PAGE DE DEDICACE
Nous dédions ce Mémoire :
- A notre épouse SIMO NKUATE Arlette,
nos enfants Jonas, Gloria, Naomi, Pierre Aimé et Vanessa.
- A Mme NONO Marie Claire.
PAGE DE REMERCIEMENTS
Nous tenons ici à remercier de tout coeur et de
manière sincère, le Dieu Tout Puissant, Père de notre
Seigneur et Sauveur Jésus Christ qui nous a appelé et
placé dans son champ pour la mission. Nos remerciements vont
également :
A tous les professeurs de l'UPAC et de l'Université de
Strasbourg, particulièrement ceux de la FTPSR qui nous ont suffisamment
encadré durant les années académiques 2015-2016 et
2016-2017.
Au Dr NGIRINSHUTI Marcel, qui a accepté diriger ce
travail ; ses conseils, sa disponibilité, ses orientations et
surtout sa patience et son sens élevé de la recherche nous ont
donné de travailler dans un climat détendu et serein.
Au Dr.BISSOHONG BI BISSOHONG Ebénézer Assesseur
de ce travail pour ses remarques qui nous ont permis d'améliorer la
qualité de notre travail.
Au Pr. FROUISOU Samuel Président de jury, qui des
mains de maitre a su modérer et contribuer de façon
indéniable à parfaire la qualité de ce travail.
A notre tendre et charmante épouse Mme KUATE DJILO
née SIMO NKUATE Arlette et nos enfants Jonas, Gloria, Naomi, Pierre
Aimé et Vanessa pour leur chaleur, leur encouragement et leur
présence à nos côtés pendant la rédaction de
ce travail.
A Mme NONO Marie Claire, une dame de coeur, pour le soutien
multiforme dont nous avons été bénéficiaire pendant
notre formation.
A la famille de mon ami et frère le Dr TAGNE SIMO
Richard, pour les encouragements et le soutien aux moments où nous
hésitions reprendre avec les études.
A nos parents DJILO Michel et MOTOUOM ainsi que nos
beaux-parents NKUATE et KENGNE pour la confiance et pour les conseils qui nous
ont permis de nous améliorer sur le plan intellectuel.
Aux pasteurs PRISO MOUNGOLE Richard, KEMOGNE Jonas, MEMIAFO
Abestine, KOUAMEGNE Daniel, MANYAKA KOUM Samuel Valérie, NOUKOUA Jean
Roland, DONGMO OUANDA Salmon, Dr. KOUONGA Benjamin, Dr. FOSSOUO Pascal, pour
les encouragements et les conseils que nous avons reçus d'eux pendant
notre formation et durant la rédaction de ce travail.
A Mme NGAYAP Paulette, Mme NONO Edith, Mme MAGNI Elisabeth, Me
FOTSO MEKU Annie, la famille NANA Fabien, TUMAMO Ernest, NKOAGNE Josué,
KENNE Victor, SELATSA Michel, POKA, SANDJONG Isaac, TANKOUAM Roland, WABO
André, TANDOM Emmanuel, MBONDA Elie, NZALI Elie, TACHIE Samuel, pour
tous les conseils reçus.
A tous les frères et soeurs de la famille DJILO et
NKUATE, aux amis NGUETE Wilfried, TAKEU Guy, KABIWO Jean Hervé, TUMAMO
Jerry.
Aux communautés EEC de NLONGKAK, de BIYEMASSI, de
MELEN, pour leur accueil et surtout l'encadrement alloué pour que le
travail soit fait sans anicroche.
A tous les moniteurs du culte d'enfants ainsi que nos
promotionnaires pour la chaleur qui se dégageait chaque fois que nous
étions ensemble.
Notre gratitude va à l'endroit de tous ceux qui
reconnaissent avoir participé d'une manière ou d'une autre
à la réalisation de ce travail et que nous n'avons pas
nommés ici. Que le Christ Jésus les comble de ses multiples
grâces.
TABLEAUX DES SIGLES ET ABREVIATIONS
N°
|
SIGLES
|
SIGNIFICATIONS
|
01
|
CAFRAD
|
Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui
|
02
|
CEBEC
|
Conseil des Eglises Baptiste et
Evangélique du Cameroun
|
03
|
C.E.P.CA
|
Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun
|
04
|
C.E.T.A
|
Conférence des Eglises de Toute l'Afrique
|
05
|
C.E.V.A.A
|
Communauté Evangélique d'Action Apostolique
|
06
|
CH4
|
Méthane
|
07
|
CLE
|
Centre de Littérature Evangélique
|
08
|
CO2
|
Dioxyde de Carbonne
|
09
|
COE
|
Conseil OEcuménique des Eglises
|
10
|
COP
|
Conférence des Parties
|
11
|
EEC
|
Eglise Evangélique du Cameroun
|
12
|
Etc
|
Cætera ou et cetera
|
13
|
FTPSR
|
Faculté de Théologie Protestante et des Sciences
Religieuses
|
14
|
IPTN
|
Institut Protestant de Théologie de Ndoungué
|
15
|
MEU
|
Mission Evangélique Unie
|
16
|
NASA
|
National Aeronautics and Space Administration
|
17
|
Op. Cit.
|
(Opere citato), déjà cité
|
18
|
PIB
|
Produit Intérieur Brut
|
19
|
Pp.
|
Pages
|
20
|
S.M.E.P
|
Société des Missions Evangéliques de Paris
|
21
|
SDN
|
Société des Nations
|
22
|
TOB
|
Traduction OEcuménique de la Bible
|
23
|
UEBC
|
Union des Eglises Baptistes du Cameroun
|
24
|
UPAC
|
Université Protestante d'Afrique Centrale
|
N°
|
ABREVIATIONS
|
SIGNIFICATIONS
|
01
|
Act.
|
Actes des Apôtres
|
02
|
Al.
|
Les autres
|
03
|
Dr.
|
Docteur
|
04
|
Dt.
|
Deutéronome
|
05
|
Es.
|
Esaïe
|
06
|
Ex.
|
Exode
|
07
|
Ez.
|
Ezéchiel
|
08
|
Gn.
|
Genèse
|
09
|
Hé.
|
Hébreux
|
10
|
Jg.
|
Juges
|
11
|
Jr.
|
Jérémie
|
12
|
Lv.
|
Lévitique
|
13
|
Mgr
|
Monseigneur
|
14
|
Mt.
|
Matthieu
|
15
|
Nb.
|
Nombres
|
16
|
P.
|
Page
|
17
|
Pr.
|
Professeur
|
18
|
Ps.
|
Psaumes
|
RESUME
L'évolution fulgurante de la société avec
les changements climatiques, la perte massive de biodiversité, la
pollution des écosystèmes, la transgression des cycles naturels
et l'épuisement des ressources, ont une forte influence non seulement
sur les êtres humains mais aussi sur les autres êtres vivants et
leurs milieux de vie. Dans une perspective holistique du salut
prêché par l'Eglise Evangélique du Cameroun, il y a urgence
d'un redéploiement de cette dernière dans tous les secteurs de la
vie, notamment dans le secteur écologique.
Quand nous regardons l'engagement de la société
civile pour lutter contre la crise écologique, l'EEC tarde encore
à s'engager à fond dans la lutte, se contentant à
créer un département chargé de la question
écologique sans cahier de charge.
Nous nous sommes demandé si avec ces efforts la lutte
que mène l'EEC peut être efficace. Pour répondre à
cette question nous avons fait un travail subdivisé en trois parties :
La première partie est une brève histoire de la
mission, un aperçu sur les défis missionnaires et une
brève présentation de l'EEC qui est notre Eglise cible. Ici, le
champ d'étude l'exigeant, il faut revisiter l'histoire des missions
avec les défis généraux qui se présentent dans le
champ de la mission actuellement.
Dans la deuxième partie, il est question de faire
l'état des lieux de la crise écologique, en partant de ses
fondements bibliques pour déboucher sur les causes, les
conséquences et les responsables. Cette partie nous permet aussi de voir
l'impact de crise écologique sur les espaces terrestre, marin et
aérien.
Dans la troisième partie, il s'agit des enjeux et des
défis qui attendent l'Eglise Evangélique du Cameroun en
matière de sauvegarde de la nature. L'EEC doit revoir le rôle de
la commission chargée de la préservation de l'environnement avec
une présence plus accrue et accentuée sur le terrain de la lutte
contre la crise écologique.
Mots clés : Cameroun,
création, crise, écologie, Eglise, évangile, homme, lutte,
mission, protection.
ABSTRACT
The rapid changing of the society, the massive loss of
biodiversity, the pollution of ecosystems, the violation of natural cycles and
depletion of resources, have a strong influence not only on human beings but
also on other living creatures and their living environments. From a holistic
perspective of salvation preached by the Evangelical Church of Cameroon, there
is an urgent need for a redeployment of the latter in all sectors of life,
especially in the ecological sector.
When we look at the commitment of civil society to tackle the
ecological crisis, the ECC is still slow to commit itself fully to the
struggle, merely creating a department responsible for the ecological issue
without specification.
We asked ourselves if with these efforts the struggle that the
ECC is leading can be effective. To answer this question we have made a work
subdivided into three parts:
The first part is a brief history of the mission, an overview
of the missionary challenges and a brief presentation of the ECC which is our
target church. Here, as the field of study demands, it is necessary to revisit
the history of missions with the general challenges that present themselves in
the field of mission at today.
In the second part, it is a question of doing a checkup of the
ecological crisis, starting from its biblical foundations to lead to the
causes, the consequences and the responsible ones. This section also allows us
to see the impact of ecological crisis on land, sea and air.
In the third part, it concerns the stakes and challenges that
await the Evangelical Church of Cameroon in the safeguarding of creation. The
ECC must review the role of the Commission for Environmental Preservation with
a greater and greater presence on the ground in the fight against the
ecological crisis.
Keywords: Cameroon, creation, crisis,
ecology, church, gospel, man, struggle, mission, protection.
TABLE DES MATIERES
PAGE DE
DEDICACE..........................................................................................iv
PAGE DE REMERCIEMENTS
ii
RESUME
vi
ABSTRACT
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
a) Contexte et motivations
2
b) Option ou champ de recherche
5
c) Du choix du sujet
5
d) Problématique et questions de la
recherche
6
e) Hypothèses de recherche
6
f) Objectifs de la recherche
6
g) Revue littéraire
7
h) Méthodologie de travail
9
PREMIERE PARTIE : BREVE HISTOIRE DE LA
MISSION ET DEFIS MISSIONNAIRES
10
CHAPITRE I : CLARIFICATION DU CONCEPT
ET FONDEMENT BIBLIQUE DE LA MISSION.
10
I.1- Clarification terminologique du concept
`'mission''.
10
I.2- Fondement vétérotestamentaire de
la mission.
12
I.3- Fondement néotestamentaire de la
mission.
17
CHAPITRE II : VOCATION, REALISATION ET
DEFIS MISSIONNAIRE.
21
II.1- Vocation missionnaire de l'église.
21
II.2- Quelques réalisations missionnaires au
Cameroun.
24
II.3- Défis missionnaires actuels pour le
clergé de l'EEC.
27
CHAPITRE III : BREVE PRESENTATION DE
L'EGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN.
32
III.1- La genèse de l'E.E.C.
32
a. La Mission Baptiste de Londres
(1841-1886)
32
b. La Mission de Bâle (1886-1914)
32
c. La Société des Missions
Evangéliques de Paris (1917-1957)
33
III.2. Des sociétés de missions
à l'autonomie de l'EEC.
34
III.3. Organisation Structurelle de l'EEC.
36
Conclusion partielle
38
DEUXIEME PARTIE : LA CRISE
ECOLOGIQUE
39
CHAPITRE I : CLARIFICATION
TERMINOLOGIQUE ET FONDEMENT BIBLIQUE DE L'ECOLOGIE.
40
I.1- Clarification des termes `'crise'' et
`'écologie''.
40
I.2- L'écologie dans l'Ancien Testament.
43
I.3- L'écologie dans le Nouveau
Testament.
46
CHAPITRE II : LA CRISE ECOLOGIQUE DANS
LES ESPACES TERRESTRE, MARIN ET AERIEN.
49
II.1- La crise écologique dans l'espace
terrestre.
49
II.2- L'espace marin et la crise
écologique.
52
II.3- La crise écologique en rapport avec
l'espace aérien.
54
CHAPITRE III : LA CRISE ECOLOGIQUE
ENTRE CAUSES, CONSEQUENCES ET RESPONSABILITES.
60
III.1- Les causes de la crise écologique
actuelle.
60
III.2- Les conséquences de la crise
écologique actuelle.
65
III.3- Les responsables de la crise
écologique.
68
Conclusion partielle
71
TROISIEME PARTIE : LA SAUVEGARDE DE LA
NATURE : ENJEUX ET DEFIS POUR LA MISSION DE L'EEC
73
CHAPITRE I : COMPOSITION DE LA
BIOCENOSE ET ENJEUX BIBLIQUES ET SOCIAUX DE LA PRESERVATION DE LA
NATURE.
73
I.1- composition de la biocénose.
73
I.2- Les enjeux bibliques de la sauvegarde de la
nature.
74
I.3- Les enjeux socio-politiques de la sauvegarde
de la nature.
76
CHAPITRE II : DEFIS MISSIONNAIRES DE
LA SAUVEGARDE DE LA NATURE.
78
II.1- Défis missionnaires sur le plan
spirituel.
78
II.2- Défis missionnaires sur le plan
politico-économique.
79
II.3- Défis missionnaires sur le plan
éthique.
82
CHAPITRE III : QUELQUES PROPOSITIONS
POUR UNE LUTTE MULTIDIMENSIONNELLE CONTRE LA CRISE ECOLOGIQUE PAR
L'EEC.
86
III.1- Pour un renforcement de la conscience
théologique.
86
III.2- Pour une catéchèse
environnementale.
88
III.3- Repenser la commission Diaconie, Justice,
Paix et Sauvegarde de la création au sein de l'EEC.
90
Conclusion partielle
93
CONCLUSION GENERALE
95
BIBLIOGRAPHIE
97
INTRODUCTION GENERALE
Aujourd'hui, nous avons l'impression que l'Eglise en
général et l'EEC en particulier annonce encore l'Evangile
spirituel et social, comme si les questions écologiques n'étaient
pas un défi et une préoccupation de haute importance
missionnaire. Le salut est prêché comme si le sort de l'humain
à qui s'adresse ce salut n'était pas étroitement
lié à celui de son environnement écologique. Dave BOOKLESS
parlant de l'homme dans la société pense que
« l'évolution fulgurante de la société
influence non seulement leurs lieux de vie, mais les pays dans lesquels ils
résident, les champs qu'ils cultivent et les mers dont ils exploitent
les ressources. »1(*) Pourtant, l'être humain ne peut
s'épanouir sans un environnement équilibré et sain. Il
suffit de promener un regard désabusé sur le paysage
planétaire d'aujourd'hui pour se rendre compte que notre vision du monde
évolue et change. Dans nos interrelations avec notre milieu de vie, nous
sommes appelés à jouer un double rôle ; dans un
premier temps, comme êtres vivants, nous devons nous adapter à
notre entourage et le protéger comme étant un bien essentiel.
Ensuite, comme être pensant, car l'humain apparait à la fois
comme créature et aussi comme concepteur de son environnement, qui
assure sa subsistance physique et lui offre la possibilité d'un
développement intellectuel, moral, social environnemental et spirituel.
Sur un plan purement environnemental, la crise
écologique devient de plus en plus insupportable. Pour preuve, les
ressources naturelles se raréfient à une vitesse
préoccupante; le déchaînement des cataclysmes de plus en
plus fréquents sème une inquiétude croissante; la
biodiversité en péril fait dire aux uns et aux autres que nous
approchons de ce qu'il est désormais convenu d'appeler l'apocalypse; le
réchauffement climatique accélère ses retombées non
négligeables sur l'équilibre de notre écosystème;
bref, notre marque écologique encombrante a profondément
défiguré la physionomie de la planète.
Dans cette logique, nous pensons que la crise la plus
importante que l'humanité devra affronter dans les jours à venir
est la crise écologique. Bien plus important que la guerre ou le
terrorisme, l'éclatement de la société ou l'effondrement
économique, toutes crises plus immédiatement visibles et plus
bruyantes auxquelles il contribue en réalité à la
désintégration du magnifique système qui assure notre vie
sur cette planète met en danger notre existence même.
Pour l'heure, nous assistons à la période
d'extinction des espèces la plus importante de tous les temps. Or
chacune des espèces est une expression unique du dessein de Dieu,
ciselée et façonnée pendant des millions d'années,
et leurs sublimes formes de vie disparaissent, bien souvent avant même
que nous ayons connaissance de leur existence ou du rôle qu'elles jouent
au sein du tissu de la nature voire dans le maintien de notre bien-être.
Les ressources de la terre, sont épuisées, nous polluons l'eau
douce, transformons les terres fertiles en désert et remplaçons
les paysages luxuriants par des monocultures nuisibles. Nous remplissons
l'atmosphère de dioxyde de carbone, déchet de notre envie
insatiable de plus de biens, plus de voyages, altérant comme jamais la
couche d'air fragile qui enveloppe notre planète, faisant fondre nos
calottes glaciaires et noyant les zones côtières avec leurs
habitants, humains ou non. Nous abattons les forêts comme s'il n'y avait
pas de lendemain où nous aurons besoin de l'oxygène qu'elles
produisent.
Le problème est que certains d'entre nous, de là
où ils se trouvent, ne sont pas en mesure d'appréhender l'ampleur
de la crise. Mais quand on est attentif aux rapports de plus en plus nombreux
émanant de la communauté scientifique, l'analyse actuel avec un
esprit critique, l'examen des rouages de l'économie mondiale,
l'écoute de la voix de ceux qui parlent au nom des sans-voix , des
personnes opprimées, défavorisées, marginalisées,
mais aussi les animaux et les plantes, on se dit que l'heure est grave. Notre
planète, notre seule demeure dans cet univers, semble d'ores et
déjà devenu un lieu plus ou moins inhospitalier.
a) Contexte et
motivations
Le contexte de notre étude est celui d'une Eglise,
l'EEC qui vit dans un monde avec des changements sur le plan climatique qui
touchent presque toutes les couches de la société. Ceci se
traduirait par un laxisme observé dans les débuts par ses
fidèles marqués par un refus de mettre la parole de Dieu en
pratique, et aussi une marque d'impunité pour les acteurs destructeurs
de la création. Ce manque de préoccupation pour mesurer les
préjudices causés à la nature et l'impact environnemental
a pour corollaire les méfaits naturels qui apparaissent comme le message
que la nature porte dans ses structures mêmes.
Si l'être humain se déclare autonome par rapport
à la réalité et qu'il se pose en dominateur absolu, la
base même de son existence s'écroule, parce qu'au lieu de remplir
son rôle de collaborateur de Dieu dans l'oeuvre de la création, ce
dernier se substitue à Dieu et ainsi finit par exciter la révolte
de la nature. En 2016 s'est tenu à Paris le fameux sommet des chefs
d'états et de gouvernement (COP 21) pour réfléchir et
prendre des engagements pour la sauvegarde de la nature. L'Eglise
n'était pas en reste. D'ailleurs ses multiples déclarations parmi
lesquelles celle du COE qui stipule « Le Conseil
oecuménique des Églises (COE) et ses Églises membres,
Alliance ACT, les communions chrétiennes mondiales et de nombreuses
autres organisations d'inspiration religieuse et de la société
civile militent depuis longtemps pour obtenir ces résultats. Nous
saluons en particulier le rôle pionnier qu'a joué le Patriarcat
oecuménique dans la lutte contre les changements climatiques et la
défense de l'environnement depuis 1981. L'Accord de Paris a
été accueilli très favorablement et largement applaudi par
la communauté internationale et la société civile. Le COE
salue notamment le fait que cet accord traduise une approche plus juste des
réponses apportées à la crise climatique, donnant un signe
d'espoir très attendu à ceux qui sont les plus vulnérables
à ses conséquences. »2(*)La CETA dans sa déclaration du 13
Novembre 2007 stipule ce qui suit : « Nous invitons les pays
africains à établir des politiques cadres pour réagir au
changement climatique et pour mettre en place des cadres et des
mécanismes pour protéger les communautés qui sont
particulièrement vulnérables au changement climatique tout en
instituant en même temps des cadres qui vont rendre disponible
l'énergie renouvelable pour l'usage dans leurs pays. »3(*) Le document de base de
l'Eglise qu'est la Bible en dit également long dessus. Comme
chrétien et soucieux de la préservation de la nature, notre
sujet a des motivations multiples.
- Le comportement de plus en plus regrettable des camerounais
vis-à-vis de la nature à travers les forêts luxuriantes,
pillées avant d'être rasées pour les besoins d'exportation.
Nous avons le cas des grandes forêts du Sud et de l'Est. Au Cameroun,
selon R. NGOUFO et M. TSALEFAC, la déforestation progresse
à un taux annuel de 0.6% ; en effet, le Cameroun est classé
parmi les cinq plus grands exportateurs mondiaux de grumes4(*). De plus, son économie se
divise en deux grands secteurs économiques : l'agriculture et l'
exploitation
forestière qui représentent 42 % du
PIB en
1950 ou 60 % de la population active.
- Les fleuves majestueux, asservis ou rétrécit
et asséchés au nom du développement de la Nation. Nous
n'avons qu'à faire un saut du coté de Douala pour voir le Wouri
être comprimé pour les besoins de construction. Cette situation
entraine des inondations au moment de la saison des pluies.
- Les montagnes célestes, éventrées (cas
de la falaise de DSCHANG pour faire passer le goudron) et vidées de
leurs précieux minerais (cas du fer de MBALAM à l'Est
Cameroun).
- Nous découvrons que la Nature n'est pas un
réservoir inépuisable. Il faut de ce fait, des limites à
son exploitation. Certains abus peuvent se dévoiler comme
irréversibles. Tenons par exemple, il existe par exemple un potentiel
d'environ 300 essences d'arbres exploitables au Cameroun même si
aujourd'hui seules 40 sont exploitées (estimation de Letouzey
cité par Obam, 1992). L'immense biodiversité qui en
résulte est un stock de richesse pour les populations locales mais aussi
pour le reste de l'humanité. La diminution des surfaces boisées
entraine une perte de cette
biodiversité ce
qui a des répercussions directes sur les peuples agro forestiers et
indirectes sur le reste du monde5(*).
D'un certain côté, la science nous rend le
service de nous montrer qu'il nous faut mettre une limite à notre
maîtrise, acquérir, si l'on peut dire, la maîtrise de la
maîtrise.
- La planète terre qui se réchauffe tous les
jours et toujours davantage nous interpelle au même titre en tant
qu'habitant et ensuite chrétien. Selon le Goddard Institute for Space
Studies (GISS) de la NASA, l'année 2015 a été
l'année la plus chaude depuis le début des statistiques (1880),
d'après les analyses convergentes des scientifiques de la NASA et de la
National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), avec une certitude
statistique à 94 % ; elle a dépassé de 0,13 °C le
précédent record établi en 2014 ; 15 des 16 années
les plus chaudes enregistrées sont postérieures à 2000,
l'exception étant 1998. Depuis 1880, la température moyenne
à la surface de la Terre s'est réchauffée de 1,0
°C6(*). Au Cameroun,
nous avons le cas du
lac Nyos qui se situe
près de la frontière avec le Nigeria. Il présente deux
dangers : une inondation et un relâchement d'une quantité
dangereuse de
CO2 captif.
Son relâchement naturel de CO2 a été
à l'origine d'une catastrophe environnementale qui a eu lieu le 22
août 1986. Cette catastrophe a coûté la vie
à 1 700 personnes, a tué du bétail et a
changé les conditions pédologiques des sols.
- Nous avons constatés douloureusement que lorsque
l'homme se détourne de la loi de Dieu et de son amour, créant
ainsi une situation de crise et la création toute entière entre
en révolte contre lui. Or, la fidélité à Dieu
comporte également la bonne gestion et intendance de la création.
Si cela n'est pas réalisé, alors le mauvais intendant en subira
la conséquence. La nature tyrannisée par celui qui devrait en
prendre le plus grand soin se révolte contre lui.
- Il y a comme un manque d'information et de formation du
peuple de Dieu au sujet du rôle qu'il a à jouer dans la sauvegarde
de la nature.
- C'est très rarement que nous entendons lors des
prédications ou des cultes, des pasteurs parler des sujets
environnementaux comme la sècheresse qui pourtant est perceptible au
Cameroun. Tenons : On observe un réchauffement des océans,
qui diminue avec la profondeur. L'élévation de température
depuis 1960 est estimée à 0,6 °C pour les eaux de surface,
et à 0,04 °C pour l'océan dans son ensemble7(*). Avec ce rythme, nous pouvons
voir et comprendre pourquoi au Cameroun, certains cours d'eaux ont disparu dans
nos villages.
- Certains chercheurs, au vu de l'état actuel de la
décrépitude environnementale, à l'instar d'André
BEAUCHAMP, pensent que : « si
l'être humain n'avait pas la capacité de modifier le milieu et de
vaincre certains des mécanismes biologiques indiqués(...) on peut
douter que nous serions aujourd'hui cinq milliards d'êtres
humains. »8(*)
b) Option ou champ de
recherche : MISSIOLOGIE
Dans le cadre de la formation universitaire, l'étudiant
en fin de cycle a pour obligation de présenter et de soutenir
publiquement un mémoire ou une thèse. Pour ne pas déroger
à la norme, nous avons ce privilège en fin de notre formation en
cycle de master, de formuler et d'explorer un thème dans un domaine de
recherche. Nous avons dans ce cadre opté poursuivre notre formation dans
un domaine qui nous a toujours fasciné et nous semble être notre
identité en tant que chrétien et pasteur, envoyé de Dieu
pour une cause précise. Il s'agit de la Mission qui se trouve
incrustée dans le grand champ de la missiologie qui viendra ainsi
compléter notre formation débutée dans le cycle
précédent et axée sur l'exégèse de l'Ancien
Testament. En effet la missiologie comme le pense bien Solomon ANDRIA
« séduit à la fois les érudits et les hommes
de terrain, les institutions de formation et les sociétés
missionnaires. »9(*)
Vu son importance dans le grand champ de la théologie,
Etienne ATGER citant David J. BOSCH déclare que la missiologie est
mère de la théologie.10(*)
c) Du choix du sujet
La crise écologique a des racines plus profondes que ne
le laissent penser certaines analyses simplistes. L'une de ses causes
principales est spirituelle, et son origine serait l'athéisme pratique.
Ainsi, nous avons pensé qu'envisager cette crise uniquement sous
l'angle technique ou politique revient en effet à s'enfermer dans un pur
immanentisme. Or se tromper de constat revient de facto à se tromper
d'écologie, et à entretenir le mal que l'on cherche à
éviter. Nous avons, choisi, dans cette logique, de mener notre recherche
autour du thème: CRISE ECOLOGIQUE ET MISSION DE L'EGLISE
EVANGELIQUE DU CAMEROUN.
d) Problématique et
questions de la recherche
La pression écologique causée par
l'avidité humaine et la pression économique qui s'ensuit
n'étaient absolument pas inconnues aux temps bibliques. Alors dans sa
mission, l'Eglise a-t-elle quelque chose à dire au sujet de cette crise
? qu'en dit la bible elle-même à ce sujet ? Quel est l'état
des lieux de cette situation ? Quels en sont les responsables? Quelles en sont
les conséquences? Y-a-t'il un espoir ou une porte de sortie de cette
crise ?
Ø Question principale
Les efforts qui jusqu'ici ont été fournis par
l'EEC pour lutter contre la crise écologique, peuvent-ils être
améliorés?
Ø Questions secondaires
- Que peut encore faire l'EEC dans sa mission
régalienne pour accentuer sa lutte contre la crise
écologique ?
- Quelles peuvent être les contributions des
chrétiens de l'EEC dans cette lutte?
e) Hypothèses de
recherche
Ø Hypothèse principale
L'EEC a encore à faire dans la lutte contre la crise
écologique au Cameroun.
Ø Hypothèses secondaires
- Des textes bibliques peuvent servir de guide et
d'orientation pour montrer ce que l'EEC peut encore faire.
- La lutte contre la crise écologique passerait par la
construction d'un paradigme du chrétien acteur de la sauvegarde de
la nature.
f) Objectifs de la
recherche
Ø Objectif global
Il s'agira pour nous d'un travail d'appropriation et
d'accommodation à la relecture et la contextualisation du thème
à partir des éléments constitutifs de la mission en
générale et celle de la protection de la nature en
particulier. Ainsi, nous voulons amener l'EEC à repenser sa
mission face à la crise écologique. Il faut
déjà le souligner avec Solomon ANDRIA que « la
relation entre l'Eglise et la mission ressemble à la relation entre la
poule et l'oeuf. C'est de la poule que vient l'oeuf or de l'oeuf sortira la
poule »11(*)
Ø Objectifs spécifiques
Il s'agira pour nous :
- De dégager les fondements de la mission
écologique de l'Eglise.
- D'analyser les efforts fournis par l'EEC dans la lutte
contre la crise écologique.
- De proposer quelques solutions pratiques pour une lutte
efficiente contre la crise écologique au Cameroun car
« la vision globale du projet missionnaire exige de revoir les
pratiques missionnaires déphasées soit par rapport au salut
global que Dieu propose soit par rapport aux situations actuelles que rencontre
la mission. »12(*)
g) Revue
littéraire
- Dans l'ouvrage Dieu, l'écologie et moi13(*),l'auteur nous fait
découvrir le message biblique concernant Dieu, sa création et la
place de l'être humain en son sein. Il met le doigt sur les
véritables causes de notre comportement destructeur envers la
planète, et nous donne surtout les clés pour réformer
notre vie de disciple, notre louange, notre style de vie et notre mission. Afin
d'honorer Dieu en répondant pleinement à son appel à
prendre soin du monde merveilleux qu'il a créé.
- Dans le livre Pour une sagesse de l'environnement :
essai sur une éthique et une spiritualité chrétienne de
l'environnement14(*),
André Beauchamp fait le point sur l'environnement. Il propose un tour
d'horizon en signalant les dangers réels et les degrés
d'incertitude. Ni cri d'alarme, ni confiance aveugle, mais un regard lucide et
amoureux. Pour une sagesse de l'environnement pointe les défis
éthiques de notre génération et fait l'inventaire des
ressources spirituelles de la pensée chrétienne. Il veut que
l'homme ait un autre regard sur le rôle de notre espèce dans le
monde afin que ce dernier soit transformé.
- Dans le livre Libéralisme et protection de
l'environnement15(*),l'auteur montre que la société
nous a toujours donné de saisir que la doctrine libérale est le
plus souvent perçue comme l'apologie d'un marché auquel serait
soumis hommes et ressources naturelles : les premiers y trouvent à la
fois leur bien-être et un relatif asservissement, les secondes y sont
réduites à l'état de marchandises. Cet ouvrage est
à la quête du vrai visage du libéralisme, philosophie
politique dont l'ampleur une fois compressée et réduite au
domaine économique devient caricature. L'auteur interroge les grandes
oeuvres libérales au regard des questions environnementales aujourd'hui
pressantes. La société libérale, telle qu'elle a
été conçue par ses pères, est irréalisable
hors du respect des droits fondamentaux reconnus à tout être
humain, garantis par l'État, et se fonde sur une éthique
partagée. Protection de la nature, équilibre des
anthroposystèmes et autres préoccupations externes aux processus
mercantiles y trouvent leur place. Ces limites internes au libéralisme,
et posées par les fondateurs suffiront-elles aujourd'hui à
garantir la pérennité d'un environnement viable pour la nature
comme pour l'homme ou de nouvelles règles fondamentales doivent-elles
être forgées ?
- Dans la thèse de doctorat intitulée
catéchèse écologique au sein des églises
protestantes dans la ville de Yaoundé16(*), l'auteur pense que les églises
protestantes doivent inclure dans leur catéchèse un volet
purement écologique.
- Dans le livre La mission de l'église dans la
construction des états africains17(*) Préfacé par Mgr Paluku Sikuli
Melchisédech, l'auteur montre que l'Eglise dans sa mission doit faire
entendre sa voix de façon encore plus vive. Dans les pays d'Afrique
où sévissent la guerre, la corruption, la mauvaise gouvernance ou
l'absentéisme de l'Etat de droit, l'Eglise ne peut pas rester dans
l'indifférence. Mais comment l'Eglise peut-elle contribuer à
faire advenir plus de justice sociale et de paix au coeur des politiques
parfois peu démocratiques ? Telle est la substance de ce document.
- Dans la thèse soutenue à l'UPAC
intitulée : La sauvegarde de la création :
défi du conseil oecuménique des églises et jalons pour une
catéchèse écologique de l'Eglise Evangélique du
Congo18(*), les
pensées de l'auteurprennent naissance dans le Congo où la crise
écologique est interprétée de plusieurs manières.
Pour lui il veut apporter des solutions éthiques et
catéchétiques à cette situation à partir de la
catéchèse en s'appuyant sur les réflexions initié
par le COE.
Ainsi, si l'un nous fait découvrir le message de Dieu
au sujet de la nature, l'autre parle des dangers que nous courrons en
détruisant cette dernière. Un autre parle de l'exploitation
anarchique des ressources avec le libéralisme, et le dernier pense qu'il
faut une véritable catéchèse écologique. Aucun
auteur n'a spécifié ses recherches dans l'EEC. Parlant de la
mission les auteurs consultés n'insistent pas sur la dimension
écologique de la mission. C'est pourquoi, nous allons non seulement
relever les défaillances de l'EEC dans sa mission protectrice de
l'environnement mais proposer que cela fasse partie de son programme tout comme
la prédication, les louanges et les autres activités connues.
h) Méthodologie de
travail
Pour mieux cerner les contours de ce thème, nous avons
adopté :
La méthode historico critique, qui nous a permis
d'analyser les textes bibliques relatifs à l'écologie.
La méthode d'observation participative qui nous a
permis d'analyser la situation environnementale au Cameroun.
Suite à ces méthodes, nous nous proposons
d'évoluer selon un plan en trois parties subdiviser en chapitres. Nous
allons d'abord, en première partie, faire une brève
étude au sujet de la mission particulièrement celle de l'EEC,
ensuite, dans la deuxième partie, nous ferons l'état des lieux de
la crise écologique, pour enfin terminer dans la troisième
partie, par des propositions concrètes que nous ferons à l'EEC en
vue de lutter contre ce phénomène dévastateur.
PREMIERE PARTIE :
BREVE HISTOIRE DE LA MISSION ET DEFIS MISSIONNAIRES
Dans cette partie constituée de trois chapitres, nous
nous évertuerons à donner un sens compréhensif au mot
mission avant de nous plonger dans la recherche du fondement biblique de cette
activité. Ensuite, nous jetterons un regard panoramique sur la vocation
missionnaire de l'église, les réalisations et quelques
défis missionnaires qui attendent l'EEC, pour achever cette partie par
une brève étude de l'EEC , notre Eglise cible.
CHAPITRE I :
CLARIFICATION DU CONCEPT ET FONDEMENT BIBLIQUE DE LA MISSION.
Il s'agira pour nous dans ce chapitre de voir le contenu
réel du vocable `'mission'' et de nous plonger dans les saintes
écritures pour décrypter le fondement de cette
dernière.
I.1- Clarification
terminologique du concept `'mission''.
Pour le dictionnaire de théologie Catholique, la
mission c'est tout le travail de l'Eglise pour dilater ses frontières et
répondre au programme de Jésus. Ainsi, le mot « mission
», nous apprend-t-il est récent dans le vocabulaire de
l'Église (XVIème siècle). Il désignait des charges
confiées et un envoi. Jusque-là, dans le christianisme, le mot
mission définissait surtout la réalisation, par Jésus et
l'Esprit Saint, du projet du Père : révéler sa tendresse
à toute l'humanité. Puis, au XIXème siècle, on
l'utilisa presque exclusivement pour des « territoires de mission »
que l'on distinguait des Églises d'antique fondation. La mission
chrétienne autrefois partie du bassin méditerranéen,
était devenue, au XVIème, un mouvement qui partait de l'Europe
vers les autres continents, vers l'Ouest et vers l'Est. A partir du
XIXème, liée à la colonisation, la mission s'orienta de
plus en plus vers le Sud19(*).
Pour le Dictionnaire Larousse, Mission est un nom
féminin qui vient du latin « missio= l'action d'envoyer
».c'est la charge, la fonction le mandat donné à quelqu'un
de faire quelque chose20(*).
Si nous questionnons le même dictionnaire en ligne,
nous voyons que la mission est :
1- la charge donnée à quelqu'un d'accomplir une
tâche définie : Recevoir une mission délicate. 2- la
fonction temporaire et déterminée dont un gouvernement, un
organisme charge quelqu'un, un groupe.
3- un ensemble des personnes ayant reçu une charge.
4- un but élevé, un devoir inhérent
à une fonction, à une profession, à une activité et
au rôle social qu'on lui attribue.
5- la délégation divine, donnée dans un
dessein religieux.
6- l'organisation visant à la propagation de la foi.
7- une suite de prédications pour la conversion des
infidèles ou des pécheurs21(*).
Pour le Dictionnaire Encarta, la mission est l'ensemble des
moyens mis en oeuvre pour propager la foi22(*). C'est aussi la tâche
d'évangélisation.
La mission est donc, une charge confiée à
quelqu'un pour faire quelque chose. On peut parler de mission diplomatique, de
mission culturelle. Pour la religion chrétienne, la mission est une
charge apostolique confiée aux évangélisateurs. C'est
aussi l'ensemble des activités visant à
l'évangélisation. On peut aussi parler de la communauté
religieuse travaillant à l'évangélisation.
La Mission s'articule dans trois dimensions : annoncer la
Bonne Nouvelle du Christ, témoigner que Jésus, le Christ, est le
Chemin, la Vérité et la Vie dans le monde (Jn 14,6), s'ouvrir
à la relation aux autres, dans un esprit de dialogue et de partage.
Dans les années 1960, la mission s'inscrivait dans le
mouvement des pays développés vers les pays en voie de
développement.
Aujourd'hui, la mission ne se vit plus seulement sur l'axe
Nord / Sud mais dans de multiples directions : d'Églises du Sud vers
d'autres Églises du Sud au sein d'un même continent ou même
d'un continent à l'autre. La mission connaît aussi le mouvement
inverse (ou réciproque) du Sud vers le Nord.
La mission n'est pas pour l'Église une activité
parmi d'autres. La mission constitue l'Église dans sa double relation
à celui qui l'envoie et à tous les hommes à qui
l'Évangile est destiné. Ainsi, la mission est un ordre essentiel
pour l'Eglise, elle n'est pas une branche annexe de la vie de l'Eglise.
L'Eglise est missionnaire ou elle n'est pas.
Pour l'Encyclopaedia universalis23(*), le terme mission se
spécialise entre le XVIème et le XVIIème siècle et
ne recouvre plus l'ensemble des fonctions définies plus haut mais se met
à définir de façon particulière un secteur d'entre
elles.
« Allez donc ! De toutes les nations faites des
disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit
» (Mt 28, 19) Depuis les origines de l'Église, depuis
l'événement fondateur de la Pentecôte, l'enjeu de l'annonce
de l'Évangile du Christ, de la mission, c'est bien que chacun entende
proclamer dans sa propre langue les merveilles de Dieu.
De grandes congrégations missionnaires masculines ou
féminines ou des grands ordres religieux ont inscrit, souvent dès
leur fondation, cette dimension missionnaire dans leur vie chez les catholiques
par exemple on parle des franciscains et dominicains des jésuites...
Puis les congrégations missionnaires se sont multipliées beaucoup
plus au XIXème siècle et ont porté les efforts de
contextualisation de la foi chrétienne dans de nouvelles cultures.
Au finish disons avec André ROUX
qu' « une mission suppose un ordre d'aller, un envoi, et un
pouvoir donné pour faire quelque chose, et donc un objectif
déterminé. »24(*)
Ainsi, c'est ensemble que nous sommes conviés à
vivre la mission, ici ou là-bas, co-responsables : ministres
ordonnés (pasteur, évêque, prêtre), laïcs,
chacun a sa place, déployant la diversité des ministères
et des charismes, pour aller à la rencontre de Celui qui nous
précède dans les aréopages d'aujourd'hui et afin que le
monde croie. Quels sont les fondements de la mission ? L'examen de la
bible nous en dira long.
I.2- Fondement
vétérotestamentaire de la mission.
Dans la première partie de la bible que nous appelons
Ancien Testament, la notion ou la conception de la Mission se fait voir assez
clairement. L'appel à la mission a son initiative en Dieu lui-même
qui, de toute éternité, a décidé d'appeler les
hommes à participer à sa Vie. C'est pourquoi, la
réalisation de ce dessein s'insère dans les différentes
phases qui vont de la création elle-même, en passant par la phase
intermédiaire de l'élection du peuple hébreu, pour aboutir
à la fondation de l'Eglise par le Fils de Dieu incarné.
Avec l'épisode de la création, Dieu appelle
l'homme et le monde à la vie, et c'est pourquoi l'homme apparaît
dans une relation particulière avec Lui, et participe à sa propre
Vie elle-même. Il faut tout de même signaler que cette
participation n'est pas imposée, mais, elle est offerte comme
récompense pour l'observation du contrat : s'abstenir de manger le fruit
défendu. La liberté de l'homme d'instaurer un dialogue avec Dieu
et de souscrire avec Lui une alliance, établit une sorte de
responsabilité. Dans ce pacte initial, l'homme est égal à
Dieu pour la liberté. Mais les premiers hommes (Adam et Eve), en faisant
un mauvais usage de la liberté, ont rompu le pacte d'alliance, en
entraînant de graves conséquences : la perte de la communion avec
Dieu, la perte de la possession pacifique sur la nature, du contrôle des
instincts et des passions, de l'innocence et de l'immortalité.
Le thème de la mission est tellement ancré dans
le coeur de Dieu, qu'il va se choisir un missionnaire pour porter la nouvelle
aux nations : Israël.
Dans la phase préparatoire de l'Ancien Testament,
Yahvé Dieu appelle à Lui un peuple, établit avec ce
dernier une Alliance qui fait d'Israël un peuple qui lui appartient de
manière toute particulière parmi tous les peuples (Ex 19 :5), son
propre peuple (Dt 26 :18), et lui promet la fidélité qui sera
expliquée plus tard par la métaphore du pasteur et de
l'époux, qui désignent Israël comme troupeau de son bercail
, et comme épouse (Ps 79 :13; 95 :7, 100, Es 40 :11; Jr 23 : 2; Ez 34
: 1-31 etc.). Dieu est présenté expressément dans le livre
de Deutéronome chapitre 32, verset 5 comme Père. Aisément,
nous pouvons conclure qu'Israël constitue alors la famille de Dieu.
Malgré sa mentalité toute particulière
marquée par une fermeture à tout universalisme, Israël est
appelé à une médiation de salut à l'égard de
tous les peuples : dans la mesure où il est présenté comme
le peuple de Dieu et le serviteur de Dieu, il est le médiateur royal,
prophétique et sacerdotal du salut.
A la fidélité de Dieu, va s'opposer
l'infidélité et la trahison du peuple, qu'Il n'abandonne
toutefois pas, mais continue à rappeler à Lui par l'envoi de ses
intermédiaires qui parlent et agissent en son Nom, et peuvent donc
être considérés comme étant les missionnaires, dans
la mesure où ils sont envoyés par Dieu lui-même pour amener
le peuple à conserver l'Alliance et à jouir du salut qu'il offre.
La fonction d'Israël est définie par Dieu pour s'exercer parmi les
autres peuples en tant que peuple élu. Le choix d'Israël implique
une qualité de présence parmi les peuples. Il faut
considérer à la fois la particularité de l'élection
et l'universalité du dessein de Dieu. La mission implique une relation
de qualité avec Dieu. Mais comme le souligne Daniel MARGUERAT
« en dépit des efforts missionnaires, la majorité
du judaïsme s'est fermée à cette proclamation. Pourtant Dieu
a donné des signes évidents de son consentement à cette
extension de la sainteté d'Israël au monde entier.»25(*)
Ainsi nous avons Abraham, de son vrai nom Abram. Il est
descendant de Sem, fils de Noé. Un jour, à la demande de Dieu il
quitte Ur avec sa famille et s'installe à Harran. Âgé de 75
ans, il va à nouveau quitter sa terre avec sa famille, pour aller dans
le pays de Canaan, à Sichem puis au Chêne de Mamré. C'est
là que Dieu lui promet de donner ce pays à sa descendance.
Signalons que sa charge missionnaire, tout ne sera pas que
rose car, sa route est semée d'embuches. C'est ainsi qu'Abram demande
à Saraï de faire croire aux Égyptiens qu'elle est sa soeur,
car il craignait d'être tué s'il se présentait comme mari
d'une si belle femme. Le Pharaon prit Sara pour femme, et Abram reçut de
nombreux cadeaux. Mais Dieu infligea de grands malheurs au Pharaon, qui
après avoir reproché son mensonge à Abram, les
congédia.
Alors qu'Abram passe par le Néguev, il se sépare
de Loth, son neveu. En effet, leurs troupeaux sont tellement grands que le pays
ne subvient plus à l'ensemble de leurs besoins. C'est ainsi que Loth
partira s'installer à Sodome (Abram mènera par la suite une
expédition pour libérer Loth qui a été fait
prisonnier).
Alors qu'Abram est âgé de 99 ans. Dieu lui
apparaît et lui propose à nouveau une Alliance... Dieu le nomme
Abraham, car il lui promet de nombreux descendants. En échange, Abraham
et ses descendants devront le reconnaître comme leur Dieu, et pratiquer
la circoncision sur les enfants mâles.
Par la suite, Dieu annonce que les villes de Sodome et
Gomorrhe vont être jugées et détruites car la population se
conduit mal (pratiques abominables et relations contre natures comme
l'homosexualité, le lesbianisme...) Comme missionnaire et envoyé
de Dieu, Abraham le supplie de ne pas détruire Sodome s'il y trouve 50
justes. Dieu accepte, puis Abraham négocie jusqu'à obtenir que 10
justes sauvent la cité. Dieu s'éloigne, et Abraham le
missionnaire rentre chez lui. Mais Dieu ne trouvera pas 10 justes et le
lendemain, Sodome est anéantie, mais Dieu a épargné son
neveu Loth et ses enfants.
Ici nous voyons avec Abraham que l'ordre n'implique pas pour
lui, le fait d'aller vers les nations pour qu'elles se convertissent à
Dieu mais il est rattaché à une promesse d'avenir : la
bénédiction des nations à partir d'un homme (Abraham) et
d'un peuple (Israël). La mission dans ce cas, a pour but de faire entrer
les perdus dans le courant de la bénédiction divine. Pour Edmond
JACOB, « le yahviste présente l'élection d'Abraham
comme un épisode qui, se détachant sur le plan de l'histoire
universelle doit rejaillir en bénédiction sur
celle-ci. »26(*) Dieu envoie Abraham pour accomplir son plan.
C'est pourquoi la mission est liée à un départ, un
lâcher prise, à un mandat, à un pas vers l'inconnu. Nous
voyons que malgré les difficultés, « la mission
rebondit toujours parce que Dieu protège ses envoyés et
transforme leur détresse en tribune pour
l'évangile. »27(*)
Nous avons aussi Moïse qui sera également
appelé à partir comme missionnaire, libérer le peuple juif
pris en esclavage en Egypte. Moïse paissait un jour le troupeau de
Jéthro, son beau-père, à Horeb, la montagne de Dieu. Il ne
se doutait pas que les jours de son exil touchaient à leur terme. Mais
l'Ange de l'Éternel lui apparaît dans une flamme de feu, au milieu
d'un buisson à épines. Et Moïse s'aperçoit que ce
buisson est tout ardent de feu, mais ne se consume pas (Ex. 3:2). Ce buisson
était une figure d'Israël, éprouvé par le feu, mais
un feu détruisant seulement le mal qui n'a pas été encore
jugé. Moïse déclare : « Je me détournerai et je
verrai cette grande vision » (Ex. 3:3). Alors Dieu l'appelle : Il
répèta deux fois son nom, comme Il le fera pour d'autres. Cela
souligne l'importance du moment. Et Moïse répond : « Me voici
». Nous pouvons décliner la mission de Moïse en trois grandes
étapes.
Première étape de la mission de Moïse (Ex
3,7-15) cette portion du texte biblique se présente comme un
récit de vocation, après l'irruption divine. Car on retrouve des
éléments communs à d'autres récits : ordre de
mission, objection de l'appelé, promesse d'assistance et signe
donné comme gage de l'appui divin.
Seconde étape de la mission de Moïse (Ex
3,16-4,11). Moïse est ici chargé de deux missions distinctes :
d'une part, se rendre auprès des anciens et leur porter la parole de
Dieu (3,16-18a) et d'autre part, se rendre auprès de Pharaon et lui
porter également la parole de Dieu (3,18b-22). Ce missionnaire commence
par répondre par une objection, et après plusieurs
résistances il finit par une dernière objection sous forme d'une
supplication : "je t'en prie Seigneur" (4,10). Il est convaincu de ne pas
être le porte-parole adéquat de Dieu devant son peuple et devant
Pharaon :
Troisième étape de la mission de Moïse (Ex
4,12-17) Comme dans les deux étapes précédentes (3,10.16),
Dieu commence par envoyer Moïse : "Va". Et il ajoute :... JE SUIS avec ta
bouche et je t'enseignerai ce que tu devras dire. (v. 12). Ainsi
s'achève cette longue section de la vocation de Moïse. Il ne
répond plus rien, il ne pose plus de questions et il n'adresse plus de
supplications à Dieu. Le héros populaire a lutté
longuement contre cet appel de Dieu à devenir un homme de Dieu !
Moïse cède et accepte : Dieu l'a maîtrisé et a fait de
lui son missionnaire avec pour objet de la mission la libération du joug
égyptien de son peuple.
Une fois parvenue en terre promise sous la conduite de
Moïse et ensuite de Josué, Dieu leur suscite des juges et des rois
pour les administrer et les maintenir dans la fidélité à
l'alliance. C'était donc à ces derniers qu'étaient
confiés la mission puis viennent les prophètes
considérés comme des porte-paroles de Dieu. Comme missionnaires,
les prophètes parlaient avec assurance et confiance au nom de Dieu. Les
prophètes connaissaient parfaitement les conditions pour les promesses
et conséquences de la désobéissance (Lv 26. 1-39 ; Dt 28.
1-42 - malédictions / bénédictions). Ils savaient aussi
quelles étaient les conséquences et la gravité de
l'idolâtrie (Dt 4. 15-40).
Comme missionnaire, le prophète était
chargé d'identifier le péché et les actions d'Israël
ainsi que les conséquences du péché. Il voyait la
fondation de la parole de Dieu s'affaiblir. Leur cri était de
réveiller les gens et de les ramener vers la Parole comme des bons
défenseurs de l'alliance. Ils avaient pour mandat de rendre contemporain
l'ancienne alliance, l'exode, le désert et la loi. Comme les
précédents missionnaires, leur mission n'était pas de tout
repos. Ils avaient à affronter la persécution, l'opposition, le
découragement, l'isolement, les coeurs brisés... par exemple,
Jérémie aurait bien voulu abandonner mais il ne pouvait pas.
Il devait avoir le courage de les reprendre tout le monde sur
des choses cachées. Les prophètes apparaissaient toujours dans
des moments de crise, ce qui accentuait leur manque de popularité (Jr
37. 2).
Comme missionnaires, les prophètes étaient comme
la délivrance et Dieu les voyait comme des cadeaux pour le peuple (Am.
2. 10-12), des bénédictions. Amos, par exemple, priait pour des
gens qui lui demandaient de se taire (Am 7. 1-3); Michée souffrait
à cause de la condition spirituelle du peuple (Mi 1. 8). Lorsque le
peuple d'Israël s'égarait, les prophètes lui rappelaient sa
vocation de peuple élu par le Seigneur. Les prophètes
étaient des hommes libres, souvent le ton de leurs propos était
vif, ils pointaient les erreurs et les fautes, ils tançaient chacun du
roi au plus petit, mais ils savaient aussi encourager et consoler les hommes et
les femmes d'Israël.
Nous pouvons constater que, dans l'Ancien Testament
déjà, la Mission est en même temps appel et envoi. Cette
mission pouvait aller jusqu'au sacrifice car, pour Edmond JACOB,
« jamais dans l'Ancien Testament l'idéal missionnaire ne
s'est exprimé avec plus de profondeur par le sacrifice et la mort, le
serviteur retrouve l'élection et son corollaire indispensable : la
mission »28(*) L'élection se fait toujours en vue d'une
mission. Le peuple élu devient ainsi le témoin qui fait
connaître l'existence et la présence salvifique de l'Unique Dieu
(Es 41 :19; 43 : 10, 56 : 3; Js 1 : 2ss). Avec Edmond JACOB
nous apprenons que dans l'Ancien Testament, la mission se fait au
détriment d'Israël dont le dépouillement doit enrichir les
païens et, présentant les vérités les plus
sérieuses sous une forme pleine d'ironie, l'auteur fait ressortir que le
seul personnage antipathique est un israélite et même un
prophète29(*).
Le Messie, lui-même, est annoncé par les
prophètes comme celui qui sera envoyé pour annoncer la Bonne
Nouvelle aux pauvres (Es 61 :1), comme celui auquel tous les hommes seront
soumis et obéiront (Ml 3 : 1).
Voilà un bref aperçu du thème de la
mission dans l'ancien testament, mais Dieu ne va pas s'y restreindre, puisqu'il
va le développer aussi bien dans les livres poétiques,
prophétiques, que dans le Nouveau Testament.
I.3- Fondement
néotestamentaire de la mission.
Dans la conception vétérotestamentaire de la
mission, le peuple de Dieu avait pour objectif de révéler le vrai
Dieu par sa seule présence, là où il était. En
voyant vivre ce peuple, les autres peuples devaient voir à quel point
cette nation était intelligente et avait des moeurs sages selon Dt 4 :6
« Quand les peuples entendront parler de tous ces décrets, ils
s'écrieront: « Il n'y a pas un peuple sage et intelligent comme
cette grande nation ». Cependant, Dieu n'a jamais demandé aux
prophètes de l'Ancien Testament d'aller par le monde entier parler de
Lui. Les Israélites ont toujours témoigné sur place,
là où ils étaient, de l'existence et de la bonté du
Dieu auquel ils croyaient.
Mais quand Dieu est venu parmi nous à travers son fils
Jésus Christ, quand Dieu lui-même s'est mis en « mode mission
», Il nous a demandé de faire de même: d'aller dans le monde
entier annoncer la Bonne Nouvelle du seul vrai Dieu. C'est ce qui apparait
comme un « mandat missionnaire » que Jésus a confié
à ses disciples et que nous retrouvons dans l'évangile de
Mathieu, au chapitre 28, versets 18 à 20.
Pendant le baptême de Jésus comme nous rapporte
les évangiles, une voix venant du ciel a confirmé son statut de
Fils de Dieu et lui a confié une mission. Parler aux peuples qui doivent
l'écouter. (Mt 3 :13, Mc 1 :11). Pour Jean Paul GABUS, cette
scène « éclaire déjà le tout
début de la mission de Jésus. »30(*)
Dans le Nouveau Testament, la mission est une entreprise au
nom du Christ pour le salut de l'humanité. Elle se fait à la
manière du Christ et sous la seule autorité de
Jésus-Christ ressuscité et non en s'imposant à partir
d'une position de supériorité politique, militaire,
financière et technologique. La mission part du coeur de Dieu qui
intègre les hommes dans son plan. Le mandat missionnaire universel est
explicitement donné au peuple de la nouvelle alliance. C'est
Jésus qui est au centre de la mission. Il a non seulement envoyé
des missionnaires mais il a aussi laissé un modèle pour les
missionnaires. Jésus s'est occupé de toutes ces dimensions. Il a
enseigné, prêché. Mais il a aussi nourri les foules,
guéri les malades, délivré les possédés. Il
s'est occupé des besoins concrets des gens. Il est le modèle de
la compassion pour les pauvres, les marginalisés et les opprimés.
Il est modèle dans son incarnation dans l'humanité, notamment
dans les réalités économiques et sociales (Jn 20 :21).
Jésus nous donne un ordre d'aller. Le verbe `'aller'',
ici employé, exprime le fait de nous mettre en mouvement de marche, de
se diriger et d'avancer vers. Se mettre en mouvement pour notre propre
recherche, notre propre rencontre avec le Seigneur Jésus-Christ, afin de
découvrir notre identité en tant qu'être de corps et
d'esprit, un mouvement d'appropriation de ce salut éternel pour
soi-même, d'abord, et pour les autres, en allant à la rencontre de
son prochain et en faire un disciple du Christ.
L'ordre de mission est non seulement le dernier enseignement
de Jésus-Christ avant son ascension, mais aussi la finalité des
quatre évangiles et l'introduction des Actes. L'ordre de mission est
aussi le résumé de la deuxième partie du concept de missio
Dei, c'est-à-dire la mission de l'Église.
Au jour de l'Ascension de Jésus, les apôtres ont
reçu le mandat missionnaire, mais ils n'étaient pas capables de
le mettre en pratique. Il a fallu le renouveau intérieur
opéré par l'Esprit Saint le jour de la Pentecôte, pour que
les disciples se sentent comme poussés hors du Cénacle. Pour que
les apôtres et les disciples aient le courage de sortir dans les rues
pour témoigner de Jésus Ressuscité, il a fallu le Souffle
de Dieu qui venait de faire trembler les murs de la maison où ils
étaient.
Comme disciples du Christ, ils doivent continuellement
être en mode mission. Prêcher et agir car « La parole
vient guérir l'homme des illusions qui le perdent, tandis que le geste
des mains généreuses dit la proximité du règne de
Dieu. »31(*)Jésus ne cessait jamais de se
déplacer pour porter la Bonne Nouvelle aux gens qui ne l'avaient jamais
entendue. Quand les gens, après avoir fait connaissance avec
Jésus, essayaient de le retenir pour qu'il puisse passer plus de temps
avec eux, il leur répondait: « Aux autres villes aussi, il faut que
j'annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c'est pour cela que
j'ai été envoyé » (Lc 4, 43).
C'est pourquoi, le Message et le comportement de Jésus
représentaient, en effet, un défi aux attitudes et aux pratiques
courantes qui excluaient des catégories de gens hors de la
communauté juive. Le règne de Dieu était pour
Jésus, le point de départ et le contexte de la mission. Ce
règne qui s'est approché et qui s'attaque au mal sous toutes ses
formes. Car si la détresse prend des formes diverses, Jésus
affirme que le pouvoir de Dieu en fait tout autant. Jésus sera
finalement crucifié à cause de ce qui fut
interprété comme des proclamations politiques.
C'est ainsi que qu'apparait dans l'impératif
missionnaire de Mt. 28, 18-20 une clef permettant de comprendre tout son
évangile et d'interpréter la mission et le ministère de
Jésus. C'est à la fois un programme théologique et un
sommaire. Il ne faut pas oublier que Matthieu est un juif qui s'adresse
à une communauté juive qui se perçoit elle-même
comme un mouvement de réveil à l'intérieur du
judaïsme. L'expression "toutes les nations" (Mt. 28, 18) désigne
aussi les juifs, mais Jésus n'est pas envoyé seulement à
Israël, il est le sauveur de toute l'humanité.
L'Evangile de Luc et le livre des Actes semblent eux aussi
préoccupés par les origines juives de la foi chrétienne.
Luc est peut-être le seul auteur non-juif du Nouveau Testament, et il
s'adresse entre autres à des chrétiens d'origine non-juive. Ainsi
comme le pense Etienne ATGER « La mort de Jésus sur la
croix et sa résurrection inaugurent cette nouvelle ère de
l'Eglise, une ère missionnaire puisque par cette oeuvre, Christ
réconcilie toutes choses avec lui et permet aux peuples de la terre
d'avoir accès auprès de leur
Créateur. »32(*)
Lc 4 : 16-30 se présente comme un discours
programme de la mission de Jésus, qui a pris pour beaucoup
d'exégètes contemporains la place de l'impératif
missionnaire de Matthieu.
Chez l'Apôtre Paul, ce qui est central pour la
compréhension de la notion de mission, c'est l'événement
de sa conversion et de sa vocation. Une expérience primordiale qu'il
comprend lui-même de façon normative. Au moment précis
où il se convertit, il se voit chargé de proclamer
l'Évangile auprès des non-juifs. Son ministère se
déroulera dans une tension créatrice entre sa loyauté
envers les Apôtres de Jérusalem et son sentiment d'avoir
reçu une vocation unique. Avec Paul, la mission nécessite une
sensibilité au monde qui nous entoure et une adaptation appliquée
avec discernement.
Ainsi dans le Nouveau Testament, la mission, c'est faire
reconnaître la seigneurie de Jésus-Christ dans le monde.
Somme toute, dans le Nouveau testament, la Mission implique
appel et envoi, à commencer par le Christ lui-même qui, «
sorti de Dieu » (Jn 8, 42), plante sa tente au milieu de nous (Jn 1, 14),
et s'approprie à juste titre les paroles du Serviteur de Dieu : «
Le Seigneur a envoyé son Esprit sur moi. Il m'a choisi pour apporter le
message de joie aux pauvres » (Lc 4, 18).
A son tour, le Christ, l'Envoyé du Père (Jn 6,
43; 8, 42), choisit et envoie les douze pour sa propre Mission : il en choisit
douze pour les avoir avec lui et pour les envoyer prêcher. Le Christ, en
effet, a confié le Mandat qu'Il avait reçu, aux douze qui
deviennent ainsi ses « Apôtres », c'est-à-dire ses
missionnaires : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je
vous envoie » (Jn 20, 21). En vertu de ce mandat, les apôtres
ont la charge de répandre l'amour salvifique et sacramentel de
Jésus, de porter témoignage de la foi qu'ils ont en Lui et
d'annoncer son Évangile à tous les hommes.
La mission des douze se présente ainsi comme une
participation, ou encore comme le prolongement et la continuation de la
mission même du Christ. Et, des Apôtres, cette même mission
passe à l'Eglise, avec les mêmes caractéristiques
d'universalité (Jn 15, 16). En vertu de ce mandat, les apôtres
partirent donc pour faire partager l'espérance qui avait totalement
transformé leur vie. Ces derniers devaient inscrire leur mission dans
celle de Jésus que Jean Paul GABUS résume en trois point à
savoir, se faire proche du peuple, guérir les malades et chasser les
esprits impurs, et enfin annoncer le pardon de Dieu à tous.33(*)« Cette pratique
de Jésus fonde aussi toute une doctrine et une pratique de la mission
chrétienne. »34(*) Nous voyons que ces recommandations viennent aussi
confirmer l'universalité de la mission. D'ailleurs Daniel MARGUERAT le
dit si clairement en parlant de l'épitre aux Galates que
« la mission universelle qui en découle et les
églises qui en sont nées sont reconnues sans conditions et au
même titre que la mission de Pierre dans la diaspora
Juive. »35(*) S'il est vrai que les missions sont reconnues sans
tenir compte de certaines considérations tribales, que pouvons-nous dire
au sujet de l'aspect vocationnel, et des réalisations des missions
chrétiennes sans oublier les défis à relever par les
missionnaires?
CHAPITRE II :
VOCATION, REALISATION ET DEFIS MISSIONNAIRE.
Il est question pour nous, dans ce chapitre, d'examiner ce
pourquoi l'église est née, ensuite de voir ce que cette
dernière a fait lors de la transmission du message
évangélique et enfin d'examiner quelques défis qui lui
restent encore.
II.1- Vocation missionnaire
de l'église.
De part sa nature, l'Eglise, durant son pèlerinage sur
terre, est missionnaire, puisqu'elle-même tire son origine de la mission
du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le
Père.
La mission de l'Eglise s'accomplit donc par l'opération
au moyen de laquelle, obéissant à l'ordre du Christ, et mue par
la grâce de l'Esprit-Saint et la charité, elle devient un acte
plénier présent à tous les hommes et à tous les
peuples, pour les amener, par l'exemple de sa vie, par la prédication,
par les sacrements et les autres moyens de grâce, à la foi,
à la liberté, à la paix du Christ, de telle sorte qu'elle
leur soit ouverte comme la voie libre et sûre pour participer pleinement
au mystère du Christ. Cette mission de l'Eglise
« désigne à la fois, l'envoi des hommes dans le
monde par le Père et le Fils, mais également l'envoi des hommes
par d'autres hommes, l'envoi auquel l'Eglise procède.
(Rom1/5) »36(*)
L'Église étant divino-humaine. Dieu a `'besoin''
des hommes : « La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux.
» (Mt 9,37) Nous ne vivons que par Dieu et pour Dieu, et pour que tout
homme devienne lui-même et s'accomplisse en Dieu. L'Église n'est
donc pas seulement la convocation du peuple de Dieu mais elle est aussi sa
dispersion dans le monde Si l'Église se doit de relever les
défis propres à toute époque et à tout lieu, c'est
parce qu'elle doit réaliser la tâche que Dieu lui a donnée
à accomplir, jusqu'au dernier jour, tâche qui est de rassembler
toute la création pour l'offrir à Dieu en Christ par la
grâce de l'Esprit Saint, et de hâter ainsi la venue du Royaume de
Dieu sur terre. Ainsi, la vocation missionnaire s'étend sur un triple
plan à savoir : l'adoration, la formation et
l'évangélisation.
L'adoration comme première vocation missionnaire de
l'Eglise. Les chrétiens se rassemblent pour adorer Dieu, le louer, lui
rendre grâce. Une clarification terminologique du concept Eglise nous
donne de comprendre qu'il vient du grec Ekklêsia qui signifie
l'assemblée. Donc on se rassemble pour louer Dieu.
Si l'Eglise universelle a pour vocation d'adorer Dieu, dans sa
mission chaque église locale à la base doit déterminer
comment. Il y a différentes formes d'adorer Dieu. Nous pouvons citer
entre autre, le chant, la prière, la danse etc. Le fond d'adorer Dieu
doit demeurer, par contre la forme peut changer, évoluer dans le but de
s'adapter aux moeurs, au goût des adorateurs. Quand nous ouvrons la
bible, nous voyons que l'adoration se faisait avec le luth, la harpe et le
tambourin. Aujourd'hui le luth a disparu, la harpe reste rarissime, par contre
le tambourin est resté. On trouve maintenant d'autres instruments de
musiques comme les guitares, les pianos, les synthétiseurs et même
les batteries. Nous n'oublions pas les balafons et tamtams, les castagnettes et
tambours. Pour le professeur LEKUNZE Edward Forcha, les louanges font parties
des principaux caractéristiques de la tradition reformée37(*). Avec un autre chercheur sous
la plume de Paul KEIDEL, nous pouvons lire à ce sujet :
« la musique qui parle au coeur des chrétiens augmente
leur désir d'adorer et les incite à parler de Christ à
d'autres, car elle est en harmonie avec leur foi. » 38(*)C'est-dire que l'adoration est
d'une importance capitale pour l'Eglise dans l'accomplissement de sa
mission.
Nous avons d'autres moyens d'adorations tels : la danse, le
théâtre, le mime. Ce qu'il serait dangereux dans la mission, c'est
de figer une forme d'adoration. Ce qu'il faut figer, c'est le fond, c'est
à dire adorer. Mais la forme doit pouvoir être souple afin de
pouvoir s'adapter à ses contemporains.
La deuxième vocation de l'Eglise c'est la formation,
l'enseignement. Dans l'impératif missionnaire de Matthieu 28:19-20
l'Eglise se doit d'instruire ses membres. Le verset enseigne bien qu'il faut
faire des disciples et les enseigner. Ce n'est pas une option, Jésus
donne un commandement. L'Eglise se doit de former ses membres. Il faut
enseigner pour que celui qui vient de naître de nouveau grandisse dans sa
foi, mûrisse et que du lait spirituel il puisse passer à la
nourriture solide, afin de devenir un chrétien engagé, solide
dans sa foi, un bon témoin, un bon ouvrier du Seigneur. Cette vocation
est essentielle pour la croissance spirituelle de l'Eglise. La finalité
de l'enseignement reste la transformation physique, morale, sociale,
financière et surtout spirituelle des hommes et femmes. Ainsi, si le
message est tronqué, les auditeurs seront déroutés. Le
message doit être une révélation pleine de Dieu à
son peuple. D'ailleurs, la remarque du pasteur BENTON est très
éloquente et révélatrice :
« Des chefs spirituels peuvent se consacrer
à de nombreuses causes très louables. Il est excellent d'amener
les gens à une profession de foi en Jésus, mais si cette
confession d'amour pour Christ ne produit pas une vie changée et sainte,
elle n'a alors aucune valeur, et les espoirs du prédicateur pour cette
personne sont vains. »39(*)
C'est donc dire que le message du prêtre doit montrer
l'amour véritable de Jésus pour l'homme en général
et le pécheur en particulier, malgré les tumultes et les
injustices qui existent dans la société, domaine d'action du
chrétien. Son message doit en principe amener ce dernier à la
haine permanente du péché.
Ainsi, tout comme pour l'adoration, il existe
différentes formes d'enseignement. L'étude biblique, la
prédication, le témoignage, les séminaires, etc. Là
encore il faut se méfier à ne pas se laisser piéger par
une forme d'enseignement plus qu'une autre. La forme doit s'adapter aux membres
de l'église à la base afin de remplir sa mission de formation et
non l'inverse. Une forme qui marche aujourd'hui peut ne plus fonctionner demain
pour diverses raisons, il faudra alors s'adapter.
L'Eglise est vivante et doit s'adapter à ses membres.
L'Eglise d'aujourd'hui ne ressemble pas à celle d'hier, et ne
ressemblera pas à celle de demain. Par contre sa mission reste la
même.
La troisième vocation missionnaire de l'Eglise c'est
l'évangélisation. Le christianisme est une religion favorable au
prosélytisme. Pour que l'Eglise croisse numériquement il faut
que de nouvelles personnes viennent. Le Christ nous commande d'aller les
chercher. Il faut donc évangéliser. Évangéliser
signifie proclamer une bonne nouvelle concernant Jésus. À
l'époque des apôtres, évangéliser c'était
annoncer que Jésus était le messie promis dans l'Ancien
Testament.
Il faut dont dans sa vocation que l'église tienne
compte de cette dimension car l'Église a une autorité divine dans
ce monde. Sans autorité il est impossible de communiquer un message
quelconque, et penser qu'il sera reçu aujourd'hui. Nous avons
reçu une autorité divine en tant qu'Église. Cette vocation
est d'autant plus sérieuse parce que l'humanité est perdue.
L'homme est pécheur et séparé de Dieu. Sans
Jésus-Christ, le seul chemin et le seul médiateur entre Dieu et
les hommes, l'humanité est égarée.
Nous devons aussi évangéliser pour rendre
témoignage de la vérité à toutes les nations. Et
même s'il n'y avait pas un seul converti, ou pas un seul résultat,
nous devrions quand même évangéliser pour rendre
témoignage de la vérité qui est en Jésus. Mt 24.14.
Reto GMÜNDER distingue dans son livre Evangile et développement
pour rebâtir l'Afrique, l'évangélisation
christocentrique avec pour centre incontestable le Seigneur Jésus
Christ, l'évangélisation eschatologique s'inscrivant dans la
dynamique du royaume qui vient et enfin l'évangélisation
sotériologique qui présente Jésus comme celui qui
accomplit les promesses de l'Ancien Testament40(*).
Le peuple de Dieu est là pour révéler
Dieu, révéler son salut en Jésus Christ. Les gens sont
perdus, ils sont voués à la damnation éternelle, si
l'Eglise ne leur parle pas de Dieu, qui le fera ?
L'Eglise a pour vocation de parler de Dieu. C'est là
encore un commandement de notre Seigneur. Cette prise de conscience de la
perdition de l'homme, cette compassion envers l'autre est un bon
début.
L'Eglise se doit de révéler Dieu au monde,
d'aller en mission. Il ne s'agit d'y aller forcement à l'autre bout de
la planète, mais de parler de Dieu, son plan de salut, aux hommes de
près comme de loin. De nos jours elle peut se faire par la campagne en
plein air, le porte à porte, l'amitié, la
télévision, la radio et autres médias, le prospectus, des
concerts..., Il n'y en a pas une meilleure qu'une autre. La meilleure c'est
celle qui marche c'est à dire celle qui est adaptée aux
contemporains de notre région.
Nous avons abordé la triple vocation de l'Eglise
universelle : adorer, enseigner, évangéliser. L'Eglise
détermine les tâches de fond des églises à la base.
Dans cette vocation, il ne s'agit pas d'une option. Les trois vocations, les
trois missions sont indissociables car il s'agit au finish de
révéler Jésus Christ. Or révéler
Jésus-Christ et son Evangile à ceux qui ne les connaissent pas,
tel est, depuis le matin de la Pentecôte, le programme fondamental que
l'Eglise a assumé comme reçu de son Fondateur. Tout le Nouveau
Testament, et plus spécifiquement les Actes des Apôtres,
témoignent d'un moment privilégié de cet effort
missionnaire qui jalonnera ensuite toute l'histoire de l'Eglise.
II.2- Quelques
réalisations missionnaires au Cameroun.
Parler des réalisations missionnaires au Cameroun
revient à faire le tour des investissements matériels
réalisés sous la houlette des missionnaires. Nous pouvons citer
entre autres : les temples, les écoles, les hôpitaux, les
centres sociaux...
Les temples étaient pour les sociétés
missionnaires et demeurent pour nous chrétiens aujourd'hui, le lieu
réservé au culte du Dieu vivant. Quand on sait l'importance
qu'avait la religion alors, on comprend que ces bâtiments avaient une
influence non négligeable dans la vie du pays. C'est pourquoi ils se
dressaient de manière majestueuse au centre de la station missionnaire
et toutes les autres activités gravitaient autour de cette
dernière. Les fonds de construction venaient exclusivement de
l'occident. Mais de nos jours avec l'autonomie chaque église locale se
bat pour construire son lieu d'adoration.
Les missionnaires voyaient en l'école un moyen efficace
d'évangélisation. La mission première de l'école,
c'est l'instruction car elle permet de lire, écrire, compter. La seconde
mission vise la socialisation, le bien vivre ensemble et la troisième
mission est culturelle : ouvrir sur le monde, s'en approprier les richesses.
L'école est un lieu où l'acquisition des compétences
intellectuelles est mise au premier plan. L'école doit préparer
l'enfant à être un futur citoyen, pas à se préparer
à son futur métier. Il devrait y apprendre à
débattre, faire des choix, comprendre les influences et les
règles, à développer le travail d'équipe et la
coopération. Ainsi, dans la logique missionnaire, les écoles
construites devait d'abord transmettre des connaissances et compétences,
une culture. Ensuite, préparer à la vie professionnelle en
fournissant des qualités de compétence et de comportement,
notamment d'adaptation, qui permettront d'y faire face et de s'adapter à
ses changements. Enfin, de former le futur citoyen, et l'intégrer toutes
les couches de la société.
A travers le système scolaire, les enfants devaient
être protégés, voire détournés de la
"tradition païenne" de leurs parents. Pourtant Fabien EBOUSSI BOULAGA voit
dans l'éducation « le passage de la nature à la
culture, de l'animalité à l'humanité, sans cesse repris
à chaque naissance, constamment maintenu et promu dans tout individu qui
ne veut pas déchoir de sa condition d'homme. »41(*) Après près
de dix ans d'engagement au Cameroun par exemple, la Mission de Bâle
n'avait toujours pas réussi à convaincre les adultes à se
faire baptiser. Seuls les élèves se faisaient baptiser. Pour
beaucoup d'élèves, cela faisait sûrement partie des
obligations scolaires, d'autant plus que l'enseignement scolaire et la
préparation au baptême allaient de pair et se faisaient dans la
même salle. A côté des élèves, les moniteurs
ou catéchistes indigènes étaient des pièces
maîtresses dans le processus d'évangélisation des
populations africaines.
Un moniteur ou catéchiste était un autochtone au
service de la Mission, exerçant à la fois les fonctions
d'enseignant et de prédicateur. Ce n'est donc pas un hasard si, presque
tous les anciens pasteurs au Cameroun par exemple ont d'abord été
des moniteurs ou catéchistes par ailleurs appelés à jouer
un rôle important dans l'expansion du Christianisme et la fondation des
communautés ecclésiales. Les moniteurs autochtones qui devenaient
pasteurs plus tard, constituaient la nouvelle élite africaine ayant
combattu le guérisseur indigène dont ils prirent la place comme
conseiller et bras droit du chef ou roi traditionnel. Plus que les
missionnaires européens, ils se battaient contre leurs propres
traditions qu'ils assimilaient au paganisme. Il n'est donc pas étonnant
de voir au Cameroun, l'Eglise se présente comme le premier partenaire
de l'Etat en matière d'éducation avec un nombre impressionnant
d'établissements scolaires.
Dans le souci de guérir pas seulement l'âme mais
aussi le corps, l'action missionnaire s'accompagne par la construction des
oeuvres hospitalières. L'évangélisé avait droit
à un service de qualité. Avec les missionnaires, on avait dans
les hôpitaux, la prise en charge des soins palliatifs ; les actions
d'éducation et de prévention pour la santé et leur
coordination ; l'aide médicale urgente, conjointement avec les
praticiens et les autres professionnels de santé, personnes et services
concernés ; la prise en charge des personnes hospitalisées sans
leur consentement (oeuvre de témoignage et non rentable).
Les missionnaires ne pouvaient ignorer ce secteur : l'action
sociale était considérée comme une branche normale de
l'activité des Églises. Les missionnaires dans leur logique
évangélisatrice y jouaient un très grand rôle. On
eut toutes sortes d'oeuvres sociales : asiles de vieillards, orphelinats,
centre social de réintégration des enfants de la rue etc.
Il faut dire pour conclure ici que, d'abord, ce foisonnement
d'oeuvres montre la vitalité de la mission de l'époque,
vitalité d'autant plus étonnante après plus d'un
siècle de persécutions. Ensuite, par leur existence, ces oeuvres
ont changé le visage de la communauté missionnaire.
Si nous ne prenons que le cas de l'Eglise Evangélique
du Cameroun, les réalisations missionnaires y sont considérables.
De nos jours elle compte:
- Ecoles maternelles et primaires: 200
- Collèges : 14
- Université: 1 à Mbouo
- Hôpitaux et dispensaires: 15 hôpitaux et 40
centres de santé intégrés
- Centre de formation professionnelle
- Deux fermes écoles à Ndounguè et
Bagam
- Le Centre social de Ntolo
- Le Centre polyvalent de formation de Mbouo
- Le CAFRAD à Douala
- Le CEF (Centre d'échange et de formation)
- Le PADECO (Programme d'appui au développement
communautaire) à Garoua
- Le Foyer du marin, cogéré avec l'Allemagne
pour encadrement des marins à Douala
- Dernière-née, fruit de l'évaluation
générale de l'EEC, la CAMED (Caisse mutuelle Evangélique
pour le développement) qui est une micro finance.42(*)
II.3- Défis
missionnaires actuels pour le clergé de l'EEC.
L'époque où nous nous trouvons aujourd'hui, en
cette aurore du troisième millénaire, est celle de grands
bouleversements dus aux mutations technologiques, politiques et
économiques des dernières décennies du siècle
précédent. Nous sommes engagés dans un processus
irréversible, celui de la mondialisation, soutenu par une
révolution technique en électronique, en informatique et en
réseautique avec le développement exponentiel de l'Internet et
des technologies de pointe.
Ce phénomène mondial a des répercussions
immédiates sur notre vie individuelle et ecclésiale. C'est une
réalité complexe dont les effets sont contradictoires. D'une
part, elle renforce l'intégration des pays jusque-là marginaux,
elle favorise la rencontre entre les hommes et les cultures. Le premier
défi est celui de la contextualisation de l'évangile car
« le pionnier ou l'envoyé missionnaire qui arrive dans un
nouveau champ de travail rassemble de nouveaux croyants autour de lui. Il garde
à l'esprit l'église et la culture qui l'a envoyé. Son
église d'origine représente souvent dans son subconscient l'image
à laquelle l'église nouvellement implanté devrait
ressembler. »43(*)
Au sein de notre société, il existe pourtant une
vraie faim spirituelle. Le religieux retrouve parfois une place, mais de
manière ambiguë et contestable : est apparue une sacralité
hyper-individualiste des gnoses, des sectes, ou plus généralement
des syncrétismes individuels à l'intérieur de laquelle
s'élabore un scientisme de l'invisible, qui va souvent de pair avec un
refus du risque de la foi et de l'engagement personnel.
Qu'elle le veuille ou non, l'EEC se trouve désormais
sectorisée et privatisée, se présentant, de
l'extérieur, comme une offre parmi d'autres sur le grand marché
des courants de pensées, des religions et des sectes, où comme
chacun sait, le client est roi. Cette indifférenciation
extérieure suscite fort logiquement la dérision ou
l'indifférence, et cela doit interpeller notre conscience
ecclésiale.
Face à la situation de reconfiguration radicale du
monde et aux crises de mutation qui l'accompagnent, nous devons, pour aborder
les défis du temps présent, tenter tout d'abord de revenir
à une question simple : quels sont les défis qui attendent l'EEC
de nos jours ? Quel est son être profond et quelle est sa vocation ?
L'EEC est appelée, en effet, à être le bon
levain dans la pâte du monde pour faire advenir le règne de Dieu
sur terre. Église et monde sont donc des réalités
coextensives. De même que le Christ s'est offert en oblation,
l'Église qui est son Corps, existe non pas pour elle-même, mais
pour le monde que Dieu a créé par pure bonté, et qu'il
destine à une communion plénière avec Lui, au Banquet des
derniers jours qui est le terme de l'Histoire. C'est ça le défi
spirituel à relever en Afrique aujourd'hui car Satan ne cède pas
le terrain sans livrer bataille.
Au Cameroun, la question du rôle de l'Eglise dans le
développement du pays est un sujet courant et facile à
comprendre. Ce dernier pense que c'est le `'blanc'' qui doit développer
son continent comme le constate Paul KEIDEL «
l'étranger est perçu comme une source de richesses
illimitées à partager avec les membres pauvres de la famille de
Dieu. Ce sentiment s'appuie sur la constation qu'en général la
société missionnaire offre une aide financière lors des
campagnes d'évangélisation, l'expansion missionnaire, la
construction d'écoles, d'églises, d'hôpitaux ou de
cliniques. »44(*)
Dans le cas d'espèce au Cameroun, les églises se
sont vues engagées dans le processus de développement de leurs
pays respectifs suite à deux faits essentiels : L'action missionnaire a
trouvé que les activités de développement constituaient un
moyen important pour gagner les populations locales pauvres à la foi
chrétienne. Ensuite, la faiblesse de l'engagement de l'état dans
les domaines économique et sociale a poussé les églises
à se substituer en acteurs de développement.
Dans un passé très récent, la plupart
des églises d'Afrique ne considérait la paix comme un
ingrédient essentiel de développement. Ainsi les églises
étaient totalement absentes dans le domaine de prévention des
conflits. Avec les guerres qui ont sévi dans plusieurs régions en
Afrique avec ses conséquences incalculables sur le plan humain et
économique, les églises sont arrivées à
l'évidence que la paix est le socle du développement.
L'éducation est un autre défi que les
églises doivent lever en vue de maximiser leur apport au processus de
développement dans la région. Etant donné que les
églises sont fortement engagées dans le domaine de
l'enseignement, elles devraient profiter de cette opportunité sans
égal pour transformer l'éducation de jeunes
générations. L'EEC doit débarrasser son enseignement de
l'approche paternaliste et promouvoir la culture de la démocratie qui
favorise l'esprit critique et la créativité.
Une telle éducation permettrait aussi à nos
populations d'éviter les préjugés qui sont à la
base des discriminations, source de conflits et de mettre à profit les
diversités des valeurs de nos sociétés. Pour le chercheur
Sévérin Cécile ABEGA, l'éducation est importante
« dans la mesure où elle ouvre les esprits et les
forme »45(*)
Un autre défi à relever est la gestion des
affaires ou encore la bonne gouvernance. Quand la mauvaise gestion est
tolérée dans un Etat, elle se transforme en une culture ou en un
mode de vie qui finit par affecter tous les autres secteurs de la vie
nationale, y compris même les églises.
Dans ces circonstances, l'EEC devrait se ressaisir et se
rappeler sa vocation d'être un modèle pour la
société. Par là nous ne voulons pas du tout parler de
prime abord de perfection, car nous sommes conscients que l'EEC peut ne pas
avoir l'expertise voulue pour atteindre cette perfection. Nous aimerions tout
simplement nous inspirer de l'adage selon laquelle, c'est en forgeant qu'on
devient forgeron. Des petites réformes dans la conduite des affaires au
sein de nos églises pourront déclencher des changements
importants dans nos églises et dans nos sociétés.
Un autre défi pour la mission est la lutte contre la
pauvreté. La mission de l'église est de
participer au mouvement de libération humaine de notre temps de
manière à témoigner Jésus-Christ comme la source de
la spiritualité authentique ; mais il faut relever que la
pauvreté, voire la misère, constitue un obstacle à ce
message de libération. Comment un missionnaire peut-il partager la
souffrance matérielle de ses fidèles mal nourris et mal
logés ? A cette question, EC BLAKE disait : « un
homme qui a faim ne peut écouter qu'une bonne nouvelle : celle
d'une nourriture que lui et sa famille pourront manger. Il ne lui est pas
possible d'entendre ce qu'un homme bien nourri peut lui dire même s'il
parle de Jésus-Christ. »46(*)
Un homme qui vit dans une effrayante pauvreté ne
saurait s'ouvrir à la bonne nouvelle prêchée lorsque les
besoins vitaux constituent un grave problème pour que le corps,
l'âme et l'esprit soient disposés à s'ouvrir au message du
salut.
Avec les pressions de la mondialisation un autre défi
à relever est celui du sécularisme.Avec les progrès
scientifiques et techniques, les mutations, la mondialisation, l'administration
missionnaire ont conduit à une administration de type séculier
avec la création des départements, l'usage des titres tels que
président, secrétaire etc., la mission a ainsi
déraillé de son identité et de son fonctionnement comme
entité ecclésiale pour fonctionner comme toute autre organisation
séculière. Dans cette mesure, la dimension spirituelle a
été reléguée au second plan. Ce qui fait que
l'église a plus fonctionné comme institution que comme corps du
Christ.
Le missionnaire actuel doit faire face au
syncrétisme ; car l'Africain s'obstine à s'adapter ou de
feindre de s'adapter à la vision du monde occidental. La vie
quotidienne, le besoin des relations avec sa tradition, sa culture, ses
coutumes et ses rites sont restées intactes d'où un risque
d'amalgame du christianisme occidental avec l'animisme. L'église devient
juste un lieu où l'on recherche des réponses pour l'explication
de la médecine moderne le développement ou simplement le lieu de
la communion fraternelle, de culte et des autres activités d'Eglise.
Klauspeter BLASER pense qu'il faille devant cette situation, insister
« sur la nécessité de traduire l'Evangile partout et
pour chaque époque. Cette traduction ne consiste pas seulement à
annoncer le texte biblique dans la langue courante des destinataires, mais elle
nécessite aussi une mise en forme, une véritable transposition du
message qui corresponde aux contextes nouveaux, aux relations et aux structures
sociales actuelles. »47(*)
Pour les questions difficiles de maladies incurables, des
manifestations des mauvais esprits, des mauvais sorts, des attaques
démoniaques, il faut faire parfois recours aux pratiques de la tradition
africaine qui, pour l'africain traditionnel semble donner des réponses
valables à ses problèmes. Ainsi, la solution demeure celle de
rester à la fois attaché à l'église pour des
besoins de communion fraternelle et continuer à s'attacher aux
traditions africaines pour répondre aux besoins relatifs au monde des
esprits que le discipolat a avéré ne pas aborder. Jean-Marc ELA
à ce propos affirme au contraire que « le christianisme
fut utilisé comme une arme efficace pour le bien des colonisés
c'est-à-dire comme un moyen pour leur apporter le civilisation en
luttant contre les pratiques religieuses et sociale
traditionnelles ».48(*) Au regard de l'objectif missionnaire, on assiste
à un christianisme de surface et la profondeur demeure toujours
problématique.
A la notion de gestion est liée aussi celle de
leadership. Une bonne gestion ou une bonne gouvernance exige un bon leadership.
En effet on se rend compte que le gros des reproches des réformateurs
n'était pas essentiellement focalisé sur l'enseignement de
l'Eglise comme tel, mais plutôt sur des pratiques non conformes aux
écritures saintes au sein de la hiérarchie de l'Eglise qui
interprétait les écritures pour le besoin de la cause.
C'était donc la qualité de leur leadership qui
était premièrement mise en question. Sur base de cette
expérience de la réforme et de notre propre expérience
dans nos églises et dans notre société, nous sommes
appelés à développer une nouvelle forme de leadership qui
influence d'autres à devenir plus capables à remplir leurs
tâche d'une manière plus efficiente. Paul KEIDEL lui, pense que
« des leaders bien équipés édifient de
solides communautés »49(*) Si les églises réussissent
à se doter d'un tel leadership, alors elles seront capables de
contribuer à la promotion de la bonne gouvernance dans les institutions
de nos pays respectifs et par voie de conséquence, elles auront
contribué efficacement au développement de nos pays.
En dépit de leur propre faiblesse et des limites de
leurs ressources, les églises ont encore un grand rôle à
jouer. Mais aussi, tout en évitant le danger de devenir des caisses de
résonnance des gouvernants, elles devraient interpeller ces derniers
à prévoir dans les budgets d'Etat des subventions devant leur
permettre de mieux se mettre au service des populations
nécessiteuses.
CHAPITRE III : BREVE
PRESENTATION DE L'EGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN.
Le choix de la présentation de cette Eglise n'est pas
fortuit. Elle est notre Eglise cible et aussi celle qui nous a aidé
à grandir sur le plan spirituel jusqu'à la reconnaissance de
notre vocation. Quelles sont les étapes ayant contribuées
à la genèse de l'E.E.C. ?
III.1- La genèse de
l'E.E.C.
L'année 1843 marque l'arrivée des missionnaires
au Cameroun. Ils sont venus animés par leur foi et mandatés des
sociétés missionnaires pour apporter l'évangile au
Cameroun comme dans d'autres pays Africains.
« L'Eglise Evangélique du Cameroun, en
abrégé E.E.C, fait partie de l'Eglise universelle, corps du
Christ, chargée d'annoncer la bonne nouvelle du salut en
Jésus-Christ et de rendre témoignage du Royaume de Dieu jusqu'au
retour du Seigneur »50(*)
Cette Eglise est un hybride de trois grandes
Sociétés de Mission entre autre la Mission Baptiste de Londres,
la Mission de Bâle et la Société des Missions
Evangéliques de Paris.
a. La Mission Baptiste de
Londres (1841-1886)
Elle est plus connue sous le nom de Baptist Missionary
Society. Elle a travaillé au Cameroun d'entente avec les Eglises
baptistes de la Jamaïque, de 1841à 1886.51(*)
Son premier contact avec le Cameroun remonte au 1er
février 1841 avec la visite du Docteur G.K. Prince et du Pasteur John
CLARKE, tous deux Afro-américains de la Jamaïque. En novembre 1843,
arrive Joseph MERRICK, âgé d'une trentaine d'année, qui
s'installe à BIMBIA près de LIMBE. Il y crée la
première station missionnaire. Ce dernier n'eut pas seulement le
mérite de persister dans le ministère avec l'apprentissage de la
langue douala, mais aussi de frayer le chemin de la Mission vers
l'intérieur. Avant sa mort en 1848, il est rejoint par Alfred SAKER
d'origine anglaise en 1845. Celui-ci créera une école
industrielle. Il a eu le mérite de traduire la Bible en langue douala.
SAKER est aidé dans sa lourde et exaltante mission par T.H. JOHNSON, G.
NKWE, J.J. FULLER. En gros, la Mission Baptiste de Londres a permis l'essor de
l'Eglise à Douala.
b. La Mission de
Bâle (1886-1914)
Elle succède à la Mission Baptiste de Londres
après la prise de Douala par l'Allemagne en 1884. Créée
en 1815, elle est à l'origine une société de la Suisse
Allemande et de la région Wurtembergeoise en Allemagne du Sud-ouest.
Cette mission arrive au Cameroun le 23 décembre 1886, deux ans
après le traité germano-Douala de 1884 qui a fait du Cameroun une
colonie allemande.
Les Britanniques abandonnèrent définitivement
la mission en 1888. Dès leur arrivée, les missionnaires
bâlois créèrent neuf stations missionnaires, deux centres
de formation des maîtres et des catéchètes. De ces centres,
sortirent les premiers pasteurs camerounais au rang desquels Joseph DIEBOL,
Joseph EKOLLO, Joseph KUO ISSEDU, Jacob MODI DIN dont le rôle fut
important dans l'implantation de l'Eglise au Cameroun. C'est par la Mission de
Bâle que l'Evangile pénétra le GRASSFIELD qui comprend la
partie anglophone du Nord-Ouest, et l'actuelle région de l'Ouest. En
1914, les Bâlois créent 9 stations missionnaires et 2 centres de
formation des maîtres catéchistes ; elle comptait quatre cent
quatre lieux de culte, quinze mille cent douze membres et vingt et deux mille
huit cent dix-huit élèves.52(*)
c. La
Société des Missions Evangéliques de Paris
(1917-1957)
La première guerre mondiale, soldée par la
défaite de l'Allemagne entraîna l'expulsion des
missionnaires ; car tous les territoires coloniaux de l'Allemagne furent
placés sous l'égide de la S.D.N. La partie du Cameroun
placée sous mandat français n'eut plus le droit de continuer avec
la Mission de Bâle et l'avenir de son immense oeuvre fut alors mis en
cause. C'est alors qu'entra en jeu la SMEP qui commença son travail au
Cameroun en 1917 avec une tâche que nous pouvons résumer en deux
devoirs impérieux : « Entrer en relation avec les
Eglises délaissées pour les rassurer, les réconforter et
pour leur montrer des coeurs fraternels. Mais ils furent en même temps
chargés d'un devoir patriotique. »53(*)
Au départ, la SMEP s'était engagée dans
une tâche temporaire au Cameroun. Ce n'est que le 2 juin 1919 que son
comité directeur vota à l'unanimité de ses membres,
l'adoption du Cameroun comme huitième champ de travail de cette
société54(*). Suite à cette décision, le
comité directeur de bale décida en Janvier 1920, de lui remettre
l'ensemble de son oeuvre au Cameroun.
Les travaux avec cette société de Mission
continuèrent jusqu'en 1946. A cette date, la Mission connut une crise
financière critique. Elle fit appel aux églises-soeurs pour
l'aide. Pour administrer l'oeuvre dont elle avait hérité, la SMEP
pensa théoriquement à une organisation de type
presbytérien-synodal qui est le modèle d'organisation de l'Eglise
Reformée de France dont la SMEP est le produit. L'organigramme
conçu se présentait comme suit : Le synode
général (organe suprême de décision) la commission
synodale (Pasteurs + missionnaires), la région, le district et la
paroisse.
Entre temps, une commission synodale est crée avec les
pasteurs et les missionnaires comme membres afin de diriger l'Église. En
1919, la SMEP adopte le Cameroun comme un de ses champs de mission. En ce
moment, on compte 6 stations missionnaires, 18 missionnaires, 616
évangélistes et catéchistes, 11 pasteurs camerounais, 38
602 chrétiens et 15 800 élèves dans les écoles de
l'Église. Avec la création de la conférence des
missionnaires, un problème surgit : les autochtones en sont exclus
avec pour conséquence évidente, des tensions entre les deux
parties. Durant le séjour de la SMEP, des chrétiens seront
persécutés notamment dans l'Ouest du pays en 1927.
Plusieurs autres facteurs vont s'y ajouter pour
précipiter les jours de la SMEP. Nous pouvons citer :
- Les déclarations de la conférence de
Brazzaville qui supprimèrent les travaux forcés et le
régime de l'indigénat.
- La reconnaissance aux prêtres et aux pasteurs
indigènes le statut de citoyens en vue de leur confier l'enregistrement
de l'état civil.
- La constitution de 1949 qui avait pour but :
« De préparer les Eglises lentement et mûrement
à leur autonomie. »55(*)
Nous n'oublions pas l'« affaire
Bamoun » qui fut l'un des conflits opposant la S.M.E.P. et
l'Eglise locale.
III.2. Des
sociétés de missions à l'autonomie de l'EEC.
En raison du désaccord né de l'affaire Bamoun
qui oppose en 1953 le Pasteur Josué MUSHE au missionnaire Henri MARTIN
qui considère les noirs comme fils de « Cham »
(esclaves), les pasteurs Camerounais (MALLO , KOTTO, MBONDJO) affirment leur
capacité, leur maturité à pouvoir s'autogérer. Ils
se sentent capables de constituer une église placée sous la
direction des camerounais, pour les camerounais et par les camerounais ;
d'où l'idée de demander l'autonomie de l'Eglise. Ils se
réunissent à Ndoungué pour parler de sa naissance et de
son plan de travail. En Août 1956 plus précisément le
03 Aoûtà Foumban, la Commission Synodale Générale
demande l'autonomie à la SMEP et le nom EEC fut adopté
après plusieurs discussions. Ces évènements et bien
d'autres ouvrirent grandement la porte à l'autonomie de l'EEC tout
comme l'UEBC qui fut promulguée de manière solennelle le 10 mars
1957 dans le temple du Centenaire à Douala avec pour premier
président le pasteur Paul JOCKY lors de son tout premier synode
général.
Les deux églises (l'EEC et l'UEBC) créent
à leur tour sous l'instigation des missionnaires sortants, le Conseil
des Eglises Baptistes et Evangéliques du Cameroun (CEBEC) pour la
coordination des oeuvres de témoignage (Hôpitaux, Ecoles,
Collèges, Centre de formation).
L'EEC est officiellement reconnue le 14 Octobre 1974 par
décret présidentiel N° 74 / 853 du 14 Octobre 1974 comme
association cultuelle par l'Etat du Cameroun. Après son autonomie,
l'EEC est passée par une forte crise du fait des troubles politiques qui
ont divisé les populations des environs de Douala et dans le pays
bamiléké.
En 1958, l'EEC a été secouée par
une tentative de division au sujet de la langue de travail dans l'Eglise. En
effet, les bamilékés ne voulaient plus évangéliser
dans les « grassfields » avec la langue Douala.
Ce mouvement séparatiste a été apaisé par la
prudente action du pasteur Kotto. Pour catalyser la montée de
l'église, une campagne d'évangélisation fut initiée
dans la région de l'ouest entre Février et Juillet 1962 avec pour
thème « Jésus-Christ, lumière du
monde » ou près de 8000 personnes acceptent de se donner au
Seigneur.56(*)
L'EEC s'ouvre très tôt au monde avec
l'adhésion le 22 avril 1959 au Conseil OEcuménique des Eglises
(C.O.E). Et en 1963, elle est membre fondateur de la conférence des
Eglises de toute l'Afrique (CETA).
En définitive, l'EEC fruit de trois
sociétés missionnaires qui se sont relayées suivant le
cours des mutations politiques et administratives, et fondée sur les
Saintes Ecritures, se veut une église travaillant pour le rayonnement de
la gloire de Dieu au Cameroun et même ailleurs. Après sa
reconnaissance officielle, elle a poursuivi l'oeuvre
d'évangélisation (Mathieu 28 :19-20) et s'est
développée dans différents domaines. C'est aussi une
église visionnaire qui travaille aujourd'hui pour le recentrage
spirituel et moral de ses ouvriers et de ses fidèles dans une certaine
rigueur. L'EEC est une église qui émerge. Dynamique et
ambitieuse, elle se veut de référence et envisage son avenir avec
espoir.
III.3. Organisation
Structurelle de l'EEC.
L'EEC à une organisation pyramidale pour sa gestion,
laquelle prend son appui sur ses textes de base qui sont la Constitution et le
Règlement intérieur.
Selon sa Constitution57(*), L'EEC est une Eglise presbytéro-synodale
c'est-à-dire que les décisions vont de la base au sommet, et
vice versa, et sont prises en assemblée. Ainsi elle est
structurée de la manière suivante :
Ø L'annexe : elle regroupe les
chrétiens d'une paroisse dans une même localité et est
dirigée par un Evangéliste ou un aide évangéliste.
(possibilité de disposer des lieux de cultes).
Ø Laparoisse : elle regroupe une
ou plusieurs annexes dirigées par un conseil d'anciens ayant à sa
tête un ou plusieurs pasteurs.
Ø Ledistrict : c'est le
regroupement de plusieurs paroisses qui est dirigé par un pasteur
(président de district), élu pour un mandat de 7 ans par le
consistoire. Il existe le conseil consistorial qui gère les affaires
courantes du district entre deux consistoires.
a) La région synodale : elle est
la circonscription qui regroupe plusieurs districts, dirigée par un
Pasteur Président de Région, nommé par le Conseil Synodal
Général. les principales instances qui constituent la
région sont les suivantes :
- Le conseil synodal régional qui se tient 2 fois par
an.
- Le synode régional qui se tient une fois par an.
b) Au niveau national on
distingue :
- Le conseil synodal général qui se tient 2 fois
par an.
- Le synode général qui se tient une fois tous
les deux ans (avec possibilité d'un Synode extraordinaire l'année
précédant les échéances électorales ou en
faveur de la gestion des situations particulières).
c) Composition du bureau de l'EEC
Le bureau de l'Eglise est composé de cinq membres
élus pour un mandat de 07 ans. A savoir
- Un Président Général
(Pasteur) ;
- Un 1er vice-président (Pasteur),
chargé des mouvements, des chorales et du personnel ;
- Un 2ème vice-président (Ancien
d'église), chargé des oeuvres ;
- Un 3ème vice-président (Ancien
d'église), chargé des finances ;
- Un Secrétaire Général
(Pasteur) .
Les organes de l'EEC tels que définis dans la
Constitution sont régis selon les principes ci-après :
Ø A l'annexe : le Conseil
d'Anciens de l'annexe et le bureau de l'annexe.
Ø A la paroisse :
l'Assemblée d'Eglise qui est l'organe suprême de la paroisse, le
Conseil d'Anciens, le Collège des Conseillers, le conseil élargi
qui siège en cas de besoin, le bureau de la paroisse et les
commissions.
Ø Au district : le consistoire,
le conseil consistorial, le bureau du district, les commissions.
Ø A la région : le Synode
Régional, le Conseil Synodal Régional, le bureau de la
région, les commissions.
Ø Au niveau national : le Synode
Général, le Conseil Synodal Général, le bureau
général, les commissions.
L'EEC dans son organisation et sa doctrine reconnait les
ministères suivants : Pastoral, d'Evangéliste, d'Ancien
d'église, de Conseiller Paroissial, de Diacre, de Moniteur du culte
d'enfants, de Témoignage évangélique et celui de
guérison et de délivrance.
Pour l'édification de la foi du peuple de Dieu dans son
ensemble (hommes, femmes, enfants, jeunesse), il existe plusieurs
départements et mouvements en son sein parmi lesquels :
- Le Département : Ministère Pastoral,
Evangélisation, Education Chrétienne, et Enseignement
Théologique ;
- Le Département : Enseignement scolaire,
Universitaire et Formation Professionnelle ;
- Le Département Santé ;
- Le Département : Social, Diaconie, Justice, Paix
et Sauvegarde de la Création ;
- Le Département : Jeunesse ;
- Le Département : Culte d'Enfants et
Chorales ;
- Le Département : Famille et Genre ;
- Le Département : Communication et
Information ;
- Le Département : Personnel et Problèmes
Juridiques ;
- Le Département : Finances ;
- Le Département : Développement,
Prospective et Projet ;
- Le Département : Relations Publiques,
OEcuménisme et Responsabilité Mondiale de l'Eglise.
Pour faciliter le travail, l'EEC dans sa constitution, en son
article 24 dit : « il est créé au sein les
commissions techniques de travail suivantes :
- commission : Ministère Pastoral,
Evangélisation, Education Chrétienne et Enseignement
théologique ;
- commission : finance ;
- commission : OEuvres ;
- commission : Développement, prospective et
projets ;
- commission : Doctrine, Ethique et
Discipline ;
- commission : Famille et Genre ;
- commission : Jeunesse ;
- commission : Culte d'enfants et
Chorales ;
- commission : Diaconie, Justice, Paix et Sauvegarde
de Création ;
- commission : Sécurisation et Extension du
patrimoine ;
- commission : Communication,
Information. »58(*)
Ces commissions de travail fonctionnent avec un cahier de
charge bien définit.
Il faut également dire que l'EEC, dans son dynamisme,
est membre de plusieurs organisations telles que : Le CEPCA, le CETA, la
CEVAA, la MEU, le COE.
Au terme de cette étude, nous pouvons dire que L'EEC
est une Eglise bien organisée et bien structurée. Telle est une
Eglise de type presbytéro-synodale, avec une organisation pyramidale.
Conclusion partielle
Ce chapitre était celui de la définition et du
fondement biblique de la mission, de l'étude de la vocation
missionnaire ainsi que les réalisations et défis missionnaires,
sans oublier la présentation de l'EEC qui est notre Eglise cible. Force
est de constater que la mission prend son envol dans la parole de Dieu et dans
l'oeuvre missionnaire plusieurs oeuvres ont été
réalisé. Il faut aussi dire que l'EEC, notre Eglise cible est la
fille de plusieurs sociétés missionnaires.
DEUXIEME PARTIE : LA
CRISE ECOLOGIQUE
La fin du XXème siècle a vu naitre des enjeux
politiques, éthiques et environnementaux nouveaux. En effet les
générations nées après la seconde guerre mondiale,
ont vu surgir une succession de crises modernes qui façonnent encore
aujourd'hui l'évolution de nos façons de penser. Ce que l'on
appelle « crise écologique » en est un exemple important.
L'usage de ce concept, véhiculé à la fois par les
médias, par les scientifiques, par les politiques et par n'importe
quelle association d'individus, font de ce problème moderne, un des
enjeux les plus préoccupant du XXIème siècle en
particulier lorsqu'il s'agit de se projeter dans l'avenir. En effet il arrive
très souvent, à propos de l'écologie, de parler d'une
crise. Cela renvoie donc à une situation grave en soi et pour soi, une
situation dans laquelle un système mise en place est malade. Ce
système est souffrant car il ne fonctionne plus correctement et engendre
des problèmes sanitaires propres aux mécanismes même du
système, allant jusqu'à provoquer son implosion. La crise
nécessite de ce fait un diagnostic, c'est-à-dire des
réflexions scientifiques, politiques, morales et spirituelles
destinées à soigner le système, à rétablir
un équilibre dans les mécanismes dysfonctionnant. La crise
appelle donc à terme soit à une convalescence, soit à un
effondrement d'un système, victime de sa dette malsaine. Mais alors
qu'est ce qui est en crise, lorsque l'on parle de crise écologique ? Il
faut prendre en compte que ce concept de crise écologique est un concept
utilisé à la fois pour décrire un phénomène
mais aussi en même temps pour se le représenter.
Il y aurait ainsi à travers le terme de crise
écologique et selon une définition primitive de l'écologie
: une crise des conditions de l'existence. Serait-ce une
crise de notre existence humaine ? La crise de ce qui nous environne,
c'est-à-dire une crise des conditions d'existence de l'air, de l'eau, de
la terre ? Une crise des conditions d'existence de la nature, des animaux, des
végétaux, des minéraux ?
S'il y a une crise des conditions d'existence en
générale, nous allons essayer de réfléchir à
ce que l'on entend principalement comme étant en crise dans le
système qui est le nôtre. En quoi la crise écologique
est-elle d'abord celle d'une nature se présentant comme en crise
à travers des dérèglements visibles et sensibles dans
l'environnement ? Mais n'y aurait-t-il pas alors une responsabilité
humaine ? En quoi la crise écologique est-elle aussi spirituelle ?
CHAPITRE I :
CLARIFICATION TERMINOLOGIQUE ET FONDEMENT BIBLIQUE DE L'ECOLOGIE.
Ce chapitre est consacré à la définition
de certains termes et au fondement vétérotestamentaire et
néotestamentaire de l'écologie. Il sera aussi question
d'étudier l'influence de la crise écologique dans certains
espaces pour déterminer, les causes, les conséquences et les
responsables de la crise écologique.
I.1- Clarification des
termes `'crise'' et `'écologie''.
Nous allons essayer de donner aux mots `'crise'' et
`'écologie'', leur contenu juste et véritable.
La crise, selon le dictionnaire Larousse en ligne est un
brusque accès, une forte manifestation d'un sentiment, d'un état
d'esprit. C'est un moment très difficile dans la vie de
quelqu'un, d'un groupe, dans le déroulement d'une
activité. C'est la période ou une situation marquée
par un trouble profond. Selon la même source, c'est la rupture
d'équilibre entre la production et la consommation,
caractérisée par un affaiblissement de la demande, des faillites
et le chômage. La crise est une grave pénurie de quelque
chose59(*).
Pour le dictionnaire Encarta, la crise est une période
de dérèglement ou de manifestation paroxystique des
éléments naturels60(*).
Ainsi, nous pouvons comprendre la crise comme la manifestation
brusque et intense, de durée limitée (d'un état ou d'un
comportement), pouvant entraîner des conséquences
néfastes. C'est donc un changement brusque ou une modification
importante dans le développement d'un évènement
quelconque ; c'est également une situation compliquée ou
d'épuisement. Par exemple lorsque le milieu de vie d'une espèce
ou d'une population évolue de façon défavorable à
sa survie.
Quant à l'écologie, ce mot vient du grec
"oikos", maison et "logos", science, connaissance. L'écologie est donc
la science qui étudie les milieux et les conditions d'existence des
êtres vivants et les rapports qui s'établissent entre eux et leur
environnement, ou plus généralement avec la nature. Une
définition généralement admise, particulièrement
utilisée en
écologie
humaine, consiste à définir l'écologie comme
étant le rapport triangulaire entre les individus d'une
espèce,
l'activité organisée de cette espèce et l'
environnement de
cette activité. L'environnement est à la fois le produit et la
condition de cette activité, et donc de la survie de
l'espèce.61(*)L'écologie est aussi définie par Ernst
HAECKEL, un biologiste allemand en 1866, comme « la science des
relations des organismes avec le monde environnant, c'est-à-dire, dans
un sens large, la science des conditions d'existence. »62(*)
Cette activité est menée par des hommes et
femmes connue comme étant des écologistes. Un écologiste
selon les auteurs du manuel Ecologie : collection de Sciences naturelles
second cycle de l'enseignement secondaire est quelqu'un qui
« étudie les conditions d'existence des êtres vivant
et les interactions de toutes natures qui se créent entre eux et leur
milieu »63(*)
Mise ensemble, la crise écologique nous apparait comme
celle d'un dérèglement de l'espace et plus
particulièrement des mécanismes dans lequel l'homme
n'était pas censé intervenir. A travers la crise
écologique nous sommes plongés dans ce qu'il convient d'appeler
aussi crise climatique, crise biologique, crise nucléaire... car le
problème vient d'un dysfonctionnant de mécanisme propre à
la nature, visible, sensible et souvent analysable par l'homme dans
l'environnement. Il y a crise écologique, lorsque le milieu de vie d'une
espèce ou d'une population évolue de façon
défavorable à sa survie.
De manière générale, la crise
écologique est celle qui se produit lorsque l'environnement biophysique
d'un individu, d'une espèce ou d'une population d'espèces
évolue de façon défavorable à sa survie. Il peut
s'agir d'un environnement dont la qualité se dégrade par rapport
aux besoins de l'espèce, à la suite d'une évolution des
facteurs écologiques abiotiques par exemple, lors d'une augmentation de
la température, de pluies moins importantes.
Il peut aussi s'agir d'un environnement qui devient
défavorable à la survie de l'espèce ou d'une population
à la suite d'une modification de l'habitat. Par exemple, lors des
pêches industrielles intensives, les prélèvements par les
prédateurs et l'augmentation de la fréquence de la perturbation
de l'environnement modifient les conditions d'habitat et entraînent une
disparition de certaines espèces. Il peut aussi s'agir d'une situation
qui devient défavorable à la qualité de vie de
l'espèce ou de la population à la suite d'une trop forte
augmentation du nombre d'individus connue comme la surpopulation.
Les analyses scientifiques relatives à la crise
écologique permettent essentiellement de donner un sens à ces
bouleversements visibles dans la nature. Lorsque l'on parle de la crise
écologique, il s'agit de considérer une crise de la nature et de
ses mécanismes. En précisant et interprétant les
dérégulations internes à la nature.
La crise écologique est un déficit des
conditions d'existence de la nature et donc de ses mécanismes
d'autorégulation. Elle touche l'ensemble de l'environnement des hommes
de façons différentes et plus ou moins intenses, mais elle
implique le monde entier.
Bien qu'aujourd'hui de nombreuses théories relatives
à la crise, telles que le réchauffement climatique, ou
l'extinction de certaines espèces, soient reconnus par la grande
majorité de la communauté scientifique, il reste néanmoins
une incertitude sur la durée, sur l'ampleur, l'intensité des
causes et des conséquences de cette forme de violence effective, car
l'homme avec le temps s'éloigne de plus en plus des prescriptions
divines. Lorsque nous parlons de la crise écologique, nous parlons aussi
des interactions négatives des hommes envers son environnement.
La première image de la crise écologique est
celle d'un dérèglement de l'espace et plus
particulièrement des mécanismes dans lequel l'homme
n'était pas censé intervenir. A travers la crise
écologique on entend souvent le résonnement d'une crise
climatique, d'une crise biologique, d'une crise nucléaire. Le
problème viendrait d'un dysfonctionnant de mécanisme propre
à la nature, visible, sensible et souvent analysable par l'homme dans
l'environnement.Otto SCHÄFER-GUIGNIER à ce sujet parle de la crise
des fondements de la vie qui se manifeste de trois manières à
savoir la rupture du cycle des ressources, la rupture du cycle des
déchets et la rupture des équilibres de reproduction64(*).
A ce niveau, nous pensons à la fois à une crise
dans la nature et à une crise dans la culture lorsque nous parlons de la
crise écologique. Mais la nature de la mauvaise relation entre l'homme
et son environnement qui est au coeur de la crise écologique implique
aussi une crise morale et politique.
Lorsque l'on parle de crise écologique, il s'agit de
considérer une crise de l'existence. Non seulement de l'existence de la
nature mais aussi de l'homme. Les mauvaises interactions des hommes sur la
nature sont la cause d'une crise spirituelle relative à l'ampleur des
risques et des dommages pouvant être irréversibles.
Nous dirons pour résumer cette définition de la
crise écologique avec Otto SCHÄFER-GUIGNIER, qu'elle est
« une crise de la vie. »65(*)Que dit la parole
de Dieu au sujet de l'écologie ?
I.2- L'écologie dans
l'Ancien Testament.
Dans la Bible, la foi en Dieu créateur est intervenue
après un long cheminement spirituel du peuple choisit. Avant la
reconnaissance de son Dieu comme le créateur de toutes choses,
Israël a d'abord fait l'expérience d'un Dieu vivant qui le
protège et le sauve à travers des actions salvifiques. La
réflexion sur sa foi en ce Dieu sauveur dont la puissance se
déploie même dans les éléments de la nature le
conduisit progressivement à prendre conscience que son Dieu est le seul
créateur et le seul ordonnateur de l'univers, et qu'il crée
chaque fois qu'il sauve.
Dans le récit Elohiste de la création par
exemple, pour montrer que l'univers est vraiment une oeuvre divine, Dieu y est
présenté comme le grand potier, celui qui moule l'Homme et le
cosmos (Gn 2 :7-19). Et les images qui y sont employées nous
situent dans l'espace et le temps. Car Dieu crée l'homme à partir
d'une matière déjà existante, la terre.
Mais dans le récit sacerdotal (Gn 1 :1-31),
Dieu crée par sa parole, ex nihilo, à partir de
rien, sans l'aide d'une matière, « il dit et tout
survint ». Dans ce dernier cas, la création revêt une
dimension cosmique. En six jours Dieu crée tout ce qui existe, et
réserve le septième comme celui de son repos. Et c'est en
référence à ce repos divin que l'Homme doit lui aussi,
après des journées de labeur, se reposer pour comprendre la
création de Dieu (Ac 5 :15). En effet pour Israël,
« le but du repos sabbatique, c'est le loisir pour revivre la
délivrance d'Egypte, se souvenir et poser sur le monde un regard enfin
désintéressé, un regard qui devient religieux dans la
découverte du créateur lue dans son
oeuvre ».66(*) C'est ainsi qu'Israël commémorait la
création et la sortie d'Egypte en célébrant le sabbat.
Enfin, dans ce récit, la création s'avère le reflet de la
bonté de Dieu ; toute la création est bonne, il n'y a aucun
mal en elle.
Chez les sages d'Israël, l'affirmation de Dieu comme
créateur vient après une longue expérience du monde
physique. Les psaumes et le livre de Job présentent la création
comme une oeuvre libre, accomplie sans aucune difficulté par Dieu. Il a,
par sa parole, appelé tout à l'existence (Ps 33 :6 ;
148 :5). En outre, ils affirment la transcendance de Dieu. Celui-ci ne se
confond pas au monde, car sa sphère diffère de celle des
créatures. Toutefois l'univers entier demeure en sa dépendance.
La création apparaît également dans ces poèmes comme
le début mais aussi la suite. «C'est le début du monde
et de l'histoire, c'est déjà l'histoire et certaines
interventions de Yahvé, manifestant en faveur de son peuple sa toute
puissance, seront appelées création (Gn 6,5 ; 9,7) ».67(*)
En effet, selon ces derniers, il y a une continuité de
l'ordre actuel du monde. Car c'est la même sagesse qui préside
à la création, et aux réflexions des sages. De plus,
les sages s'appliquent à expliciter le lien qui existe entre la foi en
la création et le souci de justice entre les Hommes. Ils affirment
l'égalité de tous les hommes comme conséquence de leur
origine commune. Enfin, notons que les écrits sapientiaux renferment une
doctrine bien élaborée de la création, ce qui n'est pas le
cas pour d'autres écrits de la Bible
Chez les prophètes, on ne fait pas trop mention
de la création. L'accent est mis sur le gouvernement providentiel du
monde et de l'histoire. Toutefois on assiste davantage à une affirmation
de l'identité de Dieu sauveur d'Israël et du Dieu créateur
de l'univers (2 R 19,15 ; Es 37 :16) ; et ce, à cause de
l'impossibilité pour les prophètes de séparer la doctrine
de la création et celle de l'élection. Chez les prophètes,
création, exode et réalisation eschatologique sont
associées (Es 40 :12-31 ; 51 :13-15). En effet pour eux,
la création est déjà un choix et l'élection,
une création nouvelle, l'origine, c'est déjà l'histoire,
puisque la création est déjà le salut.
En outre, les prophètes soulignent que la
volonté de salut de Dieu manifestée au commencement et dans la
suite des temps est la même. C'est pourquoi, devant le peuple
déporté, Isaïe laisse entrevoir un avenir radieux, la
libération des captifs par Dieu lui-même (Es 42,7). Toutefois
notons que la promesse du salut est toujours
précédée du rappel de la création ; dans le
geste d'hier est inscrit le geste de demain (Is 42,5). La création n'est
donc pas achevée, Dieu la poursuivra jusqu'à son terme.
Débarrassé de l'idée de Dieu, l'homme
devient pour lui-même, la mesure de toutes choses. Dans le récit
de la genèse, la première inversion du rapport au jardin, du
rapport à la proximité, du rapport à la relation s'inscrit
dans la création d'une ville, au-lieu de se disperser, de dupliquer
l'échelle du jardin, les hommes se déploient, s'empilent sur un
espace confiné, ils croient atteindre la liberté, en voulant
conquérir le ciel. Ils s'inscrivent même dans une contre
diversité en fabriquant de manière totalement homogène,
leurs villes avec des matériaux non différenciés, du
bitume et des briques, là où Dieu avait pourtant
créé la diversité. Pour Marcel NGIRINSHUTI,
« nous constatons qu'une mention spéciale est faite de la
sécheresse qui affecte les montagnes qui sont des réservoirs
d'eau. Par ailleurs, un nouvel appel à la réflexion introduit la
promesse : du moment où le peuple réfléchit et
revient à l'Eternel ce dernier agit pour la prospérité
''d'aujourd'hui et pour l'avenir'' (Ag.2, 15) »68(*) Cette oeuvre de salut
apparaît alors comme une nouvelle création qui n'atteindra pas
seulement les hommes, mais l'univers aussi. De ce fait, nous comprenons que la
providence n'est plus cet amour bienveillant de Dieu pour son peuple, elle est
l'amour de Dieu pour la création entière et elle en épouse
toutes les dimensions.
Dans l'Ancien Testament, Dieu est présenté comme
celui qui a créé le monde visible. C'est lui qui maintient la
création et la porte dans l'histoire. Il n'est pas comme le pensent
certains, cet horloger qui après avoir créé le monde,
l'abandonne à lui-même. A tout moment, Dieu maintient
la création dans l'existence, lui donne d'agir et l'accomplit.
Par exemple, le sabbat était l'un des garde-fous
donnés autrefois par Dieu à son peuple pour l'empêcher de
rompre les liens créationnels. En lui ordonnant ce jour de repos, Dieu
voulait éviter à son peuple la tentation de vivre de façon
entièrement autonome. Il le mettait également en garde contre la
tentation de diviniser la nature ou les êtres vivants.Un jour par
semaine, le peuple d'Israël devait donc cesser tout travail. Le repos
était pour ces hommes et ces femmes un signe de leur dépendance
envers le Seigneur, de leur foi en un Dieu unique et invisible. Les
israélites pouvaient ainsi placer leur confiance en ce Dieu souverain
qui pourvoyait à leurs besoins élémentaires pour vivre,
même lorsqu'ils se reposaient. Le repos était étroitement
lié à la notion de grâce et de providence. Ce jour
rappelait chaque semaine aux hommes et aux femmes qu'ils étaient
limités dans le temps et dans l'espace.
Mais l'Homme est tenu de
l'exploiter seulement en vue de satisfaire ses besoins vitaux, et ce
dans le cadre strict de la promotion de l'équilibre écologique
initial. Malheureusement l'être humain, en quête de liberté,
d'une autonomie et d'une indépendance somme toute légitimes,
s'est trompé de choix et a perturbé du même coup les
relations non seulement entre ses semblables et lui, mais également
entre lui et son environnement (Gn 3,15-18). Le sol, maudit à cause du
péché de l'Homme, produira désormais des épines et
des chardons (v.18). Et c'est péniblement que l'Homme tirera de la terre
de quoi satisfaire ses besoins vitaux (Gn 4 :12). L'introduction du
péché dans le monde a aussi perturbé les relations entre
les animaux : le loup ne pouvait plus, par exemple, cohabiter avec
l'agneau (Mt 10 :3 ; Lc 10 :3). Ainsi, « la
rupture de l'homme d'avec Dieu influe sur l'ordre écologique. Toutefois
Dieu reste le gérant par excellence de sa
création. »69(*)
A cause du péché, la création a
été complètement désorganisée et
attend avec un ardent désir d'être rétablie.
C'est ici que l'on saisit mieux le sens profond de la parole de St Paul faisant
état de la création qui souffre et soupire attendant d'être
libérée (Rm 8 :19-22). Cette libération ne
s'éclaircira sans doute que dans le Nouveau
Testament.
I.3-
L'écologie dans le Nouveau Testament.
Il est incontestablement vrai que le message essentiel du
Nouveau Testament est la proclamation d'une vie nouvelle en
Jésus-Christ. Il défend et soutient ainsi une qualité de
vie. Or, cette vie se trouve aujourd'hui menacée par le
péché et son milieu. L'oeuvre de Dieu qu'est la création
subit des violations énormes. L'homme qui est en charge de la
gérer l'a négativement influencée. Et le Nouveau
Testament, sans explicitement parler de la pollution, des déchets
toxiques, de la destruction des forêts et de la faune, se fait fort de
réclamer une vie sans misère, sans maladie et sans oppression.
C'est pourquoi, l'enseignement du Nouveau Testament porte
à maturité, par son accomplissement en Christ, ce message de
compassion universelle et de délivrance cosmique. Dès la fin de
l'évangile de Marc, au jour de l'ascension, Jésus dit à
ses disciples : « allez par le monde entier, proclamer
l'évangile à toutes les créatures »(Mc
16 :15). Il ne dit pas, comme chez Matthieu et
Luc, « à toutes les nations », ce qui
impliquerait seulement les Hommes. Dans l'Epître aux Colossiens, Paul
s'exprime de la même façon lorsqu'il incite à ne pas se
détourner de l'Evangile, « qui a été
proclamé à toute créature sous le ciel » (Col
1 :23).
Paul ne se contente pas, dans l'épître aux
Romains, de dire que « toute la création gémit
dans les douleurs de l'enfantement, attendant d'être
libérée, elle aussi, de la servitude et de la corruption pour
entrer dans la liberté et la gloire des enfants de Dieu » (Rm
8 :19-22). A l'adresse des Colossiens, il édifie une Christologie
cosmique dont les siècles qui vont suivre sont loin d'avoir
développé toute la splendeur : « c'est en Christ
qu'ont été créées toutes choses, en lui que tous
les êtres ont été réconciliés par le sang de
sa croix » (Col 1,15-20). Et de conclure superbement, à
l'intention des Corinthiens : « Quand toutes choses lui
auront été soumises, alors le fils lui-même se soumettra
à celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en
tous »(I Cor 15 :28). En lui en effet, toutes choses
trouvent leur origine et leur achèvement. « Ainsi la
doctrine de la création trouve son achèvement dans une
contemplation du Fils de Dieu, par laquelle on voit en lui l'artisan, le
modèle et la fin de toutes choses »70(*).
Jésus lui-même était façonné
par son terroir. Yves SAOÛT le fait remarquer lorsqu'il affirme que
Jésus « lui-même a dû remplir son coeur en
contemplant les créatures. Son regard a été
façonné par les paysages, les plantes et les animaux de la
Palestine, les montagnes (où l'élévation et la solitude
favorisant la prière : Mc 6,46) et les endroits
semi-désertiques (lieu des esprits mauvais et des épreuves :
Lc 11, 24 ; 4,1-2). »71(*)
D'autres passages, dans le Nouveau Testament, mettant en
exergue Jésus en rapport avec la nature sont observés a l'instar
des passages de Mt 7 :16, Lc 6 :44, Jn 10 :3, Lc 13 :
34.
Le Nouveau Testament a une vive conscience du
désordre introduit dans la création suite au péché
d'Adam. A cause de ce péché, le monde est appelé à
disparaître (cf. I Co 7,31; Ap 20,11s). Toutefois, dans le Christ, une
nouvelle création a déjà été
inaugurée. En effet, c'est comme Nouvel Adam que le Fils de Dieu est
entré dans le monde (cf. 1Co 15,21.45). C'est pourquoi tout doit
être instauré par lui. Cette nouvelle création
déjà inaugurée dans le Christ dont parle le Nouveau
Testament n'a cependant pas encore atteint son achèvement. Depuis sa
résurrection, le Christ est vainqueur de la mort. Seulement, son
triomphe n'est pas encore pleinement manifesté et il ne le sera
qu'à la fin des temps. En attendant, comme le dit l'apôtre Paul,
l'Homme recréé intérieurement gémit dans l'attente
de la rédemption de son corps ( Rm 8 :22) et la création
aspire aussi à la révélation des fils de Dieu ( Rm
8 :19).
En effet, avec ce triomphe de l'humanité,
« l'univers ne se contentera pas d'assister comme de
l'extérieur, à la façon dont un spectateur
émerveillé jouit d'un panorama enchanteur. Cet état futur
des fils de Dieu, l'univers est appelé à le partager : il
sera libéré de ce qui est en son état vanité,
servitude et corruption, pour participer à la liberté de la
gloire des enfants de Dieu »72(*). C'est aussi ce que pense Etienne CHARPENTIER
quand il dit : « ce paradis n'est pas hors de
l'histoire. Il nous y enracine au contraire, dans la certitude que c'est notre
cité terrestre qu'il faut parer pour les noces. D'où cette
exigence d'engagement dans le concret de notre histoire qu'il doit susciter, au
coude à coude avec tous les Hommes qui luttent »73(*).
Marcel NGIRINSHUTI voit dans les évènements
suivants : ulcères malins et pernicieux (Ap16 :2), changement
de l'eau de la mer en sang (Ap16 :3-4) chaleur intense du soleil qui brule
les humains (AP 16 : 8-9)...une conséquence du non-respect de la
nature74(*).
Cette étude de la création dans l'Ancien et le
Nouveau Testament, révèle que la création a de la valeur
et un sens. Dieu aime sa création, c'est pourquoi il l'a confiée
à l'Homme créé à sa ressemblance, et il attend que
celui-ci en assure la bonne gestion. Aussi, devant une création
marquée par le péché, la promesse d'un ciel nouveau et
d'une terre nouvelle signifie la mise en question de notre attitude envers le
monde, et implique une éthique urgente, à savoir celle de
nous rendre conscients de notre relation pécheresse avec le monde, de
nous repentir et, forts de la promesse, de travailler d'ores et
déjà au monde nouveau.
A la réflexion donc, le Nouveau Testament
s'intéresse d'une manière ou d'une autre aux problèmes
écologiques. La nouvelle création en Jésus-Christ
qu'annonce le Nouveau Testament permettra et orientera l'action de
l'écologie pour un nouveau cadre de vie. La mission de l'Eglise
aujourd'hui, est de faire un bout de chemin avec ceux qui luttent pour la
protection de la nature, de l'environnement. L'action de Dieu et celle de
l'homme se complètent pour un nouveau ciel et une nouvelle terre.
CHAPITRE 2 : LA CRISE
ECOLOGIQUE DANS LES ESPACES TERRESTRE, MARIN ET AERIEN.
Dans ce chapitre le travail est centré sur l'impact de
la crise écologique dans les milieux terrestre, marin et aérien.
II.1- La crise
écologique dans l'espace terrestre.
Le sol est la partie superficielle meuble de l'écorce
terrestre soumise à l'action des agents climatiques et des êtres
vivants à savoir : végétaux, microorganismes, animaux. Il
résulte de la désagrégation de la roche mère par
les différents effets sur cette dernière de la biosphère,
de l'hydrosphère, et de l'atmosphère. Pour le dictionnaire
Encarta 200975(*), le sol
est la surface terrestre utilisée par l'homme, à l'état
brut ou aménagée. Le sol peut aussi être défini
comme la couche supérieure de la croûte terrestre composée
de particules minérales, de matière organique, d'eau, d'air et
d'organismes. C'est donc un système hétérogène et
complexe. Sa composition donne de voir une phase solide
représentée par les particules du sol, une phase liquide
représentée par l'eau du sol et une phase gazeuse
constituée par l'air emprisonné dans le sol.
Parlant de son importance, il faut dire que les sols
permettent l'ancrage des racines, retiennent l'eau le temps nécessaire
pour que les plantes puissent l'utiliser. Ils filtrent les eaux et
protègent les nappes phréatiques. Ils régulent aussi l'eau
des fleuves et des nappes phréatiques. Ils stockent les
éléments nutritifs nécessaires à la vie. Les sols
abritent des microorganismes innombrables, qui accomplissent de multiples
transformations biochimiques comme la fixation de l'azote atmosphérique
et la décomposition des êtres vivants morts. Ils participent au
recyclage des éléments minéraux libérés au
niveau de la roche-mère. Les sols abritent aussi des légions
d'animaux, microscopiques et plus gros comme les vers de terre, les fourmis,
les termites, les taupes. Ils constituent un habitat pour les animaux
fouisseurs. En fait, la plus grande partie de la biodiversité terrestre
vit dans les sols et non au-dessus76(*).
Les êtres humains construisent sur les sols, dans les
sols et avec du sol. Les sols n'étant pas les mêmes partout, la
grande diversité des occupations de l'espace par l'Homme reflète
l'extraordinaire diversité des sols. Ils sont associés aux
climats par le cycle de l'eau, à travers le stockage du carbone dans les
sols, par l'émission de gaz à effet de serre (vapeur d'eau, CO2,
méthane...).
Quand il y a crise écologique, les sols ne sont pas
épargnés car ils sont pollués. A travers les
modifications défavorables du milieu naturel les effets directs et
indirects de ses activités sont perceptibles. Ces modifications
affectent l'homme directement ou au travers de ressources en produits
agricoles, en eau, et autres produits biologiques. Elles peuvent aussi
l'affecter indirectement en altérant les objets physiques qu'il
détient, les possibilités recréatrices du milieu ou encore
en enlaidissant la nature.
Avec la contamination d'un ou de plusieurs composants des
écosystèmes ou potentiellement des organismes vivant en contact
direct ou indirect avec le sol (invertébrés du sol, champignons
en particulier) il y a une incidence sur l'écosystème,
au-delà des seuils variants selon la nature du polluant et du sol.
La source de cette crise écologique au niveau du sol
serait l'accumulation sur le sol des substances non biodégradables, ou
à l'accumulation des substances biodégradables mais dont la
vitesse de biodégradabilité excède le taux d'accumulation.
Ainsi, ces substances peuvent être stockées sur le sol ou
être lessivées par les eaux de ruissèlement vers les cours
d'eau voisins ou vers la nappe phréatique ; ou encore s'évaporer
vers l'atmosphère.
A côté de ses sources naturelles, nous avons les
causes anthropiques de qui sont soit directe, dues aux rejets directs ou
accidentels sur le sol des polluants divers issus de l'agriculture, de
l'industrie, des déchets ménagers, soit indirecte dues aux
conséquences de la pollution atmosphérique et de la pollution des
eaux.
Selon Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, certains sols
sont souvent utilisés comme décharge pour les déchets
ménagers et industriels. Dans beaucoup de régions
cultivées, le lessivage des engrais et des effluents d'élevage
épandus en excès provoquent une augmentation importante de teneur
en nitrate et autres éléments minéraux dans les nappes
phréatiques. Si certains sont utilisés comme décharge,
d'autres ont la capacité de filtrer, d'absorber et de recycler des
quantités importantes de déchets ; ici, certains constituants
toxiques ne sont pas retenus et se retrouvent dans les fleuves et dans les
nappes phréatiques. Les sols sableux sont favorables au lessivage, alors
que les sols argileux épais retiennent mieux les déchets. Ainsi
toutes les activités humaines sur les sols doivent tenir compte des
propriétés des sols et de la position des nappes et des cours
d'eau du milieu77(*).
Nous voyons que les activités humaines sont les plus
polluantes, à commencer par l'agriculture. Avec l'importance de la
demande alimentaire mondiale et la recherche du gain, les agriculteurs sont
amenés à exploiter intensivement les sols. Du coup, ils ont
recours à plus d'engrais, de fertilisants, de pesticides et d'autres
produits chimiques qui sont utilisés massivement pour protéger
les plantations des insectes et des maladies. Or leur usage est nuisible pour
le sol. En effet, les apports excessifs d'engrais ou de déchets peuvent
conduire à la pollution des sols et des eaux et à
l'eutrophisation. Mais à l'inverse la diminution des
éléments nutritifs dans les sols par l'exploitation agricole
excessive menace bien des populations agricoles.
C'est le cas aussi de l'élevage intensif qui cause la
pollution des sols par l'accumulation des déchets animaliers, qui
peuvent être des fertilisants naturels pour le sol, mais à fortes
quantités, ils peuvent contaminer les eaux souterraines. Les engrais,
les pesticides, les herbicides et autres produits du même genre risquent
d'endommager le sol et de causer sa stérilisation, ainsi que la
contamination des nappes phréatiques et par ricochet les cours d'eau et
les océans. Il faut rappeler que les polluants absorbés par le
sol contaminent également les plantes et les cultures qui sont
consommées par l'être humain et les animaux.
Par ailleurs, les rejets industriels, notamment
composés de métaux lourds, sont les plus toxiques pour le sol. En
fait, certains métaux à faibles doses comme le zinc et le cuivre
sont nécessaires pour la croissance des plantes, alors que leur
présence à plus fortes doses condamne la fertilité de la
terre. Cela dit, d'autres métaux lourds sont toxiques, même
à faibles quantités. C'est le cas du plomb, du mercure et du
cadmium78(*), qui causent
la phytotoxicité des plantes et polluent les eaux souterraines dont
l'assainissement est des plus coûteux.
Les déchets ménagers constituent un réel
problème pour les sols surtout dans les villes où le taux
d'accumulation est supérieur à la capacité de
biodégradabilité des sols. Aussi la plupart de ces déchets
sont peu biodégradables (comme le plastique). Mais il y a
également l'usage des détergents, des solvants et d'autres
composants chimiques qui finissent dans les eaux fluviales et/ou lacustres
où ils entrainent l'eutrophisation. Aussi notons que les
décharges contribuent fortement à la pollution des nappes
Les conséquences peuvent être aussi
socio-économiques : car on peut avoir une baisse de productivité
agricole due à la stérilisation des sols entraînant parfois
des conflits sociaux (lutte pour l'occupation des sols) des migrations et
autres. N'oublions pas aussi que les dépenses engendrées par la
dépollution des nappes phréatiques sont souvent très
élevées et l'eau traitée peut devenir inutilisable pour
certaines fins. Ce qui nous convie à préserver les sols et les
nappes. Signalons encore les effets de la contamination souterraine migrent
jusqu'aux cours d'eau ou lacs voisins ce qui peut constituer un frein pour la
pêche. Enfin, la pollution des sols et la pollution des eaux qui s'en
suit peuvent entrainer des maladies qui peuvent contaminer toute une
communauté. En plus l'utilisation des produits chimiques
« pour détruire les parasites, nuisent à toutes les
biocénoses correspondantes et aussi à l'Homme, lorsqu'ils se
concentrent dans les végétaux, puis dans les animaux dont il se
nourrit. »79(*)
Certains sols sont naturellement acides (sols sulfatés
acides des mangroves, nombre de sols tropicaux) mais s'acidifient encore en
raison des pluies acides ou du dépôt sec de gaz et de particules
acides. Les pluies acides ont un pH inférieur à 5,6. Les
principales sources d'acidité dans l'atmosphère sont les
quantités croissantes de dioxyde de soufre et d'oxydes d'azote
dégagées par l'incinération de combustibles fossiles.
II.2- L'espace marin et la
crise écologique.
La terre est aussi appelée la planète bleue car
à sa surface, on observe, des continents et des océans. Les
océans dominent et, avec les mers, les lacs et les fleuves, ils ne
représentent pas moins de 75 % de la surface totale du globe.
Par exemple, si l'Asie, qui est le plus grand des continents,
s'étend sur une superficie de quelque 45 millions de kilomètres
carrés, l'océan Pacifique, à lui seul, recouvre une
surface de plus de 150 millions de kilomètres carrés80(*).
Avec cette proportion c'est dire la place de choix qu'occupent
les eaux dans la vie des êtres vivants. L'eau, dans notre organisme, sert
à dissoudre pour apporter des éléments et des informations
aux cellules, éliminer les déchets, toxines et cellules mortes,
assimiler les aliments, réguler les fonctions métaboliques,
véhiculer des informations multiples sur le plan hormonal et
électromagnétique, assurer la régulation thermique
(transpiration). L'équilibre hydrique est régulé par la
soif et le contrôle de l'excrétion. La soif est un signe de
déshydratation. Sans eau il serait impossible de vivre car, la
déshydratation conduit à la fatigue, au manque d'énergie,
à la constipation, à des troubles respiratoires, et/ou digestifs
(par carence en sucs digestifs), ainsi qu'à un
déséquilibre acido-basique. Avec la crise écologique, nous
avons la pollution de cette dernière.
Lorsque nous utilisons les eaux dans nos ménages et les
laissons couler n'importe comment, cela entraine la souillure urbaine de l'eau.
C'est pourquoi nous entendons de plus en plus parler des usines de traitement
des eaux. L'objectif étant de réduire leur teneur en substances
solides en suspension, en matériaux consommateurs d'oxygène, en
composés inorganiques dissous et en bactéries nocives.
La pollution des cours d'eau par des produits chimiques est
devenue l'un des problèmes majeurs de l'environnement. Cette pollution
chimique a deux origines : la pollution directe qui est parfaitement
identifiable quand elle provient des usines, des raffineries, et des fuites de
conduites ; la pollution indirecte qui n'a pas de source précise connue
et qui se propage à partir du ruissellement dans les champs, les
chantiers de mines, du suintement des fosses septiques ou des égouts.
L'impact des rejets industriels sur la qualité de l'eau
est fonction de leur affinité avec l'oxygène, de la
quantité de solides en suspension, et de leurs teneurs en substances
organiques et inorganiques. Les déchets déversés
directement dans les mers contiennent des substances toxiques qui sont plus ou
moins rapidement absorbées par les organismes marins. Ils forment
également d'importants dépôts près des littoraux,
qui entraînent une croissance excessive de certains organismes. Ces
déchets proviennent de boues d'épuration, de résidus de
dragage (essentiellement dans les ports et les estuaires), des graviers, du
sable et de la vase, ainsi qu'une grande variété de substances
toxiques, organiques ou chimiques.
Les déversements accidentels et à grande
échelle de produits pétroliers liquides sont une cause importante
de pollution des littoraux. Les cas les plus spectaculaires de pollution par
hydrocarbures sont dus aux pétroliers géants et aux
opérations de forage en mer. C'est pourquoi « l'analyse
chimique et bactériologique des eaux littorales, à
proximité des ports, montre la présence fréquente de
germes nuisibles à la santé publique. »81(*)
Les lacs sont particulièrement exposés à
la pollution. L'eutrophisation, un des problèmes majeurs, se produit
lorsque l'eau s'enrichit artificiellement et excessivement en nutriments,
provoquant une croissance anormale de la végétation. Elle peut
être déclenchée par l'écoulement des engrais
chimiques depuis les terres cultivées. Le processus d'eutrophisation
entraîne des odeurs désagréables, une prolifération
d'algues vertes, l'épuisement des réserves d'oxygène des
eaux profondes et des modifications de la composition chimique de l'eau.
L'agriculture, l'élevage et l'aviculture sont aussi
responsables du rejet de nombreux polluants organiques et inorganiques dans les
eaux de surface et souterraines. Ces contaminants comprennent à la fois
des sédiments provenant de l'érosion des terres agricoles, des
composés phosphorés ou azotés issus des déchets
animaux et des engrais commerciaux, notamment des nitrates. Les déchets
animaux sont avides d'oxygène, riches en azote et en phosphore, et
renferment souvent des organismes pathogènes. Les résidus issus
des engrais sont retenus par les sols, mais peuvent contaminer les nappes
phréatiques et les cours d'eau par ruissellement et lessivage par les
eaux naturelles.
Dans de nombreuses régions agricoles où
l'élevage est intensif, les réserves d'eau souterraines sont
contaminées par des nitrates provenant soit d'un excès d'engrais
azotés, soit du lisier des animaux domestiques, vaches et porcs.
La pollution de l'eau peut avoir des conséquences sur
la santé de l'homme. Les nitrates (sels de l'acide nitrique) existants
dans l'eau potable peuvent être la cause de maladies mortelles chez les
jeunes enfants. Le cadmium, présent dans les engrais
dérivés des boues d'épuration, est susceptible
d'être stocké par les plantes cultivées. Ainsi,
« la généralisation des sondages `'off-shore'' et
l'exploitation de gisements sous-marins peuvent accentuer les
risques. »82(*) La consommation ultérieure des
végétaux contaminés peut provoquer des troubles digestifs
sérieux et une atteinte du foie ou des reins. Le mercure, l'arsenic et
le plomb sont toxiques.
Les conséquences citées ici ne sont pas
exhaustives car pour avoir de la bonne eau, cela nécessite un
coût. En effet, les stations de traitement des eaux capables d'en
extraire des éléments polluants sont encore très rares
car elles coûtent chères, entraînant par la même
occasion l'augmentation du prix de l'eau potable. Ainsi, dans les pays pauvres,
l'utilisation de l'eau insalubre cause des maladies qui tuent des milliers de
personnes chaque année. Aussi, Les systèmes de refroidissement
de l'eau des industries et des centrales, notamment les centrales
nucléaires, représentent une source de pollution par
réchauffement de la température de l'eau.
II.3- La crise
écologique en rapport avec l'espace aérien.
L'air demeure un élément fondamental et
indispensable pour les êtres vivants. Ainsi, chaque jour, nous inspirons
environ 20m3 d'air. Celui-ci se compose originellement d'un ensemble de gaz et
de particules dont la présence et les concentrations sont telles que la
vie est possible, ce qui reste pour l'instant un cas unique dans l'ensemble des
planètes connues. L'air est composé des éléments
chimiques suivants : Azote, Oxygène, Argon, Anhydride carbonique,
Néon, Hélium, Méthane, Krypton, Hydrogène,
Xénon, Ozone, Oxyde nitreux et du Radon83(*). Signalons tout de même que la connaissance
exhaustive de la composition de l'air reste hors de portée car c'est un
milieu dynamique : ses multiples constituants sont en perpétuelle
transformation, par suite des conditions météorologiques, des
flux atmosphériques et des réactions chimiques. Pourtant,
même si des événements d'origine naturelle peuvent induire
des changements brutaux dans la composition de cet équilibre
atmosphérique (comme en témoignent les éruptions
volcaniques et les collisions avec des météorites84(*)), depuis le début de
l'ère industrielle, les sociétés humaines perturbent
sensiblement l'atmosphère et le climat sur un pas de temps beaucoup plus
court.
Dans l'atmosphère, nous avons les petites particules
solides ou liquides en suspension, appelées
aérosols. Ce
sont des particules insédimentables car elles ne peuvent pas se
déposer sur le sol sous l'effet de la gravitation. Leur taille varie de
quelques nanomètres à presque 100 microns, soit
l'épaisseur d'un cheveu.
En moyenne globale, environ trois milliards de tonnes
d'aérosols sont émis chaque année par une
multiplicité de sources à la fois naturelles (cendres
volcaniques, poussières désertiques, embruns marins) et humaines
(fumées d'industrie, gaz d'échappement, poussières issues
de feux agricoles), ce qui induit une très grande diversité de
leurs propriétés. Dans la stratosphère, les
aérosols, principalement d'origine volcanique, sont rares mais ils
peuvent résider plusieurs années. Dans la basse
troposphère, où ils sont en général beaucoup plus
abondants, les aérosols séjournent quelques jours seulement,
cette durée variant essentiellement selon les
précipitations85(*).
L'activité naturelle et surtout celles de l'homme
modifie considérablement l'air. Cette pollution atmosphérique
signifie la présence indésirable d'impuretés ou
l'élévation "anormale" de la proportion de certains constituants
de l'atmosphère. Cette situation à des conséquences
préjudiciables de nature à mettre en danger la santé
humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux
écosystèmes, à influer sur les changements climatiques,
à détériorer les biens matériels, à
provoquer des nuisances olfactives excessives.
La partie de l'atmosphère concernée par les
problèmes de pollution comprend la troposphère86(*) et la
stratosphère87(*).
En effet, les émissions de polluants à durée de vie
supérieure à 5 ans environ peuvent atteindre la
stratosphère. La concentration et/ou la dispersion des polluants
dépendent ensuite en général des conditions
météorologiques. Ces constituants de nature à polluer
agissent à différentes échelles : certains composés
gazeux sont sans effet localement mais peuvent perturber l'équilibre
climatique planétaire, tandis que d'autres sont particulièrement
virulents pour la santé au niveau local et régional mais ont une
influence très limitée sur l'atmosphère dans son ensemble.
Ici la destruction de l'ozone atmosphérique est en jeu. Cette fine
couche agit comme un filtre en absorbant le rayonnement ultraviolet solaire
nuisible aux êtres vivants. Or, depuis un certain temps, elle est
attaquée par les activités polluantes de l'homme, ceci dans la
plupart des régions de la planète exception faite de quelques
régions tropicales. Les fluorures sont notamment rejetés dans
l'air par diverses industries, surtout celle de l'électrochimie de
l'alumine. Nous avons aussi les gaz à effet de serre.
Ce phénomène naturel de piégeage par
l'atmosphère de la fraction du rayonnement solaire réémis
par la Terre est amplifié par les rejets excessifs de gaz dits à
effet de serre comme le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde
d'azote... qui proviennent des émissions naturelles des forêts et
humaines (automobile, raffinerie, combustion des déchets. De plus, des
températures plus élevées entraînent une stagnation
de l'air, conduisant l'ozone à rester plus longtemps au même
endroit et augmentent par conséquent l'exposition humaine et l'impact
sur la santé.
Ainsi, la destruction de cette couche nous expose à
l'ozone qui peut être responsable de nombreux effets indésirables
sur la santé humaine, notamment des irritations, des crises de toux, une
aggravation des crises d'asthme, des maladies pulmonaires chroniques et peut
conduire à une mort prématurée.
L'ozone88(*) est un gaz très oxydant qui, à des
concentrations élevées, a un effet néfaste sur la
végétation. Il pénètre dans les feuilles par les
stomates et se dégrade instantanément au contact des cellules,
entraînant des réactions en chaîne et aboutissant à
la mort de celles-ci. Sur les plantes les plus sensibles, les symptômes
sont identifiables dans un premier temps par la présence de
nécroses foliaires et ensuite par la chute prématurée des
feuilles. Ces pertes foliaires entraînent des diminutions de croissance
et un affaiblissement des plantes, les rendant plus sensibles aux attaques
parasitaires tels que les insectes et champignons ainsi qu'aux aléas
climatiques comme la sécheresse.
L'ozone et les oxydes d'azote sont des polluants qui sont les
principaux constituants de la pollution photochimique. Celle-ci est
générée dans la troposphère sous l'effet du
rayonnement solaire qui implique des réactions chimiques avec divers
polluants comme les oxydes d'azote, le monoxyde de carbone et certains
composés organiques volatils non-méthaniques.
Cette pollution provoque des irritations et des inflammations
de l'appareil respiratoire et une augmentation de
l'hyperréactivité bronchique chez les asthmatiques. Le dioxyde
d'azote est une cause majeure d'eutrophisation (croissance excessive des algues
et des végétaux dans l'eau) et d'acidification.
Le monoxyde de carbone89(*) représente le principal polluant de l'air et
résulte de la combustion incomplète et rapide des combustibles et
carburants. Plus populaire d'entre tous les gaz à effet de serre, nous
savons que son taux a augmenté de 144 % depuis l'époque
préindustrielle.90(*)
Selon la même source, le CO2 est aussi celui dont
l'impact sur le réchauffement est le plus important. Sa présence
est très remarquable car il s'impose par sa très grande
quantité dans l'atmosphère, sa durée de vie est en outre
conséquente puisqu'il y reste cent ans. Au final, on estime qu'il
contribue à 65 % du « forçage radiatif » (tout ce qui
influe sur le réchauffement) induit par l'ensemble des gaz à
effet de serre. Résultant d'un équilibre naturel, sa
concentration dans l'air était de 278 ppm avant le début de
l'ère industrielle : les données avancées aujourd'hui par
l'OMM montrent que ce taux a augmenté de 144 %.
A forte dose, il agit sur l'hémoglobine qui ne fixe
plus l'oxygène et peut engendrer des lésions du système
nerveux et des troubles cardio-vasculaires. En effet, une asphyxie
générale de l'organisme, et plus particulièrement du
cerveau peut survenir, ce qui conduirait à une grande fatigue, des
céphalées, des dépressions et des complications
neuropsychiques.
La pollution de l'air est la résultante de multiples
facteurs : production d'énergie, agriculture intensive, industries
extractives, métallurgiques et chimiques, la circulation routière
et aérienne, incinération des ordures ménagères et
des déchets industriels, etc.
Nous avons aussi le méthane (CH4). Selon certaines
sources91(*), c'est le
deuxième plus important gaz à effet de serre persistant, qui
contribue à hauteur de quelque 17 % au forçage radiatif. Environ
40 % des rejets de CH4 dans l'atmosphère sont d'origine naturelle (zones
humides, termites, etc.) et 60 % d'origine humaine (élevage de
bétail, riziculture, exploitation des combustibles fossiles,
décharges, combustion de biomasse, etc.). Le CH4 atmosphérique a
atteint un nouveau pic en 2015 - 1845 parties par milliard environ, soit 256 %
du niveau qu'il avait à l'époque préindustrielle.
Nous voyons donc que la pollution atmosphérique
sévit surtout en milieu urbanisé et dans les zones
d'activités, non seulement par suite de la concentration des industries
et des foyers domestiques, mais aussi à cause de la circulation des
véhicules à moteur. L'étalement des grandes
agglomérations a pour corollaire des besoins en transports toujours plus
nombreux.
Mentionnons également les feux de
végétation tropicale issus de la culture sur brûlis, qui
dégagent de la suie, du dioxyde de carbone, du monoxyde de carbone, des
hydrocarbures, du monoxyde d'azote et du dioxyde d'azote. Cette pollution reste
encore une des plus importantes. Elle est même bien visible sur
l'imagerie satellitaire. Cependant, elle concerne peu directement les pays
riches.
La pollution émane donc de sources variées qui
rejettent des polluants dits primaires. Puis, au contact les uns des autres,
par synergie et réactions chimiques avec d'autres composants de
l'atmosphère, ces "précurseurs" engendrent des polluants dits
secondaires, même à forte dilution, qui sont très
toxiques.
La boulimie énergétique propre aux pays
industrialisés s'accompagne d'une contamination sans cesse accrue de
l'air, des eaux continentales, de l'océan et même des sols par les
innombrables substances polluantes produites par les combustions. Avec la
pollution automobile il y a la contamination de l'atmosphère liée
à la circulation routière provoquée principalement par la
combustion de combustibles fossiles (en particulier de pétrole sous
forme d'essence et de gazole). Or, la circulation routière et le nombre
de véhicules motorisés ne cessent de croître, partout dans
le monde : un véritable fléau. La pollution automobile est une
source d'inquiétude, surtout dans les rues les plus
fréquentées des centres villes, où un grand nombre de
piétons côtoie une circulation automobile intense. Certains pays
ont désormais mis en place un système de suivi des indices de
pollution. Les conditions les plus défavorables surviennent lorsqu'un
trafic important coïncide avec un temps chaud et sans vent. Les
hôpitaux enregistrent alors une augmentation des crises d'asthme, surtout
chez les enfants. C'est dans les rues que les concentrations de polluants sont
les plus élevées, en particulier à l'intérieur
même des véhicules, ces derniers recevant l'air pollué des
véhicules qui les précèdent. La pollution diminue
très rapidement dès que l'on s'éloigne de la rue, surtout
s'il y a du vent, même faible. Outre l'inhalation des polluants qui peut
nuire gravement à la santé, la pollution automobile pose un autre
problème d'environnement.
C'est pourquoi, on observe, à l'exception du plomb, une
absence de diminution concernant les concentrations d'oxydes d'azote, de
particules et de composés organiques volatils malgré les
réductions unitaires d'émissions des nouveaux véhicules
à essence et diesel.
Au demeurant, toutes les activités humaines ainsi que
leurs produits tels que les déchets domestiques ou industriels, les
élevages, et les cultures intensives, la production et la consommation
d'énergie, le stockage de déchets radioactifs, etc. cumulent
toutes les conditions bioécologiques favorables à la
profération de germes pathogènes (virus, bactéries,
parasites) responsables de nombreuses maladies qui sévissent dans les
sols, les eaux et l'air. On est exposé au quotidien aux polluants du sol
par voie d'inhalation des poussières ou d'embruns, par absorption
cutanée ou par consommation de produits infectés issus des
cultures ou de viandes contaminées. L'exposition de l'être humain
et sa consommation de produits contaminés par les pesticides engendrent
principalement des difficultés respiratoires et cardiovasculaires, le
développement d'un certain nombre de pathologies cancéreuses et
neurologiques, mais aussi la faiblesse de la reproduction chez l'homme. Les
personnes vivant dans des milieux pollués, près des mines, des
sites industriels, des sites d'élimination de déchets ou autres,
sont les plus sujettes à des bronchites chroniques et des dermatites.
L'exposition aux dioxines et furannes cause des cancers déjà
observés aussi bien chez les animaux que chez les êtres humains,
alors qu'une contamination des sols avec des métaux lourds engendre des
maladies respiratoires à la suite de la pénétration et la
fixation de microparticules dans les alvéoles pulmonaires. Cette
pénétration assure le passage des dioxines dans le sang, et peut
contaminer les animaux et les êtres humains par voie digestive à
la suite de la consommation des plantes et de viandes contaminées. En
effet, une forte concentration de plomb est susceptible d'entraîner des
spasmes abdominaux, des nausées, de la diarrhée aiguë, et
même le coma et le décès auprès des nourrissons.
Dans certains cas, on a constaté même de l'anémie, une
déficience de la fonction mentale et des problèmes neurologiques
surtout chez les jeunes enfants.
L'écosystème est altéré par tous
les déchets et les toxines naturelles et souvent anthropiques, ce qui
met en danger la faune, la flore et l'être humain qui court de plus en
plus de risques sanitaires qui peuvent se solder par de plus en plus de
décès couplés de non-reproduction de l'être humain
et de toutes les espèces qui se trouvent sur Terre.
CHAPITRE III : LA
CRISE ECOLOGIQUE ENTRE CAUSES, CONSEQUENCES ET RESPONSABILITES.
Ce chapitre sera consacré à l'étude des
causes, des conséquences et la recherche des responsables de cette
crise.
III.1- Les causes de la
crise écologique actuelle.
Les causes de la crise écologique actuelle sont le
produit du développement de plusieurs facteurs, dont il est difficile
d'établir et de les dater. Il est cependant acquis que l'activité
de l'espèce humaine en est la première cause. L'impact a
fortement augmenté, d'une part en raison de l'augmentation de la
population totale, d'autre part en raison du développement
économique et industriel du XXe siècle. D'autres causes peuvent
entrer en jeu comme les progrès scientifiques, la révolution
technique, la théologie chrétienne et le développement.
Ø Les progrès scientifiques
La science a permis la connaissance des lois de la nature, au
détriment de la cohabitation et la communion originelles. «Le
but de la science selon Francis Bacon, «n'est plus la découverte
d'arguments, mais des techniques, non de concordance avec les principes, mais
des principes eux-mêmes, non d'arguments probables, mais de disposition
et d'indications opératoires. C'est pourquoi d'une intention
différente suivra un effet différent. Vaincre et convaincre
là-bas, un adversaire par la discussion, ici la nature par le
travail.»92(*)
L'avènement de la méthode expérimentale a
occasionné l'émergence d'une médiation contraire au mode
de l'immédiateté et l'imminence du sacré des temps
prénéolithiques et créé un clivage et une scission
entre l'homme et la nature, d'une part, et d'autre part, entre l'habitant et
l'habitacle. Son approche de la nature était strictement rationnelle,
utilitaire et instrumentaliste. La vérité n'était plus une
affaire de spéculation, d'autorité ou de tradition authentique.
L'univers était connu de manière essentiellement quantitative. La
science a brisé l'unité entre l'homme et la nature, devenue un
ensemble d'éléments, dont l'homme devait se servir pour
satisfaire ses besoins. Il a vaincu la peur dans laquelle, il avait longtemps
été enfermé face à la nature et ses forces pour la
mettre à son service. Avec cette méthode, c'était
l'affranchissement de la raison humaine de l'emprise de la religion. L'homme
est allé au coeur de la nature, qu'il ne connaissait qu'à partir
des lois qui régissent les agents et qui agissent en son sein.
Dès lors, la vérité n'était plus seulement une
affaire de spéculation, de jugement, de tradition authentique ou
d'autorité93(*).
La terre a cessé d'être la grande puissance
mythique et la demeure des divinités pour devenir une réserve des
matières premières à exploiter et à transformer
selon le besoin. L'homme devait connaître ses lois et expliquer
rationnellement ses phénomènes. Tout ce qui est vivant devait
être maîtrisé, séparant davantage l'homme et la
nature. Dès lors, n'était vrai que ce qui était
saisissable par la raison devenue la clef de connaissance du monde, jusqu'en
faire le ressort particulier d'un mode de production économique à
travers un expansionnisme technique. Dès lors, la nature est devenue
juridiquement appropriable et techniquement exploitable ; un auto-processus
vivant, oeuvre d'elle-même ; non achevée d'un coup ou figée
dans un ordre hiératique, mais évoluant avec et selon le temps,
c'est la nature vraiment naturelle94(*). Le progrès scientifique a occasionné
la révolution industrielle.
Avant l'ère industrielle, l'homme était
intégré dans le processus évolutif de la nature, lequel
donnait sens à son existence humaine et à l'histoire même
de la nature. Il faisait partie intégrante de la nature et un maillon de
la chaîne cosmique, qui obéissait à un ordre interne de
choses auquel il était soumis. L'homme habitait un univers quelque peu
figé et uniforme, sans grandes innovations, avec une économie de
subsistance et un mode de production quasi stationnaire95(*). L'impact écologique de
son activité était sur la nature était de moindre effet.
Avec la révolution technique, le monde est entré dans une
nouvelle phase de son histoire. La capacité de l'homme à
transformer le monde a tellement accru qu'elle semble avoir atteint le seuil
critique de l'équilibre de la biosphère. Elle a mis en place une
dynamique destructrice de la nature et inauguré le début de la
négation de la valeur propre de la nature. De cette manière,
l'homme a acquis le pouvoir de décider de la vie ou de la mort des
systèmes vitaux. Ainsi ont été liquidées les bases
naturelles de la vie. Tout a changé depuis les habitudes de la vie
jusqu'aux systèmes politiques et économiques qui
détruisent la nature.
Au Cameroun, avec l'utilisation des engrais chimiques,
certaines espèces agricoles, qui hier, faisaient la fierté des
populations est en voie de disparition si ce n'est pas déjà
inexistant. Dans le département du MOUNGO dans la Région du
Littoral, par exemple, certains tubercules à l'instar du taro
`'MACOMBO'' sont devenus très rares ; pourtant, hier,
c'était une variété très réputée dans
cette localité.
La révolution technique est le point d'aboutissement
de la trajectoire historique de l'arrachement de l'homme à la nature.
«Considérée en elle-même, la technique est
ambivalente. Si, d'un côté, certains tendent aujourd'hui à
lui confier la totalité du processus de développement, de l'autre
on assiste à la naissance d'idéologies qui nient in toto
l'utilité même du développement, qu'elles
considèrent comme foncièrement antihumain et exclusivement
facteur de dégradation. Aussi, fini-t-on par condamner non seulement
l'orientation parfois fausse et injuste que les hommes donnent au
progrès mais aussi les découvertes scientifiques
elles-mêmes qui, utilisées à bon escient, constituent au
contraire une occasion de croissance pour tous. L'idée d'un monde sans
développement traduit une défiance à l'égard de
l'homme et de Dieu. C'est donc une grave erreur que de mépriser les
capacités humaines de contrôler les déséquilibres du
développement ou même d'ignorer que l'homme est constitutivement
tendu vers l'«être davantage». Absolutiser
idéologiquement le progrès technologique ou aspirer à
l'utopie d'une humanité revenue à son état premier de
nature sont deux manières opposées de séparer le
progrès de son évaluation morale et donc de notre
responsabilité.»96(*)
La science et technique ont certes doté l'homme
d'instruments d'une efficacité sans précédent non
seulement pour connaître, mais aussi pour dominer et exploiter la nature.
Elles ont été intégrées dans les systèmes
social et économique dont elles sont devenues le principal instrument de
l'évolution et ont instauré un modèle dominant de
rationalité, qui les ont menées au-delà du raisonnable.
Elles ont produit des effets non souhaités. Elles ont fait de l'homme le
maître du monde. Il n'était plus intégré dans la
nature, mais se plaçait hors de la nature, devenue à une
matière inerte sans valeur propre et un substrat des artifices de la
technique voué à la manipulation. Le progrès scientifique
et la révolution technique ont certes permis d'élever le niveau
de vie et de résoudre certains problèmes, mais elles sont en
même temps des dynamiques de prédation des ressources naturelles
et la destruction des écosystèmes. Cette démarche a
déclenché le processus de destruction de la nature. Il n'est pas
question de diaboliser la science ou la technique, mais de les intégrer
dans une démarche qui rend l'économie au naturel, selon le
principe de coappartenance de l'homme et de la nature97(*). Cela veut dire que la science
et la technique ont manqué d'être intégrées dans une
démarche qui rend l'économie au naturel, selon le principe de
coappartenance de l'homme et de la nature. La science et la technique n'ont pas
seulement élevé le niveau de vie, mais elles ont aussi
occasionné la baisse de sa qualité en liquidant ses bases
naturelles. «Aujourd'hui, il apparaît de plus en plus clairement
que les développements de la science, de la technique et de l'industrie
sont ambivalents, sans qu'on puisse décider si le pire ou le meilleur
d'entre elles l'emportera. Les prodigieuses élucidations qu'a
apportées la connaissance scientifique sont accompagnées par les
régressions cognitives de la spécialisation qui empêche de
percevoir le contextuel et le globale. Les pouvoirs issus de la science sont
non seulement bienfaisants, mais aussi destructeurs et
manipulateurs. »98(*) Le développement
techno-économique, souhaité par et pour l'ensemble du monde, a
révélé presque partout ses insuffisances et ses carences.
Ø La théologie
chrétienne
La théologie scolastique a mis en place une
anthropologie dualiste qui non seulement séparait, mais encore opposait
corps et âme, matière et esprit, matériel et
immatériel, etc. Le corps est matière tandis que l'âme est
esprit. Elle accordait la primauté aux réalités non
matérielles. L'âme fait participer l'homme à la vie divine
et le rend capable d'une relation avec Dieu. De là était
déduit une conception de l'univers comme une réalité
matérielle et mécanique sans dimension intérieure. De
cette manière, Dieu a été évacué de
l'univers et s'est exilé dans une transcendante inaccessible. Dieu
n'habitait plus la création, réduite à une
réalité matérielle sans mystère. L'univers
n'était plus animé par les mêmes énergies
structurantes (ordre du monde) et vivifiantes (vie et mouvement de la
création continue) que l'homme. Il a été
déshabité et désenchanté. La nature
obéissait plus à un ordre et à une harmonie voulue par
Dieu. Dépouillée de toute profondeur qualitative et de toute
valeur symbolique, la nature était exclue de la rédemption et
placée en marge du Salut.
De ce fait, la nature, mieux la création aurait
cessé d'être l'oikos, la maison ou l'habitacle de Dieu pour
devenir un objet à maîtriser et à exploiter, sans
référence à la transcendance. Le lien qui unit le monde
à Dieu a ainsi été brisé : cette rupture a fini par
déraciner aussi l'homme de la terre et, plus fondamentalement, en a
appauvri l'identité même. L'être humain en est ainsi venu
à se considérer comme étranger au milieu environnemental
dans lequel il vit. La conséquence qui en découle est bien claire
: C'est le rapport que l'homme a avec Dieu qui détermine le rapport de
l'homme avec ses semblables et avec son environnement. Voilà pourquoi la
culture chrétienne a toujours reconnu, dans les créatures qui
entourent l'homme autant de dons de Dieu à cultiver et à garder
avec un sens de gratitude envers le Créateur.
En sus, l'homme et la nature étaient désormais
pensés en termes d'opposition selon le partage des rôles. N'ayant
ni plus personnalité ni valeur propre, la nature est ordonnée au
service de l'homme, qui devait connaitre ses lois et expliquer rationnellement
ses phénomènes. La nature est tombée sous le mode de
l'objet ou de la chose que l'homme devait dominer et exploiter, s'approprier
par les brevets. Dépourvue d'intérêt propre, elle
était désormais réduite à une réserve des
ressources, dont la valeur était économiquement quantifiable.
Elle est devenue une marchandise privatisable et commercialisable. L'invisible
était réduit au visible, le visible au matériel, le
matériel à l'économique.
Ø Le développement
Nous pouvons, en clair, dire que les pays riches sont
responsables du changement climatique. Les pays industrialisés où
vivent les quelques 20 % de la population mondiale, ont émis plus de gaz
à effet de serre que les pays en voie de développement. Les pays
riches doivent donc endosser la plus grande responsabilité et porter le
fardeau des actions en faveur de la résolution du changement climatique.
Aussi faut-il souligner que les pays les plus pauvres représentent
seulement 0,4 % des émissions de dioxyde de carbone. 45 % des
émissions mondiales de dioxyde de carbone sont produites par les pays du
G8 à eux seuls.99(*)
Toujours dans les mêmes sources, nous constatons que le
développement est la recherche de l'amélioration des conditions
et de la qualité de la vie. Cependant, du point de vue
écologique, parce que liée à la croissance
économique et matérielle, le développement est une double
menace pour les sociétés humaines : l'une, extérieure,
vient de la dégradation des milieux de vie ; l'autre, intérieure,
vient de la dégradation des qualités de vie. Il est vrai que le
développement a eu lieu et qu'il continue d'être un facteur
positif qui a tiré de la misère des milliards de personnes et
que, récemment encore, il a permis à de nombreux pays de devenir
des acteurs réels de la politique internationale. Toutefois, il faut
reconnaître que ce même développement économique a
été et continue d'être opéré par des
déséquilibres et par des problèmes dramatiques, mis encore
davantage en relief par l'actuelle situation de crise. Celle-ci nous met, sans
délai, face à des choix qui sont toujours plus
étroitement liés au destin même de l'homme qui, par
ailleurs, ne peut faire abstraction de sa nature. Les forces techniques
employées, les échanges planétaires, les effets
délétères sur l'économie réelle d'une
activité financière mal utilisée et, qui plus est,
spéculative, les énormes flux migratoires, souvent
provoqués et ensuite gérés de façon
inappropriée, l'exploitation anarchique des ressources de la terre, nous
conduisent aujourd'hui à réfléchir sur les mesures
nécessaires pour résoudre des problèmes qui non seulement
sont nouveaux (...). La complexité et la gravité de la situation
économique actuelle nous préoccupent à juste titre, mais
nous devons assumer avec réalisme, confiance et espérance les
nouvelles responsabilités auxquelles nous appelle la situation d'un
monde qui a besoin de se renouveler en profondeur au niveau culturel et de
redécouvrir les valeurs de fond sur lesquelles construire un avenir
meilleur. La crise nous oblige à reconsidérer notre
itinéraire, à nous donner de nouvelles règles et à
trouver de nouvelles formes d'engagement, à miser sur les
expériences positives et à rejeter celles qui sont
négatives.100(*)
Ces causes ne sont pas toujours sans conséquences sur la vie de la
planète.
III.2- Les
conséquences de la crise écologique actuelle.
Une crise écologique peut être un
phénomène ponctuel et réversible à l'échelle
d'un écosystème. Mais plus généralement, les crises
écologiques ont un impact majeur à plus long terme. En effet, il
s'agit plutôt d'une succession d'évènements qui s'induisent
les uns les autres, jusqu'à un certain point de rupture. L'ampleur des
activités humaines ne fait que croître, de sorte que leurs effets
augmentent en équipollent. Les crises environnementales s'accentuent
également et les conséquences sur l'être humain commencent
à se manifester sérieusement. Les sociétés du Sud,
les plus pauvres, donc les plus dépendantes de la nature, sont les plus
vulnérables et sont déjà affectées, mais les
sociétés du Nord ne sont nullement à l'abri et ressentent
déjà les effets pervers de leurs modes de vie.
Les activités humaines sont à l'origine des
problèmes environnementaux qui affligent la planète et les
êtres humains. Ces activités ont trois catégories
principales d'impacts (ou conséquences directes), soient :
L'épuisement des ressources, la pollution et la
destruction des habitats. Ces trois types d'impact ne sont pas totalement
indépendants puisque la pollution, par exemple, contribue à la
détérioration des habitats, donc à leur destruction. Mais
dans son sens strict, la destruction des habitats, est une transformation
radicale d'un écosystème par l'être humain. Des exemples
typiques sont donnés par la déforestation ou la transformation de
tout autre écosystème, par exemple pour ouvrir des terres
agricoles.
La pollution ne se limite pas uniquement à la pollution
dite « chimique » telle qu'on la considère habituellement.
Dans un sens plus général, la pollution se définit comme
une contamination de l'environnement qui résulte des activités
humaines, et qui nuit aux espèces vivantes, aux êtres humains ou
au fonctionnement des processus terrestres. Cette contamination peut être
due soit à une nouvelle répartition dans la biosphère de
molécules initialement présentes sur Terre, soit à
l'introduction d'une nouvelle substance. Cette définition inclut donc
par exemple les gaz à effet de serre comme le CO2, qui certes n'est pas
toxique directement et qui ne peut être considéré comme
exogène à l'atmosphère, mais qui cependant affecte le
climat. La pollution, de l'eau et des aliments, constituent une menace pour la
santé.
Selon la source 99 citée plus haut, les
conséquences écologiques des politiques des pays
industrialisés ont eu un impact significatif, nuisible et coûteux
sur les pays en développement particulièrement les pauvres dans
ces pays qui sont déjà sous le fardeau de la dette et de la
pauvreté. La dette et la pauvreté des pays en
développement ont usé d'immenses ressources du
développement durable. Il est injuste de demander aux pays en
développement de réduire leurs émissions de la même
façon. Les pays industrialisés doivent plus de 600 milliards de
dollars aux pays en développement pour les coûts relatifs au
changement climatique. C'est trois fois plus que la dette conventionnelle que
les pays en développement doivent aux pays développés.
Certains chercheurs qualifient cette dette de « dette naturelle » du
Nord par opposition à la dette financière du Sud. Les pays en
développement devront lutter contre le changement climatique d'autres
manières. Les réformes du marché et de l'énergie
afin de promouvoir la croissance économique. Le développement
d'autres combustibles afin de réduire les importations d'énergie.
Les programmes intensifs d'efficacité énergétique.
L'utilisation de l'énergie solaire et d'autres formes d'énergie
renouvelable afin d'élever le niveau de vie dans les zones rurales.
Réduire la déforestation. Réduire la croissance
démographique ; et passer du charbon au gaz naturel afin de diversifier
les sources d'énergie et de réduire la pollution de
l'air.101(*)
La plupart de ces crises écologiques sont
interconnectées, ce qui rend leur problème
particulièrement complexe. La déforestation contribue autant
à l'épuisement de la ressource arboricole qu'à la
destruction de l'habitat forestier. De plus, la déforestation contribue
aussi au réchauffement planétaire, à la dégradation
des sols et à l'érosion de la biodiversité. La
modification du régime pluviométrique local, du fait de la
déforestation ou des changements climatiques, affecte le cycle de l'eau.
La pêche en mer est à la fois à l'origine de la
dégradation des fonds marins et de la pénurie de la ressource
halieutique. Les catastrophes environnementales caractérisées par
les inondations, les sécheresses, etc. La menace pour la santé
avec les maladies pulmonaires, cardiovasculaires, perturbation du
système hormonal et du système nerveux, cancers, problèmes
respiratoires et neuropsychiatriques, altération du développement
foetal et du système immunitaire, maladies endocriniennes et dysfonction
de la reproduction.
Le réchauffement planétaire incluant la hausse
du niveau des océans, a par ailleurs déjà forcé le
déplacement de certaines populations et augmentent la fréquence
et l'intensité des événements extrêmes et de leurs
dévastations. Un réchauffement global pourrait entraîner
l'inondation des deltas asiatiques, la multiplication de
phénomènes climatiques extrêmes et l'évolution de la
nature et de la quantité des ressources alimentaires à la suite
des impacts sur l'activité agricole. La sécheresse et les
changements climatiques aggravent la crise alimentaire. La disparition des
espèces réduit l'inspiration culturelle ou la possibilité
d'acquérir de nouvelles connaissances scientifiques tirées de la
nature. Une autre conséquence, c'est celle liée à la crise
économique et financière, la corruption des États, le
système socio-économiques et nombre de pratiques de la
société. Ceci entraine l'implantation de grandes monocultures ou
de zones industrielles gazières et pétrolières
dégradent l'environnement des résidents et nuisent à leur
santé ou forcent leur déplacement. Tout ceci entraine
l'érosion de la diversité biologique incluant la perte des
services écosystémiques, la dégradation des océans
qui a pour corollaire l'acidification, l'altération des cycles
biogéochimiques (azote, phosphore, eau), la diminution de la
qualité des sols, ainsi que la raréfaction de l'ozone
stratosphérique (trou de la couche d'ozone)102(*)
Les géologues ont mis en évidence l'occurrence
de multiples crises globales ayant abouti à des extinctions massives
d'espèces. Des hypothèses variées pourraient expliquer ces
crises, la chute de météores, des modifications de
l'activité solaire, recrudescence de l'activité volcanique,
dérive des continents, les variations de l'eustatisme103(*), etc. Ces crises biologiques
permettent notamment d'établir les grandes coupures de l'échelle
des temps géologiques.
Parmi les questions les plus pressantes figurent celles
portant sur la disponibilité en eau et plus particulièrement en
eau potable. La démographie galopante est à l'origine,
localement, de surpopulation, elle entraîne d'une part des besoins
croissants en eau également lié à une augmentation de la
qualité de la vie et d'autre part des difficultés croissantes
à gérer les pollutions de l'eau qui ne peuvent plus être
prises en compte par le milieu naturel. Cette démographie galopante
pose le problème croissant de la gestion des déchets, en
particulier dans les pays industriels. Les dernières décennies
ont vu l'augmentation du nombre de déchets, dont en particulier les
déchets toxiques tel que la dioxine, les déchets ultimes de
l'industrie nucléaire ou plus simplement de grandes quantités de
déchets non-biodégradables. Ces déchets peuvent être
à l'origine de cancers dans les populations.
Une autre conséquence du développement de la
présence humaine sur le globe est l'influence de l'introduction
d'espèces exotiques, entrant en compétition avec les
espèces locales. Ces introductions sont souvent involontaires,
disséminées par des bateaux ou avions. Certains craignent
également l'influence que pourrait avoir la mise en culture de plantes
génétiquement modifiées.
Un indicateur de l'avènement
généralisé d'une crise écologique concerne la prise
de conscience de la multiplication de crises plus ou moins locales relatives
à la biosûreté : parmi lesquelles la vache folle, les
marées noires, l'apparition du sida, celle de la grippe aviaire, et
l'augmentation des cas de cancer liés à l'exposition
environnementale.
Au-delà de la constatation de l'évolution des
caractéristiques de la biosphère, les experts estiment que la
disparition d'espèces se produit actuellement à un rythme
très élevé. La destruction des milieux naturels,
accompagnés de la dégradation des sols ont eu un impact sur la
biodiversité (flore et faune), entraînant la disparition ou la
raréfaction de nombreuses espèces
Une crise écologique locale peut avoir pour
conséquence la mort de nombreux individus, la disparition d'une
population, voire d'une espèce si celle-ci était
endémique. Selon l'espèce et son rôle dans
l'écosystème, cette disparition peut entraîner une rupture
plus ou moins importante dans la chaîne alimentaire et avoir un impact
variable sur la survie des autres êtres vivants.
Si une crise écologique peut être à
l'origine d'extinction, elle peut aussi réduire la qualité de vie
des individus restant en vie. Ainsi, même si la diversité de la
population humaine est parfois considérée comme menacée,
peu s'accordent à envisager la disparition de l'espèce humaine
à court terme. Cependant, les maladies épidémiques, les
famines, l'impact sur la santé de la dégradation de la
qualité de l'air, les crises alimentaires, la disparition des milieux de
vie, l'accumulation des déchets toxiques non dégradables, les
menaces de disparitions d'espèces phares sont des facteurs impactant
également le bien-être des hommes. Qui est responsable de cette
situation chaotique ?
III.3- Les responsables de
la crise écologique.
Les scientifiques pensent que « la teneur de
l'atmosphère, moyennée à l'échelle du globe, en
dioxyde de carbone (CO2) atteint le seuil, aussi symbolique que significatif,
de 400 parties par million (ppm) pour la première fois en 2015 et a
affiché de nouveaux records en 2016 dans le sillage d'un très
puissant Niño, d'après le bulletin annuel de l'Organisation
météorologique mondiale (OMM) sur les gaz à effet de
serre. »104(*)
Qui sont les responsables de cette situation chaotique ?
Quand nous lisons le premier chapitre de la Genèse, une expression
revient comme un refrain à la fin de chaque journée de la
création : et Dieu vit que cela était
bon (Genèse 1 : 4, 12, 18,
21). Dieu a fait sortir du chaos initial la terre vivante et
l'univers ordonné et harmonieux, cadres propices à toute vie et
à l'épanouissement de l'être humain. Dieu a donc su que
l'homme ne peut s'épanouir que dans un environnement parfait,
équilibré, bon et sain. C'est pourquoi il l'a créé
le sixième jour, après que l'écosystème ait
été mis en place. Et, sachant d'office que la rupture de
l'équilibre écologique serait fatale pour l'homme, le
Créateur lui a confié la responsabilité de cultiver et de
garder le jardin (Gn2 : 15). Dieu a
fait confiance à Adam et Eve en leur donnant la terre pour l'exploiter
en vue de satisfaire leurs besoins vitaux, mais dans le cadre strict de la
promotion de l'équilibre écologique initial.
Par ailleurs, si à cause du péché de
l'homme, la pluie ne se transforme pas en déluge pour détruire
tout ce qui vit sur la terre (Gn 6 : 9-7 : 24), elle se
transforme néanmoins en poussière, en poudre (Dt. 28 :
24) et en grêle (Ps. 105 : 32), ou encoure cesse de tomber
pour provoquer la sécheresse (I Rois 8 : 35 ; I Rois
17, 1 ; Ag 1 : 10).Ainsi, à
cause de l'irresponsabilité de l'homme, la création a
été complètement désorganisée et "attend
avec un ardent désir" d'être rétablie.
Décimée par l'égoïsme humain, craquée par la
sécheresse, contaminée par diverses pollutions et maladies,
fanée par le réchauffement, la nature pousse des cris de
détresse.
Ainsi, L'homme a un rôle central à
l'intérieur de la nature parce qu'il est fondamentalement
différent du reste des réalités naturelles. Il est non
seulement une partie de la nature, mais aussi l'unique être capable de
saisir l'intelligibilité de l'univers. C'est le principe même de
l'anthropocentrisme. L'homme joue un rôle central et déterminant
par rapport au reste de la nature. D. MÜLLER parlant de ce sujet
déclare que: « la Bible pense le monde en terme de commencement
; l'homme y est à l'image de Dieu ; il reçoit de Dieu le pouvoir
de nommer les animaux et les plantes ; l'homme est appelé à vivre
dans la suivance (à la suite) du Christ, ce second Adam, qui transcende
lui aussi la nature par sa résurrection »105(*)
Cet anthropocentrisme sera aussi formalisé par Kant
aux temps modernes. Kant appelle personne morale « l'être humain
en tant qu'il est porteur de la loi morale et, par conséquent, digne de
respect. Comme telle, la personne a une valeur infinie et ne peut être
traitée comme moyen ou une chose, mais uniquement comme une fin en soi
»106(*).
D'où la maxime suivante : « Agit toujours en sorte que tu traites
l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout
autre, toujours en même temps comme une fin et jamais comme un moyen
».
Avec la
déforestation qui
est un phénomène qui touche toutes les forêts tropicales,
en particulier en Amazonie, en Afrique équatoriale et en Asie du
Sud-Est, chaque année, ce sont plus de 10 millions d'hectares qui
disparaissent. La forêt recule. Toutes les deux secondes, la taille d'un
terrain de football. D'ailleurs il est signalé que les hommes, avec
« les méthodes traditionnelles de cultures sur
brûlis, ainsi que l'utilisation des feux de brousse pour la chasse ont
fait diminuer progressivement l'étendue des
forêts. »107(*) Cette déforestation est dramatique.
Parce qu'elle met en danger des milliers d'espèces
végétales et animales. Elle détruit le cadre de vie de
centaines de millions de personnes. La déforestation représente
une triple menace pour la biodiversité, les équilibres
climatiques mondiaux et les conditions de vie dans les bassins forestiers.
Au cours des siècles, l'homme a augmenté, de
manière croissante, son emprise sur le milieu naturel en exploitant de
plus en plus les espèces. C'est la troisième cause d'extinction
des espèces sur terre. Le rythme actuel de consommation des ressources
naturelles par l'humanité excède leur rythme de renouvellement.
La
surexploitation peut
concerner tout ou une partie de l'environnement ou un endroit particulier
de l'environnement (la mer par exemple avec la surpêche ou la
surexploitation d'algues).On distingue plusieurs catégories
d'exploitation : La consommation par la chasse, la pêche ou la
cueillette, la commercialisation par la vente des animaux péchés
ou chassés. Les collections avec les pays développés qui
participent au pillage de la faune et de la flore pour la constitution de
collections. Les craintes ou superstitions qui représentent soit les
espèces exploitées pour leur soit disant effets
bénéfiques pour confectionner des « grigris » ou autres
produits liés à certaines croyances, soit les espèces que
l'ont détruit à cause de certaines croyances infondées
(les chauves-souris par exemple ou les hiboux). Cette surexploitation conduit
à de nombreuses conséquences qui mettent en danger la
biodiversité à savoir : les menaces sur les espèces
végétales ou animales, la disparition éventuelle de
ressources non renouvelables, la dégradation de l'équilibre
naturel (chaîne alimentaire, cycle du CO2 ...)
L'homme, de par ses multiples voyages à travers le
monde, introduit volontairement ou non un grand nombre d'espèces
animales et végétales dans la quasi-totalité des
écosystèmes du globe. Les voyageurs ramènent, souvent sans
le savoir, des graines d'espèces végétales
accrochées à leurs vêtements. L'introduction
d'espèces est parfois volontaire, pour des raisons économiques ou
commerciales.
Nous notons aussi, au cours de la dernière
décennie la prise de conscience qu'une transformation de notre vie
quotidienne s'est opérée au détriment de notre
qualité de vie et de la qualité de notre environnement.
L'urbanisation, fruit du travail de l'homme, est faite de
préférence autour de villes existantes,
généralement dans des territoires jugés attractifs ou pour
des raisons culturelles et historiques ou religieuses. L'urbanisation a pour
cause la consommation d'espaces utiles tel que les terres riches et productives
ou les littoraux qui sont le plus souvent non renouvelables ce qui entraine une
perte des ressources.
L'urbanisation, initiative de l'homme, apparait aussi comme
un facteur important de la pollution par la production de déchets
solides ou liquides rejetés dans la nature. Cette urbanisation intensive
provoque un problème au niveau de la faune et de la flore, car les
pollutions urbaines telles que la pollution lumineuse, par les automobiles ou
encore par l'introduction d'espèce invasive, par exemple un arbre vivant
dans un milieu urbain a une espérance de vie réduit alors qu'il
pourrait vivre plus longtemps dans un espace naturel. Si le
développement intensif des villes continue ainsi, il n'y aura
bientôt plus que des villes reliées entre elles, où la
biodiversité aura disparu. Nous n'avons qu'à voir Yaoundé
seulement qui ne fait que s'étendre, ceci n'est pas sans incidence sur
le plan écologique.
A côté de l'homme, nous avons la nature
elle-même. Sa responsabilité est liée aux activités
comme: le volcanisme, la chute des météorites,
l'altération de la roche mère, les pluies acides, les incendies
de forêts, l'érosion. Ce qu'il convient de comprendre, c'est que
les sources naturelles sont moins fréquentes avec des
conséquences plus ou moins négligeables.
Conclusion partielle
Dans cette partie, nous nous sommes évertués
à examiner de près la crise écologique. Un détour
dans les écrits bibliques nous a permis de comprendre que la parole de
Dieu fait de l'écologie une préoccupation particulière.
Notre étude nous a aussi permis de comprendre que les espaces
aérien, marin et terrestre sont vraiment sujet à la crise
écologique. Nous avons, dans l'optique de rechercher des solutions,
passé en revue les causes, les conséquences et les responsables
de la crise écologique. Ceci étant quels sont les enjeux et les
défis de la sauvegarde de la nature pour la mission de l'Eglise en
général et l'EEC en particulier ?
TROISIEME PARTIE : LA
SAUVEGARDE DE LA NATURE : ENJEUX ET DEFIS POUR LA MISSION DE L'EEC.
Cette partie est centrée sur les relations assez
complexes qui existent entre les éléments de
l'écosystème, les enjeux bibliques et socio politiques de la
sauvegarde de la création. Nous allons aussi examiner les défis
qui attendent l'EEC sur le plan écologique dans les domaines spirituel,
socio politique et éthique. Il sera aussi question de faire des
propositions concrètes à l'EEC pour bien mener la lutte contre la
crise écologique.
CHAPITRE I :
COMPOSITION DE LA BIOCENOSE ET ENJEUX BIBLIQUES ET SOCIAUX DE LA PRESERVATION
DE LA NATURE.
I.1- composition de la
biocénose.
La biocénose est l'ensemble des êtres vivants,
animaux, végétaux et micro-organismes présents dans une
station à une période donnée. Cet ensemble est
installé dans un biotope108(*) appelé parfois aussi niche écologique.
Biotope et biocénose constituent un écosystème. Dans la
biocénose, on différencie aisément la phytocénose
(communauté de plantes) de la zoocénose (ensemble d'animaux.)
Sur le plan biblique, la biocénose est une
émanation de l'oeuvre créatrice de Dieu contenue dans le premier
chapitre du livre de la genèse. Selon la pensée divine, cette
communauté d'êtres vivants devait être un groupement dont
la composition floristique et faunistique devait être relativement stable
avec une physionomie plutôt uniforme.
Une biocénose est organisée en niveaux
trophiques, maillons élémentaires d'une chaîne alimentaire.
Pour Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, « d'après les
régimes alimentaires, on repartit les éléments d'une
biocénose en grands groupes ou niveaux trophiques »109(*)
Les plantes vertes sont dites producteurs autotrophes, car
elles sont capables de faire la synthèse des matières organiques
à partir des substances minérales. Ce phénomène est
aussi connu sous le nom de la photosynthèse. Les animaux sont des
consommateurs hétérotrophes c'est-à-dire incapables de
fabriquer eux même leurs substances nutritives.
Parmi ces derniers, on peut distinguer des consommateurs de
premier ordre comme les herbivores, qui se nourrissent des producteurs. Les
consommateurs de second ordre qui mangent les herbivores, souvent
appelés les carnivores. Les consommateurs de troisième ordre
où des carnivores mangent d'autres carnivores. Nous avons enfin les
décomposeurs ou bioréducteurs qui vivent sur les cadavres et des
excréments, les décomposent et assurent le retour au monde
minéral des éléments contenus dans les matières
organiques.
Une compétition multiforme existe entre les
espèces de la biocénose : relation de dépendance, de
coopération ou de compétition.
Les biocénoses sont structurées dans l'espace en
strates, en montagne en étages, et dans le temps en phénophases
en fonction de variations saisonnières ou de stades d'une succession de
longue durée, allant d'une biocénose pionnière à
une biocénose relativement stable, qualifiée de climax.
Dans la biocénose, et Dieu l'avait prévue lors
de la création du monde, il existe dans cette composition ce qu'il
convient d'appeler chaine alimentaire ou chaine trophique, qui est
« une suite ordonnée d'êtres vivants dans laquelle
chacun mange celui qui le précède puis devient la nourriture de
celui qui le suit. »110(*)
Ce que nous pouvons remarquer dans cette chaine alimentaire
c'est l'importance de l'existence de toutes les couches. La disparition d'un
niveau trophique entraine le déplacement de la composante qui suit et le
déséquilibre s'installe. Ainsi, pour éviter toute crise
et maintenir l'équilibre de l'écosystème, des enjeux
méritent d'être revisités sur le plan biblique et sur
l'aspect social.
I.2- Les enjeux bibliques
de la sauvegarde de la nature.
Pour le dictionnaire Encarta, un enjeu est ce que l'on risque
de gagner ou de perdre dans un projet, une compétition, une
entreprise.111(*) Il
s'agira pour nous de voir les dangers contenus dans la bible et sur le pans
humain et social de la non préservation de la nature.
Sur le plan biblique, l'homme est fait à l'image de
Dieu (Gn1 : 26-27). Et il n'y a bien que l'homme à son image,
d'où l'éminente dignité de celui-ci. Dieu dit aussi
à l'homme de « dominer la création et de la
soumettre », et encore « de se multiplier », en
Genèse 1,28. Les atteintes à l'environnement, la surpopulation,
la baisse de la biodiversité dans les écosystèmes
agricoles et naturels etc., seraient la conséquence de cet état
d'esprit qui imprègne notre société chrétienne et
post-chrétienne et qui nous pousse à voir dans l'animal, les
plantes ou la nature en général, des choses créées
pour l'usage de l'homme et dont il peut se servir à sa guise. Le
consommateur qui jette ses déchets sans se préoccuper de leur
devenir ou des nuisances, l'éleveur qui élève des poules
n'importe où et n'importe comment, l'industriel qui pollue la
rivière, l'air, les terres, des déchets de l'usine, la
déforestation, la désertification, l'érosion des terres,
le pillage des mers, l'exploitation des ressources minières non
renouvelables, le dégazage en mer des cargos, les marées noires,
etc... seraient la conséquence de cette vision anthropocentrique
chrétienne.
On peut admettre que beaucoup de ces problèmes sont la
conséquence de la société industrielle moderne
c'est-à-dire occidentale et sont dus, soit à l'ignorance, soit
à la négligence plus ou moins grave et surtout au non-respect de
la parole de Dieu.
Ce qui est vrai, c'est que le chrétien considère
l'univers comme une création de Dieu, et non comme Dieu lui-même,
à la différence de toutes les autres religions de
l'Antiquité. Et c'est sans doute cette vision de l'univers qui, en le
désacralisant, a permis à l'esprit occidental de s'affranchir des
blocages et des pesanteurs dues aux philosophies païennes et de
libérer l'esprit des hommes pour chercher les secrets et les
mécanismes de la nature, animée et inanimée, celle-ci
n'étant plus divine.
Il est intéressant aussi d'examiner plus
précisément certaines de ces
critiques « Remplissez la terre et soumettez la. Dominez sur
les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux. »
Gn1 : 28. Dominer et soumettre. Que n'a-t-on pas dit et
interprété là-dessus. Nous devons comprendre que l'homme
n'est pas le maître absolu de la création. D'ailleurs avec la
chaine alimentaire, il devrait comprendre qu'il n'est qu'un maillon de la
chaine. S'il a le droit d'user des autres éléments de la nature,
il n'a pas celui d'en abuser. Il doit en être l'intendant et le
gestionnaire responsable. C'est une gérance qui lui est confiée
afin qu'il la fasse fructifier et la rende habitable pour tous. L'enjeu
étant alors la préservation de ce qu'il n'a pas
créé.
Effectivement il faut prendre conscience que la signification
de ces deux verbes a changée, s'est pervertie, en quelques
générations... Dans l'idée de
« dominer », qui vient de « domus », la
maison, c'est bien d'organiser, de gérer les biens de la maison
« nature », de l'habitat humain, qui est présente,
et de les gérer en les protégeant (l'homme placé dans le
jardin pour le cultiver et le garder.)112(*) Alors qu'aujourd'hui le mot dominer a
pris le sens de pouvoir plus ou moins arbitraire, absolu, exercé pour le
bon plaisir d'un tyran. La domination accordée par le
Créateur à l'homme n'est pas un pouvoir absolu, et l'on ne peut
parler de liberté d'user et d'abuser, ou de disposer des choses comme on
l'entend.
De même le verbe « soumettre » a
pris un sens péjoratif aujourd'hui alors que l'idée du texte
biblique est plutôt mettre sous la protection, sous la juste
gérance.113(*) Ce
qui change tout ! La traduction de ces notions par ces deux verbes, il y a
quelques générations était juste. Aujourd'hui, les mots
ayant changé de sens, elle ne l'est plus.
Nous pensons qu'il faudrait donc aujourd'hui revoir la
traduction de ces idées et chercher des mots ou des expressions
fidèles à l'esprit du texte. On ne peut que faire fuir des
lecteurs non avertis si on continue à employer ces mots, aujourd'hui
faux, dans les traductions pour grand public.
Avec ce verset « Yahvé-Dieu prit l'homme
et l'établit dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le
garder » tiré du second
récit de la genèse (2,15), le plus ancien, Dieu modèle
l'être humain à partir de la terre : Adam signifie
effectivement « le terreux ». Dieu lui donne une
mission : il le place dans un jardin et le lui confie. L'homme doit
veiller sur ce jardin, au maintien de toute la composition de la
biocénose, cultiver le jardin et en prendre soin. Le jardin c'est aussi
la création. L'homme placé dans ce jardin peut user des fruits de
la nature tout en l'entretenant et en la protégeant. C'est bien le
premier rôle donné par Dieu à l'homme. D'ailleurs, Jean
Samuel ZOE-OBIANGA le souligne fortement en écrivant que,
« les créatures surtout terriennes ne sont pas
appelées à l'existence pour fonctionner exclusivement en
écosystèmes nourriciers de l'homme. Ravaler les autres
créatures au rang de ce qui dessert exclusivement les besoins de bas de
l'homme les aliène et les dévalue. »114(*) Par essence même
le chrétien est donc porté au respect de la Création,
oeuvre de Dieu et habitat de l'homme. Si des chrétiens n'ont pas
respecté ou ne respectent pas cette donnée, ils sont en
opposition avec cette mission première à eux confiée par
Dieu.
Si on les regarde d'un peu plus près pourtant, de
nombreux chrétiens sont directement ou indirectement engagés dans
la protection de l'environnement. Les organisations de préservation de
nature, nous alertent depuis des années sur la gravité des
problèmes écologiques, à travers de nombreuses
déclarations et textes, y compris dans des textes très officiels.
Malheureusement ces textes ne sont pas ou très peu repris, du moins
à ma connaissance, dans les communautés, ou les paroisses.
Pourrait-on suggérer de créer des Pastorales de
la Création, dans certains paroisses en expliquant les enjeux d'une
telle structure, Pastorales qui seraient chargées de
réfléchir et de se préoccuper des problèmes
écologiques, humains et physiques, dans une lumière
chrétienne ? Car les enjeux bibliques impliquent ceux liés
à la société.
I.3- Les enjeux
socio-politiques de la sauvegarde de la nature.
La gestion et l'exploitation des ressources naturelles
mondiales est un facteur de guerre et de crispation des peuples. L'accaparement
par des grandes compagnies internationales des ressources naturelles
détenues par des pays pauvres est toujours une récrimination
légitime des populations. C'est ainsi que les pays fondateurs de l'OPEP
ont entrepris la démarche de nationaliser les ressources
pétrolières afin d'en distribuer les dividendes à la
population locale.
Mais si ce schéma est largement répandu au
niveau du pétrole, il l'est beaucoup moins en ce qui concerne les autres
ressources naturelles.
L'exploitation des ressources naturelles quelles qu'elles
soient (eau, énergies fossiles, minerais) permet de tirer des profits
aptes à redresser l'économie des pays exploités. Le manque
à gagner est alors ressenti difficilement lorsqu'ils en sont
dépossédés. Mais au-delà des questions
économiques associées aux ressources naturelles, il est devenu
nécessaire d'envisager leur exploitation dans une optique durable.
Les ressources naturelles sont limitées mais
nécessaires. Or, leur exploitation et leur utilisation
pléthoriques posent de graves problèmes écologiques. Cette
dynamique d'exploitation inconsidérée des ressources naturelles,
de manière immédiate pour répondre aux incitations de
l'économie, ne va pas sans poser de graves questions sur l'avenir
à long terme de la planète et de l'humanité qui la
peuple.
Au-delà des conflits socio-économiques
centrés autour des ressources naturelles, on devrait voir incessamment
émerger un nouveau type de conflit, portant sur la question de la
pollution et de la viabilité dans certaines régions. C'est
pourquoi il est nécessaire de coordonner les actions écologiques
des pays au niveau de la communauté internationale afin de prendre en
compte le problème dans son ensemble.
Toutefois, le contrôle de la pollution et la
préservation des ressources naturelles de la planète ne doivent
pas se résumer à moraliser les pays pauvres sur ce sujet. En
effet, les procédures globales tentant de remplir des objectifs
planétaires aboutissent souvent à incriminer les pays en voie de
développement pour leur consommation abusive d'énergie. Or, c'est
précisément sur ce modèle de développement que
s'est basé la croissance des pays riches, et il serait malvenu de faire
porter les conséquences de ces émissions aux nouveaux arrivants.
Il importe, de moraliser les pays riches, en instaurant des modèles de
développement économique respectueux de l'environnement. Face
à tous ces enjeux, quels sont les défis à relever ?
CHAPITRE 2 : DEFIS
MISSIONNAIRES DE LA SAUVEGARDE DE LA NATURE.
L'objet de ce chapitre est
centré sur l'examen des défis sur le triple plan : spirituel,
politico-économique et éthique.
II.1- Défis missionnaire sur le plan
spirituel.
Aux yeux de certains écologistes, l'homme est
classé dans l'écosystème naturel en tant qu'égal
aux autres animaux. La présence de la chaine alimentaire en est une
illustration. Une telle approche s'oppose à l'approche anthropocentrique
judéo-chrétienne. Elle s'explique soit par un rejet de Dieu et de
la perspective de la déification de l'homme, soit par une mauvaise
interprétation du commandement donné à l'homme de dominer
le monde qui peut conduire à une exploitation destructrice des
ressources naturelles.
Il nous semble important, dans la théologie
chrétienne, de distinguer les êtres humains du reste de la
création, afin de reconnaître la place et la responsabilité
unique qu'a reçues l'homme au sein de la création par rapport au
Créateur.
Nous touchons ici le défi de la spiritualité
chrétienne qui devrait distinguer notre attitude chrétienne face
à la crise environnementale. La différence ne réside pas
tant dans le degré de désir de préservation et de
protection des ressources naturelles du monde, qui devrait être la
priorité de tous les hommes, qu'ils soient des chefs politiques ou de
simples citoyens. Le défi chrétien réside dans notre
conception du monde, et non dans le but recherché dans cette
démarche. La croyance en l'homme comme
« économe » et « prêtre »
de la création est marquée par un sens profond de justice et de
modération. Nous sommes donc appelés à préserver la
création en servant son Créateur. De là découlent
d'autres défis spirituels que nous lance, aujourd'hui, la crise
environnementale à savoir la surexploitation des ressources naturelles,
le consumérisme, le gaspillage et la pollution.
L'environnement naturel ne doit jamais être
considéré de manière étroite, mais dans une
perspective beaucoup plus large. Une vision spirituelle du monde
matériel l'envisage toujours en relation avec le Créateur, ce qui
n'est pas sans conséquences pour notre appréciation
chrétienne de problèmes environnementaux tels que la menace de la
surpêche océanique, la désertification ou la destruction de
la faune et de la flore comme nous l'avons vus plus haut. Cette vision
spirituelle du monde nous dicte le respect de la création de Dieu,
puisque notre rapport aux choses matérielles reflète
nécessairement notre rapport à Dieu. Notre sensibilité
spirituelle vis-à-vis de la création matérielle
reflète clairement la sacralité que nous réservons aux
choses célestes.
Une telle approche nous permet d'envisager le monde et la vie
comme quelque chose de mystérieux ou de sacramentel, puisque le
mystère réside précisément dans la rencontre de
l'humanité et de la création avec le Dieu Créateur. Si la
Terre est sacrée, alors notre relation avec l'environnement naturel doit
être mystique, c'est-à-dire reconnaissant en lui la semence et la
trace de Dieu. Nous ne devons pas l'utiliser de manière
égoïste en abusant des ressources naturelles. Nous pourrions
considérer que le « péché d'Adam » a
consisté à refuser l'environnement naturel en tant que don de
communion entre Dieu et ses créatures, et à n'y voir qu'un objet
d'exploitation pour la satisfaction de désirs non
maîtrisés.
L'air que l'on respire, tout comme la mer et les océans
qui nous entourent, sont pour nous la source de vie biologique. S'ils sont
souillés ou pollués, notre existence est menacée. Par
conséquent la dégradation et la destruction de l'environnement
sont une forme de suicide de l'humanité. Il apparaît que nous
sommes inexorablement pris au piège de modes de vie et de
systèmes qui ne cessent d'ignorer les contraintes de la nature que nous
ne pouvons aucunement nier ni sous-estimer. Il ne faudrait pas que nous
attendions d'être arrivés à un point de non-retour pour
prendre conscience des capacités restreintes de notre
planète. En tant que don de Dieu à l'humanité, la
création devient notre compagne donnée pour vivre en harmonie et
en communion avec elle et les autres. Il nous faut puiser ses ressources avec
modération et frugalité, les cultiver avec amour et
humilité, et les protéger en accord avec le commandement
scripturaire de « servir et préserver » Gn
2 : 15. Au sein d'un environnement naturel irréprochable,
l'humanité découvre une paix profonde et un repos spirituel. Et
au sein d'une humanité cultivée spirituellement par la
grâce paisible de Dieu, la nature reconnaît sa place harmonieuse et
légitime. Afin de remédier à la surexploitation des
ressources naturelles qui mine notre planète et engendre sa pollution,
la vision sacramentale de la création invite l'homme à revenir
à un mode de vie ascétique, ce qui veut dire être
reconnaissant, rendre grâce à Dieu pour le don de la
création en étant un intendant respectueux et responsable de la
création.
II.2- Défis
missionnaires sur le plan politico-économique.
La révolution industrielle, ressort du formidable
développement économique de la fin du XIXème et du
XXème siècle, a eu pour effet collatéral l'augmentation
régulière de la concentration de gaz à effet de serre dans
l'atmosphère. Le réchauffement climatique en cours est un
sous-produit de la croissance passée.
Le défi missionnaire sur le plan économique
requiert, aujourd'hui, une prise de position selon laquelle le
développement économique ne doit pas passer par la destruction de
la nature. Plus nous tarderons à prendre les décisions, plus
violent et coûteux sera l'ajustement nécessaire.
Les missionnaires, dans leurs charges, doivent rencontrer les
économistes et discuter avec eux. En effet, les économistes ont
toute leur place dans la réflexion sur les stratégies de lutte
contre le réchauffement climatique, qui n'est pas seulement l'affaire
des climatologues, physiciens, météorologues ou encore chimistes.
Les économistes peuvent apporter des instruments permettant de
gérer le problème climatique de façon efficace.
Le défi missionnaire en rapport avec l'économie
est double : les deux doivent, par leurs prévisions sur le moyen et long
terme, les évolutions futures des émissions d'origine
anthropiques, et définir les instruments économiques qui
permettront d'atteindre les objectifs assignés au moindre coût.
Le premier apport relève essentiellement du travail de
prévision qui fait partie du corpus scientifique traditionnel des
économistes, avec tous les aléas et incertitudes attachés
à la prospective, lesquels, sur longue période, sont
renforcés par un environnement technologique qui n'est pas figé
et qui peut donc affecter sensiblement les projections. Comme exemple ils
doivent attirer l'attention des exploitants de bois sur le rythme avec lequel
cette exploitation est faite. Gilles ROTILLON le fait remarquer quand il
déclare : « si la culture sur brûlis et la
production de bois de feu jouent un rôle dans cette déforestation,
la principale cause en est aujourd'hui l'exploitation forestière,
souvent illégale. »115(*)
Le second apport concerne le design des instruments de
politique économique à mettre en oeuvre. Une question
préalable est celle des objectifs assignés à la politique
économique. Sur ce point, deux postures, plus complémentaires que
concurrentes, sont adoptées par les économistes. La
première, que l'on pourrait qualifier de normative, applique la
méthode standard de maximisation du bien-être net pour aboutir
à un niveau d'émissions optimal déterminé par
l'égalité entre le bénéfice marginal et le dommage
marginal. Toute la difficulté, on l'aura bien compris, est de
définir la fonction de dommage. La seconde posture, plus modeste, prend
acte des recommandations des scientifiques sur un plafond de concentration
à ne pas dépasser et cherche à déterminer la
politique permettant de respecter cet objectif.
L'exploitation des richesses naturelles qui découle de
l'avarice et de la luxure, et non de besoins vitaux, crée un
déséquilibre dans la nature qui n'arrive plus à se
renouveler, comme en témoigne les problèmes de la surpêche,
de surproduction agricole, de déforestation et de
désertification. Une telle surexploitation des ressources naturelles
reflète non seulement un manque d'intelligence, mais constitue
également un grave problème éthique. Face à une
telle attitude égoïste, l'église ne peut se taire et
s'abstenir de rappeler les vérités éternelles et d'alerter
les membres de la société des dangers qu'ils encourent.
L'environnement est la maison qui entoure l'espèce
humaine ; elle constitue l'habitat humain. Pour cette raison,
l'environnement ne peut être apprécié ou
évalué seul, sans lien direct avec l'homme dont la vocation est
d'être l'économe et le prêtre de la création. La
préoccupation pour l'environnement implique en effet de se
préoccuper des problèmes humains de pauvreté, de la soif
et de la faim. Notre attitude et notre comportement vis-à-vis de la
création ont un impact direct et reflètent l'attitude que nous
adoptons envers autrui. L'écologie est formellement liée à
la fois par son étymologie et par son sens à
l'économie. Or, notre économie globale dépasse tout
simplement la capacité de notre planète à la supporter.
Non seulement notre capacité à vivre de manière
substantielle, mais aussi notre survie, sont elles-mêmes
menacées.
Les scientifiques estiment que les plus touchés par le
réchauffement climatique dans les années à venir seront
les plus démunis. C'est pourquoi le problème écologique de
la pollution est directement lié au problème social de la
pauvreté. Toute activité écologique est en fin de compte
mesurée et passée au crible de son impact et de son effet sur le
pauvre. Notre préoccupation pour les questions écologiques est
donc directement liée à aux questions de justice sociale, et plus
particulièrement celle de la faim dans le monde. Une Église qui
néglige de prier pour l'environnement naturel est une Église qui
refuse d'offrir à boire et à manger à une humanité
souffrante. De même, une société qui ignore son mandat de
prendre soin de tous les hommes est une société qui maltraite la
création de Dieu, y compris l'environnement naturel, ce qui
équivaut à un blasphème.
C'est un fait qu'aucun système économique, aussi
avancé technologiquement ou socialement soit-il, ne peut survivre
à l'effondrement du système environnemental qui le supporte.
Cette planète est véritablement notre maison, mais c'est aussi la
maison de tous, puisqu'elle est la maison de chaque créature animale
comme celle de toute forme de vie créée par Dieu. C'est un signe
d'arrogance que de prétendre que seuls nous, les hommes, habitons ce
monde. C'est aussi un signe d'arrogance que de s'imaginer que seule notre
génération habite cette terre.
En tant que le plus important des problèmes
éthiques, sociaux et politiques, la pauvreté est directement et
profondément liée à la crise écologique. Pour
BARTHOLOMÉE 1er116(*) un pauvre fermier en Asie, en Afrique ou même
en Amérique du Nord sera confronté quotidiennement à la
réalité de la pauvreté. Pour ces fermiers, un mauvais
usage de la technologie ou l'éradication des forêts ne sont pas
uniquement dangereux pour l'environnement ou destructifs pour la nature :
ils affectent directement et profondément la survie même de leur
famille. Les termes écologie, déforestation, ou
surpêche sont totalement absents de leurs conversations
quotidiennes ou de leurs préoccupations. Le monde
développé ne peut exiger du pauvre en état de
développement de comprendre intellectuellement la protection
des quelques rares paradis terrestres qui demeurent, surtout si on prend en
compte le fait que moins de 10% de la population terrestre s'accaparent plus de
90% des ressources naturelles consommées. Toutefois, avec une
éducation appropriée, le monde en
développement serait davantage consentant que le monde
développé à coopérer pour la protection de la
création.
Nous voyons que, avec cette analyse de BARTHOLOMÉE
1er, la solution du problème écologique exige que
l'activité économique respecte davantage l'environnement, en
conciliant les exigences du développement économique avec celles
de la protection environnementale. Toute activité économique qui
se prévaut des ressources naturelles doit aussi se soucier de la
sauvegarde de l'environnement et en prévoir les coûts, lesquels
sont à considérer comme élément essentiel du
coût de l'activité économique. C'est dans ce contexte que
doivent être considérés les rapports entre
l'activité humaine et les changements climatiques qui, étant
donné leur extrême complexité, doivent être
opportunément et constamment suivis aux niveaux scientifique, politique
et juridique, national et international. Le climat est un bien qu'il faut
protéger et il faut que, dans leurs comportements, les consommateurs et
les agents d'activités industrielles développent un plus grand
sens de responsabilité.
Une économie respectueuse de l'environnement ne
poursuivra pas seulement l'objectif de la maximalisation du profit, car la
protection de l'environnement ne peut pas être assurée uniquement
en fonction du calcul financier des coûts et des bénéfices.
L'environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du
marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de
façon adéquate. Tous les pays, en particulier les pays
développés, doivent percevoir combien est urgente l'obligation de
reconsidérer les modalités d'utilisation des biens naturels.
II.3- Défis
missionnaires sur le plan éthique.
L'éthique écologique est, la plupart du temps,
comprise comme une tentative de protéger les bases de la vie que ce soit
la vie en général ou la vie humaine en particulier. Elle se
présente comme une réponse rationnelle, logique, intelligente,
devant la destruction des différentes formes de vie, une vie
constituée d'éléments biochimiques qui ont besoin d'un
équilibre pour maintenir leur intégrité. Cette conception
est malheureusement un peu réductrice, car elle nous maintient dans une
extériorité entre l'humain et son « environnement ».
C'est d'ailleurs de cette manière que nous en parlons le plus souvent,
l'« environnement », sans réaliser qu'en parlant ainsi nous
faisons référence à « ce qui nous environne »
à « ce qui nous entoure », donc ce qui est extérieur
à l'humain. Or c'est justement cette conception du rapport entre
l'humain et la nature, conçus comme deux entités
séparées, qui est à l'origine de la crise
écologique. Avec Jean Samuel ZOE-OBIANGA, nous pensons que
« cette attention portée sur la nature et ses
mystères ne vise pas à placer cette dernière au niveau de
l'homme. Nous voulons tout simplement mettre en évidence que
l'anthropocentrisme outrancier qui dicte une certaine éthique
écologique appauvrit la qualité des devoirs à assumer
envers la nature. »117(*)
Le phénomène de la socialisation dans sa
généralité est révélateur d'une
vérité négligée, pour ne pas dire niée, par
l'homme moderne ; la socialisation, en créant une solidarité de
plus en plus étroite entre les hommes (ne serait-ce que la
solidarité dans la peur devant le danger de l'arme nucléaire),
amène à accepter de nombreuses contraintes. Elle
révèle ainsi, par-delà les libertés individuelles
ou nationales, qu'il y a des exigences universelles d'ordre éthique qui
doivent être respectées. Sinon, c'est l'augmentation des
inégalités et des injustices,
Avec les oppressions de tous genres, nous avons, dans
de nombreux cas, l'apparition du drame de la faim, de la misère et de la
mort de millions d'êtres humains. Il s'agit essentiellement d'une
exigence de régulation éthique. Que l'on songe simplement
à cette aspiration générale vers plus de justice sociale,
entre individus, entre classes et entre nations. L'idée même de
justice n'a de sens que par une régulation des ressources naturelles.
Cet appel à la justice se fonde sur la persuasion que chaque être
humain en vaut un autre, et aussi que chaque peuple a un droit strict à
se développer et à user des biens naturels qui lui sont
nécessaires.
Désormais, toutes les ségrégations,
toutes les oppressions, et aussi tous les gaspillages et pollutions, sont
ressentis par leurs victimes comme la violation de quelque chose de
sacré.
Et en même temps, cette exigence de régulation
éthique, pour plus de justice, apparaît comme rigoureusement
nécessaire, contraignante et non facultative ; souvent elle est
même vécue comme un idéal politique, soit de
libération, soit de respect écologique de la nature, pour lequel
on doit se battre, au risque de sa vie si besoin est. Il y a là comme un
puissant retour de la loi morale, par-delà tous les subjectivismes et
égoïsmes qui voudraient l'évacuer.
La crise écologique, comme expression de la
socialisation de la Nature, vient préciser cet appel éthique.
Elle vient rappeler brutalement que l'homme, tout en étant libre, est
soumis à une loi naturelle. Certes, celle-ci, au niveau humain, n'est
pas purement d'ordre physique ou biologique, elle s'exprime par
l'activité rationnelle, comme besoin de régulation des rapports
des hommes entre eux et avec la Nature. Cette régulation n'est alors pas
à concevoir comme signifiant que l'homme peut faire ce qu'il veut, en
usant de sa liberté sans aucun critère objectif, loin de
là. Mais elle signifie que l'homme doit considérer la nature, et
l'ensemble des êtres humains, comme des partenaires dont il doit tenir
compte dans ses décisions libres, car obligé de vivre en symbiose
avec eux. S'il veut se développer harmonieusement, il ne peut le faire
qu'en tenant compte de ses semblables et des exigences objectives d'une
exploitation rationnelle de la Nature.
Là aussi, l'enseignement chrétien classique
mérite d'être remis à l'honneur, cet enseignement qui voit
dans l'homme, non pas le maître absolu, mais l'intendant et le
gérant de cette Nature, don de Dieu qui en est seul le Maître et
qui en a établi les lois. C'est parce qu'il s'est cru avoir tout pouvoir
sur la Nature, parce qu'il s'est cru comme un dieu face à elle (c'est la
tentation même qui a causé la chute du premier homme, selon
Genèse, 3,5), que l'homme moderne en est arrivé à
comprendre sa propre survie.
Certes, on sait que la notion de loi naturelle est fortement
contestée de nos jours. Mais à ceux qui ont conscience des
risques engendrés par notre civilisation technologique et par
l'égoïsme des pays développés, ces discussions sur
l'existence ou non d'un droit naturel apparaissent radicalement
dépassées, sorte de discussions de salon entre dilettantes que
peuvent se payer le luxe d'en débattre.
Pour ceux qui souffrent de la faim ou qui savent leur avenir
menacé par la crise écologique, spéculer sur le
caractère unique de chaque liberté personnelle a pour eux bien
moins d'importance que de tenir compte des exigences d'une nature humaine qui
tient le devant de la scène mondiale ; car c'est elle qui justifie
l'universalité des droits de l'homme et de son droit à user
équitablement des biens naturels, sans les voir accaparés par
quelques-uns, ou gaspillés ou pollués cyniquement. C'est au nom
finalement de cette nature humaine et de son droit naturel que se mènent
de nos jours tous les combats pour un monde meilleur et plus juste.
Par là nous percevons que toute décision
éthique, en réponse à un appel pour plus de justice, se
doit de tenir compte de deux données ; d'abord celle fournie par la
science positive, physique, biologique ou humaine, qui définit et
précise la nature du phénomène en question (par exemple,
l'inflation, le chômage et plus particulièrement, ici,
l'écologie). Ensuite, pour se décider en vue de telle ou telle
décision en une forme de jugement pratique (sur ce qu'il faut faire,
à partir de ce qui est), la décision éthique doit se baser
sur une échelle de valeurs, elle- même fonction d'une vision
globale portant sur la destinée de l'homme et sa relation avec la
nature.
Au Cameroun, le problème peut être
géré si certains fonctionnaires, au lieu de s'enrichir a tout
prix et ceci au détriment de la population, songeaient a une
répartition équilibrée des biens pour
l'épanouissement de tous. Si le souci des gouvernants était le
bien de la population à la base, la lutte contre la corruption et
autres maux serait un succès et le travail devait être fait dans
la crainte de Dieu et selon le respect des normes en vigueur.
Ce défi éthique doit devenir un mouvement de
pensée très ambitieux qui introduit une dimension spirituelle
dans la réflexion en faisant de la nature une sorte de bien ou de valeur
morale suprême. Elle cherchera à transformer notre vision du monde
et notre conception de la vie et du bonheur. Elle tentera d'effacer la
frontière entre l'homme et la nature et de réintégrer
l'être humain dans la nature en tant qu'une de ses manifestations. Ici,
une vie considérée comme digne et accomplie est une vie
vécue en harmonie avec la nature.
CHAPITRE III :
QUELQUES PROPOSITIONS POUR UNE LUTTE MULTIDIMENSIONNELLE CONTRE LA CRISE
ECOLOGIQUE PAR L'EEC.
Ce chapitre est celui des propositions que nous ferons
à l'EEC en vue d'une participation active, efficace et efficiente
à la lutte contre le crise écologique, ceci, en passant par le
renforcement de la conscience théologique et une catéchèse
sur le plan environnemental.
III.1- Pour un renforcement
de la conscience théologique.
Parler de la conscience théologique revient à
mettre en exergue la spiritualité écologique. « Or
la spiritualité est le langage du sentiment religieux ; et la
spiritualité chrétienne est le langage de la foi en Dieu, le
Père de toutes choses, l'Inspirateur de la nouveauté du vivant,
corps et visage de l'Humain en Jésus de Nazareth. »118(*)
Avec cette spiritualité nous sommes invités
à revisiter notre rapport au temps, à l'espace et à
autrui, ainsi que les fondements de notre vie en société, et
à réfléchir à ce qui nous permettra de vivre mieux
ensemble. La réflexion biblique concerne l'homme dans son
développement intégral, dans ses relations à ses
frères, dans sa capacité à construire avec eux une
société qui vise au bien commun, dans sa vie de foi, dans son
rapport à Dieu et à la Création.
La louange et la prière, formes fondamentales de la
spiritualité, continuent à se nourrir des Psaumes. La
valorisation du long terme, le témoignage de notre espérance
chrétienne, la redécouverte de la contemplation, la proposition
d'un développement intégral, l'inscription dans un juste rapport
à la nature qui ne la sacralise ni ne l'instrumentalise, un rapport
à nos frères humains basé sur l'alliance et non la
rivalité, la prise en compte de la fragilité et
l'équilibre entre engagement et détachement sont autant de
chemins à emprunter pour rebâtir des fondements spirituels
solides.
La liturgie chrétienne est une
célébration de l'oeuvre de Dieu. Il s'agit de redécouvrir
que dans ses expressions de louange, d'adoration et de prière, elle
invite l'homme à vivre la relation au monde et à la nature comme
le bénéfice d'un don du Dieu créateur et d'un amour
créateur de fraternité entre les hommes.
Il y a donc à entreprendre un travail de valorisation
de la dimension écologique de la liturgie. Nos
célébrations seront enrichies en s'appuyant sur la
variété des formes de l'expression artistique de la
création et de la responsabilité de l'homme pour sa gestion. La
liturgie deviendra ainsi éducatrice aux questions environnementales pour
ceux qui y participent.
Un nouvel élan spirituel et pastoral, doit être
mis en exergue car la juste attention des chrétiens aux problèmes
écologiques irrigue toute notre vie de foi, de notre prière
à notre action dans la cité, auprès de nos frères,
et notamment des plus démunis.
Il faut le développement d'une théologie et
d'une catéchèse de la Création, l'amplification de
formations tant dans les instituts de formation théologique que dans les
établissements scolaires et les autres centres de formation ; car
pour André Roux, « la tâche de la mission ne se
limite jamais à une kérygmatique, à une première
annonce de l'Evangile ; à ce qui serait seulement une
avancée en surface (...) évangéliser ce n'est jamais
seulement annoncer l'Evangile à ceux qui ne l'ont jamais entendu. C'est
aussi, nous l'avons trop oublié, le faire pénétrer plus
profondément dans le coeur, la pensée et tout ce que peuvent
être les centres de motivation de l'homme qui croit le connaitre
déjà »119(*)Nous devons arriver à la
célébration de Dieu créateur et la valorisation de la
dimension écologique de la liturgie, car la nature fait partie des
centre de motivation de l'homme. Il faut donc insister sur la recherche et le
partage des informations fiables sur les questions environnementales. Penser
à mettre les acteurs de l'environnement ensemble, avec une
exemplarité dans nos choix, dans la gestion du patrimoine de
l'Église et dans l'organisation des rassemblements. Il faut aussi une
conversion de nos mentalités marquées par l'individualisme et le
consumérisme pour un engagement dans la construction d'un modèle
de développement qui soit durable. Enfin faire des propositions en
rapport avec une réflexion de l'Eglise sur les questions
d'écologie et d'environnement.
L'attention à la Création ne saurait se
satisfaire de quelques mesures qui seraient avant tout symboliques. Elle engage
notre foi toute entière, que ce soit dans notre prière ou notre
action dans le monde, que nous soyons entre nous chrétiens riches, ou
encore auprès des plus démunis et des plus fragilisés
cette lutte concerne tout le monde comme le souligne I.
NAGY :« l'environnement s'est rapidement
détérioré dans certaines régions et nous ne savons
pas exactement où se situent les seuils de tolérance de la
nature. Nous devons arriver à très brève
échéance à un consensus sur la nécessité de
prendre des mesures urgentes. (...) la population se préoccupe de savoir
si les legs de notre génération se transmettront à la
génération suivante. Une nouvelle conscience écologique a
germé parmi de vastes secteurs de la collectivité, et tout
particulièrement parmi les jeunes »120(*)
Toute écologie véritable est d'abord une
écologie globale, sans laquelle il ne peut y avoir de protection de la
nature juste et bien comprise. Cela implique des relations nouvelles entre les
hommes, des relations nouvelles avec Dieu, des relations nouvelles avec toute
la Création. Les relations nouvelles avec l'homme conduisent à ne
pas oublier la destination universelle des biens et la nécessité
de leur répartition entre tous les humains, en redécouvrant par
le don qu'est le Création le sens de la gratuité.
Les relations nouvelles avec Dieu sont une
nécessité pour avoir pleinement conscience du fait que nous
sommes tous les enfants d'un même Père et que nous sommes
aimés de Lui. Les relations nouvelles avec toute la Création
impliquent une conversion et un changement radical de nos façons de
penser, de communiquer et de nous déplacer, de travailler et de
consommer. Tous, nous sommes invités à être des jardiniers
dans le jardin que Dieu nous a confié et à rendre grâce
à Dieu pour les merveilles de la Création dont il nous a fait
don.
III.2- Pour une
catéchèse environnementale.
A cause de la profonde solidarité qu'il y a entre
l'homme et le monde créé, théologie et
catéchèse de la création sont désormais
essentielles à toute proposition de la foi chrétienne. Une
catéchèse de la création doit expliquer sur la base de
l'anthropologie biblique la responsabilité spécifique de l'homme
par rapport au reste de la création et montrer en quoi cette vision du
rôle profond de l'homme est conforme au projet de Dieu.
Elle devra nécessairement intégrer la notion
d'écologie humaine, alliée à celle de développement
intégral, montrer l'incohérence, voire la contradiction qu'il y a
à « exiger des nouvelles générations le respect
du milieu naturel »121(*).
Cette catéchèse est nécessaire pour
sensibiliser les chrétiens aux fondements de leur engagement pour le
respect de la création et leur conversion à de nouveaux modes de
vie. Elle pourra naître si se développe une recherche
théologique qui saura démontrer le caractère unique et
indivisible, qu'il s'agisse de l'environnement comme de la vie, de la
sexualité, du mariage, de la famille, des relations sociales, en un mot
du développement humain intégral.
Pour remédier véritablement à la crise
environnementale qui prend de plus en plus d'importance dans nos
sociétés, il faut penser une transformation radicale de la
conception de l'humain et de la nature. C'est donc au niveau de la connaissance
que se situe la solution. L'humain doit retrouver la conception sacrée
de la nature qui était présente dans toutes les autres
civilisations avant l'avènement de la modernité. Cependant, il ne
s'agit pas d'inventer une sacralité de la nature, pouvoir que l'humain
ne possède pas, mais bien de retrouver ce qui a été
délaissé. Pour retrouver le sacré, il suffit de mettre sur
pied une formation à l'environnement durable et dynamique.
Cette catéchèse doit insister sur
l'anthropocentrisme de l'humanisme qui en fait serait le théocentrisme
qui place le principe divin au centre de toute chose plutôt que l'humain.
De plus, une approche basée uniquement sur la sentimentalité ou
une éthique n'est pas suffisante et doit être
intégrée à une véritable connaissance objective de
la nature par la métaphysique.
Il s'agit donc de savoir ce qu'est objectivement la nature et
non de simplement réclamer une certaine valeur à la nature qui
aurait sa source uniquement dans la subjectivité humaine. Dans cette
catéchèse environnementale, il faut réaffirmer la
hiérarchie des savoirs par l'intégration des sciences dans une
perspective métaphysique, ce qui permettrait de limiter les
prétentions totalitaires de la science moderne dans les limites de ses
propres hypothèses philosophiques. Le problème ne réside
pas dans la science moderne en tant que telle qui possède une
légitimité lorsqu'elle ne déborde pas de son cadre, mais
plutôt dans l'attitude scientiste qui consiste à réduire
toute réalité au niveau physique.
Comme nous l'avons vu plus haut, la Technique a pris la place
laissée vacante par l'éviction de Dieu. Si nous ne voulons pas
qu'elle prenne toute la place, et réduise à
néant les efforts des hommes pour la maîtriser, il devient plus
urgent que jamais de la penser plus globalement qu'il n'a été
fait jusqu'à maintenant.
Laissée aux seuls soins des spécialistes,
l'écologie n'a aucune chance de renverser les tendances lourdes d'un
monde de plus en plus technicien et replié sur lui-même. Sur ce
terrain, pour les chrétiens, l'heure n'est plus au mutisme ni à
l'enfouissement.
Avec l'espérance chrétienne dont nous sommes
porteurs, nous croyons en l'avenir de l'homme et du monde. Avec tous les
humains, nous sommes invités à travailler dès maintenant
à assurer cet avenir dans une alliance renouvelée entre l'humain
et le reste de la création.
Pour réfléchir et intervenir de manière
pertinente sur les questions environnementales, l'Eglise a le devoir de se
donner les moyens d'une information fiable, approfondie et plurielle. Elle peut
aussi disposer des compétences de divers groupes d'expertises.
De même nous encourageons l'EEC, à l'image de ce
qu'a déjà entrepris certains mouvements écologiques, la
formation de groupes de chrétiens pour réfléchir aux
questions liées au respect de la création, échanger des
expériences, rédiger et diffuser des documents de
sensibilisation, proposer des initiatives et des campagnes qui mobilisent
largement.
Cette catéchèse peut revêtir un
caractère pratique car l'Eglise doit avoir conscience qu'elle n'est ni
la première ni la seule à intervenir sur le terrain de
l'environnement. D'où l'importance pour elle de bien repérer ceux
qui sont des acteurs décisifs du futur et de bien situer sa propre
parole car, « la communauté écologique que les
humains et les autres créatures forment ne saurait raconter ou
refléter la gloire de Dieu, que si ses composantes sont traitées
et abordées par l'homme comme des aides dont la dignité et la
valeur intrinsèque sont prises en
considération. »122(*)
Une parole d'Eglise sur les sujets environnementaux ne peut
être une prise de position scientifique. Elle n'a pas compétence
pour cela. Mais si elle veut que sa parole soit une parole d'alerte et
d'espérance, entendue par un grand nombre, il est essentiel qu'elle soit
en dialogue avec les principaux acteurs de la société :
chercheurs, politiques, philosophes, économistes, techniciens. Dans
certains cas, l'Eglise, en raison de son implantation locale, pourra offrir aux
agriculteurs un espace d'écoute et de dialogue, non pas seulement sur
les aspects techniques de la profession, mais sur le fond et le sens. L'Eglise
dans sa catéchèse doit aussi favoriser des ponts et des
solidarités entre les producteurs et les consommateurs, et promouvoir la
prise de conscience de responsabilités écologiques
partagées.
Les espaces de rencontre, d'écoute et de dialogue entre
des acteurs ayant des points de vue différents sont utiles et
féconds, s'ils sont des lieux d'échange fraternels et respectueux
de la parole de l'autre. La finalité de telles initiatives c'est d'aider
les chrétiens à une meilleure prise de conscience des enjeux et
des exigences qui s'imposent à chacun face à ces nouvelles
questions de la vie en société.
III.3- Repenser la
commission Diaconie, Justice, Paix et Sauvegarde de la création au sein
de l'EEC.
L'EEC dans son règlement intérieur,
décline la mission de cette commission en quelques points et concernant
la protection de la nature, il est dit « impulser l'action
de l'Eglise en matière de la promotion des droits humains et
environnementaux »123(*)
Disons déjà qu'en termes de cahier de charge
c'est un peu maigre pour une Eglise qui veut vraiment prendre au sérieux
la question de l'environnement. Ajouter une commission aussi importante
à celle de la diaconie dont les missions ne sont pas négligeables
semble être une fuite en avant. Pour plus de sérieux, l'EEC
gagnerait à détacher cette commission de celle de la diaconie et
restructurer la commission en charge de la nature, avec des objectifs
suffisamment clairs. Reto GMÜNDER et Marie-Philomène NGUEUGAM
pensent que « la sauvegarde de la création n'est
finalement pas simplement la préservation de quelques espaces verts ou
quelques espèces animales. Elle est le cadre élargi dans lequel
la justice et la paix se rencontrent et s'étendent à plus que
simplement le monde restreint des humains. Elle est un engagement pour une
société qui respecte toutes les créatures de Dieu,
l'humain, les animaux et les végétaux. »124(*)
Cette commission sera chargée de s'approprier les
grandes décisions des églises et autres organisations portant la
réflexion sur le sujet du climat, proposé ce qu'elle pense
être utile pour sauver notre planète. Car dans sa mission l'EEC
doit tenir compte de l'écologie qui, Selon Thomas
SIEGER, « est par définition l'état de toutes
choses dans leurs rapports les unes avec les autres, dans leurs liens
réciproques, la conception biblique de l'homme-dans-le-monde est
absolument écologique et non, comme d'autres le prétendent, trop
anthropomorphique pour que le monde naturel soit traité avec
respect »125(*)
Nous proposons que cette commission exhorte le gouvernement,
les institutions et grandes sociétés de notre pays à
prendre des initiatives propres à réduire de manière
drastique leurs émissions de gaz à effet de serre tout en
respectant et même en dépassant les dispositions de la Convention
cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
Elle doit encourager la signature des accords basés sur
les principes de la justice climatique, assurant un soutien effectif aux
communautés vulnérables afin qu'elles puissent s'adapter aux
conséquences des changements climatiques, grâce à des fonds
d'adaptation et des transferts de technologie ;
Elle doit avoir le courage d'interpeller la
communauté nationale à commencer une campagne de
réduction de la consommation d'énergie, d'eau, d'intrants
chimiques, de médicaments vétérinaires et d'aliments
exogènes du bétail.
Promouvoir l'existence des `'dimanches
verts'', journées pendant lesquelles, les exhortations et
les prédications seront centrées sur l'écologie et la
préservation de la nature, ou encore inciter des concepts à
vivre tels `'un chrétien, un arbre par an''126(*) pour lutter
contre la déforestation.
Interpeller le gouvernement camerounais à tirer la
leçon des exemples et des initiatives de populations autochtones,
groupes de femmes, collectivités paysannes et communautés
forestières qui proposent d'autres modes de réflexion et styles
de vie dans la création, en particulier dans la mesure où ces
populations reconnaissent la valeur des relations, de la sollicitude et du
partage et pratiquent des formes traditionnelles de production et de
consommation, respectueuses de l'environnement ;
Cette commission doit travailler en étroite
collaboration avec la commission Ministère Pastoral,
Evangélisation, Education Chrétienne et Enseignement
théologique afin de poursuivre l'action de sensibilisation et la
réflexion théologique dans les paroisses et parmi les
étudiants des facultés concernant une nouvelle vision
cosmologique de la vie, de l'éco-justice et de la dette
écologique, en encourageant l'étude et l'action, ainsi que la
production et la diffusion de matériels d'étude
théologiques et bibliques pertinents ;
L'EEC doit comprendre qu'il est important d'accompagner les
luttes en cours, de coordonner stratégiquement et de soutenir les
efforts des mouvements d'agriculteurs, de femmes, de jeunes et de populations
autochtones, par l'intermédiaire du Forum social mondial et par d'autres
moyens, en vue d'élaborer de nouvelles propositions de compensation et
d'éviter que la dette écologique ne s'aggrave ; il faut par
ailleurs travailler pour la lutte contre l'érosion des sols et la
préservation de leur fertilité car
« l'érosion des sols, notamment dans les zones tropicales
pluvieuses soumises à la déforestation, provoque la perte
définitive de vastes surfaces de terres cultivable, à quoi
s'ajoutent des inondations désastreuses en
aval. » 127(*)
L'EEC doit aussi être interpeller par cette commission
à résister tout simplement aux tentations de la publicité,
de la mode, du matérialisme et, en revanche, nous contenter davantage de
ce qui est nécessaire et non superflu pour vivre: n'hésitons pas
à marcher à contre-courant! Revenons à un style de vie
plus modéré...
La commission doit encourager les paroissiens de l'EEC
à réduire leur consommation d'essence et marcher davantage, ou
utiliser les vélos. Ils peuvent aussi réduire, dans certains
cas, la consommation d'eau potable, d'électricité, etc.
Elle doit encourager les scientifiques à favoriser le
développement des énergies renouvelables (solaire,
éolienne, eau etc.) pour ne pas nous retrouver dans une situation aussi
complexe que celle des pays développés. Nous savons que,
retourner à l'état `'primitif'' est une équation quasi
impossible mais il faut tout faire désormais avec
dextérité et prudence comme le pense Thomas SIEGER quand il
déclare « notre but, dans la gestion d'un environnement
sain, dans l'utilisation des résultats de la science et de la technique
de pointe qui nous sont accessibles, est de maintenir et d'améliorer la
qualité de la vie humaine, de faire une meilleure société
en maitrisant la nature »128(*)
Cette structure doit dénoncer la désinformation
dont nous sommes souvent l'objet, ce qui suppose que nous fassions l'effort de
nous informer, même si cela n'est pas toujours facile...
La commission doit pousser et encourager l'EEC a
participé au débat politique (gestion de la cité): rien
ne nous empêche de faire entendre notre voix auprès des
autorités locales, régionales ou nationales, pour les encourager
à prendre des mesures saines visant à protéger
l'environnement.
Cette commission doit aborder le sujet du climat lors des
grandes réunions et grands débats dans l'EEC et trouver ensemble
des solutions pratiques à notre portée. Il faut poursuivre le
débat dans ce sens et ne pas négliger les petits commencements:
la mise en pratique des recommandations formulées par les
autorités civiles ou religieuses commence par des gestes très
simples qui visent à préserver la création dans notre
univers quotidien.
Le plus important c'est prêcher et vivre une
spiritualité de l'engagement, une démarche intérieure et
personnelle, qui ne prend sens que si elle se traduit et se nourrit par un
engagement et prend corps dans une lutte au niveau collectif et une action
militante pour un monde habitable pour toute la famille humaine. A son tour,
l'engagement s'alimente du cheminement intérieur, sans lequel il est
voué à l'épuisement. L'engagement devient de la sorte plus
ancré et plus cohérent. C'est donc une spiritualité
engagée dans la lutte contre la crise écologique que nous voulons
promouvoir et encourager.Nous envisageons ainsi la spiritualité
écologique comme l'espace de liberté où l'être
humain, conscient de sa finitude, fait des choix, pose des décisions et
finalement, oriente son désir.
L'engagement de l'EEC dans le domaine environnemental n'est
plus à négocier. Cette lutte pour la protection de la nature
semble être une obligation comme le soulignent si bien Reto GMÜNDER
et Marie-Philomène NGUEUGAM lorsqu'ils
déclarent : « Or cet engagement pour la justice,
la Paix et la sauvegarde de la Création n'est pas un loisir ou une
occupation annexe de l'Eglise. Elle est une manière essentielle
d'obéir au Christ, de le suivre, de prendre sur nous sa croix et de le
servir. Cela fait partie de la vocation même de l'Eglise. C'est une
manière de concrétiser l'Evangile et de prêcher par
l'exemple. »129(*)
Conclusion partielle
Cette troisième partie nous a permis de partir de la
composition d'une biocénose pour dégager les enjeux bibliques et
sociaux de la sauvegarde de la nature. Nous avons dégagé quelques
défis pour le missionnaire en matière de protection de la nature
sur les plans spirituel, économique et éthique, pour boucler par
quelques propositions pour une lutte multidimensionnelle contre la crise
écologique par l'EEC. Ici nous avons pensé qu'il faut, pour une
lutte profonde et un apport sérieux de la part de l'EEC, repenser la
commission chargée de cette dimension. Tout laisse croire que la
commission chargée de la justice, la paix et la sauvegarde de la nature
dans l'EEC est un vase vide.
CONCLUSION GENERALE
Parvenus au terme de notre travail, nous constatons que pour
trouver l'énergie et l'intelligence créatrice nécessaire
pour répondre aux défis d'une époque aussi troublée
que la nôtre, il faut une conscience nouvelle. Le défi de prendre
soin de l'environnement, notre héritage commun est une
responsabilité collective et universelle de toute l'humanité,
chrétien y compris ceux de l'EEC. Cette responsabilité n'est pas
seulement pour le présent mais également pour protéger
l'intérêt des générations futures. Il nous incombe
en tant qu'individus, Eglise, communautés, Etats à une dimension
internationale. Toutes les parties prenantes doivent s'impliquer. Mais pour y
arriver, il faudrait d'abord une étincelle pour que naisse une vraie
passion à la hauteur de la gravité des enjeux. Et c'est bien ce
qui manque à une époque qui préfère le plus souvent
la tiédeur, la légèreté frivole, l'évasion
ludique et la dérision. Le chrétien doit comprendre que
protéger l'environnement, c'est protéger sa source de nourriture
et d'eau potable car tout ce que nous mangeons et buvons provient de la nature.
Or toute pollution finit par se retrouver un jour sur nos tables, dans l'eau
que nous buvons ou dans ce que nous mangeons. Et ces polluants nous feront
développer des maladies ou des malformations.
Notre interpellation, c'est que l'EEC utilise tous les moyens
possibles et raisonnables pour que la nature produise une eau et une
nourriture saines et en quantité suffisante. Pour cela, nous devons
éviter de polluer les sols et les mers. Nous devons éviter de
rejeter sans précaution ou répandre des produits chimiques
à l'excès. La protection de l'environnement entraine la
préservation de la qualité de l'air que nous respirons ; quand
nous savons aussi que l'air est absolument indispensable à notre survie.
L'air nous apporte l'oxygène, carburant de nos cellules. A chaque
inspiration, nous inhalons les gaz et les particules qui se trouvent dans
l'atmosphère. Certains de ces gaz et particules sont nocifs pour notre
organisme. A chaque inspiration, nous absorbons donc un peu de poison. Respirer
met alors notre santé en danger et nous rend malades. Alors que respirer
devrait seulement nous maintenir en vie. L'EEC dans sa mission doit exhorter
ses fidèles et autres occupants de la nature à ne pas polluer
notre atmosphère. Nous ne devons pas y rejeter des gaz nocifs ou des
particules dangereuses pour la vie car protéger la qualité de
l'air, c'est préserver la santé et donc l'avenir de
l'humanité. L'EEC est appelée dans sa mission à conserver
le climat que nous connaissons car notre monde et la société ont
des modes de vie adaptés au climat actuel. Si le climat change, nos
sociétés n'y seront pas adaptées. Certaines régions
subiront de graves désordres. Selon les endroits du monde, on assistera
à une montée des eaux, à des sécheresses, des
inondations à répétition, des tempêtes violentes,
etc. Ces cataclysmes feront fuir les populations ou les décimeront. Les
populations devront se déplacer ou changer de mode de vie. Des conflits
éclateront pour la vie dans les régions
épargnées.
La flore et la faune évolueront avec la modification du
climat. Certaines plantes ne seront plus adaptées. L'agriculture locale
en sera affectée. Des parasites s'étendront dans de nouvelles
régions, propageant des maladies pour l'homme, les plantes et les
animaux. La nature n'aura pas le temps de s'adapter. L'équilibre actuel
sera bouleversé. Nous devons donc comme chrétien, limiter notre
impact sur le climat en réduisant nos rejets de gaz à effet de
serre. Car nos rejets atmosphériques accentuent l'effet de serre
naturel, qui contribue à chauffer notre planète. Pour cela, il
faut notamment veiller à limiter notre consommation d'énergie.
L'EEC doit veiller à ne pas détériorer le climat, ceci
aiderait à préserver l'équilibre fragile de la Terre et
donc l'avenir de l'humanité.
L'EEC comme Eglise en mission doit prendre au sérieux
l'aspect écologique ceci en préservant la biodiversité.
Toutes les espèces doivent être respectées et
préservées, pour la seule raison qu'elles sont la création
de DIEU, comme l'homme et pour éviter de rompre la chaine alimentaire.il
faut aussi signaler que toutes les espèces sont aussi nécessaires
à la survie et à l'avenir de l'homme. Les plantes et les animaux
peuvent contribuer à notre santé. Car c'est parmi les
espèces sauvages, parfois encore inconnues, que l'homme a
découvert ou découvrira encore des médicaments. Ce sont
aussi ces espèces sauvages qui peuvent aider notre agriculture. Elles
peuvent aider à améliorer le rendement ou la résistance
aux maladies de nos plantations ou de nos élevages. La nature est une
source de découvertes futures et de solutions à nos
problèmes. Il serait suicidaire de détruire tout cela avant
d'avoir pu en bénéficier.
Nous devons empêcher la destruction des espaces
naturels. L'EEC se doit de militer pour la protection des espèces en
danger car cela va permettre de sauvegarder un réservoir de solutions
futures à nos problèmes.
Nous devons prendre conscience et faire prendre conscience
à chacun de l'importance de protéger l'environnement. Car
protéger l'environnement, c'est protéger l'humanité et
permettre qu'elle survive. L'homme ne vit pas tout seul et isolé. Il vit
dans un environnement dont il est totalement dépendant.
Vivre dans des villes, entourées de technologie, nous
le fait souvent oublier. Mais si nous détériorons notre
environnement, celui-ci nous rappellera vite notre dépendance à
son égard. C'est pourquoi L'EEC doit également intégrer
dans le culte les questions du changement climatique, de justice, de
responsabilité et de spiritualité écologique.
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* 81 Georges FRANÇOISE
et Guy MENANT, Op. Cit., P. 78.
* 82 Georges FRANÇOISE
et Guy MENANT, Op Cit., P. 78.
* 83 Jean Bosco MOUTHE,
Annale Mouthe : Première D Science de la Vie et de la
Terre, SE, SL, 2011, P. 21.
* 84 Corps rocheux d'origine
extraterrestre qui a survécu à la traversée de
l'atmosphère et qu'on retrouve donc sur le sol.
* 85 Jean Bosco MOUTHE, Op Cit.
P 47.
* 86 Zone de
l'atmosphère terrestre située entre 0 et 10 kilomètres
d'altitude dans les zones tempérées
* 87 Couche de
l'atmosphère située entre la troposphère (6 à 17 km
d'altitude) et la mésosphère (50 km d'altitude). La
frontière de la troposphère et de la stratosphère peut
être considérée comme une sorte de surface de
discontinuité, étant donnée la différence des
propriétés de l'air dans la troposphère et la
stratosphère, et on peut imaginer l'existence de mouvements ondulatoires
se propageant le long de cette surface.
* 88 L'ozone ou
trioxygène, est une substance de formule chimique O3 : ses
molécules sont triatomiques, formées de trois atomes
d'oxygène.
* 89 Le monoxyde de carbone
est le plus simple des oxydes du carbone. La molécule est
composée d'un atome de carbone et d'un atome d'oxygène ; sa
formule brute est CO et sa formule semi-développée C=O. Ce corps
composé est à l'état gazeux dans les conditions normales
de température et de pression.
* 90
http://www.humanite.fr/le-taux-de-co2-dans-lair-plus-important-que-jamais-618889
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ligne consulté le 22 Mai 2017 à 17H36, l'eustatisme est une
variation lente du niveau des océans et des mers, d'origine tectonique
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édition, Armand Colin, Paris, 2002, P. 170.
* 107 Georges FRANÇOISE
et Guy MENANT, Op Cit P. 76.
* 108 Milieu de vie stable
caractérisé par l'association de la faune et de la flore à
un moment déterminé.
* 109 Georges FRANÇOISE
et Guy MENANT, Op Cit. P.59
* 110 Georges FRANÇOISE
et Guy MENANT, Op Cit. P.60
* 111 Microsoft®
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* 112 Bernard GILLERON,
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* 114Dorcas AKITUNDE et Al,
Introduction à la théologie systématique :
vol 2 -Ethique, CLE, Yaoundé, P.114.
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* 117 Dorcas AKITUNDE, Op.
Cit., P.119.
* 118Otto
SCHÄFER-GUIGNIER, Op. Cit, P.75.
* 119André ROUX, Op
Cit. P. 303.
* 120I. NAGY, cité par
Jean Samuel ZOE-OBIANGA, Op. Cit., P. 117.
* 121 Encyclique Benoît
XVI, Caritas in veritate, 51.
* 122Jean Samuel ZOE-OBIANGA,
Op. Cit., P. 115.
* 123Règlement
intérieur de l'EEC, Op Cit, P. 83.
* 124Reto GMÜNDER ;
Marie-Philomène NGUEUGAM, L'Evangile en action :Justice, Paix
et Sauvegarde de la création dans l'Ouest Cameroun, Collection Foi
et Action, CIPCRE, Douala 2002, P. 31.
* 125Thomas SIEGER
DERR, Ecologie et libération humaine, Labor et
Fides ; Genève, 1974, P. 50.
* 126Cette opération
peut se faire en début de chaque année ou pendant les fêtes
de reconnaissances à Dieu.
* 127Otto
SCHÄFER-GUIGNIER, Op Cit., P. 15.
* 128 Thomas, SIEGER DERR, Op
Cit., P. 116.
* 129 Reto GMÜNDER ;
Marie-Philomène NGUEUGAM, Op Cit., P 31.
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