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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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B- La mise sur pied d'une diplomatie subversive contre les dissidents et le ménagement des leaders fidèles

Thomas Schelling distinguait à côté de la diplomatie ``honnête'' celle ``vicieuse'' ou subversive186(*). La France aussi bien que l'Angleterre ont chacune recouru à cette dernière pour préserver leurs pré-carrés dans le golfe de Guinée.

D'une manière générale, en Afrique, lorsqu'une puissance étrangère perd ses intérêts dans un pays, elle mène au sein de la communauté internationale une propagande subversive et dénonciatrice contre le chef d'Etat de ce pays, au point de soutenir directement ou indirectement un renversement militaire. Parallèlement, tant que ses intérêts sont préservés dans un pays, quelque soient l'autoritarisme de ce dirigeant, son image est blanchi et son régime légitimé sous le couvert de la ``stabilité politique''. Ce postulat vicieux a toujours été au coeur de la politique africaine de la France et de l'Angleterre. Ainsi a-t-il été appliqué contre les chefs d'Etats du golfe de Guinée qui ont répondu trop favorablement aux propositions des autres puissances.

En effet, s'étant rendue à l'évidence qu'elle avait perdu le monopole sur l'exploitation forestière, minière et pétrolière ainsi que dans les travaux publics au Gabon, au Congo et en Angola, les autorités françaises se sont montrées plus respectueuses de la transparence dans la gestion publique de ces pays. Inscrite dans une logique de chantage, cette diplomatie subversive s'est manifestée à travers deux initiatives complémentaires : la publicisation propagandiste des ``biens mal acquis'' des présidents Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso sur le territoire français et leur mise en cause dans des scandales politiques, prototypes d'une crise pétrolière telles ``l'affaire Elf''187(*) au Gabon et ``l'Affaire du Beach''188(*) au Congo. En Angola, la révélation des réseaux d'approvisionnement d'armes et la mise en cause d'Eduardo Dos Santos dans ``l'Affaire Falcone''189(*) poursuivait le même but. L'enjeu était d'amener ces leaders à mesurer les lendemains funestes qui pouvaient leur être réservés si les services secrets français les livraient à la justice ou les abandonnaient à leurs détracteurs locaux et de la diaspora. Il s'agit de leur dire implicitement qu'ils ont intérêt à redonner au césar français ce qui lui revient. C'est donc loin du « relâchement de la solidarité patrimoniale » ou du « recul » perçu par Wullson Mvomo Ela190(*). Il s'agit plus d'une mise en oeuvre des représailles, des mécanismes de chantage et de dissuasion contre les leaders qui ont mis en péril leurs intérêts.

Enfin, l'implication de la Grande Bretagne et de la France dans la guerre civile au Libéria et en Cote d'Ivoire et leur mise en cause dans la tentative de coup d'Etat de mars 2005 en Guinée Equatoriale191(*) montrent jusqu'où peuvent aller ces puissances pour préserver leurs intérêts dans le golfe de Guinée.

* 186 Cité par Guillaume DEVIN, Sociologie des relations internationales, op.cit., p.62.

* 187 ``L'Affaire Elf'' est d'après plusieurs auteurs le plus grand scandale pétrolier de la françafrique. Mettant en cause André Tarallo et Omar Bongo dans une litanie de détournement et blanchiment de dividendes pétrolières de la multinationale Elf ainsi qu'une série de biens mal acquis éparpillés à travers l'Europe, les enquêtes ont révélé qu'Omar Bongo touchait des bonus à la signature d'un contrat, compris entre 1 et 5 millions de dollars, ou bénéficiait d'un versement de près d'un dollar par baril de brut qui était viré dans un compte personnel qu'administrait Tarallo. Dans un rapport sur le blanchiment de l'argent sale aux Etats-Unis, le Congrès américain a estimé à 100 millions de dollars les sommes détournées chaque année par le président Bongo et son entourage. Et si Tarallo prend bongo pour responsable, ce dernier à rejeté ces accusations jusqu'à son décès en Espagne le 8 juin 2009, loin de la France à qui il avait tout donné. Voir David Servenay « L''affaire Elf Mis en cause par Tarallo, Bongo répond sur RFI », http://www.rfi.fr/actufr/articles/040/article_21250.asp, article publié le 11 avril 2003 et consulté le 30 juillet 2009.

* 188 Cette affaire porte sur la disparition au port fluvial du Beach en mai 1999 de 353 refugiés congolais qui rentraient au Congo après s'être refugiés en RDC lors de la guerre Civile. Après un procès raté en France en 2003 où seize proches de Sassou Nguesso comparaissaient pour « génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et assassinats », il a été ouvert le 19 juillet 2005 à Brazzaville un nouveau procès marqué par la volonté du président congolais - mis en cause par plusieurs associations françaises de droits de l'homme - de se blanchir de ce sinistre forfait. L'enjeu était de juger l'affaire pour que la France ne soit plus en mesure de le faire si le pourvoi engagé contre l'annulation de l'ancienne procédure était acceptée. Ce qui est demeuré lettre morte pour faire perdurer cette épée de Damoclès suspendu sur la tête du président congolais. Voir Habibou BANGRE, « Congo : l'affaire du Beach devant la justice Un procès déjà très controversé », in afrik.com, 19 juillet 2005, http://www.afrik.com/article8630.html, consulté le 30 juillet 2009.

* 189 Du nom de Pierre Falcone, cette ``Affaire'' porte sur la vente d'armes en Angola alors qu'il était sous embargo des Nations Unies en 1993-1994. Ce trafiquant d'arme aurait avec le soutien des réseaux français conduits par Pierre Pasqua, Jean-Christophe Mitterrand et Alfred Sirven - l'homme-clé de l'affaire Elf - mis à profit la guerre qui opposait le régime d'Eduardo Dos Santos à son opposant Jonas Savimbi. Instruit par les juges Philippe Courroye et Isabelle Prevost-Desprez en 1999, Pierre Pasqua et Pierre Falcone ont été condamnés à de la prison ferme le 11 décembre 2007 ; jugement que le ministre de la défense Hervé Morin a qualifié de malentendu. En visite officielle en Angola le 23 mai 2008, Nicolas Sarkozy avait assuré son homologue Eduardo Dos Santos, impliqué dans le dossier, qu'il souhaitait « tourner la page des malentendus du passé ». On peut donc déduire la mise. Pour tout sur cette ``Affaire'', consulter http://www.denistouret.net/constit/Falcone.html.3.

* 190 Wullson MVOMO ELA, «  Pétrostratégie et appels d'empire », op.cit., p.11.

* 191 Anaïs CHARLES-DOMINIQUE, « Guinée Equatoriale : Un réseau britannique derrière la tentative de coup d'Etat », in Courrier international, 19 septembre 2004, http://www.paradisfj.info/spip.php?article272, consulté le 30 juillet 2009.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe