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Urbanisation et problème de gouvernance dans la commune de Tivaoune-Peulh


par ProspàƒÂ¨re BIAYE BIAYE
Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal  - Master 1 2021
  

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2. Problématique

Les villes du monde ont connues des transformations marquantes depuis la révolution industrielle. De villes faiblement habitées, on est passé à des villes millionnaires. Ce rythme de croissance urbaine devient un phénomène spectaculaire, majeur aux yeux des décideurs politiques, spécialistes et simples citoyens. De nombreux sommets se sont tenus pour parler du devenir des villes et de leur durabilité depuis la publication du rapport de Brundtland. En 1950 moins d'un tiers de la population (29%)5 était urbain. En effet la population mondiale en 2006 était de 6,66 milliards dont la moitié vivait en ville et d'après les projections des Nations unies, le taux d'urbanisation de la planète dépasserait 60% en 2030 contre 29% en 1950 (Nations Unies, 2004). Cette croissance de la part de la population mondiale vivant dans des villes se développe à un rythme divers, à l'échelle de la planète comme celles d'unités géographiques plus restreintes.

Dans les pays développés, l'urbanisation a été soutenue et accélérée par le processus d'industrialisation du XIXe et XXe siècle qui a occasionné un afflux massif des populations vers les foyers industriels à la recherche de l'emploi avec comme effet une augmentation de la population (Ngom, 2013). L'urbanisation s'est traduite dans ces pays par l'étalement des villes anciennes et la création des banlieues. Dans ces pays industrialisés, néanmoins, l'urbanisation marque le pas, voire fléchit : en effet, on y trouve plus que 35% des citadins, contre 60% en 19507. Les taux d'urbanisation ont atteint la saturation dans ces pays avec plus de 80% et les centres villes tendent à se désengorger au profil des campagnes proches des espaces urbains.

Outre que les pays développés, les pays en développement connaissent un rythme de croissance urbaine très élevé. La situation est loin d'être la même. Selon Christel ALVERGNE (2008) « deux citadins sur trois vivent » maintenant dans ces pays avec des taux de croissance urbaine de l'ordre de 4 à 5% en Asie et en Afrique. Ce fait est plus remarquable au début des années 1970, dont la majorité de la population urbaine mondiale vit dans les pays en développement. Cette croissance urbaine des pays en développement est portée par le vague démographique. L'exode rural persiste mais le principale facteur de l'explosion urbaine réside aujourd'hui dans le taux d'accroissement naturel des citadins, qui demeure élevé en raison d'une fécondité encore forte et de la chute de la mortalité. En ce concerne le continent africaine la croissance urbaine s'est produite essentiellement au cours des cinquante dernières années passant d'environ 32

5 VÉRON, J., 2006, Op. Cit,

6 Rapport de l'ONU sur la population mondiale en 2006.

7 Urbanisation dans le monde

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millions en 1950 à plus de 350 millions en 20058. La vitesse et l'échelle de cette croissance posent de véritables défis à la région et aux différents pays. L'Afrique de l'ouest n'est pas épargnée. En effet, la croissance urbaine en Afrique de l'Ouest reflète ce développement général. De 1950 à 2005, Nouakchott en Mauritanie a fait face à une croissance de population de 1000 à 636 000 habitants, N'Djamena au Tchad de 37 000 à 866 000 et Abidjan en Côte d'Ivoire de 59 000 à 3,5 millions (Obrist, 2006).

