1.2 - L'impact environnemental du numérique en
France et dans le monde
Le numérique est omniprésent. Il fait
intégralement parti de nos vies. Connaissez-vous par exemple les
chiffres en ce qui concerne le nombre d'écran possédé par
un Français ? Est-ce que vous vous êtes déjà
posé la question sur le nombre d'écran que vous possédez
?
Le chiffre donné par le CSA11 en 2017 est de
5,5 écrans par foyer, avec le téléviseur étant
l'écran le plus posséder par les Français. Le
téléviseur serait présent dans 91.7% des foyers en 2020,
suivi par l'ordinateur (85.8%), le smartphone (77.4%) et la tablette (47.6%).
Ces chiffres présentés sont là pour vous faire un rappel
sur la démocratisation du numérique.
Au niveau des entreprises, Il faut commencer par connaitre leurs
nombres dans le secteur des TIC12. D'après le
ministère de l'économie, des finances et de la relance dans leur
étude « chiffres clés du numérique- 2018 », il
existerait en France 111 629 entreprises dans le secteur des TIC pour 693 943
salariés.
De plus, 100% de ces entreprises possèdent au minima une
connexion internet à haut débit et 67% d'entre elles
possèdent un site web. Il est également à noté que
60% des salariés utilisent régulièrement un
micro-ordinateur.
Répartition de matériels bureautiques
possédés par les organisations auditées (2015).
[Graphique]. In : ADEME. Disponible à l'adresse : Conso
IT
Pour le nombre d'appareils électronique en entreprise, les
chiffres se baserons sur une étude de l'ADEME13, «
Consommation énergétique des équipements informatiques en
milieu professionnel » (2015). L'ADEME a audité 50 organisations
avec un effectif cumulé de 72 000 employés.
Au total, ce sont un peu plus de 100 000 appareils
électroniques recensés sans compter les équipements de
réseau (switch, routeurs et serveurs)
11 Conseil supérieur de l'audiovisuel
12 Technologies de l'information et de la
communication
13 Agence de la transition écologique
17
Dans les 50 organisations auditées, la part de
l'informatique dans la consommation électrique est varié. Elle
peut aller de 2% de la consommation totale à 58%. Ce chiffre
diffère en fonction du domaine d'activité et le serveur tertiaire
est en tête avec un moyenne de 25% de la consommation électrique.
Pour plus de détail, la bureautique représente 53% de la
consommation électrique, les serveurs et switches représente
quant à eux 47% de la consommation.
Répartition globale des consommations observées
dans l'étude (2015). [Graphique donuts]. In : ADEME. Disponible à
l'adresse : Conso IT
Bien que les appareils de bureautique soit plus nombreux que les
appareils de réseau, celle-ci ne consomme que 6% de plus
d'électricité par an. Cela peut s'expliquer par le fait que les
switch, serveur et routeurs se doivent d'être constamment en
activité pour assurer leurs fonctions.
L'étude offre un graphique très
intéressant sur l'inactivité et la consommation en fonction des
périodes des appareils électroniques.
Consommation annuelle moyenne d'un appareil, par
période [Graphique en colonnes]. In : ADEME. Disponible à
l'adresse : Conso IT
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La part d'inactivité d'un appareil est en moyenne de 55%
sauf pour le téléphone qui est de 70%. C'est-à-dire qu'un
appareil n'est utilisé que la moitié du temps par son
utilisateur. Le reste du temps celui-ci consomme de l'électricité
sans être utile. Prenons par exemple le cas du copieur, celui consomme
450 kWh 14 par an. En France, un kWh produit environ 0.1 kg
équivalent CO2. Dans notre cas, un copieur dans une entreprise produira
donc 45kg de CO2 par an et sur ces 45kg, 18kg (40%) aurait pu être
éviter en éteignant le copieur la nuit et les week-ends.
Pour mettre un prix sur cette consommation, avec un kWh à
0.1605€, cela nous fait une perte de 28,89€ par an pour un seul
copieur. Si l'on applique ce calcul à chaque appareil présent
dans une entreprise, mais également à chaque entreprise dans le
milieu du numérique, le coût d'inactivité, en termes
d'environnement et économique, devient alors effarant.
Ce constat est encore plus effarant lorsque l'on sait qu'il n'y a
que 54% des grandes entreprises qui présentent un degré
élevé de conversion au numérique, et seulement 14% des
PME15. Pour rappel, les PME constitue 99% des entreprises dans
l'Union européenne.
Le passage à l'industrie 4.0 de la majorité des
entreprises va être un terrible choc pour l'environnement si le
numérique ne se renouvelle pas avec une prise de conscience par rapport
à l'informatique durable.
De plus, le gouvernement engage des initiatives pour aider les
PME dans leur transition numérique. En Europe, les dépenses
effectuées par les PME en 2018 pour passer au numérique
s'élevaient à 57 milliards d'euros. Cela correspond à 30%
des dépenses totales en matière de TIC par an et ce chiffre ne
fait qu'augmenter avec une prévision de 65 milliards d'euro en 2022.
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Elenabsl, Phases de la révolution industrielle,
[Illustration].
In : Shutterstock. Disponible à l'adresse :
Révolution industrielle
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14 Kilowatt-heure
15 Petite et moyenne entreprise
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19
Enfin, dernier point important de cette étude, les
VM16. Le nombre de VM par serveur est en moyenne de 20VM et sa
consommation annuelle est de 75 kWh par an. L'étude a voulu connaitre la
part de VM inactive. Pour cela, elle a analysé plus de 10 000VM. Cette
analyse a révélé un taux de VM inactive (ou très
peu sollicitées) d'environ 20%. Bien que la VM soit inactive, elle
consomme tout de même de l'énergie. Le calcul est le même
que précédemment, 20% équivaut à 2000 VM. Si une VM
consomme 75 kWh par an, cela fait 150 000 kWh perdu et si on le transforme en
kg de CO2 ou en euro, cela fait 15 000 kg de CO2 et 24 075€ par an pour
2000VM.
Un autre point important de l'informatique durable sont les
DEEE17. Les déchets d'équipements électriques
et électroniques sont un sujet primordial de l'informatique de demain.
Ce sont eux qui ont le plus gros impact sur l'empreinte carbone. Depuis le
1er janvier 2021 et jusqu'à aujourd'hui, 22/08/2021, 1.6
millions d'ordinateurs ont été mis au rébus. Sur une
année, on estime que 2.5 millions d'ordinateurs sont jeté par an,
dont 1 million par les entreprises.
Par ailleurs, l'ONU révèle dans un de ces rapports,
« In-depth review of the WEEE collection rates and targets in the eu-28,
norway, switzerland, and iceland », que la quantité de
déchets électroniques serait plus de 50 millions de tonnes en
2019. Sans compter que ce rapport estime que la quantité de
déchet en 2030 sera de 74 millions de tonnes par an. Ce n'est pas tout,
la plupart des téléphones ne sont pas recyclé, seulement
20% d'entre eux le sont. La plupart sont jetés ou bien entreposé
dans les tiroirs des maisons. En France, sur la totalité des pannes de
produit électrique et électroniques, seulement 40% aboutisse sur
une réparation. C'est-à-dire que 60% des objets qui ont une panne
finissent à la poubelle.
Sur cette analyse de déchet, il faut aussi prendre en
compte un appareil qui ne fait que gagner en popularité, ce sont les
objets connectés. Ils sont de plus en plus utilisés dans
n'importe quel secteur d'activité et facilite la vie de leur
utilisateur, ce qui explique leurs augmentations dans les années
précédentes et futures. Ces objets sont soumis au même
contrainte environnement que les appareils précédemment
cités (Ordinateur, serveur, portable, etc...).
Mais ceux-ci peuvent apporter des solutions, en ayant des
comportement intelligent sur leur temps d'activité/inactivité ou
bien en aidant les entreprises à réduire leur empreinte carbone
en mesurant mieux les impacts environnementaux. Toutefois, un objet
connecté qu'il soit bénéfique ou non à
l'informatique durable. Celui-ci utilise les mêmes ressources que les
autres appareils électroniques et se recyclera aussi mal, si aucune
action n'est entreprise sur ce sujet.
16 Virtual machine - Machine virtuelle
17 Déchets d'équipements
électriques et électroniques
20
Green IT, Empreinte environnementale du numérique
mondial, [Tableau], In : Green It, disponible à l'adresse :
Empreinte
environnementale
La principale conséquence de tous ces déchets
électroniques est de ne pas pouvoir les recyclés. Il existe dans
le monde, principalement dans des pays sous-développés, de
nombreuse décharge de déchets électroniques. Il est
estimé que 70% des déchets se retrouvent dans ces
décharges, pourtant l'exportation d'objets électroniques est
interdite depuis 1992. Mais la récupération de ces déchets
est un commerce assez important pour qu'une mafia se soit organiser autour des
décharges. La récupération des métaux
utilisé dans les appareils électronique rapporte, à titre
d'exemple, on retrouve 280 grammes d'or par tonne de déchets
électroniques. On retrouve également des métaux tels que
l'argent, le cuivre, le platine, le palladium, etc...).
Muntaka Chasant, Enfant dans la décharge
électronique d'Agbogbloshie, Ghana, [Photographie]. In : France Info.
Disponible à l'adresse : Décharge d'Agbogbloshie
21
La production de ces appareils est également sujet
à controverse. La fabrication de 24 ordinateurs est équivalant
à l'espace nécessaire à la survie d'un être humain.
C'est l'empreinte écologique. Ce terme mesure la surface terrestre
nécessaire pour assurer la survie d'un individu en lui fournissant de
l'eau, de la nourriture, de quoi se vêtir et s'abriter. Pour calculer
cette surface, il faut diviser la biocapacité 18 totale de la
terre par le nombre d'être humains qui y vivent. Aujourd'hui cela fait
environs 1.6 hectares. Cette empreinte à augmenté de 50% depuis
2008. C'est avec ces mesures, empreinte écologique et
biocapacité, que le calcul sur la capacité de la planète
à renouveler ses ressources biologiques est calculer.
On en entend beaucoup parler aujourd'hui avec cette phrase :
« La planète vit à crédit ». Effectivement, en
2017, l'humanité a dépassé de plus de 70% la
capacité de la planète. A cette époque la
biocapacité était de 1.6 hectare mondial par personne, alors que
l'empreinte écologique moyenne mondiale était de 2.8 hectares
globaux par personne.
Le problème étant que la biocapacité diminue
et que l'empreinte écologique ne fais que d'augmenter d'année en
année. C'est sur ce point qu'il faut agir, il faut diminuer notre
empreinte écologique pour être sobre dans notre consommation et
ainsi atteindre un seuil d'égalité entre la biocapacité et
l'empreinte écologique.
Mais ce n'est pas chose facile, si l'on reprend l'exemple des 24
ordinateurs, c'est le chiffre que consommera un habitant des pays
développés au cours de sa vie.
En dernière analyse de cette sous partie, pour encore
mieux comprendre l'empreinte du numérique dans le monde, le mieux c'est
de donner des chiffres.
Green IT, Empreinte numérique globale de
l'humanité, (2019). [Illustration]. In : Empreinte environnementale du
numérique mondial. Disponible à l'adresse : Empreinte
environnementale
18 Zone qui a la capacité de produire une
offre continue en ressources renouvelables et d'absorber les déchets
découlant de leur consommation. Elle est mesurée en hectare
globaux.
22
Ces chiffres qui datent de 2019 montrent une consommation du
numérique importante au niveau mondial. Ce secteur, s'il était
classé avec des pays sur son empreinte globale, serait le 7ème
pays le plus consommateur. Si l'on devait donner une équivalence
à des usages quotidiens, le nombre d'émissions de gaz à
effet de serre est le même que 116 millions de tous en voiture. En ce qui
concerne la consommation d'eau qui est de 0.2% de la consommation globale, cela
représente 3.6 milliards de douche.
Que peut-on ressortir de cette analyse sur l'impact
environnemental du numérique en France et dans le monde ?
Tout d'abord, il faut répartir les impacts
environnementaux par étapes du cycle de vie des appareils. Sa
création, sa durée de vie et sa destruction. Chacune de ces
phases de vie contribue à l'empreinte carbone du numérique.
La construction est la phase de vie ayant le plus d'impact. Elle
contribue à elle seule à 30 % du bilan énergétique
global, 39 % des émissions de GES19, 74 % de la consommation
d'eau et 76 % de la contribution à l'épuisement des ressources
abiotiques (Eau, sol, minéraux, etc...).
Durant la durée de vie, le calcul dépend
entièrement du pays et de la façon dont est produite
l'électricité. L'empreinte carbone ne sera pas la même dans
un pays consommateur d'électricité d'origine fossile (fioul et
charbon), d'électricité nucléaire ou
d'électricité d'origine renouvelable (solaire, éolienne,
hydraulique, géothermique, biomasse).
Enfin, lors de sa destruction, un appareil aura plus de chance
d'être jeté et se retrouvé dans une décharge de
déchets électroniques, plutôt que d'être recycler.
Quel que soit sa phase de vie, l'appareil électronique
pollue et ce n'est pas étonnant qu'il ait autant de pollution dans le
milieu du numérique. D'après le compte rendu d'un rapport de
Capgemini, « L'informatique durable est source de bénéfices
significatifs mais n'est pas encore une priorité pour la plupart des
organisations » (2021), lorsqu'on interroge les organisations
françaises, 57% d'entre elles ignorent leur empreinte carbone
informatique. Or, sans avoir du recul sur sa propre empreinte carbone, comment
peut-on se dire qu'il faut y faire attention ?
C'est ce que la prochaine partie du mémoire va traiter en
analysant des entreprises françaises et mondiales afin de mettre en
évidence des solutions déjà mise en place ainsi que les
bonnes pratiques du développement durable.
19 Gaz à effet de serre
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