SIGLES ET ACRONYMES
ABE : Agence Béninoise pour l'Environnement
ASECNA : Agence pour la Sécurité de la Navigation
Aérienne en Afrique et à Madagascar
CEE : Communauté Economique Européenne
CENAP : Centre National d'Agro-Pédologie
CENATEL : Centre National de Télédétection
et de surveillance du couvert végétal
CeRPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole
CTFT : Centre des Techniques Forestières Tropicales
d1,3 : Diamètre d'un arbre à 1,30 mètre
au-dessus du niveau
du sol (Diamètre de référence)
DATC : Direction de l'Administration Territoriale et des
Collectivités
DGFRN : Direction Générale des Forêts et des
Ressources Naturelles
Dg : Diamètre moyen par ha
EPAC : Ecole Polytechnique d'Abomey-Calavi
FAO : Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
FLASH : Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines
G/ha : Surface terrière
GPS : Global Positioning System (Système Global de
Positionnement)
ICRA : Centre International pour la Recherche Agricole
orientée vers
le développement
IGN : Institut Géographique National
INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du
Bénin
INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse
Economique
LEA : Laboratoire d'Ecologie Appliquée
LSSEE : Laboratoire des Sciences du Sol, Eaux et Environnement
MEHU : Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de
l'Urbanisme
N/ha : Nombre d'arbres par ha
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L'EXPLOITATION DES PRODUITS DE DANIELLIA OLIVERI (ROLFE) HUTCH. &
DALZ. SUR LA VIABILITE DE SES PEUPLEMENTS AU BENIN
ORTOM : Office des Recherches Scientifiques et Techniques
d'Outre-Mer
RGPH : Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
UAC : Université d'Abomey-Calavi
UNB : Université Nationale du Bénin
UNESCO : United Nations Educations, Science and Culture
Organization. (Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et
la Culture)
PREMIERE PARTIE :
INTRODUCTION GENERALE, MILIEU
D'ETUDE ET DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
Contexte
Les ressources forestières du Bénin sont
relativement limitées du fait de la localisation du pays dans le couloir
sec Dahoméen, et en raison d'une forte emprise des facteurs de
dégradation. Stone (1996) a montré la pénétration
de plus en plus intense de l'agriculture dans les zones protégées
et au niveau des terres marginales du Bénin ; il a précisé
qu'au Nord du pays, les feux de végétation sont à
l'origine de la destruction de près de 50.000 ha de
végétation chaque année. Bien que les
écosystèmes africains soient reconnus comme étant les plus
importants et les plus riches en termes d'abondance et de diversité
d'espèces de plantes (IPGRI, 1999), les menaces qui pèsent sur
les espèces et les écosystèmes n'ont jamais
été aussi graves (UNEP/CBD, 1994). L'absence de données
récentes issues d'un inventaire global des formations
végétales, nous avait conduit en 2005 à prendre pour base,
les conclusions des études menées en 1978 et 1998 respectivement
par le Projet Pilote de la Surveillance de la Couverture Forestière
Tropicale et par le CENATEL (2002). Ces deux études indiquaient que les
formations arbustives et savanicoles du Bénin, ont diminué en 20
ans de 2.892.726 ha de leur superficie (soit 33,23 %). Pendant la même
période, la mosaïque culture-jachère, a augmenté de
2.397.087 ha de superficie (soit 271,75 %).
Les raisons qui militent en faveur de la gestion rationnelle
des ressources naturelles en général et des ressources
forestières en particulier, émanent du pressentiment que les
forêts soient, de véritables mines de biodiversité,
indispensables à la vie des êtres vivants (UNESCO, 1993). Tenant
compte du fait que les écosystèmes d'un pays, par leur contenu
biologique, leurs fonctions et leurs interactions, font du milieu naturel, l'un
des trésors biologiques potentiels du pays, il importe de prendre des
dispositions.
Déjà entre 1940 et 1955, vingt et un mille cinq
cent quatre vingts (21.580) km2 de la superficie du Bénin,
étaient érigés en domaine classé de l'Etat soit
environ
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20% de la superficie totale du pays. Les pertes annuelles des
forêts étant estimées entre 1995 et 2000 à 1,2 % de
la superficie du pays (FAO, 1999a), la gestion rationnelle des forêts
rémanentes constitue donc une priorité (Sokpon, 1995).
Actuellement ce pourcentage de perte a considérablement
évolué, compte tenu des occupations et aliénations
illicites constituant de graves dangers pour les formations forestières
et pour l'environnement. L'inventaire forestier national (IFN-DFS-PBF2, 2007),
estime les formations arbustives et savanicoles existants en 2007 à
1.505.737 ha contre 2.785.394 ha de superficie, de mosaïque culture et
jachère. Les conséquences liées au phénomène
de réduction des formations végétales, s'observent
à travers l'accélération de l'érosion
entraînant la dégradation des sols et la progression de la
sahélinisation. Aussi, la perturbation des cycles climatiques et
l'assèchement des rivières ou l'irrégularité des
régimes des fleuves, n'ajoutent-ils pas leurs grains de sel au fait
incriminé ?
Malheureusement, la recherche forestière, pendant
longtemps, s'est orientée vers les espèces forestières
exotiques (Eucalyptus spp, Tectona grandis, Gmelina arborea, Acacia
auriculiformis...); espèces réputées pour leurs
croissances rapides et leurs grandes productivités. C'est depuis peu que
les espèces locales, font l'objet de recherche (ICRA-INRAB, 2002).
Certaines espèces sont connues en fonction des multiples utilisations
qu'en font les populations. Ainsi, les usages liés à la
production du bois d'oeuvre, du bois de service, et du bois énergie sont
très répandus. De même, les plantes fourragères,
alimentaires, médicinales etc., répondent quotidiennement aux
besoins des populations.
Mais les arbres ne jouent pas que le rôle de production,
ils sont intégrés à la vie sociale, culturelle et parfois
occulte des populations rurales (Guny et al., 1997). Répondre
quotidiennement aux besoins des populations devrait rimer avec la mise en
oeuvre des normes de la Convention sur la Diversité Biologique qui
énumère en sont article 10, cinq mesures à prendre pour
l'utilisation durable des éléments constitutifs de la nature.
Parmi ces mesures, figurent entre
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autres, `' la protection et l'encouragement de l'usage
coutumier des ressources biologiques conformément aux pratiques
culturelles traditionnelles compatibles avec les impératifs de leur
conservation ou de leur utilisation durable » (UNEP/CBD, 1994).
Au Bénin, 3000 espèces ont été
inventoriées dans les écosystèmes forestiers (MEHU, 2002)
dont 172 espèces sont consommées par les populations locales
comme plantes alimentaires (Codjia et al., 2003) et 814 comme plantes
médicinales (Sinsin et Owolabi, 2001). Au nombre de ces
dernières, Daniellia oliveri est utilisée pour le
traitement d'une vingtaine de maladies (Berhaut, 1967 ; Houéhounha,
2005; Dotchamou, 2006). Cette espèce n'est pas utilisée dans les
programmes de reboisement au Bénin bien que d'importants programmes
d'aménagement du couvert forestier soient en cours dans le pays. S'il
est vrai que la reconstitution du couvert végétal dans les
programmes d'aménagement forestier passe par les semis, les plantations,
les rejets de souches, le marcottage naturel et le drageonnage (Bellefontaine
et al., 2000), il est aussi vrai qu'avant de l'entreprendre, les
options techniquement et économiquement viables en fonction des
espèces concernées et des moyens disponibles sont à
analyser (Bellefontaine, 2005). D. oliveri se reproduit par voie
sexuée (Guny et al., 1997 , Ouédraogo et al.,
2003). Il a été montré que l'espèce produit
abondamment de semences (Guny et al., 1997). Il se reproduit
également par voie asexuée (Bellefontaine et al., 1997 ;
Harivel et al., 2006). Particulièrement, les modes de
reproduction végétative par drageons ou rejets de souche ont
été mentionnés (Giffard, 1974 ; Bellefontaine et
al., 1997, Harivel et al., 2006). Explorer les
possibilités d'utilisation de divers modes de reproduction à
savoir les semences et les boutures de segments de tiges et de racines, dans la
multiplication artificielle de D. oliveri en général et
la production de plants sur différents types de sols au Bénin,
constitue une préoccupation (Houéhounha, 2009). En Afrique
Sub-saharienne, la grande disponibilité des terres cultivables peut
donner la possibilité de produire la biomasse à partir de la
conduite des rejets dans les jachères (Marrison et
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Larson, 1996). Les jachères constituées
d'espèces pionnières à croissance rapide et capables de
rejeter après exploitation étant les plus indiquées
(Kauter et al., 2003), l'étude sur la conduite des rejets
abondants de D. oliveri sur différents types de sols, ne
peut-elle pas apporter une contribution à l'enrichissement des
données de base de la sylviculture de l'espèce?
