La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007 |
3. Le FigaroL'opinion publique semble être le thème privilégié par Le Figaro dans son article du 22 juillet 2004 intitulé « L'insoutenable légèreté des Tchèques ; paroles d'Européens »183(*). En réalité, peu d'éléments se rapportent réellement aux sentiments des Tchèques vis-à-vis de l'intégration. Le quotidien débute son reportage en nous parlant de Marketa, une étudiante en cinéma âgée de 23 ans, vivant à Prague. Elle « se sent déjà européenne ». C'est la seule information dont nous disposons et qui sous-entend que la jeune fille est favorable à l'intégration. Nous pouvons noter que la personne choisie par Le Figaro pour incarner l'opinion publique tchèque est représentative d'une certaine population. En effet, les personnes ayant une formation universitaire, les entrepreneurs ou encore les citadins sont des groupes sociaux généralement favorables à l'Europe184(*). Suite à ce reportage, Le Figaro publie un entretien avec un metteur en scène tchèque185(*). La dernière question de cette interview porte sur l'Europe : est-elle « un rêve, un modèle ou une menace ? ». Ces trois termes renvoient plus ou moins aux différentes phases traversées par l'opinion publique tchèque : le rêve ou la période d'europhorie, la menace ou la période des réticences. Malgré son incertitude (les Tchèques ne savent pas « s'ils s'y plairont »), J. Sverak est « content d'avoir été admis dans cette grande famille ». Il précise qu'il ne veut pas que l'entrée de la République tchèque soit perçue comme opportuniste. Afin de renforcer ses propos, il argumente : son pays « peut également [...] apporter des choses positives, par exemple le souci du travail bien fait ». Il s'agit ici d'un énoncé à visée argumentative que nous pouvons interpréter de deux façons. D'une part, il vise à justifier l'intégration de la République tchèque dans l'UE en prouvant que l'élargissement n'a pas uniquement des effets négatifs. D'autre part, ce souci de justification rappelle le besoin qu'éprouve le peuple tchèque depuis le XIXème siècle d'être investie d'une mission. Peut-être pouvons nous voir dans ces propos l'influence de J. Patocka qui déjà au XIXème siècle définissait le rôle de la nation tchèque au sein de l'Europe comme celui d'une nation utile.
La représentation de l'opinion publique tchèque que propose Le Figaro est très partielle. Seule une personne est interrogée et permet de donner un « visage » à cette opinion publique. Favorable à l'intégration, elle ne fait part d'aucune attente et ne semble donc pas accorder beaucoup d'importance à cet événement. * 183 Le Figaro, 22 juillet 2004, p. 29 * 184 NEUMAYER, Laure, « Les opinions publiques en Europe centrale sur l'UE avant et après l'adhésion », Le Courrier des pays de l'Est, n°1048, mars-avril 2005, p. 85 * 185 Le Figaro, 22 juillet 2004, p. 29 |
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