvier 2008).
* 37Koffi AHADZI, article
précité, p.8
* 38 Article 13 de l'Acte
constitutif de l'Union Africaine.
* 39« Quelques
centaines de kilomètres seulement séparent Lagos (Nigeria)
d'Accra (Ghana). Pour les milliers de commerçants qui sillonnent cette
route, le voyage par le Togo et le Bénin peut durer une journée
entière, ponctués par des contrôles frontaliers
pénibles, des harcèlements et des demandes de pots de vins
provenant de fonctionnaires. « Les agents des douanes et les policiers aux
barrages routiers vous font décharger et déballer le moindre
petit paquet pour vous retarder pendant des heures», dit Mme Lucia
Quachey, Secrétaire générale de la
Fédération Africaine des Femmes Entrepreneurs, qui produisent et
commercialisent de tout, des textiles aux produits pharmaceutiques en passant
par les pièces de rechange automobiles. «Tout le monde sait qu'il
s'agit de forcer les voyageurs à payer». Cette activité est
illicite, dit-elle. Il s'agit d'actes délibérés de
fonctionnaires qui violent les principes de la libre circulation des personnes
et des biens dans les 15 pays membres de la Communauté Economique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O.). Elle s'explique également
par la lente mise en oeuvre des accords d'intégration régionale
censés abolir les barrières tarifaires et non- tarifaires dans la
région. En dépit de déclarations de soutien de politiciens
favorables aux échanges économiques régionaux, la
réalité sur le terrain pour les commerçants...reste
difficile. », Gumisai MUTUME, Stimuler le commerce
intra-africain, publié dans Afrique Relance, Département
de l'Information des Nations Unies, Vol. 16 N°2-3, Septembre 2002, p.20
* 40 « Les 10
millions d'agriculteurs de coton de l'Afrique de l'Ouest réclament
depuis des années la suppression de près de cinq milliards de
dollars de subventions accordées par les autorités
américaines à leur industrie cotonnière, interne et
exportée, faisant valoir que celles-ci déprimaient les cours et
les condamnaient à la misère. A la tête de ces
revendications, il y a quatre pays - le Bénin, le Burkina Faso, le Mali
et le Tchad - dont la fibre de coton représente 40% des recettes
d'exportation annuelles. Ces pays ont demandé la suppression de quelques
644 millions de dollars de subventions accordées à l'exportation
du coton américain d'ici la fin de 2005 et la réduction de 80% de
près de 4,3 milliards de dollars de subventions à la production
intérieur américaine d'ici la fin de l'année (2005), ainsi
que l'élimination totale des subventions d'ici à 2009. La
majorité des subventions accordées par les autorités
américaines à leur industrie de coton ont été
jugées illégales par une commission d'arbitrage de l'O.M.C. en
2005. Les pays africains ont également cherché à obtenir
des dédommagements pour leur manque à gagner, estimé
à 250 millions de dollars par an, ainsi qu'une aide technique
perfectionnée et l'ouverture des marchés.A la place, ils ont
obtenu l'engagement des Etats-Unis et des autres pays développés
de supprimer leurs subventions à l'exportation d'ici la fin de 2006 et
de réduire les subventions intérieures accordées aux
cultures « ayant des effets de distorsion sur les échanges»
plus rapidement que celles accordées aux autres cultures, dans le cadre
d'un accord commercial global. Les Etats-Unis se sont également
engagés à faire passer l'assistance technique de deux à
sept millions de dollars par an et à autoriser l'entrée en
franchise du coton de l'Afrique de l'Ouest sur les marchés
américains. Certaines critiques notent toutefois que le fait de
subordonner la réduction des subventions intérieures
américaines à l'issue heureuse des négociations de Doha
risque de maintenir ces subventions de longues années encore
malgré la décision de l'O.M.C. Elles soulignent par ailleurs que
l'attribution de sept millions de dollars d'assistance technique est loin de
compenser le manque à gagner de 250 millions de dollars par an. Le chef
de la délégation béninoise à Doha, l'ambassadeur
Samuel AMEHOU, a rejeté l'offre de Washington d'un accès au
marché américain, faisant valoir que ce sont les subventions et
non les tarifs douaniers, qui rendent le coton africain peu compétitif
sur les marchés américains », Afrique Renouveau,
Département de l'Information des Nations Unies, vol.20 N°1, Avril
2006, p.16
* 41
http://www.africa-union.org
* 421. Paix et
sécurité (prévention, gestion et règlement des
conflits et lutte contre le terrorisme) ; 2. Affaires politiques (droits
de l'homme, démocratie, bonne gouvernance, institutions
électorales, organisations de la société civile, affaires
humanitaires, réfugiés, rapatriés et personnes
déplacées) ; 3. Infrastructures et énergie
(énergie, transports, communications, infrastructures et
tourisme) ; 4.Affaires sociales ( santé, enfants, lutte contre la
drogue, population, migration, travail et emploi, sports et culture) ; 5.
Ressources humaines, sciences et technologie (éducation, technologies de
l'information et de la communication, jeunesse, ressources humaines, science et
technologie) ; 6.Commerce et industrie (commerce, industrie, douanes
et immigration) ; 7. Economie rurale et agriculture (économie rurale,
agriculture, sécurité alimentaire, élevage, environnement,
eau et ressources naturelles, désertification) ; 8. Affaires
économiques (intégration économique, affaires
monétaires, développement du secteur privé,
investissements et mobilisation de ressources) :
http://www.africa-union.org
consulté le18 janvier 2008 (sous le titre : L'Union Africaine en
bref).
* 43
http://www.diplomatie.gouv.fr,
consulté le 05 janvier 2007.
* 44 En mars et septembre 2004,
mars - avril 2005, novembre - décembre 2005 et mai 2006.
* 45 Afrique du Sud,
Algérie, Bénin, Guinée, Kenya, Ouganda, Sierra
Léone.
* 46 Mission
d'observation : Darfour, Mauritanie, et divers scrutins depuis 2004.
* 47 Rapport de la commission
pour l'Afrique (Commission Blair), rapport sur sa mission en Mauritanie,
rapport de
l'Union Africaine sur la paix et la sécurité en
Afrique.
* 48 Versement effectif de 4,6
M$ sur 6,2 promis.
* 49 UA, Libye, Egypte,
Nigeria.
* 50 Pays nordiques, Chine,
Inde, GTZ (agence allemande de coopération et d'aide au
développement).
* 51«A l'origine, le
Parlement européen ne disposait pas d'un pouvoir normatif.
Progressivement, ses pouvoirs ont été
élargis dans les domaines budgétaire,
consultatif et de contrôle par le jeu de « la
concertation »...Le traité sur l'Union
Européenne élargit sensiblement les pouvoirs
du Parlement et lui reconnaît un pouvoir de co-décision (ou
décision
conjointe) en certains domaines. La procédure de
coopération est remplacée dans le traité d'Amsterdam (sauf
dans le
domaine de l'Union économique et monétaire) au
profit de la procédure de co-décision», Mémentos,
Droit européen, Dalloz, 9e édition, 1999, p.129.
Disponible sur : http://www.dalloz.fr
* 52La Cour de justice
sanctionne l'absence de saisine obligatoire pour avis (29 Octobre 1980,
Roquette ; 02 Mars 1994
Parlement/Conseil). La consultation obligatoire a
été élargie à de nombreux domaines à titre
facultatif sous la pression
des parlementaires. Suite aux avis du Parlement, la Commission
est amenée fréquemment à modifier sa proposition.
* 53Le
fédéralisme est un « mode de regroupement structurel
des collectivités politiques qui vise à renforcer leur
solidarité
tout en respectant leur particularisme ».Il se
manifeste concrètement par l'existence d'un « Etat
composé de plusieurs collectivités politiques (Etats
fédérés) auxquels il se superpose». Cf Lexique des
termes juridiques, Paris, Dalloz, 1995 ; Confert aussi Georges BURDEAU et
autres, Droit constitutionnel, Paris, LGDJ, 2001, p.78 et suivants.
* 54A titre d'exemple, nous
pouvons citer les troubles qui ont précédé et suivi la
période les élections présidentielles de 2005
au Togo, de 2007 au Kenya et de 2008 au Zimbabwe pour ne citer
que ces pays.
* 55L'article 8 sur les
Privilèges et immunités des parlementaires panafricains du
Protocole au traité instituant la Communauté Economique Africaine
relatif au parlement panafricain adopté le 02 Mars 2001 - Syrte, Libye
dispose : « 1. Les parlementaires panafricains jouissent sur le
territoire de chaque Etat membre, dans l'exercice de leurs fonctions, des
immunités et privilèges accordés aux représentants
des Etats membres aux termes de la Convention générale de
l'O.U.A. sur les Privilèges et immunités et de la Convention de
Vienne sur les relations diplomatiques ».
* 56Même après
plus de 30ans passé à la tête de l'Etat, certains chefs
d'Etat africains n'hésitent pas à
« toiletter » leur
constitution pour s'octroyer une présidence à
vie.
* 57Eu égard aux
nombreux conflits interethniques qui déchirent actuellement l'Afrique
dans son ensemble, l'on assiste à une violation massive des droits de
l'homme en toute impunité et les politiciens recourent, le plus souvent,
à des lois d'amnistie aux auteurs de ses violations sans se soucier de
réparer les torts subis par leurs citoyens.
* 58«L'Afrique reste un
continent en crise en matière de conflits, selon l'expert Andreas
MEHLER, auteur d'un rapport intitulé «Les conflits armés en
Afrique, état des lieux et cadre d'analyse». Il y note que depuis
1958, date des premières indépendances, seulement neuf pays
subsahariens n'ont pas connu de conflit violent et qu'entre 1990 et 1995, 32
des 97 conflits violents comptabilisés dans le monde entier ont eu lieu
en Afrique subsaharienne. Le rapport affirme encore que «5 des 10 conflits
les plus coûteux en nombre de victimes depuis la deuxième guerre
mondiale se sont déroulés sur son sol» : Biafra
Nigeria, 2 millions de morts ; Ethiopie, 1,5 million ; Soudan, 1,1
million ; Rwanda, 1 million ; Mozambique,1 million. Et depuis deux
ans, des conflits ouverts ont éclaté, ou se sont poursuivis entre
l'Erythrée et l'Ethiopie, en Sierra Léone, en Angola, au Burundi,
au Soudan, au Congo Brazzaville et en République Démocratique du
Congo (RDC) », Bulletin Africain de la Paix, Avril, Mai, Juin 2001,
Edition Spéciale Double N°26, p.6
* 59 «
...100 000 sont venues encore grossir les rangs des déplacés
au Darfour. Ainsi, au 1er juillet 2004, on comptait plus d'un
million de personnes déplacées dans la région... Au sud du
Darfour, de récents combats ont poussé les déplacés
à rallier le camp de Otash. Deux mille trois cents familles occupent
actuellement ce camp qui continue de se remplir au rythme de 40 à50
nouvelles arrivées par jour. A Kass, on évalue à 60 pour
cent le taux de femmes qui ont été victimes d'actes de violence
physique et d'abus sexuels lorsqu'elles se sont aventurées en dehors de
la ville pour y chercher du feu de bois. Malgré la présence d'une
dizaine de policiers sur le site, les déplacés ne se sentent
toujours pas en sécurité. », Bulletin Africain de la
Paix, Mai, Juin,Juillet 2004, Edition N°30 ; p.32
* 60Les troubles
ethno-politiques au Kenya après l'élection présidentielle
de décembre 2007.
* 61 « Quelques
2.800 jeunes âgés entre 8 et 18 ans ont été
libérés des zones de combat en début mars 2001 dans le sud
du Soudan, où ils étaient engagés comme enfants soldats
dans les rangs de la Southern People's Liberation Army (SPLA), impliquée
depuis 1983 dans une guerre civile avec le gouvernement du Soudan. L'UNICEF a
estimé que la libération constitue un progrès majeur dans
son objectif de mettre fin au phénomène des enfants soldats, mais
a exprimé son regret quant à la participation continue d'autres
enfants, estimés à 9.000, dans la guerre au Soudan. La presse,
citant un officier supérieur de la rébellion, Elijah MALOK, avait
rapporté en début mars 2001, que près de 30 pour cent des
soldats de la SPLA sont âgés de moins de 18 ans... La
majorité des enfants seraient des orphelins qui auraient rejoint les
rebelles après la mort de leurs parents, tandis que d'autres auraient
été recrutés de force comme esclaves de
guerre ». Bulletin Africain de la Paix, Avril, Mai, Juin 2001,
Edition Spéciale Double N°26, p.15.
* 62L'article 20
dispose : « 1. La Cour, dont la mission est de régler,
conformément au droit international, les différends qui
lui sont soumis, applique :
(a) L'Acte constitutif ; (b) Les traités
internationaux, généraux ou spéciaux, établissant
des règles expressément reconnues par les Etats en litige, (c) La
coutume internationale, comme preuve d'une pratique générale,
acceptée comme étant le droit ; (d) Les principes
généraux de droit reconnus universellement ou par les Etats
africains ; (e) Sous réserve des dispositions de l'article 37 du
présent Protocole, les décisions judiciaires et la doctrine des
publicistes les plus qualifiés des différentes nations ainsi que
les règlements, les directives et les décisions de l'Union comme
moyen auxiliaire de détermination des règles de droit.
2.La présente disposition ne porte pas atteinte
à la faculté pour la Cour, si les parties sont d'accord, de
statuer ex-
aequo et bono ».
* 63Aujourd'hui encore la
culture de l'impunité règne au niveau de la justice des Etats
africains qui sont pour la plupart
hostile à l'Etat de droit ; ce qui risque
énormément de limiter les pouvoirs de la Cour de justice de
l'Union Africaine.
* 64Koffi AHADZI, op.cit, p.
6 : «Au moment des négociations en vue de la création
de l'Union Africaine, trois thèses se trouvaient en présence. La
première était défendue par ceux qui, comme M. Khadaffi,
Guide de la Jamahiriya Arabe Libyenne, voulaient instaurer les Etats-Unis
d'Afrique, immédiatement (cette position n'est pas sans rappeler celle
défendue par Kwamé Nkrumah de son vivant) ; la seconde
était soutenue par les partisans de l'unité africaine
fondée sur une simple coopération ; la troisième,
repose sur l'idée d'une intégration progressive tant sur le plan
politique qu'économique (sur ces points, cf COMMISSION DE L'UNION
AFRICAINE, Le plan stratégique de la Commission de l'Union
Africaine , Volume1 : Vision d'avenir et missions de l'Union
Africaine, mai 2004,
www.africa-union.org, p. 25). Si la
première fut écartée pour son irréalisme, les deux
autres seront en revanche prises en compte à divers
degrés».
* 65Cf art.3, h. Il existe
une bibliographie très fournie sur la Charte africaine des droits de
l'homme et des peuples. Pour une étude approfondie, on peut consulter,
par exemple, Fatshah OUGUERGOUZ, La Charte africaine des droits de l'homme,
Paris, PUF, 1993 ; Valère YEMET-ETEKA, La Charte africaine des
droits de l'homme et des
peuples, Paris, L'Harmattan, 1996.
* 66Cf art, 4, h
modifié par le Protocole sur les amendements à l'Acte constitutif
de l'Union Africaine.
* 67Cf art, 4, m.
* 68Cf art 4, p. l'U.A.
reprend ainsi à son compte la vieille doctrine de Tobar, d'origine
latino-américaine, en vigueur
sur le continent américain entre 1907 et 1934. Selon
cette doctrine, aucun gouvernement qui s'installerait par la force ne pourrait
être reconnu. Cf NGUYEN QUOC DINH, Droit international public, Paris,
LGDJ, 2004, p.429.
