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Pour les radios associatives aussi, " l'argent est-il le nerf de la guerre ? " L'exemple de la radio girondine R.I.G.

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par Anonyme
Université Michel de Montaigne - Bordeaux III - D.U.T. Communication des Organisations 2007
  

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UNIVERSITÉ de BORDEAUX III
INFOREC

Diplôme Universitaire de Technologie
Communication des Organisations, option Plurimédias

Nassim FENJIRO Promotion 2006/2007

Pour une radio associative aussi,
l'argent est-il le « nerf de la guerre » ?

L'exemple de la radio girondine R.I.G.

Préparé sous la direction de Madame Hélène ARZENO, Maître de Conférence et responsable du Pôle Information Communication de l'INFOREC

Septembre 2007

Université Michel de Montaigne
Pôle Communication Inforec I.U.T.
Rue Naudet Domaine Universitaire
CS 70204
33175 Gradignan Cedex

Pour une radio associative aussi,
l'argent est-il le « nerf de la guerre » ?

L'exemple de la radio girondine R.I.G.

REMERCIEMENTS

J

e remercie chaleureusement Madame Hélène ARZENO, pour la confiance qu'elle m'a témoignée durant toute ma période de formation, et sans qui la poursuite d'études supérieures aurait été délicate.

Je remercie également tout le corps professoral - universitaire et professionnel - pour l'expérience et les connaissances qu'il a pu m'apporter, tout en témoignant de la patience à mon égard.

Toute ma gratitude va également à l'encadrement administratif de l'INFOREC et spécialement à Vanessa, qui s'est elle aussi montrée patiente à mon endroit.

Sans oublier mes « camarades de jeu » de la promotion 2006/2007, avec qui j 'ai passé des moments aussi agréables que studieux.

Un merci tout particulier à la radio R.I.G. et sa présidente Geneviève TEYSSIER, son responsable de la communication Pascal CORPART, et à ses salariés et bénévoles pour leur accueil.

Enfin merci à ma famille et à mes amis, sans qui je n'en serais pas là, et qui ont sans doute vécu cette période aussi intensément que moi.

SOMMAIRE

INTRODUCTION 7

CHAPITRE PREMIER : LES RADIOS ASSOCIATIVES, TOUTE UNE HISTOIRE 9

CHAPITRE DEUX : LE CAS DE LA RADIO ASSOCIATIVE GIRONDINE R.I.G 20

CHAPITRE TROIS : UN FONCTIONNEMENT, UNE COMMUNICATION ET UN AVENIR DÉPENDANTS 30

CONCLUSION 40

TABLE DES MATIÈRES 43

BIBLIOGRAPHIE 44

ANNEXES 45

« Que je veuille connaître une machine,
je la découperai pour en étudier séparément chaque partie.
Quand j 'aurai de chacune une idée exacte
et que je pourrai les remettre dans le même ordre où elles étaient,
alors je concevrai parfaitement cette machine,
parce que je l 'aurai décomposée et recomposée. »

Etienne Bonnot de Condillac, La logique ou l'art de penser

INTRODUCTION

Cette citation d'Etienne Bonnot de Condillac1 symbolise bien la démarche entreprise à l'occasion de ce travail de réflexion et de recherche, qui vient mettre en pratique la théorie apprise durant la formation. Il a en effet été question lors de l'élaboration de ce mémoire de cerner la communication des radios associatives à travers le spectre financier. C'est ainsi que le choix de la radio R.I.G.2, dans laquelle nous avons fourbi nos premières armes sur le marché du travail, s'est posé comme une évidence.

« L'argent est le nerf de la guerre » est un proverbe latin cité par Cicéron3 et « adapté » en France par François Rabelais4 dans l'une de ses oeuvres les plus connues, Gargantua. La signification de ce proverbe est claire : l'argent est le ressort principal de la guerre. Par extension, cette expression est utilisée pour tout problème dont la source et la solution sont pécuniaires.

Dans un marché devenu mondial, la question financière ne peut donc être éludée, le marché de la communication n'échappant évidemment pas à la règle. Prenons l'exemple le plus parlant et le plus proche de nous dans le temps, à savoir les postes « communication » de la dernière campagne présidentielle. Or qu'est ce qu'une campagne présidentielle sinon qu'une vaste campagne de communication ? Affiches, sites Internet, événements (meetings), voire communication de crise sont autant de volets qui nous permettent de qualifier la dernière campagne à l'élection présidentielle de « campagne de communication ».

Ainsi selon la C.N.C.C.F.P.5, sur les 20 millions d'euros de budget de l'U.M.P.6, 13,5 ont servi le poste « communication ». De son côté le P.S.7 aura dépensé plus que son concurrent en affichage (4 contre 2,5 millions d'euros) et, même s'il reste le poste le plus important de son budget communication, beaucoup moins que l'U.M.P. pour les meetings (5 contre 11 millions d'euros). Hasard ou coïncidence, le P.S. et l'U.M.P., qui se seront montrés les moins regardants sur les questions financières, ont été choisis par la population au premier tour de l'élection présidentielle. À titre de comparaison, la candidate « verte » Dominique Voynet aura consacré un tiers de son budget aux dépenses liées à sa communication, soit 450 000 euros.

Dans ces conditions, peut-on parler de déséquilibre d'impact inhérent à l'argent ? Peut-on faire l'analogie avec l'exemple du fonctionnement des radios ? Une telle comparaison s'impose lorsque l'on parle du monde de la radio, dans lequel nous distinguons trois grandes catégories : les radios du service public, les radios dites commerciales et les radios associatives.

1 Philosophe français (1715 - 1780)

2 Radio Iguanodon Gironde

3 Auteur et homme politique romain (106 av. JC - 45 av. JC)

4 Médecin et écrivain français (1494 - 1553)

5 Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques (cf. annexes)

6 Union pour un Mouvement Populaire

7 Parti Socialiste

L'intérêt de ce sujet est double. Il fait d'une part écho à un intérêt personnel pour les médias en général, et les radios en particulier. Il était donc intéressant d'étudier dans quelle mesure la communication peut servir ou desservir ces acteurs, à travers le spectre financier. D'autre part, il était intéressant de juger la relation des associations à l'argent, deux notions que l'on juge souvent antagonistes.

Notre sujet d'étude porte donc sur le fonctionnement et la communication des radios associatives à travers le spectre de l'argent, avec en toile de fond l'exemple de la radio R.I.G. . Nous voulons déterminer dans quelle mesure les contraintes financières influencent la façon de communiquer des radios associatives, tant leurs modes de fonctionnement que dans leurs façons de communiquer. Notre problématique est donc : en quoi les questions financières sont-elles la clé de voûte de la communication et du fonctionnement d'une radio associative ? Nous nous baserons pour ce faire sur le cas de la radio associative girondine R.I.G. .

Pour avancer dans cette problématique nous émettons trois hypothèses. La première d'entre elles est d'avancer que la radio R.I.G., avant d'être un média, est bel et bien une association de loi 19018, avec tout ce que cela implique. Nous avançons ensuite que la question de la communication est souvent considérée par les radios associatives comme une gabegie, celles-ci jugeant, en leur qualité de média, qu'elles n'en n'ont pas l'utilité. Enfin nous émettons l'hypothèse que pour le cas de la communication de la radio R.I.G., le problème n'est pas tant celui du manque de ressources financières que celui du déficit d'image.

Pour étudier cette problématique et infirmer ou confirmer ces hypothèses, la méthode suivante a été choisie. Elle consiste d'une part en une recherche bibliographique sur le thème, la lecture d'articles de presse, ainsi que la consultation d'articles de loi et la lecture d'ouvrages. D'autre part, cette recherche s'est couplée à un entretien semi-directif de deux heures trente avec Pascal Corpart, responsable de la communication de la radio R.I.G.9 . Afin d'être exhaustif sur le sujet traité, il a été envisagé de mener un entretien auprès d'une radio dite commerciale, afin d'avoir deux sons de cloche sur un même thème. Une possibilité finalement écartée de part les réticences rencontrées auprès des responsables de communication de ces radios.

L'élaboration de ce mémoire s'est donc principalement axée autour de recherches bibliographiques, de la lecture d'ouvrages et de l'entretien mené auprès de Pascal Corpart, et d'une réflexion permanente à tous les stades d'élaboration de ce travail.

Ce mémoire se divise en trois parties qui constituent autant de chapitres. La première consiste en la présentation de l'environnement et du mode de fonctionnement des radios associatives : le contexte de notre étude. La deuxième partie est quant à elle axée sur le cas particulier de la radio R.I.G. . Enfin la troisième et dernière partie est une réflexion pragmatique sur la question de la communication des radios associatives, en gardant en mémoire leurs modes de fonctionnement et l'exemple de la radio R.I.G. .

8 cf. annexes

9 cf. annexes

CHAPITRE PREMIER : LES RADIOS ASSOCIATIVES,

TOUTE UNE HISTOIRE

Notre sujet d'étude fait intervenir l'environnement et le mode de fonctionnement des radios associatives, afin de mieux comprendre leurs façons de communiquer. C'est ainsi qu'un historique de celles-ci nous a semblé pertinent.

I/ UN CHEMIN SEMÉ D'EMBÛCHES

A/ La naissance de l'O.R.T.F.

C'est en décembre 1921, sous l'impulsion de Gustave Ferrié10, que la France connaîtra sa première émission de radio, d'une durée d'une demi-heure et diffusée depuis la Tour Eiffel. Parallèlement à ce premier coup d'éclat se créera l'année suivante en Angleterre la B.B.C.11, qui gardera un statut de monopole jusqu'en 1955. 1923 voit la création en France de deux radios que sont Radio Paris et Paris P.T.T.12, cette dernière donnant d'ailleurs naissance à de nombreuses petites stations régionales. La même année est voté le monopole d'État de la diffusion et de la réception radiophonique, tout en laissant la possibilité à la création de stations privées. À noter d'ailleurs que les deux radios précédemment citées étaient des radios étatiques. Il faudra attendre 1931 pour voir émerger la première « grande » radio privée, incarnée par Radio Luxembourg, plus connue aujourd'hui sous le nom de R.T.L.13 .

Nous en parlions plus haut, la radiodiffusion est devenue étatique en France dès 1923. 1939 verra ainsi la création de la R.N.F.14, qui vient suppléer une gestion jusqu'à lors placée sous la tutelle du ministère des P.T.T., et qui portera le nom de R.D.F.15 en 1944.

« Guerre des ondes » aidant, une ordonnance sera promulguée en 1945, scellant ainsi le sort des stations privées. La « guerre des ondes » a marqué une scission importante en France. Une division non pas médiatique mais bel et bien idéologique, puisque s'opposaient en France les partisans de la résistance, qui écoutaient la B.B.C. et sa célèbre émission « Les français parlent aux français », et les autres, plus nombreux, l'oreille rivée sur Radio Paris. C'est donc à partir de 1945 que la R.D.F. assurera le monopole étatique de la radiodiffusion en France, relayée par la R.T.F.16 avec l'avènement de la télévision, puis l'O.R.T.F.17 en 1964.

10 Savant, pionnier de la radiodiffusion (1868 - 1932)

11 British Broadcasting Corporation

12 Postes, Télégraphes et Téléphones

13 Radio Télévision Luxembourg

14 Radiodiffusion de la Nation Française

15 Radiodiffusion Française

16 Radiodiffusion - Télévision Française

17 Office de la Radiodiffusion - Télévision Française

B/ Un monopole d'État contesté, un changement de mentalités avéré

L'année 1975 sera synonyme de l'apparition de Radio France - dont le siège est la très connue Maison de la Radio, à Paris - suite au démantèlement l'année précédente de l'O.R.T.F. . À l'issu de cette disparition, provoquée par le Premier Ministre de l'époque Jacques Chirac, s'en suit une réorganisation de la radiodiffusion et de la télévision française. C'est ainsi que sept sociétés naissent : la première chaîne, Antenne 2, F.R.3.18, T.D.F.19, l'I.N.A.20, Radio France donc, et la S.F.P.21 . Ces sept sociétés sont placées sous l'égide du Premier Ministre.

C'est en 1981, avec l'élection à la présidence de la République Française de François Mitterrand22, et ce que l'on a appelé la « vague rose » des législatives que l'Assemblée Nationale promulgue la loi sur les radios libres. Mais déjà avant cette période les « radios libres », appelées alors « radios pirates », proliféraient un peu partout sur le territoire.

En 1977, les radios libres émettaient déjà clandestinement en France. Quand leur nombre n'était pas élevé et que leurs émetteurs ne gênaient en rien les autres radios, elles étaient plus ou moins tolérées.

Le mouvement des radios privées était-il dû à un changement de mentalité ou à la contestation du monopole ?

Les radios pirates ne sont pas nées en 1977, quelques-unes existaient avant, comme Radio Lille Campus depuis 1969, ou Radio Active à Lyon qui luttait en 1976 contre la construction de la centrale nucléaire de Creys Malville. Leurs puissances d'émission étaient ridiculement faibles et elles occupaient des fréquences laissées libres.

Dans les dernières années de la décennie 70, il devient de plus en plus abordable d'acheter un émetteur Hertzien. Les disques vinyles deviennent des produits de grande consommation : les adolescents et les jeunes adultes s'intéressent d'avantage à l'écoute de la musique. Le prix des électrophones stéréos est moins élevé que dans les années 60. Les récepteurs radios sont plus petits et peuvent être transportés. La radio commence alors à entrer comme fond sonore dans la vie professionnelle. Il n'est plus question d'écouter religieusement le poste familial.

18 France Régions 3

19 Télédiffusion de France

20 Institut National de l'Audiovisuel

21 Société Française de Production

22 Homme politique français (1916 - 1996)

23 cf. annexes

24 Homme politique français (1946 - ?)

C/ La « riposte » de l'État

Dans le même temps, les radios d'État voient leurs audiences baisser de part la présence des radios dites « périphériques » que sont R.T.L. ou Europe 1, qui émettent à partir de pays limitrophes. Leurs émissions sont conçues à partir des attentes de leurs publics. Les radios du groupe Radio France gardent cependant leurs fidèles : le confort d'écoute est agréable et la publicité absente. Cependant, le public demande de plus en plus de diversité.

Un coup médiatique a contribué à une prise de conscience par l'État de l'existence des radios pirates. Le 10 mars 1977, Brice Lalonde, candidat écologiste aux élections législatives, présente une vraie/fausse radio pirate au journal d'Antenne 2 : Radio Verte23. Ce n'était en fait qu'un simple récepteur qui recueillait le signal d'un mini-émetteur couplé à un magnétophone déclenché pour l'occasion. Des radios pirates commencent alors à apparaître dans toute la France pour exprimer des contestations politiques et sociales.

Ces radios naissent dans un but précis : Radio Verte Fessenheim, en Alsace, s'insurge contre la construction d'une centrale nucléaire pendant que Radio Fil Bleu, à Montpellier, dénonce le monopole d'État. Ce dernier songe à la possibilité de sanctionner les émissions irrégulières mais les pirates se multiplient du fait d'un certain vide juridique. Certains vont jusqu'à parasiter Radio France, parfois involontairement, à cause d'émetteurs trop puissants ou mal réglés.

Le nombre de radios pirates va augmenter crescendo : d'une vingtaine en février 1978, on en dénombrera plus de 70 à la fin de cette même année. C'est pourquoi la loi du 27 juin 1978 prévoit des sanctions en cas de non observation du monopole de diffusion : de 10 000 à 100 000 Francs (1 500 à 15 000 euros) d'amende et des peines de prison pouvant aller jusqu'à un an.

Radio Riposte émet le 28 juin 1978 depuis le siège du P.S. rue de Solferino. Elle diffuse un plaidoyer pour la liberté, enregistré quelques jours avant par François Mitterrand. La police arrive dès le début de l'émission. C'est ainsi que François Mitterrand, Laurent Fabius24 et quelques autres membres du P.S. sont inculpés pour infraction au monopole de radiodiffusion. Un comble... Cette arrestation a pour conséquence que les défenseurs des radios libres considèrent désormais François Mitterrand comme un des leurs.

L'État cherche de son côté à concurrencer les « radios libres » en créant des radios décentralisées dans certaines villes, et Radio 7 pour les jeunes.

Dès le début du mouvement des « radios pirates », trois grandes catégories de radios se dessinent : les radios sonos, les radios d'expression locale et les radios « super tract ». Les radios sonos se contentent de passer de la musique, souvent tirée de la discothèque du ou des animateurs. Ces derniers mettent les disques qui leur font plaisir.

Les radios d'expression locale permettent à des communautés de s'exprimer dans leurs patois et dialectes. La frontière avec la catégorie « super tract » est parfois floue quand la radio prône l'indépendance d'une région.

Les radios « super tract » sont en effet des radios de combat. Les luttes socialistes et communistes y sont bien représentées. Ces dernières peuvent également être féministes, à l'origine d'objecteurs de conscience ou défendre la cause des homosexuels.

D/ L'avènement des radios libres

1981 voit donc à l'issu de l'élection de François Mitterrand les « radios libres » n'être ni autorisées, ni interdites, mais seulement tolérées. En bref, elles sont issues des « radios pirates ».

Des intellectuels défendent les « radios libres », d'autres prônent la radio libre professionnelle et commerciale. Ainsi lorsque l'ancien directeur de Radio 7, Patrick Meyer, a pour projet de créer une radio professionnelle, il nomme sa station R.F.M.25 et établit grille et agencement de programmes, ce qui surprend dans le monde de la radio libre. Il envisage le recours à la publicité, ce qui lui vaut la mobilisation de cinq émetteurs T.D.F. pour brouiller sa station, avant même la loi du 9 novembre 1981 qui interdit les radios commerciales !

Cette loi ne concerne en effet que les radios locales associatives, les seules radios privées autorisées à émettre. Son décret d'application, qui n'entre en vigueur qu'en janvier 1982, ne supprime pas le monopole mais l'aménage. Elle énonce un ensemble de règles très strictes : il faut ainsi une dérogation au monopole pour émettre sur la bande F.M. de 87.5 à 104 MHz.

Cette autorisation révocable est délivrée dans un premier temps par le Premier Ministre de l'époque Pierre Mauroy26, puis par une commission27, et enfin par la Haute Autorité de l'Audiovisuel. Elle est réservée aux seules radios associatives dont la puissance de leurs émetteurs est inférieure à 500 Watts et dont la portée d'émission ne peut excéder 30 kilomètres.

Sur le plan financier, un associé ne peut apporter et contrôler plus de 25 % du capital investit dans une radio. De plus, les recettes publicitaires sont interdites (résultat de pressions exercées par le lobby de la presse écrite). Certaines n'appliquent pas cette directive. R.F.M. par exemple est brouillée officiellement en 1981 et 1982 pour avoir diffusé de la publicité.

La plupart des quelques 1 600 stations autorisées ne respectent pas la loi : leurs émetteurs sont trop puissants ou mal calés sur leurs fréquences. Malgré une subvention de l'État, prélevée sur les recettes de la publicité télévisuelle attribuée à chacune d'entre elles, un grand nombre se retrouve en difficulté financière. La publicité étant interdite, la recherche de financements relève du système D.

25 Récence, Fréquence, Montant

26 Homme politique français (1928 - ?) 27 Commission Holleaux

II/ DES RADIOS LIBRES AUX RADIOS ASSOCIATIVES

A/ À la croisée des chemins

L'année 1984 est marquée par des tensions au sein des partis politiques français. Des manifestations se produisent pour la défense de l'école libre, soutenue par les partis de droite. Le parti socialiste passe pour un parti liberticide, et l'introduction d'un certain libéralisme en matière de radio modère les ardeurs des plus libéraux.

Ainsi la publicité est autorisée par le biais d'une loi : la logique commerciale entre en jeu. Peut-on alors toujours parler de « radios libres » ?

Les radios locales privées peuvent désormais choisir entre deux statuts : garder une structure associative sans avoir recours à la publicité ou devenir commerciales. Celles qui conservent le statut associatif reçoivent une subvention d'État prélevée sur les recettes publicitaires. Cependant, il est touj ours possible de rester associative avec accès à la publicité, mais sans subvention d'État. D'autres peuvent devenir des sociétés commerciales et former un maillon de l'économie.

Les stations qui choisissent le statut associatif ont le droit, d'après la loi, à une subvention prélevée sur les recettes publicitaires de la télévision. Le problème est que cette subvention est accordée en théorie une fois par an, et n'est donc pas une pension. En réalité, les véritables radios associatives sont subventionnées par ailleurs, comme les « Radios Campus » par les universités.

Mais quel que soit le statut, il faut un émetteur limité à 500 Watts dans un rayon maximal de 30 kilomètres, une fréquence attribuée et au moins 80% de programmes spécifiques pendant le temps antenne. Un programme spécifique étant un programme réalisé par la radio elle-même.

Si plusieurs radios peuvent partager la même fréquence, une radio ne peut posséder qu'une seule fréquence. Les réseaux ne sont pas encore autorisés mais des radios comme N.R.J.28, Nostalgie ou R.F.M. se préparent à d'éventuelles prises de contrôle de petites structures associatives.

Suite à la possibilité de diffuser de la publicité, les projets de radios affluent sur les bureaux de la Haute Autorité. Cette dernière a touj ours du mal à faire face à cette pléthore de demandes de fréquences, sachant que la bande FM s'arrêtait à l'époque à 104 (les fréquences de 104 à 108 appartenant encore à l'armée).

Certaines stations choisissent de devenir ou redevenir des sociétés commerciales. R.F.M. par exemple abandonne sans regrets le statut associatif. Elle redevient une station purement professionnelle : elle diffuse ouvertement de la publicité. N.R.J. continue pour sa part à diffuser de la publicité, bénéficiant d'une relative impunité de la part du gouvernement de l'époque.

28 Outre l'allusion à « énergie », Nouvelle Radio Jeune

Les petites radios, de leur côté, refusent de se doter d'un agencement structuré de programmes et se sabordent la plupart du temps, ce qui libère quelques fréquences. Le public, lui, change, et veut des émissions plus régulières ainsi que plus de professionnalisme dans l'animation. Les radios qui n'ont pas de grilles précises n'ont donc pas grande audience.

Les radios professionnelles et commerciales recherchent la plus forte audience. Les annonceurs aiment se faire voir, mais en matière de radios ils veulent se faire entendre. C'est pourquoi les radios professionnelles commencent à adopter une programmation étudiée d'après ce que les auditeurs potentiels aiment entendre. Les « formats radios » commencent à se dessiner.

Ces radios cherchent à plaire à leurs publics, mais surtout aux éventuels annonceurs. L'audience n'est-elle pas la marchandise vendue aux annonceurs ? Les publicités ne concernent que l'auditorat visé. Ces concepts qui paraissent évidents dans une logique de communication ne l'étaient pas dans le monde de la radio privée de la première moitié des années 80. Ils entrent néanmoins rapidement dans les moeurs.

Il n'est pas obligatoire d'être une société pour pouvoir diffuser de la publicité sur les ondes. Certaines radios optent pour une structure associative, avec des bénévoles et un tout petit nombre de salariés, et diffusent des messages à caractère publicitaire. Elles sont généralement très locales : on y entend souvent les accents prononcés des animateurs, des bafouillages. Certains animateurs ont un parlé agréable et leurs émissions ont une programmation digne de stations professionnelles. Certaines d'entre elles quittent le statut associatif au bout de quelques mois.

Fin 1984, la Haute Autorité décide de suspendre 6 radios qui dépassent largement la puissance autorisée de leurs émetteurs : parmi elles, N.R.J. Son patron va alors faire preuve de vision en contactant un conseiller en communication qui lui organise une manifestation dans Paris pour entraîner les jeunes à soutenir « la plus belle des radios ». Des artistes de renom comme Dalida acceptent de parrainer l'événement et se retrouvent en tête du cortège . Laurent Fabius et le Président de la République interdisent la force publique et N.R.J. n'est finalement pas suspendue.

L'année 1986 entérine les évolutions des années précédentes en matière de radio. Pour la première fois un Président de gauche nomme un Premier Ministre de droite. Une nouvelle loi en matière de médias voit le jour : est-elle entièrement déterminée par le changement de majorité politique ?

L'année 1986 est marquée par l'élargissement de la bande F.M. de 104 à 108 MHz, mais aussi par le début de la formation de réseaux. La loi du 30 septembre 198629 dite « loi Léotard » a été rédigée par le nouveau gouvernement issu de l'alternance. Dans l'exposé des motivations nous pouvons lire « la liberté accordée aux exploitants opérant en situation concurrentielle est non seulement un gage de liberté, mais aussi d'efficacité et de compétitivité pour notre économie ».

29 cf. annexes

Une nouvelle instance est créée en remplacement d'une autre : la légitimité d'une autorité de régulation n'est pas remise en cause malgré la volonté de libérer les médias de toute tentative monopolistique. La C.N.C.L.30 remplace la Haute Autorité. En effet la Haute Autorité était vue comme un organisme incapable de gérer les attributions de fréquences. En réalité, cette commission poursuit le travail déjà entrepris avec un pouvoir plus vaste et des moyens plus importants. Elle délivre toujours les autorisations pour les radios, mais ne consulte plus T.D.F. comme le faisait l'instance précédente. Elle a le pouvoir de contrôler et sanctionner les stations en cas de dérapage. Elle impose un cahier des charges pour tout candidat à une fréquence et en cas d'acceptation du projet le valide et veille à son respect.

Le principe de monopole est abandonné, la publicité est reconnue comme nécessaire à la vie d'une radio non subventionnée. Le point le plus important étant que les réseaux sont autorisés, mais dans une certaine limite. La « loi Léotard » entérine un fait : des réseaux existaient avant, ils étaient illégaux, donc non contrôlés.

À cause de leurs difficultés financières, de nombreuses radios locales privées meurent ou se réunissent sous une bannière et deviennent ainsi un maillon d'un réseau. N.R.J. adapte ainsi le concept de franchises connu dans la grande distribution au monde de la FM. Certaines radios acceptent de prendre le label N.R.J. à cause de leurs difficultés financières. La station commerciale fournit l'émetteur si besoin est, et des moyens de mener des campagnes publicitaires. En échange, la radio change de nom et établit sa programmation en fonction d'une liste donnée par la tête de réseau.

Cette période a mis en exergue la suprématie des radios commerciales qui ne diffusaient pas de messages à caractère politique. Certaines radios ont créé leur réseau, qu'il soit national ou régional, d'autres ont préféré recentrer leur auditorat sur une ville ou une région. 1984 - 1986 montre une période où, hormis en cas de rupture d'autorisation de la part de la C.N.C.L., la plupart des radios qui cessent leurs émissions manquent de fonds. Seules quelques radios associatives fortement subventionnées gardent leur indépendance.

B/ Le fonctionnement des radios associatives

D'après le site du ministère de la culture et de la communication, le « F.S.E.R.31 est chargé de la gestion de l'aide publique aux radios locales associatives prévue par le décret 2006 - 1067 du 25 août 2006, pris pour l'application de l'article 80 de la loi n°86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication ».

« Les textes prévoient le versement d'une aide financée par une taxe assise sur les sommes payées par les annonceurs pour la diffusion, par voie de radiodiffusion ou de télévision, de leurs messages publicitaires. Cette aide est attribuée aux radios hertziennes éditées par une association et accomplissant une

30 Commission Nationale de la Communication et des Libertés

31 Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique

mission de communication sociale de proximité lorsque leurs ressources commerciales sont inférieures à 20 % de leur chiffre d'affaires total. Ces aides sont attribuées sur proposition d'une commission composée de 11 membres nommés pour 3 ans par arrêté du Ministre de la culture et de la communication : un président, membre du Conseil d'État, de la Cour des Comptes ou de la Cour de Cassation, quatre représentants de l'État (budget, affaires sociales, culture, communication), quatre représentants des radios associatives et deux représentants des régies publicitaires ».

Revenons sur cette notion de communication sociale. Une notion portée aux nues par les deux principales organisations gérant et fédérant les radios associatives qui le souhaitent que sont le C.N.R.A.32 et le S.N.R.L.33 . C'est en effet le mot d'ordre, issu de l'héritage historique des « radios libres », qui constitue la vocation des radios associatives. Toutefois selon Pascal Corpart, responsable de la communication au sein de la radio R.I.G., « la notion de communication sociale est en elle-même erronée ». Il avance tout d'abord que la communication est forcément sociale, et donc que cela est démagogiquement redondant. Ensuite, et pour parler plus précisément des missions d'une radio associative et touj ours selon Pascal Corpart, « ce n'est pas la communication qui est sociale mais les personnes qui utilisent le média, puisque ces derniers sont issus pour la plupart d'une minorité, quelle qu'elle soit ». C'est en cela que la communication est sociale. À noter que sur le plan régional aussi existe des réseaux fédérant les radios associatives, celui d'Aquitaine étant la F.A.R.L.34 .

La radio associative se doit, si elle souhaite obtenir des subventions (nous y reviendrons plus tard) de répondre à certaines exigences édictées par les deux organisations dont nous parlions plus haut, à savoir le C.N.R.A. et le S.N.R.L. . C'est ainsi que lui incombe des missions de communication sociale de proximité donc, entendue comme « le fait de favoriser les échanges entre les groupes sociaux et culturels, l'expression des différents courants socioculturels, le soutien au développement local, la protection de l'environnement ou la lutt e contre l'exclusion ». Cela doit évidemment se traduire dans les actions de la radio, notamment au travers d'un dossier d'activité qui doit être envoyé chaque année au F.S.E.R., ce dernier décidant ou non de ré-attribuer une subvention, fonction donc de la cohérence de l'action de la radio avec ses missions de départ. Toutes ces démarches sont donc étroitement liées les unes avec les autres, les organismes que sont le F.S.E.R., le C.N.R.A. ou le S.N.R.L. travaillant également de concert.

32 Conseil National des Radios Associatives

33 Syndicat National des Radios Libres

34 Fédération Aquitaine des Radios Libres

C/ Le financement des radios associatives

Le financement des radios associatives est donc essentiellement basé sur les subventions du F.S.E.R. . D'autres activités peuvent venir justifier des rentrées d'argent supplémentaires, tout en gardant à l'esprit qu'elles doivent également venir justifier, comme démontré précédemment, les missions que sont celles d'une radio associative. Ainsi si nous devions faire une analogie entre les radios dites commerciales et les radios associatives, nous dirions qu'il s'agit d'une recherche permanente de financements. Dans ce dessein la radio associative a plusieurs moyens pour y arriver.

a) La publicité

La particularité d'une radio associative réside dans le fait qu'elle ne diffuse pas ou peu de publicité, puisqu'elle n'a droit à cet outil qu'à hauteur de 20 % de son chiffre d'affaires annuel.

b) Les subventions

Parmi celles-ci, une radio associative peut recevoir de la part d'institutions comme le Conseil Régional, la D.R.D.J.S.35, plus communément appelée « Jeunesse et Sports » ou une municipalité des aides annuelles. La structure peut également recevoir des aides en nature. Néanmoins cela ne constitue pas le « gros » des subventions auxquelles une radio de catégorie A36 - en opposition aux radios de catégorie B37, C38, D39 et E40 - a droit. Nous l'évoquions plus haut, ces dernières peuvent faire une demande auprès du F.S.E.R., à condition de respecter les missions de communication sociale de proximité édictées. Le Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique est la principale source de revenus d'une radio de catégorie A. Il alloue une enveloppe pouvant aller jusqu'à 40 000 € chaque année. Le F.S.E.R. collecte cet argent auprès des radios de catégorie C ou D (commerciales) ainsi que des chaînes de télévision vivant de la publicité. Il y a possibilité d'obtenir de cet organisme 60 % de la somme initiale en plus de la première subvention, en fonction de l'activité de la radio et de son implication dans la vie locale et associative. Ces critères sont contrôlés à travers un dossier de presse et un dossier d'activité, qui comme leurs noms l'indiquent permettent de contrôler l'activité effective annuelle de la radio.

c) Les « contrats aidés »

Une radio de catégorie A peut prétendre à avoir des salariés. Seul problème, le coût que cela engendre : voilà pourquoi les radios associatives sont éligibles aux contrats dits « aidés », financés à hauteur de 55 à 80 % par l'État. Ces contrats sont donc un avantage, mais présentent aussi un inconvénient : en effet ces contrats sont à durée déterminée et ne sont pas renouvelables indéfiniment. Un turn-over important et incessant est donc constaté dans ces structures.

35 Direction Régionale et Départementale de la Jeunesse et des Sports

36 Radios éligibles au F.S.E.R.

37 Radios locales ou régionales commerciales non affiliées à un réseau national

38 Radios locales ou régionales commerciales affiliées à un réseau national

39 Radios diffusant le programme d'un réseau thématique national sans décrochage régional

40 Radios généralistes nationales autrefois appelées radios périphériques (Europe 1, R.M.C. , R.T.L.)

d) Les autres moyens de financement

Parmi les autres moyens de financement d'une radio associative nous retrouvons les traditionnelles cotisations de bénévoles, mais aussi les actions diligentées par la structure pour répondre à un besoin de communication sociale de proximité. Ainsi il n'est pas rare de voir, pour obtenir des financements mais aussi pour satisfaire à ses missions, une radio A mener des « ateliers radios » en direction de jeunes ou de minorités. Il n'est également pas rare de la voir participer à des événements ponctuels que peuvent représenter une manifestation culturelle, sportive ou associative.

Enfin en dernier lieu viennent les dons des auditeurs, qui garnissent une enveloppe souvent mince à la fin de l'année.

D/ Des radios associatives en danger

Tenant compte des considérations financières évoquées, nous pouvons affirmer, si ce n'est que les radios associatives sont en danger, sont pour le moins sur la corde raide. Car aux difficultés financières rencontrées s'ajoute l'incertitude dans laquelle baigne son avenir. C'est ainsi que nombre de pétitions et de mobilisations ont fleuri un peu partout pour le soutien des radios associatives.

La sphère politique, à travers le parti des « Verts », s'étant même émue de ce sujet41. Il faut, pour comprendre cette situation inextricable, rappeler que le Ministère de la Culture et de la Communication a récemment proposé une aide qui viendrait se substituer à celle attribuée par le F.S.E.R. . Le Ministère de la Culture qui a d'ailleurs été soutenu en ce sens par le Sénat42, qui dans le cadre d'une enquête sur le F.S.E.R. en arrive aux mêmes conclusions que le Ministère de tutelle. Seul problème : il s'agit d'une aide aléatoire et non plus « automatique », d'une part, et jugée purement et simplement liberticide d'autre part par les radios concernées.

Selon les propres termes employés par la commission du Sénat chargée du dossier, « les aides publiques devraient davantage s'orienter vers des aides à projets », sous-entendant la mort des aides provenant du F.S.E.R. Cela implique a priori un interventionnisme exacerbé de l'État dans la vie des radios associatives, autrefois appelées « radios libres ». En d'autres termes, les radios ne veulent pas d'une subvention qui ne dépende que d'un bon vouloir et de la cohérence d'avec une ligne éditoriale fixée arbitrairement. Autre point de discorde non négligeable : le plafond de 20 % de recettes publicitaires pouvant être rehaussé : ce serait jouer sur le terrain des radios « commerciales », puisque la taxe servant la distribution des subventions par le F.S.E.R. provient pour partie des recettes de ces radios.

Enfin sur un plan purement idéologique et toujours selon le point de vue des radios associatives, ces décisions pourraient remettre en cause leur liberté d'expression et leur pluralité d'actions. C'est ainsi, outre les articles et autres sites Internet qui ont fleuri à cette occasion, qu'un Collectif National43 s'est monté, 1 631 signatures ayant été collectées.

41 cf. annexes

42 cf. annexes 43 cf. annexes

III/ UN AVENIR EN QUESTION À L'HEURE DU NUMÉRIQUE

Nous l'avons évoqué, l'avenir des radios associatives est plus que jamais en sursis. Comment alors concilier stabilité financière et évolution vers une ère nouvelle ? C'est LA question du moment. Faut-il ou non pour les radios passer à l'heure du numérique ? Cette interrogation prend d'autant plus de poids lorsque l'on pense aux radios associatives.

Pour comprendre quels sont les enjeux de cette question, expliquons ce que le « numérique » changerait au quotidien. C'est d'ailleurs une des questions que nous avons posé à Pascal Corpart lors de notre entretien. À la question « Expliquez-nous en quoi le numérique met en danger les radios associatives ? », la réponse de ce dernier nous a pour le moins surpris. Il nous a en effet confié que ce n'est pas le numérique qui met en danger les radios associatives, mais la pression de la conformité qu'entraîne le numérique. En effet selon la loi, le passage au numérique ne sera obligatoire qu'à l'horizon 2020, ce qui en réalité n'est pas le cas. Nous nous en expliquerons, mais abordons en premier lieu la question du numérique en lui-même.

L'État a besoin de récupérer des fréquences Hertziennes analogiques, ce qui le pousse à imposer d'ici à 2020 un passage en Hertzien numérique, à l'instar de ce qui a pu se passer avec l'avènement de la T.N.T.44 récemment. Cela permet d'une part d'optimiser les canaux de diffusion, puisque plusieurs radios pourront émettre sur un même canal tout en gardant leurs fréquences respectives, et d'autre part le numérique ouvre de plus grandes perspectives en terme de capacités d'utilisation de l'outil radio. Il sera ainsi possible d'avoir les titres de chansons, d'émissions, la publicité qui s'afficheront sur le poste récepteur (numérique, donc).

Nous évoquions le fait que l'aboutissement du projet est fixé à 2020, mais qu'en réalité il est fort probable que le numérique dans la monde de la radio entre dans les moeurs bien plus tôt. En effet comment ne pas passer à l'ère du numérique quand les équipements le font ? Qu'adviendra-t-il quand les autoradios, les chaînes Hi-fi ou les télévisions seront équipés en numérique ? Un élément de réponse : que s'est-il passé dans les foyers français lorsque les lecteurs D.V.D.45 sont arrivés sur le marché ? Les magnétoscopes sont au fur et à mesure partis aux oubliettes. En sera-t-il de même pour les radios qui ne font pas le choix du numérique ? Voilà où est située la conformité.

À n'en pas douter les radios dites « commerciales » sont prêtes ou le seront sous peu, tandis que les associatives ont d'autres soucis à régler, nous l'avons vu. En d'autres termes, ce n'est pas dans les priorités de ces dernières de passer au numérique, alors que paradoxalement, elles n'auront, à terme, pas le choix. Car la radio fait aujourd'hui face aux T.I.C.46.C'est donc dans un souci d'adaptation que le numérique est une issue envisagée et envisageable pour le monde de la radio. Même si nous l'avons dit la question financière est le principal frein des radios associatives. Le Figaro et Libération y ont d'ailleurs consacré des sujets, à retrouver en annexes.

44 Télévision Numérique Terrestre

45 Digital Versatile Disc (Disque numérique polyvalent) 46 Technologies de l'Information et de la Communication

CHAPITRE DEUX : LE CAS DE LA RADIO ASSOCIATIVE GIRONDINE R.I.G.

C'est dans ce contexte incertain que nous avons décidé d'étudier le fonctionnement et la communication de la radio R.I.G. . Il était important de connaître le présent et l'avenir des radios en général et des radios associatives en particulier pour comprendre comment s'organise cette radio associative girondine.

I/ R.I.G., UNE RADIO DE COMMUNICATION SOCIALE

R.I.G. existe depuis 25 ans. C'est une pionnière dans le domaine des radios libres. Elle est implantée à Blanquefort, après avoir été à Bordeaux et Parempuyre, où est d'ailleurs actuellement situé son siège social.

C'est une radio associative donc, qui émet sur la fréquence 90.7 de la bande FM. Le bureau de l'association se compose de Geneviève Teyssier, présidente, d'Henri Larivet, vice-président, de Paulette Donève, secrétaire, et de Maïka Larivet, trésorière.

C'est une « Radio du Territoire et d'Education Populaire »47 qui se donne pour mission de contribuer au développement social, culturel et économique de sa zone, en prise avec la population, en partenariat avec les associations, les collectivités locales et les acteurs économiques.

La particularité de cette radio réside dans le fait qu'elle ne diffuse pas ou peu de publicité, alors qu'en tant que radio de catégorie A (radio associative), elle y a droit à hauteur de 20 % de son chiffre d'affaires annuel. Voilà donc un premier acte de communication fort, à l'endroit des auditeurs. Ces derniers, friands de programmes musicaux ou d'information, le sont moins en matière de coupures publicitaires. En revanche, c'est un réel manque à gagner. L'argent que la radio ne gagne pas grâce à la vente d'espaces, elle essaie de le collecter ailleurs.

A/ Les subventions

R.I.G. reçoit de la part d'institutions comme le Conseil Régional, « Jeunesse et Sports » ou la municipalité de Blanquefort des aides annuelles qui se chiffrent en milliers d'euros. Pour exemple, la mairie de Blanquefort verse à la structure une subvention de 1 000 €. La ville aide également R.I.G. en nature, en mettant à sa disposition un local à titre gracieux.

47 Agréée « Jeunesse et Sports » n°33-056-2006-004

B/ Les cotisations de bénévoles

La radio compte dans ses rangs une trentaine de bénévoles, dont la plupart ont leur émission. Pour pouvoir prétendre à devenir bénévoles, les animateurs paient une cotisation annuelle de l'ordre de 65 euros. C'est une autre forme de rentrée d'argent pour l'association.

C/ Les ateliers radio

Les ateliers radios représentent également une partie des revenus de la structure. Un atelier dit « permanent » est donc mené avec l'I.M.P.48 . Depuis plusieurs années, quatre jeunes viennent découvrir l'univers de la radio, ce qui leur permet dans leur cas de se désinhiber. L'histoire de cet atelier, c'est un jeune de l'I.M.P. qui l'a construite il y a 10 ans. Ce dernier passait ses journées l'oreille rivée à son poste de radio. Les éducateurs ont alors décidé de contacter la radio, pensant que cela permettrait d'épanouir ce jeune. Et ça a marché. Depuis, chaque année, un groupe d'élèves se rend un jour par semaine à la radio.

À côté de cet atelier permanent viennent s'en greffer d'autres, dirons-nous plus ponctuels, même si certains peuvent durer dans le temps :

· Les ateliers au lycée Montesquieu, qui ont débuté en septembre 2006.

· Les ateliers du lycée agricole de Blanquefort. En 2006 aussi, cinq jeunes, après avoir été formés aux différentes techniques radiophoniques (interviews, montages, préparation et présentation d'émissions) ont ainsi pu de manière autonome passer à l'antenne, deux mercredis par mois.

La radio intervient également auprès d'écoles et de centres de loisirs pour diversifier ses actions de formation et d'ateliers radio, et par la même occasion ses recherches de financements.

D/ Les contrats aidés

R.I.G. compte dans ses rangs quatre salariés, tous en contrats dits « aidés » , ce qui permet une plus grande souplesse dans la gestion des dépenses allouées aux salaires, puisque ces contrats sont financés entre 55 et 80 % par l'État.

· Pascal Corpart, responsable de l'antenne, de la programmation et des salariés, en Contrat Emploi Consolidé.

· Guillaume Durieux, chargé des parties culturelle et technique, en Contrat Emploi Consolidé.

· Benjamin Passebond, chargé de l'information locale et présentateur du journal, en Contrat Emploi Solidarité.

· Anne, également chargée de l'information, en Contrat Emploi Solidarité.

En revanche nous le disions plus haut, ce mode de fonctionnement condamne à moyen terme les salariés, dont les contrats sont à durée déterminée et pas renouvelables éternellement. Il est toutefois à signaler que la radio met tout en oeuvre pour pouvoir pérenniser ses salariés. Une démarche qui lui sera longue et coûteuse.

48 Institut Médico-pédagogique

E/ Le F.S.E.R.

49 Radio France International www.rfi.fr

50 Echanges et Productions Radiophoniques www.epra.fr

Le Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique est la principale source de revenus de la radio. Il alloue une enveloppe pouvant aller jusqu'à 40 000 € chaque année. C'est une somme qui est versée à toutes les radios associatives françaises qui en font la demande, et qui y sont nous l'avons évoqué précédemment éligibles. Le F. S.E.R. collecte cet argent auprès des radios de catégorie C ou D (commerciales). Il y a possibilité d'obtenir de cet organisme 60 % de la somme initiale (pour R.I.G., 60 % de 40 000 €), en fonction de l'activité de la radio et de son implication dans la vie locale et associative. Ces critères sont contrôlés à travers un dossier de presse et un dossier d'activité, qui comme leurs noms l'indiquent permettent de contrôler l'activité effective annuelle de la radio. Voilà donc un autre acte fort de communication, à l'endroit d'un organisme paritaire cette fois.

La radio participe ainsi à plusieurs manifestations pour se faire connaître. Une soirée a ainsi été organisée dans la discothèque « le Polux. ». R.I.G. participe également chaque année à la journée de la presse au Conseil Régional d'Aquitaine, où la radio accueille des lycéens sur son stand, sous forme d'un atelier radio. Dans la même veine, R.I.G. participe depuis sept ans au Festival des Lycéens.

Des événements plus récurrents et plus locaux comme le carnaval de Blanquefort, le festival « l'Échappée Belle » (faisant partie des « Scènes d'été en Gironde », organisées par le Conseil Général), les journées du Patrimoine, « Aquitec » ou le « Lacanau Pro » sont également des événements auxquels la radio prend part.

Nous aurons l'occasion de revenir sur quelques-unes de ces actions auxquelles la radio participe, quand nous aborderons la partie « communication » de R.I.G., notamment au travers d'un journal (en annexes) destiné aux partenaires institutionnels, et d'un site Internet destiné quant à lui aux auditeurs.

F/ Les partenaires de la radio

Dans les partenariats, outre la F.A.R.L., R.I.G. est également associée à R.F.I.49, qui distille les informations internationales et nationales, en complément du travail local déjà effectué par les salariés de la structure. L'E.P.R.A.50 fait également partie des partenaires. Le principe de l'E.P.R.A. est simple : ce créneau, qui appartient à R.F.I., est diffusé sur les radios associatives françaises qui en expriment le souhait et qui souscrivent à un abonnement payant. Durant une heure chaque jour de la semaine, ce créneau est réservé à des programmes réalisés par ces mêmes radios associatives. Les programmes ont pour thème l'intégration à travers la culture et la lutte contre toutes les formes de discrimination, par le biais de reportages et d'interviews. R.I.G. ne déroge pas à la règle et fournit ainsi régulièrement l'E.P.R.A. en émissions.

Voilà un autre exemple de la volonté de R.I.G. de diversifier ses champs d'intervention et sa recherche permanente de financements.

Les autres partenaires principaux de la radio sont CAP Fm51 et AQUI Fm, deux radios situées respectivement sur le bassin d'Arcachon et dans le Médoc. Ce partenariat permet notamment lors d'événements importants comme le Festival des Lycéens, le « Lacanau Pro » ou « Aquitec » de réunir les trois équipes salariées. Ce partenariat permet également de diffuser des émissions faites par l'une des trois radios sur les deux autres. À noter que ce partenariat a connu son paroxysme en décembre 2006, à l'occasion des « 25 ans des radios libres »52, pour lequel ces trois radios et celles de la FEDERA 3353 se sont investies.

Nous citerons également comme partenaires importants les différents services de la mairie de Blanquefort, qui facilitent la tâche à l'équipe journalistique en terme de distribution d'informations.

L'autre partenaire institutionnel d'envergure étant l'A.B.C.54, qui compte en son sein 131 associations. Des liens étroits sont entretenus avec cette structure, qui permet à la radio de travailler avec eux sur des événements particuliers, comme le carnaval, les vide-greniers, le forum des associations de la commune, ou les manifestations culturelles, très nombreuses.

II/ R.I.G., UNE COMMUNICATION VACILLANTE...

A/ La communication interne

Sans aller plus loin que chez elle, la communication interne de la radio R.I.G. est certainement LE point noir de l'organisation structurelle, de l'avis des salariés et des bénévoles. Et c'est justement parce qu'il n'y a pas de communication au sens strict du terme dans la structure que des problèmes en tout genre surviennent. La direction de R.I.G., qui emploie donc quatre salariés, est incapable d'assigner des missions précises à ces derniers. Il n'a en effet pas été rare que, dans le cadre d'un travail journalistique, deux voire trois personnes dans les cas extrêmes se retrouvent à réaliser la même tâche, indépendamment, parce qu'il n'y avait pas eu de communication verticale ou horizontale. Cela peut poser quelques difficultés en terme de crédibilité vis-à-vis de l'extérieur, ou de conflit en interne. Il arrive, par un jeu de pouvoir caractérisé, entre salariés jugés ayant certains privilèges et d'autres salariés se disant « exploités », que se produise une rétention d'information de la part de ces derniers, afin d'exercer un contre-pouvoir. Une situation qui amène à tout sauf à faire avancer les choses, bien au contraire.

Des situations de conflits permanents en résultent, non pas pour des problèmes relationnels entre les personnes, mais bel et bien pour des problèmes de communication.

51 www.capfm.fr

52 cf. annexes

53 Fédération Des Radios Associatives de la Gironde

54 Association Blanquefortaise Culturelle et Sportive

Un autre élément, non négligeable, est à prendre en compte : la désignation jugée injuste par les autres salariés et les bénévoles d'un salarié, fraîchement arrivé, au poste de coordinateur et de responsable de l'antenne. Un problème est donc assez rapidement apparu : manque de légitimité et de crédibilité (aucune expérience précédente dans le milieu de la radio pour ce salarié). Ce non-dit (discussion permanente des autres salariés à ce sujet) a donc été source de tensions supplémentaires : encore un problème de communication interne.

Ainsi selon Pascal Corpart, aucune personne au sein de la structure n'a le bagage en terme de diplôme ou d'expérience pour exercer des responsabilités en communication. Le fait d'ailleurs que la structure en question soit une association confirme cette vérité ; en effet, la radio dispose de moyens bien insuffisants à la création d'un poste « communication ». Pascal Corpart, responsable d'antenne et coordinateur de l'équipe salariée, s'est donc vu confier les responsabilités de la communication de la radio, même s'il avoue volontiers qu'il n'y a pas à proprement parler de communication interne de part le fait que la hiérarchie soit construite de manière pyramidale.

Nous parlions plus haut des tensions générées par des problèmes de communication entre les différents « services » de la radio que sont la direction, les salariés et les bénévoles. Pascal Corpart nous a confirmé durant notre entretien qu'une communication efficace ne pouvait se faire qu'avec un émetteur et un récepteur ; or c'est la réception du message qui porte préjudice au processus de communication. Car si les bénévoles et les salariés pensent que la communication interne de la radio n'est pas bien organisée, sans pour autant pointer du doigt quelque difficulté que ce soit, la direction elle pense que salariés et bénévoles ne perçoivent pas le message comme il devrait l'être, ou en tout cas l'interprètent à leur manière.

Ainsi les différents outils de la communication interne choisis par la direction sont autant de courriers, réunions et autres notes de service qui passent en général inaperçus aux yeux des salariés et bénévoles, soit par un manque d'implication de leur part, soit par un message jugé impertinent par ces derniers.

Pascal Corpart nous a donc confié sans sourciller les difficultés rencontrées par R.I.G. en terme de communication interne. Et lorsque nous avons évoqué les solutions envisagées afin de résoudre ce problème, ce dernier n'a pas incriminé les publics (salariés et bénévoles) ou les outils (notes de service, réunions...) mais la méthode choisie. Il a ainsi été souligné que les principales solutions à cette difficulté serait d'une part la manière d'impliquer davantage les publics, et d'autre part de trouver une identité commune aux différents publics, chacun tirant en effet la couverture à soi et mettant en avant ses propres intérêts avant ceux de la structure. Enfin, à l'instar de ce qui peut-être fait dans une entreprise lorsque des stages de cohésion (randonnées, jeux...) peuvent être organisés afin de souder les liens d'une équipe, la question de la communication événementielle a été soulevée, ce qui permettrait de faire travailler la radio toute entière sur un seul et même projet.

B/ La communication externe

Si la communication interne n'est a priori pas au point, la communication externe nécessite également d'être retravaillée. En effet quelle excuse trouver à un média qui ne communique pas sur ses propres actions ? Mainte et mainte fois la situation s'est présentée : la radio organise ou participe à un événement mais ne relaie pas pour autant sur son antenne ces informations. Résultat : pas ou peu de retours sur ces actions et une notoriété qui vacille d'années en années. Car si R.I.G. était la troisième radio la plus écoutée en Gironde il y a vingt ans, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et même si la radio a entrepris de plus communiquer à l'extérieur, nous l'avons vu au travers notamment de son site et du journal, il lui est difficile de pouvoir se concentrer sur l'extérieur quand les problèmes viennent pour tout ou partie de l'intérieur.

Lorsque la question de la communication externe a été évoquée, Pascal Corpart a d'office distingué deux types de cibles à cette communication : les institutions et les auditeurs. Concernant le premier point, il nous a été confié que les relations avec les institutions n'étaient pas permanentes : la communication ne se faisait qu'en fonction d'un besoin de l'un ou de l'autre protagoniste. Cette situation met en exergue les difficultés de R.I.G. à communiquer. Il a également été précisé qu'il fallait dans ces cas trouver le message qui a une chance d'avoir un retour de la part de l'institution à laquelle la radio s'adresse : cette façon de communiquer met en avant le manque de notoriété et de poids que peut avoir la radio lorsqu'elle communique. Et même si Pascal Corpart juge la notoriété auprès des institutions « bonne », il nous a été rapporté par les salariés qu'à l'occasion d'une interview avec le président du Conseil Régional d'Aquitaine55, ce dernier avait posé la question suivante au salarié qui l'interrogeait : « Qui êtes-vous ? R.I.G. ? Qu'est ce que c'est ? ». Il faut savoir pour comprendre l'ampleur de ce désaveu de notoriété que la radio couvre une grande partie des actions du Conseil Régional d'Aquitaine. Une réflexion qui peut laisser songeur...

Une réflexion qui laisse songeur d'autant qu'il faut prendre en compte le fait que la question de l'indépendance des radios associatives est limitée, de part le fait que ces dernières sont dépendantes financièrement des institutions, nous l'avons évoqué, par le biais des subventions.

Vis-à-vis des auditeurs cette fois, la situation actuelle est considérée comme « le point noir » de la communication externe de R.I.G., des dires mêmes de Pascal Corpart. Là encore, c'est un égoïsme latent entre les différents services qui dessert la structure. Car, nous l'avons dit, chaque bénévole a son émission, ce qui en porte le nombre à une trentaine. Et malgré l'éclectisme qui caractérise la programmation de R.I.G., certaines émissions ont beaucoup en commun, essentiellement le type de musique diffusé. Et paradoxalement, aucune promotion n'est faite entre ces différentes émissions. Autre difficulté : la rétention d'information dont nous parlions plus haut. Il n'est en effet pas rare pour la direction de devoir « batailler » avec ses bénévoles pour obtenir des informations sur les partenaires de l'émission d'un bénévole. Encore une fois, chacun tire la couverture à soi.

55 Alain Rousset

Si l'on ajoute à cela une notion de « fourre-tout » très mal perçue par les auditeurs et on obtient une communication externe plus que vacillante. En effet, si le fait d'avoir une émission pour chaque public constitue une force pour R.I.G., c'est incontestablement une faiblesse aussi. En effet comment savoir à qui l'on s'adresse si le public est trop large ? Comment rendre un message efficace ? Des questions auxquelles ont répondu depuis longtemps les radios « commerciales », avec le succès que l'on connaît.

Et si la radio juge que ses valeurs de structure associative et son manque d'argent ne l'autorise pas à réaliser des enquêtes d'audiences, il n'en est pas moins pour autant évident que le problème de la communication externe se pose d'abord comme un problème de notoriété et d'image. C'est ainsi que Pascal Corpart nous a confié qu'avec un mode de consommation de la radio qui a évolué, R.I.G. devrait elle aussi le faire et définir en premier lieu son image, et donc ses publics.

La communication, dans son sens le plus large, n'est donc pas perçue comme elle devrait l'être par R.I.G. . Ainsi nous avons ciblé deux outils de communication de la radio.

C/ Le journal : R.I.G. Connexion

La radio se posait et se pose toujours la question du développement de sa communication. C'est ainsi que cette dernière se décline pour le moment au travers de deux outils, le site Internet www.rigfm.fr et le journal R.I.G. Connexion56. Commençons par ce dernier. Evidemment couvrir d'autres événements que ceux déjà couverts permettrait à R.I.G. d'être plus connue, mais la solution qui a été évoquée est toute autre : en l'occurrence un journal quatre pages.

Ce sur quoi R.I.G. souhaitait communiquer, comme précisé précédemment, nécessitait quatre pages. Une simple plaquette d'information n'aurait physiquement pas suffit. Il est ici important de distinguer ce type d'outil de communication par rapport à un autre (événementiel, site Internet, relations publiques...). Cette communication précise s'adresse en effet aux partenaires institutionnels. Voilà pourquoi le choix s'est porté sur un journal, dont un ton sobre a été privilégié. À l'instar du S.M.E.57 dans la communication environnementale, la communication envers ces publics est indispensable, nous l'avons notamment vu lorsque nous avons évoqué les recherches de ressources financières de la structure.

Une fois le choix porté sur le support papier et défini un ton adapté à la cible (institutions et structures associatives), le plus dur à imaginer a été le nom que porterait le journal : le choix s'est finalement arrêté sur R.I.G. Connexion. Pourquoi ce nom ? Car ce journal est le vecteur de communication entre la radio et ses différents partenaires, qu'ils soient institutionnels ou associatifs.

56 cf. annexes

57 Système de Management Environnemental

58 cf. annexes

Il permet ainsi d'avoir un lien permanent avec tous les partenaires, et non plus au gré de l'actualité de la radio. Une mairie, une entité administrative (Conseil Général ou Régional) ou une association pourront plus facilement communiquer avec R.I.G. en ayant une présentation complète et régulière (trimestrielle) de la radio et de ses actions. Connexion donc entre R.I.G. et ses différents partenaires.

Prenons l'exemple des ateliers radio : un dossier leur est consacré dans le numéro zéro du journal. Ce journal dans les mains d'une mairie désireuse de développer l'activité de ses centres de loisirs ouvrira de plus grandes perspectives en terme de notoriété, et de popularité dans un second temps.

Autre exemple, celui des manifestations auxquelles la radio participe. Un journal informatif comme celui-là dans une manifestation comme « Aquitec » permettra au public d'en savoir plus sur une radio qu'ils ne connaissent pas forcément. Cette communication, et donc ce journal, même si destinés en grande partie aux institutionnels et associatifs, permettent de toucher un public plus large que la cible désignée.

Mais les questions financières ne sont pas à oublier : choix délibéré de la radio, ce journal n'a pas dépassé le numéro zéro. La raison invoquée est celle du coût de la réalisation de ce journal. Un choix stratégique surprenant, lorsque l'on sait que nous l'avons pensé et réalisé dans un cadre universitaire, lorsque nous faisions partie de l'effectif de la radio. Autrement dit, il s'agissait d'un échange de bons procédés, à moindre coût, seule la phase d'impression générant des frais.

D/ Le site Internet : www.rigfm.fr

Le site Internet de la radio58 est quant à lui plus ancien. Il répond à un besoin de R.I.G. de communiquer auprès de ses auditeurs, public très hétéroclite. En effet le public est aussi large qu'il y a d'émissions sur l'antenne. Ces dernières s'adressent en effet, par exemple, autant aux amateurs de musiques électroniques que d'accordéon, en passant par la Soul ou les musiques portugaise, espagnole ou des îles. Difficile dans ces conditions de trouver une ligne de conduite et de s'y tenir. Difficile également pour l'auditeur de s'y retrouver. Le site Internet est ainsi le parfait reflet de ces difficultés. Si ce dernier a un style plutôt « jeune », la charte graphique correspondant plus aux attentes de ce public (couleurs, design), il met de côté de fait les autres publics, et notamment celui des personnes âgées, auprès duquel la communication est délaissée mais qui représente pourtant une masse non négligeable des auditeurs. En effet si au départ ce public n'est pas ou peu éduqué aux nouvelles technologies, comment pourrait-il être touché par quelque message que ce soit sur Internet ? Il y a donc ici un vrai déficit de communication auprès d'un public pourtant conséquent.

III/ ...MAIS DES SOLUTIONS ENVISAGÉES

Malgré ses difficultés, dont elle est consciente pour la plupart, la radio sait prendre du recul et voir les choses de manière pragmatique. C'est ainsi que lorsque la question de la communication de crise a été évoquée durant l'entretien avec Pascal Corpart, il nous a semblé évident que R.I.G. ne se complaisait pas dans sa situation actuelle et était en recherche permanente de solutions.

Ainsi à la question « Avez-vous un plan de communication prévu en cas de crise ? », la réponse a été cinglante : « Nous sommes en permanence en alerte ». Certainement dû à un mauvais souvenir...

Nous avons parlé précédemment d'une radio partenaire de R.I.G. : AQUI Fm. Ces deux structures travaillent en étroite collaboration, ce qui permet de mettre en commun les compétences des salariés lors de manifestations importantes. Un problème de communication interne est à l'origine d'un conflit59 qui n'aura pas été géré par une communication de crise adaptée. Un des articles trouvés sur Internet relatant la situation est en annexes. La crise se résume au fait que les salariés de l 'époque, agacés de ne pas voir venir d'éléments rassurants quant à l'avenir de la radio, se sont mis en grève.

Pour information, la crise a été gérée, de l'aveu des salariés et bénévoles de R.I.G., de manière à ne laisser aucune chance aux salariés désignés dans l'article : la radio AQUI Fm a renvoyé ces derniers, sans pour autant les remplacer immédiatement. L'avenir de la radio, objet de grève des licenciés, est finalement plus incertain qu'au départ du conflit, alors que la fréquence de la radio a finalement été renouvelée...

Ainsi R.I.G. aura-t-elle appris, non pas à ses dépends mais à ceux de AQUI Fm, qu'une communication de crise n'était pas un jouet ou une futilité, mais bel et bien un outil indispensable de la communication moderne.

L'article « La perception du risque dans la société de la peur60 », même s'il traite des risques dans le tourisme et les loisirs, cristallise bien le climat de cette radio qui a amené à ces conséquences. Ainsi une citation tirée de cet article résume bien ce à quoi la crise fait appel : « l'angoisse est le contraste entre imagination et réalité 61».

Cette expérience aura donc permis une chose : faire prendre conscience à R.I.G. qu'une crise est vite arrivée, et qu'il est indispensable de la prévoir et d'y faire face non pas dans l'urgence mais de manière rationnelle. Pascal Corpart nous a ainsi confié que la création d'une équipe de communication était à l'étude, afin de pourquoi pas faire d'une pierre deux coups : d'une part envisager sérieusement les questions de communication, et d'autre part en faire le projet commun et fédérateur qui permettrait à toutes les équipes (direction, salariés, bénévoles) de travailler ensemble sur un projet de grande envergure.

59 cf. annexes

60 cf. annexes Cahiers Espaces n° 85, Didier Heiderich, 6 pages 61 Paul Diel, « La peur et l'angoisse », éditions Payot, 1985

Cela permettrait ainsi de résoudre tout ou partie des problèmes de communication interne.

Un service « communication » est donc prévu à l'avenir, en tant que service intégré, puisque faire appel à une agence pour toute opération de communication relève de l'improbable dans le cas de R.I.G., par manque de moyens. Un service intégré qui pourrait ainsi réfléchir et travailler sur les questions de communication permanente et sur les questions de communication ponctuelle. En effet Pascal Corpart nous a confié que désormais une communication efficace passera par l'information des publics de la radio, aussi bien en interne qu'en externe. Les outils qui ont été évoqués durant l'entretien sont différentes manifestations auxquelles R.I.G. prendrait part, ainsi que l'utilisation du formidable outil que peut-être l'antenne.

En revanche à la question : « Pensez-vous que les dossiers de presse et d'activité envoyés chaque année au F.S.E.R. constituent des actions de communication ? », Pascal Corpart nous a répondu par la négative. Il soutient en effet que ces derniers représentent plus une action informative que de communication. Il insiste néanmoins sur le fait que ces outils peuvent à l'avenir servir de base pour exposer les actions futures de la radio à ses différents partenaires. Il s'agirait ainsi non plus de réaliser des dossiers « bilan » mais des dossiers « prospectives ».

Pour en finir avec les éléments de réponse qui nous ont été rapportés à travers notre entretien, il est important de noter que Pascal Corpart considère que dans le monde des radios associatives, l'argent n'est pas « le nerf de la guerre ». Il s'en explique parfaitement en précisant qu'une idée prévaut sur des ressources. Il ajoute que malgré toutes les analogies que l'on peut faire entre cet environnement et d'autres, les radios associatives sont bel et bien uniques dans leur fonctionnement, et donc qu'il serait maladroit de dire que dans ce cas précis l'argent prévaut sur les idées. Il appuie d'ailleurs cette hypothèse par un des slogans qui passe sur l'antenne : « R.I.G., on a pas des millions mais on a des idées... ».

Parmi ces idées, le responsable de la communication de R.I.G. insinue qu'à l'avenir, sa radio n'utilisera pas ou peu la communication « coup de poing » qu'a pu utiliser N.R.J. à son époque : il justifie ce choix par le fait que ce genre d'initiatives, au jour d'aujourd'hui, seraient mal perçues par l'opinion publique et par les institutions partenaires de la radio.

CHAPITRE TROIS : UN FONCTIONNEMENT, UNE COMMUNICATION ET UN AVENIR DÉPENDANTS

C'est dans ce chapitre que nous allons, à travers le travail effectué dans les deux précédents, confirmer ou infirmer les hypothèses émises et développées. Pour les radios associatives aussi, l'argent est-il « le nerf de la guerre ? ». C'est à cette question que nous allons tenter de répondre.

I/ UN FONCTIONNEMENT DÉPENDANT

Nous avons étudié le fonctionnement financier des radios associatives en général, et de la radio girondine R.I.G. en particulier. Cela nous permet donc de savoir qu'en plusieurs points ses actions sont soumises à un fonctionnement financier instable.

Nous avons parlé du fait que la communication de la radio R.I.G. était pour le moins vacillante. Et pour cause, au-delà du fait qu'elle ne soit pas ou peu organisée et prise au sérieux comme étant une véritable opportunité, elle est soumise au fonctionnement financier de la structure. Car c'est là que le bât blesse : comment R.I.G., qui a suffisamment de ressources pour survivre pourrait-elle dépenser de l'argent pour une notion si éloignée de la réalité du terrain ? En effet si au quotidien les questions financières prennent le pas sur les actions, il lui est difficile d'envisager autre chose que de ne pas perdre de temps et d'argent dans un budget « communication ». Comment conserver les subventions, comment payer les salariés, comment diversifier ses actions pour avoir de meilleurs moyens, comment remplacer un matériel défectueux ou obsolète, comment trouver des annonceurs intéressés par de l'achat d'espace sur ses ondes, sans toutefois dépasser le seuil de 20 % du chiffre d'affaires annuel fixée par le F.S.E.R., autant de questions qui régissent la vie au quotidien de la structure.

Mais il serait négligent de notre part de ne pas prendre en compte toutes les difficultés d'une radio associative à s'affranchir du dogme financier pour exister.

En effet, outre toutes les recommandations possibles et imaginables qui peuvent être faites, reste un problème idéologique, et de taille. Comment peut-on considérer une radio associative, et a fortiori R.I.G. comme indépendante de ses actions et de sa ligne éditoriale si son existence même est soumise à un système qui fait que la dépendance est inéluctable ? Nous parlions plus haut du mode d'attribution des subventions. Comment considérer R.I.G. indépendante lorsque tout ou partie de son budget provient du F.S.E.R., qui lui-même édicte des règles de fonctionnement strictes, correspondant à la notion de communication sociale de proximité ?

Il serait naïf de penser que malgré ces contraintes, la radio garde une totale indépendance de penser et d'agir.

La radio associative se doit de répondre, si elle souhaite obtenir des subventions, à certaines exigences édictées par les deux organisations dont nous parlions plus haut, à savoir le C.N.R.A. et le S.N.R.L. . C'est ainsi que lui incombe des missions de communication sociale de proximité donc, entendue comme « le fait de favoriser les échanges entre les groupes sociaux et culturels, l'expression des différents courants socioculturels, le soutien au développement local, la protection de l'environnement ou la lutte contre l'exclusion ». Cela doit évidemment se traduire dans les actions de la radio, notamment au travers d'un dossier d'activité qui doit être envoyé chaque année au F.S.E.R., ce dernier décidant ou non de ré-attribuer une subvention, fonction donc de la cohérence de l'action de la radio avec ses missions de départ. Toutes ces démarches sont donc étroitement liées les unes avec les autres, les organismes que sont le F.S.E.R., le C.N.R.A. ou le S.N.R.L. travaillant également de concert.

Voilà donc une limitation dans la liberté d'action, pour ne pas parler abusivement de liberté d'expression, qui confirme donc le fait que les radios associatives sont dépendantes financièrement, en tout cas en ce qui concerne ses actions, ou pour être plus précis ses missions. On comprend donc aisément pourquoi la radio R.I.G. ne concentre pas d'efforts particuliers à autre chose qu'à sa survie, au jour le jour. Et comme si cela n'était pas suffisant, récemment l'avenir des radios associatives s'est assombri un peu plus lorsque le Ministère de la Culture et de la Communication a récemment proposé une aide qui viendrait se substituer à celle attribuée par le F.S.E.R. . Le Ministère de la Culture qui a d'ailleurs été soutenu en ce sens par le Sénat, qui dans le cadre d'une enquête sur le F.S.E.R. en arrive aux mêmes conclusions que le Ministère de tutelle. Seul problème : il s'agit d'une aide aléatoire et non plus « automatique », d'une part, et jugée purement et simplement liberticide d'autre part par les radios concernées.

Selon les propres termes employés par la commission du Sénat chargée du dossier, « les aides publiques devraient davantage s'orienter vers des aides à projets », sous-entendant la mort des aides provenant du F.S.E.R. . Cela implique a priori un interventionnisme exacerbé de l'État dans la vie des radios associatives, autrefois appelées « radios libres ». En d'autres termes, les radios ne veulent pas d'une subvention qui ne dépende que d'un bon vouloir et de la cohérence d'avec une ligne éditoriale fixée arbitrairement. Autre point de discorde non négligeable : le plafond de 20 % de recettes publicitaires pouvant être rehaussé : ce serait jouer sur le terrain des radios « commerciales », puisque la taxe servant la distribution des subventions par le F.S.E.R. provient pour partie des recettes de ces radios.

Enfin sur un plan purement idéologique et toujours selon le point de vue des radios associatives, ces décisions pourraient remettre en cause leur liberté d'expression et leur pluralité d'actions. C'est ainsi, outre les articles et autres sites Internet qui ont fleuri à cette occasion, qu'un Collectif National s'est monté, 1 631 signatures ayant été collectées.

Et c'est là que notre travail devient intéressant. C'est à ce moment qu'il est important de faire prendre conscience à la radio que toutes ces questions peuvent trouver une solution dans l'utilisation à bon escient de la communication.

II/ UNE COMMUNICATION DÉPENDANTE

Une fois la dépendance financière démontrée et avérée, il est facile de comprendre que toutes les actions entreprises, y compris celles afférantes à la communication, sont soumises à une forte dépendance pécuniaire.

Car si, et nous l'avons bien vu en étudiant les radios associatives et en prenant en compte les arguments de Pascal Corpart, la communication est un outil indispensable, comment l'utiliser à bon escient ?

Dans une démarche idéale, il faudrait en premier lieu pour la radio R.I.G. identifier ses publics avant d'envisager quelque action de communication que ce soit. Et là encore, plus facile à dire qu'à faire. Car pour identifier ses publics, il faut que la radio considère à sa juste valeur la communication. Or nous l'avons démontré c'est chose peu aisée, les contraintes de fonctionnement l'empêchant de penser à autre chose qu'à sa survie. C'est une sorte de cercle vicieux dans lequel est prise la radio, et duquel il n'est pas aisé de s'en sortir, sans un minimum de perspective.

Partons néanmoins du postulat que la radio entreprend la démarche de cibler ses publics. Nous pourrions parler parmi ceux-ci des « partenaires de vie » que peuvent être le F.S.E.R., le S.N.R.L., le C.N.R.A., « Jeunesse et Sports » ou bien encore la F.A.R.L. . Nous pourrions également identifier les institutions que sont le Conseil Régional, le Conseil Général ou les mairies. Autre public, celui des annonceurs, qui peut à terme pourvoir à 20 % du chiffre d'affaires total annuel de la radio, proportion de laquelle cette dernière est bien loin. Ces trois « partenaires privilégiés » ne sont ni plus ni moins que ceux qui assurent directement la survie de la structure.

Les auditeurs sont également un public de choix, qu'il ne faut pas négliger, loin s'en faut. Or R.I.G. aurait tendance à penser ses auditeurs comme des partenaires acquis et non pas à conquérir. Enfin le dernier public que nous pourrions identifier serait celui des « partenaires du quotidien » que sont les services de communication des organismes (mairies, centres culturels, associations...) avec lesquels la radio est susceptible de travailler. Ces deux derniers publics sont totalement différents des trois autres, dans le sens où ici il s'agit d'être identifié en tant que média et non pas en tant qu'association en demande de financement comme cela peut être le cas avec donc les trois premiers publics cités.

Voilà donc un travail très intéressant à faire en profondeur par R.I.G. si cette dernière veut entreprendre quelque action de communication que ce soit. Si tant est que son mode de fonctionnement et une réelle volonté le lui permettent.

Cette démarche effectuée, les publics de la radio se transformeront en cibles, qu'il est plus aisé d'atteindre puisque définies.

Avant d'envisager quels sont les outils que la radio va utiliser pour communiquer, d'autres étapes primordiales se dres sent sur sa route. Il lui faut définir les objectifs qu'elle vise lorsqu'elle entreprendra de communiquer.

Ainsi dans le cas de R.I.G. les objectifs sont au moins au nombre de cinq, eu égard au nombre de publics qu'elle aura ciblés.

Une étude des moyens que la radio est prête à mettre en oeuvre est également indispensable : les moyens humains (qui s'occupera de quoi lors de la phase de réflexion sur la question de la communication, puis qui s'occupera de quoi lorsque les actions auront été définies), les moyens financiers (quel budget sera alloué aux différentes actions de communication) et les moyens matériels (de quoi la radio aura-t-elle besoin pour arriver à ses fins).

Et voilà autre chose qu'il nous aura été donné d'apprendre à l'occasion de travaux pratiques effectués lors de notre formation : si cela n'a l'air de rien, une des phases les plus critiques et importantes en terme de communication est la veille. Il est indispensable à la radio de connaître l'environnement de la cible à laquelle elle s'adresse. Faute de quoi, c'est du temps et donc de l'argent qui pourraient être jetés par les fenêtres.

Ce n'est qu'une fois que ce travail de longue haleine aura été effectué que la ou les stratégies d'actions pourront être définies, en même temps que le canal de communication et que la manière de formuler le message.

En d'autres termes, il serait suicidaire de choisir arbitrairement un canal de communication plutôt qu'un autre. Et sans aller aussi loin, ce ne serait pas professionnel.

Ainsi nous pouvons aborder les outils de communication qui pourraient servir R.I.G. pour communiquer avec ses cibles.

Nous avons vu que la communication auprès des « partenaires de vie » était un passage obligé que la radio empruntait. Il s'agit ici d'un public déjà ciblé de longue date par la radio, par la force des choses. En effet il lui est obligatoire de communiquer sur ses actions, chaque année, afin de continuer à prétendre aux subventions qui lui sont versées. Cette obligation est valable il va sans dire pour le F.S.E.R., le S.N.R.L., le C.N.R.A., la F.A.R.L. et « Jeunesse et Sports », puisque c'est à travers les dossiers de presse et d'activité qui sont réalisés chaque année par la radio que la pertinence de l'action de R.I.G. est jugée.

En ce qui concerne les autres « partenaires de vie » que sont le Conseil Régional, le Conseil Général et les mairies, la donne est quelque peu différente. Il incombe en effet à la radio de communiquer, toutefois les enjeux financiers dans ces cas précis sont moindres, même si ces organismes participent au budget de la radio.

Pour pouvoir améliorer sa façon de communiquer auprès de ces cibles, la radio, à travers ce qu'a pu nous confier Pascal Corpart, envisage une méthode différente de ce qui a pu se faire jusqu'alors. En effet outre les dossiers « bilan » qui sont envoyés comme justificatifs chaque année, et en s'inscrivant dans ce qui pourrait être une réforme en profondeur de la méthode d'attribution des subventions, nous l'avons vu, la radio envisage de joindre à ses justificatifs des dossiers « prospectives », qui laisseraient entrevoir quelles pourraient être les actions de la radio dans un avenir proche, tout en gardant à l'esprit la cohérence d'avec les règles édictées que constitue la communication sociale de proximité.

En ce qui concerne le public des annonceurs à présent, nous pouvons parler sans crainte de galvauder ce mot de véritable chantier. En effet, si, pour rappel, une radio de catégorie A à droit à 20 % de recettes publicitaires sur son chiffre d'affaires total annuel, R.I.G. est pour le moins néophyte dans ce domaine.

Cette dernière n'a en effet pas inscrit ce type de ressources dans sa philosophie. Néanmoins, contraintes du marché aidant, elle s'est rendue compte que cela devenait indispensable. C'est ainsi qu'elle a entrepris très récemment d'ouvrir son antenne à la publicité. Mais en tant que novice en la matière, il lui est difficile de se situer sur ce marché. Et c'est là que toute la phase d'analyse et de veille prend toute son ampleur. Car outre le fait qu'il lui faille se munir de compétences particulières à ce type d'exercice, c'est un véritable travail de fond qui l'attend. En effet, il s'agit ici de modifier les comportements : d'une radio « sympathique et associative », il lui faut passer vers une image de radio « professionnelle et qui ouvre son antenne à la publicité ». Autant dire que ce n'est pas une mince affaire, puisque ce changement de mentalité doit se faire d'une part auprès des auditeurs, pas habitués à entendre de la publicité sur R.I.G., mais aussi envers les annonceurs, qui n'ont forcément pas le réflexe de faire appel à cette radio pour acheter de l'espace.

Un large plan de communication est donc à prévoir pour ce faire, en utilisant par exemple des affiches à faire parvenir à d'éventuels annonceurs qui auraient été ciblés par une étude du marché et une veille, mais aussi en utilisant le plus bel outil qui soit pour une radio : son antenne, en faisant de l'autopromotion sur les services qu'elle propose. Autre outil qui pourrait être utile, le site Internet de R.I.G. . Si c'est actuellement le seul à être utilisé, il n'y a pas de retombées qui permettent de penser que ce dernier est efficace.

La communication auprès des auditeurs est elle un autre problème. Car si, a priori, les deux outils que sont l'antenne et le site Internet, qui lui servent de lien avec ses auditeurs, sont utilisés, ils ne le sont pas à bon escient. Certes, R.I.G. communique auprès de ses auditeurs avec les bons outils. Mais sans réflexion au préalable, c'est, et d'ailleurs prouvé au quotidien, inutile. Car que ce cache-t-il derrière ce gros mot qu'est les « auditeurs » ? Et là encore, c'est là que le bât blesse. Lorsque l'on demande à la radio quel public écoute R.I.G., la réponse est pour le moins évasive : « R.I.G. est une radio hétéroclite, qui essaie de faire plaisir à un maximum de personnes. Nous avons de la musique portugaise, des îles, de la Soul, des informations locales, de la Techno, du Jazz (...) ». Difficile dans ces conditions de savoir à qui s'adresse véritablement la radio en terme de programmation musicale et de type d'émissions. Et c'est un problème que les radios « commerciales » ont rapidement résolu, nous l'avons vu, en instaurant des « formatages radio ». En d'autres termes, faire un type de musique qui puisse plaire à un plus grand nombre, ou tout simplement choisir une ligne éditoriale et s'y tenir. Skyrock, pour ne pas la citer, a choisi depuis longtemps le créneau de la musique Rap et R&B.

Il faudrait donc à R.I.G., avant de choisir les outils de communication que sont son antenne ou son site Internet savoir à qui elle s'adresse.

Vient enfin le public des « partenaires du quotidien » que sont les associations, les mairies, les centres culturels et autres services de communication. Difficile pour eux de vouloir travailler avec R.I.G. s'ils ne sont pas au courant de son existence, ou tout du moins pas au courant des missions de la radio. Là encore, il s'agit d'un déficit de notoriété auprès de ces publics, qu'il convient en premier lieu d'identifier puis dans un second temps de communiquer sur les actions de R.I.G., afin que ces derniers sachent sur quoi il peuvent travailler avec la radio. Voilà en quoi l'outil journal R.I.G. Connexion semble le plus approprié.

Une fois le choix porté sur le support papier et défini un ton adapté à la cible, le plus dur à imaginer a été le nom que porterait le journal : le choix s'est finalement arrêté sur R.I.G. Connexion. Pourquoi ce nom ? Car ce journal est le vecteur de communication entre la radio et ses différents partenaires, qu'ils soient institutionnels ou associatifs. Il permet ainsi d'avoir un lien permanent avec tous les partenaires, et non plus au gré de l'actualité de la radio. Une mairie, une entité administrative (Conseil Général ou Régional) ou une association pourront plus facilement communiquer avec R.I.G. en ayant une présentation complète et régulière (trimestrielle) de la radio et de ses actions. Connexion donc entre R.I.G. et ses différents partenaires.

Prenons l'exemple des ateliers radio : un dossier leur est consacré dans le numéro zéro du journal. Ce journal dans les mains d'une mairie désireuse de développer l'activité de ses centres de loisirs ouvrira de plus grandes perspectives en terme de notoriété, et de popularité dans un second temps.

Autre exemple, celui des manifestations auxquelles la radio participe. Un journal informatif comme celui-là dans une manifestation comme « Aquitec » permettra au public d'en savoir plus sur une radio qu'ils ne connaissent pas forcément. Cette communication, et donc ce journal, même si destinés en grande partie aux institutionnels et associatifs, permettent de toucher un public plus large que la cible désignée.

Mais les questions financières ne sont pas à oublier : choix délibéré de la radio, ce journal n'a pas dépassé le numéro zéro. La raison invoquée est celle du coût de réalisation de ce journal. Un choix stratégique surprenant, lorsque l'on sait que nous l'avons pensé et réalisé dans un cadre universitaire, lorsque nous faisions partie de l'effectif de la radio. Autrement dit, il s'agissait d'un échange de bons procédés, à moindre coût, seule la phase d'impression générant des frais.

On remarque donc bien en quoi la communication de la radio R.I.G. est d'une part vacillante, dans le sens où elle n'est pas pensée, mais aussi et surtout dépendante du fonctionnement financier de la structure, on s'en rend très bien compte avec l'exemple du journal.

III/ UN AVENIR DÉPENDANT

C'est donc dans ce contexte d'incertitude permanente que R.I.G. aborde les premières pentes du 21ème siècle en regardant son sommet avec inquiétude. Une survie dépendante d'une ligne éditoriale édictée ailleurs qu'au sein de la radio, des actions limitées par cette instabilité pécuniaire, et un avenir qui semble sombre lorsque que l'on évoque ce dont seront faites les radios de demain : le numérique.

L'avenir des radios associatives est plus que jamais en sursis. Comment alors concilier stabilité financière et évolution vers une ère nouvelle ? C'est LA question du moment. Faut-il ou non pour les radios passer à l'heure du numérique ? Cette interrogation prend d'autant plus de poids lorsque l'on pense aux radios associatives.

Pour comprendre quels sont les enjeux de cette question, expliquons ce que le « numérique » changerait au quotidien. En effet selon la loi, le passage au numérique ne sera obligatoire qu'à l'horizon 2020, ce qui en réalité n'est pas le cas. Nous nous en expliquerons, mais abordons en premier lieu la question du numérique en lui même.

L'État a besoin de récupérer des fréquences Hertziennes analogiques, ce qui le pousse à imposer d'ici à 2020 un passage en Hertzien numérique, à l'instar de ce qui a pu se passer avec l'avènement de la T.N.T. récemment. Cela permet d'une part d'optimiser les canaux de diffusion, puisque plusieurs radios pourront émettre sur un même canal tout en gardant leurs fréquences respectives, et d'autre part le numérique ouvre de plus grandes perspectives en terme de capacités d'utilisation de l'outil radio. Il sera ainsi possible d'avoir les titres de chansons, d'émissions, la publicité qui s'afficheront sur le poste récepteur (numérique, donc).

Nous évoquions le fait que l'aboutissement du projet est fixé à 2020, mais qu'en réalité il est fort probable que le numérique dans la monde de la radio entre dans les moeurs bien plus tôt. En effet comment ne pas passer à l'ère du numérique quand les équipements le font ? Qu'adviendra-t-il quand les autoradios, les chaînes Hi-fi ou les télévisions seront équipées en numérique ? Un élément de réponse : que s'est-il passé dans les foyers français lorsque les lecteurs D.V.D. sont arrivés sur le marché ?

Les magnétoscopes sont au fur et à mesure partis aux oubliettes. En sera-t-il de même pour les radios qui ne font pas le choix du numérique ? Voilà où est située la conformité.

À n'en pas douter les radios dites « commerciales » sont prêtes ou le seront sous peu, tandis que les associatives ont d'autres soucis à régler, nous l'avons vu. En d'autres termes, ce n'est pas dans les priorités de ces dernières de passer au numérique, alors que paradoxalement, elles n'auront, à terme, pas le choix. Car la radio fait aujourd'hui face aux T.I.C., pas si nouvelles que ça d'ailleurs. C'est donc dans un souci d'adaptation que le numérique est une issue envisagée et envisageable pour le monde de la radio. Même si nous l'avons dit la question financière est le principal frein des radios associatives.

Dans ces conditions comment R.I.G. pourra-t-elle passer au numérique dans un avenir proche ? Encore une fois la réponse à cette question se situe dans les priorités et dans la direction que voudra se donner la radio, tout en prenant en considération les questions financières qui animent son quotidien.

IV/ UNE CONCURRENCE ACHARNÉE

A/ Les radios « commerciales »

Et dans tout ça, qu'en est-il des radios « commerciales » ? S'il est vrai que ces dernières ne sont pas situées sur le même marché que les radios associatives, ne s'adressant pas au même public, il est néanmoins important de les prendre en considération.

D'une part, nous l'avons évoqué, lorsqu'il s'agit de parler des recettes publicitaires. Nous en avons également parlé, puisque le Ministère de la Communication, appuyé dans sa démarche par le Sénat, souhaiterait revoir le système d'attribution des subventions aux radios associatives, ainsi que rehausser le plafond de 20 % de recettes issues de la publicité. Or rehausser ce taux reviendrait à empiéter sur les plates-bandes des radios « commerciales », qui, elles, vivent quasi-exclusivement de la vente d'espaces. Voici donc un premier point non négligeable qui induit pour les radios associatives la concurrence des radios commerciales.

Pour le cas de la radio R.I.G. à présent, nous avons vu que cette dernière n'avait pas encore véritablement identifié ses auditeurs. Ce qui en fait jusqu'à présent un O.V.N.I. dans le monde de la radio. Mais que pourrait-il se passer à l'avenir si cette dernière entreprenait de cibler ses auditeurs ? Elle se positionnerait, bon gré mal gré, sur un marché. Marché déjà occupé par les radios « commerciales ». Et n'ayant pas les moyens, dans tous les sens de ce terme, de lutter contre ces dernières, qu'adviendrait-t-il de R.I.G. ? La réponse à cette question se trouve dans la singularité que la radio girondine saura trouver dans ses programmes, afin de ne pas avoir à engager un combat perdu d'avance face aux ogres de la FM. Il lui faudra trouver un créneau non exploité par les radios « commerciales » et de surcroît qui puisse touj ours correspondre à cette fameuse communication sociale de proximité.

Autre type de concurrence qui anime le quotidien de R.I.G. : cette dernière se définie comme radio « généraliste », puisque passant de la musique, ayant des émissions musicales, mais ayant aussi des tranches réservées à l'information sous toutes ses formes (journaux, magazines...). Si ce choix de « courir plusieurs lièvres à la fois » est un plus pour cette radio, il s'avère que cela peut également être un inconvénient. En effet du point de vue de la perception que peuvent avoir les auditeurs, comment la radio peut-elle bien faire son travail si elle s'éparpille ? Il est en effet difficile de savoir comment R.I.G. se positionne. Musique ? Information ? Emissions ? Encore une fois, les radios « commerciales », mais au-delà les radios d'une manière générale ont un thème qu'elles développent : musique pour les unes, émissions pour les autres, informations pour d'autres. Seules quelques grandes radios, ayant les moyens qui suivent, peuvent se permettre de se positionner sur plusieurs secteurs. Ce qui n'est pas le cas de R.I.G., et qui à terme la desservira. Rappelons nous que dans les années 80 et au début des années 90, Radio Iguanodon Gironde était la troisième radio la plus écoutée en Gironde. Certes, les époques ne sont pas comparables. On remarquera néanmoins que ce qui a fait le succès de cette radio est le fait qu'elle se soit positionnée de son gré sur un secteur, à l'époque sur celui de la Techno et de la musique électronique. Un style de musique qui n'en était alors qu'à ses balbutiements, et qui était et est toujours en majeure partie délaissé par les radios « commerciales ». R.I.G. a donc su à l'époque choisir une ligne directrice et s'y tenir, bien lui en a pris. Pourquoi aujourd'hui la radio girondine ne pourrait-elle pas en faire autant ?

En prenant en compte tous les points développés ci-dessus, il est donc aisé de comprendre que le véritable problème que connaît R.I.G. est un problème identitaire, un déficit voire une absence d'image. Et là encore, la communication, usée à bon escient, serait la réponse à tout ou partie de ces problèmes.

Certes, la question des ressources financières est, nous l'avons vu, un véritable problème pour les radios associatives en général et R.I.G. en particulier. Mais une réflexion de fond sur la question de son image, et donc de ses publics, résoudrait une grande partie des difficultés exacerbées par le manque de ressources financières.

La concurrence des radios commerciales est donc, pour R.I.G., une vérité inéluctable, néanmoins c'est une vérité qui peut être contournée si tant est que cette dernière puisse se situer par rapport à ses concurrentes, qui peuvent ne plus l'être si R.I.G. décide de se positionner sur un secteur non occupé par ses rivales.

B/ Les webradios

Le train technologique, nous l'avons évoqué avec le numérique, est en marche et ne semble pas désireux de s'arrêter de si tôt. En effet avec les webradios qui fleurissent un peu partout sur la toile s'est créée une nouvelle concurrence pour les radios en générale, et donc pour les structures associatives. Une webradio est une radio qui émet exclusivement sur Internet, qui bénéficie donc de deux avantages non négligeables. D'une part, ces dernières n'ont pas autant besoin de ressources financières que ses cousines de la bande FM, n'importe qui pouvant techniquement en créer une. D'autre par, elles bénéficient de l'appel d'air ouvert par l'avènement des nouvelles technologies, qui touchent de plus en plus de monde dans notre société occidentale.

Comme pour les stations de radio classiques, il existe des webradios généralistes et d'autres avec de la musique thématique. Ceci est d'autant plus facile que les émissions ne sont pas soumises à des quotas comme ceux imposés par le C.S.A. .

Beaucoup de ces webradios peuvent proposer à leurs auditeurs un contenu sans publicité, vu la relative facilité de diffusion par le vecteur Internet qui requiert beaucoup moins de moyens que les radios FM. Elles fonctionnent alors relativement souvent en tant qu'association et peuvent être financées par un système de donations.

Car même si R.I.G. a son site Internet et qu'elle diffuse aussi par ce dernier, cela n'a rien à voir avec ses nouvelles concurrentes. En effet ces dernières se sont créées uniquement dans le but d'émettre via Internet, ce qui n'est pas le cas de la radio girondine, qui trouve dans le web l'opportunité de toucher un autre public que celui qui allume son poste.

On notera néanmoins l'avance qu'a prise R.I.G. sur ses consoeurs radios associatives, qui n'ont pas toutes une diffusion via le medium Internet. Elle s'est rendue compte à juste titre que l'avenir passait par une présence sur un medium en vogue et qui le sera de plus en plus.

La place qu'a Internet dans les foyers français est grandissante. Nous pouvons peut-être même parler de concurrence déloyale, tant ce support a pris de la place dans la vie quotidienne. Ainsi si nous faisons l'analogie avec la presse écrite, on se rend très vite compte du poids du web. Car même si Internet n'est pas le seul à blâmer dans la chute des ventes de journaux - la presse gratuite aidant en ce sens - le mode de consommation de l'information, qui a changé ces dernières années, fait la part belle à Internet. Nous voulons tout et tout de suite. C'est l'instantanéité de l'information. Et quoi de mieux pour cela qu'Internet.

Dans cet esprit, les webradios sont donc un concurrent de taille pour les radios associatives, et pour R.I.G. lorsque cette dernière aura trouvé le public auquel elle s'adresse. D'autant nous l'avons dit que si radios associatives et webradios jouent sur le même terrain, les ressources financières requises ne sont pas les mêmes.

CONCLUSION

Radios associatives et argent sont donc les deux notions sur lesquelles nous avons décidé de nous pencher dans le cadre de ce mémoire. A priori deux notions antagonistes, en tout cas en ce qui concerne le secteur associatif et l'argent.

Ce choix nous aura permis de nous attarder sur une relation, qui ne vient pas spontanément à l'esprit, et ainsi de passer au peigne fin tous les volets du fonctionnement d'une radio associative. Fonctionnement financier, dépendance ou indépendance idéologique, avenir, communication. Autant de pans qui auront permis d'avoir une vision large de notre domaine d'étude.

Un choix également justifié par la pauvreté d'ouvrages traitant de ces sujets. En effet la grande majorité des ouvrages qui nous aurons été donnés de voir auront été ceux ayant attrait à l'histoire de la radio, et donc des radios associatives.

Il a néanmoins été intéressant et même indispensable de connaître le passé de ces structures, dans le but d'avoir tous les tenants et les aboutissants pour traiter le sujet en question.

Car si notre travail s'est basé sur de la recherche bibliographique (ouvrages et articles) et l'assimilation de la formation qui nous aura été donnée de suivre, l'approche pratique aura tout autant été importante dans notre processus de réflexion, au travers de l'expérience professionnelle acquise à R.I.G. mais aussi à travers le questionnaire mené auprès de Pascal Corpart.

Ainsi nous pourrions séparer notre travail en trois phases : une phase de documentation, une phase de veille et une phase de réflexion, avec en toile de fond notre problématique de départ, à savoir en quoi les questions financières sont-elles la clé de voûte de la communication et du fonctionnement d'une radio associative ?

Ainsi quoi de mieux pour cristalliser cette problématique que l'expression consacrée : « l'argent est le nerf de la guerre ». Ce mémoire met en exergue cette expression, au travers de tous les champs de recherche ouverts par ce travail.

Et ce leitmotiv se vérifie à chaque étape de la vie des radios associatives, que ce soit à leur création, lorsque ces dernières, pour pouvoir exister, se sont soumises et se soumettent d'ailleurs touj ours à un mode de financement étatique, ce qui peut remettre en cause leur liberté d'agir et leur liberté d'expression.

Mais ce leitmotiv se vérifie aussi à travers le fonctionnement au quotidien de ces structures : liberté d'agir réduite, système de communication - et c'est paradoxal pour un média - difficile à mettre en oeuvre de part justement des contraintes financières.

Enfin nous avons également pu remarquer que l'avenir des radios associatives était lui aussi soumis à des contraintes pécuniaires, l'avènement du numérique en étant le parfait exemple.

Une question qui aura été étayée par trois hypothèses de départ. La première d'entre elles était d'avancer que la radio R.I.G., avant d'être un média, était bel et bien une association de loi 1901, avec tout ce que cela implique. Nous avons ensuite avancé que la question de la communication est souvent considérée par les radios associatives comme une gabegie, celles-ci jugeant, en leur qualité de média, qu'elles n'en n'ont pas l'utilité. Enfin nous avons émis l'hypothèse que pour le cas de la communication de la radio R.I.G., le problème n'est pas tant celui du manque de ressources financières que celui du déficit d'image.

Revenons sur la première d'entre elles. Nous nous sommes aperçus tout au long de notre réflexion que le fonctionnement de la radio R.I.G., et de toutes les radios associatives, faisait qu'elles sont en premier lieu une association de loi 1901 avant d'être un média. Il apparaît en effet que les contraintes qui sont les leurs au quotidien privilégient l'aspect associatif. En effet dans le cas de R.I.G. comme de ses consoeurs, la première chose qui vient à l'esprit, après avoir parlé de leurs modes de fonctionnement, lorsque l'on évoque leurs noms n'est pas le fait qu'elles soient un média mais bel et bien une association. Cela confirme donc notre hypothèse de départ.

La question de la communication pour la radio R.I.G. apparaît comme une gabegie. À juste titre si l'on prend en considération son fonctionnement au quotidien. Cette dernière, ayant un fonctionnement financier instable, juge en effet qu'introduire de la communication serait une perte d'argent, ses maigres revenus lui servant en premier lieu de moyen de survie. Nous pouvons néanmoins noter que cette dernière réfléchit sérieusement à la question de la communication, celle-ci lui semblant indispensable à l'avenir. Nous pouvons donc confirmer notre deuxième hypothèse, en la nuançant toutefois, car si la question de la communication est considérée comme une gabegie par les radios associatives, c'est bien malgré elles.

Enfin avons soulevé l'hypothèse selon laquelle le problème de R.I.G. en terme de communication n'est pas tant un manque de ressources financières qu'un déficit d'image. Là encore, nous pouvons confirmer et infirmer ce postulat. Car si, nous l'avons prouvé, la question pécuniaire est au coeur du quotidien des radios associatives et donc de R.I.G., le déficit d'image lui est propre. Nous avons en effet souligné le fait que cette dernière ne pourra jamais se bâtir une ligne directrice forte tant qu'elle ne se sera pas « trouvée ».

Dans ces conditions, si nous ne pouvons pas confirmer avec véhémence nos trois hypothèses de départ, nous pouvons assurément répondre par la positive à notre question : Pour les radios associatives aussi, « l'argent est-il le nerf de la guerre ? ». Oui, pour les radios associatives, « l'argent est le nerf de la guerre ».

Ce travail aura été d'un grand enrichissement, et nous aura permis de voir les choses avec plus de perspectives. Il nous aura en effet était donné de

comprendre que pour tout problème, la ou les solutions ne se trouvent pas spontanément mais après toute une démarche d'analyse, de veille, d'étude et de réflexion. Ce sont les mots qui auront animé notre travail.

Et si nous nous réjouissons de cet apprentissage, nous pouvons déplorer le fait que ce travail nous semble incomplet. Incomplet non pas dans son contenu mais dans ses perspectives. Il nous paraît en effet important de souligner qu'un parallèle avec le mode de fonctionnement des « autres » radios, à savoir commerciales et de service public, aurait été judicieux. Or nous nous sommes retrouvés dans l'impossibilité d'effectuer ce travail, de par la réticence de certaines radios commerciales d'une part et par une masse de travail autrement plus grande d'autre part.

Voilà donc un angle d'approche à étudier pour l'avenir et pour donner une autre dimension à ce travail. Nous avons néanmoins été en mesure d'établir les forces et les faiblesses des radios associatives, à travers le spectre financier, et nous espérons avoir été exhaustif en la matière, qui jusqu'à présent n'a pas fait l'objet de nombreuses recherches ou de publications.

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS 4

ETIENNE BONNOT DE CONDILLAC 6

INTRODUCTION 7

CHAPITRE PREMIER : LES RADIOS ASSOCIATIVES, TOUTE UNE

HISTOIRE 9

I/ UN CHEMIN SEMÉ D'EMBÛCHES 9

II/ DES RADIOS LIBRES AUX RADIOS ASSOCIATIVES 13

III/ UN AVENIR EN QUESTION À L'HEURE DU NUMÉRIQUE 19

CHAPITRE DEUX : LE CAS DE LA RADIO ASSOCIATIVE GIRONDINE

R.I.G 20

I/ R.I.G., UNE RADIO DE COMMUNICATION SOCIALE 20

II/ R.I.G., UNE COMMUNICATION VACILLANTE 23

III/ ... MAIS DES SOLUTIONS ENVISAGÉES 28

CHAPITRE TROIS : UN FONCTIONNEMENT, UNE COMMUNICATION ET

UN AVENIR DÉPENDANTS 30

I/ UN FONCTIONNEMENT DÉPENDANT 30

II/ UNE COMMUNICATION DÉPENDANTE 32

III/ UN AVENIR DÉPENDANT 36

IV/ UNE CONCURRENCE ACHARNÉE 37

CONCLUSION 40

TABLE DES MATIÈRES 43

BIBLIOGRAPHIE 44

ANNEXES 45

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

· Calevier (Pierre), La radio - Editions Presses Universitaires de France - 2005 - 127 p - Que sais-je ?

· ESKENASI (Franck) - FM, la folle histoire des radios libres. Paris : Grasset, 1986 - 331 p

Articles

· "La radio se rêve numérique dans un délai d'un an." Le Figaro, 14 mars 2007

· "Radio : Les ondes porteuses de la transmission numérique. Les stations se préparent à une mutation qui inclura images et textes." Libération, 12 mai 2007

· La perception du risque dans la société de la peur - Cahiers Espaces n° 85 - Didier Heiderich - 6 p.

Sites Internet

· www.100ansderadio.free.fr

· www.csa.fr

· www.legifrance.gouv.fr

· www.radiosendanger.free.fr

Autres

· Entretien auprès de Pascal Corpart

 
 

ANNEXES


·

Liste des sigles utilisés

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·

Article concernant les comptes de campagnes

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·

Loi 1901

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·

Première photo des studios de Radio verte

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·

Entretien mené auprès de Pascal Corpart

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·

Loi 1986

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·

Communiqué de presse des "Verts"

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·

Communiqué de presse du Sénat

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·

Site dédié aux radios associatives en danger

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·

25 ans des radios libres

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·

Article du Figaro

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·

Article de Libération

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·

Journal R.I.G. Connexion

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·

Site internet de R.I.G.

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·

Article rendant compte de la situation à la radio Aqui FM

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·

Cahiers Espaces n° 85, Didier Heiderich, 6 p.

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LISTE DES SIGLES UTILISÉS

· R.I.G. : Radio Iguanodon Gironde

· C.N.C.C.F.P. : Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques

· U.M.P. : Union pour un Mouvement Populaire

· P.S. : Parti Socialiste

· B.B.C. : British Broadcasting Corporation

· P.T.T. : Postes, Télégraphes et Téléphones

· R.T.L. : Radio Télévision Luxembourg

· R.N.F. : Radiodiffusion de la Nation Française

· R.D.F. : Radiodiffusion Française

· R.T.F. : Radiodiffusion-Télévision Française

· O.R.T.F. : Office de la Radiodiffusion-Télévision Française

· F.R.3 : France régions 3

· T.D.F. : Télédiffusion de France

· I.N.A. : Institut National d'Audiovisuel

· S.F.P. : Société Française de Production

· R.F.M. : Récence, Fréquence, Montant

· N.R.J. : Nouvelle Radio Jeune

· C.N.C.L. : Commission Nationale de la Communication et des Libertés

· F.S.E.R. : Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique

· C.N.R.A. : Conseil National des Radios Associatives

· S.N.R.L. : Syndicat National des Radios Libres

· F.A.R.L. : Fédération Aquitaine des Radios Libres

· D.R.D.J.S. : Direction Régionale et Départementale de la Jeunesse et des Sports

· T.N.T. : Télévision Numérique Terrestre

· D.V.D. : Digital Versatile Disc

· T.I.C. : Technologies de l'Information et de la Communication

· I.M.P. : Institut Médico-pédagogique

· R.F.I. : Radio France International

· E.P.R.A. : Echanges et Productions Radiophoniques

· Fédéra33 : Fédérations des Radios Associatives de la Gironde

· A.B.C. : Association Blanquefortaise Culturelle et Sportive

· S.M.E. : Système de Management Environnemental

ARTICLE TIRÉ DU SITE WWW.CNCCFP.FR http://www.cnccfp.fr/presse.php?voir=14

Les coulisses de la campagne. Financement : les addictions de l'élection.

Meetings, affiches, matériel : dans les partis chacun fait ses calculs, sous l'oeil sourcilleux de la commission nationale des comptes.

« Rends moi ce chèque il faut le photocopier ! » lance un collaborateur de Michel Mercier, mandataire financier de François Bayrou. Dans tous les états major de la campagne, la moindre dépense et la moindre recette doivent être minutieusement répertoriées. Carla commission nationale des comptes de la campagne présidentielle (CNCCP) passera au peigne fin les budgets des douze candidats. La candidate socialiste, Ségolène Royal a prévenu son équipe « Un euro dépensé doit être un euro utile ». Chez Nicolas Sarkozy, on a prévu 17 meetings nationaux avant le 22 avril, pas un de plus, pour que le cout de la campagne soit « légèrement en dessous»du plafond autorisé de 16 millions d'euros, pour le premier tour, indique Eric Woerth, le trésorier del'UMP. Pour les petits candidats qui n'ont guère d'espoir de franchir les 5% des voix, on se contente le plus souvent des 800 000 euros qui, quoi qu'il arrive, seront remboursés par l'état. Arlette Laguiller (LO), voyage en première classe sur les TGV, la seule touche de luxe de sa campagne. Coup dur pour Gérard Shivardi, soutenu par le parti des travailleurs : la CNCCP a refusé hier d'homologuer l'affiche et la profession de foi sur lesquelles il se présentait comme le « candidat des maires » Des milliers d'euros pourrait partir en fumée. Tous les candidats ont conscience qu'une campagne présidentielle coute très cher, et que le moindre dérapage sera sanctionné.

Les euros des meetings.

Le budget prévisionnel de Nicolas Sarkozy consacré aux grandes réunions publiques est le plus élevé (11 millions d'euros) devant celui de Ségolène Royal (5 millions d'euros , une somme plancher, car son équipe parle de choix délibéré d'envisager des meetings supplémentaires » avant le premier tour), ou de François Bayrou (3,7 millions d'euros dépensés à ce jour). Le congrès d'investiture du candidat de l'UMP, le 14 janvier au parc des expositions de la porte de Versailles à paris, a coûté à lui seul 3,6 millions d'euros, plus que l'ensemble de la campagne de Philippe de Villiers (3 millions) et un bon tiers du budget de dépenses de Jean-Marie le Pen (9 millions). « C'était à la fois le congrès de l'UMP et le lancement de la campagne de Nicolas Sarkozy explique Éric Woerth. Pour tous les candidats, la location de la salle (600 000 à la porte de Versailles pour 80 000 personnes, « l'équivalent d'une ville moyenne ») ne représente qu'une petite partie des frais. Il faut ajouter les branchements électriques et l'installation de lignes haut débit, 520 cars et 8 TGV pour acheminer les militants, la signalétique extérieure, la location des chaises, le montage de la scène et la vidéo, la sécurité... Finie, en revanche, l'époque où l'on offrait des repas aux militants. Le prix des meetings varie donc principalement en fonction du nombre de personnes attendues : 100 000 à 200 000 euros pour un meeting régional animé par Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal. « Les salles ont grandi avec la montée de la candidature de François Bayrou », témoigne Michel Mercier. Les prix suivent : 360 000 euros au Zénith à Paris, 90 000 au palis des sports de Saint--Etienne, 71 000 euros à Nîmes pour le candidat UDF. Jean-Marie le-Pen, lui, a prévu cinq grands meetings (dont le coût s'échelonne entre 60 000 et 150 000 euros) d'ici au premier Tour. Le président du

Front national a aussi animé neufs banquets républicains (avec une participation de 20 à 25 euros par personne), qui n'ont couté en net que 30 000 euros au FN, des opérations rentables et bon marché. Les petits candidats font tout à l'économie, privilégiant les salles municipales, beaucoup moins chères, sans décorum particulier. José Bové, dont le budget ne dépasse pas 390 000 euros se plaint du prix des salles. A la LCR, on ne dépense pas plus de 15 000 euros par meetings avec un fond de scène (1000 euros) transportable. A Lutte ouvrière, un « grand »meeting sans fond de scène ne doit pas dépasser 6000 euros. Philippe de Villiers, lui, animera cet après midi son plus gros meeting au Palais des Congrès de la porte Maillot, à Paris. Coût : 200 000 euros pour 5000 personnes attendues. La construction d'un fond de scène et d'un pupitre pour toute la campagne du candidat MPF a couté 6 000 euros.

La grande peur des petits.

Une campagne présidentielle représente un vrai pari financier. Candidat en 1995, Philippe de Villiers avait hypothéqué sa maison de Vendée et avait dû faire appel aux dons pour rembourser une partie de ses frais de campagne n'ayant obtenu que 4,74% des voix. Sans mettre euros péril ses finances, Villiers joue assez gros cette année. Il a vendu le siège du parti, 165 mètres carrés près de l'école militaire (1ME) et le MPF a prêté 1, 1ME à son association de financement. S 'il ne franchit pas la barre des 5% de voix, il ne restera au MFP qu'environ 500 000 euros pour la campagne des 577 candidats MFP aux législatives. Le siège de campagne du MFP n'est loué que jusqu'en avril 2007 (900 000 euros pour dix mois). Frédéric Nihous, le candidat de CPNT, a contracté un prêt personnel de 780 000 euros pour la campagne. Alors que Jean Saint Josse avait embauché, pour la campagne de 2002, un conseiller politique et une attachée de presse, la campagne de CNPT, revue à la baisse, tourne cette année avec quatre personnes seulement. Olivier Besancenot (LCR) a contracté un prêt personnel de 650 000 euros, et privilégie les conférences de presse locales pour diffuser son message. Arlette Laguiller (LO), qui ne dépensera pas plus qu'en 2002 (2,40 ME), n'a pas contracté de prêt bancaire. C'est LO qui avance les fonds de la candidate. Marie- George Buffet (PCF) a un budget de 4,60 ME, constitué à 74 % des apports du parti (provisionnés en 5 ans), 18% de l'aide publique forfaitaire, et 8% d'un appel aux dons (400 000 euros escomptés).

Les euros de l'Internet.

Tracts, documents et affiches sont touj ours à l'honneur, mais tous les candidats misent cette année sur l'internet. Le matériel de propagande politique au sens large est le premier poste budgétaire à la LCR (200 000 euros), et représente 43% des dépenses au PCF. Le budget communication de Dominique Voynet s'élève à 450 000 euros, soit le tiers des dépenses globales Surtout, les sites internet des candidats servent aussi à lancer des appels aux dons d'une ampleur nouvelle.

A l'UMP on estime que les dons des personnes physiques (de 40 euros en moyenne) représenteront « plusieurs millions d'euros ». « L'objectif est de financer ainsi un maximum de dépenses non remboursées par l'État » , indique Éric Woerth. Le trésorier de l'UMP fait pour la première fois appel à des « relais » sympathisants de l'UMP qui adressent des « e-mailing » à leur entourage pour l'inciter à envoyer des dons pour la campagne de Nicolas Sarkozy.

Sur le site Internet de l'UDF (dont le coût de fonctionnement global représente 483 392 euros), les dons arrivent par virement bancaire, mais ceux par chèque sont encore plus nombreux. En 2002, le candidat François Bayrou avait recueilli 370 000

euros de dons. En 2007 c'est l'explosion : 9582 donateurs ont été recensés cette semaine. Gains escomptés d'ici au premier tour : 1,5 ME.

Au PS, le budget Internet pour la campagne de Ségolène Royal atteint pour la première fois 2ME. « Il n'y a pas de campagne nationale d'appels aux dons, car nous n'avons pas cette culture-là » précise Dominique Betinotti, présidente de l'association de financement de la campagne. Ce qui n'empêche pas les fédérations départementales du PS, qui bénéficient au total d'un budget de 4 ME alloués par le PS pour mener la campagne décentralisée de la candidate, de récolter elles-mêmes les dons des sympathisants.

Les deux finalistes ne devront pas dépenser plus de 21,5 millions d'euros.

Réunion des fonds, règlements des dépenses, retour sur les règles de financement de la campagne.

Chaque candidat a dû nommer un mandataire financier qui peut être une personne physique ou une association de financement électoral. Ce mandataire est chargé de recueillir les fonds et de régler les dépenses de la campagne. Il a dû ouvrir un compte bancaire dit « compte de campagne » destiné à cet effet un an avant le premier jour du mois de l'élection, donc Avant le 1er avril 2006. Le compte de campagne devra être adressé à la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), chargée d'en vérifier la régularité, au plus tard deux mois après le second tour. Une personne physique ne peut pas donner plus de 4 600 euros. Tout don de plus de 150 euros doit être réglé par chèque. Les dons en espèces ne peuvent excéder 20% du montant des dépenses autorisées. Les partis ou groupements politiques peuvent faire des dons, non plafonnés, les autres personnes morales ne le peuvent pas. Le montant des dépenses est plafonné à 16,166 millions d'euros pour chacun des candidats du 1er tour. Ce plafond est porté à 21,584 millions d'euros pour chacun des deux candidats présents au second tour. Les dépenses de campagne des candidats leur seront remboursées par l'état jusqu'à concurrence d'un plafond. Ce plafond est fixé à 8, 083 millions d'euros pour les candidats qui auront atteint 5% des suffrages, à 808030 euros pour ceux qui n'auront pas atteint ce seuil et à 10,797 millions d'euros pour chacun des candidats du second tour. Chacun des douze candidats a touché la semaine dernière 153 000 euros, à titre d'avance sur le remboursement.

TEXTE DE LOI (LOI 1901) TIRÉ DE WWW.LEGIFRANCE.GOUV.FR

http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/AAEBG.htm

PREMIÈRE PHOTO DES STUDIOS DE RADIO VERTE AVEC JEAN-EDERN HALLIER ET BRICE LALONDE

ENTRETIEN AVEC PASCAL CORPART

Pouvez vous nous parler de la communication interne au sein de votre radio ?

Je dirais que c'est au niveau de la communication interne que nous sommes les plus « mal chaussés ». En effet personne dans l'équipe n'est destiné à la communication. Et c'est le fit que nous soyonsune structure associative qui fait que nous n'ayons pas de poste dédié à la communication. C'est donc la personne qui a le plus de bagout qui est en charge de ce secteur. (ndlr : Pascal Corpart). Nous essayons pourtant de mener des actions structurées en terme de communication, mais nous pouvons dire que nous jouons de malchance. En l'occurence lorsque l'équipe de la radio Aqui FM (ndlr : dont Pascal Corpart est également responsable d'antenne) a voulu organiser une réunion avec tous les maires du Médoc (ndlr : zone de chalandise de la radio Aqui FM). La date de la réunion était fixée mais les élus nous ont fait faux bond à la dernière minute.

Je dirais également que notre communication intere est plus ou moins inexistante dans le sens où nous évoluons au sein d'une structure pyramidale. Ainsi le seul point comun entre les différents « services » de la radio (bénévoles, salariés) est la direction.

Nos orgaisons notre communication interne au travers des outils que sont les courriers, les notes de service et les réunions. Nous remarquons néanmoins qu'il n'y a pas de retours et d'implication des différents services. Ce qui m'amène à dire qu'une information n'est utile que si le récepteur écoute l'émetteur.

Nous pensons donc que notre communication interne est à améliorer non pas au niveau des outils utilisés mais dans la façon d'impliquer nos interlocuteurs. Il nous faut trouver une identité commune aux différents services, afin que chacun ire dans le même sens.

Cela pourrait passer par exemple par de la communication évènementielle, qui permettrit de mettre sur pieds un projet fédérateur pour tous les services.

Parlez-nous à présent de la communication externe.

A ce niveau, pas de différences majeures avec une autre structure.

Nous utilisons l'outil qui est à notre disposition, à savoir la radio, pour communiquer à l'externe.

Nous avons en reanche à améliorer notre communication externe envers nos partenaires institutionnels, qui jusqu'à présent se limite à de la communication ponctuelle, en fonction d'un bseoin commun de l'un et de l'autre. Pour ce faire, il nous faut trouver le message qui a une chance d'avoir du retour.

Selon moi il n'y a pas de problème de notoriété avec les institutions. Il y a toutefois une idée reçue, pas forcément fausse d'ailleurs, mais qui bloque tout : une structure associative est dépendante financièrement des institutions.

Le point noir de notre communication externe est la relation avec nos auditeurs. En effet il est difficile pour la direction d'avoir des liens entre différents bénévoles par rapport à leurs contacts. Il n'y a ainsi pas de promotion entre les différentes émissions. Nous avons également une difficulté d'image : en effet nous n'avons pas de public unique.

Autre notion importante et sous jacente dans le domaine associatif : il n'y a pas de notion de performance. Notre vocation étant de permettre à ceux qui ne peuvent pas s'exprimer ailleurs de venir sur R.I.G. De cette philosophie une notion mal perçue par le public : une notion de « fourre-tout ».

Parlez nous de ce que l'on qualifie de communication sociale de proximité, quelle notion se cache derrière ?

Pour moi la communication est forcément sociale : éthymologiquement elle est forcément sociale. La valeur sociale n'est donc pas dans la communication. Ezn effet dans nos missions on donne la possibilité aux personnes d'habitude pas entendues de l'être sur notre antenne. Ces personnes sont rattachées à la catégorie des personnes issues de minorités (donc sociale)

La radio est-elle en recherche d'image ? Si oui, auprès de quel public ?

La radio devrait être en recherche d'image car selon moi il y a un bouleversement dans le mode de consommation de la radio.

Les radios associatives sont-elles en danger à l'heure du numérique ? Expliquez en quoi le numérique met en danger les radios associatives.

Ce n'est pas le numérique qui met les radios en danger. L'inconvénient du numérique est que la notion de proximité peut être amenée à disparaître. Le moyen de diffusion (aujourd'hui analogique et hertzien et demain en numérique en hertzien) se calque sur le schéma de la TV hertzienne et aujourd'hui de la TNT.

Ce changement ne sera pas obligatoire avant 2020 mais la loi du marché (chaîne, TV, poste radio...) fait que les équipements vont être numérique. Donc ceux qui ne sont pas en numérique perdront du public.

L'État a besoin de récupérer des zones de fréquences donc lance le numérique. Cela permet d'optimiser les canaux de diffusion pour permettre à plusieurs radios d'émettre sur le même canal tout en gardant leur fréquence propre. Le support numérique permet de plus grandes capacités techniques. En revanche c'est un problème d'argent qui se pose pour les radios associatives qui veulent passer en numérique.

Le manque de ressources financières des radios associatives entrave-t-il le bon déroulement d'une part des actions de la radio au quotidien et d'autre part des actions de communication ?

Il faut un minimum d'argent. Aujourd'hui une radio associative ne peut plus marcher qu'avec du militantisme. Néanmoins je dirais que la liberté d'expression reste présente malgré le lien à l'argent.

La question de l'indépendance se pose aussi dans le sens où la radio est tenue par les subventions. R.I.G. est totalement dépendante financièrement des fonds et subventions de manières générales (FSER, mairies...)

Avez-vous un plan de communication prêt en cas de crise au sein de la structure ?

La radio est constamment en alerte, en tout cas la direction, mais nous n'avons pas de cellule d'alerte.

Selon vous, pour augmenter l'exposition de la radio et donc accroître son image, quelles sont les actions de communication à développer ?

La communication ciblée envers les différents publics de R.I.G. est à privilégier. Il nous faut informer en interne et en externe sur les actions de R.I.G. (manifestations, émissions...).

Les dossiers de presse et d'activité sont-ils considérés comme des actions de communication ?

Pas vraiment, nous les considérons plutôt informatifs que relevant de la communication. D'ailleurs à l'avenir nous envisageons de ne plus utiliser à proprement parler des dossiers « bilan » comme pour le FSER mais plus ouverts sur l'avenir et vers différents partenaires. Nous voulons que notre passé valorise les actions futures de R.I.G.

Concluriez vous par le fait qu'en communication, l'agent est le nerf de la guerre ?

Je dirais que d'un point de vue général, car c'est une bonne idée qui prévaut sur l'argent, mais d'un point de vue général uniquement....

TEXTE DE LOI (LOI 1986) TIRÉ DE WWW.LEGIFRANCE.GOUV.FR

http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/PCEAJ.htm

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DES VERTS

WWW.VERTS.FR

http://lesverts.fr/article.php3?id_article=3331

600 radios associatives en danger de mort

Communiqué à la presse du 19 juin 2007

Le Ministre de la Culture et de la Communication vient enfin de publier au Journal officiel son avis sur les règles de rédaction des demandes permettant l'attribution des subventions du FSER/Fonds de soutien à l'expression radiophonique, au profit des radios associatives. C'est avec près de deux mois de retard que la Commission d'instruction des dossiers va tenter de commencer à travailler.

Pourtant, dès le 8 mai 2007,dans un avis publié au Journal Officiel, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel , à propos du développement de la radio numérique, avait rappelé aux « Pouvoirs publics » l'impérieuse nécessité de soutenir les radios associatives.

Incontestablement, les stations non commerciales sont effectivement des garantes du pluralisme médiatique. En outre, la loi du 1 er août 2000 leur attribue une mission de communication sociale de proximité que beaucoup d'entre elles accomplissent avec un grand sens de l'utilité publique. Pourtant, plus de 40% de ces radios connaissent de lourdes difficultés financières. Leur vie est menacée. Quelques dizaines pourraient ne pas survivre à la période estivale.

Les Verts demandent donc à la ministre de la Culture ainsi qu'au Parlement, d'augmenter de façon substantielle le volume des sommes allouées au subventionnement des radios associatives, par le déplafonnement de la taxe fiscale sur les recettes publicitaires des médias.

Les Verts

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU SÉNAT

WWW.SENAT.FR

http://www.senat.fr/presse/cp20060301.html

Communiqué du 1 mars 2006

SOUTIEN AUX RADIOS LOCALES ASSOCIATIVES : LA COMMISSION DES FINANCES POUR DES AIDES À PROJETS

L'enquête sur le Fonds de soutien à l'expression radiophonique locale (FSER), demandée à la Cour des comptes dans le cadre des dispositions de l'article 58-2° de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), par la commission des finances du Sénat présidée par M. Jean Arthuis (UC-UDF-Mayenne) a donné lieu, le 1 er mars 2006, à une audition pour suite à donner.

Au cours de cette audition ouverte aux membres de la commission des affaires culturelles, il est apparu que le FSER avait atteint l'objectif fixé par le législateur en 1982 : les aides du FSER ont contribué à l'enrichissement du tissu des radios associatives locales, en aidant près de 600 radios en 2005, soit trois fois plus que lors de la création du fonds en 1982.

La direction générale des impôts du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a précisé qu'il n'y avait pas de phénomène d'évasion fiscale à la taxe sur la publicité finançant le fonds, due par les régies publicitaires des télévisions et des radios.

A la veille du vingt-cinquième anniversaire de la légalisation des radios libres, la commission des finances du Sénat a toutefois souhaité une réforme du FSER, selon les propositions de M. Claude Belot (UMP-Charente-Maritime), rapporteur spécial des crédits des médias :

- alors que les aides du FSER sont actuellement versées de manière quasi-automatique, les subventions devraient être orientées vers des aides à projets ;

- il conviendrait de mieux mesurer l'audience des radios locales, conformément à l'esprit de la LOLF ;

- le plafond de 20 % de ressources publicitaires pour bénéficier des aides pourrait être rehaussé, afin d'encourager la diversification des ressources des radios locales.

La direction du développement des médias (DDM) des services du Premier ministre a annoncé qu'un décret serait soumis prochainement à consultation en vue d'une réforme du FSER, sur la base des observations formulées par la Cour des comptes à l'issue de son enquête, tendant notamment à instituer des aides à projets.

Contact presse : Stéphanie Garnier 01 42 34 25 12 ou 25 13 s.garnier@senat.fr

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La radio se rêve numérique dans un délai d'un an

LA RADIO n'en finit pas de se rêver en numérique. Depuis plus de dix ans, les grands acteurs du secteur relancent régulièrement le projet d'une numérisation des ondes. Pas découragés, Radio France, RMC, RTL, le Sirti (radios régionales), NRJ et les stations du groupe Lagardère ont uni leurs forces au sein du Groupement pour la radio

numérique avec l'objectif d'obtenir des pouvoirs publics l'instauration d'une norme de diffusion, point de départ de la numérisation de la radio. Ils viennent d'être entendus.

À quelques semaines de la fin de la législature, les ministères de la Communication et de l'Industrie ont choisi de privilégier le DRM. Une norme qui permet essentiellement de sauver de l'oubli les ondes moyennes pour y installer en numérique les stations issues du terreau associatif. Cette décision ne répond que partiellement aux besoins du groupement qui souhaitait que soit mise en avant une autre norme, le T-DMB. C'est une évolution du DAB, dont le lancement a échoué il y a dix ans.

La nouvelle mouture de la radio numérique offre plusieurs avantages comparée à l'analogique. En premier lieu, l'auditeur n'aura plus à se soucier des fréquences. Il suffit de faire une recherche sur le nom de la station pour l'écouter. Elle offre aussi l'accès aux données associées. Il s'agit, dans le cas d'un programme d'information, de diffuser des images ou des petits textes sur un écran dédié. Le numérique permet aussi à l'auditeur de s'affranchir des horaires en réécoutant à volonté un programme, ou en mettant en pause lorsqu'il le souhaite. Des fonctions qui existent déjà en télévision sur les réseaux ADSL ou câble et que les web-radios ont aussi adoptées.

Changer le parc de récepteurs

En revanche, elle comporte aussi des défauts. Sa mise en place est onéreuse pour une petite station et implique une diffusion simultanée avec l'analogique, au moins pendant la période de mutation vers le tout-numérique. L'arrêt de la diffusion de l'analogique est prévu pour le 31 décembre 2011 dans toute l'Europe. En France, les premiers programmes numérisés devraient être diffusés d'ici à un an. Le gros point noir de ce dossier reste la question du renouvellement du parc de postes de radio.

Or, chaque foyer français dispose, en moyenne, de cinq à six postes analogiques. Leur renouvellement pour le passage au numérique risque donc d'être long et onéreux pour les consommateurs. Les ventes de voitures neuves représentent l'une des rares opportunités pour installer les postes numériques dans le paysage médiatique. Le groupe Skyrock, pour sa part, souhaite que l'effort soit porté sur l'intégration de la radio numérique directement dans la future télévision numérique sur les mobiles. Au moins, les récepteurs seront commercialisés par les opérateurs mobiles. Depuis l'avènement d'Internet, la radio est devenue le parent pauvre du marché de l'électronique grand public.

ARTICLE LIBÉRATION

http://www.liberation.fr/actualite/ecrans/253301.FR.php

Radio. Les stations se préparent à une mutation qui inclura images et textes. Les ondes porteuses de la transmission numérique

Le constat est sans appel. «Si nous ratons le virage du numérique, l'avenir des radios est incertain», prévient Axel Duroux, président du directoire de RTL, qui précise avoir investi 20 millions d'euros dans cette technologie. «La radio de demain, c'est celle qui survit dans un monde de l'image», souligne pour sa part Jean-Paul Cluzel, patron de Radio France, qui a consacré approximativement la même somme aux nouvelles techniques de radiodiffusion. «La radio rentre aujourd'hui en concurrence avec le Net, le téléphone portable et la télévision mobile», lance en écho David Kessler (France Culture) tandis que Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1) estime que la radio a besoin d'une «audience globale» qui regrouperait auditeurs, «poditeurs» (adeptes du podcasting), internautes et vidéonautes.

Ere binaire. Même si le temps des mutations technologiques et celui du marché concrétisé par les quelque 200 millions de postes transistors présents dans l'Hexagone (autoradio compris) ne mettent pas encore le feu à la bande FM, toutes les stations se préparent à coups de millions d'euros au passage à l'ère binaire. Les groupes RTL (RTL, RTL2, Fun Radio), Radio France (Inter, Musique, Culture, Info, Le Mouv', Fip), Lagardère Active Media (Europe 1, Europe 2, RFM), NRJ (Nrj, Nostalgie, Chérie FM, Rires et Chansons), Next Radio TV (RMC, BFM) et celui dit des indépendants (113 radios qui vont de Nova à Totem en passant par Latina ou Fréquence Jazz) se sont regroupés à l'automne dernier pour créer le Groupement pour la radio numérique (GRN). A elles toutes, ces stations représentent 90 % de l'audience nationale (46 millions d'auditeurs).

L'adoption officielle par le gouvernement, au mois de mars, de la norme de diffusion T-DMB (Terrestrial Digital Multimedia Broadcasting, lire ci-contre) qu'elles appelaient de leurs voeux a donné le top départ à la radio numérique en France. Ainsi Radio France devrait-elle procéder à ses premiers essais de diffusion sur Paris dans les derniers jours de juin. «L 'événement historique, se félicite Martin Ajdari, directeur général de Radio France, c'est que pour la première fois dans le monde de la radio, qui est plutôt conflictuel, les cinq plus grands opérateurs se sont mis d'accord pour choisir la norme qui leur paraît con veniri La diffusion en numérique sur l'ensemble du territoire devrait s'étaler à compter de janvier 2008 en fonction du renouvellement du parc radio et des autorisations de diffusion accordée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Les formalités administratives pourraient cependant être rapidement expédiées puisque, lors de son assemblée plénière du 17 avril dernier, le CSA relevait qu'il était «très attaché au développement rapide de la télévision mobile personnelle et de la radio numérique». Les «vieilles» fréquences FM continueront à émettre pendant une bonne dizaine d'années, contrairement aux ondes moyennes et courtes amenées les premières à quitter le paysage hertzien grand public.

Confort d'écoute. Pratiquement, la norme T-DMB permettra de décupler l'offre de fréquences actuelles et devrait apporter un réel confort d'écoute aux auditeurs. Il n'y aura par exemple plus besoin de changer de fréquence en changeant de lieu : un automobiliste qui fait Lille-Marseille pourra désormais décider au départ de la station qu'il souhaite écouter sans connaître les brouillages et autres nécessités d'adaptation

hertzienne. Pour les adeptes de France Musique ou de Radio Classique, la qualité sonore sera à la norme 5.1, utilisée notamment pour le home-cinéma, et devrait transporter l'orchestre symphonique dans le salon des mélomanes. Comme l'enregistreur numérique vidéo, la radio du futur va également être dotée du «time shifting» (possibilité d'interrompre son programme et de le reprendre à l'endroit voulu au moment souhaité). Autre avantage : la diffusion en T-DMB demandera moins d'émetteurs pour couvrir une zone donnée. Ainsi, un seul émetteur suffirait à une ville comme Paris.

Toutes les radios soulignent par ailleurs l'avancée fondamentale que constituent les «programmes associés» (PAD pour Programs Associatives Data ). Les bandes fréquences octroyées aux radios numériques permettent en effet de diffuser aussi bien du son que de l'image, du texte ou... des communications téléphoniques. Les futurs postes radios seront donc dotés d'un écran couleur grâce auquel l'auditeur deviendra un peu spectateur ou plutôt picoreur d'images fixes ou animées. Chez RTL, Axel Duroux n'hésite pas à envisager la retransmission en vidéo sur le petit écran numérique d'un débat «radiophonique» ou d'une quelconque émission diffusée par sa station. «L 'idée n 'est pas de faire de la sous-télévision, avertit cependant Martin Ajdari. La radio doit rester un média d'accompagnement, d'autant que le débit nécessaire à l'image animée est lourd et coûteux. Mais on pourra transmettre en simultané des photos de nos invités ou envoyer sur l'écran le nom d'un disque, d'un musicien ou d'un livre dont on parle à l'antennei France Info pourrait fort bien «associer» des données cartographiques, des tableaux de résultats sportifs, les cours de la Bourse ou envoyer en direct sur l'écran les conditions météorologiques ou de la circulation routière. «La radio numérique s 'inscrit de toute évidence dans une convergence multimédia, poursuit Ajdari. Nous souhaitons ainsi que la future télévision mobile personnelle (TMP) puisse recevoir un label radio numériquei

Coût. Cerise sur le gâteau de l'univers binaire en gestation, et probablement enjeu économique majeur, les coûts de production numérique pourraient être divisés par trois par rapport aux débours de l'analogique. Il faudra cependant y accoler le coût supplémentaire de la double diffusion tant que la fréquence FM restera en activité et imposer la norme aux industriels pour qu'ils se lancent dans la construction de postes numériques. Ce qui pourrait brider les élans des stations, conscientes qu'une mise en première monte d'autoradios sur une série de voitures se prévoit trois ou quatre ans à l'avance. Il n'empêche, dans les prochaines années, le poste radio numérique, s'entend pourrait redevenir un cadeau de choix à faire aux 15-24 ans, qui, selon toutes les enquêtes Médiamétrie, ont depuis longtemps délaissé l'écoute traditionnelle au profit d'Internet, du baladeur ou de la téléphonie mobile.

JOURNAL R.I.G. CONNEXION

SITE INTERNET DE R.I.G. WWW.RIGFM.FR

ARTICLE CONCERNANT LA SITUATION DE LA

RADIO AQUI FM

http://f5nsl.chez-alice.fr/fm33p-aquifm.html

« Les salariés de la radio médocaine Aqui Fm en grève le mardi 21 février 2006

Les salariés de la radio associative Aqui Fm ont déposé un préavis de grève sur leur lieu de travail pour la journée du mardi 21/02/06. Le but de cette action est de manifester leurs inquiétudes et incertitudes quant à leur avenir professionnel aussi bien que celui de cette radio de proximité, actuellement la seule en Médoc.

Le 11 octobre 2005, Geneviève Teyssier (directrice bénévole de cette structure) a annoncé, lors d'une réunion avec le personnel de la radio, qu'elle envisageait :

d'informer le CSA qu'elle ne renouvellerait pas sa demande de fréquence (l'échéance pour cette démarche est fixée en juin 2006) de contacter une personne susceptible de prendre la suite. Depuis cette annonce, aucune information ne leur a été donnée, hormis la tenue d'une réunion entre Mme Geneviève Teyssier et l'association médocaine qui s'est créée pour pouvoir reprendre la radio. »

CAHIERS ESPACES N° 85 "La perception du risque dans la société de la peur"

MOTS CLÉS

· RADIO

· RADIO ASSOCIATIVE

· COMMUNICATION

· COMMUNICATION SOCIALE

· ARGENT

· DÉPENDANCE






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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon