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Crise écologique et mission de l’église évangélique du cameroun


par Clément Hervé KUATE DJILO KUATE DJILO
Université Protestante d'Afrique centrale  - master  2017
  

Disponible en mode multipage

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PAGE DE DEDICACE

Nous dédions ce Mémoire :

- A notre épouse SIMO NKUATE Arlette, nos enfants Jonas, Gloria, Naomi, Pierre Aimé et Vanessa.

- A Mme NONO Marie Claire.

PAGE DE REMERCIEMENTS

Nous tenons ici à remercier de tout coeur et de manière sincère, le Dieu Tout Puissant, Père de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ qui nous a appelé et placé dans son champ pour la mission. Nos remerciements vont également :

A tous les professeurs de l'UPAC et de l'Université de Strasbourg, particulièrement ceux de la FTPSR qui nous ont suffisamment encadré durant les années académiques 2015-2016 et 2016-2017.

Au Dr NGIRINSHUTI Marcel, qui a accepté diriger ce travail ; ses conseils, sa disponibilité, ses orientations et surtout sa patience et son sens élevé de la recherche nous ont donné de travailler dans un climat détendu et serein.

Au Dr.BISSOHONG BI BISSOHONG Ebénézer Assesseur de ce travail pour ses remarques qui nous ont permis d'améliorer la qualité de notre travail.

Au Pr. FROUISOU Samuel Président de jury, qui des mains de maitre a su modérer et contribuer de façon indéniable à parfaire la qualité de ce travail.

A notre tendre et charmante épouse Mme KUATE DJILO née SIMO NKUATE Arlette et nos enfants Jonas, Gloria, Naomi, Pierre Aimé et Vanessa pour leur chaleur, leur encouragement et leur présence à nos côtés pendant la rédaction de ce travail.

A Mme NONO Marie Claire, une dame de coeur, pour le soutien multiforme dont nous avons été bénéficiaire pendant notre formation.

A la famille de mon ami et frère le Dr TAGNE SIMO Richard, pour les encouragements et le soutien aux moments où nous hésitions reprendre avec les études.

A nos parents DJILO Michel et MOTOUOM ainsi que nos beaux-parents NKUATE et KENGNE pour la confiance et pour les conseils qui nous ont permis de nous améliorer sur le plan intellectuel.

Aux pasteurs PRISO MOUNGOLE Richard, KEMOGNE Jonas, MEMIAFO Abestine, KOUAMEGNE Daniel, MANYAKA KOUM Samuel Valérie, NOUKOUA Jean Roland, DONGMO OUANDA Salmon, Dr. KOUONGA Benjamin, Dr. FOSSOUO Pascal, pour les encouragements et les conseils que nous avons reçus d'eux pendant notre formation et durant la rédaction de ce travail.

A Mme NGAYAP Paulette, Mme NONO Edith, Mme MAGNI Elisabeth, Me FOTSO MEKU Annie, la famille NANA Fabien, TUMAMO Ernest, NKOAGNE Josué, KENNE Victor, SELATSA Michel, POKA, SANDJONG Isaac, TANKOUAM Roland, WABO André, TANDOM Emmanuel, MBONDA Elie, NZALI Elie, TACHIE Samuel, pour tous les conseils reçus.

A tous les frères et soeurs de la famille DJILO et NKUATE, aux amis NGUETE Wilfried, TAKEU Guy, KABIWO Jean Hervé, TUMAMO Jerry.

Aux communautés EEC de NLONGKAK, de BIYEMASSI, de MELEN, pour leur accueil et surtout l'encadrement alloué pour que le travail soit fait sans anicroche.

A tous les moniteurs du culte d'enfants ainsi que nos promotionnaires pour la chaleur qui se dégageait chaque fois que nous étions ensemble.

Notre gratitude va à l'endroit de tous ceux qui reconnaissent avoir participé d'une manière ou d'une autre à la réalisation de ce travail et que nous n'avons pas nommés ici. Que le Christ Jésus les comble de ses multiples grâces.

TABLEAUX DES SIGLES ET ABREVIATIONS

SIGLES

SIGNIFICATIONS

01

CAFRAD

Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui

02

CEBEC

Conseil des Eglises Baptiste et Evangélique du Cameroun

03

C.E.P.CA

Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun

04

C.E.T.A

Conférence des Eglises de Toute l'Afrique

05

C.E.V.A.A

Communauté Evangélique d'Action Apostolique

06

CH4

Méthane

07

CLE

Centre de Littérature Evangélique

08

CO2

Dioxyde de Carbonne

09

COE

Conseil OEcuménique des Eglises

10

COP

Conférence des Parties

11

EEC

Eglise Evangélique du Cameroun

12

Etc

Cætera ou et cetera

13

FTPSR

Faculté de Théologie Protestante et des Sciences Religieuses

14

IPTN

Institut Protestant de Théologie de Ndoungué

15

MEU

Mission Evangélique Unie

16

NASA

National Aeronautics and Space Administration

17

Op. Cit.

(Opere citato), déjà cité

18

PIB

Produit Intérieur Brut

19

Pp.

Pages

20

S.M.E.P

Société des Missions Evangéliques de Paris

21

SDN

Société des Nations

22

TOB

Traduction OEcuménique de la Bible

23

UEBC

Union des Eglises Baptistes du Cameroun

24

UPAC

Université Protestante d'Afrique Centrale

ABREVIATIONS

SIGNIFICATIONS

01

Act.

Actes des Apôtres

02

Al.

Les autres

03

Dr.

Docteur

04

Dt.

Deutéronome

05

Es.

Esaïe

06

Ex.

Exode

07

Ez.

Ezéchiel

08

Gn.

Genèse

09

Hé.

Hébreux

10

Jg.

Juges

11

Jr.

Jérémie

12

Lv.

Lévitique

13

Mgr

Monseigneur

14

Mt.

Matthieu

15

Nb.

Nombres

16

P.

Page

17

Pr.

Professeur

18

Ps.

Psaumes

RESUME

L'évolution fulgurante de la société avec les changements climatiques, la perte massive de biodiversité, la pollution des écosystèmes, la transgression des cycles naturels et l'épuisement des ressources, ont une forte influence non seulement sur les êtres humains mais aussi sur les autres êtres vivants et leurs milieux de vie. Dans une perspective holistique du salut prêché par l'Eglise Evangélique du Cameroun, il y a urgence d'un redéploiement de cette dernière dans tous les secteurs de la vie, notamment dans le secteur écologique.

Quand nous regardons l'engagement de la société civile pour lutter contre la crise écologique, l'EEC tarde encore à s'engager à fond dans la lutte, se contentant à créer un département chargé de la question écologique sans cahier de charge.

Nous nous sommes demandé si avec ces efforts la lutte que mène l'EEC peut être efficace. Pour répondre à cette question nous avons fait un travail subdivisé en trois parties :

La première partie est une brève histoire de la mission, un aperçu sur les défis missionnaires et une brève présentation de l'EEC qui est notre Eglise cible. Ici, le champ d'étude l'exigeant, il faut revisiter l'histoire des missions avec les défis généraux qui se présentent dans le champ de la mission actuellement.

Dans la deuxième partie, il est question de faire l'état des lieux de la crise écologique, en partant de ses fondements bibliques pour déboucher sur les causes, les conséquences et les responsables. Cette partie nous permet aussi de voir l'impact de crise écologique sur les espaces terrestre, marin et aérien.

Dans la troisième partie, il s'agit des enjeux et des défis qui attendent l'Eglise Evangélique du Cameroun en matière de sauvegarde de la nature. L'EEC doit revoir le rôle de la commission chargée de la préservation de l'environnement avec une présence plus accrue et accentuée sur le terrain de la lutte contre la crise écologique.

Mots clés : Cameroun, création, crise, écologie, Eglise, évangile, homme, lutte, mission, protection.

ABSTRACT

The rapid changing of the society, the massive loss of biodiversity, the pollution of ecosystems, the violation of natural cycles and depletion of resources, have a strong influence not only on human beings but also on other living creatures and their living environments. From a holistic perspective of salvation preached by the Evangelical Church of Cameroon, there is an urgent need for a redeployment of the latter in all sectors of life, especially in the ecological sector.

When we look at the commitment of civil society to tackle the ecological crisis, the ECC is still slow to commit itself fully to the struggle, merely creating a department responsible for the ecological issue without specification.

We asked ourselves if with these efforts the struggle that the ECC is leading can be effective. To answer this question we have made a work subdivided into three parts:

The first part is a brief history of the mission, an overview of the missionary challenges and a brief presentation of the ECC which is our target church. Here, as the field of study demands, it is necessary to revisit the history of missions with the general challenges that present themselves in the field of mission at today.

In the second part, it is a question of doing a checkup of the ecological crisis, starting from its biblical foundations to lead to the causes, the consequences and the responsible ones. This section also allows us to see the impact of ecological crisis on land, sea and air.

In the third part, it concerns the stakes and challenges that await the Evangelical Church of Cameroon in the safeguarding of creation. The ECC must review the role of the Commission for Environmental Preservation with a greater and greater presence on the ground in the fight against the ecological crisis.

Keywords: Cameroon, creation, crisis, ecology, church, gospel, man, struggle, mission, protection.

TABLE DES MATIERES

PAGE DE DEDICACE..........................................................................................iv

PAGE DE REMERCIEMENTS ii

RESUME vi

ABSTRACT vii

INTRODUCTION GENERALE 1

a) Contexte et motivations 2

b) Option ou champ de recherche 5

c) Du choix du sujet 5

d) Problématique et questions de la recherche 6

e) Hypothèses de recherche 6

f) Objectifs de la recherche 6

g) Revue littéraire 7

h) Méthodologie de travail 9

PREMIERE PARTIE : BREVE HISTOIRE DE LA MISSION ET DEFIS MISSIONNAIRES 10

CHAPITRE I : CLARIFICATION DU CONCEPT ET FONDEMENT BIBLIQUE DE LA MISSION. 10

I.1- Clarification terminologique du concept `'mission''. 10

I.2- Fondement vétérotestamentaire de la mission. 12

I.3- Fondement néotestamentaire de la mission. 17

CHAPITRE II : VOCATION, REALISATION ET DEFIS MISSIONNAIRE. 21

II.1- Vocation missionnaire de l'église. 21

II.2- Quelques réalisations missionnaires au Cameroun. 24

II.3- Défis missionnaires actuels pour le clergé de l'EEC. 27

CHAPITRE III : BREVE PRESENTATION DE L'EGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN. 32

III.1- La genèse de l'E.E.C. 32

a. La Mission Baptiste de Londres (1841-1886) 32

b. La Mission de Bâle (1886-1914) 32

c. La Société des Missions Evangéliques de Paris (1917-1957) 33

III.2. Des sociétés de missions à l'autonomie de l'EEC. 34

III.3. Organisation Structurelle de l'EEC. 36

Conclusion partielle 38

DEUXIEME PARTIE : LA CRISE ECOLOGIQUE 39

CHAPITRE I : CLARIFICATION TERMINOLOGIQUE ET FONDEMENT BIBLIQUE DE L'ECOLOGIE. 40

I.1- Clarification des termes `'crise'' et `'écologie''. 40

I.2- L'écologie dans l'Ancien Testament. 43

I.3- L'écologie dans le Nouveau Testament. 46

CHAPITRE II : LA CRISE ECOLOGIQUE DANS LES ESPACES TERRESTRE, MARIN ET AERIEN. 49

II.1- La crise écologique dans l'espace terrestre. 49

II.2- L'espace marin et la crise écologique. 52

II.3- La crise écologique en rapport avec l'espace aérien. 54

CHAPITRE III : LA CRISE ECOLOGIQUE ENTRE CAUSES, CONSEQUENCES ET RESPONSABILITES. 60

III.1- Les causes de la crise écologique actuelle. 60

III.2- Les conséquences de la crise écologique actuelle. 65

III.3- Les responsables de la crise écologique. 68

Conclusion partielle 71

TROISIEME PARTIE : LA SAUVEGARDE DE LA NATURE : ENJEUX ET DEFIS POUR LA MISSION DE L'EEC 73

CHAPITRE I : COMPOSITION DE LA BIOCENOSE ET ENJEUX BIBLIQUES ET SOCIAUX DE LA PRESERVATION DE LA NATURE. 73

I.1- composition de la biocénose. 73

I.2- Les enjeux bibliques de la sauvegarde de la nature. 74

I.3- Les enjeux socio-politiques de la sauvegarde de la nature. 76

CHAPITRE II : DEFIS MISSIONNAIRES DE LA SAUVEGARDE DE LA NATURE. 78

II.1- Défis missionnaires sur le plan spirituel. 78

II.2- Défis missionnaires sur le plan politico-économique. 79

II.3- Défis missionnaires sur le plan éthique. 82

CHAPITRE III : QUELQUES PROPOSITIONS POUR UNE LUTTE MULTIDIMENSIONNELLE CONTRE LA CRISE ECOLOGIQUE PAR L'EEC. 86

III.1- Pour un renforcement de la conscience théologique. 86

III.2- Pour une catéchèse environnementale. 88

III.3- Repenser la commission Diaconie, Justice, Paix et Sauvegarde de la création au sein de l'EEC. 90

Conclusion partielle 93

CONCLUSION GENERALE 95

BIBLIOGRAPHIE 97

INTRODUCTION GENERALE

Aujourd'hui, nous avons l'impression que l'Eglise en général et l'EEC en particulier annonce encore l'Evangile spirituel et social, comme si les questions écologiques n'étaient pas un défi et une préoccupation de haute importance missionnaire. Le salut est prêché comme si le sort de l'humain à qui s'adresse ce salut n'était pas étroitement lié à celui de son environnement écologique. Dave BOOKLESS parlant de l'homme dans la société pense que « l'évolution fulgurante de la société influence non seulement leurs lieux de vie, mais les pays dans lesquels ils résident, les champs qu'ils cultivent et les mers dont ils exploitent les ressources. »1(*) Pourtant, l'être humain ne peut s'épanouir sans un environnement équilibré et sain. Il suffit de promener un regard désabusé sur le paysage planétaire d'aujourd'hui pour se rendre compte que notre vision du monde évolue et change. Dans nos interrelations avec notre milieu de vie, nous sommes appelés à jouer un double rôle ; dans un premier temps, comme êtres vivants, nous devons nous adapter à notre entourage et le protéger comme étant un bien essentiel. Ensuite, comme être pensant, car l'humain apparait à la fois comme créature et aussi comme concepteur de son environnement, qui assure sa subsistance physique et lui offre la possibilité d'un développement intellectuel, moral, social environnemental et spirituel.

Sur un plan purement environnemental, la crise écologique devient de plus en plus insupportable. Pour preuve, les ressources naturelles se raréfient à une vitesse préoccupante; le déchaînement des cataclysmes de plus en plus fréquents sème une inquiétude croissante; la biodiversité en péril fait dire aux uns et aux autres que nous approchons de ce qu'il est désormais convenu d'appeler l'apocalypse; le réchauffement climatique accélère ses retombées non négligeables sur l'équilibre de notre écosystème; bref, notre marque écologique encombrante a profondément défiguré la physionomie de la planète.

Dans cette logique, nous pensons que la crise la plus importante que l'humanité devra affronter dans les jours à venir est la crise écologique. Bien plus important que la guerre ou le terrorisme, l'éclatement de la société ou l'effondrement économique, toutes crises plus immédiatement visibles et plus bruyantes auxquelles il contribue en réalité à la désintégration du magnifique système qui assure notre vie sur cette planète met en danger notre existence même.

Pour l'heure, nous assistons à la période d'extinction des espèces la plus importante de tous les temps. Or chacune des espèces est une expression unique du dessein de Dieu, ciselée et façonnée pendant des millions d'années, et leurs sublimes formes de vie disparaissent, bien souvent avant même que nous ayons connaissance de leur existence ou du rôle qu'elles jouent au sein du tissu de la nature voire dans le maintien de notre bien-être. Les ressources de la terre, sont épuisées, nous polluons l'eau douce, transformons les terres fertiles en désert et remplaçons les paysages luxuriants par des monocultures nuisibles. Nous remplissons l'atmosphère de dioxyde de carbone, déchet de notre envie insatiable de plus de biens, plus de voyages, altérant comme jamais la couche d'air fragile qui enveloppe notre planète, faisant fondre nos calottes glaciaires et noyant les zones côtières avec leurs habitants, humains ou non. Nous abattons les forêts comme s'il n'y avait pas de lendemain où nous aurons besoin de l'oxygène qu'elles produisent.

Le problème est que certains d'entre nous, de là où ils se trouvent, ne sont pas en mesure d'appréhender l'ampleur de la crise. Mais quand on est attentif aux rapports de plus en plus nombreux émanant de la communauté scientifique, l'analyse actuel avec un esprit critique, l'examen des rouages de l'économie mondiale, l'écoute de la voix de ceux qui parlent au nom des sans-voix , des personnes opprimées, défavorisées, marginalisées, mais aussi les animaux et les plantes, on se dit que l'heure est grave. Notre planète, notre seule demeure dans cet univers, semble d'ores et déjà devenu un lieu plus ou moins inhospitalier.

a) Contexte et motivations

Le contexte de notre étude est celui d'une Eglise, l'EEC qui vit dans un monde avec des changements sur le plan climatique qui touchent presque toutes les couches de la société. Ceci se traduirait par un laxisme observé dans les débuts par ses fidèles marqués par un refus de mettre la parole de Dieu en pratique, et aussi une marque d'impunité pour les acteurs destructeurs de la création. Ce  manque de préoccupation pour mesurer les préjudices causés à la nature et l'impact environnemental a pour corollaire les méfaits naturels qui apparaissent comme le message que la nature porte dans ses structures mêmes. 

Si l'être humain se déclare autonome par rapport à la réalité et qu'il se pose en dominateur absolu, la base même de son existence s'écroule, parce qu'au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l'oeuvre de la création, ce dernier se substitue à Dieu et ainsi finit par exciter la révolte de la nature. En 2016 s'est tenu à Paris le fameux sommet des chefs d'états et de gouvernement (COP 21) pour réfléchir et prendre des engagements pour la sauvegarde de la nature. L'Eglise n'était pas en reste. D'ailleurs ses multiples déclarations parmi lesquelles celle du COE qui stipule « Le Conseil oecuménique des Églises (COE) et ses Églises membres, Alliance ACT, les communions chrétiennes mondiales et de nombreuses autres organisations d'inspiration religieuse et de la société civile militent depuis longtemps pour obtenir ces résultats. Nous saluons en particulier le rôle pionnier qu'a joué le Patriarcat oecuménique dans la lutte contre les changements climatiques et la défense de l'environnement depuis 1981. L'Accord de Paris a été accueilli très favorablement et largement applaudi par la communauté internationale et la société civile. Le COE salue notamment le fait que cet accord traduise une approche plus juste des réponses apportées à la crise climatique, donnant un signe d'espoir très attendu à ceux qui sont les plus vulnérables à ses conséquences. »2(*)La CETA dans sa déclaration du 13 Novembre 2007 stipule ce qui suit : « Nous invitons les pays africains à établir des politiques cadres pour réagir au changement climatique et pour mettre en place des cadres et des mécanismes pour protéger les communautés qui sont particulièrement vulnérables au changement climatique tout en instituant en même temps des cadres qui vont rendre disponible l'énergie renouvelable pour l'usage dans leurs pays. »3(*) Le document de base de l'Eglise qu'est la Bible en dit également long dessus. Comme chrétien et soucieux de la préservation de la nature, notre sujet a des motivations multiples.

- Le comportement de plus en plus regrettable des camerounais vis-à-vis de la nature à travers les forêts luxuriantes, pillées avant d'être rasées pour les besoins d'exportation. Nous avons le cas des grandes forêts du Sud et de l'Est. Au Cameroun, selon R. NGOUFO et M. TSALEFAC,  la déforestation progresse à un taux annuel de 0.6% ; en effet, le Cameroun est classé parmi les cinq plus grands exportateurs mondiaux de grumes4(*). De plus, son économie se divise en deux grands secteurs économiques : l'agriculture et l' exploitation forestière qui représentent 42 % du  PIB en 1950 ou 60 % de la population active.

- Les fleuves majestueux, asservis ou rétrécit et asséchés au nom du développement de la Nation. Nous n'avons qu'à faire un saut du coté de Douala pour voir le Wouri être comprimé pour les besoins de construction. Cette situation entraine des inondations au moment de la saison des pluies.

- Les montagnes célestes, éventrées (cas de la falaise de DSCHANG pour faire passer le goudron) et vidées de leurs précieux minerais (cas du fer de MBALAM à l'Est Cameroun).

- Nous découvrons que la Nature n'est pas un réservoir inépuisable. Il faut de ce fait, des limites à son exploitation. Certains abus peuvent se dévoiler comme irréversibles. Tenons par exemple, il existe par exemple un potentiel d'environ 300 essences d'arbres exploitables au Cameroun même si aujourd'hui seules 40 sont exploitées (estimation de Letouzey cité par Obam, 1992). L'immense biodiversité qui en résulte est un stock de richesse pour les populations locales mais aussi pour le reste de l'humanité. La diminution des surfaces boisées entraine une perte de cette  biodiversité ce qui a des répercussions directes sur les peuples agro forestiers et indirectes sur le reste du monde5(*).

D'un certain côté, la science nous rend le service de nous montrer qu'il nous faut mettre une limite à notre maîtrise, acquérir, si l'on peut dire, la maîtrise de la maîtrise.

- La planète terre qui se réchauffe tous les jours et toujours davantage nous interpelle au même titre en tant qu'habitant et ensuite chrétien. Selon le Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA, l'année 2015 a été l'année la plus chaude depuis le début des statistiques (1880), d'après les analyses convergentes des scientifiques de la NASA et de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), avec une certitude statistique à 94 % ; elle a dépassé de 0,13 °C le précédent record établi en 2014 ; 15 des 16 années les plus chaudes enregistrées sont postérieures à 2000, l'exception étant 1998. Depuis 1880, la température moyenne à la surface de la Terre s'est réchauffée de 1,0 °C6(*). Au Cameroun, nous avons le cas du   lac Nyos qui se situe près de la frontière avec le Nigeria. Il présente deux dangers : une inondation et un relâchement d'une quantité dangereuse de  CO2 captif. Son relâchement naturel de CO2 a été à l'origine d'une catastrophe environnementale qui a eu lieu le 22 août 1986. Cette catastrophe a coûté la vie à 1 700 personnes, a tué du bétail et a changé les conditions pédologiques des sols.

- Nous avons constatés douloureusement que lorsque l'homme se détourne de la loi de Dieu et de son amour, créant ainsi une situation de crise et la création toute entière entre en révolte contre lui. Or, la fidélité à Dieu comporte également la bonne gestion et intendance de la création. Si cela n'est pas réalisé, alors le mauvais intendant en subira la conséquence. La nature tyrannisée par celui qui devrait en prendre le plus grand soin se révolte contre lui.

- Il y a comme un manque d'information et de formation du peuple de Dieu au sujet du rôle qu'il a à jouer dans la sauvegarde de la nature.

- C'est très rarement que nous entendons lors des prédications ou des cultes, des pasteurs parler des sujets environnementaux comme la sècheresse qui pourtant est perceptible au Cameroun. Tenons : On observe un réchauffement des océans, qui diminue avec la profondeur. L'élévation de température depuis 1960 est estimée à 0,6 °C pour les eaux de surface, et à 0,04 °C pour l'océan dans son ensemble7(*). Avec ce rythme, nous pouvons voir et comprendre pourquoi au Cameroun, certains cours d'eaux ont disparu dans nos villages.

- Certains chercheurs, au vu de l'état actuel de la décrépitude environnementale, à l'instar d'André BEAUCHAMP, pensent que « si l'être humain n'avait pas la capacité de modifier le milieu et de vaincre certains des mécanismes biologiques indiqués(...) on peut douter que nous serions aujourd'hui cinq milliards d'êtres humains. »8(*)

b) Option ou champ de recherche : MISSIOLOGIE

Dans le cadre de la formation universitaire, l'étudiant en fin de cycle a pour obligation de présenter et de soutenir publiquement un mémoire ou une thèse. Pour ne pas déroger à la norme, nous avons ce privilège en fin de notre formation en cycle de master, de formuler et d'explorer un thème dans un domaine de recherche. Nous avons dans ce cadre opté poursuivre notre formation dans un domaine qui nous a toujours fasciné et nous semble être notre identité en tant que chrétien et pasteur, envoyé de Dieu pour une cause précise. Il s'agit de la Mission qui se trouve incrustée dans le grand champ de la missiologie qui viendra ainsi compléter notre formation débutée dans le cycle précédent et axée sur l'exégèse de l'Ancien Testament. En effet la missiologie comme le pense bien Solomon ANDRIA « séduit à la fois les érudits et les hommes de terrain, les institutions de formation et les sociétés missionnaires. »9(*)

Vu son importance dans le grand champ de la théologie, Etienne ATGER citant David J. BOSCH déclare que la missiologie est mère de la théologie.10(*)

c) Du choix du sujet

La crise écologique a des racines plus profondes que ne le laissent penser certaines analyses simplistes. L'une  de ses causes principales est spirituelle, et son origine serait l'athéisme pratique. Ainsi, nous avons pensé qu'envisager cette crise  uniquement sous l'angle technique ou politique revient en effet à s'enfermer dans un pur immanentisme. Or se tromper de constat revient de facto à se tromper d'écologie, et à entretenir le mal que l'on cherche à éviter. Nous avons, choisi, dans cette logique, de mener notre recherche autour du thème: CRISE ECOLOGIQUE ET MISSION DE L'EGLISE  EVANGELIQUE DU CAMEROUN.

d) Problématique et questions de la recherche

La pression écologique causée par l'avidité humaine et la pression économique qui s'ensuit n'étaient absolument pas inconnues aux temps bibliques. Alors dans sa mission, l'Eglise a-t-elle quelque chose à dire au sujet de cette crise ? qu'en dit la bible elle-même à ce sujet ? Quel est l'état des lieux de cette situation ? Quels en sont les responsables? Quelles en sont les conséquences? Y-a-t'il un espoir ou une porte de sortie de cette crise ?

Ø Question principale  

Les efforts qui jusqu'ici ont été fournis par l'EEC pour lutter contre la crise écologique, peuvent-ils être améliorés?

Ø Questions secondaires

- Que peut encore faire l'EEC dans sa mission régalienne pour accentuer sa lutte contre la crise écologique ?

- Quelles peuvent être les contributions des chrétiens de l'EEC dans cette lutte?

e) Hypothèses de recherche

Ø Hypothèse principale

L'EEC a encore à faire dans la lutte contre la crise écologique au Cameroun.

Ø Hypothèses secondaires

- Des textes bibliques peuvent servir de guide et d'orientation pour montrer ce que l'EEC peut encore faire.

- La lutte contre la crise écologique passerait par la construction d'un paradigme du chrétien acteur  de la sauvegarde de la nature.

f) Objectifs de la recherche

Ø Objectif global

Il s'agira pour nous d'un travail d'appropriation et d'accommodation à la relecture et la contextualisation du thème à partir des éléments constitutifs de la mission en générale et celle de la protection de la  nature en particulier.  Ainsi, nous voulons amener l'EEC à repenser sa mission face à la crise écologique.  Il faut déjà le souligner avec Solomon ANDRIA que «  la relation entre l'Eglise et la mission ressemble à la relation entre la poule et l'oeuf. C'est de la poule que vient l'oeuf or de l'oeuf sortira la poule »11(*)

Ø Objectifs spécifiques

Il s'agira pour nous :

- De dégager les fondements de la mission écologique de l'Eglise.

- D'analyser les efforts fournis par l'EEC dans la lutte contre la crise écologique.

- De proposer quelques solutions pratiques pour une lutte efficiente contre la crise écologique au Cameroun car « la vision globale du projet missionnaire exige de revoir les pratiques missionnaires déphasées soit par rapport au salut global que Dieu propose soit par rapport aux situations actuelles que rencontre la mission. »12(*)

g) Revue littéraire

- Dans l'ouvrage Dieu, l'écologie et moi13(*),l'auteur nous fait découvrir le message biblique concernant Dieu, sa création et la place de l'être humain en son sein. Il met le doigt sur les véritables causes de notre comportement destructeur envers la planète, et nous donne surtout les clés pour réformer notre vie de disciple, notre louange, notre style de vie et notre mission. Afin d'honorer Dieu en répondant pleinement à son appel à prendre soin du monde merveilleux qu'il a créé.

- Dans le livre Pour une sagesse de l'environnement : essai sur une éthique et une spiritualité chrétienne de l'environnement14(*), André Beauchamp fait le point sur l'environnement. Il propose un tour d'horizon en signalant les dangers réels et les degrés d'incertitude. Ni cri d'alarme, ni confiance aveugle, mais un regard lucide et amoureux. Pour une sagesse de l'environnement pointe les défis éthiques de notre génération et fait l'inventaire des ressources spirituelles de la pensée chrétienne. Il veut que l'homme ait un autre regard sur le rôle de notre espèce dans le monde afin que ce dernier soit transformé.

- Dans le livre Libéralisme et protection de l'environnement15(*),l'auteur montre que la société nous a toujours donné de saisir que la doctrine libérale est le plus souvent perçue comme l'apologie d'un marché auquel serait soumis hommes et ressources naturelles : les premiers y trouvent à la fois leur bien-être et un relatif asservissement, les secondes y sont réduites à l'état de marchandises. Cet ouvrage est à la quête du vrai visage du libéralisme, philosophie politique dont l'ampleur une fois compressée et réduite au domaine économique devient caricature. L'auteur interroge les grandes oeuvres libérales au regard des questions environnementales aujourd'hui pressantes. La société libérale, telle qu'elle a été conçue par ses pères, est irréalisable hors du respect des droits fondamentaux reconnus à tout être humain, garantis par l'État, et se fonde sur une éthique partagée. Protection de la nature, équilibre des anthroposystèmes et autres préoccupations externes aux processus mercantiles y trouvent leur place. Ces limites internes au libéralisme, et posées par les fondateurs suffiront-elles aujourd'hui à garantir la pérennité d'un environnement viable pour la nature comme pour l'homme ou de nouvelles règles fondamentales doivent-elles être forgées ?

- Dans la thèse de doctorat intitulée catéchèse écologique au sein des églises protestantes dans la ville de Yaoundé16(*), l'auteur pense que les églises protestantes doivent inclure dans leur catéchèse un volet purement écologique.

- Dans le livre La mission de l'église dans la construction des états africains17(*) Préfacé par Mgr Paluku Sikuli Melchisédech, l'auteur montre que l'Eglise dans sa mission doit faire entendre sa voix de façon encore plus vive. Dans les pays d'Afrique où sévissent la guerre, la corruption, la mauvaise gouvernance ou l'absentéisme de l'Etat de droit, l'Eglise ne peut pas rester dans l'indifférence. Mais comment l'Eglise peut-elle contribuer à faire advenir plus de justice sociale et de paix au coeur des politiques parfois peu démocratiques ? Telle est la substance de ce document.

- Dans la thèse soutenue à l'UPAC intitulée : La sauvegarde de la création : défi du conseil oecuménique des églises et jalons pour une catéchèse écologique de l'Eglise Evangélique du Congo18(*), les pensées de l'auteurprennent naissance dans le Congo où la crise écologique est interprétée de plusieurs manières. Pour lui il veut apporter des solutions éthiques et catéchétiques à cette situation à partir de la catéchèse en s'appuyant sur les réflexions initié par le COE.

