L'apport du Web 2.0 à la solidarité numérique( Télécharger le fichier original )par Destiny TCHEHOUALI CUFR Champollion / Université Toulouse II - MASTER II Professionnel E-Administration et solidarité numérique 2008 |
Conclusion & PerspectivesA titre de conclusion, nous notons que le Web 2.0 ne constitue pas une véritable révolution technique. Elle n'entraîne pas non plus de profondes transformations de nos comportements sociaux, du moins pas pour l'instant. L'engouement pour les outils de cet Internet participatif est en tout cas certain et va au-delà du simple effet de mode comme en témoigne le nombre impressionnant d'inscrits sur les réseaux sociaux. Il n'en demeure pas moins que le cercle « vicieux » de l'info-pollution66 (surabondance, désinformation, contamination et abus publicitaire) emprisonne le Web 2.0, social et collaboratif, sous l'effet boomerang de sa popularité et le décrédibilise par rapport aux relations d'influence et à l'influence des relations et surtout par rapport à l'absence de médiation. Finalement Pierre Lévy résume bien le phénomène : « Tout cela manifeste une exploration sociale des diverses formes d'intelligence collective rendues possibles par le web et représente donc une évolution très positive. Mais, en fin de compte, il s'agit d'une exploitation par et pour le plus grand nombre de potentialités qui étaient techniquement et philosophiquement déjà présentes dès l'apparition du web en 93-94. Je vois là une maturation culturelle et sociale du web (qui a été conçu dès l'origine par Tim Berners Lee pour favoriser les processus collaboratifs) plutôt qu'un saut épistémologique majeur. »67 Le Web 2.0 préserve donc ses valeurs de partage et de solidarité grâce aux nombreux outils et services qui favorisent la personnalisation de l'information, mais surtout la production de contenus et développement des usages collaboratifs. En définitive, ce rapport de stage montre bien comment le Web 2.0 pourrait contribuer à la réduction de la fracture numérique en confrontant les objectifs du futur portail collaboratif de solidarité numérique aux enjeux d'appropriation des nouveaux outils du Web 2.0. Le Web 2.0 est un « état d'esprit » et la solidarité numérique est « un état d'esprit...en action ». La présentation de son profil professionnel personnalisé, la publication d'articles ou de documents invitant à la réflexion, la diffusion de billets sur les blogs, la participation à des 66 SUTTER Eric, Pour une écologie de l'information, Association française des documentalistes et des bibliothécaires spécialisés (Paris), 1998. 67 Interview de Pierre Lévy par Denis Failly du 17 juillet 2006 : http://nextmodernitylibrary.blogspirit.com/archive/2006/07/13/ieml.html réseaux sociaux, l'écriture collaborative de dossiers, ... Autant d'actions qui peuvent avoir une répercussion sur les projets de solidarité numérique du moment où les porteurs de projets numériques et les différents acteurs des TIC pour le développement se retrouvent sur une plateforme dédiée à leurs activités pour échanger, partager mais surtout collaborer en vue d'amorcer des actions communes ou des partenariats allant de le sens d'un développement numérique solidaire. Tout ceci paraît peut-être très optimiste et un peu idéaliste quand on sait que pour l'instant encore, il n'y a pas de véritables coopérations fortes sur le Web. Mais le défi du portail francophone de la solidarité numérique sera de dépasser les limites de « la règle du 1% » (1% de créateurs, 10% de contributeurs et 89% de visiteurs) pour réussir non seulement à mettre en relation les acteurs de la solidarité numérique, mais aussi à pouvoir les faire collaborer. L'agence au coeur de ce dispositif confirmerait une fois encore son rôle de principal catalyseur des acteurs et des actions de solidarité numérique. Avoir contribué à cet ensemble de réflexions et se retrouver en amont des importantes tâches de conception du portail collaboratif de la solidarité numérique a été bénéfique pour ma formation professionnelle et me donne aussi la sensation d'avoir apporté une pierre à cet édifice en construction. Les perspectives pour continuer sur ce chantier d'exploration du Web 2.0, de la solidarité numérique, de la coopération décentralisée et du développement humain n'excluent pas l'éventualité d'être appelé à collaborer de façon ponctuelle avec l'Agence mondiale de solidarité numérique. Ce stage ouvre ainsi de nouveaux horizons qui m'ont d'ailleurs inspiré un projet de recherche-action alliant mes ambitions de poursuivre une thèse professionnelle (de Doctorat) et ma disponibilité à apporter mes compétences professionnelles au profit d'une organisation intervenant dans le secteur des TIC. La proposition qui a été faite donc à l'issue de ce stage est de créer un Observatoire des Réseaux d'Information et des Initiatives de Solidarité Numérique (ORISON) qui aura pour rôle de produire des études, des articles, des statistiques, bref tout contenu (à valeur universitaire de recherche) susceptible d'alimenter le futur portail mondial de la solidarité numérique. Cette proposition est en cours d'étude mais a le mérite de s'inscrire dans une vision plus globale de renforcement de l'expertise de l'Agence mondiale de solidarité numérique aussi bien du point de vue de la collaboration avec les chercheurs universitaires, que du point de vue de l'évaluation des actions et de l'impact de la solidarité numérique dans les villes du Sud bénéficiaires. "L'important n'est pas comment un homme acquiert des idées, mais comment une idée acquiert des hommes" Aaron Lynch |
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