CONCLUSION GENERALE
Analyse des formes de criminalité dans les services
financiers mobiles (Mobile Money), tel est le titre de ce
travail marquant la fin du cycle de master en criminologie économique et
environnementale. Tel que formulé, ce
sujet est un carrefour où l'interdisciplinarité
exigée dans les recherches scientifiques modernes est de rigueur car
celui-ci ne pourra intéresser non seulement le criminologue mais aussi
l'économiste ainsi que les experts en
télécommunication et la justice (le droit).
Cette étude a tenté de répondre à
la question principale suivante : Quelle analyse porter sur les formes de
criminalité (situations problématiques) dans les services
financiers mobiles « mobile money » ? Cette question centrale
s'est vue opérationnalisée en des questions
connexes ci-dessous : Quels sont les acteurs
impliqués dans les services financiers via mobile money ? De quelle
manière les dossiers judiciaires relatifs au mobile money
sont-ils pris en charge à Lubumbashi ? Quels peuvent
être les facteurs à la base de la vulnérabilité dans
les services financiers mobiles ?
Pour répondre à ces questionnements,
nous avons subdivisé le travail en trois principaux chapitres
dont :
Le premier chapitre intitulé cadre théorique de
la recherche pose les bases théoriques sur lesquelles repose ce
présent travail. Il fait une présentation du
constat à la base de la recherche, de la construction
de l'objet de recherche en partant du thème
principal. Il aborde la problématique de
l'inscription de notre objet de recherche en Criminologie
et, plus particulièrement, dans
l'option criminologie économique et
environnementale. Il présente un corpus des notions sur
la monnaie (ses origines, ses formes et son évolution)
et, enfin, il chute dans la
problématisation de notre objet de recherche à travers les
grilles des représentations sociales de Denise Jodelet et la
théorie des opportunités et des activités
routinières de Cohen F. et Felson
M.
Etant du type qualitatif, ce travail
s'est inscrit dans une démarche inductive parce
qu'au début de la recherche nous
n'avions pas d'hypothèses à
infirmer ou à confirmer mais, au contraire,
nous avons été guidé par les données de
terrain pour arriver à construire une connaissance répondant
efficacement à notre question de recherche.
Le deuxième chapitre intitulé
présentation du champ d'investigation et dispositifs
méthodologiques de la recherche est une synthèse du travail de
récolte des données et du contact avec la réalité
empirique à la base de la présente recherche. Bien avant la
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présentation du processus de récolte des
données, cette partie du travail fixe
l'approche qualitative et la démarche intellectuelle
faisant objet de la production de cette recherche. Il
offre, ensuite un aperçu sur le terrain de
recherche, la commune Lubumbashi dans le cas
d'espèce qui est l'une de sept
communes qui forment la ville de Lubumbashi. Ce terrain de
recherche est présenté sous différents aspects dont
l'aperçu historique, la situation
géographique, la composition administrative,
la situation démographique et la situation
socio-économique.
Ce chapitre offre également la justification du choix
de l'échantillonnage qui a été à
la base de la formation du savoir que nous présentons dans ce
travail. En effet, nous avons opté
pour un échantillonnage par cas unique choisi par effet de boule de
neige. Nous avons, ensuite,
traité des techniques de récolte des
données. Deux techniques ont servi à la
constitution du corpus empirique. Il s'agit
de l'entretien et de l'analyse
documentaire. Enfin, les limites,
difficultés rencontrées et leurs modes de contournement
ont constitué la charnière entre ce chapitre et le
troisième.
Le dernier chapitre intitulé regard criminologique sur
les services financiers mobiles est la réponse à la question de
recherche. A travers l'analyse
thématique, il présente
l'état de lieux de la criminalité dans ces
services financiers modernes. Dans cette partie,
nous avons fait mention d'une liste non exhaustive
des comportements problématiques qui expliquent la présence de la
criminalité dans ces services.
Dans l'analyse des données
collectées sur terrain, nous sommes arrivés aux
résultats selon lesquels quatre catégories
d'acteurs sont impliquées dans les services financiers
mobile money. D'une part,
les acteurs internes, qui sont d'une
part les banquiers et les opérateurs de téléphonie mobile
(y compris leurs agents) et, d'autre
part, les acteurs externes qui sont les vendeurs du service
ainsi que les clients ou consommateurs des services financiers
mobiles.
S'agissant des formes de criminalité
dans les services financiers via le téléphone portable,
huit formes de criminalité ont été
évoquées, à savoir :
« le piquage ou chipotage », « le
dribblage », « le marimisage ou imprudence
», « l'accidentage »,
« l'évasion »,
« le jumelage », «
l'opportunisme » et « la dotation
d'identité ».
Pour ce qui est de la prise en charge judiciaire des dossiers
relatifs au mobile money, les données recueillies
à cet effet ont démontré que jusque-ici,
la justice congolaise est encore incapable de trancher ce genre des
dossiers à cause de l'inaccessibilité par ses
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services à la preuve numérique.
Par conséquent, toutes les victimes
d'actes criminels dans les services financiers mobiles (mobile
money) sont abandonnées à leur sort ne sachant pas à quel
saint se vouer.
Quant aux facteurs à la base de la
vulnérabilité des services financiers mobiles,
plusieurs d'entre eux ont été
soulevés notamment : les risques liés au produit
mobile money, à la variété des acteurs et
à la rapidité des évolutions technologiques,
aux agents, les risques liés aux clients et
les risques de non-conformité, les risques liés
au système et aux prestations, à la
réglementation, à la supervision et à
l'application des règles et le risque lié
à l'authentification des pièces
d'identité des vendeurs et consommateurs des services
financiers mobiles.
Pour clore ce travail, notons que cette
réflexion n'a pas la prétention
d'avoir épuisé toute la problématique
autour de la criminalité dans les services financiers mobiles dits
mobile money. Elle a néanmoins abordé les
questions en rapport avec les formes de criminalité dans ces services
financiers modernes, la manière dont celles-ci se
réalisent, les acteurs impliqués dans ces
services, la manière dont la justice congolaise prend
en charge les dossiers relatifs au mobile money, les facteurs
à la base de la vulnérabilité dans ce secteur.
Enfin, une politique criminelle sous format de
prévention situationnelle a été mise en
place.
A cet effet, nous ne prétendons pas
avoir tout dit sur ce sujet, voilà pourquoi nous
ouvrons les voies aux études ultérieures étant
donné que les résultats présentés ici ne sont pas
exhaustifs. Comme disait le cardinal congolais Malula,
je cite : « plus on apprend,
plus on doit se sentir petit devant
l'immensité de la science » fin de
citation.
Vu la complexité et le besoin
d'élucidation des situations problématiques
autour de la monnaie numérique en général et du mobile
money en particulier, nous restons ouvert et encourageons tout
esprit scientifique motivé à ce sujet, afin de
prolonger cette étude pour l'intérêt de la
communauté scientifique et des acteurs de ces services.
Conscient que tout travail humain est marqué
d'imperfection et d'erreurs,
nous demeurons ouvert aux critiques, suggestions et
corrections.
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