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enjeux et limites de la microfinance dans un contexte de lutte contre la pauvreté: Etude à partir du CPS Diourbel

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par Serigne Cheikh FALL
Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés- Dakar - Diplôme d'Etat en Travail Social 2006
  

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1-4 Clarification conceptuelle

L'étude du sujet « Enjeux et limites de la microfinance dans un contexte de lutte contre la pauvreté : Etude à partir du Crédit Populaire Sénégalais de Diourbel » a nécessité une recherche du champ conceptuel très vaste du secteur microfinancier. L'intérêt sans cesse grandissant que suscite la microfinance a obligé l'apprenti chercheur que nous sommes, à ne pas faire l'économie d'une clarification des concepts qui structurent le sujet de recherche ainsi choisi. La clarification conceptuelle constitue à nos yeux une étape très importante dans toute démarche heuristique. C'est donc dans le souci de répondre à une règle de méthode qui veut que définition précède discussion pour lever toute équivoque, que nous allons nous atteler à cette exigence. Ainsi nous définirons successivement enjeu, limites, services financiers, microfinance, besoins, pauvreté. Après ces définitions, nous mettrons ces concepts en relation pour tisser une unité relationnelle afin de mieux nous situer par rapport à nos objectifs.

Enjeu : Le dictionnaire encyclopédique définit l'enjeu comme ce que l'on risque de gagner ou de perdre dans une entreprise, une compétition.

C'est ainsi que l'on dit d'un combat qu'il n'a pas d'enjeu lorsque son issue n'affectera nullement l'ordre déjà établi.

Appliqué à notre contexte, nous pouvons dire que les enjeux de la microfinance sont l'incorporation de plus des deux tiers de la population du Sénégal dans le circuit productif par le moyen de financement de leurs activités du fait de leur exclusion par le système bancaire classique. Cette préoccupation est d'autant plus pressante que la réalité fait apparaître un envahissement des institutions de microfinance par des fonctionnaires c'est-à-dire par des clients d'un type nouveau, ne souffrant pourtant pas comme les pauvres, de garanties exigibles par les banques commerciales. Le risque est donc réel de voir la microfinance s'éloigner de ses cibles indiquées.

Limite : La limite est définie par le dictionnaire encyclopédique comme le point où s'arrête quelque chose, la borne. Cette définition appliquée à notre contexte, nous amène à prendre comme limite les obstacles qui se hissent sur le chemin de l'expansion de la microfinance et notamment sa capacité à atteindre les objectifs qui lui sont assignés en tant qu'instrument de lutte contre la pauvreté.

Services financiers : Les services financiers désignent les prestations faites par les institutions de microfinance à l'endroit de leur clientèle. Ces services peuvent être de l'épargne, du crédit, de l'assurance, du transfert d'argent, le renforcement des capacités entre autres.

Microfinance : Elle est définie comme un ensemble de services financiers généralement décentralisés distincts de ceux du système bancaire, offerts aux populations défavorisées dans le but de satisfaire leurs besoins économiques et sociaux.

Les services des institutions de microfinance sont entre autres l'épargne, le crédit, l'assurance, le transfert d'argent, le renforcement des capacités... (Tirés des notes de cours d'économie sociale, Abdoulaye Thiam, ENTSS, 2005-2006).

Voyons cette autre définition tirée du portail sénégalais de la microfinance pour qui la microfinance regroupe une diversité d'acteurs financiers également appelés systèmes financiers décentralisés (SDF) qui mettent à la disposition des populations généralement exclues du système bancaire, des services d'épargne et / ou de crédit. Ce sont des structures alternatives de financement de l'économie, diverses par la taille, le degré de structuration, les moyens techniques, financiers et humains, mises en oeuvre pour les populations à la base, avec ou sans le soutien de partenaires extérieurs en vue d'assurer l'auto promotion économique et sociale de ces populations.

Sans se contredire, les deux définitions se complètent car la première met en avant le service en tant que tel alors que la seconde donne une définition à partir des acteurs intervenant. Somme toute, le secteur de la microfinance est caractérisé par sa cible - les personnes pauvres ; les services développés- épargne, crédit, transfert d'argent, assurance.... ; la proximité.

Besoins : Le terme besoin a un sens plurivoque. C'est ainsi que suivant le dictionnaire encyclopédique, nous pouvons au moins retenir deux sens. Il désigne la sensation qui porte les êtres vivants à certains actes qui leur sont ou paraissent nécessaires. On dira par exemple qu'un tel n'a pas besoin de prendre ses vacances cette année.

Mais il peut aussi signifier une privation du nécessaire. C'est le cas quand on dit de quelqu'un qu'il est réduit par le besoin à mendier.

Mais ces définitions bien que claires à appréhender, relève du sens commun. Le concept de besoin couvre des acceptions plus larges en sociologie et c'est pourquoi des théoriciens comme Maslow, Paul Henry Chombart de Lauwe, Herzberg ou encore Mayer et Ouillet l'ont particulièrement étudié. Nous allons juste en voir quelques éléments.

Maslow est rendu célèbre grâce à la pyramide des besoins qui porte son nom. Cette pyramide hiérarchise les besoins selon cinq catégories :

1. Les besoins physiologiques

2. Les besoins de sécurité

3. Les besoins sociaux

4. Les besoins d'estime (estime de soi et estime des autres)

5. Les besoins d'autoréalisation

De cette conception du besoin envisagée du point de vue psychologique, le sociologue français développe une approche sociologique et présente les stades d'évolution du besoin chez l'être humain. Pour Chombart en effet, le besoin est classé en quatre catégories différentes mais interdépendantes.

Le besoin - objet est pris comme un élément indispensable au fonctionnement de l'organisme et à la vie sociale (nourriture, logement, système de protection...).

La non satisfaction de ce besoin entraîne sa transformation en tension, il prend alors la forme de besoin- état qui, à son tour s'il n'est pas satisfait se transforme en besoin- aspiration et enfin en besoin -obligation.

Quant à Mayer et Ouillet (1991) citant Barbier et Lesne (1977) définissent le besoin comme un manque, un écart, une différence et parfois un problème, retenons que c'est avant tout un concept subjectif, relatif, qu'il est toujours inféré, hypothétique, supposé, car « l'on ne rencontre jamais que des expressions de besoins formulés par des agents divers pour eux-mêmes ou pour d'autres » (cité par Marie Loup Guérin Fall, ENTSS, 1999).

Le dictionnaire économique et social (Edition Hatier, 1990) définit le besoin social comme « l'ensemble des besoins dont la satisfaction est considérée comme indispensable pour assurer un niveau et un style de vie adaptés au niveau de développement et au statut du groupe . »

Et c'est par cette définition que nous allons tenter de définir ce que nous entendons par besoin dans le cadre de cette recherche. Est considéré comme besoin, tout état d'insatisfaction qui empêche un individu ou un groupe de participer convenablement à la vie économique et sociale de son milieu.

Pauvreté : L'encyclopédie multimédia Encarta 2006 définit la pauvreté comme la situation dans laquelle se trouve une personne n'ayant pas les ressources suffisantes pour conserver un mode de vie normal ou y accéder.

Le dictionnaire distingue deux formes de pauvreté : la pauvreté absolue et la pauvreté relative.

La pauvreté est absolue quand le revenu perçu est inférieur à un minimum objectivement déterminé, elle est relative si les ressources sont inférieures à un certain pourcentage.

Pour la Banque Mondiale, « est considéré comme pauvre, toute personne dont le revenu est inférieur à un dollar américain par jour.»

Le PNUD en ce qui le concerne donne à la notion de pauvreté depuis 2000 une définition plus large en y incluant les besoins essentiels qui tournent autour de l'accès à l'eau potable, au logement, au droit à un cadre de vie décent, à l'éducation, à la santé.

Depuis 2002, nous constatons avec la Banque Mondiale un élargissement conceptuel de la pauvreté avec la reprise de la définition du PNUD et ajoutant à celle-ci les notions de sécurité, d'insertion à la vie économique et d'opportunité. La sécurité met l'accent sur les crises économiques et les catastrophes naturelles. L'insertion fait référence au chômage et au sous-emploi. La notion d'opportunité dans le sens de la Banque Mondiale se comprend comme la valorisation des ressources humaines, le renforcement des capacités et l'intégration de la dimension genre dans le développement.

De ce point de vue on peut dire que la pauvreté est un concept dynamique qui inclut à la fois des facteurs économiques, sociaux, environnementaux, politiques...

Une autre définition de la pauvreté a également retenu notre attention, c'est celle du dictionnaire encyclopédique qui la définit comme un le manque de biens, l'insuffisance des choses nécessaires à la vie.

Ce tour d'horizon des différentes appréhensions d'un même phénomène nous permet au moins de constater la subjectivité qui caractérise la notion de pauvreté. Mais, ceci n'enlève en rien le substrat qui fonde l'état de pauvreté, c'est-à-dire le manque. C'est pourquoi nous allons avec le Professeur Moustapha Mbodji (2006) dire que la pauvreté c'est l'incapacité d'accès et l'impossibilité de la personne à se mettre en orbite pour accéder aux services sociaux de base.

Cette dernière conception de la pauvreté recoupe parfaitement notre préoccupation dans la mesure où dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons à la relation entre l'existant (les services financiers) et les capacités pour les cibles à s'en servir.

Les concepts que sont enjeu, limites, services financiers, microfinance, besoins et pauvreté entretiennent dans le cadre de notre recherche des liens très étroits. En effet, l'inadéquation des services financiers offerts par les institutions de microfinance par rapport aux besoins de la population pauvre risque de faire déchanter tous les acteurs au développement qui misent sur la microfinance pour réduire la pauvreté de moitié d'ici à l'horizon 2015, comme c'est manifestement contenu dans la déclaration du millénaire. Or un tel objectif ne peut être atteint que si tous les acteurs (Etat, Bailleurs de fonds, populations bénéficiaires, structures de financement décentralisés, collectivités locales...) jouent pleinement leurs rôles pour lever les contraintes qui peuvent l'être dans le secteur de la microfinance.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo