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L'identité en débat - Représentations et idéologies dans les discours sur l'immigration au sein de l'espace public

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par Jean-Marie GIRIER
Université Lyon II - Université Lyon III - ENS-Lsh Lyon - Master 2 recherche en Sciences de l'information et de la communication 2007
  

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La reconduction du type d'acteur institué lors du CPE

En premier lieu, il convient d'analyser l'instauration par les médias du monde associatif comme moteur du mouvement d'opposition. Alors que les mobilisations émergent habituellement d'acteurs singuliers ayant accès à l'espace public, les prémisses de la mobilisation se construirent sur les restes encore tenaces des opposants au CPE. C'est par conséquent un collectif politique, à la fois trop hétérogène dans sa forme et trop complet du point de vue du nombre d'acteurs qui a été désigné pour mener la lutte. En effet, plus d'une centaine d'associations se sont regroupées au sein du collectif « Uni(e)s contre une immigration jetable ».

Dès décembre 2005, Le Monde a interrogé des personnalités associatives sur le projet de loi : Olivier Brachet pour Forum Réfugié, Pierre Tévanian du collectif LMSI (Les mots sont importants), Claire Rodier du GISTI (Groupe d'information et de soutien des travailleurs immigrés). Le mois suivant, les trois quotidiens retenus dans notre corpus ont évoqué différentes associations : Cimade (Service oecuménique d'entraide, LDH (Ligue des Droits de l'Homme), MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié des peuples), 9ème collectif des sans-papiers... Le traitement médiatique se concentrera sur les déclarations du ministre de l'Intérieur jusqu'au mois de mars, mois au cours duquel on peut constater un basculement. En effet, les articles se font plus nombreux à l'approche du débat parlementaire, mais la poursuite du mouvement contre le CPE est aussi en train de prendre une échelle inédite. C'est pourquoi le collectif « Uni(e)s contre une immigration jetable » va être institué comme un interlocuteur unique et comme l'acteur collectif le plus représentatif de cette nouvelle mobilisation de citoyens encore préoccupés par la question du travail. Dans les faits, ce collectif émane du GISTI, et Claire Rodier, juriste du GISTI, en devient naturellement le porte-parole. Il s'est constitué en fédérant la plupart des acteurs de la lutte contre le CPE et à reçu le soutien des principales associations de défense des étrangers, des immigrés ou des droits de l'Homme, ce qui a permis une légitimation immédiate au regard des médias.

Il est intéressant de voir que l'émergence de ce collectif a conduit à un effacement des identités politiques de chaque syndicat, groupe ou association pour se fondre en une entité unique, sans un porte-parole particulier. Les médias ont veillé à instituer un collectif et n'en ont pas fait ressortir une quelconque personnalité, reprenant une énonciation identique à celle élaborée lors du récit sur le CPE. Nous constatons finalement la création d'un espace public de l'opposition au sein duquel règne l'indistinction, dans la mesure où l'on ne peut pas en dissocier les acteurs, et parce que l'ensemble des participants partagent un fragment d'idéologie en commun, une représentation d'une immigration juste et l'imaginaire d'une immigration équitable et réussie. Ce fait est nouveau car la communication des associations existait jusqu'à présent dans l'espace public à travers la voix d'une personnalité militante ou politique. Certes des individualités reconnues composent ce collectif, elles prennent la parole en tant qu'experts, mais la voix des associations est pour la première fois une et collective. Si bien que cela vient troubler les acteurs traditionnels de l'espace public. Nous émettons deux hypothèses à ce propos. La première, la moins probable, serait qu'avec un message simple et un relais médiatique puissant, le mouvement associatif se soit mû en un élan citoyen. La seconde serait que l'hétérogénéité des identités et la puissance de certaines associations participant au collectif Uni(e)s contre une immigration jetable ait eu pour conséquence de neutraliser un quelconque leadership dans le mouvement pour seulement relayer des idées précises et partagées. Cette dernière option reviendrait à relativiser fortement les capacités de proposition et de réflexion de ces structures sur le long terme.

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