L'article 4, p. fut appliqué contre le Togo au
lendemain de l'installation de Faure GNASSINGBE à la présidence
de la République par les forces armées, le 5 février 2005.
Cf. Le Monde du 5 mars 2005, P. 2.
Il ne faut pas perdre de vue qu'un tel article peut produire
un effet pervers, car il peut conforter au pouvoir un régime
légal mais dictatorial.
* 69La C.S.S.D.C.A. a
été créée en juillet 2000 lors de la 36e
session de la Conférence des chefs d'Etat et de
gouvernement de l'O.U.A. Organisée par le Protocole
d'accord sur la sécurité, la stabilité, le
développement et la
coopération (2002), la C.S.S.D.C.A constitue un
mécanisme qui définit les principes et les normes politiques,
économiques, sociales... que les Etats membres de
l'U.A. s'engagent à respecter pour assurer la bonne
gouvernance politique et économique ainsi que la
sécurité, la stabilité et le développement. Il
indique en outre des
outils de diagnostic et des critères de mesure de
performance. Il met enfin en place un mécanisme de suivi et
d'évaluation pour l'Union Africaine.
* 70Nouveau Partenariat pour
le Développement de l'Afrique ou New Partnership for Africa
Development.
* 71Inspiré de
l'exemple de l'Organisation de la Coopération et du Développement
Economique (O.C.D.E.), le Mécanisme africain d'évaluation par les
pairs (M.A.E.P.) constitue « un instrument mutuellement convenu pour
l'auto-contrôle, par les gouvernements participants du respect des
valeurs codes et normes en matière de gouvernance des entreprises
conformément à la Déclaration sur la démocratie, la
gouvernance politique et économique et la gouvernance des
entreprises». Cf Commission De l'Union Africaine, document préc. p.
22.
* 72Il s'agit de la
Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O),
de la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique Centrale (C.E.E.A.C.), de
la Communauté de Développement de l'Afrique
Australe (S.A.D.C.), du Marché commun de l'Afrique de
l'Est et de l'Afrique Australe (C.O.M.E.S.A.), de l'Union du Maghreb (U.M.A.)
et de l'Autorité intergouvernementale pour le développement
(I.G.A.D.).
* 73La zone de libre
échange se caractérise par le suppression des barrières
douanières et non douanières entre les Etats membres et le
maintien de ces barrières vis-à-vis des Etats tiers. L'Union
douanière, pour sa part, va plus loin en adoptant le système du
libre échange et en appliquant des tarifs douaniers et des protections
non-tarifaires uniformes vis-à-vis de l'extérieur. Cf Dominique
CARREAU et Patrick JUILLARD, Droit international économique, Paris,
LGDJ, 1998, p. 26.
* 74Le marché commun
inclut le régime de l'union douanière auquel s'ajoutent d'une
part la suppression des restrictions à la libre circulation des
personnes, des capitaux et des services et d'autre part l'adoption de
politiques sectorielles communes. Cf. Dominique CARREAU et Patrick
JUILLARD ; op.cit., p.27.
* 75L'Union
économique est la forme la plus achevée d'intégration
économique puisqu'elle repose sur l'existence d'un marché commun
et d'une monnaie unique. Cf. Dominique CARREAU et Patrick JUILLARD ;
op.cit., p.27.
* 76Depuis la
création de l'Union Africaine, ce parlement est devenu une des
institutions statutaires de l'organisation.
* 77Le Conseil
économique, social et culturel ainsi que les Comités techniques
spécialisés sont également devenus des organes statutaires
de l'Union Africaine.
* 78U.E. en Europe ;
A.L.E.N.A. en Amérique du nord ; MERCOSUR en Amérique du
sud.
* 79«...L'accord conclu
sur les tarifs douaniers n'est pas meilleur. Au sommet de Hong Kong, les pays
en développement ont accepté à contrecoeur une formule de
réduction des tarifs aux termes de laquelle les pays pauvres
s'engageraient à réduire leurs prélèvements sur les
articles manufacturés avant que les pays riches fassent de même.
Les ministres du commerce africains ont pourtant fait valoir que les programmes
d'ajustement structurel et les accords d'aide bilatéraux conclus en
dehors du cadre de l'O.M.C. les avaient déjà contraints à
opérer des coupes sombres dans leurs tarifs douaniers et que de nouveaux
abaissements seraient injustes et imprudents.
L'ambassadeur du Bénin M.AMEHOU a affirmé que
l'accord «ne contribuera pas au développement de nos pays. Nous
aussi, nous aimerions développer nos industries... Nous avons
expliqué à nos homologues (des pays développés) que
le F.M.I. et la Banque Mondiale nous ont déjà imposé pas
mal de conditions. On ne devrait pas avoir à en faire plus. Autrement,
nos industries risquent de disparaître. L'Afrique risque d'être
submergée par les marchandises venues d'ailleurs»...
L'accord conclu sur l'accès en franchise et hors
quota de 97% des exportations des pays les moins avancés sur les
marchés du Nord a été salué comme un grand
succès à Hong Kong. Mais même cet accord ne tient pas la
route.
A première vue, il n'y a rien à dire,
déclare Tetteh HORMEKOU, directeur de programme pour l'Afrique de
l'organisation non gouvernementale Third World Network, mais, à y
regarder de plus près, même un accès total en franchise des
exportations de ces pays là ne veut rien s'ils n'ont pas grand-chose
à exporter. Bien qu'une personne sur huit vive dans ces pays, leurs
économies ne produisent que très peu de produits exportables,
représentant à peine 0,5% des exportations dans le monde.
De l'avis de M. HORMEKOU, l'accord n'a pratiquement aucun sens
dans sa forme actuelle du fait du maintien des tarifs douaniers sur les 3% des
marchandises qui comptent. « Ces 3% pourraient permettre aux pays
développés d'exclure les pays les moins avancés de leurs
marchés». Aux termes de cet accord, précise- t- il, un pays
en développement comme la Zambie aurait le droit d'exporter hors taxe
aux Etats-Unis des avions et des ordinateurs, articles que la Zambie ne produit
pas, « mais pas du cuivre ou du riz que ce pays produit» »,
Afrique Renouveau, Département de l'Information des Nations Unies,
vol.20 N°1, Avril 2006, P.15.
Où encore Commission économique des Nations
Unies pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'intégration en Afrique, 2002,
p. 7, publié sur
www.uneca.org/fdaii/docs/fr aria
htm, Consulté le 09/05/2005.
* 80«La fin de la
guerre froide a favorisé l'adoption d'un nouveau concept de la
sécurité. Inspiré des recherches établissant un
lien entre la sécurité et le développement, un nouveau
paradigme de sécurité a été formulé à
partir de la définition conventionnelle de la sécurité,
qui tait perçue comme un synonyme de défense... Bien que la fin
de la guerre froide ait ouvert la voie à de nouvelles
possibilités de paix au niveau national, régional et
international, elle a également provoqué l'éclatement de
nouveaux conflits inter et intra étatiques, notamment en
Afrique », Bulletin Africain de la Paix, Janvier-Février-Mars
2005, Edition N°31, p. 37.
* 81Adama KPODAR,
« Essai de réflexion sur la régionalisation du maintien
de la paix et de la sécurité collectives :
l'exemple de l'Afrique de l'Ouest (Chapitre II) »,
Thèse, Université de Poitiers, Octobre 2002, pp. 106-131.
* 82Voir Sessanga Hipungun Dja
Kaseng Kapitu, « Les politiques publiques de sécurité
en Afrique sub-saharienne », Arès,
n°49, Vol XIX, Fascicule 3, Mai 2002, pp.31-33.