Le Sénégal en tant que pays de l'Afrique de l'Ouest n'a pas échappé à cette situation. Après le recensement de 20029, la population urbaine est estimée à 4 008 965 habitants soit un taux de 40,7%. La croissance urbaine du Sénégal a connu une grande évolution dans le temps, de 2 000 000 habitants en 1976 soit 34% elle passe à 2 658 000 habitants en 1988 soit 39%. Alors que pendant la même période, le taux d'accroissement naturel est en baisse de 3,9% entre 1976 et 1988 il passe à 3,5% entre 1988 et 2002 et 15 millions en 2013 selon ANSD (2013). C'est dans cette perspective que s'inscrit les propos d'AMADOU DIOP (2004), « la dynamique d'urbanisation est très forte au Sénégal car une personne sur deux vit dans les villes ». Cette urbanisation rapide n'est pas précédée d'une politique d'anticipation et pose de réels problèmes sur le plan économique et social. C'est le cas dans de nombreuses villes africaines où environ cinquante pour cent (50%) de la population vit dans des bidonvilles, manifestation physique et spatiale de la pauvreté urbaine et de l'inégalité intra-ville caractérisée par un habitat de moindre qualité ou informel, le manque d'accès aux services de base, pauvreté et l'insécurité (UN-habitat, 2003). D'où le constat d'un déphasage entre urbanisation, les politiques urbaines et la gouvernance urbaine. Cependant au Sénégal, le processus d'urbanisation est caractérisé par la macrocéphalie de la capitale. La région a connu une croissance urbaine exponentielle à partir des années 1960 et représente aujourd'hui 49% de la population urbaine du pays contre un taux nationale de 41,5%10. En 2016, la population urbaine de la région de Dakar se chiffre à 3 308 16411 individus avec un taux d'urbanisation de 96,4%12 sur un terroir de 550 km2. Cette situation se justifie par le fait que la capitale dakaroise concentre l'essentiel des activités du secteur secondaire et tertiaire et constitue un monopole dans la gestion administrative, économique, culturelle et sociale du Sénégal. La région métropolitaine concentre 55% du PIB national et

8 OBRIST B., 2006, « Risque et vulnérabilité dans recherche en santé urbaine », La revue électronique en sciences de l'environnement Vertigo, Hors-Série 3

9 RGPH3, ANSD/Décembre 2006

10 ANSD (2010) cité par Cheikh Abdou Lahat Ngom. (2013), urbanisation et problème de l'aménagement urbain dans la périphérie de Dakar : le cas de la localité de Tivaoune Peulh-Niaga, Mémoire de master II département de Géographie, FLSH, UCAD, 122pages.

11 Situation Economique et Sociale de la Région de Dakar, édition 2016

12 Situation Economique et Sociale de la Région de Dakar, édition 2016

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80% des entreprises enregistrées et des emplois du secteur moderne13 et ces pourcentages pourraient croître dans les années à venir sous l'effet des dernières orientations économiques retenues. Compte tenu de ces opportunités, la capitale attire une forte population au profit des autres régions du fait de l'offre d'emploi et une meilleure condition de vie. L'accélération du processus d'urbanisation résulte aussi de nombreux facteurs. En effet, parmi ces facteurs ayant participés à la croissance accélérée de la population, l'exode rural est celui qui est le plus marquant. La population urbaine de Dakar voit une arrivée massive de population rurale occasionnée par la sècheresse du Sahel des années 70. Environ des milliers de ruraux, chassés par la pauvreté et l'insécurité, quittent chaque année des campagnes pour tenter leurs chances en ville. Outre l'exode rural, l'accroissement naturel a aussi eu des effets dans l'explosion démographique. Ainsi les nouvelles vagues d'arrivantes s'installent en ville plus particulièrement dans les banlieues avec un taux de natalité et de fécondité plus élevés semblables à celle des campagnes. Cependant cette dynamique urbaine affecte le centre-ville et se traduit souvent par le phénomène de périurbanisation ou l'étalement urbain. Devant un tel état de fait se pose des problèmes tels que l'urbanisation incontrôlée, l'extension spatiale vers les périphéries, le manque des services sociaux de base et de nombreux litiges fonciers dont l'actualité est au coeur de la problématique urbaine. Par ailleurs, la loi 64-46 du 17 Juin 1964 instituant le domaine national a été un élément accélérateur du caractère dominant de ce modèle populaire en intensifiant le déversement périphérique de la ville car l'accès au foncier devient très difficile pour une certaine catégorie de population. Ainsi, sa saturation et la difficulté d'accès à la réserve foncière, son hyper centralité et la densification de son armature urbaine contraignent Dakar à se déployer vers la lointaine périphérie comme le cas de la commune de Tivaoune Peulh l'une des rares réserves foncières de la capitale.

La commune de Tivaoune Peulh située à trente kilomètres (30 km2) du centre de Dakar constitue aujourd'hui le foyer de la production des parcelles. La zone devient de plus en plus très attractive du fait que le coût du foncier est abordable par rapport au centre-ville de Dakar. Sa primauté sur le plan politique par rapport aux localités environnantes réside aux avantages économiques qu'offrent la localité et du fait que la zone vient d'être érigée en communauté rurale avec le décret 2011-706 du 6 juin 2011 portant le découpage de la CR de Sangalkam et en commune après l'Acte III de la décentralisation en 2013 avec la suppression de la CR en commune. De ces avantages, la commune de Tivaoune Peulh voit une arrivée massive de populations ainsi que de leadeurs politiques. En effet la croissance de cet établissement humain

13 Revue de l'urbanisation, Ville Emergente pour le Sénégal Emergent.

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est tout à fait fulgurante, avec moins d'une centaine d'habitants constitués en majorité peulhs au moment de sa création, Tivaoune Peulh est aujourd'hui une ville en gestation qui continue de croître aussi bien sur le plan démographique que spatial (Ngom, 2013). Ainsi selon CHEIKH ABDOU LAHAT NGOM (2013) dans mémoire de master II sur « Urbanisation et problématique de de l'aménagement urbain dans la périphérie de Dakar : le cas de de la localité de Tivaoune Peulh-Niaga », souligne que Tivaoune Peulh est de 2574 habitants en 2002 à 4000 habitants en 2004 pour atteindre 11853 habitants en 2010. Ce qui fait qu'en six ans (2004-2010), le village a eu un surplus de 7853 soit un gain annuel de 1308 individus. Cette poussée démographique rapide ne s'accompagne pas de la mise en place de structures d'insertion capable d'offrir de débouchés en termes d'emplois. Quels sont les facteurs qui favorisent cette dynamique urbaine et quelles sont les actions menées par les acteurs de la gouvernance urbaine dans le cadre des mutations engendrées par l'urbanisation ?

Par ailleurs, cette croissance urbaine de la zone couplée aux problèmes de la gouvernance pose des soucieux majeurs en termes d'insuffisance notoire en matière des services sociaux de base, d'équipements et infrastructures, le chômage et des systèmes d'évacuation des eaux usées. A cela s'ajoute un véritable problème qui est le foncier qui constitue aujourd'hui une préoccupation prépondérante des acteurs territoriaux. En effet, l'octroi, par l'Etat, de larges superficies foncières aux promoteurs immobiliers et aux coopératives d'habitats, ne trouve pas souvent l'adhésion des autochtones qui dénoncent le manque de transparence et de concertation dans l'attribution de ces terres (Ngom, 2013). Ceci se traduit souvent par le manque de surfaces agricoles, les transformations paysagères dont les conséquences environnementales sont ressenties par les autochtones, la dégradation des zones patrimoines entre autres.

C'est ainsi qu'au regarde des multiples raisons que pose le problème de gouvernance dans la zone, que la responsabilité des dirigeants politiques, administratifs et surtout des acteurs territoriaux est engagée au premier plan pour mettre en oeuvre des mesures susceptibles d'appuyer et de protéger les populations de tous les maux dont souffrent les villes aujourd'hui. Dans le cadre de l'urbanisation, la bonne gouvernance constitue un pilier fondamental dans la gestion des affaires urbaines ainsi que territoriaux. Ce qui traduit que la participation et la responsabilité de chaque acteur deviennent une nécessité. Devant un tel état de fait, l'Etat en tant qu'acteur principale est au premier rang, a développé des stratégies d'urbanisation de l'agglomération urbaine de Dakar, en générale, et de la zone de Tivaoune Peulh en particulier : c'est le PDU horizon 2025 et le PUD dont le but est de favoriser un développement harmonieux. Ainsi il serait intéressant de se poser la question si ces outils de rationalisation de l'espace

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(PUD, PDU-2025) sont efficaces pour résoudre les problèmes qui se posent dans la zone ? Les différents acteurs sont-ils impliqués dans la gestion de la gouvernance ? Et quelles sont les stratégies développées par les acteurs pour parvenir à la bonne gouvernance ?

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Questions de recherche

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius