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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

****************** *****************

PAIX -TRAVAIL- PATRIE PEACE-WORK-FATHERLAND

UNIVERSITE DE YAOUNDE II

THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

FACULTE DES SCIENCES FACULTY OF JURIDICAL

JURIDIQUES ET POLITIQUES AND POLITICAL SCIENCE

DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE

DEPARTMENT OF POLITICAL SCIENCE

INITIATIVES DIPLOMATIQUES ET OCCUPATION DE L'ESPACE AFRICAIN : LE CAS DU GOLFE DE GUINEE (2001-2008)

UNE APPROCHE DES USAGES GEOSTRATEGIQUES DE LA DIPLOMATIE

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention d'un Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en science politique

PAR

NCHARE NOM THEOPHILE MIRABEAU

Titulaire d'une Maîtrise en Science politique

SOUS LA DIRECTION DE

Dr. FOGUE TEDOM ALAIN

Chargé de cours

Université de Yaoundé II

Année académique : 2008-2009

SOMMAIRE

DEDICACES.......................................................................................................iii

REMERCIEMENTS.........................................................................iv ACRONYMES ET GLOSSAIRE.......................................................v

LISTE DES ILLUSTRATIONS........................................................vi

LSTES DES ANNEXES................................................................vii

RESUME.................................................................................viii ABSTRACT................................................................................ix

INTRODUCTION GENERALE.........................................................1

TITRE I : IMPERATIFS GEOPOLITIQUES, PROJECTIONS GEOSTRATEGIQUES ET OPERATIONNALISATION DES STRATEGIES

DE POSITIONNEMENT DANS LE GOLFE DE GUINEE............................26

CHAPITRE I : INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE

DE GUINEE ENTRE IMPERATIFS GEOPOLITIQUES ET PROJECTIONS

GEOSTRATEGIQUES...............................................................................28

Section I : Les initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée comme

réponse aux impératifs géopolitiques...............................................28

Section II : Initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée comme instrument

de projection géostratégique................................................................36

CONCLUSION...........................................................................51

CHAPITRE II : INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE DE GUINEE ET OPERATIONNALISATION DES PROJECTIONS EN CHEVAL DE TROIE.................................................................................................52

Section I : Diplomatie offensive et cassure des verrous coopératifs préétablis :

un projet géostratégique à variables multiples................................52

Section II : Diplomatie défensive et pérennisation des pré-carrés dans le

golfe de Guinée........................................................................65

CONCLUSION...........................................................................74

TITRE II : INVARIANTS GEOSTRATEGIQUES, INITIATIVES

DIPLOMATIQUES ET THEATRALISATION DU GOLFE DE GUINEE......75

CHAPITRE III : PROJECTIONS HEGEMONIQUES ET ANCRAGE GEOSTRATEGIQUE DANS LE GOLFE DE GUINEE : ENTRE POSTURES MARITIMES ET POSTURES CONTINENTALES.........................................77

Section I : Géostratégie des mers et ancrage des positions maritimes

dans le golfe de Guinée...................................................................77

Section II: Intelligence géostratégique et ancrage des positions

continentales dans le golfe de guinée.............................................87

CONCLUSION...........................................................................97

CHAPITRE IV : DE LA ``GLACISATION'' DU GOLFE DE GUINEE........98

Section I : Le golfe de Guinée : un ``espace-temps'' stratégique des

puissances dominantes................................................................98

Section II : Le golfe de Guinée comme espace para-sécuritaire et

d'expérimentation des stratégies de Puissance.................................109

CONCLUSION.........................................................................117

CONCLUSION GENERALE.........................................................118

ANNEXES..............................................................................122

SOURCES ET BIBIOGRAPHIE.....................................................132

TABLE DES MATIERES.................................................................................155

A

Claire et Gigi pour leur tendresse et affectif soutien.

REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail, nous remercions très sincèrement notre maître le Dr. Alain FOGUE TEDOM qui, malgré ses nombreuses occupations, a été pour nous autant une source qu'un guide chaleureux et accueillant chaque fois que nous frappions à sa porte.

Nos remerciements vont aussi à tous les enseignants du département de Science politique de l'Université de Yaoundé II qui ont concouru à notre formation académique. Nous saisissons cette opportunité pour leur exprimer notre gratitude.

Quant aux documents recueillis dans nos collectes de données, nous rendons un grand hommage aux conservateurs des bibliothèques des Universités de Yaoundé I et II, de la Fondation Paul Ango Ela, du CAPED, du Ministère de la recherche scientifique et de l'innovation, de l'IRIC et du CCF de Yaoundé. Nos hommages vont aussi aux libraires de l' Harmattan - Cameroun.

De nombreux camarades dont Francine Ngayap Ngandeu et Désiré Manirakisa ont contribué à préciser notre problématique et nos analyses. Nous leurs sommes redevables.

Enfin, nous sommes reconnaissant à la famille Mba Pascal dont les marques de confiance et les soutiens multiformes ont constitué pour nous un réconfort significatif en temps de lassitude. A notre grand-soeur Rosette Nguanka, nous lui exprimons toute la gratitude pour sa générosité et ses marques de fraternité. Que mes parents trouvent dans ce travail le témoignage de satisfaction pour leurs encouragements et la reconnaissance pour tout ce qu'ils ont sacrifié pour faire de moi un homme.

Dans l'impossibilité de citer dans l'exhaustivité tous nos bienfaiteurs, nous adressons à tous ceux qui n'ont pas été nommés nos sincères remerciements.

ACRONYMES ET GLOSSAIRE

- ACOTA African Contingency operations Training Assistance

- ACP Afrique-Caraïbes-Pacifique

- AFRICOM Africa command

- AGOA African Growth and Opportunities Acts

- AEF Afrique Equatoriale Française

- AOF Afrique Occidentale Française

- AOPG African Oil Policy Group

- APD Aide publique au developpement

- API American Petroleum Institute

- ARP African Regional Peacekeeping Program

- CAPED Centre Africain d'Etudes Stratégiques pour la Promotion

de la Paix et le Développement

- CGG Commission du Golfe de Guinée

- EUCOM  European command

- GSPC Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat

- IASPS Institute for Advanced Strategic and Political Studies

- MEND Mouvement pour l'Emancipation du Delta du Niger

- OAMCE Organisation Africaine et Malgache de Coopération Economique

- IMET International Military Education and Training Program

- IRIC Institut des Relations Internationales du Cameroun

- NTIC Nouvelles techniques de l'information et de la communication

- ONU Organisation des Nations Unies

- RDC République Démocratique du Congo

- RECAMP Renforcement des capacités de maintien de la paix

- SIDA Syndrome Immuno- Déficitaire Acquis

- UE Union Européenne

- UNESCO Fonds des Nations Unies pour l'Education, la Santé et la Culture

- TICAD Tokyo International Conference for the African Development

LISTE DES ILLUSTRATIONS

1- Listes des cartes

- Carte 1 : Le Golfe de Guinée du point de vue institutionnel.......................6

- Carte 2 : Domaine maritime et continental des pays du golfe de Guinée

largo sensu..........................................................................................7

- Carte 3 : La position géostratégique du golfe de Guinée dans le monde.......12

- Carte 4 : Les accords militaires franco-africains depuis 2002.........................90

2- Liste des photos

- Photo 1 : Les marins américains au large du golfe de Guinée...................81

- Photo 2 : Le vaisseau USS Emory S. Land qui a patrouillé le golfe de

Guinée en février 2005..................................................................81

- Photo 3 : Un déploiement aéronaval américain en haute mer.....................82

- Photo 4 : Le Jules Verne au large du golfe de Guinée.....................................82

LISTE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : Production et projection pétrolière des pays du golfe de Guinée

de 1990 à 2033...........................................................................123

ANNEXE 2 : Structure et organisation des acteurs institutionnels qui

interviennent dans le fonctionnement du RECAMP...............124

ANNEXE 3 : Le ``don japonais'' et la construction des écoles au

Cameroun.................................................................125

ANNEXE 4: Les initiatives militaires américaines en Afrique depuis 2002....126

ANNEXE 5: Caricature des paradoxes du pipeline Tchad-Cameroun..........127

ANNEXE 6 : Caricature des rivalités occidentalo-chinoises en RDC...........127

ANNEXE 7 : Discours d'ouverture de Hu Jintao lors du sommet Sino-africain

du 4 au 6 novembre 2006............................................................128

RESUME

Avec pour thème `` Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain : le cas du golfe de Guinée (2001-2008). Une approche des usages géostratégiques de la diplomatie'', le présent mémoire porte sur les enjeux de la recrudescence des initiatives des puissances dominantes en direction de l'Afrique. Avec pour cadre d'étude le golfe de Guinée, creuset de ces initiatives depuis le début des années 2000, il s'interroge sur les logiques géopolitiques et la rationalité stratégique qui les sous-tendent et constate que celles-ci reposent sur la configuration géographique et géospatiale de cette région.

A travers une documentation diversifiée, l'objet est de démontrer que les initiatives diplomatiques des puissances américaines, européennes et asiatiques en terre africaine visent sa transformation au mieux de leurs intérêts politiques et stratégiques. Ainsi, son intérêt est qu'il permet d'aller au-delà des enjeux pétroliers, sécuritaires et humanitaires de ces initiatives comme il a été jusque là démontré pour les appréhender comme des modus operandi géostratégiques. En ce sens, l'écart entre les logiques libérales avancées pour les légitimer et les buts réalistes poursuivis fait du golfe de Guinée une région travaillée par l'enchevêtrement de plusieurs dispositifs de projection, d'opérationnalisation et d'ancrage des stratégies de puissance. Sa position stratégique et les conflits d'intérêts induits de la multiplicité des puissances qui s'attachent à l'occuper et à le contrôler conduisent à l'ériger en glacis géostratégique.

Enfin, au confluent de la globalisation dans laquelle le continent peine à s'intégrer malgré l'immensité de ses ressources et son intérêt stratégique, cette étude amène à poser l'impératif d'une veille stratégique face l'émerveillement et l'euphorie avec lesquelles les leaders africains accueillent ces initiatives.

ABSTRACT

Entitled ``Diplomatic initiatives and the occupation of the African space: the case of the gulf of Guinea (2001-2008). A geostrategic approach of diplomatic practices'', the present work focuses on the stakes of the outbreak initiatives of great powers in Africa. Having as target the study of the gulf of Guinea, blend to these initiatives since the beginning of 2000 years, it examines the geopolitical logics and the strategic rationality which channels them and observes that from 2001 to 2008 these hinge on the geographic and the geospatial configurations oh this region.

Through a diversified documentation, the objective is to outline that the initiatives of the American, European and Asian powers in Africa soil, aims at placing this continent at the service of theirs political and strategic interests. Thus, it interest is that it permits to overstep oil, security and humanitarian stakes like studies has shown today, and analyse them like geostrategic modus operandi. In this line therefore, the gap between liberal logics put out to legitimate them and the realist objectives that they pursue shows that the gulf of Guinea is built-up by an interposition of several devices of projection, of the power strategies operatinalisation and the fixation. Her strategic position and the antagonisms coming from the multiplicity of powers that aim at occupying and controlling it lead to erect it and geostrategic glacis.

After all, on the confluent of the globalisation in which the integration of Africa remain hypothetic despite the multiplicity of her resources and her strategic interest, this study enunciate as imperative strategic watch over, opposite the wonder and euphoria on which the African leaders welcome theses initiatives.

INTRODUCTION GENERALE

L'histoire de l'Afrique montre qu'elle a longtemps été l'axe majeur des projections géopolitiques et géostratégiques des grandes puissances1(*). De cette considération, la recherche des mobiles qui président à l'érection du golfe de Guinée en terre de prédilection des initiatives diplomatiques des grandes puissances justifie le choix et la pertinence de ce sujet.

I- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET ET DE SON INTERET

Le choix de ce sujet part de l'émerveillement avec lequel les pouvoirs publics africains accueillent les plénipotentiaires des puissances occidentales et asiatiques en projection dans leurs territoires. Or s'il est admis que la géostratégie - bien qu'ayant pour champ d'application initial la guerre - peut aussi être appliquée en temps de paix2(*) et que la diplomatie représente l'instrument privilégié des relations internationales dans ce contexte, il s'avère pertinent d'envisager les initiatives diplomatiques en terre africaine sous un angle géostratégique. En réalité, l'action géostratégique n'est plus le seul apanage des chefs militaires. En tant qu'étude, la préparation et la coordination stratégique et logistique des différents théâtres, envisagés dans leur relation avec les configurations spatiales3(*), la géostratégie peut aussi porter sur l'acquisition des facteurs géostratégiques par des transactions diplomatiques4(*) et des entreprises militaires qui, bien qu'étant parfois non-géostratégiques c'est-à-dire opérant sur un théâtre unique, peuvent poursuivre des objectifs géostratégiques5(*).

De ce fait, l'inscription des initiatives diplomatiques dans des actions géostratégiques peut permettre l'explication des projections des grandes puissances tant dans les régions stratégiques ou sur les ressources stratégiques6(*). Dans cette optique, il est indispensable de réfléchir sur les usages géostratégiques de la diplomatie dans l'occupation d'un espace géopolitique donné. Cependant, si les usages géopolitiques de la diplomatie ont largement été étudiés, ceux de la géostratégie ne semblent pas avoir trop préoccupé les chercheurs. En réalité, privilégiant la coopération et la diplomatie sous réserve de l'utilisation de la force, la géopolitique a nourri plusieurs études scientifiques sur le déploiement des acteurs internationaux en relations internationales7(*). Il en est résulté une marginalisation systématique de l'inscription des logiques stratégiques dans la diplomatie8(*), soutenue par l'antinomisme déclarée de leurs fondements épistémologiques. Certains auteurs n'ont pas manqué de dresser une frontière assez rigide entre géostratégie et diplomatie laissant entrevoir la logique de belligérance et de coercition pour la première et celle de négociation et d'influence pour la deuxième9(*). Or « la diplomatie peut recourir à la violence et l'usage de la force n'exclut pas les transactions diplomatiques » 10(*).

Remarquable à bien des égards, cette perception était donc réductive de la diplomatie à son stade classique où elle ne servait qu'à représenter le prince dans un tiers Etat11(*). De nos jours où la transnationalisation, induite de l'irruption de nouveaux acteurs internationaux et de la révolution des NTIC rendent caducs tout enfermement scientifique ou théorique, l'analyse laisse entrevoir dans l'enchevêtrement des évènements politiques, militaires, économiques et technologiques, l'impératif d'un renouvellement des usages et des pratiques.

L'étiolement des frontières entre disciplines s'avère plus systématique et rend possible la mitoyenneté et la transhumance des usages d'une discipline dans une autre suivant les objectifs à atteindre. Les partenaires de l'Afrique semblent l'avoir mieux compris pour ce qui est des habillages de leurs projections géostratégiques qui passent désormais plus par des initiatives diplomatiques. Cependant, si la géostratégie est au préalable « un art et une discipline dont le but ultime vise la transformation de l'espace au mieux des intérêts de la puissance qui s'en sert »12(*), en temps de paix, elle raisonne en termes de glacis ou vise la réalisation des démarches géopolitiques d'un Etat, tout en empêchant l'aboutissement de celles des Etats adverses.

Considérer les enjeux que représentent les facteurs géographiques dans la définition et la conduite des initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée présente de ce fait un intérêt euristique appréciable, tant elle amène à s'interroger sur les usages géostratégiques des initiatives diplomatiques en terre africaine. Au plan scientifique, à partir des postulats d'une géostratégie en temps de paix, elle permet d'appréhender les stratégies de projection, d'occupation et de contrôle de l'espace africain ; opérant ainsi une rupture avec l'opinion courante qui a tendance à les appréhender comme des initiatives d'altruisme destinées à renforcer ce que des slogans relayent comme ``coopération gagnant-gagnant'' ou encore ``coopération fructueuse''. Il s'agit de les appréhender comme des instruments de géopolitique et de géostratégie car « si la géopolitique dit ce qu'il faut acquérir ou conserver, la géostratégie dit si cela est possible, comment et avec quels moyens »13(*).

II- OBJET ET CHAMP D'ETUDE

Travailler sur le golfe de Guinée relève à la fois des éléments géographiques (A), des données matérielles qui font de lui un enjeu géopolitique (B) et géostratégique (C) représentatif des initiatives d'occupation et de contrôle de l'espace africain.

A. Le cadre géographique du golfe de Guinée

Le Golfe de Guinée est une aire imprécise de l'espace maritime et continental contiguë au littoral ouest-africain. L'absence d'une délimitation conventionnelle laisse libre choix aux chercheurs. De ce fait, certains optent pour une représentation restrictive allant du cap des Palmes au Libéria jusqu'au cap Lopez Gabon14(*) . D'autres adoptent pour une délimitation institutionnelle et se limitent aux huit Etats membres de la Commission du Golfe de Guinée (CGG)15(*).

Les pays membres de la Commission du Golfe de Guinée

CARTE 1 : Le Golfe de Guinée du point de vue institutionnel

Source : Réalisée à partir d'une carte de l'Afrique publiée dans le site

http://www.afriqueindex.com/articles/carte-afrique.htm, consulté le 4 juillet 2009

Enfin, d'autres optent pour une représentation géopolitique et limitent le golfe de Guinée aux pays pétroliers du littoral ouest-africain (de la Côte d'Ivoire en Angola)16(*). Or si étymologiquement un golfe est « une partie de la mer qui avance dans les terres »17(*), ces délimitations s'avèrent être des représentations galvaudées de la région, en tant que rentrant marin dans un domaine continental ouvert ou fermé par un goulet. A l'observation, l'entrant du golfe de Guinée commence en amont vers la Guinée Bissau. Ainsi, dans le cadre de cette étude, nous avons adopté une vision géographique du golfe de Guinée, c'est-à-dire de la Guinée Bissau au sud de l'Angola. Il englobe les domaines maritime et continental de ces deux pays, de la Guinée Conakry, de la Sierra Léone, du Libéria, de la Côte d'ivoire, du Ghana, le Togo, du Bénin, du Nigeria, du Cameroun, de la Guinée équatoriale, de Sao Tomé et Principe, du Gabon, du Congo et de la RDC. Ces pays regorgent d'importants atouts géopolitiques qui sont la source des convoitises multiformes18(*).

Délimitation extensive des pays du golfe de Guinée

CARTE 2 : Domaine maritime et continental des pays du golfe de Guinée largo sensu

Source : Réalisée à partir d'une carte de l'Afrique publiée dans le site

http://www.afriqueindex.com/articles/carte-afrique.htm, consulté le 4 juillet 2009.

B- Le golfe de Guinée: un cadre de choix dans la géopolitique des ressources stratégiques d'Afrique

Le golfe de Guinée occupe une position particulière en Afrique. Sa singularité géopolitique découle autant de sa configuration territoriale que de la multiplicité de ses ressources. Celles prises en compte dans le cadre de cette étude sont celles qui ont une portée stratégique c'est-à-dire celles qui entretiennent un lien direct avec la formation, le perfectionnement et la pérennisation de la puissance des Etats contemporains. Ce sont notamment les hydrocarbures, les ressources minières, forestières et halieutiques.

B. 1- Les hydrocarbures

Les hydrocarbures désignent les matières premières d'origine organique qui sont composées de molécules d'hydrogène et d'atomes de carbone. Ce sont le pétrole, le gaz naturel, l'uranium, l'étain et le cobalt.

1-1- Le pétrole

Le pétrole est de nos jours au centre des enjeux géopolitiques contemporains. Son importance stratégique découle de son apport aux vecteurs de puissance dont l'économie, l'industrie et la sécurité comptent parmi les plus indéniables. Cependant, s'il est reconnu que le Moyen Orient demeure le pôle majeur de l'exploitation de l'or noir, l'instabilité et l'insécurité croissante qui y règnent ont posé l'impératif de la recherche d'autres pôles pétroliers à travers le monde. En Afrique, les réserves de pétrole19(*) se chiffrent à 80 milliards de barils soit 8% des réserves mondiales estimées à 143 milliards de barils20(*). Le Golfe de guinée regorge plus du quart des réserves africaines avec plus de 24 milliards de barils, produits principalement par le Nigeria, l'Angola, la Guinée Equatoriale, le Gabon, le Cameroun et le Congo21(*). Cependant, les explorateurs pétroliers estiment que dans une décennie, la production de cette sous-région connaîtra un véritable boom22(*) eu égard à la mise en exploitation de certaines réserves jusque là inexploitées.

Par ailleurs, d'après Damian Ondo Mané23(*), le pétrole du golfe de Guinée regorge d'un avantage comparatif par rapport à celui de l'Asie centrale ou d'Amérique latine. Avec une densité située entre 30 et 40° API, c'est un pétrole de très bonne qualité, off shore, peu lourd et doté d'une teneur en souffre très faible. De plus, la situation géographique du golfe de Guinée la rapproche plus de l'occident que l'Asie centrale. Enfin, son exploitation est exempt des voies maritimes étroites plus connues sous le vocable de ``passages obligés'' dont les plus périlleux sont le détroit d'Ormuz qui relie le golfe Persique au golfe et la mer d'Oman, le détroit de Malacca qui relie l'Océan Indien à la mer de Chine septentrionale et à l'océan pacifique, le détroit de Bab el-Mandab la mer Rouge au golfe d'Aden et à la mer d'Oman, le canal de Panama l'océan pacifique à l'océan Atlantique via la mer des Caraïbes, le canal de suez la Méditerranée à la mer Rouge et enfin le détroit de Bosphore la mer Noire à la Méditerranée.

1-2-Le gaz naturel

Au même titre que le pétrole, le golfe de Guinée regorge d'importantes réserves de gaz naturel. Sur les 8% des réserves mondiales qu'abrite le continent africain, le quart se localise dans le golfe de Guinée24(*). Le pays le plus nantie de la région est le Nigeria, deuxième exportateur africain du gaz naturel liquéfié après l'Algérie. Ensuite, s'illustre le Cameroun dont les réserves du bassin du Rio del Rey et de Douala/kribi-Campo sont estimées à 500 milliards de m3 par Didier Planche et Jean Vincent Tchienehom 25(*). Ces réserves font du Cameroun le 5e producteur africain26(*). Enfin, le Congo, l'Angola et la Guinée Equatoriale sont pourvus des réserves non négligeables27(*).

C. 1-3- Les autres hydrocarbures et les ressources minières : le cas au

D. Cameroun28(*)

E. Il s'agit ici des hydrocarbures solides (cobalt, étain, rutile, etc.). Ils sont d'origine minière et servent dans l'électronique de précision ou de guidage des vecteurs nucléaires ou balistiques. Ces ressources sont aussi présentes dans le golfe de Guinée. Au Cameroun, les réserves de cobalt sont estimées à 250 millions de tonnes et sont localisés à Lomié. De plus, le pays possède après la Sierra Léone la deuxième réserve mondiale de rutile estimée à 3 millions de tonnes.

F. Pour ce qui est des minerais, les trois importants gisements de bauxite de Ngaoundal, de Fongo-Tongo et de Minim- Martip avec des réserves estimées à 120 millions, 50 millions et plus d'un million de tonnes respectivement; illustrent le potentiel minier du Cameroun ; l'ensemble étant doté d'une teneur d'alumine d'environ 47°/°. Les réserves de fer à Mbalam et à Kribi dans la Région du Sud sont estimées à près d'un milliards de tonnes. On a du marbre à Bidzaret à Biou, du calcaire à Figuil (600 mille tonnes) ; de l'or dans les Régions du Sud, de l'Est, de l'Adamaoua et du Nord. Le plus important gisement se trouve à Bétaré Oya avec plus de 3 tonnes. Enfin, la société sud-coréenne C&K a mis en évidence l'existence d'un gisement de diamant à Mobilong dans la Région de l'Est, avec une valeur estimée de 740 millions de carats. Ce gisement représente cinq fois la production mondiale si les recherches de certification en cours confirment les estimations29(*). Enfin, au delà des usages de l'or et du diamant dans l'esthétique, ces minerais servent aussi dans la mise au point des satellites artificiels, à la fabrication des téléphones portables et des autres matériaux de télécommunication30(*).

G. 2- Les ressources forestières et le potentiel hydraulique

Le golfe de Guinée abrite le bassin du Congo qui est la deuxième réserve forestière du monde après l'Amazonie. Pourvue d'une faune et d'une flore diversifiées, l'écosystème de cette région du monde représente un facteur indéniable dans les politiques de lutte contre le réchauffement planétaire d'actualité. De même, le golfe de Guinée est traversé par d'importants fleuves dont le Sénégal, le Niger, le Wouri, la Sanaga et le Congo; véritables pôles hydroélectriques d'Afrique. Enfin, cette région bénéficie d'une large ouverture sur la mer offrant d'immenses atouts pour la pêche et un vaste réseau portuaire. Et si le golfe de Guinée représente un cadre privilégié dans la géopolitique africaine, il représente aussi un enjeu géostratégique indéniable.

C- La position géostratégique du Golfe de Guinée 

Le Golfe de Guinée englobe un espace maritime et continental dont l'enjeu géostratégique relève à la fois de cette configuration géographique et de l'avantage comparatif que regorge l'exploitation de ses ressources par rapport aux autres régions du monde31(*). Espace-pivot entre l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique méridionale, il constitue le pôle de convergence des importations et des exportations par la façade occidentale de l'Afrique. Une vaste région côtière d'environ 250 000 km fait du golfe de Guinée une synthèse des facteurs géoéconomiques, pétroliers, miniers et sécuritaires d'Afrique. Enfin, du point de

vue de la géostratégie des océans, le golfe de Guinée abrite une diversité de reliefs et d'atolls marins pouvant servir d'espaces de repli aux forces navales et aéronavales en cas de grande guerre32(*).

Le golfe de Guinée est de ce fait à la fois un véritable rimland et un heartland33(*) africain, justifiant la parodie que Damien Georges Awoumou fait à la célèbre maxime de Mackinder34(*), « qui tient le golfe de Guinée tient l'Afrique»35(*). Ce continent étant de tout temps placé au coeur des intérêts géopolitiques des puissances américaines, européennes et asiatiques, on peut légitimement ajouter que ``qui tient l'Afrique commande en partie le monde''. Enfin, si la géographie demeure un savoir-penser l'espace (comme cadre), la géopolitique une politique de l'espace (comme enjeu) et la géostratégie une stratégie de l'espace (comme théâtre)36(*), le golfe de Guinée s'inscrit dans cette trilogie et justifie la représentativité de son choix comme cadre d'étude des stratégies d'occupation et de contrôle de l'espace africain.

III-CLARIFICATION DES CONCEPTS ET DELIMITATION DU SUJET

Quatre concepts structurent notre sujet : les initiatives diplomatiques, l'occupation de l'espace, les usages géostratégiques et la diplomatie. La précision des contenus qu'ils revêtent dans cette étude permet de mieux délimiter notre champ de recherche.

Pour ce qui est de la notion d'initiatives diplomatiques, il convient au préalable de définir le concept de diplomatie pour mieux l'appréhender. Notion polysémique, la diplomatie désigne à la fois tout ce qui a trait à la politique étrangère ; envisagée d'une part comme l'ensemble des procédés et des mécanismes au moyen desquels celle-ci est définie et menée et d'autre part comme l'activité du diplomate37(*). La diplomatie traduit donc à la fois un art nécessitant des qualités précises, dont le sang froid, la prudence, le discernement, la précision dans les actes et la discrétion. Cependant, si les Etats disposent des centaines d'unités diplomatiques disséminées à travers le monde et se projettent d'une manière régulière en relations internationales au travers de leurs représentants, c'est sans doute parce qu'ils sont guidés par des logiques géopolitiques et géostratégiques résumées dans la triple déclinaison de la représentation, de la négociation et du renseignement38(*). Ainsi, nous entendons par initiatives diplomatiques toute projection des puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée. Elles englobent les visites d'hommes d'Etat, d'envoyés spéciaux civils ou militaires, l'action des chefs de missions diplomatiques accrédités, les grandes rencontres diplomatiques avec les leaders de la région et l'initiation des accords de coopération économique et sécuritaire. Est donc exclu de ce champ d'investigation l'ensemble des contacts transnationaux entre organisations, individus et réseaux divers.

Cependant, parler des puissances extra-africaines renvoie à tous les Etats du monde exceptés ceux africains; ce qui ne circonscrit nullement notre champ d'étude. De ce fait, nous n'avons retenu que les Etats les plus représentatifs et offensifs tels que les Etats-Unis et le Brésil pour le continent américain ; la France et l'Angleterre pour l'Europe ; la Chine, l'Inde et le Japon pour l'Asie. Les Etats de l'Océanie n'ont pas été pris en compte. 

Pour ce qui est du concept d'occupation de l'espace, il renvoie à la mise en disposition de l'espace géographique ; envisagé au triple plan terrestre, maritime et aérien. Il s'agit des stratégies de transformation de cet espace au mieux des intérêts des puissances qui s'y projettent. En ce sens, le concept d'occupation de l'espace s'inscrit dans le champ d'application de la géostratégie, définie comme « une stratégie fondée sur l'exploitation systématique des possibilités offertes par les grands espaces en termes d'étendue, de forme, de topographie, de ressources de tous ordres »39(*). Les usages géostratégiques désignent donc les manoeuvres qui visent à placer ces espaces au service d'un intérêt politique et stratégique.

Enfin, les bornes chronologiques du sujet méritent d'être clarifiées. L'année 200140(*) est celle du repli des Etats-Unis vers les hydrocarbures du golfe de Guinée suite aux attentats du 11 septembre et de la montée de l'insécurité au Moyen Orient, jusque là pôle privilégié de son industrie pétrolière. Cette date marque aussi la ruée des puissances émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil. L'année 2008 n'est qu'une borne de convenance. L'étude d'un passé trop récent étant toujours plein d'écueils car trop hâtif, elle permet d'opérer un recul dans le temps41(*) pour mieux cerner les rapprochements entre les initiatives diplomatiques des grandes puissances et l'occupation du golfe de Guinée.

IV- REVUE DE LITTERARTURE ET ETAT DE LA QUESTION

Les études qui ont été menées jusqu'ici sur le golfe de Guinée ont épousé trois principales approches. La première s'est évertuée à mettre en perspective ses enjeux pétroliers, objet de convoitises multiformes. Ici, l'objet est de statuer sur les risques conflictogènes du pétrole, ``ressource de la discorde'' eu égard à l'enchevêtrement des intérêts des puissances en place et de s'interroger sur les politiques susceptibles de soustraire la région de ces risques42(*).

La deuxième approche dépasse le stade des appréhensions, statue sur la pauvreté et la conflictualité pétrolière à l'oeuvre dans les pays du golfe de Guinée, étudie ses causes et propose comme stratégie de sortie de ce bourbier, l'acquisition d'une autonomie politique et stratégique ainsi que la promotion de la démocratie43(*), la socialisation des ressources pétrolières et la rationalisation de sa gestion44(*), la vitalisation de la Commission du Golfe de Guinée et la mise sur pied des politiques de sortie de crise et de conciliation des parties en conflit45(*).

Enfin, la troisième approche met en évidence les rivalités entre les puissances occidentales et asiatiques dans le Golfe de Guinée46(*). Elle se rapproche de cette étude mais souffre de trois handicaps au moins. D'abord, elle demeure liée au paradigme du ``pétro-conflit'' et limite les projections des puissances en place à l'exploitation pétrolière. Or le pétrole n'est pas le seul enjeu du golfe de Guinée. Ensuite, elle utilise à tort et à travers les concepts de géopolitique et de géostratégie donnant l'allure d'un effet de mode et méconnaît l'instrument de projection ou l'habillage des stratégies des acteurs en place en l'occurrence ce que nous entendons par initiatives diplomatiques. De plus, les études de cette approche sont pour la plupart des articles de journaux ou d'Internet dotés d'une valeur publicitaire et marchande, posant en grands titres des analyses conjoncturelles circonscrites dans un cadre temporel du ``fait de l'heure, du jour ou du mois''. Or l'analyse stratégique est essentiellement dynamique47(*). Ces insuffisances justifient la pertinence de la problématique de cette étude.

IV- PROBLEMATIQUE

L'analyse du système international amène à voir que la réalisation des politiques de puissance des Etats contemporains nécessite le contrôle des zones stratégiques et l'optimisation de certaines ressources dont l'inégale répartition sur la planète annihile toute évolution autarcique. Pour cela, ils doivent se projeter en relations internationales pour combler leurs multiples déficits ou pour construire et maintenir leur puissance. De ce fait, les régions du globe qui sont dotées d'une position stratégique ou qui abritent ces ressources sont dans la ligne de mire des politiques et stratégies de puissance des acteurs majeurs du système international. En conséquence, les initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée sont- elles une production normale des rapports interétatiques ou la téléonomie d'une course vers ses facteurs géographiques? Par une approche géostratégique, peut-on les appréhender comme des stratégies de transformation de cet espace au mieux des intérêts politiques, économiques et stratégiques des puissances qui s'y projettent ? En d'autres termes, ces initiatives ne vont- elle pas au-delà de la diplomatie libérale édulcorée des liens de coopération et d'amitié pour s'inscrire dans des logiques géopolitiques et géostratégiques ? Enfin, le golfe de Guinée n'est-il pas de ce fait un théâtre d'affrontements ; sorte de glacis géostratégique des grandes puissances ? L'ensemble de ces interrogations gravite autour des enjeux géostratégiques des initiatives diplomatiques des grandes puissances dans le golfe de Guinée.

V- HYPOTHESES DE RECHERCHE

L'intellection des initiatives diplomatiques des puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée peut se fonder sur les facteurs géographiques de cette région48(*). De ce fait, l'hypothèse centrale de cette recherche est que les relations entre les pays du golfe de Guinée et les puissances étrangères sont motivées par des impératifs géopolitiques qui font appel aux projections géostratégiques sous le couvert d'initiatives diplomatiques. Si elles les multiplient dans le golfe de Guinée, c'est en référence aux multiples atouts de cette région.

En conséquence, celles-ci viseraient soit la refonte de l'exploitation de cet espace, soit le maintien du statu quo sur leurs acquis. Il en découle l'inscription de leurs initiatives dans des actions géostratégiques puisque la multiplicité des acteurs crée le conflit et les rapports de forces qui les placent dans une dialectique des intelligences. Enfin, parler des usages géostratégiques revient à inscrire ces initiatives dans les invariants géostratégiques auquel cas toute tentative d'intelligibilisation à l'oeuvre s'avèrera vaine. A cet effet, les projections diplomatiques conduisent à la théâtralisation du golfe de Guinée, laissant entrevoir un glacis pour les acteurs majeurs du système international.

VI- BUTS ET OBJECTIFS DE L'ETUDE

Cette étude répond au préalable à une ambition académique ; celle d'apporter une contribution à l'étude des relations qu'entretiennent les Etats africains en général et plus particulièrement du golfe de Guinée avec le monde extérieur.

Par une approche géostratégique, il est question de lever le voile sur les enjeux de ces rapports pour comprendre les logiques qui les affectent. Toutefois, nous visons un but scientifique fort modeste, notamment démontrer que les initiatives diplomatiques des puissances dominantes du système international sur le continent africain sont des modus operandi géostratégiques. L'objet est de susciter auprès des hommes politiques un éveil stratégique par rapport à toute projection diplomatique étrangère en terre africaine. Cette étude se veut donc un regard stratégiste sur les initiatives diplomatiques des puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée. Enfin, nous pensons que tous ceux qui s'intéressent à la géopolitique et à la géostratégie pourront s'y référer et y trouver quelques intérêts.

VII- CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES

La méthodologie est « la procédure d'une science c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable »49(*). Permettant au chercheur de transcender les obstacles que Gaston Bachelard qualifiait d'épistémologiques50(*), elle se recoupe avec la méthode51(*) avec qui elles représentent le fondement de la scientificité de toute étude. Ainsi envisagé, le cadre méthodologique qui a guidé cette étude englobe à la fois un cadre théorique (A) et des outils de collecte et de traitement des données (B).

A- Le cadre théorique

Le cadre théorique fait référence aux différentes théories qui ont été convoquées pour répondre à la problématique de cette étude. Une théorie étant un ensemble systématisé d'idées et de lois émises d'une manière logique et soumise à une vérification expérimentale afin d'établir la vérité d'un système scientifique52(*), le cadre théorique permet de ce fait de fixer le réel scientifique, de l'analyser, de le comprendre et de l'interpréter. En ce sens, le choix d'une théorie ne peut être neutre car s'organisant autour d'un objet d'étude, des concepts et des hypothèses que la recherche doit pouvoir valider ou infirmer. Ainsi, deux approches théoriques ont guidé cette étude : le libéralisme et le réalisme. Le recours exclusif à ces deux théories peut susciter quelques reproches53(*), mais elles cadrent mieux avec l'objectif de cette étude ; celui de montrer comment dans le golfe de Guinée les grandes puissances font passer des objectifs réalistes donc géostratégiques sous un habillage libéral, la diplomatie.

1- Le Libéralisme54(*) pour comprendre les initiatives diplomatiques

Le libéralisme est un courant de pensée né de ``l'Europe des Lumières'' avec comme fondement les principes de liberté et de responsabilité individuelle. Il repose sur l'idée que chaque Etre humain possède des droits inaliénables et, à cet effet, les libéraux entendent limiter au profit du libre choix de l'individu les obligations imposées par l'Etat ou par les autres formes de pouvoir quelques soient leur forme et leur mode de désignation.

Il a été appliqué aux relations internationales et théorisé par des auteurs comme John Locke (1632-1704), Montesquieu (1689-1755), Adam Smith (1723-1790), Emmanuel Kant (1724-1804), Jeremy Bentham (1748-1832), David Ricardo (1727-1823), Richard Cobden (1804-1865), Thomas Woodrow Wilson (1856-1924), Norman Angell, Robert Kehoane, David Mitrany, etc. Prenant l'individu comme principal unité d'analyse, ces auteurs insistent sur la primauté des rationalités individuelles dans les relations internationales et dans le domaine politique et économique. L'Etat quant à lui ne doit se limiter qu'à la création et au maintien des conditions propices aux échanges. En ce sens, il doit se focaliser sur la représentation et la défense des intérêts de sa population sur la scène internationale sous le couvert du libéralisme républicain, commercial ou institutionnel55(*).

Cette approche critique la perception pessimiste qu'ont entre eux les Etats et remet en cause la finalité et le fondement des systèmes d'alliance et le développement militaire qui ont entrainé la société internationale dans la spirale apocalyptique de la course aux armements56(*). Elle souligne la volonté des Etats à coopérer pour le bien être de leurs peuples suivant les principes d'équité, de justice et d'interdépendance.

Appliquée à cette étude, les initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée, revêtent manifestement ces principes. A entendre les plénipotentiaires extra-africains et les commentateurs de la vie publique, il est question chaque fois de ``revivifier'' les liens de coopération et d'amitié qui existent entre le pays hôte et le pays d'accueil ; coopération qu'on s'empresse de proclamer ``forte'', ``fructueuse'' ou ``gagnant-gagnant''. Il en découle un discours essentiellement tourné vers la réception hospitalière et euphorique de ``l'étranger'' et une appréhension éthique et philanthropique de ses initiatives.

Au delà de cet idéalisme, la théorie réaliste amène plutôt à voir dans ces initiatives des projections géostratégiques au travers de la diplomatie libérale.

2- Le réalisme pour comprendre les usages géostratégiques de la diplomatie

Issue des observations des auteurs tels que Thucydide (460-400 avt. J-C), Nicolo Machiavel (1469-1527), Thomas Hobbes (1588-1679), Carl Von Clausewitz (1780-1831), Raymond Aron (1905-1983), Andrew Moravcisk, Hans Morgenthau, Kennet Waltz et Henry Kissinger, l'approche réaliste s'adapte mieux à toute analyse stratégique.

Parler du réalisme, c'est évoquer un certain nombre de postulats qui sont pour ses théoriciens consubstantiels aux relations internationales. Référence est faite ici à l'Etat comme acteur privilégié des relations internationales ; la recherche de la puissance et de l'intérêt individuel, source d'anarchie de la société internationale et enfin l'équilibre de terreur comme seul stabilisateur des relations interétatiques57(*). Les réalistes se fondent sur l'appréhension des rapports entre groupes sociaux et politiques tels qu'ils sont au-delà de ce qu'on voudrait qu'ils soient au nom d'un certain idéal comme formulé par les libéraux. Il s'agit comme disait George Washington (1732-1799) « de ne croire aucune nation au delà de son intérêt »58(*). Or si chaque Etat poursuit au travers de ses représentants son propre intérêt dit ``national'', il se confronte au même désir de la part des autres Etats ; d'où le conflit. Dans ce contexte et au-delà du caractère pluriel de la théorie, les réalistes préconisent la lucidité de l'action à la spéculation normative, moraliste et institutionnelle des libéraux.

Placées sous cet angle, les initiatives diplomatiques des puissances dominantes du système international ne sont point d'actes de charité. Ce sont des initiatives stratégiques qui pour Joseph Vincent Ntuda Ebodé visent trois objectifs majeurs : « transformer les situations défavorables en situations favorables ; créer des opportunités et maintenir le statu quo »59(*). La théorie réaliste permet de ce fait de rendre au mieux les mobiles de tout projet de politique étrangère ainsi que les moyens qui sont mis en oeuvre pour le réaliser. Elle sera le principal socle paradigmatique de cette étude.

B- Les outils de collecte et d'analyse des données

Bien que privilégiant le domaine de recherche à l'oeuvre ici en l'occurrence la géostratégie, cette étude essaie d'opérer un syncrétisme méthodologique à partir des méthodes de collecte et de traitement de données usitées en sciences sociales.

1- La recherche documentaire et les techniques de recherche empirique comme outils de collecte de données

La recherche documentaire est un moyen d'investigation qui s'appuie sur la collecte des documents laissés par les acteurs, les témoins ou les analystes d'un fait. Elle a été menée dans les centres documentaires60(*) où des documents afférents au sujet ont été consultés. Ceux-ci comprennent des ouvrages, des articles scientifiques, des thèses, des mémoires, des usuels et des documents d'Internet. Cependant nous ne pouvons prétendre avoir mis la main sur tous les documents portant sur notre sujet ; la plupart des données diplomatiques étant généralement frappées du sceau de la confidentialité. Ainsi, avons-nous parfois recouru à la méthode inductive pour opérer des généralisations à partir des groupes d'intérêts.

Pour ce qui est des techniques de recherche empirique, nous avons recouru

à l'observation directe61(*). En tant que méthode de collecte de données qui procède par un regard de nature très générale et le plus neutre que possible, elle s'adapte à toute étude stratégique puisqu'elle permet d'appréhender les manoeuvres d'un acteur telles qu'elles se présentent et non sous un quelconque conditionnement. Il a donc été question de suivre et d'observer le déploiement des acteurs en question, de pénétrer les contours et la dynamique de leurs initiatives pour cerner les enjeux.

2- Méthodes d'analyse des données

Les données recueillies ont été traitées à partir d'une analyse synchronique. Elle a permis une démonstration à partir de l'analyse thématique des initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée. Toutefois, priorité a été donnée au prisme géopolitique et géostratégique. D'après Pascal Lorot, l'analyse géopolitique est

une méthode particulière qui repère, identifie et analyse les phénomènes conflictuels, les stratégies offensives et défensives centrées sur la possession d'un territoire sous le triple regard des influences du milieu géographique, pris au sens physique comme humain ; des arguments politiques des protagonistes en conflit, des tendances lourdes de continuités de l'histoire62(*).

Il s'agit ici d'une lecture des situations car pour chaque groupes d'initiatives elle conduit à

identifier les acteurs, analyser leurs motivations, décrire leurs intentions, repérer les alliances en gestation ou, au contraire, les alliances en voie de déconstruction, que ce soit au niveau local, régional, continental ou international63(*).

De ce fait, l'analyse géopolitique nous a permis de comprendre que les initiatives diplomatiques en direction de l'Afrique poursuivent moins les canons libéraux des relations interétatiques que la défense des intérêts économiques, sécuritaires et stratégiques, lesquels recomposent l'espace africain et sous-tendent de nouvelles logiques d'affrontements.

Pour ce qui de l'analyse géostratégique, elle a permis d'envisager le golfe de Guinée comme un théâtre dans lequel opèrent les grandes puissances. Nous avons ainsi pu cerner le poids de certaines données générales de stratégies (configuration géographique, distances, situation historique, politique, économique, démographique et les rapports de force) dans la définition, la conduite et les issues des initiatives diplomatiques dans cette région d'Afrique.

VII- PLAN DE L'ETUDE

Cette étude est construite autour de deux titres. Le premier s'intitule ``Impératifs géopolitiques, projections géostratégiques et opérationnalisation des stratégies de positionnement dans le golfe de Guinée''. Il analyse les logiques structurelles des initiatives diplomatiques des grandes puissances dans le golfe de Guinée en les interposant entre les logiques géopolitiques et les projections géostratégiques pour cerner leurs enjeux (Chapitre I). En ce sens, ces initiatives s'avèrent être les modus operandi des stratégies d'occupation et de contrôle de la région (Chapitre II).

Le Titre II ``Invariants géostratégiques, initiatives diplomatiques et théâtralisation du golfe de Guinée'' étudie la modélisation des postures de fixation stratégique dans la région (Chapitre III) ; construite au final en glacis géostratégique des puissances dominantes du système international (Chapitre IV).

TITRE I

IMPERATIFS GEOPOLITIQUES, PROJECTIONS GEOSTRATEGIQUES ET OPERATIONNALISATION DES STRATEGIES DE POSITIONNEMENT DANS LE GOLFE DE GUINEE

L'intelligibilité des enjeux des initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée par une approche géostratégique ne peut se réaliser que si on comprend au préalable les logiques qui les structurent et les modélisent. Dans cette perspective, ce titre repose sur deux idées essentielles, développées en chapitres.

Le premier chapitre s'intitule ``Initiatives diplomatiques dans le golfe de guinée : entre impératifs géopolitiques et projections géostratégiques''. Il a pour objet la mise en perspective des initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée et leur interposition entre les politiques de mise en disposition (politique de l'espace) et les stratégies de réalisation de ces politiques (stratégies de l'espace). Ce chapitre montre qu'avant d'être un théâtre géostratégique, le golfe de Guinée est d'abord un espace géographique savamment pensé et érigé en espace-enjeu suivant la trilogie de l'appréhension de l'espace64(*). De ce fait, si cette étude traite des usages géostratégiques de la diplomatie dans l'occupation et le contrôle de l'espace africain, il ne peut se départir des logiques épistémiques des sciences soeurs en l'occurrence la géographie et la géopolitique.

Le second chapitre ``Initiatives diplomatiques dans le golfe de guinée et opérationnalisation des projections géostratégiques en cheval de Troie'' traite de la fonctionnalité stratégique des initiatives diplomatiques dans la région. Il amène à voir par quels dispositifs les acteurs majeurs du système international procèdent pour rendre opérationnels leurs projets de puissance dans le golfe de Guinée. Ce chapitre montre de ce fait que les initiatives des puissances étrangères dans la région sont soient des stratégies offensives pour casser les verrous coopératifs préétablis, soient des stratégies défensives pour préserver et perpétuer les acquis.

CHAPITRE I

INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE DE GUINEE

ENTRE IMPERATIFS GEOPOLITIQUES ET PROJECTIONS

GEOSTRATEGIQUES

Nous entendons par impératifs géopolitiques l'ensemble des exigences politiques, économiques et sécuritaires qui, se posant de manière inconditionnelle à la construction et au maintien de la puissance des Etats, permettent de comprendre les mobiles de leurs initiatives sur la scène internationales. Les projections géostratégiques quant à elles désignent les procédés conscients et calculés au travers desquels les Etats se projettent en relations internationales pour placer certains espaces au service de leurs intérêts politiques et stratégiques. En ce sens, ce chapitre cherche à répondre à la question du pourquoi et du comment des initiatives des puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée. Il veut montrer que celles-ci cherchent à répondre aux impératifs géopolitiques qui se posent à ces puissances (Section I) et sont pour elles des instruments de projections géostratégiques (Section II).

SECTION I : LES INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE DE GUINEE COMME REPONSE AUX IMPERATIFS GEOPOLITIQUES

La finalité de toute analyse géopolitique est de comprendre les relations intrinsèques qui lient une politique et un espace donné à partir des données géographiques qui érigent cet espace en enjeu de puissance65(*). Par ce fait, la construction, le perfectionnement et le maintien d'une puissance66(*) peuvent être confrontés à des impératifs qui justifient la politique étrangère des Etats. De ce fait, la recherche des solutions à ces impératifs épouse de prime abord le canal des initiatives diplomatiques. En conséquence, l'analyse des enjeux géopolitiques de chaque puissance dans le golfe de Guinée révèle qu'elles cherchent à régulariser leurs manques géopolitiques et acquérir les facteurs de construction, de perfectionnement ou de maintien de leur puissance dans la société internationale.

Paragraphe 1 : La régularisation des manques géopolitiques, l'acquisition des facteurs de construction et de perfectionnement de puissance

Instrument de puissance67(*) et de sa matérialisation dans l'espace68(*), la géopolitique formulée en initiatives diplomatiques représente un des instruments majeurs qu'utilisent les unités politiques69(*) du système international pour se projeter au delà de leurs frontières et rechercher les ressources indispensables à leur développement et à l'épanouissement de leurs populations. Il convient donc de faire une étude au cas par cas des politiques de puissance des Etats pris en compte dans cette étude pour mieux appréhender les logiques géopolitiques qui sous-tendent leurs initiatives dans le golfe de Guinée.

A- La recherche d'autres pôles pétroliers et la lutte contre le terrorisme comme impératifs géopolitiques des Etats-Unis dans le golfe de Guinée

De la fin de la Guerre Froide à septembre 2001, la politique africaine des Etats-Unis était construite autour de trois axes : la promotion du libéralisme et de ses corolaires (économie de marché, démocratisation, Etats de droit), la résolution des conflits et la lutte contre le SIDA70(*). Cependant, les attentats du 11 septembre 2001 sur les tours jumelles du Wall Street Center ; manifestation de l'américanophobie et de l'insécurité grandissante dans le golfe Persique - zone de prédilection de l'industrie pétrolière américaine - allaient poser en impératif de survie géopolitique et sécuritaire l'adoption d'une nouvelle politique énergétique et l'endiguement de l'expansion du terrorisme.

Pour ce qui est du premier, les Etats-Unis avaient le choix entre réduire leur consommation du pétrole ou rechercher d'autres pôles d'approvisionnement. C'est cette dernière qui fut retenue car la première s'avérait suicidaire pour l'économie américaine. L'enjeu était donc de réduire la dépendance des Etats-Unis à l'or noir du golfe Persique. Ainsi, dès le début de l'année 2002, cet impératif fut le thème majeur de la réflexion dans les centres d'études politiques et stratégiques américaines dont l'Institute for Advanced Strategic and Political Studies (IASPS) faisait figure d'envergure71(*). Les analyses de cette institution firent de l'Afrique subsaharienne et plus particulièrement le golfe de Guinée, le nouveau pôle pétrolier américain. Ainsi fut mis sur pied à Washington l'African Oil Policy Group (AOPG) qui, dans sa première publication intitulée ``Afican oil : a priority of US national security and African development'' érigea le golfe de Guinée en ``zone d'importance stratégique'' pour la sécurité américaine ; adjoignant à Washington de se passer du pétrole de l'Orient car son importation finançait indirectement le terrorisme72(*). Dans le même ordre d'idée, Walter M. Kansteiner en sa qualité de Sous-secrétaire d'Etat chargé des dossiers africains, proclama dans une conférence organisée par l' IASPS le 25 janvier 2002 que le pétrole du continent noir était « devenu un intérêt stratégique national pour les Etats-Unis »73(*). De son côté, le sénateur républicain de l'Etat de Californie Ed Royce, président du sous-comité Afrique au sein du comité de la Chambre des Représentants pour les relations extérieures, déclarait que « le pétrole africain devrait être traité comme une priorité pour la sécurité nationale de l'après-11 septembre»74(*). Ces recommandations furent reprises et développées par d'autres revues américaines dont celle du Council of Foreign Relation et furent favorablement accueillies par le régime de Georges Walker Bush. Ainsi, dans une publication de la Quadrenal Defense Review (QDR), le Pentagone présentait le pétrole africain comme un enjeu stratégique pour les Etats-Unis75(*).

Pour ce qui est de l'endiguement du terrorisme et de l'extrémisme islamiste, l'impératif découlait autant de la réaction des Etats-Unis après l'attentat du 11 septembre que de la réponse à la détermination des islamistes à frapper les intérêts américains partout dans le monde. Déjà en 1998, les attentats simultanés de Dar es Salam en Tanzanie et de Nairobi au Kenya avaient montré qu'ils étaient capables de le faire en Afrique dont la pauvreté, les frustrations diverses, la corruption et la privatisation de la violence en faisaient un terreau propice au développement du terrorisme. Ainsi, dans ses publications la International Crisis Group76(*) démontrait la grandeur du risque de voir l'islamisme radical se développer dans les pays comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte au Maghreb ; au Nigéria, en Mauritanie, au Mali et au Niger en Afrique de l'Ouest ; au Soudan, en Ethiopie, Somalie, Tanzanie et au Kenya en Afrique de l'Est. L'endiguement du terrorisme en Afrique était donc un grand impératif pour les Etats-Unis d'autant plus que de nombreux experts y signalaient déjà la présence d'éléments d'al quaeda et que cette expansion pouvait s'internationaliser jusqu'au Golfe de Guinée et représenter un handicap à la nouvelle politique énergétique de Washington. L'acquisition du pétrole et sa sécurisation allaient donc de paire ; justifiant l'injonction du Vice-président Dick Cheney qui dans sa Politique nationale de l'énergie recommandait de faire de la sécurité énergétique une priorité de la politique commerciale et étrangère des Etats-Unis77(*). Cette ``pétrostratégie''78(*) a modifié la géopolitique africaine des Etats-Unis désormais structurée autour des modalités d'accès aux hydrocarbures et de leur sécurisation par lutte contre le terrorisme et l'extrémisme islamiste79(*).

Dans le golfe de Guinée, les Etats-Unis poursuivent donc trois buts majeurs : construire au travers d'initiatives diplomatiques et d'une panoplie de programmes humanitaires, économiques et sécuritaires leur hégémonie dans la région; y favoriser plus que par le passé le déploiement de leurs multinationales pétrolières80(*) ; sonner le glas des pré-carrés. La feuille de route est d'accroître de 15 à 25% les importations pétrolières en provenance de la région horizon 2015 et de réduire - suivant l'annonce faite par le président George W. Bush le 31 janvier 2006 - de plus de 75% les importations américaines de brut provenant du Moyen-Orient d'ici 202581(*).

B- La recherche des facteurs de soutien à la croissance comme impératif géopolitique des puissances émergentes dans le golfe de Guinée

La ruée des puissances émergentes (Chine, Inde et Brésil) en Afrique et dans le golfe de Guinée repose sur des impératifs économiques et démographiques. Pour ce qui est du premier, induit de l'ouverture vers une économie de marché et de la recherche des stratégies d'intégration dans la mondialisation, le début des années 2000 a marqué une montée fulgurante des économies de ces puissances. Déjà classée 7e puissance mondiale en 199982(*), la croissance économique de la Chine avait augmenté de 136% depuis 1990 et en 2002, l'agriculture ne représentait plus que 18% de son PIB, le secteur tertiaire était monté à 32% tandis que le taux de l'épargne privée s'évaluait à plus de 40% si l'on s'en tient aux données de Fredy Mulongo83(*).

En Inde, l'industrialisation, le développement de l'électronique et des nouvelles technologies ont réduit de 28% l'apport de la paysannerie au PIB. La croissance était de 4,8% en 2001et augurait des meilleures perspectives84(*).

Plus proche du golfe de Guinée que toute les autres acteurs, le Brésil a atteint un taux de croissance de 4,2% et la modernisation de l'agriculture, le développement de l'électronique, de l'industrie alimentaire, chimique et métallurgique ont fait de ce pays de 8 511 965 km2 la 8e puissance mondiale85(*). Ces données amènent à voir que la recherche des débouchés, des espaces stratégiques et des pôles à fort potentiel pétrolier, minier et forestier comme le golfe de Guinée pour soutenir leur croissance sont pour ces puissances un impératif de survie géopolitique.

Par ailleurs si la géopolitique consiste aussi à chercher dans d'autres territoires les ressources indispensables à l'épanouissement de son peuple, l'impératif géopolitique auquel ces puissances cherchent à répondre est de pouvoir satisfaire les besoins économiques et énergétiques d'une population trop nombreuse86(*) ou de leur créer des opportunités. Le golfe de Guinée représentant une aire propice à la réalisation de ces impératifs du fait de ses multiples enjeux et du déficit stratégique et d'autonomie politique des leaders de cette région87(*) ; il a ainsi été placé au centre de leur politique de puissance88(*).

Paragraphe 2 : Le maintien du statut quo géopolitique

L'orientation des politiques de puissance des Etats-Unis et des puissances émergentes vers le golfe de Guinée posait aux partenaires traditionnels des pays de la région l'impératif d'une préservation des acquis.

A- La préservation des pré-carrés comme impératif géopolitique de la France et de l'Angleterre dans le golfe de Guinée

Ces deux puissances ont depuis les années 60 noué avec leurs anciennes colonies d'Afrique Noire des relations privilégiées et capitales dans la construction, le perfectionnement et le maintien de leur puissance malgré leurs faiblesses en ressources stratégiques. Au lendemain de la fin de la guerre froide, ces relations furent portées au remodelage avec la fin de la sous-traitance stratégique décidée par les Etats-Unis. Certains auteurs assimilèrent maladroitement cette réorganisation à un désengagement89(*). Synonyme d'un suicide géopolitique, il n'en était rien. Ayant été supplantées par les Etats-Unis dans les Grands lacs, il leur était désormais impératif d'oeuvrer90(*) pour empêcher le basculement de leurs zones d'influence du golfe de Guinée dans le giron américain ou des puissances émergentes.

Dans une prospective stratégique, l'enjeu était de préserver leurs facteurs de puissance dans la région notamment les dispositifs qui leur permettent d'avoir une large manoeuvre dans la vie politique, économique, monétaire, culturelle et sécuritaire des pays en question.

Au plan économique et commercial, dans un contexte de globalisation des échanges, l'impératif géopolitique est le maintien des marchés captifs taillés en Afrique depuis les indépendances. Dans le domaine de la monnaie et des finances, il est question de demeurer les tuteurs monétaires des Etats africains, de conserver le monopole dans la convertibilité des monnaies, même dans les pays qui frappent les leurs propres. Au niveau de la sécurité et de la défense, la perpétuation d'implantations militaro-stratégiques est au coeur des politiques de puissance dans la région. Dans le domaine culturel, l'enjeu est de maintenir les pays de la région dans la Francophonie et le Commonwealth, puissants instruments de rayonnement culturel et civilisationel91(*). Enfin par le biais de réseaux parallèles et officieux (loges maçonniques, officines de financement occulte et de corruption, réseaux affairistes, lobbies pétroliers, forestiers et de trafic d'armes), l'impératif est de perpétuer les relations patrimoniales qui assurent à ces deux puissances la prédation des ressources stratégiques92(*).

B- le Japon et la préservation de ses débouchés commerciaux

La montée de la Chine et de l'Inde en Asie représente une menace à l'économie japonaise déjà fortement concurrencée par les quatre dragons (Taiwan, Hong-Kong, Corée du Nord et Singapour). En Afrique subsaharienne et ceci depuis les indépendances, il s'était taillé de vastes marchés pour son industrie automobile et électronique, et des pôles d'hydrocarbures exploités par sa principale firme pétrolière, la Japan National Oil Company93(*). Par ailleurs, la configuration géographique de l'Etat Nippon ne lui offre que 13% des terres cultivables. Les besoins en produits tropicaux sont donc un impératif pour le Japon qui importe 60% de ses produits alimentaires. Ainsi pour soutenir son économie fortement industrialisée et se maintenir au rang de deuxième puissance mondiale, il a été appelé à actualiser sa politique étrangère et à se montrer plus offensif dans les régions stratégiques comme le golfe de Guinée94(*). En somme, l'enchevêtrement de ces politiques de puissance fait du golfe de Guinée une région de convergence géopolitique. Comment s'y positionner? La réponse à cette interrogation peut se lire au travers des projections géostratégiques adoptées à cet effet.

SECTION II : INITIATIVES DIPLOMATIQUES ET PROJECTIONS GEOSTRATEGIQUES DANS LE GOLFE DE GUINEE

Le recours à la géostratégie par les puissances extra-africaines pour rationaliser leurs politiques de puissance et se projeter dans le golfe de Guinée s'inscrit dans l'appréhension de cet art et discipline comme une dialectique des fins et des moyens. La fin générale étant de pouvoir se positionner dans la région, il convient de s'interroger sur les stratégies adoptées dans cette perspective. A l'analyse, quatre principales stratégies peuvent être distinguées : la stratégie politico-diplomatique par les visites d'Etats et l'initiation des grands sommets avec les leaders politiques africains ; la stratégie économique par des traités commerciaux et enfin la stratégie militaire par la signature des accords dits de défense et de soutien militaire.

Paragraphe 1 : La stratégie politico-diplomatique par les visites d'Etats et les Sommets internationaux

De par ses enjeux géopolitiques et géostratégiques, le golfe de Guinée est

devenu en Afrique l'espace-pivot d'offensives diplomatiques de tout bord. Il en découle une recrudescence des projections par des visites officielles et des sommets internationaux avec les chefs d'Etats de la Région.

A- La projection par des visites d'Etats : le cas des Etats-Unis, de la Chine et du Brésil95(*)

Depuis le début des années 2000, un véritable ballet diplomatique a lieu dans le golfe de Guinée avec la recrudescence des visites officielles d'hommes d'Etats, d'envoyés spéciaux, de membres du gouvernement et des chargés de mission civils et militaires. Chaque puissance s'attache à marquer sa volonté de coopérer plus que par le passé avec les pays de la région.

Pour ce qui est des Etats-Unis, ayant effectué du 23 au 28 mai 2001 une visite d'Etat en Afrique Noire qui l'avait conduit tour à tour au Mali, en Afrique du Sud, en Ouganda et au Kenya, Colin Powel (alors Secrétaire d'Etat) revint au début de l'année 2002 en Angola et au Gabon. Son adjoint fut accueilli en septembre de la même année au Nigéria et à Sao Tomé et Principe. En octobre, Paul Biya, José Eduardo Santos, Theodoro Obian Nguema Mbassogo respectivement présidents du Cameroun, de l'Angola et de la Guinée Equatoriale furent reçus individuellement puis collectivement par le président George Walker Bush.

De même, les officiels militaires de haut niveau tels le général Carlton Fulford et le général James Jones; commandant de l'EUCOM, sont reçus à Sao Tomé et au Nigeria. En mars 2004, son adjoint le général Charles F. Wald est accueilli dans ces deux pays et poursuit sa visite au Gabon. En février 2006, l'amiral Harry Ulrich, commandant des forces navales américaines en Europe et en Afrique est au Gabon et à Sao Tomé. Le 22 février 2008, c'est au tour du général William E. Ward, commandant d'AFRICOM d'être reçu à Yaoundé. Ce même mois, Georges Bush effectua une visite d'Etat sur le continent et, au Mali où il prononça son discours à l'Afrique, il feint de cacher le pragmatisme de l'objet de sa visite :

L'Afrique est aussi de plus en plus vitale pour nos intérêts stratégiques. (...) La nouvelle époque est enracinée dans une puissante vérité : la ressource la lus riche de l'Afrique n'est pas son pétrole, ce n'est pas ses diamants, c'est le talent et la créativité de son peuple.

C'est pourquoi nous concluons avec des dirigeants africains pour donner à leur pays les moyens d'émanciper leurs pays et d'écrire un nouveau chapitre de leur histoire (...)96(*).

Dans cette diplomatie offensive des Etats-Unis, les chefs des missions diplomatiques ne sont pas en reste. Depuis 2001, ils se montrent plus actifs dans leurs pays accréditaires, multipliant des audiences auprès des chefs d'Etats, de Gouvernements, d'hommes politiques et des membres de la société civile97(*).

Pour ce qui est de la Chine, arrivé au pouvoir en mars 2003, Hu Jintao accorda sa première audience d'Etat au président Biya, fut accueilli au Gabon en février 2004 ; reçut à son tour le président Omar Bongo en fin d'année. En avril 2006, il est reçu au Nigéria, au Congo Brazzaville, au Gabon, au Soudan, en Angola et au Kenya. En février son ministre des affaires étrangères Li Zhao Xing est accueilli au Cap vert, au Sénégal, au Mali, au Libéria, au Nigéria et en Libye. En Juin, le Premier ministre Wen Jabao se rend tour à tour au Ghana, au Congo, en Angola, en Afrique du Sud, et en Tanzanie. Du 30 janvier au 10 février 2007, Hu Jintao effectue sa troisième visite en Afrique et est fastidieusement accueilli au Cameroun, au Libéria, en Zambie, au Namibie, en Afrique du Sud, au Mozambique et aux Seychelles98(*). Au cours de ce ``périple'', il signe des contrats et multiplie des propositions de charme aux chefs d'Etats africains99(*).

Enfin, pour le Brésil, dès l'arrivée au pouvoir du président Lula da Silva en 2002, les relations entre le Brésil et les Etats du golfe de Guinée ont pris une nouvelle dynamique. Ainsi de 2002 à 2008, il s'est rendu cinq fois dans la région, en 2002, deux fois en 2003, en 2005 et en 2008. Et dans cette litanie de visites, il n'a pas manqué de clamer sa volonté de se rapprocher des leaders du golfe de Guinée100(*).

B- La projection par des sommets internationaux

L'initiation des sommets à visée stratégique avec les chefs d'Etats africains repose sur la poursuite d'un primat réaliste et géostratégique au nom de la coopération et de la fonctionnalité libérale des relations internationales. Ces sommets sont des cadres stratégiques d'infantilisation, de satellisation et d'inféodation des leaders africains. L'enjeu est de leur proposer un partenariat en trompe l'oeil, construit comme le plus bénéfique. Dans cette perspective, en dehors des puissances qui disposaient déjà de ces cadres (la France avec le Sommet France-Afrique, le Japon avec le TIKAD), la Chine, l'Inde et le Brésil ont initié eux aussi des sommets avec les chefs d'Etats du continent.

1- La France et l'actualisation du sommet France-Afrique

La France a été la première à expérimenter la stratégie des sommets internationaux avec les chefs d'Etats africains. Suites aux rivalités qui l'opposent dans son pré-carré golfe-guinéen aux Etats-Unis et aux puissances émergentes, elle n'a donc fait que remodeler les axes stratégiques qui le sous-tendent. Initié en 1973 sous la présidence Pompidou, le sommet France-Afrique avait pour vocation la satellisation autour de la France des chefs d'Etats des ex-empires coloniaux français et belge101(*). Cadre institutionnel d'affirmation et d'ancrage du paternalisme néocolonial français en Afrique, relayé par les logiques de la ``Françafrique''102(*), ce sommet est l'instrument majeur d'énonciation de la géopolitique africaine de la France103(*). Durant ces assises, la France profite pour réaffirmer sa tutelle sur ses anciennes possessions africaines dont les dirigeants ont été fonctionnarisés à travers les accords de coopération qui garantissent ses intérêts. Elle dicte les axes de sa coopération et les rassure de son soutien, sorte d'assurance vie pour leur régime.

Face aux ambitions géopolitiques des Etats-Unis, du Brésil, de la Chine et de l'Inde, la France a donné plus de vitalité tactique au sommet franco-africain104(*). D'une part, l'enjeu est de se construire stylistiquement une image de partenaire traditionnel privilégié, disposé à défendre les intérêts africains sur la scène internationale et à soutenir ses efforts de développement, mais aussi et surtout, d'affirmer implicitement la détermination française à ne point se désengager des ses intérêts dans le continent d'autre part. Par exemple, du 3 au 4 décembre 2005 lors du 23e sommet à Bamako, la France, alors gouvernée par Jacques Chirac, avait adopté comme thème volontariste « La jeunesse africaine, sa vitalité, sa créativité, ses aspirations ». Dans son discours d'ouverture, Jacques Chirac affirma : « Ce qui ne changera pas, c'est l'engagement de la France en faveur de l'Afrique ». Apparemment, cette affirmation tendait à rassurer les leaders africains du soutien français. Or, elle traduisait plus la volonté de l'hexagone de ne point se départir de son pré-carré africain et de dire à ces leaders qu'ils avaient encore à gagner en demeurant inféodés à la France. De même à Cannes au 24e sommet, dernier du genre qu'il présidait, sur le thème « L'Afrique et l'équilibre du monde », il prononça un discours qui exultait les vestiges de la françafrique. Sujet à controverse dans plusieurs médias, le ministre délégué au développement, Brigitte Girardin, voulu répondre aux critiques, mais trahit encore plus le socle patrimonial des relations qu'entretenaient les chefs d'Etats africains avec Jacques Chirac :

(...) Ce que l'on appelle la "Françafrique" n'existe plus depuis longtemps. Nous avons désormais avec les pays africains une relation de partenariat. Nous n'imposons plus nos projets de coopération, nous en discutons. Néanmoins, il convient de ne pas négliger la dimension personnelle et affective des relations qu'entretenait Jacques Chirac avec les dirigeants africains, lesquels sont inquiets parce qu'ils ne veulent pas perdre le meilleur avocat qu'ils ont jamais eu105(*).

2- Le Japon et le TICAD

Le Japon est la seconde puissance qui a expérimenté la stratégie des sommets avec les chefs d'Etats africains. S'il est vrai qu'il est présent en Afrique depuis les années 1960, c'est en 1993 qu'il initie la Tokyo International Conference for the African Development (TICAD). Tenu respectivement en 1993 (TICAD I), en 1998 (TICAD II), en 2003 (TICAD III) et en juin 2008 (TICAD IV), elle a donc lieu de façon quinquennale et constitue pour l'Etat nippon un instrument de positionnent stratégique dans une Afrique avide d'aide.

Tout comme le sommet France Afrique, l'enjeu pour l'Etat nippon est de se faire le principal acteur du développement africain au travers des plans de développement qui sont adoptés au terme de chaque conférence. Pour ne plus être perçu comme une puissance du Nord et jouer sur la partition de l'échec de la coopération Nord-Sud, le Japon s'est construit une nouvelle image, celle de ``puissance moyenne''106(*). L'enjeu est de faire croire aux leaders africains qu'il peut mieux promouvoir leur développement, contrairement aux grandes puissances européennes ou américaines.

Ainsi, pour conquérir ou préserver ses acquis dans le golfe de Guinée, le Japon à travers le TICAD s'est fait deuxième pourvoyeur des APD après la France107(*). Il cherche à captiver les chefs d'Etats africain afin d'acquérir de bonnes parts dans les marchés et l'exploitation des richesses de leurs pays. La recherche d'une caution morale à sa diplomatie en quête d'une nouvelle dimension internationale108(*) est aussi au coeur de ces sommets. Ainsi, au terme du TICAD I déjà, l'Etat nippon avait décidé d'allouer 600 million de dollars Us - à débourser entre 1994 et 2000 - pour le rétablissement et le maintien de la paix en Afrique subsaharienne109(*). De plus, il s'était donné pour mission d'offrir aux Etats africains des possibilités d'arrimage à ``l'économie monde''110(*). Enfin, au sommet du 28 au 30 mai 2008, auquel assistaient 51 pays africains dont 40 chefs d'Etats et de gouvernements, le premier ministre japonais a poussé encore plus loin son opération de charme en invitant ces leaders à réaliser avec lui ``un siècle de croissance africaine''111(*). Au terme de la conférence dont le thème était « Vers une Afrique qui gagne : un continent d'espoir et d'opportunités », Yasuo Fukuda s'est donné pour mission d'être le médiateur de l'Afrique au sommet du G8. Dans son discours de clôture, il a annoncé des initiatives d'augmentation des APD du Japon à l'Afrique et a déclaré: « A l' avenir, l'Afrique deviendra un puissant moteur de croissance mondiale ». Cette proclamation fantaisiste et courtisane du premier ministre japonais tendait à occulter la visée stratégique du TICAD en l'occurrence permettre au Japon de ne pas rester en marge du champ de séduction et d'infantilisation des leaders africains pour préserver ses marchés en Afrique et pouvoir mieux rivaliser et même neutraliser les autres puissances. La Chine est entrée dans le groupe en initiant en 2006 la ``chinafrique''112(*).

3- LA Chine et le sommet Sino-africain

Du 4 au 6 novembre 2006, plus de 40 délégations africaines dont 24 chefs d'Etats ont été accueillis à Pékin dans le cadre du premier sommet Chine-Afrique, concrétisation du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) créé en 2000. Si Hu Jintao tint à souligner qu'il s'agissait de promouvoir la coopération Sud-Sud113(*), il ne manqua point à rappeler le nouvel esprit que la Chine entendait l'insuffler :

La Chine oeuvre à établir et à développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique114(*).

Plus important évènement diplomatique jamais organisé en Chine, l'accueil fastidieux réservé aux leaders africains traduisait de manière éclatante l'intérêt que la chine porte non aux chefs d'Etats africains, mais aux richesses de leurs territoires. Dans une capitale décorée de girafes et de slogans exotiques, l'objectif du sommet était clair : montrer aux leaders africains que la Chine est plus proche d'eux que les autres acteurs, les émerveiller et arracher de nouveaux accords. Pour stimuler davantage leur cécité stratégique, Hu Jintao avait lui aussi annoncé une série de mesures de soutien au développement du continent ; en l'occurrence la multiplication par deux de l'aide financière chinoise, l'annulation d'une partie de la dette, l'octroie des prêts à taux préférentiels, etc. Ce volontarisme n'était qu'un appât pour captiver les leaders africains pour matérialiser la place de choix que la Chine occupe dans l'échiquier géopolitique africain. Comme illustration, en marge du sommet, douze entreprises chinoises ont signé avec dix pays africains dont six du golfe de Guinée, seize accords commerciaux d'une valeur totale de 1,9 milliard de dollars115(*). Et Wan Jifei en sa qualité de président du Conseil chinois pour la promotion du commerce international de se réjouir, « cette conférence a débouché sur des résultats importants »116(*). En ce sens, le sommet sino-africain n'était pas loin de la France-Afrique ou du TICAD.

4- le Brésil et le Sommet Afrique Amérique Latine

En réalité, l'idée d'un Sommet Afrique-Amérique du sud avait été proposée en avril 2005 par l'ancien président du Nigéria Olusegun Obasanjo, lors d'une visite d'Etat du président brésilien Lula da Silva. L'objet était d'instituer un cadre où les leaders des deux régions pouvaient s'accorder sur des mesures susceptibles de les soustraire de l'hégémonie des grandes puissances du Nord. C'est donc tout naturellement que du 28 au 29 novembre 2006, Abuja accueillit une quarantaine de chefs d'Etats africains et sud américains et au terme du sommet, le document final stipulait que :

Le Sud affiche ainsi sa détermination à unir ses forces pour s'affranchir de la dépendance des puissances riches du Nord. Ensemble, ils voudraient additionner leurs poids pétroliers respectifs, par exemple, dans la balance internationale, développer le secteur des biocarburants et crée une banque des pays du Sud117(*).

Or dès l'initiation du sommet en 2005, le président Lula avait nourrit l'ambition d'une appropriation hégémonique du sommet pour en faire son cadre de ``réunion'' avec les chefs d'Etat africain. Au second sommet qui eut lieu au Venezuela à Caracas le 12 et 13 avril 2008, il ne manqua pas d'inscrire son ton dans la même visée que la France-Afrique, le TICAD ou la Chine-Afrique. Cette récupération visait à mieux positionner le Brésil dans le jeu des partenaires du continent et de mieux assoir sa géopolitique118(*). Enfin, la dernière puissance qui a recouru à la stratégie des sommets est l'Inde.

5- Le sommet Inde-Afrique

C'est du 8 au 9 avril 2008 à New Dehli que l'Inde a fait ses premiers pas119(*) dans la stratégie des sommets avec les leaders africains. En présence de quatorze délégations africaines dont six du Golfe de Guinée (Ghana, Nigeria, Cameroun, Gabon, Congo et RDC), le Premier ministre indien Manmohan Singh avait tenu à les détourner de l'objectif réel du sommet en déclarant dans son discours d'ouverture que ce sommet visait « à renforcer le ``partenariat réel'' entre l'Inde et l'Afrique afin d'aider à réaliser les Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD) »120(*). Or les deux documents adoptés au terme du sommet traduisaient bien l'ambition indienne.

Dans le premier document, si l'Inde et ``l'Afrique'' s'accordent  sur l'impérativité de l'élargissement du Conseil de sécurité de l'ONU dans les  catégories de membres permanents et non permanents, l'aspiration de l'Inde au poste de membre permanent est matérialisée par les mesures annoncées dans le deuxième document en faveur des Etats africains pour s'assurer de leur soutien. Au rang de ces mesures d'adulation, on peut retenir ``l'Accord-cadre pour la coopération indo- africaine'' dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture, de l'industrie et de la santé. Il prévoit ``un partenariat renforcé'' dans l'intensification des relations commerciales, dans le  transfert des technologies et le développement des ressources humaines. Enfin, il est retenu que l'Inde augmentera son crédit  à l'Afrique de 2,15 à 5,4 milliards de dollars dans les cinq années à venir121(*). Cette main tendue de l'Inde n'est donc point un acte de charité. Le sommet Indo-africain était bien une projection géostratégique de plus pour l'occupation de l'espace africain sous le couvert de la coopération.

