La vie associative comme moyen d'autopromotion des communautés de base : cas des groupements agricoles de Kpélé Adeta (préfecture de Kpélé - Togo)( Télécharger le fichier original )par Afi Antoinette WOKPO épouse BEGUEM Ecole nationale de formation sociale - Diplome d'état de cadre supérieur de développement social (CSDS) 2010 |
Chapitre 1 : Résultats de la recherche.Section 1 : La revue de la littérature.Dans le cadre de notre recherche, nous avons eu à consulter certains documents, oeuvres et publications dont les auteurs ont eu à étudier l'approche participative des acteurs de proximité (les organisations à la base) aux différents programmes de développement. - KOENRAAD, V. (1991) trouve dans son ouvrage intitulé : « l'Auto développement ? Un défi imposé aux ONG » paru aux éditions l'Harmattan, collection U.L.I., qu'il faut bâtir le progrès sur ce que les gens possèdent et non sur ce qui leur manque. Pour lui, c'est en s'organisant volontairement qu'une population pauvre développe des capacités, qu'elle accède aux services des agences avec lesquelles elle décidera de travailler parce qu'elles pourront lui apporter des ressources productrices complémentaires. L'auteur reconnaît le pouvoir des associations villageoises, c'est pourquoi il encourage les populations à se regrouper. Ces organisations leur permettront d'avoir l'appui des institutions étatiques et para étatiques afin de s'auto développer. C'est toujours dans le souci de montrer le rôle des groupements dans la vie des populations rurales que LALIRE Guerric, dans la revue « Solidarité, supplément » N° 33 dans l'article « le circuit de l'argent » parle de la capacité des paysans de se regrouper pour gérer ensemble des activités. Il souligne dans son article que les associations permettront à chacun des membres de résoudre un problème qui se pose à tous par la mise en commun des moyens individuels. L'auteur montre que le bonheur des paysans passe par leur organisation et leur regroupement est un moyen très efficace pour résoudre leurs problèmes quotidiens. - Rémi MANGEARD a reconnu les avantages des groupements lorsqu'il déclare dans son ouvrage intitulé Paysans en Afrique : « c'est en s'organisant en comité de développement rural et en coopérative que les paysans améliorent la vie des villageois et développent la solidarité entre les membres du village ». L'auteur montre que les groupements villageois constituent les meilleures formes d'organisations paysannes, susceptibles de permettre une participation plus large et plus effective de la population aux activités de production et à la réalisation des actions favorables à l'amélioration des conditions de vie. Cette autopromotion des paysans paraît être un bon créneau pour le développement à la base et par conséquent mérite qu'une attention particulière lui soit accordée. Par ailleurs, dans son article intitulé « les petits projets qui rapportent », PRADY souligne que l'efficacité des groupements villageois renforcent les solidarités et créent des richesses. Quant à Jean GRAK dans son ouvrage intitulé : « Le développement au ras du sol du tiers-monde », pense que « l'homme du tiers-monde est apte à devenir l'artisan de son propre développement lorsqu'il a un minimum de moyens, de formations et d'organisations. Ces bagages lui permettront de travailler d'une manière efficace, même s'il doit accomplir une véritable mutation au niveau de ses comportements ». Ceci traduit l'importance que l'auteur accorde à l'autopromotion des paysans. En effet, les principaux acteurs du changement du monde rural ne peuvent être que les ruraux eux-mêmes par le biais des associations dans lesquelles ils s'organisent et se développent. Dans le rapport intitulé Agriculteurs viables et rôle des organisations agricoles sur le colloque des dirigeants agricoles des pays en développement qui s'est tenu à Adélaïde en Australie, les participants à cette assise, ont reconnu ceci : « il faut que les agriculteurs soient à la base de la programmation des activités du monde rural. Cela veut dire qu'il faut considérer les producteurs comme la clef des solutions et non une partie du problème, les considérer comme les principaux acteurs de l'amélioration des systèmes d'exploitation, travailler avec tous les agriculteurs et les organisations à la base. Pour assurer la pérennité du changement et du développement en milieu rural, la nécessité d'une action concertée est indispensable : ceci n'est pas simplement pour accroître le savoir-faire mais pour modifier l'attitude de ceux qui travaillent dans le domaine du développement agricole ». Pour