SOMMAIRE
AVANT PROPOS
iii
DEDICACE
iv
REMERCIEMENTS
v
SIGLES ET ACRONYMES
vi
LISTE DES TABLEAUX ET
GRAPHIQUES
vii
RESUME
viii
INTRODUCTION
1
Objectifs de recherche :
3
Hypothèses de recherche
4
Méthodologie de l'étude
4
Plan de l'étude
4
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX
DES MUTATIONS FINANCIERES
5
CHAPITRE I : FONDEMENT
THEORIQUE DU LIEN LIBERALISATION FINANCIERE, DEVELOPPEMENT FINANCIER ET
CROISSANCE ECONOMIQUE
6
I-1- Développement financier et
Croissance économique
6
I-1-1- Une analyse théorique du lien
Développement Financier - Croissance économique
6
I-1-2- Une analyse empirique de la relation
Développement financier - Croissance
9
I-2- Expériences de quelques pays de
référence
12
I-2-1- Expérience des pays d'Asie du
Sud-est
12
I-2-2- L'expérience d'un pays
d'Amérique latine : le cas du Chili
14
CHAPITRE II : MUTATION DE
L'ENVIRONNEMENT FINANCIER DE L'UMOA
16
II-1- Reforme du secteur bancaire et
financier
16
II-1-1- Contexte financier français et
politique de libéralisation financière dans l'UMOA
16
II-1-1-1- Contexte financier français
16
II-1-1-2- La politique de la libéralisation
financière dans l'UMOA
17
II-1-2- La Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières (BVRM) de l'UMOA
20
II-2- Financement de l'activité
économique au Bénin
21
II-2-1- L'intermédiation financière
au Bénin
22
II-2-1-1- L'intermédiation financière
bancaire
22
II-2-1-2- L'intermédiation financière
non bancaire au Bénin
26
II-2-2- Les caractéristiques du financement
de l'activité économique au Bénin
28
II-2-2-1- Le mode de financement de
l'économie Béninoise
28
II-2-2-2- Evolution du financement de
l'activité économique
30
DEUXIEME PARTIE : LIBERALISATION
FINANCIERE ET PERFORMANCES ECONOMIQUES DU BENIN
33
CHAPITRE III : IMPACT DES REFORMES
FINANCIERES SUR LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DU BENIN
34
III-1- Construction de l'indicateur de
politique financière
34
III-1-1- Quelques exemples d'indicateur de
politique financière
34
III-1-2- Méthode de construction de
l'indicateur
35
III-2-Evaluation de l'impact de la
libéralisation financière sur les performances
41
économiques
41
III-2-1-Analyse des données et
méthode d'évaluation
43
III-2-2- Résultats des tests de
causalité de Granger
44
CHAPITRE IV : ANALYSE ET
INTERPRETATION DES RESULTATS
45
IV-1- Epargne et performances dans le secteur
réel
45
IV-2- Compétitivité globale de
l'économie du Bénin
47
CONCLUSION
49
Recommandations de politique
économique
50
Références
Bibliographiques
I
ANNEXES
IV
AVANT PROPOS
Dans le cadre de leur formation, les Auditeurs du Programme de
Formation en Gestion de la Politique Economique (GPE) effectuent, à la
fin de cette formation, un stage professionnel dans des institutions publiques,
parapubliques, privées ou des organismes internationaux.
La fin du stage est sanctionnée par la rédaction
d'un mémoire professionnel dont le thème est choisi en
association avec l'institution d'accueil de l'Auditeur. Ce mémoire
professionnel fait l'objet d'appréciation par un jury lors d'une
soutenance.
Le présent mémoire a été
rédigé à l'issu de trois mois de stage (du 01 Avril au 30
Juin 2007) à la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(BCEAO) pour le Bénin. Le thème traité est
« Mutation de l'environnement financier de l'UMOA et
performances économiques du Bénin ».
DEDICACE
Je dédie ce mémoire ;
A l'Eternel des armées, pour son soutien et sa pleine
grâce à mon égard,
A ma mère, qui trop tôt quitta ce
monde,
A tous mes frères et soeurs de l'église
protestante baptiste
A la famille N'guetta pour tout l'amour et le soutien
reçus
A ma future fiancée pour tout l'amour qu'elle me
donne
REMERCIEMENTS
Ce mémoire professionnel est le fruit de nos
premières expériences en matière de recherche scientifique
et de gestion de la politique économique. Nous voudrions, ici, exprimer
notre sincère reconnaissance au Seigneur Dieu de miséricorde et
à tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin,
à sa réalisation sans toute fois engager leur
responsabilité quant aux éventuelles erreurs qu'il pourrait
contenir.
Nous aimerions d'abord remercier Mr Didier Noukpo,
Ingénieur statisticien économiste, fondé de pouvoir
à la BCEAO (agence principale de COTONOU-BENIN), notre directeur de
mémoire, qui en dépit d'un emploi du temps
particulièrement chargé, n'a ménagé aucun effort
pour nous suivre et nous faire des critiques très constructives pour
l'amélioration de la qualité scientifique de ce mémoire.
Notre reconnaissance s'adresse particulièrement au Professeur SEKA
Pierre Roche, Doyen de l'UFRSEG, au Professeur MAMA Ouattara, Directeur du
CIRES, au Docteur SECA ASSABA, Directeur du GPE- Abidjan, pour sa rigueur
légendaire et son amour pour le travail bien fait et à tout le
personnel du programme GPE. Que les enseignants du GPE-Abidjan, trouvent
à travers ces mots, l'expression de toute notre gratitude. Nous tenons
également à remercier particulièrement les Docteurs,
SYLVERE KONAN, AUGUSTE KOUADIO, Enseignants chercheurs à l'UFRSEG,
Université de Cocody pour la qualité de leurs critiques.
Ce travail n'aurait pu être effectué sans la
collaboration et le soutien de la BCEAO-COTONOU. Nous tenons donc à
remercier Mr Agbessadji, chef du Service des études et de la
Statistique, Mr Houssou achille, Mr Bello Rafiou, Mr Houeton Brice,
fondés de pouvoir à la BCEAO et tous leurs collaborateurs pour
l'assistance qu'ils nous ont apporté lors de notre stage à la
BCEAO- COTONOU. Notre gratitude s'adresse également à Mme ACACHA
BADAO, Mr Memegnon, Mlle Marilyne Doddé, Mlle Prudence Finagnon, pour
leur soutien sans faille.
Que nos parents, nos collaborateurs de service et nos
chefs, reçoivent l'expression de notre gratitude pour leur soutien
moral, matériel et surtout pour leur investissement sur notre personne
et leur compréhension durant ces quinze mois de formation. Nous
adressons un merci particulier à la famille N'guetta, à la
famille Eba, la famille Bangoura, la famille Nando. Nous tenons aussi à
féliciter notre future fiancée pour son soutien et sa
compréhension lors de notre formation.
Nous ne saurons terminer sans rendre hommage à la
8ème promotion du GPE-Abidjan pour l'ambiance de
solidarité et l'esprit du travail bien accompli qui l'a
caractérisée durant ces quinze mois de formation. Que DIEU
bénisse cette promotion et qu'Il renforce les liens qui lient tous ses
membres.
Sigles et
acronymes
AFH
ANB
BCEAO
BM
BOA
BOAD
BRVM
CAPE
CBU
|
African Financial Holding
Antenne Nationale de Bourse
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
Banque Mondiale
Bank Of Africa
Banque Ouest Africaine de Developpement
Bourse Régionale des Valeurs Mobilières
Cellule d'analyse de la Politique Economique
Commission Bancaire de l'Union
|
CNCA
COK
|
Caisse Nationale de Crédit Agricole
Coût réel du capital
|
FECECAM
|
Fédération des Caisses d'Epargne et de
Crédit Agricole Mutuel
|
FINADEV
FMI
CFA
CRPMF
CSP
|
Financial Developpement
Fond Monétaire International
Communauté Financière d'Afrique
Conseil Régional de l'épargne Publique et
desMarchés Financiers
Crédit au Secteur Privé
|
GPE
|
Gestion de la Politique Économique
|
IMF
IPF
MM
|
Institution de Microfinance
Indicateur de Politique Financière
Masse Monétaire
|
PADME
|
Association pour la Promotion et l'Appui au
Développement de Micro Entreprises
|
PAPME
|
Association pour la Promotion et l'Appui aux Petites et
Moyennes Entreprises
|
PARMEC
|
Projet d'Appui à la Réglementation des
Mutuelles d'Epargne et de Crédit
|
PEB Co
|
Programme d'Epargne et de Crédit à Base
Communautaire
|
PIB
|
Produit Interieur Brut
|
PME
|
Petite et Moyenne Entreprise
|
PPMR
|
Projet pour la Promotion des Petites et Micro-entreprises
Rurales
|
UMOA
|
Union Monétaire Ouest Africaine
|
USD
|
United State Dollard
|
Liste des tableaux
TABLEAU 1 : QUELQUES DONNÉES
MACROÉCONOMIQUES DES PAYS D'ASIE DU SUD-EST
13
TABLEAU 2 : LES RÉSERVES
INTERNATIONALES DES PAYS ASIATIQUES EN MILLIARDS DE DOLLARDS
13
TABLEAU 3 : EVOLUTION COMPARÉE DES
CRÉDITS PAR RAPPORT AU PIB PAR SECTEUR D'ACTIVITÉ
31
TABLEAU 4 : LA SÉQUENCE DE LA
LIBÉRALISATION FINANCIÈRE AU BÉNIN
36
TABLEAU 5 : RÉSULTATS DES TESTS ADF
38
TABLEAU 6 : RÉSULTATS DU TEST DE
COINTÉGRATION DE JOHANSEN
39
TABLEAU 7 : RÉSULTAT DE L'ESTIMATION DE
L'INDICATEUR DE POLITIQUE FINANCIÈRE
39
TABLEAU 8 : L'ÉVOLUTION DE QUELQUES
INDICATEURS DE PERFORMANCES ÉCONOMIQUES
42
TABLEAU 9 : TEST ADF SUR LES INDICATEURS DE
PERFORMANCES ÉCONOMIQUES
43
TABLEAU 10 : RÉSULTAT DU TEST DE
CAUSALITÉ
44
Liste
des graphiques
GRAPHIQUE 1 : EVOLUTION COMPARÉE DES
RESSOURCES BANCAIRES
23
GRAPHIQUE 2 : EVOLUTION COMPARATIVE DES
DÉPÔTS BANCAIRES
24
GRAPHIQUE 3 : EVOLUTION COMPARATIVE DES TYPES
DE CRÉDIT
25
GRAPHIQUE 4 : EVOLUTION DES CRÉDITS EN
SOUFFRANCE
26
GRAPHIQUE 5 : EVOLUTION DE DÉPÔT
ET CRÉDITS BANCAIRES AU BÉNIN DE 1989 À 2004
28
GRAPHIQUE 6 : EVOLUTION DU TAUX DE FINANCEMENT
BANCAIRE
30
GRAPHIQUE 7 : INDICATEUR DE POLITIQUE
FINANCIÈRE POUR LE BÉNIN
37
GRAPHIQUE 8 : EVOLUTION DE L'INDICATEUR
AMÉLIORÉ DE POLITIQUE FINANCIÈRE
40
RESUME
Notre étude propose une évaluation empirique
de la contribution de la reforme du secteur financier et bancaire de l'UMOA aux
performances économiques du Bénin. En effet, la
libéralisation financière, sous l'égide des organisations
financières internationales (FMI, Banque Mondiale) et l'impulsion de la
puissante vague de la globalisation financière, est devenue une exigence
incontournable pour amorcer une croissance et un développement durable
dans les pays en voie de développement.
Pour tester l'effet de la reforme du secteur bancaire et
financier de l'UMOA sur les performances économiques au Bénin,
l'étude s`est inspirée des travaux de King et Levine (1993),
Levine (1997), de Mouldi et Mourad (2004), et Hamdi khalifaoui (2006, b) qui
ont confirmé l'étroite liaison positive entre la
libéralisation du secteur financier et le secteur réel. A la
différence de ces auteurs, nous avons construit un indicateur
amélioré de politique financière, fondé
essentiellement sur des indicateurs de développement financier qui
captent les effets de la mutation du secteur bancaire et financier. En outre,
nous avons essayé de déterminer le lien entre la
libéralisation du secteur financier et les indicateurs de performances
économiques retenus, grâce à la méthode du test de
causalité au sens de Granger.
En suivant une approche à la fois théorique
et empirique, nous avons pu montrer que les effets de la mutation de
l'environnement bancaire et financier de l'UMOA à travers la politique
de libéralisation financière semble générer les
résultats positifs que l'on souhaitait, mais ces derniers apparaissent
encore insuffisants. En effet, bien vrai que la libéralisation
financière ait joué un rôle dans le secteur réel et
financier sur la période couverte par l'étude, en revanche, l'on
observe une absence de causalité au sens de Granger, entre la reforme du
secteur financier et les performances du commerce extérieure du
Bénin, imputable au recul de la production dans la filière coton.
Par ailleurs, les résultats mettent en évidence un lien de
causalité au sens de Granger entre la reforme financière et le
taux de change réel effectif de l'économie
Béninoise.
Dès lors, la reforme du système financier
dans l'UMOA contribue peu à la performance de l'économie
réelle au Bénin. Cependant, elle semble stimuler
l'amélioration de la compétitivité de l'économie
Béninoise. Ce qui laisse penser qu'après dix huit années,
depuis son amorcement, le processus de libéralisation financière
semble ne pas encore avoir atteint les objectifs escomptés pour le
développement économique du Bénin. Un véritable
impact de la reforme du secteur bancaire et financier nécessite la mise
en oeuvre des mesures qui favoriseraient la réussite de la politique de
libéralisation financière compte tenu des potentialités
économiques du Bénin. Dès lors, le processus de reforme
financière devrait s'accompagner nécessairement
d'approfondissement des reformes institutionnelles et structurelles afin
d'inciter le système bancaire et financier Béninois à
accroître son financement au profit du développement
économique du Bénin.
Introduction
Amorcé dès les années 1970 dans les pays
anglo-saxons (Etats-Unis, Royaume uni), la mutation de l'environnement
financier désigne la profonde évolution des systèmes
financiers, qui s'apparente à la libéralisation du secteur
bancaire et financier. C'est à partir de 1980 que cette modification de
l'environnement financier va se manifester en Europe, et dans les années
90 dans les pays émergents. Dans les pays où des réformes
ont été mises en place, le mode de financement de
l'économie a évolué du financement indirect (financement
intermèdié) vers un financement direct (financement par le
marché) d'une part, et d'une approche de financement administré
vers une logique de marchés financiers libéralisés d'autre
part. En effet, sous l'égide des organisations
financières internationales (FMI, Banque Mondiale) et l'impulsion de la
globalisation financière, la libéralisation financière est
devenue une exigence incontournable pour amorcer une croissance et un
développement durable dans les pays en voie de développement.
En France, la mutation de l'environnement financier s'est
essentiellement caractérisée par une libéralisation
financière radicale et la création d'un vaste marché de
capitaux. Dès le milieu des années soixante-dix et plus encore
dans les années quatre-vingt de nombreux pays en développement
ont libéralisé leur système financier des contraintes
internes et l'ont ouvert sur l'extérieur en allégeant ou en
supprimant le contrôle des changes sur les mouvements de capitaux. Les
premières expériences, en Corée du Sud et à
Taiwan, ont été un succès. Elles ont
entraîné une forte augmentation des dépôts bancaires
et ont stimulé la croissance économique sans compromettre la
stabilité monétaire.
Par contre, la mutation de l'environnement financier en
Amérique Latine à la fin des années soixante-dix
(Argentine, Chili, Uruguay) et aux Philippines comme en Turquie dans les
années quatre-vingt peuvent être considérées comme
des échecs. En effet, elles se sont traduites par une hausse excessive
des taux d'intérêt réel, des entrées
spéculatives de capitaux et finalement par de graves crises de la
balance des paiements et du système bancaire.
Du point de vue théorique, l'on a assisté
à la naissance de «l'école de la libéralisation
financière», qui recouvre à l'origine les travaux de R.I Mc
Kinnon (1973) et E. Shaw (1973). Le paradigme de la libéralisation
financière a permis de mettre en évidence une différence
fondamentale entre l'approche néoclassique (Mac Kinnon et Shaw, 1973) et
l'approche néostructuraliste inspirée des analyses
Keynésiennes (Taylor et Van Wijnbergen, 1983). Pour les
néoclassiques, la libéralisation financière doit se
substituer aux contraintes qui pèsent sur la sphère
financière. Ils sont en effet persuadés que de nombreux Etats en
voie de développement font peser des contraintes tellement fortes sur la
sphère financière que celle-ci est incapable de se
développer à travers les forces du marché. Leur objectif
est la mobilisation de l'épargne domestique et l'amélioration de
son affectation dans des projets d'investissement plus rentables, qui
contribuent à la consolidation de la croissance économique.