Ainsi, si l'un nous fait découvrir le message de Dieu au sujet de la nature, l'autre parle des dangers que nous courrons en détruisant cette dernière. Un autre parle de l'exploitation anarchique des ressources avec le libéralisme, et le dernier pense qu'il faut une véritable catéchèse écologique. Aucun auteur n'a spécifié ses recherches dans l'EEC. Parlant de la mission les auteurs consultés n'insistent pas sur la dimension écologique de la mission. C'est pourquoi, nous allons non seulement relever les défaillances de l'EEC dans sa mission protectrice de l'environnement mais proposer que cela fasse partie de son programme tout comme la prédication, les louanges et les autres activités connues.

h) Méthodologie de travail

Pour mieux cerner les contours de ce thème, nous avons adopté :

La méthode historico critique, qui nous a permis d'analyser les textes bibliques relatifs à l'écologie.

La méthode d'observation participative qui nous a permis d'analyser la situation environnementale au Cameroun.

Suite à ces méthodes, nous nous proposons d'évoluer selon un plan en trois parties subdiviser en chapitres. Nous allons d'abord, en première partie,  faire une brève étude au sujet de la mission particulièrement celle de l'EEC, ensuite, dans la deuxième partie, nous ferons l'état des lieux de la crise écologique, pour enfin terminer dans la troisième partie, par des propositions concrètes que nous ferons à l'EEC en vue de lutter contre ce phénomène dévastateur. 

PREMIERE PARTIE : BREVE HISTOIRE DE LA MISSION ET DEFIS MISSIONNAIRES

Dans cette partie constituée de trois chapitres, nous nous évertuerons à donner un sens compréhensif au mot mission avant de nous plonger dans la recherche du fondement biblique de cette activité. Ensuite, nous jetterons un regard panoramique sur la vocation missionnaire de l'église, les réalisations et quelques défis missionnaires qui attendent l'EEC, pour achever cette partie par une brève étude de l'EEC , notre Eglise cible.

CHAPITRE I : CLARIFICATION DU CONCEPT ET FONDEMENT BIBLIQUE DE LA MISSION.

Il s'agira pour nous dans ce chapitre de voir le contenu réel du vocable `'mission'' et de nous plonger dans les saintes écritures pour décrypter le fondement de cette dernière.

I.1- Clarification terminologique du concept `'mission''.

Pour le dictionnaire de théologie Catholique, la mission c'est tout le travail de l'Eglise pour dilater ses frontières et répondre au programme de Jésus. Ainsi, le mot « mission », nous apprend-t-il est récent dans le vocabulaire de l'Église (XVIème siècle). Il désignait des charges confiées et un envoi. Jusque-là, dans le christianisme, le mot mission définissait surtout la réalisation, par Jésus et l'Esprit Saint, du projet du Père : révéler sa tendresse à toute l'humanité. Puis, au XIXème siècle, on l'utilisa presque exclusivement pour des « territoires de mission » que l'on distinguait des Églises d'antique fondation. La mission chrétienne autrefois partie du bassin méditerranéen, était devenue, au XVIème, un mouvement qui partait de l'Europe vers les autres continents, vers l'Ouest et vers l'Est. A partir du XIXème, liée à la colonisation, la mission s'orienta de plus en plus vers le Sud19(*).

Pour le Dictionnaire Larousse, Mission est un nom féminin qui vient du latin « missio= l'action d'envoyer ».c'est la charge, la fonction le mandat donné à quelqu'un de faire quelque chose20(*).

Si nous questionnons le même dictionnaire en ligne, nous voyons que la mission est :

1- la charge donnée à quelqu'un d'accomplir une tâche définie : Recevoir une mission délicate. 2- la fonction temporaire et déterminée dont un gouvernement, un organisme charge quelqu'un, un groupe.

3- un ensemble des personnes ayant reçu une charge.

4- un but élevé, un devoir inhérent à une fonction, à une profession, à une activité et au rôle social qu'on lui attribue.

5- la délégation divine, donnée dans un dessein religieux.

6- l'organisation visant à la propagation de la foi.

7- une suite de prédications pour la conversion des infidèles ou des pécheurs21(*).

Pour le Dictionnaire Encarta, la mission est l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour propager la foi22(*). C'est aussi la tâche d'évangélisation.

La mission est donc, une charge confiée à quelqu'un pour faire quelque chose. On peut parler de mission diplomatique, de mission culturelle. Pour la religion chrétienne, la mission est une charge apostolique confiée aux évangélisateurs. C'est aussi l'ensemble des activités visant à l'évangélisation. On peut aussi parler de la communauté religieuse travaillant à l'évangélisation.

La Mission s'articule dans trois dimensions : annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, témoigner que Jésus, le Christ, est le Chemin, la Vérité et la Vie dans le monde (Jn 14,6), s'ouvrir à la relation aux autres, dans un esprit de dialogue et de partage.

Dans les années 1960, la mission s'inscrivait dans le mouvement des pays développés vers les pays en voie de développement.

Aujourd'hui, la mission ne se vit plus seulement sur l'axe Nord / Sud mais dans de multiples directions : d'Églises du Sud vers d'autres Églises du Sud au sein d'un même continent ou même d'un continent à l'autre. La mission connaît aussi le mouvement inverse (ou réciproque) du Sud vers le Nord.

La mission n'est pas pour l'Église une activité parmi d'autres. La mission constitue l'Église dans sa double relation à celui qui l'envoie et à tous les hommes à qui l'Évangile est destiné. Ainsi, la mission est un ordre essentiel pour l'Eglise, elle n'est pas une branche annexe de la vie de l'Eglise. L'Eglise est missionnaire ou elle n'est pas.

Pour l'Encyclopaedia universalis23(*), le terme mission se spécialise entre le XVIème et le XVIIème siècle et ne recouvre plus l'ensemble des fonctions définies plus haut mais se met à définir de façon particulière un secteur d'entre elles.

« Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19) Depuis les origines de l'Église, depuis l'événement fondateur de la Pentecôte, l'enjeu de l'annonce de l'Évangile du Christ, de la mission, c'est bien que chacun entende proclamer dans sa propre langue les merveilles de Dieu.

De grandes congrégations missionnaires masculines ou féminines ou des grands ordres religieux ont inscrit, souvent dès leur fondation, cette dimension missionnaire dans leur vie chez les catholiques par exemple on parle des franciscains et dominicains des jésuites... Puis les congrégations missionnaires se sont multipliées beaucoup plus au XIXème siècle et ont porté les efforts de contextualisation de la foi chrétienne dans de nouvelles cultures.

Au finish disons avec André ROUX qu' « une mission suppose un ordre d'aller, un envoi, et un pouvoir donné pour faire quelque chose, et donc un objectif déterminé. »24(*)

Ainsi, c'est ensemble que nous sommes conviés à vivre la mission, ici ou là-bas, co-responsables : ministres ordonnés (pasteur, évêque, prêtre), laïcs, chacun a sa place, déployant la diversité des ministères et des charismes, pour aller à la rencontre de Celui qui nous précède dans les aréopages d'aujourd'hui et afin que le monde croie. Quels sont les fondements de la mission ? L'examen de la bible nous en dira long.

I.2- Fondement vétérotestamentaire de la mission.

Dans la première partie de la bible que nous appelons Ancien Testament, la notion ou la conception de la Mission se fait voir assez clairement. L'appel à la mission a son initiative en Dieu lui-même qui, de toute éternité, a décidé d'appeler les hommes à participer à sa Vie. C'est pourquoi, la réalisation de ce dessein s'insère dans les différentes phases qui vont de la création elle-même, en passant par la phase intermédiaire de l'élection du peuple hébreu, pour aboutir à la fondation de l'Eglise par le Fils de Dieu incarné.

Avec l'épisode de la création, Dieu appelle l'homme et le monde à la vie, et c'est pourquoi l'homme apparaît dans une relation particulière avec Lui, et participe à sa propre Vie elle-même. Il faut tout de même signaler que cette participation n'est pas imposée, mais, elle est offerte comme récompense pour l'observation du contrat : s'abstenir de manger le fruit défendu. La liberté de l'homme d'instaurer un dialogue avec Dieu et de souscrire avec Lui une alliance, établit une sorte de responsabilité. Dans ce pacte initial, l'homme est égal à Dieu pour la liberté. Mais les premiers hommes (Adam et Eve), en faisant un mauvais usage de la liberté, ont rompu le pacte d'alliance, en entraînant de graves conséquences : la perte de la communion avec Dieu, la perte de la possession pacifique sur la nature, du contrôle des instincts et des passions, de l'innocence et de l'immortalité.

Le thème de la mission est tellement ancré dans le coeur de Dieu, qu'il va se choisir un missionnaire pour porter la nouvelle aux nations : Israël.

Dans la phase préparatoire de l'Ancien Testament, Yahvé Dieu appelle à Lui un peuple, établit avec ce dernier une Alliance qui fait d'Israël un peuple qui lui appartient de manière toute particulière parmi tous les peuples (Ex 19 :5), son propre peuple (Dt 26 :18), et lui promet la fidélité qui sera expliquée plus tard par la métaphore du pasteur et de l'époux, qui désignent Israël comme troupeau de son bercail , et comme épouse (Ps 79 :13; 95 :7, 100, Es 40 :11; Jr 23 : 2; Ez 34 : 1-31 etc.). Dieu est présenté expressément dans le livre de Deutéronome chapitre 32, verset 5 comme Père. Aisément, nous pouvons conclure qu'Israël constitue alors la famille de Dieu.

Malgré sa mentalité toute particulière marquée par une fermeture à tout universalisme, Israël est appelé à une médiation de salut à l'égard de tous les peuples : dans la mesure où il est présenté comme le peuple de Dieu et le serviteur de Dieu, il est le médiateur royal, prophétique et sacerdotal du salut.

A la fidélité de Dieu, va s'opposer l'infidélité et la trahison du peuple, qu'Il n'abandonne toutefois pas, mais continue à rappeler à Lui par l'envoi de ses intermédiaires qui parlent et agissent en son Nom, et peuvent donc être considérés comme étant les missionnaires, dans la mesure où ils sont envoyés par Dieu lui-même pour amener le peuple à conserver l'Alliance et à jouir du salut qu'il offre. La fonction d'Israël est définie par Dieu pour s'exercer parmi les autres peuples en tant que peuple élu. Le choix d'Israël implique une qualité de présence parmi les peuples. Il faut considérer à la fois la particularité de l'élection et l'universalité du dessein de Dieu. La mission implique une relation de qualité avec Dieu. Mais comme le souligne Daniel MARGUERAT « en dépit des efforts missionnaires, la majorité du judaïsme s'est fermée à cette proclamation. Pourtant Dieu a donné des signes évidents de son consentement à cette extension de la sainteté d'Israël au monde entier.»25(*)

Ainsi nous avons Abraham, de son vrai nom Abram. Il est descendant de Sem, fils de Noé. Un jour, à la demande de Dieu il quitte Ur avec sa famille et s'installe à Harran. Âgé de 75 ans, il va à nouveau quitter sa terre avec sa famille, pour aller dans le pays de Canaan, à Sichem puis au Chêne de Mamré. C'est là que Dieu lui promet de donner ce pays à sa descendance.

Signalons que sa charge missionnaire, tout ne sera pas que rose car, sa route est semée d'embuches. C'est ainsi qu'Abram demande à Saraï de faire croire aux Égyptiens qu'elle est sa soeur, car il craignait d'être tué s'il se présentait comme mari d'une si belle femme. Le Pharaon prit Sara pour femme, et Abram reçut de nombreux cadeaux. Mais Dieu infligea de grands malheurs au Pharaon, qui après avoir reproché son mensonge à Abram, les congédia.

Alors qu'Abram passe par le Néguev, il se sépare de Loth, son neveu. En effet, leurs troupeaux sont tellement grands que le pays ne subvient plus à l'ensemble de leurs besoins. C'est ainsi que Loth partira s'installer à Sodome (Abram mènera par la suite une expédition pour libérer Loth qui a été fait prisonnier).

Alors qu'Abram est âgé de 99 ans. Dieu lui apparaît et lui propose à nouveau une Alliance... Dieu le nomme Abraham, car il lui promet de nombreux descendants. En échange, Abraham et ses descendants devront le reconnaître comme leur Dieu, et pratiquer la circoncision sur les enfants mâles.

Par la suite, Dieu annonce que les villes de Sodome et Gomorrhe vont être jugées et détruites car la population se conduit mal (pratiques abominables et relations contre natures comme l'homosexualité, le lesbianisme...) Comme missionnaire et envoyé de Dieu, Abraham le supplie de ne pas détruire Sodome s'il y trouve 50 justes. Dieu accepte, puis Abraham négocie jusqu'à obtenir que 10 justes sauvent la cité. Dieu s'éloigne, et Abraham le missionnaire rentre chez lui. Mais Dieu ne trouvera pas 10 justes et le lendemain, Sodome est anéantie, mais Dieu a épargné son neveu Loth et ses enfants.

Ici nous voyons avec Abraham que l'ordre n'implique pas pour lui, le fait d'aller vers les nations pour qu'elles se convertissent à Dieu mais il est rattaché à une promesse d'avenir : la bénédiction des nations à partir d'un homme (Abraham) et d'un peuple (Israël). La mission dans ce cas, a pour but de faire entrer les perdus dans le courant de la bénédiction divine. Pour Edmond JACOB, « le yahviste présente l'élection d'Abraham comme un épisode qui, se détachant sur le plan de l'histoire universelle doit rejaillir en bénédiction sur celle-ci. »26(*) Dieu envoie Abraham pour accomplir son plan. C'est pourquoi la mission est liée à un départ, un lâcher prise, à un mandat, à un pas vers l'inconnu. Nous voyons que malgré les difficultés, « la mission rebondit toujours parce que Dieu protège ses envoyés et transforme leur détresse en tribune pour l'évangile. »27(*)

Nous avons aussi Moïse qui sera également appelé à partir comme missionnaire, libérer le peuple juif pris en esclavage en Egypte. Moïse paissait un jour le troupeau de Jéthro, son beau-père, à Horeb, la montagne de Dieu. Il ne se doutait pas que les jours de son exil touchaient à leur terme. Mais l'Ange de l'Éternel lui apparaît dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson à épines. Et Moïse s'aperçoit que ce buisson est tout ardent de feu, mais ne se consume pas (Ex. 3:2). Ce buisson était une figure d'Israël, éprouvé par le feu, mais un feu détruisant seulement le mal qui n'a pas été encore jugé. Moïse déclare : « Je me détournerai et je verrai cette grande vision » (Ex. 3:3). Alors Dieu l'appelle : Il répèta deux fois son nom, comme Il le fera pour d'autres. Cela souligne l'importance du moment. Et Moïse répond : « Me voici ». Nous pouvons décliner la mission de Moïse en trois grandes étapes.

Première étape de la mission de Moïse (Ex 3,7-15) cette portion du texte biblique se présente comme un récit de vocation, après l'irruption divine. Car on retrouve des éléments communs à d'autres récits : ordre de mission, objection de l'appelé, promesse d'assistance et signe donné comme gage de l'appui divin.

Seconde étape de la mission de Moïse (Ex 3,16-4,11). Moïse est ici chargé de deux missions distinctes : d'une part, se rendre auprès des anciens et leur porter la parole de Dieu (3,16-18a) et d'autre part, se rendre auprès de Pharaon et lui porter également la parole de Dieu (3,18b-22). Ce missionnaire commence par répondre par une objection, et après plusieurs résistances il finit par une dernière objection sous forme d'une supplication : "je t'en prie Seigneur" (4,10). Il est convaincu de ne pas être le porte-parole adéquat de Dieu devant son peuple et devant Pharaon :

Troisième étape de la mission de Moïse (Ex 4,12-17) Comme dans les deux étapes précédentes (3,10.16), Dieu commence par envoyer Moïse : "Va". Et il ajoute :... JE SUIS avec ta bouche et je t'enseignerai ce que tu devras dire. (v. 12). Ainsi s'achève cette longue section de la vocation de Moïse. Il ne répond plus rien, il ne pose plus de questions et il n'adresse plus de supplications à Dieu. Le héros populaire a lutté longuement contre cet appel de Dieu à devenir un homme de Dieu ! Moïse cède et accepte : Dieu l'a maîtrisé et a fait de lui son missionnaire avec pour objet de la mission la libération du joug égyptien de son peuple.

Une fois parvenue en terre promise sous la conduite de Moïse et ensuite de Josué, Dieu leur suscite des juges et des rois pour les administrer et les maintenir dans la fidélité à l'alliance. C'était donc à ces derniers qu'étaient confiés la mission puis viennent les prophètes considérés comme des porte-paroles de Dieu. Comme missionnaires, les prophètes parlaient avec assurance et confiance au nom de Dieu. Les prophètes connaissaient parfaitement les conditions pour les promesses et conséquences de la désobéissance (Lv 26. 1-39 ; Dt 28. 1-42 - malédictions / bénédictions). Ils savaient aussi quelles étaient les conséquences et la gravité de l'idolâtrie (Dt 4. 15-40).

Comme missionnaire, le prophète était chargé d'identifier le péché et les actions d'Israël ainsi que les conséquences du péché. Il voyait la fondation de la parole de Dieu s'affaiblir. Leur cri était de réveiller les gens et de les ramener vers la Parole comme des bons défenseurs de l'alliance. Ils avaient pour mandat de rendre contemporain l'ancienne alliance, l'exode, le désert et la loi. Comme les précédents missionnaires, leur mission n'était pas de tout repos. Ils avaient à affronter la persécution, l'opposition, le découragement, l'isolement, les coeurs brisés... par exemple, Jérémie aurait bien voulu abandonner mais il ne pouvait pas.

Il devait avoir le courage de les reprendre tout le monde sur des choses cachées. Les prophètes apparaissaient toujours dans des moments de crise, ce qui accentuait leur manque de popularité (Jr 37. 2).

Comme missionnaires, les prophètes étaient comme la délivrance et Dieu les voyait comme des cadeaux pour le peuple (Am. 2. 10-12), des bénédictions. Amos, par exemple, priait pour des gens qui lui demandaient de se taire (Am 7. 1-3); Michée souffrait à cause de la condition spirituelle du peuple (Mi 1. 8). Lorsque le peuple d'Israël s'égarait, les prophètes lui rappelaient sa vocation de peuple élu par le Seigneur. Les prophètes étaient des hommes libres, souvent le ton de leurs propos était vif, ils pointaient les erreurs et les fautes, ils tançaient chacun du roi au plus petit, mais ils savaient aussi encourager et consoler les hommes et les femmes d'Israël.

Nous pouvons constater que, dans l'Ancien Testament déjà, la Mission est en même temps appel et envoi. Cette mission pouvait aller jusqu'au sacrifice car, pour Edmond JACOB, « jamais dans l'Ancien Testament l'idéal missionnaire ne s'est exprimé avec plus de profondeur par le sacrifice et la mort, le serviteur retrouve l'élection et son corollaire indispensable : la mission »28(*) L'élection se fait toujours en vue d'une mission. Le peuple élu devient ainsi le témoin qui fait connaître l'existence et la présence salvifique de l'Unique Dieu (Es 41 :19; 43 : 10, 56 : 3; Js 1 : 2ss). Avec Edmond JACOB nous apprenons que dans l'Ancien Testament, la mission se fait au détriment d'Israël dont le dépouillement doit enrichir les païens et, présentant les vérités les plus sérieuses sous une forme pleine d'ironie, l'auteur fait ressortir que le seul personnage antipathique est un israélite et même un prophète29(*).

Le Messie, lui-même, est annoncé par les prophètes comme celui qui sera envoyé pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres (Es 61 :1), comme celui auquel tous les hommes seront soumis et obéiront (Ml 3 : 1).

Voilà un bref aperçu du thème de la mission dans l'ancien testament, mais Dieu ne va pas s'y restreindre, puisqu'il va le développer aussi bien dans les livres poétiques, prophétiques, que dans le Nouveau Testament.

I.3- Fondement néotestamentaire de la mission.

Dans la conception vétérotestamentaire de la mission, le peuple de Dieu avait pour objectif de révéler le vrai Dieu par sa seule présence, là où il était. En voyant vivre ce peuple, les autres peuples devaient voir à quel point cette nation était intelligente et avait des moeurs sages selon Dt 4 :6 « Quand les peuples entendront parler de tous ces décrets, ils s'écrieront: « Il n'y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation ». Cependant, Dieu n'a jamais demandé aux prophètes de l'Ancien Testament d'aller par le monde entier parler de Lui. Les Israélites ont toujours témoigné sur place, là où ils étaient, de l'existence et de la bonté du Dieu auquel ils croyaient.

Mais quand Dieu est venu parmi nous à travers son fils Jésus Christ, quand Dieu lui-même s'est mis en « mode mission », Il nous a demandé de faire de même: d'aller dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle du seul vrai Dieu. C'est ce qui apparait comme un « mandat missionnaire » que Jésus a confié à ses disciples et que nous retrouvons dans l'évangile de Mathieu, au chapitre 28, versets 18 à 20.

Pendant le baptême de Jésus comme nous rapporte les évangiles, une voix venant du ciel a confirmé son statut de Fils de Dieu et lui a confié une mission. Parler aux peuples qui doivent l'écouter. (Mt 3 :13, Mc 1 :11). Pour Jean Paul GABUS, cette scène « éclaire déjà le tout début de la mission de Jésus. »30(*)

Dans le Nouveau Testament, la mission est une entreprise au nom du Christ pour le salut de l'humanité. Elle se fait à la manière du Christ et sous la seule autorité de Jésus-Christ ressuscité et non en s'imposant à partir d'une position de supériorité politique, militaire, financière et technologique. La mission part du coeur de Dieu qui intègre les hommes dans son plan. Le mandat missionnaire universel est explicitement donné au peuple de la nouvelle alliance. C'est Jésus qui est au centre de la mission. Il a non seulement envoyé des missionnaires mais il a aussi laissé un modèle pour les missionnaires. Jésus s'est occupé de toutes ces dimensions. Il a enseigné, prêché. Mais il a aussi nourri les foules, guéri les malades, délivré les possédés. Il s'est occupé des besoins concrets des gens. Il est le modèle de la compassion pour les pauvres, les marginalisés et les opprimés. Il est modèle dans son incarnation dans l'humanité, notamment dans les réalités économiques et sociales (Jn 20 :21).

Jésus nous donne un ordre d'aller. Le verbe `'aller'', ici employé, exprime le fait de nous mettre en mouvement de marche, de se diriger et d'avancer vers. Se mettre en mouvement pour notre propre recherche, notre propre rencontre avec le Seigneur Jésus-Christ, afin de découvrir notre identité en tant qu'être de corps et d'esprit, un mouvement d'appropriation de ce salut éternel pour soi-même, d'abord, et pour les autres, en allant à la rencontre de son prochain et en faire un disciple du Christ.

L'ordre de mission est non seulement le dernier enseignement de Jésus-Christ avant son ascension, mais aussi la finalité des quatre évangiles et l'introduction des Actes. L'ordre de mission est aussi le résumé de la deuxième partie du concept de missio Dei, c'est-à-dire la mission de l'Église.

Au jour de l'Ascension de Jésus, les apôtres ont reçu le mandat missionnaire, mais ils n'étaient pas capables de le mettre en pratique. Il a fallu le renouveau intérieur opéré par l'Esprit Saint le jour de la Pentecôte, pour que les disciples se sentent comme poussés hors du Cénacle. Pour que les apôtres et les disciples aient le courage de sortir dans les rues pour témoigner de Jésus Ressuscité, il a fallu le Souffle de Dieu qui venait de faire trembler les murs de la maison où ils étaient.

Comme disciples du Christ, ils doivent continuellement être en mode mission. Prêcher et agir car « La parole vient guérir l'homme des illusions qui le perdent, tandis que le geste des mains généreuses dit la proximité du règne de Dieu. »31(*)Jésus ne cessait jamais de se déplacer pour porter la Bonne Nouvelle aux gens qui ne l'avaient jamais entendue. Quand les gens, après avoir fait connaissance avec Jésus, essayaient de le retenir pour qu'il puisse passer plus de temps avec eux, il leur répondait: « Aux autres villes aussi, il faut que j'annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé » (Lc 4, 43).

C'est pourquoi, le Message et le comportement de Jésus représentaient, en effet, un défi aux attitudes et aux pratiques courantes qui excluaient des catégories de gens hors de la communauté juive. Le règne de Dieu était pour Jésus, le point de départ et le contexte de la mission. Ce règne qui s'est approché et qui s'attaque au mal sous toutes ses formes. Car si la détresse prend des formes diverses, Jésus affirme que le pouvoir de Dieu en fait tout autant. Jésus sera finalement crucifié à cause de ce qui fut interprété comme des proclamations politiques.

C'est ainsi que qu'apparait dans l'impératif missionnaire de Mt. 28, 18-20 une clef permettant de comprendre tout son évangile et d'interpréter la mission et le ministère de Jésus. C'est à la fois un programme théologique et un sommaire. Il ne faut pas oublier que Matthieu est un juif qui s'adresse à une communauté juive qui se perçoit elle-même comme un mouvement de réveil à l'intérieur du judaïsme. L'expression "toutes les nations" (Mt. 28, 18) désigne aussi les juifs, mais Jésus n'est pas envoyé seulement à Israël, il est le sauveur de toute l'humanité.

L'Evangile de Luc et le livre des Actes semblent eux aussi préoccupés par les origines juives de la foi chrétienne. Luc est peut-être le seul auteur non-juif du Nouveau Testament, et il s'adresse entre autres à des chrétiens d'origine non-juive. Ainsi comme le pense Etienne ATGER « La mort de Jésus sur la croix et sa résurrection inaugurent cette nouvelle ère de l'Eglise, une ère missionnaire puisque par cette oeuvre, Christ réconcilie toutes choses avec lui et permet aux peuples de la terre d'avoir accès auprès de leur Créateur. »32(*)

Lc 4 : 16-30 se présente comme un discours programme de la mission de Jésus, qui a pris pour beaucoup d'exégètes contemporains la place de l'impératif missionnaire de Matthieu.

Chez l'Apôtre Paul, ce qui est central pour la compréhension de la notion de mission, c'est l'événement de sa conversion et de sa vocation. Une expérience primordiale qu'il comprend lui-même de façon normative. Au moment précis où il se convertit, il se voit chargé de proclamer l'Évangile auprès des non-juifs. Son ministère se déroulera dans une tension créatrice entre sa loyauté envers les Apôtres de Jérusalem et son sentiment d'avoir reçu une vocation unique. Avec Paul, la mission nécessite une sensibilité au monde qui nous entoure et une adaptation appliquée avec discernement.

Ainsi dans le Nouveau Testament, la mission, c'est faire reconnaître la seigneurie de Jésus-Christ dans le monde.

Somme toute, dans le Nouveau testament, la Mission implique appel et envoi, à commencer par le Christ lui-même qui, « sorti de Dieu » (Jn 8, 42), plante sa tente au milieu de nous (Jn 1, 14), et s'approprie à juste titre les paroles du Serviteur de Dieu : « Le Seigneur a envoyé son Esprit sur moi. Il m'a choisi pour apporter le message de joie aux pauvres » (Lc 4, 18).

A son tour, le Christ, l'Envoyé du Père (Jn 6, 43; 8, 42), choisit et envoie les douze pour sa propre Mission : il en choisit douze pour les avoir avec lui et pour les envoyer prêcher. Le Christ, en effet, a confié le Mandat qu'Il avait reçu, aux douze qui deviennent ainsi ses « Apôtres », c'est-à-dire ses missionnaires : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20, 21). En vertu de ce mandat, les apôtres ont la charge de répandre l'amour salvifique et sacramentel de Jésus, de porter témoignage de la foi qu'ils ont en Lui et d'annoncer son Évangile à tous les hommes.

La mission des douze se présente ainsi comme une participation, ou encore comme le prolongement et la continuation de la mission même du Christ. Et, des Apôtres, cette même mission passe à l'Eglise, avec les mêmes caractéristiques d'universalité (Jn 15, 16). En vertu de ce mandat, les apôtres partirent donc pour faire partager l'espérance qui avait totalement transformé leur vie. Ces derniers devaient inscrire leur mission dans celle de Jésus que Jean Paul GABUS résume en trois point à savoir, se faire proche du peuple, guérir les malades et chasser les esprits impurs, et enfin annoncer le pardon de Dieu à tous.33(*)« Cette pratique de Jésus fonde aussi toute une doctrine et une pratique de la mission chrétienne. »34(*) Nous voyons que ces recommandations viennent aussi confirmer l'universalité de la mission. D'ailleurs Daniel MARGUERAT le dit si clairement en parlant de l'épitre aux Galates que « la mission universelle qui en découle et les églises qui en sont nées sont reconnues sans conditions et au même titre que la mission de Pierre dans la diaspora Juive. »35(*) S'il est vrai que les missions sont reconnues sans tenir compte de certaines considérations tribales, que pouvons-nous dire au sujet de l'aspect vocationnel, et des réalisations des missions chrétiennes sans oublier les défis à relever par les missionnaires?

CHAPITRE II : VOCATION, REALISATION ET DEFIS MISSIONNAIRE.

Il est question pour nous, dans ce chapitre, d'examiner ce pourquoi l'église est née, ensuite de voir ce que cette dernière a fait lors de la transmission du message évangélique et enfin d'examiner quelques défis qui lui restent encore.

II.1- Vocation missionnaire de l'église.

De part sa nature, l'Eglise, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu'elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père.

La mission de l'Eglise s'accomplit donc par l'opération au moyen de laquelle, obéissant à l'ordre du Christ, et mue par la grâce de l'Esprit-Saint et la charité, elle devient un acte plénier présent à tous les hommes et à tous les peuples, pour les amener, par l'exemple de sa vie, par la prédication, par les sacrements et les autres moyens de grâce, à la foi, à la liberté, à la paix du Christ, de telle sorte qu'elle leur soit ouverte comme la voie libre et sûre pour participer pleinement au mystère du Christ. Cette mission de l'Eglise « désigne à la fois, l'envoi des hommes dans le monde par le Père et le Fils, mais également l'envoi des hommes par d'autres hommes, l'envoi auquel l'Eglise procède. (Rom1/5) »36(*)

L'Église étant divino-humaine. Dieu a `'besoin'' des hommes : « La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux. » (Mt 9,37) Nous ne vivons que par Dieu et pour Dieu, et pour que tout homme devienne lui-même et s'accomplisse en Dieu. L'Église n'est donc pas seulement la convocation du peuple de Dieu mais elle est aussi sa dispersion dans le monde Si l'Église se doit de relever les défis propres à toute époque et à tout lieu, c'est parce qu'elle doit réaliser la tâche que Dieu lui a donnée à accomplir, jusqu'au dernier jour, tâche qui est de rassembler toute la création pour l'offrir à Dieu en Christ par la grâce de l'Esprit Saint, et de hâter ainsi la venue du Royaume de Dieu sur terre. Ainsi, la vocation missionnaire s'étend sur un triple plan à savoir : l'adoration, la formation et l'évangélisation.

L'adoration comme première vocation missionnaire de l'Eglise. Les chrétiens se rassemblent pour adorer Dieu, le louer, lui rendre grâce. Une clarification terminologique du concept Eglise nous donne de comprendre qu'il vient du grec Ekklêsia qui signifie l'assemblée. Donc on se rassemble pour louer Dieu.

Si l'Eglise universelle a pour vocation d'adorer Dieu, dans sa mission chaque église locale à la base doit déterminer comment. Il y a différentes formes d'adorer Dieu. Nous pouvons citer entre autre, le chant, la prière, la danse etc. Le fond d'adorer Dieu doit demeurer, par contre la forme peut changer, évoluer dans le but de s'adapter aux moeurs, au goût des adorateurs. Quand nous ouvrons la bible, nous voyons que l'adoration se faisait avec le luth, la harpe et le tambourin. Aujourd'hui le luth a disparu, la harpe reste rarissime, par contre le tambourin est resté. On trouve maintenant d'autres instruments de musiques comme les guitares, les pianos, les synthétiseurs et même les batteries. Nous n'oublions pas les balafons et tamtams, les castagnettes et tambours. Pour le professeur LEKUNZE Edward Forcha, les louanges font parties des principaux caractéristiques de la tradition reformée37(*). Avec un autre chercheur sous la plume de Paul KEIDEL, nous pouvons lire à ce sujet : « la musique qui parle au coeur des chrétiens augmente leur désir d'adorer et les incite à parler de Christ à d'autres, car elle est en harmonie avec leur foi. » 38(*)C'est-dire que l'adoration est d'une importance capitale pour l'Eglise dans l'accomplissement de sa mission.

Nous avons d'autres moyens d'adorations tels : la danse, le théâtre, le mime. Ce qu'il serait dangereux dans la mission, c'est de figer une forme d'adoration. Ce qu'il faut figer, c'est le fond, c'est à dire adorer. Mais la forme doit pouvoir être souple afin de pouvoir s'adapter à ses contemporains.

La deuxième vocation de l'Eglise c'est la formation, l'enseignement. Dans l'impératif missionnaire de Matthieu 28:19-20 l'Eglise se doit d'instruire ses membres. Le verset enseigne bien qu'il faut faire des disciples et les enseigner. Ce n'est pas une option, Jésus donne un commandement. L'Eglise se doit de former ses membres. Il faut enseigner pour que celui qui vient de naître de nouveau grandisse dans sa foi, mûrisse et que du lait spirituel il puisse passer à la nourriture solide, afin de devenir un chrétien engagé, solide dans sa foi, un bon témoin, un bon ouvrier du Seigneur. Cette vocation est essentielle pour la croissance spirituelle de l'Eglise. La finalité de l'enseignement reste la transformation physique, morale, sociale, financière et surtout spirituelle des hommes et femmes. Ainsi, si le message est tronqué, les auditeurs seront déroutés. Le message doit être une révélation pleine de Dieu à son peuple. D'ailleurs, la remarque du pasteur BENTON est très éloquente et révélatrice :

« Des chefs spirituels peuvent se consacrer à de nombreuses causes très louables. Il est excellent d'amener les gens à une profession de foi en Jésus, mais si cette confession d'amour pour Christ ne produit pas une vie changée et sainte, elle n'a alors aucune valeur, et les espoirs du prédicateur pour cette personne sont vains. »39(*)

C'est donc dire que le message du prêtre doit montrer l'amour véritable de Jésus pour l'homme en général et le pécheur en particulier, malgré les tumultes et les injustices qui existent dans la société, domaine d'action du chrétien. Son message doit en principe amener ce dernier à la haine permanente du péché.

Ainsi, tout comme pour l'adoration, il existe différentes formes d'enseignement. L'étude biblique, la prédication, le témoignage, les séminaires, etc. Là encore il faut se méfier à ne pas se laisser piéger par une forme d'enseignement plus qu'une autre. La forme doit s'adapter aux membres de l'église à la base afin de remplir sa mission de formation et non l'inverse. Une forme qui marche aujourd'hui peut ne plus fonctionner demain pour diverses raisons, il faudra alors s'adapter.

L'Eglise est vivante et doit s'adapter à ses membres. L'Eglise d'aujourd'hui ne ressemble pas à celle d'hier, et ne ressemblera pas à celle de demain. Par contre sa mission reste la même.

La troisième vocation missionnaire de l'Eglise c'est l'évangélisation. Le christianisme est une religion favorable au prosélytisme. Pour que l'Eglise croisse numériquement il faut que de nouvelles personnes viennent. Le Christ nous commande d'aller les chercher. Il faut donc évangéliser. Évangéliser signifie proclamer une bonne nouvelle concernant Jésus. À l'époque des apôtres, évangéliser c'était annoncer que Jésus était le messie promis dans l'Ancien Testament.

Il faut dont dans sa vocation que l'église tienne compte de cette dimension car l'Église a une autorité divine dans ce monde. Sans autorité il est impossible de communiquer un message quelconque, et penser qu'il sera reçu aujourd'hui. Nous avons reçu une autorité divine en tant qu'Église. Cette vocation est d'autant plus sérieuse parce que l'humanité est perdue. L'homme est pécheur et séparé de Dieu. Sans Jésus-Christ, le seul chemin et le seul médiateur entre Dieu et les hommes, l'humanité est égarée.

Nous devons aussi évangéliser pour rendre témoignage de la vérité à toutes les nations. Et même s'il n'y avait pas un seul converti, ou pas un seul résultat, nous devrions quand même évangéliser pour rendre témoignage de la vérité qui est en Jésus. Mt 24.14. Reto GMÜNDER distingue dans son livre Evangile et développement pour rebâtir l'Afrique, l'évangélisation christocentrique avec pour centre incontestable le Seigneur Jésus Christ, l'évangélisation eschatologique s'inscrivant dans la dynamique du royaume qui vient et enfin l'évangélisation sotériologique qui présente Jésus comme celui qui accomplit les promesses de l'Ancien Testament40(*).

Le peuple de Dieu est là pour révéler Dieu, révéler son salut en Jésus Christ. Les gens sont perdus, ils sont voués à la damnation éternelle, si l'Eglise ne leur parle pas de Dieu, qui le fera ?

L'Eglise a pour vocation de parler de Dieu. C'est là encore un commandement de notre Seigneur. Cette prise de conscience de la perdition de l'homme, cette compassion envers l'autre est un bon début.

L'Eglise se doit de révéler Dieu au monde, d'aller en mission. Il ne s'agit d'y aller forcement à l'autre bout de la planète, mais de parler de Dieu, son plan de salut, aux hommes de près comme de loin. De nos jours elle peut se faire par la campagne en plein air, le porte à porte, l'amitié, la télévision, la radio et autres médias, le prospectus, des concerts..., Il n'y en a pas une meilleure qu'une autre. La meilleure c'est celle qui marche c'est à dire celle qui est adaptée aux contemporains de notre région.

Nous avons abordé la triple vocation de l'Eglise universelle : adorer, enseigner, évangéliser. L'Eglise détermine les tâches de fond des églises à la base. Dans cette vocation, il ne s'agit pas d'une option. Les trois vocations, les trois missions sont indissociables car il s'agit au finish de révéler Jésus Christ. Or révéler Jésus-Christ et son Evangile à ceux qui ne les connaissent pas, tel est, depuis le matin de la Pentecôte, le programme fondamental que l'Eglise a assumé comme reçu de son Fondateur. Tout le Nouveau Testament, et plus spécifiquement les Actes des Apôtres, témoignent d'un moment privilégié de cet effort missionnaire qui jalonnera ensuite toute l'histoire de l'Eglise.

II.2- Quelques réalisations missionnaires au Cameroun.

Parler des réalisations missionnaires au Cameroun revient à faire le tour des investissements matériels réalisés sous la houlette des missionnaires. Nous pouvons citer entre autres : les temples, les écoles, les hôpitaux, les centres sociaux...

Les temples étaient pour les sociétés missionnaires et demeurent pour nous chrétiens aujourd'hui, le lieu réservé au culte du Dieu vivant. Quand on sait l'importance qu'avait la religion alors, on comprend que ces bâtiments avaient une influence non négligeable dans la vie du pays. C'est pourquoi ils se dressaient de manière majestueuse au centre de la station missionnaire et toutes les autres activités gravitaient autour de cette dernière. Les fonds de construction venaient exclusivement de l'occident. Mais de nos jours avec l'autonomie chaque église locale se bat pour construire son lieu d'adoration.

Les missionnaires voyaient en l'école un moyen efficace d'évangélisation. La mission première de l'école, c'est l'instruction car elle permet de lire, écrire, compter. La seconde mission vise la socialisation, le bien vivre ensemble et la troisième mission est culturelle : ouvrir sur le monde, s'en approprier les richesses. L'école est un lieu où l'acquisition des compétences intellectuelles est mise au premier plan. L'école doit préparer l'enfant à être un futur citoyen, pas à se préparer à son futur métier. Il devrait y apprendre à débattre, faire des choix, comprendre les influences et les règles, à développer le travail d'équipe et la coopération. Ainsi, dans la logique missionnaire, les écoles construites devait d'abord transmettre des connaissances et compétences, une culture. Ensuite, préparer à la vie professionnelle en fournissant des qualités de compétence et de comportement, notamment d'adaptation, qui permettront d'y faire face et de s'adapter à ses changements. Enfin, de former le futur citoyen, et l'intégrer toutes les couches de la société.

A travers le système scolaire, les enfants devaient être protégés, voire détournés de la "tradition païenne" de leurs parents. Pourtant Fabien EBOUSSI BOULAGA voit dans l'éducation « le passage de la nature à la culture, de l'animalité à l'humanité, sans cesse repris à chaque naissance, constamment maintenu et promu dans tout individu qui ne veut pas déchoir de sa condition d'homme. »41(*) Après près de dix ans d'engagement au Cameroun par exemple, la Mission de Bâle n'avait toujours pas réussi à convaincre les adultes à se faire baptiser. Seuls les élèves se faisaient baptiser. Pour beaucoup d'élèves, cela faisait sûrement partie des obligations scolaires, d'autant plus que l'enseignement scolaire et la préparation au baptême allaient de pair et se faisaient dans la même salle. A côté des élèves, les moniteurs ou catéchistes indigènes étaient des pièces maîtresses dans le processus d'évangélisation des populations africaines.

Un moniteur ou catéchiste était un autochtone au service de la Mission, exerçant à la fois les fonctions d'enseignant et de prédicateur. Ce n'est donc pas un hasard si, presque tous les anciens pasteurs au Cameroun par exemple ont d'abord été des moniteurs ou catéchistes par ailleurs appelés à jouer un rôle important dans l'expansion du Christianisme et la fondation des communautés ecclésiales. Les moniteurs autochtones qui devenaient pasteurs plus tard, constituaient la nouvelle élite africaine ayant combattu le guérisseur indigène dont ils prirent la place comme conseiller et bras droit du chef ou roi traditionnel. Plus que les missionnaires européens, ils se battaient contre leurs propres traditions qu'ils assimilaient au paganisme. Il n'est donc pas étonnant de voir au Cameroun, l'Eglise se présente comme le premier partenaire de l'Etat en matière d'éducation avec un nombre impressionnant d'établissements scolaires.

Dans le souci de guérir pas seulement l'âme mais aussi le corps, l'action missionnaire s'accompagne par la construction des oeuvres hospitalières. L'évangélisé avait droit à un service de qualité. Avec les missionnaires, on avait dans les hôpitaux, la prise en charge des soins palliatifs ; les actions d'éducation et de prévention pour la santé et leur coordination ; l'aide médicale urgente, conjointement avec les praticiens et les autres professionnels de santé, personnes et services concernés ; la prise en charge des personnes hospitalisées sans leur consentement (oeuvre de témoignage et non rentable).

Les missionnaires ne pouvaient ignorer ce secteur : l'action sociale était considérée comme une branche normale de l'activité des Églises. Les missionnaires dans leur logique évangélisatrice y jouaient un très grand rôle. On eut toutes sortes d'oeuvres sociales : asiles de vieillards, orphelinats, centre social de réintégration des enfants de la rue etc.

Il faut dire pour conclure ici que, d'abord, ce foisonnement d'oeuvres montre la vitalité de la mission de l'époque, vitalité d'autant plus étonnante après plus d'un siècle de persécutions. Ensuite, par leur existence, ces oeuvres ont changé le visage de la communauté missionnaire.

Si nous ne prenons que le cas de l'Eglise Evangélique du Cameroun, les réalisations missionnaires y sont considérables. De nos jours elle compte:

- Ecoles maternelles et primaires: 200

- Collèges : 14

- Université: 1 à Mbouo

- Hôpitaux et dispensaires: 15 hôpitaux et 40 centres de santé intégrés

- Centre de formation professionnelle

- Deux fermes écoles à Ndounguè et Bagam

- Le Centre social de Ntolo

- Le Centre polyvalent de formation de Mbouo

- Le CAFRAD à Douala

- Le CEF (Centre d'échange et de formation)

- Le PADECO (Programme d'appui au développement communautaire) à Garoua

- Le Foyer du marin, cogéré avec l'Allemagne pour encadrement des marins à Douala

- Dernière-née, fruit de l'évaluation générale de l'EEC, la CAMED (Caisse mutuelle Evangélique pour le développement) qui est une micro finance.42(*) 

II.3- Défis missionnaires actuels pour le clergé de l'EEC.

L'époque où nous nous trouvons aujourd'hui, en cette aurore du troisième millénaire, est celle de grands bouleversements dus aux mutations technologiques, politiques et économiques des dernières décennies du siècle précédent. Nous sommes engagés dans un processus irréversible, celui de la mondialisation, soutenu par une révolution technique en électronique, en informatique et en réseautique avec le développement exponentiel de l'Internet et des technologies de pointe.

Ce phénomène mondial a des répercussions immédiates sur notre vie individuelle et ecclésiale. C'est une réalité complexe dont les effets sont contradictoires. D'une part, elle renforce l'intégration des pays jusque-là marginaux, elle favorise la rencontre entre les hommes et les cultures. Le premier défi est celui de la contextualisation de l'évangile car « le pionnier ou l'envoyé missionnaire qui arrive dans un nouveau champ de travail rassemble de nouveaux croyants autour de lui. Il garde à l'esprit l'église et la culture qui l'a envoyé. Son église d'origine représente souvent dans son subconscient l'image à laquelle l'église nouvellement implanté devrait ressembler. »43(*)

Au sein de notre société, il existe pourtant une vraie faim spirituelle. Le religieux retrouve parfois une place, mais de manière ambiguë et contestable : est apparue une sacralité hyper-individualiste des gnoses, des sectes, ou plus généralement des syncrétismes individuels à l'intérieur de laquelle s'élabore un scientisme de l'invisible, qui va souvent de pair avec un refus du risque de la foi et de l'engagement personnel.

Qu'elle le veuille ou non, l'EEC se trouve désormais sectorisée et privatisée, se présentant, de l'extérieur, comme une offre parmi d'autres sur le grand marché des courants de pensées, des religions et des sectes, où comme chacun sait, le client est roi. Cette indifférenciation extérieure suscite fort logiquement la dérision ou l'indifférence, et cela doit interpeller notre conscience ecclésiale.

Face à la situation de reconfiguration radicale du monde et aux crises de mutation qui l'accompagnent, nous devons, pour aborder les défis du temps présent, tenter tout d'abord de revenir à une question simple : quels sont les défis qui attendent l'EEC de nos jours ? Quel est son être profond et quelle est sa vocation ?

L'EEC est appelée, en effet, à être le bon levain dans la pâte du monde pour faire advenir le règne de Dieu sur terre. Église et monde sont donc des réalités coextensives. De même que le Christ s'est offert en oblation, l'Église qui est son Corps, existe non pas pour elle-même, mais pour le monde que Dieu a créé par pure bonté, et qu'il destine à une communion plénière avec Lui, au Banquet des derniers jours qui est le terme de l'Histoire. C'est ça le défi spirituel à relever en Afrique aujourd'hui car Satan ne cède pas le terrain sans livrer bataille.

Au Cameroun, la question du rôle de l'Eglise dans le développement du pays est un sujet courant et facile à comprendre. Ce dernier pense que c'est le `'blanc'' qui doit développer son continent comme le constate Paul KEIDEL «  l'étranger est perçu comme une source de richesses illimitées à partager avec les membres pauvres de la famille de Dieu. Ce sentiment s'appuie sur la constation qu'en général la société missionnaire offre une aide financière lors des campagnes d'évangélisation, l'expansion missionnaire, la construction d'écoles, d'églises, d'hôpitaux ou de cliniques. »44(*)

Dans le cas d'espèce au Cameroun, les églises se sont vues engagées dans le processus de développement de leurs pays respectifs suite à deux faits essentiels : L'action missionnaire a trouvé que les activités de développement constituaient un moyen important pour gagner les populations locales pauvres à la foi chrétienne. Ensuite, la faiblesse de l'engagement de l'état dans les domaines économique et sociale a poussé les églises à se substituer en acteurs de développement.

Dans un passé très récent, la plupart des églises d'Afrique ne considérait la paix comme un ingrédient essentiel de développement. Ainsi les églises étaient totalement absentes dans le domaine de prévention des conflits. Avec les guerres qui ont sévi dans plusieurs régions en Afrique avec ses conséquences incalculables sur le plan humain et économique, les églises sont arrivées à l'évidence que la paix est le socle du développement.

L'éducation est un autre défi que les églises doivent lever en vue de maximiser leur apport au processus de développement dans la région. Etant donné que les églises sont fortement engagées dans le domaine de l'enseignement, elles devraient profiter de cette opportunité sans égal pour transformer l'éducation de jeunes générations. L'EEC doit débarrasser son enseignement de l'approche paternaliste et promouvoir la culture de la démocratie qui favorise l'esprit critique et la créativité.

Une telle éducation permettrait aussi à nos populations d'éviter les préjugés qui sont à la base des discriminations, source de conflits et de mettre à profit les diversités des valeurs de nos sociétés. Pour le chercheur Sévérin Cécile ABEGA, l'éducation est importante « dans la mesure où elle ouvre les esprits et les forme »45(*)

Un autre défi à relever est la gestion des affaires ou encore la bonne gouvernance. Quand la mauvaise gestion est tolérée dans un Etat, elle se transforme en une culture ou en un mode de vie qui finit par affecter tous les autres secteurs de la vie nationale, y compris même les églises.

Dans ces circonstances, l'EEC devrait se ressaisir et se rappeler sa vocation d'être un modèle pour la société. Par là nous ne voulons pas du tout parler de prime abord de perfection, car nous sommes conscients que l'EEC peut ne pas avoir l'expertise voulue pour atteindre cette perfection. Nous aimerions tout simplement nous inspirer de l'adage selon laquelle, c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Des petites réformes dans la conduite des affaires au sein de nos églises pourront déclencher des changements importants dans nos églises et dans nos sociétés.

Un autre défi pour la mission est la lutte contre la pauvretéLa mission de l'église est de participer au mouvement de libération humaine de notre temps de manière à témoigner Jésus-Christ comme la source de la spiritualité authentique ; mais il faut relever que la pauvreté, voire la misère, constitue un obstacle à ce message de libération. Comment un missionnaire peut-il partager la souffrance matérielle de ses fidèles mal nourris et mal logés ? A cette question, EC BLAKE disait : « un homme qui a faim ne peut écouter qu'une bonne nouvelle : celle d'une nourriture que lui et sa famille pourront manger. Il ne lui est pas possible d'entendre ce qu'un homme bien nourri peut lui dire même s'il parle de Jésus-Christ. »46(*)

Un homme qui vit dans une effrayante pauvreté ne saurait s'ouvrir à la bonne nouvelle prêchée lorsque les besoins vitaux constituent un grave problème pour que le corps, l'âme et l'esprit soient disposés à s'ouvrir au message du salut.

Avec les pressions de la mondialisation un autre défi à relever est celui du sécularisme.Avec les progrès scientifiques et techniques, les mutations, la mondialisation, l'administration missionnaire ont conduit à une administration de type séculier avec la création des départements, l'usage des titres tels que président, secrétaire etc., la mission a ainsi déraillé de son identité et de son fonctionnement comme entité ecclésiale pour fonctionner comme toute autre organisation séculière. Dans cette mesure, la dimension spirituelle a été reléguée au second plan. Ce qui fait que l'église a plus fonctionné comme institution que comme corps du Christ.

Le missionnaire actuel doit faire face au syncrétisme ; car l'Africain s'obstine à s'adapter ou de feindre de s'adapter à la vision du monde occidental. La vie quotidienne, le besoin des relations avec sa tradition, sa culture, ses coutumes et ses rites sont restées intactes d'où un risque d'amalgame du christianisme occidental avec l'animisme. L'église devient juste un lieu où l'on recherche des réponses pour l'explication de la médecine moderne le développement ou simplement le lieu de la communion fraternelle, de culte et des autres activités d'Eglise. Klauspeter BLASER pense qu'il faille devant cette situation, insister « sur la nécessité de traduire l'Evangile partout et pour chaque époque. Cette traduction ne consiste pas seulement à annoncer le texte biblique dans la langue courante des destinataires, mais elle nécessite aussi une mise en forme, une véritable transposition du message qui corresponde aux contextes nouveaux, aux relations et aux structures sociales actuelles. »47(*) 

Pour les questions difficiles de maladies incurables, des manifestations des mauvais esprits, des mauvais sorts, des attaques démoniaques, il faut faire parfois recours aux pratiques de la tradition africaine qui, pour l'africain traditionnel semble donner des réponses valables à ses problèmes. Ainsi, la solution demeure celle de rester à la fois attaché à l'église pour des besoins de communion fraternelle et continuer à s'attacher aux traditions africaines pour répondre aux besoins relatifs au monde des esprits que le discipolat a avéré ne pas aborder. Jean-Marc ELA à ce propos affirme au contraire que « le christianisme fut utilisé comme une arme efficace pour le bien des colonisés c'est-à-dire comme un moyen pour leur apporter le civilisation en luttant contre les pratiques religieuses et sociale traditionnelles ».48(*) Au regard de l'objectif missionnaire, on assiste à un christianisme de surface et la profondeur demeure toujours problématique.

A la notion de gestion est liée aussi celle de leadership. Une bonne gestion ou une bonne gouvernance exige un bon leadership. En effet on se rend compte que le gros des reproches des réformateurs n'était pas essentiellement focalisé sur l'enseignement de l'Eglise comme tel, mais plutôt sur des pratiques non conformes aux écritures saintes au sein de la hiérarchie de l'Eglise qui interprétait les écritures pour le besoin de la cause.

C'était donc la qualité de leur leadership qui était premièrement mise en question. Sur base de cette expérience de la réforme et de notre propre expérience dans nos églises et dans notre société, nous sommes appelés à développer une nouvelle forme de leadership qui influence d'autres à devenir plus capables à remplir leurs tâche d'une manière plus efficiente. Paul KEIDEL lui, pense que « des leaders bien équipés édifient de solides communautés »49(*) Si les églises réussissent à se doter d'un tel leadership, alors elles seront capables de contribuer à la promotion de la bonne gouvernance dans les institutions de nos pays respectifs et par voie de conséquence, elles auront contribué efficacement au développement de nos pays.

En dépit de leur propre faiblesse et des limites de leurs ressources, les églises ont encore un grand rôle à jouer. Mais aussi, tout en évitant le danger de devenir des caisses de résonnance des gouvernants, elles devraient interpeller ces derniers à prévoir dans les budgets d'Etat des subventions devant leur permettre de mieux se mettre au service des populations nécessiteuses.

CHAPITRE III : BREVE PRESENTATION DE L'EGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN.

Le choix de la présentation de cette Eglise n'est pas fortuit. Elle est notre Eglise cible et aussi celle qui nous a aidé à grandir sur le plan spirituel jusqu'à la reconnaissance de notre vocation. Quelles sont les étapes ayant contribuées à la genèse de l'E.E.C. ?

III.1- La genèse de l'E.E.C. 

L'année 1843 marque l'arrivée des missionnaires au Cameroun. Ils sont venus animés par leur foi et mandatés des sociétés missionnaires pour apporter l'évangile au Cameroun comme dans d'autres pays Africains.

« L'Eglise Evangélique du Cameroun, en abrégé E.E.C, fait partie de l'Eglise universelle, corps du Christ, chargée d'annoncer la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ et de rendre témoignage du Royaume de Dieu jusqu'au retour du Seigneur »50(*)

Cette Eglise est un hybride de trois grandes Sociétés de Mission entre autre la Mission Baptiste de Londres, la Mission de Bâle et la Société des Missions Evangéliques de Paris.

a. La Mission Baptiste de Londres (1841-1886)

Elle est plus connue sous le nom de Baptist Missionary Society. Elle a travaillé au Cameroun d'entente avec les Eglises baptistes de la Jamaïque, de 1841à 1886.51(*)

Son premier contact avec le Cameroun remonte au 1er février 1841 avec la visite du Docteur G.K. Prince et du Pasteur John CLARKE, tous deux Afro-américains de la Jamaïque. En novembre 1843, arrive Joseph MERRICK, âgé d'une trentaine d'année, qui s'installe à BIMBIA près de LIMBE. Il y crée la première station missionnaire. Ce dernier n'eut pas seulement le mérite de persister dans le ministère avec l'apprentissage de la langue douala, mais aussi de frayer le chemin de la Mission vers l'intérieur. Avant sa mort en 1848, il est rejoint par Alfred SAKER d'origine anglaise en 1845. Celui-ci créera une école industrielle. Il a eu le mérite de traduire la Bible en langue douala. SAKER est aidé dans sa lourde et exaltante mission par T.H. JOHNSON, G. NKWE, J.J. FULLER. En gros, la Mission Baptiste de Londres a permis l'essor de l'Eglise à Douala.

b. La Mission de Bâle (1886-1914)

Elle succède à la Mission Baptiste de Londres après la prise de Douala par l'Allemagne en 1884. Créée en 1815, elle est à l'origine une société de la Suisse Allemande et de la région Wurtembergeoise en Allemagne du Sud-ouest. Cette mission arrive au Cameroun le 23 décembre 1886, deux ans après le traité germano-Douala de 1884 qui a fait du Cameroun une colonie allemande.

Les Britanniques abandonnèrent définitivement la mission en 1888. Dès leur arrivée, les missionnaires bâlois créèrent neuf stations missionnaires, deux centres de formation des maîtres et des catéchètes. De ces centres, sortirent les premiers pasteurs camerounais au rang desquels Joseph DIEBOL, Joseph EKOLLO, Joseph KUO ISSEDU, Jacob MODI DIN dont le rôle fut important dans l'implantation de l'Eglise au Cameroun. C'est par la Mission de Bâle que l'Evangile pénétra le GRASSFIELD qui comprend la partie anglophone du Nord-Ouest, et l'actuelle région de l'Ouest. En 1914, les Bâlois créent 9 stations missionnaires et 2 centres de formation des maîtres catéchistes ; elle comptait quatre cent quatre lieux de culte, quinze mille cent douze membres et vingt et deux mille huit cent dix-huit élèves.52(*)

c. La Société des Missions Evangéliques de Paris (1917-1957)

La première guerre mondiale, soldée par la défaite de l'Allemagne entraîna l'expulsion des missionnaires ; car tous les territoires coloniaux de l'Allemagne furent placés sous l'égide de la S.D.N. La partie du Cameroun placée sous mandat français n'eut plus le droit de continuer avec la Mission de Bâle et l'avenir de son immense oeuvre fut alors mis en cause. C'est alors qu'entra en jeu la SMEP qui commença son travail au Cameroun en 1917 avec une tâche que nous pouvons résumer en deux devoirs impérieux : « Entrer en relation avec les Eglises délaissées pour les rassurer, les réconforter et pour leur montrer des coeurs fraternels. Mais ils furent en même temps chargés d'un devoir patriotique. »53(*)

Au départ, la SMEP s'était engagée dans une tâche temporaire au Cameroun. Ce n'est que le 2 juin 1919 que son comité directeur vota à l'unanimité de ses membres, l'adoption du Cameroun comme huitième champ de travail de cette société54(*). Suite à cette décision, le comité directeur de bale décida en Janvier 1920, de lui remettre l'ensemble de son oeuvre au Cameroun.

Les travaux avec cette société de Mission continuèrent jusqu'en 1946. A cette date, la Mission connut une crise financière critique. Elle fit appel aux églises-soeurs pour l'aide. Pour administrer l'oeuvre dont elle avait hérité, la SMEP pensa théoriquement à une organisation de type presbytérien-synodal qui est le modèle d'organisation de l'Eglise Reformée de France dont la SMEP est le produit. L'organigramme conçu se présentait comme suit : Le synode général (organe suprême de décision) la commission synodale (Pasteurs + missionnaires), la région, le district et la paroisse.

Entre temps, une commission synodale est crée avec les pasteurs et les missionnaires comme membres afin de diriger l'Église. En 1919, la SMEP adopte le Cameroun comme un de ses champs de mission. En ce moment, on compte 6 stations missionnaires, 18 missionnaires, 616 évangélistes et catéchistes, 11 pasteurs camerounais, 38 602 chrétiens et 15 800 élèves dans les écoles de l'Église. Avec la création de la conférence des missionnaires, un problème surgit : les autochtones en sont exclus avec pour conséquence évidente, des tensions entre les deux parties. Durant le séjour de la SMEP, des chrétiens seront persécutés notamment dans l'Ouest du pays en 1927.

Plusieurs autres facteurs vont s'y ajouter pour précipiter les jours de la SMEP. Nous pouvons citer :

- Les déclarations de la conférence de Brazzaville qui supprimèrent les travaux forcés et le régime de l'indigénat.

- La reconnaissance aux prêtres et aux pasteurs indigènes le statut de citoyens en vue de leur confier l'enregistrement de l'état civil.

- La constitution de 1949 qui avait pour but : « De préparer les Eglises lentement et mûrement à leur autonomie. »55(*)

Nous n'oublions pas l'« affaire Bamoun » qui fut l'un des conflits opposant la S.M.E.P. et l'Eglise locale.

III.2. Des sociétés de missions à l'autonomie de l'EEC.

En raison du désaccord né de l'affaire Bamoun qui oppose en 1953 le Pasteur Josué MUSHE au missionnaire Henri MARTIN qui considère les noirs comme fils de « Cham » (esclaves), les pasteurs Camerounais (MALLO , KOTTO, MBONDJO) affirment leur capacité, leur maturité à pouvoir s'autogérer. Ils se sentent capables de constituer une église placée sous la direction des camerounais, pour les camerounais et par les camerounais ; d'où l'idée de demander l'autonomie de l'Eglise. Ils se réunissent à Ndoungué pour parler de sa naissance et de son plan de travail. En Août 1956 plus précisément le 03 Aoûtà Foumban, la Commission Synodale Générale demande l'autonomie à la SMEP et le nom EEC fut adopté après plusieurs discussions. Ces évènements et bien d'autres ouvrirent grandement la porte à l'autonomie de l'EEC tout comme l'UEBC qui fut promulguée de manière solennelle le 10 mars 1957 dans le temple du Centenaire à Douala avec pour premier président le pasteur Paul JOCKY lors de son tout premier synode général.

Les deux églises (l'EEC et l'UEBC) créent à leur tour sous l'instigation des missionnaires sortants, le Conseil des Eglises Baptistes et Evangéliques du Cameroun (CEBEC) pour la coordination des oeuvres de témoignage (Hôpitaux, Ecoles, Collèges, Centre de formation).

L'EEC est officiellement reconnue le 14 Octobre 1974 par décret présidentiel N° 74 / 853 du 14 Octobre 1974 comme association cultuelle par l'Etat du Cameroun. Après son autonomie, l'EEC est passée par une forte crise du fait des troubles politiques qui ont divisé les populations des environs de Douala et dans le pays bamiléké.

En 1958, l'EEC a été secouée par une tentative de division au sujet de la langue de travail dans l'Eglise. En effet, les bamilékés ne voulaient plus évangéliser dans les «  grassfields » avec la langue Douala. Ce mouvement séparatiste a été apaisé par la prudente action du pasteur Kotto. Pour catalyser la montée de l'église, une campagne d'évangélisation fut initiée dans la région de l'ouest entre Février et Juillet 1962 avec pour thème « Jésus-Christ, lumière du monde » ou près de 8000 personnes acceptent de se donner au Seigneur.56(*)

L'EEC s'ouvre très tôt au monde avec l'adhésion le 22 avril 1959 au Conseil OEcuménique des Eglises (C.O.E). Et en 1963, elle est membre fondateur de la conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA).

En définitive, l'EEC fruit de trois sociétés missionnaires qui se sont relayées suivant le cours des mutations politiques et administratives, et fondée sur les Saintes Ecritures, se veut une église travaillant pour le rayonnement de la gloire de Dieu au Cameroun et même ailleurs. Après sa reconnaissance officielle, elle a poursuivi l'oeuvre d'évangélisation (Mathieu 28 :19-20) et s'est développée dans différents domaines. C'est aussi une église visionnaire qui travaille aujourd'hui pour le recentrage spirituel et moral de ses ouvriers et de ses fidèles dans une certaine rigueur. L'EEC est une église qui émerge. Dynamique et ambitieuse, elle se veut de référence et envisage son avenir avec espoir.

III.3. Organisation Structurelle de l'EEC.

L'EEC à une organisation pyramidale pour sa gestion, laquelle prend son appui sur ses textes de base qui sont la Constitution et le Règlement intérieur.

Selon sa Constitution57(*), L'EEC est une Eglise presbytéro-synodale c'est-à-dire que les décisions vont de la base au sommet, et vice versa, et sont prises en assemblée. Ainsi elle est structurée de la manière suivante :

Ø L'annexe : elle regroupe les chrétiens d'une paroisse dans une même localité et est dirigée par un Evangéliste ou un aide évangéliste. (possibilité de disposer des lieux de cultes).

Ø Laparoisse : elle regroupe une ou plusieurs annexes dirigées par un conseil d'anciens ayant à sa tête un ou plusieurs pasteurs.

Ø Ledistrict : c'est le regroupement de plusieurs paroisses qui est dirigé par un pasteur (président de district), élu pour un mandat de 7 ans par le consistoire. Il existe le conseil consistorial qui gère les affaires courantes du district entre deux consistoires.

a) La région synodale : elle est la circonscription qui regroupe plusieurs districts, dirigée par un Pasteur Président de Région, nommé par le Conseil Synodal Général. les principales instances qui constituent la région sont les suivantes :

- Le conseil synodal régional qui se tient 2 fois par an.

- Le synode régional qui se tient une fois par an.

b) Au niveau national on distingue :

- Le conseil synodal général qui se tient 2 fois par an.

- Le synode général qui se tient une fois tous les deux ans (avec possibilité d'un Synode extraordinaire l'année précédant les échéances électorales ou en faveur de la gestion des situations particulières).

c) Composition du bureau de l'EEC 

Le bureau de l'Eglise est composé de cinq membres élus pour un mandat de 07 ans. A savoir

- Un Président Général (Pasteur) ;

- Un 1er vice-président (Pasteur), chargé des mouvements, des chorales et du personnel ; 

- Un 2ème vice-président (Ancien d'église), chargé des oeuvres ; 

- Un 3ème vice-président (Ancien d'église), chargé des finances ; 

- Un Secrétaire Général (Pasteur) .

Les organes de l'EEC tels que définis dans la Constitution sont régis selon les principes ci-après :

Ø A l'annexe : le Conseil d'Anciens de l'annexe et le bureau de l'annexe.

Ø A la paroisse : l'Assemblée d'Eglise qui est l'organe suprême de la paroisse, le Conseil d'Anciens, le Collège des Conseillers, le conseil élargi qui siège en cas de besoin, le bureau de la paroisse et les commissions.

Ø Au district : le consistoire, le conseil consistorial, le bureau du district, les commissions.

Ø A la région : le Synode Régional, le Conseil Synodal Régional, le bureau de la région, les commissions.

Ø Au niveau national : le Synode Général, le Conseil Synodal Général, le bureau général, les commissions.

L'EEC dans son organisation et sa doctrine reconnait les ministères suivants : Pastoral, d'Evangéliste, d'Ancien d'église, de Conseiller Paroissial, de Diacre, de Moniteur du culte d'enfants, de Témoignage évangélique et celui de guérison et de délivrance.

Pour l'édification de la foi du peuple de Dieu dans son ensemble (hommes, femmes, enfants, jeunesse), il existe plusieurs départements et mouvements en son sein parmi lesquels :

- Le Département : Ministère Pastoral, Evangélisation, Education Chrétienne, et Enseignement Théologique ;

- Le Département : Enseignement scolaire, Universitaire et Formation Professionnelle ;

- Le Département Santé ;

- Le Département : Social, Diaconie, Justice, Paix et Sauvegarde de la Création ;

- Le Département : Jeunesse ;

- Le Département : Culte d'Enfants et Chorales ;

- Le Département : Famille et Genre ;

- Le Département : Communication et Information ;

- Le Département : Personnel et Problèmes Juridiques ;

- Le Département : Finances ;

- Le Département : Développement, Prospective et Projet ;

- Le Département : Relations Publiques, OEcuménisme et Responsabilité Mondiale de l'Eglise.

Pour faciliter le travail, l'EEC dans sa constitution, en son article 24 dit : « il est créé au sein les commissions techniques de travail suivantes :

- commission : Ministère Pastoral, Evangélisation, Education Chrétienne et Enseignement théologique ;

- commission : finance ;

- commission : OEuvres ;

- commission : Développement, prospective et projets ;

- commission : Doctrine, Ethique et Discipline ;

- commission : Famille et Genre ;

- commission : Jeunesse ;

- commission : Culte d'enfants et Chorales ;

- commission : Diaconie, Justice, Paix et Sauvegarde de Création ;

- commission : Sécurisation et Extension du patrimoine ;

- commission : Communication, Information. »58(*)

Ces commissions de travail fonctionnent avec un cahier de charge bien définit.

Il faut également dire que l'EEC, dans son dynamisme, est membre de plusieurs organisations telles que : Le CEPCA, le CETA, la CEVAA, la MEU, le COE.

Au terme de cette étude, nous pouvons dire que L'EEC est une Eglise bien organisée et bien structurée. Telle est une Eglise de type presbytéro-synodale, avec une organisation pyramidale.

Conclusion partielle

Ce chapitre était celui de la définition et du fondement biblique de la mission, de l'étude de la vocation missionnaire ainsi que les réalisations et défis missionnaires, sans oublier la présentation de l'EEC qui est notre Eglise cible. Force est de constater que la mission prend son envol dans la parole de Dieu et dans l'oeuvre missionnaire plusieurs oeuvres ont été réalisé. Il faut aussi dire que l'EEC, notre Eglise cible est la fille de plusieurs sociétés missionnaires.

DEUXIEME PARTIE : LA CRISE ECOLOGIQUE

La fin du XXème siècle a vu naitre des enjeux politiques, éthiques et environnementaux nouveaux. En effet les générations nées après la seconde guerre mondiale, ont vu surgir une succession de crises modernes qui façonnent encore aujourd'hui l'évolution de nos façons de penser. Ce que l'on appelle « crise écologique » en est un exemple important. L'usage de ce concept, véhiculé à la fois par les médias, par les scientifiques, par les politiques et par n'importe quelle association d'individus, font de ce problème moderne, un des enjeux les plus préoccupant du XXIème siècle en particulier lorsqu'il s'agit de se projeter dans l'avenir. En effet il arrive très souvent, à propos de l'écologie, de parler d'une crise. Cela renvoie donc à une situation grave en soi et pour soi, une situation dans laquelle un système mise en place est malade. Ce système est souffrant car il ne fonctionne plus correctement et engendre des problèmes sanitaires propres aux mécanismes même du système, allant jusqu'à provoquer son implosion. La crise nécessite de ce fait un diagnostic, c'est-à-dire des réflexions scientifiques, politiques, morales et spirituelles destinées à soigner le système, à rétablir un équilibre dans les mécanismes dysfonctionnant. La crise appelle donc à terme soit à une convalescence, soit à un effondrement d'un système, victime de sa dette malsaine. Mais alors qu'est ce qui est en crise, lorsque l'on parle de crise écologique ? Il faut prendre en compte que ce concept de crise écologique est un concept utilisé à la fois pour décrire un phénomène mais aussi en même temps pour se le représenter.

Il y aurait ainsi à travers le terme de crise écologique et selon une définition primitive de l'écologie : une crise des conditions de l'existence. Serait-ce une crise de notre existence humaine ? La crise de ce qui nous environne, c'est-à-dire une crise des conditions d'existence de l'air, de l'eau, de la terre ? Une crise des conditions d'existence de la nature, des animaux, des végétaux, des minéraux ?

S'il y a une crise des conditions d'existence en générale, nous allons essayer de réfléchir à ce que l'on entend principalement comme étant en crise dans le système qui est le nôtre. En quoi la crise écologique est-elle d'abord celle d'une nature se présentant comme en crise à travers des dérèglements visibles et sensibles dans l'environnement ? Mais n'y aurait-t-il pas alors une responsabilité humaine ? En quoi la crise écologique est-elle aussi spirituelle ?

CHAPITRE I : CLARIFICATION TERMINOLOGIQUE ET FONDEMENT BIBLIQUE DE L'ECOLOGIE.

Ce chapitre est consacré à la définition de certains termes et au fondement vétérotestamentaire et néotestamentaire de l'écologie. Il sera aussi question d'étudier l'influence de la crise écologique dans certains espaces pour déterminer, les causes, les conséquences et les responsables de la crise écologique.

I.1- Clarification des termes `'crise'' et `'écologie''.

Nous allons essayer de donner aux mots `'crise'' et `'écologie'', leur contenu juste et véritable.

La crise, selon le dictionnaire Larousse en ligne est un brusque accès, une forte manifestation d'un sentiment, d'un état d'esprit. C'est un moment très difficile dans la vie de quelqu'un, d'un groupe, dans le déroulement d'une activité. C'est la période ou une situation marquée par un trouble profond. Selon la même source, c'est la rupture d'équilibre entre la production et la consommation, caractérisée par un affaiblissement de la demande, des faillites et le chômage. La crise est une grave pénurie de quelque chose59(*).

Pour le dictionnaire Encarta, la crise est une période de dérèglement ou de manifestation paroxystique des éléments naturels60(*).

Ainsi, nous pouvons comprendre la crise comme la manifestation brusque et intense, de durée limitée (d'un état ou d'un comportement), pouvant entraîner des conséquences néfastes. C'est donc un changement brusque ou une modification importante dans le développement d'un évènement quelconque ; c'est également une situation compliquée ou d'épuisement. Par exemple lorsque le milieu de vie d'une espèce ou d'une population évolue de façon défavorable à sa survie.

Quant à l'écologie, ce mot vient du grec "oikos", maison et "logos", science, connaissance. L'écologie est donc la science qui étudie les milieux et les conditions d'existence des êtres vivants et les rapports qui s'établissent entre eux et leur environnement, ou plus généralement avec la nature. Une définition généralement admise, particulièrement utilisée en  écologie humaine, consiste à définir l'écologie comme étant le rapport triangulaire entre les individus d'une  espèce, l'activité organisée de cette espèce et l' environnement de cette activité. L'environnement est à la fois le produit et la condition de cette activité, et donc de la survie de l'espèce.61(*)L'écologie est aussi définie par Ernst HAECKEL, un biologiste allemand en 1866, comme « la science des relations des organismes avec le monde environnant, c'est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d'existence. »62(*)

Cette activité est menée par des hommes et femmes connue comme étant des écologistes. Un écologiste selon les auteurs du manuel Ecologie : collection de Sciences naturelles second cycle de l'enseignement secondaire est quelqu'un qui « étudie les conditions d'existence des êtres vivant et les interactions de toutes natures qui se créent entre eux et leur milieu »63(*)

Mise ensemble, la crise écologique nous apparait comme celle d'un dérèglement de l'espace et plus particulièrement des mécanismes dans lequel l'homme n'était pas censé intervenir. A travers la crise écologique nous sommes plongés dans ce qu'il convient d'appeler aussi crise climatique, crise biologique, crise nucléaire... car le problème vient d'un dysfonctionnant de mécanisme propre à la nature, visible, sensible et souvent analysable par l'homme dans l'environnement. Il y a crise écologique, lorsque le milieu de vie d'une espèce ou d'une population évolue de façon défavorable à sa survie.

De manière générale, la crise écologique est celle qui se produit lorsque l'environnement biophysique d'un individu, d'une espèce ou d'une population d'espèces évolue de façon défavorable à sa survie. Il peut s'agir d'un environnement dont la qualité se dégrade par rapport aux besoins de l'espèce, à la suite d'une évolution des facteurs écologiques abiotiques par exemple, lors d'une augmentation de la température, de pluies moins importantes.

Il peut aussi s'agir d'un environnement qui devient défavorable à la survie de l'espèce ou d'une population à la suite d'une modification de l'habitat. Par exemple, lors des pêches industrielles intensives, les prélèvements par les prédateurs et l'augmentation de la fréquence de la perturbation de l'environnement modifient les conditions d'habitat et entraînent une disparition de certaines espèces. Il peut aussi s'agir d'une situation qui devient défavorable à la qualité de vie de l'espèce ou de la population à la suite d'une trop forte augmentation du nombre d'individus connue comme la surpopulation.

Les analyses scientifiques relatives à la crise écologique permettent essentiellement de donner un sens à ces bouleversements visibles dans la nature. Lorsque l'on parle de la crise écologique, il s'agit de considérer une crise de la nature et de ses mécanismes. En précisant et interprétant les dérégulations internes à la nature.

La crise écologique est un déficit des conditions d'existence de la nature et donc de ses mécanismes d'autorégulation. Elle touche l'ensemble de l'environnement des hommes de façons différentes et plus ou moins intenses, mais elle implique le monde entier.

Bien qu'aujourd'hui de nombreuses théories relatives à la crise, telles que le réchauffement climatique, ou l'extinction de certaines espèces, soient reconnus par la grande majorité de la communauté scientifique, il reste néanmoins une incertitude sur la durée, sur l'ampleur, l'intensité des causes et des conséquences de cette forme de violence effective, car l'homme avec le temps s'éloigne de plus en plus des prescriptions divines. Lorsque nous parlons de la crise écologique, nous parlons aussi des interactions négatives des hommes envers son environnement.

La première image de la crise écologique est celle d'un dérèglement de l'espace et plus particulièrement des mécanismes dans lequel l'homme n'était pas censé intervenir. A travers la crise écologique on entend souvent le résonnement d'une crise climatique, d'une crise biologique, d'une crise nucléaire. Le problème viendrait d'un dysfonctionnant de mécanisme propre à la nature, visible, sensible et souvent analysable par l'homme dans l'environnement.Otto SCHÄFER-GUIGNIER à ce sujet parle de la crise des fondements de la vie qui se manifeste de trois manières à savoir la rupture du cycle des ressources, la rupture du cycle des déchets et la rupture des équilibres de reproduction64(*).

A ce niveau, nous pensons à la fois à une crise dans la nature et à une crise dans la culture lorsque nous parlons de la crise écologique. Mais la nature de la mauvaise relation entre l'homme et son environnement qui est au coeur de la crise écologique implique aussi une crise morale et politique.

Lorsque l'on parle de crise écologique, il s'agit de considérer une crise de l'existence. Non seulement de l'existence de la nature mais aussi de l'homme. Les mauvaises interactions des hommes sur la nature sont la cause d'une crise spirituelle relative à l'ampleur des risques et des dommages pouvant être irréversibles.

Nous dirons pour résumer cette définition de la crise écologique avec Otto SCHÄFER-GUIGNIER, qu'elle est « une crise de la vie. »65(*)Que dit la parole de Dieu au sujet de l'écologie ?

I.2- L'écologie dans l'Ancien Testament.

Dans la Bible, la foi en Dieu créateur est intervenue après un long cheminement spirituel du peuple choisit. Avant la reconnaissance de son Dieu comme le créateur de toutes choses, Israël a d'abord fait l'expérience d'un Dieu vivant qui le protège et le sauve à travers des actions salvifiques. La réflexion sur sa foi en ce Dieu sauveur dont la puissance se déploie même dans les éléments de la nature le conduisit progressivement à prendre conscience que son Dieu est le seul créateur et le seul ordonnateur de l'univers, et qu'il crée chaque fois qu'il sauve.

Dans le récit Elohiste de la création par exemple, pour montrer que l'univers est vraiment une oeuvre divine, Dieu y est présenté comme le grand potier, celui qui moule l'Homme et le cosmos (Gn 2 :7-19). Et les images qui y sont employées nous situent dans l'espace et le temps. Car Dieu crée l'homme à partir d'une matière déjà existante, la terre.

 Mais dans le récit sacerdotal (Gn 1 :1-31), Dieu crée par sa parole, ex nihilo, à partir de rien, sans l'aide d'une matière, « il dit et tout survint ». Dans ce dernier cas, la création revêt une dimension cosmique. En six jours Dieu crée tout ce qui existe, et réserve le septième comme celui de son repos. Et c'est en référence à ce repos divin que l'Homme doit lui aussi, après des journées de labeur, se reposer pour comprendre la création de Dieu (Ac 5 :15). En effet pour Israël, « le but du repos sabbatique, c'est le loisir pour revivre la délivrance d'Egypte, se souvenir et poser sur le monde un regard enfin désintéressé, un regard qui devient religieux dans la découverte du créateur lue dans son oeuvre ».66(*) C'est ainsi qu'Israël commémorait la création et la sortie d'Egypte en célébrant le sabbat. Enfin, dans ce récit, la création s'avère le reflet de la bonté de Dieu ; toute la création est bonne, il n'y a aucun mal en elle.

Chez les sages d'Israël, l'affirmation de Dieu comme créateur vient après une longue expérience du monde physique. Les psaumes et le livre de Job présentent la création comme une oeuvre libre, accomplie sans aucune difficulté par Dieu. Il a, par sa parole, appelé tout à l'existence (Ps 33 :6 ; 148 :5). En outre, ils affirment la transcendance de Dieu. Celui-ci ne se confond pas au monde, car sa sphère diffère de celle des créatures. Toutefois l'univers entier demeure en sa dépendance. La création apparaît également dans ces poèmes comme le début mais aussi la suite. «C'est le début du monde et de l'histoire, c'est déjà l'histoire et certaines interventions de Yahvé, manifestant en faveur de son peuple sa toute puissance, seront appelées création (Gn 6,5 ; 9,7) ».67(*)

En effet, selon ces derniers, il y a une continuité de l'ordre actuel du monde. Car c'est la même sagesse qui préside à la création, et aux réflexions des sages. De plus, les sages s'appliquent à expliciter le lien qui existe entre la foi en la création et le souci de justice entre les Hommes. Ils affirment l'égalité de tous les hommes comme conséquence de leur origine commune. Enfin, notons que les écrits sapientiaux renferment une doctrine bien élaborée de la création, ce qui n'est pas le cas pour d'autres écrits de la Bible

 Chez les prophètes, on ne fait pas trop mention de la création. L'accent est mis sur le gouvernement providentiel du monde et de l'histoire. Toutefois on assiste davantage à une affirmation de l'identité de Dieu sauveur d'Israël et du Dieu créateur de l'univers (2 R 19,15 ; Es 37 :16) ; et ce, à cause de l'impossibilité pour les prophètes de séparer la doctrine de la création et celle de l'élection. Chez les prophètes, création, exode et réalisation eschatologique sont associées (Es 40 :12-31 ; 51 :13-15). En effet pour eux,  la création est déjà un choix et l'élection, une création nouvelle, l'origine, c'est déjà l'histoire, puisque la création est déjà le salut.

 En outre, les prophètes soulignent que la volonté de salut de Dieu manifestée au commencement et dans la suite des temps  est la même. C'est pourquoi, devant le peuple déporté, Isaïe laisse entrevoir un avenir radieux, la libération des captifs par Dieu lui-même (Es 42,7). Toutefois notons que  la promesse du salut est toujours précédée du rappel de la création ; dans le geste d'hier est inscrit le geste de demain (Is 42,5). La création n'est donc pas achevée, Dieu la poursuivra jusqu'à son terme.

Débarrassé de l'idée de Dieu, l'homme devient pour lui-même, la mesure de toutes choses. Dans le récit de la genèse, la première inversion du rapport au jardin, du rapport à la proximité, du rapport à la relation s'inscrit dans la création d'une ville, au-lieu de se disperser, de dupliquer l'échelle du jardin, les hommes se déploient, s'empilent sur un espace confiné, ils croient atteindre la liberté, en voulant conquérir le ciel. Ils s'inscrivent même dans une contre diversité en fabriquant de manière totalement homogène, leurs villes avec des matériaux non différenciés, du bitume et des briques, là où Dieu avait pourtant créé la diversité. Pour Marcel NGIRINSHUTI, « nous constatons qu'une mention spéciale est faite de la sécheresse qui affecte les montagnes qui sont des réservoirs d'eau. Par ailleurs, un nouvel appel à la réflexion introduit la promesse : du moment où le peuple réfléchit et revient à l'Eternel ce dernier agit pour la prospérité ''d'aujourd'hui et pour l'avenir'' (Ag.2, 15) »68(*) Cette oeuvre de salut apparaît alors comme une nouvelle création qui n'atteindra pas seulement les hommes, mais l'univers aussi. De ce fait, nous comprenons que la providence n'est plus cet amour bienveillant de Dieu pour son peuple, elle est l'amour de Dieu pour la création entière et elle en épouse toutes les dimensions.

Dans l'Ancien Testament, Dieu est présenté comme celui qui a créé le monde visible. C'est lui qui maintient la création et la porte dans l'histoire. Il n'est pas comme le pensent certains, cet horloger qui après avoir créé le monde, l'abandonne  à lui-même. A tout moment, Dieu maintient la création dans l'existence, lui donne d'agir et l'accomplit. 

 Par exemple, le sabbat était l'un des garde-fous donnés autrefois par Dieu à son peuple pour l'empêcher de rompre les liens créationnels. En lui ordonnant ce jour de repos, Dieu voulait éviter à son peuple la tentation de vivre de façon entièrement autonome. Il le mettait également en garde contre la tentation de diviniser la nature ou les êtres vivants.Un jour par semaine, le peuple d'Israël devait donc cesser tout travail. Le repos était pour ces hommes et ces femmes un signe de leur dépendance envers le Seigneur, de leur foi en un Dieu unique et invisible. Les israélites pouvaient ainsi placer leur confiance en ce Dieu souverain qui pourvoyait à leurs besoins élémentaires pour vivre, même lorsqu'ils se reposaient. Le repos était étroitement lié à la notion de grâce et de providence. Ce jour rappelait chaque semaine aux hommes et aux femmes qu'ils étaient limités dans le temps et dans l'espace.

 Mais l'Homme est tenu de l'exploiter  seulement en vue de satisfaire ses besoins vitaux, et ce dans le cadre strict de la promotion de l'équilibre écologique initial. Malheureusement l'être humain, en quête de liberté, d'une autonomie et d'une indépendance somme toute légitimes, s'est trompé de choix et a perturbé du même coup les relations non seulement entre ses semblables et lui, mais également entre lui et son environnement (Gn 3,15-18). Le sol, maudit à cause du péché de l'Homme, produira désormais des épines et des chardons (v.18). Et c'est péniblement que l'Homme tirera de la terre de quoi satisfaire ses besoins vitaux (Gn 4 :12). L'introduction du péché dans le monde a aussi perturbé les relations entre les animaux : le loup ne pouvait plus, par exemple, cohabiter avec l'agneau (Mt 10 :3 ; Lc 10 :3). Ainsi, « la rupture de l'homme d'avec Dieu influe sur l'ordre écologique. Toutefois Dieu reste le gérant par excellence de sa création. »69(*)

A cause du péché, la création a été complètement désorganisée et  attend avec un ardent désir  d'être rétablie. C'est ici que l'on saisit mieux le sens profond de la parole de St Paul faisant état de la création qui souffre et soupire attendant d'être libérée (Rm 8 :19-22). Cette libération  ne s'éclaircira sans doute que dans le Nouveau Testament. 

 I.3- L'écologie dans le Nouveau Testament.

Il est incontestablement vrai que le message essentiel du Nouveau Testament est la proclamation d'une vie nouvelle en Jésus-Christ. Il défend et soutient ainsi une qualité de vie. Or, cette vie se trouve aujourd'hui menacée par le péché et son milieu. L'oeuvre de Dieu qu'est la création subit des violations énormes. L'homme qui est en charge de la gérer l'a négativement influencée. Et le Nouveau Testament, sans explicitement parler de la pollution, des déchets toxiques, de la destruction des forêts et de la faune, se fait fort de réclamer une vie sans misère, sans maladie et sans oppression.

C'est pourquoi, l'enseignement du Nouveau Testament porte à maturité, par son accomplissement en Christ, ce message de compassion universelle et de délivrance cosmique. Dès la fin de l'évangile de Marc, au jour de l'ascension, Jésus dit à ses disciples : « allez par le monde entier, proclamer l'évangile à toutes les créatures »(Mc 16 :15). Il ne dit pas, comme chez Matthieu et Luc, « à toutes les nations », ce qui impliquerait seulement les Hommes. Dans l'Epître aux Colossiens, Paul s'exprime de la même façon lorsqu'il incite à ne pas se détourner de l'Evangile, « qui a été proclamé à toute créature sous le ciel » (Col 1 :23).

Paul ne se contente pas, dans l'épître aux Romains, de dire que « toute la création gémit dans les douleurs de l'enfantement, attendant d'être libérée, elle aussi, de la servitude et de la corruption pour entrer dans la liberté et la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8 :19-22). A l'adresse des Colossiens, il édifie une Christologie cosmique dont les siècles qui vont suivre sont loin d'avoir développé toute la splendeur : « c'est en Christ qu'ont été créées toutes choses, en lui que tous les êtres ont été réconciliés par le sang de sa croix » (Col 1,15-20). Et de conclure superbement, à l'intention des Corinthiens : « Quand toutes choses lui auront été soumises, alors le fils lui-même se soumettra à celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous »(I Cor 15 :28). En lui en effet, toutes choses trouvent leur origine et leur achèvement.  « Ainsi la doctrine de la création trouve son achèvement dans une contemplation du Fils de Dieu, par laquelle on voit en lui l'artisan, le modèle et la fin de toutes choses »70(*).

Jésus lui-même était façonné par son terroir. Yves SAOÛT le fait remarquer lorsqu'il affirme que Jésus « lui-même a dû remplir son coeur en contemplant les créatures. Son regard a été façonné par les paysages, les plantes et les animaux de la Palestine, les montagnes (où l'élévation et la solitude favorisant la prière : Mc 6,46) et les endroits semi-désertiques (lieu des esprits mauvais et des épreuves : Lc 11, 24 ; 4,1-2). »71(*)

D'autres passages, dans le Nouveau Testament, mettant en exergue Jésus en rapport avec la nature sont observés a l'instar des passages de Mt 7 :16, Lc 6 :44, Jn 10 :3, Lc 13 : 34.

Le Nouveau Testament a une vive conscience du désordre introduit dans la création suite au péché d'Adam. A cause de ce péché, le monde est appelé à disparaître (cf. I Co 7,31; Ap 20,11s). Toutefois, dans le Christ, une nouvelle création a déjà été inaugurée. En effet, c'est comme Nouvel Adam que le Fils de Dieu est entré dans le monde (cf. 1Co 15,21.45). C'est pourquoi tout doit être instauré par lui. Cette nouvelle création déjà inaugurée dans le Christ dont parle le Nouveau Testament n'a cependant pas encore atteint son achèvement. Depuis sa résurrection, le Christ est vainqueur de la mort. Seulement, son triomphe n'est pas encore pleinement manifesté et il ne le sera qu'à la fin des temps. En attendant, comme le dit l'apôtre Paul, l'Homme recréé intérieurement gémit dans l'attente de la rédemption de son corps ( Rm 8 :22) et la création aspire aussi à la révélation des fils de Dieu ( Rm 8 :19).

En effet, avec ce triomphe de l'humanité, « l'univers ne se contentera pas d'assister comme de l'extérieur, à la façon dont un spectateur émerveillé jouit d'un panorama enchanteur. Cet état futur des fils de Dieu, l'univers est appelé à le partager : il sera libéré de ce qui est en son état vanité, servitude et corruption, pour participer à la liberté de la gloire des enfants de Dieu »72(*). C'est aussi ce que pense Etienne CHARPENTIER quand il dit : « ce paradis n'est pas hors de l'histoire. Il nous y enracine au contraire, dans la certitude que c'est notre cité terrestre qu'il faut parer pour les noces. D'où cette exigence d'engagement dans le concret de notre histoire qu'il doit susciter, au coude à coude avec tous les Hommes qui luttent »73(*).

Marcel NGIRINSHUTI voit dans les évènements suivants : ulcères malins et pernicieux (Ap16 :2), changement de l'eau de la mer en sang (Ap16 :3-4) chaleur intense du soleil qui brule les humains (AP 16 : 8-9)...une conséquence du non-respect de la nature74(*).

Cette étude de la création dans l'Ancien et le Nouveau Testament, révèle que la création a de la valeur et un sens. Dieu aime sa création, c'est pourquoi il l'a confiée à l'Homme créé à sa ressemblance, et il attend que celui-ci en assure la bonne gestion. Aussi, devant une création marquée par le péché, la promesse d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle signifie la mise en question de notre attitude envers le monde, et implique   une éthique urgente, à savoir celle de nous rendre conscients de notre relation pécheresse avec le monde, de nous repentir et, forts de la promesse, de travailler d'ores et déjà au monde nouveau.  

A la réflexion donc, le Nouveau Testament s'intéresse d'une manière ou d'une autre aux problèmes écologiques. La nouvelle création en Jésus-Christ qu'annonce le Nouveau Testament permettra et orientera l'action de l'écologie pour un nouveau cadre de vie. La mission de l'Eglise aujourd'hui, est de faire un bout de chemin avec ceux qui luttent pour la protection de la nature, de l'environnement. L'action de Dieu et celle de l'homme se complètent pour un nouveau ciel et une nouvelle terre.

CHAPITRE 2 : LA CRISE ECOLOGIQUE DANS LES ESPACES TERRESTRE, MARIN ET AERIEN.

Dans ce chapitre le travail est centré sur l'impact de la crise écologique dans les milieux terrestre, marin et aérien.

II.1- La crise écologique dans l'espace terrestre.

Le sol est la partie superficielle meuble de l'écorce terrestre soumise à l'action des agents climatiques et des êtres vivants à savoir : végétaux, microorganismes, animaux. Il résulte de la désagrégation de la roche mère par les différents effets sur cette dernière de la biosphère, de l'hydrosphère, et de l'atmosphère. Pour le dictionnaire Encarta 200975(*), le sol est la surface terrestre utilisée par l'homme, à l'état brut ou aménagée. Le sol peut aussi être défini comme la couche supérieure de la croûte terrestre composée de particules minérales, de matière organique, d'eau, d'air et d'organismes. C'est donc un système hétérogène et complexe. Sa composition donne de voir une phase solide représentée par les particules du sol, une phase liquide représentée par l'eau du sol et une phase gazeuse constituée par l'air emprisonné dans le sol.

Parlant de son importance, il faut dire que les sols permettent l'ancrage des racines, retiennent l'eau le temps nécessaire pour que les plantes puissent l'utiliser. Ils filtrent les eaux et protègent les nappes phréatiques. Ils régulent aussi l'eau des fleuves et des nappes phréatiques. Ils stockent les éléments nutritifs nécessaires à la vie. Les sols abritent des microorganismes innombrables, qui accomplissent de multiples transformations biochimiques comme la fixation de l'azote atmosphérique et la décomposition des êtres vivants morts. Ils participent au recyclage des éléments minéraux libérés au niveau de la roche-mère. Les sols abritent aussi des légions d'animaux, microscopiques et plus gros comme les vers de terre, les fourmis, les termites, les taupes. Ils constituent un habitat pour les animaux fouisseurs. En fait, la plus grande partie de la biodiversité terrestre vit dans les sols et non au-dessus76(*).

Les êtres humains construisent sur les sols, dans les sols et avec du sol. Les sols n'étant pas les mêmes partout, la grande diversité des occupations de l'espace par l'Homme reflète l'extraordinaire diversité des sols. Ils sont associés aux climats par le cycle de l'eau, à travers le stockage du carbone dans les sols, par l'émission de gaz à effet de serre (vapeur d'eau, CO2, méthane...).

Quand il y a crise écologique, les sols ne sont pas épargnés car ils sont pollués. A travers les modifications défavorables du milieu naturel les effets directs et indirects de ses activités sont perceptibles. Ces modifications affectent l'homme directement ou au travers de ressources en produits agricoles, en eau, et autres produits biologiques. Elles peuvent aussi l'affecter indirectement en altérant les objets physiques qu'il détient, les possibilités recréatrices du milieu ou encore en enlaidissant la nature.

Avec la contamination d'un ou de plusieurs composants des écosystèmes ou potentiellement des organismes vivant en contact direct ou indirect avec le sol (invertébrés du sol, champignons en particulier) il y a une incidence sur l'écosystème, au-delà des seuils variants selon la nature du polluant et du sol.

La source de cette crise écologique au niveau du sol serait l'accumulation sur le sol des substances non biodégradables, ou à l'accumulation des substances biodégradables mais dont la vitesse de biodégradabilité excède le taux d'accumulation. Ainsi, ces substances peuvent être stockées sur le sol ou être lessivées par les eaux de ruissèlement vers les cours d'eau voisins ou vers la nappe phréatique ; ou encore s'évaporer vers l'atmosphère.

A côté de ses sources naturelles, nous avons les causes anthropiques de qui sont soit directe, dues aux rejets directs ou accidentels sur le sol des polluants divers issus de l'agriculture, de l'industrie, des déchets ménagers, soit indirecte dues aux conséquences de la pollution atmosphérique et de la pollution des eaux.

Selon Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, certains sols sont souvent utilisés comme décharge pour les déchets ménagers et industriels. Dans beaucoup de régions cultivées, le lessivage des engrais et des effluents d'élevage épandus en excès provoquent une augmentation importante de teneur en nitrate et autres éléments minéraux dans les nappes phréatiques. Si certains sont utilisés comme décharge, d'autres ont la capacité de filtrer, d'absorber et de recycler des quantités importantes de déchets ; ici, certains constituants toxiques ne sont pas retenus et se retrouvent dans les fleuves et dans les nappes phréatiques. Les sols sableux sont favorables au lessivage, alors que les sols argileux épais retiennent mieux les déchets. Ainsi toutes les activités humaines sur les sols doivent tenir compte des propriétés des sols et de la position des nappes et des cours d'eau du milieu77(*).

Nous voyons que les activités humaines sont les plus polluantes, à commencer par l'agriculture. Avec l'importance de la demande alimentaire mondiale et la recherche du gain, les agriculteurs sont amenés à exploiter intensivement les sols. Du coup, ils ont recours à plus d'engrais, de fertilisants, de pesticides et d'autres produits chimiques qui sont utilisés massivement pour protéger les plantations des insectes et des maladies. Or leur usage est nuisible pour le sol. En effet, les apports excessifs d'engrais ou de déchets peuvent conduire à la pollution des sols et des eaux et à l'eutrophisation. Mais à l'inverse la diminution des éléments nutritifs dans les sols par l'exploitation agricole excessive menace bien des populations agricoles.

C'est le cas aussi de l'élevage intensif qui cause la pollution des sols par l'accumulation des déchets animaliers, qui peuvent être des fertilisants naturels pour le sol, mais à fortes quantités, ils peuvent contaminer les eaux souterraines. Les engrais, les pesticides, les herbicides et autres produits du même genre risquent d'endommager le sol et de causer sa stérilisation, ainsi que la contamination des nappes phréatiques et par ricochet les cours d'eau et les océans. Il faut rappeler que les polluants absorbés par le sol contaminent également les plantes et les cultures qui sont consommées par l'être humain et les animaux.

Par ailleurs, les rejets industriels, notamment composés de métaux lourds, sont les plus toxiques pour le sol. En fait, certains métaux à faibles doses comme le zinc et le cuivre sont nécessaires pour la croissance des plantes, alors que leur présence à plus fortes doses condamne la fertilité de la terre. Cela dit, d'autres métaux lourds sont toxiques, même à faibles quantités. C'est le cas du plomb, du mercure et du cadmium78(*), qui causent la phytotoxicité des plantes et polluent les eaux souterraines dont l'assainissement est des plus coûteux.

Les déchets ménagers constituent un réel problème pour les sols surtout dans les villes où le taux d'accumulation est supérieur à la capacité de biodégradabilité des sols. Aussi la plupart de ces déchets sont peu biodégradables (comme le plastique). Mais il y a également l'usage des détergents, des solvants et d'autres composants chimiques qui finissent dans les eaux fluviales et/ou lacustres où ils entrainent l'eutrophisation. Aussi notons que les décharges contribuent fortement à la pollution des nappes

Les conséquences peuvent être aussi socio-économiques : car on peut avoir une baisse de productivité agricole due à la stérilisation des sols entraînant parfois des conflits sociaux (lutte pour l'occupation des sols) des migrations et autres. N'oublions pas aussi que les dépenses engendrées par la dépollution des nappes phréatiques sont souvent très élevées et l'eau traitée peut devenir inutilisable pour certaines fins. Ce qui nous convie à préserver les sols et les nappes. Signalons encore les effets de la contamination souterraine migrent jusqu'aux cours d'eau ou lacs voisins ce qui peut constituer un frein pour la pêche. Enfin, la pollution des sols et la pollution des eaux qui s'en suit peuvent entrainer des maladies qui peuvent contaminer toute une communauté. En plus l'utilisation des produits chimiques « pour détruire les parasites, nuisent à toutes les biocénoses correspondantes et aussi à l'Homme, lorsqu'ils se concentrent dans les végétaux, puis dans les animaux dont il se nourrit. »79(*)

Certains sols sont naturellement acides (sols sulfatés acides des mangroves, nombre de sols tropicaux) mais s'acidifient encore en raison des pluies acides ou du dépôt sec de gaz et de particules acides. Les pluies acides ont un pH inférieur à 5,6. Les principales sources d'acidité dans l'atmosphère sont les quantités croissantes de dioxyde de soufre et d'oxydes d'azote dégagées par l'incinération de combustibles fossiles.

II.2- L'espace marin et la crise écologique.

La terre est aussi appelée la planète bleue car à sa surface, on observe, des continents et des océans. Les océans dominent et, avec les mers, les lacs et les fleuves, ils ne représentent pas moins de 75 % de la surface totale du globe.

Par exemple, si l'Asie, qui est le plus grand des continents, s'étend sur une superficie de quelque 45 millions de kilomètres carrés, l'océan Pacifique, à lui seul, recouvre une surface de plus de 150 millions de kilomètres carrés80(*).

Avec cette proportion c'est dire la place de choix qu'occupent les eaux dans la vie des êtres vivants. L'eau, dans notre organisme, sert à dissoudre pour apporter des éléments et des informations aux cellules, éliminer les déchets, toxines et cellules mortes, assimiler les aliments, réguler les fonctions métaboliques, véhiculer des informations multiples sur le plan hormonal et électromagnétique, assurer la régulation thermique (transpiration). L'équilibre hydrique est régulé par la soif et le contrôle de l'excrétion. La soif est un signe de déshydratation. Sans eau il serait impossible de vivre car, la déshydratation conduit à la fatigue, au manque d'énergie, à la constipation, à des troubles respiratoires, et/ou digestifs (par carence en sucs digestifs), ainsi qu'à un déséquilibre acido-basique. Avec la crise écologique, nous avons la pollution de cette dernière.

Lorsque nous utilisons les eaux dans nos ménages et les laissons couler n'importe comment, cela entraine la souillure urbaine de l'eau. C'est pourquoi nous entendons de plus en plus parler des usines de traitement des eaux. L'objectif étant de réduire leur teneur en substances solides en suspension, en matériaux consommateurs d'oxygène, en composés inorganiques dissous et en bactéries nocives.

La pollution des cours d'eau par des produits chimiques est devenue l'un des problèmes majeurs de l'environnement. Cette pollution chimique a deux origines : la pollution directe qui est parfaitement identifiable quand elle provient des usines, des raffineries, et des fuites de conduites ; la pollution indirecte qui n'a pas de source précise connue et qui se propage à partir du ruissellement dans les champs, les chantiers de mines, du suintement des fosses septiques ou des égouts.

L'impact des rejets industriels sur la qualité de l'eau est fonction de leur affinité avec l'oxygène, de la quantité de solides en suspension, et de leurs teneurs en substances organiques et inorganiques. Les déchets déversés directement dans les mers contiennent des substances toxiques qui sont plus ou moins rapidement absorbées par les organismes marins. Ils forment également d'importants dépôts près des littoraux, qui entraînent une croissance excessive de certains organismes. Ces déchets proviennent de boues d'épuration, de résidus de dragage (essentiellement dans les ports et les estuaires), des graviers, du sable et de la vase, ainsi qu'une grande variété de substances toxiques, organiques ou chimiques.

Les déversements accidentels et à grande échelle de produits pétroliers liquides sont une cause importante de pollution des littoraux. Les cas les plus spectaculaires de pollution par hydrocarbures sont dus aux pétroliers géants et aux opérations de forage en mer. C'est pourquoi « l'analyse chimique et bactériologique des eaux littorales, à proximité des ports, montre la présence fréquente de germes nuisibles à la santé publique. »81(*)

Les lacs sont particulièrement exposés à la pollution. L'eutrophisation, un des problèmes majeurs, se produit lorsque l'eau s'enrichit artificiellement et excessivement en nutriments, provoquant une croissance anormale de la végétation. Elle peut être déclenchée par l'écoulement des engrais chimiques depuis les terres cultivées. Le processus d'eutrophisation entraîne des odeurs désagréables, une prolifération d'algues vertes, l'épuisement des réserves d'oxygène des eaux profondes et des modifications de la composition chimique de l'eau.

L'agriculture, l'élevage et l'aviculture sont aussi responsables du rejet de nombreux polluants organiques et inorganiques dans les eaux de surface et souterraines. Ces contaminants comprennent à la fois des sédiments provenant de l'érosion des terres agricoles, des composés phosphorés ou azotés issus des déchets animaux et des engrais commerciaux, notamment des nitrates. Les déchets animaux sont avides d'oxygène, riches en azote et en phosphore, et renferment souvent des organismes pathogènes. Les résidus issus des engrais sont retenus par les sols, mais peuvent contaminer les nappes phréatiques et les cours d'eau par ruissellement et lessivage par les eaux naturelles.

Dans de nombreuses régions agricoles où l'élevage est intensif, les réserves d'eau souterraines sont contaminées par des nitrates provenant soit d'un excès d'engrais azotés, soit du lisier des animaux domestiques, vaches et porcs.

La pollution de l'eau peut avoir des conséquences sur la santé de l'homme. Les nitrates (sels de l'acide nitrique) existants dans l'eau potable peuvent être la cause de maladies mortelles chez les jeunes enfants. Le cadmium, présent dans les engrais dérivés des boues d'épuration, est susceptible d'être stocké par les plantes cultivées. Ainsi, « la généralisation des sondages `'off-shore'' et l'exploitation de gisements sous-marins peuvent accentuer les risques. »82(*) La consommation ultérieure des végétaux contaminés peut provoquer des troubles digestifs sérieux et une atteinte du foie ou des reins. Le mercure, l'arsenic et le plomb sont toxiques.

Les conséquences citées ici ne sont pas exhaustives car pour avoir de la bonne eau, cela nécessite un coût. En effet, les stations de traitement des eaux capables d'en extraire des éléments polluants sont encore très rares car elles coûtent chères, entraînant par la même occasion l'augmentation du prix de l'eau potable. Ainsi, dans les pays pauvres, l'utilisation de l'eau insalubre cause des maladies qui tuent des milliers de personnes chaque année. Aussi, Les systèmes de refroidissement de l'eau des industries et des centrales, notamment les centrales nucléaires, représentent une source de pollution par réchauffement de la température de l'eau.

II.3- La crise écologique en rapport avec l'espace aérien.

L'air demeure un élément fondamental et indispensable pour les êtres vivants. Ainsi, chaque jour, nous inspirons environ 20m3 d'air. Celui-ci se compose originellement d'un ensemble de gaz et de particules dont la présence et les concentrations sont telles que la vie est possible, ce qui reste pour l'instant un cas unique dans l'ensemble des planètes connues. L'air est composé des éléments chimiques suivants : Azote, Oxygène, Argon, Anhydride carbonique, Néon, Hélium, Méthane, Krypton, Hydrogène, Xénon, Ozone, Oxyde nitreux et du Radon83(*). Signalons tout de même que la connaissance exhaustive de la composition de l'air reste hors de portée car c'est un milieu dynamique : ses multiples constituants sont en perpétuelle transformation, par suite des conditions météorologiques, des flux atmosphériques et des réactions chimiques. Pourtant, même si des événements d'origine naturelle peuvent induire des changements brutaux dans la composition de cet équilibre atmosphérique (comme en témoignent les éruptions volcaniques et les collisions avec des météorites84(*)), depuis le début de l'ère industrielle, les sociétés humaines perturbent sensiblement l'atmosphère et le climat sur un pas de temps beaucoup plus court.

Dans l'atmosphère, nous avons les petites particules solides ou liquides en suspension, appelées  aérosols. Ce sont des particules insédimentables car elles ne peuvent pas se déposer sur le sol sous l'effet de la gravitation. Leur taille varie de quelques nanomètres à presque 100 microns, soit l'épaisseur d'un cheveu.

En moyenne globale, environ trois milliards de tonnes d'aérosols sont émis chaque année par une multiplicité de sources à la fois naturelles (cendres volcaniques, poussières désertiques, embruns marins) et humaines (fumées d'industrie, gaz d'échappement, poussières issues de feux agricoles), ce qui induit une très grande diversité de leurs propriétés.
Dans la stratosphère, les aérosols, principalement d'origine volcanique, sont rares mais ils peuvent résider plusieurs années. Dans la basse troposphère, où ils sont en général beaucoup plus abondants, les aérosols séjournent quelques jours seulement, cette durée variant essentiellement selon les précipitations85(*).

L'activité naturelle et surtout celles de l'homme modifie considérablement l'air. Cette pollution atmosphérique signifie la présence indésirable d'impuretés ou l'élévation "anormale" de la proportion de certains constituants de l'atmosphère. Cette situation à des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives.

La partie de l'atmosphère concernée par les problèmes de pollution comprend la troposphère86(*) et la stratosphère87(*). En effet, les émissions de polluants à durée de vie supérieure à 5 ans environ peuvent atteindre la stratosphère. La concentration et/ou la dispersion des polluants dépendent ensuite en général des conditions météorologiques. Ces constituants de nature à polluer agissent à différentes échelles : certains composés gazeux sont sans effet localement mais peuvent perturber l'équilibre climatique planétaire, tandis que d'autres sont particulièrement virulents pour la santé au niveau local et régional mais ont une influence très limitée sur l'atmosphère dans son ensemble. Ici la destruction de l'ozone atmosphérique est en jeu. Cette fine couche agit comme un filtre en absorbant le rayonnement ultraviolet solaire nuisible aux êtres vivants. Or, depuis un certain temps, elle est attaquée par les activités polluantes de l'homme, ceci dans la plupart des régions de la planète exception faite de quelques régions tropicales. Les fluorures sont notamment rejetés dans l'air par diverses industries, surtout celle de l'électrochimie de l'alumine. Nous avons aussi les gaz à effet de serre.

Ce phénomène naturel de piégeage par l'atmosphère de la fraction du rayonnement solaire réémis par la Terre est amplifié par les rejets excessifs de gaz dits à effet de serre comme le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde d'azote... qui proviennent des émissions naturelles des forêts et humaines (automobile, raffinerie, combustion des déchets. De plus, des températures plus élevées entraînent une stagnation de l'air, conduisant l'ozone à rester plus longtemps au même endroit et augmentent par conséquent l'exposition humaine et l'impact sur la santé.

Ainsi, la destruction de cette couche nous expose à l'ozone qui peut être responsable de nombreux effets indésirables sur la santé humaine, notamment des irritations, des crises de toux, une aggravation des crises d'asthme, des maladies pulmonaires chroniques et peut conduire à une mort prématurée.

L'ozone88(*) est un gaz très oxydant qui, à des concentrations élevées, a un effet néfaste sur la végétation. Il pénètre dans les feuilles par les stomates et se dégrade instantanément au contact des cellules, entraînant des réactions en chaîne et aboutissant à la mort de celles-ci. Sur les plantes les plus sensibles, les symptômes sont identifiables dans un premier temps par la présence de nécroses foliaires et ensuite par la chute prématurée des feuilles. Ces pertes foliaires entraînent des diminutions de croissance et un affaiblissement des plantes, les rendant plus sensibles aux attaques parasitaires tels que les insectes et champignons ainsi qu'aux aléas climatiques comme la sécheresse.

L'ozone et les oxydes d'azote sont des polluants qui sont les principaux constituants de la pollution photochimique. Celle-ci est générée dans la troposphère sous l'effet du rayonnement solaire qui implique des réactions chimiques avec divers polluants comme les oxydes d'azote, le monoxyde de carbone et certains composés organiques volatils non-méthaniques.

Cette pollution provoque des irritations et des inflammations de l'appareil respiratoire et une augmentation de l'hyperréactivité bronchique chez les asthmatiques. Le dioxyde d'azote est une cause majeure d'eutrophisation (croissance excessive des algues et des végétaux dans l'eau) et d'acidification.

Le monoxyde de carbone89(*) représente le principal polluant de l'air et résulte de la combustion incomplète et rapide des combustibles et carburants. Plus populaire d'entre tous les gaz à effet de serre, nous savons que son taux a augmenté de 144 % depuis l'époque préindustrielle.90(*)

Selon la même source, le CO2 est aussi celui dont l'impact sur le réchauffement est le plus important. Sa présence est très remarquable car il s'impose par sa très grande quantité dans l'atmosphère, sa durée de vie est en outre conséquente puisqu'il y reste cent ans. Au final, on estime qu'il contribue à 65 % du « forçage radiatif » (tout ce qui influe sur le réchauffement) induit par l'ensemble des gaz à effet de serre. Résultant d'un équilibre naturel, sa concentration dans l'air était de 278 ppm avant le début de l'ère industrielle : les données avancées aujourd'hui par l'OMM montrent que ce taux a augmenté de 144 %.

A forte dose, il agit sur l'hémoglobine qui ne fixe plus l'oxygène et peut engendrer des lésions du système nerveux et des troubles cardio-vasculaires. En effet, une asphyxie générale de l'organisme, et plus particulièrement du cerveau peut survenir, ce qui conduirait à une grande fatigue, des céphalées, des dépressions et des complications neuropsychiques.

La pollution de l'air est la résultante de multiples facteurs : production d'énergie, agriculture intensive, industries extractives, métallurgiques et chimiques, la circulation routière et aérienne, incinération des ordures ménagères et des déchets industriels, etc.

Nous avons aussi le méthane (CH4). Selon certaines sources91(*), c'est le deuxième plus important gaz à effet de serre persistant, qui contribue à hauteur de quelque 17 % au forçage radiatif. Environ 40 % des rejets de CH4 dans l'atmosphère sont d'origine naturelle (zones humides, termites, etc.) et 60 % d'origine humaine (élevage de bétail, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges, combustion de biomasse, etc.). Le CH4 atmosphérique a atteint un nouveau pic en 2015 - 1845 parties par milliard environ, soit 256 % du niveau qu'il avait à l'époque préindustrielle.

Nous voyons donc que la pollution atmosphérique sévit surtout en milieu urbanisé et dans les zones d'activités, non seulement par suite de la concentration des industries et des foyers domestiques, mais aussi à cause de la circulation des véhicules à moteur. L'étalement des grandes agglomérations a pour corollaire des besoins en transports toujours plus nombreux.

Mentionnons également les feux de végétation tropicale issus de la culture sur brûlis, qui dégagent de la suie, du dioxyde de carbone, du monoxyde de carbone, des hydrocarbures, du monoxyde d'azote et du dioxyde d'azote. Cette pollution reste encore une des plus importantes. Elle est même bien visible sur l'imagerie satellitaire. Cependant, elle concerne peu directement les pays riches.

La pollution émane donc de sources variées qui rejettent des polluants dits primaires. Puis, au contact les uns des autres, par synergie et réactions chimiques avec d'autres composants de l'atmosphère, ces "précurseurs" engendrent des polluants dits secondaires, même à forte dilution, qui sont très toxiques.

La boulimie énergétique propre aux pays industrialisés s'accompagne d'une contamination sans cesse accrue de l'air, des eaux continentales, de l'océan et même des sols par les innombrables substances polluantes produites par les combustions. Avec la pollution automobile il y a la contamination de l'atmosphère liée à la circulation routière provoquée principalement par la combustion de combustibles fossiles (en particulier de pétrole sous forme d'essence et de gazole). Or, la circulation routière et le nombre de véhicules motorisés ne cessent de croître, partout dans le monde : un véritable fléau. La pollution automobile est une source d'inquiétude, surtout dans les rues les plus fréquentées des centres villes, où un grand nombre de piétons côtoie une circulation automobile intense. Certains pays ont désormais mis en place un système de suivi des indices de pollution. Les conditions les plus défavorables surviennent lorsqu'un trafic important coïncide avec un temps chaud et sans vent. Les hôpitaux enregistrent alors une augmentation des crises d'asthme, surtout chez les enfants. C'est dans les rues que les concentrations de polluants sont les plus élevées, en particulier à l'intérieur même des véhicules, ces derniers recevant l'air pollué des véhicules qui les précèdent. La pollution diminue très rapidement dès que l'on s'éloigne de la rue, surtout s'il y a du vent, même faible. Outre l'inhalation des polluants qui peut nuire gravement à la santé, la pollution automobile pose un autre problème d'environnement.

C'est pourquoi, on observe, à l'exception du plomb, une absence de diminution concernant les concentrations d'oxydes d'azote, de particules et de composés organiques volatils malgré les réductions unitaires d'émissions des nouveaux véhicules à essence et diesel.

Au demeurant, toutes les activités humaines ainsi que leurs produits tels que les déchets domestiques ou industriels, les élevages, et les cultures intensives, la production et la consommation d'énergie, le stockage de déchets radioactifs, etc. cumulent toutes les conditions bioécologiques favorables à la profération de germes pathogènes (virus, bactéries, parasites) responsables de nombreuses maladies qui sévissent dans les sols, les eaux et l'air. On est exposé au quotidien aux polluants du sol par voie d'inhalation des poussières ou d'embruns, par absorption cutanée ou par consommation de produits infectés issus des cultures ou de viandes contaminées. L'exposition de l'être humain et sa consommation de produits contaminés par les pesticides engendrent principalement des difficultés respiratoires et cardiovasculaires, le développement d'un certain nombre de pathologies cancéreuses et neurologiques, mais aussi la faiblesse de la reproduction chez l'homme. Les personnes vivant dans des milieux pollués, près des mines, des sites industriels, des sites d'élimination de déchets ou autres, sont les plus sujettes à des bronchites chroniques et des dermatites. L'exposition aux dioxines et furannes cause des cancers déjà observés aussi bien chez les animaux que chez les êtres humains, alors qu'une contamination des sols avec des métaux lourds engendre des maladies respiratoires à la suite de la pénétration et la fixation de microparticules dans les alvéoles pulmonaires. Cette pénétration assure le passage des dioxines dans le sang, et peut contaminer les animaux et les êtres humains par voie digestive à la suite de la consommation des plantes et de viandes contaminées. En effet, une forte concentration de plomb est susceptible d'entraîner des spasmes abdominaux, des nausées, de la diarrhée aiguë, et même le coma et le décès auprès des nourrissons. Dans certains cas, on a constaté même de l'anémie, une déficience de la fonction mentale et des problèmes neurologiques surtout chez les jeunes enfants.

L'écosystème est altéré par tous les déchets et les toxines naturelles et souvent anthropiques, ce qui met en danger la faune, la flore et l'être humain qui court de plus en plus de risques sanitaires qui peuvent se solder par de plus en plus de décès couplés de non-reproduction de l'être humain et de toutes les espèces qui se trouvent sur Terre.

CHAPITRE III : LA CRISE ECOLOGIQUE ENTRE CAUSES, CONSEQUENCES ET RESPONSABILITES.

Ce chapitre sera consacré à l'étude des causes, des conséquences et la recherche des responsables de cette crise.

III.1- Les causes de la crise écologique actuelle.

Les causes de la crise écologique actuelle sont le produit du développement de plusieurs facteurs, dont il est difficile d'établir et de les dater. Il est cependant acquis que l'activité de l'espèce humaine en est la première cause. L'impact a fortement augmenté, d'une part en raison de l'augmentation de la population totale, d'autre part en raison du développement économique et industriel du XXe siècle. D'autres causes peuvent entrer en jeu comme les progrès scientifiques, la révolution technique, la théologie chrétienne et le développement.

Ø Les progrès scientifiques

La science a permis la connaissance des lois de la nature, au détriment de la cohabitation et la communion originelles. «Le but de la science selon Francis Bacon, «n'est plus la découverte d'arguments, mais des techniques, non de concordance avec les principes, mais des principes eux-mêmes, non d'arguments probables, mais de disposition et d'indications opératoires. C'est pourquoi d'une intention différente suivra un effet différent. Vaincre et convaincre là-bas, un adversaire par la discussion, ici la nature par le travail.»92(*) L'avènement de la méthode expérimentale a occasionné l'émergence d'une médiation contraire au mode de l'immédiateté et l'imminence du sacré des temps prénéolithiques et créé un clivage et une scission entre l'homme et la nature, d'une part, et d'autre part, entre l'habitant et l'habitacle. Son approche de la nature était strictement rationnelle, utilitaire et instrumentaliste. La vérité n'était plus une affaire de spéculation, d'autorité ou de tradition authentique. L'univers était connu de manière essentiellement quantitative. La science a brisé l'unité entre l'homme et la nature, devenue un ensemble d'éléments, dont l'homme devait se servir pour satisfaire ses besoins. Il a vaincu la peur dans laquelle, il avait longtemps été enfermé face à la nature et ses forces pour la mettre à son service. Avec cette méthode, c'était l'affranchissement de la raison humaine de l'emprise de la religion. L'homme est allé au coeur de la nature, qu'il ne connaissait qu'à partir des lois qui régissent les agents et qui agissent en son sein. Dès lors, la vérité n'était plus seulement une affaire de spéculation, de jugement, de tradition authentique ou d'autorité93(*).

La terre a cessé d'être la grande puissance mythique et la demeure des divinités pour devenir une réserve des matières premières à exploiter et à transformer selon le besoin. L'homme devait connaître ses lois et expliquer rationnellement ses phénomènes. Tout ce qui est vivant devait être maîtrisé, séparant davantage l'homme et la nature. Dès lors, n'était vrai que ce qui était saisissable par la raison devenue la clef de connaissance du monde, jusqu'en faire le ressort particulier d'un mode de production économique à travers un expansionnisme technique. Dès lors, la nature est devenue juridiquement appropriable et techniquement exploitable ; un auto-processus vivant, oeuvre d'elle-même ; non achevée d'un coup ou figée dans un ordre hiératique, mais évoluant avec et selon le temps, c'est la nature vraiment naturelle94(*). Le progrès scientifique a occasionné la révolution industrielle.

Avant l'ère industrielle, l'homme était intégré dans le processus évolutif de la nature, lequel donnait sens à son existence humaine et à l'histoire même de la nature. Il faisait partie intégrante de la nature et un maillon de la chaîne cosmique, qui obéissait à un ordre interne de choses auquel il était soumis. L'homme habitait un univers quelque peu figé et uniforme, sans grandes innovations, avec une économie de subsistance et un mode de production quasi stationnaire95(*). L'impact écologique de son activité était sur la nature était de moindre effet. Avec la révolution technique, le monde est entré dans une nouvelle phase de son histoire. La capacité de l'homme à transformer le monde a tellement accru qu'elle semble avoir atteint le seuil critique de l'équilibre de la biosphère. Elle a mis en place une dynamique destructrice de la nature et inauguré le début de la négation de la valeur propre de la nature. De cette manière, l'homme a acquis le pouvoir de décider de la vie ou de la mort des systèmes vitaux. Ainsi ont été liquidées les bases naturelles de la vie. Tout a changé depuis les habitudes de la vie jusqu'aux systèmes politiques et économiques qui détruisent la nature.

Au Cameroun, avec l'utilisation des engrais chimiques, certaines espèces agricoles, qui hier, faisaient la fierté des populations est en voie de disparition si ce n'est pas déjà inexistant. Dans le département du MOUNGO dans la Région du Littoral, par exemple, certains tubercules à l'instar du taro `'MACOMBO'' sont devenus très rares ; pourtant, hier, c'était une variété très réputée dans cette localité.

La révolution technique est le point d'aboutissement de la trajectoire historique de l'arrachement de l'homme à la nature. «Considérée en elle-même, la technique est ambivalente. Si, d'un côté, certains tendent aujourd'hui à lui confier la totalité du processus de développement, de l'autre on assiste à la naissance d'idéologies qui nient in toto l'utilité même du développement, qu'elles considèrent comme foncièrement antihumain et exclusivement facteur de dégradation. Aussi, fini-t-on par condamner non seulement l'orientation parfois fausse et injuste que les hommes donnent au progrès mais aussi les découvertes scientifiques elles-mêmes qui, utilisées à bon escient, constituent au contraire une occasion de croissance pour tous. L'idée d'un monde sans développement traduit une défiance à l'égard de l'homme et de Dieu. C'est donc une grave erreur que de mépriser les capacités humaines de contrôler les déséquilibres du développement ou même d'ignorer que l'homme est constitutivement tendu vers l'«être davantage». Absolutiser idéologiquement le progrès technologique ou aspirer à l'utopie d'une humanité revenue à son état premier de nature sont deux manières opposées de séparer le progrès de son évaluation morale et donc de notre responsabilité.»96(*)

La science et technique ont certes doté l'homme d'instruments d'une efficacité sans précédent non seulement pour connaître, mais aussi pour dominer et exploiter la nature. Elles ont été intégrées dans les systèmes social et économique dont elles sont devenues le principal instrument de l'évolution et ont instauré un modèle dominant de rationalité, qui les ont menées au-delà du raisonnable. Elles ont produit des effets non souhaités. Elles ont fait de l'homme le maître du monde. Il n'était plus intégré dans la nature, mais se plaçait hors de la nature, devenue à une matière inerte sans valeur propre et un substrat des artifices de la technique voué à la manipulation. Le progrès scientifique et la révolution technique ont certes permis d'élever le niveau de vie et de résoudre certains problèmes, mais elles sont en même temps des dynamiques de prédation des ressources naturelles et la destruction des écosystèmes. Cette démarche a déclenché le processus de destruction de la nature. Il n'est pas question de diaboliser la science ou la technique, mais de les intégrer dans une démarche qui rend l'économie au naturel, selon le principe de coappartenance de l'homme et de la nature97(*). Cela veut dire que la science et la technique ont manqué d'être intégrées dans une démarche qui rend l'économie au naturel, selon le principe de coappartenance de l'homme et de la nature. La science et la technique n'ont pas seulement élevé le niveau de vie, mais elles ont aussi occasionné la baisse de sa qualité en liquidant ses bases naturelles. «Aujourd'hui, il apparaît de plus en plus clairement que les développements de la science, de la technique et de l'industrie sont ambivalents, sans qu'on puisse décider si le pire ou le meilleur d'entre elles l'emportera. Les prodigieuses élucidations qu'a apportées la connaissance scientifique sont accompagnées par les régressions cognitives de la spécialisation qui empêche de percevoir le contextuel et le globale. Les pouvoirs issus de la science sont non seulement bienfaisants, mais aussi destructeurs et manipulateurs. »98(*) Le développement techno-économique, souhaité par et pour l'ensemble du monde, a révélé presque partout ses insuffisances et ses carences.

Ø La théologie chrétienne

La théologie scolastique a mis en place une anthropologie dualiste qui non seulement séparait, mais encore opposait corps et âme, matière et esprit, matériel et immatériel, etc. Le corps est matière tandis que l'âme est esprit. Elle accordait la primauté aux réalités non matérielles. L'âme fait participer l'homme à la vie divine et le rend capable d'une relation avec Dieu. De là était déduit une conception de l'univers comme une réalité matérielle et mécanique sans dimension intérieure. De cette manière, Dieu a été évacué de l'univers et s'est exilé dans une transcendante inaccessible. Dieu n'habitait plus la création, réduite à une réalité matérielle sans mystère. L'univers n'était plus animé par les mêmes énergies structurantes (ordre du monde) et vivifiantes (vie et mouvement de la création continue) que l'homme. Il a été déshabité et désenchanté. La nature obéissait plus à un ordre et à une harmonie voulue par Dieu. Dépouillée de toute profondeur qualitative et de toute valeur symbolique, la nature était exclue de la rédemption et placée en marge du Salut.

De ce fait, la nature, mieux la création aurait cessé d'être l'oikos, la maison ou l'habitacle de Dieu pour devenir un objet à maîtriser et à exploiter, sans référence à la transcendance. Le lien qui unit le monde à Dieu a ainsi été brisé : cette rupture a fini par déraciner aussi l'homme de la terre et, plus fondamentalement, en a appauvri l'identité même. L'être humain en est ainsi venu à se considérer comme étranger au milieu environnemental dans lequel il vit. La conséquence qui en découle est bien claire : C'est le rapport que l'homme a avec Dieu qui détermine le rapport de l'homme avec ses semblables et avec son environnement. Voilà pourquoi la culture chrétienne a toujours reconnu, dans les créatures qui entourent l'homme autant de dons de Dieu à cultiver et à garder avec un sens de gratitude envers le Créateur.

En sus, l'homme et la nature étaient désormais pensés en termes d'opposition selon le partage des rôles. N'ayant ni plus personnalité ni valeur propre, la nature est ordonnée au service de l'homme, qui devait connaitre ses lois et expliquer rationnellement ses phénomènes. La nature est tombée sous le mode de l'objet ou de la chose que l'homme devait dominer et exploiter, s'approprier par les brevets. Dépourvue d'intérêt propre, elle était désormais réduite à une réserve des ressources, dont la valeur était économiquement quantifiable. Elle est devenue une marchandise privatisable et commercialisable. L'invisible était réduit au visible, le visible au matériel, le matériel à l'économique.

Ø Le développement

Nous pouvons, en clair, dire que les pays riches sont responsables du changement climatique. Les pays industrialisés où vivent les quelques 20 % de la population mondiale, ont émis plus de gaz à effet de serre que les pays en voie de développement. Les pays riches doivent donc endosser la plus grande responsabilité et porter le fardeau des actions en faveur de la résolution du changement climatique. Aussi faut-il souligner que les pays les plus pauvres représentent seulement 0,4 % des émissions de dioxyde de carbone. 45 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone sont produites par les pays du G8 à eux seuls.99(*)

Toujours dans les mêmes sources, nous constatons que le développement est la recherche de l'amélioration des conditions et de la qualité de la vie. Cependant, du point de vue écologique, parce que liée à la croissance économique et matérielle, le développement est une double menace pour les sociétés humaines : l'une, extérieure, vient de la dégradation des milieux de vie ; l'autre, intérieure, vient de la dégradation des qualités de vie. Il est vrai que le développement a eu lieu et qu'il continue d'être un facteur positif qui a tiré de la misère des milliards de personnes et que, récemment encore, il a permis à de nombreux pays de devenir des acteurs réels de la politique internationale. Toutefois, il faut reconnaître que ce même développement économique a été et continue d'être opéré par des déséquilibres et par des problèmes dramatiques, mis encore davantage en relief par l'actuelle situation de crise. Celle-ci nous met, sans délai, face à des choix qui sont toujours plus étroitement liés au destin même de l'homme qui, par ailleurs, ne peut faire abstraction de sa nature. Les forces techniques employées, les échanges planétaires, les effets délétères sur l'économie réelle d'une activité financière mal utilisée et, qui plus est, spéculative, les énormes flux migratoires, souvent provoqués et ensuite gérés de façon inappropriée, l'exploitation anarchique des ressources de la terre, nous conduisent aujourd'hui à réfléchir sur les mesures nécessaires pour résoudre des problèmes qui non seulement sont nouveaux (...). La complexité et la gravité de la situation économique actuelle nous préoccupent à juste titre, mais nous devons assumer avec réalisme, confiance et espérance les nouvelles responsabilités auxquelles nous appelle la situation d'un monde qui a besoin de se renouveler en profondeur au niveau culturel et de redécouvrir les valeurs de fond sur lesquelles construire un avenir meilleur. La crise nous oblige à reconsidérer notre itinéraire, à nous donner de nouvelles règles et à trouver de nouvelles formes d'engagement, à miser sur les expériences positives et à rejeter celles qui sont négatives.100(*) Ces causes ne sont pas toujours sans conséquences sur la vie de la planète.

III.2- Les conséquences de la crise écologique actuelle.

Une crise écologique peut être un phénomène ponctuel et réversible à l'échelle d'un écosystème. Mais plus généralement, les crises écologiques ont un impact majeur à plus long terme. En effet, il s'agit plutôt d'une succession d'évènements qui s'induisent les uns les autres, jusqu'à un certain point de rupture. L'ampleur des activités humaines ne fait que croître, de sorte que leurs effets augmentent en équipollent. Les crises environnementales s'accentuent également et les conséquences sur l'être humain commencent à se manifester sérieusement. Les sociétés du Sud, les plus pauvres, donc les plus dépendantes de la nature, sont les plus vulnérables et sont déjà affectées, mais les sociétés du Nord ne sont nullement à l'abri et ressentent déjà les effets pervers de leurs modes de vie.

Les activités humaines sont à l'origine des problèmes environnementaux qui affligent la planète et les êtres humains. Ces activités ont trois catégories principales d'impacts (ou conséquences directes), soient :

L'épuisement des ressources, la pollution et la destruction des habitats. Ces trois types d'impact ne sont pas totalement indépendants puisque la pollution, par exemple, contribue à la détérioration des habitats, donc à leur destruction. Mais dans son sens strict, la destruction des habitats, est une transformation radicale d'un écosystème par l'être humain. Des exemples typiques sont donnés par la déforestation ou la transformation de tout autre écosystème, par exemple pour ouvrir des terres agricoles.

La pollution ne se limite pas uniquement à la pollution dite « chimique » telle qu'on la considère habituellement. Dans un sens plus général, la pollution se définit comme une contamination de l'environnement qui résulte des activités humaines, et qui nuit aux espèces vivantes, aux êtres humains ou au fonctionnement des processus terrestres. Cette contamination peut être due soit à une nouvelle répartition dans la biosphère de molécules initialement présentes sur Terre, soit à l'introduction d'une nouvelle substance. Cette définition inclut donc par exemple les gaz à effet de serre comme le CO2, qui certes n'est pas toxique directement et qui ne peut être considéré comme exogène à l'atmosphère, mais qui cependant affecte le climat. La pollution, de l'eau et des aliments, constituent une menace pour la santé.

Selon la source 99 citée plus haut, les conséquences écologiques des politiques des pays industrialisés ont eu un impact significatif, nuisible et coûteux sur les pays en développement particulièrement les pauvres dans ces pays qui sont déjà sous le fardeau de la dette et de la pauvreté. La dette et la pauvreté des pays en développement ont usé d'immenses ressources du développement durable. Il est injuste de demander aux pays en développement de réduire leurs émissions de la même façon. Les pays industrialisés doivent plus de 600 milliards de dollars aux pays en développement pour les coûts relatifs au changement climatique. C'est trois fois plus que la dette conventionnelle que les pays en développement doivent aux pays développés. Certains chercheurs qualifient cette dette de « dette naturelle » du Nord par opposition à la dette financière du Sud. Les pays en développement devront lutter contre le changement climatique d'autres manières. Les réformes du marché et de l'énergie afin de promouvoir la croissance économique. Le développement d'autres combustibles afin de réduire les importations d'énergie. Les programmes intensifs d'efficacité énergétique. L'utilisation de l'énergie solaire et d'autres formes d'énergie renouvelable afin d'élever le niveau de vie dans les zones rurales. Réduire la déforestation. Réduire la croissance démographique ; et passer du charbon au gaz naturel afin de diversifier les sources d'énergie et de réduire la pollution de l'air.101(*)

La plupart de ces crises écologiques sont interconnectées, ce qui rend leur problème particulièrement complexe. La déforestation contribue autant à l'épuisement de la ressource arboricole qu'à la destruction de l'habitat forestier. De plus, la déforestation contribue aussi au réchauffement planétaire, à la dégradation des sols et à l'érosion de la biodiversité. La modification du régime pluviométrique local, du fait de la déforestation ou des changements climatiques, affecte le cycle de l'eau. La pêche en mer est à la fois à l'origine de la dégradation des fonds marins et de la pénurie de la ressource halieutique. Les catastrophes environnementales caractérisées par les inondations, les sécheresses, etc. La menace pour la santé avec les maladies pulmonaires, cardiovasculaires, perturbation du système hormonal et du système nerveux, cancers, problèmes respiratoires et neuropsychiatriques, altération du développement foetal et du système immunitaire, maladies endocriniennes et dysfonction de la reproduction.

Le réchauffement planétaire incluant la hausse du niveau des océans, a par ailleurs déjà forcé le déplacement de certaines populations et augmentent la fréquence et l'intensité des événements extrêmes et de leurs dévastations. Un réchauffement global pourrait entraîner l'inondation des deltas asiatiques, la multiplication de phénomènes climatiques extrêmes et l'évolution de la nature et de la quantité des ressources alimentaires à la suite des impacts sur l'activité agricole. La sécheresse et les changements climatiques aggravent la crise alimentaire. La disparition des espèces réduit l'inspiration culturelle ou la possibilité d'acquérir de nouvelles connaissances scientifiques tirées de la nature. Une autre conséquence, c'est celle liée à la crise économique et financière, la corruption des États, le système socio-économiques et nombre de pratiques de la société. Ceci entraine l'implantation de grandes monocultures ou de zones industrielles gazières et pétrolières dégradent l'environnement des résidents et nuisent à leur santé ou forcent leur déplacement. Tout ceci entraine l'érosion de la diversité biologique incluant la perte des services écosystémiques, la dégradation des océans qui a pour corollaire l'acidification, l'altération des cycles biogéochimiques (azote, phosphore, eau), la diminution de la qualité des sols, ainsi que la raréfaction de l'ozone stratosphérique (trou de la couche d'ozone)102(*)

Les géologues ont mis en évidence l'occurrence de multiples crises globales ayant abouti à des extinctions massives d'espèces. Des hypothèses variées pourraient expliquer ces crises, la chute de météores, des modifications de l'activité solaire, recrudescence de l'activité volcanique, dérive des continents, les variations de l'eustatisme103(*), etc. Ces crises biologiques permettent notamment d'établir les grandes coupures de l'échelle des temps géologiques.

Parmi les questions les plus pressantes figurent celles portant sur la disponibilité en eau et plus particulièrement en eau potable. La démographie galopante est à l'origine, localement, de surpopulation, elle entraîne d'une part des besoins croissants en eau également lié à une augmentation de la qualité de la vie et d'autre part des difficultés croissantes à gérer les pollutions de l'eau qui ne peuvent plus être prises en compte par le milieu naturel. Cette démographie galopante pose le problème croissant de la gestion des déchets, en particulier dans les pays industriels. Les dernières décennies ont vu l'augmentation du nombre de déchets, dont en particulier les déchets toxiques tel que la dioxine, les déchets ultimes de l'industrie nucléaire ou plus simplement de grandes quantités de déchets non-biodégradables. Ces déchets peuvent être à l'origine de cancers dans les populations.

Une autre conséquence du développement de la présence humaine sur le globe est l'influence de l'introduction d'espèces exotiques, entrant en compétition avec les espèces locales. Ces introductions sont souvent involontaires, disséminées par des bateaux ou avions. Certains craignent également l'influence que pourrait avoir la mise en culture de plantes génétiquement modifiées.

Un indicateur de l'avènement généralisé d'une crise écologique concerne la prise de conscience de la multiplication de crises plus ou moins locales relatives à la biosûreté : parmi lesquelles la vache folle, les marées noires, l'apparition du sida, celle de la grippe aviaire, et l'augmentation des cas de cancer liés à l'exposition environnementale.

Au-delà de la constatation de l'évolution des caractéristiques de la biosphère, les experts estiment que la disparition d'espèces se produit actuellement à un rythme très élevé. La destruction des milieux naturels, accompagnés de la dégradation des sols ont eu un impact sur la biodiversité (flore et faune), entraînant la disparition ou la raréfaction de nombreuses espèces

Une crise écologique locale peut avoir pour conséquence la mort de nombreux individus, la disparition d'une population, voire d'une espèce si celle-ci était endémique. Selon l'espèce et son rôle dans l'écosystème, cette disparition peut entraîner une rupture plus ou moins importante dans la chaîne alimentaire et avoir un impact variable sur la survie des autres êtres vivants.

Si une crise écologique peut être à l'origine d'extinction, elle peut aussi réduire la qualité de vie des individus restant en vie. Ainsi, même si la diversité de la population humaine est parfois considérée comme menacée, peu s'accordent à envisager la disparition de l'espèce humaine à court terme. Cependant, les maladies épidémiques, les famines, l'impact sur la santé de la dégradation de la qualité de l'air, les crises alimentaires, la disparition des milieux de vie, l'accumulation des déchets toxiques non dégradables, les menaces de disparitions d'espèces phares sont des facteurs impactant également le bien-être des hommes. Qui est responsable de cette situation chaotique ?

III.3- Les responsables de la crise écologique.

Les scientifiques pensent que « la teneur de l'atmosphère, moyennée à l'échelle du globe, en dioxyde de carbone (CO2) atteint le seuil, aussi symbolique que significatif, de 400 parties par million (ppm) pour la première fois en 2015 et a affiché de nouveaux records en 2016 dans le sillage d'un très puissant Niño, d'après le bulletin annuel de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sur les gaz à effet de serre. »104(*)

Qui sont les responsables de cette situation chaotique ? Quand nous lisons le premier chapitre de la Genèse, une expression revient comme un refrain à la fin de chaque journée de la création : et Dieu vit que cela était bon (Genèse 1 : 4, 12, 18, 21). Dieu a fait sortir du chaos initial la terre vivante et l'univers ordonné et harmonieux, cadres propices à toute vie et à l'épanouissement de l'être humain. Dieu a donc su que l'homme ne peut s'épanouir que dans un environnement parfait, équilibré, bon et sain. C'est pourquoi il l'a créé le sixième jour, après que l'écosystème ait été mis en place. Et, sachant d'office que la rupture de l'équilibre écologique serait fatale pour l'homme, le Créateur lui a confié la responsabilité de cultiver et de garder le jardin (Gn2 : 15). Dieu a fait confiance à Adam et Eve en leur donnant la terre pour l'exploiter en vue de satisfaire leurs besoins vitaux, mais dans le cadre strict de la promotion de l'équilibre écologique initial.

Par ailleurs, si à cause du péché de l'homme, la pluie ne se transforme pas en déluge pour détruire tout ce qui vit sur la terre (Gn 6 : 9-7 : 24), elle se transforme néanmoins en poussière, en poudre (Dt. 28 : 24) et en grêle (Ps. 105 : 32), ou encoure cesse de tomber pour provoquer la sécheresse (I Rois 8 : 35 ; I Rois 17, 1 ; Ag 1 : 10).Ainsi, à cause de l'irresponsabilité de l'homme, la création a été complètement désorganisée et "attend avec un ardent désir" d'être rétablie. Décimée par l'égoïsme humain, craquée par la sécheresse, contaminée par diverses pollutions et maladies, fanée par le réchauffement, la nature pousse des cris de détresse.

Ainsi, L'homme a un rôle central à l'intérieur de la nature parce qu'il est fondamentalement différent du reste des réalités naturelles. Il est non seulement une partie de la nature, mais aussi l'unique être capable de saisir l'intelligibilité de l'univers. C'est le principe même de l'anthropocentrisme. L'homme joue un rôle central et déterminant par rapport au reste de la nature. D. MÜLLER parlant de ce sujet déclare que: « la Bible pense le monde en terme de commencement ; l'homme y est à l'image de Dieu ; il reçoit de Dieu le pouvoir de nommer les animaux et les plantes ; l'homme est appelé à vivre dans la suivance (à la suite) du Christ, ce second Adam, qui transcende lui aussi la nature par sa résurrection »105(*)

Cet anthropocentrisme sera aussi formalisé par Kant aux temps modernes. Kant appelle personne morale « l'être humain en tant qu'il est porteur de la loi morale et, par conséquent, digne de respect. Comme telle, la personne a une valeur infinie et ne peut être traitée comme moyen ou une chose, mais uniquement comme une fin en soi »106(*). D'où la maxime suivante : « Agit toujours en sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais comme un moyen ».

Avec la  déforestation qui est un phénomène qui touche toutes les forêts tropicales, en particulier en Amazonie, en Afrique équatoriale et en Asie du Sud-Est, chaque année, ce sont plus de 10 millions d'hectares qui disparaissent. La forêt recule. Toutes les deux secondes, la taille d'un terrain de football. D'ailleurs il est signalé que les hommes, avec « les méthodes traditionnelles de cultures sur brûlis, ainsi que l'utilisation des feux de brousse pour la chasse ont fait diminuer progressivement l'étendue des forêts. »107(*) Cette déforestation est dramatique. Parce qu'elle met en danger des milliers d'espèces végétales et animales. Elle détruit le cadre de vie de centaines de millions de personnes. La déforestation représente une triple menace pour la biodiversité, les équilibres climatiques mondiaux et les conditions de vie dans les bassins forestiers.

Au cours des siècles, l'homme a augmenté, de manière croissante, son emprise sur le milieu naturel en exploitant de plus en plus les espèces. C'est la troisième cause d'extinction des espèces sur terre. Le rythme actuel de consommation des ressources naturelles par l'humanité excède leur rythme de renouvellement.  La  surexploitation peut concerner tout ou une partie de l'environnement ou un endroit particulier de l'environnement (la mer par exemple avec la surpêche ou la surexploitation d'algues).On distingue plusieurs catégories d'exploitation : La consommation par la chasse, la pêche ou la cueillette, la commercialisation par la vente des animaux péchés ou chassés. Les collections avec les pays développés qui participent au pillage de la faune et de la flore pour la constitution de collections. Les craintes ou superstitions qui représentent soit les espèces exploitées pour leur soit disant effets bénéfiques pour confectionner des « grigris » ou autres produits liés à certaines croyances, soit les espèces que l'ont détruit à cause de certaines croyances infondées (les chauves-souris par exemple ou les hiboux). Cette surexploitation conduit à de nombreuses conséquences qui mettent en danger la biodiversité à savoir : les menaces sur les espèces végétales ou animales, la disparition éventuelle de ressources non renouvelables, la dégradation de l'équilibre naturel (chaîne alimentaire, cycle du CO2 ...)  

L'homme, de par ses multiples voyages à travers le monde, introduit volontairement ou non un grand nombre d'espèces animales et végétales dans la quasi-totalité des écosystèmes du globe. Les voyageurs ramènent, souvent sans le savoir, des graines d'espèces végétales accrochées à leurs vêtements. L'introduction d'espèces est parfois volontaire, pour des raisons économiques ou commerciales.

Nous notons aussi, au cours de la dernière décennie la prise de conscience qu'une transformation de notre vie quotidienne s'est opérée au détriment de notre qualité de vie et de la qualité de notre environnement. L'urbanisation, fruit du travail de l'homme, est faite de préférence autour de villes existantes, généralement dans des territoires jugés attractifs ou pour des raisons culturelles et historiques ou religieuses. L'urbanisation a pour cause la consommation d'espaces utiles tel que les terres riches et productives ou les littoraux qui sont le plus souvent non renouvelables ce qui entraine une perte des ressources.

L'urbanisation, initiative de l'homme, apparait aussi comme un facteur important de la pollution par la production de déchets solides ou liquides rejetés dans la nature. Cette urbanisation intensive provoque un problème au niveau de la faune et de la flore, car les pollutions urbaines telles que la pollution lumineuse, par les automobiles ou encore par l'introduction d'espèce invasive, par exemple un arbre vivant dans un milieu urbain a une espérance de vie réduit alors qu'il pourrait vivre plus longtemps dans un espace naturel. Si le développement intensif des villes continue ainsi, il n'y aura bientôt plus que des villes reliées entre elles, où la biodiversité aura disparu. Nous n'avons qu'à voir Yaoundé seulement qui ne fait que s'étendre, ceci n'est pas sans incidence sur le plan écologique.

A côté de l'homme, nous avons la nature elle-même. Sa responsabilité est liée aux activités comme: le volcanisme, la chute des météorites, l'altération de la roche mère, les pluies acides, les incendies de forêts, l'érosion. Ce qu'il convient de comprendre, c'est que les sources naturelles sont moins fréquentes avec des conséquences plus ou moins négligeables.

Conclusion partielle

Dans cette partie, nous nous sommes évertués à examiner de près la crise écologique. Un détour dans les écrits bibliques nous a permis de comprendre que la parole de Dieu fait de l'écologie une préoccupation particulière. Notre étude nous a aussi permis de comprendre que les espaces aérien, marin et terrestre sont vraiment sujet à la crise écologique. Nous avons, dans l'optique de rechercher des solutions, passé en revue les causes, les conséquences et les responsables de la crise écologique. Ceci étant quels sont les enjeux et les défis de la sauvegarde de la nature pour la mission de l'Eglise en général et l'EEC en particulier ?

TROISIEME PARTIE : LA SAUVEGARDE DE LA NATURE : ENJEUX ET DEFIS POUR LA MISSION DE L'EEC.

Cette partie est centrée sur les relations assez complexes qui existent entre les éléments de l'écosystème, les enjeux bibliques et socio politiques de la sauvegarde de la création. Nous allons aussi examiner les défis qui attendent l'EEC sur le plan écologique dans les domaines spirituel, socio politique et éthique. Il sera aussi question de faire des propositions concrètes à l'EEC pour bien mener la lutte contre la crise écologique.

CHAPITRE I : COMPOSITION DE LA BIOCENOSE ET ENJEUX BIBLIQUES ET SOCIAUX DE LA PRESERVATION DE LA NATURE.

I.1- composition de la biocénose.

La biocénose est l'ensemble des êtres vivants, animaux, végétaux et micro-organismes présents dans une station à une période donnée. Cet ensemble est installé dans un biotope108(*) appelé parfois aussi niche écologique. Biotope et biocénose constituent un écosystème. Dans la biocénose, on différencie aisément la phytocénose (communauté de plantes) de la zoocénose (ensemble d'animaux.)

Sur le plan biblique, la biocénose est une émanation de l'oeuvre créatrice de Dieu contenue dans le premier chapitre du livre de la genèse. Selon la pensée divine, cette communauté d'êtres vivants devait être un groupement dont la composition floristique et faunistique devait être relativement stable avec une physionomie plutôt uniforme.

Une biocénose est organisée en niveaux trophiques, maillons élémentaires d'une chaîne alimentaire. Pour Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, « d'après les régimes alimentaires, on repartit les éléments d'une biocénose en grands groupes ou niveaux trophiques »109(*)

Les plantes vertes sont dites producteurs autotrophes, car elles sont capables de faire la synthèse des matières organiques à partir des substances minérales. Ce phénomène est aussi connu sous le nom de la photosynthèse. Les animaux sont des consommateurs hétérotrophes c'est-à-dire incapables de fabriquer eux même leurs substances nutritives.

Parmi ces derniers, on peut distinguer des consommateurs de premier ordre comme les herbivores, qui se nourrissent des producteurs. Les consommateurs de second ordre qui mangent les herbivores, souvent appelés les carnivores. Les consommateurs de troisième ordre où des carnivores mangent d'autres carnivores. Nous avons enfin les décomposeurs ou bioréducteurs qui vivent sur les cadavres et des excréments, les décomposent et assurent le retour au monde minéral des éléments contenus dans les matières organiques.

Une compétition multiforme existe entre les espèces de la biocénose : relation de dépendance, de coopération ou de compétition.

Les biocénoses sont structurées dans l'espace en strates, en montagne en étages, et dans le temps en phénophases en fonction de variations saisonnières ou de stades d'une succession de longue durée, allant d'une biocénose pionnière à une biocénose relativement stable, qualifiée de climax.

Dans la biocénose, et Dieu l'avait prévue lors de la création du monde, il existe dans cette composition ce qu'il convient d'appeler chaine alimentaire ou chaine trophique, qui est « une suite ordonnée d'êtres vivants dans laquelle chacun mange celui qui le précède puis devient la nourriture de celui qui le suit. »110(*)

Ce que nous pouvons remarquer dans cette chaine alimentaire c'est l'importance de l'existence de toutes les couches. La disparition d'un niveau trophique entraine le déplacement de la composante qui suit et le déséquilibre s'installe. Ainsi, pour éviter toute crise et maintenir l'équilibre de l'écosystème, des enjeux méritent d'être revisités sur le plan biblique et sur l'aspect social.

I.2- Les enjeux bibliques de la sauvegarde de la nature.

Pour le dictionnaire Encarta, un enjeu est ce que l'on risque de gagner ou de perdre dans un projet, une compétition, une entreprise.111(*) Il s'agira pour nous de voir les dangers contenus dans la bible et sur le pans humain et social de la non préservation de la nature.

Sur le plan biblique, l'homme est fait à l'image de Dieu (Gn1 : 26-27). Et il n'y a bien que l'homme à son image, d'où l'éminente dignité de celui-ci. Dieu dit aussi à l'homme de « dominer la création et de la soumettre », et encore « de se multiplier », en Genèse 1,28. Les atteintes à l'environnement, la surpopulation, la baisse de la biodiversité dans les écosystèmes agricoles et naturels etc., seraient la conséquence de cet état d'esprit qui imprègne notre société chrétienne et post-chrétienne et qui nous pousse à voir dans l'animal, les plantes ou la nature en général, des choses créées pour l'usage de l'homme et dont il peut se servir à sa guise. Le consommateur qui jette ses déchets sans se préoccuper de leur devenir ou des nuisances, l'éleveur qui élève des poules n'importe où et n'importe comment, l'industriel qui pollue la rivière, l'air, les terres, des déchets de l'usine, la déforestation, la désertification, l'érosion des terres, le pillage des mers, l'exploitation des ressources minières non renouvelables, le dégazage en mer des cargos, les marées noires, etc... seraient la conséquence de cette vision anthropocentrique chrétienne.

On peut admettre que beaucoup de ces problèmes sont la conséquence de la société industrielle moderne c'est-à-dire occidentale et sont dus, soit à l'ignorance, soit à la négligence plus ou moins grave et surtout au non-respect de la parole de Dieu.

Ce qui est vrai, c'est que le chrétien considère l'univers comme une création de Dieu, et non comme Dieu lui-même, à la différence de toutes les autres religions de l'Antiquité. Et c'est sans doute cette vision de l'univers qui, en le désacralisant, a permis à l'esprit occidental de s'affranchir des blocages et des pesanteurs dues aux philosophies païennes et de libérer l'esprit des hommes pour chercher les secrets et les mécanismes de la nature, animée et inanimée, celle-ci n'étant plus divine.

Il est intéressant aussi d'examiner plus précisément certaines de ces critiques « Remplissez la terre et soumettez la. Dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux. » Gn1 : 28. Dominer et soumettre. Que n'a-t-on pas dit et interprété là-dessus. Nous devons comprendre que l'homme n'est pas le maître absolu de la création. D'ailleurs avec la chaine alimentaire, il devrait comprendre qu'il n'est qu'un maillon de la chaine. S'il a le droit d'user des autres éléments de la nature, il n'a pas celui d'en abuser. Il doit en être l'intendant et le gestionnaire responsable. C'est une gérance qui lui est confiée afin qu'il la fasse fructifier et la rende habitable pour tous. L'enjeu étant alors la préservation de ce qu'il n'a pas créé.

Effectivement il faut prendre conscience que la signification de ces deux verbes a changée, s'est pervertie, en quelques générations... Dans l'idée de « dominer », qui vient de « domus », la maison, c'est bien d'organiser, de gérer les biens de la maison « nature », de l'habitat humain, qui est présente, et de les gérer en les protégeant (l'homme placé dans le jardin pour le cultiver et le garder.)112(*) Alors qu'aujourd'hui le mot  dominer a pris le sens de pouvoir plus ou moins arbitraire, absolu, exercé pour le bon plaisir d'un tyran.  La domination accordée par le Créateur à l'homme n'est pas un pouvoir absolu, et l'on ne peut parler de liberté d'user et d'abuser, ou de disposer des choses comme on l'entend. 

De même le verbe « soumettre » a pris un sens péjoratif aujourd'hui alors que l'idée du texte biblique est plutôt  mettre sous la protection, sous la juste gérance.113(*) Ce qui change tout ! La traduction de ces notions par ces deux verbes, il y a quelques générations était juste. Aujourd'hui, les mots ayant changé de sens, elle ne l'est plus.

Nous pensons qu'il faudrait donc aujourd'hui revoir la traduction de ces idées et chercher des mots ou des expressions fidèles à l'esprit du texte. On ne peut que faire fuir des lecteurs non avertis si on continue à employer ces mots, aujourd'hui faux, dans les traductions pour grand public.

Avec ce verset « Yahvé-Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le garder » tiré du second récit de la genèse (2,15), le plus ancien, Dieu modèle l'être humain à partir de la terre : Adam signifie effectivement « le terreux ». Dieu lui donne une mission : il le place dans un jardin et le lui confie. L'homme doit veiller sur ce jardin, au maintien de toute la composition de la biocénose, cultiver le jardin et en prendre soin. Le jardin c'est aussi la création. L'homme placé dans ce jardin peut user des fruits de la nature tout en l'entretenant et en la protégeant. C'est bien le premier rôle donné par Dieu à l'homme. D'ailleurs, Jean Samuel ZOE-OBIANGA le souligne fortement en écrivant que, « les créatures surtout terriennes ne sont pas appelées à l'existence pour fonctionner exclusivement en écosystèmes nourriciers de l'homme. Ravaler les autres créatures au rang de ce qui dessert exclusivement les besoins de bas de l'homme les aliène et les dévalue. »114(*) Par essence même le chrétien est donc porté au respect de la Création, oeuvre de Dieu et habitat de l'homme. Si des chrétiens n'ont pas respecté ou ne respectent pas cette donnée, ils sont en opposition avec cette mission première à eux confiée par Dieu.

Si on les regarde d'un peu plus près pourtant, de nombreux chrétiens sont directement ou indirectement engagés dans la protection de l'environnement. Les organisations de préservation de nature, nous alertent depuis des années sur la gravité des problèmes écologiques, à travers de nombreuses déclarations et textes, y compris dans des textes très officiels. Malheureusement ces textes ne sont pas ou très peu repris, du moins à ma connaissance, dans les communautés, ou les paroisses.

Pourrait-on suggérer de créer des Pastorales de la Création, dans certains paroisses en expliquant les enjeux d'une telle structure, Pastorales qui seraient chargées de réfléchir et de se préoccuper des problèmes écologiques, humains et physiques, dans une lumière chrétienne ? Car les enjeux bibliques impliquent ceux liés à la société.

I.3- Les enjeux socio-politiques de la sauvegarde de la nature.

La gestion et l'exploitation des ressources naturelles mondiales est un facteur de guerre et de crispation des peuples. L'accaparement par des grandes compagnies internationales des ressources naturelles détenues par des pays pauvres est toujours une récrimination légitime des populations. C'est ainsi que les pays fondateurs de l'OPEP ont entrepris la démarche de nationaliser les ressources pétrolières afin d'en distribuer les dividendes à la population locale.

Mais si ce schéma est largement répandu au niveau du pétrole, il l'est beaucoup moins en ce qui concerne les autres ressources naturelles.

L'exploitation des ressources naturelles quelles qu'elles soient (eau, énergies fossiles, minerais) permet de tirer des profits aptes à redresser l'économie des pays exploités. Le manque à gagner est alors ressenti difficilement lorsqu'ils en sont dépossédés. Mais au-delà des questions économiques associées aux ressources naturelles, il est devenu nécessaire d'envisager leur exploitation dans une optique durable.

Les ressources naturelles sont limitées mais nécessaires. Or, leur exploitation et leur utilisation pléthoriques posent de graves problèmes écologiques. Cette dynamique d'exploitation inconsidérée des ressources naturelles, de manière immédiate pour répondre aux incitations de l'économie, ne va pas sans poser de graves questions sur l'avenir à long terme de la planète et de l'humanité qui la peuple.

Au-delà des conflits socio-économiques centrés autour des ressources naturelles, on devrait voir incessamment émerger un nouveau type de conflit, portant sur la question de la pollution et de la viabilité dans certaines régions. C'est pourquoi il est nécessaire de coordonner les actions écologiques des pays au niveau de la communauté internationale afin de prendre en compte le problème dans son ensemble.

Toutefois, le contrôle de la pollution et la préservation des ressources naturelles de la planète ne doivent pas se résumer à moraliser les pays pauvres sur ce sujet. En effet, les procédures globales tentant de remplir des objectifs planétaires aboutissent souvent à incriminer les pays en voie de développement pour leur consommation abusive d'énergie. Or, c'est précisément sur ce modèle de développement que s'est basé la croissance des pays riches, et il serait malvenu de faire porter les conséquences de ces émissions aux nouveaux arrivants. Il importe, de moraliser les pays riches, en instaurant des modèles de développement économique respectueux de l'environnement. Face à tous ces enjeux, quels sont les défis à relever ?

CHAPITRE 2 : DEFIS MISSIONNAIRES DE LA SAUVEGARDE DE LA NATURE.

L'objet de ce chapitre est centré sur l'examen des défis sur le triple plan : spirituel, politico-économique et éthique.

II.1- Défis missionnaire sur le plan spirituel.

Aux yeux de certains écologistes, l'homme est classé dans l'écosystème naturel en tant qu'égal aux autres animaux. La présence de la chaine alimentaire en est une illustration. Une telle approche s'oppose à l'approche anthropocentrique judéo-chrétienne. Elle s'explique soit par un rejet de Dieu et de la perspective de la déification de l'homme, soit par une mauvaise interprétation du commandement donné à l'homme de dominer le monde qui peut conduire à une exploitation destructrice des ressources naturelles.

Il nous semble important, dans la théologie chrétienne, de distinguer les êtres humains du reste de la création, afin de reconnaître la place et la responsabilité unique qu'a reçues l'homme au sein de la création par rapport au Créateur.

Nous touchons ici le défi de la spiritualité chrétienne qui devrait distinguer notre attitude chrétienne face à la crise environnementale. La différence ne réside pas tant dans le degré de désir de préservation et de protection des ressources naturelles du monde, qui devrait être la priorité de tous les hommes, qu'ils soient des chefs politiques ou de simples citoyens. Le défi chrétien réside dans notre conception du monde, et non dans le but recherché dans cette démarche. La croyance en l'homme comme « économe » et « prêtre » de la création est marquée par un sens profond de justice et de modération. Nous sommes donc appelés à préserver la création en servant son Créateur. De là découlent d'autres défis spirituels que nous lance, aujourd'hui, la crise environnementale à savoir la surexploitation des ressources naturelles, le consumérisme, le gaspillage et la pollution.

L'environnement naturel ne doit jamais être considéré de manière étroite, mais dans une perspective beaucoup plus large. Une vision spirituelle du monde matériel l'envisage toujours en relation avec le Créateur, ce qui n'est pas sans conséquences pour notre appréciation chrétienne de problèmes environnementaux tels que la menace de la surpêche océanique, la désertification ou la destruction de la faune et de la flore comme nous l'avons vus plus haut. Cette vision spirituelle du monde nous dicte le respect de la création de Dieu, puisque notre rapport aux choses matérielles reflète nécessairement notre rapport à Dieu. Notre sensibilité spirituelle vis-à-vis de la création matérielle reflète clairement la sacralité que nous réservons aux choses célestes.

Une telle approche nous permet d'envisager le monde et la vie comme quelque chose de mystérieux ou de sacramentel, puisque le mystère réside précisément dans la rencontre de l'humanité et de la création avec le Dieu Créateur. Si la Terre est sacrée, alors notre relation avec l'environnement naturel doit être mystique, c'est-à-dire reconnaissant en lui la semence et la trace de Dieu. Nous ne devons pas l'utiliser de manière égoïste en abusant des ressources naturelles. Nous pourrions considérer que le « péché d'Adam » a consisté à refuser l'environnement naturel en tant que don de communion entre Dieu et ses créatures, et à n'y voir qu'un objet d'exploitation pour la satisfaction de désirs non maîtrisés.

L'air que l'on respire, tout comme la mer et les océans qui nous entourent, sont pour nous la source de vie biologique. S'ils sont souillés ou pollués, notre existence est menacée. Par conséquent la dégradation et la destruction de l'environnement sont une forme de suicide de l'humanité. Il apparaît que nous sommes inexorablement pris au piège de modes de vie et de systèmes qui ne cessent d'ignorer les contraintes de la nature que nous ne pouvons aucunement nier ni sous-estimer. Il ne faudrait pas que nous attendions d'être arrivés à un point de non-retour pour prendre conscience des capacités restreintes de notre planète.
En tant que don de Dieu à l'humanité, la création devient notre compagne donnée pour vivre en harmonie et en communion avec elle et les autres. Il nous faut puiser ses ressources avec modération et frugalité, les cultiver avec amour et humilité, et les protéger en accord avec le commandement scripturaire de « servir et préserver » Gn 2 : 15. Au sein d'un environnement naturel irréprochable, l'humanité découvre une paix profonde et un repos spirituel. Et au sein d'une humanité cultivée spirituellement par la grâce paisible de Dieu, la nature reconnaît sa place harmonieuse et légitime. Afin de remédier à la surexploitation des ressources naturelles qui mine notre planète et engendre sa pollution, la vision sacramentale de la création invite l'homme à revenir à un mode de vie ascétique, ce qui veut dire être reconnaissant, rendre grâce à Dieu pour le don de la création en étant un intendant respectueux et responsable de la création.

II.2- Défis missionnaires sur le plan politico-économique.

La révolution industrielle, ressort du formidable développement économique de la fin du XIXème et du XXème siècle, a eu pour effet collatéral l'augmentation régulière de la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Le réchauffement climatique en cours est un sous-produit de la croissance passée.

Le défi missionnaire sur le plan économique requiert, aujourd'hui, une prise de position selon laquelle le développement économique ne doit pas passer par la destruction de la nature. Plus nous tarderons à prendre les décisions, plus violent et coûteux sera l'ajustement nécessaire.

Les missionnaires, dans leurs charges, doivent rencontrer les économistes et discuter avec eux. En effet, les économistes ont toute leur place dans la réflexion sur les stratégies de lutte contre le réchauffement climatique, qui n'est pas seulement l'affaire des climatologues, physiciens, météorologues ou encore chimistes. Les économistes peuvent apporter des instruments permettant de gérer le problème climatique de façon efficace.

Le défi missionnaire en rapport avec l'économie est double : les deux doivent, par leurs prévisions sur le moyen et long terme, les évolutions futures des émissions d'origine anthropiques, et définir les instruments économiques qui permettront d'atteindre les objectifs assignés au moindre coût.

Le premier apport relève essentiellement du travail de prévision qui fait partie du corpus scientifique traditionnel des économistes, avec tous les aléas et incertitudes attachés à la prospective, lesquels, sur longue période, sont renforcés par un environnement technologique qui n'est pas figé et qui peut donc affecter sensiblement les projections. Comme exemple ils doivent attirer l'attention des exploitants de bois sur le rythme avec lequel cette exploitation est faite. Gilles ROTILLON le fait remarquer quand il déclare : « si la culture sur brûlis et la production de bois de feu jouent un rôle dans cette déforestation, la principale cause en est aujourd'hui l'exploitation forestière, souvent illégale. »115(*)

Le second apport concerne le design des instruments de politique économique à mettre en oeuvre. Une question préalable est celle des objectifs assignés à la politique économique. Sur ce point, deux postures, plus complémentaires que concurrentes, sont adoptées par les économistes. La première, que l'on pourrait qualifier de normative, applique la méthode standard de maximisation du bien-être net pour aboutir à un niveau d'émissions optimal déterminé par l'égalité entre le bénéfice marginal et le dommage marginal. Toute la difficulté, on l'aura bien compris, est de définir la fonction de dommage. La seconde posture, plus modeste, prend acte des recommandations des scientifiques sur un plafond de concentration à ne pas dépasser et cherche à déterminer la politique permettant de respecter cet objectif.

L'exploitation des richesses naturelles qui découle de l'avarice et de la luxure, et non de besoins vitaux, crée un déséquilibre dans la nature qui n'arrive plus à se renouveler, comme en témoigne les problèmes de la surpêche, de surproduction agricole, de déforestation et de désertification. Une telle surexploitation des ressources naturelles reflète non seulement un manque d'intelligence, mais constitue également un grave problème éthique. Face à une telle attitude égoïste, l'église ne peut se taire et s'abstenir de rappeler les vérités éternelles et d'alerter les membres de la société des dangers qu'ils encourent.

L'environnement est la maison qui entoure l'espèce humaine ; elle constitue l'habitat humain. Pour cette raison, l'environnement ne peut être apprécié ou évalué seul, sans lien direct avec l'homme dont la vocation est d'être l'économe et le prêtre de la création. La préoccupation pour l'environnement implique en effet de se préoccuper des problèmes humains de pauvreté, de la soif et de la faim. Notre attitude et notre comportement vis-à-vis de la création ont un impact direct et reflètent l'attitude que nous adoptons envers autrui. L'écologie est formellement liée à la fois par son étymologie et par son sens à l'économie.  Or, notre économie globale dépasse tout simplement la capacité de notre planète à la supporter. Non seulement notre capacité à vivre de manière substantielle, mais aussi notre survie, sont elles-mêmes menacées.

Les scientifiques estiment que les plus touchés par le réchauffement climatique dans les années à venir seront les plus démunis. C'est pourquoi le problème écologique de la pollution est directement lié au problème social de la pauvreté. Toute activité écologique est en fin de compte mesurée et passée au crible de son impact et de son effet sur le pauvre. Notre préoccupation pour les questions écologiques est donc directement liée à aux questions de justice sociale, et plus particulièrement celle de la faim dans le monde. Une Église qui néglige de prier pour l'environnement naturel est une Église qui refuse d'offrir à boire et à manger à une humanité souffrante. De même, une société qui ignore son mandat de prendre soin de tous les hommes est une société qui maltraite la création de Dieu, y compris l'environnement naturel, ce qui équivaut à un blasphème.

C'est un fait qu'aucun système économique, aussi avancé technologiquement ou socialement soit-il, ne peut survivre à l'effondrement du système environnemental qui le supporte. Cette planète est véritablement notre maison, mais c'est aussi la maison de tous, puisqu'elle est la maison de chaque créature animale comme celle de toute forme de vie créée par Dieu. C'est un signe d'arrogance que de prétendre que seuls nous, les hommes, habitons ce monde. C'est aussi un signe d'arrogance que de s'imaginer que seule notre génération habite cette terre.

En tant que le plus important des problèmes éthiques, sociaux et politiques, la pauvreté est directement et profondément liée à la crise écologique. Pour BARTHOLOMÉE 1er116(*) un pauvre fermier en Asie, en Afrique ou même en Amérique du Nord sera confronté quotidiennement à la réalité de la pauvreté. Pour ces fermiers, un mauvais usage de la technologie ou l'éradication des forêts ne sont pas uniquement dangereux pour l'environnement ou destructifs pour la nature : ils affectent directement et profondément la survie même de leur famille. Les termes écologie,  déforestation, ou  surpêche  sont totalement absents de leurs conversations quotidiennes ou de leurs préoccupations. Le monde développé  ne peut exiger du pauvre en état de  développement  de comprendre intellectuellement la protection des quelques rares paradis terrestres qui demeurent, surtout si on prend en compte le fait que moins de 10% de la population terrestre s'accaparent plus de 90% des ressources naturelles consommées. Toutefois, avec une éducation appropriée, le monde en  développement  serait davantage consentant que le monde  développé à coopérer pour la protection de la création.

Nous voyons que, avec cette analyse de BARTHOLOMÉE 1er, la solution du problème écologique exige que l'activité économique respecte davantage l'environnement, en conciliant les exigences du développement économique avec celles de la protection environnementale. Toute activité économique qui se prévaut des ressources naturelles doit aussi se soucier de la sauvegarde de l'environnement et en prévoir les coûts, lesquels sont à considérer comme élément essentiel du coût de l'activité économique. C'est dans ce contexte que doivent être considérés les rapports entre l'activité humaine et les changements climatiques qui, étant donné leur extrême complexité, doivent être opportunément et constamment suivis aux niveaux scientifique, politique et juridique, national et international. Le climat est un bien qu'il faut protéger et il faut que, dans leurs comportements, les consommateurs et les agents d'activités industrielles développent un plus grand sens de responsabilité.

Une économie respectueuse de l'environnement ne poursuivra pas seulement l'objectif de la maximalisation du profit, car la protection de l'environnement ne peut pas être assurée uniquement en fonction du calcul financier des coûts et des bénéfices. L'environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate. Tous les pays, en particulier les pays développés, doivent percevoir combien est urgente l'obligation de reconsidérer les modalités d'utilisation des biens naturels.

II.3- Défis missionnaires sur le plan éthique.

L'éthique écologique est, la plupart du temps, comprise comme une tentative de protéger les bases de la vie que ce soit la vie en général ou la vie humaine en particulier. Elle se présente comme une réponse rationnelle, logique, intelligente, devant la destruction des différentes formes de vie, une vie constituée d'éléments biochimiques qui ont besoin d'un équilibre pour maintenir leur intégrité. Cette conception est malheureusement un peu réductrice, car elle nous maintient dans une extériorité entre l'humain et son « environnement ». C'est d'ailleurs de cette manière que nous en parlons le plus souvent, l'« environnement », sans réaliser qu'en parlant ainsi nous faisons référence à « ce qui nous environne » à « ce qui nous entoure », donc ce qui est extérieur à l'humain. Or c'est justement cette conception du rapport entre l'humain et la nature, conçus comme deux entités séparées, qui est à l'origine de la crise écologique. Avec Jean Samuel ZOE-OBIANGA, nous pensons que « cette attention portée sur la nature et ses mystères ne vise pas à placer cette dernière au niveau de l'homme. Nous voulons tout simplement mettre en évidence que l'anthropocentrisme outrancier qui dicte une certaine éthique écologique appauvrit la qualité des devoirs à assumer envers la nature. »117(*)

Le phénomène de la socialisation dans sa généralité est révélateur d'une vérité négligée, pour ne pas dire niée, par l'homme moderne ; la socialisation, en créant une solidarité de plus en plus étroite entre les hommes (ne serait-ce que la solidarité dans la peur devant le danger de l'arme nucléaire), amène à accepter de nombreuses contraintes. Elle révèle ainsi, par-delà les libertés individuelles ou nationales, qu'il y a des exigences universelles d'ordre éthique qui doivent être respectées. Sinon, c'est l'augmentation des inégalités et des injustices,

  Avec les oppressions de tous genres, nous avons, dans de nombreux cas, l'apparition du drame de la faim, de la misère et de la mort de millions d'êtres humains. Il s'agit essentiellement d'une exigence de régulation éthique. Que l'on songe simplement à cette aspiration générale vers plus de justice sociale, entre individus, entre classes et entre nations. L'idée même de justice n'a de sens que par une régulation des ressources naturelles. Cet appel à la justice se fonde sur la persuasion que chaque être humain en vaut un autre, et aussi que chaque peuple a un droit strict à se développer et à user des biens naturels qui lui sont nécessaires.

Désormais, toutes les ségrégations, toutes les oppressions, et aussi tous les gaspillages et pollutions, sont ressentis par leurs victimes comme la violation de quelque chose de sacré.

Et en même temps, cette exigence de régulation éthique, pour plus de justice, apparaît comme rigoureusement nécessaire, contraignante et non facultative ; souvent elle est même vécue comme un idéal politique, soit de libération, soit de respect écologique de la nature, pour lequel on doit se battre, au risque de sa vie si besoin est. Il y a là comme un puissant retour de la loi morale, par-delà tous les subjectivismes et égoïsmes qui voudraient l'évacuer.

La crise écologique, comme expression de la socialisation de la Nature, vient préciser cet appel éthique. Elle vient rappeler brutalement que l'homme, tout en étant libre, est soumis à une loi naturelle. Certes, celle-ci, au niveau humain, n'est pas purement d'ordre physique ou biologique, elle s'exprime par l'activité rationnelle, comme besoin de régulation des rapports des hommes entre eux et avec la Nature. Cette régulation n'est alors pas à concevoir comme signifiant que l'homme peut faire ce qu'il veut, en usant de sa liberté sans aucun critère objectif, loin de là. Mais elle signifie que l'homme doit considérer la nature, et l'ensemble des êtres humains, comme des partenaires dont il doit tenir compte dans ses décisions libres, car obligé de vivre en symbiose avec eux. S'il veut se développer harmonieusement, il ne peut le faire qu'en tenant compte de ses semblables et des exigences objectives d'une exploitation rationnelle de la Nature.

Là aussi, l'enseignement chrétien classique mérite d'être remis à l'honneur, cet enseignement qui voit dans l'homme, non pas le maître absolu, mais l'intendant et le gérant de cette Nature, don de Dieu qui en est seul le Maître et qui en a établi les lois. C'est parce qu'il s'est cru avoir tout pouvoir sur la Nature, parce qu'il s'est cru comme un dieu face à elle (c'est la tentation même qui a causé la chute du premier homme, selon Genèse, 3,5), que l'homme moderne en est arrivé à comprendre sa propre survie.

Certes, on sait que la notion de loi naturelle est fortement contestée de nos jours. Mais à ceux qui ont conscience des risques engendrés par notre civilisation technologique et par l'égoïsme des pays développés, ces discussions sur l'existence ou non d'un droit naturel apparaissent radicalement dépassées, sorte de discussions de salon entre dilettantes que peuvent se payer le luxe d'en débattre.

Pour ceux qui souffrent de la faim ou qui savent leur avenir menacé par la crise écologique, spéculer sur le caractère unique de chaque liberté personnelle a pour eux bien moins d'importance que de tenir compte des exigences d'une nature humaine qui tient le devant de la scène mondiale ; car c'est elle qui justifie l'universalité des droits de l'homme et de son droit à user équitablement des biens naturels, sans les voir accaparés par quelques-uns, ou gaspillés ou pollués cyniquement. C'est au nom finalement de cette nature humaine et de son droit naturel que se mènent de nos jours tous les combats pour un monde meilleur et plus juste.

Par là nous percevons que toute décision éthique, en réponse à un appel pour plus de justice, se doit de tenir compte de deux données ; d'abord celle fournie par la science positive, physique, biologique ou humaine, qui définit et précise la nature du phénomène en question (par exemple, l'inflation, le chômage et plus particulièrement, ici, l'écologie). Ensuite, pour se décider en vue de telle ou telle décision en une forme de jugement pratique (sur ce qu'il faut faire, à partir de ce qui est), la décision éthique doit se baser sur une échelle de valeurs, elle- même fonction d'une vision globale portant sur la destinée de l'homme et sa relation avec la nature.

Au Cameroun, le problème peut être géré si certains fonctionnaires, au lieu de s'enrichir a tout prix et ceci au détriment de la population, songeaient a une répartition équilibrée des biens pour l'épanouissement de tous. Si le souci des gouvernants était le bien de la population à la base, la lutte contre la corruption et autres maux serait un succès et le travail devait être fait dans la crainte de Dieu et selon le respect des normes en vigueur.

Ce défi éthique doit devenir un mouvement de pensée très ambitieux qui introduit une dimension spirituelle dans la réflexion en faisant de la nature une sorte de bien ou de valeur morale suprême. Elle cherchera à transformer notre vision du monde et notre conception de la vie et du bonheur. Elle tentera d'effacer la frontière entre l'homme et la nature et de réintégrer l'être humain dans la nature en tant qu'une de ses manifestations. Ici, une vie considérée comme digne et accomplie est une vie vécue en harmonie avec la nature.

CHAPITRE III : QUELQUES PROPOSITIONS POUR UNE LUTTE MULTIDIMENSIONNELLE CONTRE LA CRISE ECOLOGIQUE PAR L'EEC.

Ce chapitre est celui des propositions que nous ferons à l'EEC en vue d'une participation active, efficace et efficiente à la lutte contre le crise écologique, ceci, en passant par le renforcement de la conscience théologique et une catéchèse sur le plan environnemental.

III.1- Pour un renforcement de la conscience théologique.

Parler de la conscience théologique revient à mettre en exergue la spiritualité écologique. « Or la spiritualité est le langage du sentiment religieux ; et la spiritualité chrétienne est le langage de la foi en Dieu, le Père de toutes choses, l'Inspirateur de la nouveauté du vivant, corps et visage de l'Humain en Jésus de Nazareth. »118(*)

Avec cette spiritualité nous sommes invités à revisiter notre rapport au temps, à l'espace et à autrui, ainsi que les fondements de notre vie en société, et à réfléchir à ce qui nous permettra de vivre mieux ensemble. La réflexion biblique concerne l'homme dans son développement intégral, dans ses relations à ses frères, dans sa capacité à construire avec eux une société qui vise au bien commun, dans sa vie de foi, dans son rapport à Dieu et à la Création.

La louange et la prière, formes fondamentales de la spiritualité, continuent à se nourrir des Psaumes. La valorisation du long terme, le témoignage de notre espérance chrétienne, la redécouverte de la contemplation, la proposition d'un développement intégral, l'inscription dans un juste rapport à la nature qui ne la sacralise ni ne l'instrumentalise, un rapport à nos frères humains basé sur l'alliance et non la rivalité, la prise en compte de la fragilité et l'équilibre entre engagement et détachement sont autant de chemins à emprunter pour rebâtir des fondements spirituels solides.

La liturgie chrétienne est une célébration de l'oeuvre de Dieu. Il s'agit de redécouvrir que dans ses expressions de louange, d'adoration et de prière, elle invite l'homme à vivre la relation au monde et à la nature comme le bénéfice d'un don du Dieu créateur et d'un amour créateur de fraternité entre les hommes.

Il y a donc à entreprendre un travail de valorisation de la dimension écologique de la liturgie. Nos célébrations seront enrichies en s'appuyant sur la variété des formes de l'expression artistique de la création et de la responsabilité de l'homme pour sa gestion. La liturgie deviendra ainsi éducatrice aux questions environnementales pour ceux qui y participent.

Un nouvel élan spirituel et pastoral, doit être mis en exergue car la juste attention des chrétiens aux problèmes écologiques irrigue toute notre vie de foi, de notre prière à notre action dans la cité, auprès de nos frères, et notamment des plus démunis.

Il faut le développement d'une théologie et d'une catéchèse de la Création, l'amplification de formations tant dans les instituts de formation théologique que dans les établissements scolaires et les autres centres de formation ; car pour André Roux, « la tâche de la mission ne se limite jamais à une kérygmatique, à une première annonce de l'Evangile ; à ce qui serait seulement une avancée en surface (...) évangéliser ce n'est jamais seulement annoncer l'Evangile à ceux qui ne l'ont jamais entendu. C'est aussi, nous l'avons trop oublié, le faire pénétrer plus profondément dans le coeur, la pensée et tout ce que peuvent être les centres de motivation de l'homme qui croit le connaitre déjà »119(*)Nous devons arriver à la célébration de Dieu créateur et la valorisation de la dimension écologique de la liturgie, car la nature fait partie des centre de motivation de l'homme. Il faut donc insister sur la recherche et le partage des informations fiables sur les questions environnementales. Penser à mettre les acteurs de l'environnement ensemble, avec une exemplarité dans nos choix, dans la gestion du patrimoine de l'Église et dans l'organisation des rassemblements. Il faut aussi une conversion de nos mentalités marquées par l'individualisme et le consumérisme pour un engagement dans la construction d'un modèle de développement qui soit durable. Enfin faire des propositions en rapport avec une réflexion de l'Eglise sur les questions d'écologie et d'environnement.

L'attention à la Création ne saurait se satisfaire de quelques mesures qui seraient avant tout symboliques. Elle engage notre foi toute entière, que ce soit dans notre prière ou notre action dans le monde, que nous soyons entre nous chrétiens riches, ou encore auprès des plus démunis et des plus fragilisés cette lutte concerne tout le monde comme le souligne I. NAGY :« l'environnement s'est rapidement détérioré dans certaines régions et nous ne savons pas exactement où se situent les seuils de tolérance de la nature. Nous devons arriver à très brève échéance à un consensus sur la nécessité de prendre des mesures urgentes. (...) la population se préoccupe de savoir si les legs de notre génération se transmettront à la génération suivante. Une nouvelle conscience écologique a germé parmi de vastes secteurs de la collectivité, et tout particulièrement parmi les jeunes »120(*)

Toute écologie véritable est d'abord une écologie globale, sans laquelle il ne peut y avoir de protection de la nature juste et bien comprise. Cela implique des relations nouvelles entre les hommes, des relations nouvelles avec Dieu, des relations nouvelles avec toute la Création. Les relations nouvelles avec l'homme conduisent à ne pas oublier la destination universelle des biens et la nécessité de leur répartition entre tous les humains, en redécouvrant par le don qu'est le Création le sens de la gratuité.

Les relations nouvelles avec Dieu sont une nécessité pour avoir pleinement conscience du fait que nous sommes tous les enfants d'un même Père et que nous sommes aimés de Lui. Les relations nouvelles avec toute la Création impliquent une conversion et un changement radical de nos façons de penser, de communiquer et de nous déplacer, de travailler et de consommer. Tous, nous sommes invités à être des jardiniers dans le jardin que Dieu nous a confié et à rendre grâce à Dieu pour les merveilles de la Création dont il nous a fait don.

III.2- Pour une catéchèse environnementale.

A cause de la profonde solidarité qu'il y a entre l'homme et le monde créé, théologie et catéchèse de la création sont désormais essentielles à toute proposition de la foi chrétienne. Une catéchèse de la création doit expliquer sur la base de l'anthropologie biblique la responsabilité spécifique de l'homme par rapport au reste de la création et montrer en quoi cette vision du rôle profond de l'homme est conforme au projet de Dieu.

Elle devra nécessairement intégrer la notion d'écologie humaine, alliée à celle de développement intégral, montrer l'incohérence, voire la contradiction qu'il y a à « exiger des nouvelles générations le respect du milieu naturel »121(*).

Cette catéchèse est nécessaire pour sensibiliser les chrétiens aux fondements de leur engagement pour le respect de la création et leur conversion à de nouveaux modes de vie. Elle pourra naître si se développe une recherche théologique qui saura démontrer le caractère unique et indivisible, qu'il s'agisse de l'environnement comme de la vie, de la sexualité, du mariage, de la famille, des relations sociales, en un mot du développement humain intégral.

Pour remédier véritablement à la crise environnementale qui prend de plus en plus d'importance dans nos sociétés, il faut penser une transformation radicale de la conception de l'humain et de la nature. C'est donc au niveau de la connaissance que se situe la solution. L'humain doit retrouver la conception sacrée de la nature qui était présente dans toutes les autres civilisations avant l'avènement de la modernité. Cependant, il ne s'agit pas d'inventer une sacralité de la nature, pouvoir que l'humain ne possède pas, mais bien de retrouver ce qui a été délaissé. Pour retrouver le sacré, il suffit de mettre sur pied une formation à l'environnement durable et dynamique.

Cette catéchèse doit insister sur l'anthropocentrisme de l'humanisme qui en fait serait le théocentrisme qui place le principe divin au centre de toute chose plutôt que l'humain. De plus, une approche basée uniquement sur la sentimentalité ou une éthique n'est pas suffisante et doit être intégrée à une véritable connaissance objective de la nature par la métaphysique.

Il s'agit donc de savoir ce qu'est objectivement la nature et non de simplement réclamer une certaine valeur à la nature qui aurait sa source uniquement dans la subjectivité humaine. Dans cette catéchèse environnementale, il faut réaffirmer la hiérarchie des savoirs par l'intégration des sciences dans une perspective métaphysique, ce qui permettrait de limiter les prétentions totalitaires de la science moderne dans les limites de ses propres hypothèses philosophiques. Le problème ne réside pas dans la science moderne en tant que telle qui possède une légitimité lorsqu'elle ne déborde pas de son cadre, mais plutôt dans l'attitude scientiste qui consiste à réduire toute réalité au niveau physique.

Comme nous l'avons vu plus haut, la Technique a pris la place laissée vacante par l'éviction de Dieu. Si nous ne voulons pas qu'elle prenne toute la place, et réduise à néant les efforts des hommes pour la maîtriser, il devient plus urgent que jamais de la penser plus globalement qu'il n'a été fait jusqu'à maintenant.

Laissée aux seuls soins des spécialistes, l'écologie n'a aucune chance de renverser les tendances lourdes d'un monde de plus en plus technicien et replié sur lui-même. Sur ce terrain, pour les chrétiens, l'heure n'est plus au mutisme ni à l'enfouissement.

Avec l'espérance chrétienne dont nous sommes porteurs, nous croyons en l'avenir de l'homme et du monde. Avec tous les humains, nous sommes invités à travailler dès maintenant à assurer cet avenir dans une alliance renouvelée entre l'humain et le reste de la création.

Pour réfléchir et intervenir de manière pertinente sur les questions environnementales, l'Eglise a le devoir de se donner les moyens d'une information fiable, approfondie et plurielle. Elle peut aussi disposer des compétences de divers groupes d'expertises.

De même nous encourageons l'EEC, à l'image de ce qu'a déjà entrepris certains mouvements écologiques, la formation de groupes de chrétiens pour réfléchir aux questions liées au respect de la création, échanger des expériences, rédiger et diffuser des documents de sensibilisation, proposer des initiatives et des campagnes qui mobilisent largement.

Cette catéchèse peut revêtir un caractère pratique car l'Eglise doit avoir conscience qu'elle n'est ni la première ni la seule à intervenir sur le terrain de l'environnement. D'où l'importance pour elle de bien repérer ceux qui sont des acteurs décisifs du futur et de bien situer sa propre parole car, « la communauté écologique que les humains et les autres créatures forment ne saurait raconter ou refléter la gloire de Dieu, que si ses composantes sont traitées et abordées par l'homme comme des aides dont la dignité et la valeur intrinsèque sont prises en considération. »122(*)

Une parole d'Eglise sur les sujets environnementaux ne peut être une prise de position scientifique. Elle n'a pas compétence pour cela. Mais si elle veut que sa parole soit une parole d'alerte et d'espérance, entendue par un grand nombre, il est essentiel qu'elle soit en dialogue avec les principaux acteurs de la société : chercheurs, politiques, philosophes, économistes, techniciens. Dans certains cas, l'Eglise, en raison de son implantation locale, pourra offrir aux agriculteurs un espace d'écoute et de dialogue, non pas seulement sur les aspects techniques de la profession, mais sur le fond et le sens. L'Eglise dans sa catéchèse doit aussi favoriser des ponts et des solidarités entre les producteurs et les consommateurs, et promouvoir la prise de conscience de responsabilités écologiques partagées.

Les espaces de rencontre, d'écoute et de dialogue entre des acteurs ayant des points de vue différents sont utiles et féconds, s'ils sont des lieux d'échange fraternels et respectueux de la parole de l'autre. La finalité de telles initiatives c'est d'aider les chrétiens à une meilleure prise de conscience des enjeux et des exigences qui s'imposent à chacun face à ces nouvelles questions de la vie en société.

III.3- Repenser la commission Diaconie, Justice, Paix et Sauvegarde de la création au sein de l'EEC.

L'EEC dans son règlement intérieur, décline la mission de cette commission en quelques points et concernant la protection de la nature, il est dit «  impulser l'action de l'Eglise en matière de la promotion des droits humains et environnementaux »123(*)

Disons déjà qu'en termes de cahier de charge c'est un peu maigre pour une Eglise qui veut vraiment prendre au sérieux la question de l'environnement. Ajouter une commission aussi importante à celle de la diaconie dont les missions ne sont pas négligeables semble être une fuite en avant. Pour plus de sérieux, l'EEC gagnerait à détacher cette commission de celle de la diaconie et restructurer la commission en charge de la nature, avec des objectifs suffisamment clairs. Reto GMÜNDER et Marie-Philomène NGUEUGAM pensent que « la sauvegarde de la création n'est finalement pas simplement la préservation de quelques espaces verts ou quelques espèces animales. Elle est le cadre élargi dans lequel la justice et la paix se rencontrent et s'étendent à plus que simplement le monde restreint des humains. Elle est un engagement pour une société qui respecte toutes les créatures de Dieu, l'humain, les animaux et les végétaux. »124(*)

Cette commission sera chargée de s'approprier les grandes décisions des églises et autres organisations portant la réflexion sur le sujet du climat, proposé ce qu'elle pense être utile pour sauver notre planète. Car dans sa mission l'EEC doit tenir compte de l'écologie qui, Selon Thomas SIEGER, « est par définition l'état de toutes choses dans leurs rapports les unes avec les autres, dans leurs liens réciproques, la conception biblique de l'homme-dans-le-monde est absolument écologique et non, comme d'autres le prétendent, trop anthropomorphique pour que le monde naturel soit traité avec respect »125(*)

Nous proposons que cette commission exhorte le gouvernement, les institutions et grandes sociétés de notre pays à prendre des initiatives propres à réduire de manière drastique leurs émissions de gaz à effet de serre tout en respectant et même en dépassant les dispositions de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques

Elle doit encourager la signature des accords basés sur les principes de la justice climatique, assurant un soutien effectif aux communautés vulnérables afin qu'elles puissent s'adapter aux conséquences des changements climatiques, grâce à des fonds d'adaptation et des transferts de technologie ;

Elle doit avoir le courage d'interpeller  la communauté nationale à commencer une campagne de réduction de la consommation d'énergie, d'eau, d'intrants chimiques, de médicaments vétérinaires et d'aliments exogènes du bétail.

Promouvoir l'existence des `'dimanches verts'', journées pendant lesquelles, les exhortations et les prédications seront centrées sur l'écologie et la préservation de la nature, ou encore inciter des concepts à vivre tels `'un chrétien, un arbre par an''126(*) pour lutter contre la déforestation.

Interpeller le gouvernement camerounais à tirer la leçon des exemples et des initiatives de populations autochtones, groupes de femmes, collectivités paysannes et communautés forestières qui proposent d'autres modes de réflexion et styles de vie dans la création, en particulier dans la mesure où ces populations reconnaissent la valeur des relations, de la sollicitude et du partage et pratiquent des formes traditionnelles de production et de consommation, respectueuses de l'environnement ;

Cette commission doit travailler en étroite collaboration avec  la commission Ministère Pastoral, Evangélisation, Education Chrétienne et Enseignement théologique afin de poursuivre l'action de sensibilisation et la réflexion théologique dans les paroisses et parmi les étudiants des facultés concernant une nouvelle vision cosmologique de la vie, de l'éco-justice et de la dette écologique, en encourageant l'étude et l'action, ainsi que la production et la diffusion de matériels d'étude théologiques et bibliques pertinents ;

L'EEC doit comprendre qu'il est important d'accompagner les luttes en cours, de coordonner stratégiquement et de soutenir les efforts des mouvements d'agriculteurs, de femmes, de jeunes et de populations autochtones, par l'intermédiaire du Forum social mondial et par d'autres moyens, en vue d'élaborer de nouvelles propositions de compensation et d'éviter que la dette écologique ne s'aggrave ; il faut par ailleurs travailler pour la lutte contre l'érosion des sols et la préservation de leur fertilité car « l'érosion des sols, notamment dans les zones tropicales pluvieuses soumises à la déforestation, provoque la perte définitive de vastes surfaces de terres cultivable, à quoi s'ajoutent des inondations désastreuses en aval. » 127(*)

L'EEC doit aussi être interpeller par cette commission à résister tout simplement aux tentations de la publicité, de la mode, du matérialisme et, en revanche, nous contenter davantage de ce qui est nécessaire et non superflu pour vivre: n'hésitons pas à marcher à contre-courant! Revenons à un style de vie plus modéré...

La commission doit encourager les paroissiens de l'EEC à réduire leur consommation d'essence et marcher davantage, ou utiliser les vélos. Ils peuvent aussi réduire, dans certains cas, la consommation d'eau potable, d'électricité, etc.

Elle doit encourager les scientifiques à favoriser le développement des énergies renouvelables (solaire, éolienne, eau etc.) pour ne pas nous retrouver dans une situation aussi complexe que celle des pays développés. Nous savons que, retourner à l'état `'primitif'' est une équation quasi impossible mais il faut tout faire désormais avec dextérité et prudence comme le pense Thomas SIEGER quand il déclare « notre but, dans la gestion d'un environnement sain, dans l'utilisation des résultats de la science et de la technique de pointe qui nous sont accessibles, est de maintenir et d'améliorer la qualité de la vie humaine, de faire une meilleure société en maitrisant la nature »128(*)

Cette structure doit dénoncer la désinformation dont nous sommes souvent l'objet, ce qui suppose que nous fassions l'effort de nous informer, même si cela n'est pas toujours facile...

La commission doit pousser et encourager l'EEC a participé au débat politique (gestion de la cité): rien ne nous empêche de faire entendre notre voix auprès des autorités locales, régionales ou nationales, pour les encourager à prendre des mesures saines visant à protéger l'environnement.

Cette commission doit aborder le sujet du climat lors des grandes réunions et grands débats dans l'EEC et trouver ensemble des solutions pratiques à notre portée. Il faut poursuivre le débat dans ce sens et ne pas négliger les petits commencements: la mise en pratique des recommandations formulées par les autorités civiles ou religieuses commence par des gestes très simples qui visent à préserver la création dans notre univers quotidien.

Le plus important c'est prêcher et vivre une spiritualité de l'engagement, une démarche intérieure et personnelle, qui ne prend sens que si elle se traduit et se nourrit par un engagement et prend corps dans une lutte au niveau collectif et une action militante pour un monde habitable pour toute la famille humaine. A son tour, l'engagement s'alimente du cheminement intérieur, sans lequel il est voué à l'épuisement. L'engagement devient de la sorte plus ancré et plus cohérent. C'est donc une spiritualité engagée dans la lutte contre la crise écologique que nous voulons promouvoir et encourager.Nous envisageons ainsi la spiritualité écologique comme l'espace de liberté où l'être humain, conscient de sa finitude, fait des choix, pose des décisions et finalement, oriente son désir.

L'engagement de l'EEC dans le domaine environnemental n'est plus à négocier. Cette lutte pour la protection de la nature semble être une obligation comme le soulignent si bien Reto GMÜNDER et Marie-Philomène NGUEUGAM lorsqu'ils déclarent : « Or cet engagement pour la justice, la Paix et la sauvegarde de la Création n'est pas un loisir ou une occupation annexe de l'Eglise. Elle est une manière essentielle d'obéir au Christ, de le suivre, de prendre sur nous sa croix et de le servir. Cela fait partie de la vocation même de l'Eglise. C'est une manière de concrétiser l'Evangile et de prêcher par l'exemple. »129(*)

Conclusion partielle

Cette troisième partie nous a permis de partir de la composition d'une biocénose pour dégager les enjeux bibliques et sociaux de la sauvegarde de la nature. Nous avons dégagé quelques défis pour le missionnaire en matière de protection de la nature sur les plans spirituel, économique et éthique, pour boucler par quelques propositions pour une lutte multidimensionnelle contre la crise écologique par l'EEC. Ici nous avons pensé qu'il faut, pour une lutte profonde et un apport sérieux de la part de l'EEC, repenser la commission chargée de cette dimension. Tout laisse croire que la commission chargée de la justice, la paix et la sauvegarde de la nature dans l'EEC est un vase vide.

CONCLUSION GENERALE

Parvenus au terme de notre travail, nous constatons que pour trouver l'énergie et l'intelligence créatrice nécessaire pour répondre aux défis d'une époque aussi troublée que la nôtre, il faut une conscience nouvelle. Le défi de prendre soin de l'environnement, notre héritage commun est une responsabilité collective et universelle de toute l'humanité, chrétien y compris ceux de l'EEC. Cette responsabilité n'est pas seulement pour le présent mais également pour protéger l'intérêt des générations futures. Il nous incombe en tant qu'individus, Eglise, communautés, Etats à une dimension internationale. Toutes les parties prenantes doivent s'impliquer. Mais pour y arriver, il faudrait d'abord une étincelle pour que naisse une vraie passion à la hauteur de la gravité des enjeux. Et c'est bien ce qui manque à une époque qui préfère le plus souvent la tiédeur, la légèreté frivole, l'évasion ludique et la dérision. Le chrétien doit comprendre que protéger l'environnement, c'est protéger sa source de nourriture et d'eau potable car tout ce que nous mangeons et buvons provient de la nature. Or toute pollution finit par se retrouver un jour sur nos tables, dans l'eau que nous buvons ou dans ce que nous mangeons. Et ces polluants nous feront développer des maladies ou des malformations.

Notre interpellation, c'est que l'EEC utilise tous les moyens possibles et raisonnables pour que la nature produise une eau et une nourriture saines et en quantité suffisante. Pour cela, nous devons éviter de polluer les sols et les mers. Nous devons éviter de rejeter sans précaution ou répandre des produits chimiques à l'excès. La protection de l'environnement entraine la préservation de la qualité de l'air que nous respirons ; quand nous savons aussi que l'air est absolument indispensable à notre survie. L'air nous apporte l'oxygène, carburant de nos cellules. A chaque inspiration, nous inhalons les gaz et les particules qui se trouvent dans l'atmosphère. Certains de ces gaz et particules sont nocifs pour notre organisme. A chaque inspiration, nous absorbons donc un peu de poison. Respirer met alors notre santé en danger et nous rend malades. Alors que respirer devrait seulement nous maintenir en vie. L'EEC dans sa mission doit exhorter ses fidèles et autres occupants de la nature à ne pas polluer notre atmosphère. Nous ne devons pas y rejeter des gaz nocifs ou des particules dangereuses pour la vie car protéger la qualité de l'air, c'est préserver la santé et donc l'avenir de l'humanité. L'EEC est appelée dans sa mission à conserver le climat que nous connaissons car notre monde et la société ont des modes de vie adaptés au climat actuel. Si le climat change, nos sociétés n'y seront pas adaptées. Certaines régions subiront de graves désordres. Selon les endroits du monde, on assistera à une montée des eaux, à des sécheresses, des inondations à répétition, des tempêtes violentes, etc. Ces cataclysmes feront fuir les populations ou les décimeront. Les populations devront se déplacer ou changer de mode de vie. Des conflits éclateront pour la vie dans les régions épargnées.

La flore et la faune évolueront avec la modification du climat. Certaines plantes ne seront plus adaptées. L'agriculture locale en sera affectée. Des parasites s'étendront dans de nouvelles régions, propageant des maladies pour l'homme, les plantes et les animaux. La nature n'aura pas le temps de s'adapter. L'équilibre actuel sera bouleversé. Nous devons donc comme chrétien, limiter notre impact sur le climat en réduisant nos rejets de gaz à effet de serre. Car nos rejets atmosphériques accentuent l'effet de serre naturel, qui contribue à chauffer notre planète. Pour cela, il faut notamment veiller à limiter notre consommation d'énergie. L'EEC doit veiller à ne pas détériorer le climat, ceci aiderait à préserver l'équilibre fragile de la Terre et donc l'avenir de l'humanité.

L'EEC comme Eglise en mission doit prendre au sérieux l'aspect écologique ceci en préservant la biodiversité. Toutes les espèces doivent être respectées et préservées, pour la seule raison qu'elles sont la création de DIEU, comme l'homme et pour éviter de rompre la chaine alimentaire.il faut aussi signaler que toutes les espèces sont aussi nécessaires à la survie et à l'avenir de l'homme. Les plantes et les animaux peuvent contribuer à notre santé. Car c'est parmi les espèces sauvages, parfois encore inconnues, que l'homme a découvert ou découvrira encore des médicaments. Ce sont aussi ces espèces sauvages qui peuvent aider notre agriculture. Elles peuvent aider à améliorer le rendement ou la résistance aux maladies de nos plantations ou de nos élevages. La nature est une source de découvertes futures et de solutions à nos problèmes. Il serait suicidaire de détruire tout cela avant d'avoir pu en bénéficier.

Nous devons empêcher la destruction des espaces naturels. L'EEC se doit de militer pour la protection des espèces en danger car cela va permettre de sauvegarder un réservoir de solutions futures à nos problèmes.

Nous devons prendre conscience et faire prendre conscience à chacun de l'importance de protéger l'environnement. Car protéger l'environnement, c'est protéger l'humanité et permettre qu'elle survive. L'homme ne vit pas tout seul et isolé. Il vit dans un environnement dont il est totalement dépendant.

Vivre dans des villes, entourées de technologie, nous le fait souvent oublier. Mais si nous détériorons notre environnement, celui-ci nous rappellera vite notre dépendance à son égard. C'est pourquoi L'EEC doit également intégrer dans le culte les questions du changement climatique, de justice, de responsabilité et de spiritualité écologique.

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VIII- DOCUMENTS INEDITS ET TEXTE DE BASE.

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66. https://www.notre-planete.info/actualites/4536-concentration-CO2-400-ppm

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69. http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/crise/20526

70. https://www.notre-planete.info/actualites/4536-concentration-CO2-400-ppm

* 1 Dave BOOKLESS,Dieu, l'écologie et moi, Je sème, Saint-Prex, 2014, P. 5.

* 2 https://ecologyandchurches.wordpress.com/category/dialogue-oecumenique/ consulté le 08 juin 2017 à 16H00

* 3 https://europafrique.files.wordpress.com/2007/11/declaration-accra_fr. consulté le 09 juin 2017 à 19H 07

* 4 R. NGOUFO et M. TSALEFAC, « Logiques d'acteurs et échelles de risques dans l'exploitation forestière au Cameroun », Les Cahiers d'Outre-Mer, volume 233, 2006, p. 115-132.

* 5 https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9forestation_au_Cameroun#L.27exploitation_commerciale, consulté le 13Avril 2017 à 17H37.

* 6 https://fr.wikipedia.org/wiki/Réchauffement_climatique#.C3.89volution_des_temp, consulté le 17 Avril 2017 à 11H 21.

* 7 Anny CAZENAVE et Etienne BERTHIER, « La montée des océans : jusqu'où ? », Pour la Science, no 388,ý 2010, Pp. 20-27.

* 8 André BEAUCHAMP, Pour une sagesse de l'environnement, Novalis, Québec, 1991, P. 66.

* 9Solomon ANDRIA, Eglise et Mission à l'époque contemporaine, CLE, Yaoundé, 2007, P.88.

* 10 David J. BOSCH cité par Etienne ATGER, Plaidoyer pour la mission, Jeunesse en Mission, Saint-Paul-trois-châteaux, 1998, P. 43.

* 11 Solomon ANDRIA, Op. Cit., P. 101.

* 12Klauspeter BLASER, la mission: dialogue et défis, Labor et Fides, Genève, 1983, P.9.

* 13Dave Bookless, Op. Cit.,

* 14André BEAUCHAMP, Pour une sagesse de l'environnement : essai sur une éthique et une spiritualité chrétienne de l'environnement, Novalis, Québec, 1991.

* 15 Michelle KERGOAT, Libéralisme et protection de l'environnement, L'Harmattan, Paris, 1999.

* 16 Marcel NGIRINSHUTI, catéchèse écologique au sein des églises protestantes dans la ville de Yaoundé, Thèse de doctorat, Yaoundé, UPAC, 2014.

* 17 Jean BONANE BAKINDIKA La mission de l'église dans la construction des états africains : Au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, L'harmattan, Paris, 2014.

* 18Patrice NSOUAMI, La sauvegarde de la création : Défi du conseil oecuménique des églises et jalons pour une catéchèse écologique de l'Eglise Evangélique du Congo,Thèse de doctorat, Yaoundé, UPAC, 2004.

* 19A. VACANT (sous la direction) et Al, Dictionnaire de théologie catholique, tome X, Librairie Letouzey et Ané, Paris, 1928, P. 1865.

* 20Larousse, Dictionnaire du français au Collège, imprimeur HERISSEY-EVREUX, n°79496, 1998, P. 663.

* 21Dictionnaire Larousse en ligne www.larousse.fr/dictionnaires/francais/mission consulté le 27 04 2017 à 10H11.

* 22 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation

* 23 Encyclopaedia universalis, Corpus 15, Editeur à Paris, Paris, 1990, P. 461.

* 24André ROUX, Mission des Eglises Mission de l'Eglise, Cerf, Paris, 1984, P. 301.

* 25Daniel MARGUERAT (sous la direction), Introduction au Nouveau Testament : son histoire son écriture, sa théologie, Labor et Fides, Genève, 2006, P.121.

* 26Edmond JACOB, Théologie de l'Ancien Testament, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1968, Pp. 176-177.

* 27Daniel MARGUERAT, Op Cit., P. 125.

* 28 Edmond JACOB, Op. Cit., P. 179.

* 29 Edmond JACOB, Op. Cit., P. 180.

* 30 Jean Paul GABUS, La nouveauté de Jésus Christ témoin de Dieu pour le monde, Les bergers et les Mages, Paris, 1996, P. 38.

* 31 P. PILLY et al. ; De Geste et de Parole (20 ans de ministère diaconal dans les Eglises Réformées de la Suisse Romande), Labor et Fides, Genève, 1987, P.58.

* 32 Etienne ATGER, Op. Cit., P41.

* 33 Jean Paul GABUS, Op. Cit., P53.

* 34 Jean Paul GABUS, Op. Cit., P71.

* 35 Daniel MARGUERAT, Op. Cit., P134

* 36 Dzinyefa ADRAKE KOMI, cours d'histoire du Christianisme, Master I, UPAC, Année académique 2016-2017.

* 37 Edward Forcha LEKUNZE, cours d'histoire de l'Eglise, Master II, UPAC, Année académique 2017-2018.

* 38 Paul KEIDEL, Les défis de la mission interculturelle, Clé, Lyon, 2008, P.120.

* 39 John, BENTON. Plus loin de toi mon Dieu : le message du prophète Malachie, Europresse, Chalon sur Saône cedex, 1989, P. 45.

* 40 Reto GMÜNDER, Evangile et développement pour rebâtir l'Afrique, CLE/CIPCRE, Yaoundé, 2002, Pp. 39-40

* 41Fabien EBOUSSI BOULAGA, Lignes de résistance, CLE, Yaoundé, 1999, P. 23.

* 42Rapport du Conseil Synodal Général, Mbouo, 08 -12 Aout 2016.

* 43 Paul KEIDEL, Op. Cit., P.101.

* 44 Paul KEIDEL, Op. Cit., P.181.

* 45 Sévérin Cécile ABEGA, Société Civile et réduction de la Pauvreté, CLE, Yaoundé, 1999, P.116.

* 46Congar Y. Pour une église servante et pauvre : l'église au vrai visage, CE, Lauraine, 1963, P. 152

* 47Klauspeter BLASER, Op. Cit., Pp. 22-23.

* 48Jean-Marc ELA. Le cri de l'homme africain, l'Harmattan, Paris, 1993, P. 16.

* 49 Paul KEIDEL, Op. Cit., P.129.

* 50Liturgie de l'Eglise Evangélique du Cameroun, approuvée par le Synode Général de Foumban, 02 Mars 2002 P. 5.

* 51 Jaap, SLAGEREN (Van). Les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, CLE, Yaoundé, 1972, P.17.

* 52 Charles, MBEMI MAKOUA. Camp national de formation des moniteurs du culte d'enfants, Mbouo, 2001.

* 53 Jaap, SLAGEREN (Van), Op. Cit., P.134.

* 54 Ibidem, P. 135.

* 55Jaap, SLAGEREN (Van), Op. Cit., P.134.

* 56Jaap, SLAGEREN (Van), Op. Cit., P.136.

* 57Constitution de l'EEC, Synode Général extraordinaire de Mbouo, Bandjoun, 27 Juillet 2010.

* 58Constitution de l'EEC, Op. Cit. Pp.14-15

* 59 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/crise/20526 consulté le 03mai 2017 à 13H09.

* 60 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation

* 61 Guy KONINCKX, Gilles TENEAU, Résilience organisationnelle,De Boeck Supérieur, Bruxelles, 2010, P. 22.

* 62 NAOSSI TALOM, cours d'écologie, 2nde, Collège Elie Allégret de Mbouo, année scolaire 1996-1997.

* 63 Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, Ecologie : collection de Sciences naturelles second cycle de l'enseignement secondaire, Hatier, Paris, 1975, P.5.

* 64 Otto SCHÄFER-GUIGNIER, Et demain la terre...christianisme et écologie, Labor et Fides, Genève, 1990, P. 14.

* 65 Otto SCHÄFER-GUIGNIER, Op. Cit., P.13.

* 66 Trophine MOUIREN, La création, Fayard, Paris, 1961, P.36.

* 67 Ibidem, P.39.

* 68 Marcel NGIRINSHUTI, Op. Cit., P.74.

* 69 Marcel NGIRINSHUTI, Op. Cit, P. 76.

* 70 Xavier Léon-DUFOUR, La création nouvelle, in VTB, Cerf, Paris, 1995, P.228.

* 71 Yves SAOÛT, Dialogue avec la terre : L'être humain et la terre dans la Bible, Atelier/ouvrières, Paris, 1994, P.132.

* 72 Stanislas LYONNET, La rédemption de l'univers, in Lumière et vie, n°48, Juin- Août, 1960, P.55.

* 73 Etienne CHARPENTIER, La Jérusalem nouvelle, in La Bible, T. 10, Cerf, Paris, 1982, P.343.

* 74 Marcel NGIRINSHUTI, Op Cit, P. 78-79.

* 75Microsoft® Encarta® Op. Cit.

* 76www.alpe-togo.e-monsite.com/pages/documentation/la-pollution-des-sols.html consulté le 16 Mai 2017 à 11H10.

* 77 Georges FRANÇOISE et Guy MENANT Op. Cit., P.75.

* 78 Voir leur composition chimique dans : Chimie : Terminales CDE, les classiques africaines /les classiques camerounais, Yaoundé, 2007, P. 212.

* 79 Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, Op Cit., P77.

* 80 www.futura-sciences.com/.../questions.../astronomie-appelle-t-on-terre-planete-bleue, consulté le 15/05/2017 à 14H54.

* 81 Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, Op. Cit., P. 78.

* 82 Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, Op Cit., P. 78.

* 83 Jean Bosco MOUTHE, Annale Mouthe : Première D Science de la Vie et de la Terre, SE, SL, 2011, P. 21.

* 84 Corps rocheux d'origine extraterrestre qui a survécu à la traversée de l'atmosphère et qu'on retrouve donc sur le sol.

* 85 Jean Bosco MOUTHE, Op Cit. P 47.

* 86 Zone de l'atmosphère terrestre située entre 0 et 10 kilomètres d'altitude dans les zones tempérées

* 87 Couche de l'atmosphère située entre la troposphère (6 à 17 km d'altitude) et la mésosphère (50 km d'altitude). La frontière de la troposphère et de la stratosphère peut être considérée comme une sorte de surface de discontinuité, étant donnée la différence des propriétés de l'air dans la troposphère et la stratosphère, et on peut imaginer l'existence de mouvements ondulatoires se propageant le long de cette surface.

* 88 L'ozone ou trioxygène, est une substance de formule chimique O3 : ses molécules sont triatomiques, formées de trois atomes d'oxygène.

* 89 Le monoxyde de carbone est le plus simple des oxydes du carbone. La molécule est composée d'un atome de carbone et d'un atome d'oxygène ; sa formule brute est CO et sa formule semi-développée C=O. Ce corps composé est à l'état gazeux dans les conditions normales de température et de pression.

* 90 http://www.humanite.fr/le-taux-de-co2-dans-lair-plus-important-que-jamais-618889 consulté le 0506/2017 à 10H 11.

* 91 https://www.notre-planete.info/actualites/4536-concentration-CO2-400-ppm consulté le 05/06/17 à 10H 22.

* 92 D. BOURG, Technologie, environnement et spiritualité, in: D. BOURG / P. ROCH (Éditeurs), Crise écologique, crise des valeurs ? Défis pour l'anthropologie et la spiritualité, P.27.

* 93 R. BERTHOUZOZ, Pour une éthique de l'environnement. La responsabilité des chrétiens dans la sauvegarde de la création, in: Environnement, Création, Éthique, Le Supplément 169 (1989), P.67-68.

* 94 D. FOLSCHEID, Pour une philosophie de l'écologie, in: Écologie. Humanisme ou naturalisme. La vie en question. Éthique n°13(3/1994), P.13.

* 95 J-M. AUBERT, Un nouveau champ éthique: L'écologie, in: Revue des sciences religieuses,

n°3(1982), P.202.

* 96 BENOÎT XVI., Lettre encyclique Caritas in veritate, n°14.

* 97 L. BOFF, La théologie de la libération et l'écologie. Alternative, confrontation ou complémentarité?, in: Écologie et pauvreté, Concilium 261(1995), P.100.

* 98 E. MORIN, Redresseurs d'espérance pour une planète en détresse, in: Crise éthique, éthique de la crise?, Enthropia, n°6 (2009), P.186.

* 99 Informations recueillies de diverses sources notamment: Ecological Spirituality, Eco-justice Notes, Eco-Ministries Newsletter 24/4/09, Justice et équité climatique, Anup Shah 2009, Banque mondiale, Transport Economics and Sector Policy Briefing, quoted in Collision Course: Freetrade's free ride on the global climate, New Economics Foundation 2000, Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, World Resources Institute report 2003, Center for Science and Environment 2002, Christian Aid report 1999, Down to Earth magazine 2007.

* 100 BENOÎT XVI, Lettre encyclique Caritas in veritate, n°21.

* 101www.alpe-togo.e-monsite.com/pages/documentation/la-pollution-des-sols.html consulté le 27 Mai 2017 à 13H15.

* 102 www.ocean-climate.org/.../océan-climat-migration_FichesScientifiques_Oct2016_BD consulté le 22 Mai 2017 à 16H30.

* 103Dictionnaire Larousse en ligne consulté le 22 Mai 2017 à 17H36, l'eustatisme est une variation lente du niveau des océans et des mers, d'origine tectonique ou climatique.

* 104 https://www.notre-planete.info/actualites/4536-concentration-CO2-400-ppm consulté le 23/05/17 à 16H 07

* 105 D. MÜLLER, Le rapport des humains aux animaux dans la perspective de l'éthique : Mise en situation sociale, in « Théologiques », vol. 10, n° 1, 2002, Pp. 90-91.

* 106 N. BARAQUIN et J. LAFFITTE, Dictionnaire des philosophes, deuxième édition, Armand Colin, Paris, 2002, P. 170.

* 107 Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, Op Cit P. 76.

* 108 Milieu de vie stable caractérisé par l'association de la faune et de la flore à un moment déterminé.

* 109 Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, Op Cit. P.59

* 110 Georges FRANÇOISE et Guy MENANT, Op Cit. P.60

* 111 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation.

* 112 Bernard GILLERON, Dictionnaire Biblique, Moulin, Renens, 1998, P. 26.

* 113Bernard GILLERON, Op. Cit., P. 214.

* 114Dorcas AKITUNDE et Al, Introduction à la théologie systématique : vol 2 -Ethique, CLE, Yaoundé, P.114.

* 115 Gilles ROTILLON, Economie des ressources naturelles, La Découverte, Paris, 2005, P.72.

* 116 http://www.lavie.fr/actualite/documents/religion-et-environnement consulté le 15/04/2017 à 11H30.

* 117 Dorcas AKITUNDE, Op. Cit., P.119.

* 118Otto SCHÄFER-GUIGNIER, Op. Cit, P.75.

* 119André ROUX, Op Cit. P. 303.

* 120I. NAGY, cité par Jean Samuel ZOE-OBIANGA, Op. Cit., P. 117.

* 121 Encyclique Benoît XVI, Caritas in veritate, 51.

* 122Jean Samuel ZOE-OBIANGA, Op. Cit., P. 115.

* 123Règlement intérieur de l'EEC, Op Cit, P. 83.

* 124Reto GMÜNDER ; Marie-Philomène NGUEUGAM, L'Evangile en action :Justice, Paix et Sauvegarde de la création dans l'Ouest Cameroun, Collection Foi et Action, CIPCRE, Douala 2002, P. 31.

* 125Thomas SIEGER DERR, Ecologie et libération humaine, Labor et Fides ; Genève, 1974, P. 50.

* 126Cette opération peut se faire en début de chaque année ou pendant les fêtes de reconnaissances à Dieu.

* 127Otto SCHÄFER-GUIGNIER, Op Cit., P. 15.

* 128 Thomas, SIEGER DERR, Op Cit., P. 116.

* 129 Reto GMÜNDER ; Marie-Philomène NGUEUGAM, Op Cit., P 31.






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