A. Nomination et sacre
En fait, personne ne pouvait penser à la nomination
d'un Camerounais comme premier évêque de l'Afrique noire
francophone. C'est au Gabon21qu'était destinée cette
désignation. Mais, il y aurait eu des dissensions au sein du
clergé français au Gabon. En Mars 1955, au cours de la
réunion des ordinaires à Nkongsamba, il a été
décidé avec le délégué apostolique pour les
Missions d'Afrique française, Mgr. Lefebvre, de nommer deux auxiliaires
respectivement à Mgr. Graffin et à Mgr. Bonneau22. Le
10 Juin, Mgr. Graffin va à Rome et reçoit la promesse d'avoir un
auxiliaire rapidement.
Le 24 Juin 1955, alors que l'Abbé Paul Etoga allait
rendre visite à l'Abbé Christophe Mvogo, hospitalisé
à Yaoundé, il rencontra les Pères Hurstel et Etienne
Nkodo. Ils l'interpellèrent et lui tendirent un
télégramme. Il lut : « Abbé Etoga,
évêque auxiliaire de Yaoundé »23 . Il prit
le télégramme pour une blague et dit : « vous voulez vous
moquez de moi ! »24 . Après la visite, les Pères
qui l'avaient suivi montrèrent aux gens : « voilà votre
évêque ! ». Pris d'émotion, il regagna Nkol Nkumu sans
rien dire à personne. Le lendemain, Monseigneur Graffin lui envoya un
billet avec cette recommandation : « faites vos malles et venez ici
!»25 . Intense émotion ! Il se rendit à la
cathédrale où il fut réellement nommé
évêque.
21 A partir de 1880, le Cameroun dépend du
vicariat du Gabon, né du démembrement du vicariat de
Guinée. Puis, en 1893, naît le vicariat de Yaoundé. Cf.
J.B. Anya, «L'épiscopat de Monseigneur René Graffin au
Cameroun 1931-1961», Mémoire de DIPES II, 1997, p.9.
22 J. Criaud, La geste des spiritains, p.
106.
23 Etoga, p. 22.
24 Ibid.
25 Ibid p. 23.
Pour Don Francesco Pedretti26, Paul Etoga n'a pas
eu besoin d'un quelconque soutien pour être nommé. C'est le Saint
Esprit qui a reconnu en lui un apôtre de l'Eglise. En
réalité l'esprit d'initiative et de persévérance de
l'Abbé Paul Etoga a joué en faveur de son choix. La soumission et
le respect de la hiérarchie, valeurs chères qu'appréciait
Monseigneur Graffin n'étaient pas en reste.
Le 30 Novembre 1955 à l'hippodrome de Yaoundé,
eut lieu le sacre épiscopal de Monseigneur Paul Etoga. Cette
cérémonie fut présidée par Monseigneur Graffin,
archevêque de Yaoundé, assisté de Mgr. Bonneau et Mgr.
Bernard. Paul Etoga fit sien ces mots de Timothée : « Scio cui
credidi » c'est-à- dire « Je sais en qui j'ai mis ma foi
». Après son discours, Monseigneur Graffin lui donna l'onction
épiscopale. Une foule de cent milles personnes27 non
seulement du Cameroun, mais aussi des pays voisins et de loin emplissait
l'hippodrome comme le montre la photo ci-après.
Photo N°6 : Sacre de Mgr. Paul Etoga
Source : P.Etoga, Mon autobiographie,
p.26.
26 Don Francesco Pedretti est un responsable du Centro
Orientamento Educativo de Barzio en Italie qui est une organisation non
gouvernementale visant la promotion des masses.
27 E. Mveng, Histoire du Cameroun, Tome II,
Yaoundé, CEPER, 1985 p. 229.
Des chansons populaires furent créées pour
saluer cet évènement. Monseigneur Paul Etoga était
désigné par cette expression très significative de
ntang-evindi28 c'est-à-dire « un blanc à
la peau noire ». Les populations du Cameroun n'exprimèrent pas
seulement leur joie par des chansons mais aussi par des lettres de
félicitations rédigées dans tout le pays. Ce
n'était pas seulement l'affaire des catholiques mais celle de toutes les
confessions religieuses.
B. Auxiliaire de Monseigneur Graffin de 1955 à
1961
Après son sacre, Mgr. Paul Etoga occupa son poste
d'évêque auxiliaire de Monseigneur René Graffin à
Yaoundé. L'action du nouvel évêque fut paralysée
à cause de l'atmosphère de conflit créée par les
français29. En 1961, le Saint Siège lui proposa
d'aller fonder un diocèse à Mbalmayo. Pour le prélat,
c'est une porte de salut.
1. Les fonctions de Monseigneur Paul Etoga
Un évêque auxiliaire30 est celui qui
aide un autre évêque et qui lui prête son concours
temporairement. Le mot auxiliaire est employé ici à juste titre
car Monseigneur Paul Etoga était soumis aux ordres de Monseigneur
René Graffin. Par son statut, le prélat devait
célébrer les confirmations. Il allait dans tout
l'archidiocèse confirmer les chrétiens31. C'est ainsi
qu'il confirma les chrétiens de la mission catholique de Nlong.
28 J.P. Messina, «Contribution des
camerounais», p. 263.
29 Le 26 Février 1956, Roland Pré
demanda à Paul Etoga d'adresser une lettre à Paris dans laquelle,
il devra souligner son soutien à l'action du Haut commissaire afin
d'amener Paris à approuver ses initiatives de réprimandes des
upécistes. Mgr Paul Etoga refusa. Ce refus marqua le début des
hostilités entre Etoga et l'administration française au
Cameroun.
30 Evêque auxiliaire diffère
d'évêque coadjuteur. Ce dernier est un évêque adjoint
à un évêque en fonction, généralement avec
droit de succession.
31 Etoga, p. 27.
En dehors des confirmations, le prélat conférait
parfois le diaconat aux séminaristes. Il le fit par exemple le 7 Mars
1959 dans l'église d'Otélé, église limitrophe de la
mission catholique de Nlong. Il célébrait aussi les
consécrations des Soeurs, notamment celle de Marie
Thérèse, originaire de Nlong, le 21 Janvier 1959.
Dans ses actions, le prélat était
confronté à de nombreuses difficultés à cause de la
politique discriminatoire de Monseigneur Graffin vis-à-vis du
clergé indigène. Les « siens » sont pris au
sérieux, les « autres » sont méprisés. Cette
attitude allait à l'encontre de l'exhortation summi
pontificatus du Pape Pie XII qui consacre le principe de
l'égalité au sein de l'Eglise Catholique : « Ceux qui
entrent dans l'Eglise catholique quelle que soit leur origine ou leur langue
doivent savoir qu'ils ont un droit égal d'office dans la maison du
seigneur » 32.
Monseigneur Graffin avait instauré un certain nombre de
règles racistes dans l'Archidiocèse :
Si un ou deux blancs arrivent, le prêtre indigène
se retire et ne doit pas assister à la conversation. Il ne doit pas
garder l'argent sur soi ni dans la chambre. En cas de voyage, le
supérieur doit lui donner de quoi payer le voyage ; s'il a un surplus,
il est remis au supérieur. A table, les prêtres indigènes
ont un plat indigène composé d'une soupe d'arachide, de feuilles
de manioc (kpem) ou de bananes préparées par une femme du
sixa33.
Même évêque, Paul Etoga était soumis
à ces mesures. Il ne participait pas aux prises de décisions de
l'Eglise ; il les subissait. Il était appelé à signer les
décisions de l'archevêque et de son vicaire général
sans rechigner.
Tout ceci montre que le prélat n'avait qu'un rôle
figuratif. Il fera remarquer plus tard que les six années qu'il a
passées à Yaoundé étaient un véritable
purgatoire34. Les rapports entre Monseigneur Paul Etoga et son
archevêque n'étaient pas cordiaux mais discriminatoires. Qu'en
était-il des rapports existant entre Monseigneur Paul Etoga et le
clergé ?
32 Pie XII, Summi pontificatus cité par
Médéwalé et Agossou, Christianisme africain,
Paris, Kart hala, 1987, p.7.
33 Monseigneur Graffin cité par Paul Etoga,
Mon autobiographie, p. 16.
34 J.P. Messina, «Contribution des
camerounais», p. 263.
2. Les rapports avec le clergé
Le clergé camerounais était constitué du
clergé indigène et les missionnaires catholiques présents
au Cameroun.
a. Avec le clergé indigène
Le clergé indigène était constitué
des prêtres et religieuses camerounais. D'après l'Abbé
Léon Messi35, le prélat entretenait de bons rapports
avec les prêtres camerounais. Ces derniers le manifestaient à
travers des révoltes contre Monseigneur Graffin. Ils ne partageaient pas
toujours la patience avec laquelle Monseigneur Etoga résolvait les
difficultés causées par Mgr. Graffin.
Le prélat présidait des réunions
sacerdotales à travers l'archidiocèse de Yaoundé. Ainsi en
1959, il présida une série de quatorze réunions
sacerdotales36 avec la participation de l'Abbé Jean Zoa.
Malgré ces rapports de travail, l'Abbé Nkoe37 pense
qu'il y avait des prêtres camerounais qui contribuaient à rendre
la vie difficile à Mgr. Paul Etoga. Pour lui, certains prêtres
camerounais travaillaient pour le compte de Mgr. Graffin. Si Monseigneur Paul
Etoga avait une opinion contraire à celle de Monseigneur Graffin, tout
lui était révélé. Aussitôt, il était
blâmé sans respect.
Dès qu'il fut sacré évêque, Paul
Etoga a commencé à militer pour changer le statut des religieuses
camerounaises. Pour y parvenir, il avait besoin de la participation de ces
dernières. Pour cela il a commencé par les sensibiliser sur leurs
conditions de vie par rapport aux religieuses européennes. Les conseils
de Mgr. Paul Etoga étaient relatés à l'archevêque
qui s'insurgeait contre lui. Pour lui, Mgr. Paul Etoga semait la révolte
et la discrimination au sein des
35 L'Abbé Léon Messi cité par E.
Abessolo « L'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga », p. 30.
36 L'effort camerounais, N° 190, 24 Mai
1959, p.8.
37 L'Abbé Benjamin Nkoe, ancien directeur du
séminaire St Paul de Mbalayo que cite E. Abessolo
«L'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga», p. 31.
congrégations religieuses38.
Néanmoins le statut des soeurs camerounaises fut amélioré.
Les Soeurs camerounaises pouvaient désormais aller à
l'école jusqu'en troisième et avaient droit à un peu plus
d'égard.
b. Avec les missionnaires catholiques
Selon l'Abbé Benjamin Nkoe, Monseigneur Graffin avait
répandu la nouvelle selon laquelle Monseigneur Paul Etoga était
contre les français. Dès lors, tous les français se sont
retournés contre lui. Mgr. Graffin avait aussi envoyé les
rapports à Rome dans lesquels il informait la hiérarchie de
l'Eglise catholique que Mgr. Paul Etoga faisait la politique et non sa mission
pastorale. Cette atmosphère de conflit créée par les
français gêna énormément l'action de Monseigneur
Etoga. Dans certaines paroisses, écrit-il : « J'étais
reçu comme un chien »39.
Tout était mis en oeuvre pour freiner l'action du
prélat même lorsqu'il était invité dans les pays
Européens. En effet, il avait été invité à
Lourdes pour un congrès eucharistique. Mais, Monseigneur Graffin avait
usé de son pouvoir pour annuler le voyage. Néanmoins, le
prélat réussit à effectuer son second voyage en Europe,
à l'absence de Monseigneur Graffin, malgré les obstacles
causés par les Spiritains.
A son arrivée à Munich en Allemagne le 2
Août 1960, il rencontra les cardinaux Testa et Wendel40. Il se
présenta et leur raconta qu'il était évêque depuis
cinq ans mais, n'avait pas encore visité Rome. Les deux prélats
lui offrirent de l'argent pour son voyage à Rome. Alors qu'il
était chez Monseigneur Antonio Sigismondi41 en Italie,
celui-ci l'accueillit en ces termes : « Ah asseyez vous Monseigneur...
vous faites de la politique ? »42. Monseigneur
38 En 1958, il y avait au Cameroun deux
congrégations religieuses indigènes : la congrégation des
filles de Marie à Yaoundé et la congrégation des filles
servantes de Marie à Douala.
39 L'Effort camerounais, N° 207 du 4
Octobre 1959, p.8.
