MEMOIRE DE FIN D'ANNEE - MANAGEMENT COMMERCIAL- OPTION
MARKETING-VENTE- ECOLE SUPERIEURE DE COMMERCE DE GRENOBLE WESFORD
LA DEMARCHE ORIL APPORTE-T-ELLE UNE REPONSE AUX
DIFFICULTES RENCONTREES AUJOURD'HUI PAR LA STATION DE VAL THORENS ? QUE
PEUT-ON ENVISAGER D'AUTRE POUR LES STATIONS D'ALTITUDE
FRANÇAISES ?
EMILIE CHAROUD
VAL THORENS IMMOBILIER
ANNEES 2006-2007
INTRODUCTION
La vallée des Belleville, dans les Alpes
françaises est la première destination touristique mondiale des
sports d'hiver.1(*) Elle
comprend la station de Val Thorens, station de haute altitude qui connaît
un grand succès dans les années 1980-1990 mais qui doit
aujourd'hui faire face à plusieurs difficultés :
l'évolution des attentes des touristes, un manque de diversification des
activités en été comme en hiver, des logements
standardisés et vétustes, des installations mécaniques
à renforcer (selon des critères de sécurité et de
qualité), une mauvaise accessibilité à la station, des
actions de communication insuffisantes, la montée de la concurrence et
des produits de substitution au ski. Nous avons cherché à faire
un « panorama » de la station de Val Thorens et des
difficultés qu'elle rencontre sans pour autant prétendre à
l'exhaustivité de cette analyse. Nous avons trouvé important
d'étudier l'historique des stations de ski
dites« intégrées » de haute altitude afin de
comprendre comment elles ont été pensées et conçues
et afin de comprendre la situation actuelle de ces lieux touristiques et de
situer la démarche des Opérations de Réhabilitation de
l'Immobilier de Loisir (ORIL). Cette partie sur l'historique est plus
conséquente que les autres, nous avons choisi de ne pas la sectionner
afin de souligner la continuité de son contenu. L'objectif du
système ORIL est de réhabiliter le parc immobilier vieillissant
ainsi que de développer des services de proximité. Nous avons
cherché à examiner les objectifs, les acteurs, la
démarche, les enjeux, et le cadre juridique et fiscal de ce dispositif.
L'accès aux informations concernant l'ORIL et la station de Val Thorens
a été simple, notamment grâce à l'aide de l'Office
du Tourisme de Val Thorens ainsi que de notre statut d'employé d'agence
immobilière et de nos collègues de travail. En revanche la partie
juridique et fiscale a été difficile à réaliser en
raison du manque d'informations et d'une difficulté à comprendre
tous les enjeux de cette partie. Nous avons cherché à contacter
les responsables des projets ORIL dans la station de Val Thorens et la station
voisine des Menuires ainsi que le Centre National des Impôts en vain.
Dans cette partie, l'intérêt était de soulever les
avantages et inconvénients juridiques et fiscaux procurés au
propriétaires qui engagent une démarche ORIL dans le cadre d'une
agence immobilière, selon leurs statuts : Société
Anonyme (SA), Société A Responsabilités Limitées
(SARL), SCI, Loueur Meublé Professionnel (LMP), ces acteurs n'ont pas su
nous renseigner sur cette partie. Dans la troisième partie de notre
travail nous avons cherché à faire un tableau
récapitulatif et synthétique des avantages et
inconvénients du système ORIL. La question soulevée est
donc: La démarche ORIL apporte-t-elle une réponse aux
difficultés rencontrées aujourd'hui par la station de Val
Thorens ? Que peut-on envisager d'autre pour les stations d'altitude
françaises ?
I- Les « stations de ski
intégrées » de haute altitude : la cas de Val
Thorens
La station de Val Thorens est située dans la
vallée des Belleville (Département de la Savoie) qui englobe les
stations de sports d'hiver les plus renommées d'Europe : Saint
Martin (à 1450 mètres d'altitude), Les Menuires (à 1850
mètres) et Val Thorens (à 2300 mètres). La station de Val
Thorens est considérée comme la plus haute station
d'Europe2(*) et
bénéficie du plus grand domaine skiable au monde et d'un
enneigement garanti et de qualité.
Cette station, définie comme une grande puissance
commerciale fait partie des 118 000 hectares (pistes et hors pistes) du domaine
skiable Français. Ce dernier se positionnant à la tête du
domaine européen, à hauteur de 30%3(*) et au troisième rang mondial
après les Etats-Unis et le Japon. Son positionnement est renforcé
par la qualité de ses équipements en neige de culture.
Le développement des sports d'hiver a modifié le
rapport à l'espace montagnard en accentuant ses vertus : la
beauté des éléments naturels, la qualité de l'air,
de l'eau, de la neige et du climat, et a ainsi fait de Val Thorens une station
renommée et un site pour les vacances. La vallée des Belleville
est devenue la première destination touristique au monde pour les sports
d'hiver avec 800 000 visiteurs accueillis par an.
En effet Val Thorens propose une offre touristique de
qualité, caractérisée par une mise en valeur d'un
patrimoine naturel riche et varié, par
différentes activités de pleine nature mais aussi par des
professionnels diplômés : pisteurs secouristes, guides,
accompagnateurs... (Diplômés de Brevet d'Etat reconnu dans le
monde entier).
La fréquentation des skieurs de Val Thorens affiche de
bons résultats. On enregistrait 56 millions de journées- skieurs
en France pour la saison 2005/2006 (soit sept millions d'hivernants dont deux
millions d'étrangers) et plus de un million et demi pour cette
station.4(*) Malgré
un enneigement quasi-garanti, Val Thorens n'a pas pour autant choisi de se
reposer sur son statut d'expert de la glisse et souhaite faire face à
plusieurs défis:
1- Les difficultés rencontrées par la
station de Val Thorens aujourd'hui
La position de la station de Val Thorens est
fragilisée par des facteurs endogènes et exogènes.5(*)
L'offre touristique de montagne est abondante mais
connaît aujourd'hui en France et plus précisément, à
Val Thorens, des déficits. En effet, les composantes de
l'attractivité d'un site comme Val Thorens sont à l'heure
actuelle sujettes à préoccupations. Les facteurs
endogènes, comme le réchauffement climatique par
exemple, affectent les structures et les produits du tourisme d'hiver, ce
phénomène est le même pour toute station de sports
d'hiver6(*). Dans ce sens,
une station comme Val Thorens semble privilégiée par son statut
de station de haute altitude. De plus, elle est dotée de 163 canons
à neige.
Dans cette étude, nous nous pencherons sur les
facteurs exogènes qui entravent plus
spécifiquement le bon fonctionnement de la station de Val Thorens.
En effet, les acteurs doivent renforcer la qualité de
l'offre dans une démarche pluridisciplinaire et dans un souci de
productivité durable. D'autant plus que des stations concurrentes
européennes engagent déjà des démarches
d'amélioration de leurs produits. Les principaux concurrents de Val
Thorens sont des stations d'Autriche et de Suisse qui demeurent des rivaux
historiques des montagnes françaises. Cependant, l'émergence de
pays de l'Est comme la Slovaquie et la Slovénie s'avèrent
être une concurrence naissante à fort potentiel. Parmi les
facteurs exogènes nous comptons ; l'évolution de l'attentes
des clients, le manque de diversification des activités, une offre
d'hébergement standardisée et vieillissante, un système de
remontées mécaniques vétustes, une mauvaise
accessibilité à la station, une communication insuffisante, la
montée de la concurrence et des produits de substitution au ski.
a- La mutation des attentes des touristes
Le ski était autrefois un loisir réservé
à une minorité, il est désormais pratiqué par
soixante-quatre millions de personne dans le monde7(*). Aujourd'hui, à Val
Thorens l'offre touristique est caractérisée comme figée
et uniforme. Les produits sont excessivement standardisés et ne
correspondent plus aux attentes des clients. En effet, le produit
« grand ski » ne satisfait plus à lui seul la
demande des usagers de la montagne. On assiste à une stagnation de la
pratique du ski qui se caractérise, en France par une évolution
de 5,7% seulement des journées skieurs, ces cinq dernières
années. Le souhait des clients est plus axé sur des pratiques
multiformes, (pratiques nordiques, promenades en raquette, à pied,
chiens de traîneaux). La demande de services est plus
élaborée, portant à la fois sur les animations de la
station, la qualité de l'hébergement mais aussi sur des tarifs
adaptés. Val Thorens s'est ainsi équipée ces
dernières années de cinq instituts de remise en forme et
acquière le label de station
« d'alti-forme »8(*).Ce repositionnement commence à porter ces
fruits puisqu'à Val Thorens le public non skiant représente
environ 20% de la clientèle d'hiver. Suite à la
réalisation d'une enquête de satisfaction9(*) lancée auprès de
la clientèle, les statistiques révèlent que 33% des
clients souhaitent pouvoir pratiquer d'autres activités que le ski et le
surf10(*). De plus, afin
de séduire une clientèle urbaine et pour répondre à
un bon nombre de critiques émanant des groupes de pression
écologique, des démarches visant au respect de l'environnement
sont privilégiées. La station voisine de Val Thorens ; les
Menuires est devenue l'une des premières stations de ski à
décrocher la certification ISO 14 001 11(*) en mars 2005. A ce sujet, la
station de Val Thorens est en cours d'audit.
b- Le manque de diversification des activités
à Val Thorens en été et en hiver
A Val Thorens, l'offre touristique est trop concentrée
sur la station et n'intègre pas les offres complémentaires de la
vallée. Selon un questionnaire de satisfaction à l'initiative de
l'Office du Tourisme12(*),
lancé dans les années 2000, pour 50 % des propriétaires
(75% pour la saison d'été) les activités et services
proposés par la station de Val Thorens sont insuffisants.
