Agriculture et contribution à la croissance économique de la rdcpar Pascal BEYA Université Officielle de Mbujimayi - Sciences économiques et de gestion 2019 |
1.2. Malthus et la loi de la populationL'économiste classique Thomas Robert Malthus (1766-1834) se montre très pessimiste en ce qui concerne la soutenabilité de la croissance à long terme. Comme Ricardo, il considère que la croissance économique tend à ralentir et que l'économie converge vers un état stationnaire.21(*) Malthus explique cet état stationnaire à travers la « loi de la population ». Selon celle-ci, la population (et donc les besoins nutritifs) augmente selon une suite géométrique (1, 2, 3, 4, 8,16, 32, etc.), alors que les ressources de substance (notamment alimentaires) progressent selon une suite arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6 etc.). Puisque les ressources tendent à être insuffisantes pour nourrir la population, il ya une tendance à une surpopulation. Malthus préconise la « contrainte morale » (chasteté avant le mariage et mariage tardif) pour limiter le nombre de naissances. On parle notamment de « politiques malthusiennes » aujourd'hui pour qualifier les politiques visant à réduire le nombre de naissances, comme celles qui furent adoptées en chine il y a quelques décennies( la politiques de « l'enfant unique »). 1.3. Le modèle néoclassique de SolowRobert Slow propose un modèle néoclassique de croissance. Ce modèle repose essentiellement sur l'hypothèse d'une productivité marginale décroissante du capital dans la fonction de production. Le modèle est dit néoclassique au sens où les facteurs de production sont utilisés de manière efficace et rémunérés à leur productivité marginale. Dans ce modèle, les entreprises combinent du travail et du capital pour produire des biens. Elles utilisent l'épargne des ménages pour investir et ainsi accroitre les capacités de production. Ainsi, plus l'économie épargne, plus les entreprises peuvent accumuler du capital. Toutefois, Solow fait l'hypothèse d'une décroissance des productivités marginales : plus un travailleur dispose des machines, moins la machine supplémentaire lui permet d'accroitre sa production. Autrement dit, plus le stock de capital augmente, moins la production augmente rapidement. Par conséquent, en l'absence de progrès technique, la croissance tend peu à peu vers zéro et l'économie risque finalement de se retrouver dans une situation où la production n'augmente plus, mais stagne. Solow retrouve donc ici l'idée des classiques selon laquelle l'économie converge vers un état stationnaire.22(*) A long terme, la croissance ne peut venir que du progrès technique : ce dernier permet de relever la productivité du capital, si bien que l'économie retarde l'instant où elle arrivera à l'état stationnaire. Par exemple, si un travailleur était capable de produire une quantité Q de biens à partir de K machines : grâce au progrès technique, il est désormais capable de produire la quantité Q'. Le progrès technique permet aux travailleurs de produire plus avec la même quantité de facteurs. A la limite tant qu'il ya du progrès technique, l'économie génère toujours de la croissance et ne connait jamais l'état stationnaire. Le modèle de Solow souffre toutes fois de plusieurs limites : - Il suppose que l'épargne est favorable à la croissance, or à court terme, comme le soulignent les Keynésiens, une hausse de l'épargne (donc une baisse des dépenses) est susceptible de faire basculer l'économie dans la récession et entrainer une hausse du chômage. Selon la logique Keynésienne, c'est au contraire la perspective d'une forte demande qui incite les entreprises à investir. - Le modèle de Solow met en évidence l'importance du progrès technique pour la croissance économique à long terme, mais il ne parvient pas à expliquer celui-ci. Le progrès technique est exogène dans le modèle, c'est-à-dire indépendant du comportement des agents. Paradoxalement, selon Solow, la croissance dépend de quelque chose dont il ne connait pas l'origine. Le progrès technique apparait comme une « manne » dans son modèle : il tombe du ciel. * 21 MALTHUS T., Essai sur le principe de population, éd. Gonthier, Paris, p51 * 22 SOLOW R., Les étapes de la croissance économique, 3ième éd. Economica, Paris, 1956, p63 |
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