1-2 Justification du choix du thème
La problématique du financement d'activités
génératrices de revenus d'une large frange de la population a
toujours suscité en nous, une persistante interrogation. Ce souci est
d'autant plus justifié, qu'il trouve son origine dans un contexte
à la fois de pauvreté aggravée et de
déstructuration du réseau bancaire.
Le foisonnement de structures mutualistes d'épargne et
de crédit à travers le pays depuis quelques années et
l'engouement que le phénomène suscite tant au niveau des femmes,
des hommes, de l'Etat que des bailleurs de fonds constituent pour nous, une
raison supplémentaire de nous intéresser davantage au secteur
microfinancier.
Le paysage financier du Sénégal est
incontestablement marqué maintenant par la présence imposante des
institutions de microfinance. Ceci est d'autant plus justifié que cette
présence s'opère dans un contexte marqué par les
défaillances des institutions étatiques de financement du
développement et les difficultés d'accès aux sources
conventionnelles de financement pour bon nombre de familles et de MPE.
Alors, l'impact d'un tel secteur sur la satisfaction des
besoins des populations en souffrance de financements d'activités de
tous ordres suscite beaucoup d'intérêt ; car il
s'avère plus que jamais nécessaire d'opérer à une
analyse appropriée des besoins effectifs de la cible pour rendre plus
efficaces les interventions en leur direction. Or, en partant du principe que
l'initiative privée demeure à l'heure actuelle un levier
privilégié pour réduire la pauvreté, le financement
de ces initiatives demeure la clé de la réussite de tout
élan de promotion de développement endogène.
Sur un autre registre, le travailleur social que nous sommes
appelés à devenir, ne pouvait être insensible à
toutes ces formes d'innovation sociale dont la visée n'est rien d'autre
que la volonté de combattre la face hideuse de l'humanité qu'est
la pauvreté. Les valeurs qui fondent le métier de travailleur
social sont structurées autour, entre autres, de la foi aux ressources
de la personne mais aussi de l'autonomie. En effet, pour le travailleur social
la relation d'aide trouve sa justification dans la volonté pour le
client de se rendre autonome car la pensée développée par
le fondateur de la Grameen Bank est plus que valable chez le travailleur
social : l'aide ne doit pas servir à soulager la conscience du
donneur en décourageant le demandeur de toute initiative; mais bien,
à opérer des changements structurants réels pour que
riches et pauvres puissent avoir les mêmes chances d'accéder au
marché. De ce point de vue, la microfinance constitue alors pour nous un
sujet de recherche intéressant.
Une autre raison de justification du choix de ce sujet, c'est
d'inscrire davantage la question relative à la microfinance dans la
préoccupation politique des décideurs compte tenu du rôle
important qu'elle peut jouer notamment dans les Objectifs du Millénaire
pour le Développement. En effet, le monde s'est assigné pour
objectif de réduire la pauvreté de moitié d'ici à
l'horizon 2015 conformément aux engagements de Copenhague. Une telle
volonté est également exprimée par les africains
eux-mêmes à travers le NEPAD (New Partenership for African
Development).
En outre, avec l'effondrement du système socialiste
dans la presque totalité des anciens pays dits de l'Est, combiné
aux tensions ethno-politiques du Tiers Monde, les grands
déséquilibres mondiaux qui sont à la base de
l'extrême pauvreté ne sont pas prêts de s'estomper si rien
n'est fait. De ce point de vue, la recherche de l'alternative par la voie de
l'économie sociale et solidaire qui se singularise par sa fonction de
redistribution des richesses et d'une justice et une solidarité
mondiales, ne pouvait qu'emporter l'adhésion du travailleur social qui
de surcroît, vit la pauvreté au quotidien.
Vu sous cet angle, l'instrument privilégié de
l'économie sociale et solidaire que constitue la microfinance par sa
présence remarquable au Sénégal, représente un bon
prétexte pour mieux cerner pour annihiler les forces qui entretiennent
les dysfonctionnements sociaux.
Il suffit cependant, comme d'ailleurs l'ont souligné
certains chercheurs, de trouver au secteur stratégique qu'est la
microfinance un cadre juridique, institutionnel et financier adapté pour
relever les défis qui lui sont lancés.
Nous espérons enfin, par ce travail, apporter notre
modeste contribution dans l'élargissement du champ de la connaissance en
levant un coin de voile sur une question aussi préoccupante que le
délicat sujet du financement de l'économie à la base et de
l'impact de l'outil microfinancier sur la prise en charge des besoins
réels de ses cibles. Ce travail pourrait servir de support à tous
ceux que des recherches sur le secteur de la microfinance
intéresseraient dans le futur ; il nous a servi par ailleurs
à perfectionner nos techniques de recherche.
Telles sont, les principales raisons qui nous ont amené
à porter un choix sur l'analyse des services financiers offerts par le
CPC de Diourbel par rapport aux besoins individuels et collectifs de ses
clients.
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