La station véhicule trop souvent l'image
« d'usine à ski » et on ne parle que rarement de la
saison d'été, aujourd'hui faiblement développée. En
effet, l'offre proposée à Val Thorens est trop souvent
associée à son statut de grande station de ski et aux grands
opérateurs comme Pierre et Vacances par exemple.
Contrairement à des stations d'Autriche, de Suisse et
d'Italie qui ont su se positionner globalement comme des
« destinations montagne » et maîtriser mieux le
développement territorial et la répartition de leurs
compétences. En effet plusieurs stations autrichiennes se regroupent.
L'ensemble de la zone de montagne est ainsi englobé, ce qui leur permet
de proposer une offre lisible et cohérente qui intègre à
la fois des produits ski et d'autres produits complémentaires :
loisirs sportifs et non sportifs disponibles sur un même territoire. En
Suisse, le succès des activités d'été permet
à un bon nombre de ces stations de développer des recettes
commerciales qui alimentent indirectement le financement des investissements
lourds d'hiver. L'exploitation des hébergements est ininterrompue tout
au long de l'année. En ce qui concerne Val Thorens, et en se basant sur
notre expérience professionnelle au sein d'une agence
immobilière, on constate que l'activité de Val Thorens
l'été est largement inférieure à celle d'hiver.
D'une manière générale, la station de Val Thorens doit
être capable de tenir compte de l'après-ski et du hors ski tout en
proposant des produits qui soient en mesure d'intéresser l'ensemble des
segments du marché : les familles, les seniors ainsi que les
jeunes. Le trop peu d'activités ainsi que la qualité de
l'hébergement devenu vieillissant ne permettent pas d'améliorer
la fréquentation de la station.
c- Une offre d'hébergements standardisée et
vieillissante
L'hébergement à Val Thorens est vieillissant et
abondant. L'Office du Tourisme de la station a distribué un
questionnaire de type « questionnaire de satisfaction »
13(*)auprès de la
clientèle de Val Thorens au cours des années qui ont
précédées l'ORIL. (Au début des années
2000). Les propriétaires ont été eux aussi
interrogés, sur 500 envois de courriers, 38% des réponses ont
été exploitables. Le constat est le suivant : selon les
clients les logements sont vieillissants et de mauvaise qualité.
En France, on comptabilise deux millions de lits touristiques
dans les communes support de stations, soit environ quatre par habitant. La
majeure partie des hébergements de la station date des années
1980-1985.14(*) Le parc
immobilier devient obsolète et vétuste, il est impératif
que la station de Val Thorens le renouvelle et le modernise.
De plus, une partie du parc immobilier de Val thorens est
détournée de sa vocation commerciale. En effet on parle de
« lits froids » à usage non
marchand. Il s'agit d'un appauvrissement du parc dédié à
l'hébergement marchand par une captation d'une fraction croissante des
lits touristiques vers le secteur des résidences secondaires. En
Autriche, ce phénomène est marginal. En revanche, certaines
stations de ski de Suisse et d'Italie rencontrent le même
problème. Dans certaines stations suisses des mesures ont
déjà été mises en place: tel un
prélèvement sur les transactions immobilières
destiné à créer puis à alimenter un fond de
rénovation, et un impôt portant sur les activités
liées à l'économie touristique qui remplace la taxe de
séjour. L'absence de droit de succession sur l'hôtellerie en
Suisse par exemple, en favorise son maintien.
Une dynamique de constructions neuves s'est amorcée
ces dernières années dans la station de Val Thorens, grâce
notamment au dispositif d'allégement fiscal en ZRR15(*), dans le but de
renouveler quantitativement et qualitativement les hébergements (La loi
prévoit des réductions fiscales allant jusqu'à 37,5 % de
l'investissement dans les résidences de tourisme.) 16(*)
Le risque étant une surproduction au-delà du
marché réel de résidences de tourisme qui peut à
terme entraîner des friches touristiques à
l'échéance des baux.
Le parc immobilier de Val Thorens a ainsi besoin d'être
modernisé et les équipements doivent être
requalifiés. En Autriche, l'hôtellerie représente 50 % de
l'offre d'hébergement. Le haut de gamme des hôtels de stations
autrichiennes fait la réputation du pays. Ainsi l'hôtellerie
autrichienne de part la dimension chaleureuse et typique de son accueil est
plus proche des attentes des clients.
d- Des installations mécaniques vétustes et
une mauvaise accessibilité à la station
Le domaine skiable français se place au premier rang au
niveau mondial, en terme de superficie et d'équipements.17(*) Celui de Val Thorens et plus
généralement de la vallée des Belleville s'étend
sur plus de 600 kilomètres de pistes alimentés par 200
remontées mécaniques18(*). Les deux sociétés de remontées
mécaniques de la vallée des Belleville: la SETAM19(*) et la SEVABEL sont les leaders
mondiaux en ce qui concerne le chiffre d'affaires dégagé :
20 millions d'euros en 2006. La vallée des Belleville dispose d'un
équipement remarquable en « gaz-ex » :
systèmes de déclenchement d'avalanche qui lui permet une
ouverture très rapide du domaine après de fortes chutes de
neiges.20(*)Cependant la
majeure partie des équipements date des années 1975-1985 et plus
de 130 millions d'euros ont été investis sur les quinze
dernières années. Aujourd'hui, Val Thorens investit encore
lourdement dans sa restructuration et sa modernisation pour répondre aux
attentes d'une clientèle de plus en plus soucieuse de confort et de
qualité.
Il existe également des problèmes en ce qui
concerne l'accessibilité aux stations, notamment du fait de
l'insuffisance d'infrastructure. Le raccourcissement des séjours impose
à la station de Val Thorens d'être accessible rapidement et
facilement. Pour les skieurs à la journée le domaine de Val
Thorens et celui des Trois Vallées sont accessibles directement depuis
le bas de la Maurienne par le télécabine d'Orelle. Ce dernier
part à 800 mètres d'altitude dans le village d'Orelle (à
deux minutes de l'autoroute A43) et emmène les skieurs à 2300
mètres en une trentaine de minutes, ce qui est idéal pour venir
passer une journée, surtout pour les clients italiens qui ont juste
à traverser le tunnel du Fréjus. L'accès à la
station par Orelle ne privilégie pas la fréquentation de Val
thorens en long séjour. De plus l'accès à la station par
voie routière en provenance de Moutiers demeure souvent difficile
à cause de la neige, et nécessite un bon équipement
automobile. Un système de navettes existe, cependant les trajets sont
longs, onéreux, et peu nombreux. Val Thorens est situé à
quarante kilomètres de Moutiers par une route sinueuse et dangereuse
d'un dénivelé important. En Autriche les stations sont
reliées par le bas grâce à des navettes fréquentes,
ce qui est un atout pour la saison d'été. Ces stations sont
interconnectées par le haut par des liaisons.
e- Des actions de communication insuffisantes pour la
station
Les actions de communication sont importantes pour la
commercialisation du produit « station ». Cependant,
seulement sept millions d'euros pour la saison 2005 / 2006 ont
été dépensés pour la promotion de l'offre
française contre 26 millions en Autriche, par exemple. Les stations
autrichiennes développent ainsi une communication internationale
efficace, on constate que les trois quarts de ses hivernants sont des
étrangers. Afin de remédier à ce retard, France Montagne
(Groupement d'Intérêt Economique, crée en 2005 à
l'initiative des exploitants des remontées mécaniques et de
l'AMSM: l'Association des Maires de Stations de Montagne) développe des
opérations de promotions conjointes au niveau de la France, notamment
sur Internet avec pour cibles principales les skieurs de Belgique, du Royaume
Unis et des Pays Bas. Cependant, les efforts entrepris par ce groupe semblent
trop timides pour avoir un impact dans la promotion de la destination de ski
française. Pour vendre plus il faut mieux satisfaire la demande et
préciser sa cible. La cible prisée par les stations autrichiennes
est celle des jeunes, par exemple. En effet des produits intéressants,
sur le plan financier sont proposés. Les stations vont même
jusqu'à créer des jeux vidéo sur le thème du ski
pour cibler les jeunes. De plus, les professionnels des sports d'hiver ont
saisi le Ministère de l'Education nationale autrichienne pour rendre
obligatoires les classes de neige. Ainsi, si 70% d'une classe fait un
séjour à la neige, les participants bénéficient du
prêt gratuit du matériel, de tarifs préférentiels
sur les remontées mécaniques et de solutions d'hébergement
en auberge de jeunesse. Les jeunes adultes sont aussi des cibles que ces
stations tentent d'attirer en proposant des formules simples et peu
onéreuses. En ce qui concerne les stations suisses, le Groupement
d'Intérêt Neige, qui regroupe l'Organisation suisse du tourisme,
Swiss Snowsports, l'Office fédérale du sport et le
Secrétariat d'Etat à l'Economie permet d'optimiser la
commercialisation des destinations suisses dans le tourisme d'hiver, notamment
grâce à ses actions commerciales, comme par exemple la carte
journalière « Snowli on tour », qui attire une
clientèle jeune.