les dirigeants agricoles, les services de développement agricole, de recherche et d'encadrement, devraient travailler plus étroitement avec les organisations d'agriculteurs qu'ils ne le font actuellement. Le constat fait par ces derniers est que les rares fois où cela s'est produit, les résultats ont été invariablement positifs et durables. Abordant la vision sur l'autopromotion, ALBERTINI J. M. (1983) dans son ouvrage mécanisme du sous- développement et développement précise : « Le développement ne pourra naître que d'une action consciente et concertée pour maîtriser le devenir économique et social ». Il soutient que le développement ne peut être imposé de l'extérieur, c'est plutôt une transformation profonde des modes de faire, d'être et de penser. Il note enfin que « le développement ne peut donc être appréhendé simplement par la science économique. Sa compréhension et sa maîtrise supposent une action concertée entre toutes les sciences humaines. Enfin, MAMADOU D. (1991) In revue Finance et développement dans l'article « développement et valeurs culturelles en Afrique subsaharienne », évoque l'importance des valeurs culturelles traditionnelles. Il propose, entre autres, l'utilisation de la dynamique du groupe pour améliorer la productivité et assurer le respect de la discipline. Nous pouvons, au vu de tout ce qui précède, dire que les groupements agricoles constituent un moteur attrayant pour le développement, parce qu'ils ont pour but d'aider à développer et / ou d'accroître la capacité des populations surtout pauvres à résoudre leur problème d'une façon qui leur soit propre. Guy BEMOUCHE dans son ouvrage intitulé Participation paysanne et aménagement hydro agricole, trouve que la non réalisation des objectifs des opérations de développement rural « résulte du fait que les populations locales en tant qu'acteurs sociaux ayant leurs spécificités et leurs propres aspirations, sont considérées comme de simples exécutants ». Comme approche de solution, cet auteur propose la prise en compte des idées des populations concernées lors de la phase d'identification et leur participation active dans la mise en oeuvre des programmes et projets. Section 2 : présentation des données d'enquête sur le terrain. Nous avons choisi focaliser l'analyse des groupements enquêtés en mettant en exergue quatre points : (les objectifs poursuivis, le fonctionnement, les activités menées et les relations du groupement avec son environnement). Des résultats quantitatifs et qualificatifs issus des enquêtes nous aiderons à formuler des propositions et/ou des recommandations visant à améliorer les performances des groupements sur le terrain. Nous regrouperons dans cette présentation les résultats des informations recueillies autour des mêmes thèmes. Nous ne pourrons pas présenter tous les tableaux à cause de la densité du questionnaire. Seuls les tableaux utiles pour l'analyse et l'interprétation seront pris en compte. PARAGRAPHE 1 : Le questionnaire destiné AUX GROUPEMENTS1- LES SOURCES POTENTIELS DE CREATION DE GROUPEMENTS Le tableau 2 présente les initiatives de création des groupements. Tableau 2 : Les initiatives de création des groupements.
- A travers l'analyse des conditions d'émergence, la création des associations relève de deux types d'initiatives : des initiatives privées et des initiatives institutionnelles. Cette distinction est essentielle car elle influence le fonctionnement, la stratégie et les ressources de l'association. Il y a plus d'associations d'émergences privées qu'institutionnelles. Ceci témoigne de la maturité des populations et du souci de l'importance de la création des mouvements associatifs. - La création de ces associations constitue en quelque sorte un indicateur du changement économique et social. Ainsi les objectifs des associations villageoises s'orientent vers la valorisation des productions agricoles. Leurs motifs de création sont de trois ordres :
2- L'INITIATIVE DE PROMOTION DE PROJETS FONDATEURS Le tableau 3 indique quelques projets fondateurs Tableau 3 : Les projets fondateurs
Un élément essentiel lié à l'émergence des groupements est le projet fondateur. Le projet apparaît comme la « raison sociale » : c'est sur cette base que se fonde le contrat d'adhésion des membres associés. Ce projet sert de références, de point de départ pour le groupement, même si par la suite il est voué à l'échec ou à l'abandon. 3- SOURCES DE FINANCEMENT Le tableau 4 indique les sources et la provenance des ressources injectées dans les associations Tableau 4 : Structure des ressources financières des groupements.