40 Le cardinal Testa était gat du pape et le
cardinal Wendel était archevêque de Munich.
41 Antonio Sigismondi était secrétaire
général de la Propaganda Fide.
42 Etoga, p. 28.
Paul Etoga lui répondit : « Non ! Je ne me suis
jamais présenté aux élections comme député,
loin encore comme président de la république »43.
Monseigneur Antonio révéla : « En tout cas... c'est votre
supérieur qui vous accuse de faire de la politique »44.
A la fin de son séjour à Rome, Paul Etoga prit l'avion pour
Douala.
Dans sa tâche d'auxiliaire, Monseigneur Paul Etoga avait
confirmé les chrétiens et célébré les
ordinations sacerdotales et religieuses. Ce qui lui conférait de bons
rapports aussi bien avec le clergé camerounais qu'avec les
chrétiens, malgré quelques difficultés. Ces
difficultés provenaient du fait que Mgr. Paul Etoga avait refusé
de soutenir l'action de Roland Pré après les émeutes de
1955. Avec ce refus, il déclarait une guerre ouverte à Roland
Pré et à tous les français jusqu'en 1961.
C. Fondateur du diocèse de Mbalmayo
Le 22 Août 1961, Monseigneur Graffin installa
Monseigneur Paul Etoga comme évêque du diocèse de
Mbalmayo45. Ce fut la dernière apparition du premier
archevêque du Cameroun sur la scène religieuse
camerounaise46. Après l'installation du prélat, la
dynamique du nouveau diocèse devait être mise en marche avec la
paroisse de Mbalmayo comme centre d'impulsion de la politique pastorale
pensée par Mgr. Paul Etoga.
1. Politique pastorale de Monseigneur Paul
Etoga
La politique ici signifie l'art, la manière de diriger les
hommes. L'une des exigences cardinales du prélat était que les
prêtres prêchent par l'exemple. Pour
43 Etoga, p28.
44 En réalité Mgr. Paul Etoga avait
soutenu André Marie Mbida aux élections législatives de
Décembre 1956. Il réitéra son soutien aux
démocrates aux élections d'Avril 1960. Cf. N. Ossama, L
'Eglise de Yaoundé : aperçu historique,
Yaoundé, Saint Paul, 1997, p. 133.
45 Etoga, p. 30.
46 Le 20 Novembre 1961, Mgr. Graffin céda sa
place à l'Abbé Jean Zoa. Par cet acte, l'Eglise coloniale passait
le flambeau de la succession apostolique et de la mission
évangélisatrice de l'Eglise universelle à l'Eglise locale
devenue majeure.
cela, ils devaient se faire distinguer par leur tenue
vestimentaire et leur comportement.
Le prélat n'était pas fidèle à
l'adage selon lequel « l'habit ne fait pas le moine ». Par
conséquent, il interdit aux prêtres de son diocèse de
voyager sans soutane, ou de s'en débarrasser même quand ils ont un
travail manuel à faire47. Les prêtres ne pouvaient se
défaire de la soutane que pour des cas « exceptionnels ».
Même si le prélat ne définissait pas ce qu'il entendait par
« exceptionnel ». Il est clair que le prêtre ne pouvait se
départir de sa soutane qu'au coucher ou bien, quand il exécutait
des tâches salissantes telles que la réparation d'un
véhicule. Pour mettre le clergé sur les rails, le prélat
tenait des réunions mensuelles. Il mettait en garde contre certaines
activités notamment le commerce, la pêche, la chasse. Seuls les
catéchistes pouvaient faire le « petit commerce » dans la
mission.
Dans le même ordre d'idée, les prêtres
devaient éviter tout acte frisant l'escroquerie ou l'exploitation
abusive des fidèles. Il s'agissait par exemple des taxes
spéciales, non prescrites dans le diocèse48. Le
prélat imposa un certain nombre de règles aux prêtres car,
certains étaient souvent suspectés d'entretenir des relations
intimes avec les femmes. Ainsi, il interdit aux prêtres de voyager seuls
avec une femme dans la voiture49. Il fallait donc porter un ou
plusieurs passagers. Ces mesures montrent quelque peu la naïveté de
Mgr. Paul Etoga car, le fait de porter une femme dans sa voiture ne signifie
pas forcément qu'on entretienne des rapports sexuels avec elle.