En Italie, le projet « Dolomit Super
ski », à l'initiative du plus important ensemble au monde de
stations propose un forfait unique qui permet d'accéder à un
domaine vaste (plus de 1500 kilomètres de pistes de ski) au moyen d'une
seule carte magnétique. La coordination des acteurs, ainsi que la
concentration des moyens financiers permet de créer un réseau
d'équipements de première qualité et de ce fait de
satisfaire les attentes des clients par un bon rapport qualité prix.
Les actions de communication trop insuffisantes et l'émergence d'une
concurrence accrue ne favorisent pas le bon développement de la station
de Val Thorens.
f- La concurrence et les produits de substitutions à
Val Thorens
La station de Val Thorens est concurrencée par de
nouvelles « destinations neige » attrayantes,
proposées par des stations d'Europe centrale et orientale. Ces stations
trouvent de nouveaux produits adaptés aux nouveaux modes de consommation
des vacanciers. La manière d'acheter et de choisir ses vacances est en
mutation. Les offres de dernières minutes sur Internet et les
séjours de plus en plus courts nécessitent que l'offre,
habituellement d'une semaine : du samedi au samedi, s'adapte.
L'émergence ces dernières années de destinations
« exotiques » handicape la station de Val Thorens et vient
modifier le comportement de la clientèle. En effet, elles constituent
une alternative aux sports d'hiver, remis en cause par le réchauffement
climatique notamment. Elles sont accessibles à une large
clientèle et se développent au travers de la multiplication des
agences de voyages discount en ligne et des compagnies aériennes
à bas coûts. Il semble ainsi impératif, pour la station de
Val Thorens de développer une offre qui colle à la demande de
qualité à moindre coût.
De plus, les tours opérateurs21(*) sont aujourd'hui de plus en
plus volatiles, ils ont pourtant un rôle primordial au sein d'une station
comme Val Thorens. M. Gabet, responsable de l'agence immobilière
« Val Thorens Immobilier » pense que les tours
opérateurs contribuent à la commercialisation des deux tiers des
trois cents cinquante appartements gérés par cette agence,
certains s'engagent sur la saison entière par le biais de contrats
d'allotement, d'autres au coup par coup avec des contrats « on
request »22(*).
Les tours opérateurs sont belges, hollandais, danois, suédois ou
allemands, mais aussi croates, tchèques, américains ou canadiens.
Le système est alimenté par Val thorens Tour (filiale de
la société des remontées mécaniques la SETAM)
chargé de la prospection et du suivi des tours opérateurs ainsi
que par la centrale de réservation de Val Thorens.
Afin de comprendre pourquoi la station de Val Thorens
rencontre aujourd'hui toutes ces difficultés, il semble
nécessaire de remonter à l'origine de sa création.
2- Historique : la conception des
« stations de type intégré »
Vers 1925, des chercheurs anglais découvrent les Trois
vallées de Tarentaise ; la vallée de Saint Bon Courchevel,
la vallée de Méribel-les Allues et la vallée des
Belleville. Dans les années trente, débute l'aménagement
touristique de ces stations. Dès 1944, l'Etat Français et le
Conseil de la Savoie décideront d'investir pour relancer
l'économie savoyarde. Les vertus des Trois Vallées : les
larges alpages, les glaciers, les hauts sommets et les liaisons directes des
Trois Vallées, rendront favorable le développement du ski. Au
début des années 60 la vallée des Belleville connaît
un exode massif de sa population active et pour sauver la vallée le
Maire de Saint Martin de Belleville lancera une étude sur
l'aménagement touristique de la commune et proposera un plan de
développement. En 1973, la station de Val Thorens se construit à
2300 mètres d'altitude.
L'idée dans cette partie est de montrer comment les
concepteurs et urbanistes ont pensé et créé les stations
de sport d'hiver en terme de cadre bâti et d'aménagement du
territoire. Cette réflexion nous aide à comprendre les
difficultés de Val Thorens aujourd'hui et à penser comment nous
en sommes arrivés au système des ORIL.
Marie Worzniak23(*) explique que les stations de ski ont
été conçues pour les touristes ; « sans
vacanciers pas de stations », elle s'interroge sur la manière
dont les opérateurs et les concepteurs ont construit et pensé les
stations en fonction de leur soi disant connaissance des touristes et de leurs
attentes.
La construction des « stations
intégrées d'altitude française » s'inscrit dans
une politique nationale d'aménagement du territoire, après la
guerre et avec la Reconstruction, des évolutions techniques et sociales
permettent le développement du tourisme de masse en montagne, il faut
donc créer des structures d'accueil.
Le « modèle de la station
intégrée d'altitude française » apparaît
pendant les Trente Glorieuses, les premiers à s'y investir sont en
quelque sorte « les pionniers de l'or blanc » ; on
compte parmi eux : les urbanistes, les architectes, les promoteurs et les
experts dont le SEATM : Service d'Etude et d'Aménagement
Touristique de la Montagne.
Les concepteurs et créateurs des stations sont les
premiers à avoir tenté de répondre aux aspirations des
nouveaux touristes. A partir des années soixante, le tourisme n'est plus
réservé à la haute société mais fait place
au tourisme de masse. Les concepteurs et créateurs doivent donc penser
les stations « pour une activité nouvelle, pour un public
nouveau ».
En 1937, les Congrès Internationaux d'Architecture
Modernes (CIAM)24(*)
organisent un congrès intitulé « Logis et
loisirs », à la suite de ce congrès un rapport
intitulé : « zones de loisirs en haute
montagne » est publié. Ce rapport engage les architectes et
urbanistes à « réfléchir à la place du
loisir dans la vie quotidienne » et à «créer des
lieux adaptés à cette nouvelle pratique », ils vont
donc faire des stations, « un objet moderne [...]
aménagé rationnellement (« équation :
nombre de lits étendue du domaine/ débit des remontées,
organisation de l'espace autour d'une seule pratique...), fonctionnellement
(zonage, séparation des circulations piétons, skieurs et autos)
et efficacement.
Finalement, les stations sont aménagées pour
« l'homme nouveau », « standard et
générique », explique Marie Worzniak. Le texte des CIAM
révèle également deux autres idées : la
pratique des loisirs en montagne serait réservée aux citadins et
la montagne serait liée la maladie et à la guérison,
cette image évoluera vers celle du grand air, du bien être, de la
détente et du loisir.
Laurent Chappis25(*) a participé à l'aménagement de
nombreuses stations françaises et étrangères. De 1946
à 1958, il élabore « le premier plan
d'aménagement volontaire d'un massif, les trois Vallées, et la
station de Courchevel ». La position de Chappis est minoritaire en
France, peu de ses projets aboutiront, il développe l'idée qu'il
existe plusieurs clientèles en stations, il prône le principe du
« zonage »26(*), les stations doivent représenter cette
diversité. Les clients sont par exemple discriminés par rapport
à leurs degrés de pratique du ski, cependant Laurent Chappis
affirment que certains viennent en montagne pour autre chose que le ski :
« le soleil, le panorama, l'évasion, la
détente... ». Marie Worzniak remarque que pour cette
clientèle aucun aménagement n'est prévu hormis les
« éléments naturels ». Laurent Chapuis
s'appliquera, suite à des études de terrain, à
définir un « habitat pour citadin sportif résidant
à la montagne ».
Les travaux de Denys Pradelle mettent en lumière
l'idée selon laquelle, c'est aux usagers des stations de
« façonner un nouvel art de vivre »,
« comme les concepteurs ont essayé d'en préparer
les supports.
L'Etat français, au début des années 1960
est conscient de l'opportunité économique offerte par les
stations, il crée en 1964 la Commission Interministérielle
d'Aménagement de la Montagne. Cette commission devient en 1970 le SEATM
et implique une officialisation dans un rôle d'Etat d'une équipe
constituée et impliquée sur le terrain depuis 1945. La logique du
SEATM est une logique d'ingénieurs, pour définir la taille et
l'organisation des stations, des « critères très
objectifs » sont pris en compte: débits des remontées
mécaniques, taille du domaine, nombre de lits, etc.
Les stations sont construites rapidement, il y a
« urgence » à intervenir pour « stopper
l'exode rurale », « fixer les skieurs français en
France et attirer les clients étrangers, et faire rentrer des devises
sur le territoire ». Le temps n'est donc pas aux études
sociologiques et à la concertation, on cherche à
« urbaniser la montagne » ; terme employé par
G. Pialat27(*), et ceci le
plus vite possible.
Ainsi le SEATM savait ou croyait savoir ce qu'attendaient les
touristes explique Marie Worzniak, il a également pratiqué une
« segmentation implicite de la clientèles » :
la clientèle fortunée qui pratique le ski et la clientèle
familiale qui doit se contenter des éléments naturels. Le SEATM
fonde sa politique d'aménagement sur des données de l'INSEE
estimant une « croissance du nombre de skieurs » mais ne
lance aucune étude sur les attentes de la nouvelle clientèle des
stations.
Charlotte Perriand, membre des CIAM, explique que la
conception de la station des Arcs, en particuliers des aménagements
intérieurs, s'est faite dans un souci de « contact avec la
nature, le grand air... [...] ces longs balcons face à la montagne,
comme une rive face à la mer ». Dans le logis de loisir C. Perriand
ne projette pas seulement un cadre bâti mais une organisation familiale,
un rythme d'activité, toute une vie nouvelle. [...] ces bâtiments
se faufilaient dans la forêt, synthèse entre l'équipement
intérieur, l'architecture et l'environnement qui imprimaient dès
l'arrivée une sensation d'espace et l'assurance d'un séjour
heureux. L'homme est pris en compte. » Mais quel homme est alors pris
en compte ? A ce moment là on se réfère à
« l'homme nouveau » aux besoins « réduits
et simplifiés » qui implique une « simplification
des modes de vie ». Autrefois, explique Marie Worzniak , les stations
offraient de nombreux « espaces intermédiaires, de
médiation (pergolas, vérandas, promenades, parcs, salons,
fumoirs, marquises...) », le logement- type des Arcs ne propose qu'un
« balcon- terrasse ».
On peut donc constaté que les architectes et les
urbanistes projettent une vie nouvelle dans l'organisation de l'habitation de
loisir en montagne en tentant de répondre aux attentes encore mal
identifiées et de produire de nouvelles pratiques. Ces acteurs
créent les stations dans l'esprit du temps : fonctionnalisme et
rationalité, selon la réflexion de « l'homme
nouveau » qui pour la première fois intègre le loisir
dans son quotidien. L'idée que l'Homme est semblable, égal
à son prochain aboutit à la « construction d'un
Homme standardisé, générique [...] ainsi chacun aurait les
mêmes besoins, les mêmes désirs, les mêmes
aspirations... »
A travers ces explications, nous pouvons comprendre comment
une station comme Val Thorens aujourd'hui est reprochée d'avoir un cadre
bâti standardisé.
Les premières études sociologiques sur la
société de loisirs datent des années soixante. Les
promoteurs ne disposent donc pas de beaucoup de données au moment de la
conception des « stations de type intégré ».
Marie Worzniak précise que H. Bezançon28(*) est le seul à citer
dans son article en 1980 l'ouvrage de Joffre Dumazedier, Vers une
civilisation de loisir29(*).
Les promoteurs, notamment la SETAM ou encore la Caisse des
Dépôts et Consignations et autres acteurs s'orientent vers le
modèle communautaire, la communauté, en partant de l'idée
que « le quotidien, c'est la ville, les vacances c'est le village
[...] la ville est anonyme et le village convivial » explique Marie
Worziniak. La nature n'est plus seulement un territoire de pleine nature mais
« une communauté humaine transitoire ». La montagne
doit également être un « lieu
d'animation »30(*), selon Roger Godino, promoteur des Arcs.
Les architectes et urbanistes se définissent comme des
prototypes de cet Homme nouveau et ont « projeté leur mode de
vie dans des aménagements qui feront progresser
l'humanité » explique Marie Worzniak. « La
réduction du temps de travail, la création de moment de
détente, la résorption de l'habitat insalubre, seront des
témoins concrets du progrès social ».
Entre les années 1950 et 1970, on assiste donc à
la création des stations, qui connaissent leur apogée dans les
années 1980, pour ensuite vivre la crise à partir des
années 1990. Les études sociologiques sont alors plus
orientées vers une approche marketing, vers des études de
marché. Les experts étudient les attentes de la clientèle
pour faire évoluer l'offre proposée par les stations, cependant
ces études de marché ne remettent pas en question le cadre et le
produit « tout ski » mais les à
côtés.
Les stations ont été conçues et
construites, elles ont rencontré leur clientèle et ont
touché des vacanciers satisfaits. Elles entrent alors dans une nouvelle
phase explique Marie Wozniak : « on passe de la création
d'un mode de vie à la vente du produit « ski ». Il
est donc nécessaire d'adopter une approche marketing c'est-à-dire
notamment de faire la promotion du tourisme à l'étranger avec le
concours d'agence de publicité.
Nous pouvons citer deux exemples d'études de
marché tel que SEMA METRA IFOP 1987 : « études des
loisirs de montagne ». Cette étude est lancée suite
à une chute du taux de départ en vacances d'hiver, le but est de
caractériser les tendances de la demande. Le critère de
définition des profils de clientèle est essentiellement
socioéconomique. Il ressort de cette étude que la classe moyenne
(revenus confortables, originaires de Paris ou des grandes
agglomérations, très sportifs (ski), fort capital
économique et culturel, des longs séjours) représente la
clientèle majoritaire des sports d'hiver. On identifie dans cette
clientèle des « clusters » explique Marie Worzniak,
« mordus, dilettantes, pragmatiques, vacanciers ».
Finalement, l'étude conclut que c'est le modèle
des stations intégrées de haute altitude qui est
plébiscité; des sites fonctionnels, de la neige assurée,
des domaines skiables vastes...Cependant c'est ce même modèle qui
était remis en question parce qu'il était considéré
comme trop peu montagnard, peu convivial,...
De plus, il est remarqué que le produit
« sport d'hiver » semble peu évolutif :
« les loisirs en montagne l'hiver c'est le ski, le modèle
c'est la grande station intégrée. ». C'est pourquoi on
commence à réfléchir à la nature de l'offre et
à mettre la montagne en avant : « l'accueil, la
qualité, l'environnement, le patrimoine... ».
Nous pouvons noter ici des critères que les
Opérations de Réhabilitation de l'immobilier de Loisirs
reprennent, même si cela s'effectue quelques années plus tard.
L'étude conclue sur une nécessité de
commercialiser de façon professionnelle les stations pour atteindre une
plus grande rentabilité.
Nous pouvons également donner l'exemple d'une autre
étude menée en 1992 par COMFRECA : « Pour un
repositionnement de l'offre tourisme- loisirs des Alpes
françaises», 31(*)cette étude utilise des méthodes
qualitatives de type « marketing ». Le point de
départ est la constatation d'une baisse de fréquentation à
la fin des années 1980, en raison notamment du manque de neige et de la
pratique du snowboard en plein boom, renvoyant à un autre univers de
référence que celui du ski. L'objectif de cette étude est
de construire une « typologie de la demande pour « l'offre
montagne », les variables prises en considération sont socio-
démographiques et socioculturelles.
L'étude définit la clientèle
« montagne » comme étant composée de jeunes
actifs aisés, plutôt jeunes (moins de 30 ans), des
étudiants et cadres parisiens en majorité.
« Six tendances se dessinent au fil de l'analyse de
la demande et des attentes des touristes : la vitalité (corps et
esprit en harmonie), ouverture aux autres, connectivité, interactions,
ouverture à la complexité (paradigme de l'indétermination
dans les 1990), besoin de sens : « authentique »,
sensibilité à la nature et à l'hyper naturel
(développement durable) et d'autonomie : destruction de la
société de masse, d'homogénéité, où
tout le monde se conformait à des modèles, versatilité et
diversité »32(*).
L'étude constate la croissance des différents
profils de sensibilité, on serait passé de demandes simples,
massives et homogènes à « des demandes multiples et
complexes » explique Marie Worzniak. Ces résultats font donc
émerger l'idée qu'il existe « un panel de
clientèles « montagne » auquel devrait correspondre
une offre diversifiée », la diversité des profils
induit une complexité de la demande. Les objectifs fixés sont
donc : « recherche de qualité et diversification de
l'offre, conquête de nouvelles clientèles, travail sur la
commercialisation, amélioration du cadre bâti (bâtiments et
espaces extérieurs) et étude en profondeur de la pluri-
activité des employés et habitants des stations. Il s'agit de la
première fois que l'on remet en cause le cadre bâti et à
travers lui les pratiques associées (une attention prêtée
aux pluri- actifs), a constaté Marie Workniak.
L'enquête montre également que « les
stations sont trop marquées « ski », « la
concentration des activités sur ces sites entrave la liberté de
choix des usagers, [...] mais également un manque de produits
intermédiaires et les difficultés rencontrées dans la
gestion et la commercialisation ».
Nous pouvons souligner ici que, les difficultés des
stations constatées dans ces deux études, sont reprises dans les
objectifs des ORIL.
II- L'Opération de Réhabilitation de
l'Immobilier de Loisir
1- Comment en est on arrivé aux ORIL ?
Selon un « raisonnement mercatique », la
station de Val Thorens est un produit qui s'achète, qui a une image et
qui est positionné sur un marché. Il est nécessaire que ce
produit « station » soit très intéressant
pour pouvoir attirer la clientèle et être capable de remplir
pendant l'ensemble de la saison (de novembre à mai), des
appartements. Comme nous l'avons vu précédemment l'offre de
logement locatif à vocation touristique et d'accueil des saisonniers,
dans les stations de montagne et plus particulièrement dans la station
de Val Thorens est souvent inadaptée à l'évolution de la
demande actuelle. Cette situation a été mise en évidence
par les élus locaux de la station de Val Thorens qui constate une baisse
de l'activité se traduisant par un surcoût de fonctionnement des
équipements publics et une baisse d'activité pour les entreprises
locales liées au tourisme. Le Ministère de l'économie, des
finances et de l'industrie ainsi que le secrétaire d'Etat au tourisme
ont engagé des mesures. Dans un premier temps, le Parlement a
adopté, dans le cadre de l'examen de la Loi de finances pour 1999, un
article modifiant l'article 126 D du Code Général des
Impôts et permettant la récupération de la TVA sur les
travaux de réhabilitation entrepris dans le cadre des Villages
résidentiels de tourisme.
