Radios associatives et argent sont donc les deux notions sur
lesquelles nous avons décidé de nous pencher dans le cadre de ce
mémoire. A priori deux notions antagonistes, en tout cas en ce qui
concerne le secteur associatif et l'argent.
Ce choix nous aura permis de nous attarder sur une relation,
qui ne vient pas spontanément à l'esprit, et ainsi de passer au
peigne fin tous les volets du fonctionnement d'une radio associative.
Fonctionnement financier, dépendance ou indépendance
idéologique, avenir, communication. Autant de pans qui auront permis
d'avoir une vision large de notre domaine d'étude.
Un choix également justifié par la
pauvreté d'ouvrages traitant de ces sujets. En effet la grande
majorité des ouvrages qui nous aurons été donnés de
voir auront été ceux ayant attrait à l'histoire de la
radio, et donc des radios associatives.
Il a néanmoins été intéressant et
même indispensable de connaître le passé de ces structures,
dans le but d'avoir tous les tenants et les aboutissants pour traiter le sujet
en question.
Car si notre travail s'est basé sur de la recherche
bibliographique (ouvrages et articles) et l'assimilation de la formation qui
nous aura été donnée de suivre, l'approche pratique aura
tout autant été importante dans notre processus de
réflexion, au travers de l'expérience professionnelle acquise
à R.I.G. mais aussi à travers le questionnaire mené
auprès de Pascal Corpart.
Ainsi nous pourrions séparer notre travail en trois
phases : une phase de documentation, une phase de veille et une phase de
réflexion, avec en toile de fond notre problématique de
départ, à savoir en quoi les questions financières
sont-elles la clé de voûte de la communication et du
fonctionnement d'une radio associative ?
Ainsi quoi de mieux pour cristalliser cette
problématique que l'expression consacrée : « l'argent est le
nerf de la guerre ». Ce mémoire met en exergue cette expression, au
travers de tous les champs de recherche ouverts par ce travail.
Et ce leitmotiv se vérifie à chaque
étape de la vie des radios associatives, que ce soit à leur
création, lorsque ces dernières, pour pouvoir exister, se sont
soumises et se soumettent d'ailleurs touj ours à un mode de financement
étatique, ce qui peut remettre en cause leur liberté d'agir et
leur liberté d'expression.
Mais ce leitmotiv se vérifie aussi à travers le
fonctionnement au quotidien de ces structures : liberté d'agir
réduite, système de communication - et c'est paradoxal pour un
média - difficile à mettre en oeuvre de part justement des
contraintes financières.
Enfin nous avons également pu remarquer que l'avenir
des radios associatives était lui aussi soumis à des contraintes
pécuniaires, l'avènement du numérique en étant le
parfait exemple.
Une question qui aura été étayée
par trois hypothèses de départ. La première d'entre elles
était d'avancer que la radio R.I.G., avant d'être un média,
était bel et bien une association de loi 1901, avec tout ce que cela
implique. Nous avons ensuite avancé que la question de la communication
est souvent considérée par les radios associatives comme une
gabegie, celles-ci jugeant, en leur qualité de média, qu'elles
n'en n'ont pas l'utilité. Enfin nous avons émis
l'hypothèse que pour le cas de la communication de la radio R.I.G., le
problème n'est pas tant celui du manque de ressources financières
que celui du déficit d'image.
Revenons sur la première d'entre elles. Nous nous
sommes aperçus tout au long de notre réflexion que le
fonctionnement de la radio R.I.G., et de toutes les radios associatives,
faisait qu'elles sont en premier lieu une association de loi 1901 avant
d'être un média. Il apparaît en effet que les contraintes
qui sont les leurs au quotidien privilégient l'aspect associatif. En
effet dans le cas de R.I.G. comme de ses consoeurs, la première chose
qui vient à l'esprit, après avoir parlé de leurs modes de
fonctionnement, lorsque l'on évoque leurs noms n'est pas le fait
qu'elles soient un média mais bel et bien une association. Cela confirme
donc notre hypothèse de départ.
La question de la communication pour la radio R.I.G.
apparaît comme une gabegie. À juste titre si l'on prend en
considération son fonctionnement au quotidien. Cette dernière,
ayant un fonctionnement financier instable, juge en effet qu'introduire de la
communication serait une perte d'argent, ses maigres revenus lui servant en
premier lieu de moyen de survie. Nous pouvons néanmoins noter que cette
dernière réfléchit sérieusement à la
question de la communication, celle-ci lui semblant indispensable à
l'avenir. Nous pouvons donc confirmer notre deuxième hypothèse,
en la nuançant toutefois, car si la question de la communication est
considérée comme une gabegie par les radios associatives, c'est
bien malgré elles.
Enfin avons soulevé l'hypothèse selon laquelle
le problème de R.I.G. en terme de communication n'est pas tant un manque
de ressources financières qu'un déficit d'image. Là
encore, nous pouvons confirmer et infirmer ce postulat. Car si, nous l'avons
prouvé, la question pécuniaire est au coeur du quotidien des
radios associatives et donc de R.I.G., le déficit d'image lui est
propre. Nous avons en effet souligné le fait que cette dernière
ne pourra jamais se bâtir une ligne directrice forte tant qu'elle ne se
sera pas « trouvée ».
Dans ces conditions, si nous ne pouvons pas confirmer avec
véhémence nos trois hypothèses de départ, nous
pouvons assurément répondre par la positive à notre
question : Pour les radios associatives aussi, « l'argent est-il
le nerf de la guerre ? ». Oui, pour les radios associatives,
« l'argent est le nerf de la guerre ».
Ce travail aura été d'un grand enrichissement, et
nous aura permis de voir les choses avec plus de perspectives. Il nous aura en
effet était donné de
comprendre que pour tout problème, la ou les solutions
ne se trouvent pas spontanément mais après toute une
démarche d'analyse, de veille, d'étude et de réflexion. Ce
sont les mots qui auront animé notre travail.
Et si nous nous réjouissons de cet apprentissage, nous
pouvons déplorer le fait que ce travail nous semble incomplet. Incomplet
non pas dans son contenu mais dans ses perspectives. Il nous paraît en
effet important de souligner qu'un parallèle avec le mode de
fonctionnement des « autres » radios, à savoir commerciales et
de service public, aurait été judicieux. Or nous nous sommes
retrouvés dans l'impossibilité d'effectuer ce travail, de par la
réticence de certaines radios commerciales d'une part et par une masse
de travail autrement plus grande d'autre part.
Voilà donc un angle d'approche à étudier
pour l'avenir et pour donner une autre dimension à ce travail. Nous
avons néanmoins été en mesure d'établir les forces
et les faiblesses des radios associatives, à travers le spectre
financier, et nous espérons avoir été exhaustif en la
matière, qui jusqu'à présent n'a pas fait l'objet de
nombreuses recherches ou de publications.