Paragraphe 2 : La stratégie économique par des Traités commerciaux

Les puissances dominantes du système international ont aussi recouru aux traités commerciaux pour rationaliser leurs politiques de puissance en Afrique. Deux accords font figure d'envergure dans cette stratégie : les accords ACP-UE pour les puissances européennes et l'AGOA des Etats-Unis.

A- Les puissances européennes et les ACP

Les accords ACP sont l'aboutissement d'un long processus entamé depuis décembre 1960 dans le cadre de la coopération CECA-OAMCE (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier- Organisation Africaine et Malgache de Coopération Economique). En réalité, c'est à Lomé en octobre 1973 que furent signés les accords ACP-CEE. En juin 2000 à Cotonou, ces accords furent changés en Accord de partenariat ACP-UE. Si leur facette apparente était la « réduction et, à terme, l'éradication de la pauvreté tout en contribuant au développement durable et à l'intégration progressive des pays ACP dans l'économie mondiale»122(*), leur objet réel est la promotion du commerce entre les Etats de l'UE et les 77 pays ACP en accordant aux premiers des relations économiques et commerciales privilégiées. Instrument de prédation commerciale, de contrôle du marché africain et d'asservissement des économies du continent, ces accords en perpétuel réadaptation permettent donc aux Etats de l'UE et à ses principaux bénéficiaires en l'occurrence la France et l'Angleterre d'avoir des relations avantageuses dans l'exportation des ressources des pays ACP (Hydrocarbures, or, diamants, bois, banane, café, coton, caoutchouc, cacao, etc.) ainsi que dans l'importation des produits manufacturés 123(*). C'est certes pour s'inscrire dans cette stratégie que les Etats-Unis ont institué l'African Growth and Opportunities Acts.

B- Les Etats-Unis et l'AGOA

L'African Growth and Opportunity Act (AGOA) a été initié par le président américain Bill Clinton sous forme d'un projet de loi pour faciliter les échanges commerciaux entre l'Afrique et les États-Unis. Voté par le Congrès, il fut promulgué le 18 mai 2000. Mis en ouvre par l'administration Bush, l'AGOA « permet aux pays d'Afrique subsaharienne d'exporter vers les États-Unis des produits conformes aux normes définies par le Système de Préférences Généralisées (SGP) sans paiement de frais de douane et sans contingentement»124(*). En 2000, l'AGOA se limitait essentiellement aux vêtements et au textile. Sous le président Bush, il a été élargi aux produits agroalimentaires, forestiers, énergétiques, miniers et d'équipements125(*).

La focalisation à l'Afrique Noire suscite trois interrogations qui trahissent de manière flagrante l'enjeu géostratégique de ce traité. D'abord pourquoi seulement cette région d'Afrique? Est- ce parce que ses populations sont les plus aimées des Américains ? N'est-ce pas parce que cette région est dotée d'importantes ressources et que ses dirigeants sont frappés d'une cécité stratégique propice au succès de cette stratégie commerciale?

A la lecture des rapports qui lient les Etats de cette région d'Afrique avec les puissances occidentales, seule la troisième interrogation peut être répondue par l'affirmative. Envisagé sous le principe des vases communicants, l'AGOA ouvre plus le marché africain aux produits américains qu'il ne le fait aux produits africains. Selon le rapport de l'United States Trade Representative Office126(*) publié en mai 2005, l'AGOA représente un véritable succès pour les échanges commerciaux entre les États-Unis et l'Afrique. En 2004 déjà, les exportations américaines en Afrique Noire connaissaient une augmentation de 25 % par rapport à 2003 et se chiffraient à 8,6 milliards. Les importations de l'Afrique quant à elles se chiffraient à 26,6 milliards et présentaient, une augmentation de 88 % par rapport à l'année 2003.

Par ailleurs, l'AGOA est la concrétisation de la diplomatie commerciale américaine du ``Trade not Aid'' ; instrument de promotion du libéralisme commercial et du capitalisme triomphant dont les Etats-Unis sont les principaux bénéficiaires. Enfin, si pour le crédibiliser il a été émis des conditionnalités pour être éligible à ce programme127(*), il ne s'agissait qu'une stratégie de marketing économique puisque qu'en dehors des pays comme le Soudan et la Somalie, les Etats-Unis  ``commercent''128(*) avec tous les pays d'Afrique subsaharienne et plus particulièrement du golfe de Guinée ; réputés dans le non respect des principes démocratiques et d'Etat de droit. Encore plus illustratif, 80 % de toutes les importations américaines dans le cadre de l'AGOA sont des produits pétroliers. C'est ce qui a fait dire à Mamadou KA que le pétrole était la raison principale de l'adoption de cette loi. Ainsi, concluait-il :

D'un point de vu général, l'AGOA fait peser la balance du côté de la libéralisation des marchés et de l'intégration à l'économie globale dans le seul but de favoriser l'économie américaine, au lieu de mettre l'accent sur le développement durable et équitable en l'Afrique129(*).

Enfin, dans ces manoeuvres géostratégiques sous l'habillage d'initiatives diplomatiques, on a celles militaire et sécuritaire.

Paragraphe 3 : La stratégie militaire par les accords de défense et de soutien militaire

Deux puissances s'illustrent dans cette stratégie ; la France et les Etats-Unis.

A- Du triple enjeu stratégique de la présence militaire française en Afrique subsaharienne

C'est au lendemain des indépendances - qui en réalité constituaient pour la France la poursuite de la colonisation par d'autres moyens pour parodier Clausewitz - que la France signa avec les leaders de ses anciennes colonies d'AOF, d'AEF et des territoires sous tutelle des accords de défense et de coopération militaire. Gardés secrets pour la plupart, ces accords avaient un triple but stratégique : sécuriser les intérêts français en Afrique ; assurer la sécurité des chefs d'Etats africains acquis à sa cause en leur offrant tout le soutien nécessaire pour assoir leur autocratie et combattre leurs adversaires ; contrôler et s'assurer de la loyauté de ces chefs d'Etat et dans les cas contraires promouvoir leur remplacement par le soutien direct ou indirect à un coup d'Etat. La France a donc toujours su concilier diplomatie et outil militaire pour faire valoir sa géopolitique africaine130(*). En 1997, elle initie le RECAMP avec pour ambition volontariste d'aider les Etats d'Afrique subsaharienne à se doter des capacités de gestion et de règlement des crises et d'assurer progressivement la sécurité du continent en proie à l'internalisation et la privatisation des conflits de tout bord. Or si on ne peut nier l'apport de ce programme dans l'entrainement et l'équipement des armées africaines avec en perspective la promotion d'une force préventive et d'une coopération militaire régionale, on ne peut aussi nier son caractère directif131(*) puisqu'en plaçant les armées africaines sous la dépendance logistique et professionnelle française, il élargit l'extraversion sécuritaire et le déficit d'autonomie politique de ces Etats.

B- Des initiatives de renforcement des forces africaines à l'AFRICOM ou les enjeux du militarisme américain dans le golfe de Guinée

Le quadrillage de l'Afrique et plus particulièrement du golfe de Guinée par une panoplie de programmes dits de soutien militaire et de lutte contre le terrorisme est bien une projection géostratégique américaine pour mettre cet espace au service de sa politique de puissance. Avec pour objet apparent « le renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense africaines » et la lutte contre le terrorisme, ces programmes132(*) ont conduit en février 2007 à la création de l'Africa Command (AFRICOM), effectif dès le 1er octobre 2008. Placées sous l'angle réaliste, ces initiatives peuvent se comprendre de trois manières. Premièrement, elles constituent pour les Etats-Unis une matérialisation de la fin de la sous-traitance stratégique qui l'avait jusque là liée aux puissances européennes133(*). Deuxièmement, il est question de pouvoir sécuriser soi-même ses intérêts face aux terroristes et de matérialiser sa capacité de projection dans le continent comme il ressort de cette affirmation de Jean-Claude Bessez :

(...) la création de ce nouveau commandement représente autant un défi pour les américains qu'une ligne de fracture pour les nations du continent. Facteur aggravant, de nouveaux acteurs ont précédé le renouveau du tête à tête avec les Européens désormais à la traine de leur allié américain : l'Aigle américain se trouve dorénavant en concurrence directe avec le très entreprenant Dragon chinois, suivi de loin par le précautionneux Tigre indien134(*).

Troisièmement enfin, ces initiatives s'inscrivent dans la même logique de mise en dépendance stratégique et sécuritaire des Etats du golfe de Guinée.

CONCLUSION

Au terme de ce chapitre, il ressort que la ruée des puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée repose de prime abord sur des impératifs géopolitiques. Dans un contexte d'interaction, eu égard aux enjeux en place, l'enchevêtrement de ces politiques de puissance amène ces puissances à recourir à l'intelligence stratégique pour se projeter dans la région. Il en résulte une escalade de projections politico-diplomatiques, commerciales et militaires dont l'opérationnalisation mérite d'être étudiée.

CHAPITRE II 

INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE DE GUINEE ET OPERATIONNALISATION DES PROJECTIONS EN CHEVAL DE TROIE

Opérationnaliser, c'est conférer à un dispositif stratégique des procédés pragmatiques susceptibles de lui permettre d'atteindre de la meilleure manière certains buts politiques. Ainsi, ce chapitre vise à montrer que les puissances en projection dans le golfe de Guinée y ont construit chacune des dispositifs stratégiques d'objectivation, d'activation et d'opérationnalisation de leurs stratégies de puissance. Son objet est d'ouvrir le cheval de Troie de chacune de ces puissances et de mettre en lumière ces dispositifs. Il amène à voir comment ils déstructurent, recomposent et reconfigurent les domaines de leadership dans la région par des initiatives offensives pour la cassure des verrous coopératifs préétablis (Section I) et d'initiatives défensives des partenaires traditionnels en vue de la pérennisation des pré-carrés en sursis (Section II).

SECTION I : DIPLOMATIE OFFENSIVE ET CASSURE DES VERROUS COOPERATIFS PREETABLIS : UN PROJET GEOSTRATEGIQUE A VARIABLES MULTIPLES

Les initiatives diplomatiques offensives dans le golfe de Guinée sont l'oeuvre des Etats-Unis, du Japon, de la Chine, de l'Inde et du Brésil. Après s'être projetés dans la région, l'enjeu est d'y rendre fonctionnel leurs stratégies de puissance. Une lecture géostratégique amène à voir deux groupes d'initiatives: l'instrumentalisation du protectorat sécuritaire sur le golfe de Guinée par les Etats Unis et l'activation de la fonctionnalité stratégique du bon samaritariat par le Japon et les puissances émergentes.

Paragraphe 1 : Les Etats-Unis et l'instrumentalisation du protectorat sécuritaire sur le golfe de Guinée

C'est avec les attentats simultanés de Dar es Salam et de Nairobi en 1998 que les Etats africains réalisèrent qu'ils n'étaient plus à l'abri du terrorisme. Des programmes de contre-terrorisme conjoints furent adoptés à cet effet135(*). D'abord à l'écart de cette lutte africaine contre le terrorisme, les attentats du 11 septembre ont servi de mobile aux Etats-Unis pour proclamer et légitimer la Global War Againts Terror (GWAT) et se faire unilatéralement l'acteur international de cette lutte. C'est donc sans équivoque qu'ils convoquent la lutte contre le terrorisme pour justifier leur stratégie d'hégémonisation du golfe de Guinée.

A- L'appropriation unilatéraliste de la lutte contre le terrorisme et légitimation d'un projet pétrostratégique

Après avoir été pour la première fois frappé au coeur de leur ``superpuissance'' par des acteurs non pas étatiques mais individuels, les Etats-Unis ont vu leur magistère international se relativiser et conduire à la suspicion les tenants de l'unipolarité mondiale au sommet duquel ils trônaient136(*). C'est donc pour réaffirmer leur puissance et rassurer ses citoyens que les Etats-Unis se sont approprié autocratiquement le devoir d'endiguer ce fléau. Au-delà de l'appropriation des six axes de lutte conçus par la communauté internationale137(*), les Etats-Unis élaborèrent aussi leur propre programme de lutte, reposant sur une ``politique du gros bâton''138(*), incluant l'élimination des germes et des sanctuaires terroristes à travers le monde. Cependant, sans toutefois nier l'effectivité de la lutte contre le terrorisme à l'américaine, une analyse réaliste amène à dire que les Etats-Unis ont fait de ce protectorat sécuritaire le cheval de Troie de leur expansionnisme dans les zones stratégiques tels que le golfe Persique, d'Aden et de Guinée. Rien de surprenant donc que les autorités de Washington érigent le golfe de Guinée en ``zone grise'' et en ``arc d'instabilité'', prototype des

(...) bases arrière des terroristes et (...) viviers des prêcheurs islamistes extrémistes et des nouveaux groupes terroristes (GSPC, AQPM, Black Taliban in Nigeria, Tabligi Jamaat en Afrique occidentale) implantés dans les pays producteurs de pétrole139(*).

La création de l'AFRICOM avec pour mission officielle de « réduire les conflits, d'améliorer la sécurité, de vaincre les terroristes et appuyer la réponse aux crises »140(*) n'était donc qu'une stratégie par laquelle les Etats-Unis entendaient s'imposer en puissance globale avec un quadrillage mondial par les forces américaines : la Us Northen Command en Amérique du Nord ; la Us Southern Command en Amérique du Sud, la Us Central Command pour le Proche et Moyen Orient, la Us Pacific Command en l'Asie et l'Océan Indien et enfin l'Africa Command pour l'Afrique. L'enjeu pétrostratégique de cette dernière unité peut se lire à travers sa focalisation dans les pays à fort potentiel pétrolier du golfe de Guinée ; pourtant ce commandement se veut africain. Déjà en 2002, la Maison Blanche avait énoncé la ``Doctrine West point'' selon laquelle les Etats-Unis ne pouvaient tolérer un rival potentiel dans les régions qui leurs étaient stratégiques141(*). Ceci sous-tendait une convergence des stratégies vers le contrôle et la sécurisation des hydrocarbures à travers le monde.

B- Sécurisation des hydrocarbures et matérialisation de la prégnance américaine dans la région

La création de l'AFRICOM traduisait la volonté de Washington de montrer qu'en matière de sécurité, il ne faut compter que sur soit. L'autonomisation et la particularisation d'une force pour l'Afrique illustrait bien l'intérêt qu'il revêtait désormais pour Washington. Au-delà des activités de sécurisation et d'hégémonisation de ce commandement, s'illustre la stratégie du see-basing ou du déploiement par la mer. Son but est de sécuriser l'environnement maritime du golfe d'Aden et de Guinée face à la pêche illégale, au trafic des stupéfiants, d'êtres humains, à la contrebande du pétrole et aux atteintes à l'environnement. L'importance accordée à cette activité traduit l'intérêt que les Etats-Unis portent aux domaines maritimes du golfe de Guinée socle de leurs exploitations off shore en Afrique. De plus, la nomination d'un Africain-américain en la personne du général William E. Ward à la tête de ce commandement est illustrative du cheval de Troie d'AFRICOM.

Enfin, par ces initiatives, Washington entendait jeter un pavé dans les zones d'influence franco-anglaises et matérialiser sa prégnance dans la région. A l'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis en Angola Collin Powel avait bien déclaré : «  Nous sommes ici pour rester »142(*). Le Japon, la Chine, l'Inde et le Brésil quant eux vont passer par des initiatives de fraternisation et de ``bon samaritariat'' pour opérationnaliser leurs politiques de puissance dans la région.

Paragraphe 2 : Initiatives de fraternisation et fonctionnalité stratégique du ``bon samaritariat'' japonais et des puissances émergentes

Les Japon et les puissances émergentes ont exploité l'attentisme et l'appétit

qu'ont les chefs d'Etats africains des APD pour se construire une figure de ``pays frère'' et opérationnaliser leurs stratégie de positionnement dans le golfe de Guinée.

A- Le ``don japonais'' et l'opérationnalisation du TIKAD

C'est pour préserver ses débouchés en Afrique et dans les Etats du golfe de Guinée en particulier que le japon a opérationnalisé les résolutions ``tikadiennes'' en quadrillant le continent des réalisations socioéducatifs ; rendues célèbres à travers la formule du ``Don japonais''. Cette diplomatie de l'aide143(*) ; lanterne de la visibilité géopolitique japonaise en Afrique, est exercée soit directement dans les Etats pour qui le Japon a des intérêts stratégiques144(*) ou indirectement dans les organisations annexes de l'ONU qui s'occupent des problèmes africains. Pour les dons directs, on s'intéressera au cas du Cameroun plus proche de nous et fort illustratif de l'offensive japonaise dans le golfe de Guinée. On évoquera par la suite quelques dons indirects puisqu'on ne peut les étudier ici dans leur exhaustivité.

S'agissant du Cameroun, s'il est vrai que les relations entre Yaoundé et Tokyo remontent aux années 1960, c'est n'est qu'au début des années 1990 et surtout à partir des années 2000 que le Japon a lancé en direction de ce pays situé au coeur du golfe de Guinée des initiatives de charme par des programmes d'assistance socioéducative. Ainsi, la construction des écoles primaires par les autorités de Tokyo en Afrique Noire est devenue le symbole même du ``Don japonais''. Au Cameroun, de 1997 à 2006, le Japon a déboursé « près de 46 milliards de FCFA pour la construction et l'équipement de 96 écoles et 1235 salles de classe dans les provinces du centre, littoral, Ouest, Sud, Sud-Ouest, Nord et extrême Nord »145(*). On note aussi la réfection et l'équipement de plusieurs services sociaux tel le Centre d'Education et de Réhabilitation des Sourds et Malentendants (CERSOM) de Bafoussam ; d'importants dons dans la lutte contre la mortalité infantile à travers les programmes de vaccination ; l'équipement des centres de santé, des services de la communication, etc.

Réalisés en plusieurs phases146(*), ces initiatives constituent pour le Japon un puissant instrument de géopolitique et de rayonnement international. Sans toutefois nier l'incidence que ces infrastructures ont eue sur l'amélioration des équipements scolaires, ces ``dons'' n'étaient qu'une manoeuvre de conquête et de positionnement du Japon dans l'espace camerounais147(*). En s'investissant dans un secteur clé comme l'éducation, cette démarche nipponne visait bien à assoir idéologiquement sa stratégie de puissance dans le pays. Ayant intériorisés qu'ils ont fréquenté dans les écoles construites par le Japon, que lui refuseront un jour les jeunes camerounais ? Dans les chefs lieux de région que n'a-t-on pas dit sur cette ``bonté'' chaque fois qu'un média public réceptionnait des équipements de réhabilitation japonaises ? Or placé sous l'angle réaliste, ces initiatives de construction d'une image généreuse du Japon visent plus une cristallisation de ses intérêts dans les pays bénéficiaires. Les dons indirects poursuivent le même objectif au plan externe.

Par exemple, le 17 Mars 2008, le Programme alimentaire mondial se félicitait d'un ``don généreux'' de 51,24 millions de dollars Us du Japon pour venir en aide aux réfugiés, aux déplacés internes et à d'autres groupes vulnérables dans 19 pays d'Afrique et d'Asie148(*). Le verseau stratégique de ce don peut se lire à travers la corrélation entre les montants alloués à chaque continent et son équation géopolitique. Ainsi, il ressort que 90% de cette contribution -soit 46,24 millions de dollars - est allouée à 18 pays africains149(*). A priori, on peut se dire que cette focalisation est due au fait que ce continent abrite le plus grand nombre de réfugiés et de déplacés. Mais à posteriori, on peut légitimement se poser la question de savoir si l'Indonésie seule bénéficiaire extra-africain est le seul pays d'Asie abritant des réfugiés. Toutefois, s'il est difficile de répondre à cette question en l'absence de données statistiques afférents150(*), l'hypothèse d'une stratégie japonaise pour se rapprocher des ``pays frères en détresse'' peut toute de même être avancée. Au demeurant, la stratégie du ``don'' a permis au Japon d'affermir ses positions dans les pays africains où il a des intérêts stratégiques.

B- La Chine et le trompe l'oeil du ``partenariat gagnant-gagnant''

Au lendemain du sommet sino-africain qualifié d'évènement historique par Hu Jintao, la Chine a publié le 12 janvier 2006, son Document sur la politique chinoise à l'égard de l'Afrique dans lequel sont évoqués différents objectifs de la coopération sino-africaine sur les plans politique, économique, militaire et culturel. Rappel du socle de cette coopération en l'occurrence l'établissement et le développement d'« un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique » ; ce Document consacre la déclaration de Hu Jintao au sommet du 4 au 6 novembre : « La Chine restera toujours un bon ami, un bon partenaire et un bon frère de l'Afrique ».151(*) Il convient donc de décortiquer les concepts clés de ce ``nouveau type de partenariat'' pour décrypter ses enjeux.

Premièrement, le substrat ``d'égalité et de confiance mutuelle'' sur lequel la Chine compte bâtir son partenariat poursuit des enjeux réalistes par un primat libéral idéaliste. Sous l'angle libéral, Hu Jintao veut faire croire aux Etats africains qu'ils sont avec la Chine dans une même catégorisation étatique en l'occurrence celle des pays du Sud. Ils doivent par conséquents conjuguer leurs efforts et se soutenir mutuellement pour résoudre efficacement leurs problèmes de développement. Or sous un angle réaliste, il s'agit d'un mirage car aucun Etat africain n'égale le niveau de développement et de croissance de la Chine. En outre, le concept de ``confiance mutuelle'' dans les relations interétatiques s'avère stratégiquement naïf puisque la diplomatie est plus l'expression de l'égoïsme des Etats que des contingences qui les contraignent à la coopération.

Par ailleurs, il convient de rappeler les grandes lignes de la géopolitique africaine de la Chine pour cerner l'enjeu stratégique du ``partenariat gagnant-gagnant''. La Chine a besoin des marchés et des ressources énergétiques du continent et plus particulièrement du golfe de Guinée pour soutenir sa croissance en plein essor. Les Etats africains quant à eux ont nourri l'illusion qu'ils ne peuvent se développer qu'avec l'aide étrangère. C'est donc le postulat réaliste du ``donnant-donnant'' que la Chine a conceptualisé en ``gagnant-gagnant''. Ainsi, dans les pays du golfe de Guinée, l'impression affichée par l'activisme chinois laisse croire que ce sont les Etats de cette région qui gagnent : constructions d'infrastructures sportives; sanitaires, scolaires, routières152(*). La Chine s'exerce dans tous les secteurs d'activité et les pays du golfe de Guinée et d'Afrique153(*) en bénéficient mieux qu'ils ne le font avec les occidentaux, entent-t-on dans les discours populaires. De plus, la Chine propose aux pays africains des prêts et des crédits à taux préférentiels pour un montant cumulé de cinq milliards de dollars ; elle a effacé les prêts à taux zéro des pays africains les plus endettés arrivés à échéance en 2005154(*). Que bénéficie alors la Chine dans ce ``gagnant-gagnant''?

D'emblée, il convient de dire qu'aucun homme d'Etat du golfe de Guinée n'affiche ce que la Chine tire de son pays. Ce n'est donc qu'une analyse géostratégique qui peut permettre de décrypter le gain géopolitique de la Chine dans ces pays. En ce sens, elle est la principale sinon la seule ``gagnante'' de son partenariat avec les Etats du golfe de Guinée et d'Afrique en général. Le ``partenariat gagnant-gagnant'' n'est que l'opérationnalisation du projet géostratégique chinois dans le continent et ceci pour trois raisons au moins.

Premièrement la Chine entretient des relations avec les autres régions du monde avec qui elle ne parle nullement de ``partenariat gagnant-gagnant''. Si elle a forgé ce concept pour qualifier ses rapports avec le continent africain, c'est juste pour montrer aux leaders africains qu'ils sont des partenaires qu'elle respecte et que leur continent n'est pas uniquement une réserve de matières premières. De ce fait, l'enjeu est de se positionner idéologiquement dans ces pays et de mieux y réaliser ses objectifs de politique étrangère. Ainsi, dans tous les pays du golfe de Guinée et d'Afrique, la Chine y opérationnalise davantage sa politique de puissance. Certains leaders de la région n'hésitent pas à offrir leurs ressources à une Chine plus puissante et maîtresse du monde. Par exemple, lors du dîner officiel offert le 26 avril 2006 à Hu Jintao en visite officielle au Nigéria, Olusegun Obasanjo déclara: « Nous souhaiterions un jour que la Chine dirige le monde, et quand ce sera le cas, nous voudrions être juste derrière vous ! »155(*). En priori, l'hypothèse d'un langage diplomatique tendant à affriander le leader chinois pour lui signifier la volonté nigériane ou africaine de voir la Chine comme principal partenaire des pays de la région peut être avancée. Mais placé sous un stratégique, ce discours amène à s'interroger sur ce que les leaders africains peuvent tirer de leur partenariat avec la Chine quand ils reçoivent avec émerveillement les initiatives de ses plénipotentiaires. De plus, il amplifie l'imagerie d'une Afrique rétrograde et heureuse de demeurer ``derrière'' les grandes puissances.

Deuxièmement, si l'on s'en tient au postulat réaliste de l'inconciliabilité des intérêts en relations internationales qui stipule que chaque acteur définit seul son intérêt et se donne les moyens de le réaliser, la ``coopération gagnant-gagnant'' représente pour la Chine un instrument de géopolitique et de prédation des richesses africaines. Et pour s'en convaincre, lorsque la Chine s'engage à construire une infrastructure dans un pays d'Afrique, ce dernier ne bénéficie que du produit fini. Le marché est gagné par une entreprise chinoise qui utilise une main d'oeuvre essentiellement chinoise et le réalise avec des matériaux chinois. C'est n'est donc qu'un exutoire pour sa population active, une stratégie pour expérimenter, perfectionner sa technologie et conquérir ainsi le monde. Enfin, en échange de ces infrastructures, les Etats bénéficiaires lui offrent des bonnes parts dans l'exploitation des ressources stratégiques156(*) et ouvre leurs marchés à ses produits hypercompétitifs157(*). La conséquence est qu'ils conduisent les commerçants locaux à la faillite158(*), élargit le fossé d'une économie africaine outrancièrement extravertie et condamnée au consumérisme ; promeut une balance commerciale déficitaire puisque la Chine exporte sur le continent des produits manufacturés à haute valeur ajoutée alors qu'elle n'y importe que des matières premières. Tous ces éléments illustrent l'affirmation selon laquelle la coopération sino-africaine est plutôt perdante pour les Etats du golfe de Guinée et d'Afrique. Elle n'est donc pas loin des modèles coloniaux et néocoloniaux institués par les puissances occidentales. Valérie Niquet avait à cet effet raison d'écrire que :

La Chine apparaît donc en Afrique comme essentiellement prédatrice, selon le modèle hier mis en oeuvre par les puissances coloniales. [Une] stratégie (...) qui permet aux régimes les plus contestables de la région de reconstituer une économie de rente fondée sur l'exploitation massive des ressources naturelles, sans réel transfert de richesse ou de savoir-faire vers les populations locales (...).159(*)

Partout en Afrique, les entreprises et multinationales chinoises s'imposent à leurs concurrents occidentaux et les rivalisent dans leurs marchés captifs. Par exemple en août 2004, la China Road and Bridge Corporation (CRBC) a remporté à Douala au Cameroun un marché de réfection de 13 Km de routes au détriment du consortium français SOGEA/SATOM/RAZEL)160(*). En 2006, 900 entreprises chinoises de toutes tailles étaient déjà installées en Afrique embauchant plus de 800 000 travailleurs chinois. Ces chiffrent sont à maximiser si on tient compte des particuliers qui envahissent jour après jour tous les secteurs d'activités africains. Le cas des principales villes du Cameroun plus près de nous l'illustre fort à propos. La coopération gagnant-gagnant se révèle de ce fait être l'opérationnalisation de la stratégie d'occupation et de contrôle de l'espace africain par Pékin. Le Brésil et l'Inde ont suivi eux aussi, ce canevas géostratégique.

C- Le Brésil et l'Inde à la suite de la Chine

Le Brésil et l'Inde ont aussi inscrit l'opérationnalisation de leurs stratégies de puissance dans le golfe de Guinée dans la construction d'une figure de ``pays frère'' venant contribuer au développement des Etats africains. Au delà d'une formule volontariste comme le ``partenariat gagnant-gagnant'' chinois, ces deux puissances ont fait valoir leur capital sociohistorique et leur bon samaritariat pour opérationnaliser leurs stratégie de positionnement dans la région.

Pour ce qui est du Brésil, avec 80 millions de Noirs et Métis, - soit près de 48% de sa population - il abrite la deuxième population noire au monde après le Nigeria. Les autorités de Brasilia n'hésitent pas en conséquence à se référer à ces descendants d'esclaves africains pour dire aux leaders du continent que le Brésil est leur «grand frère d'Amérique»161(*). De plus, le football et la diffusion des feuilletons brésiliens dans la quasi-totalité des médias africains ont ancré dans les mémoires cette imagerie162(*). C'est en développant ce capital de sympathie que le président Lula a pu multiplier ses investissements dans le golfe de Guinée. Tout comme Hu Jintao, le président Lula propose aux pays de la région des offres de construction d'infrastructures moins couteuses que celles occidentales. En se faisant l'un des pôles du renforcement et de la consolidation de la coopération Sud-Sud, le Brésil a pu se faire une puissance dans le golfe de Guinée et en Afrique, mieux que dans tout autre continent163(*). Et pour s'en convaincre, le volume des échanges commerciaux entre le Brésil et l'Afrique déjà au double en 2003, a atteint 13,6 milliards de dollars en 2008164(*). Les entreprises brésiliennes parviennent désormais à concurrencer celles américaines, russes, françaises, anglaises ou encore chinoises. Par exemple, en juin 2008, le groupe brésilien PETROBRAS a signé un accord d'exploration pétrolière en Guinée-Bissau et d'exploitation d'une importante réserve off-shore en Angola, tandis que la Companhia Vale do rio Doce se taillait une part dans l'exploitation du manganèse au Gabon et du charbon au Mozambique165(*).

En ce qui concerne l'Inde, à l'ouverture du sommet indo-africain, le Premier ministre Manmohan Singh avait recouru au passé colonial et aux grandes figures indiennes et africaines166(*) qui avaient lutté ensemble contre le colonialisme européen pour souligner le destin commun qui liait les deux communautés. « L'Inde et l'Afrique s'engage dans un même combat : celui de la coopération pour un développement mutuel » avait-il affirmé a cette occasion167(*). Cependant, les autorités de New Dehli n'hésitent pas à développer en filigrane le trompe l'oeil d'un gagnant-gagnant à l'indienne. Ainsi, entre 2003-2004, l'Inde a annoncé dans ses prêts l'institution d'un régime préférentiel tarifaire hors taxe, pour les 50 pays moins développés dont 34 se trouvent en Afrique. En 2007 et 2008, il leur a accordé des lignes de crédit d'une valeur de 2,15 milliards de dollars (plus de 900 milliards de F.CFA) et augmenté le budget du programme d'« Aide pour l'Afrique » pour le développement des ressources humaines, le renforcement des compétences africaines dans les domaines de la science, des technologies de l'information, de l'enseignement professionnel, de la recherche, de l'énergie et de l'agriculture168(*).

De ce fait, au delà du grand-coup commercial que l'Inde espère réaliser en Afrique169(*), que gagne-t-elle par ces initiatives? On peut répondre à cette interrogation à travers deux considérations. Premièrement, l'Inde est une puissance émergente. Et, partant du constat que toute puissance qui entend s'affirmer sur la scène internationale s'attache toujours au préalable à s'imposer en Afrique, ces initiatives de fraternisation et de bon samaritariat constituent une stratégie de puissance pour New Dehli. Deuxièmement, en s'attirant la sympathie des leaders africains, l'Inde joue aussi la partition de la séduction pour leur arracher des contrats dans l'exploitation des matières premières stratégiques. Comme illustration, de 2004 à 2008, le volume du commerce entre l'Inde et l'Afrique a augmenté de  285% pour atteindre 25 milliards de dollars Us du fait des importations du pétrole, du bois, des minerais et l'exportation dans ce continent des tissus, des produits pharmaceutiques, de l'industrie d'habillement et de l'électronique170(*).

Enfin, l'ensemble de ces initiatives offensives portent atteinte aux intérêts des partenaires classiques des pays du golfe de Guinée. Dans une logique interactionniste, ces derniers ont mis sur pied une diplomatie défensive pour opérationnaliser leur stratégie du retour au statu quo ante.

SECTION II : DIPLOMATIE DEFENSIVE ET PERENISATION DES PRE-CARRES DANS LE GOLFE DE GUINEE

La déstructuration, la recomposition et la reconfiguration des leaderships géopolitiques induites de l'opérationnalisation des projections géostratégiques des Etats-Unis, du Japon et des puissances émergentes dans le golfe de Guinée a conduit la France et l'Angleterre à mettre sur pied une diplomatie de pérennisation de leurs zones d'influence dans la région.

Paragraphe 1 : Les mécanismes de pérennisation des pré-carrés

La France et l'Angleterre ont eu recours à deux mécanismes pour préserver et reconquérir leurs zones d'influence dans le golfe de Guinée : Une diplomatie de reformation théorique des accords de coopération qui les lient aux Etats de la région et une diplomatie subversive contre les dissidents.

A- Une diplomatie de reformation théorique et de continuité pratique

Face à l'impopularité des réseaux de la françafrique et à l'irruption de nouveaux acteurs déterminés à sonner le glas des zones d'influence, la France et l'Angleterre ont été amenées à modifier leur discours et à se prononcer pour l'exorcisation de leurs rapports avec les pays africains. Ce qui s'avère être un mirage car représentant un suicide géopolitique. A lire Emmanuel Dupuy, c'est le président François Mitterrand qui inaugura à la Baule la politique française de l'affichage des reformes de la Françafrique sans toutefois l'accompagner de faits réels171(*). Son premier ministre Lionel Jospin lui emboita le pas en énonçant les principes « ni ingérence, ni indifférence » et « d'accompagnement sans dictée »172(*) pour qualifier ce que devaient être les ``nouvelles'' relations entre la France et les Etats africains. Mais, rien n'y fit. Durant l'administration Chirac, les réseaux mafieux et les lobbies pétroliers, forestiers et industriels français en Afrique retrouvèrent les ferments qui avaient alimentés et soutenus leurs âge d'or dans le passé173(*).

L'enthousiasme de Nicolas Sarcozy après son élection l'a amené lui aussi

A se prononcer pour la fin de la Françafrique et cela dans tous les domaines174(*). Tout comme ses prédécesseurs, ce volontarisme s'avère difficile à réaliser175(*). Les évènements de Côte d'Ivoire, du Tchad et de la République Centrafricaine176(*) ont montré que la France n'était pas encore prête à ``lâcher'' son pré-carré africain. Se fondant sur la géopolitique africaine de la France177(*), Chirac rappelait très souvent  que « l'Afrique est au coeur des priorités de la France »178(*). Cette résistance aux reformes est due aux réseaux commerciaux, industriels et pétroliers sur lesquels repose la puissance française car d'une manière sincère, certains n'hésitent pas à dire que « sans l'Afrique, la France deviendrait une puissance de troisième rang »179(*).

L'analyse amène donc à dire que ce volontarisme réformateur n'est que l'opérationnalisation de la diplomatie défensive française dans ses zones d'influences d'Afrique ou du golfe de Guinée. L'enjeu est de ne pas rester indifférent aux revendications et critiques de la communauté internationale et scientifique sur les dérives démocraticides et néopatrimonialistes de la françafrique. Il s'agit d'un désengagement de façade, d'une manoeuvre pour contenter l'opinion publique internationale et la détourner des socles occultes sur lesquels reposent les intérêts français. Par ailleurs, la France cherche à contenir les leaders africains dans son giron afin de contrecarrer les propositions adulatrices des puissances émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Dans le golfe de Guinée, que ce soit dans les deux Guinée, en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Cameroun, en RDC, au Congo et au Gabon, Paris entend y préserver ses intérêts stratégiques tout en embellissant son image sur la scène internationale.

Pour ce qui de l'Angleterre, d'après Simon Maxwell et Karin Christiansen180(*), la question qui structure sa politique de repositionnement tactique sur le continent et dans le golfe de Guinée plus particulièrement est la suivante : comment sans faux semblants médiatiques se comporter autant en ancienne puissance coloniale qu'en se montrant déterminée à oeuvrer dans un cadre de solidarité internationale pour un réel partenariat susceptible de contribuer au développement et à la construction d'une stabilité durable au sud du Sahara. En réponse, la politique adoptée depuis l'arrivée du Labor Party conduit par Tony Blair au pouvoir en 1997 est de réviser la politique africaine de l'Angleterre en l'imprégnant d'un humanisme idéaliste et d'une volonté de Londres à sortir les pays d'Afrique subsaharienne de la pauvreté et de la spirale des conflits. C'est ce que le ministre britannique des affaires étrangères Robin Cook appelait «The humanist internationalism», devant être mis en oeuvre à travers la «ethical foreign policy»181(*).

Les corolaires de ce volontarisme stratégique ont été le renouvellement des relations anglo-africaines, faisant du continent l'axe majeur du désendettement et des APD britanniques, repensées et revigorées suivant une vision libérale des relations internationales182(*). Au cours d'une tournée sur le continent en 2003, Tony Blair avait déclaré à Johannesburg :

L'Afrique est pour moi une passion. Fier de notre leadership pour la remise de dette, fier des ressources supplémentaires que nous allons dégager pour l'aide au développement, nous voulons donner plus encore à l'avenir [...]. Ceci implique d'approfondir notre partenariat avec l'Afrique. Je puis vous annoncer qu'à compter de 2006 la Grande-Bretagne accordera 1 milliard de livres sterling par an [...]. Ce n'est pas de la charité, mais un investissement dans notre avenir collectif183(*).

Cette dernière phrase exprimait bien la fonctionnalité stratégique de la nouvelle politique africaine de Londres : jouer aussi au meilleur partenaire sans toutefois se départir de ses intérêts. Cette main tendue était donc plus la reconduction du réalisme diplomatique qui a toujours structuré la politique étrangère de la Grande Bretagne. Elle allait en droite ligne avec la déclaration du leader conservatiste Douglas Hurd, qui en sa qualité de ministre des affaires étrangères avait affirmé en 1993: « La politique étrangère britannique a pour objet de protéger et de promouvoir les intérêts britanniques»184(*). Cette realpolitik a été reconduite par Gordon Brown185(*). Elle amène à constater que la volonté de reforme, de soutien au désendettement, au développement et à la stabilité en Afrique subsaharienne manifestée par les autorités de Paris et de Londres ne visent que la perpétuation de leurs zones d'influences respectives. Ainsi pour renforcer cette politique, une diplomatie du ``bâton et de la carotte'' a été initiée.