Pour les neostructuralistes (Taylor et Van Wijnbergen, 1983),
l'accroissement du taux d'intérêt suite à une politique de
libéralisation financière ne peut qu'accroître l'inflation
et par conséquent, ralentir la croissance. Au Ghana, l'inflation
dépassait 20% par an lorsque les taux d'intérêt ont
été déréglementés et 100% en Zambie au
moment de la réforme (BCEAO, 2006). En effet, l'approche
neostructuraliste prend en compte l'existence d'un marché financier
informel dans leur modèle. Par conséquent des taux
d'intérêt faibles et administrés peuvent être
bénéfiques à l'investissement et stimuler la croissance.
Afin de se préparer à l'échéance
de la mondialisation du commerce des services et aux défis de
l'amélioration de leurs performances économiques, les pays de
l'UMOA ont amorcé depuis plus d'une décennie, un vaste mouvement
de réforme du secteur financier dans la perspective de son
intégration dans l'espace financier international. Celle-ci s'est
manifestée par un profond réaménagement des instruments de
gestion monétaire et un changement d'orientation dans la conduite de la
politique monétaire à partir de 1989. Dès lors, le
processus de libéralisation engagé, dans le secteur bancaire et
financier, a visé une plus grande responsabilisation des
établissements de crédit dans leurs relations avec la
clientèle et l'accroissement de la concurrence au sein du système
bancaire, d'une part, et la création d'un marché de capitaux,
d'autre part. La finalité de cette politique est de faciliter la
mobilisation de l'épargne et de favoriser le financement des
investissements productifs afin d'accroître la production des pays de
l'Union.
A l'instar des autres pays de l'Union, le système
bancaire et financier du Bénin, avant la mise en oeuvre de la reforme
financière, la Banque centrale et les banques commerciales accordaient
des concours directs au trésor public. Cette situation favorisait la
monétisation des déficits budgétaires. La forte
présence de l'Etat dans le système bancaire et financier a eu
pour conséquence, un faible développement du marché
monétaire, l'éviction du secteur privé, l'affectation des
ressources bancaires à des prêts improductifs et la
dégradation du portefeuille des banques (Rapport de la Banque Mondiale
,1994). Les crédits à l'économie octroyés par les
banques à la fin des années 80 se sont transformés dans
leur grande majorité en crédits en souffrance.
Au total, la politique financière interventionniste des
autorités publiques a favorisé l'établissement d'un
environnement d'instabilité macroéconomique et financière.
Il s'est donc avéré nécessaire pour le Bénin de
reformer son système bancaire en vue de favoriser son
développement et la croissance de son économie.
Plusieurs études empiriques sur la croissance ont mis
en évidence le rôle important du développement du
système financier comme facteur permettant de promouvoir la croissance
économique à long terme. (Voir par exemple, King et Levine
[1993]). La meilleure mobilisation de l'épargne, la diversification
efficace des risques et l'évaluation des projets d'investissement, sont
autant de fonctions remplies par le système financier qui peuvent
expliquer cette influence positive sur la croissance.
Mais au-delà de la controverse théorique
(l'approche néostructuraliste), du nombre d'années après
l'amorce du processus de libéralisation financière, et compte
tenu du caractère « opérationnel » de la
libéralisation du secteur financier, il convient de déterminer
si, oui ou non, cette politique financière a permis de résoudre
les problèmes de financement et du développement
économique du Bénin ; Quel bilan peut on
faire de la reforme ; Quelle est sa contribution aux performances
économiques du Bénin ?
Comme nous le signalions plus haut, les recommandations de Mc
Kinnon et Shaw ont très rapidement reçu un écho favorable.
Beaucoup y ont vu une manière simple et efficace de sortir un certain
nombre d'économies, notamment celles de l'UMOA, du sous
développement. De nombreuses études économétriques
ont essayé de vérifier empiriquement les impacts de la
libéralisation financière (Fry, 1995 ; Demetriades et
Luintel, 1997). La présente étude s'inspire des travaux de Ary
Tanimoune (2001), Amaira Bouzid (2003), de Mouldi et Mourad (2004) et de Hamdi
khalifaoui (2006, b).
Objectifs de recherche :
Objectif principal :
L'objectif global de
l'étude est d'évaluer la contribution de la mutation du
système bancaire et financier aux performances économiques du
Bénin.
De façon spécifique, l'étude vise
à :
§ Faire un point des mutations de l'environnement
financier dans quelques pays de référence et dans
l'UMOA ;
§ Tester la causalité entre les mesures de
libéralisation financière mises en oeuvre au sein de l'UMOA et
l'évolution des performances économiques du Bénin.
§ Faire des recommandations de politique
économique.
Hypothèses de recherche
Les objectifs ci-dessus
énumérés reposent sur les hypothèses de recherche
suivantes :
- La politique de libéralisation financière
améliore le taux d'épargne au Bénin ;
- La politique de libéralisation du secteur financier
améliore le taux d'investissement du Bénin;
- La politique de libéralisation du secteur financier
améliore la croissance et la compétitivité de
l'économie du Bénin ;
Méthodologie de l'étude
La méthodologie de l'étude s'articulera
essentiellement autour de la collecte et le traitement des données
conformément aux objectifs de l'étude. La recherche documentaire
(articles, document de travail, mémoires, thèses, ouvrages) a
été faite à l'agence principale de Cotonou (BCEAO),
à la Direction Générale de l'Economie, à l'INSAE,
la CAPE. Le traitement des données a été
réalisé sous le logiciel EVIEWS.
Pour les besoins de l'analyse, un indicateur de politique
financière sera construit afin de capter l'effet de la mutation de
l'environnement financier au Bénin. Pour tester nos différentes
hypothèses, nous analyserons d'abord nos variables en effectuant des
tests de multicolinéarité, de stationnarité et de
cointégration. Puis, à l'aide du test de causalité de
Granger (confère annexes), nous avons recherché le lien qui
existe entre les indicateurs de performances économiques retenus et
l'indicateur de politique financière. En outre, le calcul du coefficient
de corrélation a permis d'évaluer l'intensité du lien
entre l'indicateur de politique financière et les indicateurs de
performance économique retenus.
Plan de l'étude
Le mémoire est organisé de la façon
suivante :
- La première partie, composée des chapitres I
et II, sera consacrée aux aspects théoriques des relations qui
existent entre la libéralisation financière, le
développement financier et le développement économique
d'une part, et à l'analyse de la mutation de l'environnement financier
et bancaire de l'UMOA en général et en particulier celui du
Bénin d'autre part.
- La deuxième partie, composée des chapitres
III et IV, sera respectivement celui de la présentation du modèle
et de l'interprétation des résultats.
PREMIERE PARTIE : Etat des lieux des mutations
financières
Cette partie consistera essentiellement à l'analyse des
différentes approches du lien existant entre la libéralisation
financière, le développement financier et le développement
économique, d'une part, et l'analyse de la mutation de l'environnement
bancaire et financier au Bénin, d'autre part.
CHAPITRE I : FONDEMENT THEORIQUE DU LIEN
LIBERALISATION FINANCIERE, DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE
ECONOMIQUE
Ce chapitre présente essentiellement une approche
théorique du lien Libéralisation Financière,
Développement financier et croissance économique d'une part, et
d'autre part l'expérience des pays asiatiques et Sud-Américain en
matière de libéralisation du secteur financier. Dans la
première section, nous verrons les approches théoriques qui
soutiennent l'adoption de la politique de libéralisation
financière, considérée selon certains auteurs (Mackinnon
et Shaw) comme une condition nécessaire à un développement
financier saint et efficient.
En effet, défini comme la diminution du coût de
conversion d'un actif non liquide en un actif liquide (Baptiste Venet, 2000),
le développement financier améliore la croissance de long terme
de l'économie grâce à l'augmentation de la
productivité marginale de l'investissement qu'il génère.
Dès lors, analyser les mécanismes d'interaction entre la
libéralisation financière, le développement financier et
la croissance économique s'avèrent extrêmement
important.
I-1- Développement financier et Croissance
économique
Cette section nous permettra d'analyser la relation
entre le Développement financier et la croissance économique.
Nous évoquerons d'abord l'aspect théorique de la relation, puis
nous ferons un état des lieux des principaux travaux empiriques sur ce
sujet.
I-1-1- Une analyse
théorique du lien Développement Financier - Croissance
économique
L'importance du système financier dans la
croissance économique est essentiellement analysée par deux
courants économiques opposés. Il y'a d'un coté les auteurs
qui relèvent son impact sur le développement économique
(Schumpeter, 1911) ou la croissance économique et de l'autre, ceux qui
réfutent l'importance de la relation entre la finance et la croissance
économique (Lucas, 1988).
C'est avec les travaux de Goldsmith (1969) et
McKinnon (1973) que le lien « Developpement financier - Croissance
économique » a été étudié plus en
détail. Les principales recommandations visent essentiellement à
libéraliser le secteur financier (Libéralisation
financière) dont l'objectif est de soutenir la croissance des taux
d'épargne et d'investissement (Développement financier) ainsi que
d'améliorer l'efficacité du capital (Développement
économique). La relation fut reconnue dans la littérature depuis
une trentaine d'années et Goldsmith (1955, 1969), en fut le
précurseur. Rapidement, la structure financière devint même
un des éléments de la stratégie de développement
économique sous l'impulsion d'auteurs comme Gurley et Shaw (1967),
McKinnon (1973, 1991), Shaw (1973), Fry (1988, 1989) et plus récemment
Thornton (1991, 1994) et, King et Levine (1992, 1993). On peut associer
à cette liste, d'importantes littératures sur la croissance
endogène : Bencivenga et Smith (1991), Greenwood et Joanovic
(1990), Pagano (1993), etc.
En effet, de façon globale, tous les travaux mettent en
évidence l'idée qu'un système financier efficient ou
développé, stimule le développement économique.
Mentionnons cependant que si la corrélation est maintenant largement
admise, le sens de causalité reste par contre contesté, opposant
d'une part, le développement financier exogène (conduit par
l'offre de services financiers) et, d'autre part, le développement
financier endogène (induit par la demande de services financiers).
Retenons cependant que la principale contribution des
systèmes financiers à la croissance repose sur le fait que ces
derniers permettent d'assurer le fonctionnement d'un système de paiement
efficace et évolutif, mobilisent l'épargne et améliorent
son affectation à l'investissement. L'existence d'un moyen
d'échange fiable est une condition nécessaire de la croissance.
Les systèmes de paiement évoluent en parallèle et en
interaction avec la croissance économique. La croissance entraîne
des gains de productivité, mais aussi une ouverture continue de nouveaux
marchés, une complexité croissante des échanges qui
renforcent la monétisation des économies, qui est
nécessaire à son tour pour soutenir le volume de
l'activité économique. Cette association entre le PIB et le
degré de monétisation de l'économie a été
soulignée dès la fin des années soixante par Goldsmith
(1969).
Par ailleurs, le développement des marchés
financiers ou d'intermédiaires bancaires peut assurer une meilleure
mobilisation de l'épargne disponible et soutenir ainsi la croissance
économique. Il facilite notamment l'agglomération des ressources
financières de l'économie. Ceci permet aux intermédiaires
financiers de diversifier les risques associés aux projets
d'investissements individuels et de proposer aux épargnants des
placements à rendements plus élevés. Ceux-ci favorisent la
détention de l'épargne sous forme financière, plutôt
que sous forme d'actifs réels peu rentables. Cette réorientation
de l'épargne peut à son tour renforcer davantage le
développement du système financier.
Les modèles basés sur la théorie de la
libéralisation financière et la croissance endogène
permettent de formuler les interactions entre facteurs financiers et croissance
en réintroduisant le rôle primordial de l'intermédiation
financière dans l'amélioration de l'allocation des ressources.
C'est ainsi que Pagano (1993) indique les trois canaux par
lesquels le système financier peut affecter la croissance :
1- D'abord en augmentant la proportion de l'épargne
nationale allouée à des investissements productifs. Selon
Pagano, l'augmentation de cette proportion peut être due
à la baisse de l'inefficacité de la sphère
financière. Lors de la libéralisation du secteur bancaire, l'on
peut aussi penser à une baisse des réserves obligatoires ou des
taxes associées aux transactions.
2- Ensuite en augmentant la productivité marginale,
grâce à la collecte d'information et à l'incitation des
investisseurs à replacer leur argent dans les projets plus
risqués à cause d'un partage du risque plus significatif de la
part des intermédiaires.
3- Enfin, le secteur financier influence la croissance par
l'intermédiaire du taux d'épargne de l'économie.
D'autres travaux sur ce thème ont été
réalisés et montrent qu'une intermédiation
financière concurrentielle augmente le taux de croissance de long terme
(Greenwood et Jovanovic, 1990 ; Bencivenga et Smith, 1991 ; Levine,
1991).
Convertir des actifs illiquides en actifs liquides (sous
formes de dépôts disponibles à vue, sans coût de
transformation, ni risque) est un service bancaire fondamental, au sens
où il fonde l'action bancaire. Cette propriété de
l'intermédiation mise en exergue par Diamond et Dybvig (1983.) a
été introduite par Bencivenga et Smith (1991) dans un
modèle de croissance endogène, pour déterminer ses effets
sur la croissance. Dans ce modèle, ce comportement d'épargne des
agents influence le taux de croissance d'équilibre, comportement que les
intermédiaires financiers peuvent justement altérer dans un sens
favorable à l'investissement à travers leur service de
liquidité. Bencivenga et Smith développent un modèle
à générations successives, dans lequel les agents vivent
trois périodes. Ils ont accès à un investissement liquide
non directement productif et à un investissement illiquide mais
productif, dont le rendement dépend de sa date de liquidation. Si
l'investissement productif est liquidé au bout d'une période, le
rendement obtenu est inférieur à celui de l'actif liquide. On
montre ainsi qu'il existe une incitation à l'apparition de banques
fournissant un service de liquidité. Le système bancaire, en
assurant la liquidité, permet aux épargnants par nature hostiles
au risque, de détenir des dépôts bancaires plutôt que
des actifs liquides mais improductifs à long terme. Avec une
externalité dans la production du type considéré par Romer
(1986) ou Boyd et Prescott (1986), un taux de croissance d'équilibre
plus élevé sera observé dans des économies ayant un
secteur intermédiaire actif.
La productivité marginale de l'investissement augmente
avec le développement de la sphère financière car la firme
bancaire, d'une part, sait mieux gérer les risques et, d'autre part,
possède un avantage comparatif en terme de collecte d'information. Les
banques, du fait de l'importance de leur portefeuille, en diversifiant les
risques de leurs prêts, peuvent offrir des prêts risqués,
sans augmenter pour autant le risque des déposants (Bernanke et Gertler,
1986). L'existence d'intermédiaires financiers réduit le risque
économique, mais assure également un rendement plus
élevé des investissements (Greenwood et Jovanovic, 1990), ce qui
conduit à une croissance plus forte. En outre, les notions de
coûts de recherche d'informations et de rendement d'échelle qui
découlent de la centralisation des activités de
prêt-emprunt au sein de la firme bancaire ont été reprises
et enrichies par l'apport de la théorie des jeux par Greenwood et
Jovanovik (1990).
Au total, ces analyses proposent ainsi les différents
canaux financiers par lesquels la croissance devient endogène. Elles
arrivent à mieux expliquer les fortes disparités de croissance
des pays qui, au départ, disposaient des revenus par tête
semblables et suggèrent donc un nouveau rôle pour la politique
économique (Grossman et Helpman, 1991 ; Romer, 1986, 1989).
I-1-2- Une analyse
empirique de la relation Développement financier -
Croissance
économique
Les études empiriques
révèlent que les pays qui connaissent les taux d'épargne
et d'investissement les plus élevés ont parallèlement les
secteurs financiers les plus développés. L'expérience de
nombreux pays en développement, notamment des pays d'Asie du Sud-est,
suggère qu'un secteur financier développé favorise
l'efficacité de l'allocation des ressources réelles. Inversement,
dans beaucoup de pays à faible croissance, on constate que
l'intermédiation financière est faible.
L'un des pionniers dans l'étude des rapports entre la
croissance économique et les différents indicateurs du
fonctionnement du système financier est Goldsmith
(1969). Il étudie le rapport entre développement financier et
croissance économique, en utilisant la valeur des actifs des
intermédiaires financiers par rapport au PIB avec une base de
données disponibles de 35 pays. Toutefois, selon Levine (1992),
l'analyse de Goldsmith contient plusieurs faiblesses :
1- Il ne tient pas compte de l'ensemble des facteurs qui
influencent la croissance économique;
2- Il n'examine pas si le développement financier est
associé à l'augmentation de la productivité et
l'accumulation du capital;
3- la taille des intermédiaires financiers retenue peut
ne pas mesurer correctement le fonctionnement du système financier;
4- l'importante corrélation entre la taille du
système financier et de la croissance économique n'identifie pas
la direction de causalité.
Voulant remédier à ces faiblesses King et
Levine (1993a, 1993b, 1993c) étudient 80 pays sur une période
allant de 1960 à 1989, et examine systématiquement l'ensemble des
facteurs financiers susceptibles d'affecter la croissance à long terme.
Les principaux résultats qui ressortent de l'ensemble de ces
études montrent que les meilleurs indicateurs pour mesurer le
« niveau de développement financier » sont :
1- le ratio de liquidité, qui mesure la dimension des
intermédiaires financiers à travers le volume des engagements
liquides (monnaie, dépôts à vue et dépôts
à terme des intermédiaires financiers bancaires et non bancaires
du système financier) divisé par le PIB ;
2- le ratio du crédit bancaire domestique, y compris
celui de la Banque centrale (l'idée sous jacent étant que les
banques sont plus à même de remplir les fonctions bancaires que
l'Institut d'émission) ;
3- la part du crédit bancaire allouée aux
entreprises privées par rapport à l'ensemble du crédit
domestique (à l'exclusion des crédits aux banques) ;
4- la part du crédit accordé aux entreprises
privées par rapport au PIB. Les deux dernières mesures concernent
donc l'allocation du crédit. Les systèmes financiers qui allouent
davantage de crédits aux entreprises privées sont sensés
être plus impliqués dans le développement. Les auteurs
trouvent une corrélation robuste entre le degré de
développement financier et la croissance, l'investissement et
l'efficience du capital.
Le développement des marchés financiers
favorise également le développement financier. Atje et Jovanovic
(1993), à partir d'une étude portant sur un échantillon de
75 pays, concluent à l'influence positive des marchés financiers
sur la croissance. En revanche, il ressort que le développement du
marché des titres ne contribue fortement à la croissance que si
l'on contrôle la variance des cours boursiers (Laroche et al, 1995). De
nombreuses autres études empiriques (Polak, 1989 ; Patrick,
1996 ; Demirguç-Kunt et Levine, 1960) confirment ce lien entre
développement financier et croissance.
Notons qu'il existe cependant des faiblesses dans les analyses
de la relation entre développement financier et croissance
économique. Dans la plupart des études empiriques, la relation de
causalité n'est pas clairement mise en évidence. La
disponibilité accrue de ressources financières stimule la
croissance et la demande générée par celle-ci, en
augmentant les revenus et l'épargne favorise en retour le
développement du système financier.
Contrairement aux analyses basées sur la croissance
endogène qui suggèrent une influence causale du
développement financier sur la croissance, les analyses traditionnelles
insistent plutôt sur le rôle passif du système financier,
qui s'adapte aux besoins du financement du secteur réel de
l'économie et accommode le développement autonome de celui-ci. Ce
développement financier «induit par la demande» conduit
à un élargissement continu des marchés et une grande
différenciation des produits. Il exige une diversification
croissante des produits qui nécessite une répartition plus
efficace des risques et une meilleure maîtrise des coûts des
transactions. Ainsi ce type de développement financier joue le
rôle permissif dans le processus de croissance.
En revanche, le développement
financier « entraînant l'offre »
précède la demande pour les services financiers et peut exercer
un impact autonome sur la croissance ; son rôle est notamment de
mobiliser les ressources bloquées dans le secteur traditionnel, de les
transférer au secteur moderne qui peut promouvoir la croissance et
d'assurer leur affectation aux projets les plus performants. selon Patrick Hugh
(1966), le développement financier « entraînant
l'offre » est prédominant pendant les phases initiales du
développement économique, puisqu'il permet notamment de financer
efficacement des investissements qui incorporent des innovations
technologiques. Lorsque le processus de développement économique
arrive à maturité le développement financier
« induit par la demande » devient dominant. Cependant,
cette « causalité séquentielle » n'est
vérifiée que lorsqu'on utilise un indicateur de
monétisation au sens étroit (M1) et non lorsque le ratio d'actifs
liquides au sens large (M2/PIB) est utilisé comme indicateur de
développement financier (Jung, 1968).
Par ailleurs, comme le suggère Levine (1992), cette
« causalité séquentielle » suppose que la
croissance réelle permette au système financier d'accomplir sa
propre évolution autonome, dans la mesure où l'augmentation de
revenu réel offre les moyens de mise en place de relation
d'intermédiation financière coûteuse et de plus en plus
sophistiquée. Ainsi, ce n'est qu'après avoir franchi certains
seuils de revenus par habitant que l'économie choisira de
développer les différents types de systèmes
d'intermédiation et qu'elle pourra bénéficier de leur
effet positif sur la croissance. La contribution du développement du
système financier à la croissance s'exerce donc à travers
des discontinuités et des effets de seuil (Berthélemy et
Varoudakis, 1998).
Il est net que les études empiriques ne
résolvent pas complètement la question de la causalité. Le
développement financier peut prédire la croissance parce que les
systèmes financiers se développent tout simplement suite à
une anticipation de la croissance économique future. En outre, les
systèmes politiques, les traditions légales (Laporta et al,
1996), ou le cadre institutionnel (Engermant et Sokoloff, 1996 ; North,
1981) peuvent jouer un rôle important. En effet, les
télécommunications, l'informatique, et les politiques
sectorielles, influencent la qualité et la structure des institutions du
système financier (Merton, 1992). Il est extrêmement difficile
d'isoler l'importance de ces éléments et de tout autre facteur
dans le processus de croissance économique. Par conséquent, toute
déclaration au sujet de la causalité est pour une grande part non
conclusive et qui plus est, spécifiquement liée à des
périodes et à des pays particuliers.
I-2- Expériences de quelques pays de
référence
Cette section mettra en évidence l'expérience
de certains pays en matière de libéralisation du secteur
financier, notamment les pays d'Asie du SUD-EST et le Chili, pays
d'Amérique latine.
I-2-1- Expérience des
pays d'Asie du Sud-est
Les mécanismes de libéralisation
financière mis en oeuvre par les économies d'Asie du Sud-est,
à travers surtout la suppression du contrôle des mouvements de
capitaux, la déréglementation des taux d'intérêt et
le relâchement des coefficients de réserves obligatoires
imposés aux banques, a indéniablement profité à
l'activité productive de ces pays.
En Corée, par exemple, la libéralisation des
taux d'intérêt s'est faite entre 1991 et 1993 et avec elle la
modification du taux des réserves obligatoires qui est passé
d'environ 30 % en 1990 à 7 % en 1996. De la même façon, les
pays asiatiques se sont inscrits dans le processus de mondialisation
financière en adoptant des politiques d'élargissement de la
concurrence entre les institutions financières. Ainsi,
l'Indonésie et la Malaisie ont-elles assoupli les conditions
d'entrées dans le secteur bancaire en 1988 et 1989, tandis que la
Corée et la Thaïlande modéraient, respectivement en 1991 et
1993, les restrictions jusque-là imposées sur l'activité
des banques étrangères en leur sein (Chang, Velasco, 1998).
L'ouverture financière s'est avant tout traduite, pour
l'ensemble des pays asiatiques, par des entrées remarquables de
capitaux. Les cinq pays du sud-est asiatique que sont l'Indonésie, la
Corée du sud, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande ont vu
les flux de capitaux tripler dans la première moitié des
années 90, passant d'environ 25 milliards de dollars en 1990 à 66
milliards en 1996. Pour la période 1995-96, ces pays ont
bénéficié de flux nets de capitaux privés
équivalents, en moyenne à 6,6% de leur P.I.B (Chang, Velasco,
1998).
Les flux massifs de capitaux vers les pays du Sud-est
asiatique ont rapidement conduit, grâce à une croissance rapide
des crédits domestiques et à la transformation efficiente de
l'épargne en investissements productifs, à la performance
économique de ces pays, ce que retracent favorablement les
agrégats macroéconomiques recensés dans le tableau
1. La combinaison d'importants flux de capitaux et des taux
d'investissement intérieurs élevés mesure combien, dans la
première moitié des années 90, l'ouverture
financière a été efficace en matière de croissance
économique pour ces pays. En Malaisie, par exemple, la FBCF passe de 37
% du P.I.B. en moyenne sur la période 1990 - 95 à plus de 42 % en
1996.
Tableau 1 : Quelques
données macroéconomiques des pays d'Asie du Sud-est
|
Croissance réelle du PIB
|
inflation
|
Solde budgétaire
|
Epargne/PIB
|
Investissement
/ PIB
|
|
1985
|
90-95
|
1996
|
1997
|
1998
|
90-95
|
1996
|
90-95
|
1996
|
90-95
|
1996
|
90-95
|
1996
|
Indonésie
|
2.5
|
7.3
|
8.0
|
4.9
|
13.7
|
8.6
|
6.4
|
-0.2
|
0.0
|
28.4
|
30.6
|
33.4
|
32.7
|
Corée
|
6.2
|
7.7
|
7,1
|
5,0
|
-5,8
|
6,4
|
4,9
|
-0,5
|
0,2
|
35,4
|
33,9
|
36,5
|
36,8
|
Malaisie
|
-0,1
|
8,8
|
8,6
|
7,8
|
-6,7
|
4,0
|
3,6
|
-0,4
|
-0,5
|
34,6
|
40,6
|
37,0
|
42,2
|
Philippines
|
-7,4
|
1,8
|
5,7
|
5,1
|
-0,5
|
10,7
|
8,4
|
-2,2
|
-0,5
|
19,1
|
22,7
|
22,5
|
23,9
|
Thaïlande
|
4,9
|
8,5
|
5,5
|
-1,3
|
-8,0
|
5,1
|
5,9
|
2,6
|
1,5
|
28,6
|
31,5
|
40,3
|
42,5
|
Sources : FMI et J. P Morgan, Chang, Velasko
(1998), Little, Olivei (1999).
Progressivement insérés dans l'économie
mondiale, l'ensemble des pays asiatiques enregistre, à la veille de la
crise financière qui les frappera de plein fouet en 1997, des
performances économiques remarquables, mesurées par une
croissance rapide, une inflation modérée, des finances publiques
solides, une épargne élevée et des secteurs productifs en
progrès.
En 1996, les économies asiatiques font, en outre,
preuve de situations fiscales et monétaires saines comme l'indiquent,
dans le tableau 1, et l'évolution favorable des réserves
internationales rapportée par le tableau 2 suivant.
Tableau 2 : Les
réserves internationales des pays asiatiques en milliards de dollar
Années
|
Indonésie
|
Corée
|
Malaisie
|
philippines
|
Thaïlande
|
1990
|
7459
|
14793
|
9754
|
924
|
13305
|
1991
|
9258
|
13701
|
10886
|
3246
|
17517
|
1992
|
10449
|
17121
|
1722
|
4403
|
20359
|
1993
|
11263
|
20228
|
27249
|
4676
|
24473
|
1994
|
12133
|
25639
|
25423
|
6017
|
29332
|
1995
|
13708
|
32678
|
23774
|
6372
|
35982
|
1996
|
18250
|
34037
|
27009
|
10030
|
37731
|
Sources: World development indicators
(2005), FMI, Chang, Velasko (1998), Little, Olivei (1999).
On constate qu'avant 1996 dans les données statistiques
disponibles pour l'Indonésie, la Corée, la Malaisie, les
Philippines ou encore la Thaïlande, la libéralisation
financière est sans nul doute en mesure de tenir ses promesses en faveur
de l'inscription d'une économie sur le chemin de la croissance. Les
événements récents le rappellent, en dépit de bons
indicateurs macroéconomiques, les économies asiatiques sont
passées, en l'espace de quelques mois, du statut de
référence des marchés financiers à celui de
victimes de la crise financière (Reisen, 1998). La libéralisation
financière a laissé s'exprimer le pire. La montée des
risques est-elle le corollaire de la libéralisation financière?
Aujourd'hui beaucoup d'économistes s'accordent à dire que
l'ouverture financière des pays asiatiques s'est faite de manière
trop brutale et mal maîtrisée et les tentatives d'explication des
causes de la survenance de crises sont maintenant nombreuses.
A l'état des données statistiques disponibles
sur les pays d'Asie du sud-est, il nous semble que ce sont l'affaiblissement
des bilans des banques asiatiques en raison des entrées massives de
capitaux et d'une ouverture financière désordonnée, d'une
part, et d'impardonnables fautes dans les stratégies de prêts des
pays qui les ont satisfaits d'autre part, qui sont avant tout à
incriminer dans l'instabilité et la vulnérabilité des
systèmes qui se mettent en place. Qu'elles soient de nature interne ou
externe, les causes de la crise financière asiatique tiennent
principalement à une réglementation trop vite laxiste et, par
conséquent au non-respect de l'« ordre optimal » de la
libéralisation financière, garant de la réussite de
celle-ci (Bernou et Grondin, 2001).
I-2-2- L'expérience d'un pays d'Amérique
latine : le cas du Chili
La libéralisation financière chilienne,
amorcée au milieu des années 70, ne s'est pas limitée
à un simple abandon de la fixation des taux d'intérêt. Elle
visait à promouvoir une logique globale de marché dans le secteur
financier. La libéralisation des taux d'intérêt s'est donc
accompagnée d'une privatisation des banques publiques, de la disparition
de toute espèce de restriction à l'entrée dans le secteur
(suppression du capital social minimum) et, plus généralement, de
toute les formes de surveillance de l'activité bancaire par les
Autorités Monétaires. Au niveau externe, toutes les restrictions
à l'entrée ou à la sortie de capitaux furent abolies.
Les résultats furent catastrophiques. Dès les
premiers mois, les faillites bancaires à répétition
conduisirent le gouvernement à instaurer à nouveau un capital
social minimum. Mais, il fut annoncé que la banque centrale ne
garantirait en aucune manière les dépôts du public et qu'un
établissement bancaire en situation de faillite latente ne recevrait
aucun secours de la part des
Autorités. Cela revenait à interdire à la
banque centrale chilienne de jouer un rôle de prêteur en dernier
ressort. Pourtant, à la suite des graves difficultés connues par
une des banques les plus importantes du pays (Banco Orsono) au cours de
l'année 1977, le gouvernement, revenant sur ses déclarations,
décida d'intervenir pour la soutenir dans la crainte que la faillite
d'un établissement d'une telle importance ne ruine la confiance dans le
secteur financier. Ce n'est qu'en 1981 que la pérennité du
système fut confié à une "super intendance" bancaire, ce
qui revenait à réintroduire une réglementation
bancaire.
Les faillites ne se limitèrent malheureusement pas
qu'au seul secteur bancaire. Villanueva et Mirakhor (1990) rapportent
que le nombre de faillites d'entreprises s'est multiplié de
façon importante entre 1974 et 1982. Par ailleurs, la
privatisation ne permit pas l'émergence de la concurrence dans
le secteur bancaire. En 1982, les deux plus grandes entreprises chiliennes
contrôlaient les principales compagnies d'assurance, les principaux
fonds mutuels et les deux plus grandes banques commerciales du
pays.
Qu'en fut-il des effets bénéfiques sur
l'épargne, l'investissement et la croissance économique? Dans une
étude récente, Burkett et Dutt (1991) montrent que le processus
de libéralisation financière entrepris au Chili n'a permis ni la
croissance de l'investissement ni la croissance économique. S'il y a
bien eu un effet positif sur l'épargne dû à l'accroissement
de la profondeur financière (négligeable selon Aranello
(1983)), celle-ci semble s'être essentiellement dirigée vers
des activités non-productives du type "actifs immobiliers et
spéculation sur les marchés d'actions, acquisitions d'entreprises
par des holdings bancaires ou importations de biens de consommation de luxe".
Quant à l'ouverture du marché des capitaux domestiques aux
capitaux étrangers, elle se traduisit, selon Mac-Kinnon (1989),
par une appréciation telle du taux de change qu'elle vint annuler les
quelques rares effets bénéfiques qu'avait eu la politique de
libéralisation financière.
On le voit, les résultats obtenus au Chili vont
largement dans le sens des opposants à la libéralisation
financière. Pourtant, au début des années 80, la
Corée du Sud et Taiwan entrèrent, eux aussi, comme nous l'avons
déjà mentionné dans un processus de libéralisation
financière. Toutefois, celle-ci ne fut que partielle. Si elle se
traduisit bien par une libéralisation des taux d'intérêt,
elle laissa à l'Etat un rôle prépondérant en tant
que régulateur du système financier et elle n'ouvrit pas le
marché des capitaux domestiques à l'extérieur.
CHAPITRE II : MUTATION DE L'ENVIRONNEMENT FINANCIER DE
L'UMOA
Ce chapitre sera subdivisé en deux sections, la
première présentera la mutation de l'environnement financier dans
l'UMOA, puis la seconde présentera l'état du financement de
l'activité économique au Bénin depuis la mise en oeuvre de
la reforme financière par les autorités monétaires en
1989.
II-1- Reforme du secteur bancaire et financier
Cette section nous permettra de rappeler d'abord
l'évolution de la politique financière de l'UMOA, puis le
financement de l'activité économique au Bénin. Le
Bénin étant membre de l'Union économique et
monétaire, son système financier s'aligne sur les reformes
entreprises. Dès lors, il s'avère nécessaire d'analyser la
reforme bancaire et financière de l'UMOA.
II-1-1- Contexte financier
français et politique de libéralisation financière dans
l'UMOA
II-1-1-1- Contexte
financier français
Du fait de la coopération monétaire entre la
France et les pays de la zone UMOA, les choix et la mise en oeuvre de la
politique financière dans ces derniers demeurent principalement
liés à la politique monétaire française.