Dans le souci de contribuer aux efforts de recherche sur les
espèces autochtones du Bénin, nous avons choisi de traiter le
thème : «Analyse des impacts écologiques et
socioculturels de l'exploitation des produits de Daniellia oliveri (Rolfe)
Hutch. et Dalz. sur la viabilité de ses peuplements au
Bénin».
Cette étude, pour répondre à la
préoccupation centrale relative aux influences des actions anthropiques
sur les groupements végétaux à D. oliveri au
Bénin, devrait répondre aux interrogations suivantes :
Quelle est l'influence sur D. oliveri au Bénin,
des facteurs écologiques due à son l'exploitation?
Quels impacts socioculturels, la présence de cette
espèce, a sur les groupes sociolinguistiques du Bénin?
Quelles sont les stratégies adaptées à la
gestion durable des peuplements de D. oliveri au Bénin?
Pour répondre aux interrogations, la présente
étude s'est appuyée sur une base théorique établie
entre autres sur la problématique à l'aide de démarche
méthodologique pour aboutir aux résultats discutés.
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1.1- Problématique et justification
Les hommes de tous les temps, ont entretenu avec les
végétaux en général et les plantes en particulier,
des relations riches et variées. Cette réalité qui fait
l'essence du contenu de la science ethnobotanique, une science au carrefour de
la botanique et des sciences humaines, est présente dans la zone
soudanienne de l'Afrique de l'Ouest dominée par de vastes formations de
savanes (HahnHadjali, 1998).
Bien que les conséquences des activités
anthropiques soient souvent visibles sur le terrain, la question de
l'environnement dans les pays d'Afrique en voie de développement, se
présente en terme de déséquilibre entre les ressources
naturelles et les besoins accrus des populations recherchant
l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail (Geny et
al., 1992).
De façon générale, le
déséquilibre est souvent aggravé par un certain nombre de
facteurs dont l'agriculture, le surpâturage et les feux de
végétation qui, en association avec les facteurs climatiques et
pédologiques, constituent des causes de perturbations des
phytocénoses sensibles (Sinsin et Oumorou, 2000). Au
Bénin, La dégradation des écosystèmes suite
à l'introduction de la culture du coton par exemple, a
accéléré l'augmentation des terres cultivables,
l'utilisation abondante des pesticides et l'exploitation des terres marginales
(Toko et da Matha Sant'Anna, 1999).
Dans le même sens, Akoègninou et Akpagana (1997),
ont montré la raréfaction des grands arbres dans l'aire
classée des collines de Savalou (Centre du Bénin) et
attribué le fait à l'action de l'homme. Selon ces auteurs, dans
ce milieu spécialisé dans la fabrication du gari
sohoui1, les bois des espèces (Afzelia africana,
Anogeissus leiocarpus, Burkea africana, Pterocarpus erinaceus, Isoberlinia
doka), sont recherchés pour la combustion. Mais la
raréfaction des espèces forestières peut ne pas être
seulement due à la recherche du bois pour la combustion. Certaines
formes d'usage des parties du végétal, sont parfois
préjudiciables à la survie des espèces. Sinsin (1985), a
montré que la
1 Farine issue du manioc pelé, pressé et
grillé dans un vase au feu
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déforestation n'est pas seulement synonyme d'abattage des
arbres, elle peut être due à un écorçage sauvage des
espèces ligneuses.