* 83Ledit Protocole est
entré en vigueur le 26 décembre 2003, après avoir
été ratifié par le nombre requis d'Etats membres,
à savoir 27. Au 30 mai 2003, 39 Etats membres avaient
signé le Protocole et 6 l'avaient ratifié. Mi-mai 2004, 32 Etats
membres l'avaient ratifié. Voir U.A. (2003), pp. 26-28.
*
84« L'application stricte du principe de
non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats membres,
déjà inscrit à l'article III de la Charte de l'O.U.A. et
repris à l'article 4.g de l'Acte constitutif, représentait le
facteur de blocage essentiel et expliquait en grande partie l'impuissance du
Mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement
des conflits. Deux facteurs au moins ont, semble-t-il, contribué
à l'assouplissement du principe de non-ingérence pour laisser une
plus grande place au «devoir de non-indifférence» ouvrant
ainsi la possibilité à l'organisation panafricaine d'intervenir
dans les affaires internes des Etats membres dans des conditions strictement
définies aux article 4.h et 4.p de l'Acte constitutif. Ces deux facteurs
ont trait à l'affirmation de la notion d' « ingérence
humanitaire », qui se justifie notamment, d'une part, par les
violations massives des droits de l'homme et, d'autre par la démission
ou l'impuissance de l'O.N.U face au génocide rwandais et au conflit
somalien », Delphine LECOUTRE, « Le Conseil de paix et de
sécurité de l'Union Africaine, clef d'une nouvelle architecture
de stabilité en Afrique »?, p.6. (Publié sur
http://cairn.webnext.com/article_p.php,
consulté le 26/02/2008.
* 85Il existe plus d'une
dizaine d'organisations sous-régionales en Afrique.
* 86La thèse du
professeur Adama KPODAR précitée porte, à juste titre, sur
la régionalisation du maintien de la paix et de
la sécurité collectives au sein de la
C.E.D.E.A.O.
* 87L'importance du C.P.S.
dans la mise en oeuvre du processus d'intégration engagé par
l'Union Africaine a été mis en exergue par M.
Sénamé GBENOUGA, Réflexions sur le Conseil de paix et de
sécurité de l'Union Africaine, Mémoire de DEA,
Université de Lomé, 21 juin 2008.
* 88 Article 8.9 du Protocole
et 15.1 du règlement intérieur.
* 89«A ce titre, il
convient de préciser qu'au cours des consultations préalables,
certains Etats, avec pour chef de file le Nigeria, avaient
préconisé une composition comprenant cinq membres permanents et
dix membres non permanents. C'est à cette occasion que le
président de la République du Mali de l'époque, Alpha
Oumar KONARE (Président de la Commission de l'Union Africaine depuis
juillet 2003), avait proposé la formule d'un « Conseil de
médiation et sécurité, sorte de Conseil de
sécurité de l'Union Africaine, doté à la fois de
membres permanents sans droit de veto et de membres non permanents »
au motif que « nous devons reconnaître que, dans toute
entreprise commune, il y a une locomotive et des wagons ; il nous faut
admettre qu'il y a des pays leaders dont la part dans la répartition des
responsabilités devrait être plus grande que celle des autres.
Ceci est une réalité. Nous devons envisager cette démarche
dans une vision démocratique et non de gendarme, et la traduire en
comportement pour avancer vers la réalisation de nos objectifs
majeurs ». Les plus petits Etats s'étaient quant à eux
ardemment opposés à l'idée de « membre
permanent » en alléguant le fait que le partenariat des pays
africains dans le domaine de la gestion et du règlement des conflits
devait plutôt avoir pour fondement les principes de solidarité,
d'égalité et de souveraineté nationale. L'Afrique du Sud a
alors proposé un compromis articulé autour de mandats de cinq
immédiatement renouvelables et de mandats de trois ans basés sur
le principe de la rotation, donc non immédiatement renouvelables. La
formule finalement retenue lors du sommet de Durban a été des
mandats de trois ans et de deux ans fondés sur le principes de rotation.
Son avantage réside dans la satisfaction des Etats qui
défendaient le principe d'égalité et dans l'assurance pour
tout Etat d'une participation au C.P.A à un moment donné. Son
inconvénient, selon les grands Etats, se trouve dans la
possibilité de voir le C.P.S. composé exclusivement de petits
pays et pauvres, ce qui risquerait d'affaiblir l'organe à cette
période donnée», Delphine LECOUTRE, article
précité, p. 8.
* 90C'est-à-dire
notamment le besoin de représentation de toutes les régions du
monde pour la gestion d'une sécurité globale, d'où la
réclamation d'un siège pour l'Afrique, l'Asie, l'Amérique
latine respectivement ou encore la nécessité de prendre en compte
les changements intervenus depuis 1945.
* 91Attachement aux
principes de l'U.A ; la ratification du Protocole du C.P.S. ;
l'absence de sanctions dans le cadre de l'U.A ; la contribution aux
initiatives afférentes à la résolution des conflits, aux
missions de maintien de la paix et de la sécurité ainsi
qu'à leur consolidation au niveau sous régional et
continental ; la contribution au Fonds de la paix et/ou à un fonds
spécial créé pour un but spécifique ; le
respect de la légalité constitutionnelle ainsi que le respect de
l'Etat de droit et la préservation des droits de l'homme ; la
présence de missions permanentes auprès de l'U.A et de l'O.N.U
bien dotées en personnel et en moyens et enfin l'engagement et la
capacité à assumer la qualité de membre du C.P.S.
* 92La République
fédérale islamique des Comores, la Guinée Bissau, la
République démocratique du Congo, la
République centrafricaine, Sao Tomé et
Principe, les Seychelles, la Somalie et le Libéria.
* 93Le continent africain
est découpé en cinq sous-régions : Afrique du Nord (6
pays) ; Afrique de l'Ouest (16-1, soit
15 pays), Afrique centrale (10 pays) ; Afrique de
l'Est (12 pays) ; Afrique australe (10 pays).
* 94Cf, article 5.1 et
article 5.2 du Protocole relatif à la création du C.P.S.
* 95 Idem, article 5.3
* 96Les présidences
du C.P.S. ont été successivement attribuées au Mozambique
(mi mars-avril 2004), au Nigeria (mai
2004), au Sénégal (juin 2004) suivant l'ordre
alphabétique en langue anglaise.
* 97Renouvellement de la
Mission africaine au Burundi-MIAB-, envoi d'une mission d'observation en RDC,
soutien aux efforts visant à relancer le dialogue en
Côte-d'Ivoire, envoi de forces de protection, d'observateurs militaires
et d'instructeurs de police civile au Darfour pour la Mission de l'Union
Africaine au Soudan.
* 98Par exemple, le
déplacement de Koffi ANNAN au Darfour début juillet 2004.
* 99L'Union Africaine dispose
de bureaux de représentation au Caire, à Conakry, à Lagos,
à Lilongwé, à Nairobi, à
Yaoundé, auprès des Nations Unies à New
York et à Genève ainsi qu'auprès de l'Union
européenne à Bruxelles.
Elle dispose également de bureaux de liaison pour ses
missions au Sahara occidental, au Burundi, en Côte-d'Ivoire,
aux Comores, en Ethiopie, en Erythrée, au Libéria
et au Soudan.
* 100Il s'agit souvent
d'informations rapportées, soit de la presse internationale, soit des
ONG, qui ne reflètent pas
nécessairement la réalité sur le
terrain ou des réalités contradictoires.
* 101Par exemple, la reprise
des hostilités au Sud-Kivu a été déclenchée
à la suite d'allégations courant 2004 selon
lesquelles il y aurait eu un nouveau massacre de
Banyamulenge.
* 102 A savoir l'Afrique du
Sud, l'Ethiopie et le Mozambique.
* 103La mise en place du
secrétariat du C.P.S, prévue pour courant 2005, devrait pallier
ce type d'insuffisance. Le secrétariat du C.P.S. sera partie
intégrante du Département Paix et Sécurité de la
Commission de l'UA. Il sera composé d'analystes chargés de
préparer les réunions (notamment en collectant des informations
auprès des différents départements de la Commission et
auprès des bureaux de l'UA présent sur le continent et à
l'ONU), d'attirer l'attention des membres du C.P.S. sur des questions
particulières et de tenir les minutes des réunions pour faciliter
la rédaction d'un rapport annuel des activités dudit organe.
