CHAPITRE 6
CONCLUSION GENERALE
Notre étude avait pour problématique
principale, d'explorer les déterminants du TCR, de dériver la
trajectoire d'équilibre du TCR et de son degré de
mésalignement, d'évaluer l'impact de tous ces facteurs sur les
parts des exportations du coton du Cameroun et du Nigeria sur le marché
international. Ces objectifs étaient motivés par
l'hypothèse selon laquelle, étant donné que le Nigeria
exerce un contrôle sur son taux de change nominal, il pourrait en faire
meilleur usage que le Cameroun dans la gestion des autres variables
macroéconomiques à travers le taux de change réel.
Afin d'atteindre ces objectifs, nous avons
premièrement procéder à la détermination de la
relation de long terme entre le taux de change réel et ses fondamentaux,
puis la détermination du taux de change réel d'équilibre
et de son mésalignement ceci à travers un modèle
d'ajustement partiel et un modèle de cointégration de Engle et
Granger. Dans un second temps, nous avons utilisé le TCR et ses
dérivées pour déterminer le modèle des parts de
marché du coton du Cameroun et du Nigeria.
6-1- Résumé des
résultats
De manière générale, les
résultats économétriques présentés par le
modèle d'ajustement partiel et par la procédure de Engle et
Granger étaient presque semblables pour le cas du Cameroun. Ils nous ont
montrés que, le TCR était surtout influencé par des
variables telles que la politique commerciale qui se traduit par le ratio
traditionnel du taux d'ouverture. Celui-ci est mesuré comme étant
la somme des exportations et des importations rapportées au produit
intérieur brut. Le taux de change réel était
également influencé par le flux d'aide extérieure, le
progrès technique. La variable muette qui représentait ici la
dévaluation du FCFA était également significative dans le
cas du modèle d'ajustement partiel. Alors que la dette extérieure
l'était dans le modèle de cointégration.
Au Nigeria, la dette de long terme, les termes de
l'échange se sont distingués comme étant les principaux
déterminants du taux de change réel dans le modèle
d'ajustement partiel. Par contre en utilisant la procédure de Engle et
Granger, la relation de cointégration suggère que les variables
significatives étaient les termes de l'échange, et la
consommation publique.
Les résultats sur le mésalignement dans les deux
modèles nous ont montré que le TCR était en
équilibre au Cameroun pendant presque toute la période
d'étude. Au Nigeria, en considérant le modèle d'ajustement
partiel, l'évolution a également connu plusieurs périodes
d'équilibre pendant toute l'étendue de l'étude, sauf en
1988 où le TCR était surévalué. Alors que dans le
modèle de cointégration, l'indice de mésalignement dans ce
pays était en équilibre jusqu'en 1995 date à laquelle a
commencé une période de surévaluation.
Nous pouvons relever ici que, conformément à
l'histoire économique de ces deux pays, la procédure d'estimation
de Engle et Granger est plus proche de la réalité empirique dans
la détermination du taux de change réel d'équilibre.
Le modèle à correction d'erreur du TCR nous a
indiqué une vitesse d'ajustement vers l'équilibre de -0,2707 pour
le Cameroun et -0,1588 pour le Nigeria. Ceci traduit le fait que, les chocs sur
le TCR se corrigent à 27,07 % pour le Cameroun et 15,88 % pour le
Nigeria par le mécanisme du « feed-back ».
Quant aux déterminants des parts de marché des
exportations du coton, le mésalignement du taux de change réel,
le revenu des partenaires commerciaux étaient les variables
significatives pour le Nigeria. Dans le cas du Cameroun, la principale variable
significative était les programmes d'ajustement structurel.
La représentation dynamique des parts de marché
du MCE nous a montré que la force de rappel était bien
négative et significative à 1 % pour les deux pays. Cette force
de rappel traduit l'effet d'ajustement des parts de marché de coton
à chaque période vers l'équilibre d'environ 171 % et 126 %
respectivement pour le Cameroun et le Nigeria.
6-2- Recommandations des politiques
économiques
Une recommandation de politique économique qui se
dégage de cette étude est que, le TCR et ses
dérivées jouent un rôle crucial dans la
détermination des parts de marché des exportations du coton. Dans
ce contexte, une connaissance des déterminants du TCR paraît
être nécessaire au cas où le gouvernement se propose
d'améliorer la performance des exportations du pays.
Cette étude suggère que la gestion du TCR au
Cameroun pourrait exiger la manipulation des variables telles que : La
politique commerciale à travers la libéralisation du commerce ou
l'ouverture de l'économie. Une élimination des tarifs sur les
importations par exemple permettrait aux importateurs d'acheter plus de devises
étrangères sans augmenter le niveau de leurs dépenses
totales. Le TCR augmente du fait de la contraction de la masse monétaire
intérieure qui cause une baisse du niveau général des
prix. Une réduction des droits de douane à l'exportation rendrait
les exportations plus attrayantes et permettrait ainsi au TCR de
s'apprécier. Un accroissement de l'aide extérieure permettrait
d'accroître le revenu réel et par conséquent la demande des
biens échangeables et non échangeables. Les termes de
l'échange nous révèlent une domination de l'effet
substitution sur l'effet revenu relativement à son influence sur le TCR.
Les avancées technologiques permettraient également au
gouvernement camerounais de manipuler son TCR.
Le gouvernement du Nigeria par contre pourrait utiliser la
dette de long terme, les termes de l'échange à travers les
variations des prix des importations et des exportations, pour manipuler le TCR
et ses dérivées.
Nos résultats montrent en général comme
ceux de Khan et Baye (2005), que même si les changements du taux de
change nominal ont eu un effet significatif sur le TCR au Nigeria, cette
politique aurait dû être accompagnée d'un dosage
approprié d'autres variables macroéconomiques. D'autre part, le
Cameroun pour sa part pourrait également gérer son TCR par le
biais d'autres variables macroéconomiques bien qu'il ne soit pas capable
de changer unilatéralement le taux de change nominal à cause de
son appartenance à la zone Franc.
Il convient de noter que ce travail puise son
originalité dans le champ d'application de notre méthodologie
théorique. En effet, si les applications aux pays
développés sont nombreuses, leur transposition aux pays en
développement est nettement moindre. Malgré l'imperfection des
données, nous obtenons des résultats convaincants conformes
à nos attentes.
6-3- Perspectives pour une recherche
future
L'un des problèmes avec cette étude est que,
l'analyse est limitée uniquement à l'influence du TCR sur les
parts de marché d'un seul produit (le coton). Une approche plus
appropriée serait d'incorporer dans nos études l'influence du TCR
non seulement sur les parts de marché d'un seul produit, mais
également sur plusieurs autres produits de bases. Il s'agit notamment du
café, du cacao, du caoutchouc, du bois, de la banane et même les
produits vivriers comme le maïs, le haricot, le soja, les arachides et
bien d'autres. En effet ces produits s'avèrent être de plus en
plus compétitifs sur le marché international. Nous pouvons
également envisager dans nos recherches futures une approche en
données de panel incluant dans nos études plusieurs pays de
l'ASS.
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