CHAPITRE 2
L'ÉCONOMIE
CAMEROUNAISE ET NIGERIANE : UNE ATTENTION PARTICULIERE SUR LE TAUX DE
CHANGE ET LE SECTEUR DU COTON
Les conditions socioéconomiques des pays africains se
sont considérablement détériorées au cours de la
décennie 80. Celle-ci a été considérée pour
la plupart comme "la décennie de perte " des opportunités de
développement en Afrique (Iyoha, 1999). Les évidences empiriques
ont montré une forte variation des indicateurs macroéconomiques
permettant de mesurer l'activité économique nationale dans les
pays de l'ASS.
2-1-Evolution des
agrégats macroéconomiques au Cameroun et au Nigeria
2-1-1- Evolution des
agrégats macroéconomiques au Cameroun
Le Cameroun a connu depuis les indépendances une
évolution irrégulière de son économie.
-1965-1985 : Forte croissance fondée sur
l'agriculture
De 1965 à 1985, le pays a enregistré une
croissance soutenue. Il a consenti un investissement public considérable
pour construire la base industrielle du pays et assurer le bien être de
la population en lui fournissant des services de santé,
d'éducation et des services sociaux. Cette période est
fondée sur l'abondance des ressources naturelles dont notamment le
cacao, le café, le coton et d'autres productions végétales
tropicales, les produits forestiers, le pétrole et les ressources
minières.
- 1986-1994 : Forte dégradation de
l'économie
La situation économique après une forte
expansion, s'est considérablement dégradée à la
suite d'une combinaison des facteurs externes et internes (Amin 1996). Les
facteurs externes sont la dépréciation du dollar et la chute
brutale des cours du cacao, du café, et du pétrole sur le
marché international. Quant aux causes internes de la crise, elles sont
largement tributaires de la mauvaise gestion du secteur public. Le produit
intérieur brut a baissé de 25 % à 30 %, la production
pétrolière a décru (5 millions de tonnes en 1995 contre 10
millions en 1989). L'on a enregistré à partir de 1989/90 une
chute brutale de la production agricole, notamment d'exportation ayant
entraîné un ajustement des stratégies paysannes au niveau
des exploitations agricoles. Afin de faire face à cette crise et au
désengagement progressif de l'Etat des secteurs de production et de
commercialisation, le gouvernement a adopté en 1990 une nouvelle
stratégie de développement agricole basée sur la
libéralisation et la privatisation progressive des activités de
production. De ce fait il a opté pour une responsabilisation accrue des
acteurs du secteur.
-Après 1994 : Reprise d'une économie
fondée sur la demande
La dévaluation du FCFA par rapport à sa monnaie
de référence, le FF, en 1994 a relancé la
compétitivité des filières agricoles grace à ses
effets mécaniques. C'est ainsi qu'après l'application d'une
série de mesures d'ajustements structurels avec l'appui de la
communauté internationale, le Cameroun a renoué avec la
croissance positive. Entre 1998 et juin 1999, les termes de l'échange
ont baissé de 13 % et la croissance n'a été que de 4.4 %.
Toutefois, depuis juin 1999, la hausse des prix du pétrole et la forte
appréciation du dollar ont permis au Cameroun d'atteindre avec plus
d'aisance le point de décision en 2000 en vue d'atteindre le point
d'achèvement de l'initiative pays pauvres très endettés en
Avril 2006.
Tableau 1 : Evolution de
certains indicateurs macroéconomiques au Cameroun (million de $US)
Cameroun
|
PIB
|
Importations
|
Exportations
|
consommations
|
Investissement (% de PIB)
|
Epargne
(% de PIB)
|
1980
|
5 587
|
966
|
1 182
|
3 849
|
20,98
|
5,09
|
1981
|
6 541
|
1 435
|
1 564
|
4 435
|
27,19
|
10,62
|
1982
|
7 032
|
1 313
|
1 317
|
5 024
|
24,80
|
23,29
|
1983
|
7 515
|
1 335
|
1 575
|
5 064
|
25,98
|
22,34
|
1984
|
8 077
|
1 690
|
2 272
|
5 138
|
25,94
|
24,87
|
1985
|
8 728
|
1 810
|
2 474
|
5 448
|
24,89
|
23,48
|
1986
|
9 319
|
2 116
|
2 132
|
6 787
|
25,51
|
24,68
|
1987
|
9 119
|
2 065
|
1 875
|
7 072
|
24,70
|
19,96
|
1988
|
8 406
|
1 644
|
1 961
|
6 224
|
20,90
|
21,01
|
1989
|
8 253
|
1 377
|
2 416
|
5 481
|
17,10
|
18,88
|
1990
|
7 749
|
1 516
|
2 179
|
5 482
|
17,81
|
16,05
|
1991
|
7 454
|
1 568
|
2 089
|
5 452
|
16,67
|
16,27
|
1992
|
7 223
|
1 264
|
2 200
|
4 848
|
14,31
|
12,41
|
1993
|
6 992
|
1 274
|
1 837
|
4 978
|
16,52
|
11,31
|
1994
|
6 817
|
1 302
|
1 747
|
5 171
|
15,34
|
11,21
|
1995
|
7 042
|
1 316
|
1 808
|
5 409
|
14,51
|
13,73
|
1996
|
7 394
|
1 512
|
2 007
|
5 678
|
15,36
|
11,24
|
1997
|
7 771
|
1 762
|
2 290
|
5 944
|
16,18
|
13,35
|
1998
|
8 163
|
1 995
|
2 544
|
6 122
|
17,55
|
14,85
|
1999
|
8 521
|
2 052
|
2 872
|
6 306
|
18,69
|
14,58
|
2000
|
8 879
|
2 383
|
2 729
|
7 073
|
16,45
|
14,73
|
2001
|
9 350
|
2 662
|
2 781
|
7 448
|
17,75
|
13,64
|
2002
|
9 743
|
2 907
|
2 753
|
8 125
|
18,33
|
11,74
|
2003
|
10 181
|
2 831
|
2 857
|
8 487
|
16,98
|
14,45
|
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la World Bank 2005
Pendant la période 1983-1993, la croissance moyenne du
PIB était de -1,6 %. Elle a augmenté pour atteindre 4,3 % pendant
la période 1993-2003. Après la dévaluation du franc CFA,
le taux de croissance économique annuel a augmenté
significativement. Il est passé de 3,5 % en 1995, puis 5,0 % en 1996,
pour atteindre 4,2 et 4,7 % respectivement en 2002 et 2003. (World Bank,
2005).
D'après " le Document Stratégique de
Réduction de la Pauvreté"(DSRP) 2003, le taux de croissance moyen
entre 1997-2001 était de 4,7 %. L'inflation pendant cette même
période s'est élevée à 3 %. Le taux de croissance
moyen du PIB en 2002 était de 4,5 % et 5 % en 2003.
Le taux d'investissement en 2003 était de 16,9 % alors
qu'en 1983 il était de 25,9 %. Il a ensuite considérablement
diminué en 1993 (16,5 %) pour ensuite se redresser en 2001 et 2002
atteignant 18,3 % (Tableau 1). Cette augmentation peut être
expliquée par les nouveaux investissements faits dans les domaines tels
que le secteur forestier, l'énergie, la télécommunication
...etc).
S'agissant des termes de l'échange qui sont
composés des prix à l'exportation et à l'importation des
biens et services, nous pouvons dire que durant la période 1993-2003,
les exportations ont eu une croissance moyenne de 5,7 % en volume et 8,7 % en
valeur. Les importations ont dans l'ensemble augmenté pendant cette
période de 4,6 % en volume et 10,9% en valeur (INS, 2005).
(Figure 1 : Evolution des agrégats
macroéconomiques au Cameroun)
Source : construit par l'auteur
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