i
DEDICACE
A mes parents : Marc Ekani et Suzanne Essamba Mba Bindzi, pour la
vie et l'éducation qu'ils m'ont données.
A ma fiancée, Géraldine Daniele Alougou Atangana,
pour son soutien et les sacrifices consentis pour ma formation, preuve de son
amour.
A mes soeurs et frères : Maryse, Lise, Patrick et
Christel, pour leur constant soutien moral.
A ma fille, Alexandra Guilyne Essamba Ngah.
ii
REMERCIEMENTS
Ce travail a été réalisé
grâce au soutien sans faille que nous ont apporté de nombreuses
personnes : enseignants, parents, informateurs et amis.
Nous remercions d'abord tous les enseignants du
Département d'Histoire de l'Ecole Normale Supérieure, pour la
rigueur et l'ardeur dont ils ont fait montre, afin de parfaire notre formation
académique pendant plusieurs années. Plus
particulièrement, nous tenons à remercier le Dr. Madiba Essiben,
qui n'a ménagé aucun effort pour nous orienter, nous initier et
nous encourager dans la voie de la recherche.
Nous remercions également le Pr. Jean Paul Messina qui
a accepté de codiriger ce travail. Sa disponibilité, sa patience,
sa rigueur méthodologique et ses suggestions nous ont été
d'un grand apport dans la réalisation de ce travail.
Nos remerciements vont ensuite à toutes les
autorités administratives et à toutes les personnes qui ont
facilité la réalisation de ce travail soit en nous fournissant
des informations, soit en nous apportant l'aide matérielle
nécessaire pour la finalisation de ce travail. Nous pensons ainsi
à l'Abbé Berthe Lucien Nama, la Soeur Pauline Nguenda, les
Frères Puis Essengué et Jean Marie, Joseph Ebodé, Rosine
Youmbi, et à toutes les familles Atangana et Ekani pour leur soutien
moral et matériel.
Qu'il nous soit enfin permis de signifier notre reconnaissance
à nos camarades de classe qui ont d'une manière ou d'une autre
contribué à la réalisation du présent travail.
iii
SOMMAIRE
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
SOMMAIRE iii
LISTE DES ILLUSTRATIONS vii
LISTE DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES ix
RESUME x
ABSTRACT xi
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I. NLONG : CADRE PHYSIQUE, HUMAIN ET ECONOMIQUE 7
I- LE CADRE PHYSIQUE 7
A- La Structure, le relief et l'hydrographie 7
B- Le Climat, le sol et la végétation 9
II- LE CADRE HUMAIN ET ECONOMIQUE 10
A- L'origine et l'installation des populations 10
B- L'organisation religieuse et socio-économique 12
1-Les rites et traditions religieuses 12
a- Le so 13
b- Le mevungu 13
c-Le tsoo 14
d- L' esié 15
2- L'organisation socio-économique 16
a- Une société patriarcale 16
b- L'agriculture de subsistance 17
c- La chasse 17
d- La pêche 18
I. L'ARRIVEE DES MISSIONNAIRES A NGULMAKONG 19
A. L'action de Joseph Zoa 20
B. L'installation des missionnaires 21
1. Les premiers missionnaires 21
2. Le choix du nom de la mission 22
II. LE FONCTIONNEMENT DE LA MISSION CATHOLIQUE DE NLONG 22
A. Le clergé de la mission catholique de Nlong 23
1. Les prêtres 23
a. Les Pères supérieurs 23
b. Les vicaires 23
2- Les Frères 23
3. Les religieuses 24
B. Les autres membres de la mission 25
1. Les catéchistes 25
2. Les paroissiens 25
III. LES OEUVRES MISSIONNAIRES A NLONG 27
A. Les oeuvres sociales 27
1. L'école primaire catholique de Nlong 27
a. Les débuts de l'école à Nlong 28
b. L'école primaire catholique à cycle complet
28
2. Le dispensaire de Nlong 29
B. Les oeuvres religieuses et pastorales 30
1. Le sixa de Nlong 30
2. Le Petit séminaire et l'église Saint Pierre
Claver de Nlong 31
3. L'imprimerie de Nlong 32
4. Les postes de catéchiste 33
CHAPITRE III. MONSEIGNEUR PAUL ETOGA : PRELAT ORIGINAIRE
DE NLONG 34
A. L'enfance 35
B. Le parcours scolaire 35
C. Son ministère sacerdotal 37
II. SON MINISTERE EPISCOPAL 38
A. Nomination et sacre 38
B. Auxiliaire de Monseigneur Graffin de 1955 à 1961 40
1. Les fonctions de Monseigneur Paul Etoga 40
2. Les rapports avec le clergé 42
a. Avec le clergé indigène 42
b. Avec les missionnaires catholiques 43
C. Fondateur du diocèse de Mbal mayo 44
1. Politique pastorale de Monseigneur Paul Etoga 44
2. Le petit séminaire Saint Paul de Mbalmayo 46
III. LES RAPPORTS ENTRE MONSEIGNEUR PAUL ETOGA ET LA
MISSION
CATHOLIQUE DE NLONG 49
A. Les visites de Monseigneur Paul Etoga à Nlong 49
B. Les messages adressés aux populations de Nlong 50
1. Le mariage et la dot 51
2. L'eucharistie 52
3. Les cultures de rente 53
CHAPITRE IV. L'IMPACT RELIGIEUX DE L'EPISCOPAT DE MONSEIGNEUR
PAUL ETOGA SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA MISSION CATHOLIQUE DE NLONG .... 54
I. SUR LE PLAN EVANGELIQUE 54
A. L'appropriation de l'évangile par les populations de
Nlong 55
B. L'évolution des sacrements de l'Eglise 56
1. Le baptême 57
2. La Confirmation et la communion 58
3. Le mariage 61
4. La pénitence et l'onction des malades 62
C. La redynamisation des confréries 63
D. L'implantation des congrégations religieuses 65
II. SUR LE PLAN DES VOCATIONS 66
A. Le sacrement de l'ordre 66
1. L'évêque 66
2. Les prêtres 67
B- Les religieuses 68
CHAPITRE V. L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE L'EPISCOPAT DE
MONSEIGNEUR PAUL ETOGA SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA MISSION CATHOLIQUE DE NLONG.
70
I. SUR LE PLAN SOCIAL 70
A. L'abandon de la polygamie par les populations de Nlong 70
B. Syncrétisme et inculturation à Nlong 71
C. L'oeuvre éducative 72
1. L'évolution de l'école primaire catholique de
Nlong 72
2. Le juvénat des Frères du Sacré coeur
74
D. L'action sanitaire de la mission 75
II. SUR LE PLAN ECONOMIQUE 76
A. La vulgarisation des cultures de rente. 77
B. L'urbanisation de Nlong 78
CONCLUSION GENERALE 79
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 81
DOCUMENTS ANNEXES 87
LISTE DES ILLUSTRATIONS
A. CARTES
Carte N° 1 : La mission catholique de Nlong dans les
circonscriptions d'Eséka Edéa et de Yaoundé en 1955.
............................8 Carte N° 2 : La mission catholique de Nlong
en 1955. .......................8
B. COURBES
Courbe N° 1 : Evolution du nombre de chrétiens de
Nlong de 1930 à 1955..................
................................................26 Courbe N° 2 :
Evolution des baptêmes de Nlong de 1955 à 1987
.........57 Courbe N° 3 : Evolution des communions et des confirmations
de Nlong de 1955 à
1987......................................................59 Courbe N°
4 : Evolution des mariages de 1955 à 1987 à Nlong.
..........61
C. PHOTOS
Photo N° 1 : Joseph Zoa et son épouse ..........
20
Photo N° 2 : Habitation des soeurs du très Saint
Sauveur 24
Photo N° 3 : Sixa de Nlong ........................ 31
Photo N° 4 : Eglise St. Pierre Claver de
Nlong...............................32
Photo N° 5 : Mgr. Paul Etoga ..................... 34
Photo N° 6 : Sacre de Mgr. Paul Etoga .......... 39
Photo N° 7 : Petit séminaire de Mbalmayo ......
47
Photo N° 8 : Ecole primaire catholique de Nlong 73
Photo N° 9 : Internat Saint Ange de Nlong ...... 74
Photo N° 10 : Dispensaire réhabilité de la
paroisse de Nlong ..............76
D. TABLEAUX
Tableau N° 1 : Nombre de chrétiens de la mission
caatholique de Nlong
de1930 à
1955......................................................25 Tableau N° 2
: Répartition des chefs catéchistes de la mission catholique
de Nlong en 1955 ......................
.............................33 Tableau N° 3 : Bilan de l'oeuvre de Mgr.
Paul Etoga à Mbalmayo .......48 Tableau N° 4 : Récapitulatif
des Baptêmes, des communions, des
confirmations et des mariages de Nlong de 1951 à 1987
.....56 Tableau N° 5 : Confréries de la mission catholique de Nlong
de 1945 à
1985
...................................................................64 Tableau
N° 6 : Prêtres originaires de Nlong entre 1955 et 1987 ...........67
Tableau N° 7 : Soeurs consacrées originaires de Nlong de 1955
à
1987...................................................................69
LISTE DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES
AA : Archives Administratives
AC : Archives Coloniales
AAY : Archives de l'Archidiocèse de Yaoundé A D M :
Archives du Diocèse de Mbalmayo
AMCN : Archives de la Mission Catholique de Nlong
ANY : Archives Nationales de Yaoundé APA : Affaires
Politique et Administrative CDO : Centrale Diocésaine des oeuvres CFM :
Congrégation des Filles de Marie
CFSC : Congrégation des Frères du Sacré
Coeur CLE : Centre de Littérature Evangélique
CSSP : Congrégation des Pères du Saint Esprit
DI PES : Diplôme de Professeur d'Enseignement Secondaire
ENS : Ecole Normale Supérieure
Mgr : Monseigneur
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique
d'Outre-mer St. : Saint
RESUME
L'arrivée des missionnaires à Nlong est
précédée par le catéchiste Joseph Zoa. Ce dernier
leur a préparé le terrain. C'est pourquoi ils s'implantent
rapidement et sans difficulté. Ils ont réalisé non
seulement des oeuvres à caractère religieux mais aussi des
oeuvres à caractère social et économique. C'est dans cette
ambiance que Mgr. Paul Etoga est consacré évêque en
1955.
Cependant, les débuts du fils de Nlong dans le monde
épiscopal sont difficiles à cause du contexte colonial. Il
réussit tout de même à réconcilier les attentes de
ses concitoyens et à résister à la pression de son
supérieur Mgr. René Graffin.
Néanmoins, en 1961, le St. Siège lui confie un
diocèse où son génie créateur apparaît.
Cependant, dans sa tâche de bâtisseur du nouveau diocèse, il
est victime des rivalités d'autres prélats. Etant à
Mbalmayo, les relations avec sa mission d'origine située dans
l'archidiocèse de Yaoundé se compliquent. Il va tout de
même à travers de nombreuses visites et messages, guider ses
frères et soeurs de Nlong sur la voie évangélique. Ces
populations gardent de lui l'image d'un modèle. C'est pourquoi,
plusieurs familles ont confié leurs fils et filles respectivement au
ministère sacerdotal et religieux.
Malgré l'action du prélat, la paroisse de Nlong
aujourd'hui n'est plus que l'ombre d'elle-même. La réhabilitation
de ses bâtiments est nécessaire par reconnaissance à
l'oeuvre de Mgr. Paul Etoga.
xi
ABSTRACT
The arrival of missionaries at Nlong is preceded by the
catechist Joseph Zoa. The latter has prepared a piece of ground for the
missionaries. That is why it is easy for them to settle without difficulties in
Nlong. They have made religious, economic and social works. It is in this
atmosphere that Paul Etoga is consecrated bishop.
However, the beginning of Paul Etoga in episcopal work is not
easy because of the colonial context. He is meanwhile able to satisfy the needs
of Nlong's population and to resist of the pressure of archbishop René
Graffin.
Nevertheless, in 1961, the Pope entrust to him a diocese
where, his creative genius has appeared. Meanwhile, in his task of constructing
the new diocese, he is victim of rivalries from other bishops. In Mbalmayo, his
relationships with his origin's mission situated in the archdiocese of
Yaoundé are complicated. Trough many visits and messages, he has guided
his brothers and sisters of Nlong on evangelical life. These populations look
up to him as their model. Thus, many families sent their sons and daughters to
the religious ministry.
In spite of bishop's action, the parish of Nlong today is a
shadow of itself. The renovation of its buildings is necessary for recognition
of the work of Paul Etoga
INTRODUCTION GENERALE
L'histoire religieuse révèle que les protestants
sont les premiers à arriver au Cameroun en 1843. Il a fallu attendre 47
ans pour voir arriver les catholiques1. Conscients du retard qu'ils
accusaient, ces derniers se sont engagés sur les sentiers d'un grand
projet d'évangélisation. De Marienberg où ils
débutent l'évangélisation, les missionnaires catholiques
intensifient les efforts pour étendre leur action en multipliant des
postes missionnaires dans le pays. C'est ainsi qu'en 1901, la mission de
Mvolyé est créée. Celle-ci étant la seule mission
de la région, les pères Pallotins sont débordés par
le travail. Ces derniers sont remplacés par les Spiritains après
la Première Guerre Mondiale et sont confrontés aux mêmes
problèmes. Dans le souci de décentraliser les
responsabilités dans l'immense territoire de leur zone d'apostolat, les
responsables de Mvolyé créent d'autres missions dont celle de
Nlong en 1926.
La mission catholique désigne la station missionnaire
c'est-à-dire le site occupé par les missionnaires dans l'exercice
de leur travail d'évangélisation. Cette expression fut de moins
en moins utilisée au Cameroun après 19612 au profit du
terme paroisse. Avant cette année, la mission catholique de Nlong,
située à cinquante kilomètres de Yaoundé sur la
route de douala, s'étendait sur un site de vingt quatre
hectares3. C'est elle qui fait l'objet de notre étude sur le
thème : «L'impact religieux et socio-économique de
l'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga sur le développement de la
mission catholique de Nlong de 1955 à 1987 ».
1 E. Mveng, Histoire du Cameroun, Tome II,
Yaoundé, CEPER, 1985, p. 211.
2 Le 20 Novembre 1961, Mgr. Graffin céda sa
place à l'Abbé Jean Zoa. Par cet acte, l'Eglise coloniale passait
le flambeau de la succession apostolique et de la mission
évangélisatrice de l'Eglise universelle à l'Eglise locale
devenue majeure
3 ANY, APA 10599/C mission religieuse, 1932,
contributions imposées.
Les raisons qui ont conduit à un tel choix proviennent
du fait que nous voulons sortir l'histoire religieuse du Cameroun de la
monotonie des thèmes. Ceux-ci abordent très peu l'impact des
rapports des évêques avec leur mission d'origine et ne s'attardent
qu'à leurs réalisations dans leur zone d'apostolat.
Notre étude s'inscrit dans un cadre chronologique
limité par deux dates de références : 1955 et 1987,
chacune ayant une importance particulière dans l'histoire de la mission
catholique de Nlong.
L'année 1955 marque la consécration
épiscopale d'un fils de Nlong : Mgr. Paul Etoga comme premier
évêque camerounais.
L'année 1987 quant à elle marque la retraite
épiscopale de Mgr. Paul Etoga d'une part, et d'autre part le
rattachement de la paroisse de Nlong au diocèse d'Obala.
Par ce thème, nous nous proposons d'éclairer une
zone d'ombre dans l'histoire religieuse du Cameroun. En effet, contrairement
à certains de ses confrères dans l'épiscopat4,
le prélat n'a pas fait l'objet d'une abondante publication scientifique.
A notre connaissance, aucun travail sur les rapports de Mgr. Paul Etoga avec la
mission catholique de Nlong, sa mission d'origine, n'a été
réalisé.
Pour mieux s'y prendre la nécessité de
répondre aux interrogations suivantes s'impose : comment était
Nlong avant l'arrivée des missionnaires ? Quant et comment se sont
installés les missionnaires ? Quelles sont leurs oeuvres ? Qui est Mgr.
Paul Etoga ? Quelles sont ses réalisations ? En d'autres termes, quel
est l'impact de sont épiscopat sur le développement de Nlong ?
Pour répondre à ses multiples préoccupations que
soulève notre étude, nous avons eu recours à des sources
multiples et variées que nous avons classées en
4 Sans être exhaustif, parmi les
confrères de Mgr Paul Etoga qui ont fait l'objet de nombreuses
publications, on peut citer les auteurs suivants et leur ouvrage : J. Criaud,
Ils ont implanté l'Eglise au Cameroun, Yaoundé, IMA,
1989 ; Cet ouvrage retrace l'oeuvre de Mgr Henri Vieter. Dussercle, Du
Kilimandjaro au Cameroun, Mgr F. X. Vogt (1870-1953), Paris, La colombe,
1954. J. Bouchard, Mgr Pierre Bonneau, évêque de Douala,
Yaoundé, L'Effort camerounais, 1959. Mgr Jean Zoa, Son
héritage et son enseignement, Mbalmayo, Centre d'étude
redemptor hominis, 1999.
trois grandes catégories à savoir : les sources
écrites, les sources orales et les sources iconographiques.
Pour ce qui est des sources écrites, elles ont
été divisées en trois grands groupes :
- Les documents d'archives (Archives Nationales de
Yaoundé, Archives de la Mission Catholique de Nlong, Archives de
l'Archidiocèse de Yaoundé, Archives du Diocèse de Mbalmayo
et Archives privées) qui nous ont donné des informations sur
l'historique de Nlong à savoir les dates d'arrivée du chef
catéchiste Joseph Zoa et des missionnaires dans la localité. En
plus de cela, nous avons eu des informations relatives aux oeuvres des
missionnaires. Les registres des baptêmes, des communions, des
confirmations et des mariages de la paroisse de Nlong durant l'épiscopat
de Mgr. Paul Etoga ont été consultés. Enfin, les
informations sur le parcours sacerdotal du prélat ont été
trouvées. Cependant, l'exploitation de ces documents était
difficile à cause du mauvais état de conservation de ces
archives. Cela nous a amené à faire recours aux ouvrages
publiés.
- Quelques travaux ont déjà été
réalisés sur le christianisme au Cameroun en
général et sur Nlong en particulier.
Philippe Laburthe Tolra5 dans son ouvrage montre
les motifs et les effets de la conversion rapide au christianisme chez les
peuples de la forêt.
Jean Criaud6 fait une description sommaire de
l'oeuvre des missionnaires catholiques au Sud Cameroun entre 1916 et 1990 et
plus précisément l'oeuvre de la congrégation du Saint
Esprit.
Nicolas Ossama7 retrace l'histoire de la mission
principale de Yaoundé dès 1901 jusqu'à la
célébration du centenaire de l'Eglise catholique au Cameroun. Il
développe surtout des thèmes ayant un impact religieux
positif.
5 P. Laburthe Tolara, Vers la lumière ou le
désir d'Ariel à propos des Béti du Cameroun. Sociologie de
la conversion, Paris, Karthala, 1999.
6 J. Criaud, La geste des spiritains,
Yaoundé, St. Paul, 1990.
7 N. Ossama, L'Eglise de Yaoundé :
aperçu historique, Yaoundé, St. Paul, 1997.
Jaap Van Slageren et Jean Paul Messina8 reconstituent
les temps forts du christianisme au Cameroun, des origines à nos
jours.
Jean Paul Messina9 à travers les actions
d'un catéchiste retrace l'oeuvre des missionnaires catholiques dans la
localité de Nlong.
Monseigneur Paul Etoga10 dans son ouvrage fait son
autobiographie mais n'apporte pas des éclaircissements sur ses relations
avec la mission catholique de Nlong.
Ces ouvrages publiés nous ont permis d'avoir des
informations sur Mgr. Paul Etoga et sur les réalisations des
missionnaires à Nlong. Mais nous n'avons pas eu toutes les informations
nécessaires pour avancer dans notre étude. C'est pourquoi nous
avons recouru aux mémoires et thèses pour essayer de palier aux
insuffisances.
- Les mémoires et thèses que nous avons
consultés font une analyse globale de l'oeuvre des missionnaires dans le
sud forestier. Néanmoins, certains abordent en profondeur quelques
aspects de notre thème.
J. P. Messina11 développe la contribution
des camerounais à l'éclosion du catholicisme au Cameroun. Il
évoque les débuts difficiles de l'épiscopat de Mgr. Paul
Etoga à Yaoundé. Mais n'aborde pas les relations que ce dernier a
entretenues avec sa mission d'origine.
Jean Gualbert Marius Owona12 retrace l'origine de
la mission catholique de Nlong et son évolution jusqu'en 1966. Il
n'aborde pas de manière implicite les conséquences de
l'évangélisation sur le développement de Nlong.
Eugénie Abessolo13 présente
l'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga plus précisément,
son séjour à Mbalmayo en tant qu'évêque fondateur du
diocèse.
8 J. V. Slageren et J.P. Messina, Le christianisme
au Cameroun, des origines à nos jours, Paris, Karthala, 2005.
9 J.P. Messina, Une grande figure
chrétienne au Cameroun : Joseph Zoa (1885-1971), Yaoundé,
CDO, 1989.
10 P. Etoga, Mon autobiographie, Bonn,
Chanoine, 1995.
11 J.P. Messina, «Contribution des camerounais
à l'expansion de l'Eglise Catholique : le cas de la population du sud
Cameroun 1890-1961», Thèse de doctorat 3e cycle en
Histoire, Université de Yaoundé, 1988.
12 J.G.M. Owona, «La Mission Catholique de N long
(1923-1966) : Origine et évolution», Mémoire de DIPES II,
ENS, 1998.
13 E. Abessolo, «L'épiscopat de
Monseigneur Paul Etoga : 1955-1987», Mémoire de DIPES II, ENS,
2000.
Elle n'aborde pas les rapports que le prélat a
entretenus avec la mission catholique de Nlong.
Ces documents nous ont également permis de mieux
éclaircir les informations que nous ne connaissons que vaguement. Mais
une fois de plus, nous n'avons pas eu la satisfaction que nous attendions. Il
manquait des informations nécessaires sans lesquelles notre travail
serait incomplet. Nous nous sommes tournés alors vers les sources
orales.
L'oralité constitue la base fondamentale et une
donnée privilégiée de l'histoire africaine car, elle
reconstitue le passé avec parfois des détails et des
précisions que ne nous donnent les sources écrites. De ce fait,
grâce aux entretiens et interviews effectués sur le terrain avec
des personnes dont l'âge varie entre 40 et 90 ans et qui sont
évêque, prêtres, catéchistes, religieux, religieuses,
laïcs ; nous avons reçu des informations nous permettant de
compléter les détails qui manquaient aux sources écrites.
Nous pouvons alors dire que loin d'être un simple palliatif,
l'oralité est un véritable fait de civilisation qui assure la
transmission des savoirs de génération en
génération. Les dépositaires des sources orales sont des
personnes d'expériences. C'est pour cette raison qu'Amadou
Hâmpaté Ba disait : « En Afrique, un vieillard qui meurt est
une bibliothèque qui brûle ».
L'histoire en Afrique se constitue avec l'oralité. Elle
joue un rôle important dans la société. A cet effet, Joseph
Ki-zerbo affirmait que : « L'oralité apporte le degré de
certitude qu'on attend normalement de la connaissance historique
»14 . Ces sources orales constituent donc un fondement majeur
pour la conscience historique de notre continent. Même si les sources
orales nous ont permis de compléter les détails qui nous
manquaient, même si elles y ont apporté la certitude, il a fallu
que nous fassions tout de même recours aux sources iconographiques.
14 J. Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique Noire d'hier
à demain, Paris, Hatier, 1978, p.17.
L'iconographie est constituée des photos nous ayant
permis d'immortaliser certaines oeuvres de la mission qui ont contribué
au développement de Nlong. Nous avons trouvé au sein du
presbytère plusieurs photos dont la photo du chef catéchiste
Joseph Zoa. Les autres photos qui sont des prises directes représentent
le presbytère, l'Eglise St. Pierre Claver, le sixa, le dispensaire,
l'internat St. Ange de Nlong, etc.
Pour travailler avec ces diverses sources, il a fallu une
méthodologie. Pour ce faire, nous avons procédé par la
confrontation des différentes sources, puis nous avons fait la
synthèse des informations que nous avions sous la main, et c'est
grâce à la complémentarité de ces sources que nous
avons réalisé le présent travail. Avec ces sources, nous
avons organisé notre travail en cinq chapitres. Il s'est d'abord agi de
présenter le cadre physique, humain et économique de Nlong
(Chapitre I). Ensuite, nous avons retracé les origines de la mission
catholique de Nlong jusqu'en 1955 (Chapitre II) et procéder à la
présentation de Mgr. Paul Etoga de sa naissance à son
ministère épiscopal (chapitre III). Enfin, Les chapitres IV et V
montrent respectivement l'impact religieux et socio-économique de
l'épiscopat de Mgr. Paul Etoga sur le développement de la mission
catholique de Nlong.
Naturellement, un tel travail ne peut se réaliser sans
difficultés. La première difficulté est liée aux
sources. Nous avons déploré l'insuffisance des sources
écrites relatives à notre sujet, le caractère fragmentaire
et la mauvaise conservation de certaines sources comme les archives de la
mission catholique de Nlong. Nous avons également été
confrontés au refus de certains informateurs à nous renseigner.
Nous avons aussi eu comme difficultés l'insuffisance des moyens
financiers qui pouvaient nous permettre de faire davantage des investigations
pour compléter notre travail. Tous ces problèmes ont
limité le champ de nos recherches et ont privé notre travail de
certaines informations. Néanmoins, ce travail nous a permis de
découvrir ce qu'est la recherche et de faire nos premiers pas dans ce
chemin.
CHAPITRE I. NLONG : CADRE PHYSIQUE, HUMAIN
ET ECONOMIQUE
Avant l'arrivée des missionnaires catholiques en 1926,
la localité de Nlong s'appelait Ngulmakong. Cette
région1 s'étendait sur une superficie de plus de vingt
quatre hectares2 à cinquante kilomètres de
Yaoundé sur la route de Douala. Trois groupes ethniques peuplaient cette
région : Eton, Ewondo et Bassa3.Mais Chaque ethnique avait
des caractéristiques socio-économiques qui lui étaient
propres.
I- LE CADRE PHYSIQUE
La localité de Nlong laisse apparaître les
caractéristiques propres au
plateau Sud Camerounais.
A- La Structure, le relief et l'hydrographie
La localité de Nlong s'intègre dans un vaste
ensemble constitué par le
plateau Sud Camerounais. Ce dernier est un vieux socle
d'âge précambrien qui se compose de roches essentiellement
cristallines (granite, gneiss, micaschiste...).
Nlong laisse entrevoir un plateau échancré de
vallées plus ou moins larges de 50 à 100m. Nous observons aussi
quelques collines de 150 à 200m d'altitude4. A ce relief peu
accidenté s'ajoute un réseau hydrographique favorable.
La région de Nlong est drainée par quelques
cours d'eau aux débits négligeables mais réguliers. Nous
pouvons citer entre autre Mesa mezoa, qui prend sa source au bas du
monticule où est situé l'église de Nlong. C'est elle qui
ravitaille les populations de la localité en eau. Les soeurs religieuses
ont, pour les
1 Voir les cartes ci-contre.
2 ANY, APA 10599/C Missions religieuses, 1932,
Contributions imposées.
3 M. J.G. Owona, « La Mission Catholique de Nlong
de 1923-1966 : Origine et évolution», Mémoire de DIPES II,
ENS, 1998, p.24.
4 C. Santor et A. Bopda, Atlas régional du
Sud Cameroun, Paris, ORSTOM, 1995, p.12.
circonstances, aménagé sa source pour alimenter
le dispensaire en eau. Ensuite on a la rivière Mfan qui arrose
le village Mbama. A l'ouest de Nlong, l'Osoèkomé
sert de limite entre Nlong et le village Ekombitié. Enfin
la rivière Lobo qui semble être la plus importante de la
région a une largeur d'environ 10m. Elle arrose la majeure partie du
district de Lobo qui en tire son nom. Ces cours d'eau constituent le
réseau hydrographique de Nlong.
La structure et l'hydrographie dépendent du climat
particulier qui sévit à Nlong.
B- Le Climat, le sol et la végétation
Le climat de Nlong est équatorial de type
guinéen, caractérisé par des températures
élevées et constantes. La température moyenne annuelle est
de 25°c. L'amplitude thermique moyenne annuelle est de 2,4°c. Nous
observons une précipitation abondante répartie sur quatre saisons
: deux saisons de pluie, une grande allant de Septembre à Novembre, et
une petite qui s'étend de Mars à Mai. Au cours de ces saisons,
nous enregistrons des précipitations qui s'élèvent entre
1500 et 2000mm. Nous distinguons deux saisons sèches : une grande et une
petite qui s'étendent respectivement de Décembre à
Février et de Juin à Août, au cours desquelles la
pluviosité baisse et oscille entre 1000 et 1500mm5.
Nlong est située dans le domaine des sols
ferralitiques. Les minéraux des roches sont complètement
hydrolysés6 par les eaux de pluies abondantes. Les sols les
plus répandus, en majeure partie recouverts de forêt sont
argileux, rougeâtre, très poreux et perméables avec peu
d'humus7. Néanmoins les sols rouges qui prédominent
dans cette région sont favorables à l'agriculture.
La végétation présente divers aspects.
Sur les collines, l'herbe a de la peine à pousser. Le reste de la
région est couvert de forêt dense, formation
5 C.Santor et ABopda, Atlas régional du sud
Cameroun, p. 18.
6 Hydrolyse : décomposition de certains
composés minéraux sous l'action de l'eau.
7 Santor et Bopda, p.25.
végétale du Sud Cameroun appartenant à la
grande région Congo guinéenne8. Il existe une gamme
variée d'essences. Certaines servent pour la construction : "asse" de la
famille des méliacées, permet d'obtenir des planches,
l'ewomen quant à elle permet d'obtenir des piquets ; d'autres
essences servent à la fabrication des meubles : abang de la
famille des urticacées, ayos de la famille des
sterculiacées. Enfin certaines espèces sont
réservées à l'art : mbel et l'ebae, et
à la vannerie : nlon et nkan.
Avec un relief peu accidenté, des cours d'eau
favorables au déplacement, Nlong reste un cadre agréable et
adéquat pour une présence humaine.
II- LE CADRE HUMAIN ET ECONOMIQUE
Lorsque les missionnaires catholiques arrivent à Nlong,
ils trouvent une structure religieuse et socio-économique en place.
Cette structure s'est constituée au fil des différentes
migrations des populations. Joseph Kizerbo affirme à cet effet qu' :
« il s'agit d'un phénomène historique majeur qui s'est
déroulé au début de l'ère chrétienne, il
n'est pas encore achevé à la fin de XIXe siècle
»9.
A- L'origine et l'installation des populations
Les divers témoignages recueillis à Nlong et ses
environs affirment qu'à l'origine le site était convoité
par les Bassa et les Ewondo. Les premiers à occuper la localité
seraient les Bassa en provenance de la côte où ils avaient
été chassés par les Douala et les Bakoko. Ngulmakong
serait à cet effet, le point de rencontre entre Bassa venus de la
côte et les Ewondo venus du Nord
8 J.F. Loung, Géographie du Cameroun,
Paris, Hatier, 1993, p. 19.
9 J. Kizerbo, Histoire de l'Afrique noire d'hier
à demain, p.81.
(Adamaoua). Au moment où ces groupes se rencontrent, cette
localité ne porte pas encore de nom10.
En réalité, trois groupes appartiennent à
la Mission catholique de Nlong : Bassa, Ewondo et Eton.
La protohistoire des Ewondo, malgré la diversité
de version, peut se ramener à un bref résumé. Selon
J.M.Essomba, une première migration les entraîna de la Haute
Egypte pour certains, du Haut Oubangui pour d'autres, jusqu'à dans une
zone indéterminée dénommée "pays de l'Est".
Arrivée au Cameroun, ils vont s'installer dans la localité de
Yoko. Chassés par les Babouté, ils vont progresser jusqu'à
un grand fleuve qu'ils ne peuvent traverser. La traduction orale rapporte
à propos que Nanga le premier essaie d'atteindre l'autre rive : il
échoue d'où le nom de osoè nanga, fleuve de
Nanga, qui sera déformé plus tard en Sanaga. La traversée
est possible sur le dos d'un serpent miraculeux11.
Parmi les Ewondo qui ont traversé la Sanaga, il y avait
les Mvog Mebara Kono. A l'origine, Tabene Mengue engendra Ebandzongo,
Ebandzongo engendra Ekusu Mbala et Mebara kono Mbala, Mebera Kono Mbala
engendra Ndobo, Nama et Tabene. Dans leur migration, Ndobo et Nama se sont
installés le long de l'ancienne route Douala Yaoundé et de
l'autre côté de l'actuel axe lourd Douala Yaoundé. Le cadet
Tabene quant à lui est resté à Nanga-Eboko au niveau de la
gare Tabene. Qu'en est-il des Eton ?
Bilongo note que :
Eton et Ewondo appartiennent tous deux à l'ensemble
Beti que rien ne les distingue, ni dans le type physique, ni dans le genre de
vie ou la construction des cases ; seules les différences linguistiques
les identifient12.
10 D'après plusieurs témoignages c'est
Zoa Ndongo du clan Mvog Mebara Kono qui aurait donné le nom Ngulmakong
à cette localité.
11 Cette version est plus mythique que
réalité, ils avaient probablement profité de la saison
sèche où les eaux baissent tellement qu'elles laissent
apparaître les pierres, favorables à la traversée.
12 B. Bilongo, Les Pahouins du Sud Cameroun,
inventaires bibliographiques, connaissance des fang - Ntoumou, Mvae - Boulou -
Beti (Eton - Manguissa - Mvélé - Béné et Ewondo),
Yaoundé, St. Paul, 1970, p. 51.
L'ethnonyme eton leur fut donné, dit-on, parce
qu'après la traversée de la Sanaga, ils se reposèrent sous
un arbre appelé etondo en Ossanaga. Le clan Eton de Nlong est
connu sous le nom de Mvog Ebode, composé des Mvog
Bitouga, Fouda, Eveng, Nke et Ndzen. Tous ceux-ci constituent le Mvog
Enama Ndzana au sein de l'assemblée des Eton. Par ailleurs, d'autres
petits clans se greffent au grand groupe Mvog Ebode à savoir
les Mvog Mvodo, les Ekog, les Beyembana, les Ntsas et les Legog.
Géographiquement, le pays bassa déborde les
départements de la Sanaga maritime et du Nyong et Kélé et
s'étend sur d'autres départements comme l'Océan, le wouri,
la Lekié et la Mefou-Akono.
En somme, les Ewondo, les Eton et les Bassa constituent la
population de la Mission catholique de Nlong avec chacune une organisation
précise.
B- L'organisation religieuse et socio-économique
Lorsque les missionnaires arrivent à Nlong comme
partout ailleurs, ils trouvent dans la localité une organisation
religieuse et socio-économique établie. C'est celle des Beti qui
nous intéresse ici.
1-Les rites et traditions religieuses
Comme tous les Beti, les Ewondo et les Eton de Nlong croient
à l'existence d'un créateur suprême ; car le Beti ne
connaît pas une société civile, la sienne étant
toujours religieuse, c'est-à-dire rattachée à des forces
religieuses13. C'est dans le contact avec la puissance invisible que
l'homme beti agit avec efficacité dans son milieu de vie. La nature de
cette puissance est qu'elle peut être partout présente, dans la
matière organique ou non, dans l'ici bas et dans
l'au-delà14. Cette puissance se manifeste et se communique
dans la liturgie de la religion Beti à travers des rites. Nous nous
proposons ici d'analyser quelques rites importants :
13 I. Tabi, Les rites Beti au christ. Essai de
pastorale liturgique sur quelques rites de nos ancêtres, Paris, St.
Paul, 1991, p. 6.
14 E. Dammann, Les religions de l'Afrique,
Paris, Payot, 1978, p. 16.
a- Le so
Ce rite de démonstration, de courage, de ruse et de
débrouillardise était réservé aux hommes. En effet,
comme le dit P. Laburthe Tolra : « Tout garçon beti était
tot ou tard admis par sa famille à devenir un homme complet en subissant
le grand rituel d'initiation connu sous le nom de so »15
Le so se déroulait en plusieurs étapes
qui se faisaient à des intervalles plus ou moins longs. Ce rite
était vécu par les Beti comme le centre de leur vie. Le rituel
consistait à amener des jeunes garçons en brousse. On choisissait
alors un arbre sous lequel on construisait une voûte. Celle-ci avait au
dessus, des arbustes ayant des fourmis et des insectes qui piquent. Et le long
de cette voûte, qui mesurait une centaine de mètre, le jeune
garçon devait marcher nu pendant que les initiés tenus aux abords
secouaient les supports. Les insectes, les épines tombaient sur le jeune
garçon qui ne devait ni courir, ni crier, ni pleurer, mais devait dire
so, je serai un homme »16 tout au long de sa marche.
Au sortir de la voûte après un aller-retour, un initié
ayant un objet pointu venait tracer les balafres sur le dos du garçon.
Après cette phase, d'autres cérémonies suivaient. A la
fin, le jeune garçon sortait de la brousse sous les acclamations de joie
qui signifiaient que ce dernier était déjà un homme
accompli selon la tradition beti.
Cette pratique fut interdite par les autorités
coloniales car selon les missionnaires, elle détournait les populations
des règles religieuses. Les femmes avaient à leur tour un rite
le mevungu.
b- Le mevungu
Réservé aux femmes, le mevungu
était très différent du so dans la mesure
où les femmes se mariaient très tôt et allaient loin de
leur famille d'origine. Le
15 P.Lburthe Tolra, Initiation aux
sociétés secrète au Cameroun. Essai sur la religion
Beti, Paris, Karthala, 1985, p.229
16 Ibid.
mevungu se présentait pour ses adeptes comme
une célébration du clitoris et de la puissance
féminine17.
Le rituel consistait à amener les jeunes filles dans
une brousse. La mère du mevungu réclamait un secret
absolu, elle se mettait alors nu en invitant l'organisatrice et les candidates
à l'imiter. Elle allumait un grand feu autour duquel on plaçait
un paquet à réchauffer. Ensuite, on passait à la
cérémonie des invocations en transperçant le paquet
d'aiguilles de raphia en disant : « Si je suis une mère coupable,
mevungu emporte moi », « si j'ai donné l'evu à
tel ou tel enfant, mevungu emporte moi », « celui qui m'a
fait telle ou telle chose mevungu tue le moi ou bien couvre-le
d'abcès ».
Après cette phase, les femmes mangeaient ce qu'elles
avaient préparé et dansaient toute la nuit en sautant au dessus
du feu18. Nous devons mentionner ici que le mevungu
était célébré quand le village était
dur, aled en beti, c'est-à-dire quand rien ne poussait dans les
champs, aucun gibier n'était pris dans les pièges, les femmes
étaient trop malades ou stériles.
Le mevungu était l'affaire des femmes parce
qu'elles étaient assimilées à la procréation. Et
cette procréation que ce soit des animaux en brousse ou des nourritures
des champs, est rapprochée par P. Laburthe Tolra à la
fécondité de la femme, car si la femme est féconde, c'est
parce qu'elle est efficace auprès de la nature et des ancêtres.
Les autorités coloniales ont vu à la pratique de ce rite une
façon de se détourner du christianisme et l'ont interdit.
c-Le tsoo
Le tsoo est un rite de purification ou de la
prévention d'une souillure par la famille, soit à la suite du
meurtre d'un parent, soit à la suite d' un suicide ou d'une mort
violente et sanglante (accidents de travail, de circulation, noyade...). En
plus de l'accident, la souillure est parfois contractée par l'infraction
de l'interdit sexuel touchant un membre de la famille. Et pour savoir que
quelqu'un
17 Ibid, p. 327.
18 P. Laburthe,Tolra, Initiation aux
Société secrètes au Camerouni. p.330.
avait contracté cette souillure, il y avait une
augmentation des maladies, de décès des jeunes et des
stérilités dans la famille.
Pour remédier à toutes ces situations, on
pratique le tsoo. Ce mot vient du mot tsag qui signifie
écraser. Les éléments du rite étaient
écrasés et mélangés. Cette potion était
alors bue par les membres de la famille et les participants du tsoo.
Le reste était versé dans un cours d'eau qui devenait zone
interdite appelée en Eton bina jusqu'à la levée
de l'interdit, deux à trois ans après.
Par ce rite, les Beti de Nlong voulaient prévenir le
mal. Nous pouvons dire de ce fait que le beti était conscient qu'au
départ, il vivait en harmonie avec Dieu et il lui a manqué de
respect. Et pour se libérer de cela, il fallait faire le tsoo
et suivre ses interdits. C'est pourquoi, nous pouvons rapprocher le
tsoo à la liturgie chrétienne qui veut que le
pécheur reconnaisse sa faute et par la suite qu'il fasse
pénitence pour que ses péchés lui soient pardonnés.
En plus du tsoo nous avons également l'esié
d- L' esié
L' esié est un rite de pénitence et de
réconciliation par la purification en vue de libérer un malade et
en obtenir une guérison dans une échéance
brève19. Dans ce cas, chaque membre de la famille entretient
avec le malade des plaintes et des griefs qu'il porte contre lui. Après
cela, l'enquête se tourne vers le malade lui-même pour comprendre
les causes de sa maladie, car il en sait lui-même peut être quelque
chose. En suite l'initiateur du rite donne publiquement le résultat et
dit que justice soit faite. Le malade est alors envoyé se faire soigner
là où il veut. La guérison prompte est indiquée. Le
« oui » que toute la famille professe est la réconciliation
des coeurs et toute la famille dit unanimement : « qu'il vive, dans tant
ou tant jours qu'il se relève »20 . Ensuite on
égorge un cabri (bouc) dont le sang est mêlé à l'eau
et servira au bain du malade. Pour ce qui est de la viande, elle est
partagée à tous les assistants et le coeur est
réservé au malade.
19 I. Tabi, Les rites Beti au christ. Essai de
pastorale liturgique. p. 21.
20 Ibid.
L' « ésié » se rapproche dans la
liturgie chrétienne, à la confession et à l'onction du
malade pratiquée par les prêtres. La confession
générale après laquelle, on procède au sacrifice de
réconciliation, prépare le malade donc le pécheur à
recevoir l'eau de la purification de la paix et de la santé.
Nous constatons que les rites religieux des populations de Nlong
sont pour la plupart semblables aux cultes catholiques. Qu'en est il de la
société Beti ?
2- L'organisation socio-économique
A l'arrivée des missionnaires catholiques les habitants de
Nlong menaient dans chaque famille des activités économiques.
a- Une société patriarcale
Les Beti de Nlong ont une société où
l'autorité se transmet de père en fils. Dans chaque famille
(Mvog), il y a le père fondateur qui a une autorité sans
contestation au sein de la famille. Ce chef de famille est appelé
mot dzal c'est- à-dire l'homme du village comme le prouve ce
proverbe Beti : « A chaque bosquet son écureuil
mâle»21. Au dessous de ce chef de famille, il y a ses
épouses ; car la famille est essentiellement polygamique. En 1955, la
pratique de la polygamie persistait à Nlong alors que les missionnaires
combattaient énergiquement ce fléau qu'ils qualifiaient de
social. Pour abolir ce régime matrimonial des mesures avaient
été prises avec la création des sixa et l'isolement des
familles polygamiques.