Malgré la croissance démographique et les
difficultés qui en découlent, il est regrettable de constater que
la prise de conscience de la nécessité d'une gestion rationnelle
de l'environnement tarde à prendre forme au sein des populations. Cette
situation est apparemment due au fait que :
les soucis du court terme sont plus pressants que ceux du
long terme car, ne s'inscrivant forcément pas dans les valeurs
culturelles essentielles.
L'existence parfois de vastes espaces non cultivés
donnant l'illusion d'une marge de manoeuvre possible.
Dans ces conditions, l'homme par ses pratiques de
prélèvement continu de matériel végétal,
fait généralement peu attention aux effets de destruction qu'il
provoque.
A ce propos, Maldague (1974) écrivait : «A
chaque instant, alors que s'accroît le nombre d'hommes, disparaissaient
à tout jamais des tonnes de terres fertiles, s'abattent des
forêts, s'appauvrissent des écosystèmes, se
dégradent des paysages...». C'est donc entre autres à
une régression des formations végétales, à une
raréfaction voire une disparition des espèces ligneuses et au
remplacement progressif des graminées pérennes par des
espèces annuelles à cycle court qui s'observent (Liricollais,
1987). Toutefois, les zones soumises aux actions anthropiques
présentent-elles encore des surfaces conservées à
l'état naturel (Kéré, 1998). Ces zones sont le plus
souvent, des aires favorables au développement des essences
pionnières parmi lesquelles, certaines comme D. oliveri sont
endémiques2 en Afrique.
Décrite par Hutchinson et Dalziel en 1954 et 1972, cette
espèce a pour synonyme : Paradaniellia oliveri selon Rolfe.
Très connue au Bénin, elle porte les noms de za en
Fon3 et en Mahi, Iya en Nago et en Idatcha,
Lifitin en Minan,
2 Relatif A l'endémisme :
caractéristique d'un taxon confiné dans une aire restreinte
3 Fon, Mahi, Nago, Idatcha, Minan, Goun, Batombou,
Ditamari, Yom, Dendi : Langues parlées par des groupes
socioculturels du Bénin
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Jatin en Goun, Niabou en Batombou,
Muyo en Ditamari, Nyaadou en Yom et
ferma en Dendi (de Souza, 1988). En français elle est
appelée Copalier Africain de balsam ou Santan (Tailfer, 1989). Certains
groupes socioculturels en ont tiré des noms de localités :
Zadakon (à l'orée de la couronne de za),
Zakanmè (dans le peuplement de za) à Djidja,
Zassa (Sous l'arbre za) à Zogbodomey et à
Agbangnizoun, Zakpo (Beaucoup de za) à Bohicon et
à Zogbodomey, Idou ya (rendez-vous des chasseurs au
pied de D. oliveri) à Ouessè. (Résultats
d'enquêtes présente étude, 2006).
Espèce sous valorisée par les textes
forestiers4 en vigueur au Bénin, elle connaît
cependant, de nombreux usages lui accordant une place de choix au sein de
certains groupes socioculturels du Bénin (Houéhounha, 2005).
Certains auteurs ont travaillé dans le domaine des usages.
Dégbé (1987) s'est intéressé à la
résine de D. oliveri, très riche en huile essentielle.
Pour cet auteur, il a été mis en évidence dans
l'espèce qu'on retrouve au Bénin, un mélange de
sesquiterpènes volatils, de l'acide daniellique à deux cycles
hydroaromatiques. Dans l'écorce de l'espèce au Nigeria, Persinos
et al. cités par Dégbé (1987) ont trouvé
du bêta- sistostérol dans l'extrait
éthéropétroléique de la plante. Par ailleurs, Menu
et al. (1994) cités par Lawani (2003), ont trouvé dans
l'espèce collectée au Bénin et au Burkina Faso,
vingt-trois constituants dans l'huile extraite de D. oliveri.
Dans la flore illustrée du Sénégal,
Berhaut (1975), a inventorié quelques vertus médicinales de
D. oliveri. Il a également montré que l'écorce
d'une branche de D. oliveri coupée et grillée,
mise dans le vin de palme, rend le vin plus digeste et empêche le
ballonnement du ventre du consommateur. L'action protectrice contre les
attaques de termites des objets trempés dans la résine de
l'espèce, a été évoquée par l'auteur. De
même, dans une contribution aux études ethnobotaniques et
floristiques au Togo, Adjanohoun et al. (1989), on décrit
l'espèce D. oliveri, en mentionnant ses vertus pour la
médecine traditionnelle et la pharmacopée. Dans un
développement sommaire, ils ont indiqué que les
4 Ordonnance N° 74- 26 du 22 mars 1974 et loi des
finances gestion 2007
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racines de l'espèce sont utilisées en
décoction pour le traitement des dysménorrhées.
Sur un autre plan, Onana (1995), dans un document relatif
à l'inventaire et à la phénologie des ligneux du Nord du
Cameroun, faisait remarquer qu'une soixantaine d'espèces dans les
savanes du Nord du Cameroun, entre dans l'alimentation des ruminants
domestiques. Dans ce lot d'espèces, il ressort que les arbres et
arbustes les plus exploités sont par ordre de préférence,
Ficus sycomorus, Daniellia oliveri, Afzelia
africana ..., pour ce qui concerne les feuilles. C'est dire que les
feuilles de D. oliveri sont très appétées par
certains animaux domestiques. Selon les mêmes auteurs, les fleurs de
Daniellia oliveri sont mieux appétées que celles de
Pterocarpus erinaceus et de Bombax costatum. Les
graines servent à alimenter les ruminants au Niger. Dans le même
sens, Tenté (2000), s'est aussi intéressé à
l'alimentation des animaux domestiques et a trouvé que les feuilles de
D. oliveri, sont utilisées comme fourrage dans les
Départements de l'Atacora et de la Donga5 au Bénin.
Guny et al. (1997), ont trouvé que D. oliveri fournit
un bon bois de menuiserie et de service. Montrant que le bois se prête
mal pour la charpente des maisons, ils l'ont apprécié pour la
fabrication des tam-tams. Son adaptation comme boisénergie, est
signalée bien que la coutume dans certaines régions du Mali,
interdise de brûler ce bois dans les concessions à cause de la
colère des `'génies». Les feuilles pour les auteurs de
l'ouvrage, fournissent un très bon fourrage. L'écorce exsude une
oléorésine utilisable comme encens et huile d'éclairage.
Dotchamou (2006), a contribué à la méthodologie du cubage
des arbres de l'espèce dans le domaine classé au Bénin.
De façon générale, les ouvrages
explorés ont montré l'action anthropique comme une
préoccupation sérieuse dans le contexte du déboisement et
de la réduction de la diversité biologique. C'est le
résultat d'une démographie galopante que Wilson (1992),
désignait comme un monstre en présence duquel, la
durabilité n'est qu'une fragile construction théorique. Dans un
document
5 Atacora et Donga sont des subdivisions territoriales
situées au Nord-Ouest du Bénin.
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directif, de la Banque Mondiale, Banuri et al. (1993)
affirmaient que les causes de la dégradation de l'environnement, sont
aussi variées que ses manifestations. Ils ont cependant pointé un
doigt accusateur sur l'accélération de la croissance
démographique dans de nombreux pays en développement.
Ainsi, les auteurs ont surtout traité une partie de la
monographie des usages des organes de l'espèce, les aspects chimiques de
sa résine et la méthodologie du cubage des arbres sur pied. Ces
aspects en réalité n'évaluent ni les chances de survie ni
l'urgence et la nécessité de sauvegarder l'espèce. Dans le
cadre de l'approfondissement des connaissances sur D. oliveri,
l'omission des aspects relatifs aux impacts de l'exploitation des produits de
l'espèce sur le plan écologique, social et culturel, est un vide
qu'il importe de combler.
En prenant en compte les aspects omis par les auteurs, nous
avons estimé que seuls des objectifs précis, en relation avec des
hypothèses bien posées dans un cadre méthodologique
adéquat, peuvent conduire à atteindre des résultats
attendus.
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