B- La mise sur pied d'une diplomatie subversive contre les dissidents et le ménagement des leaders fidèles

Thomas Schelling distinguait à côté de la diplomatie ``honnête'' celle ``vicieuse'' ou subversive186(*). La France aussi bien que l'Angleterre ont chacune recouru à cette dernière pour préserver leurs pré-carrés dans le golfe de Guinée.

D'une manière générale, en Afrique, lorsqu'une puissance étrangère perd ses intérêts dans un pays, elle mène au sein de la communauté internationale une propagande subversive et dénonciatrice contre le chef d'Etat de ce pays, au point de soutenir directement ou indirectement un renversement militaire. Parallèlement, tant que ses intérêts sont préservés dans un pays, quelque soient l'autoritarisme de ce dirigeant, son image est blanchi et son régime légitimé sous le couvert de la ``stabilité politique''. Ce postulat vicieux a toujours été au coeur de la politique africaine de la France et de l'Angleterre. Ainsi a-t-il été appliqué contre les chefs d'Etats du golfe de Guinée qui ont répondu trop favorablement aux propositions des autres puissances.

En effet, s'étant rendue à l'évidence qu'elle avait perdu le monopole sur l'exploitation forestière, minière et pétrolière ainsi que dans les travaux publics au Gabon, au Congo et en Angola, les autorités françaises se sont montrées plus respectueuses de la transparence dans la gestion publique de ces pays. Inscrite dans une logique de chantage, cette diplomatie subversive s'est manifestée à travers deux initiatives complémentaires : la publicisation propagandiste des ``biens mal acquis'' des présidents Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso sur le territoire français et leur mise en cause dans des scandales politiques, prototypes d'une crise pétrolière telles ``l'affaire Elf''187(*) au Gabon et ``l'Affaire du Beach''188(*) au Congo. En Angola, la révélation des réseaux d'approvisionnement d'armes et la mise en cause d'Eduardo Dos Santos dans ``l'Affaire Falcone''189(*) poursuivait le même but. L'enjeu était d'amener ces leaders à mesurer les lendemains funestes qui pouvaient leur être réservés si les services secrets français les livraient à la justice ou les abandonnaient à leurs détracteurs locaux et de la diaspora. Il s'agit de leur dire implicitement qu'ils ont intérêt à redonner au césar français ce qui lui revient. C'est donc loin du « relâchement de la solidarité patrimoniale » ou du « recul » perçu par Wullson Mvomo Ela190(*). Il s'agit plus d'une mise en oeuvre des représailles, des mécanismes de chantage et de dissuasion contre les leaders qui ont mis en péril leurs intérêts.

Enfin, l'implication de la Grande Bretagne et de la France dans la guerre civile au Libéria et en Cote d'Ivoire et leur mise en cause dans la tentative de coup d'Etat de mars 2005 en Guinée Equatoriale191(*) montrent jusqu'où peuvent aller ces puissances pour préserver leurs intérêts dans le golfe de Guinée.

Paragraphe 2 : De la survivance des zones d'influence dans le golfe de Guinée

Malgré l'irruption des puissances américaines et asiatiques dans le golfe de Guinée, la France et l'Angleterre demeurent dans la plupart des pays de la région des partenaires dominants. Les cas qui illustrent notre analyse sont le Cameroun pour la France et la Sierra Léone pour la Grande Bretagne.

A- Le Cameroun comme exemple de pré-carré français

En dépit du redéploiement et du repositionnement géostratégique des puissances occidentales et émergentes dans le golfe de Guinée, le Cameroun représente l'un des bastions du pré-carré français dans la région. Déjà au cours de la dernière décennie, tandis que les relations économiques et commerciales franco africaines étaient en difficulté dans la plupart des pays - pris dans l'engrenage systémique des conflits et des revers des programmes d'ajustement structurels-, celles franco-camerounaises se renforçaient notamment avec la mise sur pied du programme des privatisations. De plus, l'appui financier français à travers l'initiative PPTE jouait le rôle de facilitateur des investissements français. Ainsi, malgré la forte baisse induite de l'irruption d'autres partenaires, la France est demeurée le premier client et le premier fournisseur du pays en 2004192(*). Reçu en visite officielle en France par Jacques Chirac le 27 et 28 juillet 2006 et par Nicolas Sarkozy le 28 et 29 octobre 2007, le Président Paul Biya n'a pas manqué de rappeler cette place de leader que jouissait le France au Cameroun193(*). Ainsi, le marché et le secteur privé camerounais sont quadrillés par

une centaine de filiales de groupes français (...), représentant environ 30% des IDE, et quelque 200 PME-PMI de la même origine, actives dans le BTP, les équipements électriques et électroniques, la restauration, le conseil juridique, fiscal, (...)194(*).

D'après Didier Planche, dans ce quadrillage font figure d'envergure

Total et Perenco dans le secteur pétrolier, Vinci, Bouygues, Razel (désormais filiale du groupe allemand Bilfinger Berger) et Lafarge (Ciment avec CIMENCAM) dans le BTP, la Compagnie fruitière et l'Union fruitière africaine dans l'agriculture d'exportation avec la production de bananes, ainsi que Bolloré directement ou en partenariat (groupe belge Fabri) dans les palmeraies et le caoutchouc, Vilgrain/SOMDIAA dans la filière sucrière et également propriétaire de la principale minoterie (SGMC), Castel dans le secteur des brasseries, des boissons gazeuses et des eaux minérales, à nouveau Bolloré dans les filières logistiques et transport (les transitaires SDV et SAGA, CAMRAIL pour le rail, SEPBC pour les parcs à bois à l'export), ainsi que Air France-KLM et Chronopost. De même, France Télécom (Orange) et CFAO Technologies sont actifs dans le secteur des télécommunications, de l'informatique et les TIC, Alucam dans l'aluminium (contrôlé désormais par le canadien Rio Tinto), CFAO dans la distribution automobile (Socada, Cami Toyota) et de médicaments (Laborex), Rougier et Pasquet dans l'industrie du bois, AXA (...) et Gras Savoye dans les assurances, Groupe Crédit Agricole dans le secteur bancaire, Advans dans la microfinance, Ibis dans l'hôtellerie, etc195(*).

Bénéficiant des marchés captifs dans leurs secteurs respectifs, ces entreprises contribuent à plus d'un titre au rayonnement économique de la France ; maintenant toujours excédentaire sa balance commerciale. Ce carroyage systématique du paysage économique du pays fait du Cameroun le deuxième partenaire commercial et deuxième fournisseur de la France en zone franc après la Cote d'Ivoire ; son troisième client après la Côte d'Ivoire et le Sénégal196(*).

Dans le but de faire face à la concurrence des puissances occidentales et des puissances émergentes, la France a accentué son programme d'aide en direction du Cameroun où le président appelle explicitement les grandes puissances à émettre « un Plan Marshall pour l'Afrique »197(*). Ainsi, après l'atteinte du fameux ``point d'achèvement'' de l'initiative PPTE en avril 2006, le Cameroun a bénéficié de l'annulation de sa dette d'un montant de 3,47milliard de dollars de la part des créanciers bilatéraux du Club de Paris dès le mois de juin et la mise sur pied d'un Contrat de désendettement et de développement (D) qui maintient la France comme le premier bailleur des fonds du pays198(*). Enfin, malgré le succès de cette géopolitique de l'aide, la France fait face dans le pays à l'offensive des firmes américaines, japonaises, chinoises, indiennes et Malaisiennes. Ainsi, la pérennisation du président Biya à la tête de l'Etat camerounais est d'une grande assurance pour les entrepreneurs français qui légitiment le régime sous le concept de stabilité.

B- La Sierra Léone comme exemple de zone d'influence anglaise

La Sierra Léone occupe une place de choix dans la géographie des ressources du golfe de Guinée. Pourvue d'un potentiel, pétrolier, agricole, minier et forestier appréciable, le pays est notamment reconnu pour son diamant qui à lui seul justifie son placement au coeur des intérêts britanniques dans la région. Ainsi, prise dans les convoitises d'autres puissances, le pays a sombré dans une guerre civile sanguinaire qui a ravagé le pays durant la décennie 1990. Pour sauver ses intérêts, l'Angleterre y a effectué unilatéralement une intervention militaire en mai 2000199(*). Mais la paix n'est revenue dans le pays que depuis la fin d'année 2003. La Grande Bretagne demeure son premier bailleur de fonds et son premier fournisseur. Les entreprises britanniques font intrinsèquement partie du paysage économique du pays200(*). Cependant, tout comme le Cameroun, le pays est en passe de basculer dans le giron américain et d'autres puissances ; toutes déterminées à réaliser leur politique de puissance dans le golfe de Guinée.

CONCLUSION

En somme, l'objectif de ce chapitre était de mettre en lumière les mécanismes par lesquels les puissances extra-africaines procèdent pour opérationnaliser leurs stratégies de puissance dans le golfe de Guinée. Les initiatives diplomatiques dans la région reposent de ce fait sur une dialectique offensive et défensive de l'interactionnisme rationnel. Il en découle une logique de théâtralisation qui les inscrit dans des invariants géostratégiques.

TITRE II

INITIATIVES DIPLOMATIQUES, INVARIANTS GEOSTRATEGIQUES ET THEATRALISATION DU GOLFE DE GUINEE

La géostratégie, en tant que art et raisonnement sur la dimension géospatiale de la stratégie se fonde sur des composantes (distances, conditions climatiques, topographie, l'état des voies de communication, rapports de force) qui modélisent la réflexion et l'action des acteurs qui recourent à elle201(*). Et si l'objet est la transformation de l'espace au mieux d'un intérêt politique, l'analyse des stratégies à l'oeuvre se construit tant autour de ces composantes que sur des fondamentaux qui définissent tout action stratégique en l'occurrence la poursuite d'un but politique par des moyens rationnellement pensés, la dialectique des volontés, la loi de la réciprocité de l'action et la neutralisation de l'autre comme issue capital de la situation202(*). Ce sont ces principes que nous entendons par invariants géostratégiques. En ce sens, ce Titre cherche à montrer que les imitatives des grandes puissances dans golfe de Guinée s'inscrivent dans cette logique, amenant à voir un théâtre d'émulation géostratégique.

Partant du fait que la géostratégie peut s'inscrire dans un référent spatiotemporel pré-conflictuel ou conflictuel ou encore servir plutôt à préparer les puissances pour une probable conflagration203(*), deux axes de réflexion structurent l'analyse ici.

Le premier vise à analyser les stratégies de fixation des grandes puissances dans la région à partir du diptyque espace maritime/espace continental. Il fait l'objet du troisième chapitre intitulé ``Projections hégémoniques et ancrage géostratégique dans le golfe de Guinée : entre postures maritimes et postures continentales''. Le deuxième vise à montrer à partir de l'analyse de l'escalade des rivalités, des actions et réactions stratégiques à l'oeuvre dans l'occupation et le contrôle du cet espace-enjeu, qu'il constitue le nouveau glacis des puissances dominantes du système international. Il est le thème du quatrième chapitre titré ``De la ``glacisation'' du golfe de Guinée ».

CHAPITRE III

PROJECTIONS HEGEMONIQUES ET ANCRAGE GEOSTRATEGIQUE DANS LE GOLFE DE GUINEE : ENTRE POSTURES MARITIMES ET POSTURES CONTINENTALES

Un ancrage est un dispositif qui assure la fixité d'un matériel, d'un ouvrage ou des éléments d'une construction soumis à une traction, à une pression interne ou externe204(*). Il vise l'établissement et le maintien à long terme d'un système suivant un objectif précis. Ce concept traduit la rationalité pragmatique à l'oeuvre dans les luttes hégémoniques que se livrent les puissances extra-africaines dans le golfe de Guinée. A cet effet, dans le but de cristalliser leurs acquis géopolitiques et fixer à long terme leurs projets hégémoniques dans cette région, elles recourent aux actions géostratégiques. Sur la base des données géospatiales des pays de la région, ces puissances orientent leurs initiatives vers deux postures : une géostratégie des mers et l'ancrage des positions maritimes (Section I) et une géostratégie continentale pour les positions terrestres (Section II).

SECTION I : GEOSTRATEGIE DES MERS ET ANCRAGE DES POSITIONS MARITIMES DANS LE GOLFE DE GUINEE

Le golfe de Guinée forme un arc important de l'Atlantique Est. La Zone Economique Exclusive (ZEE) cumulée des seuls États de la CGG équivaut à un peu moins de la moitié des 519 000 milles carrés du domaine maritime du golfe de Guinée largo sensu c'est-à-dire de la Guinée Bissau au sud de l'Angola. Région d'importance stratégique, l'incapacité des Etats riverains à la mettre en valeur et en tirer le plus grand profit du point de vue du droit international de la mer les oblige à brader son contrôle aux grandes puissances qui s'attachent par des manoeuvres diverses à s'y positionner pour y faire valoir leur géopolitique. Ainsi, la configuration mouvante des rapports de forces entre ces puissances additionnée au basculement possible de leurs acquis dans la région rendent hypothétiques leurs positions; posant en impératif tactique l'intégration de la dimension maritime dans leur conduite diplomatico-stratégique205(*). Dès lors l'hégémonisation des espaces maritimes apparait comme une stratégie efficiente pour le contrôle du golfe de Guinée, érigé en front pétrostratégique.

Paragraphe 1 : L'hégémonie sur les domaines maritimes comme stratégie de maîtrise et de contrôle des espaces ou l'application des théories de Mahan dans le golfe de Guinée

Sur le plan géostratégique, les mers206(*) ne sont pas seulement ces étendues d'eaux qui couvrent 71% de la superficie du globe terrestre207(*). Au-delà de leurs enjeux géopolitiques, ils sont par essence géostratégiques208(*) et représentent de par leurs étendues et leurs configurations, des points de projection pour la transformation des espaces au mieux d'intérêts politiques et stratégiques, suivant les théories de l'Amiral américain Alfred Thayer Mahan (1840-1914)209(*). C'est ce qui justifie le quadrillage des domaines maritimes du golfe de Guinée par des forces navales de diverses nationalités.

A- Déploiements géostratégiques et projections hégémoniques dans les domaines maritimes du golfe de Guinée

La ``maritimisation'' des stratégies d'occupation et de contrôle des espaces dans le golfe de Guinée peut se lire à travers son quadrillage par les troupes navales des puissances qui s'y projettent. L'enjeu pour chaque puissance est de maximiser d'une part ses conditions d'accès aux routes commerciales210(*) et favoriser d'autre part une grande sécurité de ses multinationales pétrolières et halieutiques211(*). Deux puissances s'illustrent ici: les Etats-Unis et la France.

En effet, la soif de l'or noir et la Global War against Terror ont entrainé la résurgence des idées de Mahan dans la diplomatie navale américaine212(*). Le positionnement d'appuis aéronavals dans les ports du golfe de Guinée, les patrouilles en mer d'une brigade de Marines, d'abord de la CENTCOM et désormais de l'AFRICOM, la multiplication d'exercices conjoints et la formation des marins des pays riverains aux Etats-Unis dans le cadre d'une panoplie de programmes dont l'IMET (International Military Education and Training Program) et la Global Fleet Station sont autant d'illustrations de la volonté américaine d'ancrer son hégémonie navale dans la région. L'enjeu stratégique des domaines maritimes du golfe de Guinée a par ailleurs amené les Etats-Unis à y ancrer leur stratégie de déploiement opérationnel à partir des mers, formalisée en 1998 et plus connue sous le nom sea Basing. Elle illustre la conjonction stratégique entre la posture maritime des armées (basées en mer et aptes à intervenir en tout point du globe en cas de grande guerre) et leur aspect expéditionnaire dans le cadre de la défense des intérêts américains213(*). C'est dans ce cadre que du 25 janvier au 19 février 2005, un navire de la marine américaine dénommé Emory S. Land (ESL) a été dépêché d'Espagne avec à son bord 1400 marins pour patrouiller le golfe de Guinée en proie à la criminalité maritime et aux rivalités entre puissances. Il avait tour à tour mouillé au large du Ghana, du Togo, du Bénin, du Nigeria, du Cameroun, du Gabon et de So Tomé et Principe, sous le couvert du renforcement de la coopération militaire entre l'armée américaine et celle de ces Etats214(*).

Par ailleurs sur fond d'hégémonisme, la Us Navy a conçu en octobre 2006 un document intitulé Stratégie de Coopération pour la Puissance Maritime au 21ème siècle ; posant aux Etats-Unis, l'impératif de la domination des océans et la défense de l'essentiel des voies maritimes qui relient l'Amérique aux régions où ils tirent leurs ressources215(*). Si ce but est certes géopolitique216(*), il porte aussi sur une action géostratégique en l'occurrence développer la suprématie américaine dans les points susceptibles de permettre une large manoeuvre d'opération. Le Secrétariat à la défense a de ce fait entrepris une ambitieuse modernisation de la flotte américaine, incluant la conception ou l'achat de nouveaux porte-avions, de destroyers, de croiseurs, de sous-marins et d'un nouveau type de navire spécialisé dans le ``combat littoral''217(*). Réalisable sur plus d'une décennie, la consistance des sommes allouées à ce projet est impressionnante218(*). Enfin, en novembre 2007, les Etats-Unis ont signé avec les chefs d'Etats du golfe de Guinée l'African Partnership Station Initiative (APSI) qui autorise le déploiement des forces navales américaines dans leurs domaines maritimes219(*). Le vaisseau USS Fort McHenry a ainsi été déployé pour servir de plate forme à ces forces amphibies pendant sept mois220(*).

Photo 1 : Les marins américains au large du golfe de Guinée

Source : S. TAILLAT, « De l'action «au-delà de l'horizon» à la stabilisation des «littoraux chaotiques»», op.cit., p.1

Photo 2 : Le vaisseau USS Emory S. Land qui a patrouillé le Golfe de Guinée en février 2005

Source : Photo de la US Navy publiée dans http://navysite.de/ships/as39.htm consulté le 26 septembre 2009.

Photo 3: Un déploiement aéronaval américain en haute mer

Source : Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », op.cit. p.6.

Pour ce qui est de la France, au-delà de ses bases militaires continentales, elle s'est aussi attachée à conquérir et à ancrer sa puissance navale dans le golfe de Guinée. A la suite des Etats-Unis, c'est pour lutter contre la criminalité maritime que les autorités françaises ont persuadé les dirigeants du golfe de Guinée de l'impérativité de la présence militaire française dans la région. Désormais, les vaisseaux longtemps cantonnés en haute mer patrouillent les côtes du golfe du Guinée. Par exemple en 2007, relayant le TDC Orage221(*), le vaisseau polyvalent de la marine française le ``Jules Verne''avait dans patrouillé

Photo 4 : Le Jules Verne au large du golfe de Guinée
Source : Marine française, « Le Jules Verne dans le golfe de Guinée », in Mer et marine, n° du 25 avril 2007, p.1, http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=104491, consulté le 25 mai 2009.

les domaines maritimes de la région d'avril au mois d'août, avec pour mission officielle d'« assurer (...) la permanence maritime française en Afrique de l'ouest »222(*). Sous les ordres du Commandant l'Herminier, ce navire était arrivé le 19 avril à Dakar, avait stationné au large de Praia (Cap Vert) du 27 au 30 avril, à Abidjan (Côte d'Ivoire) du 7 au 9 mai, à Lomé (Togo) du 11 au 16 mai), à Port Gentil (Gabon) du 19 au 28 mai, une nouvelle fois à Lomé du 31 mai au 8 juin, puis à Douala (Cameroun) du 11 au 18 juin, à Port Gentil du 20 au 27 juin, à Accra (Ghana) du 1er au 3 juillet, à Abidjan du 5 au 7 juillet, à Nouakchott (Mauritanie) du 13 au 18 juillet puis à Dakar du 20 au 26 juillet. Il n'était revenu à Toulon en France que le 3 août223(*).

Dans ce périple, cet impressionnant navire d'une longueur de 151 mètres pour un déplacement de 10.250 tonnes en charge et armé de plus de 260 marins avait ancré la présence française dans le golfe de Guinée, constituant une mission d'assistance, de soutien aux forces navales et aux multinationales pétrolières françaises dans la région. Enfin, si ce déploiement a été légitimé par la dissuasion des bandes armées qui écument les mangroves du golfe de Guinée, il n'en demeure pas moins qu'il s'agissait plus d'un déploiement à visée hégémonique; car le faisant, la France cristallisait sa présence militaire dans la région et la matérialisait à ses rivales américaines et asiatiques.

Au-delà des ces déploiements, l'appropriation des sites stratégiques de la région est aussi un grand enjeu de cette géostratégie maritime.

B- L'appropriation des sites stratégiques du golfe de Guinée

Espace stratégique, le golfe de Guinée abrite des sites dont l'occupation et le contrôle sont incontournables dans les projections hégémoniques des puissances qui y sont actives. Ces sites sont des îlots et atolls par lesquelles 

les croiseurs de haute mer et les sous marins à propulseur nucléaire peuvent

se masquer et pister toutes les situations opérationnelles amies ou ennemies, et contrôler militairement le trafic aérien, maritime, militaire et civil224(*).

Tout porte à penser que les puissances en projection dans la région établissent une corrélation entre la possession de ces sites (îles du Cap Vert, de Bioko, d'Elobey Grande et Chico, Fernando Po, São Tomé et Principe, le Cap des Palmes, des Trois Pointes, le Cap Lopez, etc.) et l'hégémonie dans les domaines maritimes de la région et par delà sur l'espace continentale. Ce déploiement s'inscrit dans le raisonnement de Thucydide qui, longtemps avant Mahan, avait établi la pertinence stratégique de la domination des mers. Ainsi avait-il écrit dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse:

Notre expérience du domaine maritime nous en donne, malgré tout une plus grande sur terre, que celle du continent ne leur en donne à eux en matière maritime. Et la connaissance de la mer ne leur viendra pas aisément (...) car c'est une chose considérable que la maîtrise de mer225(*).

On peut dès lors comprendre l'obstination des Etats-Unis à développer un programme dit de « sécurité côtière »226(*) dans le Golfe de Guinée. En décembre 2006, Washington a ainsi signé avec São Tomé et Principe un accord d'installation des radars de la marine américaine dans l'île avec pour ambition le renforcement de la surveillance de couloirs de navigation stratégiques227(*). De plus, des négociations sont en cours pour la construction d'une base navale américaine dans cette île, projet qui aboutira à la transposition du site de l'US AFRICOM encore établi à Kelley Barracks à Stuttgart, en Allemagne. L'appropriation des sites stratégiques du golfe de Guinée permet aussi d'expliquer les projets français, britannique et chinois de renforcer leurs rapports avec les îles du Cap Vert et São Tomé et Principe. En y établissant des points de déploiement ou de repli pour leurs forces navales, ces puissances développent leurs capacités de projection et de prédation des ressources pétrolières de la région. En conséquence, le golfe de Guinée se trouve morcelé en fronts stratégiques et pétrostratégiques.

Paragraphe 2 : L'espace maritime du golfe de Guinée comme front stratégique et pétrostratégique des grandes puissances

Le golfe de Guinée apparait comme le creuset des nouveaux rapports de force qui s'établissent entre les puissances dominantes du système international.

De ce fait, le domaine maritime du golfe de Guinée est une zone d'exercice de la diplomatie de la canonnière. Elle s'illustre par la présence des croiseurs, destroyers, démineurs, sous-marins, porte-avions et frégates qui se déploient ou qui mouillent dans la région tandis que les hommes politiques s'attachent à négocier les accords de légitimation ou de construction des bases navales.

L'ancrage des domaines pétroliers, de production et d'échanges de cet hydrocarbure est au coeur des stratégies maritimes des puissances dominantes dans le golfe de Guinée. Chacune d'entre elle s'évertue à proposer son savoir faire maritime aux chefs d'Etats de la région avec pour ambition inavouée d'y assoir au mieux ses positions et assurer la sécurité de ses multinationales pétrolières228(*). Le potentiel off shore du golfe de Guinée a ainsi fait de cette région un continuum pétrostratégique hautement concurrentiel. Les acteurs historiques de l'industrie pétrolière de la région (Shell, Chevron, ExxonMobil et TotalFinaElf), - longtemps à l'abri d'un véritable challenge dans les aires d'activité sous tutelle de leurs Etats d'origine - doivent désormais faire face à l'irruption des nouveaux acteurs ; eux aussi soutenus par l'action politique, diplomatique et militaire de leurs Etats. Les plus offensifs de ces nouveaux acteurs sont PETROBAS du Brésil, la China Petroleum Corporation, la China petrochemical Corp, la China National Offshore Oil corporation (CNOOC), la China national Petroleum compagny (SINOPEC) et la Japan National Oil Company, etc. Sous fond de luttes hégémoniques, il s'agit de la mise en oeuvre de ce message adressé par les pétroliers américains à l'administration Bush en janvier 2002 avec pour titre : « If you lead, we'll follow [Si vous montrez la voie, nous suivrons] »229(*). Ainsi, les autorités de Washington font recours à tous les moyens pour assurer le déploiement et la fixation de leurs géants pétroliers. La Chine, le Japon, l'Inde et le Brésil en font de même ; mettant en éveil les partenaires traditionnelles de la région en l'occurrence la France et l'Angleterre. L'escalade navale qui en résulte conduit à la militarisation des domaines maritimes de la région.

Par ailleurs, les diplomates230(*) en visitent d'Etat dans la région proclament toujours devant la presse que les enjeux de leur présence sont le renforcement de la coopération avec les Etats concernés pour le bien de leurs populations. Pourtant, une analyse géostratégique amène plutôt à corroborer avec le Wall Street Journal qui dans un article intitulé Africa Emerges as a Strategic Battlefield [L'Afrique émerge comme champ de bataille stratégique]'' décrivait l'affrontement symbolique que se livrent les grandes puissances autour des ressources africaines au moyen d'initiatives diplomatiques231(*).

En somme, la présence navale des grandes puissances dans le Golfe de Guinée repose sur la maritimisation de leurs stratégies de puissance dans la région. Dans l'espace continental, ces puissances s'attachent aussi à y fixer leurs positions géopolitiques et géostratégiques.

SECTION II : INTELLIGENCE GEOSRATEGIQUE ET ANCRAGE DES POSITIONS CONTINENTALES DANS LE GOLFE DE GUINEE

La multiplicité des acteurs dans le golfe de Guinée exige pour la survie de leurs acquis l'intellection du cadre et des logiques géographiques de la région afin d'y assoir leurs positions et neutraliser leurs adversaires. Ainsi, font-ils recours à la géostratégie entant que savoir-utiliser l'espace dans leur conduites diplomatico-stratégiques. Dans ce contexte où les rapports de force et la dialectique des intelligences échappent aux chefs d'Etats de la région, la sauvegarde des intérêts individuels prime sur l'affichage des logiques libérales énoncées. Deux procédés sont de ce fait mis en perspective : l'émulation des postures diplomatico-stratégiques et la construction des infrastructures d'intérêts stratégiques.

Paragraphe 1 : L'émulation des postures diplomatico-stratégiques

Nous entendons par émulation la propension des grandes puissances à s'égaler ou à se surpasser dans leur conduite diplomatico-stratégique. Sous l'angle réaliste, dans une perspective de fixation continentale, l'analyse des déterminants à l'oeuvre amène à voir avec Raymond Aron la dualité des personnages au travers desquels elle est menée : les diplomates et les soldats232(*). Ainsi, les représentations diplomatiques et la présence militaire des grandes puissances dans les Etats du golfe de guinée ont été pourvues de sens et de puissance.

A- Sens et puissance des représentations diplomatiques

Dans les pays du golfe de Guinée, la somptuosité des infrastructures abritant les services des chefs de mission diplomatique est asymptotique de l'intérêt de chaque puissance. En conséquence, depuis le regain d'intérêts de ces puissances pour les ressources de la région, celles-ci se sont attachées soient à ouvrir des missions diplomatiques dans les pays où elles étaient jusque là absentes, soient à reconstruire celles existantes et revigorer les attributions et la personnalité de son ambassadeur. Chaque puissance s'attache de ce fait à rivaliser les autres par la magnificence de ses infrastructures diplomatiques.

Au Cameroun, en Guinée Equatoriale, au Nigéria et en São Tomé et Principe, les Etats-Unis ont en conséquence construit de nouveaux locaux pour leurs ambassades au courant des années 2002-2003. La sous-secrétaire d'Etat aux affaires africaines, Jendayi Frazer, avait de ce fait effectué une tournée d'inauguration, grandement médiatisée et saluée comme une illustration de l'excellence de leur coopération avec Washington233(*) . En 2002, l'ouverture de l'ambassade américaine à Luanda en Angola par le Secrétaire d'Etat Colin Powel plaçait aussi ce pays dans la ligne de mire de Washington234(*).

La Chine, l'Inde et le Brésil quant à elles disposaient en 2008 des ambassades dans tous les pays de la région. La Chine par exemple compte en Afrique 47 ambassades et 7 consulats généraux. Le Brésil quant à lui disposait en 2002 de treize ambassades en Afrique. En 2006 le nombre était passé à trente235(*).

Par ailleurs les chefs de mission diplomatique ont été appelés à sortir des sentiers battus de leur profession. La pluralité des puissances en présence à conduit à l'adaptation fonctionnelle de leurs institutions diplomatiques dans des missions géostratégiques. En réalité, c'est au niveau de l'information ; troisième fonction diplomatique traditionnelle après la représentation et la négociation que se situe la fonctionnalisation géostratégique des institutions diplomatiques des puissances en rivalité géopolitique dans le golfe de Guinée. La configuration mouvante des rapports de forces, l'imprévisibilité des issues des dispositifs d'hégémonisation et d'ancrage des acquis géopolitiques ont conduit ces puissances à mettre sur pied dans leurs structures diplomatiques des cellules d'information de circonstance. C'est ce que les Etats-Unis ont appelé Intelligence Preparation of Battlefield (IPB). Fondé sur le Système d'Information géographique ( SIG), il s'agit d'une méthode d'analyse ou d'étude des régions conflictuelles ou susceptibles de devenir un champ de bataille236(*). On peut dès lors comprendre pourquoi les plénipotentiaires occidentaux, sud américains et asiatiques s'intéressent de plus en plus aux dimensions géographiques, environnementales et géospaciales de leurs pays hôtes du golfe de Guinée. Sous le couvert de la protection de l'environnement, les atouts physiques (relief, climat, hydrographie, végétation, etc.), les marqueurs sociaux, culturels, économiques attirent plus que par le passé leur attention, amenant à les assimiler à ces explorateurs qui avaient écumé l'Afrique avant la colonisation pour s'enquérir des meilleures stratégies de prise en possession des territoires et de neutralisation des puissances rivales.

Suivant la logique géostratégique du savoir-penser l'espace pour mieux l'utiliser, les représentations diplomatiques dans le golfe de Guinée sont de ce fait devenues des outils majeurs de prospection pour l'élaboration des stratégies de positionnement, d'occupation et de contrôle de la région.

B- Présence militaire et veillée d'arme sur les acquis

Au-delà de l'enjeu stratégique de la présence militaire des grandes puissances en Afrique237(*), la propension interventionniste de ces forces (le cas des forces britanniques en Sierra Léone en 2001, de celles françaises en Côte d'Ivoire en 2006, au Tchad et en Centrafrique en 2007, etc.) illustre bien la veillée d'arme qu'elles mènent autour des acquis géopolitiques des puissances en question.

Pour ce qui est de la France, le scepticisme qui plane autour du discours volontariste du président Sarkozy devant les députés sud-africains en mars 2008

CARTE 4 : Les accords militaires franco-africains depuis 2002

Source : une carte réalisée en novembre 2002 par Philippe rekacewicz et publiée dans le site http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/franceafrique2002b, consulté le 3 novembre 2009.

sur la renégociation de tous les accords militaires de la France en Afrique, donne raison à ceux qui pensent qu'il ne peut handicaper le dispositif qui assure et garantit la géopolitique africaine du pays dont il a la charge. La France entretient depuis de nombreuses années une présence militaire permanente centrée sur les pays d'importance stratégique ou dotés d'énormes richesses naturelles. Ainsi, plus de dix mille soldats français sont pré-positionnés à Dakar, à Abidjan, à Lomé, à Libreville, à Ndjamena, à Djibouti et aux Comores238(*). Dans les autres pays d'Afrique subsaharienne, sous le couvert de l'assistance militaire, plus d'un millier d'officiers français y sont déployés en permanence pour espionner et contrôler la vie politique et économique ou inspirer et orienter la françafrique.

En ce qui concerne les Etats-Unis, avec la création de l'US AFRICOM, une partie du personnel militaire et civil de cette force a été affectée dans les ambassades et missions diplomatiques américaines pour « coordonner les relations de militaire-à-militaire entre les Etats-Unis et 53 pays africains, ainsi que les organismes de la défense et de la sécurité africaines »239(*). Au total l'AFRICOM prévoit un effectif de 1 300 personnes, dont la moitié sera des employés civils, y compris des représentants d'agences non militaires du gouvernement des Etats-Unis. En février 2008, 400 personnes avaient déjà été affectées à ce commandement240(*). Force polyvalente, on peut lire dans son site Internet :

Le commandement militaire des Etats-Unis pour l'Afrique développera une coopération plus étroite avec divers agences du gouvernement américain en introduisant des représentants d'autres agences au sein de son organisation. Ces fonctionnaires ne sont pas des officiers de liaison. Ils sont des membres entièrement intégrés dans le personnel du commandement. Les cadres des Départements d'Etat, du Trésor, du Commerce et d'autres agences apportent de nouvelles perspectives et des points de vue consentant pour que les forces armées des Etats-Unis puissent donner un appui plus efficace aux initiatives du gouvernement américain en Afrique241(*).

De ce fait, au-delà de la lutte contre le terrorisme, la criminalité maritime et la prévention des conflits qui sont les missions officielles de cette force, son personnel jouera aussi une fonction de cristallisation et d'ancrage de la puissance américaine en Afrique en général et dans le golfe de Guinée en particulier.

Paragraphe 2 : Constructions infrastructurelles et fixation géostratégique dans les pays du golfe de Guinée 

La propension des grandes puissances à se rivaliser sur l'initiation et le financement des projets de construction infrastructurelle dans les pays du golfe de Guinée n'est pas désintéressée. Elle est motivée par un impératif de contournement des obstacles liés à l'exploitation de certaines richesses. Pareille aux constructions coloniales, celles-ci visent leur fixité géopolitique par une orientation systématique vers leurs seuls intérêts, quitte à ce que la réalisation satisfasse ou non ceux des populations riveraines. Deux exemples illustreront notre propos : le pipeline Tchad-Cameroun pour les intérêts américains et la construction des routes en RDC pour les intérêts chinois.

A- Le pipeline Tchad-Cameroun et la fixation géostratégique des intérêts pétroliers américains

L'oléoduc Tchad-Cameroun a été pensé au courant de l'année 2000 pour faciliter l'exploitation et la commercialisation du pétrole Tchadien. Et si les pouvoirs publics de ces deux pays en avait fait un modèle de coopération intra-africaine, la question de son financement, des modalités et du choix des multinationales qui allaient exploiter ce pétrole alimentaient en sourdine les rivalités entre les puissances occidentales dont la France et les Etats Unis242(*).

Devant relier la région de Doba (pivot des gisements de Komé et de Bébedja) au port de Kribi sur une distance de 1070 km, ce projet nécessitait de gros moyens. Sous l'impulsion de Washington et au détriment de Paris, la Banque Mondiale se saisit du projet et l'exploitation des gisements revint aux firmes américaines EXonMobil, ChevronTexaco et Petronas.

Pour ne pas tout perdre, la France initia et facilita la privatisation de la Régie Camerounaise de chemin de fer (REGIFERCAM) ; reprise par le groupe Boloré sous le nom de Camrail. Considérant que le train est le seul moyen de transport des matériaux lourds des régions portuaires du Sud vers le Nord Cameroun, l'enjeu était d'avoir le monopole sur le transport des matériaux qui allaient servir à la construction de l'oléoduc. Le Cameroun ne devait bénéficier in fine que du droit de transit243(*). Dans cette dialectique des intelligences dont il sortait perdant et livrait ses populations à l'expropriation, à la pollution et aux dérives diverses, le projet fut lancé le 18 octobre 2000 et inauguré à Kribi par les présidents Biya et Deby en octobre 2003.

Et si Les responsables de la SNH (Société Nationale des Hydrocarbures) ont affirmé en janvier 2009 que depuis cette inauguration le Cameroun a déjà engrangé quelques 58,37 milliards F.CFA au titre des droits de transit244(*), la répartition de ces dividendes amènent à s'interroger sur ce qu'ont bénéficié les populations riveraines. Rien si on s'en tient au rapport de la Fondation Camerounaise d'Actions Rationalisées de Formation sur l'Environnement (FOCASFE)245(*). Le pipeline Tchad-Cameroun s'est révélé être un facteur de détérioration de l'environnement, d'expropriation et d'appauvrissement des populations riveraines246(*). Il s'agissait plus d'une construction de contournement des obstacles physiques à l'exploitation du pétrole, mobile de la présence américaine dans le golfe de Guinée. Il a servi à l'ancrage des intérêts stratégiques américains au Tchad par le Cameroun. En RDC, la construction des infrastructures routières a joué un rôle similaire pour la Chine.

B- Construction d'infrastructures routières et fixation géostratégique des intérêts chinois en RDC

C'est en 1961 que la Chine a noué des relations diplomatiques avec la RDC en installant son ambassade à Stanley ville, actuel Kisangani. Toutefois, les turbulences politiques qui survinrent au lendemain de l'indépendance - culminées par l'assassinat du Premier ministre Patrice Emery Lumumba et l'accession au pouvoir de Joseph Désiré Mobutu - conduisirent à la fermeture de cette ambassade suivant les logiques de la guerre froide. Il fallut attendre 1972 pour qu'elle soit à nouveau ouverte247(*). Et si en 2006, l'ambassadeur Fan Zhenshui dressait un bilan prodigieux248(*) de la coopération entre les deux pays, la Chine devait oeuvrer davantage pour s'imposer aux partenaires traditionnels en l'occurrence les Etats-Unis, la Belgique, l'Angleterre et la France249(*). Ainsi, dans le but d'ancrer ses positions dans ce pays, la Chine s'est engagée à financer à hauteur de plus de 11 milliards de dollars américains la construction de plusieurs autoroutes, routes et voies ferrées ; toutes orientées vers les sites au potentiel minier important.