Ces épouses connaissaient entre elles une
hiérarchisation basée sur le rôle que chaque femme au sein
de la famille.
On avait alors :
- l 'Ekomba qui est la femme dont le travail a enrichi
l'homme ;
- l 'Ebeda-ekomba, celle qui a été
dotée par le père ;
- la troisième Mpeg désigne la
préférée. C'est elle qui réside dans la case du
père de famille ;
- la dernière catégorie est constituée des
femmes délaissées qui vivent dans la concession.
Après les épouses, il y a les enfants qui sont
aussi hiérarchisés en fonction du sexe et de l'âge. Nous
avons également les dépendants mintobo. Ce sont les gens
venus s'installer dans le village ; ils travaillent au compte de la famille.
Nous avons enfin les esclaves beloua ou les esclaves.
b- L'agriculture de subsistance
Les populations de Nlong pratiquaient l'agriculture sur
brûlis qui est un système agricole qui consiste à
défricher un pan de la forêt ou de la brousse et à mettre
le feu sur les friches desséchées avant de labourer et enfin
semer. Il y avait ici une répartition du travail entre les hommes et les
femmes22. En fait les hommes défrichaient les zones
destinées aux cultures, mettaient le feu sur les friches. Les femmes
quant à elles venaient alors labourer et semer. On cultivait le macabo,
le manioc, l'igname, la patate, le plantain, la banane douce, le maïs,
l'arachide, etc, et les fruits comme les oranges, les mangues,... La production
agricole était complétée par la chasse.
c- La chasse
La chasse est une activité réservée aux
hommes. Elle est pratiquée de plusieurs manières23. Il
y a d'abord les pièges appelés en Beti melam qu'on
faisait dans un coin de la brousse et on venait surveiller de temps en temps si
les animaux ont été pris. Une autre technique consistait à
creuser les trous que l'on recouvrait légèrement afin que les
animaux de passage tombent à l'intérieur.
22 Brigitte Ngah, 88 ans, agricultrice, N long le 11
mai 2007.
23 Marc Ekani, 63 ans, militaire retraité,
Nlong le 15 mai 2007.
Nous avons également une autre technique praticable
uniquement en saison sèche, qui consistait à mettre le feu dans
un pan de la brousse après l'avoir encerclé. Cette technique est
appelée en Eton nsan. Tout comme la chasse, la pêche
faisait aussi partie des activités des populations de Nlong.
d- La pêche
Elle se pratiquait aussi bien par les hommes que par les
femmes. Mais les Techniques sont différentes selon le genre qui
pratique24. Les hommes pratiquaient la pêche à la ligne
appelée nlob et les femmes quant à elles pratiquent la
pêche qui consiste à barrer une portion de la rivière
à l'aide des troncs d'arbustes, du feuillage et de la boue25.
Ensuite la partie isolée est asséchée à l'aide des
récipients et quand elle est presque sèche, les femmes attrapent
les poissons qu'elles mettent dans un type de panier appelé en Eton
nkouma. Cette pêche s'appelle en Eton alok et a la
particularité d'être pratiquée uniquement en saison
sèche.
Au terme de cette analyse, force est de constater que
l'univers socioculturel et économique des Beti est régi par ses
caractéristiques propres d'où sa spécificité. Nous
notons un peuplement disparate aux activités économiques
correspondant à une société de consommation, un
système de répartition de travail entre les hommes et les femmes.
Cette société est par ailleurs religieuse où la vie de
l'individu est marquée par l'omniprésence de l'invisible sur fond
du visible. Le dialogue avec les ancêtres se fait au moyen des rites. Le
ntondo obé, seul Être suprême est l'expression
d'une religion traditionnelle monothéiste. C'est dans cet état
d'équilibre parfait que les missionnaires vont arriver.
24 Entrtien avec Brigitte Ngah.
25 Entretien avec Marc Ekani.
CHAPITRE II. L'EVANGELISATION DE NLONG, DES ORIGINES
A 1955
L'idée de la création d'une mission catholique
à Ngulmakong vient du chef Tsanga Manga II1. En effet au
cours d'une de ses tournées pastorales, Monseigneur François
Xavier Vogt2 s'arrêta à Mbama à
Ngulmakong chez le chef Tsanga Manga II. Ce dernier profita de l'occasion pour
demander à l'évêque la création d'une mission
catholique dans son territoire3. Emerveillé par l'accueil et
par l'hébergement, Monseigneur F.X. Vogt garda un bon souvenir de son
séjour à Ngulmakong. De retour à Yaoundé, il
exauça la demande du chef en créant un poste catéchiste
dans la localité en 1923. Ce poste fut dirigé par Joseph
Zoa4 . Par la suite, il procéda à la création
d'une mission catholique autonome en 1926. Cette mission avait un double
objectif : la conversion des populations de Nlong au catholicisme et la
création des oeuvres à caractère social et
économique.
I. L'ARRIVEE DES MISSIONNAIRES A NGULMAKONG
L'arrivée des missionnaires à Ngulmakong fut
précédée par l'arrivée du chef catéchiste
Joseph Zoa.
1 Tsanga Manga II était le chef des Eton Il
s'était installé à Ngulmakong grâce au chef Bassa,
Matip. Ce dernier était en conflit avec les Ewondo. Le chef Tsanga Manga
II aurait empêché l'attaque de ce dernier par les Ewondo. Par
reconnaissance, les Bassa vont céder à Tsanga Manga II leur
territoire de Ngulmakong faisant de lui le chef de ce territoire.
2 Monseigneur F.X. Vogt est né le 3
Décembre 1870 à Marlenheim. Il arrive au Cameroun après la
Première Guerre Mondiale avec la nouvelle congrégation des
Pères du Saint Esprit. Il coiffe cette congrégation des
Pères du Saint Esprit au Cameroun.
3 Abbé Théodore Léandre
Nzié, 40 ans, curé actuel de la paroisse de Nlong, Nlong le 6
Décembre 2007.
4 Joseph Zoa est né vers 1885 à Simbock
près de Mendong à Yaoundé. Jeune diplômé de
l'école supérieure des moniteurs de Yaoundé, il arrive
à Ngulmakong avec le titre de chef catéchiste.
A. L'action de Joseph Zoa
En 1923, Joseph Zoa arrive à Ngulmakong et loge dans
l'enceinte de la
chefferie du chef supérieur Tsanga Manga II. C'est
là où commence la Mission. Avec l'aide des fidèles, Joseph
Zoa construira d'abord une case chapelle.
Photo N°1 : Joseph Zoa et son
épouse
Source : Archive familiale de Joseph zoa
Ce bâtiment était en matériaux locaux
comme toutes les constructions de cette époque, faites de nattes et de
bambous. Il exhorta après les uns et les autres à venir prier
ensemble car dit il : « devant Dieu les appartenances ethniques n'ont pas
de signification rigoureuse »5. Par cette exhortation,
l'affluence devint énorme si bien que, quelque temps après il n'y
avait plus de place dans cette enceinte ; le site était devenu petit
pour abriter la chefferie et la chapelle. Ceci amena Tsanga Manga II à
trouver un site propre à la mission.
Mais la principale mission dévolue au chef
catéchiste était l'urgence de préparer le chef
supérieur Tsanga Manga II au baptême. Il usa de toute sa
5J. P Messina, Une grande figure chrétienne
au Cameroun : Joseph zoa (1885-1971), p.24.
pédagogie catéchétique pour
réussir cette importante mission. En 1925, Tsanga Manga II accepte
d'être monogame et de se débarrasser de soixante-neuf de ses
soixante-dix femmes pour se faire baptiser et devenir Jean Tsanga Manga
II6.
Promoteur du premier sixa à Mbama dans
l'enceinte de la chefferie, il encadre entre 1924 et 1926 deux-cent-deux
fiancés7. Par son sens fraternel et son charisme, il
amène les populations Ewondo, Eton et Bassa à se rassembler pour
prier dans la case chapelle construite sur le nouveau site.
Joseph Zoa avait en outre reçu la tâche de
collecter le denier du culte de toute la zone d'influence de Nlong. Ce travail
pénible prenait deux semaines à Joseph Zoa. L'argent ainsi
collecté était rapporté à Nlong avant d'être
acheminé à Mvolyé.
B. L'installation des missionnaires
Les missionnaires se sont installés par vagues et de
manière pacifique à Nlong. Ils s'attelèrent à la
réalisation de nombreux travaux à partir de 1927.
1. Les premiers missionnaires
Lorsque le Père Chalifoux, de nationalité
Canadienne, arrive à Nlong à la fin de l'année 1926, il
occupe la case construite par Joseph Zoa à côté de la
chapelle, pour commencer son apostolat. Il est suivi du Père Richard et
du Père Brangers tous français. Mais en tant que Père
supérieur, le Père Chalifoux entreprend les travaux de
construction de la mission.
6 M.J.G. Owona, « La Mission Catholique de Nlong
1923-1966 : origine et évolution» Mémoire de DIPES II,
E.N.S, 1998 p.57.
7 Archives familiales de Joseph Zoa, Cahier du sixa de
1924 à 1926.
2. Le choix du nom de la mission
Pour donner un nom à la mission, le Père Charles
Chalifoux se servit d'un enfant. Ainsi un matin au moment où il visite
ses champs, il trouve une herbe qui ne tarde pas à pousser après
débroussaillage. Il demande le nom de ce végétal à
l'enfant qui lui dit qu'on l'appelle nlong en Ewondo. Le Père
Chalifoux, « amoureux » de cette herbe choisit donc ce nom pour la
mission8
Pour Jean Paul Messina, la situation de Ngulmakong et son
passé entaché de « guerre » entre trois groupes
ethniques : Ewondo, Eton et Bassa poussent le Père Chalifoux à
choisir ce nom pour confirmer l'harmonie et rassembler tous ceux qui
étaient séparés9. N'est ce pas là la
mission première de l'évangile ?
La mission catholique de Nlong a connu une évolution
à deux vitesses : la première fut la création d'un poste
de catéchiste sous la supervision de la mission catholique de
Mvolyé. La deuxième phase quant à elle fut marquée
par la transformation du poste de catéchiste en mission Catholique
autonome en 1926.
II. LE FONCTIONNEMENT DE LA MISSION CATHOLIQUE
DE
NLONG
Le fonctionnement de la mission catholique dépendait du
personnel qu'on trouvait dans la mission. Puisque la place du clergé
était importante, celui-ci était en tête, ensuite venaient
les catéchistes et enfin, les paroissiens qui animaient les conseils
paroissiaux et les confréries.
8J.P. Messina, une grande figure chrétienne
au Cameroun : Joseph Zoa (1885-1971), p.25. 9Ibid, p. 24.
A. Le clergé de la mission catholique de Nlong
Le clergé de la mission catholique de Nlong était
constitué des prêtres, des
frères et des soeurs.
1. Les prêtres
Les prêtres étaient à la tête de la
mission. Ils s'occupaient de l'église et
des chapelles. Ils célébraient des sacrements et
étaient aussi chargés de l'animation des villages en organisant
des rencontres avec les chrétiens dans chaque secteur paroissial. En
dehors de cela, ils s'occupaient de l'école catholique.
a. Les Pères supérieurs Le
Père supérieur était le recteur de la mission et toutes
les affaires
devaient passer par lui. Le premier Père
supérieur de la mission catholique de Nlong était le Père
Charles Chalifoux, le second était le Père Richard qui
était toujours en poste en 1955. Tous appartenaient à la
congrégation des Pères du Saint Esprit10.
b. Les vicaires En 1955, deux vicaires :
Père Marcel Dietrich et Père Pierre secondent le
Père supérieur dans ses fonctions.
2- Les Frères
Appelés communément Bullada de la
déformation du mot anglais brother,
les Frères sont les membres de la communauté
Catholique qui n'ont pas été ordonnés prêtres mais
ont quand même reçu la formation selon les règles. En 1955,
la mission catholique de Nlong compte 14 Frères, 10 Novices, 40
Postulants et 20 Aspirants appartenant à la congrégation des
Frères diocésains de Saint Joseph.
10 AAY, Rapport quinquennal de l'archidiocèse
de Yaoundé, le 26 Décembre 1955, p.3.
3. Les religieuses
Les soeurs religieuses de Nlong appartenaient à la
congrégation du très
Saint Sauveur de Niederbronn en Alsace. Le Père Richard
a qualifié leur arrivée à N long en 1936 de « grand
évènement de l'année »1 1 . Ces quatre
Soeurs s'occupaient de diverses oeuvres pour le bien être des populations
de Nlong. L'une d'entre elles était au service du sixa. Deux autres
s'occupaient respectivement de l'infirmerie et de l'école à cycle
complet St. Pierre et Paul. La dernière se chargeait d'encadrer
spirituellement la population. Ces religieuses étaient en 1955 pour la
mission « une source de grâce » et logeaient dans le
bâtiment ci-dessous :
Photo N°2 : Habitation des Soeurs du
très St. Sauveur
Source : Cliché J. H. Ngah Ekani, N long
le 7 Décembre 2007.
11 AMCN, Rapport annuel de la Mission Catholique de
Nlong 1936/1937, p.3.
B. Les autres membres de la mission
Les autres membres de la mission étaient
constitués des catéchistes et des
paroissiens.
1. Les catéchistes Les
catéchistes sont des hommes et des femmes acceptés au sein de
la
communauté Catholique et envoyés dans leur
propre milieu pour y faire vivre l'évangile12. En 1955, la
Mission Catholique de Nlong compte 42 catéchistes, 3 chef
catéchistes : Michel Nama, Jean Ndzana, Henri Nemi et un chef des chefs
catéchistes : Joseph Zoa13.
2. Les paroissiens Le nombre de
chrétiens de la mission catholique de Nlong a évolué en
dents de scie comme le montre le tableau et la courbe ci-dessous
:
Tableau N° 1 : Nombre de chrétiens
de la mission catholique de Nlong de 1930 à 1955
Année
|
Nombre de chrétiens
|
1930
|
9
|
974
|
1935
|
3
|
245
|
1940
|
4
|
605
|
1945
|
4
|
488
|
1950
|
5
|
100
|
1955
|
5
|
860
|
Source : AMCN, Etat des chrétiens de la
mission catholique de Nlong de 1930 à 1955
12 J. Criaud, La geste des spiritains, p.
247.
13 AMCN, Rapport annuel de la Mission Catholique de
Nlong 1954/1955.
Courbe N°1 : Evolution du nombre de
chrétiens de Nlong de 1930 à 1955.
10 000
8 000
6 000
4 000
2 000
0
Années
Nombre de chrétiens
1930 1935 1940 1945 1950 1955
Source : Courbe réalisée par nous
à partir de l'état des chrétiens de la mission catholique
de Nlong depuis 1930.
Cette évolution s'explique par le fait qu'en 1932,
l'une des annexes de la mission catholique de Nlong appelée Mva'a devint
une mission autonome, amenant avec elle 6 000 chrétiens. En 1933, Nlong
céda aussi plusieurs de ses villages à la nouvelle mission de
Nkol Nkumu. La construction du vicariat de Douala enleva à Nlong la
plupart de ses villages bassa. En 193614, un des villages
dépendant de la mission de Nlong sera inclus dans le territoire
concédé à la mission d'Otélé.
En 1955, les paroissiens de Nlong étaient réunis
au sein d'une équipe. Cette équipe était chargée
d'étudier les orientations générales de l'activité
pastorale, d'identifier et d'examiner les besoins
d'évangélisation sur le territoire de la mission. La plupart des
paroissiens étaient membres des confréries : Saint
27 sacrement, Sainte Marie, Sainte Agnès, Sainte Anne,
Saint Jean et Saint Rosaire15.
III. LES OEUVRES MISSIONNAIRES A NLONG
La gestion de l'encadrement de toute structure des
collectivités humaines n'est pas chose facile. Il en est de même
pour les postes missionnaires que Monseigneur François Xavier Vogt
qualifiait dans son rapport au gouverneur en ces termes :
L'effort de la mission catholique se porte avant tout sur la
formation religieuse et morale de la population. C'est là sa fin
principale. Toute fois, loin de négliger la formation intellectuelle,
elle la considère comme nécessaire à une bonne formation
morale16.
Pour cela, il faut un minimum d'organisation qui doit
être stricte et rigoureuse pour la bonne marche de la mission catholique
de Nlong dont la population est estimée à 9 974 chrétiens
en 193217.
A. Les oeuvres sociales
Les premières réalisations des missionnaires
à Nlong ont une connotation sociale. En effet, dès leur
arrivée, les missionnaires se lancèrent dans la construction
d'une école primaire et d'un dispensaire.
1. L'école primaire catholique de
Nlong
L'école primaire catholique de Nlong a commencé
à fonctionner de manière timide. Il a fallu
attendre l'arrivée des Soeurs de la congrégation du Très
Saint Sauveur en 1936 pour voir cette école atteindre sa
maturité.
15 AMCN, Rapport annuel de la Mission Catholique de
Nlong 1954/1955.
16 ANY, APA 10384/J Rapport au gouverneur Marchand sur
l'oeuvre des missionnaires catholiques du vicariat au Cameroun, 3 Septembre
1926.
17 AMCN, Rapport annuel de la Mission Catholique de
Nlong 1932.
a. Les débuts de l'école à
Nlong
L'école commence à Nlong en 1924 avec
l'arrivée de Protais Balla18. Les cours avaient lieu en plein
air. On avait au début deux sections. La première était
réservée aux nouveaux et la deuxième aux anciens.
En 1925, trois classes furent construites ; on comptait trente
élèves, tous de sexe masculin19. C'est aussi pendant
cette année que les autres moniteurs20 sont venus de
Yaoundé pour compléter l'effectif des maîtres
d'école de Nlong.
L'école à demi cycle s'arrêtait à
ses débuts jusqu'au cours élémentaire deux. Les
élèves admis au cours moyen un devaient aller continuer à
Mvolyé, qui avait un cycle complet.
Selon Gabriel Tsanga21, ancien élève
de l'école de Nlong, en section un, c'était la méthode
globale qui était appliquée. Les phrases et les mots
étaient écrits en français puis traduits en Ewondo.
L'élève les récitait sans même parfois les
déchiffrer. En section deux, l'élève apprenait franchement
à lire en français avec la méthode syllabique, la
progression des classes était très lente. Par manque
d'enseignants qualifiés, les enfants étaient obligés de
quitter Nlong pour aller continuer les classes supérieures
c'est-à-dire les cours moyen un et deux à Mvolyé.
b. L'école primaire catholique à cycle
complet
L'ouverture d'une école à cycle complet à
Nlong coïncidait avec l'arrivée d'une vague de Soeurs religieuses
en 1936. L'une d'elles, soeur Elisabeth était chargée de
l'éducation. L'école fut ainsi divisée en deux : d'un
côté l'école St. Pierre et Paul pour les garçons et
de l'autre côté l'école Sainte Odile pour les filles. Ces
écoles étaient organisées de la même manière
: les cours enfantins
18 Protais Balla fait partie du premier groupe des
moniteurs indigènes formés à Mvolyé. Il est le
père de l'ancien Evêque de Bafia Monseigneur Athanase Balla.
19 Les parents ne trouvaient pas nécessaire
d'envoyer leurs filles à l'école. Ces dernières
étaient destinées pour le mariage.
20 Les autres moniteurs étaient : Damien
Essono, Pierre Tsanga Sylvestre Mani, Etienne Ntila, Pierre Pe .
21 Gabriel Tsanga, 86 ans, Technicien agricole, Nlong
le 6 Décembre 2007.
ensuite, les cours préparatoires I et II et les cours
élémentaires I et II enfin, les cours moyens I et II.
L'existence d'une école à cycle complet
permettait aux enfants de rester sur place. Ceci fit augmenter le nombre
d'élèves à Nlong. Ces élèves venaient de
Nkol Nkumu, de Mva'a, de Bot-Makak, d'Oveng ... C'est à cette
période aussi que certains enseignants commençaient à
recevoir une formation embryonnaire à Nlong. Ainsi, chaque mois, une
journée était consacrée à la pédagogie pour
permettre aux enseignants qui parfois n'avaient pas un bon niveau (cours
moyen), d'acquérir des méthodes d'enseignement.
Pour Joseph Ebodé22, ancien
élève de l'école St. Pierre et Paul de Nlong à
cycle complet, l'évolution des programmes était graduelle. Au
cours élémentaire
I et II, on avait la grammaire et la science. Au cours moyen I
et II, s'ajoutaient l'histoire, la géographie de France et
l'élocution pour préparer les élèves à la
rédaction. Le catéchisme quant à lui était
obligatoire dans toutes les classes.
En 1945, l'école à cycle complet de Nlong a
présenté ses cinq premiers candidats au C.E.P.E. Trois furent
reçus. Ces lauréats de Nlong étaient : Augustin Dzou,
Léon Amougui et Dieudonné Tsanga23.
En 1955, l'école de Nlong se présentait comme un
cadre éducatif de formation intellectuelle et morale des jeunes de la
Mission et d'ailleurs.
2. Le dispensaire de Nlong
Au départ, c'est le Père Richard qui
gérait une petite infirmerie au service de la population. Mais, avec
l'arrivée des soeurs de la congrégation du très Saint
Sauveur en 193624, un dispensaire fut construit avec l'aide de la
fondation Ad lucem installée à Efok. Cette action au
départ, n'était pas appréciée des populations qui
étaient attachées à la médecine traditionnelle.
Pour elles, celle-
22 Joseph Ebodé, 68 ans, Technicien de
génie civil retraité, Nlong le 7 Décembre 2007.
23 AMCN, Rapport annuel de la Mission Catholique de
Nlong 1945/1946.
24 AMCN, Rapport annuel de la Mission Catholique de
Nlong 1936 /1937.
là guérissait toutes les maladies. Cependant, la
persistance de certaines épidémies telles le paludisme, la
coqueluche, la variole, la maladie du sommeil, résistaient à la
pharmacopée traditionnelle. Cela les amenait à aller au
dispensaire et, ceux qui y allaient recouvraient rapidement la santé.
