UNIVERSITÉ de BORDEAUX
III INFOREC
Diplôme Universitaire de
Technologie Communication des Organisations, option
Plurimédias
Nassim FENJIRO Promotion 2006/2007
Pour une radio associative aussi, l'argent est-il le
« nerf de la guerre » ?
L'exemple de la radio girondine R.I.G.
Préparé sous la direction de Madame
Hélène ARZENO, Maître de Conférence et responsable
du Pôle Information Communication de l'INFOREC
Septembre 2007
Université Michel de Montaigne Pôle
Communication Inforec I.U.T. Rue Naudet Domaine Universitaire CS
70204 33175 Gradignan Cedex
Pour une radio associative aussi, l'argent est-il le
« nerf de la guerre » ?
L'exemple de la radio girondine R.I.G.
REMERCIEMENTS
J
e remercie chaleureusement Madame Hélène ARZENO,
pour la confiance qu'elle m'a témoignée durant toute ma
période de formation, et sans qui la poursuite d'études
supérieures aurait été délicate.
Je remercie également tout le corps professoral -
universitaire et professionnel - pour l'expérience et les connaissances
qu'il a pu m'apporter, tout en témoignant de la patience à mon
égard.
Toute ma gratitude va également à l'encadrement
administratif de l'INFOREC et spécialement à Vanessa, qui s'est
elle aussi montrée patiente à mon endroit.
Sans oublier mes « camarades de jeu » de la promotion
2006/2007, avec qui j 'ai passé des moments aussi agréables que
studieux.
Un merci tout particulier à la radio R.I.G. et sa
présidente Geneviève TEYSSIER, son responsable de la
communication Pascal CORPART, et à ses salariés et
bénévoles pour leur accueil.
Enfin merci à ma famille et à mes amis, sans qui je
n'en serais pas là, et qui ont sans doute vécu cette
période aussi intensément que moi.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 7
CHAPITRE PREMIER : LES RADIOS ASSOCIATIVES, TOUTE UNE
HISTOIRE 9
CHAPITRE DEUX : LE CAS DE LA RADIO ASSOCIATIVE GIRONDINE
R.I.G 20
CHAPITRE TROIS : UN FONCTIONNEMENT, UNE COMMUNICATION ET
UN AVENIR DÉPENDANTS 30
CONCLUSION 40
TABLE DES MATIÈRES 43
BIBLIOGRAPHIE 44
ANNEXES 45
« Que je veuille connaître une machine, je la
découperai pour en étudier séparément chaque
partie. Quand j 'aurai de chacune une idée exacte et que je
pourrai les remettre dans le même ordre où elles
étaient, alors je concevrai parfaitement cette machine, parce que
je l 'aurai décomposée et recomposée. »
Etienne Bonnot de Condillac, La logique ou l'art de
penser
INTRODUCTION
Cette citation d'Etienne Bonnot de Condillac1
symbolise bien la démarche entreprise à l'occasion de ce travail
de réflexion et de recherche, qui vient mettre en pratique la
théorie apprise durant la formation. Il a en effet été
question lors de l'élaboration de ce mémoire de cerner la
communication des radios associatives à travers le spectre financier.
C'est ainsi que le choix de la radio R.I.G.2, dans laquelle nous
avons fourbi nos premières armes sur le marché du travail, s'est
posé comme une évidence.
« L'argent est le nerf de la guerre
» est un proverbe latin cité par
Cicéron3 et « adapté » en France par
François Rabelais4 dans l'une de ses oeuvres les plus
connues, Gargantua. La signification de ce proverbe est claire :
l'argent est le ressort principal de la guerre. Par extension, cette expression
est utilisée pour tout problème dont la source et la solution
sont pécuniaires.
Dans un marché devenu mondial, la question
financière ne peut donc être éludée, le
marché de la communication n'échappant évidemment pas
à la règle. Prenons l'exemple le plus parlant et le plus proche
de nous dans le temps, à savoir les postes « communication »
de la dernière campagne présidentielle. Or qu'est ce qu'une
campagne présidentielle sinon qu'une vaste campagne de communication ?
Affiches, sites Internet, événements (meetings), voire
communication de crise sont autant de volets qui nous permettent de qualifier
la dernière campagne à l'élection présidentielle de
« campagne de communication ».
Ainsi selon la C.N.C.C.F.P.5, sur les 20 millions d'euros de
budget de l'U.M.P.6, 13,5 ont servi le poste « communication
». De son côté le P.S.7 aura dépensé
plus que son concurrent en affichage (4 contre 2,5 millions d'euros) et,
même s'il reste le poste le plus important de son budget communication,
beaucoup moins que l'U.M.P. pour les meetings (5 contre 11 millions d'euros).
Hasard ou coïncidence, le P.S. et l'U.M.P., qui se seront montrés
les moins regardants sur les questions financières, ont
été choisis par la population au premier tour de
l'élection présidentielle. À titre de comparaison, la
candidate « verte » Dominique Voynet aura consacré un tiers de
son budget aux dépenses liées à sa communication, soit 450
000 euros.
Dans ces conditions, peut-on parler de
déséquilibre d'impact inhérent à l'argent ? Peut-on
faire l'analogie avec l'exemple du fonctionnement des radios ? Une telle
comparaison s'impose lorsque l'on parle du monde de la radio, dans lequel nous
distinguons trois grandes catégories : les radios du service public, les
radios dites commerciales et les radios associatives.
1 Philosophe français (1715 - 1780)
2 Radio Iguanodon Gironde
3 Auteur et homme politique romain (106 av. JC - 45 av. JC)
4 Médecin et écrivain français (1494 -
1553)
5 Commission Nationale des Comptes de Campagne et des
Financements Politiques (cf. annexes)
6 Union pour un Mouvement Populaire
7 Parti Socialiste
L'intérêt de ce sujet est double. Il fait d'une
part écho à un intérêt personnel pour les
médias en général, et les radios en particulier. Il
était donc intéressant d'étudier dans quelle mesure la
communication peut servir ou desservir ces acteurs, à travers le spectre
financier. D'autre part, il était intéressant de juger la
relation des associations à l'argent, deux notions que l'on juge souvent
antagonistes.
Notre sujet d'étude porte donc sur le fonctionnement et
la communication des radios associatives à travers le spectre de
l'argent, avec en toile de fond l'exemple de la radio R.I.G. . Nous voulons
déterminer dans quelle mesure les contraintes financières
influencent la façon de communiquer des radios associatives, tant leurs
modes de fonctionnement que dans leurs façons de communiquer. Notre
problématique est donc : en quoi les questions
financières sont-elles la clé de voûte de la communication
et du fonctionnement d'une radio associative ? Nous nous baserons pour
ce faire sur le cas de la radio associative girondine R.I.G. .
Pour avancer dans cette problématique nous
émettons trois hypothèses. La première d'entre elles est
d'avancer que la radio R.I.G., avant d'être un média, est bel et
bien une association de loi 19018, avec tout ce que cela implique.
Nous avançons ensuite que la question de la communication est souvent
considérée par les radios associatives comme une gabegie,
celles-ci jugeant, en leur qualité de média, qu'elles n'en n'ont
pas l'utilité. Enfin nous émettons l'hypothèse que pour le
cas de la communication de la radio R.I.G., le problème n'est pas tant
celui du manque de ressources financières que celui du déficit
d'image.
Pour étudier cette problématique et infirmer ou
confirmer ces hypothèses, la méthode suivante a été
choisie. Elle consiste d'une part en une recherche bibliographique sur le
thème, la lecture d'articles de presse, ainsi que la consultation
d'articles de loi et la lecture d'ouvrages. D'autre part, cette recherche s'est
couplée à un entretien semi-directif de deux heures trente avec
Pascal Corpart, responsable de la communication de la radio R.I.G.9
. Afin d'être exhaustif sur le sujet traité, il a
été envisagé de mener un entretien auprès d'une
radio dite commerciale, afin d'avoir deux sons de cloche sur un même
thème. Une possibilité finalement écartée de part
les réticences rencontrées auprès des responsables de
communication de ces radios.
L'élaboration de ce mémoire s'est donc
principalement axée autour de recherches bibliographiques, de la lecture
d'ouvrages et de l'entretien mené auprès de Pascal Corpart, et
d'une réflexion permanente à tous les stades d'élaboration
de ce travail.
Ce mémoire se divise en trois parties qui constituent
autant de chapitres. La première consiste en la présentation de
l'environnement et du mode de fonctionnement des radios associatives : le
contexte de notre étude. La deuxième partie est quant à
elle axée sur le cas particulier de la radio R.I.G. . Enfin la
troisième et dernière partie est une réflexion pragmatique
sur la question de la communication des radios associatives, en gardant en
mémoire leurs modes de fonctionnement et l'exemple de la radio R.I.G.
.
8 cf. annexes
9 cf. annexes
CHAPITRE PREMIER : LES RADIOS ASSOCIATIVES,
TOUTE UNE HISTOIRE
Notre sujet d'étude fait intervenir l'environnement et
le mode de fonctionnement des radios associatives, afin de mieux comprendre
leurs façons de communiquer. C'est ainsi qu'un historique de celles-ci
nous a semblé pertinent.
I/ UN CHEMIN SEMÉ D'EMBÛCHES
A/ La naissance de l'O.R.T.F.
C'est en décembre 1921, sous l'impulsion de Gustave
Ferrié10, que la France connaîtra sa première
émission de radio, d'une durée d'une demi-heure et
diffusée depuis la Tour Eiffel. Parallèlement à ce premier
coup d'éclat se créera l'année suivante en Angleterre la
B.B.C.11, qui gardera un statut de monopole jusqu'en 1955. 1923 voit
la création en France de deux radios que sont Radio Paris et Paris
P.T.T.12, cette dernière donnant d'ailleurs naissance
à de nombreuses petites stations régionales. La même
année est voté le monopole d'État de la diffusion et de la
réception radiophonique, tout en laissant la possibilité à
la création de stations privées. À noter d'ailleurs que
les deux radios précédemment citées étaient des
radios étatiques. Il faudra attendre 1931 pour voir émerger la
première « grande » radio privée, incarnée par
Radio Luxembourg, plus connue aujourd'hui sous le nom de R.T.L.13
.
Nous en parlions plus haut, la radiodiffusion est devenue
étatique en France dès 1923. 1939 verra ainsi la création
de la R.N.F.14, qui vient suppléer une gestion jusqu'à
lors placée sous la tutelle du ministère des P.T.T., et qui
portera le nom de R.D.F.15 en 1944.
« Guerre des ondes » aidant, une ordonnance sera
promulguée en 1945, scellant ainsi le sort des stations privées.
La « guerre des ondes » a marqué une scission importante en
France. Une division non pas médiatique mais bel et bien
idéologique, puisque s'opposaient en France les partisans de la
résistance, qui écoutaient la B.B.C. et sa célèbre
émission « Les français parlent aux français »,
et les autres, plus nombreux, l'oreille rivée sur Radio Paris. C'est
donc à partir de 1945 que la R.D.F. assurera le monopole étatique
de la radiodiffusion en France, relayée par la R.T.F.16 avec
l'avènement de la télévision, puis l'O.R.T.F.17
en 1964.
10 Savant, pionnier de la radiodiffusion (1868 - 1932)
11 British Broadcasting Corporation
12 Postes, Télégraphes et
Téléphones
13 Radio Télévision Luxembourg
14 Radiodiffusion de la Nation Française
15 Radiodiffusion Française
16 Radiodiffusion - Télévision Française
17 Office de la Radiodiffusion - Télévision
Française
B/ Un monopole d'État contesté, un changement
de mentalités avéré
L'année 1975 sera synonyme de l'apparition de Radio
France - dont le siège est la très connue Maison de la Radio,
à Paris - suite au démantèlement l'année
précédente de l'O.R.T.F. . À l'issu de cette disparition,
provoquée par le Premier Ministre de l'époque Jacques Chirac,
s'en suit une réorganisation de la radiodiffusion et de la
télévision française. C'est ainsi que sept
sociétés naissent : la première chaîne, Antenne 2,
F.R.3.18, T.D.F.19, l'I.N.A.20, Radio France
donc, et la S.F.P.21 . Ces sept sociétés sont
placées sous l'égide du Premier Ministre.
C'est en 1981, avec l'élection à la
présidence de la République Française de François
Mitterrand22, et ce que l'on a appelé la « vague rose
» des législatives que l'Assemblée Nationale promulgue la
loi sur les radios libres. Mais déjà avant cette période
les « radios libres », appelées alors « radios pirates
», proliféraient un peu partout sur le territoire.
En 1977, les radios libres émettaient
déjà clandestinement en France. Quand leur nombre n'était
pas élevé et que leurs émetteurs ne gênaient en rien
les autres radios, elles étaient plus ou moins
tolérées.
Le mouvement des radios privées était-il
dû à un changement de mentalité ou à la contestation
du monopole ?
Les radios pirates ne sont pas nées en 1977,
quelques-unes existaient avant, comme Radio Lille Campus depuis 1969, ou Radio
Active à Lyon qui luttait en 1976 contre la construction de la centrale
nucléaire de Creys Malville. Leurs puissances d'émission
étaient ridiculement faibles et elles occupaient des fréquences
laissées libres.
Dans les dernières années de la décennie
70, il devient de plus en plus abordable d'acheter un émetteur Hertzien.
Les disques vinyles deviennent des produits de grande consommation : les
adolescents et les jeunes adultes s'intéressent d'avantage à
l'écoute de la musique. Le prix des électrophones
stéréos est moins élevé que dans les années
60. Les récepteurs radios sont plus petits et peuvent être
transportés. La radio commence alors à entrer comme fond sonore
dans la vie professionnelle. Il n'est plus question d'écouter
religieusement le poste familial.
18 France Régions 3
19 Télédiffusion de France
20 Institut National de l'Audiovisuel
21 Société Française de Production
22 Homme politique français (1916 - 1996)
23 cf. annexes
24 Homme politique français (1946 - ?)
C/ La « riposte » de l'État
Dans le même temps, les radios d'État voient
leurs audiences baisser de part la présence des radios dites «
périphériques » que sont R.T.L. ou Europe 1, qui
émettent à partir de pays limitrophes. Leurs émissions
sont conçues à partir des attentes de leurs publics. Les radios
du groupe Radio France gardent cependant leurs fidèles : le confort
d'écoute est agréable et la publicité absente. Cependant,
le public demande de plus en plus de diversité.
Un coup médiatique a contribué à une
prise de conscience par l'État de l'existence des radios pirates. Le 10
mars 1977, Brice Lalonde, candidat écologiste aux élections
législatives, présente une vraie/fausse radio pirate au journal
d'Antenne 2 : Radio Verte23. Ce n'était en fait qu'un simple
récepteur qui recueillait le signal d'un mini-émetteur
couplé à un magnétophone déclenché pour
l'occasion. Des radios pirates commencent alors à apparaître dans
toute la France pour exprimer des contestations politiques et sociales.
Ces radios naissent dans un but précis : Radio Verte
Fessenheim, en Alsace, s'insurge contre la construction d'une centrale
nucléaire pendant que Radio Fil Bleu, à Montpellier,
dénonce le monopole d'État. Ce dernier songe à la
possibilité de sanctionner les émissions
irrégulières mais les pirates se multiplient du fait d'un certain
vide juridique. Certains vont jusqu'à parasiter Radio France, parfois
involontairement, à cause d'émetteurs trop puissants ou mal
réglés.
Le nombre de radios pirates va augmenter crescendo : d'une
vingtaine en février 1978, on en dénombrera plus de 70 à
la fin de cette même année. C'est pourquoi la loi du 27 juin 1978
prévoit des sanctions en cas de non observation du monopole de diffusion
: de 10 000 à 100 000 Francs (1 500 à 15 000 euros) d'amende et
des peines de prison pouvant aller jusqu'à un an.
Radio Riposte émet le 28 juin 1978
depuis le siège du P.S. rue de Solferino. Elle diffuse un plaidoyer pour
la liberté, enregistré quelques jours avant par François
Mitterrand. La police arrive dès le début de l'émission.
C'est ainsi que François Mitterrand, Laurent Fabius24 et
quelques autres membres du P.S. sont inculpés pour infraction au
monopole de radiodiffusion. Un comble... Cette arrestation a pour
conséquence que les défenseurs des radios libres
considèrent désormais François Mitterrand comme un des
leurs.
L'État cherche de son côté à
concurrencer les « radios libres » en créant des radios
décentralisées dans certaines villes, et Radio 7 pour les
jeunes.
Dès le début du mouvement des « radios
pirates », trois grandes catégories de radios se dessinent : les
radios sonos, les radios d'expression locale et les radios « super tract
». Les radios sonos se contentent de passer de la musique, souvent
tirée de la discothèque du ou des animateurs. Ces derniers
mettent les disques qui leur font plaisir.
Les radios d'expression locale permettent à des
communautés de s'exprimer dans leurs patois et dialectes. La
frontière avec la catégorie « super tract » est parfois
floue quand la radio prône l'indépendance d'une région.
Les radios « super tract » sont en effet des radios
de combat. Les luttes socialistes et communistes y sont bien
représentées. Ces dernières peuvent également
être féministes, à l'origine d'objecteurs de conscience ou
défendre la cause des homosexuels.
D/ L'avènement des radios libres
1981 voit donc à l'issu de l'élection de
François Mitterrand les « radios libres » n'être ni
autorisées, ni interdites, mais seulement tolérées. En
bref, elles sont issues des « radios pirates ».
Des intellectuels défendent les « radios libres
», d'autres prônent la radio libre professionnelle et commerciale.
Ainsi lorsque l'ancien directeur de Radio 7, Patrick Meyer, a pour projet de
créer une radio professionnelle, il nomme sa station R.F.M.25
et établit grille et agencement de programmes, ce qui surprend dans le
monde de la radio libre. Il envisage le recours à la publicité,
ce qui lui vaut la mobilisation de cinq émetteurs T.D.F. pour brouiller
sa station, avant même la loi du 9 novembre 1981 qui interdit les radios
commerciales !
Cette loi ne concerne en effet que les radios locales
associatives, les seules radios privées autorisées à
émettre. Son décret d'application, qui n'entre en vigueur qu'en
janvier 1982, ne supprime pas le monopole mais l'aménage. Elle
énonce un ensemble de règles très strictes : il faut ainsi
une dérogation au monopole pour émettre sur la bande F.M. de 87.5
à 104 MHz.
Cette autorisation révocable est délivrée
dans un premier temps par le Premier Ministre de l'époque Pierre
Mauroy26, puis par une commission27, et enfin par la
Haute Autorité de l'Audiovisuel. Elle est réservée aux
seules radios associatives dont la puissance de leurs émetteurs est
inférieure à 500 Watts et dont la portée d'émission
ne peut excéder 30 kilomètres.
Sur le plan financier, un associé ne peut apporter et
contrôler plus de 25 % du capital investit dans une radio. De plus, les
recettes publicitaires sont interdites (résultat de pressions
exercées par le lobby de la presse écrite). Certaines
n'appliquent pas cette directive. R.F.M. par exemple est brouillée
officiellement en 1981 et 1982 pour avoir diffusé de la
publicité.
La plupart des quelques 1 600 stations autorisées ne
respectent pas la loi : leurs émetteurs sont trop puissants ou mal
calés sur leurs fréquences. Malgré une subvention de
l'État, prélevée sur les recettes de la publicité
télévisuelle attribuée à chacune d'entre elles, un
grand nombre se retrouve en difficulté financière. La
publicité étant interdite, la recherche de financements
relève du système D.
25 Récence, Fréquence, Montant
26 Homme politique français (1928 - ?) 27 Commission
Holleaux
II/ DES RADIOS LIBRES AUX RADIOS ASSOCIATIVES
A/ À la croisée des chemins
L'année 1984 est marquée par des tensions au
sein des partis politiques français. Des manifestations se produisent
pour la défense de l'école libre, soutenue par les partis de
droite. Le parti socialiste passe pour un parti liberticide, et l'introduction
d'un certain libéralisme en matière de radio modère les
ardeurs des plus libéraux.
Ainsi la publicité est autorisée par le biais
d'une loi : la logique commerciale entre en jeu. Peut-on alors toujours parler
de « radios libres » ?
Les radios locales privées peuvent désormais
choisir entre deux statuts : garder une structure associative sans avoir
recours à la publicité ou devenir commerciales. Celles qui
conservent le statut associatif reçoivent une subvention d'État
prélevée sur les recettes publicitaires. Cependant, il est touj
ours possible de rester associative avec accès à la
publicité, mais sans subvention d'État. D'autres peuvent devenir
des sociétés commerciales et former un maillon de
l'économie.
Les stations qui choisissent le statut associatif ont le
droit, d'après la loi, à une subvention prélevée
sur les recettes publicitaires de la télévision. Le
problème est que cette subvention est accordée en théorie
une fois par an, et n'est donc pas une pension. En réalité, les
véritables radios associatives sont subventionnées par ailleurs,
comme les « Radios Campus » par les universités.
Mais quel que soit le statut, il faut un émetteur
limité à 500 Watts dans un rayon maximal de 30 kilomètres,
une fréquence attribuée et au moins 80% de programmes
spécifiques pendant le temps antenne. Un programme spécifique
étant un programme réalisé par la radio
elle-même.
Si plusieurs radios peuvent partager la même
fréquence, une radio ne peut posséder qu'une seule
fréquence. Les réseaux ne sont pas encore autorisés mais
des radios comme N.R.J.28, Nostalgie ou R.F.M. se préparent
à d'éventuelles prises de contrôle de petites structures
associatives.
Suite à la possibilité de diffuser de la
publicité, les projets de radios affluent sur les bureaux de la Haute
Autorité. Cette dernière a touj ours du mal à faire face
à cette pléthore de demandes de fréquences, sachant que la
bande FM s'arrêtait à l'époque à 104 (les
fréquences de 104 à 108 appartenant encore à
l'armée).
Certaines stations choisissent de devenir ou redevenir des
sociétés commerciales. R.F.M. par exemple abandonne sans regrets
le statut associatif. Elle redevient une station purement professionnelle :
elle diffuse ouvertement de la publicité. N.R.J. continue pour sa part
à diffuser de la publicité, bénéficiant d'une
relative impunité de la part du gouvernement de l'époque.
28 Outre l'allusion à « énergie »,
Nouvelle Radio Jeune
Les petites radios, de leur côté, refusent de se
doter d'un agencement structuré de programmes et se sabordent la plupart
du temps, ce qui libère quelques fréquences. Le public, lui,
change, et veut des émissions plus régulières ainsi que
plus de professionnalisme dans l'animation. Les radios qui n'ont pas de grilles
précises n'ont donc pas grande audience.
Les radios professionnelles et commerciales recherchent la
plus forte audience. Les annonceurs aiment se faire voir, mais en
matière de radios ils veulent se faire entendre. C'est pourquoi les
radios professionnelles commencent à adopter une programmation
étudiée d'après ce que les auditeurs potentiels aiment
entendre. Les « formats radios » commencent à se dessiner.
Ces radios cherchent à plaire à leurs publics,
mais surtout aux éventuels annonceurs. L'audience n'est-elle pas la
marchandise vendue aux annonceurs ? Les publicités ne concernent que
l'auditorat visé. Ces concepts qui paraissent évidents dans une
logique de communication ne l'étaient pas dans le monde de la radio
privée de la première moitié des années 80. Ils
entrent néanmoins rapidement dans les moeurs.
Il n'est pas obligatoire d'être une
société pour pouvoir diffuser de la publicité sur les
ondes. Certaines radios optent pour une structure associative, avec des
bénévoles et un tout petit nombre de salariés, et
diffusent des messages à caractère publicitaire. Elles sont
généralement très locales : on y entend souvent les
accents prononcés des animateurs, des bafouillages. Certains animateurs
ont un parlé agréable et leurs émissions ont une
programmation digne de stations professionnelles. Certaines d'entre elles
quittent le statut associatif au bout de quelques mois.
Fin 1984, la Haute Autorité décide de suspendre
6 radios qui dépassent largement la puissance autorisée de leurs
émetteurs : parmi elles, N.R.J. Son patron va alors faire preuve de
vision en contactant un conseiller en communication qui lui organise une
manifestation dans Paris pour entraîner les jeunes à soutenir
« la plus belle des radios ». Des artistes de renom comme Dalida
acceptent de parrainer l'événement et se retrouvent en tête
du cortège . Laurent Fabius et le Président de la
République interdisent la force publique et N.R.J. n'est finalement pas
suspendue.
L'année 1986 entérine les évolutions des
années précédentes en matière de radio. Pour la
première fois un Président de gauche nomme un Premier Ministre de
droite. Une nouvelle loi en matière de médias voit le jour :
est-elle entièrement déterminée par le changement de
majorité politique ?
L'année 1986 est marquée par
l'élargissement de la bande F.M. de 104 à 108 MHz, mais aussi par
le début de la formation de réseaux. La loi du 30 septembre
198629 dite « loi Léotard » a été
rédigée par le nouveau gouvernement issu de l'alternance. Dans
l'exposé des motivations nous pouvons lire « la liberté
accordée aux exploitants opérant en situation concurrentielle est
non seulement un gage de liberté, mais aussi d'efficacité et de
compétitivité pour notre économie ».
29 cf. annexes
Une nouvelle instance est créée en remplacement
d'une autre : la légitimité d'une autorité de
régulation n'est pas remise en cause malgré la volonté de
libérer les médias de toute tentative monopolistique. La
C.N.C.L.30 remplace la Haute Autorité. En effet la Haute
Autorité était vue comme un organisme incapable de gérer
les attributions de fréquences. En réalité, cette
commission poursuit le travail déjà entrepris avec un pouvoir
plus vaste et des moyens plus importants. Elle délivre toujours les
autorisations pour les radios, mais ne consulte plus T.D.F. comme le faisait
l'instance précédente. Elle a le pouvoir de contrôler et
sanctionner les stations en cas de dérapage. Elle impose un cahier des
charges pour tout candidat à une fréquence et en cas
d'acceptation du projet le valide et veille à son respect.
Le principe de monopole est abandonné, la
publicité est reconnue comme nécessaire à la vie d'une
radio non subventionnée. Le point le plus important étant que les
réseaux sont autorisés, mais dans une certaine limite. La «
loi Léotard » entérine un fait : des réseaux
existaient avant, ils étaient illégaux, donc non
contrôlés.
À cause de leurs difficultés financières,
de nombreuses radios locales privées meurent ou se réunissent
sous une bannière et deviennent ainsi un maillon d'un réseau.
N.R.J. adapte ainsi le concept de franchises connu dans la grande distribution
au monde de la FM. Certaines radios acceptent de prendre le label N.R.J.
à cause de leurs difficultés financières. La station
commerciale fournit l'émetteur si besoin est, et des moyens de mener des
campagnes publicitaires. En échange, la radio change de nom et
établit sa programmation en fonction d'une liste donnée par la
tête de réseau.
Cette période a mis en exergue la suprématie des
radios commerciales qui ne diffusaient pas de messages à
caractère politique. Certaines radios ont créé leur
réseau, qu'il soit national ou régional, d'autres ont
préféré recentrer leur auditorat sur une ville ou une
région. 1984 - 1986 montre une période où, hormis en cas
de rupture d'autorisation de la part de la C.N.C.L., la plupart des radios qui
cessent leurs émissions manquent de fonds. Seules quelques radios
associatives fortement subventionnées gardent leur
indépendance.
B/ Le fonctionnement des radios associatives
D'après le site du ministère de la culture et de
la communication, le « F.S.E.R.31 est chargé de la
gestion de l'aide publique aux radios locales associatives prévue par le
décret 2006 - 1067 du 25 août 2006, pris pour l'application de
l'article 80 de la loi n°86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la
liberté de communication ».
« Les textes prévoient le versement d'une aide
financée par une taxe assise sur les sommes payées par les
annonceurs pour la diffusion, par voie de radiodiffusion ou de
télévision, de leurs messages publicitaires. Cette aide est
attribuée aux radios hertziennes éditées par une
association et accomplissant une
30 Commission Nationale de la Communication et des
Libertés
31 Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique
mission de communication sociale de
proximité lorsque leurs ressources commerciales sont inférieures
à 20 % de leur chiffre d'affaires total. Ces aides sont
attribuées sur proposition d'une commission composée de 11
membres nommés pour 3 ans par arrêté du Ministre de la
culture et de la communication : un président, membre du Conseil
d'État, de la Cour des Comptes ou de la Cour de Cassation, quatre
représentants de l'État (budget, affaires sociales, culture,
communication), quatre représentants des radios associatives et deux
représentants des régies publicitaires ».
Revenons sur cette notion de communication sociale.
Une notion portée aux nues par les deux principales
organisations gérant et fédérant les radios associatives
qui le souhaitent que sont le C.N.R.A.32 et le S.N.R.L.33
. C'est en effet le mot d'ordre, issu de l'héritage historique des
« radios libres », qui constitue la vocation des radios associatives.
Toutefois selon Pascal Corpart, responsable de la communication au sein de la
radio R.I.G., « la notion de communication sociale est en
elle-même erronée ». Il avance tout d'abord que la
communication est forcément sociale, et donc que cela est
démagogiquement redondant. Ensuite, et pour parler plus
précisément des missions d'une radio associative et touj ours
selon Pascal Corpart, « ce n'est pas la communication qui est sociale mais
les personnes qui utilisent le média, puisque ces derniers sont issus
pour la plupart d'une minorité, quelle qu'elle soit ». C'est en
cela que la communication est sociale. À noter que sur le plan
régional aussi existe des réseaux fédérant les
radios associatives, celui d'Aquitaine étant la F.A.R.L.34
.
La radio associative se doit, si elle souhaite obtenir des
subventions (nous y reviendrons plus tard) de répondre à
certaines exigences édictées par les deux organisations dont nous
parlions plus haut, à savoir le C.N.R.A. et le S.N.R.L. . C'est ainsi
que lui incombe des missions de communication sociale de
proximité donc, entendue comme « le fait de favoriser les
échanges entre les groupes sociaux et culturels, l'expression des
différents courants socioculturels, le soutien au développement
local, la protection de l'environnement ou la lutt e contre l'exclusion ».
Cela doit évidemment se traduire dans les actions de la radio, notamment
au travers d'un dossier d'activité qui doit être envoyé
chaque année au F.S.E.R., ce dernier décidant ou non de
ré-attribuer une subvention, fonction donc de la cohérence de
l'action de la radio avec ses missions de départ. Toutes ces
démarches sont donc étroitement liées les unes avec les
autres, les organismes que sont le F.S.E.R., le C.N.R.A. ou le S.N.R.L.
travaillant également de concert.
32 Conseil National des Radios Associatives
33 Syndicat National des Radios Libres
34 Fédération Aquitaine des Radios Libres
C/ Le financement des radios associatives
Le financement des radios associatives est donc
essentiellement basé sur les subventions du F.S.E.R. . D'autres
activités peuvent venir justifier des rentrées d'argent
supplémentaires, tout en gardant à l'esprit qu'elles doivent
également venir justifier, comme démontré
précédemment, les missions que sont celles d'une radio
associative. Ainsi si nous devions faire une analogie entre les radios dites
commerciales et les radios associatives, nous dirions qu'il s'agit d'une
recherche permanente de financements. Dans ce dessein la radio associative a
plusieurs moyens pour y arriver.
a) La publicité
La particularité d'une radio associative réside
dans le fait qu'elle ne diffuse pas ou peu de publicité, puisqu'elle n'a
droit à cet outil qu'à hauteur de 20 % de son chiffre d'affaires
annuel.
b) Les subventions
Parmi celles-ci, une radio associative peut recevoir de la
part d'institutions comme le Conseil Régional, la
D.R.D.J.S.35, plus communément appelée « Jeunesse
et Sports » ou une municipalité des aides annuelles. La structure
peut également recevoir des aides en nature. Néanmoins cela ne
constitue pas le « gros » des subventions auxquelles une radio de
catégorie A36 - en opposition aux radios de catégorie
B37, C38, D39 et E40 - a droit.
Nous l'évoquions plus haut, ces dernières peuvent faire une
demande auprès du F.S.E.R., à condition de respecter les missions
de communication sociale de proximité
édictées. Le Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique
est la principale source de revenus d'une radio de catégorie A. Il
alloue une enveloppe pouvant aller jusqu'à 40 000 € chaque
année. Le F.S.E.R. collecte cet argent auprès des radios de
catégorie C ou D (commerciales) ainsi que des chaînes de
télévision vivant de la publicité. Il y a
possibilité d'obtenir de cet organisme 60 % de la somme initiale en plus
de la première subvention, en fonction de l'activité de la radio
et de son implication dans la vie locale et associative. Ces critères
sont contrôlés à travers un dossier de presse et un dossier
d'activité, qui comme leurs noms l'indiquent permettent de
contrôler l'activité effective annuelle de la radio.
c) Les « contrats aidés »
Une radio de catégorie A peut prétendre à
avoir des salariés. Seul problème, le coût que cela
engendre : voilà pourquoi les radios associatives sont éligibles
aux contrats dits « aidés », financés à hauteur
de 55 à 80 % par l'État. Ces contrats sont donc un avantage, mais
présentent aussi un inconvénient : en effet ces contrats sont
à durée déterminée et ne sont pas renouvelables
indéfiniment. Un turn-over important et incessant est donc
constaté dans ces structures.
35 Direction Régionale et Départementale de la
Jeunesse et des Sports
36 Radios éligibles au F.S.E.R.
37 Radios locales ou régionales commerciales non
affiliées à un réseau national
38 Radios locales ou régionales commerciales
affiliées à un réseau national
39 Radios diffusant le programme d'un réseau
thématique national sans décrochage régional
40 Radios généralistes nationales autrefois
appelées radios périphériques (Europe 1, R.M.C. ,
R.T.L.)
d) Les autres moyens de financement
Parmi les autres moyens de financement d'une radio associative
nous retrouvons les traditionnelles cotisations de bénévoles,
mais aussi les actions diligentées par la structure pour répondre
à un besoin de communication sociale de
proximité. Ainsi il n'est pas rare de voir, pour obtenir des
financements mais aussi pour satisfaire à ses missions, une radio A
mener des « ateliers radios » en direction de jeunes ou de
minorités. Il n'est également pas rare de la voir participer
à des événements ponctuels que peuvent représenter
une manifestation culturelle, sportive ou associative.
Enfin en dernier lieu viennent les dons des auditeurs, qui
garnissent une enveloppe souvent mince à la fin de l'année.
D/ Des radios associatives en danger
Tenant compte des considérations financières
évoquées, nous pouvons affirmer, si ce n'est que les radios
associatives sont en danger, sont pour le moins sur la corde raide. Car aux
difficultés financières rencontrées s'ajoute l'incertitude
dans laquelle baigne son avenir. C'est ainsi que nombre de pétitions et
de mobilisations ont fleuri un peu partout pour le soutien des radios
associatives.
