INTRODUCTION
Les défis qui se posent dans la plupart de nos pays
africains sont essentiellement des défis de développement. En
effet, les chocs successifs qui ont affecté l'économie mondiale
ont porté un violent coup aux économies encore balbutiantes des
pays noirs africains en particulier.
Le Sénégal, à l'instar des autres pays
sahéliens, a subi les contre-performances enregistrées dans les
périodes qui ont suivi les indépendances amenant ainsi les
institutions de Bretton Woods à mettre en oeuvre des politiques de
stabilisation vers la fin des années 70, suivies des premiers programmes
d'ajustement structurel au milieu des années 80.
Mais comme les recettes toutes faites, sur la manière
de rendre un pays prospère sont réputées capricieuses, les
PAS n'ont pas amélioré la situation des populations
sénégalaises confrontées à un élargissement
des cercles de pauvreté. Si on ajoute à la pauvreté
urbaine, celle rurale due en partie aux dérèglements du commerce
mondial, à l'atonie de l'agriculture et à la persistance de la
sécheresse au Sahel, le Sénégal ne pouvait échapper
d'abord à la récession de 1993 entraînant le
« Plan d'urgence », ensuite à la dévaluation
de sa monnaie en janvier de l'année qui a suivi.
Cette dévaluation du franc CFA a
boosté l'économie sénégalaise qui a commencé
à partir de 1996 à renouer avec la croissance, le PIB croissant
de plus de 5% par an en moyenne de 1995 à 2001 (source : DSRP).
Cette embellie du cadre macro-économique n'a
cependant pas contribué à faire reculer la pauvreté. Pour
faire face, les populations ont recours au secteur informel qui désigne
les très petites entreprises qui ont recours à des modes de
production et de gestion peu sophistiqués et fonctionnant sans statut
légal. Il est considéré par les experts au
développement comme incubateurs de PME et une gigantesque éponge
capable d'absorber une grande partie des chocs dus aux contractions
périodiques de l'économie, en absorbant d'une part la main
d'oeuvre excédentaire, et d'autre part en offrant des revenus
supplémentaires à ceux dont les revenus réels se trouvent
érodés par l'inflation et par la réduction des
dépenses publiques (Leila M. Webster et Peter Fidler, le secteur
informel et les institutions de microfinancement en Afrique de l'ouest).
Le développement de ce secteur informel
comme outil de lutte contre la pauvreté est cependant limité par
son financement. Or des études de Chen, 1992 ; Schuler et Hashemi,
1993 ; Wahid, 1993 ; Kandaker, 1994 ; Khalid et IRBD,
1994 ont pu expliquer l'impact de la Grameen Bank au Bangladesh sur la
croissance des revenus des ménages, sur les dépenses des
ménages pour satisfaire leurs besoins essentiels, les
opportunités d'embauche et le régime alimentaire.
L'émergence de la microfinance en Afrique
répond alors d'un besoin urgent de mettre à la disposition d'une
masse considérable d'exclus du système de financement classique,
un outil souple et adapté à leur situation de pauvreté
afin de les accompagner dans le processus de création de revenus
stables.
Le secteur de la microfinance est un secteur qui est en pleine
expansion.
A fin 2000, l'ensemble des financements
accordés par les systèmes financiers décentralisés
s'élevait à 102 milliards pour les SFD contre 2728 milliards pour
le système bancaire, soit environ 4% du total des financements
accordés. (Source : BCEAO ; 2001).
Le nombre d'institutions de microfinance est
passé de 37 en 1995 à 55 en 2001, soit une croissance moyenne
annuelle de 38% entre 1995 et 2001. Le taux de pénétration
compris comme le rapport entre la clientèle totale et le nombre de
familles au niveau de la population avec l'hypothèse qu'une famille
compte en moyenne six personnes, ce taux de pénétration est donc
passé de 6% en 1995 à 25% en 2001.
Sur le plan de l'épargne, le taux annuel
moyen est de 28% passant ainsi de FCFA 13,60 milliards à FCFA 36,53
milliards de 1999 à 2003.
Les crédits ont augmenté à un
taux moyen annuel de 25%, passant de FCFA 14,88milliards à FCFA 36,91
milliards.
Cependant ces données agrégées
du secteur de la microfinance cachent des disparités dans les
performances individuelles des institutions. En effet, après une
prolifération des points de services qui sont passés de 233 en
1998 à 470 en 2001, on a assisté à une chute
spontanée de leur nombre jusqu'à 220 points de services en 2002
puis à 204 points en 2003. Cette élimination de quelques 266
points de services repose avec acuité la nécessité de
procéder à des études à plusieurs dimensions,
notamment d'une étude économique de la zone d'implantation, ainsi
que du marché cible et de l'adaptation des services offerts sans oublier
le renforcement de la transparence.
C'est ce qui nous amené à tenter cette
réflexion autour de l'adaptation des services offerts par le
Crédit Populaire Sénégalais aux besoins réels de sa
cible.
Pour aborder une telle recherche, nous avons
opté pour la structuration suivante :
La première partie traitera de la problématique
à travers laquelle nous construisons notre objet de recherche,
revisitons la littérature pertinente, justifions le choix du
thème, posons le cadre conceptuel et déclinons nos objectifs de
recherche.
Dans la deuxième partie nous avons traité de la
méthodologie
Et enfin, nous présentons, analysons et
interprétons les résultats.
Une dernière partie est réservée aux
suggestions et recommandations formulées par le travailleur social que
nous sommes, pour faire de la microfinance un des outils les plus efficaces de
lutte contre la pauvreté.
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