Les soeurs avec leur équipe organisaient des campagnes
de vaccination dans toute la zone d'apostolat de Nlong. Ces campagnes servaient
en même temps de séances d'éducation sanitaire.
Le dispensaire de Nlong était réputé par
son accueil, ses soins presque gratuits et surtout, les soeurs avaient l'art de
guérir. On disait qu'elles avaient les « mains fraîches
». En 1955, le dispensaire de Nlong soignait en moyenne 3 500 malades par
an25.
B. Les oeuvres religieuses et pastorales
Les réalisations à caractère religieux et
pastoral cadraient avec la mission première des missionnaires. Ainsi,
plusieurs constructions ont été faites à savoir : le sixa,
le petit séminaire, l'église, l'imprimerie, les postes
catéchistes, etc.
1. Le sixa de Nlong
Le premier sixa de Nlong fut construit en 1924 par Joseph Zoa
à côté de la résidence du chef Tsanga Manga II avant
même que le Père Chalifoux n'arrive.
Les sixa ou maisons des fiancés furent initiés par
les Pères Pallotins26 au Cameroun dans le but de
préserver la famille de l'émiettement27.
Voici le programme journalier du sixa que Anasthasie Ngo
Logo28, maîtresse de sixa en Nlong en 1940 nous donne : les
filles et les femmes pendant six mois environ, recevaient trois fois chaque
jour l'instruction
25 AMCN, Rapports annuels de la Mission Catholique de
Nlong de 1945 à 1955.
26 La congrégation des Pères Pallotins
est la première congrégation de l'Eglise Catholique à
arriver au Cameroun en 1890.Cf. J. criaud, Ils ont planté l'Eglise
au Cameroun, les pallotins 1880-1915, Yaoundé, IMA, 1989 p.88.
27 R. Dussercle, Du kilimanjaro au Cameroun,
monseigneur F.X. Vogt 1870-1943, Paris, La colombe, 1957. pp.30-31.
28 Ngo logo cité par M.J.G. Owona, « La
Mission Catholique de Nlong », p.95.
religieuse ; on les habituait petit à petit aux usages
de la vie chrétienne : A cinq heures et demi, elles assistaient à
la messe du matin. Après la répartition des différentes
taches, elles allaient aux champs puis, elles se reposaient à midi. A
treize heures elles priaient et rentraient aux champs à treize heures
trente. De retour au sixa à seize heures, elles effectuaient la
prière du soir à dix-sept heures et se distrayaient jusqu'au
coucher. En 1955, le sixa de Nlong ci-après restait utile à la
future mariée pour l'éducation qu'elle recevait.
Photo N°3 : Sixa de Nlong
Source : Cliché J.H. Ngah Ekani, Nlong le
7 Décembre 2007.
2. Le Petit séminaire et l'église Saint
Pierre Claver de Nlong
Le petit séminaire n'avait duré qu'un an à
Nlong. En effet, il fut transféré
en 1928 de Yaoundé à Nlong. Cette institution
était dirigée par le Père Richard. Paul Etoga faisait
parti des élèves. En 1929 le petit séminaire a
été transféré à Akono.
L'église St. Pierre Claver de Nlong a été
construite en matériaux locaux en 1926 par le chef catéchiste
Joseph Zoa. C'est en 1933 qu'elle fut construite
en matériaux durables par le Père Richard qui
termina les constructions entamées par le Père
Chalifoux29 comme le montre la photo ci-dessous :
Photo N°4 : Eglise St.Pierre Claver de
Nlong
Source : Cliché J. H. Ngah Ekani, N long
le 7 Décembre 2007
L'église St. Pierre Claver était un lieu de
rassemblement dominical pour les fidèles qui venaient suivre
l'homélie et participer à l'eucharistie. A côté de
cette église, il y avait trois chapelles centrales et trente deux
chapelles ordinaires réparties dans différents villages que
comptait Nlong en 1955.
L. J 'imprimerie de Nlong
L'imprimerie du vicariat apostolique de Yaoundé
s'installe à Nlong en
1935 sous la direction de Père Gaschy. On y imprima un
bulletin en langue Ewondo appelé « Nlep Bekristen
»30 pour les indigènes du Cameroun
29 Entretien avec l' Abbé Nzié
Théodore Léandre.
30 « Nleb bekriten » signifie guide ou conseiller des
chrétiens. Ce journal est l'aboutissement d'un désir mûri
depuis de longues dates par la Mission Catholique. Cf. E. Mbida «Les
langues locales et l'évangélisation des
33 comprenant cette langue. Ce bulletin paraissait tous les
deux mois et était tiré à plus de six milles
exemplaires31. Les travaux d'impression étaient
exécutés par les Frères et Novices indigènes de la
congrégation des Frères de Saint Joseph.
En 1955 l'imprimerie fonctionnait au ralenti ; il était
question de la transférer à Yaoundé. Pour quel motif ?
(cf. infra chapitre IV)
4. Les postes de catéchiste
En 1955, les postes de catéchiste étaient repartis
en secteurs (Ewondo,
Eton, et Bassa) comme le montre le tableau ci-dessous :
Tableau N°2 : Répartition des chefs
catéchistes de la mission catholique de Nlong en 1955
SECTEURS
|
CHEF CATECHISTE
|
POSTE CENTRAL CORRESPONDANT
|
Ewondo
|
Michel Nama
|
Nkadip Tikon Ebeba Nkolmewut
|
Eton
|
Jean Ndzana
|
Lobo, Kudi, Akak Megueg, Nkong, Messa
|
Bassa
|
Henri Nemi
|
Nkeng Likok, Madoumba
|
Chef des chefs catéchistes: Joseph Zoa
|
Source: Archive de la mission catholique de
Nlong en 1955.
En somme, la mission catholique de Nlong32
appartenait à l'archidiocèse de Yaoundé en 1955. Elle
était limitée au nord par les missions de Nkol Nkumu et de Mva'a.
A l'est par la mission d'Oveng et au sud par la mission d'Otélé.
Elle était également limitée à l'ouest par les
missions de Matomb et de Bot- Makak appartenant au diocèse de Douala.
C'est dans cette configuration que la mission catholique de Nlong
connaîtra le sacre d'un de ses fils, Mgr. Paul Etoga, comme premier
évêque du Cameroun33 le 30 Novembre 1955.
populations du sud Cameroun : le cas de l'Ewondo chez les
Catholiques 1901-1960» Mémoire DIPES II, ENS, 1999, p.71.
31 AMCN, Rapport annuel de la Mission Catholique de
Nlong 1936/1967, p.3
32 La Mission Catholique de Nlong appartient depuis
Décembre 1987 au diocèse d'Obala.
33 J.V. Slageren, Histoire de l'Eglise en
Afrique, Yaoundé, Clé, 1969, p. 144.
CHAPITRE III. MONSEIGNEUR PAUL ETOGA :
PRELAT ORIGINAIRE DE NLONG
En 1955, au moment où l'Abbé Paul Etoga est
nommé évêque, le Cameroun ne compte qu'une centaine de
prêtres1. Ceux ci ne constituent pas un groupe
organisé. Ils ne peuvent donc pas en tant que tel entretenir des
relations avec les autorités coloniales, rôle dévolu
à leurs évêques, tous blancs2. C'est pourquoi la
présence d'un évêque noir dérange aussi bien le
missionnaire européen que l'administrateur colonial. Le prélat
sera ainsi méprisé et marginalisé par le clergé
européen au début de son épiscopat3. L'histoire
de Mgr. Paul Etoga ci-après peut se résumer en cinq parties : sa
naissance et son enfance, sa vie d'écolier, sa vie missionnaire, son
ministère épiscopal et les rapports qu'il entretenait avec les
populations de Nlong.
Photo N°5 : Mgr. Paul Etoga
Source : P.Etoga, Mon autobiographie,
p.1.
1 L. Ngongo, Histoire des forces religieuses au
Cameroun, Paris, Karthala, 1982 p. 44.
2 Tous les évêques du Cameroun
étaient de nationalité française à l'exception de
l'évêque de l'Est qui était Hollandais.
3 E. Abessolo «L'épiscopat de Mgr. Paul
Etoga : 1955-1987», p.27.
I. DE L'ENFANCE AU MINISTERE SACERDOTAL
Le document de base qui nous permet de restituer l'enfance et le
ministère sacerdotal de Paul Etoga provient du personnage lui
même4.
A. L'enfance
Nul ne maîtrise avec exactitude l'année ou le
mois de naissance5 du nommé Etoga Nama Kunu, fils de Nama
Ntsama et de Kunu. Il serait né vers 1911 à
Nkolmewut6, un village « païen »7.
Dès l'âge de l'adolescence, Etoga est
initié aux pratiques du rite so. Les traces de tatouages
restées visibles sur son visage en sont des illustrations patentes. Il
aurait bien voulu être chasseur et fonder une famille stable. Il a
même été formé par son frère consanguin Okala
Ndzié pour le travail des champs et initié aux divers
fétiches de la chasse. Mais son destin connaît une
évolution imprévisible à partir de 1919 avec
l'instauration des corvées par les Français. Etoga Nama Kunu
n'échappait pas à ces corvées8. C'est
d'ailleurs au cours d'une d'entre elles, que sa mère fatiguée et
désespérée de voir son enfant violenté, le somma
d'aller « chercher l'école à Mvolyé
»9.
B. Le parcours scolaire
L'aventure scolaire de l'enfant de Nlong commence donc en 1923
avec son entrée à l'école de la mission catholique de
Mvolyé. Cette école fut fondée en 1901 par Mgr. Vieter.
Inscrit pour fuir la violence des policiers, Etoga ne sera pas au bout de ses
peines. Le jour même de son entrée à l'école, le
moniteur battit tous les enfants comme le déclare Mgr. P. Etoga : «
même nous qui
4 Cet ouvrage est intitulé Mon
autobiographie.
5 P.Etoga, Mon autobiographie, p.7. Lorsque
Paul Etoga voit le jour l'Acte civil n'existait pas encore au Cameroun.
6 Nkolmewut est l'un des villages de la Mission
Catholique de Nlong jusqu'en 1987.
7 Lorsque Paul Etoga naît, personne n'est
converti au christianisme dans son village. Son père meurt païen et
monogame ; ce que l'évêque appella « bon chrétien
».
8 P. Etoga, Mon autobiographie p.8.
9 Ibid. p.9.
entrions pour la première fois, pour quel motif ?
Mystère »10. Son compagnon d'inscription Essomba Ngozolo
démissionna à la suite de cet incident.
Comme tous les enfants de cette période à
Mvolyé, Etoga connaît la faim, la brimade et les abus de tout
genre dans les familles d'adoption11 et à l'école.
Néanmoins le 20 Janvier 1924, Etoga Nama Kunu est baptisé par le
Père François Pichon12. Il reçoit alors le
prénom Paul. A la fin de ses études primaires, Paul Etoga exprima
à Monseigneur François xavier Vogt son désir d'entrer au
séminaire. Ce dernier l'exhaussa. Etoga relate la scène en ces
termes dans Mon autobiographie :
J'exprimai donc mon désir d'entrer au séminaire
à Monseigneur Vogt. L'évêque, sautant de joie
m'écrivit un billet que je présentai au Père Richard,
alors directeur du petit séminaire. Je fus admis13.
Entre temps le séminaire avait été
transféré à Nlong (mission d'origine de Paul Etoga) en
1928 puis, à Akono à 34 Kilomètres de Yaoundé en
1929. Paul Etoga passa donc de Mvolyé à Nlong et de Nlong
à Akono. En 1931, il entra au grand séminaire. Il connut les
influences des Pères Spiritains et Bénédictins, la faim,
la malnutrition et autres embêtements14. Au bout de deux ans
d'études, Paul Etoga est envoyé en « épreuve »
à Edéa par les pères Spiritains. En 1938, il passe une
autre « épreuve » à Mvolyé, où il dirige
le petit séminaire qui comptait alors 35 élèves parmi
lesquels Jean Zoa15.
Le 19 Septembre 1939, il est ordonné prêtre avec
cinq autres grands séminaristes16 par Mgr. René
Graffin17, coadjuteur de Monseigneur Vogt à Mvolyé. Sa
promotion a pour devise nos vero orationi et ministerio verbi
10 Etoga, p.9.
11 Son frère Albert Okola le confia à
plusieurs familles notamment les familles Belibi,Ambani, etc.
12 Le père François Pichon arrive au
Cameroun en 1924. Il est français et appartient à la
congrégation du Saint Esprit.
13 Etoga, p.11.
14 Ibid p.12.
15 Monseigneur Jean Zoa fut curé de Mokolo
(Yaoundé), directeur des oeuvres catholiques ; premier archevêque
camerounais en 1961 et mourut en Mars 1998.
16 Les cinq séminaristes étaient :
Benoit Ndjiki, Mathias Kuma, Frédéric Etoundi, Jean Edzoa, Michel
Bindzi.
17 Monseigneur Graffin arrive au Cameroun le 25
Septembre 1926. Sacré évêque en 1931, il devient coadjuteur
de Mgr Vogt et premier archevêque du Cameroun en 1955.
instantes erimus c'est-à-dire « Quant
à nous, nous restons assidus à la prière et au service de
la parole ».
C. Son ministère sacerdotal
Le ministère sacerdotal se Paul Etoga commence en 1940
avec son affectation comme vicaire à la paroisse de
Messamena18. Cette affectation s'avéra difficile à
cause de l'inaccessibilité du poste (280 km à parcourir sans
moyen de communication réel) et des conditions de travail. L'accueil que
lui réserva le curé de nationalité canadienne ne fut pas
des plus chaleureux. Paul Etoga qualifiait lui-même la période
passée à Massamena de « trois années de souffrances
»19.
En 1943, le jeune Abbé fut déplacé de
Messamena à Yangben chez les Yambassa dans la région du Mbam
où il est nommé curé. Lorsqu'il arrive le 4
Décembre, il trouve une Mission en fondation. En s'appuyant sur son
génie et sa force de mobilisation, il s'active à organiser les
populations en vue de la réalisation de sa mission portant sur la
construction de la mission catholique de Yangben. A son départ de
Yangben en 1955, il laisse comme bilan : une église de 48 m sur 16, un
presbytère, un sixa et quatre écoles en matériaux
définitif20.
En Janvier 1955, le Père Haman et l'Abbé Lecuyer
vinrent remplacer les Abbés Christophe Mvogo et Paul Etoga à
Yangben. Ils quittèrent Yangben le 5 Février 1955 pour Nkol
Nkumu, mission catholique limitrophe de Nlong. A leur arrivée
l'église de cette localité était en ruine. Ils
entreprirent de réfectionner l'église malgré le refus de
l'évêque mais avec l'aide des fidèles. C'est de ce chantier
que le Saint siège l'enleva pour la charge épiscopale.
18 Le vicariat apostolique de Yaoundé
comprenait les provinces actuelles du centre et de l'Est où se trouve
Messamena.
19 Etoga, p.15.
20 Ibid p.21.
II. SON MINISTERE EPISCOPAL
Monseigneur Paul Etoga passa six ans comme évêque
auxiliaire à l'archidiocèse de Yaoundé dont faisait partie
la mission catholique de Nlong. En 1961, il fonde le diocèse de Mbalmayo
où son génie de bâtisseur se dévoila au grand jour
avec entre autres l'ouverture du séminaire Saint Paul.
A. Nomination et sacre
En fait, personne ne pouvait penser à la nomination
d'un Camerounais comme premier évêque de l'Afrique noire
francophone. C'est au Gabon21qu'était destinée cette
désignation. Mais, il y aurait eu des dissensions au sein du
clergé français au Gabon. En Mars 1955, au cours de la
réunion des ordinaires à Nkongsamba, il a été
décidé avec le délégué apostolique pour les
Missions d'Afrique française, Mgr. Lefebvre, de nommer deux auxiliaires
respectivement à Mgr. Graffin et à Mgr. Bonneau22. Le
10 Juin, Mgr. Graffin va à Rome et reçoit la promesse d'avoir un
auxiliaire rapidement.
Le 24 Juin 1955, alors que l'Abbé Paul Etoga allait
rendre visite à l'Abbé Christophe Mvogo, hospitalisé
à Yaoundé, il rencontra les Pères Hurstel et Etienne
Nkodo. Ils l'interpellèrent et lui tendirent un
télégramme. Il lut : « Abbé Etoga,
évêque auxiliaire de Yaoundé »23 . Il prit
le télégramme pour une blague et dit : « vous voulez vous
moquez de moi ! »24 . Après la visite, les Pères
qui l'avaient suivi montrèrent aux gens : « voilà votre
évêque ! ». Pris d'émotion, il regagna Nkol Nkumu sans
rien dire à personne. Le lendemain, Monseigneur Graffin lui envoya un
billet avec cette recommandation : « faites vos malles et venez ici
!»25 . Intense émotion ! Il se rendit à la
cathédrale où il fut réellement nommé
évêque.
21 A partir de 1880, le Cameroun dépend du
vicariat du Gabon, né du démembrement du vicariat de
Guinée. Puis, en 1893, naît le vicariat de Yaoundé. Cf.
J.B. Anya, «L'épiscopat de Monseigneur René Graffin au
Cameroun 1931-1961», Mémoire de DIPES II, 1997, p.9.
22 J. Criaud, La geste des spiritains, p.
106.
23 Etoga, p. 22.
24 Ibid.
25 Ibid p. 23.
Pour Don Francesco Pedretti26, Paul Etoga n'a pas
eu besoin d'un quelconque soutien pour être nommé. C'est le Saint
Esprit qui a reconnu en lui un apôtre de l'Eglise. En
réalité l'esprit d'initiative et de persévérance de
l'Abbé Paul Etoga a joué en faveur de son choix. La soumission et
le respect de la hiérarchie, valeurs chères qu'appréciait
Monseigneur Graffin n'étaient pas en reste.
Le 30 Novembre 1955 à l'hippodrome de Yaoundé,
eut lieu le sacre épiscopal de Monseigneur Paul Etoga. Cette
cérémonie fut présidée par Monseigneur Graffin,
archevêque de Yaoundé, assisté de Mgr. Bonneau et Mgr.
Bernard. Paul Etoga fit sien ces mots de Timothée : « Scio cui
credidi » c'est-à- dire « Je sais en qui j'ai mis ma foi
». Après son discours, Monseigneur Graffin lui donna l'onction
épiscopale. Une foule de cent milles personnes27 non
seulement du Cameroun, mais aussi des pays voisins et de loin emplissait
l'hippodrome comme le montre la photo ci-après.
Photo N°6 : Sacre de Mgr. Paul Etoga
Source : P.Etoga, Mon autobiographie,
p.26.
26 Don Francesco Pedretti est un responsable du Centro
Orientamento Educativo de Barzio en Italie qui est une organisation non
gouvernementale visant la promotion des masses.
27 E. Mveng, Histoire du Cameroun, Tome II,
Yaoundé, CEPER, 1985 p. 229.
Des chansons populaires furent créées pour
saluer cet évènement. Monseigneur Paul Etoga était
désigné par cette expression très significative de
ntang-evindi28 c'est-à-dire « un blanc à
la peau noire ». Les populations du Cameroun n'exprimèrent pas
seulement leur joie par des chansons mais aussi par des lettres de
félicitations rédigées dans tout le pays. Ce
n'était pas seulement l'affaire des catholiques mais celle de toutes les
confessions religieuses.
B. Auxiliaire de Monseigneur Graffin de 1955 à
1961
Après son sacre, Mgr. Paul Etoga occupa son poste
d'évêque auxiliaire de Monseigneur René Graffin à
Yaoundé. L'action du nouvel évêque fut paralysée
à cause de l'atmosphère de conflit créée par les
français29. En 1961, le Saint Siège lui proposa
d'aller fonder un diocèse à Mbalmayo. Pour le prélat,
c'est une porte de salut.
1. Les fonctions de Monseigneur Paul Etoga
Un évêque auxiliaire30 est celui qui
aide un autre évêque et qui lui prête son concours
temporairement. Le mot auxiliaire est employé ici à juste titre
car Monseigneur Paul Etoga était soumis aux ordres de Monseigneur
René Graffin. Par son statut, le prélat devait
célébrer les confirmations. Il allait dans tout
l'archidiocèse confirmer les chrétiens31. C'est ainsi
qu'il confirma les chrétiens de la mission catholique de Nlong.
28 J.P. Messina, «Contribution des
camerounais», p. 263.
29 Le 26 Février 1956, Roland Pré
demanda à Paul Etoga d'adresser une lettre à Paris dans laquelle,
il devra souligner son soutien à l'action du Haut commissaire afin
d'amener Paris à approuver ses initiatives de réprimandes des
upécistes. Mgr Paul Etoga refusa. Ce refus marqua le début des
hostilités entre Etoga et l'administration française au
Cameroun.
30 Evêque auxiliaire diffère
d'évêque coadjuteur. Ce dernier est un évêque adjoint
à un évêque en fonction, généralement avec
droit de succession.
31 Etoga, p. 27.
En dehors des confirmations, le prélat conférait
parfois le diaconat aux séminaristes. Il le fit par exemple le 7 Mars
1959 dans l'église d'Otélé, église limitrophe de la
mission catholique de Nlong. Il célébrait aussi les
consécrations des Soeurs, notamment celle de Marie
Thérèse, originaire de Nlong, le 21 Janvier 1959.
Dans ses actions, le prélat était
confronté à de nombreuses difficultés à cause de la
politique discriminatoire de Monseigneur Graffin vis-à-vis du
clergé indigène. Les « siens » sont pris au
sérieux, les « autres » sont méprisés. Cette
attitude allait à l'encontre de l'exhortation summi
pontificatus du Pape Pie XII qui consacre le principe de
l'égalité au sein de l'Eglise Catholique : « Ceux qui
entrent dans l'Eglise catholique quelle que soit leur origine ou leur langue
doivent savoir qu'ils ont un droit égal d'office dans la maison du
seigneur » 32.