S'inspirant des Opérations Programmées
d'Amélioration de l'Habitat (OPAH), la loi SRU du 13 décembre
2000 (Article 18633(*)) a
institué les ORIL. Les ORIL complètent le dispositif fiscal des
Villages Résidentiels de Tourisme34(*). Le VRT est un établissement commercial
d'hébergements qui s'inscrit dans le périmètre d'une ORIL,
il est constitué d'un ensemble de locaux d'habitation meublé
doté d'équipements et de services communs dans des locaux
situés à proximité. Ces locaux d'habitation sont
réservés à une clientèle touristique. Les villages
résidentiels de tourisme sont des établissements commerciaux
d'hébergement touristique classés s'inscrivant dans une ORIL. La
mise en oeuvre d'une procédure ORIL n'implique pas nécessairement
la création d'un village résidentiel de tourisme. Depuis 2004, de
nombreuses mesures fiscales relatives à l'hébergement touristique
ont été mises en place. L'insuffisance d'entretien des
appartements a aboutit à la dégradation de l'offre alors que la
demande est de plus en plus exigeante et que la concurrence monte en puissance.
L'objectif de l'ORIL est donc d'inciter les propriétaires à
engager ou a faire engager des travaux de réhabilitation et à
mettre leurs appartements sur le marché. Les ORIL sont des
opérations longues, le délai est de cinq ans.
La station de Val Thorens arrive pratiquement au terme de ses
droits à construire. Elle est caractéristique des stations de ski
dites « intégrées ». La rareté des
espaces et la nécessité d'assurer leur préservation
interdisent l'extension illimitée de l'urbanisme. C'est pourquoi,
aujourd'hui la station de Val Thorens s'applique à rénover son
cadre bâti et à embellir l'habitat déjà
existant.
L'Etat a ainsi souhaité mener une politique en faveur
d'une amélioration qualitative du parc immobilier touristique mis en
location. La commune de Saint Martin de Belleville a depuis 2002 mis en place
cette démarche de requalification et d'amélioration de
l'habitat.
2- Les OBJECTIFS des ORIL
Généralement les Opérations de
Réhabilitation de l'Immobilier de Loisir sont mises en oeuvre dans les
stations de sports d'hiver dans l'objectif de réhabiliter le parc
immobilier touristique dans une dynamique économique et pour requalifier
globalement une station, c'est-à-dire : améliorer les
espaces publiques, le stationnement, les équipements d'infrastructures
et traiter la question de l'environnement. L'investissement consenti pour
rénover des appartements peut prendre toute signification seulement dans
le cadre d'un site qui améliore également son fonctionnement et
ses aménagements. A quoi peut servir un appartement rénové
que les locataires saisonniers ne peuvent atteindre faute de pouvoir garer
leurs voitures ?
Au niveau de l'aménagement du territoire, il s'agit
d'empêcher l'apparition de « friches touristiques »,
c'est-à-dire d'éviter qu'un site comme la station de Val Thorens,
dont l'hébergement ne correspond plus à l'attente de la
clientèle, soit délaissé.
Cette démarche s'entreprend dans une perspective
d'amélioration de l'image de la station, d'une mise en adéquation
du produit avec les attentes des clients, d'une amélioration de l'offre
qualitative des logements locatifs à destination de la clientèle
touristique et du personnel saisonnier. Elle vise aussi à maintenir
l'offre de services de proximité
L'objectif de l'Etat, avec l'ORIL est également
d'inciter les propriétaires à mettre leur appartement sur le
marché à la faveur de travaux de réhabilitation portant
notamment sur les éléments de confort. La station de Val Thorens
a ainsi entrepris une démarche ORIL visant à améliorer le
cadre de vie de la station. Deux cent cinquante appartements d'origine sont
concernés : il s'agit de remettre aux normes les
équipements.
Pour pallier à la montée de la concurrence et
pour fidéliser sa clientèle, la commune de Val Thorens, a
décidé de mettre en place une Opération de
Réhabilitation de l'Immobilier de Loisir qui permettra à terme de
classer les hébergements et de les labelliser. En ce qui concerne le
classement : on attribue à chaque appartement des étoiles
dont le nombre varie de 1à 5. Seuls les appartements qui
possèdent des étoiles peuvent prétendre à
l'appellation « meublé de tourisme ». Cette mention
est valable pour cinq ans. Concernant la station de Val Thorens on attribue aux
appartements « des chalets » en terme de labellisation, qui
varient de 2 à 5. Ces appellations mettent en évidence au niveau
du classement préfectoral, l'aspect qualitatif du logement. Ils prennent
en compte l'état général de l'appartement mais aussi
l'harmonie d'ensemble du mobilier, des teintes, des matériaux
utilisés... Le label est valable trois ans mais, peut à chaque
rénovation conséquente être
réévalué.
L'intérêt de ces deux mentions et que les
appartements sont évalués par rapport à des
critères de qualité reconnus dans la vallée des
Belleville. Les propriétaires peuvent également estimer la valeur
de leurs biens et envisager d'éventuelles améliorations selon le
confort qu'ils recherchent.
Les critères de rénovation sont : la
qualité : Le revêtement des sols, des tissus d'ameublement
ainsi que du mobilier ...; l'esthétique : les couleurs, le style
ainsi que le mobilier doivent respecter une harmonie d'ensemble ; le
confort : le niveau d'équipement électroménager et
des sanitaires doivent pouvoir convenir à une utilisation quotidienne et
la sécurité : l'électricité doit être
aux normes. Les lits superposés sont à proscrire des couchages.
Il existe plusieurs critères de rénovation qui permettent un
classement préfectoral et une labellisation. Chaque appartement est
évalué individuellement selon un cahier des charges
précis35(*) et
certains critères du classement préfectoral sont compensés
par la labellisation et inversement.
L'offre de service de Val Thorens doit s'adapter aux
évolutions démographiques et en particulier au vieillissement de
la population. C'est pourquoi l'amélioration des services de
proximité s'impose. Val Thorens a intérêt à
maintenir une offre de service de proximité de qualité. La
qualité de vie de la station doit être pensée et
développée en direction de l'ensemble des clientèles.
Ainsi, la station doit être capable d'offrir des services et des
activités aux personnes handicapées en généralisant
l'accès aux remontées mécaniques, en rendant accessible la
pratique du ski à tous
3- Le cadre juridique et fiscal des ORIL
En ce qui concerne le cadre juridique, l'ORIL est un
dispositif promulgué en décembre 2000 par la Loi relative
à la « Solidarité et au Renouvellement
Urbains »36(*).Plusieurs textes abordent la problématique des
actions d'aménagement du territoire dans le domaine touristique,
indiquant que le milieu où elles s'appliquent nécessite des
« outils spécifiques ». L'ORIL est un de ces outils
qui a pour but de rénover qualitativement des urbanisations
déjà existantes. Il s'agit de la loi Montagne (Article 1 et 42)
et de l'Article L-300-1 du Code de l'Urbanisme.37(*)
Pour les ORIL engagées par les collectivités, le
dispositif du Village Résidentiel de Tourisme donne aux professionnels
la possibilité de créer une nouvelle activité
d'exploitation touristique assurant la mise en marché locative des
appartements rénovés sur une longue période. Le VRT est
régis par trois textes de loi38(*).
D'un point de vue fiscal la loi n° 2005-157 du 23
février 2005, relative aux développements ruraux a modifié
la fiscalité des propriétaires réalisant des travaux pour
louer en meublé touristique ou dans le cadre d'un VRT.
En revanche, dans le cadre de notre métier d'agent
immobilier, nous sommes dans un schéma où se développe une
ORIL sans VRT ; en effet une agence immobilière et plus
particulièrement l'agence « Val Thorens Immobilier »
ne s'inscrit pas dans un VRT car elle n'est pas une société de
services proposant le ménage des appartements, le petit déjeuner
des clients, la réception permanente, ou la blanchisserie.
Le propriétaire loue un meublé en passant un
mandat de gestion (régit par la loi Hoguet) avec une agence
immobilière qui en assure sa gestion commerciale et qui conclut avec le
client locataire un bail pour le compte du propriétaire.
BAIL
CIVIL
(sans TVA)
MANDAT
De gestion
Locative
Agence
Immobilière
Propriétaire
Bailleur
Aides Publiques
Client
Locataire
Sur le plan juridique : l'agent immobilier assure la mise
en marché locative prévue au titre de l'ORIL (loi L-318-5 du Code
de l'Urbanisme)39(*). Le
propriétaire peut mandater un tiers pour réaliser ses
travaux40(*) cependant il
reste maître d'ouvrage de l'opération et perçoit les
subventions versées au titre de l'ORIL.
Sur le plan fiscal, en l'absence de VRT, le
propriétaire ne peut pas récupérer la TVA sauf s'il offre
des prestations complémentaires para hôtelières, ce qui
n'est quasiment jamais le cas compte tenu de la complexité pour une
agence immobilière à gérer l'ensemble de ces
prestations.
PROPRIETAIRE
AGENCE IMMOBILIERE
CLIENT
TVA sur travaux 5,5% Pas de TVA sur les
loyers
TVA sur Mobilier 19,6%
S'agissant d'un meublé, les loyers des
propriétaires seront imposés dans la catégorie des BIC
(Bénéfices Industriels et Commerciaux).
Le propriétaire devra acquitter la taxe
professionnelle, la taxe foncière sur les propriétés
bâties, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères,
et, le cas échéant la taxe de séjour (perçue
auprès des clients).
Synthèse:
aides publiques
|
Possibles si engagement sur 9ans
|
Statut
|
Loueur en meublé professionnel ou non
professionnel
|
TVA
|
Exonération
|
Fiscalité du revenu
|
BIC (Bénéfices Industriels et
Commerciaux)
|
Fiscalité locale
|
Taxe professionnelle, pas de taxe d'habitation si ce
n'est pas une résidence personnelle
|
Montage de l'opération ORIL
|
Assuré par l'agent immobilier en mandat pour le
compte du propriétaire
|
Ce schéma ne permet pas de déduire la TVA sur
les travaux et l'acquisition des meubles sauf si éventuellement la
location s'accompagne de prestations para hôtelières. Cependant
l'ORIL permet une déduction du montant des travaux des impôts des
propriétaires dans le domaine de l'économie d'énergie ou
de la pollution ; double vitrage, isolation, radiateur, etc.
Les avantages et inconvénients
fiscaux :
Inconvénients
|
Avantages
|
Le propriétaire ne récupère pas la TVA
|
Le propriétaire peut percevoir une aide
publique dans le cadre de l'ORIL s'il a mandaté un
agent immobilier
|
S'il est soumis au BIC non professionnel, le
propriétaire ne pourra pas imputer un éventuel déficit
sur son revenu global mais sur son seul revenu BIC non professionnel
ultérieur
|
|
Si le propriétaire relève du régime des
micro-entreprises, la déduction des charges sera
déterminée forfaitairement à 72% du revenu brut, ce qui
est parfois insuffisant pour déduire l'intégralité des
dépenses effectivement supportées en période de
travaux ou d'investissement.
|
|
4- Les acteurs autour des ORIL
Moteur au niveau des textes, l'Etat laisse aux
collectivités territoriales le soin de financer et d'accompagner les
projets d'ORIL.
Une délibération du Conseil Municipal ou de
l'organe délibérant compétent : EPCI (Etablissement
Public de Coopération Intercommunale) est nécessaire pour mettre
en place une ORIL. La commune agit en fonction des seuils financiers
prévus par les textes, cependant le projet doit susciter
l'adhésion de tous les partenaires locaux : les acteurs
institutionnels, les professionnels du tourisme, de l'immobilier, les
propriétaires et les clients.
L'ORIL est donc une opération validée par une
délibération du Conseil Municipal, les collectivités
locales créent une structure, le plus souvent une société
d'économie mixte afin de réunir les acteurs professionnels de la
station. Cette société mène à bien les dispositifs
d'amélioration de la filière hébergement et dispose de
moyens d'intervention: contrats proposés aux propriétaires de
biens immobiliers et aides conjointes que les collectivités locales leur
accordent. Une entreprise a été mandatée pour mener
à bien le projet de réhabilitation pour la station de Val
Thorens. L'office du Tourisme a fait appel à la SEM RENOV'. Selon
Hervé Bourgeois, chargé de la mission ORIL
d'Orcière-Merlette (une des treize stations pilotes de l'ORIL)
l'intervention d'une SEM est nécessaire car cette opération est
« un programme d'intérêt
général ».
En ce qui concerne la station de Val Thorens, le versement des
subventions se font par la commune de Saint Martin de Belleville ainsi que par
la société de remontées mécaniques : la
SETAM.41(*) Le montant de
cette aide dépend de la surface de l'appartement, elle contribue
généralement à hauteur de 30% du financement des travaux.
La SETAM apporte une aide financière à hauteur des deux tiers. Le
tiers restant est apporté par la Mairie.42(*)En contrepartie de cette aide, le propriétaire
doit mettre en location son bien rénové pendant une
période de neuf ans auprès d'un professionnel de l'immobilier de
la station et une mise à disposition de douze semaines par hiver.
5- La démarche pour mettre en place une ORIL
Au préalable, il est nécessaire de
définir un projet de station qui
détermine des besoins exprimés par les clients et les auteurs
socioprofessionnels. Un état des lieux du fonctionnement et de la
qualité du site touristique sera aussi nécessaire. Afin
d'évaluer les impacts techniques et financiers de l'opération, il
est important de procéder à des simulations et à des
projets de réhabilitation. Une évaluation financière des
dépenses publiques permet aussi d'appréhender l'impact d'une
politique d'aide financière et d'amélioration des espaces
publics.
Un Rapport de proposition de l'ORIL
doit être élaboré par la commune, Il doit comporter des
données relatives à l'urbanisme, à l'immobilier et au
tourisme mais aussi les avis des acteurs de la station, des enquêtes
auprès des propriétaires et des clients. C'est ensuite à
la collectivité locale d'évaluer les besoins et les attentes de
la station, elle établit, en fonction de ses capacités à
s'engager, un projet de station définissant les objectifs et les
investissements privés et publics.
Les propriétaires désireux de
bénéficier d'une ORIL doivent faire la démarche
auprès de l'Office du Tourisme et demander un rendez-vous d'information.
Si une ORIL les intéresse, ils peuvent demander une
visite ainsi que l'élaboration d'un cahier des charges43(*) en fonction des
rénovations qu'ils souhaitent réaliser dans leur appartement.
Le projet de rénovation est alors
présenté à la SEM RENOV. La responsable du projet ORIL de
l'Office du Tourisme de Val Thorens explique :
« Deux formules sont proposées aux
propriétaires : soit une rénovation
autonome : Il s'agit d'une demande de devis. La
réalisation se fait seul. L'office du Tourisme laisse à la
disposition du propriétaire une liste de prestataires de
services44(*) pouvant se
charger des travaux. Cette formule n'est possible que pour des travaux
atteignant 6 000 euros minimum. Soit une rénovation par la
Sem Renov' : Pour pallier à l'éloignement de
certains propriétaires, l'intervention d'un architecte
d'intérieur45(*)
est envisageable. Ce prestataire élabore un cahier des charges. Il peut
avoir une simple mission de conseil ou entreprendre la totalité des
travaux : démarchage d'entreprise, réalisations des
rénovations...
Cette formule n'est possible seulement pour des travaux
atteignant un montant de 10 000 euros minimum. »
Les conventions sont alors signées : il y a deux
conventions ; une entre la commune de Saint Martin de Belleville et le
propriétaire et une autre entre la SETAM et le propriétaire. Ces
deux agents veulent s'assurer qu'en contre partie de l'aide allouée les
engagements du propriétaire seront respectés.46(*)
Ensuite, la réalisation des travaux peut s'effectuer de
trois manières différentes: par la SEM RENOV', par l'agence
immobilière ou par le propriétaire lui-même.
Un contrôle de l'appartement rénové
à ensuite lieu, si le cahier des charges est respecté le
propriétaire reçoit les pièces justificatives.
En ce qui concerne les enjeux, nous pouvons tout d'abord
parler d'un enjeu d'aménagement du territoire, à Val Thorens on
compte 22 500 lits dont 1900 en hôtels, 10 200 en
résidences de tourisme avec généralement le service
hôtelier à la carte, 3200 en agences immobilières et 7200
en résidences secondaires. La réhabilitation des appartements de
Val Thorens représente un enjeu économique important car la
station vit du tourisme, les objectifs des ORIL sont primordiaux afin
d'éviter par exemple la « fuite » des
touristes et la location « au noir ».
La SETAM souhaite bénéficier d'une hausse de la
fréquentation de la station et donc d'une meilleure vente de forfaits de
ski. En ce qui concerne les agences immobilières cela permettra une
fidélisation de leurs clientèles qui seront davantage
satisfaites. Les propriétaires espèrent une meilleure
rentabilité locative de leurs biens rénovés, Ils ont aussi
la possibilité de vendre leurs appartements en remboursant les
subventions prorata temporis.
L'ORIL est une action récente qui s'inscrit sur le
long terme et qui doit faire ses preuves. Ces opérations comportent
également un enjeu environnemental : il s'agit de mener un projet
global d'amélioration du cadre de vie, qui concerne autant les espaces
publics, les parkings, les enseignes, etc...
III - Synthèse
Dans cette troisième partie nous avons choisit de faire
un tableau récapitulatif et synthétique des avantages et des
inconvénients du système de l'ORIL afin d'y voir plus clair et de
pouvoir porter un jugement critique sur ces opérations.
Avantages
|
Inconvénients/ limites
|
Amélioration et qualité des équipements et
des logements
Critères recherchés : qualité,
esthétique, sécurité, confort
|
Un niveau d'investissement conséquent
|
Labellisation et classement préfectoral
|
|
Renforcer l'image de marque de la station
|
|
Requalification totale d'une station : amélioration
des espaces publics, du stationnement, des infrastructures et prise en compte
de la question de l'environnement
|
|
Inciter les propriétaires à mettre leur bien sur
le marché locatif
|
|
Pour les propriétaires :
|
Meilleure rentabilité locative de son bien
|
Nécessité d'adapter les outils juridiques,
techniques et financiers à la typologie des propriétaires
|
Possibilité de sortir du système obligatoire
Remboursement prorata temporis les sommes allouées en
cas de vente du bien
|
Des propriétaires réticents
Mise en gestion obligatoire de neuf ans : pas de pleine
jouissance de leurs biens
|
Liberté d'occupation de son appartement de 6 à 7
semaines pendant la saison d'hiver
|
Une mise à disposition à une agence
immobilière de la station d'au moins douze semaines entre Noël et
Pâques
|
|
L'opération ne devient intéressante que sur le
long terme.
|
Possibilité d'une prise en charge globale de la
démarche ORIL par la SEM RENOV : peu de travail pour les
propriétaires
|
|
Fidélisation de la clientèle
Maintenir l'offre de service de proximité
|
|
1- Avantages et inconvénients pour la station de
Val Thorens
Le dispositif ORIL permet donc une amélioration du
cadre bâti de la station de Val Thorens selon des critères
exigeants de qualité, d'esthétique, de confort et de
sécurité. L'offre touristique proposée est donc
améliorée et permet une meilleure commercialisation de la station
et donc une plus grande fréquentation des pistes (ce qui est avantageux
pour la SETAM). Ce projet a un intérêt général ainsi
l'ensemble des professionnels et acteurs de la station doivent collaborer. Ce
dispositif nécessite un investissement lourd de tous les acteurs. De
plus le résultat de ces actions n'est pas visible sur le court terme
mais plus sur le long terme.
Certains propriétaires ont une bonne rentabilité
locative de leurs appartements et n'éprouvent pas le besoin de
rénovation. D'autres habitent la région de Val Thorens et
viennent fréquemment dans leur résidence secondaire. D'autres
encore ont des familles nombreuses et beaucoup d'amis et
préfèrent prêter leur appartement. Il y a ceux enfin qui
ont investi, mais qui viennent au maximum une semaine par an et qui n'ont pas
spécialement envie de louer car ils se font une mauvaise image des
vacanciers et des agences immobilières garantes de leur bien. Ces
derniers alimentent le phénomène de « volets
clos » que l'on peut rencontrer à Val Thorens. C'est pourtant
ce type de propriétaire qu'il semble nécessaire de convaincre
pour une démarche ORIL.
De plus la disponibilité des entreprises de travaux de
rénovation et le respect des délais constituent un frein
supplémentaire. L'ensemble de la réhabilitation doit avoir lieu
à l'intersaison et ce n'est pas toujours évident d'avoir des
entreprises disponibles à Val Thorens pendant cette période de
l'année. Pour Sabine Riccadonna, employée dans l'agence
immobilière « Val Thorens Immobilier » :
« Je pense que ce système
permet de faire prendre conscience d'une nécessité
d'aménagement et de rénovation. Pour des appartements où
les travaux ne sont pas conséquents, la subvention est
intéressante. En fait ce système est avantageux pour les studios
de 20 à 23 m ². » En revanche : « Cette
opération tend à standardiser les appartements. En plus le cahier
des charges soulève trop d'exigences. Tout cela enlève une
certaine spontanéité que le propriétaire pouvait avoir,
dans l'aménagement et la décoration de son appartement alors que
la clientèle recherche de plus en plus des appartements uniques,
modernes, de style montagnard, et contemporain. »47(*)
2- Avantages pour les propriétaires
Une démarche ORIL permet à un
propriétaire de moderniser son bien immobilier et d'obtenir une
classification et une labellisation automatique. Ce bien prend ainsi de la
valeur car il respecte les normes touristiques actuelles de confort. Sa
réhabilitation lui permet d'avoir une impression d'état neuf et
ainsi de répondre aux attentes de la clientèle. La SEM RENOV'
assure la gestion administrative et fiscale du dossier de rénovation.
Les propriétaires qui habitent loin n'ont ainsi pas à se soucier
de ces démarches. Pour qu'une ORIL soit attractive pour un
propriétaire, il faut que sa participation soit la plus faible possible
(pour ceux qui choisissent de ne pas faire les travaux eux même.)
Le propriétaire bénéficie d'une meilleure
rentabilité locative de son bien. Un appartement rénové se
loue plus, plus longtemps, plus souvent et plus cher.
3- Inconvénients pour les
propriétaires
Le propriétaire a une obligation de mise en gestion de
son appartement, qui peut être contraignante car il doit
impérativement, en contrepartie de la subvention qu'il a reçu
faire travailler un professionnel de la station, et ce durant un bail de neuf
ans. Ce mandat de gestion lui impose une mise à disposition, à
une agence immobilière de la station, d'au moins douze semaines entre
Noël et Pâques.
Le propriétaire doit aussi rigoureusement suivre le
cahier des charges48(*),
établi par l'entreprise qui a la charge des travaux. C'est la
totalité du bien qui doit être réhabilité. Pour un
appartement datant des années 1980-1985, une simple réflexion de
la peinture n'est bien sur pas suffisante. Selon un membre de l'agence
immobilière « Val Thorens Immobilier »49(*) le respect du cahier des
charges est trop difficile à tenir et ne permet pas une
spontanéité dans la rénovation et la décoration de
l'appartement. La demande des clients est plus exigeante et souhaite plus de
convivialité et d'originalité (il souhaite
« sortir » de leur quotidien, et avoir une impression de
dépaysement)
L'investissement de départ est lourd, estimé
entre 15 000 €uros et 60 000€uros suivant la taille de
l'appartement. Le montant des travaux doit correspondre à un
investissement d'une valeur supérieure à 10 000 € HT et
supérieure à 6 000 € pour les fournitures. Il est
nécessaire de sensibiliser les propriétaires et cela
relève d'un travail de longue haleine. A Tignes (une autre station
pilote de l'ORIL), la SEM s'est dotée d'un structure spécifique
à la rénovation immobilière. Elle comprend des commerciaux
actifs et son coût est de l'ordre de 200 000 € par an. L'impact
de ce dispositif a été le suivant : en sept ans 200
appartements ont été rénovés sur environ
45 000.
4- Les démarches déjà entreprises
et celles prévues par la station de Val Thorens qui s'inscrivent dans
la complémentarité du projet ORIL50(*)
a- Actions réalisées pour l'environnement et
la commercialisation de la station de Val thorens
En ce qui concerne la question du respect de l'environnement,
la société Mountain Riders travaille à mettre en
place une chartre environnementale pour les stations de ski. La station de Val
Thorens en fait partie. Il s'agit d'informer et éduquer au respect de
l'environnement en montagne. Différentes actions ont déjà
été mises en place par les stations partenaires :
l'affichage, la vente de cendrier de poche à l'office du tourisme,
l'incitation au covoiturage...
La commune de Saint Martin de Belleville est respectueuse de
son patrimoine naturel. Les deux tiers de son domaine skiable sont
conservés à l'état naturel. Une lutte contre les
pollutions est aussi menée avec le traitement des déchets et
l'installation d'une déchetterie aux Menuires.
Pour ce qui est de la commercialisation de la station,
l'office du tourisme de Val Thorens et l'ensemble des partenaires
professionnels réalisent des brochures avec les différentes
offres proposées. L'ensemble de ces partenaires fréquentent des
salons du Tourisme : rencontre avec les tours opérateurs et les
agences de voyages. Le site Internet de Val Thorens
(www.valthorens.com)se développe de plus en plus
grâce à l'office du tourisme, la station figure dans des spots
publicitaires diffusés en radio et à la télévision
notamment lors des événements sportifs comme le Trophée
Andros, la Boarderweek...
b- Les projets d'embellissement réalisés
à venir
La station de Val Thorens a déjà
réalisé des projets pour améliorer la station:
l'harmonisation des deux tiers des résidences de la station des
façades en bois et pierre depuis cinq ans, l'amélioration de
l'éclairage des rues avec cent soixante treize nouveaux points
lumineux, l'aménagement de la Place Peclet : place du marché
avec la construction de WC publics. Les projets à venir sont la
création de soixante-douze nouvelles places de parking au centre de la
station, et la réflexion de la galerie commerciale de Caron avec des
matériaux nobles (bois et pierre).
CONCLUSION
Nous avons constaté que la station de Val Thorens qui
présente de nombreuses qualités (experte de la glisse, situation
de haute altitude...) doit aujourd'hui faire face à diverses
difficultés. Nous avons analysé ces obstacles mais nous avons
également essayé, à travers un historique de comprendre
comment ont été conçues les stations de type
« intégrées » telle que la station de Val
Thorens.
Les concepteurs, promoteurs et experts ont pensé et
crée les stations de haute altitude françaises de
« type intégré » tel que Val Thorens dans
l'urgence et sans étudier vraiment les attentes des touristes.
L'idée a été de voir comment on en arrivé à
la situation actuelle, ce qui a permis de placer le système des ORIL
dans un contexte.
En effet la question était de savoir si la mesure ORIL
proposée par les pouvoirs publics apporte une réponse aux
problèmes rencontrés par la station de Val Thorens. Cette mesure
contribue certes à renouveler le parc immobilier et à renforcer
son image de marque, cependant elle nécessite un investissement lourd
des propriétaires et les efforts ne sont visibles que sur le long terme.
Les agences immobilières et autres acteurs de l'hébergement
locatif font face à des propriétaires réticents.
Les ORIL impliquent d'autres avantages et inconvénients
que nous avons analysé précédemment. La station de Val
Thorens a encore des efforts à faire sur diverses questions, nous avons
souligné l'exemple de l'environnement et du développement durable
mais également de la commercialisation. Il serait intéressant
d'analyser plus précisément la situation des services de
proximité dans les stations de haute altitude françaises afin de
voir ce qu'il en est des aménagements pour handicapés par
exemple.
* 1 Hébrard Caroline
ASDER
* 2 La Vallée des
Belleville Hiver 2006-2007 « Des verts pâturage au tourisme du
troisième millénaire : chronique d'une aventure
économique et humaine. »
* 3 Source ODIT France (cf
Annexe1 NOMBRE DE JOURNEES-SKIEURS ENREGISTREES
AU COURS DE LA SAISON 2005-2006)
* 4 Cf Annexe 1 :
« NOMBRE DE JOURNEES-SKIEURS ENREGISTREES AU COURS DE LA SAISON
2005-2006 »
* 5 Exogène : qui
provient de l'extérieur Endogène : qui à son origine
à l'intérieur. Larousse
* 6 Selon l'OCDE, une
augmentation de la température de deux degrés probable à
moyen terme, pourrait réduire le nombre de stations
bénéficiant d'un enneigement faible à 400 contre 600
aujourd'hui en Europe
* 7 La Vallée des
Belleville Hiver 2006-2007 « Des verts pâturage au tourisme du
troisième millénaire : chronique d'une aventure
économique et humaine. »
* 8 Crée par
l'Association Nationale des Maires des Stations de Montagne qui permet aux
hivernants d'identifier les stations tournées vers les prestations de
thermalisme et balnéothérapie.
* 9 Cf Annexe 2
« COMPTE RENDU DE L'ENTRETIEN AVEC STEPHANIE JAY, RESPONSABLE DU
PROJET ORIL DE VAL THORENS LE 16 /04/2007 A L'OFFICE DU TOURISME DE VAL
THORENS »
* 10 La Vallée des
Belleville Hiver 2006-2007 « Des verts pâturages au tourisme
du troisième millénaire : chronique d'une aventure
économique et humaine »
* 11 La
société de remontées mécaniques des Menuires est la
première en France à satisfaire aux exigences de la norme
environnementale internationale. Pour acquérir cette certification, elle
a dû mené un certain nombre d'actions : la gestion des
déchets, les économies d'énergie, et la protection de
l'environnement.
* 12 Cf Annexe 2
« COMPTE RENDU DE L'ENTRETIEN AVEC STEPHANIE JAY, RESPONSABLE DU
PROJET ORIL DE VAL THORENS LE 16 /04/2007 A L'OFFICE DU TOURISME DE VAL
THORENS »
* 13Cf Annexe 2
« COMPTE RENDU DE L'ENTRETIEN AVEC STEPHANIE JAY, RESPONSABLE DU
PROJET ORIL DE VAL THORENS LE 16 /04/2007 A L'OFFICE DU TOURISME DE VAL
THORENS »
* 14 ASADAC Territoires
Pascal Joly et Marc Durand Commune de Saint Martin de Beleville
* 15 Zone de Revitalisation
Rurale. Les territoires peuvent être placés en ZRR en fonction de
différents critères : densité de population
inférieure à 31 ou 33 habitant au km², déclin de la
population, déclin de la population active, forte proportion d'emploi
agricole. Un certain nombre de mesures fiscales ont été
prévues pour stimuler l'activité et l'investissement dans ces
zones.
* 16 Association Valloire
Nature et Avenir
* 17 Cf Annexe 3
« Le domaine skiable de la vallée des Belleville en
chiffres »
* 18 La vallée des
Belleville Hiver 2006-2007 « Des verts alpages au tourisme du
troisième millénaire : chronique d'une aventure
économique et humaine. »
* 19 Société
d'Exploitation des Téléphériques Tarantaise Maurienne.
* 20 La vallée des
Belleville Hiver 2006-2007 « Des verts alpages au tourisme du
troisième millénaire : chronique d'une aventure
économique et humaine. »
* 21 Personne morale ou
physique qui conçoit et met en oeuvre des voyages (Journal Officiel du
22/09/2000)
L'Agence de voyage est une société commerciale
dirigée par une personne qui propose à la clientèle des
prestations touristiques relatives soit à des voyages ou séjours
individuels ou collectifs donnant lieu ou non à un forfait touristique,
soit à des services (délivrance de titres de transports, de
réservation, d'hébergement). Le professionnel d'agent de voyages
est un professionnel réglementé. Cette profession s'organise en
voyagistes (tours opérateur, agences distributives).
* 22 « Contrat sur
demande »
* 23 Les
stations de ski : quelles représentations des clientèles
pour quel cadre bâti? Revue de géographie alpine, 2004
* 24 Sous l'impulsion de le
Corbusier, ces congrès rassemblent des architectes, artistes, critiques
d'art et hommes politiques afin d'ouvrir une réflexion sur
l'architecture et l'urbanisme
* 25 Architecte et
urbaniste, expert de l'Organisation Mondiale du Tourisme, architecte conseil du
ministère de l'équipement
* 26 « Zone de
loisirs de neige sans immobilier privatif, stades de neiges, zones de
résidences, zones de ski de masse, zones de ski de
randonnées... »
* 27 Urbanisme n°116,
1970, « Urbaniser la montagne ? », G, Pialat
(Urbaniste de l'Etat Service d'Etude de la Commission Interministérielle
pour l'aménagement Touristique de la Montagne)
* 28 Technique et
architecture n°333, 1980, « Constantes et variables de
l'architecture de loisir, de la Plagne 1962 à la Plagne
1980 »
* 29 « Vers
une civilisation de loisir ? », Jean Dumazedier, Le Seuil,
Paris, 1962
* 30 « Bourg-
Saint- Maurice- les- Arcs, le village de Pierre Blanche (arc 1600) »
par R. Godino pour l'Atelier d'Architecture des trois Arcs dans Techniques et
Architectures 34ème serie n°1, 1971.
* 31 Rapport publié
en 1993
* 32 Source :
étude COFREMCA, rapport publié en 1993
* 33 Inséré
dans le Code de l'urbanisme Livre III Titre Premier Chapitre VIII Section II
Article L-318-5 cf Annexe 4 : « Code de l'Urbanisme Article
L-318-5 »
* 34 Les VRT sont mis en
place par l'article 34 de la Loi de finances de 1999
* 35 Cf Annexe 5
« Cahier des charges ORIL Année 2007 Val Thorens- Les
Menuires »
* 36 Article 186 et loi
L-318-5 du Code de l'Urbanisme (cf Annexe 4 « Code de l'Urbanisme
Article
L-318-5 »)
* 37 Cf Annexe 6-7-8
* 38 Cf Annexe 9-10-11
* 39 Cf Annexe
4« Code de l'Urbanisme Article L-318-5 »
* 40 Cf Annexe 12 et 13
« Liste des entreprises » et l'architecte
d'intérieur
* 41 Société
d'Exploitation des Téléphériques Tarantaise-Maurienne
* 42 La subvention est de
180€ par mètres carrés pour les vingt premiers mètres
carrés, et 90€ par mètres carrés
supplémentaires. Par exemple : pour un appartement de 24 M² la
subvention sera de 3 960 € (20x 180 + 4x 90)
* 43 Cf Annexe 5
« Cahier des charges ORIL Année 2007 Val Thorens- Les
Menuires »
* 44 Cf Annexe 12
« Liste des entreprises »
* 45 Cf Annexe 13
l'architecte d'intérieur
* 46Cf Annexe 14 et 15
« Convention Commune Propriétaire » et
« Convention SETAM Proprétaire »
* 47 Cf Annexe 16
« COMPTE RENDU DE L'ENTRETIEN AVEC SABINE RICCADONNA, HABITANTE DE
VAL THORENS DEPUIS 20 ANS ET EMPLOYEE DE L'AGENCE IMMOBILIERE « VAL
THORENS IMMOBILIER » du 15/05/2007 »
* 48 Cf Annexe 5
« Cahier des charges ORIL Année 2007 Val Thorens- Les
Menuires »
* 49 Cf Annexe 16
« COMPTE RENDU DE L'ENTRETIEN AVEC SABINE RICCADONNA, HABITANTE DE
VAL THORENS DEPUIS 20 ANS ET EMPLOYEE DE L'AGENCE IMMOBILIERE « VAL
THORENS IMMOBILIER » du 15/05/2007 »
* 50 Sources : la
Vallée des Belleville Hiver 2006-2007 : « Des verts
pâturages au tourisme du troisième millénaire :
chronique d'une aventure économique et humaine »
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