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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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A- L'espace-temps d'obstruction des progressions ennemies

En multipliant chacune des initiatives dans le golfe de Guinée, chaque puissance s'attache à maximiser ses positions dans la région pour pouvoir les utiliser dans l'obstruction des buts géopolitiques et stratégiques de ses ennemis ou de ses adversaires. Pour ce qui est des ennemis nous prendrons le cas des terroristes et des pirates. Pour les adversaires, nous illustrerons notre propos par l'ensemble des déploiements des puissances en question, puisque chacune se positionne en s'opposant aux autres et que ses positions présentent de grandes probabilités d'être utilisées en cas de conflit armés.

Le déploiement géostratégique et pétrostratégique américain dans la région contre les terroristes islamistes (ennemis numéro un actuel des Etats-Unis), s'inscrit dans cette logique. En réalité, la transposition de la GWAT dans le golfe de Guinée et en Afrique en général représente pour les Etats-Unis un puissant moyen de contenir et d'endiguer le développement du terrorisme en Afrique. Du Plan sahel à l'US AFRICOM, un ensemble de forces et de programmes militaristes258(*) plus préventifs qu'expéditifs ont fait du golfe de Guinée, de la corne de l'Afrique et du Maghreb des zones grises prioritaires dans la GWAT259(*). La susceptibilité que ces régions deviennent «  le prochain champ de bataille dans la guerre contre le terrorisme »260(*) justifie l'appréhension des autorités de Washington et permet de comprendre cette stratégie préventive. En fin d'année 2008, le Général Jones, commandant de l'US EUCOM expliquait à propos des missions de l'US AFRICOM:

En nous efforçant de contribuer à endiguer la détérioration de la situation de ce continent qui ne cesse de prendre de l'importance, nous diminuons le potentiel que présente l'Afrique pour devenir le prochain front dans la guerre contre le terrorisme261(*).

L'endiguement de la transposition et du développement du terrorisme dans ces régions d'importance stratégique s'explique donc par la volonté des Etats-Unis d'y opérer une exemption stratégique pour ne pas avoir à lutter sur deux fronts. Il convient de rappeler que malgré leur puissance militaire, la pacification du Proche et Moyen Orient demeure hypothétique. Ainsi, la mission première de l'US AFRICOM est d'empêcher les problèmes africains de dégénérer en crises et celles-ci en catastrophes262(*). Cette stratégie prémonitoire justifie le soutien que les Etats-Unis et toutes les puissances en projection dans les pays du golfe de Guinée multiplient pour ``aider'' les pouvoirs publics à lutter contre les islamistes, les pirates, les rebelles et l'insécurité en général. Du Cap-Vert en Angola, leur présence militaire dans la région trouve de ce fait une cynique légitimation : la lutte contre le terrorisme, l'insécurité et la criminalité maritime.

Sur un tout autre plan, les initiatives de chaque puissance dans la région heurtent les intérêts des autres. Elle devient de ce fait l'adversaire des autres. Ce fait permet de comprendre la volonté des puissances occidentales - conduites par les Etats-Unis, la France et l'Angleterre - de contenir l'avancée des puissances émergentes - Chine, Inde et Brésil plus particulièrement - dans leurs pré-carrés du golfe de Guinée.

Appréhendée comme le nouveau porte flambeau du ``péril jaune''263(*), la montée en puissance de la Chine sur la scène internationale et son activisme en Afrique depuis le début des années 2000 inquiètent les puissances occidentales et l'érige en ennemi potentiel. En 1973 déjà, Alain Peyrefitte avait popularisé la phrase de Napoleon Ier : « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera »264(*). A lire Freddy Mulongo, avec 1,3 milliards d'habitants, soit un peu plus du cinquième de l'humanité, la Chine est le deuxième pôle mondial d'attraction des capitaux étrangers. Sa croissance économique a augmenté de 136% depuis 1990 et l'agriculture ne représente plus que 20% de son PIB. Avec une diaspora de 60 millions d'individus répartis dans 119 pays du globe, le commerce chinois s'accroit de 15% par an, avec un excédent de 16 milliards de dollars et des réserves en devises estimées à plus de 100 milliards265(*).

La Chine parvient à imposer sa vision des relations internationales à l'ONU, convoque en sommet l'UE et amène les pays membres à se démettre de leur orgueil d'Homme blanc266(*). En Afrique et dans le golfe de Guinée, la Chine est devenue le premier fournisseur267(*). L'Angola est désormais son premier pôle pétrolier devant l'Arabie Saoudite avec 456.000 barils/jour. Le Nigéria, la Guinée Equatoriale, le Gabon, le Cameroun et le Congo lui ont octroyé d'importantes concessions pétrolières.

L'organisation du sommet sino africain, signe de défiance aux puissances occidentales, le souhait d'Olusegun Obasanjo (alors président en exercice de l'OPEP) de voir la Chine diriger le Monde268(*) dans son discours de toast le 26 avril 2006 à Hu Jintao en visite officielle au Nigéria et le troc corrosif passé le 18 septembre 2007 entre Pékin et la RDC269(*) sont autant d'illustrations du réveil de la Chine. Cette montée en puissance est devenue pour le monde occidental une préoccupation majeure surtout pour les Américains pour qui l'activisme chinois est susceptible de 

(...) conduire à des frictions, voire un conflit ouvert, entre Beijing et Washington.

Les Etats-Unis, par conséquent, ont besoin d'une stratégie d'ensemble cohérente qui cordonne ses instruments de pouvoir diplomatique, militaire et économique afin de contrer l'influence grandissante de la Chine en Afrique270(*).

La France et l'Angleterre se sont mobilisées pour endiguer sa progression dans le glacis africain271(*). La logique d'action/réaction qui en résulte conduit à l'émergence d'un nouvel enjeu : faire du golfe de Guinée un espace-temps d'information pour l'élaboration et le perfectionnement des stratégies en cas de grande guerre.

* 258 Voir Annexe 4: Les initiatives militaires américaines en Afrique depuis 2002.

* 259 Lire Pat LT CMDER PETERSON, «USN, Into Africa-A new Frontier in the War on Terror», in Proceedings,

May 2006, p.32-36.

* 260 Lire Lisa D. COOK, «Africa: the Next Battleground in the Terror War», in Hoover Digest, 2005, http://www.hoover digest.org/041/cook.html consulté le14 juillet 2009.

* 261 Cité par Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit, p.2.

* 262 Selon les termes de la Quadrienal Review de février 2006, cité par Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit, p.5

* 263 René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », mercredi 5 mars 2008, p.5, http://renenaba.blog.fr, consulté le 17 aout 2009.

* 264 Cité par Freddy MULONGO, « RDC: Pourquoi l'aide de la Chine inquiète les Congolais ? », op.cit., p.1.

* 265 Ibid., p.1.

* 266 Lire à ce sujet Guy GWETH, « Chine-UE: Pékin fait vaciller les 27 », in Guerre de l'information, Intelligence stratégique, Leadership, Perception Management, Soft Power, Stratégie, 27 novembre 2008, http://gwethguy.wordpress.com/2008/11/27/chine-ue-pekin-fait-vaciller-les-27-guy-gweth/ consulté le 18 août 2009.

* 267 Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cit., p.10.

* 268 Cité par Barthélémy COURMONT, « Chine- Afrique : Après le sommet historique de Pékin », op.cit. p.3.

* 269 Supra, pp.94-97.

* 270 Philippe D. ROGER, «Dragon with a Heart of Darkness-Countering Chinese Influence in Africa», op.cit. p.24.

* 271 Lire :

- René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », mercredi 5 mars 2008, op.cit.

- Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cit.

- Freddy MULUMBA KABUAYI, « Afrique: Les enjeux et les dangers de l'Africom », op.cit.

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