* 104MUAS II (en dollars
US) : 15037593,98 (Canada), 100604794,44 (UE), 1000000 (Allemagne),
22080000 (Royaume Uni), 750000 (Norvège), 5020848,02 (Pays Bas),
40386485,05 (USA), 992000 (France), 554000 (Italie). Soit un total de
contributions de 186425721,49 dollars US. Source : UA.
* 105GTID (en dollars
US) : 750000 (Danemark), 250000 (Norvège), 1250000 (Pays Bas),
500000 (Suède). Soit un total de contributions de 2750000 dollars US.
Source : Union Africaine.
* 106 Dans une
première acception, le terme évoque la proximité
géographique et l'établissement de relations
privilégiées entre Etats, fondées
logiquement sur le voisinage. Dans un second sens, le régionalisme
repose sur des
considérations idéologiques ou politiques, ou
peut combiner les critères régional et
idéologico-politique. Exemples :
le Conseil de l'Europe qui regroupe les Etats européens
qui adhèrent à la démocratie et à la conception
libérale des droits de l'homme. L'Union Européenne aussi peut
être citée dans la même logique. Cf, entre autres,
Société Française de Droit International, Paris,
Montchrestien, 2004, p. 80 et ss ; François BORELLA, « Le
régionalisme africain et l'Organisation de l'Unité
Africaine », A.F.D.I., 1963, pp. 839-859.
* 107«... au
trente-sixième sommet ordinaire des Chefs d'Etat et de Gouvernement de
l'O.U.A... Une solution de compromis fut finalement trouvée prenant
partiellement en compte les desiderata des différentes écoles en
présence. Les réformistes obtinrent que la nouvelle institution
mette clairement l'accent sur des objectifs d'intégration politique et
économique et soit dotée, en conséquence, des moyens
adéquats pour y parvenir. Les conservateurs, pour leur part,
réussirent à faire inscrire dans l'Acte constitutif les principes
de souveraineté, d'indépendance, d'égalité et
d'intégrité territoriale des Etats membres déjà
présents dans la Charte de l'O.U.A...», Koffi AHADZI, article
précité, p. 3.
* 108Fondé sur la
souveraineté et l'égalité des Etats, le Droit
international interétatique consacre une société
d'Etats
juxtaposés qui considèrent leurs
territoires nationaux comme des sanctuaires protégés par le dogme
de l'intégrité
territoriale. Pour plus de détails, cf NGUYEN QUOC
DINH, op. cit., p.49 et ss.
* 109Cf à cet
égard l'expérience de l'Union Européenne qui, sur certains
points, sert de modèle à l'Union Africaine. Cf,
entre autres, J. RIDEAU, Droit institutionnel de l'Union
Européenne, Paris, LGDJ, 2002 ; E. DUREAUD, De
l'Europe divisée à la Grande Europe, Paris,
Accadémia, 2002.
* 110Cf Article 2, §1, a
de la Charte de l'O.U.A..
* 111Cf Article 2, §1, b
et c.
* 112Cf Article 2, §1, 2
et 3.
* 113Issu de la pratique des
ex-colonies espagnoles d'Amérique latine, ce principe consiste à
déterminer les frontières d'un
nouvel Etat accédant à l'indépendance
en respectant les limites administratives de l'entité territoriale
préexistante dont
le nouvel Etat est issu, cf NGUYEN QUOC DINH, op. cit.,
p.464 et ss. Le but d'un tel principe est certes d'éviter «que
l'indépendance et la stabilité des nouveaux
Etats ne soient mises en danger» (C.I.J. 22 Décembre 1986,
Différend
frontalier, Rec. 1986, p. 565) ; mais il aboutira
à cristalliser les frontières, généralement
arbitraires, héritées de la
colonisation et à bloquer tout processus
d'unification, même si les Etats concernés demeurent libres de
modifier par
voie d'accord leurs frontières. L'expérience
montre qu'ils s'arc-boutent sur leur intégrité territoriale.
* 114Cf Résolution
AHG/Rés. 16/1, A.F.D.I., 1964, p. 625.
* 115Boutros BOUTROS-GHALI,
L'Organisation de l'Unité Africaine, Paris, Armand Collin, 1969.
* 116Extrait de la
Déclaration de Monrovia citée par Jean Mfoulou, L'O.U.A. :
Triomphe de l'unité ou des nationalités, Paris,
L'Harmattan, 1987, p. 24, Adoptée en 1962 par le
Groupe de Monrovia qui regroupait les chefs d'Etats favorables à un
regroupement des Etats africains fondé sur la
coopération. Cette Déclaration servira de base, en 1963, à
l'élaboration de
la Charte de l'O.U.A.. Ce groupe était
opposé à celui de Casablanca dont le chef de file était
Kwamé NKRUMAH et qui
défendait la thèse
fédéraliste. Cf François BORELLA, « Les
regroupements d'Etat dans l'Afrique indépendante »,
A.F.D.I, 1961, p. 799 et ss ; du même auteur,
« Le régionalisme africain...aricle précité, p.
844 et suivants.
* 117Cf Michel. Cyr D.
WEMBOU, L'O.U.A. à l'aube du XXIs Bilan, Diagnostic et perspectives,
Paris, LGDJ, 1996; cf aussi
Maurice KAMTO et autres, L'O.U.A., rétrospectives
et perspectives africaines, Paris, Economica, 1990.
* 118Cf Reine D. KOUAM,
« L'Union Africaine comme réponse africaine au défi de
la mondialisation », p. 17,
http://www.codesria.org/Archives/
Regionalim_Koua...consulté le 26 Novembre 2006.
* 119Cf Rapport
précité, p. 8.
* 120Le professeur Alain
PELLET affirme, dans son livre Droit international public, que :
« ...les transferts de patrimoine
et de compétences sont, en général,
assurés par des textes conventionnels, adoptés par les Etats
membres de la
nouvelle organisation (exemple : Article 36
alinéa 5 et article 37 du Statut de la C.I.J.) ».
* 121Aux termes de l'avis
de la C.I.J. du 11 avril 1949, jouir de la personnalité juridique
internationale, c'est reconnaître à une organisation
internationale le droit de mettre en cause la responsabilité
internationale d'un Etat, en recourant aux méthodes habituelles admises
par le droit international, comme la protestation, la demande d'enquête,
l'arbitrage, la solution judiciaire, et surtout la possibilité pour
l'organisation de présenter une réclamation internationale en vue
d'obtenir la réparation des dommages qu'elle aurait subis du fait du
manquement de cet Etat à ses obligations internationales. Aussi, la
responsabilité de l'organisation peut-être engagée du fait
des dommages causés à un autre sujet de droit international par
ses actes ou ceux de ses agents. Ensuite, la personnalité juridique
internationale permet d'attribuer à une organisation internationale la
possibilité d'exercer ses compétences normatives de
manière autonome. C'est en fait le pouvoir reconnu aux organisations
internationales de participer, à des degrés divers, à
l'élaboration de conventions, de différents types de
règlements et de recommandations.
En nous référant aux innovations
apportées par l'Acte constitutif de l'Union Africaine, on peut souligner
des sanctions envers les Etats parties dudit acte dans deux
interprétations : la première est consacrée au
problème de contributions au budget de l'Union, ici il faut distinguer
entre la personnalité morale et celle financière. En ce sens, le
professeur Claude Albert COLLIARD a pu déclarer dans son ouvrage
«Organisations internationales» : « en effet, la
personnalité financière, c'est au fond un jeu d'écritures
et c'est une solution qui joue à l'intérieur d'une organisation,
tandis que la personnalité morale, c'est un procédé
juridique qui permet précisément à un organisme de traiter
en toute indépendance avec les tiers ainsi que les
membres » ; la deuxième se rapporte à
l'alinéa 2 de l'article 23 de l'Acte constitutif qui
dispose : « en outre, tout Etat membre qui ne se
conformerait pas aux décisions et politiques de l'Union peut être
frappé de sanctions notamment en matière de liens avec les autres
Etats membres dans le domaine des transports et communications, et de tout
autre mesure déterminée par la Conférence dans les
domaines politique et économique ».
