Conclusion Générale
Tout au long de ce mémoire nous avons essayé de
répondre à une problématique qui fait lieu de débat
relativement récent sur le plan international et qui consiste dans le
choix de la méthode de présentation de l'information
financière permettant d'atteindre le meilleur degré de pertinence
possible et favorisant la prise de décision des utilisateurs.
Ce débat confronte, ainsi, le modèle du
coût historique -synonyme de prudence- à celui de la juste valeur
-synonyme de pertinence-. En d'autres termes, qui d'entre les coûts et
les valeurs permettra de répondre aux nouvelles exigences en
informations pertinentes du contexte économique international ?
Le modèle du coût historique avait fait ses
preuves pendant longtemps, vu les qualités qu'il procure tels que la
simplicité, l'objectivité et la prudence.
Toutefois, plusieurs enjeux ont été à
l'origine de l'émergence et l'évolution de plus en plus
accélérée du modèle d'évaluation à la
juste valeur.
Dans un contexte économique international
caractérisé par l'incertitude, la turbulence et la
diversification des risques, la toile de fond de ce contexte demeure la
qualité de l'information financière. Le recours à une
présentation à la juste valeur de cette information vient ainsi
répondre aux exigences des marchés financiers qui expriment de
nouveaux besoins en information la plus pertinente possible et traduisant les
risques induits par les fluctuations des marchés.
A travers le développement de la première partie
du présent mémoire, nous avons essayé de présenter
les principaux facteurs d'émergence du modèle comptable à
la juste valeur.
Ainsi, nous avons conclu que l'émergence de ce
modèle a été motivé principalement par le
développement des marchés financiers, les conséquences
néfastes des scandales financiers ayant bouleversé le monde des
affaires, l'accroissement des besoins des gestionnaires et des investisseurs en
information pertinente, ainsi que les motifs liés à la
gouvernance d'entreprises.
Nous avons par la suite étudié le niveau
d'utilisation du concept de la juste valeur respectivement dans le
système comptable international et tunisien. Nous avons constaté
qu'il gagne du terrain dans le système comptable international en
réponse aux nouvelles exigences des investisseurs et du marché.
Quand au système comptable tunisien le coût historique est le
modèle de référence et la présence de la juste
valeur reste limitée au niveau de certaines normes.
L'avènement du modèle comptable à la
juste valeur a été accompagné d'un vif débat
portant sur les avantages et les inconvénients qu'il procure à
l'information financière.
D'une part, il a été jugé porteur d'un
surplus de pertinence, d'objectivité, de neutralité, de
prédiction et de comparabilité, d'autre part, on l'accuse
d'être source de volatilité et de surplus de coût.
Un exposé des différents apports et limites de
ce modèle eu égard les investisseurs et les analystes financiers,
les entreprises et les institutions financières avait
révélé que la pertinence de ce modèle par rapport
à celui du coût historique est certes tributaire des besoins des
utilisateurs des états financiers.
Ainsi, nous avons essayé à travers le
développement de la deuxième partie, d'étudier la
pertinence de l'évaluation à la juste valeur des instruments
financiers selon les directives de l'IAS 39, pour les entreprises et les
institutions financières tunisiennes.
Les principales répercussions relevées
consistent dans la volatilité accrue des fonds propres et du
résultat ayant conduit à une volatilité
subséquente, de la valeur de l'entreprise mesurée par le PER, du
ratio de solvabilité de la banque, ainsi que des principaux ratios
financiers notamment celui de la rentabilité financière.
L'IAS 39 a d'importantes répercussions sur la gestion
des risques des entreprises, elle énonce des règles de couverture
beaucoup plus strictes et contraignantes, et exige la communication des
informations pertinentes sur les intentions de gestion et de couverture des
risques.
Cependant, la plupart s'inquiétait qu'en raison d'une
utilisation croissante de l'évaluation à la juste valeur, la
norme IAS 39 risque d'introduire une certaine volatilité dans les bilans
dont la justification et la réalité économique des
transactions sous jacentes ne seraient pas toujours cohérentes. De plus
on révélait une inquiétude de nature purement prudentielle
concernant les variations de juste valeurs comptabilisés au niveau du
capital et les divergences avec les règles du comité de Bale II.
L'hypothèse de pertinence de l'information
financière à la juste valeur ne peut être
vérifiée qu'en fonction des exigences et des conditions de
l'économie. Ainsi, nous avons lancé un questionnaire
auprès des experts comptables, des entreprises et des institutions
financières tunisiennes traitant la problématique suivante :
est il pertinent d'opter pour une présentation à la juste valeur
de l'information financière en Tunisie compte tenu de son contexte
économique ?
Selon les conclusions tirées du questionnaire,
l'approche d'adoption du modèle d'évaluation à la juste
valeur avait été pleinement confirmée par la
majorité de la population interrogée en motivant leurs choix par
les nouvelles exigences du contexte économique tunisien
caractérisé par des perspectives de développement du
marché financier et d'ouverture des frontières.
Finalement, Le passage au modèle d'évaluation
à la juste valeur n'est pas un projet de comptabilité, il est
transversal à l'entreprise et relève des défis à
horizons multiples, tels que la préparation d'une base de données
nécessaire à l'estimation de la juste valeur, un grand besoin de
formation et de développement des compétences, une adaptation des
systèmes informatiques, et surtout la réduction du gap fiscal au
regard des normes IAS/IFRS.
Une nouvelle problématique de taille peut
conséquemment faire l'objet d'une réflexion, celle de l'adoption
des normes IFRS pour les petites et moyennes entreprises.
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