Avant 1983, le système financier français
s'apparentait dans la typologie des systèmes financiers, à un
système administré (Pollin, 1988). Pour l'essentiel, les
principales caractéristiques d'un tel système de financement sont
d'une part la prépondérance des banques dans le financement de
l'économie et d'autre part, l'administration de l'intermédiation
financière. Le financement de l'économie française a
été administré en volume (notamment l'encadrement du
crédit, 1972-1986) et dans la formation des marges (en particulier les
taux d'intérêt bonifiés). Les autorités
monétaires françaises ont opté pour une politique de
libéralisation financière en 1983. Elle s'est traduite par
différentes mesures consistant pour l'essentiel à
décloisonner le marché des capitaux avec la création en
1985-1986 d'un marché monétaire, à supprimer l'encadrement
du crédit bancaire en 1987, à réduire l'intervention de
l'État dans le financement de l'économie entre 1985 et 1992 et
surtout, à mettre en place une politique de privatisation de certains
groupes financiers à partir de 1987 (Perrut, 1998). La politique
monétaire repose désormais principalement sur le maniement des
taux directeurs (les taux des appels d'offres et des prises en pension qui,
théoriquement, encadrent le taux du marché interbancaire).
La mise en oeuvre des politiques financières dans
l'Union a dû tenir compte des changements de politiques
financières françaises dans la perspective d'éviter (ou de
minimiser) les contradictions découlant d'une part du principe de la
libre convertibilité et transférabilité des capitaux, et
d'autre part de la mise en oeuvre de politiques financières divergentes
au sein d'un espace monétaire non homogène, comme c'est le cas
dans la zone franc (Semedo & Villieu, 1997). Pour éviter
l'inadéquation du système de financement aux besoins des
économies ainsi que l'inadéquation de la parité
réelle de change entre le franc français1(*) et le franc CFA, les
autorités monétaires de l'UMOA ont dû veiller à
aligner leurs taux d'intérêt sur ceux de la France, se privant de
toute régulation par les taux (Laurent, 1988). Ainsi, avec la
libéralisation financière en France, les pays de l'UMOA, se sont
trouvés confrontés à de nouvelles contraintes,
amplifiées par le maintien de la parité fixe entre le franc
français et le franc CFA (Brock, 1989). En effet, les conditions qui
conduisent à la détermination du taux de change entre le franc
français et les autres monnaies n'étant pas les mêmes que
celles affectant les économies de l'UMOA. La parité fixe les
privait du recours au taux de change comme instrument de stabilisation
macroéconomique. Cette incohérence s'est amplifiée lorsque
la France a mené une politique d'appréciation du franc
français alors que la situation extérieure de ses partenaires de
l'Union ne cessait de se dégrader au milieu de la décennie 80
(Semedo & Villieu, 1997).
II-1-1-2- La politique de
la libéralisation financière dans l'UMOA
Les mesures contenues dans la Nouvelle Politique
Monétaire et de Crédit d'octobre 1989 et
complétées par les réformes de 1993 vont clairement dans
le sens de la libéralisation du secteur financier, telle que
préconisée par l'école de la libéralisation
financière afin de prendre en compte la mutation de l'environnement
financier international. Elles visent à mettre en place un
dispositif qui inciterait les banques à financer l'économie
en veillant elles-mêmes à la qualité des
crédits distribués et cela quels que soient les
bénéficiaires, à travers l'institution d'un seul taux
directeur, le réaménagement des règles
d'intervention de la BCEAO et l'abandon des programmes de
crédit.
La BCEAO a remplacé ses deux principaux taux (le TEP et
le TEN)2(*) par un taux
d'escompte unique (TES), taux directeur auquel l'institut d'émission
refinance le système bancaire pour les besoins de trésorerie qui
n'ont pu être couverts au préalable au titre du marché
monétaire. Le TES a été fixé au dessus du taux du
marché monétaire (10,5% contre 10,0% au 02 octobre 1989) pour
amener les établissements de crédit à recourir de moins en
moins au refinancement de la Banque Centrale. Il s'applique à tous les
concours de la BCEAO sans tenir compte de la nature et de la qualité du
bénéficiaire du crédit, à l'exception des avances
statutaires aux Trésors nationaux3(*). En 1993, afin de renforcer le rôle de
prêteur en dernier ressort de la BCEAO, les autorités
monétaires ont mis en place le taux de prise en pension dont le niveau
est adapté de façon à suivre l'évolution du taux du
marché monétaire et celle des taux directeurs des places
étrangères (principalement française).
Dans le cas des conditions applicables par les banques, la
réforme d'octobre 1989 a permis aux banques, avec la suppression des
taux débiteurs planchers, de fixer librement leurs conditions
débitrices à condition toutefois de ne pas dépasser un
taux débiteur plafond (toutes commissions comprises) qui ne tient compte
ni de la durée ni de la nature des crédits. En octobre 1993, les
conditions débitrices ont été totalement
libéralisées. Toutefois, les banques ne doivent pas charger des
taux d'intérêt excédant le taux d'usure dont le niveau,
déterminé par le Conseil des Ministres de l'Union, est
fixé à deux fois le taux d'escompte. La libéralisation des
conditions créditrices répondait à deux objectifs :
consolider l'épargne et privilégier davantage les placements
longs tout en maintenant des garanties minimales aux épargnants. La
rémunération des dépôts à vue privés
et des placements privés à terme de moins de 500.000 Fcfa, a
été libéralisée en 1989. La
rémunération minimale retenue en 1989, pour les
dépôts à terme pour un montant supérieur (de
même que les bons de caisse) ont été supprimés en
1993. Depuis cette année, seuls les placements privés de moins
d'un an dont le montant est inférieur à cinq millions (5 000 000
Fcfa) font l'objet d'une rémunération minimale équivalente
au taux moyen mensuel du marché monétaire diminué de 2,0%.
Jusqu'à la fin de l'année 2000, cette marge n'a pas
été modifiée. Son niveau au 01 mai 2000, en vigueur depuis
le 1er avril 1996, soit 3,5%, est le plus bas de ces deux dernières
décennies. La rémunération des dépôts publics
ou assimilés demeure librement fixée par convention entre les
parties. Enfin, les placements contractuels (principalement les comptes
d'épargne sur livret) demeurent rémunérés à
un taux fixe. Les plans d'épargne et autres produits d'épargne
contractuelle ont une rémunération minimale, à
échéance identique, équivalente à celle des comptes
d'épargne sur livret.
Le fonctionnement du marché monétaire de l'Union
n'a pas été fondamentalement modifié en 1989, mise
à part l'autorisation des établissements financiers à y
intervenir et la libéralisation des prêts interbancaires. En
octobre 1993, deux compartiments complémentaires ont été
créés : le marché interbancaire et le guichet des appels
d'offres hebdomadaires de la BCEAO. Le premier permet aux banques à tout
moment d'échanger entre elles leurs flux de trésorerie, selon les
échéances et les taux d'intérêt qu'elles se seraient
librement fixées. Quant au guichet des appels d'offres, il
représente le compartiment où la BCEAO adjuge au taux moyen
d'équilibre tout ou partie des fonds demandés ou offerts par
chaque établissement de crédit. Les guichets à un jour, un
mois et trois mois ont été fusionnés en un guichet
à une semaine. L'adjudication mixte4(*) a été remplacée en juillet 1996
par l'adjudication à la hollandaise5(*) pour tenir compte de la surliquidité bancaire
dans l'Union. Le 25 mai 1998, la BCEAO a décidé de suspendre
l'adjudication de liquidité sur le marché monétaire,
laissant ainsi le refinancement s'opérer sous forme de prise en pension
des effets financiers (publics et privés). La même année,
il y a eu la mise en place de la politique d'open-market. Cette mesure a
été renforcée par l'adoption d'un cadre
réglementaire relatif à la diversification des supports du
marché monétaire (émission des bons de Trésor, des
bons de la BCEAO et autres titres de créances négociables).
Par ailleurs, en 1996 l'encadrement du crédit a
été remplacé par la constitution de réserves
obligatoires, en règle générale non
rémunérées par la BCEAO. Pour faciliter aux
établissements de crédit la maîtrise de ce nouvel
instrument de politique financière, le coefficient et l'assiette ont
été fixés, uniformément pour tous les pays,
à des niveaux assez bas : 1,5% sur les dépôts à vue
et les crédits à court terme hors crédits de campagne. A
partir d'août 1998, des coefficients différenciés ont
été appliqués selon les pays, de façon à
prendre en compte, semble t-il, les évolutions divergentes des
crédits à l'économie. En outre, ils ont été
sensiblement relevés : 9,0% pour le Bénin, le Burkina, la
Côte d'ivoire, le Mali et le Togo contre 5,0% pour les autres pays. En
mars 2000, l'assiette a été élargie aux créances
brutes sur l'extérieur, aux crédits de campagne (les
établissements financiers doivent constituer des réserves sur la
base des emplois de clientèle diminués des emprunts aux agents
financiers) et aux coefficients réduits d'un tiers pour certains pays
(Bénin, Burkina, et Mali) par rapport à leurs niveaux de novembre
1998.
Les programmes sectoriels de crédit dans l'Union ont
été supprimés en octobre 1989. Les banques ont eu toute la
latitude pour financer l'économie sur la base de critères
exclusivement financiers. Pour les États souhaitant favoriser le
financement des secteurs considérés prioritaires, ils ont
été invités à rechercher d'autres mécanismes
d'incitation fiscale ou financière avec la mise en place de fonds de
bonifications des prêts.
Enfin, pour un meilleur suivi des opérations
financières et bancaires dans le nouvel environnement financier
libéralisé, la Commission Bancaire de l'Union (CBU) a
été mise en place (en remplacement des commissions nationales de
contrôle des banques et établissements financiers) le 1er octobre
1990. La CBU s'intéresse au contrôle des banques et
établissements financiers de la zone UMOA. Sa mission s'exerce à
travers des contrôles sur pièces et sur place et donne son avis
pour les demandes d'agréments. En outre, le système financier et
bancaire est réglementé et supervisé à travers
trois principaux dispositifs : la loi bancaire définie à
l'attention des banques et établissements financiers légalement
agréés, la loi portant réglementation des institutions
mutualistes ou les coopératives d'épargne et de crédit et
la Convention cadre sur les institutions à caractère mutualiste
ou coopérative.
En cas de non respect des dispositions applicables, elle peut
prendre des mesures administratives ou des sanctions disciplinaires allant,
selon la gravité de l'infraction, de l'avertissement au retrait
d'agrément. En ce sens, la CBU a été
considérée comme un élément essentiel à
l'assainissement bancaire (Le Noir, 1997).
II-1-2- La Bourse
Régionale des Valeurs Mobilières (BVRM) de l'UMOA
Le marché financier régional est classé
en deux grands ensembles, à savoir :
-Une structure publique6(*), constituée du Conseil Régional de
l'Epargne Publique et des Marchés Financier (CREPMF), qui
représente l'intérêt général et garanti la
sécurité du marché ;
-Une structure privée, composée de la Bourse
Régionale des Valeurs Mobilières et du dépositaire
central/Banque de règlement (DC/BR) qui sont statutairement des
sociétés privées mais qui sont investies d'une mission de
service publique.
La bourse régionale des valeurs mobilières de
l'Afrique de l'Ouest, commune aux huit pays de l'UMOA, a démarré
ses activités le 16 septembre 1998 après que le Conseil
d'administration affirmant davantage l'orientation de la politique de
libéralisation financière en 1993 ait décidé de sa
création7(*). Son
siège est à Abidjan en Côte d'ivoire et elle est
représentée dans chaque Etat de l'Union par une Antenne Nationale
de Bourse (ANB). Cette dernière est chargée d'assurer les
relations publiques de la BRVM, de diffuser les informations et d'assister les
intervenants au marché. La conservation et la circulation des valeurs
mobilières sont assurées par le Dépositaire Central
qui fait aussi office de banque de règlement pour les
intermédiaires et les opérations actuellement
dénouées à J+5 (jour de négociation plus cinq jours
ouvrés). L'une des principales missions du marché boursier de
l'Afrique de l'Ouest est l'accompagnement de la politique économique
libérale amorcée dans la zone UMOA, à travers deux
objectifs : le renforcement de la structure financière des entreprises
et la réduction des coûts d'intermédiation
financière dans l'Union. Les opérations de la BRVM se font au
comptant suivant une séance de cotation "au fixing" par jour. A la fin
de chaque séance de bourse, une seconde séance de cotation est
organisée afin de permettre aux titres non cotés et/ou
réservés, de transiger éventuellement. Elle dispose de
deux marchés l'un pour les actions et l'autre pour les
obligations8(*).
Le marché des actions est composé de deux
compartiments. Dans le premier, sont admises les sociétés
présentant une capitalisation boursière au moins égale
à 500 millions de Fcfa, dégageant une marge nette de 3% sur
chiffre d'affaires sur chacune des trois dernières années et
libérant au moins 20% de leur capital dès l'introduction en
bourse9(*).
Quant aux sociétés qui présentent une
capitalisation boursière au moins égale à 200 millions de
Fcfa et qui s'engagent à libérer au moins 20% de leur capital
dans un délai de deux ans ou 15% en cas d'introduction par augmentation
de capital, elles sont admises dans le second compartiment. Le marché
obligataire est ouvert à l'émission des obligations dont le
nombre de titres est supérieur à 25.000 pour une valeur nominale
totale supérieure ou égale à 500 millions de Fcfa.
L'activité de la BRVM est mesurée à
travers deux principaux indices : le BRVM 10 et le BRVM composite. Le premier
indice, révisé chaque trimestre, regroupe les cours des dix
sociétés les plus actives du marché tandis que le second
indice est calculé sur la base de toutes les valeurs admises à la
cote. Les critères de sélection du BRVM 10 s'inspirent des
principaux indices boursiers du monde (niveau de capitalisation
boursière, volume de transactions par séance et fréquence
des transactions). En particulier, pour chaque valeur qui entre dans le calcul
de l'indice, deux conditions sont requises : d'une part avoir un montant
journalier moyen des transactions (ayant eu lieu au cours des trois mois
précédant la revue trimestrielle) au moins égale à
la médiane des montants quotidiens moyens des transactions de l'ensemble
des titres et d'autre part, avoir une fréquence de transactions toujours
supérieure à 50%10(*).
II-2- Financement de l'activité économique au
Bénin
Dans cette section, notre analyse relative au financement de
l'activité économique prendra en compte l'intermédiation
financière. Quant au financement de l'activité économique,
elle mettra en évidence le mode de financement de l'économie et
son évolution à travers les différents secteurs
d'activité.
II-2-1- L'intermédiation
financière au Bénin
Cette sous section consistera essentiellement à faire
le bilan de l'intermédiation financière au Bénin. Nous
analyserons l'intermédiation financière bancaire, puis
naturellement l'intermédiation financière non bancaire.
II-2-1-1-
L'intermédiation financière bancaire
II-2-1-1-1- Présentation du secteur bancaire
Béninois
Le système bancaire béninois, au bord de
l'écroulement à la fin des années 80, a été
complètement assaini, renforcé et libéralisé.
Plusieurs nouvelles banques privées se sont installées depuis
l'an 2000. Ainsi, suite à la liquidation des institutions
financières de l'Etat, plusieurs banques privées se sont
installées à la fin des années 80 et au début des
années 90. En 1987 s'installe la Financial Bank. Elle est suivie en 1989
par la Bank of Africa (BOA), la Banque internationale du Bénin (BIBE) et
Ecobank. En 1992 est créée la Continental Bank Bénin, puis
en 1999 la banque à capitaux nigérian Diamond Bank. La BOA
détient la plus grande part du marché (environ 40%), suivie par
Ecobank (22%), la BIBE (11%) et la Financial Bank (10%). Quatre (4) nouvelles
banques ont fait leur entrée depuis 2002. La Société
Générale de Banque au Bénin (SGBBE), créée
en janvier 2002, est la première banque à capitaux
étrangers (hors capitaux africains) à s'installer au
Bénin, hormis la courte apparition du Crédit Lyonnais au milieu
des années 90. Aussi, s'installe au cours de l'année 2002, la
Banque Sahélo-saharienne pour l'investissement et le commerce (BSIC
Bénin SA).
A ces deux banques « classiques » se sont
ajoutés deux établissements spécialisés. En
l'occurrence le financement de l'habitat et l'octroie de prêt à
moyen et long terme.
L'habitat a donc bénéficié d'un
financement spécifique à la faveur de la création de la
Banque de l'Habitat du Bénin en 2004. Une convention a été
signée entre le gouvernement béninois et le groupe African
Financial Holding (AFH). Le capital de 1,5 milliard FCFA est détenu
à hauteur de 51% par AFH, l'Etat béninois possédant 10%.
Cette banque devrait créer des conditions favorables pour l'accès
au logement, avec un taux d'intérêt servi de 8% maximum, en
dessous de trois points du niveau des taux d'intérêt
pratiqués jusqu'à présent. Un accès facilité
au crédit immobilier qui devrait favoriser l'accession à la
propriété. African Investment Bank (AIB-SA) est
créée en 2005. Elle a pour objectif de financer des projets
d'investissement productif par l'octroi de prêts à moyen et long
terme. La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) soutient cette
initiative avec une participation au capital social de la banque de 250
millions FCFA. Assurément, elle répondrait à un besoin,
les entreprises reprochant souvent aux banques de ne disposer que de
financement à court terme. La Banque Atlantique, déjà
présente en Côte d'Ivoire et à capitaux africains, est
créée en 2005, ainsi que la Banque Régionale de
Solidarité du Bénin. A ce jour, le système bancaire
Béninois est composé de douze (12) banques, avec une
représentation nationale de la Banque centrale (BCEAO).