Satisfaisant le président Joseph Kabila qui y trouvait des arguments pour sa campagne électorale, les protocoles d'accord pour ce financement ont été signés

par le ministre d'Etat aux infrastructures, travaux publics et reconstruction, Pierre Lumbi Okongo et le directeur général du Groupement des entreprises chinoises le 18 septembre 2007. Evalués à cinq milliards de dollars, le premier accord porte sur les travaux de construction ou de modernisation des infrastructures routières et ferroviaires250(*). Le second, d'un montant de 6.500.000.000 de dollars vise la construction de 31 hôpitaux de 150 lits équipés, 145 centres de santé de 50 lits équipés, de deux universités et de 5000 logements sociaux. En exploitant l'opportunisme et la cécité stratégique des pouvoirs publics congolais, l'ambassadeur chinois en RDC Fan Zhenshui a su négocier des mains de maître ces accords dont l'enjeu géostratégique nécessite d'être décrypté. On peut l'analyser sous quatre angles au moins; sous l'angle de ce que la Chine tirait de ces accords, sous celui de l'opportunité de l'orientation des infrastructures à construire, des modalités de leur réalisation et enfin sous l'angle de la réaction des partenaires traditionnels de la RDC.

Pour ce qui est du premier, il a été dit que la géopolitique africaine de la Chine repose sur trois enjeux : le ravitaillement en hydrocarbures, la quête des débouchés et des marchés pour sa croissance économique, l'expansion technologique et la promotion de son rayonnement international. En conséquence, aux termes de ces accords, la Chine à tenu à cristalliser ses dividendes. Dans le premier accord, les deux parties conviennent qu'elle va exploiter les mines congolaises pendant 30 ans dans la province du Katanga comme contrepartie. Dans le deuxième, il est décidé que la Chine recouvrira son argent par le système de péage pendant un temps indéterminé selon le modèle « Construire, exploiter et rétrocéder »251(*). Il s'agit donc d'un investissement à long terme qui permet à la Chine de fixer ses intérêts dans le pays.

Deuxièmement, en ce qui concerne l'opportunité de l'orientation faite aux infrastructures à construire dans le premier accord, une lecture géopolitique et géostratégique amène à voir leur orientation vers les sites au fort potentiel minier (Kasaï, Lubumbashi, Likasi-Kolwezi, Kivu, etc.) que la Chine s'est arrogée le monopole de l'exploitation sur une trentaine d'année. Auquel cas comment comprendre l'opportunité de ces infrastructures lorsque dans les zones rurales l'absence du minimum vital, de médecins, de médicaments, d'enseignants, d'eau et d'électricité hypothèquent l'épanouissement des populations congolaises et les livrent aux groupes rebelles ?252(*)

Troisièmement, pour ce qui est la réalisation de ces infrastructures, il s'agit pour la Chine de trouver un nouveau terrain d'expérimentation de sa technologie, des marchés pour ses entreprises et la main d'oeuvre à sa pesante démographie.

Quatrièmement enfin, ces accords étaient pour Pékin un moyen d'ôter aux partenaires classiques de la RDC leurs acquis et de neutraliser leurs ambitions futures. On comprend ainsi pourquoi les pays de l'UE sous le couvert du Fond Monétaire International (FMI) exigeaient la révision des modalités de ce contrat alors que les Etats Unis et la Banque Mondiale exigeaient son annulation pure et simple253(*). Quitte à ce que ces accords soient un jour renégociés, il ressort in fine que la Chine est parvenue à neutraliser les rapports de forces qui l'opposaient aux partenaires classiques de ce pays. Elle a pu contourner les distances qui constituaient l'obstacle majeur à l'exploitation des ressources minières dont elle a désormais le monopole. L'ancrage de ses intérêts en RDC est de ce fait un acquis sur le long terme.

CONCLUSION

En somme, il était question dans ce chapitre de montrer comment les puissances en projection dans le golfe de Guinée se servent de leur intelligence géostratégique pour y ancrer et cristalliser leurs intérêts. Il a permis de voir que deux postures sont à l'oeuvre dans cette perspective. Suivant les conjonctures, les opportunités et les intérêts à conquérir ou à défendre, ces puissances s'exercent tant dans l'espace maritime que dans l'espace continental de la région. La détermination à maximiser leurs dividendes, à renverser ou à obstruer l'essor de celles des autres fait d'elle un glacis géostratégique.

CHAPITRE IV 

DE LA ``GLACISATION'' DU GOLFE DE GUINEE

Au-delà de la conduite d'opérations militaires à l'échelle macrogéographique en temps de guerre254(*), la rationalité géostratégique accorde en temps de paix une grande importance au concept de glacis. Il se définit comme un ``espace-temps'' d'information plus qu'un simple terrain de manoeuvre dans lequel se teste la détermination de l'adversaire ou de l'ennemi en renforçant l'avantage du temps dont dispose la défense par le retardement de l'exécution de ses plans255(*). Cependant, si la mise en disposition d'un espace au service d'un intérêt politique par la conduite diplomatico-stratégique « a pour sens spécifique d'être dominée par le risque de guerre, d'affronter des adversaires en une rivalité incessante dans laquelle chacun se réserve le droit de recourir à l'ultime raison, c'est-à-dire la guerre»256(*), il s'avère pertinent d'appréhender le golfe de Guinée comme un glacis géostratégique. En ce sens, ce chapitre vise à montrer qu'il représente un cadre d'affrontements pour la facilitation, la maximisation du succès des décisions stratégiques des grandes puissances (Section I) ainsi qu'un espace para-sécuritaire et d'expérimentation d'avant-postes pour les prémunir ou les préparer aux manoeuvres de grande ampleur (Section II).

SECTION I : LE GOLFE DE GUINEE : UN ``ESPACE-TEMPS'' STRATEGIQUE DES PUISSANCES DOMINANTES

Si on corrobore avec Yves Lacoste la restriction du qualificatif "géostratégique" aux conflits dans lesquels « tel détroit, tel passage, tel archipel, tel gisement ou tel espace ethnique » n'est plus la scène inerte d'une rivalité interétatique, mais son enjeu fondamental et son facteur déterminant257(*), l'approche géostratégique des initiatives diplomatiques dans le golfe de Guinée amène à dire que cette région ne se réduit pas au cadre passif d'affrontements entre les grandes puissances. Il est pour elles un espace-temps de neutralisation réciproque, d'information, d'expérimentation et de test de leur détermination dans la lutte hégémonique qui les y oppose.

Paragraphe 1 : Le golfe de Guinée comme espace-temps de neutralisation ennemie et d'information en vue d'une meilleure décision stratégique

Les initiatives diplomatiques des grandes puissances dans le golfe de Guinée travaillent à faire de cette région un espace susceptible de neutraliser la progression de leurs ennemis potentiels ou réels et de fournir du temps pour élaborer les meilleures stratégies de riposte.

A- L'espace-temps d'obstruction des progressions ennemies

En multipliant chacune des initiatives dans le golfe de Guinée, chaque puissance s'attache à maximiser ses positions dans la région pour pouvoir les utiliser dans l'obstruction des buts géopolitiques et stratégiques de ses ennemis ou de ses adversaires. Pour ce qui est des ennemis nous prendrons le cas des terroristes et des pirates. Pour les adversaires, nous illustrerons notre propos par l'ensemble des déploiements des puissances en question, puisque chacune se positionne en s'opposant aux autres et que ses positions présentent de grandes probabilités d'être utilisées en cas de conflit armés.

Le déploiement géostratégique et pétrostratégique américain dans la région contre les terroristes islamistes (ennemis numéro un actuel des Etats-Unis), s'inscrit dans cette logique. En réalité, la transposition de la GWAT dans le golfe de Guinée et en Afrique en général représente pour les Etats-Unis un puissant moyen de contenir et d'endiguer le développement du terrorisme en Afrique. Du Plan sahel à l'US AFRICOM, un ensemble de forces et de programmes militaristes258(*) plus préventifs qu'expéditifs ont fait du golfe de Guinée, de la corne de l'Afrique et du Maghreb des zones grises prioritaires dans la GWAT259(*). La susceptibilité que ces régions deviennent «  le prochain champ de bataille dans la guerre contre le terrorisme »260(*) justifie l'appréhension des autorités de Washington et permet de comprendre cette stratégie préventive. En fin d'année 2008, le Général Jones, commandant de l'US EUCOM expliquait à propos des missions de l'US AFRICOM:

En nous efforçant de contribuer à endiguer la détérioration de la situation de ce continent qui ne cesse de prendre de l'importance, nous diminuons le potentiel que présente l'Afrique pour devenir le prochain front dans la guerre contre le terrorisme261(*).

L'endiguement de la transposition et du développement du terrorisme dans ces régions d'importance stratégique s'explique donc par la volonté des Etats-Unis d'y opérer une exemption stratégique pour ne pas avoir à lutter sur deux fronts. Il convient de rappeler que malgré leur puissance militaire, la pacification du Proche et Moyen Orient demeure hypothétique. Ainsi, la mission première de l'US AFRICOM est d'empêcher les problèmes africains de dégénérer en crises et celles-ci en catastrophes262(*). Cette stratégie prémonitoire justifie le soutien que les Etats-Unis et toutes les puissances en projection dans les pays du golfe de Guinée multiplient pour ``aider'' les pouvoirs publics à lutter contre les islamistes, les pirates, les rebelles et l'insécurité en général. Du Cap-Vert en Angola, leur présence militaire dans la région trouve de ce fait une cynique légitimation : la lutte contre le terrorisme, l'insécurité et la criminalité maritime.

Sur un tout autre plan, les initiatives de chaque puissance dans la région heurtent les intérêts des autres. Elle devient de ce fait l'adversaire des autres. Ce fait permet de comprendre la volonté des puissances occidentales - conduites par les Etats-Unis, la France et l'Angleterre - de contenir l'avancée des puissances émergentes - Chine, Inde et Brésil plus particulièrement - dans leurs pré-carrés du golfe de Guinée.

Appréhendée comme le nouveau porte flambeau du ``péril jaune''263(*), la montée en puissance de la Chine sur la scène internationale et son activisme en Afrique depuis le début des années 2000 inquiètent les puissances occidentales et l'érige en ennemi potentiel. En 1973 déjà, Alain Peyrefitte avait popularisé la phrase de Napoleon Ier : « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera »264(*). A lire Freddy Mulongo, avec 1,3 milliards d'habitants, soit un peu plus du cinquième de l'humanité, la Chine est le deuxième pôle mondial d'attraction des capitaux étrangers. Sa croissance économique a augmenté de 136% depuis 1990 et l'agriculture ne représente plus que 20% de son PIB. Avec une diaspora de 60 millions d'individus répartis dans 119 pays du globe, le commerce chinois s'accroit de 15% par an, avec un excédent de 16 milliards de dollars et des réserves en devises estimées à plus de 100 milliards265(*).

La Chine parvient à imposer sa vision des relations internationales à l'ONU, convoque en sommet l'UE et amène les pays membres à se démettre de leur orgueil d'Homme blanc266(*). En Afrique et dans le golfe de Guinée, la Chine est devenue le premier fournisseur267(*). L'Angola est désormais son premier pôle pétrolier devant l'Arabie Saoudite avec 456.000 barils/jour. Le Nigéria, la Guinée Equatoriale, le Gabon, le Cameroun et le Congo lui ont octroyé d'importantes concessions pétrolières.

L'organisation du sommet sino africain, signe de défiance aux puissances occidentales, le souhait d'Olusegun Obasanjo (alors président en exercice de l'OPEP) de voir la Chine diriger le Monde268(*) dans son discours de toast le 26 avril 2006 à Hu Jintao en visite officielle au Nigéria et le troc corrosif passé le 18 septembre 2007 entre Pékin et la RDC269(*) sont autant d'illustrations du réveil de la Chine. Cette montée en puissance est devenue pour le monde occidental une préoccupation majeure surtout pour les Américains pour qui l'activisme chinois est susceptible de 

(...) conduire à des frictions, voire un conflit ouvert, entre Beijing et Washington.

Les Etats-Unis, par conséquent, ont besoin d'une stratégie d'ensemble cohérente qui cordonne ses instruments de pouvoir diplomatique, militaire et économique afin de contrer l'influence grandissante de la Chine en Afrique270(*).

La France et l'Angleterre se sont mobilisées pour endiguer sa progression dans le glacis africain271(*). La logique d'action/réaction qui en résulte conduit à l'émergence d'un nouvel enjeu : faire du golfe de Guinée un espace-temps d'information pour l'élaboration et le perfectionnement des stratégies en cas de grande guerre.

B- L'espace-temps d'information en vue de l'élaboration et du perfectionnement des décisions stratégiques

Le golfe de Guinée est un espace stratégique. Or si l'objet de la stratégie est de conférer « un caractère conscient et calculé aux décisions par lesquelles on veut faire prévaloir une politique »272(*), la géostratégie fournit de par la connaissance des réalités de l'espace, des données susceptibles de faciliter l'élaboration, l'amélioration ou le perfectionnement de la décision des stratèges. Il convient alors d'occuper et maîtriser les espaces qui, construits en glacis, travaillent à rendre les instruments intellectuels de la décision stratégique plus précis et plus efficaces. D'après Franck Debié et ses paires, « La "géostratégie" n'est vraiment "stratégique" que si elle utilise l'espace, la réalité "géographique", de manière à servir la décision du stratège »273(*). Cependant,

Si l'espace a une chance de trouver quelque utilité pour la pratique stratégique, c'est d'abord en fournissant du temps et de l'information. L'espace que cherche à conquérir la géostratégie c'est un espace/temps. La géostratégie fait partie de la stratégie dans la mesure où le stratège se préoccupe d'organiser son espace pour améliorer le temps et l'information dont il dispose pour prendre sa décision. (...) Temporiser, utiliser toutes les possibilités de l'espace pour gagner du temps et recueillir de l'information. (...). Si la géostratégie organise l'espace pour gagner du temps c'est pour rendre plus sûre la décision du stratège. Du temps et de l'information, c'est l'information qui est la plus importante : le temps ne sert à rien si l'espace est muet274(*).

De ces considérations théoriques, le golfe de Guinée s'illustre de par sa position stratégique comme cet espace-temps du géostratège. Au travers d'initiatives diplomatiques, la détermination des grandes puissances à occuper et à contrôler cette région d'Afrique ne repose donc pas seulement sur des buts géopolitiques. Leurs déploiements dans l'espace maritime et continental tel qu'il ressort du chapitre précédent visent bien un but géostratégique : maximiser leurs positions, y tirer des informations pour pénétrer et comprendre les sources vitales et les logiques d'actions de leurs adversaires afin de pouvoir les utiliser en cas d'affrontements armés.

C'est durant la Deuxième guerre mondiale que les grandes puissances ont mesuré la dimension stratégique du continent africain en général. La lutte pour l'occupation et le contrôle de son flanc ouest s'inscrit dans cette logique. Par ailleurs, l'information est au coeur des projections diplomatico-stratégiques des grandes puissances dans la région. Point n'est besoin de rappeler que l'une des missions fondamentales des représentations diplomatiques est l'information. On peut dès lors comprendre pourquoi ces puissances se sont aussi attachées à y ouvrir des ambassades. De plus, le renseignement est aussi parmi les missions fondamentales des leurs forces qui quadrillent la région. Suivant le principe de l'actionable intelligence, associant militaires, diplomates et fonctionnaires civils, l'AFRICOM est par exemple appelé à améliorer le renseignement au service de la veille sécuritaire américaine275(*). Le golfe de Guinée est par ailleurs un continuum agonique où chaque puissance met à l'épreuve la détermination de ses adversaires.

Paragraphe 2 : Le golfe de Guinée comme espace d'affrontement et de test de la détermination des puissances adverses

Les luttes de positionnement qui opposent les grandes puissances dans le golfe de Guinée leur permettent de mesurer chacune sa capacité de projection et celle de ses adversaires. En mettant réciproquement en péril leurs intérêts dans la région, elles deviennent des ennemis potentiels. Ainsi, le golfe de Guinée est devenu un espace d'affrontement symbolique et de test de la détermination de chacune des puissances en prévision d'un affrontement armé éventuel.

A- L'espace d'affrontement symbolique en prévision d'un éventuel conflit armé ou de la probable guerre des matières premières

Les relations interétatiques présentent toujours un risque d'affrontement armé276(*). Ainsi, le golfe de Guinée apparait comme un champ de bataille stratégique dans lequel les grandes puissances s'affrontent dans la recherche d'une plus grande influence mondiale. Le risque que ces affrontements du moins symboliques basculement vers un conflit armé est réel en référence au fait que la plupart des ressources pour lesquelles ces puissances s'affrontent sont des ressources épuisables. Se raréfiant, ces ressources sont susceptibles de s'inscrire dans un futur proche dans une logique darwinienne où seuls les plus forts pourront les quérir. A lire Michael T. Klare277(*), les grandes puissances envisagent désormais l'émergence d'un théâtre d'opération global où l'élément déterminant sera la lutte pour les ressources vitales bien plus que l'ont été jusqu'aux années 1990 les idéologies et l'équilibre des forces entre les puissances. De ce fait, celles-ci s'attachent à quadriller les régions stratégiques ou qui abritent d'importantes ressources, y expérimentent leurs doctrines militaires et reconfigurent leurs forces afin de pouvoir l'emporter dans un tel environnement278(*).

En Chine par exemple, dans le rapport de l'année 2006 intitulé Puissance Militaire de la République Populaire de Chine, le ministère de la défense chinoise appréhendait la compétition pour les ressources et l'éventualité d'un conflit au sujet de Taiwan comme causes potentielles susceptibles de déclencher une guerre entre les États-Unis et la Chine279(*). En conséquence, ces deux facteurs ont été placés au coeur de la réflexion stratégique et de la modernisation militaire de l'armée chinoise. Pour cette guerre économique, Michael T. Klare note que dans l'édition 2008 de ce rapport, la Chine envisage de renforcer sa capacité de projection dans les régions dans lesquelles elle tire ses ressources, notamment les hydrocarbures280(*).

Les Etats-Unis quant à eux ne sont pas restés en marge de cette préparation281(*) pour une éventuelle guerre des matières premières ou un conflit quelconque contre ses adversaires européens ou asiatiques. Même si avec les premiers ils sont liés par des accords de défense tels que celui de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), l'inconciliabilité de leurs intérêts dans la région n'augure pas de lendemain meilleurs. Comme illustration, on peut évoquer l'unilatéralisme de plus en plus marqué de Washington et la guerre d'Irak. Nombreux sont les analystes qui pensent que l'AFRICOM n'est qu'une artillerie américaine pour affermir sa superpuissance dans le golfe de Guinée282(*). En outre, les négociations pour l'installation de son quartier général à São Tomé et Principe alors qu'initialement Washington optait pour le Maroc283(*) traduit la stratégie américaine de mieux se positionner dans la région et acquérir des facilités de projection à l'intérieur du continent.

Par ailleurs, à la lumière de l'histoire récente de l'unilatéralisme américain, l'intervention en faveur du Koweït lors de son invasion par Saddam Hussein en 1990 et les deux guerres du Golfe, en1991 et en 2003, montrent que la géopolitique américaine des hydrocarbures s'inspire fondamentalement de la doctrine du président Jimmy Carter qui stipulait que les États-Unis ne pouvaient permettre l'émergence d'une puissance ennemie dans le contrôle des flux pétroliers du Golfe Persique284(*). De ce fait, dans le golfe de Guinée, l'objectif qui sous-tend le dispositif diplomatique et militaire américain est « d'être en mesure de dicter l'avenir de la politique énergétique mondiale » pour reprendre les termes de l'ancien Vice-président Dick Cheney285(*).

La France et l'Angleterre quant à elles se mobilisent aussi dans cette course sur l'avenir géopolitique des ressources vitales. Sous le couvert de l'UE, la mise sur pied de l'EUFOR, dont ``l'humanisme sélectif''286(*) masque mal ses enjeux géostratégiques287(*), montre que ces puissances n'entendent pas rester en marge du glacis africain que représente désormais le golfe de Guinée. Enfin, la résignation de Nicolas Sarkozy sur le retrait des forces françaises répond au souci de Paris de préserver sa main mise sur son pré-carré288(*). Le golfe de Guinée apparait ainsi comme le centre de gravité des intérêts européens, américains et asiatiques289(*). En conséquence, cette région devient aussi pour chacune des puissances un espace où elle peut éprouver la détermination des autres.

B- L'espace de test de la détermination des adversaires

L'analyse des rivalités diplomatiques, militaires et économiques des grandes puissances et des puissances émergentes dans les pays du golfe de Guinée amène à penser qu'en s'affirmant dans cette région, elles le font aussi dans tout le continent et delà sur la scène internationale. Leurs initiatives participent de ce fait à cette dynamique d'escarmouches, de mise à l'épreuve pour déterminer jusqu'où peut aller les autres.

L'enchevêtrement de ces logiques amène à appréhender le golfe de Guinée comme un guet-apens stratégique où les grandes puissances s'attachent à mettre en difficulté les autres et éprouver leurs capacités de projection290(*). Les Etats-Unis ont de ce fait montré qu'ils demeuraient le premier ``prédateur''291(*) des hydrocarbures, réservant à l'AFRICOM (dont la compétence s'étend sur les cinquante Etats membres de l'Union Africaine à l'exception de l'Egypte) le droit de lever par la force tout obstacle à cette fin car l'une de ses mission est de

Développer la coopération militaire avec les pays africains, d'apporter un soutien à des missions non militaires et de mener des opérations militaires sur le continent africain si elles sont décidées par le gouvernement américain292(*).

La Chine et l'Inde ont quant-à eux fait renaître le ``péril jaune''293(*) en bouleversant les équilibres géopolitiques de la région ; le Brésil s'affirme désormais comme une puissance malgré l'insuffisance des ses moyens militaires, industriels et technologiques294(*) ; la France et l'Angleterre sont déterminés à garder leurs pré-carrés respectifs.

Tout porte donc à penser que chacune de ces puissances est résolue à marquer sa présence dans le champ stratégique d'exploitation des ressources africaines et du golfe de Guinée plus particulièrement. Par ailleurs, construit en glacis, cette région est aussi devenue pour ces puissances un cadre d'endiguement des grandes menaces à leur sécurité et d'expérimentation de leurs stratégies de puissance.

SECTION II : LE GOLFE DE GUINEE COMME ESPACE ``PARA-SECURITAIRE'' ET D'EXPERIMENTATION DES STRATEGIES

DE PUISSANCE

Ce n'est pas par philanthropie que les grandes puissances s'attachent à transposer leur protectorat sécuritaire en Afrique ou dans le golfe de Guinée. Si cette région est devenue depuis la fin de l'année 2001 leur glacis, elle ne se limite pas à un simple théâtre de rivalités géopolitiques ou à un espace-temps d'information et de mise à l'épreuve. Elle représente aussi pour elle un cadre ``para-sécuritaire'' et d'expérimentation de leurs stratégies de puissance.

Paragraphe 1 : Un cadre ``para-sécuritaire'' pour les grandes puissances

Assurer l'indépendance et la sécurité intérieure et extérieure est l'un des objectifs fondamentaux de tout Etat295(*). Cependant, les bouleversements sécuritaires induits de la fin de la Guerre froide ont conduit à l'affranchissement de la notion de sécurité du seul paradigme militaire. La distinction traditionnelle entre menaces intérieures et extérieures a perdu sa crédibilité. Les événements qui se produisent dans un pays lointain peuvent générer des ondes d'instabilité susceptibles de toucher les autres pays du monde. De ce fait, la notion de sécurité implique désormais la protection de l'environnement, l'acquisition des ressources stratégiques, la lutte contre la prolifération des armes légères et de destruction massive, le trafic des drogues et les menaces asymétriques que constituent le terrorisme et la piraterie maritime296(*). C'est donc dire que si les grandes puissances s'attachent à conquérir les ressources du golfe de Guinée, à lutter contre ces dérives ou à fournir d'importants soutiens aux pays de la régions dans cette perspective, c'est pour assurer au préalable leur propre sécurité.

A- La sécurisation par l'acquisition des ressources stratégiques

La conquête du monopole sur les ressources stratégiques du golfe de Guinée repose sur la volonté des grandes puissances d'assurer à leurs populations et à leurs industries des chances maximales de survie en cas de pénurie mondiale de ces ressources puisqu'elles sont épuisables. Il est à noter que ces puissances sont pour la plupart dotées d'importantes ressources, mais  celles-ci sont conservées pour les prémunir de l'épuisement des ressources de leurs fournisseurs africains ou d'Asie Orientale. Les Etats-Unis par exemple disposent d'importantes ressources énergétiques (charbon, pétrole et gaz naturel) dans les réserves protégées d'Alaska297(*) ; la Chine est le deuxième producteur mondial de charbon et onzième producteur du pétrole298(*).

L'offensive de ces puissances sur les hydrocarbures du golfe de Guinée299(*) représente de ce fait une manoeuvre de sécurisation et de mise à l'abri même si la réflexion est de plus en plus tournée vers le développement des biocarburants. Aussi bien pour les Etats-Unis, le Brésil, la Chine, l'Inde, la France et la Grande Bretagne, l'accès aux hydrocarbures du golfe de Guinée est une priorité géostratégique300(*). Par ailleurs, leur sécurité dépend aussi de l'endiguement du terrorisme et de la criminalité maritime dans la région.

B- La sécurisation par la lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime

Les puissances en projection dans le golfe de Guinée ne peuvent mieux y réaliser leurs politiques et stratégies de puissance si cette région n'est pas sécurisée. Or la mettre à l'abri de l'insécurité revient à endiguer sur l'ensemble du continent le trafic des narco-stupéfiants, les rebellions, les menaces terroristes et la criminalité maritime qui défient les capacités militaires et logistiques des Etats africains. C'est dans cette logique que les puissances qui ont des intérêts dans le continent ont initié des programmes de lutte et de renforcement des capacités africaines au maintien de la paix301(*). Toutefois, ces programmes ne sont pas aussi désintéressés qu'ils le paraissent puisqu'en assurant la sécurité des régions dans lesquelles elles tirent leurs ressources stratégiques, ces puissances assurent au préalable leur propre sécurité. En mars 2006 par exemple, le Général James Jones, commandant de l'US EUCOM résumait en ces termes l'intérêt croissant que les Etats-Unis portent au continent africain :

L'Afrique est un impératif stratégique mondial pour l'Amérique. Il importe donc de reconnaître que les questions de sécurité africaines pèseront de plus en plus sur la sécurité du territoire américain302(*).

Les pays de l'UE partent du même principe et la mise sur pied de l'EUFOR additionné au maintien des forces française en sont les illustrations. Dans le golfe de Guinée, les menaces terroristes au Nigéria, la montée de la criminalité maritime tout au long de l'année 2008 dans le delta du Niger, à Limbé et dans la presqu'île de Bakassi au Cameroun, au large de Libreville au Gabon, dans l'île de Bioko en Guinée équatoriale et en Angola ont mis en éveil tant les gouvernements des pays concernés que des grandes puissances303(*).

Les Etats-Unis en ont trouvé des arguments additionnels pour légitimer la GWAT et la création d'AFRICOM, la France et les pays de l'UE ont convoqué le fameux droit d'ingérence pour justifier leur présence militaire. Or l'analyse amène à voir que celui-ci n'est valable que si leurs intérêts sont menacés.

Au Cameroun par exemple, en septembre 2008, une cinquantaine d'individus cagoulés et bien armés ont débarqué à Limbé avec des embarcations rapides et pris d'assaut six banques du centre-ville ; opéré en toute quiétude leur forfait et repris le large après avoir mis sur le carreau un mort. L'affaire n'a intéressé que les autorités de la défense camerounaise. Cependant, au lendemain de l'attaque du navire français Bourbon Sagitta au large des côtes camerounaises dans la nuit du 30 au 31 octobre 2008 et de l'enlèvement de ses dix membres d'équipage (sept français, deux camerounais et un tunisien), le président Biya est revenu en catimini d'un séjour privé en Suisse et a reçu le 3 novembre l'ambassadeur français au Cameroun Georges Serre304(*). Avec le soutien français, il a négocié avec les Bakassi Freedom Fighters, libéré les dix otages et les a reçu sur fond de propagande au Palais de l'Unité305(*). Le Cameroun a par la suite donné son quitus aux gouvernements français et américain de faire de leur possible pour lutter contre ces ``assaillants''306(*). Le déploiement des forces navales étrangères dans le golfe de Guinée participe de ce fait plus à cette dynamique de sécurisation de l'exploitation pétrolière et halieutique que des Etats de la région307(*). Chaque puissance s'attache plus à assurer la sécurité de ses exploitations que des populations riveraines. La lutte contre le terrorisme et la criminalité maritime dans le golfe de Guinée relèvent donc plus des enjeux sécuritaires individuels et des moyens d'hégémonisation, d'expérimentation des stratégies de puissance que de protectorat désintéressé.

Paragraphe 2 : Un espace d'expérimentation des stratégies de puissance

Si on convient avec Philippe Moreau Defarges que la réflexion géopolitique tourne autour de la détention de la puissance décisive dans le monde futur308(*), les Etats qui aspirent à cette puissance se doivent de trouver des glacis pour y expérimenter leurs stratégies. L'enjeu est de détenir ce dont Sophie Chautard appelle ``la mondialité'' ; concept qu'elle applique aux régions qui par leur avantages stratégiques, intéressent de nombreux acteurs, et aux puissances capables de posséder ces régions309(*). De par ses enjeux, le golfe de Guinée est l'une d'entre elles. L'affirmation de la superpuissance américaine et le défi de la Chine sont les deux cas qui illustreront notre propos.

A- L'affirmation de la superpuissance américaine

Au début des années 1990 lorsque les Etats-Unis ont opéré un repli stratégique vers le continent africain, rompant avec la sous-traitance stratégique qui avait jusque là caractérisé sa politique africaine, nombreux sont les analystes qui entrevoyaient déjà les bouleversements géopolitiques et géostratégiques qui allaient en résulter310(*). Depuis la fin de l'année 2002, avec l'émergence du golfe de Guinée comme nouveau pôle pétrolier et l'appropriation du contre terrorisme mondial, les Etats-Unis se sont faits plus présents dans la région, y déployant tant dans l'espace maritime que continental leurs forces, leurs multinationales et entreprises commerciales311(*). De l'AGOA à l'AFRICOM, Washington s'affirme comme une superpuissance dont les forces militaires quadrillent le monde. Sous fond d'hégémonisme, cette force vient à point nommé s'ajouter à l'EUCOM centré sur l'Europe ; la Central Command au Proche et Moyen Orient, La Pacific Command en Asie dans le pacifique et l'Océan Indien, L'us Northern Command en Amérique du Nord et l'US Southern Command en Amérique du Sud.

Malgré la concurrence de plus en plus marquée des puissances émergentes et la résistance des partenaires traditionnels des pays du golfe de Guinée, les Etats-Unis s'affirment par le poids de leurs multinationales pétrolières (Exon Mobil, Chevron, Texaco, Philips Petroleum, Ocean Energy, Noble Energy, et Grynberg Petroleum) et de leurs arsenaux diplomatiques et militaires312(*). Sur les questions relevant de la lutte contre le terrorisme et de la criminalité maritime, les Etats-Unis contraignent à la coopération et à la sous-traitance leurs adversaires européens et asiatiques313(*). Dans le golfe de Guinée, dans la corne de l'Afrique, en Europe, dans le pacifique ou dans l'Océan Indien, les vaisseaux américains suivent les tankers, protègent les plate-formes qu'exploitent leurs multinationales pétrolières.

B- Le défi de la Chine

Sous le gouvernement de Hu Jintao, le golfe de Guinée et l'Afrique en général est devenu le cadre de la matérialisation de l'effectivité du ``réveil''314(*) de la Chine. L'offensive diplomatique des autorités de Pékin a culminé avec l'organisation du premier sommet sino-africain, l'opérationnalisation du fameux ``partenariat gagnant-gagnant'' et son ancrage en Afrique ont conduit à imposer la Chine comme une puissance stratégique d'appoint.

De 2000 à 2007 les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont été multipliés par cinq, passant de 10 à 55 milliards de dollars, devant aller au-delà de 100 millions en 2010315(*). Ce pays est devenu le premier fournisseur et le troisième client du continent derrière les Etats-Unis et la France. Plus de 800 sociétés chinoises y sont installées et emploient un peu plus de 130 000 travailleurs chinois. Ces chiffres devraient doubler voire tripler en 2015316(*). Ayant perdu l'Irak (occupé par les troupes américaines), la Chine s'est tournée vers les pays du golfe de Guinée qui assure 30 % de ses importations pétrolières. Enfin, elle s'impose en pourvoyeur de fonds, annulant la dette de ses fournisseurs et offrant des milliers de bourses d'étude317(*).Quels sont les clés de cette montée en puissance sur la scène africaine?

Christian Harbulot pense qu'elle se trouve dans l'inscription des rapports sino-africains dans ``une triple légitimité'': la légitimité historique issue de l'implication de la Chine dans les luttes de décolonisation de plusieurs pays africains, la promotion des principes de non-ingérence et de neutralité et enfin l'héritage tiers-mondiste de la guerre froide318(*).

Cette analyse certes pertinente, souffre de se focaliser sur les présupposés des rapports sino-africains et méconnait leur aspect stratégique qu'elle prétend étudier. De plus, en parlant de ``légitimité'', Christian Harbulot amène à penser que la Chine-Afrique est une induction naturelle du cheminement historique qui n'est nullement similaire entre les deux peuples319(*). Et lorsqu'il convoque la conférence de Bandoeng pour illustrer la participation chinoise à la décolonisation du continent, il semble ignorer que l'anticolonialisme tant des Etats-Unis, de l'Union Soviétique et de la Chine ne se justifiait que par leur volonté de voir les empires coloniaux se disloquer pour qu'ils puissent avoir leur part dans l'exploitation des ressources africaines comme on le réalise aujourd'hui. Cette conférence était donc plus pour la Chine un moyen de se rapprocher des pays africains. Parlant de la ``coopération sans conditionnalités'' et de la neutralité320(*), les analystes qui convoquent ce principe pour justifier le succès de la Chine en Afrique semblent ignorer qu'elle ne coopère qu'avec ceux qui reconnaissent son unité en méconnaissant Taiwan. Le problème tibétain est venu s'ajouter à ces conditionnalités non-dites mais réelles. La non-ingérence et la neutralité brandies par Pékin ne sont donc que des données fictives qui tendent à différencier théoriquement la Chine des partenaires occidentaux.

L'intelligibilité de la stratégie de puissance de la Chine ne peut donc se faire que si elle est passée au crible de l'analyse géopolitique et géostratégique. Dans cette perspective, il ressort que la Chine a su tirer profit de la cécité stratégique des leaders africains. Elle a su construire et instrumentaliser des liens dits historiques qui la lient aux Etats africains. Par son intelligence stratégique, elle a été la mieux à expérimenter les usages géostratégiques de la diplomatie ; problématique centrale de cette étude. Enfin, par son ``partenariat-gagnant gagnant'' et l'émulation de son ``bon samaritariat'', elle a pu s'imposer en moins d'une décennie comme la puissance émergente la plus impressionnante du monde actuel, rivalisant et ravissant la vedette aux occidentaux dans leurs pré-carrés africains321(*).

Il s'avère de ce fait naïf de penser que le succès de la Chine en Afrique est une téléonomie historique, ou encore l'induction de sa ``non ingérence'' dans la vie politique des Etats africains. En instrumentalisant l'échec de la coopération entre les Etats africains et leurs partenaires du Nord, la Chine a conçu ces principes diplomatiques abstraits dans le seul but de s'intégrer dans le champ des manoeuvres d'occupation et d'exploitation de l'espace africain. En ce sens, son activisme en Afrique et plus particulièrement dans les Etats du golfe de Guinée ne saurait se limiter à la poursuite des buts géopolitiques. Sous l'angle géostratégique, Pékin oeuvre aussi pour l'occupation de cet espace stratégique afin d'affirmer la mondialité de sa puissance322(*).

CONCLUSION

En somme, le golfe de Guinée est de nos jours au coeur des enjeux géopolitiques, géoéconomiques et géostratégiques des grandes puissances qui en font leur glacis. Espace-enjeu, il est devenu à la fois un espace-temps d'information, d'obstruction des buts géopolitiques et stratégiques adverses, de sécurisation, de mise à l'épreuve et d'expérimentation des stratégies de puissance.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de cette étude sur la question essentielle des usages géostratégiques de la diplomatie dans l'occupation de l'espace africain à partir du cas de golfe de Guinée, il ressort que ceux-ci reposent sur des manoeuvres de transformation de cette région au mieux d'intérêts politiques et stratégiques. L'enchevêtrement des intérêts des acteurs en place conduit à faire d'elle un cadre d'émulation des rapports de force et de dialectique des intelligences.

Sous le couvert de la coopération et de l'interdépendance entre les Etats, les grandes puissances s'y projettent et sont accueillis avec euphorie par les pouvoirs publics au mépris de la célèbre maxime de Georges Washington selon laquelle « aucune nation ne doit être crue au-delà de son intérêt »323(*). Le golfe de Guinée se trouve en conséquence placé au carrefour de diverses constructions géopolitiques et géostratégiques. Tant des Etats-Unis, du Brésil, de la France, de la Grande Bretagne, de la Chine, de l'Inde et du Japon, l'enjeu géostratégique de leurs initiatives tant offensives que défensives est d'être présent dans la région et de la placer au service de leurs stratégies de puissance. Il en résulte des logiques de compétition où l'action de l'une conduit à la réaction des autres.

A cet effet, il convient de corroborer avec Raymond Aron pour qui la généralité des relations interétatiques est qu'elles poursuivent toutes les mêmes objectifs, définis en termes de puissance et de sécurité324(*). De plus, pour les réaliser, le choix des moyens diplomatiques et/ou militaires n'est que fonction des contingences325(*). Entre la diplomatie et la contrainte, les frontières ne sauraient donc être étanches puisque la diplomatie peut s'inscrire dans la violence et l'usage de la force n'exclut pas les transactions diplomatiques comme a su le dire Guillaume Devin326(*). Au travers d'initiatives diplomatiques, les grandes puissances recourent de ce fait aux manoeuvres géostratégiques pour concrétiser leurs projets géopolitiques. Cette étude conduit ainsi à souligner la pertinence de la conduite diplomatico-stratégique au coeur de la pensée aronienne des relations internationales. Elle réaffirme la mitoyenneté des théories réaliste et libérale dans les relations internationales puisqu'un Etat peut poursuivre des buts réalistes par des actions libérales. La diplomatie entant qu'instrument de mise en coopération est de ce fait aussi un vecteur des rapports de forces327(*).

Quatre thématiques ont de ce fait structuré ce travail. La première porte sur l'enchevêtrement des impératifs géopolitiques à l'oeuvre et l'appel aux projections géostratégiques. La deuxième sur leur opérationnalisation ; la troisième sur les stratégies d'ancrage en vue de la cristallisation des acquis géopolitiques à long terme et la quatrième sur la ``glacisation'' de cet espace.

