Problématique des valeurs culturelles lega face à la modernité. mythe ou réalité. cas de l'idego de 1996 à 2020par SABUKAKA DEROSE SABUNI ISP- Kalima - Graduat 2020 |
2. ETAT DE LA QUESTIONL'objet d'étude de notre travail porte sur la « problématique des valeurs culturelles lega face à la modernité, mythe ou réalité. Cas de l' « idego ». Cette thématique n'est pas vierge. Elle a déjà fait l'objet de nombreuses recherches et publications aussi bien au Congo que sous d'autres cieux. La lecture de certains de ces travaux nous a permis, comme l'ont soutenu BOULANGER et BALLEYGUIER de « pénétrer les pensées des auteurs, d'apprécier les difficultés qu'ils ont rencontrées et les moyens qu'ils ont utilisés pour les surmonter, de saisir l'originalité de leur contribution et les lacunes qu'une autre recherche devra combler ; elle permet en outre d'utiliser les résultats déjà acquis afin que la recherche à entreprendre soit mieux faite »6(*). Dans les lignes qui suivent, nous présentons le condensé des travaux auxquels nous avons eu accès. Célestin Kaffo et aliiont mené une étude sur les« cérémonies funéraires à l'ouest-Cameroun »7(*). En menant cette étude, les auteurs ont constaté que les cérémoniesfunéraires ont connu depuis plusieursannéesde profondes mutations au point d'être à la base du développement de la reconstruction des économies locales. Les différents acteurs développent de stratégies d'accumulation de revenus : on parle désormais d'une économie autour de la mort. Le volet économique de ces manifestations commémoratives fait l'objet d'une véritable polémique et des voix s'élèvent pour questionner leur signification et réclamer leur interdiction. Cette polémique est entretenue par les évolutions que connaissent ces manifestations dans leurs pratiques. Ils ont reconnu que les cérémonies funéraires sont devenues des « cérémonies dépensières ». Jacques Barrou et Roger Navarrose sont penché sur les « Rites funéraires et figures de la mort en Afrique et en occident »8(*). Partant de la variété et de la plasticité des rites funéraires, les auteurs démontrent que les rituels sont des énoncés imagés des valeurs fondamentales d'une société. Les acteurs producteurs de rites, n'ont pas tous le même degré de connaissance de sa signification. Aussi, ont-ils constaté, le contenu et la forme des rites sont dépendants des sociétés qui les inventent à garder la mémoire de leurs expressions et la compréhension de leurs sens. Or ces capacités appartiennent à des catégories d'individus susceptibles de disparaitre, sans assurer la transmission de ce qu'ils savent. Le rite peut alors être progressivement abandonné ou ne survivre que sous une forme désuète, tout juste à même d'alimenter des manifestations folkloriques allant en s'essoufflant.Dans les pays industriels, ce fut le sort de tous les rituels saisonniers liés à des activités agricoles, profondément transformées par la mécanisation du travail et la réduction de la population rurale. Mais d'autres rites survivent. C'est le cas des rites funéraires qui sont, selon ces auteurs, des archétypes universels, une infrastructure permanente de l'inconscient collectif, qui, sous des formes diverses, exprimerait toujours les mêmes interrogations sur le devenir de l'homme à partir de son décès. Jean Cuisenier9(*)montre la permanence de rites funéraires complexes, visant à maintenir un lien entre le monde des vivants et l'au-delà. S'ils sont restés régulièrement pratiqués dans certaines sociétés, ils semblent avoir connu un certain appauvrissement dans les pays occidentaux. Y sont-ils en voie de disparition ? Ne suivent-ils pas des transformations reflétant l'évolution des mentalités devant diverses contraintes et face à des nouvelles opportunités ? De la lecture de ces travaux, il se dégage plusieurs grilles de lecture. Elles sont notamment relatives aux survivances culturelles, aux évolutions de la culture et la tradition confrontées à la modernité ainsi qu'à la substance de chaque tradition. Les travaux de nos prédécesseurs se rencontrent avec le nôtre dans son aspect de la collision entre la tradition et la modernité ainsi que sur la thématique de l'économie funéraire. Cependant, son authenticité réside dans son objet spécifique qu'est la redevance funérairede la culture lega, l'Idego. Le rituel traditionnel de l'idego lors des décès est une particularité axiale de notre sujet. * 6 BOULANGER et BALLEGUIER, cités par A. MULUMBATI NGASHA, Manuel de sociologie générale, Lubumbashi, Edition Africa, 1980, pp. 20-21. * 7 Célestin Kaffo, ChapgangNoubactep, Judith Cynthia AkambaBekono et Hervé Tchekote, « Les cérémonies funéraires à l'Ouest-Cameroun », Géographie et cultures, 110/1, 13-32 * 8 Jacques Barrou et Roger Navarro, Rites funéraires et figures de la mort en Afrique et en Occident, in « Ethnologie française », 2007/HS (vol. 37), pp. 83-87 ; * 9 Jean Cuisenier, Mémoire des Carpates. La Roumanie millénaire, un regard intérieur, Plon, Terre humaine, 2000, p.48 |
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