D'après la construction de la C.I.J. dans l'avis du 11
Avril 1949, et en se basant sur les compétences attribuées
à l'Union Africaine, on accepte que cette organisation a la
personnalité juridique internationale, mais pour bien établir
cette personnalité, il faut que l'organisation agit dans la vie
internationale, soit par la conclusion des traités, soit par
l'établissement des recommandations. C'est dans ce sens que le
professeur Jean CHARPENTIER déclare : «
La déduction de la personnalité juridique internationale
peut être, soit à travers leur aptitude à adopter des actes
unilatéraux - recommandations, actes réglementaires - , soit
à travers leur aptitude à adopter des actes
conventionnels ».
* 122L'article 4 (h) de
l'Acte constitutif de l'Union Africaine dispose : « Le droit de
l'Union d'intervenir dans un Etat
membre sur décision de la Conférence, dans
certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre,
le
génocide et les crimes contre
l'humanité ».
* 123Le Conseil de paix et
de sécurité de l'Union Africaine demande en vain le retour
à l'ordre constitutionnel en
Mauritanie et a menacé le pays de sanctions. Dans
un communiqué transmis à la presse, l'Union Africaine souligne
qu'elle « exige le retour à l'ordre
constitutionnel par le rétablissement inconditionnel de Sidi Ould Cheikh
Abdallahi,
président de la République islamique de
Mauritanie, dans ses fonctions à la date du 06 Octobre 2008 au plus
tard »...
Le C.P.S. de l'organisation panafricaine
« exprime sa grande préoccupation devant le fait que,
malgré les efforts
déployés à ce jour, aucune
avancée n'a été obtenue sur la voie de retour rapide
à la légalité constitutionnelle.
Malheureusement l'Union Africaine ne s'est
contentée que de condamner à plusieurs reprises le coup d'Etat
qui s'est
déroulé le 06 août 2008 en Mauritanie,
TOGO-PRESSE du jeudi 25 septembre 2008 à la page 08.
* 124Depuis quelques mois,
certains pays de la région du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest font face
à une situation d'insécurité alimentaire, dont les causes
sont à la fois structurelles et conjoncturelles. En dépit des
efforts de tous les acteurs aux niveaux national, régional et
international, une nouvelle crise n'a pu être évitée. Un
premier bilan sur ce sujet important a été réalisé
lors de la réunion organisée conjointement par le Comité
permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel
(C.I.L.S.S.) et le Centre International pour la Fertilité des Sols
(I.F.D.C.) qui s'est tenu à Accra (Ghana) du 19 au 23 septembre 2005
(Rapport de cette conférence sur cette adresse Internet :
www.mistowa.org). Le Club du Sahel et de
l'Afrique de l'Ouest (C.S.A.O.), le Comité permanent Inter-Etats de
Lutte contre la Sécheresse au Sahel (C.I.L.S.S.) et la Communauté
des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O.) sont alors convenus
d'organiser conjointement un « Forum sur les défis à
moyen et long terme de la sécurité alimentaire dans le Sahel et
l'Afrique de l'Ouest » qui s'est tenu, le 18 Octobre 2005, au
siège de l'Organisation de Coopération et de
Développement Economique (O.C.D.E.) à Paris.
* 125Outre les
dégâts qu'elle occasionne, l'immigration clandestine de la
jeunesse africaine encourage la fuite des cerveaux.
* 126Du genre article 35 de
la constitution ivoirienne de 2000 qui exclut certains candidats tels Alassane
Dramane Ouattara
des élections présidentielles en
définissant des critères de nationalité très
spéciaux.
* 127Tel est l'exemple des
dispositions limitant le nombre de mandats présidentiels. Des pays comme
le Gabon, la Guinée, le Togo, la Tunisie, etc, ont procédé
à des révisions constitutionnelles en vue de faire sauter ce
verrou. Sur la révision de telles dispositions, cf Augustin LOADA,
« La limitation du nombre de mandats présidentiels en Afrique
francophone », AFRILEX N 3, juin 2003.
* 128Sur ces
élections, cf notamment, Le Monde du 3 mars 2005.
* 129Les
dégâts liés à la présence des mines
antipersonnel sont perceptibles partout dans le monde, mais ils sont
particulièrement graves sur le continent africain. Lors du
déclenchement du «Processus d'Ottawa», le Comité
International de la Croix-Rouge (C.I.C.R.) avait d'ailleurs insisté sur
la situation critique prévalant en Angola, au Mozambique, en Somalie et
au Soudan. A la fin de l'année 2004, 23 pays africains (l'Angola, le
Burundi, le Tchad, Djibouti, l'Erythrée, l'Ethiopie, la
Guinée-Bissau, le Libéria, le Malawi, la Mauritanie, le
Mozambique, la Namibie ; le Niger, l'Ouganda, le Rwanda, le
Sénégal, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, le Swaziland, la
Zambie et le Zimbabwe) étaient toujours considérés comme
sérieusement affectés par les mines antipersonnel ,Bulletin
Africain de la Paix, Janvier Février Mars 2005, Edition N°31,
p.12.
* 130A titre d'exemple, les
conflits du Tchad couvrent déjà 40 ans ; ceux du Soudan 37
ans, pour L'Erythrée 30 ans, l'Angola 27 ans, etc. L'un des impacts de
ces conflits armés est l'apparition de réfugiés
(estimés à 3 millions aujourd'hui) et de personnes
déplacées (20 millions au moins), la plupart d'entre eux vivant
dans des conditions difficiles, sans assistance adéquate de la part des
gouvernements nationaux ou de la communauté internationale :
http://www.memoireonline.com/10/06/223/m_personnalité-juridique-union-africaine0.html:
consulté le 18/01/2008.
* 131Pierre François
GONIDEC, op.cit, p.17.
* 132Organisation mondiale de
la santé.
* 133La C.E.D.E.A.O.
(Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), la
CEEAC (Communauté des Etats de l'Afrique centrale), l'U.E.M.O.A. (Union
Economique et Monétaire Ouest-Africaine), la C.E.M.A.C.
(Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale)...
* 134 Article 20 alinéa
1 de l'Acte constitutif de l'Union Africaine.
* 135 Minérales,
agricoles, pastorales, sylvicoles, eau, environnement.
* 136 Education, culture,
protection de la mère et de l'enfant et des handicapés.
* 137 Les alinéas 1 et
2 de l'article 17 de l'Acte constitutif de l'Union Africaine.
* 138 Celle des Etats ou
«Sénat africain» et celle des citoyens ou
«Assemblée africaine».
* 139 Il y a : le
Comité chargé des questions d'économie rurale et
agricoles ; le Comité chargé des affaires monétaires
et financières ; le Comité chargé des questions
commerciales, douanières et d'immigration ; le Comité
chargé de l'industrie, de la science et de la technologie, de
l'énergie, des ressources naturelles et de l'environnement ; le
Comité chargé des transports, des communications et du
tourisme ; le Comité chargé de la santé, du travail
et des affaires sociales ; le Comité chargé de
l'éducation, de la culture et des ressources humaines.
* 140Afrique Relance,
L'Afrique toujours en quête d'un véritable partenariat, vol.16
N° 2-3 Septembre 2002, p.3.