Le golfe de Guinée est donc semblable à un champ de conflictualité où l'enjeu n'est plus seulement pétrolier, mais aussi et surtout l'occupation des points stratégiques susceptibles d'affirmer la mondialité d'une puissance. En conséquence, les leaders de la région devraient penser à la redéfinition de ce que leurs pays gagnent dans ce jeu de puissance. La CGG devrait se doter des moyens plus pragmatiques qu'institutionnels328(*) et oeuvrer pour une réelle intégration des politiques de gestion des ressources et de sécurisation contre les menaces asymétriques en l'occurrence le terrorisme et la criminalité maritime. De même, une réelle adhésion de tous les Etats de la région peut leur permettre de taire leurs différends frontaliers et former un groupe fort et crédible, capable de mieux défendre leurs intérêts dans cette cours diplomatique des grandes puissances. Pour cela, il leur faut au préalable se soustraire de cette réception euphorique des initiatives diplomatiques des puissances américaines, asiatiques et européennes. Elles alourdissent la tutelle politique, stratégique et économique que ces puissances exercent sur les Etats africains.

Cette étude ouvre ainsi d'autres pistes de recherches qui méritent d'être explorées. Placé au centre des enjeux internationaux de l'heure, le continent africain demeure paradoxalement le moins intégré dans le concert des nations. Les modalités de cette intégration devraient intéresser la recherche stratégique. Et si on convient avec Alain Fogué Tédom que la voie la plus rationnelle est la sortie de l'extraversion par l'acquisition d'une autonomie politique et stratégique329(*), l'opérationnalisation de ce projet demeure à définir.

La sauvegarde des intérêts des puissances occidentales et asiatiques sur le continent ne pouvant que les amener à redouter cette émancipation, l'enjeu pour les Etats africains et plus particulièrement du golfe de Guinée est d'inscrire leurs initiatives dans une dialectique des intelligences qui passe au préalable par un éveil stratégique. Par pragmatisme, le problème est de pouvoir instituer cet éveil sans toutefois se mettre en situation de défiance face à ces puissances ; auquel cas elles s'attacheraient à l'étouffer car tirant grand profit de la cécité stratégique des leaders africains. En ce sens, il se dégage au confluent de la mondialisation l'impératif d'une réelle réflexion sur la sortie de cet handicap à la capacité des leaders africains à définir eux-mêmes l'intérêt de leurs pays et de se donner les moyens de les réaliser.

Enfin, l'objectif poursuivi dans cette étude était de montrer que les initiatives diplomatiques des grandes puissances en Afrique sortent des canevas libéraux pour poursuivre des buts réalistes et géostratégiques centrés autour de l'occupation et du contrôle de l'espace africain. Peut-on dire que cet objectif a été atteint? Nous pouvons l'estimer. Toutefois, il convient de reconnaitre que les résultats auxquels nous sommes parvenus souffrent d'une limite importante liée au fait que le réel scientifique n'est jamais saisissable dans sa totalité. Ils s'inscrivent dans l'essence de toute connaissance scientifique qui, d'après Bachelard, doit se former en se reformant par une continuelle évaluation330(*).

ANNEXES

ANNEXE 1 : Production et projection pétrolière des pays du golfe de Guinée de 1990 à 2033 en milliers de barils par jour

 

Angola

Cameroun

Rép. du Congo

Guinée Equato.

Gabon

Nigéria

1990

473

145,8 (+)

165,7

0

270,0

1.812

1991

497

136,7 (+)

160,8

0

296,0

1.894

1992

549

129,9 (+)

172,8

3,1

294,0

1.959

1993

504

113,7 (+)

189,8

4,5

312,0

2.038

1994

550

107,9 (+)

180,8

4,9

356,0

1.897

1995

617

101,1 (+)

180,0

6,2

368,0

1.990

1996

679

101,7 (+)

196,0

16,9

364,0

2.179

1997

698

114,8 (+)

238,0

56,6

368,0

2.271

1998

739

119,5 (+)

252,8

82,9

378,3

2.231

1999

746

113,4 (+)

259,4

103,1

313,0

2.110

2000

748

114,2 (+)

253,0

117,9

272,3

2.261

2001

741

103,3 (+)

234,0

208,3

260,0

2.238

2002

894

102,5

230,1

248,1

251,2

1.960

2003*

875

97,3

215,0

282,2

270,1

2.450

Projections :

2004

996

90,1

228,2

383,2

272,6

2.460

2005

1.172

85,8

268,2

397,2

268,8

2.710

2006

1.606

81,4

278,0

409,3

243,0

2.700

2007

2.056

n/a

282,0

441,5

219,7

2.750

2008

2.142

n/a

278,2

494,5

192,1

2.810

2009

n/a

n/a

n/a

460,5

170,7

2.880

2010

n/a

n/a

n/a

427,0

162,7

2.700

 

2015

n/a

n/a

n/a

283,3

112,0

3.000

2020

n/a

n/a

n/a

n/a

82,0

3.400

2025

n/a

n/a

n/a

n/a

60,0

3.800

2030

n/a

n/a

n/a

n/a

44,0

n/a

2033

n/a

n/a

n/a

n/a

36,0

n/a

 

Note :

(*) Estimations

(+) Production de l'exercice ayant commencé au cours de l'année indiquée (par exemple, 1990 correspond à l'exercice 1990/91).

Source: Energy Information, U.S Department of Energy, rapports du FMI, annexés par Damian ONDO MANE, L'émergence du golfe de Guinée dans l'économie mondiale : perspective et défis, op.cit., p.21.

ANNEXE 2 : Structure et organisation des acteurs institutionnels qui interviennent dans le fonctionnement du RECAMP

FAZSOI

Sénégal

FFDJ

DJIBOUTI

RESEAU PERMANENT DE COOPERATION MILITAIRE

FORCES PREPOSITIONNEES

ALINDIEN

CORYMBE

EM Air

ESSENCE

SANTE

EM Marine

EM Terre

CONSULTATION

ETAT MAJOR INTERARMEES DE FORCE ET D'ENTRAINEMENT (EMIA-FE)

ETAT MAJOR DES ARMEES (EMA)

MINISTERE FRANÇAIS DE LA DEFENSE NATIONALE

SERVICE

PESC

DIRECTION

Coopération internationale et du Développement

DCID

DIRECTION

Nations Unies et Organisations Internationales

DNUOI

DIRECTION

Coopération militaire et de défense

DCMD

AMBASSADEUR RECAMP

MINISTERE FRANÇAIS DES AFFAIRES ETRANGERES

GENDARMERIE

DIRECTION

Afrique

Océan Indien

DAOI

ATTACHES DE DEFENSE AUPRES DES ETATS DE LA CEDEAO, DE LA CEEAC, DE LA SADC

25 ATTACHES DE DEFENSE AUPRES DES ETATS MEMBRES DE L'UNION EUROPEENNE

DIRECTION

COOPERATION EUROPEENNE

TFG

GABON

FFCV

CAP-VERT

ECOLES NATIONALES A VOCATION REGIONALE

Source : Samir BATTISS, « RECAMP », in Opérations de paix, p.3, http://www.operations

paix. net/-RECAMP- consulté le 22 juillet 2009.

ANNEXE 3 : Le ``Don japonais'' et la construction des écoles au Cameroun

Projet

Date de signature de l'échange de notes

Budget (FCFA)

Réalisation

1er

Phase 1

Août 1997

6,4 milliards

Construction de 9 écoles et la construction partielle de 5 écoles à Douala

Phase 2

Octobre 1998

6,8 milliards

6 écoles et la finition de 5 écoles à Douala et la construction de 2 écoles et la construction partielle de 3 écoles à Yaoundé

Phase 3

Août 1999

5,8 milliards

Construction de 6 écoles et la finition de 3 écoles à Yaoundé

2ème

Phase 1

Août 2001

5,65 milliards

10 écoles et 144 salles de classe dans le centre

Phase 2

Juin 2002

5,7 milliards

3 écoles et 56 salles de classe dans le centre ; 6 écoles et 74 salles de classe dans le Sud

Phase 3

Juin 2003

8 milliards

12 écoles et 163 salles de classe à l'Ouest

3ème

Phase 1

Août 2004

4 milliards

8 écoles et 125 salles de classes dans le Centre ; 5 écoles et 43 salles de classes dans le Sud

Phase 2

Juin 2005

8,8 milliards

10 écoles et 171 salles de classes dans le Sud-Ouest ; 2 écoles et 16 salles de classe dans le centre

Phase 3

Juin 2006

4,5 milliards

7 écoles et 75 salles de classe dans l'extrême Nord, 4 écoles et 42 salles de classe dans le Nord.

Source : Tableau publié par Le Communal, n° 10, novembre-décembre 2006, p.27, cité par Christian ALIMA ZOA, « Les clés de l'offensive politico-diplomatique du Japon en direction de l'Afrique et du Cameroun depuis 1991 », op.cit., p.85.

ANNEXE 4: Les initiatives militaires américaines en Afrique depuis 2002

Source : Carte réalisée à partir des données fournies par Joseph Vincent NTUDA EBODE dans ses articles «Terrorisme et contre terrorisme en Afrique : perspectives américaines et préoccupation américaines », op.cit. et « Terrorisme mondial et contre terrorisme en Afrique : l'African Command ou la fin de l'exception stratégique africaine », op.cit.

Réalisateur : Théophile NCHARE NOM

ANNEXE 5 : Caricature des paradoxes du pipeline Tchad-Cameroun

 

Source : Alliance Nationale de la Résistance du Tchad, « Pipe line Tchad/Cameroun : un accablant constat ! Projet pipeline Tchad Cameroun: la pauvreté a-t-elle diminué dans les zones traversées? », op.cit., p.3.

ANNEXE 6 : Caricature des rivalités occidentalo-chinoises en RDC

 

Source : Cédric KALONJI, « La RDC terrain de combat entre l'occident et la Chine », op.cit., p.1.

ANNEXE 7 : Discours d'ouverture de Hu Jintao lors d'ouverture du sommet sino-africain du 4 au 6 novembre 2006

______________________________________

DISCOURS DE MONSIEUR HU JINTAO, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE A LA CEREMONIE D'OUVERTURE DU SOMMET DE BEIJING DU FORUM SUR LA COOPERATION SINO-AFRICAINE

BEIJING, 4 novembre 2006

Monsieur le Premier Ministre Meles Zenawi,

Chers Collègues,

Chers Invités,

Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

Nous vivons aujourd'hui un jour mémorables. Dans un esprit d'amitié, de paix, de coopération et de développement, les dirigeants chinois et africains se trouvent réunis à Beijing pour évoquer leur amitié et discuter des grandes orientations pour le renforcement des relations sino-africaines ainsi que la coopération et la coopération entre les pays en développement. Je tiens d'abord à exprimer, au nom du gouvernement et du peuple chinois et en mon nom personnel, mes chaleureux souhaits de bienvenue et mes sincères remerciements à tous les collègues ici présents. J'aimerai également transmettre, à travers les dirigeants africains qui sont parmi nous aujourd'hui, aux peuples africains frères, les salutations cordiales et les meilleurs voeux du peuple chinois.

Le forum sur la coopération sino-africaine a été crée en octobre 2000 sur l'initiative commune de la Chine et de l'Afrique. Il s'agit là d'une action d'importance première pour approfondir l'amitié traditionnelle et renforcer la coopération sino-africaine. Durant les six années de son existence, 2 conférences ministérielles ont été organisées avec succès à Beijing et à Addis-Abeba, et est ainsi devenu une plate forme importante et un mécanisme efficace pour le dialogue collectif, l'échange d'expériences en matière de gouvernance, le renforcement de la confiance mutuelle et le développement d'une coopération pragmatique entre la chine et les pays africains.

Chers Collègues,

Chers amis,

Cette année marque le cinquantenaire de l'inauguration des relations diplomatiques entre la Chine nouvelle et les pays africains. Malgré l'éloignement géographique, l'amitié sino-africaine plonge ses racines de la profondeur des âges et ne cesse de s'approfondir au fil des ans. Le peuple chinois et les peuples africains, persévérants et entreprenants, ont su créer au cours de longue histoire, une civilisation brillante aux couleurs différentes. A l'époque contemporaine, refusant l'asservissement, ils ont lutté vaillamment et écrit des pages glorieuses de la conquête des libertés et de l'émancipation, de la sauvegarde de la dignité humaine, de la construction du pays et du renouveau de la nation. Le développement de la Chine et de l'Afrique ont contribué largement à la civilisation et au progrès de l'humanité.

Depuis un demi-siècle, les chinois et les africains, étroitement solidaires, voient se raffermir sans cesse leur amitié. Les échanges et la coopération sino-africaine se sont développés sur tous les plans et ont donné des fruits abondants. Dans les affaires internationales, la Chine et l'Afrique se sont prêtées et concertées pour définir les intérêts légitimes des pays en développement.

La Chine a été toujours et fermement avec les peuples africains au cours de leur lutte pour la libération nationale. Comme dans la construction de leurs pays, l'amitié qu'éprouve le peuple chinois envers les peuples africains est constante et invariable, comme le montrent les faits suivants : depuis la formation des personnels techniques jusqu'à la formation des talents, depuis l'aide à la construction des chemins de fer Tanzam jusqu'à la réalisation de divers projets, depuis l'envoi des équipes médicales jusqu'à l'envoi des officiers et des soldats chinois pour les opérations de maintien de la paix. Le peuple chinois n'oubliera pas l'appui total des amis africains au rétablissement de la République Populaire de Chine dans son siège légitime aux Nations Unies. Il n'oubliera non plus le voeu sincère des pays et peuples africains de voir se réaliser la noble cause de la réunification pacifique de la Chine ainsi que son objectif grandiose de la modernisation du pays.

Aujourd'hui, l'amitié sino-africaine s'est enracinée dans les coeurs de nos peuples. Si cette amitié résiste à l'épreuve du temps et des aléas internationaux, c'est que nous sommes de part et d'autre tous restés fidèles, dans le développement de nos relations, aux justes principes de l'amitié sincère, du traitement d'égal à égal, du soutien mutuel t du développement commun.

L'amitié sincère, tel est le socle solide pour le raffermissement continu de l'amitié sino-africaine. Nos deux parties sont l'une comme l'autre très attachées à notre amitié traditionnelle et travaillent de tout coeur pour la renforcer.

Le traitement d'égal à égal est la garantie sûre pour le renforcement de la confiance mutuelle sino-africaine. Nous respectons le libre choix de chacun de sa voie de développement, attachons une importance aux préoccupations de chacun et apprenons consciencieusement les expériences de chacun en matière de développement.

Le soutien mutuel constitue la force motrice inépuisable de la coopération sino-africaine inscrite dans la durée. Chacune de nos deux parties souhaite ardemment et soutien sincèrement le développement et le progrès de l'autre tout en engageant une coopération tous azimuts.

Le développement partagé est l'objectif commun poursuivi inlassablement par les peuples chinois et africains. La Chine et l'Afrique, l'une comme l'autre, sont très attachées à leur coopération mutuellement avantageuse qui devra profiter à leurs peuples.

Chers Collègues,

Chers Amis,

Actuellement, la situation internationale connait des changements aussi profonds que complexes. La paix, le développement et la coopération demeurent les grands thèmes de notre époque. La multi polarisation et la mondialisation économique gagnent en profondeur, les sciences et technologies connaissent des progrès prodigieux, la coopération régionale est en plein essor et l'interdépendance entre les pays s'accroit sans cesse. Voilà autant d'opportunités inédites de développement pour les différents pays. Mais, également parallèlement, la disparité de développement dans le monde, le fossé croissant entre le Nord et le Sud, l'entremêlement des menaces traditionnelles et non traditionnelles sur la sécurité et la multiplication des facteurs d'instabilité et d'incertitude pouvant compromettre la paix et la sécurité du monde font que de nombreux pays en développement sont confrontés à des défis sérieux dans la voie de la réalisation du développement durable.

La Chine est le plus grand pays en développement dans le monde, tandis que l'Afrique est le continent regroupant le plus grand nombre de pays en développement. La population totale de la Chine et de l'Afrique représentent plus d'un tiers de la population mondiale. Si la Chine et l'Afrique ne connaissent la paix et le développement, la paix et le développement du monde ne seront qu'un vain mot.

Dans ce nouveau contexte, la Chine et l'Afrique voient leurs intérêts communs s'élargir, et leurs besoins mutuels s'accroître. L'établissement d'un nouveau partenariat stratégique sino-africain est à la fois une exigence intrinsèque de la coopération sino-africaine et une nécessité pour promouvoir la paix et le développement et la paix dans le monde. Que les rapports sino-africains progressent sans cesse, cela contribuera non seulement au progrès de la Chine et de l'Afrique, mais aussi au renforcement de la solidarité et de la coopération entre les pays en développement et favorisera l'instauration d'un nouvel ordre politique et économique international qui soit juste et rationnel. En vue de faire progresser encore davantage le nouveau partenariat stratégique sino-africain, la Chine est disposée à renforcer sa coopération avec les pays africains dans les domaines suivants :

Premièrement, approfondir nos relations politiques marquées par l'égalité et la confiance mutuelle. Pour se faire, il prolonger l'élan des échanges, de visites et des contacts à haut niveau, engager un dialogue stratégique, renforcer la confiance mutuelle sur le plan politique et raffermir notre amitié traditionnelle pour aller de l'avant dans la solidarité.

Deuxièmement, élargir la coopération économiquement mutuellement avantageuse. Il importe de valoriser les avantages de chacun, de resserrer les liens économique et commun, d'élargir les champs de coopération entre nos entreprises, d'élever le niveau de coopération en matière de ressources humaines et d'explorer activement de nouvelles formes de coopération pour que les fruits du développement profitent à tous.

Troisièmement, accroître nos échanges culturels pour faire jouer l'inspiration mutuelle. Il convient de renforcer notre dialogue intellectuel, favoriser la compréhension et l'amitié entre nos peuples, et notamment entre nos jeunes générations, intensifier les échanges et la coopération sur les plans éducatif, technico-scientifique, culturel, médical, sportif et touristique afin de donner une force morale et un appui culturel à la coopération sino-africaine.

Quatrièmement, promouvoir un développement global équilibré et harmonieux. Il est nécessaire de renforcer la coopération Sud-Sud, de promouvoir le dialogue Nord-Sud, d'appeler les pays développés à honorer leurs engagements concernant l'accès au marché, l'augmentation des aides et la réduction des dettes, de mettre en oeuvre les objectifs du millénaire pour le développement et de faire en sorte que la mondialisation économique contribue à la prospérité commune de tos les jours.

Cinquièmement, renforcer la coopération internationale solidaire. Il importe de définir les buts et les principes de la charte des Nations Unies, de respecter la diversité du monde, la démocratisation des relations internationales, de préconiser une coopération sur la sécurité internationale caractérisée par la confiance mutuelle et le bénéfice réciproque, de renforcer les consultations et les concertations, de prendre en compte les préoccupations de chacun pour faire face en commun aux menaces et aux défis sécuritaires globaux de toutes sortes.

Chers Collègues,

Chers Amis,

Très attachés aux relations d'amitié avec l'Afrique, la Chine considère depuis toujours le renforcement de la solidarité et de la coopération avec les pays africains comme une composante importante de sa politique de sa politique étrangère. Elle continuera, tout comme par le passé, de soutenir les pays africains dans la mise en oeuvre du NEPAD, ainsi que leurs efforts pour renforcer leur puissance à travers une unité accrue, assurer la paix et la stabilité sur le continent, réaliser le redressement économique et élever leur statut sur la scène internationale.

Pour faire progresser notre partenariat stratégique sino-africain, et favoriser une coopération sino-africaine diversifiée, élargie et orientée vers un plus haut niveau, le gouvernement envisage de prendre huit mesures suivantes :

1. Augmenter l'aide chinoise aux pays africains et doubler en 2009 par rapport à 2006.

2- Accorder des prêts préférentiels de 3 milliards de dollars US et des crédits acheteurs préférentiels à l'exportation de 2 milliards de dollars US aux pays africains au cours des trois prochaines années.

3. Créer un fonds de développement sino-africain dont le capital s'élèvera progressivement à 5 milliards de dollars US pour soutenir les entreprises chinoises et les encourager à investir en Afrique.

4. Donner son aide pour la construction du Centre de conférence de l'Union Africaine afin de soutenir les pays africains dans leurs efforts pour accroître leur puissance à travers une unité accrue ainsi que le processus de leur intégration.

5. Annuler les dettes gouvernementales liées aux prêts sans intérêts arrivant à la fin de 2005 des pays pauvres très endettés et les pays les moins avancés africains ayant des relations diplomatiques avec la Chine.

6. Ouvrir davantage le marché chinois aux pays africains et porter de 190 à 440, le nombre de produits bénéficiant d'un tarif douanier zéro et en provenance des pays les moins avancés africains ayant des relations diplomatiques avec la Chine.

7. Créer au cours des trois prochaines années 15000 personnes, toutes catégories confondues, pour les pays africains, envoyer 100 ingénieurs agronomes supérieurs chinois, créer 10 centres pilotes caractéristiques des techniques agricoles.

8. Construire 30 hôpitaux, offrir à titre gratuit 300 millions de yuans RMB pour lutter contre le paludisme, notamment par l'achat de l'artémisinine et la création de 30 centres de préventions et de traitement du paludisme, envoyer 300 jeunes volontaires chinois, aider à créer 100 écoles rurales en Afrique et porter, avant 2009, de 2000 à 4000 le nombre de bourses accordées par le gouvernement chinois aux étudiants africains.

Chers Collègues,

Chers Amis,

La Chine et l'Afrique, berceau de la civilisation humaine et des terres d'espoir, sont liées étroitement par une communauté de destin et par des objectifs communs. La Chine restera toujours un bon ami, un bon partenaire et un bon frère de l'Afrique.

Que nous travaillons la main dans la main et oeuvrons ensemble pour réaliser le développement de la Chine et de l'Afrique, assurer le bien être du peuple chinois et des peuples africains et créer un monde de paix et de prospérité partagée !!!

Je vous remercie.

Source : Discours publié dans http://www.fmprc.gouv.cm et annexé par S. TCHETCHOUA TCHOKONTE, « Enjeux et jeux pétroliers en Afrique : étude de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée », op.cit., pp.112-116.

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MOREAU DEFARGES (Philippe), Dictionnaire de géopolitique, Paris, Armand

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TABLE DES MATIERES

DEDICACES.......................................................................................................iii

REMERCIEMENTS.........................................................................iv ACRONYMES ET GLOSSAIRE.......................................................v

LISTE DES ILLUSTRATIONS........................................................vi

LSTES DES ANNEXES................................................................vii

RESUME.................................................................................viii ABSTRACT................................................................................ix

INTRODUCTION GENERALE.........................................................1

I- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET ET DE SON INTERET............2 II- OBJET ET CHAMP D'ETUDE........................................................5

A- Le cadre géographique du golfe de Guinée.......................................5

B- Le golfe de Guinée: un cadre de choix dans la géopolitique des

ressources stratégiques d'Afrique..................................................8

1- Les hydrocarbures.............................................................8

1-1- Le pétrole....................................................................8

1-2- Le gaz naturel.................................................................9

1-3- Les autres hydrocarbures et les ressources minières : le cas au

Cameroun....................................................................10

2- Les ressources forestières et le potentiel hydraulique...................11

C- La position géostratégique du Golfe de Guinée............................11

III- CLARIFICATION DES CONCEPTS ET DELIMITATION DU SUJET...13

IV- REVUE DE LITTERARTURE ET ETAT DE LA QUESTION.............15 V- PROBLEMATIQUE.................................................................17

VI- HYPOTHESES DE RECHERCHE...............................................18

VII- BUTS ET OBJECTIFS DE L'ETUDE..........................................18

VIII- CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES..............................19

A- Le cadre théorique...............................................................19

1- Le Libéralisme pour comprendre les initiatives diplomatiques.........20

2- Le réalisme pour comprendre les usages géostratégiques de la

Diplomatie.......................................................................22

B- Les outils de collecte et d'analyse des données..............................23

1- La recherche documentaire et les techniques de recherche

empirique comme outils de collecte de données...........................23

2- Méthodes d'analyse des données............................................24

VIII- PLAN DE L'ETUDE............................................................25

TITRE I : IMPERATIFS GEOPOLITIQUES, PROJECTIONS GEOSTRATEGIQUES ET OPERATIONNALISATION DES STRATEGIES

DE POSITIONNEMENT DANS LE GOLFE DE GUINE........................26

CHAPITRE I : INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE

DE GUINEE ENTRE IMPERATIFS GEOPOLITIQUES ET PROJECTIONS GEOSTRATEGIQUES..................................................................28

SECTION I : LES INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE

DE GUINEE COMME REPONSE AUX IMPERATIFS GEOPOLITIQUES...28

Paragraphe 1 : La régularisation des manques géopolitiques, l'acquisition des facteurs de construction et de perfectionnement de puissance.....................29

A- La recherche d'autres pôles pétroliers et la lutte contre le terrorisme comme

impératifs géopolitiques des Etats-Unis dans le golfe de Guinée...........29

B- La recherche des facteurs de soutien à la croissance comme impératif

géopolitique des puissances émergentes dans le golfe de Guinée............32

Paragraphe 2 : Le maintien du statut quo géopolitique..............................34

A- La préservation des pré-carrés comme impératif géopolitique de la

France et de l'Angleterre dans le golfe de Guinée...........................34

B- Le Japon et la préservation de ses débouchés commerciaux.................35

SECTION II : INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE DE

GUINEE COMME INSTRUMENTS DE PROJECTION GEOSTRATEGIQUE.36

Paragraphe 1 : La stratégie politico-diplomatique par les visites d'Etats

les Sommets internationaux............................................................36

A- La projection par des visites d'Etats : le cas des Etats-Unis, de la

Chine et du Brésil................................................................37

B- La projection par des sommets internationaux...............................39

1- La France et l'actualisation du sommet France-Afrique.................39

2- Le Japon et le TICAD........................................................41

3- LA Chine et le sommet Sino-africain.......................................43

4- Le Brésil et le Sommet Afrique Amérique Latine........................44

5- Le sommet Inde-Afrique.....................................................45

Paragraphe 2 : La stratégie économique par des Traités commerciaux...........46

A- Les puissances européennes et les ACP.......................................46

B- Les Etats-Unis et l'AGOA.......................................................47

Paragraphe 3 : La stratégie militaire par des accords de défense et de

soutien militaire.......................................................................49 

A- Du triple enjeu stratégique de la présence militaire française en Afrique

Subsaharienne.......................................................................49

B- Des initiatives de renforcement des forces africaines à l'AFRICOM 

ou les enjeux du militarisme américain dans le golfe de Guinée............50

CONCLUSION...........................................................................51

CHAPITRE II : INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE DE

GUINEE ET OPERATIONNALISATION DES PROJECTIONS EN

CHEVAL DE TROIE................................................................................52

SECTION I : DIPLOMATIE OFFENSIVE ET CASSURE DES VERROUS COOPERATIFS PREETABLIS : UN PROJET GEOSTRATEGIQUE A

VARIABLES MULTIPLES.........................................................52

Paragraphe 1 : Les Etats-Unis et l'instrumentalisation du protectorat

sécuritaire sur le golfe de Guinée......................................................53

A- L'appropriation unilatéraliste de la lutte contre le terrorisme et

légitimation d'un projet pétrostratégique.....................................53

B- La sécurisation des hydrocarbures et matérialisation de la prégnance

américaine dans la région.......................................................55

Paragraphe 2 : Initiatives de fraternisation et fonctionnalité stratégique

du ``bon samaritariat'' japonais et des puissances émergentes..................55

A- Le ``don japonais'' et l'opérationnalisation du TIKAD....................56

B- La Chine et le trompe l'oeil du ``partenariat gagnant-gagnant''...........58

C- Le Brésil et l'Inde à la suite de la Chine.....................................63

SECTION II : DIPLOMATIE DEFENSIVE ET PERENISATION DES

PRE-CARRES DANS LE GOLFE DE GUINEE ....................................65

Paragraphe 1 : Les mécanismes de pérennisation des pré-carrés..................66

A- Une diplomatie de reformation théorique et de continuité pratique......66

B- La mise sur pied d'une diplomatie subversive contre les dissidents et le

ménagement des leaders fidèles..............................................69

Paragraphe 2 : De la survivance des zones d'influence dans le golfe de

Guinée......................................................................................71

A- Le Cameroun comme exemple de pré-carré français.......................71

B- La Sierra Léone comme exemple de zone d'influence anglaise..........74

CONCLUSION...........................................................................74

TITRE II : INVARIANTS GEOSTRATEGIQUES, INITIATIVES

DIPLOMATIQUES ET THEATRALISATION DU GOLFE DE GUINEE......75

CHAPITRE III : PROJECTIONS HEGEMONIQUES ET ANCRAGE GEOSTRATEGIQUE DANS LE GOLFE DE GUINEE : ENTRE POSTURES

MARITIMES ET POSTURES CONTINENTALES...............................77

SECTION I : GEOSTRATEGIE DES MERS ET ANCRAGE DES

POSITIONS MARITIMES DANS LE GOLFE DE GUINEE.....................77

Paragraphe 1 : L'hégémonie sur les domaines maritimes comme stratégie de maîtrise et de contrôle des espaces ou l'application des théories de Mahan

dans le golfe de Guinée..................................................................78

A- Déploiements géostratégiques et projections hégémoniques dans les

domaines maritimes du golfe de Guinée......................................79

B- L'appropriation des sites stratégiques du golfe de Guinée.................83

Paragraphe 2 : L'espace maritime du golfe de Guinée comme front

stratégique et pétrostratégique des grandes puissances..............................85

SECTION II : INTELLIGENCE GEOSRATEGIQUE ET ANCRAGE DES

POSITIONS CONTINENTALES DANS LE GOLFE DE GUINEE.............87

Paragraphe 1 : L'émulation des postures diplomatico-stratégiques................87

A- Sens et puissance des représentations diplomatiques......................88

B- Présence militaire et veillée d'arme sur les acquis..........................90

Paragraphe 2 : Constructions infrastructurelles et fixation géostratégique

dans les pays du golfe de Guinée.......................................................92

A- Le pipeline Tchad-Cameroun et la fixation géostratégique des

intérêts pétroliers américains...................................................92

B- Construction d'infrastructures routières et fixation géostratégique

des intérêts chinois en RDC....................................................94

CONCLUSION...........................................................................97

CHAPITRE IV : DE LA ``GLACISATION'' DU GOLFE DE GUINEE........98

SECTION I : LE GOLFE DE GUINEE : UN ``ESPACE-TEMPS''

STRATEGIQUE DES PUISSANCES DOMINANTES...........................98

Paragraphe 1 : Le golfe de Guinée comme espace-temps de neutralisation

ennemies et d'information en vue d'une meilleure décision stratégique.........99

A- L'espace-temps d'obstruction des progressions ennemies....................99

B- L'espace-temps d'information en vue de l'élaboration et du

perfectionnement des décisions stratégiques................................103

Paragraphe 2 : Le golfe de Guinée comme espace d'affrontement et de test

de la détermination des adversaires...................................................104

A- L'espace d'affrontement symbolique en prévision d'un éventuel

conflit armé ou de la probable guerre des matières premières............105

B- L'espace de test de la détermination des adversaires......................107

SECTION II : LE GOLFE DE GUINEE COMME ESPACE ``PARA-

SECURITAIRE'' ET D'EXPERIMENTATION DES STRATEGIES DE

PUISSANCE............................................................................109

Paragraphe 1 : Un cadre ``para-sécuritaire'' pour les grandes puissances......109

A- La sécurisation par l'acquisition des ressources stratégiques.............110

B- La sécurisation par la lutte contre le terrorisme et la piraterie

maritime.......................................................................................110

Paragraphe 2 : Un espace d'expérimentation des stratégies de puissance......113

A- L'affirmation de la superpuissance américaine...........................113

B- Le défi de la Chine............................................................114

CONCLUSION.........................................................................117

CONCLUSION GENERALE.........................................................118

ANNEXES..............................................................................122

SOURCES ET BIBIOGRAPHIE.....................................................132

* 1 Une lecture diachronique de ces projections révèle deux principales périodes : la première à travers des assauts militaires ayant pour objet l'assujettissement systématique du continent. Ici, on peut remonter à l'Antiquité gréco romaine où les assauts de Jules César et d'Alexandre le Grand aboutissent à la destruction de l'empire carthaginois ; l'annexion de l'Egypte pharaonique sous la dynastie des Ptolémée, puis les invasions Assyriennes et Perses qui mirent fin à cette brillante civilisation vers 322 avant notre ère. Durant le Moyen Age, les empires et royaumes soudano-africains furent soumis à plus de quatre siècles de traite négrière arabo-musulmane et transatlantique. Les progrès scientifiques et techniques du XVIIe et XVIIIe siècles et la révolution industrielle qui en résulta entraînèrent la colonisation du continent. La décolonisation fictive des années 1960 a ouvert la voie à la seconde période qui coure jusqu'à nos jours, marquée par des relations asymétriques que perpétuent de nouveaux instruments d'extraversion, d'exploitation et de mise en dépendance Voir G. MOKHTAR (dir.), Histoire générale de l`Afrique, Vol. II, Afrique Ancienne, Paris, UNESCO, 1980, 925p ; Elikia M'BOKOLO, Afrique Noire et Civilisation, T.1et 2, Paris, L'Harmattan, 1994, 324&346 p ; Joseph KI-ZERBO, Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain, Paris, Hatier, 1988, 887p ; Joseph Vincent NTUDA EBODE, « De la décolonisation fictive à l'hypercolonialisme : les nouvelles formes de domination à l'aube du troisième millénaire » in Cahiers de l'UCAC, N°6, février 2003, pp.357-368.

* 2 Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », Cours de Maîtrise en Science Politique, Université de Yaoundé II, année académique 2006-2007, p.28.

* 3 Martin MOTTE, « Une définition de la géostratégie », in stratisc, ISC/CFHM/IHCC, 2005, p.11, http://www.stratisc.org/strat_058_Motte_tdm.html, consulté le 12 août 2009.

* 4 Comme illustration, Martin MOTTE cite le cas de la cession de Zanzibar à l'Angleterre par l'Allemagne en 1890 en échange d'Heligoland. Cette transaction relevait de la géostratégie puisque Heligoland permettait le contrôle de la "baie allemande", offrant des possibilités de sortie navale et d'intervention sur d'autres théâtres. Ceci lui permet d'opérer une distinction entre ``facteurs géostratégiques'' (position d'une île, d'un détroit, d'un golfe) et ``la mise en oeuvre géostratégique'', entant que méthode de guerre. Voir Martin MOTTE, « Une définition de la géostratégie », op.cit., pp.12-13.

* 5 L'illustration ici est l'invasion du Koweït par Saddam Hussein ; opération limitée dans l'espace et dans le temps, conduite sur un seul théâtre et sans grand étirement des lignes de communications. Toutefois, son objectif était géostratégique dans la mesure où les dividendes du pétrole koweïtien auraient permis le renforcement du potentiel militaire irakien, donc sa capacité à frapper un jour sur plusieurs théâtres à la fois (Israël et les monarchies du Golfe par exemple). De plus, l'annexion du Koweït élargissait également le débouché de l'Irak sur la mer, susceptible de constituer un tiers théâtre contre les Émirats Unis. Ibid. p. 13.

* 6 On entend par ressources stratégiques les ressources indispensables à la construction, au perfectionnement et au maintien de la puissance des Etats. D'après Sophie CHAUTARD, ces ressources sont d'ordres alimentaire (l'eau, le blé et le riz plus particulièrement) et énergétique (hydrocarbures, charbon, l'uranium, etc.). Voir L'indispensable de la géopolitique, Collection Principe- Studyrama, France, Jeunes Editions, 2004, pp.67-72.

* 7 Voir Pierre M GALLOIS, Géopolitique. Voies de puissance, Paris, Plon, 1990, 474p; André GUICHAOUA, « Les nouvelles politiques africaines de la France et des Etats-Unis vis-à-vis de l'Afrique centrale et orientale. Afrique des grands lacs et République Démocratique du Congo », in Polis, Revue Camerounaise de Science Politique, vol.4, n°2, novembre 1997, CPSR, Yaoundé, pp.39-63. 

* 8 Très peu d'auteurs ont énoncé dans leurs publications la possibilité de concilier ces deux disciplines. Le seul auteur à notre connaissance est Raymond ARON avec ``la conduite diplomatico-sratégique''. Voir Paix et guerre entre les nations, 4e éd, Paris, Calmand Levy, 1962, pp.19-102.

* 9 Voir par exemple Hervé COUTEAU-BEGARIE, Traité de stratégie, 2e éd., Paris, Economica/Institut de stratégie, 1999, p.95 et pp.685-878. Il a opéré un revirement dans ses publications ultérieures en admettant que la géostratégie (dont la définition demeure à pourvoir) peut aussi s'appliquer en temps de paix mais, on ne doit pas oublier que son champ d'application privilégié est la guerre sur plusieurs théâtres. Lire à propos son article «Qu'est-ce que la géostratégie ?», in stratisc.org, ISC/CFHM/IHCC, 2005, p.2, http://www.stratisc.org/strat_050_291-QU%27EST.html consulté le 17 aout 2009.

* 10 Guillaume DEVIN, Sociologie des relations internationales, Paris, La Découverte, 2002, p.74.

* 11 Yvan BANZOUNI, Le métier de diplomate, Paris, l'Harmattan, 2005, pp.35-66.

* 12 Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », op.cit., p.30.

* 13 Hervé COUTEAU-BEGARIE cité par Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », op.cit., p.22.

* 14 Telle est la délimitation proposée par les chercheurs de l' Organisation Hydrographique Internationale. Voir Wikipédia, « Golfe de Guinée », http://fr.wikipedia.org/, consulté le 1er juillet 2009.

* 15 Les membres actuels de cette organisation sont le Nigéria, le Cameroun, la République Démocratique du Congo, le Congo, le Gabon, la République centrafricaine, la Guinée Equatoriale et Sao Tomé et Principe. Voir Albert-Didier OGOULAT, « Géostratégie et polémologie dans l'espace Atlantique centre-oriental : le cas du golfe de Guinée », in Stratisc.org, ISC/CFHM/IHC, 2005, pp.1-2, http://www.stratisc.org/Strategiqueh_80_

Ogoula.htm,  consulté le 6août 2009.

* 16 Michel KOUNOU, Pétrole et pauvreté au Sud du Sahara : Analyse des fondements de l'économie politique du pétrole dans le golfe de Guinée, Yaoundé, Clé, 2006, p. 21. Voir aussi Severin TCHETCHOUA TCHOKONTE, « Enjeux et jeux pétroliers en Afrique: étude de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée », Mémoire de DEA en Science politique, Université de Yaoundé II, 2007-2009.

* 17 Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse, Presses des Imprimeries Hérissey, Paris, 1984, p.428.

* 18 Côme Damien Georges AWOUMOU, « Le golfe de Guinée face aux convoitises », in Enjeux, Bulletin d'Analyse géopolitique pour l'Afrique centrale, N° 22, janvier-mars 2005, pp. 15-20.

* 19 On se limitera ici à un rappel des grandes lignes du potentiel pétrolier du golfe de Guinée puisqu'il existe une littérature de qualité sur la question. Pour d'amples informations, on pourra lire :

- Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Les enjeux pétroliers du golfe de Guinée » in Diplomatie Magazine, n°8, 2004, pp.44-47.

- Michel KOUNOU, Pétrole et pauvreté au Sud du Sahara, op.cit.

- Damian ONDO MANE, L'émergence du golfe de Guinée dans l'économie mondiale : perspective et défis, Document de travail du Fonds Monétaire international, décembre 2005.

* 20 World Energy Council, Potentiel de développement intégré de l'énergie au plan régional en Afrique, Document de travail, 2003, http://www.worldenergy.org consulté le 10 février 2008.

* 21 Michel KOUNOU, Pétrole et pauvreté au Sud du Sahara, op.cit., pp.22 et 31-37.

* 22 Voir annexe 1 : Production et projection pétrolières des pays du golfe de Guinée de 1990 à 2033.

* 23 Voir Damian ONDO MANE, L'émergence du golfe de Guinée dans l'économie mondiale, op.cit., pp.3-5.

* 24 Ibid., p.6.

* 25 Didier PLANCHE et Jean Vincent TCHIENEHOM, «Le secteur de l'énergie constitue le véritable moteur de la croissance des activités économiques », op.cit. p.3.

* 26 World Energy Council, Potentiel de développement intégré de l'énergie au plan régional en Afrique, op.cit.

* 27 Ibid.

* 28 Les données quantitatives et qualitatives données ici ont été produites par Florence GATY et al, « Supplément Cameroun, les grandes ambitions » in New Africa, le magazine de l'Afrique, N° 4, Septembre -octobre 2004, p.115.

* 29Raphaël MVOGO, « Cameroun : Le pays disposerait d'importants gisements miniers », http://www.casafree.com/modules/news/article.php?storyid=23366, consulté le 18 avril 2009.

* 30 Florence GATY et al, « Supplément Cameroun, les grandes ambitions », op.cit., p.115.

* 31 Supra, p.9.

* 32 Jean-Pierre MELOUPOU, « Le golfe de Guinée et l'intégration sécuritaire : Enjeux, défis et perspectives », in Honneur et Fidélité ; magazine des forces de défense camerounaises, N° spécial du 20 mai 2009, p.23.

* 33 Le rimland a été conceptualisé par Spykman pour qualifier un espace interposé entre le domaine territorial et le domaine maritime mobile des rivalités perpétuelles entre puissances continentales et puissances maritimes pour son contrôle. La notion de heartland quand à été introduite dans la pensée géopolitique et géostratégique par Mackinder pour rendre compte des espaces pourvue des plaines les plus vastes du globe, de longs fleuves navigables et de vastes domaines propices au nomadisme ou à la communication. Il distinguait de ce fait un heartland nord dans l'Arctique et la mer Caspienne et un heartland sud localisé en Afrique subsaharienne permettant de contrôler la péninsule Arabique, l'océan Indien et le sud de l'Atlantique.

* 34 Maxime suivant lequel « qui contrôle le coeur du monde commande l'île du monde ; qui contrôle l'île du monde commande le monde », Mackinder cité par Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », op.cit., p.14.

* 35 Côme Damien Georges AWOUMOU, « Le golfe de Guinée face aux convoitises », op.cit., p.15.

* 36 Eustache AKONO ATANGANE, « La géostratégie », cours de Master II en science politique, Université de Yaoundé II -Soa, 2008-2009.

* 37 Raymond ARON regroupait dans cette dénomination générique les hommes politiques, les chefs de missions diplomatiques et les envoyés spéciaux dès lors que leurs actes vont au-delà de leurs frontières étatiques. Voir, Paix et guerre entre les nations, op.cit., p.18.

* 38 Voir l'article 3 de la convention de Vienne de 1961 sur les pratiques diplomatiques.

* 39 Hervé COUTEAU-BEGARIE, Traité de stratégie, op.cit, p.743.

* 40 Il est à noter que depuis la fin de l'ère bipolaire, l'ensemble du continent africain faisait déjà l'objet des rivalités entre les Etats-Unis et la France. Sur ce sujet, on peut lire :

- André GUICHAOUA, « Les nouvelles politiques africaines de la France et des Etats-Unis vis-à-vis de l'Afrique centrale et orientale. Afrique des grands lacs et République Démocratique du Congo » in Polis, Revue Camerounaise de Science Politique, vol.4, n°2, novembre 1997, CPSR, Yaoundé, pp.39-63 ;

- Philippe LEYMARIE, « Le continent noir entre ancien et nouveau monde...Washington à la conquête ``d'espace vierge'' en Afrique », in Le Monde Diplomatique, mars 1998, pp.20-21..

- Jean-Emmanuel PONDI, « Français et Américains en Afrique Noire : nouvelle dynamique ou nouvelle dynamite ? », in Afrique 2000, n°266, Bruxelles, janvier-février 1997, pp.49-54.

- Stephen SMITH, « Les américains doublent la France en Afrique », in Libération, 4 octobre 1996, p.11.

- Claude WAUTHIER, « Une sourde concurrence sur le continent africain : appétits américains et compromissions françaises », in Le Monde Diplomatique, octobre 1994, pp.17-18.

* 41 Ce recul dans le temps sous-tend la méthode historique comme clé privilégiée de l'analyse stratégique. Voir Hervé COUTEAU-BEGARIE, Traité de stratégie, op.cit., pp.282-286. Pascal REYSSET et Thierry WIDEMANN allaient dans le même sens en affirmant que « le passé constitue le savoir du stratège et lui permet, devant le futur, d'expliquer le champ des possibles, de les évaluer, de les sélectionner, (...) et surtout de les hiérarchiser, fondant ainsi rationnellement le présent de la décision. (...) La stratégie est tentative de rationalisation du passé (...) en vue de répondre à une situation précise ». Voir La pensée stratégique, col. Que Sais-je ?, Paris, PUF, 1997, pp.121-122.

* 42 Voir :

- Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Les enjeux pétroliers du golfe de Guinée », op.cit.

- Côme Damien Georges AWOUMOU, « Le golfe de Guinée face aux convoitises », op.cit.

- Damian ONDO MANE, L'émergence du golfe de Guinée dans l'économie mondiale, op.cit.

- Jean-Pierre FAVENNEC et Philippe COPINSCHI, « Les nouveaux enjeux pétroliers en Afrique » in Politique Africaine, n° 89, Paris, mars 2003, p. 127-148.

- Etanislas NGODI, Pétrole et géopolitique en Afrique centrale,  Paris, l'Harmattan, 2008, 255p.

- René POURTIER, « Les hydrocarbures dans le golfe de Guinée », Compte rendu de Conférence par Christelle COMTE FLORET, 11 janvier 2008,
http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/hg/data/artfr.xml , consulté le 1er juillet 2009.

- Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le golfe de Guinée » in Enjeux, Bulletin d'Analyse géopolitique pour l'Afrique centrale, N° 22, janvier-mars 2005, pp. 7-11.

- Joseph OWONA NTSAMA, « Golfe de Guinée : entre accalmie des litiges intra-régionaux et aiguisement des appétits extra-régionaux » in La Société camerounaise, FPAE, 20 octobre 2006.

* 43 Lire Alain FOGUE TEDOM, Enjeux géostratégiques et conflits politiques en Afrique Noire, Paris, l'Harmattan, 2008, 418p.

* 44 Voir:

- Michel KOUNOU, Pétrole et pauvreté au Sud du Sahara, op.cit.

- Michel KOUNOU, « Paradoxes et misères du pétrole africain », in Enjeux, n° 36, Juillet 2008, pp.10-19.

- Elie MVIE MEKA et Jean-Bertrand MENGUE MOLI, « Pétrole et guerre civile en Angola », in Enjeux, n° 36, Juillet 2008, pp26-32.

- Antoine-Denis N'DIMINA-MOUGALA, «  Le pétrole source de conflits territoriaux en Afrique centrale au XXe et au début du XXIe siècles », in Enjeux, n° 36, Juillet 2008, pp.50-63.

- Mathias Eric OWONA NGUINI, «  Structures, figures, procédures géopolitiques et géoéconomiques du pétrole en Afrique : Exorciser le cercle vicieux pétrole-pauvreté-autocratie », in Enjeux, n° 36, Juillet 2008, pp.6-8.

* 45 Voir :

- Ghislain Claude Y. ESSABE, « Enjeux géopolitiques et tensions dans le golfe de Guinée : approche communautaire de règlement par la diplomatie parlementaire », Mémoire de DEA en Géopolitique et géostratégie des océans, Université Omar Bongo, 2004 ;

- Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO, « Géostratégie des ressources naturelles et les conflits de la république du Congo 1990-2002 : rivalité de puissance et contrôle de l'énergie », Mémoire de DESS en Relations Internationales, Université de Yaoundé II, Institut des Relations Internationales du Cameroun, 2005.

- Albert-Didier OGOULAT, « Géostratégie et polémologie dans l'espace Atlantique centre-oriental », op.cit.

* 46 Voir :

- Ateleir Energy,  « Le Golfe de Guinée : une région au carrefour des influences européenne, américaine et chinoise », http://www.geographie.ens.fr/~geostrat/etudes/hydrocarbures/fiches/3.4.Region _ GG.html, consulté le 1er juillet 2009.

- Charles BWELE, «  Golfe de Guinée : anti-piraterie ou pétrostratégie ? », Electrosphèr, 29 avril 2009, http://electrosphere.blogspot.com/2009/04/golfe-de-guinee-anti-piraterie-ou.html, consulté le 01 juillet 2009.

- Philippe COPINSCHI, « Le Golfe de Guinée, nouvel enjeu stratégique », in Sociétal, no42, Paris, SERPE, 2003,  pp. 99-101.

- Idriss KPOUMIE, « Le Guinée: Centre d'un gros enjeu à tort ou à raison », http://www.journalducamerouncom/article.php?aid=1876 , consulté le 1er juillet 2009.

- Raphaël MVOGO, « Golfe de Guinée : Paris et Washington envoient des navires pour assurer la sécurité stratégique et énergétique », in  French. News, 13 mai 2009, http://french.news.cn/afrique/2009-05/13/c_112109.htm , consulté le 1er juillet 2009.

- Severin TCHETCHOUA TCHOKONTE, « Enjeux et jeux pétroliers en Afrique: étude de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée », op.cit.

* 47Alain FOGUE TEDOM, Enjeux géostratégiques et conflits politiques en Afrique Noire, op.cit. p.302.

* 48 On fait référence ici à la définition de la géopolitique par Halford J. Mackinder (1861-1947) qui pour la première fois envisagea l'explication de certains faits politiques par des facteurs géographiques. Voir Philippe MOREAU DEFARGES, Introduction à la géopolitique, Paris, Seuil, Col. Points, 1994, p.47.

* 49 Omar AKTOUF, méthodologie des sciences sociales et approches sociologiques des organisations, Québec, Presses de l'Université de Québec, 1992, p.20.

* 50 Lire à ce sujet Gaston BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, Contribution la psychanalyse de la connaissance objective, Paris, Librairie française Jean Vrin, 1996, 257p.

* 51 René DESCARTES, Discours sur la méthode. Pour bien conduire la raison et chercher la vérité dans les sciences, Paris, Gallimard, 1970, 254p

* 52 Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse, Presses des Imprimeries Hérissey, Paris, 1984, p.920.

* 53 Ces théories s'inscrivent dans les approches classiques des relations internationales. Or celles-ci ont été remises en cause par les issues de l'ère bipolaire avec pour corollaire leur révision théorique sous l'épistémologie du néoréalisme, du néolibéralisme, du postmodernisme et du transnationalisme. Il peut donc nous être reproché avec raison de ne pas avancer avec la science mais, l'unanimisme courant sur ce renouveau théorique ne doit en rien occulter la pertinence de ces ``classiques'' dont l'importance demeure incontournable dans l'intellection des relations internationales.

* 54 Les principes théoriques avancés ici ont été tirés des livres de :

- Amélie BLOM et Frédéric CHARILLON, Théorie et concepts des Relations internationales, collection Crescendo, Paris, Hachette Supérieur, 2001, 143p.

- Jean- Jacques ROCHE, Relations internationales, Paris, Librairie Général de Droit et de Jurisprudence, 1999, 382p.

* 55 Pour le premier courant, les relations internationales sont le prolongement des rapports Etats/sociétés ; d'où la notion de paix démocratique qui soutient que les Etats démocratiques ne se font pas la guerre, mais sont appelés à coopérer au travers des mécanismes démocratiques de leurs systèmes politiques. Ce courant a été développé par John Locke, Montesquieu, Adam Smith, Emmanuel Kant, etc. Avec pour tenants Jeremy Bentham, David Ricardo et Richard Cobden, le second courant soutient que les échanges commerciaux sont le fondement de la coopération entre les Etats. Enfin, pour le troisième courant, si les différends entre individus peuvent être résolus par des procédures juridiques nationales, les conflits entre Etats peuvent aussi être dénoués par des instances intergouvernementales. De ce fait, la vie internationale nécessite des institutions supra nationales qui doivent jouer le rôle d'éléments stabilisateurs. Les auteurs ici sont Robert Kehoane, Joseph Nye, Ernest Haas, David Mitrany, etc.

* 56 Voir plus particulièrement ``le wilsonisme'' décrit par Colette BARBIER et al, Dictionnaire des relations internationales au 20e siècle, Paris, Armand Collin, 2002, p.265.

* 57 Jean- Jacques ROCHE, Relations internationales, op.cit. pp. 78-114.

* 58 Cité par Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », op.cit., p.45.

* 59 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Relations Internationales », cours de Maîtrise en Science Politique, Université de Yaoundé II, année académique 2006-2007.

* 60 Il s'agit de la bibliothèque centrale de l'Université de Yaoundé I, de la bibliothèque de l'Université de Yaoundé II, de la Fondation Paul Ango ELA, de l'IRIC, du Ministère de la Recherche Scientifique et de l'innovation, du CAPED et du CCF de Yaoundé.

* 61 Il convient de dire qu'au début de cette étude, nous envisagions effectuer aussi des enquêtes de terrain. Mais, nos tentatives d'entretien avec les chefs de missions diplomatiques des puissances qui sont prises en compte dans cette étude se sont avérées infructueuses.

* 62 Pascal LOROT, Histoire de la géopolitique, Paris, Economica, 1995, p.713.

* 63 François THUAL, Méthodes de géopolitique : apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Ellipses, 1996, p.34.

* 64 A la fois comme cadre, enjeux et théâtre. Voir Eustache AKONO ATANGANE, « La géostratégie », op.cit.

* 65 Lire à ce sujet Pierre Marie GALLOIS, Géopolitique, les voies de la puissance, op.cit. et Sophie CHAUTARD, L'indispensable de la géopolitique, op.cit., pp.11-18.

* 66 La puissance est définie par les réalistes comme la capacité d'un acteur à influer sur la volonté des autres membres du système international tout en les empêchant de faire de même avec la sienne. Avec le renouveau théorique induit de la fin de l'ère bipolaire et la dynamique actuelle des relations internationales désormais transnationales et même infranationales avec l'irruption des acteurs non étatiques, la notion de puissance tend à être dévaluée car étant désormais une donnée fongible, imprévisible et multiple. Voir Guillaume DEVIN, Sociologie des relations internationales, op.cit., pp. 26-33.

* 67 Pierre M. GALLOIS, Géopolitique, les voies de la puissance, op.cit.

* 68 Sophie CHAUTARD, L'indispensable de la géopolitique, op.cit, p. 67.

* 69 Au sens de Raymond ARON, c'est-à-dire les Etats.

* 70 Voir : Albert BOURGI, « Afrique, le rêve américain », in Jeune Afrique l'Intelligent, n°2106 du 22 au 28 mai 2001, p. 8 ; Frederick LERICHE, « La politique africaine des Etats-Unis : une mise en perspective », in Afrique contemporaine, Automne 2003, p.8.

* 71 Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », op.cit, p.33.

* 72 Ibid. p.34.

* 73 Cité par Jean-Christophe SERVANT, « Une priorité géostratégique : Offensive sur l'or noir africain », in Le monde diplomatique, janvier 2003, p.2, http://www.monde-diplomatique.fr/2003/01/SERVANT/9856, consulté le 29 juillet 2009.

* 74 Cité par Jean-Christophe SERVANT, « Une priorité géostratégique : Offensive sur l'or noir africain », op.cit., p.2.

* 75 Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le golfe de Guinée », op.cit., p. 8.

* 76 Cité par Joseph Vincent NTUDA EBODE, «Terrorisme et contre terrorisme en Afrique : perspectives américaines et préoccupations américaines», in Défense et Sécurité internationale, hors série n° spécial, L'année du Terrorisme, Paris, 2006, p.2.

* 77 Conn HALLINAN, cité par Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », in Strategicc-road, p.12, http://www.strategic-road.com, consulté le 14 juillet 2009.

* 78 Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le golfe de Guinée », op.cit.

* 79 Voir, Fréderic LERICHE, « La politique africaine des Etats-Unis : une mise en perspective », op.cit, p. 8.

* 80 Parmi les plus importantes, on peut citer Exon Mobil, Chevron, Texaco, Philips Petroleum, Ocean Energy, Noble Energy, et Grynberg Petroleum.

* 81 Voir :

- Jean-Christophe SERVANT, « Une priorité géostratégique : Offensive sur l'or noir africain », pp.1-2.

- Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », in Reopen 911, Spotless Mind, 7 mai 2008, pp.2-3, http://www.reopen911.info/News/2008/05/07/michael-t-klare-geostrategie-de/l%E2%80%99energie-iii, consulté le 29 juillet 2009.

* 82 Atlas Obs du Monde, édition 2002, p.35.

* 83 Freddy MULONGO, « RDC: Pourquoi l'aide de la Chine inquiète les Congolais ? », in reveil-fm.com, jeudi 27 septembre 2007, p.1, http://www.reveil-fm.com, consulté le 11 août 2009.

* 84 Atlas Obs du Monde, op.cit., pp.135-136.

* 85 Ibid., pp.46-47.

* 86 La Chine est le pays le plus peuplé du monde avec une population estimée à plus de 1 253 595 000 d'individus en 2002, l'Inde le second avec 997 515 200 et le Brésil le 5e avec 167 966 700.

* 87 Alain FOGUE TEDOM, Enjeux géostratégiques et conflits politiques en Afrique Noire, op.cit.

* 88 Lire Philippe D. ROGERS, «Dragon with a Heart of Darkness- countering Chinese Influence in Africa», in JFQ/ issue 47, 4th quarter 2007, p.22-27, www.ndu.edu ,consulté le 14 juillet 2009.

* 89 Vor Jeune Afrique l'Intelligent, Dossier Spécial, « Pourquoi la France lâche l'Afrique », n° 2008 du 27 mars au 2 avril 2001.

* 90 Lire :

- Afrique contemporaine, n° 207, « Le sursaut africain du New Labour : principes, promesses et résultats » Dossier spécial, automne 2003.

- Emmanuel DUPUY, « La politique africaine de la France : Changement dans la continuité ? http://www.ipseeu.org/La%20nouvelle%20politique%20africaine%20de%20la%20France%20%Version%201%27Internationale.doc., consulté le 22 juillet 2009.

* 91 Lucien Sédar EFANGON, « La Francophonie : l'instrumentalisation géopolitique d'une langue », in Revue Africaine d'études politiques et stratégiques, n°5, 2008, Université de Yaoundé II, Faculté des Sciences juridiques et politiques, pp.247-264.

* 92 Lire:

- Agir Ici-Survie, Jacques Chirac et la Françafrique : retour à la case Foccart ?, n°9, Paris, L'Harmattan, 1996, 111p.

- Agir Ici-Survie, Dossiers noir de politique africaine de la France, n° 7, France-Cameroun, croisement dangereux, Paris, l'Harmattan, 1996, 95p.

- MONSIEUR X et Patrick PESNOT, Les dessous de la Françafrique : les dossiers secrets de monsieur X, Paris, Nouveau monde, 2008, 395p.

- Stéphan SMITH et Antoine GLASER, Ces messieurs Afrique, le Paris- village du continent Noir, Paris, Calman-Levy, 1992, 235p.

* 93 Voir Jean ESSENGUE ESSONO, « Le Japon et l'Afrique depuis 1960. Influence économique entre les deux bloc », Rapport de stage diplomatique, IRIC, 1991.

* 94 Voir :

- Christian ALIMA ZOA, « Les clés de l'offensive politico-diplomatique du Japon en direction de l'Afrique et du Cameroun depuis 1991 », Mémoire de DEA en Science politique, Université Yaoundé II, 2006.

- Kamo SHOZO, « De l'engagement économique à l'engagement politique : les nouvelles orientations de la politique africaine du Japon », in Afrique contemporaine, n°212, hiver 2004, pp.55-66.

* 95 Nous n'avons pas voulu transformer cette partie en une chronique de visite d'Etat dans le Golfe de Guinée ou en Afrique. On pourrait en faire tout un livre. Aussi avons-nous négligé les visites d'officiels des partenaires classiques dont la France, l'Angleterre et le Japon pour privilégier ces puissances dont la sismicité des visites de leurs plénipotentiaires est assez illustrative des offensives diplomatiques dans le golfe de Guinée.

* 96 President Bush's trip to Africa, February, 2008. Disponible en intégralité sur www.whitehouse.gov/news/ releases/20008/02/20080214.html. La traduction et la mise en perspective est de nous.

* 97 Francis KPATINDE, « Amérique mon amour », in Jeune Afrique l'Intelligent, n°2106, 22-28 mai 2001, pp.14-15.

* 98 Voir :

- Elisa DRAGO, « Hu Jintao en Afrique : opération séduction », rfi.fr, 30 janvier http://www.rfi.fr/actufr/articles/085/article_49275.asp, page consultée le 15 février 2009

- Philippe BOLOPION et Bruno PHILIP, « hu Jintao en tournée en Afrique pour consolider la présence économique chinoise sur le continent », in Le monde, samedi 3 février 2007, p.6.

- Nicolas CARVAJAL-PICHETTE, « l'Afrique en 12 jours pour Hu Jintao », http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/bmanalyse?codeanalyse=379 consulte le 25 mai 2009.

* 99 Nicolas CARVAJAL-PICHETTE, « L'Afrique en 12 jours pour Hu Jintao », op.cit.

* 100 Elisa DRAGO, « Afrique - Amérique du Sud: L'Union fait la force, Premier sommet Afrique/Amérique du sud contre l'hégémonie des grandes puissances du Nord », in rfi.fr, p.1, http://www.rfi.fr/actufr/articles/083/article_478

10.asp, Article publié le 28 novembre 2006, consulté le 28 juillet 2009.

* 101 Le rayonnement international de la Belgique s'étant effrité suites aux mauvaises fortunes des indépendances de ses ex-colonies, la France avait hérité de ses positions en Afrique en les intégrant dans son giron patrimonial.

* 102 Ce concept traduit les relations patrimoniales et indécentes que la France entretient depuis la décolonisation avec les chefs d'Etat de ses anciennes colonies d'Afrique. Lire à ce sujet :

- Agir Ici et Survie, Jacques Chirac et la Françafrique : retour à la case Foccart ?, op.cit.

- Samuël FOUTOYET, Nicolas Sarkozy ou la Françafrique décomplexée, Tribord, Bruxelles, 2009, 153p.

- Baadikko MAMMADU, Françafrique : l'échec. L'Afrique postcoloniale en question, L'Harmattan, Paris, 2001, 365p.

- Sayouba TRAORE et al, Dernières nouvelles de la Françafrique, Vents d'ailleurs, La Roque d'Anthéron, 2003, 223p.

- François-Xavier VERSCHAVE, La Françafrique : le plus long scandale de la République, Stock, Paris, 1998, 379p.

- François-Xavier VERSCHAVE, Noir silence : qui arrêtera la Françafrique ?, les Arènes, Paris, 2000, 596p.

- Monsieur X et Patrick PESNOT, Les dessous de la Françafrique : les dossiers secrets de monsieur X, op.cit.

* 103 Formulée par le général de Gaule et résumée en deux points par Alain FOGUE TEDOM:

- Placer les anciennes colonies au service de la défense, du développement et du rayonnement international de la France ;

- Faire jouer à la France le rôle d'avocat des plus faibles dans les affaires du monde dans le but d'engranger la sympathie de l'opinion internationale, indispensable dans une lutte inégale qui l'oppose aux grandes puissances. Voir Alain FOGUE TEDOM, « Géostratégie », op.cit. p.18.

* 104 L'orientation donnée au 22e sommet en février 2003 l'illustre fort à propos. Lire le discours d'ouverture de Jacques Chirac dans http://www.sangonet.com/Fich5ActuaInterAfric/Discours_ouvertureJ2eS.html.

* 105 Cité par Franck SALIN, « Le Sommet France-Afrique d'un président en fin de règne : Jacques Chirac fait ses adieux à l'Afrique », in Afrik, Jeudi 15 février 2007, http://www.afrik.com/article11207.html, consulté le 15 juillet 2009. La mise en perspective est de nous.

* 106 Lire Scarlett CORNELISSEN, « La politique japonaise de moyenne puissance et l'Afrique : un cadre d'analyse pour dépasser l'opposition réactif-proactif », in Afrique contemporaine, n°212, Hiver 2004, pp.33-53.

* 107 De 1991 à l'année 2000, le Japon était le premier fournisseur des APD. Voir Makoto SATO et Chris ALDEN, « La diplomatie japonaise de l'aide en Afrique », in Afrique contemporaine, n°212, Hivers 2004, pp.113-31,14.

* 108 Notamment se départir de son passé impérialiste et expansionniste afin de mieux postuler au conseil de sécurité de l'ONU. Ibid.

* 109 Joseph OWONA NTSAMA, « Bref aperçu rétrospectif de la coopération entre les pays riches et l'Afrique », in Enjeux, Bulletin d'Analyse géopolitique pour l'Afrique centrale, N° 22, janvier-mars 2005, p.44.

* 110 Ibid.

* 111 Voir Cameroon Tribune, mardi 3 juin 2008, p.15.

* 112 Pierre HASKI, « Premier tapis rouge pour la Chinafrique», in Libération.fr, 3 nov.2006, http://www.liberation .fr/evenement/010165347-premier-tapis-rouge-pour-la-chinafrique, consulté le 22 juillet 2009.

* 113 En jouant dans ce registre, il était question pour le leader chinois de rappeler implicitement l'échec de la coopération Nord-Sud. Ainsi entend-t-il imposer la Chine comme le promoteur de la coopération Sud-Sud jugée plus bénéfique aux pays du golfe de Guinée et d'Afrique. Le concept Sud-Sud n'étant qu'une catégorisation lacunaire et idéologique tout comme l'a été celui de Tiers Monde, l'enjeu était tout simplement de détourner les leaders africains des objectifs réels de sommet à visée stratégique. Lire le discours d'ouverture en annexe.

* 114 Khaled ELRAZ, « Premier Sommet Chine Afrique. L'envol des échanges commerciaux entre 2 continents », in Afrik.com, 4 novembre 2006, http://www.afrik.com/article10646.html, consulté le 22 juillet 2009.

* 115 Barthélémy COURMONT, « Chine- Afrique : Après le sommet historique de Pékin », in Iris-France.org, 7 décembre 2006, p.1, www.iris-france.org/Tribunes-2006-12-07a.php3 - 37k, consulté le 25 mai 2009.

* 116 Ibid.

* 117 Elisa  DRAGO, « Afrique - Amérique du Sud : L'union fait la force », op.cit.

* 118 Ibid.

* 119 Abdou BENABBOU, « Sommet Inde-Afrique : le premier pas de New Delhi », in le Journal Chrétien, 8 avril 2008,   http://www.journalchretien.net/Sommet-Inde-Afrique-le-premier-pas,11360.html, consulte le 22 juillet 2009.

* 120 Cité par Daouda Emile OUEDRAOGO, « sommet Inde-Afrique : l'Inde prépare un grand coup commercial », in Lefaso.net, p.2, http://www.lefaso.net/spip.php?article26353, consulte le 22 juillet 2009.

* 121 Daouda E. OUEDRAOGO, « sommet Inde-Afrique : l'Inde prépare un grand coup commercial », op.cit., p.2,

* 122 Centre européen de gestion des politiques de développement, « Accord de partenariat ACP-UE », in Le monde diplomatique, 1er janvier 2006, p.2, http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/europe/a12235, consulté le 26 août 2009.

* 123 Depuis le début de l'année 2002, l'UE a réévalué les accords ACP en instituant une nouvelle base des relations commerciales entre les deux zones  en l'occurrence les "Accords de partenariat économique" (APE). Proposée comme solution de l'Europe face à l'inefficience du régime d'accès préférentiel accordé aux pays ACP depuis les accords de Lomé, ces APE devaient être conclus au plus tard au 31 décembre 2007 suivant le calendrier fixé par l'UE. Accueillis très timidement par les pays en question sous la pression de l'UE. Nombreux sont les acteurs de la société civile qui ont manifestés courant 2007 contre ce qu'ils appréhendaient comme ``menaces'' aux économies africaines. L'objet était de plaider pour le maintien du principe de non-réciprocité qui a toujours prévalu dans les relations commerciales UE-ACP. De plus, en prévoyant la libéralisation de 90% des échanges entre l'UE et les pays ACP et ouvrant 100% du marché européen contre 80% de celui des ACP, ces accords ont soulevés des grandes discussions sur les secteurs à protéger compte tenu de la faible marge de manoeuvre que laisse ce chiffre et sur la baisse drastique des recettes douanières des Etats africains. Pour en savoir plus, lire l'intégralité des explications de Caroline Doremus-Mege, responsable du plaidoyer à Oxfam France-Agir ici, interviewée par Falila GBADAMASSI, « Accords de partenariat économique UE - ACP : une menace pour l'Afrique », in Afrik.com, Jeudi 27 septembre 2007, p.2, http://www.afrik.com/article12554.html consulté le 26 août 2009.

* 124 Mamadou KA, « La politique africaine des Etats-Unis de1947 à 2005: de l'engagement sélectif à la politique de `'legacy'' », in Afrique contemporaine, avril 2008, p.3, http://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2008-4-p-137.htm, consulté le 14 juillet 2009.

* 125 Frederick LERICHE, « La politique africaine des Etats-Unis : une mise en perspective », in Afrique contemporaine, Automne 2003, p.18.

* 126 Cité par Mamadou KA, « La politique africaine des Etats-Unis de1947 à 2005», op.cit., p.5.

* 127 On peut citer la promotion d'une économie de marché, l'Etat de droit, la suppression des obstacles aux échanges et aux investissements américains, la protection des droits internationalement reconnu des travailleurs, et la lute contre la corruption.

* 128 Au sens de Raymond ARON, c'est-à-dire les relations d'intérêts et de puissance. Voir Paix et Guerre entre les nations, op.cit., p.18.

* 129 Mamadou KA, « La politique africaine des Etats-Unis de1947 à 2005 », op.cit., p.5.

* 130 Lire à ce sujet :

- Jean DOISE et Maurice VAISSE, Diplomatie et outil militaire : Politique étrangère de la France, 1871-1991, Paris, Seuil, 1992, 425p.

- Andréì DUMOULIN, La France militaire et l'Afrique. Coopération et interventions : un état des lieux, Bruxelles - GRIP-Editions Complexe, 1997, 136p.

- Andréì DUMOULIN, "La France et la sécurité en Afrique subsaharienne", Revue Problèmes, Politiques et Sociaux, Paris, La Documentation Française, 2008, pp. 1-72.

* 131 Voir annexe 2 : Structure et organisation des acteurs institutionnels qui interviennent dans le fonctionnement du RECAMP.

* 132 On peut citer entre autre la International Military Education and Training Program (IMET), l'African Regional Peacekeeping Program (ARP) et l'African Contingency Operations Training Assistance (ACOTA). Voir en Annexe la carte des initiatives militaires américaines sur le continent africain.

* 133 Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Terrorisme mondial et contre terrorisme en Afrique : l'Africa Command ou la fin de l'exception stratégique africaine », op.cit.

* 134 Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit., p.2.

* 135 On peut citer l'adoption entre autre à Alger en juillet 1999 de la Convention de l'Organisation de l'Unité Africaine sur la prévention de la lutte contre le terrorisme, transformé en Plan d'Alger pour la prévention et la lutte contre le terrorisme ; la création d'un Centre africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT), etc. Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, «Terrorisme et contre terrorisme en Afrique : perspectives américaines et préoccupations africaines », op.cit.

* 136 Lire Francis Fukuyama, La fin de l'histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion, 1992, 418p.

* 137 Ces six axes visent à empêcher l'approvisionnement des terroristes en financements et en équipements ; le refus d'asile, l'arrestation et la traduction en justice des terrorismes et leurs complices devant les juridictions internationales ; la coopération entre les services de renseignement afin de dénicher et désorganiser les réseaux terroristes ; la création des centres d'étude en vue de la compréhension des logiques d'engagement des jeunes dans les réseaux terroristes ; le renforcement de la capacité des Etats dans la lutte contre ce fléau et la sensibilisation des populations au travers de la société civile. Voir Joseph V. NTUDA EBODE, «Terrorisme et contre terrorisme en Afrique : perspectives américaines et préoccupations africaines », op.cit., p.1.

* 138 L'Ouverture de la prison d'exception de Guantanamo est l'une des illustrations.

* 139 Voir Jane's Intelligence Review, Us woos North Africa as al-qaeda infiltrates 1er mars 2006, p.23, cité par J.C BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit., p.1.

* 140 United States Africa Command/ Bureau des Relations Publiques, « AFRICOM : Le Département de la Défense des Etats-Unis annonce l'activation d'un commandement géographique unifié », in Africom.mil, 1 octobre 2008, http://www.africom.mil /indexFrancais.asp, consulté le 8 août 2009.

* 141 United States Africa Command, op.cit, p.13.

* 142 Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le golfe de Guinée », op.cit. p.8.

* 143 Lire à ce sujet Makoto SATO et Chris ALDEN, « La diplomatie japonaise de l'aide en Afrique », in Afrique contemporaine, n°212, Hiver 2004, pp.13-31.

* 144 Pour tout sur les enjeux géopolitiques de l'offensive japonaise en Afrique, lire :

- Jean ESSENGUE ESSONO, « Le Japon et l'Afrique depuis 1960. Influence économique entre les deux bloc ». Rapport de stage diplomatique. IRIC, 1991.

- A. KOUMEALO, « Analyse de la coopération bilatérale nippo togolaise de 1980 à 2000 ». Mémoire de maîtrise en relations internationales. IRIC, 2001 ;

- Christian ALIMA ZOA « Les clés de l'offensive politico-diplomatique du Japon en direction de l'Afrique et du Cameroun depuis 1991 » Mémoire de DEA en Science politique, Université Yaoundé, 2006.

* 145 Cameroon Tribune du 21 juin 2006, Cité par Christian ALIMA ZOA « Les clés de l'offensive politico-diplomatique du Japon en direction de l'Afrique et du Cameroun depuis 1991 », 2006, p.65.

* 146 Voir Annexe 3 : Le ``Don japonais'' et la construction des écoles au Cameroun.

* 147 Par exemple, depuis 2004, le timbre postal du Cameroun est frappé d'une demi-photo du président camerounais Paul Biya et des Premiers ministres qui se succèdent à la tête de l'Etat nippon. De plus, au terme d'un sondage réalisé à Yaoundé et à Bafoussam par ALIMA ZOA pour son mémoire de DEA, il ressortait que les personnes interrogées avaient déjà toutes entendues parler du Japon ; elles n'étaient pas indifférentes à la construction des écoles par les Japonais au Cameroun (97.10%) ; cette initiative avait même influencé positivement leur opinion sur le Japon (47%) et de surcroît, 83.05% d'entre elles étaient convaincues que les japonais voulaient ``aider'' le Cameroun. Voir Christian A. ZOA, « Les clés de l'offensive politico-diplomatique du Japon », p.67. Enfin, les Etats africains ont tous soutenus la nomination du diplomate japonais Koïchiro Matsura à la tête de l'UNESCO en 2005.

* 148 United Nations World Food Programme, « Un don généreux du Japon illustre son engagement pour l'Afrique », 17 Mar 2008, http://www.reliefweb.int/rw/rwb.nsf/db900sid/EGUA-7CWPE4?OpenDocument , consulté le 28 juillet 2009.

* 149 Ce sont : le Soudan, la RDC, l'Ouganda, le Tchad, la Côte d'Ivoire, le Burundi,, la Zambie, la Somalie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Kenya, le Mali , le Burkina Faso, l'Éthiopie, le Libéria, la Guinée, le Rwanda et la Tanzanie.

* 150 Pour ce qui est du continent africain, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Refugiés (HCR) estime à 17 millions le nombre de réfugiés et de déplacés internes. Voir AFP, « Afrique/monde, une convention pour protéger les refugiés et déplacés », in Cameroon Tribune, n°9462/5663, 25 octobre 2009, p.31.

* 151 Voir le discours d'ouverture du sommet en annexe.

* 152 Les cas les plus illustratifs sont la construction d'un palais de sport, d'un hôpital gynéco-obstétrique à Yaoundé au Cameroun, des infrastructures routières au Gabon, en Guinée Equatoriale et en RDC. Lire Antonio GARCIA, « Chine-Afrique : La boulimie pétrolière de Hu Jintao », in rfi.fr, 27 avril 2006, http://www.rfi.fr/actufr/articles/076/article_43353.asp, consulté le 25 mai 2009.

* 153 Même les dirigeants jugés peu recommandables par les occidentaux tels le Président soudanais, Omar El-Béchir, accusé d'orchestrer un véritable génocide des populations du Darfour et frappé d'un mandat d'arrêt international de la CPIJ et le Président zimbabwéen Robert MUGABE, connu pour ses dérives racistes et antidémocratiques. Actualisation de la realpolitik à la chinoise, tous les pays susceptibles de promouvoir ses intérêts sont fréquentables pourvue qu'ils « respectent le principe d'une seule Chine » rappelait encore le chef de la diplomatie chinoise, Li Zhaoxing. De plus, La Chine n'entend nullement se préoccuper des problèmes politiques internes des pays avec qui elle coopère suivant son fameux « principe de la non ingérence ». « La Chine ne pose aucune condition politique à sa coopération. (...) Nous ne voulons pas exporter nos propres valeurs et notre modèle de développement » a plusieurs fois déclaré Hu Jintao lors de ses tournées africaines. Voir Barthélémy COURMONT, « Chine- Afrique : Après le sommet historique de Pékin », op.cit., p.2.

* 154 Ibid., p.3.

* 155 Cité par Barthélémy COURMONT, « Chine- Afrique : Après le sommet historique de Pékin », op.cit. p.3.

* 156 Près de 30% du pétrole importé par l'Empire du Milieu en 2005 provient des pays du golfe de Guinée ; soit plus de 38 millions de tonnes, l'équivalent de 760.000 barils par jour. L'Angola est devenu en février 2006 le premier fournisseur de pétrole de la Chine, devant l'Arabie Saoudite, avec plus de 450.000 barils de brut par jour, ce qui correspond à 15 % du total des importations chinoises d'hydrocarbures. Voir Heinrich KREFT, « La diplomatie chinoise de l'énergie », in Politique étrangère N°2/2006, p. 350.

* 157 Fabriquant 12% des produits manufacturés mondiales, la Chine est devenue en 2005, le premier fournisseur de l'Afrique devant la France et l'Allemagne et son deuxième client derrière les Etats-Unis. Ses produits sont pour toutes les bourses et englobent à la fois l'industrie d'habillement, l'ameublissement, les produits électroménagers, les appareils électroniques, les produits pharmaceutiques, la quincaillerie et l'industrie automobile.

* 158 A Dakar par exemple, l'Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNICOIS)  a depuis 2002 dressé contre les commerçants chinois une série de chefs d'accusation : travail illégal, déclaration de produits en pièce détachées en lieu et place de produits finis et monopolisation des places de marché au détriment des vendeurs sénégalais. « Nous voulons éviter ce qui s'est passé à Kampala (Ouganda) ou Nairobi (Kenya), où les commerçants chinois ont mis quasiment tous les locaux au chômage », expliquait alors le secrétaire permanent de ce syndicat au journal Afrik. Voir le numéro du 9 février 2009, http://www.afrik.com/article10646.html, consulté le 22 juillet 2009.

* 159 Valérie NIQUET, « La stratégie africaine de la Chine », in Politique Etrangère, N°2/2006, p. 33.

* 160 Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le golfe de Guinée », op.cit. p. 10.

* 161 Elisa  DRAGO, « Afrique - Amérique du Sud : L'union fait la force », op.cit., p.2.

* 162 Au delà du caractère ludique de ces films, ils représentent un puissant instrument de géopolitique et de géostratégie Brésilienne en Afrique puisque l'occupation de l'espace n'est pas seulement maritime, terrestre et aérien ; elle est aussi virtuelle et idéologique. Ces films ont sur une bonne marge de la population africaine une grande influence au point de les amener à arrêter tout pendant certaines heures de la soirée pour pouvoir suivre les feuilletons. C'est donc un canal majeur du rayonnement international du Brésil ; ce qu'ignorent ces populations.

* 163 Lire François LAFARGUE, « Le Brésil, une puissance africaine ? », in Afrique contemporaine, n° 228, 2008/4,   http://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2008-4-p-137.htm , consulté le 22 juillet 2009.

* 164 Ibid.

* 165 Ibid.

* 166 Il a cité entre autre Mahatma Gandhi, Kwamé Nkrumah, Sékou Touré et Nasser. Voir Daouda Emile OUEDRAOGO, « sommet Inde-Afrique : l'inde prépare un grand coup commercial », op.cit., p.1.

* 167 Ibid.

* 168 Lire Abdou BENABBOU, « Sommet Inde-Afrique : le premier pas de New Delhi », op.cit.

* 169 Daouda E. OUEDRAOGO, « sommet Inde-Afrique : l'inde prépare un grand coup commercial », op.cit., p.1.

* 170Xinhua, « Ouverture du premier sommet du Forum Inde-Afrique », 8 avril 2008, p.1, http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-04/08/content_610944.htm, consulté le 12 juillet 2008.

* 171 Emmanuel DUPUY, « La politique africaine de la France : Changement dans la continuité ? », op.cit., p.2.

* 172 Ibid.

* 173 Lire Agir Ici et Survie, Jacques Chirac et la Françafrique : retour à la case Foccart ?, Paris, l'Harmattan, 1996, 111p.

* 174 Voir plus particulièrement son discours prononcé au Cap, devant les parlementaires sud-africains le 28 février 2008 et celui prononcé à l'université Cheikh ANTA DIOP de Dakar, le 26 juillet 2008.

* 175 Lire Samuël FOUTOYET, Nicolas Sarkozy ou la Françafrique décomplexée, Tribord, Bruxelles, 2009, 153p.

* 176 Ces trois pays ont connu tout au long des années 2006 et 2007une série d'interventions des forces françaises. Au Tchad plus particulièrement, l'étouffement de l'affaire de l'Arche de Zoé et l'appui des forces françaises à Idris DEBY lors de l'incursion rebelle des 2 et 3 février à N'Djamena ont réaffirmé le déficit d'autonomie politique de ce pays ; traduisant de ce fait le cercle vicieux et vissé de la Françafrique.

* 177 Supra, p.40.

* 178 Emmanuel DUPUY, « La politique africaine de la France : Changement dans la continuité ? », op.cit., p.1.

* 179 Ibid., p.2.

* 180 Simon MAXWELL et Karin CHRISTIANSEN, «Negociation as Simultaneous Equation»: Building a new partnership with Africa", in International Affairs, n° 78/7, 2002, p. 477-491; cités par François GAULME, « Le sursaut africain du New Labour : principes, promesses et résultats », in Afrique contemporaine,  n° 207, automne 2003, p.97.

* 181 Cité par Richard DOWDEN, «Gordon Brown and Africa», in Africa Forum Categories, Tuesday, 18 January 2005, p.1, http://forums.csis.org/africa/?p=6, consulté le 15 juillet 2009.

* 182 Voir François GAULME, « Le sursaut africain du New Labour », op.cit., p.77.

* 183 Ibid., p.79.

* 184 Cité par François GAULME, « Le sursaut africain du New Labour », p.80.

* 185 Voir Richard DOWDEN, «Gordon Brown and Africa», op.cit.

* 186 Cité par Guillaume DEVIN, Sociologie des relations internationales, op.cit., p.62.

* 187 ``L'Affaire Elf'' est d'après plusieurs auteurs le plus grand scandale pétrolier de la françafrique. Mettant en cause André Tarallo et Omar Bongo dans une litanie de détournement et blanchiment de dividendes pétrolières de la multinationale Elf ainsi qu'une série de biens mal acquis éparpillés à travers l'Europe, les enquêtes ont révélé qu'Omar Bongo touchait des bonus à la signature d'un contrat, compris entre 1 et 5 millions de dollars, ou bénéficiait d'un versement de près d'un dollar par baril de brut qui était viré dans un compte personnel qu'administrait Tarallo. Dans un rapport sur le blanchiment de l'argent sale aux Etats-Unis, le Congrès américain a estimé à 100 millions de dollars les sommes détournées chaque année par le président Bongo et son entourage. Et si Tarallo prend bongo pour responsable, ce dernier à rejeté ces accusations jusqu'à son décès en Espagne le 8 juin 2009, loin de la France à qui il avait tout donné. Voir David Servenay « L''affaire Elf Mis en cause par Tarallo, Bongo répond sur RFI », http://www.rfi.fr/actufr/articles/040/article_21250.asp, article publié le 11 avril 2003 et consulté le 30 juillet 2009.

* 188 Cette affaire porte sur la disparition au port fluvial du Beach en mai 1999 de 353 refugiés congolais qui rentraient au Congo après s'être refugiés en RDC lors de la guerre Civile. Après un procès raté en France en 2003 où seize proches de Sassou Nguesso comparaissaient pour « génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et assassinats », il a été ouvert le 19 juillet 2005 à Brazzaville un nouveau procès marqué par la volonté du président congolais - mis en cause par plusieurs associations françaises de droits de l'homme - de se blanchir de ce sinistre forfait. L'enjeu était de juger l'affaire pour que la France ne soit plus en mesure de le faire si le pourvoi engagé contre l'annulation de l'ancienne procédure était acceptée. Ce qui est demeuré lettre morte pour faire perdurer cette épée de Damoclès suspendu sur la tête du président congolais. Voir Habibou BANGRE, « Congo : l'affaire du Beach devant la justice Un procès déjà très controversé », in afrik.com, 19 juillet 2005, http://www.afrik.com/article8630.html, consulté le 30 juillet 2009.

* 189 Du nom de Pierre Falcone, cette ``Affaire'' porte sur la vente d'armes en Angola alors qu'il était sous embargo des Nations Unies en 1993-1994. Ce trafiquant d'arme aurait avec le soutien des réseaux français conduits par Pierre Pasqua, Jean-Christophe Mitterrand et Alfred Sirven - l'homme-clé de l'affaire Elf - mis à profit la guerre qui opposait le régime d'Eduardo Dos Santos à son opposant Jonas Savimbi. Instruit par les juges Philippe Courroye et Isabelle Prevost-Desprez en 1999, Pierre Pasqua et Pierre Falcone ont été condamnés à de la prison ferme le 11 décembre 2007 ; jugement que le ministre de la défense Hervé Morin a qualifié de malentendu. En visite officielle en Angola le 23 mai 2008, Nicolas Sarkozy avait assuré son homologue Eduardo Dos Santos, impliqué dans le dossier, qu'il souhaitait « tourner la page des malentendus du passé ». On peut donc déduire la mise. Pour tout sur cette ``Affaire'', consulter http://www.denistouret.net/constit/Falcone.html.3.

* 190 Wullson MVOMO ELA, «  Pétrostratégie et appels d'empire », op.cit., p.11.

* 191 Anaïs CHARLES-DOMINIQUE, « Guinée Equatoriale : Un réseau britannique derrière la tentative de coup d'Etat », in Courrier international, 19 septembre 2004, http://www.paradisfj.info/spip.php?article272, consulté le 30 juillet 2009.

* 192 Ambassade de France au Cameroun, « Les relations économiques France-Cameroun », http://www.ambafrance-cm.org/article.php3?id_article=356, p.1, consulté le 12 août 2006.

* 193 Ministère des Affaires étrangères, « Visite officielle de M. Paul Biya, président de la République camerounaise (27-28 juillet 2006), http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-géo_833/cameroun_361/france-cameroun_1.., consulté le 12 août 2006. Voir aussi Cameroon Tribune, « Coopération France-Cameroun, un nouveau départ », n° 8964/5163 du lundi 29 octobre 2007.

* 194 Georges SERRE, Ambassadeur français au Cameroun de 2005 à juin 2009, cité par Didier PLANCHE, « Un courant d'affaire à optimiser face à la concurrence », in Financéco, n°009, octobre-novembre 2009, p.4.

* 195 Didier PLANCHE, « Un courant d'affaire à optimiser face à la concurrence », in Financéco, n°009, octobre-novembre 2009, p.5.

* 196 Ibid.

* 197 Voir son discours devant le corps diplomatique lors de la réception des voeux de nouvel an le 7 janvier 2008, cité à l'intégralité dans Cameroon Tribune, n° 9009/5208 du 7 janvier 2008, p.3. En grande ligne, le Journal titre d'une manière cynique « Face à la grave question des migrations clandestines, l'appel de Paul Biya à un ``Plan Marshall'' pour l'Afrique ».

* 198 Didier PLANCHE, « Un courant d'affaire à optimiser face à la concurrence », op.cit., p.5.

* 199 Vospireamis.net, « Brève histoire de la Sierra Léone », http://vospiresamis.net/PAFpgEscal2/PAF%20

Sierra%20Leone%201.html , p.6, consulté le 3 août 2009.

* 200 Ibid.

* 201 Hervé COUTEAU-BEGARIE, « Qu'est-ce que la géostratégie ? », op.cit., pp.3-8.

* 202 Hervé COUTEAU-BEGARIE, Traité de Stratégie, op.cit., pp. 76-86.

* 203Franck DEBIE et al, « A quoi sert la géostratégie ? », in stratisc, ISC/CFHM/IHCC, 2005, http://www.stratisc.org/strat_050_DEBIEAQUOI.html, pp.1-2, consulté le 17 août 2009.

* 204 Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, p.41.

* 205 Lire Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, op.cit., pp.18-102

* 206Nous emploierons ce terme pour désigner les deux grandes espaces fluides du globe en l'occurrence les mers et les océans.

* 207 C'est ce qui justifie l'appellation ``Planète bleue'' puisque sur un total de 510 millions de km2 que représente la superficie du globe dit ``terrestre'', les domaines maritimes s'étendent sur environ 361 millions, faisant prédominer le bleue du point de vue de l'espace.

* 208 Voir Martin MOTTE, « Une définition de la géostratégie », op.cit., p.13.

* 209 Considéré comme l'une des figures emblématiques de la géostratégie des mers, cet officier de la marine américaine est plus connu pour avoir conceptualisé la stratégie navale comme clé de l'hégémonie future des Etats-Unis dans le monde en référence à celle britannique de son époque. L'enjeu géopolitique qui guide ce projet est le contrôle exclusif des routes commerciales et des points stratégiques que constituent les domaines maritimes du globe. Comment y parvenir ? Telle est la valeur géostratégique de sa théorie. Ainsi, il recommande deux stratégies ; l'une bâtie sur la constitution de l'hégémonie navale américaine et l'autre bâtie sur les alliances. Pour ce qui est de la première, il préconise que la puissance industrielle (jusque là réservée à l'expansion terrestre) soit aussi mise au service de l'expansion maritime et que les Etats-Unis utilisent toute leur puissance économique, démographique et intellectuelle pour contrôler les points stratégiques maritimes tels que les golfes, les détroits et les canaux. Pour la deuxième, il recommande une alliance américaine avec la Grande Bretagne pour se rendre maître des mers et contrer les ambitions maritimes de l'Allemagne  (terreur de l'Europe à cette époque) ou avec les pays européens acquis en sa cause pour contrecarrer l'impérialisme nippon en Asie orientale. L'expansionnisme et la propension hégémonique des puissances contemporaines sur les espaces maritimes puisent dans ses idées. Voir Hervé COUTEAU-BEGARIE, Traité de Stratégie, op.cit., pp. 543-544 ; Philippe MOREAU DEFARGES, Introduction à la géopolitique, op.cit., pp.44-45.

* 210 90% du commerce mondial et les deux tiers du pétrole sont transportées par mer.

* 211 Philippe COPINSCHI et Pierre NOËL, « L'Afrique dans la géopolitique mondiale du pétrole », in Afrique Contemporaine, n°216, Avril 2005, p.34.

* 212 Lire à ce sujet, Barry R. POSEN, « La maîtrise des espaces, fondement de l'hégémonie militaire des Etats-Unis », in Politique étrangère, n°1, Printemps 2003, pp.41-56.

* 213 Stéphane TAILLAT, « De l'action «au-delà de l'horizon» à la stabilisation des «littoraux chaotiques»: la doctrine des Marines », in Alliance géostratégique, 2 juin 2009, p.4, http// :www.alliancegopolitique.org/2009/

06/ 02/de-laction-au-dela-de-lhorizon-a-la-stabilisation-des-littoraux-chaotiques-la-doctrine-des-marines/, consulté le 5 Août 2009.

* 214 Noé NDJEBET MASSOUSSI, « Expédition militaire: L'armée américaine aux portes du Cameroun », in Le Messager, 10 février 2005.

* 215 Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », in Reopen 911, 7 mai 2008, p.5, http://www.reopen911. info/News/2008/05/07/michael-t-klare-geostrategie-de-l%E2%80%99energie-iii/, consulté le 29 juillet 2009.

* 216 S'inscrivant dans la théorie du navigateur britannique Walter Raleigh : "Qui tient la mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même". Cité par Wikipedia, « Géopolitique », http://fr.wikipedia.org/wiki/Géopolitique - 85k, consulté le 1er juillet 2009.

* 217 Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », op.cit., p.6.

* 218 Il est prévu 4,2 milliards de dollars pour une nouvelle génération de porte-avions à propulsion nucléaire ; 3,2 milliards pour un troisième destroyer lance-missile de la classe Zumwalt. Ces navires dotés des capacités de furtivité avancées serviront également de « banc d'essai » pour une nouvelle classe de missiles de croisière, le CG(X) ; 1,3 milliards pour les deux premiers navires de combat littoral ; 3,6 milliards pour un nouveau sous-marin de la classe Virginia qui d'après Michael T. Klare représente actuellement le programme le plus sophistiqué au monde dans ce type de navire. Ces projets coûteront 16,9 milliards de dollars au cours de l'exercice 2009, venant s'ajouter aux 24,6 milliards votés pour l'exercice 2007 et l'exercice 2008.

* 219 Freddy MULUMBA KABUAYI, « Afrique: Les enjeux et les dangers de l'Africom », in Le Potentiel, 20 Décembre 2007, p.5, http://fr.allafrica.com/stories/200712200575.html, consulté le 1er juillet 2009.

* 220 Wikipedia, «USS Fort McHenry (LSD-43)», http://en.wikipedia.org/wiki/The_Star-Spangled_Banner, consulté le 26 septembre 2009.

* 221 Ce navire s'est rendu célèbre avec son intervention au Liberia en 2003 pour l'évacuation de 550 ressortissants français et étrangers. Baptisée opération "Corymbe, les unités de ce commandement avaient par la suite contribué grandement au dispositif "Licorne", facilitant l'acheminent des forces françaises en Côte d'Ivoire, l'évacuation sanitaire, le transport du carburant, des munitions et des vivres.

* 222 Marine française, « Le Jules Verne dans le golfe de Guinée », op.cit., p.1.

* 223 Ibid., p.2.

* 224 Jean-Pierre MELOUPOU, « Le golfe de Guinée et l'intégration sécuritaire : Enjeux, défis et perspectives », op.cit.p.23.

* 225 Thucydide cité par Pascal REYSSET et Thierry WIDEMANN, La pensée stratégique, collection Que-sais-je ?, Paris, PUF, 1997, p.28.

* 226 Stéphane TAILLAT, « De l'action «au-delà de l'horizon» à la stabilisation des «littoraux chaotiques»: la doctrine des Marines », op.cit., p.3.

* 227 Suivant les propos de Jendahi Frazer lors de la conférence régionale sur la sécurité maritime au Bénin rapportés par Vince CRAWLEY, « Les États-Unis contribuent à renforcer la sécurité dans le golfe de Guinée », in United States Africa Command, 20 décembre 2006, http://www.africom.mil/inexFrançais.a sp consulté le 8 août 2009.

* 228 Voir :

- Info Coordination marée noire, « Dispute des géants pétroliers mondiaux pour le Golfe de Guinée en Afrique », http:// coordination-marée-noire.eu/spip.php?rubrique259&lang=fr, mercredi 31 août 2005, consulté le 9 août 2009.

- Philippe COPINSCHI, « Stratégie des acteurs sur la scène pétrolière africaine (golfe de Guinée) », in  Revue de l'énergie, no523,  Paris, Editions techniques et économiques, 2001, pp. 33-42.

Jean RIEUCAU, « Bioko (Guinée équatoriale) : un espace insulaire stratégique au centre du golfe de Guinée » in Les cahiers d'outre-mer, n° 226-227,  Avril-Septembre 2004, http://com.revues.org/index548.h

tml, consulté le 01 juillet 2009.

* 229 Cité par J.C SERVANT, « Une priorité géostratégique : Offensive sur l'or noir africain », op.cit, p.19.

* 230 Au sens d'ARON, chefs d'Etats, Premiers ministres, ministres des affaires étrangères, ambassadeurs, etc. Voir Paix et guerre entre les nations, p.18.

* 231 Voir Guy GWETH, « Guerre Economique & Géostratégie des Puissances : La nouvelle course à l'Afrique des Etats-Unis », in Intelligence stratégique et Diplomatie économique, 10 février 2008, p.3, http://www.assatashakur.org/forum/afrikan-world-news-fr/36339-guerre-economique-geostrategie-des-puissances-la-nouvelle-course-l-afrique-des-us.html consulté le 5 août 2009.

* 232 Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, op.cit., pp.17-18.

* 233 Au Cameroun par exemple, évaluée à 24 milliards de F.cfa, la nouvelle chancellerie américaine a été inaugurée en février 2006 en présence du président Biya et des hautes autorités de l'Etat. Présence remarquable et unique dans l'histoire du pays, Jendayi Frazer n'avait pas manqué dans son allocution de souligner que c'était la première fois depuis une vingtaine d'années qu'un secrétaire d'Etat adjoint aux affaires africaines prenait part à une cérémonie d'une telle envergure. Pour le président Biya, « La nouvelle ambassade était le « véritable reflet de l'excellence des relations entre le Cameroun ». Dans un communiqué de presse, la nouvelle chancellerie, était pour l'Ambassadeur Niels Marquardt «  une preuve de plus de l'engagement clair et ferme des Etats-Unis aux cotés du Cameroun. Les Etats-Unis ont « l'intention d'être ici pour toujours ». Voir Alexis NZEUGANG, « Une lecture de la coopération américano-camerounaise depuis 2001:contribution à l'étude des dimensions pétrolière et militaire », Mémoire de Master II en Science politique, Université de Yaoundé II, 2006, pp.14-15..

* 234 Eric MARCLAY, « Visées américaines sur l'Angola : Enjeux sur l'arrière-scène mondiale », in Chaire Raoul Dandurand des études stratégiques et géographiques, http://www.dandurand.uqam.ca fichier PDF, consulté le 8 août 2009.

* 235 Elisa DRAGO, « Afrique - Amérique du Sud: L'Union fait la force », op.cit., p.1.

* 236 Sur le sujet lire dans Wikipédia, « Géostratégie », http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ostrat%C3%A9gie, consulté le 28 mai 2009.

* 237 Supra, pp.49-50.

* 238 La grande époque, « Redéfinition du dispositif militaire français, scepticisme », 5mars 2008,    http://www.lagrandeepoque.com/LGE/International/Redefinition-du-dispositif-militaire-francais-scepticisme-en-Afrique.html consulté le consulté le 8 août 2009.

* 239 United States Africa Command/ Bureau des Relations Publiques, « AFRICOM : Le Département de la Défense des Etats-Unis annonce l'activation d'un commandement géographique unifié », in Africom.mil, 1er octobre 2008, p.1, http://www.africom.mil/indexFrancais.asp, consulté le 8 août 2009.

* 240 United States Africa Command/ Bureau des Relations Publiques, « AFRICOM : Le Département de la Défense des Etats-Unis annonce l'activation d'un commandement géographique unifié », op.cit., p.1.

* 241 United States Africa Command, op.cit, p.1.

* 242 Sur ce sujet lire Agir Ici- Survie, Projet pétrolier Tchad-Cameroun: Dés pipés sur le pipeline, n°13, Paris, l'Harmattan, 2001, 115p.

* 243 Wikipedia, «Chad-Cameroon Petroleum Development and Pipeline Project», http://en.wikipedia.org/wiki/

Chad-Cameroon _Petroleum_Development_and_Pipeline_Project, juin 2009, consulté le 11 août 2009.

* 244 Tchadactuel, « Le pipeline tchadien a déjà rapporté 58,37 milliards FCFA au Cameroun - APA », vendredi 2 janvier 2009, http://www.tchadactuel.com/main.php?2009/01/02/2417-le-pipeline-tchadien-a-deja-rapporte-5837-milliards-fcfa-au-cameroun-apa, consulté le 11août 2009.

* 245 Lire le commentaire de ce rapport par l'Alliance Nationale de la Résistance du Tchad, « Pipe line Tchad/Cameroun : un accablant constat ! Projet pipeline Tchad Cameroun: la pauvreté a-t-elle diminué dans les zones traversées? », octobre 2008, http://anr.typepad.com/anr/2008/11/pipe-line-tchadcameroun-un-accablant-constat-.html, consulté le 11 aout 2009. Ce témoignage contraste fortement avec ceux de la SNH pour qui les populations riveraines du pipeline ont reçut 4 milliard de F.cfa en espèce et en nature au titre des indemnisations et des compensations pour biens détruits ainsi que des contrats de fournitures de biens et de prestations de service pour 273 milliards de F.cfa. Voir SNH Info n° 014, octobre 2003 cité par Michel Kounou, Pétrole et pauvreté au sud du Sahara, op.cit. p.92.

* 246 Voir Annexe 5 : Caricature des paradoxes du pipeline Tchad-Cameroun.

* 247 Pierre EMANGONGO, « L'ambassadeur Fan Zhenshui fait le point de la coopération sino-congolaise », in Le potentiel, Edition 3838 du Jeudi 28 Septembre 2006, p.1, http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?_

edition=&id_article=34914 consulté le 11 août 2009.

* 248 Ibid., pp.1-3.

* 249 Lire Cédric KALONJI, « La RDC terrain de combat entre l'occident et la Chine » in Congo Blog, 9 juillet 2009, http://www.congoblog.net/la-rdc-terrain-de-combat-entre-l%E2%80%99occident-et-la-chine/, consulté le 11 août 2009. Voir aussi Annexe 5 : Caricature des rivalités occidentalo-chinoises en RDC.

* 250 Pour ce qui est des chemins de fer, il est question de la construction d'un chemin de fer entre Kinshasa et Ilebo au Kasaï Occidental, la modernisation de la ligne Matadi-Kinshasa et Ilebo Kananga-Mwene-Ditu et Lubumbashi-Sakaniat sur un total de 3213 Km. Dans le secteur des routes, l'accord prévoit la construction d'une autoroute qui reliera Lubumbashi à Kasumbalesa (98 Km) ainsi que le bitumage de plusieurs routes dont Likasi-Kolwezi (176 Km), Lubumbashi-Kasomweno-Kilwa-Pweto (526 Km), Pweto-Moba-Kalemie (433 KM), Kalemie-Fizi-Uvira (435 Km), Uvira-Bukavu (148 Km), Bukavu aéroport-Goma (175 Km), Goma-Beni et Beni-Kasindi (440 Km). Le secteur routier concerne également les tronçons Beni-Komanda-Bunia (202 Km), Beni-Mambasa-Komanda-Mambasa (202 Km), Mambasa-Niania (226 Km), Niana-Bafwasende -141 Km) et Bafwasende-Kisangani (200 Km) soit un total cumulé de 3.402 Km. Outre les routes nationales, le protocole d'accord concerne également la voirie des villes des provinces ainsi que la capitale soit 450 Km. Voir Digital Congo, « La Chine va construire une autoroute au Katanga » Kinshasa, 18 septembre 2007, p.2, http://www.digitalcongo.net/article/46767, consulté le 11 août 2009.

* 251 Digital Congo, « La Chine va construire une autoroute au Katanga » op.cit., p.2,

* 252 Lire freddy MULONGO, « rdc: pourquoi l'aide de la chine inquiete les congolais ? », in reveil fm, jeudi 27 septembre 2007, http://www.reveil-fm.com/index.php/2007/09/27/41-rdc-l-aide-de-la-chine-hypotheque-elle-l-avenir-des-congolais consulte le 11 aout 2009.

* 253 Cédric KALONJI, « La RDC terrain de combat entre l'occident et la Chine », op.cit. p.1.

* 254 Lire à cet effet :

- Hervé COUTAU-BEGARIE, « Qu'est-ce que la géostratégie ? », op.cit.

- Paul CLAVAL, Géopolitique et géostratégie, la pensée politique, l'Espace et le territoire au XIXe siècle, Paris, Nathan-Université, 1994, 190p.

- Martin MOTTE, « Une définition de la géostratégie », op.cit.

* 255 Franck DEBIE et al, « A quoi sert la géostratégie ? », op.cit., pp.1-2.

* 256 Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, op.cit. p.28.

* 257 Yves LACOSTE, « Géopolitique et Géostratégie », op.cit., p.6.

* 258 Voir Annexe 4: Les initiatives militaires américaines en Afrique depuis 2002.

* 259 Lire Pat LT CMDER PETERSON, «USN, Into Africa-A new Frontier in the War on Terror», in Proceedings,

May 2006, p.32-36.

* 260 Lire Lisa D. COOK, «Africa: the Next Battleground in the Terror War», in Hoover Digest, 2005, http://www.hoover digest.org/041/cook.html consulté le14 juillet 2009.

* 261 Cité par Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit, p.2.

* 262 Selon les termes de la Quadrienal Review de février 2006, cité par Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit, p.5

* 263 René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », mercredi 5 mars 2008, p.5, http://renenaba.blog.fr, consulté le 17 aout 2009.

* 264 Cité par Freddy MULONGO, « RDC: Pourquoi l'aide de la Chine inquiète les Congolais ? », op.cit., p.1.

* 265 Ibid., p.1.

* 266 Lire à ce sujet Guy GWETH, « Chine-UE: Pékin fait vaciller les 27 », in Guerre de l'information, Intelligence stratégique, Leadership, Perception Management, Soft Power, Stratégie, 27 novembre 2008, http://gwethguy.wordpress.com/2008/11/27/chine-ue-pekin-fait-vaciller-les-27-guy-gweth/ consulté le 18 août 2009.

* 267 Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cit., p.10.

* 268 Cité par Barthélémy COURMONT, « Chine- Afrique : Après le sommet historique de Pékin », op.cit. p.3.

* 269 Supra, pp.94-97.

* 270 Philippe D. ROGER, «Dragon with a Heart of Darkness-Countering Chinese Influence in Africa», op.cit. p.24.

* 271 Lire :

- René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », mercredi 5 mars 2008, op.cit.

- Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cit.

- Freddy MULUMBA KABUAYI, « Afrique: Les enjeux et les dangers de l'Africom », op.cit.

* 272 Général André BEAUFRE, cité par Jean-Marie MATHEY, Comprendre la stratégie, op.cit., p.15.

* 273 Franck DEBIÉ et al, « A quoi sert la géostratégie ? », op.cit., p.2.

* 274 Ibid.

* 275 Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit, p.6.

* 276 Voir Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, op.cit., p.28.

* 277 Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », op.cit, p.2.

* 278 Ibid., p.3.

* 279 Ibid.

* 280 Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », op.cit, p.3.

* 281 Lire John B. FORSTER, « Guerre Economique et Géostratégie des Puissances: la nouvelle course à l'Afrique des Etats-Unis », in Intelligence stratégique et Diplomatie économique, 10 février 2008, http://gwethguy.wordpress.com/2008/02/10/guerre-economique-geostrategie-des-puissances-la-nouvelle-course-a-l%E2%80%99afrique-des-etats-unis/ consulté le 5 août 2009.

* 282 Lire :

- Freddy MULUMBA KABUAYI, « Afrique: Les enjeux et les dangers de l'Africom », op.cit. pp.1-4.

- Guy GWETH, « Guerre économique dans le golfe de Guinée: l'artillerie US », in Intelligence stratégique et Diplomatie économique, 23 janvier 2008, http://gwethguy.wordpress.com/2008/01/23/guerre-economique-dans-le-golfe-de-guinee-lartillerie-americaine-guy-gweth/ consulté le 1er juillet 2009.

* 283 René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », op.cit., pp.1-2.

* 284 Cité par Michael T. KLARE, « Géostratégie de l'énergie », op.cit, p.4.

* 285 Ibid.

* 286 Expression de René Naba pour traduire la partialité et les revers de l'intervention de la force européenne suivant une politique du deux poids deux mesures. De plus, en fustigeant les chefs d'Etats qui leurs sont hostiles, les puissances européennes accordent plus d'attention à ceux du golfe de Guinée qui leurs garantissent l'accès aux ressources stratégiques. Voir René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », op.cit. p.4.

* 287 Lire Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cit.

* 288 Au lendemain du discours de Sarkozy en l'Afrique du sud le 28 février, Hervé Morin en sa qualité de ministre de la défense avait tenu à ce sujet une conférence de presse déclarant que le retrait des forces françaises n'était pas à l'ordre du jour et que « la France gardera toujours des bases en Afrique ». Lire La grande époque, « Redéfinition du dispositif militaire français, scepticisme », op.cit., p.3.

* 289 Ateleir Energy, « Le Golfe de Guinée : une région au carrefour des influences européenne, américaine et chinoise », op.cit.

* 290 Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cit., p.8.

* 291 Guy GWETH, « Guerre économique dans le golfe de Guinée: l'artillerie US », op.cit., p.2.

* 292 Cité par René NABA, « Le quadrillage en douceur de l'Afrique », op.cit., p.1. La mise en perspective est de nous.

* 293 Ibid., p.5.

* 294 Voir François LAFARGUE, « Le Brésil, une puissance africaine ? », op.cit.

* 295 Voir Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, op.cit., p.101.

* 296 Pour en savoir plus lire Jean-François DAGUZAN et Pascal LOROT « Repenser la sécurité nationale », in Diploweb la revue géopolitique, http://www.diploweb.com/Repenser-la-securite-nationale.html, consulté le 18 août 2009.

* 297 Voir ATLASOBS du monde 2002, op.cit., p.99.

* 298 Ibid., pp.65-66.

* 299 Lire Jean-Christophe SERVANT, « Une priorité géostratégique : Offensive sur l'or noir africain », op.cit.

* 300 Ibid., p.19.

* 301 Supra, pp.49-51.

* 302 Interview paru dans defenselink.mil, «EUCOM Leader calls Africa Global Strategic Imperative», March 08, 2006, cité par Jean-Claude BESSEZ, « Africom:Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit., p.1.

* 303 Charles BWELE, « Golfe de Guinée : anti-piraterie ou pétrostratégie ? », op.cit., pp.1-2.

* 304 Lire Cameroon Tribune, « Prise d'otages au large de Bakassi : Paris et Yaoundé se concertent », n° 9218/5417 du mardi 4 novembre 2008, pp.1-2.

* 305 Voir l'édition de l'année 2008 de la publication de la Présidence de la République du Cameroun, L'Année du Président 2008, Stratégie Gagnante, pp.28-29.

* 306 Ibid. p.28.

* 307 Lire :

- Charles BWELE, « Golfe de Guinée : anti-piraterie ou pétrostratégie ? », op.cit., pp.1-3.

- Infos Plus Gabon, « Gabon: Les Etats-Unis protègent le Golfe de Guinée », 25 Mars 2009, http://www.infos

splusgabon.com/article.php3 ?id_article=192 consulté le 1er juillet 2009.

- Denis NKWEBO, « Pourquoi la marine américaine manoeuvre dans le golfe de Guinée ? », op.cit.

- Raphaël MVOGO, « Golfe de Guinée : Paris et Washington envoient des navires pour assurer la sécurité stratégique et énergétique », op.cit.

* 308 Philippe Moreau Defarges cité par Alain FOGUE TEDOM, « La géostratégie », op.cit. p.6.

* 309 Sophie CHAUTARD, L'indispensable de la géopolitique, op.cit, p.18.

* 310 Lire :

- Claude WAUTHIER, « Une sourde concurrence sur le continent africain : appétits américains et compromissions françaises », op.cit.

- Philippe LEYMARIE, « Le continent noir entre ancien et nouveau monde...Washington à la conquête d' ``espace vierge'' » en Afrique », op.cit.

- Jean-Emmanuel PONDI, « Français et Américains en Afrique Noire : nouvelle dynamique ou nouvelle dynamite ? », op.cit.

- Stephen SMITH, « Les américains doublent la France en Afrique », op.cit.

* 311 Guy GWETH, « Guerre économique dans le golfe de Guinée: l'artillerie US », op.cit. p.1.

* 312 Guy GWETH, « Guerre économique dans le golfe de Guinée: l'artillerie US », op.cit., p.2.

* 313 John B. FORSTER, « Guerre Economique & Géostratégie des Puissances: la nouvelle course à l'Afrique des Etats-Unis », op.cit. pp.1-2.

* 314 Nous faisons référence ici à la déclaration de Napoleon Ier : « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera » popularisée par Alain Peyrefitte et citée par Freddy MULONGO, « RDC: Pourquoi l'aide de la Chine inquiète les Congolais ? », op.cit., p.1.

* 315 Serge et Michel Beuret cités par Christian HARBULOT, « La Stratégie de puissance de la Chine en Afrique », in Intelligence économique, p.5, http://www.infoguerre.fr, consulté le 19 août 2009.

* 316 Jean-Christophe MONGRENIER, « Redéploiement géostratégique et projection de puissance euro-atlantique en Afrique subsaharienne », op.cti. p.10.

* 317 NDZINGA AMOUGOU, «  Chine-Afrique : 40 milliards d'échanges commerciaux », in Cameroon Tribune, n°8970/5169, mardi 6 novembre 2007, p.30.

* 318 Christian HARBULOT, « La Stratégie de puissance de la Chine en Afrique », op.cit., pp.6-10.

* 319 S'il est vrai que la Chine à manqué de près au fameux ``Break-up of China'', elle n'a certes pas souffert des plus de dix siècles de traite négrière arabo-musulmane ou transatlantique, elle n'a pas été colonisée, elle ne subit pas le néocolonialisme sous laquelle croupissent les Etats africains. Civilisation millénaire, elle a participé avec l'occident à l'écriture de l'histoire des puissances contemporaines. Elle est une puissance nucléaire, membre conseil de sécurité de l'ONU alors qu'aucun Etat africain n'en fait partie. Pour en savoir plus sur l'Histoire africaine, on pourra se référer aux dix tomes de l'Histoire générale de l'Afrique publiés par l'UNESCO ; au livre de Joseph KI-ZERBO, Histoire de l'Afrique Noire d'Hier à demain, publié paris par Hatier en 1981 et aux deux tomes de Afrique Noire .Histoire et Civilisation d'Elikia M'BOKOLO, publiés à Paris aux éditions L'Harmattan en 1994 pour ne citer que ceux là.

* 320 Lorsque Harbulot affirme que la reconnaissance de Taiwan a cessé d'être depuis le début des années 1990 le facteur structurant de la coopération chinoise, il se résigne après pour reconnaitre que seuls 6 des 53 pays africains reconnaissent ce ``dragon''. Comment comprendre cela si ce n'est par crainte de représailles de Pékin ?

* 321 Voir Guy GWETH, « Chine-UE: Pékin fait vaciller les 27 », op.cit, p.2.

* 322 Voir Guy GWETH, « Chine-UE: Pékin fait vaciller les 27 », op.cit, p.3.

* 323 Cité par Alain FOGUE TEDOM, «  La géostratégie », op.cit, p.45.

* 324 Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, op.cit., pp.100-101.

* 325 Ibid. pp.17-18.

* 326 Guillaume DEVIN, Sociologie des relations internationales, op.cit. p.74.

* 327 Jean-Jacques ROCHE, Relations internationales, op.cit., p.116.

* 328 Lire à ce sujet Albert-Didier OGOULAT, « La Commission du Golfe de Guinée, instrument du renouveau maritime sous-regional ? », in Stratis.org, 2005, http://www.stratisc.org/Strategique_80_Ogoula2.htm, consulté le 15 août 2009.

* 329 Alain FOGUE TEDOM, « Les questions stratégiques », op.cit., p.5.

* 330 Gaston BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, op.cit., p.15.






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