Pour favoriser la concertation et une pastorale d'ensemble,
Monseigneur Paul Etoga divisa le diocèse en cinq secteurs : Akonolinga,
Ayos, Dzeng, Mbalmayo et Ngomedzap. Il mit sur pied un conseil diocésain
rassemblant les prêtres. Assez libéral dans le respect des
institutions ecclésiastiques, chaque prêtre se sentait
concerné dans l'évolution du diocèse.
47 ADM, P. Etoga, circulaire N° 18, Janvier
1965.
48 ADM, P. Etoga, Notice sur le diocèse de
Mbalmayo, 1961-1986.
49 Ibid.
Dans Mon autobiographie, Monseigneur Paul Etoga
déclare que :
Les évêques sont les envoyés du Christ
pour être ses témoins dans le monde . . Or, les
évêques succèdent aux apôtres. L'évêque
doit être imprégné de l'esprit du Christ, agissant comme
lui, serviable comme lui, servir mais non pour être servi. Donc le mot
prince de l'Eglise doit être aboli ; on est tous frères,
pères et fils (Matthieu 20 : 17-28). Que l'évêque arme ses
prêtres, qu'il les attire, qu'il ait confiance en eux comme les
prêtres en lui. Cette mutuelle confiance est nécessaire. Dans le
cas contraire, la collaboration dans l'oeuvre apostolique est impossible. Qu'il
y ait un dialogue franc et sincère entre l'évêque et ses
prêtres. L'évêque doit veiller à la subsistance,
à la santé et au salut de ses prêtres50.
Certains prêtres du diocèse usèrent de
cette liberté pour réaliser des oeuvres positives51
mais d'autres par contre abusèrent de cette liberté à la
grande consternation des chrétiens.
Au-delà de ses apparences tolérantes et
libérales, Monseigneur Paul Etoga était intraitable et rigoureux
envers les prêtres qui développaient des comportements
déviants par rapport à l'éthique de
l'Eglise52.
2. Le petit séminaire Saint Paul de
Mbalmayo
L'initiative de former un clergé indigène au
Cameroun date de Monseigneur Vogt53. Pour continuer cette oeuvre
Monseigneur Paul Etoga créa dans son diocèse un petit
séminaire et s'engagea aussi dans la formation des vocations
tardives.
Après avoir mis sur pied un conseil diocésain,
le prélat annonce à ses collaborateurs le 22 Janvier 1962, la
création d'un séminaire. Mais la construction d'un
séminaire digne de ce nom nécessitait d'énormes moyens
50 Etoga, p. 29.
51 Grâce à la liberté dont
jouissait l'Abbé Lucien Anya Noa, fondateur du collège Noa et du
centre culturel Beti de Mbalmayo, il traduisit la Bible, la vie des Saints,
l'homélie des Pères et les grandes figures de la Bible en
Ewondo.
52 L'Abbé Appolinaire Essomba avait
transgressé son serment de chasteté. Il a été
sanctionné par Monseigneur Paul Etoga et remplacé à la
paroisse de Mfoumassi en 1982 par le Père Gruher. Il se retrouva
à Mbalmayo en complément d'effectif.
53 Monseigneur F.X. Vogt dans une lettre manuscrite
datant de 1930, envoyée au gouverneur Marchand
écrit : « Le petit séminaire (...) comprend
un cycle de cinq années d'étude. N'y sont admis que les enfants
ayant fréquenté l'école primaire et sachant le
français (...). Le Grand séminaire comprend un cours de
Philosophie de deux ans et le cours de Théologie qui durera cinq ans
». Cf. ANY, APA 10559/B, les Eglises indigènes.
financiers. Pour remédier aux difficultés
financières, des bâtiments en matériaux provisoires furent
construits. Ces bâtiments ont accueilli 75 élèves le 30
Avril 1962. Il envoya les plans du petit séminaire à Rome et il
reçut des subsides pour un petit séminaire définitif.
C'est son excellence Antonio Mazza, secrétaire général de
l'oeuvre pontificale Saint Pierre Apôtre qui bénit et posa le 26
Janvier 1969, la première pierre du petit séminaire
représenté ci-dessous.
Photo N°7 : Petit séminaire Saint
Paul de Mbalmayo
Source : Cliché J.H. Ngah, Mbalmayo, le
26 Janvier 2008
Au départ le séminaire Saint Paul de Mbalmayo
n'avait que le premier cycle. Les séminaristes allaient au second cycle
au séminaire Sainte Thérèse de Mvolyé. Aussi, sur
un effectif de 75 élèves, 2 seulement aboutirent au sacerdoce !
Cet échec décida Mgr. Paul Etoga à ouvrir un second cycle
au séminaire St. Paul de Mbalmayo en 197154.
Parmi les premiers candidats du petit séminaire Saint
Paul reçus au baccalauréat faisait partie Jean Marie Atangana
Mebara, originaire de la paroisse de Nlong. Ce dernier a occupé des
hautes fonctions. Il a été ministre de
l'enseignement supérieur pendant cinq ans,
secrétaire général à la présidence et
ministre des affaires étrangères du Cameroun.
Jusqu'en 1986, neuf prêtres, fruits du petit
séminaire Saint Paul ont été ordonnés55.
Deux autres, anciens élèves56 du petit
séminaire l'ont été dans l'archidiocèse de
Yaoundé.
Au total, 21 prêtres ont été
ordonnés dans le diocèse de Mbal mayo en 1 98757.
Parmi ces derniers, aucun n'était originaire de la paroisse de Nlong. Ce
fut un échec pour Mgr. Paul Etoga. En somme l'oeuvre de monseigneur Paul
Etoga à Mbalmayo peut se résumer dans le tableau ci-dessous :
Tableau N°3 : Bilan de l'oeuvre de Mgr.
Paul Etoga à Mbalmayo.
|
1961
|
1987
|
Population totale
|
117 000
|
154 358
|
Catholique
|
59 869
|
111 635
|
Elèves
|
11 408
|
12 927
|
Prêtres
|
28
|
48
|
Paroisses
|
14
|
27
|
Religieux
|
1
|
2
|
Religieuses
|
13
|
46
|
Eglises
|
10
|
16
|
Collèges
|
1
|
4
|
Dispensaires
|
3
|
6
|
Centre catéchétique
|
0
|
1
|
Centre de promotion sociale
|
0
|
1
|
Séminaires
|
0
|
1
|
Grands séminaristes
|
3
|
11
|
Petits séminaristes
|
0
|
169
|
Prêtres sortis du séminaire
|
|
11
|
Source : P. Etoga, Mon autobiographie,
p. 39.
55 On peut citer les Abbés Rigobert Mvogo,
Gabriel Akoa Mbarga, Raphaël Ondigui, Pascal Kollo Mbida, Martin
Biwolé, Jacques Awong Medou, Joseph Ndi Okalla, Luc Tsang Bengono,
Essomba Fouda.
56 On peut citer les Abbés Jean Mbarga et
Séverin Zoa.
57 Etoga, p. 47.
D'après ce tableau, le nombre de catholiques a
doublé. Le diocèse est passé de 59 869 fidèles en
1961 à 111 635 en 1987 sur une population totale de 154 358 habitants.
Le nombre de religieuses a été multiplié par trois passant
de 13 à 46. Le nombre de collèges quant à lui est
passé de un à quatre tandis que le nombre de dispensaires a
doublé. Onze prêtres sont sortis du séminaire saint Paul de
Mbalmayo. Malgré les difficultés, Monseigneur Paul Etoga a
maintenu l'existence du diocèse car ses détracteurs58
ne lui donnaient pas plus de dix mois à Mbalmayo. Son oeuvre a
été reconnue par sa sainteté le Pape Jean Paul II le 15
Novembre 1984 avec la nomination de Mgr. Adalbert Ndzana comme
évêque coadjuteur de Mbalmayo.
III. LES RAPPORTS ENTRE MONSEIGNEUR PAUL ETOGA
ET
LA MISSION CATHOLIQUE DE NLONG
De 1955 à 1961, Monseigneur Paul Etoga entretenait avec
la mission catholique de Nlong, des rapports officiels. Après 1961, ces
rapports prendront une autre coloration et devenir officieuses puisque ce
dernier était devenu évêque du diocèse de
Mbalmayo.
|