* 141Toujours selon
l'O.M.S., « pour certains, il est déjà trop tard. Le
mari de Madyawako Lepu est l'un des 70 membres de la communauté de
Gwenge, dans le centre du Malawi, à être mort de faim cette
année.«Il n'y avait rien à manger», a expliqué
Mme Lepu au Programme alimentaire mondial (P.A.M.). «En désespoir
de cause, nous avons commencé à manger les racines de bananes et
d'autres plantes sauvages. Mais ça n'a pas suffit à sauver mon
mari»... Mme Lepu fait partie des dizaines de millions d'habitants de 21
pays d'Afrique subsaharienne confrontés à de graves
pénuries alimentaires...d'après l'Organisation des Nations Unies
pour l'alimentation et l'agriculture (F.A.O.) », (idem).
* 142Synthèse des
présentations et discussions du forum sur : «La
sécurité alimentaire dans le Sahel et en Afrique de
l'Ouest : Défis à moyen et long terme» organisé
à Paris le 18 octobre 2005 par le Club du Sahel et de l'Afrique de
l'Ouest (C.S.A.O.) /O.C.D.E., le Comité permanent inter-Etats de lutte
contre la sécheresse au Sahel (C.I.L.S.S.) et la Communauté
économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O.).
* 143Selon le rapport du
Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida : Au Cameroun, le taux
d'infection parmi la population adulte des zones urbaines, qui était de
4,7% en 1996, a plus que doublé pour atteindre 11,8 % en 2001. Au
Nigéria, pays voisin qui est le plus peuplé en Afrique, le taux
de séropositivité est de 5,8%, mais avec des pointes de 11
à 12 % dans certaines régions. Le nombre de Nigérians
porteurs du virus, estimé à 3,5 millions, se place au
deuxième rang mondial derrière l'Afrique du Sud. Une
récente étude sur les jeunes et le VIH/sida menée par
l'O.N.U.S.I.D.A., le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (U.N.I.C.E.F.) et
l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) a indiqué qu'au
Cameroun, en République centrafricaine, en Guinée
équatoriale, au Lesotho et en Sierra Léone, quatre jeunes femmes
sur cinq ne savaient pas comment se protéger contre
l'épidémie. « Cela a une conséquence tragique :
la proportion démesurée de jeunes femmes
séropositives», a déploré Carol BELLAMY, directrice
générale de l'U.N.I.C.E.F. .
* 144 En
référence à la Synthèse des présentations et
discussions du forum de Paris du 18 octobre 2005 (Page 12) :
«. Aux niveaux économique et
démographique, il sera nécessaire de prendre en compte
les tendances lourdes de l'évolution de la population, de sa structure
et de sa répartition entre les milieux urbain et rural. Plus de la
moitié de la population ouest-africaine vit actuellement en milieu
rural. Comment nourrir une population dont on sait qu'elle va
inéluctablement augmenter de manière importante et dont deux
tiers seront urbanisés d'ici une vingtaine d'année ? Comment
assurer le développement durable tout en assurant une gestion
équilibrée des ressources naturelles ?
. Au niveau des politiques agricoles et
économiques, les politiques d'ajustement structurel
initiées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international et adoptées par plusieurs pays de l'Afrique de l'ouest
à la fin des années 1980 ont contribué à
l'affaiblissement des offices céréaliers. Ceux-ci avaient pour
fonctions essentielles, la régulation et l'approvisionnement des
marchés en période de pénurie. La récente crise
alimentaire a relancé le débat sur les structures devant assurer
les fonctions dévolues aux offices céréaliers à
savoir la régulation et l'approvisionnement des marchés.
. Au niveau institutionnel, plusieurs pays
ouest-africains sont engagés dans un processus de
décentralisation visant des changements structurels sur la base de
concertations avec les acteurs locaux. Le processus de décentralisation
en cours n'est pas encore achevé et pose le défi d'assurer la
cohérence entre les niveaux local, national et régional en vue
d'assurer la sécurité alimentaire à tous les niveaux.
. Au niveau socio-culturel, certaines
régions de l'Afrique de l'Ouest (comme Maradi au Niger) enregistrent des
taux de fécondité les plus élevés au monde. Cette
situation est aggravée par des mariages précoces. L'un des
défis majeurs consiste à encourager des changements
socio-culturels profonds, ce qui exige beaucoup de temps. Au-delà des
difficultés d'accessibilité des céréales
liées à la faiblesse du pouvoir d'achat, des changements de
comportement à l'égard de l'alimentation des enfants apparaissent
nécessaires à certains endroits. Par ailleurs, des changements
dans les habitudes alimentaires fondés sur une alimentation plus
équilibrée sont également nécessaires pour
réduire les problèmes de malnutrition.
. Au niveau des systèmes de
production, il a été précisé que
l'amélioration de la production devrait s'appuyer à la fois sur
les exploitations familiales aussi bien que sur les entreprises
agro-industrielles. Les participants au forum ont estimé que les
« cultures des pauvres » comme le mil et le sorgho ont
été délaissées par les politiques et programmes
agricoles (irrigation, appui à l'accès aux intrants) et devraient
faire l'objet d'une attention particulière au même titre que les
cultures de rente afin d'assurer la sécurité alimentaire de
manière durable pour les catégories les plus
vulnérables...»
* 145Il s'agit du
Comité chargé des questions d'économie rurale et agricoles
et du Comité chargé de la santé, du travail et des
affaires sociales.
* 146Le tarif
extérieur commun (T.E.C.) en cours d'élaboration par la
C.E.D.E.A.O. pourrait prendre en compte les possibilités qu'offrent les
droits consolidés (20% sont actuellement utilisés alors que le
maximum autorisé à l'O.M.C. est de 80%) afin de favoriser la
production intérieure en limitant les importations. Aussi l'Afrique...
pourrait faire usage du principe de « traitement spécial et
différentiel ». Les Accords de l'O.M.C. comprennent des
dispositions spécifiques qui confèrent des droits spéciaux
aux pays en développement et permettent aus pays
développés d'accorder aux pays en développement un
traitement plus favorable qu'aux autres membres de l'O.M.C..
Ces dispositions spécifiques prévoient, par
exemple, des périodes plus longues pour la mise en oeuvre des accords et
des engagements, ou des mesures visant à accroître les
possibilités commerciales de ces pays.
* 147La Charte de l'aide
alimentaire qui a reçu l'adhésion unanime des Etats membres du
C.I.L.S.S. (Le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la
sécheresse au Sahel) et des pays donateurs du Club du Sahel a
été formellement approuvée le 10 février 1990 par
les chefs d'Etats des pays membres du (C.I.L.S.S.). L'objectif de cette Charte
à long terme est de « prévenir les crises et de
corriger les insuffisances structurelles par le soutien au développement
et par des actions bien ciblées en faveur des groupes
vulnérables.
* 148«En 1997, il y
avait en Afrique (Afrique du Sud non comprise) 171 000 kilomètres
de routes goudronnées, soit environ 18% de moins qu'en Pologne, pays
à peu près de la taille du Zimbabwé. Alors que les efforts
de construction des autoroutes transafricaines se poursuivent, la
qualité des routes existantes se détériore. En 1992,
environ 17% des grandes routes de l'Afrique subsaharienne étaient
revêtues, mais en 1998, ce chiffre était tombé à
12%, note la Banque mondiale. Aujourd'hui, plus de 80% des routes sans
revêtement ne sont qu'assez bon état, et 85% des routes
secondaires rurales sont en mauvais état et ne peuvent pas être
empruntées pendant la saison des pluies. En Ethiopie, 70% de la
population n'a pas accès à des routes praticables par tout
temps», Afrique Relance, Département de l'information des Nations
Unies, Vol.16 n° 2-3, Septembre 2002, p.23.
* 149 Elles ont
été construites à l'époque coloniale pour
expédier des produits agricoles à l'étranger.
* 150 Afrique Relance,
Département de l'information des Nations Unies, Vol.16 n° 2-3,
Septembre 2002, p. 23.