Comme on peut le constater, les associations ont plus recours aux ressources internes (cotisations, fruits de leur travail), ceci démontre leur motivation et leur auto promotion. Les ressources externes proviennent généralement des subventions et des dons faits par des touristes, des sympathisants et des associations partenaires étrangères ou locales et tout récemment par les fonds du PDC AGAIB. 4-RESSOURCES HUMAINES DES ASSOCIATIONS Le tableau 5 indique le statut et l'implication des membres dans le fonctionnement des associations. Tableau 5 : Fonctionnement des groupements du point de vue des ressources humaines.
Dans le premier cas, le fonctionnement au quotidien est assuré par les membres de l'association. C'est le cas des groupements MOKPOKPO, LOLONUNYUIE et FAGAD. Dans ce cas la motivation des membres détermine la vitalité, l'efficacité et la pérennité des groupements. Par contre dans les deux autres cas, l'utilisation des salariés entraîne une faible participation des membres et la non appropriation de leurs groupements. 5- OBJECTIFS ET ACTIVITES DES ASSOCIATIONS ENQUETEES Le tableau 6 met en relief les objectifs poursuivis et les activités menées par chaque association. Tableau 6 : objectifs et principales activités des associations enquêtées
On constate que ces groupements sont prestataires de services. Ceci constitue une source de revenu mais surtout cette orientation est significative d'une adaptation au milieu, d'une prise en compte des besoins existants. 6- NIVEAU D'INSTRUCTION DES ENQUETES Le tableau ci-dessous indique la répartition des enquêtés par niveau scolaire Tableau 7 : Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction
Les résultats de ce tableau indiquent que la majorité des enquêtés, soit 63%, ont un niveau secondaire, 23% ont le niveau primaire et 14% seulement ont le niveau supérieur. Aucun membre de ces 3 groupements n'est donc analphabète. Il est indispensable que les membres aient un niveau scolaire pour la gestion des initiatives de base. Cette carence peut être compensé par un programme d'alphabétisation. 7- PERSONNES A CHARGE DES ENQUETES Le tableau 8 présente une répartition des personnes à charge Tableau 8 : Répartition des enquêtés selon le nombre de personnes à charge.
Tous nos enquêtés ont des personnes à charge mais à des degrés différents, ce qui nécessite des moyens substantiels de ressources qui peuvent être obtenus à travers l'activité agricole qui génère des revenus. 8- EVOLUTION DES ACTIVITES Le tableau ci-après donne les résultats de notre enquête sur l'évolution des activités menées par les associations. Tableau 9 : Répartition des enquêtés selon l'évolution de leurs activités
Les données du tableau 9 montrent que les activités menées par les groupements sont en constante évolution. 9-APPRECIATION DU TRAVAIL AGRICOLE Les données ci-après relatent les points de vue des enquêtés par rapport à l'activité agricole Tableau 10 : Répartition des enquêtés selon l'appréciation qu'ils ont de leur agriculture.
Les données du tableau 10 montrent que la majorité des enquêtés ont déclaré être entièrement satisfaits de leur production tandis que 30% sont peu satisfaits. Les activités agricoles leur rendent service nonobstant l'existence de nombreuses contraintes à vaincre. 10- LES AVANTAGES LIES À LA VIE ASSOCIATIVE Le tableau ci-dessous regroupe les différents types d'avantage que les membres des associations tirent de leurs activités. Tableau 11 : Répartition des enquêtés selon les avantages après adhésion au groupement.
Comme on peut le constater sur ce tableau relatif aux différents avantages que les agriculteurs tirent de leur activité, l'effectif total des enquêtés, 190, dépasse le nombre des individus considérés comme échantillon. Ce qui signifie qu'un même agriculteur peut tirer de son métier plusieurs avantages. S'agissant de la répartition, l'on constate que les avantages prépondérants tirés sont la consommation des produits et le pouvoir économique dans les mêmes proportions, 43,7%. 11- LES DIFFICULTES LIEES À LA VIE ASSOCIATIVE Les difficultés rencontrées par les membres des associations dans l'accomplissement de leurs activités se retrouvent dans le tableau suivant : Tableau 12. Répartition des enquêtés selon les difficultés rencontrées.
Les groupements de production agricole connaissent encore des difficultés malgré les atouts dont ils disposent. Il s'agit notamment des difficultés financières (65%) et d'encadrement technique (35%). Cela veut dire que des actions sont encore indispensables pour permettre la réussite total de l'agriculture. 12- L'AGRICULTURE COMME MOYEN DE REDUCTION DE LA PAUVRETE L'agriculture est-elle un moyen sûr de réduction de la pauvreté ? Les différentes réponses à cette question se retrouvent compiler dans le tableau ci-après : Tableau 13 : Répartition des enquêtés selon leurs opinions de l'agriculture comme moyen de réduction de la pauvreté.
Tous les enquêtés sont unanimes pour reconnaître que l'agriculture est une arme contre la pauvreté et qu'elle est une source de richesse et de prospérité et qu'il convient de la soutenir. 13- CRITERES DE CREATION DES GROUPEMENTS Les atouts de base ayant motivé la création des associations enquêtés sont résumés dans le tableau suivant : Tableau 14 : Répartition des enquêtés selon la question « sur quoi avez-vous compté ?»
Selon ce tableau, 35% des enquêtés ont compté sur l'aide financière par rapport à 25% et 36% qui ont compté respectivement sur l'espace et le climat. On peut donc déduire de ce tableau que la plupart de nos enquêtés sont plus motivés par les atouts de leur milieu et que l'aide financière ne vient qu'en appui. 14- FINANCEMENT DES PROJETS Les subventions reçues sont différemment appréciées par les membres des associations. Tableau 15 : Répartition des enquêtés selon leur appréciation des subventions reçues pour leurs projets agricoles.
La majorité de nos enquêtés soit 58% sont satisfaits des subventions accordées à leurs projets agricoles. Celles-ci leur permettent de mettre en oeuvre leurs projets. 15- RENFORCEMENT DES CAPACITES Les institutions d'appui technique forment les membres des associations. le tableau ci-dessous en ait une confirmation Tableau 16: Répartition des enquêtés selon la réception de formation par les institutions d'appui technique.
100% de nos enquêtés ont affirmé avoir reçu une formation des institutions d'appui. Ceci est l'un des avantages que les agriculteurs ont en produisant au sein d'un groupement plutôt qu'individuellement. 16- COLABORATION ENTRE LES ASSOCIATIONS ET LES ONG Tableau 17 : Répartition des enquêtés selon qu'ils ont des relations avec les ONG.
L'importance de l'intervention des ONG est un atout pour le développement de l'agriculture. 17- AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE Le tableau 18 recense les membres qui ont vu leur condition de vie s'améliorer en participant aux activités de leurs associations Tableau 18 : Répartition des enquêtés selon l'amélioration de leurs conditions de vie.
La totalité de nos sondés trouvent leur condition de vie améliorée en adhérant à un groupement de production agricole. 18- LES OUTILS DE TRAVAIL Le tableau 19 montre les différents types d'équipements dont disposent les groupements. Tableau 19 : Répartition des enquêtés selon qu'ils disposent des outils de production moderne.
Nous constatons à travers ce tableau qu'après subvention les enquêtés ont accès aux outils modernes, ce qui permet de réaliser la croissance de leur production. |
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