Monseigneur Graffin avait instauré un certain nombre de
règles racistes dans l'Archidiocèse :
Si un ou deux blancs arrivent, le prêtre indigène
se retire et ne doit pas assister à la conversation. Il ne doit pas
garder l'argent sur soi ni dans la chambre. En cas de voyage, le
supérieur doit lui donner de quoi payer le voyage ; s'il a un surplus,
il est remis au supérieur. A table, les prêtres indigènes
ont un plat indigène composé d'une soupe d'arachide, de feuilles
de manioc (kpem) ou de bananes préparées par une femme du
sixa33.
Même évêque, Paul Etoga était soumis
à ces mesures. Il ne participait pas aux prises de décisions de
l'Eglise ; il les subissait. Il était appelé à signer les
décisions de l'archevêque et de son vicaire général
sans rechigner.
Tout ceci montre que le prélat n'avait qu'un rôle
figuratif. Il fera remarquer plus tard que les six années qu'il a
passées à Yaoundé étaient un véritable
purgatoire34. Les rapports entre Monseigneur Paul Etoga et son
archevêque n'étaient pas cordiaux mais discriminatoires. Qu'en
était-il des rapports existant entre Monseigneur Paul Etoga et le
clergé ?
32 Pie XII, Summi pontificatus cité par
Médéwalé et Agossou, Christianisme africain,
Paris, Kart hala, 1987, p.7.
33 Monseigneur Graffin cité par Paul Etoga,
Mon autobiographie, p. 16.
34 J.P. Messina, «Contribution des
camerounais», p. 263.
2. Les rapports avec le clergé
Le clergé camerounais était constitué du
clergé indigène et les missionnaires catholiques présents
au Cameroun.
a. Avec le clergé indigène
Le clergé indigène était constitué
des prêtres et religieuses camerounais. D'après l'Abbé
Léon Messi35, le prélat entretenait de bons rapports
avec les prêtres camerounais. Ces derniers le manifestaient à
travers des révoltes contre Monseigneur Graffin. Ils ne partageaient pas
toujours la patience avec laquelle Monseigneur Etoga résolvait les
difficultés causées par Mgr. Graffin.
Le prélat présidait des réunions
sacerdotales à travers l'archidiocèse de Yaoundé. Ainsi en
1959, il présida une série de quatorze réunions
sacerdotales36 avec la participation de l'Abbé Jean Zoa.
Malgré ces rapports de travail, l'Abbé Nkoe37 pense
qu'il y avait des prêtres camerounais qui contribuaient à rendre
la vie difficile à Mgr. Paul Etoga. Pour lui, certains prêtres
camerounais travaillaient pour le compte de Mgr. Graffin. Si Monseigneur Paul
Etoga avait une opinion contraire à celle de Monseigneur Graffin, tout
lui était révélé. Aussitôt, il était
blâmé sans respect.
Dès qu'il fut sacré évêque, Paul
Etoga a commencé à militer pour changer le statut des religieuses
camerounaises. Pour y parvenir, il avait besoin de la participation de ces
dernières. Pour cela il a commencé par les sensibiliser sur leurs
conditions de vie par rapport aux religieuses européennes. Les conseils
de Mgr. Paul Etoga étaient relatés à l'archevêque
qui s'insurgeait contre lui. Pour lui, Mgr. Paul Etoga semait la révolte
et la discrimination au sein des
35 L'Abbé Léon Messi cité par E.
Abessolo « L'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga », p. 30.
36 L'effort camerounais, N° 190, 24 Mai
1959, p.8.
37 L'Abbé Benjamin Nkoe, ancien directeur du
séminaire St Paul de Mbalayo que cite E. Abessolo
«L'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga», p. 31.
congrégations religieuses38.
Néanmoins le statut des soeurs camerounaises fut amélioré.
Les Soeurs camerounaises pouvaient désormais aller à
l'école jusqu'en troisième et avaient droit à un peu plus
d'égard.
b. Avec les missionnaires catholiques
Selon l'Abbé Benjamin Nkoe, Monseigneur Graffin avait
répandu la nouvelle selon laquelle Monseigneur Paul Etoga était
contre les français. Dès lors, tous les français se sont
retournés contre lui. Mgr. Graffin avait aussi envoyé les
rapports à Rome dans lesquels il informait la hiérarchie de
l'Eglise catholique que Mgr. Paul Etoga faisait la politique et non sa mission
pastorale. Cette atmosphère de conflit créée par les
français gêna énormément l'action de Monseigneur
Etoga. Dans certaines paroisses, écrit-il : « J'étais
reçu comme un chien »39.
Tout était mis en oeuvre pour freiner l'action du
prélat même lorsqu'il était invité dans les pays
Européens. En effet, il avait été invité à
Lourdes pour un congrès eucharistique. Mais, Monseigneur Graffin avait
usé de son pouvoir pour annuler le voyage. Néanmoins, le
prélat réussit à effectuer son second voyage en Europe,
à l'absence de Monseigneur Graffin, malgré les obstacles
causés par les Spiritains.
A son arrivée à Munich en Allemagne le 2
Août 1960, il rencontra les cardinaux Testa et Wendel40. Il se
présenta et leur raconta qu'il était évêque depuis
cinq ans mais, n'avait pas encore visité Rome. Les deux prélats
lui offrirent de l'argent pour son voyage à Rome. Alors qu'il
était chez Monseigneur Antonio Sigismondi41 en Italie,
celui-ci l'accueillit en ces termes : « Ah asseyez vous Monseigneur...
vous faites de la politique ? »42. Monseigneur
38 En 1958, il y avait au Cameroun deux
congrégations religieuses indigènes : la congrégation des
filles de Marie à Yaoundé et la congrégation des filles
servantes de Marie à Douala.
39 L'Effort camerounais, N° 207 du 4
Octobre 1959, p.8.
40 Le cardinal Testa était gat du pape et le
cardinal Wendel était archevêque de Munich.
41 Antonio Sigismondi était secrétaire
général de la Propaganda Fide.
42 Etoga, p. 28.
Paul Etoga lui répondit : « Non ! Je ne me suis
jamais présenté aux élections comme député,
loin encore comme président de la république »43.
Monseigneur Antonio révéla : « En tout cas... c'est votre
supérieur qui vous accuse de faire de la politique »44.
A la fin de son séjour à Rome, Paul Etoga prit l'avion pour
Douala.
Dans sa tâche d'auxiliaire, Monseigneur Paul Etoga avait
confirmé les chrétiens et célébré les
ordinations sacerdotales et religieuses. Ce qui lui conférait de bons
rapports aussi bien avec le clergé camerounais qu'avec les
chrétiens, malgré quelques difficultés. Ces
difficultés provenaient du fait que Mgr. Paul Etoga avait refusé
de soutenir l'action de Roland Pré après les émeutes de
1955. Avec ce refus, il déclarait une guerre ouverte à Roland
Pré et à tous les français jusqu'en 1961.
C. Fondateur du diocèse de Mbalmayo
Le 22 Août 1961, Monseigneur Graffin installa
Monseigneur Paul Etoga comme évêque du diocèse de
Mbalmayo45. Ce fut la dernière apparition du premier
archevêque du Cameroun sur la scène religieuse
camerounaise46. Après l'installation du prélat, la
dynamique du nouveau diocèse devait être mise en marche avec la
paroisse de Mbalmayo comme centre d'impulsion de la politique pastorale
pensée par Mgr. Paul Etoga.
1. Politique pastorale de Monseigneur Paul
Etoga
La politique ici signifie l'art, la manière de diriger les
hommes. L'une des exigences cardinales du prélat était que les
prêtres prêchent par l'exemple. Pour
43 Etoga, p28.
44 En réalité Mgr. Paul Etoga avait
soutenu André Marie Mbida aux élections législatives de
Décembre 1956. Il réitéra son soutien aux
démocrates aux élections d'Avril 1960. Cf. N. Ossama, L
'Eglise de Yaoundé : aperçu historique,
Yaoundé, Saint Paul, 1997, p. 133.
45 Etoga, p. 30.
46 Le 20 Novembre 1961, Mgr. Graffin céda sa
place à l'Abbé Jean Zoa. Par cet acte, l'Eglise coloniale passait
le flambeau de la succession apostolique et de la mission
évangélisatrice de l'Eglise universelle à l'Eglise locale
devenue majeure.
cela, ils devaient se faire distinguer par leur tenue
vestimentaire et leur comportement.
Le prélat n'était pas fidèle à
l'adage selon lequel « l'habit ne fait pas le moine ». Par
conséquent, il interdit aux prêtres de son diocèse de
voyager sans soutane, ou de s'en débarrasser même quand ils ont un
travail manuel à faire47. Les prêtres ne pouvaient se
défaire de la soutane que pour des cas « exceptionnels ».
Même si le prélat ne définissait pas ce qu'il entendait par
« exceptionnel ». Il est clair que le prêtre ne pouvait se
départir de sa soutane qu'au coucher ou bien, quand il exécutait
des tâches salissantes telles que la réparation d'un
véhicule. Pour mettre le clergé sur les rails, le prélat
tenait des réunions mensuelles. Il mettait en garde contre certaines
activités notamment le commerce, la pêche, la chasse. Seuls les
catéchistes pouvaient faire le « petit commerce » dans la
mission.
Dans le même ordre d'idée, les prêtres
devaient éviter tout acte frisant l'escroquerie ou l'exploitation
abusive des fidèles. Il s'agissait par exemple des taxes
spéciales, non prescrites dans le diocèse48. Le
prélat imposa un certain nombre de règles aux prêtres car,
certains étaient souvent suspectés d'entretenir des relations
intimes avec les femmes. Ainsi, il interdit aux prêtres de voyager seuls
avec une femme dans la voiture49. Il fallait donc porter un ou
plusieurs passagers. Ces mesures montrent quelque peu la naïveté de
Mgr. Paul Etoga car, le fait de porter une femme dans sa voiture ne signifie
pas forcément qu'on entretienne des rapports sexuels avec elle.
Pour favoriser la concertation et une pastorale d'ensemble,
Monseigneur Paul Etoga divisa le diocèse en cinq secteurs : Akonolinga,
Ayos, Dzeng, Mbalmayo et Ngomedzap. Il mit sur pied un conseil diocésain
rassemblant les prêtres. Assez libéral dans le respect des
institutions ecclésiastiques, chaque prêtre se sentait
concerné dans l'évolution du diocèse.
47 ADM, P. Etoga, circulaire N° 18, Janvier
1965.
48 ADM, P. Etoga, Notice sur le diocèse de
Mbalmayo, 1961-1986.
49 Ibid.
Dans Mon autobiographie, Monseigneur Paul Etoga
déclare que :
Les évêques sont les envoyés du Christ
pour être ses témoins dans le monde . . Or, les
évêques succèdent aux apôtres. L'évêque
doit être imprégné de l'esprit du Christ, agissant comme
lui, serviable comme lui, servir mais non pour être servi. Donc le mot
prince de l'Eglise doit être aboli ; on est tous frères,
pères et fils (Matthieu 20 : 17-28). Que l'évêque arme ses
prêtres, qu'il les attire, qu'il ait confiance en eux comme les
prêtres en lui. Cette mutuelle confiance est nécessaire. Dans le
cas contraire, la collaboration dans l'oeuvre apostolique est impossible. Qu'il
y ait un dialogue franc et sincère entre l'évêque et ses
prêtres. L'évêque doit veiller à la subsistance,
à la santé et au salut de ses prêtres50.
Certains prêtres du diocèse usèrent de
cette liberté pour réaliser des oeuvres positives51
mais d'autres par contre abusèrent de cette liberté à la
grande consternation des chrétiens.
Au-delà de ses apparences tolérantes et
libérales, Monseigneur Paul Etoga était intraitable et rigoureux
envers les prêtres qui développaient des comportements
déviants par rapport à l'éthique de
l'Eglise52.
2. Le petit séminaire Saint Paul de
Mbalmayo
L'initiative de former un clergé indigène au
Cameroun date de Monseigneur Vogt53. Pour continuer cette oeuvre
Monseigneur Paul Etoga créa dans son diocèse un petit
séminaire et s'engagea aussi dans la formation des vocations
tardives.
Après avoir mis sur pied un conseil diocésain,
le prélat annonce à ses collaborateurs le 22 Janvier 1962, la
création d'un séminaire. Mais la construction d'un
séminaire digne de ce nom nécessitait d'énormes moyens
50 Etoga, p. 29.
51 Grâce à la liberté dont
jouissait l'Abbé Lucien Anya Noa, fondateur du collège Noa et du
centre culturel Beti de Mbalmayo, il traduisit la Bible, la vie des Saints,
l'homélie des Pères et les grandes figures de la Bible en
Ewondo.
52 L'Abbé Appolinaire Essomba avait
transgressé son serment de chasteté. Il a été
sanctionné par Monseigneur Paul Etoga et remplacé à la
paroisse de Mfoumassi en 1982 par le Père Gruher. Il se retrouva
à Mbalmayo en complément d'effectif.
53 Monseigneur F.X. Vogt dans une lettre manuscrite
datant de 1930, envoyée au gouverneur Marchand
écrit : « Le petit séminaire (...) comprend
un cycle de cinq années d'étude. N'y sont admis que les enfants
ayant fréquenté l'école primaire et sachant le
français (...). Le Grand séminaire comprend un cours de
Philosophie de deux ans et le cours de Théologie qui durera cinq ans
». Cf. ANY, APA 10559/B, les Eglises indigènes.
financiers. Pour remédier aux difficultés
financières, des bâtiments en matériaux provisoires furent
construits. Ces bâtiments ont accueilli 75 élèves le 30
Avril 1962. Il envoya les plans du petit séminaire à Rome et il
reçut des subsides pour un petit séminaire définitif.
C'est son excellence Antonio Mazza, secrétaire général de
l'oeuvre pontificale Saint Pierre Apôtre qui bénit et posa le 26
Janvier 1969, la première pierre du petit séminaire
représenté ci-dessous.
Photo N°7 : Petit séminaire Saint
Paul de Mbalmayo
Source : Cliché J.H. Ngah, Mbalmayo, le
26 Janvier 2008
Au départ le séminaire Saint Paul de Mbalmayo
n'avait que le premier cycle. Les séminaristes allaient au second cycle
au séminaire Sainte Thérèse de Mvolyé. Aussi, sur
un effectif de 75 élèves, 2 seulement aboutirent au sacerdoce !
Cet échec décida Mgr. Paul Etoga à ouvrir un second cycle
au séminaire St. Paul de Mbalmayo en 197154.
Parmi les premiers candidats du petit séminaire Saint
Paul reçus au baccalauréat faisait partie Jean Marie Atangana
Mebara, originaire de la paroisse de Nlong. Ce dernier a occupé des
hautes fonctions. Il a été ministre de
l'enseignement supérieur pendant cinq ans,
secrétaire général à la présidence et
ministre des affaires étrangères du Cameroun.
Jusqu'en 1986, neuf prêtres, fruits du petit
séminaire Saint Paul ont été ordonnés55.
Deux autres, anciens élèves56 du petit
séminaire l'ont été dans l'archidiocèse de
Yaoundé.
Au total, 21 prêtres ont été
ordonnés dans le diocèse de Mbal mayo en 1 98757.
Parmi ces derniers, aucun n'était originaire de la paroisse de Nlong. Ce
fut un échec pour Mgr. Paul Etoga. En somme l'oeuvre de monseigneur Paul
Etoga à Mbalmayo peut se résumer dans le tableau ci-dessous :
Tableau N°3 : Bilan de l'oeuvre de Mgr.
Paul Etoga à Mbalmayo.
|
1961
|
1987
|
Population totale
|
117 000
|
154 358
|
Catholique
|
59 869
|
111 635
|
Elèves
|
11 408
|
12 927
|
Prêtres
|
28
|
48
|
Paroisses
|
14
|
27
|
Religieux
|
1
|
2
|
Religieuses
|
13
|
46
|
Eglises
|
10
|
16
|
Collèges
|
1
|
4
|
Dispensaires
|
3
|
6
|
Centre catéchétique
|
0
|
1
|
Centre de promotion sociale
|
0
|
1
|
Séminaires
|
0
|
1
|
Grands séminaristes
|
3
|
11
|
Petits séminaristes
|
0
|
169
|
Prêtres sortis du séminaire
|
|
11
|
Source : P. Etoga, Mon autobiographie,
p. 39.
55 On peut citer les Abbés Rigobert Mvogo,
Gabriel Akoa Mbarga, Raphaël Ondigui, Pascal Kollo Mbida, Martin
Biwolé, Jacques Awong Medou, Joseph Ndi Okalla, Luc Tsang Bengono,
Essomba Fouda.
56 On peut citer les Abbés Jean Mbarga et
Séverin Zoa.
57 Etoga, p. 47.
D'après ce tableau, le nombre de catholiques a
doublé. Le diocèse est passé de 59 869 fidèles en
1961 à 111 635 en 1987 sur une population totale de 154 358 habitants.
Le nombre de religieuses a été multiplié par trois passant
de 13 à 46. Le nombre de collèges quant à lui est
passé de un à quatre tandis que le nombre de dispensaires a
doublé. Onze prêtres sont sortis du séminaire saint Paul de
Mbalmayo. Malgré les difficultés, Monseigneur Paul Etoga a
maintenu l'existence du diocèse car ses détracteurs58
ne lui donnaient pas plus de dix mois à Mbalmayo. Son oeuvre a
été reconnue par sa sainteté le Pape Jean Paul II le 15
Novembre 1984 avec la nomination de Mgr. Adalbert Ndzana comme
évêque coadjuteur de Mbalmayo.
III. LES RAPPORTS ENTRE MONSEIGNEUR PAUL ETOGA
ET
LA MISSION CATHOLIQUE DE NLONG
De 1955 à 1961, Monseigneur Paul Etoga entretenait avec
la mission catholique de Nlong, des rapports officiels. Après 1961, ces
rapports prendront une autre coloration et devenir officieuses puisque ce
dernier était devenu évêque du diocèse de
Mbalmayo.
A. Les visites de Monseigneur Paul Etoga à Nlong
La première visite du prélat entant
qu'évêque intervient le 8 Décembre 195559 pour
dire sa première messe. Les préparatifs pour recevoir
l'évêque à Nlong ont commencé avant son sacre
à l'hippodrome de Yaoundé. Le Père Dietrich avait
d'ailleurs sensibilisé les élèves de l'école
primaire catholique St. Pierre et Paul de Nlong à propos de cet
évènement. Il avait demandé à chaque
élève d'apporter 400 FCFA pour confectionner les t-shirt
à l'effigie de Monseigneur Paul Etoga60. Tous les
élèves vont s'exécuter avec enthousiasme. A leur grande
surprise, ces derniers ont reçu des sous-vêtements t-shirt
sans
58 Au rang des détracteurs de Mgr Paul Etoga
figurent Monseigneur René Graffin et Monseigneur Jean Zoa. Ce dernier
s'était opposé à la construction d'un petit
séminaire dans le diocèse de Mbalmayo. Cf AAY, Réflexion
sur la lettre et le rapport de Rigobert Owono à Mgr. Etoga, le 22 juin
1973.
59 Nleb Bekristen, Bimensuel, N° 227 du
20 Janvier 1956, p. 1.
60 Entretien avec Joseph Ebodé.
manche. Cela entraîna un mécontentement
général. Certains élèves du cours moyen I et du
cours moyen II sont allés au presbytère pour demander au
Père Dietrich de leur rembourser leur argent61. Ce dernier
rétorqua en qualifiant Monseigneur Paul Etoga de « pauvre
évêque noir ». Puis, il refusa de leur rembourser. Un des
élèves le frappa à la tête avec un
bâton62. Scandale ! Le père fut rapidement conduit au
dispensaire.
Lorsque Monseigneur Paul Etoga commence son homélie
devant une foule grandiose, il déclare qu'il est content de l'accueil et
mécontent aussi à cause de l'incident survenu quelques jours
avant son arrivée. Pouvait-il réagir autrement ? Quelques
années plus tard, le Père Dietrich fut affecté à la
mission catholique d' Oveng.
Le prélat continua à venir à Nlong pour
assumer ses fonctions d'évêque auxiliaire en confirmant les
enfants à la mission. En 1958, il confirma plus de 30
enfants63. A chacune de ses visites, il allait à la rencontre
des Frères du sacré coeur pour entendre leurs confessions.
Parfois, assister à des retraites. Pour le frère Jean
Marie64, c'est ce que le prélat devait faire et il le faisait
avec enthousiasme. En 1976 alors qu'il était évêque du
diocèse de Mbalmayo, il est venu assister à la première
messe de Monseigneur Athanase Balla à Nlong65.
Les populations de Nlong gardent de Monseigneur Paul Etoga
l'image d'un homme simple qui allait de maisons en maisons pour écouter
tout le monde.
B. Les messages adressés aux populations de
Nlong
Dans sa pastorale, Monseigneur Vogt a souvent
prôné une évangélisation douce et pacifique. Il
faut, disait-il, évangéliser « en bon pasteur et non en
gendarme ». Une telle option passait aussi par une application souple des
textes
61 Entretien avec Gabriel Tsanga.
62 Entretien avec Marc Ekani.
63Entretien avec Joseph Ebodé.
64 Frère Jean Marie, 75 ans, Frère de la
congrégation du sacré coeur, Nlong le 6 Décembre 2007.
65 Mgr. Athanase Balla, 84 ans, Prélat
originaire de Nlong. Ancien évêque du diocèse de Bafia,
Yaoundé le 15 Novembre 2007.
canoniques. Monseigneur Graffin, ancien aumônier
militaire n'a pas réussi à se départir de l'esprit
carré d'un homme en tenue. Monseigneur Paul Etoga quant à lui se
caractérisait par la rigueur mais aussi par la tolérance dans la
mise en application des textes. Le contenu des messages adressés aux
populations de Nlong par le prélat tournait autour des thèmes
tels que le mariage, la dot, l'eucharistie, la pratique de l'agriculture,
etc.
1. Le mariage et la dot
L'un des points les plus préoccupants pour Mgr. Paul
Etoga est l'interdiction absolue de la polygamie. Pour Mgr. Vogt, la polygamie
était un véritable fléau social qu'il fallait
combattre66. Ceci n'était pas facile pour Monseigneur Paul
Etoga car pour le Beti, la polygamie est un mariage qui donne naissance
à un grand village. Le Beti est traditionnellement polygame ; il lui
faut beaucoup d'enfants. Ainsi, avoir des héritiers, de la nourriture en
quantité suffisante, du prestige, une main d'oeuvre assurée,
constituent pour le Beti les principaux motifs de la polygamie67. Si
par malheur, la première femme avec laquelle une personne s'était
religieusement mariée était stérile, cette personne
pouvait prendre une autre femme dans l'espoir d'avoir des enfants. Dans ce cas,
le mari n'avait plus droit aux sacrements de l'église. Le prélat
était strict là- dessus. La femme mariée à
l'église dans ce cas n'était pas
excommuniée68.
Le prélat s'opposait au mariage entre les Mvog Nama et
les Mvog Ndobo69 car ces derniers descendaient d'un ancêtre
commun. Après deux années de retraite de la femme dans le sixa de
Nlong disait-il le mariage devait être célébré. Le
prélat disait également que : « la cohabitation est
indispensable aux époux »70 . Ils devaient vivre
ensemble pour s'entraider mutuellement et
66 ANY, APA 1 0560/A Culte catholique ÀIncident
divers À Père du Saint Esprit.
67 W. Mvogo, «La mission de l'Eglise catholique
au Cameroun en général et chez les Beti en particulier de 1890
à 1961», Thèse de doctorat de 3e cycle en
Théologie catholique, Université de la propagande, 1979, p.
62.
68 Entretien avec l'Abbé Théodore
Léandre Nzié
69 Etoga, p. 6.
70AD M, Anonyme, Réflexion sur la vie
chrétienne, mémoire pastorale de Monseigneur Paul Etoga,
Mbalmayo, 1955, p. 12.
spirituellement. Il abordait dans le même sens en
affirmant qu'une mauvaise habitude s'était introduite dans le mariage.
Par exemple, le mari travaillait à Yaoundé et l'épouse
restait à Nlong. Cette séparation disait-il était un grand
danger pour la vie conjugale. Il continuait en disant que : « Si Adam
avait été avec Eve au jardin, le démon, n'aurait pas
détruit cette dernière »71.
Monseigneur Paul Etoga n'était pas contre la dot. Mais
celle-ci devait être juste un symbole d'alliance, un symbole d'amour et
non un marchandage entre deux familles72. Il exigeait par exemple
que la dot ne puisse être qu'un symbole. Pour lui, c'était une
mesure médiane qui conciliait les coutumes des populations et les
prescriptions de l'Eglise. C'était une solution sage qui devait amener
vers l'abandon progressif de la dot. Nous voyons en cette attitude de
l'évêque, la tolérance dans l'application des textes
canoniques. Car il tenait compte des moeurs des populations de Nlong. Ceci
créa entre les chrétiens et lui une atmosphère de
confiance et de compréhension. Cette attitude l'amena également
à éviter la résistance des populations à la
pratique des sacrements et à une conversion massive au catholicisme.
L11l 'eucharistie
Monseigneur Paul Etoga disait aux populations de Nlong qu'on
devait toujours se confesser avant de recevoir l'eucharistie73. Pour
la première communion, le prélat exigeait que seul le
prêtre lui-même fasse l'examen d'admission aux postulants. La
réception de l'eucharistie devait être
précédée et suivie des prières intenses et d'une
grande concentration. Il recommandait aux chrétiens de Nlong la pratique
des retraites. Pour lui, « La pratique des retraites est un grand secours
pour la vie chrétienne pour les populations de Nlong d'autant qu'il y
avait une congrégation des frères sur place»74.
Il s'agit ici des
71 ADM, Réflexion sur la vie chrétienne,
p.12.
72 Voir annexe N° III.
73 Sacrement qui pour l'Eglise catholique transforme
réellement et substantiellement le pain et le vin en corps et sang de
Jésus Christ
74 ADM, Réflexion sur la vie chrétienne,
p. 22
retraites spirituelles (interruptions momentanées des
affaires habituelles pour se recueillir en présence de Dieu et exprimer
sa conscience afin de l'orienter vers Dieu pour la purification de
l'âme). Il disait que les retraites devraient se faire avant de recevoir
tout sacrement : mariage confirmation, première communion, ordination,
etc.
3. Les cultures de rente
Monseigneur Paul Etoga n'a pas négligé l'aspect
économique. Il demandait aux populations de Nlong de pratiquer une
agriculture mixte, intégrant les cultures de rente et les cultures de
consommation75. Il leur demandait de planter le café et le
cacao. A titre d'exemple, il avait acquis une plantation de café
à Mbalmayo afin d'accroître les ressources du
diocèse76.
Aux différents messages adressés aux populations
de Nlong, il apparaît que Monseigneur Paul Etoga était très
attaché aux enseignements et aux exigences de l'Eglise catholique. Cet
attachement se faisait ressentir au niveau de la pratique des différents
sacrements de l'Eglise.
En somme, monseigneur Paul Etoga était un pasteur au
sens plein du terme qui s'occupait des âmes et qui cherchait surtout
à transformer les mentalités. Il était à la
disposition de tous. Sa simplicité était appréciée
et toutes les familles de Nlong le citaient en exemple. Les biens
matériels n'avaient pas de signification pour lui. Ce qui
l'intéressait, c'était l'homme dans ses relations avec Dieu.
C'est d'ailleurs cette qualité qui lui a permis de résister
« aux attaques » de monseigneur René Graffin d'une part, et
d'autre part aux difficultés rencontrées à Mbalmayo. Les
relations ambiguës que Monseigneur Paul Etoga entretenait avec monseigneur
René Graffin et Mgr Jean Zoa ont certainement influencé
l'évolution de la mission catholique de N long de 1955 à 1987.
75 Entretien avec Gabriel Tsanga.
76 Etoga p. 36.
CHAPITRE IV. L'IMPACT RELIGIEUX DE L'EPISCOPAT DE
MONSEIGNEUR PAUL ETOGA SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA MISSION CATHOLIQUE
DE
NLONG
Durant l'épiscopat de monseigneur Paul Etoga, la vie
religieuse de la mission catholique de Nlong a été
bouleversée1. Cela s'est fait ressentir sur les plans
évangélique et vocationel. Cette dynamique était le fruit
des messages que le prélat adressait aux populations de Nlong d'une
part, et d'autre part aux relations qu'il entretenait avec Mgr. René
Graffin et Mgr. Jean Zoa.
I. SUR LE PLAN EVANGELIQUE
L'évangélisation est une des dimensions
essentielles de la mission chrétienne. Cette dernière puise son
fondement dans les Saintes Ecritures2. D'après David Bosch
:
L'évangélisation est la proclamation du salut en
christ à tous ceux qui ne croient pas en lui ; elle les appelle à
la repentance et à la conversion, elle annonce le pardon des
péchés, elle les invite à devenir des membres vivants de
la communauté terrestre du Christ et à essayer de vivre au
service des autres par la puissance du Saint Esprit3.
Avec le sacre de Mgr. Paul Etoga comme le tout premier
évêque camerounais, les populations de Nlong
s'approprièrent de plus en plus le message
d'évangélisation. Cela se faisait remarquer par l'augmentation du
nombre des sacrements et par la redynamisation des confréries.
1Entretien avec le Frère Jean Marie.
2 « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » Cf. Mathieu
28 : 19.
3 D. Bosch, Dynamique de la mission
chrétienne, Paris, Karthala, 1995, p. 23.
$ IO IISSIRSITEMRU tMIAIUXIGISLCWSRSXMRUsitifil
lRUT
L'annonce de l'évangile par les missionnaires avait
pour but d'attirer la sympathie des populations de N long afin de les convertir
au catholicisme4. Avec le sacre de Monseigneur Paul Etoga comme
évêque, il devenait clair pour les populations de Nlong que le
véritable Dieu est celui dont la nature et l'essence avaient
été révélées dans la Bible. L'Eglise
catholique devenait ainsi l'unique « dispensaire » de la grâce
divine, sans elle, il n'y avait point de salut. Et Jésus Christ
était l'unique sauveur de l'humanité.
Pour mieux toucher cette sympathie, le clergé de la
mission catholique de Nlong s'intéressa de plus en plus à la vie
quotidienne des populations en leur demandant d'abandonner certaines pratiques
jugées incompatibles avec les vertus chrétiennes. Les populations
de Nlong réagirent favorablement à ces préceptes de
l'Eglise. La majorité d'entre eux renonça à pratiquer les
rites traditionnels5 (esani, esié,
tsoo, so, etc,) et la polygamie. C'est ainsi qu'entre 1955 et
1961, le nombre de catholiques est passé respectivement de 5860 à
6900. A partir de 1961, ce nombre alla en diminuant et atteindre 2000 en
19876. Cela s'explique par le fait que la paroisse de Nlong
concéda plusieurs de ses villages7à de nouvelles
paroisses créées dans le but de rapprocher l'Eglise des
populations.
Certaines couches sociales à l'exemple des personnes
atteintes de lèpre et d'autres maladies revirent l'espoir de se voir
intégrer à nouveau dans la société car, les
enseignements des missionnaires sur l'égalité et la
fraternité leur donnaient confiance et espoir.
4 Entretien avec Théodore Léandre
Nzie.
5 Entretien avec Gabriel Tsanga.
6 AMCN, Rapport annuel de la Mission Catholique de
Nlong 1986/1987.
7 Nlong est passé de 32 villages en 1955
à 12 villages en 1987.
Il est important de noter que si le clergé de Nlong a
amené les populations à s'approprier l'évangile, c'est
grâce aussi au concours des laïcs engagés comme les
catéchistes. Ces derniers ont apporté la bonne nouvelle aux
confins des villages. L'annonce de l'évangile occupait une place
importante dans l'expansion du christianisme comme le montrent J.P. Messina et
J.V. Slageren : « Le développement de l'agriculture, de la
médecine, de l'enseignement général et théologique
fut encouragé mais à condition qu'il serve au témoignage
de l'évangile dans le pays » 8
B. L'évolution des sacrements de l'Eglise
Les sacrements sont les signes efficaces de la grâce,
institués par le Christ et confiés à l'Eglise, par
lesquels la vie divine nous est dispensée9. L'Eglise
Catholique reconnaît sept sacrements à savoir le baptême, la
confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'onction des malades,
l'ordre et le mariage.
Les registres de la mission catholique de Nlong ont permis
d'élaborer le tableau ci-dessous :
Tableau N°4: Récapitulatif des
baptêmes, des communions, des confirmations, et des mariages de Nlong de
1951 à 1987.
ANNEES
|
BAPTEMES
|
COMMUNIONS
|
CONFIRMATIONS
|
MARIAGES
|
1951-1955
|
380
|
290
|
150
|
96
|
1956-1960
|
516
|
616
|
190
|
104
|
1961-1965
|
520
|
530
|
300
|
180
|
1966-1970
|
400
|
450
|
400
|
65
|
1971-1975
|
404
|
400
|
150
|
75
|
1976-1980
|
520
|
550
|
570
|
50
|
1918-1985
|
488
|
400
|
275
|
35
|
1986-1987
|
100
|
100
|
50
|
15
|
TOTAL
|
3328
|
3336
|
2085
|
620
|
Sources : Registres des baptêmes,
communions, confirmations et mariages de la mission catholique de Nlong.
8 J. P. Messina et J. V. Slageren, Histoire du
christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris,
Karthala, 2005, p. 88.
9 Anonyme, Catéchisme de l 'Eglise
Catholique, p. 248.
1. Le baptême
Le saint baptême est le fondement de toute la vie
chrétienne et la porte qui
ouvre l'accès aux autres sacrements. C'est le sacrement
de la régénération par l'eau et dans la
parole10. Le seigneur lui-même affirme que le baptême
est nécessaire pour le salut. Aussi, a-t-il commandé à ses
disciples d'annoncer l'évangile et de baptiser toutes les Nations. Le
baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels
l'évangile a été annoncé et qui ont eu la
possibilité de demander ce sacrement11.
La courbe ci-dessous permet d'apprécier l'évolution
des baptêmes de la mission catholique de Nlong de 1955 à 1987.
Courbe N°2 : Evolution des baptêmes
de Nlong de 1955 à 1987.
Baptêmes
700 600 500 400
300 200 1 00
0
|
|
|
|
Années
|
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990
Source : Courbe réalisée par
nous grâce au registre des baptêmes de la paroisse de Nlong.
10 Anonyme, catéchisme de l'église
catholique, p. 266.
11 Ibid, p. 273.
Avec le sacre de Mgr. Paul Etoga en 1955, la mission
catholique de Nlong connaît une augmentation sensible du nombre de
baptêmes. A partir de 1966, ce nombre subit une baisse importante. Il est
à noter que pendant cette période, le prélat se
concentrait à bâtir le diocèse de Mbalmayo. L'autre facteur
qui peut expliquer cette baisse est la pénurie des prêtres
à Nlong12. En 1969, Mgr. Jean Zoa en tournée
épiscopale à Nlong ironisait sur ce manquement en disant aux
populations : « Vous vous plaignez de la pénurie des prêtres.
Moi, je sais que vous avez deux prêtres dont l'un est en
pantalon13 »14. Plusieurs personnes
interrogées à Nlong pensent que monseigneur Jean Zoa alors
archevêque de Yaoundé, refusait délibérément
d'affecter les prêtres à Nlong par simple négligence. Cela
dans le but de ternir l'image de la paroisse d'origine de Mgr. Paul
Etoga15.
En 1976, une augmentation du nombre des baptêmes est
perceptible grâce à l'engouement des populations au sacre de Mgr.
Athanase Balla, originaire de Nlong, comme évêque du
diocèse de Bafia. L'année 1981 est marquée par une
diminution du nombre de baptêmes qui s'est amplifié en 1987. Cette
chute est due au démembrement de la paroisse de Nlong.
2. La Confirmation et la communion
Par le sacrement de la confirmation, le lien des
baptisés avec l'Eglise est rendu solide. Ils sont enrichis d'une force
spéciale de l'Esprit Saint et obligés à répondre et
à défendre la foi par la parole et par l'action, en vrai
témoin du christ16. De ce fait, la confirmation apporte
croissance et approfondissement de
12 On observe qu'à partir de 1966, il n'existe
plus de poste de vicaire à Nlong. Un seul prêtre doit s'occuper de
toute la Mission Catholique.
13 Le prêtre en pantalon ici est le chef
catéchiste Joseph Zoa. La mission catholique fonctionnait avec un seul
prêtre nommé Mathias Ateba .
14 M.J.G. Owona, « la mission catholique de Nlong
de 1923-1966 : origine et évolution », Mémoire de Dipes II,
ENS, 1998, pp. 58-59.
15 Monseigneur Paul Etoga disait à qui voulait
l'entendre que c'est lui qui devait normalement être nommé
archevêque en lieu et place de monseigneur Jean Zoa. Ce dernier
digérait mal cette déclaration puisqu'il était titulaire
d'un doctorat « summa cum laude » en 1953 obtenu au séminaire
de la propagande. Ce diplôme était nécessaire pour occuper
une telle fonction.
16 Anonyme, p.278.
700
Communions Confirmations
600
500
400
300
200
100
0
Années
la grâce baptismale. A la mission catholique de Nlong,
ce sacrement avait lieu une fois par an ou après deux ans. Cela
dépendait du passage de l'évêque à la Mission.
L'eucharistie quant à elle est source de toute la vie
chrétienne17. Elle est souvent assimilée à la
communion parce que c'est par ce sacrement que les catholiques s'unissent au
Christ. Pour recevoir la sainte communion pendant la célébration
de l'eucharistie, il faut d'abord prendre la première communion d'une
part, et d'autre part se confesser.
L'examen de passage pour recevoir la première communion
était rigoureux. Il fallait faire au moins deux ans d'étude du
catéchisme18. L'examen final était supervisé
par le curé. La courbe ci-après permet d'apprécier les
évolutions respectives des communions et des confirmations de Nlong.
Courbe N°3 : Evolution des communions et
des confirmations de Nlong de 1955 à 1987.
Effectifs
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990
Sources : Courbe réalisée par nous
grâce au registre des communions et des confirmations de la paroisse de
Nlong.
17 Ibid, p.285.
18 Charles Messi, 52 ans, chef catéchiste
actuelle de la paroisse de Nlong, le 06 Décembre 2007.
La courbe des confirmations évolue en dents de scie. Le
sommet des dents correspond aux visites de l'évêque dans la
localité. Puisque, seuls les évêques ont qualité
à confirmer même s'il peut pour certaines
raisons19concéder cette faculté à des
prêtres. D'après Le catéchisme de l'Eglise
Catholique : « Il est concevable de par le sens même du
sacrement qu'il (l'évêque) le confère lui- même,
n'oubliant pas que c'est pour cette raison que la célébration de
la confirmation a été temporellement séparée du
baptême »20.
A chaque fois que Monseigneur Paul Etoga se rendait à
Nlong, il confirmait les enfants à la mission. En 1958, il confirma plus
de trente enfants. Lors de la première messe de Mgr. Athanase Balla en
tant qu'évêque à Nlong, Mgr. Paul Etoga confirma plusieurs
enfants. C'est cela qui explique l'augmentation du nombre de confirmations
entre 1976 et 1980.
Les communions quant à elles étaient constantes.
Cependant, en 1987 la paroisse de Nlong enregistra une chute brutale du nombre
des communions à cause de son démembrement. Avant le
concile21 Vatican II, Mgr. Paul Etoga s'opposa à la
fête profane qui suivait la cérémonie des communions. Selon
lui, cette fête entachait la cérémonie. Pour D. Massi Gam's
:
Tout ce qui était occidental était
considéré comme sacré mais tout ce qui était issu
du Camerounais (Africain) : Tam-tam, tambour, balafon, cri de youyou de femmes
et le port des tenues traditionnelles africaines étaient
considérés comme de la profanation ou du
syncrétisme22.
Monseigneur Paul Etoga était tout simplement fidèle
aux principes de l'Eglise Catholique.
19Si un chrétien est en danger de mort tout
prêtre doit lui donner la confirmation. En effet, l'Eglise veut qu'aucun
de ses enfants même tout petit ne sorte de ce monde sans avoir
été parfait par l'Esprit Saint avec le don de la plénitude
du Christ.
20 Anonyme, p. 283.
21 Le concile est une réunion
d'évêques qui décident des questions de doctrine et de
discipline ecclésiastique.
22 D. Massi Gam's, «l'évolution complexe
de l'évangile en rapport avec la culture dans l'histoire de l'Eglise en
Afrique : cas du Cameroun au XXe siècle», Mémoire DETA,
Faculté de théologie de Yaoundé.
3. Le mariage
Le sacrement du mariage signifie l'union du Christ et de
l'Eglise. Il donne aux époux la grâce de s'aimer de l'amour dont
le Christ a aimé son Eglise. La grâce du sacrement perfectionne
ainsi l'amour humain des époux. Il affermit leur unité
indissoluble et les sanctifie sur le chemin de la vie
éternelle23. Le mariage se fonde sur la volonté de se
donner mutuellement et définitivement dans le but de vivre une alliance
d'amour fidèle et fécond24. Puisque le mariage
établit les conjoints dans un état public de vie dans l' Eglise,
il convient que sa célébration soit publique, dans le cadre d'une
célébration liturgique devant le prêtre (ou le
témoin qualifié de l'Eglise), les témoins et
l'assemblée des fidèles. La courbe ci-dessous permet
d'apprécier l'évolution du mariage à Nlong de 1955
à 1987.
Courbe N° 4 : Evolution des mariages de
1955 à 1987 à Nlong.
Effectifs
1 80 1 50 1 20
90 60 30
0
|
|
Années
|
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990
Source : Courbe réalisée par nous
à partir du registre des mariages de la mission catholique de Nlong.
A Nlong comme partout au Cameroun, la
célébration du sacrement de mariage était
précédée par la célébration du mariage civil
sous régime monogamique. On exigeait des chrétiens une
préparation convenable pour la réception de ce
sacrement25. Les fiancés devaient suivre un stage de six
à vingt quatre mois dans le sixa. Tout ceci ne décourageait pas
les chrétiens. Entre 1955 et 1965, Nlong connaît une augmentation
du nombre de mariage. A partir de 1968, ce nombre connaît une baisse
progressive. Cela est dû à la fermeture du sixa. Cette fermeture
avait été précédée de nombreuses plaintes
contre les pratiques peu orthodoxes26qui existaient au sein de ce
sixa. A partir de 1975, d'autres raisons peuvent expliquer cette baisse comme
l'exode rural27, le démembrement de la paroisse, etc.
4. La pénitence et l'onction des
malades
Le sacrement de pénitence et de réconciliation
est un sacrement qui consacre une démarche personnelle et
ecclésiale de version, de repentir et de satisfaction du
chrétien. C'est un sacrement de réconciliation car, il donne au
pécheur l'amour de Dieu qui réconcilie. Le Christ a
institué le sacrement de pénitence pour tous les pécheurs
de son Eglise28. C'est à eux que ce sacrement offre une
nouvelle possibilité de se convertir et de retrouver la grâce de
la justification.
A Nlong, on obtenait le sacrement de pénitence
après la confession des péchés devant le prêtre
à la veille des fêtes religieuses comme pâque, noël,
etc. Mais, certaines personnes venaient demander la confession
elles-mêmes parce qu'elles se sentaient coupables d'avoir
péché. Elles prenaient ainsi la résolution de ne plus
recommencer. Les Béti de Nlong étaient habitués à
ce genre de « cérémonie » où, le malade ou le
pécheur se confessait pour obtenir une
25 J. Criaud, La geste des spiritains, p.
92.
26 D'après plusieurs informations, les
prêtres étaient accusés d'avoir des relations intimes avec
les femmes du sixa. C'est cela qui justifiait que certaines d'entre elles
passaient plus de quatre ans dans le sixa.
27 Plusieurs jeunes en âge de se marier ont
quitté Nlong pour aller chercher fortune ailleurs.
28 Anonyme, p. 310.
63 guérison. En moyenne, de 1955 à 1987, on
enregistrait à la mission catholique de Nlong 500 confessions par
an29.
L'onction des malades quant à elle, est le sacrement
qui a pour but de conférer une grâce spéciale au
chrétien qui éprouve des difficultés inhérentes en
cas de maladie grave ou de vieillesse30. Elle consiste à
l'onction de l'huile sainte sur le front et sur la main du malade. A Nlong, ce
sont les parents du malade qui demandaient au catéchiste de faire venir
le prêtre pour administrer ce sacrement. Mais, avant d'y aller le
prêtre demandait au catéchiste si le malade vivait selon les
exigences catholiques lorsqu'il était en bonne santé. Il arrivait
parfois que les prêtres refusent de faire l'extrême onction
à un païen ou à un polygame.
Les sacrements ne sont pas les seuls éléments
qui contribuent au développement de l'Eglise comme disait le pape Jean
XXIII que cite André Seumois en ces termes :
Pour la constitution intégrale de l'Eglise dans
diverses régions, il ne suffit nullement en ce qui concerne les
nouvelles communautés de fidèles de convertir des individus
à la religion Catholique, de les baptiser et les enregistrer en grand
nombre dans les catalogues ; il est aussi et surtout nécessaire de leur
fournir une formation chrétienne indiquée selon les situations et
de les rendre aptes à se charger selon leur capacité des
activités qui peuvent profiter à la vitalité
présente et au développement futur de l'Eglise31.
A cet effet, il est important d'étudier l'action des
confréries sur le développement de la mission catholique de Nlong
de 1955 à 1987.
C. La redynamisation des confréries
Les confréries sont des associations de laïques
fondées sur les principes religieux. Ces associations se consacrent
volontiers à vivre cette spiritualité dans l'Eglise. Avant le
sacre de Mgr. Paul Etoga, les confréries de Nlong
29 AMCN, Rapports annuels de la Mission Catholique de
Nlong de 1955 à 1987.
30 Anonyme, p. 326.
31 A. Seumois, Théologie missionnaire.
Section I. Délimitation de la fonction missionnaire de l'Eglise,
Rome, OMI, 1973, p. 35.
fonctionnaient de manière plus ou moins
performante32. Après 1955, le nombre de membres dans les
confréries augmenta comme le prouve le tableau ci- dessous :
Tableau N°5: Confréries de la
mission catholique de Nlong de 1945 à 1985.
CONFRERIES
|
NOMBRE DES MEMBRES
|
1945
|
1955
|
1965
|
1975
|
1958
|
Saint sacrement
|
428
|
800
|
650
|
300
|
0
|
Sainte vierge Marie
|
207
|
500
|
800
|
500
|
350
|
Sainte Agnès
|
150
|
200
|
150
|
50
|
0
|
Sainte Anne
|
190
|
300
|
200
|
25
|
0
|
Saint Jean
|
24
|
50
|
40
|
10
|
0
|
Saint Rosaire
|
842
|
1500
|
1000
|
700
|
300
|
Source : AMCN, Listes des confréries de
la mission de 1945 à 1985.
Les confréries fonctionnaient selon les vertus du Saint
de leur nom de baptême. A titre d'exemples, la confrérie du Saint
Rosaire avait pour objectif la pratique de la prière. Ses membres se
réunissaient à la mission tous les samedis soir pour prier le
rosaire. Dans la prière, l'Esprit Saint unit le fidèle à
la personne du fils unique et en son humanité
glorifiée33. La confrérie de la Sainte vierge Marie
était composée des femmes qui se donnaient pour ambition de
servir l'Eglise. Ces femmes s'occupaient de la propreté de
l'église, en lavant le sol tous les samedis matin. Pendant les messes,
elles s'occupaient de la discipline et veillaient que chaque chrétien
soit bien assis34. Après 1975, les confréries de Nlong
perdirent progressivement leur ampleur. Néanmoins, elles ont
donné à leurs membres, un profil de chrétien qui leur
permettait d'entrer dans un processus de transformation et de renforcement de
leur foi.
32 Entretien avec Charles Messi.
33 Anonyme, p. 542.
34 Entretien avec Brigitte Ngah.
D. L'implantation des congrégations
religieuses
En 1956, la congrégation des Frères du
Sacré coeur fusionna avec la congrégation des Frères de
Saint Joseph. Cette fusion chamboula les objectifs de cette dernière. En
effet, les Frères de la congrégation de Saint Joseph vivaient
comme des ouvriers. Pour éviter une éventuelle démission
massive de ces derniers, Mgr. René Graffin avait commencé
à travailler pour cette fusion en 195535 avant
l'arrivée d'autres congrégations des Frères au Cameroun.
La congrégation des Frères du Sacré coeur s'installa
à Nlong sur le site de la congrégation des Frères de Saint
Joseph et mit l'accent sur l'enseignement général.
La fusion de ces deux congrégations sera à
l'origine du transfert définitif de l'imprimerie de Nlong à
Yaoundé. Pour le Frère Jean Marie, le manque de personnel
qualifié a milité en faveur de ce transfert. Nonobstant, Mgr
René Graffin pouvait affecter le personnel qualifié à
Nlong au lieu de transférer l'imprimerie à Yaoundé. C'est
pourquoi plusieurs personnes interviewées à Nlong pensent que
Mgr. René Graffin l'avait fait pour ternir la renommée de la
mission catholique de Nlong, Mission d'origine de Mgr. Paul Etoga.
En 1958, un noviciat, chargé de former les futurs
Frères est crée au sein de cette congrégation à
Nlong. Pour devenir Frère, il fallait suivre trois années
d'études et d'épreuves36. Le candidat passait par des
niveaux précis : aspirant, postulant et novice. Plusieurs personnes,
originaires de Nlong, entrèrent au noviciat pour devenir
Frère.
En 1987, la congrégation des Frères du
Sacré coeur est présente à Nlong. Cependant elle n'a plus
dans ses effectifs les Frères originaires de Nlong, puisque ces derniers
ont tous démissionné. Cela apparaît pour le prélat
comme un échec dans son ministère pastoral car pour lui vivre
dans l'humilité37et la prière constituait le salut de
la vie éternelle.
35 AAY, Rapport quinquennal de l'archidiocèse
de Yaoundé, le 26 Décembre 1955, p. 6.
36 Frère Puis Essengue, 90 ans, Frère de
la congrégation des Frères du Sacré coeur, Nlong le 6
Décembre 2007.
37 Entretien avec le Frère Jean Marie.
Le sacre de Mgr. Paul Etoga a donc été à
l'origine de l'augmentation du nombre de sacrements à la mission
catholique de Nlong. Les messages adressés aux populations de Nlong ont
contribué à renforcer la foi de ces dernières. Cet
enthousiasme a permis aux populations d'évoluer dans les
mentalités en intégrant l'évangile dans leur vie. Ce fait
justifie ainsi l'amplification des vocations au sein de la population.
II. SUR LE PLAN DES VOCATIONS
La vocation est le mouvement intérieur par lequel une
personne se sent appelée au sacerdoce ou à la vie religieuse.
Après le sacre de Mgr. Paul Etoga, plusieurs personnes, originaires de
la paroisse de Nlong furent appelées pour le sacerdoce et surtout
à la vie religieuse.
A. Le sa1L113 IleEeIMPLELe
La doctrine catholique, exprimée dans la Liturgie, le
Magistère et la pratique constante de l'Eglise, reconnaît qu'il
existe deux degrés de participation ministérielle au sacerdoce du
Christ : l'épiscopat et le presbytérat38. Le diaconat
est destiné à les aider et à les servir.
WrI lvêque
L'évêque reçoit la plénitude du
sacrement de l'ordre qui l'insère dans le
collège épiscopal. Ce sacrement fait de lui le
chef visible de l'Eglise particulière qui lui est
confiée39. Les évêques, entant que successeurs
des apôtres et membres du collège, ont part à la
responsabilité apostolique et à la mission de toute l'Eglise sous
l'autorité du Pape, successeur de Saint Pierre. En dehors de Mgr. Paul
Etoga, Nlong a connu le sacre épiscopal d'un autre de ses fils. En
effet, en 1976, Mgr. Athanase Balla avait été consacré
évêque du diocèse de Bafia40. Il avait toujours
considéré Mgr. Paul Etoga comme un aîné. Chaque fois
qu'il avait
38A. Mbarga, « Larme à Mbalmayo : le
diocèse pleure son premier évêque » in CPS
Echos, N°2, Mars1998, p. 2.
39 Anonyme, p. 331.
40 Anonyme, p. 339.
des difficultés dans son ministère, il faisait
appel à lui41. En 1983, lorsque deux prêtres ont
été assassinés à Mbalmayo, il est allé
assister à l'office religieux précédant
l'inhumation42.
2. Les prêtres
En vertu du sacrement de l'ordre les prêtres participent
aux dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux
apôtres. Du fait de leur ordination, qui les a fait entrer dans l'ordre
du presbytérat, les prêtres sont tous intimement liés entre
eux par la fraternité sacramentelle. Mais, leur affectation au service
d'un diocèse fait qu'ils dépendent de l'évêque
local. Ils forment ainsi tout spécialement à ce niveau un
presbyterium unique43.
En 1955, au moment où Mgr. Paul Etoga est
consacré évêque, six prêtres44originaires
de Nlong ont déjà été ordonnés. Le tableau
ci-dessous permet d'apprécier le nombre des prêtres originaires de
Nlong, ordonnés entre 1955 et 1987.
Tableau N°6 : Prêtres originaires de
N long entre 1955 et 198745.
Nom des prêtres
|
Situation
|
Théodore Tsala
|
Décédé le 24/08/79
|
Théophile Owona
|
Décédé le 08/09/02
|
Aloys Essono
|
Archidiocèse de Yaoundé
|
Berthe Lucien Nama
|
Engelbert Meyong
|
Thadée Effa Ottou
|
Bathelemy Nama
|
Diocèse de Mbalmayo
|
Janvier Nama
|
Baltazar Ntsama Eyegue
|
Yves Etoga Nvondo
|
Source : Tableau réalisé par nous
grâce aux informations reçues de nos informateurs.
41 Balla Athanase, 84 ans, Ancien évêque
du diocèse de Bafia, Yaoundé le 15 Novembre 2007
42 Monseigneur Athanase Balla est un Mebara Kono du
clan Mvog Nama de Nlong. II est ordonné prêtre en 1956 en France.
Il appartient à la congrégation des Pères du Saint
Esprit.
43 Etoga, p. 49.
44 Il s'agit de Albert Okala, Michel Bindzi, Benoit
Ndjigui, Jean Kounou, Marius Etoundi, Joseph Nama.
45 Les trois derniers prêtres du tableau
ci-dessus étaient encore au grand séminaire en 1987.
Il est important de noter que la mission catholique de Nlong
appartenait à l'archidiocèse de Yaoundé entre 1955 et
1987. C'est pourquoi les natifs de Nlong qui voulaient entrer au
séminaire allaient soit au petit séminaire de Mva'a soit au petit
séminaire d'Akono46. A partir de 1961, ces enfants ont
été victimes de la rivalité qui existait entre Mgr. Paul
Etoga et Mgr. Jean Zoa. Certains d'entre eux ont été à
maintes reprises exclus du grand séminaire47. Ce qui est
certain, c'est à cause de leur origine que plusieurs grands
séminaristes originaires de la paroisse de Nlong ont fait face à
plusieurs épreuves pour devenir prêtres48.
B- Les religieuses
En 1955, l'archidiocèse de Yaoundé comptait une
seule congrégation des religieuses indigènes49
à savoir la congrégation des filles de Marie de Yaoundé.
Ces filles étaient destinées aux oeuvres féminines dans
les diverses stations. Cette congrégation compte 77 professes, dont
beaucoup avaient des voeux perpétuels. Parmi ces dernières, nous
pouvons citer Soeur Jeanne Alega Messi50originaire de Nlong.
De 1955 à 1987, plusieurs jeunes filles originaires de
Nlong sont entrées dans la congrégation des filles de Marie pour
devenir Soeurs comme le prouve le tableau ci-dessous :
46 AAY, Rapport quinquennal de l'archidiocèse
de Yaoundé, le 26 décembre 1955, p. 8.
47 Après leur étude au petit
séminaire, ceux qui voulaient devenir prêtres allaient au grand
séminaire d'Otélé et au grand séminaire de
Mvolyé.
48 Berthe Lucien Nama, 47 ans, curé actuel de
la paroisse de Zoa, Zoa le 15 Janvier 2008.
49 AAY, Rapport quinquénnal de
l'archidiocèse de Yaoundé, le 26 Décembre 1955, p. 8.
50 Soeur Jeanne Alega Messi est une Mebara Kono du
clan Nvog Nama. La congrégation des filles de Marie a été
reconnaissante du travail de pionnière qu'elle avait joué au sein
de la communauté en baptisant un collège d'enseignement technique
industriel à son nom : le CETI Jeanne Alega Messi à
Mvoyé.
Tableau N°7 : Soeurs consacrées,
originaires de Nlong de 1955 à 1987.
NOM ET PRENOM DES SOEURS
|
CONGREGATION RELIGIEUSE
|
Pauline Nguenda
|
Congrégation des filles de Marie
|
Marie Thérèse Mbatoumou
|
Blandine Ntila
|
Stéphanie Mebara
|
Guillaume Claire Ngono
|
Madeleine Zacharie Nga Ndzana
|
Cécile Avidi
|
Mariane Ngono
|
Laurentia Omgba Okoa
|
Laurentine Betsi
|
Agathe Befe
|
Créscence Owona (décédée)
|
Marie Rose Sama
|
Source : Tableau réalisée par nous
grâce aux informations reçues de la Soeur Pauline
Nguenda51.
Parmi ces Soeurs, seule Soeur Marie Thérèse
Mbatoumou52 a été consacrée par Mgr. Paul Etoga
le 21 janvier 1959.
Les relations ambiguës que Mgr. Paul Etoga entretenait
avec Mgr. René Graffin d'une part, et d'autre part avec Mgr. Jean Zoa
n'ont pas empêché les populations de Nlong de participer aux
activités de l'Eglise Catholique. Mgr. Paul Etoga de par sa
réussite faisait honneur aux populations de Nlong. Cela lui a
été rendu parce que plusieurs fils et filles de cette
localité sont devenus respectivement prêtres et religieuses.
L'évangile a été appropriée et
intégrée à la vie quotidienne des populations. Cependant,
le sacre de Mgr. Paul Etoga a été perçu pour certains
comme un couronnement. Durant son épiscopat, ces derniers ne
s'adonnaient plus aux activités religieuses sous prétexte qu'il
allait intercéder auprès de Dieu pour eux53. Par
ailleurs, le prélat n'avait pas négligé l'aspect
socio-économique dans ses relations avec les populations de Nlong.
51 Pauline Nguenda, 75 ans, Soeur de la
congrégation des filles de Marie, Yaoundé le 18 Décembre
2007.
52 Soeur Marie Thérèse a
démissionné quelques années plus tard de la
congrégation et est retournée dans le monde.
53 Entretien avec l' Abbé Théodore
Léandre Nzie.
CHAPITRE V. L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE L'EPISCOPAT
DE MONSEIGNEUR PAUL ETOGA SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA MISSION CATHOLIQUE
DE NLONG.
De 1955 à 1987, Nlong a subi des mutations sur le plan
socio- économique. Cette situation a été causée par
le sacre de Mgr. Paul Etoga comme premier évêque camerounais d'une
part et d'autre part par l'écho de ses messages.
I. SUR LE PLAN SOCIAL
La mission catholique de Nlong a connu plusieurs bouleversements
sociaux durant l'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga.
A. L'abandon de la polygamie par les populations de
Nlong
Pour l'Eglise catholique, la polygamie constituait un frein
à la conversion. Le prélat avait toujours appuyé
l'idée de Monseigneur F.X. Vogt qui considérait la polygamie
comme « un fléau social » qu'il fallait combattre. Le fait
d'imposer la monogamie aux chrétiens supposait qu'on n'adoptait une
coutume occidentale au détriment de celle africaine1. Les
polygames de Nlong faisaient face à trois cas de figure :
- le premier était de contracter un mariage religieux avec
la première épouse puis, en ajouter d'autres selon la coutume
;
- le second était de rester indifférent aux voeux
des missionnaires en conservant toutes les femmes ;
1L.P. Ngongo, Histoire des institutions et des
faits sociaux du Cameroun, Paris, Berger Levrault, 1987, p. 172.
- le troisième consistait à répudier toutes
les femmes en retenant une seule pour un mariage chrétien.
Cette dernière issue était fréquente chez
les populations de Nlong. L'abandon de la polygamie par les populations s'est
fait avec douleur. Le fait d'avoir plusieurs femmes supposait détenir
des biens ; par contre l'abandon des biens voulait dire perdre sa place de
notable dans la société traditionnelle2.
B. Syncrétisme et inculturation à Nlong
L'inculturation est aujourd'hui un mot cher à l'Eglise
catholique. Le mot en fait est un néologisme qui exprime une
réalité qui a toujours préoccupé les africains
depuis l'intrusion du christianisme dans leur société. C'est
pourquoi, elle se comprend mieux par rapport au syncrétisme.
Depuis le concile Vatican II, la langue locale dans l'annonce
de l'évangile en pays jadis qualifiés de mission3 a
été introduite. L'inculturation entend donner une nouvelle
orientation à l'évangélisation dans ces pays là. Le
constat qui se dégage après le concile Vatican II est que l'Homme
de Nlong a toujours été l'Homme du milieu c'est-à-dire, un
homme à mis parcours entre le christianisme et ses rites et traditions
religieuses. Cette attitude n'est rien d'autre que du syncrétisme. La
situation aurait pu être autrement si les missionnaires avaient reconnu
quelques valeurs aux croyances traditionnelles. Aussi parce qu'ils n'ont pas
vite compris que dans chaque rencontre de culture, aucune n'est à
rejeter en bloc. A ce propos Nicolas Ossama relève que :
Les changements entraînés par la conversion des
camerounais de Yaoundé au catholicisme sont dus au fait que cette
conversion a exigé des catholiques camerounais (...) un certain nombre
d'attitudes, des comportements les obligeants à rompre avec des usages
traditionnels en honneur4.
2 P. Laburthe Tolra, Vers la lumière
où le désir d'Ariel à propos des Béti du Cameroun,
sociologie de la conversion, Paris, Karthala, 1999, p. 485.
3 J. Olson, Histoire de l 'Eglise : vingt
siècle et six continents, Yaoundé, CL E, 1972, p. 167.
4 Ossama, p. 162.
Ainsi les pratiques comme la polygamie, le recours aux
voyances, l'utilisation des totems, la croyance aux présages et songes,
la pratique des rites, l'infidélité, le concubinage sexuel
étaient observés même parmi les convertis.
Le processus par lequel la catéchèse s'incarne
dans les différentes cultures était la solution pour
remédier à cette situation. Monseigneur Paul Etoga a joué
un rôle dans ce sens. Il a toujours été souple dans
l'application des préceptes de l'Eglise. L'excommunication d'un
chrétien devait se faire seulement après avoir
épuisé toutes les possibilités. Certaines personnes ont
vite déclaré qu'il était complaisant.
C. t or XiLllp41Xffliil
L'école primaire catholique de Nlong et le juvénat
des Frères du Sacré
coeur ont joué un rôle important dans la formation
intellectuelle et morale des enfants de Nlong
Mt opvolution de lopFFOISLIP riLllfflialEXH41}11
OU
L'école primaire catholique de Nlong préparait les
élèves aux vocations si
bien que les candidats qui arrivaient au cours moyen II
étaient soit conduits au noviciat pour devenir Frère ou au
séminaire pour devenir prêtre, soit au juvénat pour
continuer leurs études.
En 1969, la section des filles ferma ses portes5.
Seule l'école primaire catholique St. Pierre et Paul ci-après
continua à fonctionner.
5 Entretien avec Joseph Ebode.
Photo N°8 : Ecole primaire catholique de
Nlong
Source : Cliché J. H. Ngah Ekani, Nlong
le 6 Décembre 2007.
Cette période correspond à la construction de
l'école primaire publique à Nlong. Le fonctionnement de cette
école a eu pour conséquences de réduire les effectifs de
l'école primaire catholique6 et il devenait impérieux
pour cette dernière d'appliquer les enseignements des programmes
officiels. Cette situation n'avait pas été acceptée de
gaîté de coeur par les catholiques. N. Ossama qui cite Monseigneur
Vogt déclare :
Que nous ayons dans nos écoles quelques livres des
écoles du gouvernement, j'en conviens, il le faut. Mais n'oublions pas
que ce n'est pas ce qu'il faut à nos enfants chrétiens. Dieu ne
doit pas être systématiquement écarté des
dictées, des leçons, des rédactions dans nos
écoles7.
A coté de l'école primaire catholique de Nlong se
trouvait le juvénat des Frères du Sacré coeur.
6 Entretien avec l'Abbé Théodore
Léandre Nzie.
7 Ossama, pp. 59-60.
2. Le juvénat des Frères du Sacré
coeur
Le juvénat des Frères du Sacré coeur a
été crée à Nlong en 1956. Son
directeur fondateur était le Frère Florent. Il
comprenait les classes de 6e et de 5e. Ceux des
élèves qui voulaient continuer leurs études pouvaient le
faire mais à Makak8. En 1968, le juvénat des
frères du sacré coeur va fermer ces portes par manque
d'élèves. En 1978, un internat est fondé par le
Frère Lucien Belinga. Il est baptisé internat St. Ange de Nlong
et revêt un aspect moderne comme le montre la photo ci-après :
Photo N°9 : Internat St. Ange de Nlong.
Source : Cliché J. H. Ngah Ekani, Nlong
le 6 Décembre 2007.
Le but de l'internat était d'encadrer intellectuellement
et spirituellement les enfants qui y étaient inscrits9.
8 Le juvénat de Makak des Frères du
Sacré coeur allait jusqu'en classe de 3e.
9 Entretien avec le Frère Jean Marie.
D. L'action sanitaire de la mission
L'action sanitaire de la mission catholique de Nlong a
été perturbée durant l'épiscopat de Monseigneur
Paul Etoga. Son dispensaire fonctionnait avec l'aide de la fondation Ad Lucem.
Il était dirigé par les Soeurs du très Saint sauveur. Les
Soeurs menaient une activité remarquable. Parfois certaines maladies ne
pouvaient pas être soignées par les Soeurs puisque le dispensaire
ne disposait pas de tous les appareils. Dans ce cas, elles transportaient le
malade à l'hôpital central de Yaoundé où il
était soigné. Ceux qui étaient hospitalisés
bénéficiaient gratuitement d'un suivi des Soeurs. En cas de
décès, le corps était transporté au village du
défunt et la famille était exemptée des frais de
transport. Les femmes suivies par les Soeurs pendant la grossesse accouchaient
gratuitement à Nlong10. Et, si l'une d'entre elles n'avait
pas la layette, les Soeurs lui donnaient quelques brassières et couches
de bébé11. Ces soins donnaient à Nlong une
réputation presque nationale puisque certaines personnes quittaient de
Yaoundé et Douala pour s'y faire soigner12.
Après 1956, le dispensaire de Nlong subit les
conséquences des positions politiques du prélat d'une part et
d'autre part les conséquences des rivalités entre Monseigneur
Réné Graffin et lui. En effet, l'archevêque avait
répandu la nouvelle selon laquelle Monseigneur Paul Etoga était
contre les français13. Ce qui lui mettait à dos tous
les français, y compris le clergé de la mission catholique de
Nlong.
Aussi, lors des élections législatives de
Décembre 1956 au Cameroun, Mgr. Paul Etoga apporta son soutien à
André Marie Mbida14 au détriment de L.P. Aujoulat.
Cela est indirectement l'une des raisons de la défaite de ce dernier.
Ces situations auront pour conséquences la réduction des
subventions
10 M.J.G. Owona « la mission catholique de Nlong
1923-1966 : origine et évolution », p. 94.
11 Entretien avec Brigitte Ngah.
12 Entretien avec Marc Ekani.
13 E. Abessolo, «L'épiscopat de
monseigneur Paul Etoga», p. 31.
14 Ossama, p. 133.
accordées au dispensaire de Nlong par la fondation Ad
Lucem15. Ainsi, le manque de médicaments sera à
l'origine de la perte progressive de l'efficacité et de la
renommée du dispensaire de Nlong16 ci-après :
Photo N°10 : Dispensaire
réhabilité de la paroisse de Nlong.
Source : Cliché J. H. Ngah Ekani, N long
le 7 Décembre 2007.
En dehors des domaines scolaire et sanitaire, d'autres domaines
à l'instar de l'économie ont connu des mutations durant
l'épiscopat de Mgr. Paul Etoga.
II. SUR LE PLAN ECONOMIQUE
L'économie est définie comme étant
l'ensemble des activités d'une collectivité humaine relative
à la production, la distribution et la consommation des
richesses17. Chez les populations de Nlong, la division du travail
se faisait par sexe et par tranche d'âge. Les travaux difficiles
étaient réservés aux hommes
15 Entretien avec l'Abbé Théodore
Léandre Nzie.
16 Les soeurs du très Saint sauveur sont
parties de N long en 1990. Le dispensaire est resté longtemps
fermé. Aujourd'hui, il est géré par un particulier.
17 Le Petit Larousse Illustré, Paris,
Larousse, 1992, p. 360.
et les moins pénibles aux femmes. L'agriculture
était la principale activité économique. Les missionnaires
s'étaient donc atteler à organiser cette branche
d'activité en demandant aux agriculteurs de produire d'autres cultures
autres que les cultures vivrières.
A. La vulgarisation des cultures de rente.
Grâce à l'incitation à la production des
cultures de rente, les populations de Nlong vont se lancer à la pratique
de la culture du cacao, du café, du palmier à huile18,
etc. Il existe dès lors une sorte d'association du cacao aux autres
cultures. Ainsi au milieu des « pieds » de maniocs ou de bananiers,
sont mis en terre les jeunes plantes de cacaos et de palmiers à huile.
Progressivement les planteurs de Nlong vont s'organiser avec l'aide des
missionnaires et créer des parcelles propres à chaque culture de
rente.
Chaque fois que Monseigneur Paul Etoga avait l'occasion de
s'adresser aux populations de Nlong, il leur demandait de pratiquer une
agriculture mixte. Pour lui, la vente du cacao et de l'huile de palme devait
leur donner suffisamment d'argent pour faire des investissements
durables19. En effet entre 1957 et 1985, le prix du kilogramme de
cacao n'avait cessé d'augmenter passant de 190 à 410 FCFA.
Les techniques de culture utilisées pour cette
agriculture étaient archaïques. Les outils utilisés
étaient la houe, la machette, le plantoir, etc. Les engrais ne
constituaient pas un aspect important. Comme conséquence, il y avait des
faibles rendements.
Cependant, les plantations de cacao et de palmier à
huile devenaient un facteur essentiel de migration des populations dans la
localité. Chaque planteur avait le souci de s'approprier une partie de
la forêt et de s'installer à proximité
1 8Entretien avec Gabriel Tsanga. 19Etoga, p. 36.
de ses vergés personnels. En outre, les opérations
de défrichement, d'entretien et de récoltes demandaient beaucoup
de main d'oeuvre.
B. L'urbanisation de Nlong
L'urbanisation de Nlong s'est accentuée avec la
construction de son dispensaire. Cela a entraîné une
arrivée quotidienne des malades20 et des familles. Il fallait
ainsi construire des maisons pour accueillir tout ce monde. Nlong étant
aussi situé sur la route Yaoundé-Douala, les débits de
boissons et auberges ont vite fait de s'y installer. Avec l'argent que les
planteurs gagnaient de la vente du cacao et de l'huile de palme, ils ont
amélioré leur logis21. La plupart d'entre eux ont
construit des maisons avec des matériaux en durs et semi durs,
élevant ainsi leur niveau de vie. Cette position stratégique de
Nlong l'a permis de bénéficier de la construction d'un
collège d'enseignement secondaire général22. En
1987, Nlong dépendait sur le plan administratif du district de Lobo dans
le département de la Lékié.
Avec un passé aussi glorieux que d'avoir
été la mission d'origine du premier évêque
camerounais, et d'avoir été le deuxième pôle de
l'archidiocèse de Yaoundé après Mvolye dans les
années soixante, Nlong reste hélas l'ombre d'elle-même avec
les vielles bâties qui jadis ont fait sa fierté. On se serait
pourtant attendu à voir un peu plus sur le plan socio économique
de la région.
20 Nlong recevait en moyenne 3500 malades par an. Cf.
AMCN, Rapport annuel de la mission catholique de Nlong de 1955.
21 Jean. Tsanga, agent d'Etat retraité, 66
ans,Nlong le 9 Décembre 2007.
22 Le CES s'est transformé en lycée
depuis maintenant plus de 10 ans.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de ce travail, il ressort que la mission catholique
de Nlong a été d'abord un poste catéchiste de la mission
de Mvolyé. Il a fallu attendre 1926 pour voir s'installer les
missionnaires dans cette localité. Ces derniers ont
réalisé non seulement des oeuvres à caractère
religieux mais aussi des oeuvres à caractère social et
économique.
La mission catholique de Nlong a atteint son apogée en
1955 avec le sacre épiscopale d'un de ses fils à savoir Mgr. Paul
Etoga. Cet événement a suscité assez d'espoir au sein de
la population de Nlong. Cela s'est fait ressentir lors de sa première
messe où toute la population s'était rendue. Cet enthousiasme a
été atténué plus tard à cause des
difficultés que le prélat a rencontrées à
Yaoundé. Difficultés qui l'empêchaient d'exercer pleinement
sa fonction épiscopale.
Néanmoins, ce sacre a contribué à
susciter des vocations au sein de la population de Nlong. Ainsi plusieurs
jeunes se sont lancés à la vie sacerdotale et à la vie
religieuse. La région a enregistré entre 1955 et 1987 une
consécration, plusieurs ordinations, etc.
Cependant, certains d'entre eux ont rencontré des
difficultés au grand séminaire à cause des
rivalités entre Mgr. Paul Etoga et Mgr Jean Zoa. La mission catholique
de Nlong a aussi subi les conséquences des choix politiques du
prélat. En effet, son dispensaire a perdu sa renommée à
cause de l'arrêt des subventions de la fondation Ad Lucem, fondation
crée par Louis Paul Aujoulat. L'image que Mgr. Paul Etoga laissait
paraître était celle d'un homme simple et soucieux de l'avenir des
populations. Cette image faisait qu'il était respecté et
estimé de tous.
Malgré les difficultés et grâce aux
messages qu'il a adressés aux populations de Nlong, il a su toucher les
coeurs et susciter un intérêt particulier pour le catholicisme.
Les populations de cette localité se sont appropriées
l'évangile en rejetant plusieurs coutumes ancestrales
comme la polygamie. Sur le plan évangélique, l'impact de son
épiscopat a donc été positif. A cet effet, Jean Paul
Messina félicita l'oeuvre évangélisatrice de
l'évêque en ces termes : « Mgr. Etoga reste un grand nom dans
l'histoire du christianisme au Cameroun »1
Sur le plan social et économique, l'impact de
l'épiscopat de Mgr. Paul Etoga est mitigé. Aucun investissement
concret personnel n'a été réalisé. C'est tout
simplement à travers ses messages qu'il a réussi à
susciter l'intérêt pour l'école et la pratique de
l'agriculture de rente. La pratique de l'agriculture de rente a
contribué au développement de la localité sur le plan
infrastructurel.
Toutefois, la mission catholique a souffert des
rivalités entre Mgr. Paul Etoga et Mgr. Jean Zoa. Ainsi, dans le souci
de rapprocher les chrétiens des postes missionnaires, l'archevêque
de Yaoundé a démembré la paroisse de Nlong sans tenir
compte de sa renommée. En 1987, il ne restait plus que 12 chapelles et,
le nombre de chrétiens a diminué passant de 6000 chrétiens
en 1955 à 2000 chrétiens en 1987. Force est de constater qu'en
1987, la paroisse de Nlong n'est plus l'ombre d'elle-même. Elle a
été victime du temps et des différentes actions
néfastes qu'elle a subies des détracteurs de Mgr. Paul Etoga.
Enfin de compte, la réhabilitation des bâtiments
(l'église St. Pierre Claver, le dispensaire, le juvénat,
l'école primaire catholique, etc,) qui jadis ont fait la fierté
de Nlong, s'avère impérieux et important car la paroisse
d'origine du premier évêque camerounais2 mérite
tous les honneurs.
1 J.P.Messina, «Contribution», p.268.
2 Mgr. Paul Etoga est mort le 13 mars 1998 à
l'age de 87 ans.
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I. DOCUMENTS D'ARCHIVES
A. Archives de l'archidiocqse de Yaoundé (AAY)
1. Notes sur le partage du vicariat du Cameroun, le 30 Juin
1927.
2. Projet de création d'un vicariat apostolique au
Cameroun
3. Rapport du conseil du vicariat apostolique du Cameroun, le 12
Décembre 1931
4. Réflexion sur la lettre et le rapport de Rigobert
Owono à Mgr. Etoga, le 22 Juin 1973.
5. Rapport quinquennal de l'archidiocèse de
Yaoundé le 26 Décembre 1955.
B. Archives de la Mission Catholique de Nlong
(AMCN)
1. Rapport annuel de la Mission Catholique de Nlong 1931/1
932
2. Rapport annuel de la Mission Catholique de N long
1936/1937
3. Rapport annuel de la Mission Catholique de N long
1945/1946
4. Rapport annuel de la Mission Catholique de N long
1954/1955
C. Archives du Diocèse de Mbalmayo
(ADM)
1. Anonyme, Réflexion sur la vie chrétienne,
mémoire pastoral de Mgr. Paul Etoga, Mbalmayo, 1995.
2. Etoga P., Circulaire N° 18, Janvier 1965
3. Etoga P., « Notice sur le diocèse de Mbalmayo
1961-1986 »
D. Archives Nationales de Yaoundé
(ANY)
1. 3 AC 4105, Statistique des Missions Catholiques 1956-1957
2. APA 10384/J, Rapport de Mgr. Vogt au gouverneur Marchand
sur l'oeuvre des missionnaires catholiques du vicariat du Cameroun, 3 Septembre
1926.
3. APA 10559/B, Les Eglises indigènes.
4. A PA 1 0560/A, Culte catholique - Père du Saint Esprit
- Incident divers- Rapport avec Mgr. Vogt 1929-1937.
5. APA 10572/J, Pères du Saint Esprit.
6. APA 1 1935/C, Sixa 1949.
II. LISTE DES PERSONNES INTERVIEWEES
Noms et prénoms
|
Age
|
Statut social
|
Lieu et date de l'entretient
|
Balla Athanase
|
84 ans
|
Ancien évêque du diocèse de Bafia.
|
Yaoundé, le 15/11/2007
|
Ebodé Joseph
|
68 ans
|
Technicien du génie civil retraité.
|
Nlong, le 07/12/2007
|
Ekani Marc
|
63 ans
|
Militaire retraité
|
Nlong, le 15/05/2007
|
Essengué Puis
|
90 ans
|
Frère de la CFSC
|
Nlong, le 06/12/2007
|
Mebara Stephanie
|
44 ans
|
Soeur de la CFM
|
Yaoundé, le 18/12/2007
|
Messi Charles
|
52 ans
|
Chef catéchiste actuel de la paroisse de Nlong
|
Nlong, le 06/12/2007
|
Meyong Engelbert
|
54 ans
|
Prêtre. Ancien Supérieur du petit
séminaire de Mbal mayo
|
Mbalmayo, le 26/01/2008
|
Nama Bathelemy
|
40 ans
|
Prêtre
|
Yaoundé, le 14/01/2008
|
Nama Berthe Lucien
|
47 ans
|
Curé actuel de la paroisse de Zoa
|
Zoa, le 15/01/2008
|
Nama Joseph
|
80 ans
|
Prêtre
|
Mbalmayo, le 26/01/2008
|
Ngah Brigitte
|
88 ans
|
Agricultrice
|
Nlong, le 11/05/2007
|
Nguenda Pauline
|
75 ans
|
Soeur de la CFM
|
Yaoundé, le 18/1 2/2007
|
Nzié Théodore Léandre
|
40 ans
|
Curé actuel de la paroisse de Nlong
|
Nlong, le 06/12/2007
|
Tsanga Gabriel
|
80 ans
|
Technicien agricole retraité
|
Nlong, le 06/1 2/2007
|
Tsanga Jean
|
66 ans
|
Agent de l'Etat retraité
|
Nlong, le 09/1 2/2007
|
III. OUVRAGES
1. Beaud M., L'art de la thèse, Paris, La
découverte, 1985
2. Bilongo B., Les pahouins du sud Cameroun, inventaires
bibliographiques, connaissance des fang- Ntoumou- Mvae - Boulou - Beti (Eton,
Manguissa, Mvelé, Béné, Ewondo), Yaoundé, St.
Paul, 1970.
3. Bosch D., Dynamique de la mission
chrétienne, Paris, Karthala, 1995.
4. Criaud J., Ils ont planté l'Eglise au Cameroun,
les palottins 1980-1915, Yaoundé, Ima, 1989.
- La geste des spiritains, histoire de l 'Eglise au Cameroun
1916-1990, Yaoundé, St Paul, 1990.
5. Dammann E., Les religions de l'Afrique, Paris,
Payot, 1978.
6. Dussercle R., Du Kilimandjaro au Cameroun, Monseigneur F.
X. Vogt 1870-1943, Paris, La colombe, 1954.
7. Etoga P., Mon autobiographie, Bonn, Chanoine,
1995.
8. Ki-zerbo J., Histoire de l'Afrique Noire d'hier à
demain, Paris, Hatier, 1978.
9. Laburthe Tolra P., Initiation aux sociétés
secrètes au Cameroun. Essai sur la religion Béti, Paris,
Karthala, 1985.
- Vers la lumière ou le désir d'Ariel
à propos des Béti du Cameroun, sociologie de la conversion,
Paris, Karthala, 1999.
10. Loung J.F., Géographie du Cameroun, Paris,
Hatier, 1973.
11. Medewalé et Agossou, Christianisme africain,
Paris, Karthala, 1987.
12. Messina J.P. et Slageren J.V., Histoire du
christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris,
Karthala, 2005.
13. Messina J.P., Une grande figure chrétienne au
Cameroun ; Joseph Zoa (1985-1971), Yaoundé, CDO, 1989.
14. Mveng E., Histoire du Cameroun, Tome II,
Yaoundé, CEPER, 1985.
15. Ngongo L.P., Histoire des forces religieuses au
Cameroun, Paris, Karthala, 1982.
- Histoire des institutions et des faits sociaux du
Cameroun, Paris, Berger Levrault, 1987.
16. Olson J., Histoire de l 'Eglise : vingt siècles
et six continents, Yaoundé, CLE, 1972.
17. Ossama N., L 'Eglise de Yaoundé : aperçu
historique, Yaoundé, St. Paul, 1997.
18. Santor C. et Bopda A., Atlas régional du Sud
Cameroun, Paris, ORSTOM, 1995.
19. Seumois A., Théologie missionnaire. Section I.
Délimitation de la fonction missionnaire de l 'Eglise, Rome, OMI,
1973.
20. Slageren J.V., Histoire de l'Eglise en Afrique,
Yaoundé, CLE, 1969.
IV. THESES ET MEMOIRES
A. Thèses
1. Messina J.P., «Contribution des camerounais à
l'expansion de l'Eglise
catholique : le cas des populations du Sud Cameroun 1890-
1961», Thèse de doctorat 3e cycle en
Histoire, Université de
Yaoundé, 1988.
2. Mvogo W., «La mission de l'Eglise catholique au
Cameroun en général et chez les Béti en particulier de
1890 à 1961», Thèse de doctorat de 3e cycle en
Théologie catholique, Université de la propagande, Rome, 1979.
B. Mémoires
1. Abessolo E., «L'épiscopat de monseigneur Paul
Etoga : 1955-1987», Mémoire de DIPES II en Histoire, ENS, 2000.
2. Anya J.B., «L'épiscopat de Mgr. René
Graffin au Cameroun 1931-1961», Mémoire de DI PES II en Histoire,
ENS, 1997.
3. Ayissi Mbida A.M., «La Mission Catholique de
Mvolyé 1901-1961 ; 60 ans d'une évolution religieuse
authentique», Mémoire de DI PES II en Histoire, ENS, 1997.
4. Massi Gam's D., L'évolution complexe de
l'évangile en rapport avec la culture dans l'histoire de l'Eglise en
Afrique : cas du Cameroun au 20e siècle», Mémoire
DETA, Faculté de Théologie Protestante de Yaoundé,
1994.
5. Mbida E., «Les langues locales et
l'évangélisation des populations du sud Cameroun : le cas des
Ewondo chez les catholiques 1901- 1960», Mémoire de DIPES II en
Histoire, ENS, 1999.
6. Nga Mballa J., «La contribution de la Mission
Catholique au développement de Nkometou : 1949-1990»,
Mémoire de DI PES II en Histoire, ENS, 2004.
7. Ngongang E., «Le sixa à l'ouest du Cameroun
sous administration française», Mémoire de DIPES II en
Histoire, ENS, 2004.
8. Ntsama Seme A., «Les relations entre l'administration
et l'Eglise catholique dans la région du Nyong et Sanaga : 1922-
1960», Mémoire de DIPES II en Histoire, ENS, 1995.
9. Owona M.J.G., «La mission catholique de Nlong
(1923-1966) : origine et évolution», Mémoire de DIPES II en
Histoire, ENS, 1998.
V. ARTICLES ET AUTRES DOCUMENTS
1. Anonyme, Catéchisme de l'Eglise catholique,
Paris, Mame/Plon, 1992.
2. L'Effort camerounais, N° 64 du 16 au 22
Décembre, 1956.
3. L'Effort camerounais, N° 190 du dimanche 24 Mai
1959.
4. L'Effort camerounais, N° 207 du 4 Octobre 1959
5. L'Effort camerounais, N° 213 du 15 Novembre
1959
6. L'Effort camerounais, N° 217 du 13
Décembre 1959.
7. L'Effort camerounais, N° 372 du 13 Janvier
1963.
8. Messina J.P., « La recherche sur l'histoire du
christianisme au Cameroun. Bilan et perspective » in Africa
Zamani, N° 20, 1983
9. Mbarga A., « Larme à Mbalmayo : le diocèse
pleure son premier évêque » in CPS Echos, N° 2,
Mars 1998.
10. Nleb bekristen, Bi mensuel, N° 227 du 20 Janvier
1956
11. Raymond J., « Mission et inculturation » in
Vie et foi, Spiritus N° 98, Paris, 1985.
DOCUMENTS ANNEXES
88
90
Source : AAY, Rapport quinquennal de
l'archidiocèse de Yaoundé le 26 Décembre 1955
93
95
Source : AMCN, Rapport annuel de la mission
catholique de Nlong de 1936-1937
Source : ADM, Registre des condoléances
à la mémoire de Mgr. Paul Etoga
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