* 151«Au cours des
années 1980, la société internationale a connu des
évolutions structurelles rapides, déterminées en
particulier par l'expansion planétaire de l'économie de
marché et par la fin de la guerre froide. Ces changements ont
été représentés par les termes de
« mondialisation », ou de
« globalisation » dans une acception plus
économique. Ces notions désignent un processus complexe, de
nature multidimensionnelle, parfois contradictoire, manifestant la diffusion
planétaire des modes de production et de consommation capitalistes,
l'intégration des marchés de biens, de capitaux et de services.
La mondialisation signifie un mouvement rapide de libéralisation des
échanges commerciaux, des investissements directs étrangers et
des flux de capitaux, l'emprise croissante des entreprises transnationales sur
l'économie mondiale» , Cf Pierre DE SENARCLENS, La
mondialisation : Théories, enjeux et débats, 4e
édition, Armand Colin, p.65.
* 152 Une procédure
administrative très longue et très complexe.
* 153Certains Etats ont
opté pour le régime présidentiel, d'autres pour le
régime parlementaire et le reste pour le régime
semi-parlementaire ou semi-présidentiel etc...
* 154Jean François
BAYART, La problématique de la démocratie en Afrique
noire « la Baule, et puis après ? »,
Politique
Africaine N° 43, Octobre 1991, p.17.
* 155Il s'agit entre autres
de l'A.L.E.N.A. (Accord de Libre Echange Nord Américain) qui est un
espace économique créé entre les Etats-Unis, le Canada et
le Mexique ; du Mercosur qui est la communauté économique
des pays de l'Amérique du Sud ; de la Ligue Arabe ; de l'Union
pour la Méditerranée dont le lancement officiel a
été effectué le 13 juillet 2008 à Paris et qui
devra concerner quarante-quatre pays, etc...
* 156 Article publié
par T. Oyejide ADEMOLA, Coopération Sud : La
mondialisation et ses effets sur : La culture et la
consommation, le commerce et la technologie, les
problèmes régionaux (P.N.U.D.), n° 2, 1998, pp. 121-134.
* 157B.I.T., Commission
mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, Genève, 2004,
p.48, cité par Pierre DE
SENARCLENS, La mondialisation :
Théories, enjeux et débats, 4e édition, Armand
Colin, p.102.
* 158P.N.U.D., Rapport
annuel sur le développement humain, New York, 1999.
* 159G. Rodgers (ed.), New
Approaches to Poverty Analysis and Policy -1. The poverty agenda and the ILO.
Issues for
research and action, Genève, Organisation
internationale du travail, 1995,p.2.
* 160P.N.U.D., Rapport
sur le développement humain, 1997.
* 161UNCTAD, The Least
Developed Countries 2000 Report, Genève, 2000, p.8, cité par
Pierre DE SENARCLENS, La
mondialisation : Théories, enjeux et
débats , 4e édition, Armand Colin, p.102.
* 162«La F.A.O.
anticipe que d'ici 2020 l'épidémie aura anéanti au moins
le cinquième de la population active agricole dans
la majorité des pays d'Afrique australe»,
Pierre DE SENARCLENS, La mondialisation : Théories, enjeux et
débats,
4e édition, Armand Colin, p.103.
* 163« F.A.O :
L'état de l'insécurité alimentaire dans le
monde », 2003, p. 4, cité par Pierre DE SENARCLENS, La
mondialisation : Théories, enjeux et
débats , 4e édition, Armand Colin, p.105.
* 164« Le rôle
des Nations Unies au XXIe siècle », disponible sur
http://www.un.org./french/millenaire/sg/report,
consulté
le 25 juin 2008.
* 165S. Devarajan, D. Dollar,
T. HOLMGREN, Aid & Reform in Africa, The World Bank, Washington
DC, 2000, cité par
Pierre DE SENARCLENS, La mondialisation :
Théories enjeux et débats, 4e édition, Armand
Colin, p.125.
* 166P. Dasgupta, An
Inquiry into Well-Being and Destitution, Oxford, Clarendon Press, 1993, p.
272, ibid, p. 126.
* 167Source : T.
Oyéjide ADEMOLA, La mondialisation et les échanges
africains : quelles perspectives ? in Coopération
Sud (P.N.U.D.) : La
mondialisation et ses effets sur : La culture et la
consommation, le commerce et la technologie, les
problèmes régionaux (P.N.U.D.), n° 2,
1998, p. 124.
* 168P.N.B. : Produit
National Brute.
* 169La part de
marché de l'Afrique dans l'exportation d'un grand nombre de produits
primaires clefs a subi une érosion importante entre le début des
années 1970 et le milieu des années 1990. La perte a
été de 40% pour le cuivre, le bois et le café, de
près de 60% pour le minerais de fer et de près de 30% pour le
coton et le cacao, T. Oyéjide ADEMOLA, La mondialisation et les
échanges africains : quelles perspectives ?,Coopération
Sud (P.N..U.D.) : « La mondialisation et
ses effets sur :La culture et la consommation, le commerce et la
technologie, les problèmes régionaux » (P.N.U.D.),
n° 2, 1998, p. 126.
* 170« En 1990,
le FMI a estimé que 75% des pays d'Afrique subsaharienne avaient des
politiques commerciales «restrictives». Maintenant ce pourcentage
n'est plus que de 14%. La situation est encore loin d'être idéale,
note le FMI, car la moyenne des tarifs douaniers pratiqués en Afrique
(19%) est supérieure à celle du reste du monde (12%). Le FMI
recommande de libéraliser davantage les échanges pour
éviter que le continent ne soit exclu du commerce mondial »,
Afrique Relance : «L'Afrique toujours en quête d'un
véritable partenariat», vol.16 N° 2-3 Septembre 2002, p.21.
* 171 Idem pour la
référence.
* 172 «D'après
l'étude de la C.N.U.C.E.D., si en 1980, quatorze pays d'Afrique
subsaharienne avaient une production manufacturière par habitant
comparable à celle de l'Indonésie, en 1995, l'Indonésie
les avait tous dépassés. Au Ghana, l'un des meilleurs
élèves de l'ajustement structurel, l'emploi dans le secteur
manufacturier est passé d'un chiffre record de 78 700 en 1987
à 28 000 en 1993. De larges pans du secteur manufacturier de ce
pays ont été anéantis par la suppression des tarifs
douaniers et des aides publiques, tandis que des produits moins chers
importés d'autres continents ont eu raison de leur
compétitivité. Fait plus troublant encore, disent MM. AKYÛZ
et GORE de la C.N.U.C.E.D, le potentiel du Ghana en matière de
fabrication et d'exportation de vêtements, chaussures, jouets et autres
biens de consommation légers ne peut se concrétiser face à
une concurrence extérieure acharnée», idem pour la
référence.
* 173 «En Afrique, il
existe 1, 2 ligne téléphonique pour 100 personnes, le pourcentage
le plus bas au monde. D'après la Banque mondiale, les appels
téléphoniques entre pays africains coûtent de 50 à
100 fois plus chers que les appels passés à l'intérieur de
l'Amérique du Nord, tandis que les coûts du fret des importations
vers les pays sans littoral sont deux fois plus élevés en Afrique
qu'en Asie», idem pour la référence, p. 22.
* 174 Article 4, a et g.
* 175 Article 4, m.
* 176 L'Afrique n'occupe
actuellement que 2,7% dans l'économie mondiale.
* 177 Notamment la Chine et
l'Inde.
* 178 Cf Jeune Afrique du
21 au 27 septembre 1999, p. 5.
* 179 Cf L'Etat du monde
2001, Paris, La Découverte, Syros, 2000, cité par Roland ADJOVI,
L'Union Africaine : Etude
critique d'un projet ambitieux, Revue juridique et
politique, indépendance et coopération, N°1,
janvier-avril 2002, P 4.
* 180Selon le professeur Adama KPODAR, au cours de
l'émission : «Plateau de la semaine du dimanche 17 août
2008» sur
la Télévision Togolaise.
|