II-2-1-1-2- Analyse descriptive des indicateurs
d'intermédiation bancaire
L'appréciation du développement d'un
système financier bancaire nécessite une analyse de certains
indicateurs clés, notamment le mouvement évolutif des variables
caractérisant les activités des banques que sont essentiellement
les dépôts collectés et les crédits octroyés
au fil des années.
II-2-1-1-2-1- Evolution des dépôts bancaires
Notre analyse de l'évolution des dépôts
bancaire reposera sur les éléments du bilan des banques sur la
période 1989 - 2004. Dès lors, notre appréciation se
portera successivement sur le volume des dépôts à vue et
à terme, détenus par les particuliers d'une part et l'Etat
d'autre part. En effet, ces types de dépôts ont l'aptitude
à couvrir les besoins de financement des investissements privés
par le biais des crédits à moyen et à long terme.
Sur la période de référence, les
ressources des banques sont passées de 91, 3123 milliards en 1989
à 461, 147 milliards en 2004 ; soit une évolution
très considérable de 405,02%11(*).
Dans ces ressources, les dépôts des particuliers
et entreprises ont augmenté de 59, 724 200 milliards en 1989 à
464, 126 milliards en 2004, soit un accroissement de 509, 67 %. Par contre au
niveau de l'Etat on a enregistré une augmentation de 31, 588 milliards
de 1989 à 97, 021 milliards 2004 soit une hausse de 207,144%. Ces forts
taux s'expliquent par la reforme financière observée suite
à l'effondrement du système bancaire à la fin des
années 1980. Le graphique ci- dessous permet de mieux illustrer la
situation observée.
Graphique 1 :
Evolution comparée des ressources bancaires de 1989 à
2004
Source : nos calculs, statiques
monétaires et financières pour le Bénin, BCEAO
(2006)
De ce graphique, il ressort que la courbe représentant
l'évolution des ressources bancaires et celle de l'évolution des
dépôts des entreprises et particuliers, ont sensiblement le
même type d'allure contrairement à ce que l'on observe au niveau
des dépôts de l'Etat. Les ressources bancaires sont donc
essentiellement constituées des dépôts des particuliers et
des entreprises (dépôts privés). En catégorisant le
montant des dépôts dans les banques, on distingue les
dépôts à vue et les dépôts à terme. Le
graphique suivant traduit l'évolution dans le temps.
Graphique
2 : Evolution comparative des dépôts bancaires de 1989 à 2004
Source : Nos calculs,
statiques monétaires et financières pour le Bénin, BCEAO
(2006)
De ce graphique, on constate que l'ensemble des
dépôts à vue a connu en moyenne une évolution au fil
des années. Cependant on note une baisse de ce type de
dépôts de 4,7705 milliards en 1992, de 8, 2301 milliards en
1997 et enfin un début de chute de 12, 218 milliards de Fcfa à
partir de 2003 pour remonter en 2005 de 58, 168 milliards.
Quant aux dépôts à terme, ils ont connu
une évolution de près de 878,89% entre 1989 et 2004.
II-2-1-1-2-2- Evolution de l'offre de crédits
bancaire
Pour mieux appréhender cette offre de crédit
bancaire, on distingue au premier abord les crédits à court terme
généralement destinés à couvrir les emplois des
ressources liés au processus de production ou à équilibrer
la trésorerie des entreprises et des particuliers, en second lieu nous
nous intéresserons aux crédits à moyen et à long
terme qui sont plus adaptés à satisfaire les besoins de
financement des investissements privés.
A cela s'ajoutent des crédits en souffrance
constitués pour l'essentiel des impayés et immobilisés et
des crédits qualifiés de douteux et litigieux. En effet, de
façon globale, l'ensemble du crédit à l'économie a
connu entre 1989 et 2004, une hausse de 201,70 %. Il faudra souligner qu'il y a
eu une forte chute des crédits à l'économie de 29,98 % de
1996 à 1997 qui peut être liée à une importante
baisse de près de la moitié des crédits à court
terme (- 42,9 % de 1996 à 1997). Le graphique ci-dessous illustre
parfaitement ces observations.
Graphique
3 : Evolution comparative des types de crédit de 1989 à
2004
Source : Nos calculs, statiques monétaires
et financières pour le Bénin, BCEAO (2006)
En se référant toujours au graphique, il est
aisé de constater que la situation d'ensemble n'est pas favorable aux
crédits à long terme dans l'ensemble des crédits de
l'économie béninoise. Du niveau de 3,44 % en 1995, ils n'ont pu
atteindre 2 % sur le reste de la période d'étude avant de
remonter à 3,25% en 2005 ce qui montrerait ce semblant de prise de
conscience de la situation par les agents financiers. La baisse a
été drastique en 1996 avec une part de 0,13 %. A partir de 1997,
sa part dans l'ensemble des crédits à l'économie avoisine
0,77 %. Cela dénote que les banques béninoises ont toujours des
réticences pour le financement des investissements, gage d'une
croissance réelle de la valeur ajoutée de l'économie.
En reliant ce comportement à la structure des
dépôts existants dans le secteur bancaire, il apparaît une
nette prépondérance des dépôts à court terme.
Ce qui pourrait justifier partiellement le comportement de ces banques eu
égard aux ratios prudentiels et aux possibilités très
restreintes qui leurs sont offertes dans la transformation des crédits
à court terme en financement des crédits à moyen terme
Quant aux crédits en souffrance, ils regroupent les
crédits impayés et les crédits douteux et litigieux. Les
crédits impayés représentent les crédits aux
échéances impayées depuis 6 mois au plus et n'ayant pas
fait l'objet de prorogation à terme ou de renouvellement. Par contre les
crédits douteux et litigieux sont des crédits échus ou non
mais présentant un risque probable de non recouvrement partiel et total.
Il faut souligner que pour ces types de crédits la comptabilité
bancaire prévoie des dotations aux provisions suivant des anticipations
de recouvrement bien précises.
Le graphique ci - après retrace l'évolution des
crédits en souffrances suivant notre période d'étude.
Graphique 4 :
Evolution des crédits en souffrance de 1989 à 2004
Source : Nos calculs, statiques
monétaires et financières pour le Bénin, BCEAO
(2006)
On constate que ces crédits ont un niveau
élevé avant 1990. Ce qui expliquerait en partie la crise
financière au Bénin à la fin des années 80. A
partir de 1990, les crédits en souffrances ont considérablement
chuté jusqu'à atteindre leur niveau le plus bas (3 285
millions de Fcfa) en 1998. Ces crédits en souffrance passent de 61,75%
du crédit à l'économie en 1990 à 7% en 2004. Ceci
peut être justifié par la nouvelle réforme
opérée en ce qui concerne la restructuration du système
bancaire et financier. Ces tendances sont reliées à l'apurement
de plus en plus marqué de ces types de crédits, d'où
également l'efficacité des services ou procédure de
recouvrement des banques béninoises.
II-2-1-2-
L'intermédiation financière non bancaire au Bénin
Par intermédiaire financier non bancaire, nous
désignons les établissements financiers
décentralisés (Microfinance), les établissements
financiers et sociétés d'assurance au Bénin. En effet, le
nombre d'entreprises cotées et introduites en bourse reste très
faible au Bénin, pour ne pas dire inexistant par rapport à la
Cote d'Ivoire. A nos jours, seule la Bank Of Africa (BOA) et la SOBEBRA sont
cotées à la bourse régionale des valeurs mobilière
de l'UMOA.
II-2-1-2-1- Evolution des systèmes financiers
décentralisés
La Microfinance répond à un véritable
besoin. Elle se définit comme l'offre de petites transactions
financières à des clients à revenus relativement faibles
en utilisant une garantie non traditionnelle. Elle est un instrument
très adapté pour lutter contre la pauvreté en permettant
aux plus démunis de générer des activités.
La Microfinance est déjà très dynamique
au Bénin et certaines opérations originales se sont
montées. En 2003, 15% de l'ensemble des crédits à
l'économie ont été accordés par des Institutions de
Microfinance (IMF). Au 31 décembre 2003, on comptait plus de 500
institutions et initiatives gouvernementales totalisant 1 200 caisses.
Près de 600 000 personnes bénéficient de leurs services.
L'encours des dépôts des IMF s'élevait à près
de 39 milliards FCFA, l'encours des crédits à près de 57
milliards FCFA tandis que les créances en souffrance
représentaient 1,832 milliards FCFA. La Fédération des
Caisses d'Epargne et de Crédit Mutuel (FECECAM), regroupant les
coopératives d'épargne et de crédit, est l'institution la
plus importante. Avec sept (7) unions régionales, 101 Caisses Locales de
Crédit Agricole Mutuel (CLCAM) et cinquante huit (58) Caisses
Villageoises d'Epargne et de Crédit (CVEC), elle dispose d'un encours de
prêts de 42 millions de dollar US octroyés à ses quelque
400 000 membres. Elle a cependant rencontré de graves difficultés
financières en 1997. Deux autres structures ciblent plus
particulièrement la création de micro-entreprises : le PADME
(Promotion pour l'Appui et le Développement de la Micro-Entreprise) et
le PAPME (Association pour la Promotion et l'Appui au développement des
MicroEntreprises). Une initiative originale est la création de la
FINADEV Sa, première société privée de microfinance
d'Afrique francophone, elle est une filiale de la Financial Bank Bénin.
Son capital est réparti entre la Financial Bank, la SFI, filiale de la
Banque Mondiale pour le secteur privé, la coopération
néerlandaise FMO et Lafayette participations du groupe Horus. Elle
accorde en priorité des crédits solidaires. L'en-cours des
prêts s'élevait au 31 décembre 2003 à près de
FCFA 16 milliards pour un peu moins de 15 000 bénéficiaires.
Le nombre de bénéficiaires directs
recensés au niveau de l'échantillon des structures de
microfinance est passé de 657209 en 2004 à 664732 en 2005, ce qui
équivaut à une progression de 1,1%. Elle résulte d'une
augmentation de la clientèle de PAPME, PADME et de la FECECAM,
faiblement compensée par la diminution des membres de PEB Co et de
l'AssEF qui connaissent une crise de gestion et de gouvernance.
Quant au nombre des points de services, il a connu une hausse
de 7,5%. Il s'est accrû de 22 en passant de 293 à 315. L'encours
des crédits octroyés à la clientèle des SFD
(Système Financier Decentralisé) a connu en 2005 une augmentation
de l'ordre de 2,3%, équivalant à 1.700 millions.
On note cependant une stagnation des concours alloués
aux bénéficiaires du secteur de la microfinance en raison des
mesures restrictives de distribution du crédit adoptées à
l'approche de la fin de l'exercice. Néanmoins, le secteur de la finance
décentralisée a pu mobiliser 13,8 milliards de lignes de
crédits dont 2.890 millions au profit de PAPME et 3.081 millions en
faveur de PADME, 2.274 millions pour VITAL FINANCE, 2.753 millions pour la
FECECAM, et 2.853 millions pour FINADEV SA.
Il convient de faire remarquer que la SGBBE (6.219 millions)
et la BOA (4.166 millions) demeurent à fin décembre 2005 les plus
importants pourvoyeurs du secteur de la finance décentralisée.
II-2-1-2-2- Les sociétés d'assurance et
des établissements financiers de crédit
Avec la privatisation en mars 1998, de la
Société Nationale d'Assurance et de Réassurance (SONAR),
Ie secteur des assurances s'est entièrement libéralisé au
profit de compagnies privées. L'épargne collectée est
affectée au financement de l'économie nationale et
également celle de l'Union à travers des placements qui
réunissent à la fois les critères de
sécurité, de rentabilité et de liquidité.
Malgré la prolifération de sociétés d'assurance
privées il apparaît difficile d'estimer leur impact sur
l'activité économique du Bénin. En effet, la plupart des
valeurs mobilières détenues sont des valeurs d'Etats (UEMOA) ou
d'Organismes Internationaux.
En outre, le système financier du Bénin compte
actuellement deux (2) établissements financiers en activité,
à l'issue du retrait d'autorisation d'exercer de Crédit Promotion
Bénin et de Crédit du Bénin en août 2001 et juin
2002 respectivement. Seuls Equipbail et Crédit Africain exercent
toujours. Cependant le niveau d'activité de ces établissements
apparaît relativement faible. Seulement 1262 et 899 millions de FCFA ont
été octroyés respectivement par Equipbail
et Crédit Africain au 30 novembre 2005.
II-2-2- Les
caractéristiques du financement de l'activité économique
au Bénin
Dans cette section, notre analyse portera essentiellement sur
le mode de financement de l'économie Béninoise d'une part, et le
niveau de financement de la production d'autre part.
II-2-2-1- Le mode de
financement de l'économie Béninoise
L'analyse comparative de l'évolution des
dépôts et des crédits montre que leurs évolutions
s'effectuent dans des proportions relativement différentes. En effet,
pendant que les dépôts ont connu un accroissement de 1990 à
1997, les crédits par contre, ont de façon
générale, baissé comme le reflète bien le
graphique.
Graphique 5 :
Evolution de dépôt et crédits bancaires au Bénin de
1989 à 2004
Source : Nos calculs, statiques
monétaires et financières pour le Bénin, BCEAO
(2006)
A partir de ce graphique, on constate que de 1990 à fin
décembre 1993, il y a une baisse dans l'octroi de crédits avant
de renouer avec la croissance de 1994 a 1997 alors que les dépôts
sont en constante augmentation. Il apparaît un problème de
transformation financière. L'allure des courbes, nous autorise à
analyser la transformation financière des banques du système
financier Béninois.
II-2-2-1-1-La transformation financière dans
l'économie Béninoise
La transformation financière consiste a utiliser les
ressources a vue ou à court terme pour effectuer des emplois à
moyen et long terme. Le taux de transformation financière est
passé de 21,87% en 1989 à 11,13%12(*) en 1994, soit une baisse de 10,74 points de
pourcentages. Cela s'explique par le fait que les banques sur cette
période d'étude, ont effectué de moins en moins de
transformation financière. Cette absence de transformation
financière semble témoigner d'un manque de prise de risque de la
part des banques. A partir de 1999, les banques béninoises ont pris des
risques en transformant une partie des ressources a court terme en emplois
à moyen et long terme allant jusqu'à dépasser les 25% de
transformation exigés par les autorités monétaires. En
effet, le coefficient de liquidité et le ratio "fonds propres sur
risques", qui indiquent respectivement le seuil « d'alerte» d'un
risque d'illiquidité et d'un risque d'insolvabilité au niveau des
banques, se situent en moyenne au delà des normes exigées par la
réglementation prudentielle à savoir plus de 60% pour le premier
ratio et plus de 40% pour le second. Par conséquent, les banques
devraient normalement effectuer de la transformation financière. Ce
qu'elles ne semblent pas faire.
II-2-2-1-2- Les raisons de la faiblesse de la
transformation financière
En renonçant ainsi à la transformation
financière, les banques au Bénin participent moins au financement
de l'activité économique. Cette faible participation au
développement est le signe qu'il existe un comportement de rationnement
du crédit de la part des banques. Ce comportement des banques qui limite
le niveau de l'investissement influe négativement sur la croissance, et
s'explique diversement par les acteurs.
Pour les opérateurs, l'accès au financement est
difficile car les banques posent trop de conditions, lesquelles sont difficiles
à remplir. Ce sont par l'exemple l'apport personnel (20 à 30% du
montant total du projet d'investissement); les garanties demandées
(hypothèques etc.) et le niveau élevé des taux
d'intérêts. Selon toujours les opérateurs
économiques, le secteur bancaire brille par excès de
précautions, ce qui occasionne des coûts de transaction
élevés qui finalement découragent 1'entrepreneuriat.
Du coté des banquiers, le faible taux d'acceptation des
projets est causé par la défaillance de la qualité des
promoteurs et des projets, à l'insuffisance des garanties, et surtout
à un comportement peu coopératif des opérateurs
économiques qui ont toujours chercher à dissimuler leur situation
financière et comptable réelle. Selon les banquiers, les pouvoirs
publics n'ont pas toujours su créer un environnement favorable aux
affaires. En matière de règlement de faillite par exemple, les
juridictions sont souvent laxistes envers les emprunteurs insolvables. Lorsque
la banque arrive à récupérer les garanties souscrites lors
du contrat, elle a du mal à les réaliser, faute de
marchés secondaires développés.
Ces différents points de vue semblent mettre en
lumière le problème de transparence dans la relation entre les
banques et les clients. On parle d'asymétrie d'information. Les
asymétries d'information sont des situations dans lesquelles un
coté du marché dispose d'une information complète mais ne
la diffuse que partiellement ou pas du tout. En fin de compte, on assiste
à une augmentation des créances en souffrance. Faute de pouvoir
gérer le risque, les banques sont obligées de rationner le
crédit, renonçant ainsi à la transformation
financière. Ce faisant, elles préfèrent rentabiliser leurs
ressources sur les marchés de capitaux.
II-2-2-2- Evolution du
financement de l'activité économique
II-2-2-2-1- Analyse globale du financement de
l'activité économique
L'implication du système bancaire dans le financement
de l'économie est captée par le taux de financement bancaire de
l'économie. Ce taux est obtenu à partir du rapport du
crédit à l'économie au PIB courant. Cette formule
reflète mieux l'apport du système bancaire au financement de
l'activité économique.
Graphique 6 :
Evolution du taux de financement bancaire
Source : Nos calculs, statiques
monétaires et financières pour le Bénin, BCEAO
(2006)
Le graphique ci-dessus montre qu'au cours de la période
1990-.1998, Ie taux a évolué continuellement à la baisse.
D'un niveau de 20,59% en 1990, Ie taux de financement bancaire est passé
à 15,07% en 1992 puis a 07,21% en 1996 avant de connaître une
légère hausse en 1997, ce qui porte le taux à 08,19%.
L'analyse de cette évolution du taux en baisse pourrait
traduire à première vue un désengagement ou un
désintéressement des banques et établissements financiers
vis-à-vis du financement de l'économie du Bénin. Mais une
telle conclusion sera hâtive et ne tiendrait pas compte de certains
éléments qui viennent réduire la signification des
chiffres.
La politique d'assainissement du système bancaire mise
en oeuvre à partir de 1989 dans toute l'UMOA a contraint les
établissements de crédit au respect de certaines règles
devant favoriser une gestion plus rigoureuse de la monnaie et du crédit.
La masse très importante des crédits en souffrance qui gonflait
le volume des crédits à l'économie a été
apurée progressivement a partir de 1990. En outre, les conjonctures
économiques des années 1990 et 1991 qui coïncidait avec une
ouverture du Bénin à la démocratie ont fait naître
un climat de confiance et favoriser le retour de l'épargne
transférée à l'étranger pendant la période
de crise du système bancaire. L'utilisation de ces fonds propres pour
financer une activité de plus en plus dynamique a permis de faire
baisser la demande du crédit bancaire.
En marge de toutes ces raisons, il est à noter que
l'écart entre la masse des crédits à l'économie et
la valeur du PIB courant a été creusé à partir de
1994, cette situation était le résultat du gonflement du PIB
courant sous I'influence de la poussée inflationniste provoquée
par le changement de parité du franc CFA par rapport au franc
français en janvier 1994.
Néanmoins, il est admis que globalement le
système bancaire béninois contribue faiblement au financement de
l'économie. Et vu sous l'angle du volume des concours accordés,
ils n'ont pas suivi l'évolution des besoins.
II-2-2-2-2- Analyse sectorielle du financement de
l'activité économique
Cette sous section consistera à analyser la part du
financement bancaire dans l'évolution de la valeur ajoutée par
rapport au PIB sectoriel à prix constant de 1985 d'une part, et
l'analyse du financement des industries manufacturières et de
l'agriculture d'autre part.
Tableau 3 : Evolution
comparée des crédits par rapport au PIB par secteur
d'activité
Période
|
90-94
|
95-2000
|
2002
|
2003
|
2004
|
Secteurs Primaire
|
35,22
|
37,21
|
33,75
|
32,09
|
31,86
|
Secteurs Secondaire
|
13,41
|
13,92
|
13,55
|
13,3
|
13,38
|
Secteurs Tertiaire
|
46,56
|
42,23
|
44,58
|
46,05
|
46,09
|
Source: Nos calculs, World indicators,
statiques monétaires et financières pour le Bénin, BCEAO
(2006)
Depuis le réajustement monétaire intervenu en
1994, l'importance du secteur primaire dans la production intérieure ne
cesse de croître. Ainsi, elle passe de 35,22 % sur la période 1990
-1994 à 37,21% sur la période 1995-2000. La production du secteur
secondaire demeure encore faible et sa part dans la formation du PIB est
restée stable, 13,41% sur la période 1990 -1994 à 13,92 %
sur la période 1995-2000, ceci traduit bien le manque de vitalité
du secteur.
Relativement au secteur primaire, le secteur secondaire
absorbe plus de crédit. En effet, les crédits
alloués au secteur secondaire sont passés de 17988 millions en
1994 à 22663 millions en 1995 avant de chuter à 18849 millions de
FCFA, alors que le secteur primaire n'a reçu que 429 millions en 1994,
pour se retrouver finalement a 375 millions en 1997 (BCEAO, 2006). Cet
état parait paradoxal car le secteur primaire contribue le mieux
à la croissance économique mais se retrouve le moins soutenu en
matière de financement bancaire. Il serait nécessaire que les
autorités prennent des dispositions pour éviter cette
insuffisance de financement du secteur primaire.
La production dans le secteur tertiaire représente la
plus grande part dans le PIB et s'améliore progressivement au profit des
autres secteurs. Ce secteur demeure le plus grand utilisateur de crédit
alloué (BCEAO, 2006). Au total, on constate que le financement de
1'économie par le système bancaire national n'est pas encore
à la hauteur des besoins exprimés.
En effet, Ie secteur primaire recèle d'importantes
opportunités, l'agriculture constitue la base de l'économie
béninoise. Elle représente plus de 80% des recettes
d'exportation, elle occupe aussi 70 a 80% de la population active et
présente d'énormes potentialités au plan de
l'immensité des terres en friche et des conditions
agro-écologiques qui sont favorables et variées. Malgré
toutes ces potentialités, force est de constater que l'agriculture
béninoise au sens large (production végétale, animale
halieutique, forestières...) reste globalement archaïque. La
mauvaise gestion des ressources affectées au secteur, l'enclavement des
zones rurales, l'inorganisation des filières, l'analphabétisme,
l'absence d'un régime foncier clair et conséquent, seraient les
raisons qui expliquent le sous- financement du secteur.
Quant au secteur secondaire, les contraintes qui entravent son
développement sont notamment entre autres: l'utilisation non rationnelle
de la main-d'oeuvre, les habitudes de consommation qui sont plutôt
favorables aux produits d'importation, la rigidité du système
fiscal et judiciaire et surtout des fortes contraintes financières
(CAPE, 2004).
En dehors de la branche "commerce" qui est
prépondérante avec une part de 18,2% en 1996 du PIB, le secteur
tertiaire béninois regorge d'autres potentialités qui devraient
retenir l'attention des banquiers, notamment le tourisme et l'artisanat.
DEUXIEME PARTIE : Libéralisation du secteur
financier et performances économiques du Bénin
Dans cette partie, les modèles utilisés feront
l'objet d'une analyse qui consistera essentiellement à présenter
les variables et les méthodes statistiques utilisées, d'une part,
et l'interprétation des résultats de l'estimation, d'autre
part.
CHAPITRE III : IMPACT
DES REFORMES FINANCIERES SUR LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DU BENIN
Ce chapitre nous permettra d'évaluer l'impact de la
reforme financière dans l'UMOA sur les performances économiques
du Bénin. A cet effet, un indicateur de politique financière
(IPF) a été construit à partir de la méthode de
construction de Demetriades et Luintel (1996a), Bandiera et al (2000), Amaira
Bouzid (2003). La méthode de construction de l'indicateur a
été présenté dans la première partie du
chapitre, ensuite l'impact de la reforme financière captée par
cet indicateur sur les performances économiques du Bénin a
été testé grâce au test de causalité de
Granger.
III-1- Construction de l'indicateur de politique
financière
III-1-1- Quelques exemples
d'indicateur de politique financière
Généralement, la politique de
libéralisation financière consiste à mettre en oeuvre
plusieurs mesures différentes qui vont de l'abandon de l'administration
des taux d'intérêt et des programmes de crédits au
développement des marchés financiers. La prise
en compte des effets simultanés de ces mesures représente selon
Demetriades & Luintel (1996a), l'impact direct d'une politique
financière. C'est dans ce cadre que les deux auteurs ont proposé
un indicateur synthétisant les différentes mesures de politique
financière. Ils justifient cette méthode par le fait que les taux
d'intérêt présentent souvent des effets ambigus sur le
développement financier. Demetriades et Luintel (1996a) illustrent cette
situation par le cas d'une banque qui doit maintenir un niveau optimal
d'intermédiation financière, en présence d'un plafond sur
les taux d'intérêt débiteur et d'un taux créditeur
fixe. Pour y parvenir, cette dernière, sous ces conditions, est
contrainte de s'y prendre autrement (ouverture de nouveaux guichets, marketing,
etc).
En fait, il s'agit de l'argument contraire avancé par
Fry (1995) pour démontrer l'impact négatif des politiques de
répression financière, en l'occurrence dans le cas d'un taux
créditeur minimum.
Demetriades & Luintel (1996a), dans le cas de l'Inde de
1960-1991, ont construit un indice de politique financière qui incorpore
sept composantes principales, expliquant 99% des neufs mesures de
répression financière identifiées. Lorsqu'ils
évaluent l'impact de leur indice de répression financière
par rapport au niveau de développement financier,
représenté par le ratio dépôts bancaires sur le PIB,
le coefficient de l'indice de politique financière est négatif et
significatif. C'est le signe13(*) attendu selon la théorie de la
répression financière : une baisse de l'indice14(*) de répression
financière, c'est-à-dire une libéralisation du
système financier, se traduit par une hausse du niveau de
l'épargne mobilisée par les banques. Ils en déduisent que
l'impact de la politique financière ne passe pas uniquement par le
niveau du taux d'intérêt. Demetriades et Luintel (1996b),
étendent l'analyse en utilisant trois différentes mesures de
répression financière pour le calcul de leur indicateur, toujours
dans le cas de l'Inde. Dans tous les cas, l'indice a un signe négatif.
Des analyses similaires ont été réalisées par
Arestis & Demetriades (1997) et Demetriades & alii (1998) concernant
cinq pays asiatiques. En résumé, ces derniers trouvent que la
répression financière, quatre (4) fois sur cinq (5), a un impact
direct négatif et significatif sur la productivité du capital.
Chai et Laurenceson (1998), dans le cas de la Chine, construisent un indicateur
de répression financière sur la base de trois mesures de
politique financière (l'administration des taux d'intérêt,
le contrôle de l'octroi du crédit, et les programmes de
crédit), afin d'analyser l'impact de la libéralisation
financière sur l'approfondissement financier. Le coefficient de
l'indicateur qu'ils trouvent n'est pas statistiquement significatif.
Bandiera et al (2000), s'interrogeant à propos de
l'impact de la libéralisation financière sur la mobilisation de
l'épargne dans le cas de huit pays en développement, ont
construit à cet effet un indice de répression financière
à partir de l'analyse des composantes principales. Ils trouvent que la
libéralisation financière a un impact direct positif et
significatif au Ghana et en Turquie, tandis qu'il est négatif et
significatif en Corée et au Mexique. Dans les autres pays (Zimbabwe,
Chili, Indonésie et Malaisie), les auteurs n'ont pu déceler aucun
effet significatif. Quant à Amaira Bouzid (2003), dans une étude
sur donnée de panel, construit un indicateur de politique
financière qui capte les effets de la reforme du secteur financier sur
le secteur réel. Il considère six mesures principales de
politique financière. Ces résultats mettent en évidence un
impact direct relativement faible pour les pays africains15(*) mais élevé pour
les pays du Sud-est asiatiques.
III-1-2- Méthode de
construction de l'indicateur
Par référence à ces auteurs16(*), nous construisons pour le
Bénin un indice de politique financière. En outre, nous
vérifions le lien qui existe entre les indicateurs de
développement financier et cet indice. Cette variable est
utilisée comme une variable proxy de la libéralisation
financière. Le calcul de cet indice est un exercice qualitatif reposant
sur le type et l'année de libéralisation. Ainsi, la construction
de notre indice regroupe les six différents éléments
retenus du processus de libéralisation financière dans l'UMOA que
sont :
· Libéralisation des taux
d'intérêt ;
· Instauration des réserves obligatoires17(*) ;
· Instauration de la réglementation
prudentielle ;
· Levée des barrières à
l'entrée du système bancaire et financier 18(*);
· Suppression de l'allocation sectorielle de
crédit;
· Privatisation des banques d'Etat19(*).
Il est important de souligner que les mesures n'ont pas
été appliquées de façon simultanée dans tous
les pays de l'UMOA. Les autorités monétaires tiennent comptent de
la spécificité de chaque système bancaire et financier.
Ainsi, chaque pays a sa séquence d'application des mesures. Par exemple,
la privatisation des banques d'Etat a été appliquée au
Mali à partir de 1989, en Cote d'Ivoire en 1991. Par contre tous les
pays de l'UMOA ont été soumis à la libéralisation
des taux d'intérêt et aux dispositions prudentielles en 1993. Le
tableau suivant retrace pour le système bancaire et financier du
Bénin la séquence d'application des mesures.
Tableau 4 :
La séquence de la libéralisation financière au
Bénin
Année d'application de la mesure
|
1989
|
1991
|
1993
|
1998
|
Taux d'intérêt
|
|
|
X
|
|
Barrière à l'entrée
|
X
|
|
|
|
Réserves obligatoires
|
|
|
|
X
|
Contrôle du crédit
|
X
|
|
|
|
Privatisation
|
|
X
|
|
|
Réglementation prudentielle
|
|
|
X
|
|
Total des mesures mises en oeuvre
|
2
|
3
|
5
|
6
|
Source : Divers rapport BCEAO,
Demirgûc-Kunt and Detragiache (1998) et Luc Laeven
(2000).
Ce tableau indique la séquence de libéralisation
financière avec respect de chacun de six différentes mesures. Les
croix dans les cases indiquent l'année et le type de mesure de
libéralisation en question qui arrive à effet. Le nombre 2
indique la mise en oeuvre de deux mesures en 1989, et lorsque nous atteignons
le nombre six (6), cela indique que six (6) mesures sont effectives. Cet
indicateur saisi donc les effets de ces six mesures. Le graphique suivant met
en évidence l'évolution de ces mesures.
Graphique 7 :
Indicateur de politique financière pour le Bénin
Source : nos calculs
Considérant certaines faiblesses de cet indicateur de
politique financière, notamment les valeurs nulles pour les
années avant la mise en oeuvre de la reforme financière, il
s'avère nécessaire d'améliorer la qualité de cet
indicateur et de mieux capter l'effet sur les performances économiques
du Bénin. Nous proposons donc à la différence de Amaira
Bouzid (2003) qui utilise cet indicateur malgré les valeurs nulles, et
Bandiera et alii (2000) qui construit son indicateur à partir de la
méthode d'analyse en composante principale, la construction d'un
indicateur plus élaboré en estimant un modèle
macro-économétrique qui permet de capter les effets des
indicateurs de développement du secteur financier sur toute la
période de notre étude. Ensuite nous générons
à partir de ce modèle stable un nouvel indicateur plus pertinent.
Le modèle à estimer se présente comme suit ;
IPF est l'indicateur de départ, construit à
partir des mesures mises en oeuvre.
CSP représente les crédits accordés au
secteur privé : l'hypothèse attachée à cet
indicateur est que le système financier qui accorde plus de
crédit aux entreprises privées est plus engagé dans le
contrôle de ces entreprises et des dirigeants dans le but de se
prémunir contre le risque d'insolvabilité, d'assurer la
mobilité des capitaux vers les meilleurs emplois possibles, par
opposition au système financier réprimé qui
débloque des crédits au profit des entreprises publiques et de
l'Etat.
MM est la monnaie au sens large, reflète la
liquidité de l'économie et l'efficience de
l'intermédiation financière.
Concernant l'indicateur de la libéralisation
financière externe, qui mettra en évidence l'innovation
technologique, nous mettrons l`accent sur le stock des investissements directs
étrangers qui visent la capacité d`un pays à attirer et
retenir les investisseurs étrangers (). En effet pour tenir compte de l'ensemble des canaux par lesquels
l'ouverture financière peut affecter les performances
économiques, il nous parait nécessaire de rajouter les IDE dans
notre équation de croissance. Les IDE induisent l'innovation
technologique. Leur effet positif a été démontré
par plusieurs auteurs comme Borensztein, De Gregorio et Lee (1995).
Les variables de contrôle que nous avons choisies ont
été sélectionnées vu l`importance de leur pouvoir
prédictif et leur impact sur le niveau d'activité du secteur
réel.
Pour la détection d'une éventuelle
multicolinéarité, nous avons utilisé le test de Klein
(1962). Ce test consiste à comparer le coefficient de
détermination y de l'équation de long terme estimée, aux coefficients de
corrélation simple (Xi ;Xj) des variables explicatives. Le résultat du test
nous a permis de constater qu'il n'existe aucune corrélation entre les
variables explicatives du modèle. En effet le coefficient de
détermination de la régression est supérieur aux
coefficients de corrélation entre les variables explicatives ( (Xi ;Xj)).
Afin d'éviter une régression fallacieuse, il est
indispensable de s'assurer que les variables considérées sont
stationnaires. Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé
le test de stationnarité ADF. Le test ADF (Augmented Dickey-Fuller) est
le plus souvent celui qui est utilisé pour l'analyse de la
stationnarité des variables. Les résultats des tests,
effectués sous EVIEWS 4.1 pour toutes les variables, sont
présentés dans le tableau ci-dessous. Les décisions sont
prises à 5 %.
Tableau 5 :
Résultats des tests ADF
variable
|
En niveau
|
En différence
|
Retard
|
Tendance
|
Constante
|
ADFca
|
ADFlu
|
Décision
|
Retard
|
Tendance
|
Constante
|
ADFc
|
ADFlu
|
Décision
|
IPF
|
1
|
Non
|
Non
|
1,22
|
-1,95
|
Non stationnaire
|
1
|
Non
|
Non
|
-2,44
|
-1,95
|
I(1)
|
CSP
|
1
|
Non
|
Non
|
0,046
|
-1,95
|
Non stationnaire
|
1
|
Non
|
Non
|
-6,4
|
-1,95
|
I(1)
|
IDE
|
1
|
Non
|
Non
|
1,13
|
-1,95
|
Non stationnaire
|
1
|
Non
|
Non
|
-6,67
|
-1,95
|
I(1)
|
MM
|
1
|
Non
|
Non
|
3,95
|
-1,95
|
Non stationnaire
|
1
|
Non
|
Non
|
-2,22
|
-1,95
|
I(1)
|
Source : Nos calculs sous
EVIEWS
Il ressort du tableau que les variables, Crédit au
secteur privé (CSP), la masse monétaire (MM), l'indicateur de
politique financière (IPF) et le stock d'IDE sont intégrés
d'ordre 1.
Le fait que toutes les variables soient
intégrées d'ordre 1, nous permet de rechercher une relation de
long terme grâce au test de cointégration de Johansen. Dire que
les variables sont cointégrées signifie que le mécanisme
de transmission entre les variables explicatives et la variable à
expliquer est stable au cours du temps.
Tableau 6 :
Résultats du test de cointégration de Johansen
Trace test
Hypothèses
|
Statistique
|
Valeur critique
|
Contre
|
17,594
|
24,31
|
|
|
Source : Nos calculs sous
EVIEWS
Le test de Johansen a été effectué sur
les séries intégrées de même ordre. Comme le
suggère Johansen, le test se fait de façon séquentielle.
Ici, seule la première étape est présentée dans le
tableau 6. L'hypothèse Ho de l'existence d'une relation de long terme
entre les variables est acceptée. En effet, cette hypothèse est
retenue car la Trace statistic (17,594) est inférieure à la
valeur critique (24,31). Cette hypothèse étant retenue, le test
s'arrête là et on conclut à l'existence d'au plus une
relation de co-intégration entre les variables.
Dès lors, les résultats de notre estimation
vérifient l'existence de relation de long terme entre les variables de
développement financier et l'indicateur de politique financière.
La relation de long terme est la suivante.
Toutes les variables sont transformées en logarithme
afin de faciliter les interprétations.
Tableau 7 :
Résultat de l'estimation de l'indicateur de politique financière
Sample(adjusted): 1974 2004
|
|
|
|
Included observations: 31 after adjusting endpoints
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
|
|
|
|
|
|
LCSP
|
-2.417016
|
0.105471*
|
-22.91642
|
|
LIDE
|
0.507136
|
0.074546*
|
6.803007
|
|
LMM
|
1.118226
|
0.081553*
|
13.71167
|
|
C
|
-4.069869
|
2.486024**
|
-1.637100
|
|
AR(2)
|
-0.644867
|
0.174433*
|
-3.696944
|
|
R-squared
|
0.982450
|
Mean dependent var
|
2.483
|
Adjusted R-squared
|
0.979750
|
S.D. dependent var
|
2.656
|
Durbin-Watson stat
|
2.150122
|
Prob(F-statistic)
|
0.000
|
Source : nos calculs sous Eviews, * et **
indiquent le taux de significativité
respectivement au seuil de 1% et
5%.
Le coefficient de détermination ajustéde notre estimation est de 0,97 ; ceci traduit que 97 % de
l'indicateur de politique financière est imputable aux variables
exogènes. Les P-value sont les probabilités critiques. Les
coefficients dont les P-value sont inférieures à 5 % (0,05) et10
% (0,10) sont significatifs. Les T-calculés sont les statistiques de
Student et la valeur critique du T de Student ou T lu est 1,96.
Après cette estimation, nous avons
procédé aux tests de validation du modèle estimé.
Les résultats de ces tests sont présentés en annexes de ce
document.
. Le correlogramme des résidus exhibait une
possibilité d'autocorrélation d'ordre 2. La méthode de
correction proposée par le logiciel consiste à introduire dans
l'équation à estimer AR (2), dont le coefficient est -0,64. Cette
méthode a permis de conclure la résolution du problème
d'autocorrection survenue ci avant.
Le test de White donne une P-value qui est égale
à 0,74. Cette valeur est supérieure à 0,05. On conclut
qu'à 5 %, les résidus sont homoscédastiques.
Le test de normalité des résidus de
Jarque-Béra effectué montre la normalité des
résidus au seuil de 5 %. En effet, la valeur de Jarque-Bera est JB=1,75.
Elle est inférieure à 5,99, la valeur limite. On conclut que les
résidus suivent une distribution normale.
Les résidus de la régression sont stationnaires
(voir annexe), ce qui valide la relation de long terme
En somme, les erreurs sont non corrélées,
normales et homoscédastiques. Donc les estimateurs par les moindres
carrés ordinaires sont BLUE. Par ailleurs le test de Cusum montre que le
modèle est structurellement stable, car la courbe représentant
les coefficients ne coupe pas le corridor. A partir des paramètres de
cette estimation, nous simulons une nouvelle série IPFA (Indicateur
Amélioré de Politique Financière) qui dépend
essentiellement de l'évolution de nos indicateurs de
développement financier.
Graphique 8 :
Evolution de l'indicateur amélioré de politique
financière
Source : Nos
calculs sous EVIEWS
Etant donné que l'indice amélioré de
politique financière est un indice synthétique calculé
à partir de la régression des indicateurs de développement
financiers, notamment, le crédit au secteur privé, la masse
monétaire, les investissements directs étrangers, on
s'intéresse moins à sa valeur qu'à sa tendance dans le
temps. L'IPFA s'interprète de la façon suivante : lorsque le
système financier est soumis à des mesures de politique
financière administrée, l'indice de politique financière a
une évolution descendante. Par contre, lorsque les autorités
monétaires mettent en place une politique de libéralisation
financière, la tendance de l'IPFA sera à la hausse.
Le graphique ci-dessus montre l'évolution de indice de
politique financière. Deux principales conclusions s'en dégagent
: d'abord, l'évolution de l'indice de politique financière
reflète bien les effets des mesures mises en oeuvre par les
autorités monétaire. En effet, sur la période 1972-1988,
l'évolution de l'indice correspond aux années pendant lesquelles
les autorités monétaires de l'UMOA ont pratiqué une
politique de financement administré. Puis, le niveau s'est
élevé à partir de 1989, l'année à laquelle
les premières mesures de libéralisation financière furent
appliquées au Bénin.
III-2-Evaluation de
l'impact de la libéralisation financière sur les performances
économiques
La relation entre développement économique et
libéralisation du secteur financier a été
étudiée de façon générale de deux
manières : par des modèles de croissance endogène à
partir de l'économétrie des données de panel, d'une part,
et par l'analyse du lien de causalité d'autre part. En effet, les
recherches théoriques et empiriques les plus marquantes entre la reforme
du secteur financier et le développement économique sont les
travaux de King R. et Levine R. (1993) et Hamdi khalifaoui (2006, b), qui ont
mis en évidence le rôle important du système financier dans
la croissance économique. King R. et Levine R. (1993), ont
développé un modèle de croissance endogène,
estimé sur la base d'un échantillon composé de 80 pays sur
la période 1960-1989. Ces derniers avaient effectué leurs
validations en coupes transversales. Hamdi khalifaoui (2006, b) effectue un
test de causalité de Granger sur donnée de panel. Ces
résultats laissent apparaître un lien entre la croissance et le
développement du secteur financier.
Dans le cas du Bénin, notre étude se basera
essentiellement sur des séries temporelles. Une série de tests de
causalité sera menée pour déterminer le lien entre la
reforme du secteur financier, à travers la libéralisation
financière, sur les performances économiques du Bénin. Au
niveau théorique, la mise en évidence de relation causale entre
variables économiques fournies des éléments de
réflexion propices à une meilleure compréhension des
phénomènes économiques.
De manière pratique la connaissance de la
causalité est nécessaire à une formulation correcte de la
politique économique. En effet connaître le sens de
causalité est aussi important que de mettre en évidence une
liaison entre des variables économiques. Les indicateurs de performances
économiques retenues pour mesurer l'impact de la libéralisation
du secteur financier sur l'économie du Bénin sont le revenu par
tète (PIBT), le taux d'épargne (TOEPAR), le taux d'investissement
(TOINV), le coût du capital20(*)(COK) et des indicateurs de
compétitivité. Notamment, le taux d'exportation (TOEXP), le taux
de pénétration étrangère dans l'économie
(TOPEN)21(*) et le taux de
change réel effectif (TOER). Nous croyons donc que le choix de nos
indicateurs de performance tient au fait qu'ils contiennent les informations
suffisantes à l'appréciation des performances économiques
dans les PVD en général, et en particulier celles du
Bénin.
Tableau 8 :
L'évolution de quelques indicateurs de performances
économiques
PIB réelle par tête
|
Taux d'exportation
|
Taux de pénétration
étrangère
|
Taux d'épargne
|
Taux d'investissement
|
80-90
|
90-94
|
95-04
|
80-90
|
90-94
|
95-04
|
80-90
|
90-94
|
95-04
|
80-90
|
90-94
|
95-04
|
80-90
|
90-94
|
95-04
|
101989 FCFA
|
95578 FCFA
|
107066 FCFA
|
0,16
|
0,16
|
0,15
|
0,31
|
0,25
|
0,21
|
0,03
|
0,07
|
0,10
|
0,16
|
0,14
|
0,25
|
Source: Nos calculs, World indicators 2005
Ce tableau retrace l'évolution de ces indicateurs sur
la période 1980 - 2004. Il ressort de l'analyse que le taux
d'investissement et le taux d'épargne sont en augmentation. Par contre,
l'on observe une baisse du taux d'exportation et du taux de
pénétration étrangère.
L'augmentation du taux d'épargne est un indicateur de
développement des structures du marché financier. Ce indicateur
est passé de 3 % en moyenne avant les réformes à environ
10 % en moyenne depuis la libéralisation du secteur bancaire et
financier. Toute fois ce taux demeure encore faible compte tenu des besoins de
financements de l'économie béninoise. L'investissement, l'un des
moteurs de la croissance est passé de 16% avant la reforme à
environ 25% depuis la reforme. Quant au revenu par tête, il affiche une
augmentation en moyenne sur la période de la mise en oeuvre des mesures
de libéralisation du secteur bancaire et financier, cependant son niveau
reste encore relativement faible. Au total, il apparaît une
amélioration du taux d'épargne, du taux d'investissement et du
revenu par tête.
III-2-1-Analyse des
données et méthode d'évaluation
La relation entre l'indicateur de politique financière
et les performances économiques sera analysée à partir du
test de causalité de Granger (1969). Le test de causalité de
Granger consistera à étudier la relation entre l'indicateur de
politique financière, ses propres valeurs passées et les valeurs
passées de l'une des variables de performance économique (et
réciproquement). Si les coefficients des valeurs passées de
l'indicateur de politique financière, sont significatifs, la
libéralisation du secteur financier est une « cause » de la
performance économique.
Avant de procéder au test de causalité de
Granger, il est nécessaire de procéder à deux tests
préliminaires. En effet, pour éviter toute régression
fallacieuse, il est impératif de s'assurer de la stationnarité
des variables et de l'absence de co-intégration entre les variables
prises deux à deux. En cas de relation de co-intégration entre
les variables prises deux à deux, il est nécessaire d'estimer un
modèle à correction d'erreur destiné, comme son nom
l'indique, à corriger le biais d'estimation induit par la
co-intégration.
Tableau 9 : Test
ADF sur les indicateurs de performances économiques
variable
|
En niveau
|
En différence
|
Retard
|
Tendance
|
Constante
|
A
D
F
cal
|
ADF
lu
|
Décision
|
Retard
|
Ten
dance
|
Cons
tante
|
ADF cal
|
ADF lu
|
Déci
sion
|
PIBT
|
1
|
Non
|
Non
|
0,58
|
-1,95
|
Non stationnaire
|
1
|
Non
|
Non
|
-1,95
|
-4,73
|
I(I)
|
IPFA
|
1
|
Non
|
Non
|
0,63
|
-1,95
|
Non stationnaire
|
1
|
Non
|
Non
|
-4,68
|
-1,95
|
I(I)
|
TOEPAR
|
1
|
Oui
|
oui
|
-5
|
-3,55
|
Stationnaire
|
|
|
|
|
|
|
TOINV
|
1
|
Non
|
Non
|
-0,45
|
-1,95
|
Non stationnaire
|
1
|
Non
|
Non
|
-5,95
|
-1,95
|
I(I)
|
TOEXP
|
1
|
Oui
|
Oui
|
-3,75
|
-3,55
|
Stationnaire
|
|
|
|
|
|
|
TOPEN
|
1
|
Non
|
Non
|
0,60
|
-1,95
|
Non stationnaire
|
1
|
Non
|
Non
|
-6,05
|
-1,95
|
I(I)
|
TEXR
|
1
|
Oui
|
Oui
|
-3,76
|
-3,55
|
Stationnaire
|
|
|
|
|
|
|
COK
|
2
|
Oui
|
Oui
|
5,38
|
-3,55
|
Stationnaire
|
|
|
|
|
|
|
Source : Nos calculs sous Eviews
4 .1
Il ressort du tableau que les variables PIBT, l'indicateur
amélioré de politique financière (IPFA), le taux
d'investissement (TOINV), le taux de pénétration (TOPEN), sont
intégrés d'ordre 1 et le taux d'épargne (TOEPAR), le taux
exportation (TOEX), le taux d'échange réel (TOER), le coût
du capital COK ne sont pas intégré, donc stationnaire à
niveau.
Le test de co-intégration effectué entre
l'indicateur amélioré de politique financière et chacune
des variables de performances économiques intégrée d'ordre
un (1), montre pour le Bénin, une absence de co-intégration,
autrement dit une relation de long terme. Ces résultats nous autorisent
donc à utiliser le test de causalité de Granger.
III-2-2- Résultats des
tests de causalité de Granger
En outre du test de Granger, nous avons calculé le
coefficient de corrélation entre les séries afin de percevoir le
signe et l'intensité de la liaison qui existe entre elle. Les tests sont
effectués au seuil de confiance de 5% (Voir annexe). La
détermination du retard p du modèle est effectuée par les
critères d'Akaike ou de Schwartz.
Tableau 10 :
Résultat du test de causalité
Sens de la causalité
|
Retard
|
Valeur du coefficient de corrélation
entre les deux variables
|
IPFA cause PIBT
PIBT cause IPFA
|
1
|
0,38
|
IPFA cause TOEPAR
TOEPAR ne cause pas IPFA
|
2
|
0,75
|
IPFA cause TOINV
TOINV ne cause pas IPFA
|
1
|
0,22
|
IPFA ne cause pas TOEXP
TOEXP ne cause pas IPFA
|
1
|
-
|
IPFA cause TOEXR
TOEXR ne cause pas IPFA
|
2
|
0,59
|
IPFA ne cause pas TOPEN
TOPEN ne cause pas IPFA
|
2
|
-
|
IPFA ne cause pas COK
COK ne cause pas IPFA
|
2
|
0,21
|
Source : Nos calculs sous EVIEWS
4.1
CHAPITRE IV : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
Dans ce chapitre, deux sections seront abordées pour
analyser et interpréter les résultats. Nous ferons d'abord
l'interprétation de l'effet de la mutation de l'environnement financier
à travers la libéralisation du secteur bancaire et financier sur
l'épargne et les performances dans le secteur réel, puis au
niveau de la compétitivité globale de l'économie
Béninoise.
IV-1- Epargne et performances dans le secteur réel
Les indicateurs retenus pour mesurer l'effet de la
libéralisation du secteur financier sur les activités
financières sont le taux d'épargne (TOEPAR) et le coût du
capital (COK).
Ainsi, il semble exister un lien de causalité au sens
de Granger entre la mobilisation de l'épargne et la
libéralisation du secteur financier. Cette causalité est
unidirectionnelle, elle part de la libéralisation du secteur financier
à la mobilisation de l'épargne financière. Il
apparaît une forte corrélation positive de l'ordre de 75%.Ceci
montre bien que la reforme financière est l'un des moteurs de la
disponibilité de fonds prêtables. Ce résultat peut
s'expliquer par les autres aspects de la libéralisation du secteur
bancaire et financier, comme la création des nouveaux produits
d'épargne plus attractifs en terme de rentabilité et de risque.
Contrairement à d'autres études, notamment
celles de Bandiera et al (1998, 2000), s'interrogeant sur l'impact de la
libéralisation financière sur la mobilisation de l'épargne
dans huit pays en développement, trouvent que la libéralisation
financière a un impact négatif au Ghana, en Turquie, en
Corée et au Mexique. Ils ont même estimé la baisse du taux
d'épargne à cause de la libéralisation financière
à 12 % pour la Corée et 6 % pour le Mexique.
Nos résultats montre bien qu'il existe une
disponibilité d'épargne induit par la reforme du secteur bancaire
et financier, dés lors il appartient aux banques de faire davantage de
transformation financière afin de satisfaire les besoins de financement
de l'économie. Cependant, il est important de mentionner que le niveau
de l'épargne au Bénin demeure encore relativement faible.
L'analphabétisme, la faiblesse du taux de bancarisation et du revenu par
tète semblent être des facteurs de la faiblesse du taux
d'épargne.
Nos résultats concernant le coût réel du
capital (COK), montre qu'il existe une causalité au sens de Granger
entre la reforme du secteur financier à travers la libéralisation
financière et l'acquisition du capital. Cette causalité est
unidirectionnelle, allant du coût réel du capital à la
libéralisation du secteur financier. Ce résultat montre bien que
le coût réel du capital est l'un des facteurs de la
libéralisation du secteur financier. Cette politique devrait à
terme favoriser une concurrence saine entre les institutions financières
afin de réduire le coût réel du capital.
Les performances économiques dans le secteur
réel ont été mesurées par le revenu par tête
(PIBT), et le taux d'investissement (TOINV).
Les résultats des tests laissent apparaître, un
lien de causalité au sens de Granger entre la libéralisation du
secteur financier (mesuré par l'indicateur de politique
financière) et la croissance de la sphère réelle
(mesurée par le PIB par tète). Cette causalité au sens de
Granger peut se lire de deux façons. Une causalité qui va de la
libéralisation du secteur financier vers le secteur réel,
implique que la politique financière libérale stimule la
croissance, mais elle indique également que la crise du secteur
financier handicape la croissance. Ainsi, les crises profondes connues par le
secteur financier et bancaire du Bénin à la fin des années
80 a pu avoir un impact négatif sur le niveau d'activité, donc
sur la croissance. En effet, le niveau d'activité est
corrélé positivement à la politique financière au
Bénin de l'ordre de 38%. Ce résultat semble aller dans le sens de
Amaira Bouzid (2003). En outre, nos résultats montre que
l'économie Béninoise connaîtraient des
phénomènes de « Demand-following » où le
développement du secteur financier est lié à la croissance
économique et dans une configuration dite de « Supply-leading
» où la croissance serait positivement influencée par le
développement de la sphère financière. Ce résultat
suggère que le Bénin semble connaître un cercle vertueux de
développement économique et financier, induit par la
libéralisation du secteur bancaire et financier.
Quant au taux d'investissement (TOINV), les résultats
révèlent un lien de causalité au sens de Granger entre la
libéralisation du secteur bancaire et financier et le niveau
d'investissement au Bénin. Cette causalité est unidirectionnelle.
Elle part de la libéralisation du secteur bancaire et financier à
l'investissement. La politique de libéralisation financière
semble améliorer l'investissement au Bénin. Ce résultat
peut s'expliquer par la disponibilité de l'épargne et la
libéralisation des conditions débitrices qui incitent les banques
à améliorer leur compétitivité en matière
d'offre de crédit. Il apparaît cependant une corrélation de
l'ordre de 22 % entre l'indice amélioré de politique
financière et le taux d'investissement. Ce taux de corrélation
faible peut s'expliquer par le fait que le secteur bancaire et financier ne
participe pas profondément au développement économique. En
outre, le caractère excessif des conditions des banques, le faible
niveau du revenu par tête et l'absence d'un véritable esprit
d'entrepris seraient aussi des facteurs qui freinent l'impact de la politique
de libéralisation financière sur l'investissement. Bien vrai que
les investissements aient atteints leurs niveaux les plus élevés
en 1989 et 1993, à la faveur de la libéralisation de plusieurs
secteurs d'activité économique, ils restent encore en dessous de
la moyenne des pays émergents d'Asie (en moyenne 28%) et
d'Amérique latine (en moyenne 22%)22(*), mais au dessus de la moyenne23(*) (14,7%) des pays de l'UMOA
durant la période 1990 - 2004. En outre, le niveau faible de la
corrélation s'explique aussi, par le fait que de façon
générale dans les pays africains, l'investissement est
caractérisé par une efficacité globale faible et
instable.
IV-2- Compétitivité globale de l'économie
du Bénin
Nous avons essayé de déterminer les effets de la
reforme dans le secteur financier sur la compétitivité globale de
l'économie du Bénin. En effet, il est important de rappeler que
la reforme dans le secteur financier dans les pays d'Asie du Sud-est s'est
traduit également par une compétitivité de ces
économies. La libéralisation financière a favorisé
le financement accrut des entreprises exportatrices de biens et de services
(Bernou et Grondin, 2001).
Les indicateurs de compétitivité globale retenus
pour apprécier la compétitivité de l'économie
Béninoise, sont le taux d'exportation, le taux de
pénétration des économies étrangères et le
taux de change réel.
Nos résultats révèlent qu'il n'existe pas
de causalité au sens de Granger entre la reforme du secteur financier
à travers la politique de libéralisation financière et les
indicateurs tels que le taux d'exportation, le taux de
pénétration étrangère dans l'économie
Béninoise.
Ces résultats peuvent s'expliquer par le type de
financement octroyé au secteur agricole et manufacturier d'une part et
d'autre part par la réexportation vers le Nigeria, des biens
importés. En effet, le financement accordé au secteur
manufacturier et agricole s'avère faible et de courte durée.
Particulièrement la filière coton qui est la première
culture de rente et la première source de devise depuis le début
des années 90, est financée essentiellement par des
crédits de campagne. En effet, la filière coton représente
70 à 80% des recettes d'exportation, contribue à 45% des recettes
fiscales24(*) (hors
recettes douanières) et participe en terme de valeur ajoutée pour
13% de la formation du PIB. Des financements de court terme ne peuvent soutenir
à long terme la capacité de production et d'exportation. Par
ailleurs, la libéralisation progressive de cette filière devrait
à terme permettre une meilleure organisation des producteurs et
favoriser un financement de qualité de la part du système
bancaire. Il faut également ajouter que les exportations du Bénin
sont très peu diversifiées, ce qui accroît le risque de non
remboursement des prêts bancaires dans ce secteur et semble être un
obstacle à son financement.
En outre, concernant le degré de concurrence entre les
producteurs nationaux et étrangers sur le marché domestique, il
apparaît une baisse progressive de ce taux sur la période
d'étude. Ce qui laisse apparaître une position concurrentielle
favorable des produits nationaux béninois sur le marché
intérieur. Cependant, la reforme financière ne participe pas
à cette amélioration de compétitivité. Cela peut
s'expliquer par une réexportation d'une part des importations vers le
Nigeria et également d'une forte présence du circuit informel.
Dès lors, ce type de commerce devient sensible aux changements de la
politique commerciale du Nigeria et accroît les incertitudes des banques
sur le remboursement du financement octroyé. Ce qui pourrait expliquer
l'absence de lien au sens de Granger.
Par contre, il apparaît une causalité au sens de
Granger, allant de la reforme du secteur financier au taux de change
réel effectif. Autrement dit, la libéralisation du secteur
financier stimule la compétitivité du taux de change réel
effectif. En effet, le taux de change réel effectif est
corrélé positivement à la politique financière au
Bénin de l'ordre de 67%. Ce qui montre bien que de façon globale
il apparaît une maîtrise de l'inflation par les autorités
monétaires à travers la reforme bancaire et financière au
Bénin. Cette compétitivité peut également
s'expliquer par l'évolution des prix au Nigeria, principal partenaire
commercial, dont le poids des échanges avec le Bénin est
très élevé25(*).
Conclusion
Nous avons essayé tout au long de cette étude de
déterminer la contribution de la reforme du secteur financier dans
l'UMOA sur les performances économiques du Bénin, à
travers un bilan de cette reforme d'une part, et d'autre part
l'évaluation de son impact.
Pour la place financière du Bénin, le processus
de libéralisation du système financier basé sur la
restructuration du système bancaire a favorisé l'évolution
des dépôts primaires et a également favorisé
l'installation de nouvelles banques. Cependant, il apparaît pour cette
place une faiblesse dans la transformation financière laissant ainsi,
une bonne partie des besoins en financement de l'activité
économique insatisfaits.
En outre, pour évaluer l'impact de la reforme
financière, nous avons retenu comme indicateur de performances
économiques, la croissance économique, le taux d'investissement,
le taux d'épargne, le coût du capital et des indicateurs de
compétitivité globale, notamment, le taux d'exportation, le taux
de pénétration étrangère, le taux de change
réel effectif.
Pour tester l'effet de la reforme du secteur financier de
l'UMOA sur les performances économiques, au Bénin, nous nous
sommes inspirés des travaux de King et Levine (1993), Levine (1997), de
Mouldi et Mourad (2004), et de Hamdi khalifaoui (2006,b) qui ont
confirmé l'étroite liaison positive entre la
libéralisation du secteur financier et le secteur réelle. A la
différence de ces auteurs, nous avons construit un indicateur
amélioré de politique financière, fondé
essentiellement sur des indicateurs de développement financier qui
captent l'effet de la libéralisation du secteur financier. En outre,
nous avons essayé de déterminer le lien entre la
libéralisation du secteur financier et les indicateurs de performances
économiques à partir du test de causalité au sens de
Granger. En suivant une approche à la fois théorique et
empirique, nous avons pu montré que la reforme du secteur financier de
l'UMOA à travers la politique de libéralisation financière
semble générer les résultats positifs que l'on souhaitait.
Bien vrais que la libéralisation financière ait joué un
rôle dans le secteur réel et sur l'épargne sur notre
période d'étude, en revanche, l'on observe une absence de
causalité au sens de Granger, entre la reforme du secteur financier et
les performances du commerce extérieur du Bénin d'une part, et
d'autre part le degré de concurrence entre les producteurs nationaux et
étrangers sur le marché domestique. Par contre, la reforme
financière semble causée au sens de Granger la
compétitivité de l'économie Béninoise à
travers son taux d'échange réel effectif.
Au total, la mutation de l'environnement financier dans l'UMOA
semble peu contribuer à la performance de l'économie
réelle au Bénin. En outre, elle semble peu stimuler
l'amélioration de la compétitivité globale de
l'économie Béninoise. De plus, malgré l'arrivée de
nouvelles banques, la place financière du Bénin reste très
oligopolistique, ce qui se traduit notamment par des marges
d'intermédiation très élevées. Enfin, les banques
ne collectent pas suffisamment d'épargne à long terme et la gamme
des produits financiers reste encore très étroite. Par ailleurs,
le secteur financier est fragmenté, beaucoup d'opérateurs sont
écartés du marché bancaire et interviennent uniquement sur
le marché financier informel. Il faut cependant souligner une certaine
évolution allant vers un rapprochement du formel et de l'informel. Elle
se traduit par la mise en place d'organismes spécialisés dans le
micro-crédit et par l'adoption de lois concernant leur cadre
d'activité.
Cependant, un impact élevé de la reforme du
secteur bancaire et financier sur le secteur réel nécessite des
mesures d'approfondissement de la reforme. Nous voudrons à travers nos
différents résultats, apporter notre modeste contribution, en
proposant quelques recommandations de politique économique.
Recommandations de
politique économique
La première implique qu'un nombre plus important
d'institutions financières spécialisées dans le
financement des petites entreprises se mettent en place. En effet, il est
important de rappeler qu'il existe une méfiance des banques envers les
entreprises (en majorité des PME et PMI) au Bénin. Dès
lors, la mise en oeuvre par les autorités d'une véritable
politique de soutien (fiscalités adaptées, fond de garantie,
formation) à ces entreprises, favoriserait l'acquisition de
crédit et permettrait d'influer positivement et fortement sur le secteur
réel. Aussi, les autorités monétaires doivent agir sur la
Masse monétaire, car elle constitue en elle-même une source de la
croissance. En outre, l'Etat se devrait d'approfondir les reformes
institutionnelles, économiques et sociales afin d'attirer davantage les
investissements directs étrangers.
La seconde implique pour un meilleur fonctionnement des
banques, l'amélioration de l'environnement dans lequel s'exerce leur
activité. Il s'agit d'augmenter les informations à la disposition
des banques, d'améliorer la qualité de ces informations à
la centrale des bilans de la Banque Centrale et de rétablir un
fonctionnement correct du système judiciaire, notamment en
matière de loi sur le non remboursement de crédit. Ces mesures
favoriseraient une forte transformation financière et
amélioraient l'investissement qui est sans doute l'un des moteurs de la
croissance économique au Bénin.
En fin la dernière implique de compléter les
financements accordés par les banques par le développement des
sociétés de capital-risque et de crédit-bail. En outre,
les autorités devraient promouvoir l'introduction des entreprises
Béninoises au marché boursier sous régionale (BRVM) afin
de compléter le financement bancaire et attirer les capitaux.
Au terme de notre étude, il est nécessaire de
noter que des limites relatives à sa pertinence s'imposent. En effet,
notre étude a été fortement tributaire de la
qualité de nos données qui d'ailleurs, ont été
collectées en différentes sources. Il est aussi important
d'émettre des réserves sur la qualité de notre indicateur
amélioré de politique financière (IPF). Pour une meilleure
compréhension de la libéralisation financière et de son
impact sur le secteur réel, il serait intéressant de mener une
étude profonde sur l'évaluation du système d'information
des banques, d'analyser les conditions de réussite la
libéralisation financière d'une part et d'analyser d'autre part,
son effet sur la répartition du revenu.
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ANNEXES
* 1 L'Euro se substitut au franc
français le 01 janvier 2002
* 2 TEP : Taux d'Escompte
Préférentiel et TEN : Taux d'Escompte Normal
* 3 Cette disposition a
été supprimée par la BCEAO
* 4 Intervention
simultanée des offres et des demandes
* 5 Taux proposés par
chaque intervenant (soit le demandeur, soit l'offreur) lui sont
appliqués sur la ou les soumissions retenues.
* 6 Le 3 juillet 1996, le
conseil des ministres de l'union a adopté la convention portant
création du Conseil Régional de l'Epargne Publique et des
Marchés Financiers.
* 7 En fait la mise en place
du marché boursier a été prévue dans le
traité constitutif de l'Union de novembre 1973
* 8 Depuis Ie
démarrage de la BRVM Ie 16 septembre 1998 plus de 70 milliards de fcfa
ont été mobilisés sur Ie marche primaire dont 80 % pour le
compartiment Obligatoire.
* 9Le marché financier
régional de l'Afrique de l'Ouest - http://www.brvm.org.
* 10 Pour plus d'information
voir le site de la BVRM
* 11 Statistiques
monétaires et financières pour le Bénin, BCEAO (2006)
* 12Différents rapports
sur le bilan des banques pour le Bénin (BCEAO), Différents
rapports annuel BCEAO
* 13 La méthode de
construction de leur indice implique un signe négatif du coefficient
pour montrer l'effet positif de la libéralisation financière
* 14 L'indice de Demetriades
& Luintel (1996a)
* 15 Cote d'ivoire, Ghana,
Tunisie, Tanzanie, Mali, Burkina
* 16 Ary Tanimoune (2001),
Amaira Bouzid (2003)
* 17 La BCEAO a mis en
application un système de réserves obligatoires à partir
d'octobre 1993. La constitution de réserves obligatoires était
prévue depuis 1975 mais elle n'avait pas été
appliquée.
* 18 Entrée de
nouvelles banques sur le marché.
* 19 Limitation de la part
de l'Etat dans le capital des banques
* 20 COK : Le
coût réel du capital domestique est difficile à mesurer
dans les PVD. Notre étude s'inspire de la mesure du coût du
capital suggéré par Jorgenson (1967): COK = (Rd + ä ? Pk)
Pk/P. Avec Rd, le taux d'intérêt débiteur, ä le taux
de dépréciation du capital (5%), Pk le prix du capital, proxy du
déflateur du niveau global des investissements, et P, le
déflateur du PIB.
* 21 Le taux de
pénétration étrangère est le rapport entre
importations et la demande intérieure (ou absorption). Il traduit le
degré de concurrence entre les producteurs nationaux et étrangers
sur le marché domestique. Dès lors une baisse de ce taux
signifierait une amélioration de la compétitivité des
produits nationaux face aux importations.
* 22
« Convergences » 2002 - 2006, Document officiel du
Ministère de l'économie et des finances
* 23 Nos calculs sur la base
des données du rapport sur la compétitivité des
économies des Etats membres de l'UMOA (BCEAO, 2005). Il ressort que le
taux d'investissement du Bénin est de 16% en moyenne sur la
période.
* 24 Rapport de la
compétitivité des économies des Etats membre de l'UMOA
BCEAO (2005)
* 25 Les principaux partenaires
commerciaux du Bénin sont le Nigeria (23,4%), la Chine (19,4%°), la
France (11,6%) in Rapport de la compétitivité des
économies des Etats membre de l'UMOA BCEAO (2005)
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