La sphère politique, à travers le parti des
« Verts », s'étant même émue de ce
sujet41. Il faut, pour comprendre cette situation inextricable,
rappeler que le Ministère de la Culture et de la Communication a
récemment proposé une aide qui viendrait se substituer à
celle attribuée par le F.S.E.R. . Le Ministère de la Culture qui
a d'ailleurs été soutenu en ce sens par le
Sénat42, qui dans le cadre d'une enquête sur le
F.S.E.R. en arrive aux mêmes conclusions que le Ministère de
tutelle. Seul problème : il s'agit d'une aide aléatoire et non
plus « automatique », d'une part, et jugée purement et
simplement liberticide d'autre part par les radios concernées.
Selon les propres termes employés par la commission du
Sénat chargée du dossier, « les aides publiques devraient
davantage s'orienter vers des aides à projets », sous-entendant la
mort des aides provenant du F.S.E.R. Cela implique a priori un
interventionnisme exacerbé de l'État dans la vie des radios
associatives, autrefois appelées « radios libres ». En
d'autres termes, les radios ne veulent pas d'une subvention qui ne
dépende que d'un bon vouloir et de la cohérence d'avec une ligne
éditoriale fixée arbitrairement. Autre point de discorde non
négligeable : le plafond de 20 % de recettes publicitaires pouvant
être rehaussé : ce serait jouer sur le terrain des radios «
commerciales », puisque la taxe servant la distribution des subventions
par le F.S.E.R. provient pour partie des recettes de ces radios.
Enfin sur un plan purement idéologique et toujours
selon le point de vue des radios associatives, ces décisions pourraient
remettre en cause leur liberté d'expression et leur pluralité
d'actions. C'est ainsi, outre les articles et autres sites Internet qui ont
fleuri à cette occasion, qu'un Collectif National43 s'est
monté, 1 631 signatures ayant été collectées.
41 cf. annexes
42 cf. annexes 43 cf. annexes
III/ UN AVENIR EN QUESTION À L'HEURE DU
NUMÉRIQUE
Nous l'avons évoqué, l'avenir des radios
associatives est plus que jamais en sursis. Comment alors concilier
stabilité financière et évolution vers une ère
nouvelle ? C'est LA question du moment. Faut-il ou non pour les radios passer
à l'heure du numérique ? Cette interrogation prend d'autant plus
de poids lorsque l'on pense aux radios associatives.
Pour comprendre quels sont les enjeux de cette question,
expliquons ce que le « numérique » changerait au quotidien.
C'est d'ailleurs une des questions que nous avons posé à Pascal
Corpart lors de notre entretien. À la question « Expliquez-nous en
quoi le numérique met en danger les radios associatives ? », la
réponse de ce dernier nous a pour le moins surpris. Il nous a en effet
confié que ce n'est pas le numérique qui met en danger les radios
associatives, mais la pression de la conformité qu'entraîne le
numérique. En effet selon la loi, le passage au numérique ne sera
obligatoire qu'à l'horizon 2020, ce qui en réalité n'est
pas le cas. Nous nous en expliquerons, mais abordons en premier lieu la
question du numérique en lui-même.
L'État a besoin de récupérer des
fréquences Hertziennes analogiques, ce qui le pousse à imposer
d'ici à 2020 un passage en Hertzien numérique, à l'instar
de ce qui a pu se passer avec l'avènement de la T.N.T.44
récemment. Cela permet d'une part d'optimiser les canaux de diffusion,
puisque plusieurs radios pourront émettre sur un même canal tout
en gardant leurs fréquences respectives, et d'autre part le
numérique ouvre de plus grandes perspectives en terme de
capacités d'utilisation de l'outil radio. Il sera ainsi possible d'avoir
les titres de chansons, d'émissions, la publicité qui
s'afficheront sur le poste récepteur (numérique, donc).
Nous évoquions le fait que l'aboutissement du projet
est fixé à 2020, mais qu'en réalité il est fort
probable que le numérique dans la monde de la radio entre dans les
moeurs bien plus tôt. En effet comment ne pas passer à
l'ère du numérique quand les équipements le font ?
Qu'adviendra-t-il quand les autoradios, les chaînes Hi-fi ou les
télévisions seront équipés en numérique ? Un
élément de réponse : que s'est-il passé dans les
foyers français lorsque les lecteurs D.V.D.45 sont
arrivés sur le marché ? Les magnétoscopes sont au fur et
à mesure partis aux oubliettes. En sera-t-il de même pour les
radios qui ne font pas le choix du numérique ? Voilà où
est située la conformité.
À n'en pas douter les radios dites « commerciales
» sont prêtes ou le seront sous peu, tandis que les associatives ont
d'autres soucis à régler, nous l'avons vu. En d'autres termes, ce
n'est pas dans les priorités de ces dernières de passer au
numérique, alors que paradoxalement, elles n'auront, à terme, pas
le choix. Car la radio fait aujourd'hui face aux T.I.C.46.C'est donc
dans un souci d'adaptation que le numérique est une issue
envisagée et envisageable pour le monde de la radio. Même si nous
l'avons dit la question financière est le principal frein des radios
associatives. Le Figaro et Libération y ont d'ailleurs
consacré des sujets, à retrouver en annexes.
44 Télévision Numérique Terrestre
45 Digital Versatile Disc (Disque numérique polyvalent) 46
Technologies de l'Information et de la Communication
CHAPITRE DEUX : LE CAS DE LA RADIO ASSOCIATIVE
GIRONDINE R.I.G.
C'est dans ce contexte incertain que nous avons
décidé d'étudier le fonctionnement et la communication de
la radio R.I.G. . Il était important de connaître le
présent et l'avenir des radios en général et des radios
associatives en particulier pour comprendre comment s'organise cette radio
associative girondine.
I/ R.I.G., UNE RADIO DE COMMUNICATION SOCIALE
R.I.G. existe depuis 25 ans. C'est une pionnière dans
le domaine des radios libres. Elle est implantée à Blanquefort,
après avoir été à Bordeaux et Parempuyre, où
est d'ailleurs actuellement situé son siège social.
C'est une radio associative donc, qui émet sur la
fréquence 90.7 de la bande FM. Le bureau de l'association se compose de
Geneviève Teyssier, présidente, d'Henri Larivet,
vice-président, de Paulette Donève, secrétaire, et de
Maïka Larivet, trésorière.
C'est une « Radio du Territoire et d'Education Populaire
»47 qui se donne pour mission de contribuer au
développement social, culturel et économique de sa zone, en prise
avec la population, en partenariat avec les associations, les
collectivités locales et les acteurs économiques.
La particularité de cette radio réside dans le
fait qu'elle ne diffuse pas ou peu de publicité, alors qu'en tant que
radio de catégorie A (radio associative), elle y a droit à
hauteur de 20 % de son chiffre d'affaires annuel. Voilà donc un premier
acte de communication fort, à l'endroit des auditeurs. Ces derniers,
friands de programmes musicaux ou d'information, le sont moins en
matière de coupures publicitaires. En revanche, c'est un réel
manque à gagner. L'argent que la radio ne gagne pas grâce à
la vente d'espaces, elle essaie de le collecter ailleurs.
A/ Les subventions
R.I.G. reçoit de la part d'institutions comme le
Conseil Régional, « Jeunesse et Sports » ou la
municipalité de Blanquefort des aides annuelles qui se chiffrent en
milliers d'euros. Pour exemple, la mairie de Blanquefort verse à la
structure une subvention de 1 000 €. La ville aide également R.I.G.
en nature, en mettant à sa disposition un local à titre
gracieux.
47 Agréée « Jeunesse et Sports »
n°33-056-2006-004
B/ Les cotisations de bénévoles
La radio compte dans ses rangs une trentaine de
bénévoles, dont la plupart ont leur émission. Pour pouvoir
prétendre à devenir bénévoles, les animateurs
paient une cotisation annuelle de l'ordre de 65 euros. C'est une autre forme de
rentrée d'argent pour l'association.
C/ Les ateliers radio
Les ateliers radios représentent également une
partie des revenus de la structure. Un atelier dit « permanent » est
donc mené avec l'I.M.P.48 . Depuis plusieurs années,
quatre jeunes viennent découvrir l'univers de la radio, ce qui leur
permet dans leur cas de se désinhiber. L'histoire de cet atelier, c'est
un jeune de l'I.M.P. qui l'a construite il y a 10 ans. Ce dernier passait ses
journées l'oreille rivée à son poste de radio. Les
éducateurs ont alors décidé de contacter la radio, pensant
que cela permettrait d'épanouir ce jeune. Et ça a marché.
Depuis, chaque année, un groupe d'élèves se rend un jour
par semaine à la radio.
À côté de cet atelier permanent viennent
s'en greffer d'autres, dirons-nous plus ponctuels, même si certains
peuvent durer dans le temps :
· Les ateliers au lycée Montesquieu, qui ont
débuté en septembre 2006.
· Les ateliers du lycée agricole de Blanquefort.
En 2006 aussi, cinq jeunes, après avoir été formés
aux différentes techniques radiophoniques (interviews, montages,
préparation et présentation d'émissions) ont ainsi pu de
manière autonome passer à l'antenne, deux mercredis par mois.
La radio intervient également auprès
d'écoles et de centres de loisirs pour diversifier ses actions de
formation et d'ateliers radio, et par la même occasion ses recherches de
financements.
D/ Les contrats aidés
R.I.G. compte dans ses rangs quatre salariés, tous en
contrats dits « aidés » , ce qui permet une plus grande
souplesse dans la gestion des dépenses allouées aux salaires,
puisque ces contrats sont financés entre 55 et 80 % par
l'État.
· Pascal Corpart, responsable de l'antenne, de la
programmation et des salariés, en Contrat Emploi Consolidé.
· Guillaume Durieux, chargé des parties culturelle
et technique, en Contrat Emploi Consolidé.
· Benjamin Passebond, chargé de l'information locale
et présentateur du journal, en Contrat Emploi Solidarité.
· Anne, également chargée de
l'information, en Contrat Emploi Solidarité.
En revanche nous le disions plus haut, ce mode de
fonctionnement condamne à moyen terme les salariés, dont les
contrats sont à durée déterminée et pas
renouvelables éternellement. Il est toutefois à signaler que la
radio met tout en oeuvre pour pouvoir pérenniser ses salariés.
Une démarche qui lui sera longue et coûteuse.
48 Institut Médico-pédagogique
E/ Le F.S.E.R.
49 Radio France International
www.rfi.fr
50 Echanges et Productions Radiophoniques
www.epra.fr
Le Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique est la
principale source de revenus de la radio. Il alloue une enveloppe pouvant aller
jusqu'à 40 000 € chaque année. C'est une somme qui est
versée à toutes les radios associatives françaises qui en
font la demande, et qui y sont nous l'avons évoqué
précédemment éligibles. Le F. S.E.R. collecte cet argent
auprès des radios de catégorie C ou D (commerciales). Il y a
possibilité d'obtenir de cet organisme 60 % de la somme initiale (pour
R.I.G., 60 % de 40 000 €), en fonction de l'activité de la radio et
de son implication dans la vie locale et associative. Ces critères sont
contrôlés à travers un dossier de presse et un dossier
d'activité, qui comme leurs noms l'indiquent permettent de
contrôler l'activité effective annuelle de la radio. Voilà
donc un autre acte fort de communication, à l'endroit d'un organisme
paritaire cette fois.
La radio participe ainsi à plusieurs manifestations
pour se faire connaître. Une soirée a ainsi été
organisée dans la discothèque « le Polux. ». R.I.G.
participe également chaque année à la journée de la
presse au Conseil Régional d'Aquitaine, où la radio accueille des
lycéens sur son stand, sous forme d'un atelier radio. Dans la même
veine, R.I.G. participe depuis sept ans au Festival des Lycéens.
Des événements plus récurrents et plus
locaux comme le carnaval de Blanquefort, le festival «
l'Échappée Belle » (faisant partie des « Scènes
d'été en Gironde », organisées par le Conseil
Général), les journées du Patrimoine, « Aquitec
» ou le « Lacanau Pro » sont également des
événements auxquels la radio prend part.
Nous aurons l'occasion de revenir sur quelques-unes de ces
actions auxquelles la radio participe, quand nous aborderons la partie «
communication » de R.I.G., notamment au travers d'un journal (en annexes)
destiné aux partenaires institutionnels, et d'un site Internet
destiné quant à lui aux auditeurs.
F/ Les partenaires de la radio
Dans les partenariats, outre la F.A.R.L., R.I.G. est
également associée à R.F.I.49, qui distille les
informations internationales et nationales, en complément du travail
local déjà effectué par les salariés de la
structure. L'E.P.R.A.50 fait également partie des
partenaires. Le principe de l'E.P.R.A. est simple : ce créneau, qui
appartient à R.F.I., est diffusé sur les radios associatives
françaises qui en expriment le souhait et qui souscrivent à un
abonnement payant. Durant une heure chaque jour de la semaine, ce
créneau est réservé à des programmes
réalisés par ces mêmes radios associatives. Les programmes
ont pour thème l'intégration à travers la culture et la
lutte contre toutes les formes de discrimination, par le biais de reportages et
d'interviews. R.I.G. ne déroge pas à la règle et fournit
ainsi régulièrement l'E.P.R.A. en émissions.
Voilà un autre exemple de la volonté de R.I.G. de
diversifier ses champs d'intervention et sa recherche permanente de
financements.
Les autres partenaires principaux de la radio sont CAP
Fm51 et AQUI Fm, deux radios situées respectivement sur le
bassin d'Arcachon et dans le Médoc. Ce partenariat permet notamment lors
d'événements importants comme le Festival des Lycéens, le
« Lacanau Pro » ou « Aquitec » de réunir les trois
équipes salariées. Ce partenariat permet également de
diffuser des émissions faites par l'une des trois radios sur les deux
autres. À noter que ce partenariat a connu son paroxysme en
décembre 2006, à l'occasion des « 25 ans des radios libres
»52, pour lequel ces trois radios et celles de la
FEDERA 3353 se sont investies.
Nous citerons également comme partenaires importants
les différents services de la mairie de Blanquefort, qui facilitent la
tâche à l'équipe journalistique en terme de distribution
d'informations.
L'autre partenaire institutionnel d'envergure étant
l'A.B.C.54, qui compte en son sein 131 associations. Des liens
étroits sont entretenus avec cette structure, qui permet à la
radio de travailler avec eux sur des événements particuliers,
comme le carnaval, les vide-greniers, le forum des associations de la commune,
ou les manifestations culturelles, très nombreuses.
II/ R.I.G., UNE COMMUNICATION VACILLANTE...
A/ La communication interne
Sans aller plus loin que chez elle, la communication interne
de la radio R.I.G. est certainement LE point noir de
l'organisation structurelle, de l'avis des salariés et des
bénévoles. Et c'est justement parce qu'il n'y a pas de
communication au sens strict du terme dans la structure que des
problèmes en tout genre surviennent. La direction de R.I.G., qui emploie
donc quatre salariés, est incapable d'assigner des missions
précises à ces derniers. Il n'a en effet pas été
rare que, dans le cadre d'un travail journalistique, deux voire trois personnes
dans les cas extrêmes se retrouvent à réaliser la
même tâche, indépendamment, parce qu'il n'y avait pas eu de
communication verticale ou horizontale. Cela peut poser quelques
difficultés en terme de crédibilité vis-à-vis de
l'extérieur, ou de conflit en interne. Il arrive, par un jeu de pouvoir
caractérisé, entre salariés jugés ayant certains
privilèges et d'autres salariés se disant « exploités
», que se produise une rétention d'information de la part de ces
derniers, afin d'exercer un contre-pouvoir. Une situation qui amène
à tout sauf à faire avancer les choses, bien au contraire.
Des situations de conflits permanents en résultent,
non pas pour des problèmes relationnels entre les personnes, mais bel et
bien pour des problèmes de communication.
51
www.capfm.fr
52 cf. annexes
53 Fédération Des Radios Associatives de la
Gironde
54 Association Blanquefortaise Culturelle et Sportive
Un autre élément, non négligeable, est
à prendre en compte : la désignation jugée injuste par les
autres salariés et les bénévoles d'un salarié,
fraîchement arrivé, au poste de coordinateur et de responsable de
l'antenne. Un problème est donc assez rapidement apparu : manque de
légitimité et de crédibilité (aucune
expérience précédente dans le milieu de la radio pour ce
salarié). Ce non-dit (discussion permanente des autres salariés
à ce sujet) a donc été source de tensions
supplémentaires : encore un problème de communication interne.
Ainsi selon Pascal Corpart, aucune personne au sein de la
structure n'a le bagage en terme de diplôme ou d'expérience pour
exercer des responsabilités en communication. Le fait d'ailleurs que la
structure en question soit une association confirme cette vérité
; en effet, la radio dispose de moyens bien insuffisants à la
création d'un poste « communication ». Pascal Corpart,
responsable d'antenne et coordinateur de l'équipe salariée, s'est
donc vu confier les responsabilités de la communication de la radio,
même s'il avoue volontiers qu'il n'y a pas à proprement parler de
communication interne de part le fait que la hiérarchie soit construite
de manière pyramidale.
Nous parlions plus haut des tensions
générées par des problèmes de communication entre
les différents « services » de la radio que sont la direction,
les salariés et les bénévoles. Pascal Corpart nous a
confirmé durant notre entretien qu'une communication efficace ne pouvait
se faire qu'avec un émetteur et un récepteur ; or c'est la
réception du message qui porte préjudice au processus de
communication. Car si les bénévoles et les salariés
pensent que la communication interne de la radio n'est pas bien
organisée, sans pour autant pointer du doigt quelque difficulté
que ce soit, la direction elle pense que salariés et
bénévoles ne perçoivent pas le message comme il devrait
l'être, ou en tout cas l'interprètent à leur
manière.
Ainsi les différents outils de la communication
interne choisis par la direction sont autant de courriers, réunions et
autres notes de service qui passent en général inaperçus
aux yeux des salariés et bénévoles, soit par un manque
d'implication de leur part, soit par un message jugé impertinent par ces
derniers.
Pascal Corpart nous a donc confié sans sourciller les
difficultés rencontrées par R.I.G. en terme de communication
interne. Et lorsque nous avons évoqué les solutions
envisagées afin de résoudre ce problème, ce dernier n'a
pas incriminé les publics (salariés et bénévoles)
ou les outils (notes de service, réunions...) mais la méthode
choisie. Il a ainsi été souligné que les principales
solutions à cette difficulté serait d'une part la manière
d'impliquer davantage les publics, et d'autre part de trouver une
identité commune aux différents publics, chacun tirant en effet
la couverture à soi et mettant en avant ses propres
intérêts avant ceux de la structure. Enfin, à l'instar de
ce qui peut-être fait dans une entreprise lorsque des stages de
cohésion (randonnées, jeux...) peuvent être
organisés afin de souder les liens d'une équipe, la question de
la communication événementielle a été
soulevée, ce qui permettrait de faire travailler la radio toute
entière sur un seul et même projet.
B/ La communication externe
Si la communication interne n'est a priori pas au point, la
communication externe nécessite également d'être
retravaillée. En effet quelle excuse trouver à un média
qui ne communique pas sur ses propres actions ? Mainte et mainte fois la
situation s'est présentée : la radio organise ou participe
à un événement mais ne relaie pas pour autant sur son
antenne ces informations. Résultat : pas ou peu de retours sur ces
actions et une notoriété qui vacille d'années en
années. Car si R.I.G. était la troisième radio la plus
écoutée en Gironde il y a vingt ans, ce n'est plus le cas
aujourd'hui. Et même si la radio a entrepris de plus communiquer à
l'extérieur, nous l'avons vu au travers notamment de son site et du
journal, il lui est difficile de pouvoir se concentrer sur l'extérieur
quand les problèmes viennent pour tout ou partie de
l'intérieur.
Lorsque la question de la communication externe a
été évoquée, Pascal Corpart a d'office
distingué deux types de cibles à cette communication : les
institutions et les auditeurs. Concernant le premier point, il nous a
été confié que les relations avec les institutions
n'étaient pas permanentes : la communication ne se faisait qu'en
fonction d'un besoin de l'un ou de l'autre protagoniste. Cette situation met en
exergue les difficultés de R.I.G. à communiquer. Il a
également été précisé qu'il fallait dans ces
cas trouver le message qui a une chance d'avoir un retour de la part de
l'institution à laquelle la radio s'adresse : cette façon de
communiquer met en avant le manque de notoriété et de poids que
peut avoir la radio lorsqu'elle communique. Et même si Pascal Corpart
juge la notoriété auprès des institutions « bonne
», il nous a été rapporté par les salariés
qu'à l'occasion d'une interview avec le président du Conseil
Régional d'Aquitaine55, ce dernier avait posé la
question suivante au salarié qui l'interrogeait : « Qui
êtes-vous ? R.I.G. ? Qu'est ce que c'est ? ». Il faut savoir pour
comprendre l'ampleur de ce désaveu de notoriété que la
radio couvre une grande partie des actions du Conseil Régional
d'Aquitaine. Une réflexion qui peut laisser songeur...
Une réflexion qui laisse songeur d'autant qu'il faut
prendre en compte le fait que la question de l'indépendance des radios
associatives est limitée, de part le fait que ces dernières sont
dépendantes financièrement des institutions, nous l'avons
évoqué, par le biais des subventions.
Vis-à-vis des auditeurs cette fois, la situation
actuelle est considérée comme « le point noir » de la
communication externe de R.I.G., des dires mêmes de Pascal Corpart.
Là encore, c'est un égoïsme latent entre les
différents services qui dessert la structure. Car, nous l'avons dit,
chaque bénévole a son émission, ce qui en porte le nombre
à une trentaine. Et malgré l'éclectisme qui
caractérise la programmation de R.I.G., certaines émissions ont
beaucoup en commun, essentiellement le type de musique diffusé. Et
paradoxalement, aucune promotion n'est faite entre ces différentes
émissions. Autre difficulté : la rétention d'information
dont nous parlions plus haut. Il n'est en effet pas rare pour la direction de
devoir « batailler » avec ses bénévoles pour obtenir
des informations sur les partenaires de l'émission d'un
bénévole. Encore une fois, chacun tire la couverture à
soi.
55 Alain Rousset
Si l'on ajoute à cela une notion de « fourre-tout
» très mal perçue par les auditeurs et on obtient une
communication externe plus que vacillante. En effet, si le fait d'avoir une
émission pour chaque public constitue une force pour R.I.G., c'est
incontestablement une faiblesse aussi. En effet comment savoir à qui
l'on s'adresse si le public est trop large ? Comment rendre un message efficace
? Des questions auxquelles ont répondu depuis longtemps les radios
« commerciales », avec le succès que l'on connaît.
Et si la radio juge que ses valeurs de structure associative
et son manque d'argent ne l'autorise pas à réaliser des
enquêtes d'audiences, il n'en est pas moins pour autant évident
que le problème de la communication externe se pose d'abord comme un
problème de notoriété et d'image. C'est ainsi que Pascal
Corpart nous a confié qu'avec un mode de consommation de la radio qui a
évolué, R.I.G. devrait elle aussi le faire et définir en
premier lieu son image, et donc ses publics.
La communication, dans son sens le plus large, n'est donc pas
perçue comme elle devrait l'être par R.I.G. . Ainsi nous avons
ciblé deux outils de communication de la radio.
C/ Le journal : R.I.G. Connexion
La radio se posait et se pose toujours la question du
développement de sa communication. C'est ainsi que cette dernière
se décline pour le moment au travers de deux outils, le site Internet
www.rigfm.fr
et le journal R.I.G. Connexion56.
Commençons par ce dernier. Evidemment couvrir d'autres
événements que ceux déjà couverts permettrait
à R.I.G. d'être plus connue, mais la solution qui a
été évoquée est toute autre : en l'occurrence un
journal quatre pages.
Ce sur quoi R.I.G. souhaitait communiquer, comme
précisé précédemment, nécessitait quatre
pages. Une simple plaquette d'information n'aurait physiquement pas suffit. Il
est ici important de distinguer ce type d'outil de communication par rapport
à un autre (événementiel, site Internet, relations
publiques...). Cette communication précise s'adresse en effet aux
partenaires institutionnels. Voilà pourquoi le choix s'est porté
sur un journal, dont un ton sobre a été privilégié.
À l'instar du S.M.E.57 dans la communication
environnementale, la communication envers ces publics est indispensable, nous
l'avons notamment vu lorsque nous avons évoqué les recherches de
ressources financières de la structure.
Une fois le choix porté sur le support papier et
défini un ton adapté à la cible (institutions et
structures associatives), le plus dur à imaginer a été le
nom que porterait le journal : le choix s'est finalement arrêté
sur R.I.G. Connexion. Pourquoi ce nom ? Car ce journal est le
vecteur de communication entre la radio et ses différents partenaires,
qu'ils soient institutionnels ou associatifs.
56 cf. annexes
57 Système de Management Environnemental
58 cf. annexes
Il permet ainsi d'avoir un lien permanent avec tous les
partenaires, et non plus au gré de l'actualité de la radio. Une
mairie, une entité administrative (Conseil Général ou
Régional) ou une association pourront plus facilement communiquer avec
R.I.G. en ayant une présentation complète et
régulière (trimestrielle) de la radio et de ses actions.
Connexion donc entre R.I.G. et ses différents partenaires.
Prenons l'exemple des ateliers radio : un dossier leur est
consacré dans le numéro zéro du journal. Ce journal dans
les mains d'une mairie désireuse de développer l'activité
de ses centres de loisirs ouvrira de plus grandes perspectives en terme de
notoriété, et de popularité dans un second temps.
Autre exemple, celui des manifestations auxquelles la radio
participe. Un journal informatif comme celui-là dans une manifestation
comme « Aquitec » permettra au public d'en savoir plus sur une radio
qu'ils ne connaissent pas forcément. Cette communication, et donc ce
journal, même si destinés en grande partie aux institutionnels et
associatifs, permettent de toucher un public plus large que la cible
désignée.
Mais les questions financières ne sont pas à
oublier : choix délibéré de la radio, ce journal n'a pas
dépassé le numéro zéro. La raison invoquée
est celle du coût de la réalisation de ce journal. Un choix
stratégique surprenant, lorsque l'on sait que nous l'avons pensé
et réalisé dans un cadre universitaire, lorsque nous faisions
partie de l'effectif de la radio. Autrement dit, il s'agissait d'un
échange de bons procédés, à moindre coût,
seule la phase d'impression générant des frais.
Le site Internet de la radio58 est quant à
lui plus ancien. Il répond à un besoin de R.I.G. de communiquer
auprès de ses auditeurs, public très
hétéroclite. En effet le public est aussi large qu'il y
a d'émissions sur l'antenne. Ces dernières s'adressent en effet,
par exemple, autant aux amateurs de musiques électroniques que
d'accordéon, en passant par la Soul ou les musiques portugaise,
espagnole ou des îles. Difficile dans ces conditions de trouver une ligne
de conduite et de s'y tenir. Difficile également pour l'auditeur de s'y
retrouver. Le site Internet est ainsi le parfait reflet de ces
difficultés. Si ce dernier a un style plutôt « jeune »,
la charte graphique correspondant plus aux attentes de ce public (couleurs,
design), il met de côté de fait les autres publics, et notamment
celui des personnes âgées, auprès duquel la communication
est délaissée mais qui représente pourtant une masse non
négligeable des auditeurs. En effet si au départ ce public n'est
pas ou peu éduqué aux nouvelles technologies, comment pourrait-il
être touché par quelque message que ce soit sur Internet ? Il y a
donc ici un vrai déficit de communication auprès d'un public
pourtant conséquent.
III/ ...MAIS DES SOLUTIONS ENVISAGÉES
Malgré ses difficultés, dont elle est
consciente pour la plupart, la radio sait prendre du recul et voir les choses
de manière pragmatique. C'est ainsi que lorsque la question de la
communication de crise a été évoquée durant
l'entretien avec Pascal Corpart, il nous a semblé évident que
R.I.G. ne se complaisait pas dans sa situation actuelle et était en
recherche permanente de solutions.
Ainsi à la question « Avez-vous un plan de
communication prévu en cas de crise ? », la réponse a
été cinglante : « Nous sommes en permanence en alerte
». Certainement dû à un mauvais souvenir...
Nous avons parlé précédemment d'une radio
partenaire de R.I.G. : AQUI Fm. Ces deux structures travaillent en
étroite collaboration, ce qui permet de mettre en commun les
compétences des salariés lors de manifestations importantes. Un
problème de communication interne est à l'origine d'un
conflit59 qui n'aura pas été géré par
une communication de crise adaptée. Un des articles trouvés sur
Internet relatant la situation est en annexes. La crise se résume au
fait que les salariés de l 'époque, agacés de ne pas voir
venir d'éléments rassurants quant à l'avenir de la radio,
se sont mis en grève.
Pour information, la crise a été
gérée, de l'aveu des salariés et bénévoles
de R.I.G., de manière à ne laisser aucune chance aux
salariés désignés dans l'article : la radio AQUI Fm a
renvoyé ces derniers, sans pour autant les remplacer
immédiatement. L'avenir de la radio, objet de grève des
licenciés, est finalement plus incertain qu'au départ du conflit,
alors que la fréquence de la radio a finalement été
renouvelée...
Ainsi R.I.G. aura-t-elle appris, non pas à ses
dépends mais à ceux de AQUI Fm, qu'une communication de crise
n'était pas un jouet ou une futilité, mais bel et bien un outil
indispensable de la communication moderne.
L'article « La perception du risque dans la
société de la peur60 », même s'il traite
des risques dans le tourisme et les loisirs, cristallise bien le climat de
cette radio qui a amené à ces conséquences. Ainsi une
citation tirée de cet article résume bien ce à quoi la
crise fait appel : « l'angoisse est le contraste entre imagination et
réalité 61».
Cette expérience aura donc permis une chose : faire
prendre conscience à R.I.G. qu'une crise est vite arrivée, et
qu'il est indispensable de la prévoir et d'y faire face non pas dans
l'urgence mais de manière rationnelle. Pascal Corpart nous a ainsi
confié que la création d'une équipe de communication
était à l'étude, afin de pourquoi pas faire d'une pierre
deux coups : d'une part envisager sérieusement les questions de
communication, et d'autre part en faire le projet commun et
fédérateur qui permettrait à toutes les équipes
(direction, salariés, bénévoles) de travailler ensemble
sur un projet de grande envergure.
59 cf. annexes
60 cf. annexes Cahiers Espaces n° 85, Didier
Heiderich, 6 pages 61 Paul Diel, « La peur et l'angoisse »,
éditions Payot, 1985
Cela permettrait ainsi de résoudre tout ou partie des
problèmes de communication interne.
Un service « communication » est donc prévu
à l'avenir, en tant que service intégré, puisque faire
appel à une agence pour toute opération de communication
relève de l'improbable dans le cas de R.I.G., par manque de moyens. Un
service intégré qui pourrait ainsi réfléchir et
travailler sur les questions de communication permanente et sur les questions
de communication ponctuelle. En effet Pascal Corpart nous a confié que
désormais une communication efficace passera par l'information des
publics de la radio, aussi bien en interne qu'en externe. Les outils qui ont
été évoqués durant l'entretien sont
différentes manifestations auxquelles R.I.G. prendrait part, ainsi que
l'utilisation du formidable outil que peut-être l'antenne.
En revanche à la question : « Pensez-vous que les
dossiers de presse et d'activité envoyés chaque année au
F.S.E.R. constituent des actions de communication ? », Pascal Corpart nous
a répondu par la négative. Il soutient en effet que ces derniers
représentent plus une action informative que de communication. Il
insiste néanmoins sur le fait que ces outils peuvent à l'avenir
servir de base pour exposer les actions futures de la radio à ses
différents partenaires. Il s'agirait ainsi non plus de réaliser
des dossiers « bilan » mais des dossiers « prospectives
».
Pour en finir avec les éléments de
réponse qui nous ont été rapportés à travers
notre entretien, il est important de noter que Pascal Corpart considère
que dans le monde des radios associatives, l'argent n'est pas « le nerf de
la guerre ». Il s'en explique parfaitement en précisant qu'une
idée prévaut sur des ressources. Il ajoute que malgré
toutes les analogies que l'on peut faire entre cet environnement et d'autres,
les radios associatives sont bel et bien uniques dans leur fonctionnement, et
donc qu'il serait maladroit de dire que dans ce cas précis l'argent
prévaut sur les idées. Il appuie d'ailleurs cette
hypothèse par un des slogans qui passe sur l'antenne : « R.I.G., on
a pas des millions mais on a des idées... ».
Parmi ces idées, le responsable de la communication de
R.I.G. insinue qu'à l'avenir, sa radio n'utilisera pas ou peu la
communication « coup de poing » qu'a pu utiliser N.R.J. à son
époque : il justifie ce choix par le fait que ce genre d'initiatives, au
jour d'aujourd'hui, seraient mal perçues par l'opinion publique et par
les institutions partenaires de la radio.
CHAPITRE TROIS : UN FONCTIONNEMENT, UNE COMMUNICATION
ET UN AVENIR DÉPENDANTS
C'est dans ce chapitre que nous allons, à travers le
travail effectué dans les deux précédents, confirmer ou
infirmer les hypothèses émises et développées.
Pour les radios associatives aussi, l'argent est-il « le nerf de
la guerre ? ». C'est à cette question que nous allons
tenter de répondre.
I/ UN FONCTIONNEMENT DÉPENDANT
Nous avons étudié le fonctionnement financier
des radios associatives en général, et de la radio girondine
R.I.G. en particulier. Cela nous permet donc de savoir qu'en plusieurs points
ses actions sont soumises à un fonctionnement financier instable.
Nous avons parlé du fait que la communication de la
radio R.I.G. était pour le moins vacillante. Et pour cause,
au-delà du fait qu'elle ne soit pas ou peu organisée et prise au
sérieux comme étant une véritable opportunité, elle
est soumise au fonctionnement financier de la structure. Car c'est là
que le bât blesse : comment R.I.G., qui a suffisamment de ressources pour
survivre pourrait-elle dépenser de l'argent pour une notion si
éloignée de la réalité du terrain ? En effet si au
quotidien les questions financières prennent le pas sur les actions, il
lui est difficile d'envisager autre chose que de ne pas perdre de temps et
d'argent dans un budget « communication ». Comment conserver les
subventions, comment payer les salariés, comment diversifier ses actions
pour avoir de meilleurs moyens, comment remplacer un matériel
défectueux ou obsolète, comment trouver des annonceurs
intéressés par de l'achat d'espace sur ses ondes, sans toutefois
dépasser le seuil de 20 % du chiffre d'affaires annuel fixée par
le F.S.E.R., autant de questions qui régissent la vie au quotidien de la
structure.
Mais il serait négligent de notre part de ne pas prendre
en compte toutes les difficultés d'une radio associative à
s'affranchir du dogme financier pour exister.
En effet, outre toutes les recommandations possibles et
imaginables qui peuvent être faites, reste un problème
idéologique, et de taille. Comment peut-on considérer une radio
associative, et a fortiori R.I.G. comme indépendante de ses actions et
de sa ligne éditoriale si son existence même est soumise à
un système qui fait que la dépendance est inéluctable ?
Nous parlions plus haut du mode d'attribution des subventions. Comment
considérer R.I.G. indépendante lorsque tout ou partie de son
budget provient du F.S.E.R., qui lui-même édicte des règles
de fonctionnement strictes, correspondant à la notion de
communication sociale de proximité ?
Il serait naïf de penser que malgré ces contraintes,
la radio garde une totale indépendance de penser et d'agir.
La radio associative se doit de répondre, si elle
souhaite obtenir des subventions, à certaines exigences
édictées par les deux organisations dont nous parlions plus haut,
à savoir le C.N.R.A. et le S.N.R.L. . C'est ainsi que lui incombe des
missions de communication sociale de proximité donc,
entendue comme « le fait de favoriser les échanges entre les
groupes sociaux et culturels, l'expression des différents courants
socioculturels, le soutien au développement local, la protection de
l'environnement ou la lutte contre l'exclusion ». Cela doit
évidemment se traduire dans les actions de la radio, notamment au
travers d'un dossier d'activité qui doit être envoyé chaque
année au F.S.E.R., ce dernier décidant ou non de
ré-attribuer une subvention, fonction donc de la cohérence de
l'action de la radio avec ses missions de départ. Toutes ces
démarches sont donc étroitement liées les unes avec les
autres, les organismes que sont le F.S.E.R., le C.N.R.A. ou le S.N.R.L.
travaillant également de concert.
Voilà donc une limitation dans la liberté
d'action, pour ne pas parler abusivement de liberté d'expression, qui
confirme donc le fait que les radios associatives sont dépendantes
financièrement, en tout cas en ce qui concerne ses actions, ou pour
être plus précis ses missions. On comprend donc aisément
pourquoi la radio R.I.G. ne concentre pas d'efforts particuliers à autre
chose qu'à sa survie, au jour le jour. Et comme si cela n'était
pas suffisant, récemment l'avenir des radios associatives s'est assombri
un peu plus lorsque le Ministère de la Culture et de la Communication a
récemment proposé une aide qui viendrait se substituer à
celle attribuée par le F.S.E.R. . Le Ministère de la Culture qui
a d'ailleurs été soutenu en ce sens par le Sénat, qui dans
le cadre d'une enquête sur le F.S.E.R. en arrive aux mêmes
conclusions que le Ministère de tutelle. Seul problème : il
s'agit d'une aide aléatoire et non plus « automatique », d'une
part, et jugée purement et simplement liberticide d'autre part par les
radios concernées.
Selon les propres termes employés par la commission du
Sénat chargée du dossier, « les aides publiques devraient
davantage s'orienter vers des aides à projets », sous-entendant la
mort des aides provenant du F.S.E.R. . Cela implique a priori un
interventionnisme exacerbé de l'État dans la vie des radios
associatives, autrefois appelées « radios libres ». En
d'autres termes, les radios ne veulent pas d'une subvention qui ne
dépende que d'un bon vouloir et de la cohérence d'avec une ligne
éditoriale fixée arbitrairement. Autre point de discorde non
négligeable : le plafond de 20 % de recettes publicitaires pouvant
être rehaussé : ce serait jouer sur le terrain des radios «
commerciales », puisque la taxe servant la distribution des subventions
par le F.S.E.R. provient pour partie des recettes de ces radios.
Enfin sur un plan purement idéologique et toujours
selon le point de vue des radios associatives, ces décisions pourraient
remettre en cause leur liberté d'expression et leur pluralité
d'actions. C'est ainsi, outre les articles et autres sites Internet qui ont
fleuri à cette occasion, qu'un Collectif National s'est monté, 1
631 signatures ayant été collectées.
Et c'est là que notre travail devient
intéressant. C'est à ce moment qu'il est important de faire
prendre conscience à la radio que toutes ces questions peuvent trouver
une solution dans l'utilisation à bon escient de la communication.
II/ UNE COMMUNICATION DÉPENDANTE
Une fois la dépendance financière
démontrée et avérée, il est facile de comprendre
que toutes les actions entreprises, y compris celles afférantes à
la communication, sont soumises à une forte dépendance
pécuniaire.
Car si, et nous l'avons bien vu en étudiant les radios
associatives et en prenant en compte les arguments de Pascal Corpart, la
communication est un outil indispensable, comment l'utiliser à bon
escient ?
Dans une démarche idéale, il faudrait en
premier lieu pour la radio R.I.G. identifier ses publics avant d'envisager
quelque action de communication que ce soit. Et là encore, plus facile
à dire qu'à faire. Car pour identifier ses publics, il faut que
la radio considère à sa juste valeur la communication. Or nous
l'avons démontré c'est chose peu aisée, les contraintes de
fonctionnement l'empêchant de penser à autre chose qu'à sa
survie. C'est une sorte de cercle vicieux dans lequel est prise la radio, et
duquel il n'est pas aisé de s'en sortir, sans un minimum de
perspective.
Partons néanmoins du postulat que la radio entreprend
la démarche de cibler ses publics. Nous pourrions parler parmi ceux-ci
des « partenaires de vie » que peuvent être le F.S.E.R., le
S.N.R.L., le C.N.R.A., « Jeunesse et Sports » ou bien encore la
F.A.R.L. . Nous pourrions également identifier les institutions que sont
le Conseil Régional, le Conseil Général ou les mairies.
Autre public, celui des annonceurs, qui peut à terme pourvoir à
20 % du chiffre d'affaires total annuel de la radio, proportion de laquelle
cette dernière est bien loin. Ces trois « partenaires
privilégiés » ne sont ni plus ni moins que ceux qui assurent
directement la survie de la structure.
Les auditeurs sont également un public de choix, qu'il
ne faut pas négliger, loin s'en faut. Or R.I.G. aurait tendance à
penser ses auditeurs comme des partenaires acquis et non pas à
conquérir. Enfin le dernier public que nous pourrions identifier serait
celui des « partenaires du quotidien » que sont les services de
communication des organismes (mairies, centres culturels, associations...) avec
lesquels la radio est susceptible de travailler. Ces deux derniers publics sont
totalement différents des trois autres, dans le sens où ici il
s'agit d'être identifié en tant que média et non pas en
tant qu'association en demande de financement comme cela peut être le cas
avec donc les trois premiers publics cités.
Voilà donc un travail très intéressant
à faire en profondeur par R.I.G. si cette dernière veut
entreprendre quelque action de communication que ce soit. Si tant est que son
mode de fonctionnement et une réelle volonté le lui
permettent.
Cette démarche effectuée, les publics de la
radio se transformeront en cibles, qu'il est plus aisé d'atteindre
puisque définies.
Avant d'envisager quels sont les outils que la radio va
utiliser pour communiquer, d'autres étapes primordiales se dres sent sur
sa route. Il lui faut définir les objectifs qu'elle vise lorsqu'elle
entreprendra de communiquer.
Ainsi dans le cas de R.I.G. les objectifs sont au moins au
nombre de cinq, eu égard au nombre de publics qu'elle aura
ciblés.
Une étude des moyens que la radio est prête
à mettre en oeuvre est également indispensable : les moyens
humains (qui s'occupera de quoi lors de la phase de réflexion sur la
question de la communication, puis qui s'occupera de quoi lorsque les actions
auront été définies), les moyens financiers (quel budget
sera alloué aux différentes actions de communication) et les
moyens matériels (de quoi la radio aura-t-elle besoin pour arriver
à ses fins).
Et voilà autre chose qu'il nous aura été
donné d'apprendre à l'occasion de travaux pratiques
effectués lors de notre formation : si cela n'a l'air de rien, une des
phases les plus critiques et importantes en terme de communication est la
veille. Il est indispensable à la radio de connaître
l'environnement de la cible à laquelle elle s'adresse. Faute de quoi,
c'est du temps et donc de l'argent qui pourraient être jetés par
les fenêtres.
Ce n'est qu'une fois que ce travail de longue haleine aura
été effectué que la ou les stratégies d'actions
pourront être définies, en même temps que le canal de
communication et que la manière de formuler le message.
En d'autres termes, il serait suicidaire de choisir
arbitrairement un canal de communication plutôt qu'un autre. Et sans
aller aussi loin, ce ne serait pas professionnel.
Ainsi nous pouvons aborder les outils de communication qui
pourraient servir R.I.G. pour communiquer avec ses cibles.
Nous avons vu que la communication auprès des «
partenaires de vie » était un passage obligé que la radio
empruntait. Il s'agit ici d'un public déjà ciblé de longue
date par la radio, par la force des choses. En effet il lui est obligatoire de
communiquer sur ses actions, chaque année, afin de continuer à
prétendre aux subventions qui lui sont versées. Cette obligation
est valable il va sans dire pour le F.S.E.R., le S.N.R.L., le C.N.R.A., la
F.A.R.L. et « Jeunesse et Sports », puisque c'est à travers
les dossiers de presse et d'activité qui sont réalisés
chaque année par la radio que la pertinence de l'action de R.I.G. est
jugée.
En ce qui concerne les autres « partenaires de vie
» que sont le Conseil Régional, le Conseil Général et
les mairies, la donne est quelque peu différente. Il incombe en effet
à la radio de communiquer, toutefois les enjeux financiers dans ces cas
précis sont moindres, même si ces organismes participent au budget
de la radio.
Pour pouvoir améliorer sa façon de communiquer
auprès de ces cibles, la radio, à travers ce qu'a pu nous confier
Pascal Corpart, envisage une méthode différente de ce qui a pu se
faire jusqu'alors. En effet outre les dossiers « bilan » qui sont
envoyés comme justificatifs chaque année, et en s'inscrivant dans
ce qui pourrait être une réforme en profondeur de la
méthode d'attribution des subventions, nous l'avons vu, la radio
envisage de joindre à ses justificatifs des dossiers « prospectives
», qui laisseraient entrevoir quelles pourraient être les actions de
la radio dans un avenir proche, tout en gardant à l'esprit la
cohérence d'avec les règles édictées que constitue
la communication sociale de proximité.
En ce qui concerne le public des annonceurs à
présent, nous pouvons parler sans crainte de galvauder ce mot de
véritable chantier. En effet, si, pour rappel, une radio de
catégorie A à droit à 20 % de recettes publicitaires sur
son chiffre d'affaires total annuel, R.I.G. est pour le moins néophyte
dans ce domaine.
Cette dernière n'a en effet pas inscrit ce type de
ressources dans sa philosophie. Néanmoins, contraintes du marché
aidant, elle s'est rendue compte que cela devenait indispensable. C'est ainsi
qu'elle a entrepris très récemment d'ouvrir son antenne à
la publicité. Mais en tant que novice en la matière, il lui est
difficile de se situer sur ce marché. Et c'est là que toute la
phase d'analyse et de veille prend toute son ampleur. Car outre le fait qu'il
lui faille se munir de compétences particulières à ce type
d'exercice, c'est un véritable travail de fond qui l'attend. En effet,
il s'agit ici de modifier les comportements : d'une radio « sympathique et
associative », il lui faut passer vers une image de radio «
professionnelle et qui ouvre son antenne à la publicité ».
Autant dire que ce n'est pas une mince affaire, puisque ce changement de
mentalité doit se faire d'une part auprès des auditeurs, pas
habitués à entendre de la publicité sur R.I.G., mais aussi
envers les annonceurs, qui n'ont forcément pas le réflexe de
faire appel à cette radio pour acheter de l'espace.
Un large plan de communication est donc à
prévoir pour ce faire, en utilisant par exemple des affiches à
faire parvenir à d'éventuels annonceurs qui auraient
été ciblés par une étude du marché et une
veille, mais aussi en utilisant le plus bel outil qui soit pour une radio : son
antenne, en faisant de l'autopromotion sur les services qu'elle propose. Autre
outil qui pourrait être utile, le site Internet de R.I.G. . Si c'est
actuellement le seul à être utilisé, il n'y a pas de
retombées qui permettent de penser que ce dernier est efficace.
La communication auprès des auditeurs est elle un
autre problème. Car si, a priori, les deux outils que sont l'antenne et
le site Internet, qui lui servent de lien avec ses auditeurs, sont
utilisés, ils ne le sont pas à bon escient. Certes, R.I.G.
communique auprès de ses auditeurs avec les bons outils. Mais sans
réflexion au préalable, c'est, et d'ailleurs prouvé au
quotidien, inutile. Car que ce cache-t-il derrière ce gros mot qu'est
les « auditeurs » ? Et là encore, c'est là que le
bât blesse. Lorsque l'on demande à la radio quel public
écoute R.I.G., la réponse est pour le moins évasive :
« R.I.G. est une radio hétéroclite, qui essaie de faire
plaisir à un maximum de personnes. Nous avons de la musique portugaise,
des îles, de la Soul, des informations locales, de la Techno, du Jazz
(...) ». Difficile dans ces conditions de savoir à qui s'adresse
véritablement la radio en terme de programmation musicale et de type
d'émissions. Et c'est un problème que les radios «
commerciales » ont rapidement résolu, nous l'avons vu, en
instaurant des « formatages radio ». En d'autres termes, faire un
type de musique qui puisse plaire à un plus grand nombre, ou tout
simplement choisir une ligne éditoriale et s'y tenir. Skyrock, pour ne
pas la citer, a choisi depuis longtemps le créneau de la musique Rap et
R&B.
Il faudrait donc à R.I.G., avant de choisir les outils
de communication que sont son antenne ou son site Internet savoir à qui
elle s'adresse.
Vient enfin le public des « partenaires du quotidien
» que sont les associations, les mairies, les centres culturels et autres
services de communication. Difficile pour eux de vouloir travailler avec R.I.G.
s'ils ne sont pas au courant de son existence, ou tout du moins pas au courant
des missions de la radio. Là encore, il s'agit d'un déficit de
notoriété auprès de ces publics, qu'il convient en premier
lieu d'identifier puis dans un second temps de communiquer sur les actions de
R.I.G., afin que ces derniers sachent sur quoi il peuvent travailler avec la
radio. Voilà en quoi l'outil journal R.I.G. Connexion
semble le plus approprié.
Une fois le choix porté sur le support papier et
défini un ton adapté à la cible, le plus dur à
imaginer a été le nom que porterait le journal : le choix s'est
finalement arrêté sur R.I.G. Connexion. Pourquoi
ce nom ? Car ce journal est le vecteur de communication entre la radio et ses
différents partenaires, qu'ils soient institutionnels ou associatifs. Il
permet ainsi d'avoir un lien permanent avec tous les partenaires, et non plus
au gré de l'actualité de la radio. Une mairie, une entité
administrative (Conseil Général ou Régional) ou une
association pourront plus facilement communiquer avec R.I.G. en ayant une
présentation complète et régulière (trimestrielle)
de la radio et de ses actions. Connexion donc entre R.I.G. et ses
différents partenaires.
Prenons l'exemple des ateliers radio : un dossier leur est
consacré dans le numéro zéro du journal. Ce journal dans
les mains d'une mairie désireuse de développer l'activité
de ses centres de loisirs ouvrira de plus grandes perspectives en terme de
notoriété, et de popularité dans un second temps.
Autre exemple, celui des manifestations auxquelles la radio
participe. Un journal informatif comme celui-là dans une manifestation
comme « Aquitec » permettra au public d'en savoir plus sur une radio
qu'ils ne connaissent pas forcément. Cette communication, et donc ce
journal, même si destinés en grande partie aux institutionnels et
associatifs, permettent de toucher un public plus large que la cible
désignée.
Mais les questions financières ne sont pas à
oublier : choix délibéré de la radio, ce journal n'a pas
dépassé le numéro zéro. La raison invoquée
est celle du coût de réalisation de ce journal. Un choix
stratégique surprenant, lorsque l'on sait que nous l'avons pensé
et réalisé dans un cadre universitaire, lorsque nous faisions
partie de l'effectif de la radio. Autrement dit, il s'agissait d'un
échange de bons procédés, à moindre coût,
seule la phase d'impression générant des frais.
On remarque donc bien en quoi la communication de la radio
R.I.G. est d'une part vacillante, dans le sens où elle n'est pas
pensée, mais aussi et surtout dépendante du fonctionnement
financier de la structure, on s'en rend très bien compte avec l'exemple
du journal.
III/ UN AVENIR DÉPENDANT
C'est donc dans ce contexte d'incertitude permanente que
R.I.G. aborde les premières pentes du 21ème siècle en
regardant son sommet avec inquiétude. Une survie dépendante d'une
ligne éditoriale édictée ailleurs qu'au sein de la radio,
des actions limitées par cette instabilité pécuniaire, et
un avenir qui semble sombre lorsque que l'on évoque ce dont seront
faites les radios de demain : le numérique.
L'avenir des radios associatives est plus que jamais en
sursis. Comment alors concilier stabilité financière et
évolution vers une ère nouvelle ? C'est LA
question du moment. Faut-il ou non pour les radios passer à
l'heure du numérique ? Cette interrogation prend d'autant plus de poids
lorsque l'on pense aux radios associatives.
Pour comprendre quels sont les enjeux de cette question,
expliquons ce que le « numérique » changerait au quotidien. En
effet selon la loi, le passage au numérique ne sera obligatoire
qu'à l'horizon 2020, ce qui en réalité n'est pas le cas.
Nous nous en expliquerons, mais abordons en premier lieu la question du
numérique en lui même.
L'État a besoin de récupérer des
fréquences Hertziennes analogiques, ce qui le pousse à imposer
d'ici à 2020 un passage en Hertzien numérique, à l'instar
de ce qui a pu se passer avec l'avènement de la T.N.T. récemment.
Cela permet d'une part d'optimiser les canaux de diffusion, puisque plusieurs
radios pourront émettre sur un même canal tout en gardant leurs
fréquences respectives, et d'autre part le numérique ouvre de
plus grandes perspectives en terme de capacités d'utilisation de l'outil
radio. Il sera ainsi possible d'avoir les titres de chansons,
d'émissions, la publicité qui s'afficheront sur le poste
récepteur (numérique, donc).
Nous évoquions le fait que l'aboutissement du projet
est fixé à 2020, mais qu'en réalité il est fort
probable que le numérique dans la monde de la radio entre dans les
moeurs bien plus tôt. En effet comment ne pas passer à
l'ère du numérique quand les équipements le font ?
Qu'adviendra-t-il quand les autoradios, les chaînes Hi-fi ou les
télévisions seront équipées en numérique ?
Un élément de réponse : que s'est-il passé dans les
foyers français lorsque les lecteurs D.V.D. sont arrivés sur le
marché ?
Les magnétoscopes sont au fur et à mesure
partis aux oubliettes. En sera-t-il de même pour les radios qui ne font
pas le choix du numérique ? Voilà où est située la
conformité.
À n'en pas douter les radios dites « commerciales
» sont prêtes ou le seront sous peu, tandis que les associatives ont
d'autres soucis à régler, nous l'avons vu. En d'autres termes, ce
n'est pas dans les priorités de ces dernières de passer au
numérique, alors que paradoxalement, elles n'auront, à terme, pas
le choix. Car la radio fait aujourd'hui face aux T.I.C., pas si nouvelles que
ça d'ailleurs. C'est donc dans un souci d'adaptation que le
numérique est une issue envisagée et envisageable pour le monde
de la radio. Même si nous l'avons dit la question financière est
le principal frein des radios associatives.
Dans ces conditions comment R.I.G. pourra-t-elle passer au
numérique dans un avenir proche ? Encore une fois la réponse
à cette question se situe dans les priorités et dans la direction
que voudra se donner la radio, tout en prenant en considération les
questions financières qui animent son quotidien.
IV/ UNE CONCURRENCE ACHARNÉE
A/ Les radios « commerciales »
Et dans tout ça, qu'en est-il des radios «
commerciales » ? S'il est vrai que ces dernières ne sont pas
situées sur le même marché que les radios associatives, ne
s'adressant pas au même public, il est néanmoins important de les
prendre en considération.
D'une part, nous l'avons évoqué, lorsqu'il
s'agit de parler des recettes publicitaires. Nous en avons également
parlé, puisque le Ministère de la Communication, appuyé
dans sa démarche par le Sénat, souhaiterait revoir le
système d'attribution des subventions aux radios associatives, ainsi que
rehausser le plafond de 20 % de recettes issues de la publicité. Or
rehausser ce taux reviendrait à empiéter sur les plates-bandes
des radios « commerciales », qui, elles, vivent quasi-exclusivement
de la vente d'espaces. Voici donc un premier point non négligeable qui
induit pour les radios associatives la concurrence des radios commerciales.
Pour le cas de la radio R.I.G. à présent, nous
avons vu que cette dernière n'avait pas encore véritablement
identifié ses auditeurs. Ce qui en fait jusqu'à présent un
O.V.N.I. dans le monde de la radio. Mais que pourrait-il se passer à
l'avenir si cette dernière entreprenait de cibler ses auditeurs ? Elle
se positionnerait, bon gré mal gré, sur un marché.
Marché déjà occupé par les radios «
commerciales ». Et n'ayant pas les moyens, dans tous les sens de ce terme,
de lutter contre ces dernières, qu'adviendrait-t-il de R.I.G. ? La
réponse à cette question se trouve dans la singularité que
la radio girondine saura trouver dans ses programmes, afin de ne pas avoir
à engager un combat perdu d'avance face aux ogres de la FM. Il lui
faudra trouver un créneau non exploité par les radios «
commerciales » et de surcroît qui puisse touj ours correspondre
à cette fameuse communication sociale de
proximité.
Autre type de concurrence qui anime le quotidien de R.I.G. :
cette dernière se définie comme radio «
généraliste », puisque passant de la musique, ayant des
émissions musicales, mais ayant aussi des tranches
réservées à l'information sous toutes ses formes
(journaux, magazines...). Si ce choix de « courir plusieurs lièvres
à la fois » est un plus pour cette radio, il s'avère que
cela peut également être un inconvénient. En effet du point
de vue de la perception que peuvent avoir les auditeurs, comment la radio
peut-elle bien faire son travail si elle s'éparpille ? Il est en effet
difficile de savoir comment R.I.G. se positionne. Musique ? Information ?
Emissions ? Encore une fois, les radios « commerciales », mais
au-delà les radios d'une manière générale ont un
thème qu'elles développent : musique pour les unes,
émissions pour les autres, informations pour d'autres. Seules quelques
grandes radios, ayant les moyens qui suivent, peuvent se permettre de se
positionner sur plusieurs secteurs. Ce qui n'est pas le cas de R.I.G., et qui
à terme la desservira. Rappelons nous que dans les années 80 et
au début des années 90, Radio Iguanodon Gironde était la
troisième radio la plus écoutée en Gironde. Certes, les
époques ne sont pas comparables. On remarquera néanmoins que ce
qui a fait le succès de cette radio est le fait qu'elle se soit
positionnée de son gré sur un secteur, à l'époque
sur celui de la Techno et de la musique électronique. Un style de
musique qui n'en était alors qu'à ses balbutiements, et qui
était et est toujours en majeure partie délaissé par les
radios « commerciales ». R.I.G. a donc su à l'époque
choisir une ligne directrice et s'y tenir, bien lui en a pris. Pourquoi
aujourd'hui la radio girondine ne pourrait-elle pas en faire autant ?
En prenant en compte tous les points développés
ci-dessus, il est donc aisé de comprendre que le véritable
problème que connaît R.I.G. est un problème identitaire, un
déficit voire une absence d'image. Et là encore, la
communication, usée à bon escient, serait la réponse
à tout ou partie de ces problèmes.
Certes, la question des ressources financières est,
nous l'avons vu, un véritable problème pour les radios
associatives en général et R.I.G. en particulier. Mais une
réflexion de fond sur la question de son image, et donc de ses publics,
résoudrait une grande partie des difficultés exacerbées
par le manque de ressources financières.
La concurrence des radios commerciales est donc, pour R.I.G.,
une vérité inéluctable, néanmoins c'est une
vérité qui peut être contournée si tant est que
cette dernière puisse se situer par rapport à ses concurrentes,
qui peuvent ne plus l'être si R.I.G. décide de se positionner sur
un secteur non occupé par ses rivales.
B/ Les webradios
Le train technologique, nous l'avons évoqué
avec le numérique, est en marche et ne semble pas désireux de
s'arrêter de si tôt. En effet avec les webradios qui fleurissent un
peu partout sur la toile s'est créée une nouvelle concurrence
pour les radios en générale, et donc pour les structures
associatives. Une webradio est une radio qui émet exclusivement sur
Internet, qui bénéficie donc de deux avantages non
négligeables. D'une part, ces dernières n'ont pas autant besoin
de ressources financières que ses cousines de la bande FM, n'importe qui
pouvant techniquement en créer une. D'autre par, elles
bénéficient de l'appel d'air ouvert par l'avènement des
nouvelles technologies, qui touchent de plus en plus de monde dans notre
société occidentale.
Comme pour les stations de radio classiques, il existe des
webradios généralistes et d'autres avec de la musique
thématique. Ceci est d'autant plus facile que les émissions ne
sont pas soumises à des quotas comme ceux imposés par le C.S.A.
.
Beaucoup de ces webradios peuvent proposer à leurs
auditeurs un contenu sans publicité, vu la relative facilité de
diffusion par le vecteur Internet qui requiert beaucoup moins de moyens que les
radios FM. Elles fonctionnent alors relativement souvent en tant qu'association
et peuvent être financées par un système de donations.
Car même si R.I.G. a son site Internet et qu'elle
diffuse aussi par ce dernier, cela n'a rien à voir avec ses nouvelles
concurrentes. En effet ces dernières se sont créées
uniquement dans le but d'émettre via Internet, ce qui n'est pas le cas
de la radio girondine, qui trouve dans le web l'opportunité de toucher
un autre public que celui qui allume son poste.
On notera néanmoins l'avance qu'a prise R.I.G. sur ses
consoeurs radios associatives, qui n'ont pas toutes une diffusion via le medium
Internet. Elle s'est rendue compte à juste titre que l'avenir passait
par une présence sur un medium en vogue et qui le sera de plus en
plus.
La place qu'a Internet dans les foyers français est
grandissante. Nous pouvons peut-être même parler de concurrence
déloyale, tant ce support a pris de la place dans la vie quotidienne.
Ainsi si nous faisons l'analogie avec la presse écrite, on se rend
très vite compte du poids du web. Car même si Internet n'est pas
le seul à blâmer dans la chute des ventes de journaux - la presse
gratuite aidant en ce sens - le mode de consommation de l'information, qui a
changé ces dernières années, fait la part belle à
Internet. Nous voulons tout et tout de suite. C'est
l'instantanéité de l'information. Et quoi de mieux pour cela
qu'Internet.
Dans cet esprit, les webradios sont donc un concurrent de
taille pour les radios associatives, et pour R.I.G. lorsque cette
dernière aura trouvé le public auquel elle s'adresse. D'autant
nous l'avons dit que si radios associatives et webradios jouent sur le
même terrain, les ressources financières requises ne sont pas les
mêmes.
CONCLUSION
Radios associatives et argent sont donc les deux notions sur
lesquelles nous avons décidé de nous pencher dans le cadre de ce
mémoire. A priori deux notions antagonistes, en tout cas en ce qui
concerne le secteur associatif et l'argent.
Ce choix nous aura permis de nous attarder sur une relation,
qui ne vient pas spontanément à l'esprit, et ainsi de passer au
peigne fin tous les volets du fonctionnement d'une radio associative.
Fonctionnement financier, dépendance ou indépendance
idéologique, avenir, communication. Autant de pans qui auront permis
d'avoir une vision large de notre domaine d'étude.
Un choix également justifié par la
pauvreté d'ouvrages traitant de ces sujets. En effet la grande
majorité des ouvrages qui nous aurons été donnés de
voir auront été ceux ayant attrait à l'histoire de la
radio, et donc des radios associatives.
Il a néanmoins été intéressant et
même indispensable de connaître le passé de ces structures,
dans le but d'avoir tous les tenants et les aboutissants pour traiter le sujet
en question.
Car si notre travail s'est basé sur de la recherche
bibliographique (ouvrages et articles) et l'assimilation de la formation qui
nous aura été donnée de suivre, l'approche pratique aura
tout autant été importante dans notre processus de
réflexion, au travers de l'expérience professionnelle acquise
à R.I.G. mais aussi à travers le questionnaire mené
auprès de Pascal Corpart.
Ainsi nous pourrions séparer notre travail en trois
phases : une phase de documentation, une phase de veille et une phase de
réflexion, avec en toile de fond notre problématique de
départ, à savoir en quoi les questions financières
sont-elles la clé de voûte de la communication et du
fonctionnement d'une radio associative ?
Ainsi quoi de mieux pour cristalliser cette
problématique que l'expression consacrée : « l'argent est le
nerf de la guerre ». Ce mémoire met en exergue cette expression, au
travers de tous les champs de recherche ouverts par ce travail.
Et ce leitmotiv se vérifie à chaque
étape de la vie des radios associatives, que ce soit à leur
création, lorsque ces dernières, pour pouvoir exister, se sont
soumises et se soumettent d'ailleurs touj ours à un mode de financement
étatique, ce qui peut remettre en cause leur liberté d'agir et
leur liberté d'expression.
Mais ce leitmotiv se vérifie aussi à travers le
fonctionnement au quotidien de ces structures : liberté d'agir
réduite, système de communication - et c'est paradoxal pour un
média - difficile à mettre en oeuvre de part justement des
contraintes financières.
Enfin nous avons également pu remarquer que l'avenir
des radios associatives était lui aussi soumis à des contraintes
pécuniaires, l'avènement du numérique en étant le
parfait exemple.
Une question qui aura été étayée
par trois hypothèses de départ. La première d'entre elles
était d'avancer que la radio R.I.G., avant d'être un média,
était bel et bien une association de loi 1901, avec tout ce que cela
implique. Nous avons ensuite avancé que la question de la communication
est souvent considérée par les radios associatives comme une
gabegie, celles-ci jugeant, en leur qualité de média, qu'elles
n'en n'ont pas l'utilité. Enfin nous avons émis
l'hypothèse que pour le cas de la communication de la radio R.I.G., le
problème n'est pas tant celui du manque de ressources financières
que celui du déficit d'image.
Revenons sur la première d'entre elles. Nous nous
sommes aperçus tout au long de notre réflexion que le
fonctionnement de la radio R.I.G., et de toutes les radios associatives,
faisait qu'elles sont en premier lieu une association de loi 1901 avant
d'être un média. Il apparaît en effet que les contraintes
qui sont les leurs au quotidien privilégient l'aspect associatif. En
effet dans le cas de R.I.G. comme de ses consoeurs, la première chose
qui vient à l'esprit, après avoir parlé de leurs modes de
fonctionnement, lorsque l'on évoque leurs noms n'est pas le fait
qu'elles soient un média mais bel et bien une association. Cela confirme
donc notre hypothèse de départ.
La question de la communication pour la radio R.I.G.
apparaît comme une gabegie. À juste titre si l'on prend en
considération son fonctionnement au quotidien. Cette dernière,
ayant un fonctionnement financier instable, juge en effet qu'introduire de la
communication serait une perte d'argent, ses maigres revenus lui servant en
premier lieu de moyen de survie. Nous pouvons néanmoins noter que cette
dernière réfléchit sérieusement à la
question de la communication, celle-ci lui semblant indispensable à
l'avenir. Nous pouvons donc confirmer notre deuxième hypothèse,
en la nuançant toutefois, car si la question de la communication est
considérée comme une gabegie par les radios associatives, c'est
bien malgré elles.
Enfin avons soulevé l'hypothèse selon laquelle
le problème de R.I.G. en terme de communication n'est pas tant un manque
de ressources financières qu'un déficit d'image. Là
encore, nous pouvons confirmer et infirmer ce postulat. Car si, nous l'avons
prouvé, la question pécuniaire est au coeur du quotidien des
radios associatives et donc de R.I.G., le déficit d'image lui est
propre. Nous avons en effet souligné le fait que cette dernière
ne pourra jamais se bâtir une ligne directrice forte tant qu'elle ne se
sera pas « trouvée ».
Dans ces conditions, si nous ne pouvons pas confirmer avec
véhémence nos trois hypothèses de départ, nous
pouvons assurément répondre par la positive à notre
question : Pour les radios associatives aussi, « l'argent est-il
le nerf de la guerre ? ». Oui, pour les radios associatives,
« l'argent est le nerf de la guerre ».
Ce travail aura été d'un grand enrichissement, et
nous aura permis de voir les choses avec plus de perspectives. Il nous aura en
effet était donné de
comprendre que pour tout problème, la ou les solutions
ne se trouvent pas spontanément mais après toute une
démarche d'analyse, de veille, d'étude et de réflexion. Ce
sont les mots qui auront animé notre travail.
Et si nous nous réjouissons de cet apprentissage, nous
pouvons déplorer le fait que ce travail nous semble incomplet. Incomplet
non pas dans son contenu mais dans ses perspectives. Il nous paraît en
effet important de souligner qu'un parallèle avec le mode de
fonctionnement des « autres » radios, à savoir commerciales et
de service public, aurait été judicieux. Or nous nous sommes
retrouvés dans l'impossibilité d'effectuer ce travail, de par la
réticence de certaines radios commerciales d'une part et par une masse
de travail autrement plus grande d'autre part.
Voilà donc un angle d'approche à étudier
pour l'avenir et pour donner une autre dimension à ce travail. Nous
avons néanmoins été en mesure d'établir les forces
et les faiblesses des radios associatives, à travers le spectre
financier, et nous espérons avoir été exhaustif en la
matière, qui jusqu'à présent n'a pas fait l'objet de
nombreuses recherches ou de publications.
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS 4
ETIENNE BONNOT DE CONDILLAC 6
INTRODUCTION 7
CHAPITRE PREMIER : LES RADIOS ASSOCIATIVES, TOUTE
UNE
HISTOIRE 9
I/ UN CHEMIN SEMÉ D'EMBÛCHES 9
II/ DES RADIOS LIBRES AUX RADIOS ASSOCIATIVES 13
III/ UN AVENIR EN QUESTION À L'HEURE DU NUMÉRIQUE
19
CHAPITRE DEUX : LE CAS DE LA RADIO ASSOCIATIVE
GIRONDINE
R.I.G 20
I/ R.I.G., UNE RADIO DE COMMUNICATION SOCIALE 20
II/ R.I.G., UNE COMMUNICATION VACILLANTE 23
III/ ... MAIS DES SOLUTIONS ENVISAGÉES 28
CHAPITRE TROIS : UN FONCTIONNEMENT, UNE COMMUNICATION
ET
UN AVENIR DÉPENDANTS 30
I/ UN FONCTIONNEMENT DÉPENDANT 30
II/ UNE COMMUNICATION DÉPENDANTE 32
III/ UN AVENIR DÉPENDANT 36
IV/ UNE CONCURRENCE ACHARNÉE 37
CONCLUSION 40
TABLE DES MATIÈRES 43
BIBLIOGRAPHIE 44
ANNEXES 45
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
· Calevier (Pierre), La radio - Editions Presses
Universitaires de France - 2005 - 127 p - Que sais-je ?
· ESKENASI (Franck) - FM, la folle
histoire des radios libres. Paris : Grasset, 1986 - 331 p
Articles
· "La radio se rêve numérique dans un
délai d'un an." Le Figaro, 14 mars 2007
· "Radio : Les ondes porteuses de la transmission
numérique. Les stations se préparent à une mutation qui
inclura images et textes." Libération, 12 mai 2007
· La perception du risque dans la société
de la peur - Cahiers Espaces n° 85 - Didier Heiderich - 6 p.
Sites Internet
·
www.100ansderadio.free.fr
·
www.csa.fr
·
www.legifrance.gouv.fr
·
www.radiosendanger.free.fr
Autres
· Entretien auprès de Pascal Corpart
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ANNEXES
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Liste des sigles utilisés
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|
Article concernant les comptes de campagnes
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Loi 1901
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Page 50
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Première photo des studios de Radio verte
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Page 51
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Entretien mené auprès de Pascal Corpart
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Loi 1986
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Page 55
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Communiqué de presse des "Verts"
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Communiqué de presse du Sénat
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Site dédié aux radios associatives en danger
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|
25 ans des radios libres
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Page 59
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Article du Figaro
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Article de Libération
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Page 61
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Journal R.I.G. Connexion
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Page 63
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|
Site internet de R.I.G.
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|
Article rendant compte de la situation à la radio Aqui
FM
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Page 65
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|
Cahiers Espaces n° 85, Didier Heiderich, 6 p.
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Page 66
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|
LISTE DES SIGLES UTILISÉS
· R.I.G. : Radio Iguanodon Gironde
· C.N.C.C.F.P. : Commission Nationale des
Comptes de Campagne et des Financements Politiques
· U.M.P. : Union pour un Mouvement
Populaire
· P.S. : Parti Socialiste
· B.B.C. : British Broadcasting
Corporation
· P.T.T. : Postes,
Télégraphes et Téléphones
· R.T.L. : Radio Télévision
Luxembourg
· R.N.F. : Radiodiffusion de la Nation
Française
· R.D.F. : Radiodiffusion
Française
· R.T.F. :
Radiodiffusion-Télévision Française
· O.R.T.F. : Office de la
Radiodiffusion-Télévision Française
· F.R.3 : France régions 3
· T.D.F. : Télédiffusion de
France
· I.N.A. : Institut National
d'Audiovisuel
· S.F.P. : Société
Française de Production
· R.F.M. : Récence,
Fréquence, Montant
· N.R.J. : Nouvelle Radio Jeune
· C.N.C.L. : Commission Nationale de la
Communication et des Libertés
· F.S.E.R. : Fonds de Soutien à
l'Expression Radiophonique
· C.N.R.A. : Conseil National des Radios
Associatives
· S.N.R.L. : Syndicat National des Radios
Libres
· F.A.R.L. : Fédération
Aquitaine des Radios Libres
· D.R.D.J.S. : Direction Régionale
et Départementale de la Jeunesse et des Sports
· T.N.T. : Télévision
Numérique Terrestre
· D.V.D. : Digital Versatile Disc
· T.I.C. : Technologies de l'Information
et de la Communication
· I.M.P. : Institut
Médico-pédagogique
· R.F.I. : Radio France International
· E.P.R.A. : Echanges et Productions
Radiophoniques
· Fédéra33 :
Fédérations des Radios Associatives de la Gironde
· A.B.C. : Association Blanquefortaise
Culturelle et Sportive
· S.M.E. : Système de Management
Environnemental
ARTICLE TIRÉ DU SITE
WWW.CNCCFP.FR
http://www.cnccfp.fr/presse.php?voir=14
Les coulisses de la campagne. Financement : les
addictions de l'élection.
Meetings, affiches, matériel : dans les partis
chacun fait ses calculs, sous l'oeil sourcilleux de la commission nationale des
comptes.
« Rends moi ce chèque il faut le photocopier !
» lance un collaborateur de Michel Mercier, mandataire financier de
François Bayrou. Dans tous les états major de la campagne, la
moindre dépense et la moindre recette doivent être minutieusement
répertoriées. Carla commission nationale des comptes de la
campagne présidentielle (CNCCP) passera au peigne fin les budgets des
douze candidats. La candidate socialiste, Ségolène Royal a
prévenu son équipe « Un euro dépensé doit
être un euro utile ». Chez Nicolas Sarkozy, on a prévu 17
meetings nationaux avant le 22 avril, pas un de plus, pour que le cout de la
campagne soit « légèrement en dessous»du plafond
autorisé de 16 millions d'euros, pour le premier tour, indique Eric
Woerth, le trésorier del'UMP. Pour les petits candidats qui n'ont
guère d'espoir de franchir les 5% des voix, on se contente le plus
souvent des 800 000 euros qui, quoi qu'il arrive, seront remboursés par
l'état. Arlette Laguiller (LO), voyage en première classe sur les
TGV, la seule touche de luxe de sa campagne. Coup dur pour Gérard
Shivardi, soutenu par le parti des travailleurs : la CNCCP a refusé hier
d'homologuer l'affiche et la profession de foi sur lesquelles il se
présentait comme le « candidat des maires » Des milliers
d'euros pourrait partir en fumée. Tous les candidats ont conscience
qu'une campagne présidentielle coute très cher, et que le moindre
dérapage sera sanctionné.
Les euros des meetings.
Le budget prévisionnel de Nicolas Sarkozy
consacré aux grandes réunions publiques est le plus
élevé (11 millions d'euros) devant celui de
Ségolène Royal (5 millions d'euros , une somme plancher, car son
équipe parle de choix délibéré d'envisager des
meetings supplémentaires » avant le premier tour), ou de
François Bayrou (3,7 millions d'euros dépensés à ce
jour). Le congrès d'investiture du candidat de l'UMP, le 14 janvier au
parc des expositions de la porte de Versailles à paris, a
coûté à lui seul 3,6 millions d'euros, plus que l'ensemble
de la campagne de Philippe de Villiers (3 millions) et un bon tiers du budget
de dépenses de Jean-Marie le Pen (9 millions). « C'était
à la fois le congrès de l'UMP et le lancement de la campagne de
Nicolas Sarkozy explique Éric Woerth. Pour tous les candidats, la
location de la salle (600 000 à la porte de Versailles pour 80 000
personnes, « l'équivalent d'une ville moyenne ») ne
représente qu'une petite partie des frais. Il faut ajouter les
branchements électriques et l'installation de lignes haut débit,
520 cars et 8 TGV pour acheminer les militants, la signalétique
extérieure, la location des chaises, le montage de la scène et la
vidéo, la sécurité... Finie, en revanche, l'époque
où l'on offrait des repas aux militants. Le prix des meetings varie donc
principalement en fonction du nombre de personnes attendues : 100 000 à
200 000 euros pour un meeting régional animé par Nicolas Sarkozy
ou Ségolène Royal. « Les salles ont grandi avec la
montée de la candidature de François Bayrou »,
témoigne Michel Mercier. Les prix suivent : 360 000 euros au
Zénith à Paris, 90 000 au palis des sports de Saint--Etienne, 71
000 euros à Nîmes pour le candidat UDF. Jean-Marie le-Pen, lui, a
prévu cinq grands meetings (dont le coût s'échelonne entre
60 000 et 150 000 euros) d'ici au premier Tour. Le président du
Front national a aussi animé neufs banquets
républicains (avec une participation de 20 à 25 euros par
personne), qui n'ont couté en net que 30 000 euros au FN, des
opérations rentables et bon marché. Les petits candidats font
tout à l'économie, privilégiant les salles municipales,
beaucoup moins chères, sans décorum particulier. José
Bové, dont le budget ne dépasse pas 390 000 euros se plaint du
prix des salles. A la LCR, on ne dépense pas plus de 15 000 euros par
meetings avec un fond de scène (1000 euros) transportable. A Lutte
ouvrière, un « grand »meeting sans fond de scène ne
doit pas dépasser 6000 euros. Philippe de Villiers, lui, animera cet
après midi son plus gros meeting au Palais des Congrès de la
porte Maillot, à Paris. Coût : 200 000 euros pour 5000 personnes
attendues. La construction d'un fond de scène et d'un pupitre pour toute
la campagne du candidat MPF a couté 6 000 euros.
La grande peur des petits.
Une campagne présidentielle représente un vrai
pari financier. Candidat en 1995, Philippe de Villiers avait
hypothéqué sa maison de Vendée et avait dû faire
appel aux dons pour rembourser une partie de ses frais de campagne n'ayant
obtenu que 4,74% des voix. Sans mettre euros péril ses finances,
Villiers joue assez gros cette année. Il a vendu le siège du
parti, 165 mètres carrés près de l'école militaire
(1ME) et le MPF a prêté 1, 1ME à son association de
financement. S 'il ne franchit pas la barre des 5% de voix, il ne restera au
MFP qu'environ 500 000 euros pour la campagne des 577 candidats MFP aux
législatives. Le siège de campagne du MFP n'est loué que
jusqu'en avril 2007 (900 000 euros pour dix mois). Frédéric
Nihous, le candidat de CPNT, a contracté un prêt personnel de 780
000 euros pour la campagne. Alors que Jean Saint Josse avait embauché,
pour la campagne de 2002, un conseiller politique et une attachée de
presse, la campagne de CNPT, revue à la baisse, tourne cette
année avec quatre personnes seulement. Olivier Besancenot (LCR) a
contracté un prêt personnel de 650 000 euros, et privilégie
les conférences de presse locales pour diffuser son message. Arlette
Laguiller (LO), qui ne dépensera pas plus qu'en 2002 (2,40 ME), n'a pas
contracté de prêt bancaire. C'est LO qui avance les fonds de la
candidate. Marie- George Buffet (PCF) a un budget de 4,60 ME, constitué
à 74 % des apports du parti (provisionnés en 5 ans), 18% de
l'aide publique forfaitaire, et 8% d'un appel aux dons (400 000 euros
escomptés).
Les euros de l'Internet.
Tracts, documents et affiches sont touj ours à
l'honneur, mais tous les candidats misent cette année sur l'internet. Le
matériel de propagande politique au sens large est le premier poste
budgétaire à la LCR (200 000 euros), et représente 43% des
dépenses au PCF. Le budget communication de Dominique Voynet
s'élève à 450 000 euros, soit le tiers des dépenses
globales Surtout, les sites internet des candidats servent aussi à
lancer des appels aux dons d'une ampleur nouvelle.
A l'UMP on estime que les dons des personnes physiques (de 40
euros en moyenne) représenteront « plusieurs millions d'euros
». « L'objectif est de financer ainsi un maximum de dépenses
non remboursées par l'État » , indique Éric Woerth.
Le trésorier de l'UMP fait pour la première fois appel à
des « relais » sympathisants de l'UMP qui adressent des «
e-mailing » à leur entourage pour l'inciter à envoyer des
dons pour la campagne de Nicolas Sarkozy.
Sur le site Internet de l'UDF (dont le coût de
fonctionnement global représente 483 392 euros), les dons arrivent par
virement bancaire, mais ceux par chèque sont encore plus nombreux. En
2002, le candidat François Bayrou avait recueilli 370 000
euros de dons. En 2007 c'est l'explosion : 9582 donateurs ont
été recensés cette semaine. Gains escomptés d'ici
au premier tour : 1,5 ME.
Au PS, le budget Internet pour la campagne de
Ségolène Royal atteint pour la première fois 2ME. «
Il n'y a pas de campagne nationale d'appels aux dons, car nous n'avons pas
cette culture-là » précise Dominique Betinotti,
présidente de l'association de financement de la campagne. Ce qui
n'empêche pas les fédérations départementales du PS,
qui bénéficient au total d'un budget de 4 ME alloués par
le PS pour mener la campagne décentralisée de la candidate, de
récolter elles-mêmes les dons des sympathisants.
Les deux finalistes ne devront pas dépenser
plus de 21,5 millions d'euros.
Réunion des fonds, règlements des
dépenses, retour sur les règles de financement de la
campagne.
Chaque candidat a dû nommer un mandataire financier qui
peut être une personne physique ou une association de financement
électoral. Ce mandataire est chargé de recueillir les fonds et de
régler les dépenses de la campagne. Il a dû ouvrir un
compte bancaire dit « compte de campagne » destiné à
cet effet un an avant le premier jour du mois de l'élection, donc Avant
le 1er avril 2006. Le compte de campagne devra être adressé
à la commission nationale des comptes de campagne et des financements
politiques (CNCCFP), chargée d'en vérifier la
régularité, au plus tard deux mois après le second tour.
Une personne physique ne peut pas donner plus de 4 600 euros. Tout don de plus
de 150 euros doit être réglé par chèque. Les dons en
espèces ne peuvent excéder 20% du montant des dépenses
autorisées. Les partis ou groupements politiques peuvent faire des dons,
non plafonnés, les autres personnes morales ne le peuvent pas. Le
montant des dépenses est plafonné à 16,166 millions
d'euros pour chacun des candidats du 1er tour. Ce plafond est porté
à 21,584 millions d'euros pour chacun des deux candidats présents
au second tour. Les dépenses de campagne des candidats leur seront
remboursées par l'état jusqu'à concurrence d'un plafond.
Ce plafond est fixé à 8, 083 millions d'euros pour les candidats
qui auront atteint 5% des suffrages, à 808030 euros pour ceux qui
n'auront pas atteint ce seuil et à 10,797 millions d'euros pour chacun
des candidats du second tour. Chacun des douze candidats a touché la
semaine dernière 153 000 euros, à titre d'avance sur le
remboursement.
http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/AAEBG.htm
PREMIÈRE PHOTO DES STUDIOS DE RADIO VERTE AVEC
JEAN-EDERN HALLIER ET BRICE LALONDE
ENTRETIEN AVEC PASCAL CORPART
Pouvez vous nous parler de la communication interne au
sein de votre radio ?
Je dirais que c'est au niveau de la communication interne que
nous sommes les plus « mal chaussés ». En effet personne dans
l'équipe n'est destiné à la communication. Et c'est le fit
que nous soyonsune structure associative qui fait que nous n'ayons pas de poste
dédié à la communication. C'est donc la personne qui a le
plus de bagout qui est en charge de ce secteur. (ndlr : Pascal
Corpart). Nous essayons pourtant de mener des actions structurées en
terme de communication, mais nous pouvons dire que nous jouons de malchance. En
l'occurence lorsque l'équipe de la radio Aqui FM (ndlr : dont
Pascal Corpart est également responsable d'antenne) a voulu organiser
une réunion avec tous les maires du Médoc (ndlr : zone
de chalandise de la radio Aqui FM). La date de la réunion était
fixée mais les élus nous ont fait faux bond à la
dernière minute.
Je dirais également que notre communication intere est
plus ou moins inexistante dans le sens où nous évoluons au sein
d'une structure pyramidale. Ainsi le seul point comun entre les
différents « services » de la radio (bénévoles,
salariés) est la direction.
Nos orgaisons notre communication interne au travers des
outils que sont les courriers, les notes de service et les réunions.
Nous remarquons néanmoins qu'il n'y a pas de retours et d'implication
des différents services. Ce qui m'amène à dire qu'une
information n'est utile que si le récepteur écoute
l'émetteur.
Nous pensons donc que notre communication interne est à
améliorer non pas au niveau des outils utilisés mais dans la
façon d'impliquer nos interlocuteurs. Il nous faut trouver une
identité commune aux différents services, afin que chacun ire
dans le même sens.
Cela pourrait passer par exemple par de la communication
évènementielle, qui permettrit de mettre sur pieds un projet
fédérateur pour tous les services.
Parlez-nous à présent de la communication
externe.
A ce niveau, pas de différences majeures avec une autre
structure.
Nous utilisons l'outil qui est à notre disposition,
à savoir la radio, pour communiquer à l'externe.
Nous avons en reanche à améliorer notre
communication externe envers nos partenaires institutionnels, qui
jusqu'à présent se limite à de la communication
ponctuelle, en fonction d'un bseoin commun de l'un et de l'autre. Pour ce
faire, il nous faut trouver le message qui a une chance d'avoir du retour.
Selon moi il n'y a pas de problème de
notoriété avec les institutions. Il y a toutefois une idée
reçue, pas forcément fausse d'ailleurs, mais qui bloque tout :
une structure associative est dépendante financièrement des
institutions.
Le point noir de notre communication externe est la relation
avec nos auditeurs. En effet il est difficile pour la direction d'avoir des
liens entre différents bénévoles par rapport à
leurs contacts. Il n'y a ainsi pas de promotion entre les différentes
émissions. Nous avons également une difficulté d'image :
en effet nous n'avons pas de public unique.
Autre notion importante et sous jacente dans le domaine
associatif : il n'y a pas de notion de performance. Notre vocation étant
de permettre à ceux qui ne peuvent pas s'exprimer ailleurs de venir sur
R.I.G. De cette philosophie une notion mal perçue par le public : une
notion de « fourre-tout ».
Parlez nous de ce que l'on qualifie de communication
sociale de proximité, quelle notion se cache derrière
?
Pour moi la communication est forcément sociale :
éthymologiquement elle est forcément sociale. La valeur sociale
n'est donc pas dans la communication. Ezn effet dans nos missions on donne la
possibilité aux personnes d'habitude pas entendues de l'être sur
notre antenne. Ces personnes sont rattachées à la
catégorie des personnes issues de minorités (donc sociale)
La radio est-elle en recherche d'image ? Si oui,
auprès de quel public ?
La radio devrait être en recherche d'image car selon moi il
y a un bouleversement dans le mode de consommation de la radio.
Les radios associatives sont-elles en danger à
l'heure du numérique ? Expliquez en quoi le numérique met en
danger les radios associatives.
Ce n'est pas le numérique qui met les radios en danger.
L'inconvénient du numérique est que la notion de proximité
peut être amenée à disparaître. Le moyen de diffusion
(aujourd'hui analogique et hertzien et demain en numérique en hertzien)
se calque sur le schéma de la TV hertzienne et aujourd'hui de la TNT.
Ce changement ne sera pas obligatoire avant 2020 mais la loi
du marché (chaîne, TV, poste radio...) fait que les
équipements vont être numérique. Donc ceux qui ne sont pas
en numérique perdront du public.
L'État a besoin de récupérer des zones de
fréquences donc lance le numérique. Cela permet d'optimiser les
canaux de diffusion pour permettre à plusieurs radios d'émettre
sur le même canal tout en gardant leur fréquence propre. Le
support numérique permet de plus grandes capacités techniques. En
revanche c'est un problème d'argent qui se pose pour les radios
associatives qui veulent passer en numérique.
Le manque de ressources financières des radios
associatives entrave-t-il le bon déroulement d'une part des actions de
la radio au quotidien et d'autre part des actions de communication
?
Il faut un minimum d'argent. Aujourd'hui une radio associative
ne peut plus marcher qu'avec du militantisme. Néanmoins je dirais que la
liberté d'expression reste présente malgré le lien
à l'argent.
La question de l'indépendance se pose aussi dans le
sens où la radio est tenue par les subventions. R.I.G. est totalement
dépendante financièrement des fonds et subventions de
manières générales (FSER, mairies...)
Avez-vous un plan de communication prêt en cas de
crise au sein de la structure ?
La radio est constamment en alerte, en tout cas la direction,
mais nous n'avons pas de cellule d'alerte.
Selon vous, pour augmenter l'exposition de la radio et
donc accroître son image, quelles sont les actions de communication
à développer ?
La communication ciblée envers les différents
publics de R.I.G. est à privilégier. Il nous faut informer en
interne et en externe sur les actions de R.I.G. (manifestations,
émissions...).
Les dossiers de presse et d'activité sont-ils
considérés comme des actions de communication ?
Pas vraiment, nous les considérons plutôt
informatifs que relevant de la communication. D'ailleurs à l'avenir nous
envisageons de ne plus utiliser à proprement parler des dossiers «
bilan » comme pour le FSER mais plus ouverts sur l'avenir et vers
différents partenaires. Nous voulons que notre passé valorise les
actions futures de R.I.G.
Concluriez vous par le fait qu'en communication, l'agent
est le nerf de la guerre ?
Je dirais que d'un point de vue général, car c'est
une bonne idée qui prévaut sur l'argent, mais d'un point de vue
général uniquement....
http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/PCEAJ.htm
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DES VERTS
WWW.VERTS.FR
http://lesverts.fr/article.php3?id_article=3331
600 radios associatives en danger de mort
Communiqué à la presse du 19 juin
2007
Le Ministre de la Culture et de la Communication vient
enfin de publier au Journal officiel son avis sur les règles de
rédaction des demandes permettant l'attribution des subventions du
FSER/Fonds de soutien à l'expression radiophonique, au profit des radios
associatives. C'est avec près de deux mois de retard que la Commission
d'instruction des dossiers va tenter de commencer à
travailler.
Pourtant, dès le 8 mai 2007,dans un avis publié au
Journal Officiel, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel , à
propos du développement de la radio numérique, avait
rappelé aux « Pouvoirs publics » l'impérieuse
nécessité de soutenir les radios associatives.
Incontestablement, les stations non commerciales sont
effectivement des garantes du pluralisme médiatique. En outre, la loi du
1 er août 2000 leur attribue une mission de communication sociale de
proximité que beaucoup d'entre elles accomplissent avec un grand sens de
l'utilité publique. Pourtant, plus de 40% de ces radios connaissent de
lourdes difficultés financières. Leur vie est menacée.
Quelques dizaines pourraient ne pas survivre à la période
estivale.
Les Verts demandent donc à la ministre de la Culture ainsi
qu'au Parlement, d'augmenter de façon substantielle le volume des sommes
allouées au subventionnement des radios associatives, par le
déplafonnement de la taxe fiscale sur les recettes publicitaires des
médias.
Les Verts
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU SÉNAT
WWW.SENAT.FR
http://www.senat.fr/presse/cp20060301.html
Communiqué du 1 mars 2006
SOUTIEN AUX RADIOS LOCALES ASSOCIATIVES : LA
COMMISSION DES FINANCES POUR DES AIDES À PROJETS
L'enquête sur le Fonds de soutien à l'expression
radiophonique locale (FSER), demandée à la Cour des comptes dans
le cadre des dispositions de l'article 58-2° de la loi organique du
1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), par la
commission des finances du Sénat présidée par M.
Jean Arthuis (UC-UDF-Mayenne) a donné lieu, le 1 er
mars 2006, à une audition pour suite à donner.
Au cours de cette audition ouverte aux membres de la
commission des affaires culturelles, il est apparu que le FSER avait atteint
l'objectif fixé par le législateur en 1982 : les aides du
FSER ont contribué à l'enrichissement du tissu des radios
associatives locales, en aidant près de 600 radios en 2005,
soit trois fois plus que lors de la création du fonds en
1982.
La direction générale des impôts du
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a
précisé qu'il n'y avait pas de phénomène
d'évasion fiscale à la taxe sur la publicité
finançant le fonds, due par les régies publicitaires des
télévisions et des radios.
A la veille du vingt-cinquième anniversaire de la
légalisation des radios libres, la commission des finances du
Sénat a toutefois souhaité une réforme du FSER,
selon les propositions de M. Claude Belot
(UMP-Charente-Maritime), rapporteur spécial des crédits
des médias :
- alors que les aides du FSER sont actuellement versées
de manière quasi-automatique, les subventions devraient
être orientées vers des aides à projets ;
- il conviendrait de mieux mesurer l'audience des radios
locales, conformément à l'esprit de la LOLF ;
- le plafond de 20 % de ressources publicitaires
pour bénéficier des aides pourrait être
rehaussé, afin d'encourager la diversification des ressources
des radios locales.
La direction du développement des médias (DDM)
des services du Premier ministre a annoncé qu'un
décret serait soumis prochainement à consultation en vue
d'une réforme du FSER, sur la base des observations
formulées par la Cour des comptes à l'issue de son enquête,
tendant notamment à instituer des aides à projets.
Contact presse : Stéphanie Garnier 01 42 34 25 12 ou 25 13
s.garnier@senat.fr
SITE DÉDIÉ AUX RADIOS ASSOCIATIVES
EN DANGER
http://radiosendanger.free.fr/
25 ANS DES RADIOS LIBRES
http://25ans.federa33.fr/
ARTICLE FIGARO
http://www.lefigaro.fr/medias/20070314.FIG000000210_la_rad
io_se_reve_numerique_dans_un_delai_d_un_an.html
La radio se rêve numérique dans un
délai d'un an
LA RADIO n'en finit pas de se rêver en numérique.
Depuis plus de dix ans, les grands acteurs du secteur relancent
régulièrement le projet d'une numérisation des ondes. Pas
découragés, Radio France, RMC, RTL, le Sirti (radios
régionales), NRJ et les stations du groupe Lagardère ont uni
leurs forces au sein du Groupement pour la radio
numérique avec l'objectif d'obtenir des pouvoirs
publics l'instauration d'une norme de diffusion, point de départ de la
numérisation de la radio. Ils viennent d'être entendus.
À quelques semaines de la fin de la législature,
les ministères de la Communication et de l'Industrie ont choisi de
privilégier le DRM. Une norme qui permet essentiellement de sauver de
l'oubli les ondes moyennes pour y installer en numérique les stations
issues du terreau associatif. Cette décision ne répond que
partiellement aux besoins du groupement qui souhaitait que soit mise en avant
une autre norme, le T-DMB. C'est une évolution du DAB, dont le lancement
a échoué il y a dix ans.
La nouvelle mouture de la radio numérique offre plusieurs
avantages comparée à l'analogique. En premier lieu, l'auditeur
n'aura plus à se soucier des fréquences. Il suffit de faire une
recherche sur le nom de la station pour l'écouter. Elle offre aussi
l'accès aux données associées. Il s'agit, dans le cas d'un
programme d'information, de diffuser des images ou des petits textes sur un
écran dédié. Le numérique permet aussi à
l'auditeur de s'affranchir des horaires en réécoutant à
volonté un programme, ou en mettant en pause lorsqu'il le souhaite. Des
fonctions qui existent déjà en télévision sur les
réseaux ADSL ou câble et que les web-radios ont aussi
adoptées.
Changer le parc de récepteurs
En revanche, elle comporte aussi des défauts. Sa mise en
place est onéreuse pour une petite station et implique une diffusion
simultanée avec l'analogique, au moins pendant la période de
mutation vers le tout-numérique. L'arrêt de la diffusion de
l'analogique est prévu pour le 31 décembre 2011 dans toute
l'Europe. En France, les premiers programmes numérisés devraient
être diffusés d'ici à un an. Le gros point noir de ce
dossier reste la question du renouvellement du parc de postes de radio.
Or, chaque foyer français dispose, en moyenne, de cinq
à six postes analogiques. Leur renouvellement pour le passage au
numérique risque donc d'être long et onéreux pour les
consommateurs. Les ventes de voitures neuves représentent l'une des
rares opportunités pour installer les postes numériques dans le
paysage médiatique. Le groupe Skyrock, pour sa part, souhaite que
l'effort soit porté sur l'intégration de la radio
numérique directement dans la future télévision
numérique sur les mobiles. Au moins, les récepteurs seront
commercialisés par les opérateurs mobiles. Depuis
l'avènement d'Internet, la radio est devenue le parent pauvre du
marché de l'électronique grand public.
ARTICLE LIBÉRATION
http://www.liberation.fr/actualite/ecrans/253301.FR.php
Radio. Les stations se préparent à une
mutation qui inclura images et textes. Les ondes porteuses de la
transmission numérique
Le constat est sans appel. «Si nous ratons le virage du
numérique, l'avenir des radios est incertain», prévient
Axel Duroux, président du directoire de RTL, qui précise avoir
investi 20 millions d'euros dans cette technologie. «La radio de
demain, c'est celle qui survit dans un monde de l'image», souligne
pour sa part Jean-Paul Cluzel, patron de Radio France, qui a consacré
approximativement la même somme aux nouvelles techniques de
radiodiffusion. «La radio rentre aujourd'hui en concurrence avec le
Net, le téléphone portable et la télévision
mobile», lance en écho David Kessler (France Culture) tandis
que Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1) estime que la radio a besoin d'une
«audience globale» qui regrouperait auditeurs,
«poditeurs» (adeptes du podcasting), internautes et
vidéonautes.
Ere binaire. Même si le temps des
mutations technologiques et celui du marché concrétisé par
les quelque 200 millions de postes transistors présents dans l'Hexagone
(autoradio compris) ne mettent pas encore le feu à la bande FM, toutes
les stations se préparent à coups de millions d'euros au passage
à l'ère binaire. Les groupes RTL (RTL, RTL2, Fun Radio), Radio
France (Inter, Musique, Culture, Info, Le Mouv', Fip), Lagardère Active
Media (Europe 1, Europe 2, RFM), NRJ (Nrj, Nostalgie, Chérie FM, Rires
et Chansons), Next Radio TV (RMC, BFM) et celui dit des indépendants
(113 radios qui vont de Nova à Totem en passant par Latina ou
Fréquence Jazz) se sont regroupés à l'automne dernier pour
créer le Groupement pour la radio numérique (GRN). A elles
toutes, ces stations représentent 90 % de l'audience nationale (46
millions d'auditeurs).
L'adoption officielle par le gouvernement, au mois de mars, de la
norme de diffusion T-DMB (Terrestrial Digital Multimedia Broadcasting, lire
ci-contre) qu'elles appelaient de leurs voeux a donné le top
départ à la radio numérique en France. Ainsi Radio France
devrait-elle procéder à ses premiers essais de diffusion sur
Paris dans les derniers jours de juin. «L 'événement
historique, se félicite Martin Ajdari, directeur
général de Radio France, c'est que pour la première
fois dans le monde de la radio, qui est plutôt conflictuel, les cinq plus
grands opérateurs se sont mis d'accord pour choisir la norme qui leur
paraît con veniri La diffusion en numérique sur l'ensemble du
territoire devrait s'étaler à compter de janvier 2008 en fonction
du renouvellement du parc radio et des autorisations de diffusion
accordée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Les
formalités administratives pourraient cependant être rapidement
expédiées puisque, lors de son assemblée
plénière du 17 avril dernier, le CSA relevait qu'il était
«très attaché au développement rapide de la
télévision mobile personnelle et de la radio
numérique». Les «vieilles» fréquences FM
continueront à émettre pendant une bonne dizaine d'années,
contrairement aux ondes moyennes et courtes amenées les premières
à quitter le paysage hertzien grand public.
Confort d'écoute. Pratiquement, la norme
T-DMB permettra de décupler l'offre de fréquences actuelles et
devrait apporter un réel confort d'écoute aux auditeurs. Il n'y
aura par exemple plus besoin de changer de fréquence en changeant de
lieu : un automobiliste qui fait Lille-Marseille pourra désormais
décider au départ de la station qu'il souhaite écouter
sans connaître les brouillages et autres nécessités
d'adaptation
hertzienne. Pour les adeptes de France Musique ou de Radio
Classique, la qualité sonore sera à la norme 5.1, utilisée
notamment pour le home-cinéma, et devrait transporter l'orchestre
symphonique dans le salon des mélomanes. Comme l'enregistreur
numérique vidéo, la radio du futur va également être
dotée du «time shifting» (possibilité
d'interrompre son programme et de le reprendre à l'endroit voulu au
moment souhaité). Autre avantage : la diffusion en T-DMB demandera moins
d'émetteurs pour couvrir une zone donnée. Ainsi, un seul
émetteur suffirait à une ville comme Paris.
Toutes les radios soulignent par ailleurs l'avancée
fondamentale que constituent les «programmes associés»
(PAD pour Programs Associatives Data ). Les bandes
fréquences octroyées aux radios numériques permettent en
effet de diffuser aussi bien du son que de l'image, du texte ou... des
communications téléphoniques. Les futurs postes radios seront
donc dotés d'un écran couleur grâce auquel l'auditeur
deviendra un peu spectateur ou plutôt picoreur d'images fixes ou
animées. Chez RTL, Axel Duroux n'hésite pas à envisager la
retransmission en vidéo sur le petit écran numérique d'un
débat «radiophonique» ou d'une quelconque émission
diffusée par sa station. «L 'idée n 'est pas de faire de
la sous-télévision, avertit cependant Martin Ajdari. La
radio doit rester un média d'accompagnement, d'autant que le
débit nécessaire à l'image animée est lourd et
coûteux. Mais on pourra transmettre en simultané des photos de nos
invités ou envoyer sur l'écran le nom d'un disque, d'un musicien
ou d'un livre dont on parle à l'antennei France Info pourrait fort
bien «associer» des données cartographiques, des tableaux de
résultats sportifs, les cours de la Bourse ou envoyer en direct sur
l'écran les conditions météorologiques ou de la
circulation routière. «La radio numérique s 'inscrit de
toute évidence dans une convergence multimédia, poursuit
Ajdari. Nous souhaitons ainsi que la future télévision mobile
personnelle (TMP) puisse recevoir un label radio numériquei
Coût. Cerise sur le gâteau de
l'univers binaire en gestation, et probablement enjeu économique majeur,
les coûts de production numérique pourraient être
divisés par trois par rapport aux débours de l'analogique. Il
faudra cependant y accoler le coût supplémentaire de la double
diffusion tant que la fréquence FM restera en activité et imposer
la norme aux industriels pour qu'ils se lancent dans la construction de postes
numériques. Ce qui pourrait brider les élans des stations,
conscientes qu'une mise en première monte d'autoradios sur une
série de voitures se prévoit trois ou quatre ans à
l'avance. Il n'empêche, dans les prochaines années, le poste radio
numérique, s'entend pourrait redevenir un cadeau de choix à faire
aux 15-24 ans, qui, selon toutes les enquêtes Médiamétrie,
ont depuis longtemps délaissé l'écoute traditionnelle au
profit d'Internet, du baladeur ou de la téléphonie mobile.
JOURNAL R.I.G. CONNEXION
SITE INTERNET DE
R.I.G.
WWW.RIGFM.FR
ARTICLE CONCERNANT LA SITUATION DE LA
RADIO AQUI FM
http://f5nsl.chez-alice.fr/fm33p-aquifm.html
« Les salariés de la radio médocaine Aqui Fm
en grève le mardi 21 février 2006
Les salariés de la radio associative Aqui Fm ont
déposé un préavis de grève sur leur lieu de travail
pour la journée du mardi 21/02/06. Le but de cette action est de
manifester leurs inquiétudes et incertitudes quant à leur avenir
professionnel aussi bien que celui de cette radio de proximité,
actuellement la seule en Médoc.
Le 11 octobre 2005, Geneviève Teyssier (directrice
bénévole de cette structure) a annoncé, lors d'une
réunion avec le personnel de la radio, qu'elle envisageait :
d'informer le CSA qu'elle ne renouvellerait pas sa demande de
fréquence (l'échéance pour cette démarche est
fixée en juin 2006) de contacter une personne susceptible de prendre la
suite. Depuis cette annonce, aucune information ne leur a été
donnée, hormis la tenue d'une réunion entre Mme Geneviève
Teyssier et l'association médocaine qui s'est créée pour
pouvoir reprendre la radio. »
CAHIERS ESPACES N° 85 "La perception du risque
dans la société de la peur"
MOTS CLÉS
· RADIO
· RADIO ASSOCIATIVE
· COMMUNICATION
· COMMUNICATION SOCIALE
· ARGENT
· DÉPENDANCE
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