La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007 |
A. Le Monde : la République tchèque, une nation « politique »Le Monde ne consacre aucun article spécifique au thème de l'identité nationale et de la constitution de la nation tchèque. Néanmoins, nous avons trouvé quelques éléments intéressants dans un article consacré à l'opinion publique160(*). Si, dans l'encart de ce discours, le quotidien mentionne les « identités multiples, faites de coutumes et de particularismes nationaux ou régionaux » qui « viennent enrichir l'Europe » cet aspect n'est pas développé dans le corps de l'article. La composante « folklore » de l'identité nationale est donc seulement évoquée. En réalité, c'est sur l'histoire tchèque que se focalise Le Monde : tout en dressant le portrait d'une femme tchèque, il retrace les grandes lignes de l'histoire de ce pays. La Tchécoslovaquie est un « Etat né des décombres de l'ancienne Europe » qui devient « un protectorat de Bohême Moravie » avant de retourner à la démocratie puis de « connaître plus de quarante ans de communisme » pour enfin retrouver un régime démocratique. Nous pouvons remarquer que le quotidien décrit la Tchécoslovaquie à travers le prisme de la nation civique comme en témoigne l'emploi des mots « citoyenneté », « citoyenne » (à deux reprises), « régime » (à cinq reprises), « démocratie », « démocratique » et « Etat », un vocabulaire qui renvoie au champ lexical de la nation politique telle que nous l'avons définie en première partie. La lecture qui est faite de la nation tchèque est celle d'une nation politique qui a oscillé entre perte d'indépendance, dictature et démocratie. Logiquement, les dates auxquelles fait allusion le journal correspondent toutes à un moment de perte d'indépendance et de changement de régime (par exemple la proclamation du protectorat de Bohême Moravie en 1938, le coup de Prague en 1948, la révolution de velours en 1989...). Il n'est donc pas surprenant que rien ne soit dit de la constitution de la nation culturelle au XIXème siècle et du rôle joué par la langue dans la constitution de l'identité nationale. Une phrase illustre bien la perspective dans laquelle se place Le Monde : Blazena fut « ballottée d'une citoyenneté et d'un régime à l'autre pendant près d'un siècle ». Pour clore cette rétrospective des différents régimes traversés par le pays, Le Monde souligne à deux reprises en citant les propos de trois femmes tchèques, le bonheur de « la liberté retrouvée », une liberté « qui est le plus beau présent ». La notion de liberté peut, elle aussi, être rattachée au champ lexical de la nation civique car elle renvoie à la liberté politique et à la garantie pour chaque individu de jouir de ses droits civiques. La lecture que fait Le Monde de l'histoire tchèque permet de comprendre la dernière phrase de l'article : « l'UE sera une garantie supplémentaire pour nous protéger du retour de ces dictatures ». Dans la perspective de la nation politique, l'enjeu de l'intégration n'est pas la question de la place de la culture tchèque dans l'UE ou la question de la dissolution de l'identité nationale mais celle de la préservation de la démocratie. * 160 Le Monde, « Blazena, Blanka, Klara, l'adhésion vue par trois générations », 29 avril 2004, p. 8 |
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