AVANT-PROPOS
Au crépuscule de ce premier cycle de graduat en
histoire et sciences sociales que sanctionne ce travail de fin de cycle,
l'ingratitude serait de nôtre si nous nous proclamions en solo, auteur de
ce travail. Déjà HEIDEGGER1(*)(*)
affirmait : « le monde auquel je suis est toujours
un monde que je partage avec les autres, parce que l'être au monde est un
être au monde avec. Le monde de l'être là est un monde
commun ». L'homme trouve sa raison d'être autour
de ses semblables et par conséquent l'égoïsme et la solitude
sont un culte occulte rendu à la coexistence humaine. Coéxistencielle aussi, aucune oeuvre humaine ne peut se vanter de
son individualité : elle implique ainsi la gratitude.
.
SABUNI SABUKAKA DEROSE
REMERCIEMENTS
Par gratitude, nos remerciements s'adressent a priori à
Dieu, le Génie Créateur, Auteur du visible et de l'invisible, du
mesurable et de l'incommensurable.
Que nos remerciements s'adressent également à
nos autorités académiques de l'Institut Supérieur
Pédagogique de Kalima, pour nous avoir façonné par tant de
leçons jusqu'à nous conduire à la fin de ce premier cycle
qui porte aujourd'hui son auréole. Nous songeons personnellement au
Directeur général MUTUZA SENGI ZASS pour nous avoir soutenus
matériellement, financièrement et moralement. Que le corps
professoral, scientifique et administratif lise ici l'expression de notre
gratitude, combien profonde.
Que grâces soient particulièrement rendues au
Chef de travaux KikuniMuzombo qui, en dépit de ses nombreuses
tâches, a bien voulu encadré ce travail. Ses conseils et
observations ont donné une texture à ce travail.
Que le Chef de travauxEmmanuel LUSUNGU qui, en marge de ses
occupations d'enseignant, de chercheur et de parent, n'a pas
ménagé de son temps pour diriger volontiers ce travail. Nous lui
sommes et lui resterons reconnaissant à jamais.
Qu'il nous soit permis de remercier également le chef
de travaux Marien MwambaNgwabiLuende Looze pour ses conseils, encouragements et
sollicitudes à notre égard. Ses critiques, conseils et
débats nous ont permis de donner du tonus à cette
étude.
;Que notre chère épouseAmunazoMobilimweni(Mama
Elisa), trouve particulièrement l'expression de nos remerciements pour
sesencouragements et soutiens à notre égard. Ses stimili
quotidiens nous ont poussés à aborder les études
universitaires
IN MEMORIAM
Que nos regrettés parents SabuniLukomba et KakasiMalibilo,
auteurs, entreteneurs et orienteurs de notre vie, trouvent également la
douceur de notre gratitude
DEDICACE
Que nos fils et filles, les Sabukaka Le beau, Sefu, Mundyo,
Lukabya, Cendric, Kakasi, Bernadette, Amunazo, celineLuzinga , Papy et Kyengi
trouvent ici un modèle de ténacité à imiter. Nous
pensées vont également à Etienne KiyungaTchandema,
Lambert MulambaKwenga, René Kankenye et à tous nos jeunes
frères putatifs qui n'ont cessé, tout le long de ce triennat
académique, de nous prodiguer des conseils et de nous encourager.
Plaise au ciel que nos amis et complices de tous les temps
découvrent non seulement le confort de notre amitié mais surtout
le couronnement de nos peines. Nous songeons particulièrement à
Sakilebwa, Nyangi, Freddy et Omoyi
A tous et à chacun, gratiasagamus.
PROBLEMATIQUE DES VALEURS CULTURELLES LEGA FACE A LA
MODERNITE, MYTHE OU REALITE. CAS DE L' « IDEGO » DE 2015
à 2021 ;
INTRODUCTION GENERALE
1. PRESENTATION DU SUJET
Notre sujet s'intitule « problématique des
valeurs culturelles lega face a la modernité, mythe ou
réalité. Cas de l' « idego » de 1980
à 2021 ». Les lega sont une population forestière
bantoue d'Afrique centrale, établie principalement en République
démocratique du Congo, à l'Est du Lualaba (le fleuve Congo),
jusqu'en altitude dans les monts Mitumba, dans les provinces du Nord-Kivu,
du Sud-Kivu et du Maniema2(*).
Le Mulega ou le peuple lega dispose des valeurs culturelles
riches et variées. Par sa tradition orale, ses oeuvres d'art, ses
nombreuses activités culturelles telles que le Bwali3(*), le Bwami, les chants et la
danse (Mokembe), ...ect, le Mulega est détenteur d'un patrimoine
culturel étendu et adapté aux différentes circonstances
autant festives que dramatiques.Ainsi par exemple, à l'accouchement
d'une femme mariée, le conjoint dont la femme a accouché
est soumis à l'obligation de payer à sa belle-famille une
redevance appelée « Misululu ». Dans la famille
polygamique de l'ancienne société « Lega »
régnait une hiérarchie. La première épouse
appelée « Mukikolomukulu » commandait à
toutes les autres et celles-ci,appelées « petites
femmes » lui devaient l'obéissance d'où ce proverbe
« asongwag'isongakakwekyankumbatakakulukuguli », mot
à mot : celle que tu trouves au foyer conjugal peut te faire porter
son petit panier même si elle n'est pas plus âgée que
toi4(*).De même,
lorsqu'un homme s'empare d'une fille d'autrui et en fait sa femme sans
au préalable avoir été chez ses parents pour demander
officiellement sa main, il doit payer le
« MpenezaKabenga ». Pour les travaux champêtres, le
défrichage, l'abattage d'arbres, le brûlis et le semisexigent du
propriétaire du champ de préparer le
« Kelale » pour ceux qui l'aideraient à la
réalisation de ces lourdes corvées.Autant pour les
événements malheureux tels que le décès, la
famille éplorée est soumise à l'obligation de payer
certaines redevances dont le « Mibulobulo » et
forcement, l' « Idego ».
Cependant, le Bulega offre un paradis terrestre de paix, de
bonheur, d'hospitalité et de bénédictions tant, pour ses
fils et filles, que pour leurs prochains qui viendraient de l'intérieur
du pays ou de l'étranger afin de se mettre ensemble pour l'exploitation
et la mise en valeur de ses nombreuses richesses naturelles. Ce cosmopolitisme
lega traduit par la colonisation occidentale et le mixage avec les
différentes tribus congolaises et des pays voisins du Congo a
entrainé une mutation culturelle lega au point de confronter la
tradition à la modernité. C'est ce choc de culture qui a
inspiré cette thématique dont la formulation a été
révéléeprécédemment. Cette étude se
fonde sur l'éternelle question du rapport dialectique entre la
tradition et la modernité, sur l'apport de la modernité dans la
tradition et les survivances traditionnelles dans la modernité.
Le choix de ce sujet serait également motivé par
le fait que nous sommes d'abord nous-mêmes membre de la communauté
lega naviguant « entre les eaux » au sens
Mudimbien5(*) du terme.
2. ETAT DE LA QUESTION
L'objet d'étude de notre travail porte sur la
« problématique des valeurs culturelles lega face
à la modernité, mythe ou réalité. Cas de l'
« idego ». Cette thématique n'est pas
vierge. Elle a déjà fait l'objet de nombreuses recherches et
publications aussi bien au Congo que sous d'autres cieux. La lecture de
certains de ces travaux nous a permis, comme l'ont soutenu BOULANGER et
BALLEYGUIER de « pénétrer les pensées des
auteurs, d'apprécier les difficultés qu'ils ont
rencontrées et les moyens qu'ils ont utilisés pour les surmonter,
de saisir l'originalité de leur contribution et les lacunes qu'une autre
recherche devra combler ; elle permet en outre d'utiliser les
résultats déjà acquis afin que la recherche à
entreprendre soit mieux faite »6(*).
Dans les lignes qui suivent, nous présentons le
condensé des travaux auxquels nous avons eu accès.
Célestin Kaffo et aliiont mené une étude
sur les« cérémonies funéraires
à l'ouest-Cameroun »7(*). En menant cette étude, les auteurs ont
constaté que les cérémoniesfunéraires ont connu
depuis plusieursannéesde profondes mutations au point d'être
à la base du développement de la reconstruction des
économies locales. Les différents acteurs développent de
stratégies d'accumulation de revenus : on parle désormais
d'une économie autour de la mort. Le volet économique de ces
manifestations commémoratives fait l'objet d'une véritable
polémique et des voix s'élèvent pour questionner leur
signification et réclamer leur interdiction. Cette polémique est
entretenue par les évolutions que connaissent ces manifestations dans
leurs pratiques. Ils ont reconnu que les cérémonies
funéraires sont devenues des « cérémonies
dépensières ».
Jacques Barrou et Roger Navarrose sont penché sur les
« Rites funéraires et figures de la mort en Afrique et
en occident »8(*). Partant de la variété et de la
plasticité des rites funéraires, les auteurs démontrent
que les rituels sont des énoncés imagés des valeurs
fondamentales d'une société. Les acteurs producteurs de rites,
n'ont pas tous le même degré de connaissance de sa signification.
Aussi, ont-ils constaté, le contenu et la forme des rites sont
dépendants des sociétés qui les inventent à garder
la mémoire de leurs expressions et la compréhension de leurs
sens. Or ces capacités appartiennent à des catégories
d'individus susceptibles de disparaitre, sans assurer la transmission de ce
qu'ils savent. Le rite peut alors être progressivement abandonné
ou ne survivre que sous une forme désuète, tout juste à
même d'alimenter des manifestations folkloriques allant en
s'essoufflant.Dans les pays industriels, ce fut le sort de tous les rituels
saisonniers liés à des activités agricoles,
profondément transformées par la mécanisation du travail
et la réduction de la population rurale. Mais d'autres rites survivent.
C'est le cas des rites funéraires qui sont, selon ces auteurs, des
archétypes universels, une infrastructure permanente de l'inconscient
collectif, qui, sous des formes diverses, exprimerait toujours les mêmes
interrogations sur le devenir de l'homme à partir de son
décès.
Jean Cuisenier9(*)montre la permanence de rites funéraires
complexes, visant à maintenir un lien entre le monde des vivants et
l'au-delà. S'ils sont restés régulièrement
pratiqués dans certaines sociétés, ils semblent avoir
connu un certain appauvrissement dans les pays occidentaux. Y sont-ils en voie
de disparition ? Ne suivent-ils pas des transformations reflétant
l'évolution des mentalités devant diverses contraintes et face
à des nouvelles opportunités ?
De la lecture de ces travaux, il se dégage plusieurs
grilles de lecture. Elles sont notamment relatives aux survivances culturelles,
aux évolutions de la culture et la tradition confrontées
à la modernité ainsi qu'à la substance de chaque
tradition. Les travaux de nos prédécesseurs se rencontrent avec
le nôtre dans son aspect de la collision entre la tradition et la
modernité ainsi que sur la thématique de l'économie
funéraire. Cependant, son authenticité réside dans son
objet spécifique qu'est la redevance funérairede la culture
lega, l'Idego. Le rituel traditionnel de l'idego lors des décès
est une particularité axiale de notre sujet.
3. PROBLEMATIQUE.
L'homme, d'après le Mulega, né de la conjonction
ou de la coalition de deux parties ou familles, est
généalogiquement descendant d'une double parentèle.
Celle de sa mère et de son père. Un dicton lega l'illustre
clairement en ces termes : « Kebondakemoze ta bore »
(une seule hanche ne peut engendrer). Bien que la culture lega soit
patrilinéaire, lorsque l'enfant grandit et mûrit, les fruits et
dividendes de son travail, bénéficient aux deux parties
précitées. Cependant, au moment de son décès, la
famille maternelle est préjudiciée dans la mesure où la
partie paternelle hérite naturellement de tous les biens patrimoniaux du
défunt ainsi que de sa femme sur laquelle le lévirat et/ou le
sororat est d'application alors que du côté maternel, la mort du
défunt est un vide béat et non compensatoire qui demeure. C'est
pourquoi, pour récompenser la famille maternelle, la culture lega a
institué le « Mesonga ou le Mibulobulo »,
c'est-à-dire, la ration ou la pitance à donner à tous ceux
qui considéraient le défunt comme leur neveu.Un adage lega
traduit bien cette pratique funéraire :
« zamisongazikuliagabaringi na nzela », (le repas
de deuil se mange meme par les passants). Le Mibulobulo est, en substance,
constitué de l'ibangansinda, du mbembe, d'une chèvre, d'une
corbeille d'arachides, d'un panier de paddy ou de farine de manioc, d'une
bouteille d'huile, d'un paquet de sel, un régime de banane
(mutengowigoma)
Au-delà du Mibulobulo, il a également
été institué l'
« IDEGO » ou le
« MALIBA ». Il s'agit, en fait, des biens
ou redevances que la famille paternelle du défunt paye à la
famille maternelle. Son sens est de resserrer davantage les liens familiaux et
de perpétuer le lien du mariage. L'Idego est généralement
et invariablement constitué d'une chèvre (Kiburikyampene), du
Musanga(cauris ou coquillage) ou Magana mabele ma mosanga(2000 FC), du
byomamorobakamo, de l'Isuusi(piècede pagne en raphia).
Le Mibulobulo ainsi que l'Idego font partie des rites
funéraires ou des rites de deuils dont les fonctions sont multiples. Ils
s'adressent d'abord au mourant et au mort dans le but de l'apaiser, par le
maternage au moment de mourir, et de le reconnaitre par le respect qu'on lui
doit au moment de sa mort. Plus encore, le rite permet de « tuer le
mort ». En effet, la mort étant vue comme un passage, il ne
suffit pas de mourir pour que tout s'accomplisse. Il faut accepter de se
séparer de notre proche décédé et, pour cela, on
doit tuer tout ce qui reste vivant en lui en rompant les liens affectifs qui
l'unissaient à la communauté. Par la suite, après une
période que chaque culture définit, il faut prévoir les
rites permettant de réintégrer le mort confirmant ainsi le
défunt dans son nouveau destin et conférant à ses restes
leur statut définitif. Le temps est alors venu de faire revivre le
mort10(*)
Les rites funéraires sont, en deuxième lieu,
centré sur la prise en charge des survivants. Les rassurer, les apaiser,
leur offrir un garde-fou contre l'angoisse existentielle, mais également
de permettre l'expression d'émotions intenses et destabilisatrices pour
l'individu et pour le groupe, voilà les finalités des rites
à leur égard. La période de deuil est une véritable
zone de turbulences, une traversée du désert pour laquelle on ne
veut pas abandonner celle ou celui qui s'y engage. En ce sens, encore une
fois, les rites de deuil viennent compléter les rites funéraires
pour faciliter et encadrer le travail de deuil et ainsi faciliter le
rétablissement de l'ordre perturbé après expression
codifiée de l'angoisse et après hommage au disparu.
Finalement, les rites funéraires tiennent compte de la
fragilisation du groupe social à l'occasion du décès de
l'un de ses membres. Les forces en présence qui font irruption dans la
communauté, la mort, le numineux, doivent être absolument tenues
en respect par le recours aux rituels et à ses possibilités de
mise en scèneet de dramatisation contrôlée dans un cadre
liturgique qui « font passer le drame du plan réel au plan de
l'imaginaire »11(*), c'est-à-dire là où l'humain
retrouve un pouvoir sur les choses qui autrement le débordent et le
menacent à la fois la survie individuelle et celle du groupe. C'est
là l'ultime pouvoir du rituel dans son affrontement symbolique avec une
force, la mort, apparemment (invisible) : bien qu'elle réussisse
à emporter l'un des nôtres et à priver la
société de sa présence et de son apport, cette victoire
apparente n'est que temporaire, parce qu'au bout de compte, à l'issue
des rites funéraires et des rites de deuil, le mort ne sera plus un
disparu ou un absent.
Cependant, les auteurs spécialisés dans les
études sur la mort ont tous tenté d'expliquer les rapports de
l'homme à la mort et aux rites en reliant ces phénomènes
à un portrait d'ensemble dans l'évolutionrécente des
sociétés. Pour ce faire, les sciences sociales utilisent
généralement les notions de tradition, de modernité et
plus récemment, de postmodernité. Louis-Vincent Thomas12(*)qui a probablement
consacré le plus de place dans ses ouvrages à décrire ce
qui est devenu des rites funéraires en Occident. Pour lui, on peut
résumer ces changements en deux temps à l'aide de quelques mots
clés : disparition, simplification, privatisation, technisation,
professionnalisation, changement des lieux, dissimulation, réduction,
désocialisation et désymbolisation, puis prise en charge du
survivant, personnalisation, participation, invention des gestes expressifs,
médicalisation du deuil contemporain et, finalement, laïcisation
des funérailles.
Disparution, parce que, sur le plan des rites, plusieurs
composantes ou étapes du rituel traditionnel n'existent tout simplement
plus : accompagnement du mourant et veille à la maison, toilette
funéraire accomplie par les membres de famille,
cortègefunèbredu lieu du culte jusqu'au cimetière, rites
de deuil-à peu près dans leur entièreté- et
commémoration publique du décès dans les mois ou les
années qui suivent. Simplification parce que, d'une manière
générale, le caractère plus formel ou solennel des rites a
été abandonné ou grandement simplifié, à
preuve la disparition de tous les éléments prétendument
cités et l'apparition d'un menu davantage de souplesse qu'auparavant. Il
est donc dorénavant possible d'expédier en 24 heures l'ensemble
du processus redéfini aux goûts et aux besoins du jour.
Privatisation en deux sens. D'abord parce que les individus et familles ont de
plus en plus d'occasion de personnaliser les rites funéraires pour
tenir compte de l'individu visé par ces rites, de ses dernières
volontés, de sa vie, de ses croyances ou de sa non croyance, des liens
qu'il a établi avec son entourage et avec sa communauté. Mais
privatisation également dans le sens où les rites sont moins
qu'avant l'occasion d'un large rassemblement communautaire quasi obligatoire ou
automatique. Technisation, bien sûr, en raison de l'apparition et de la
généralisation des techniques de la thanatopraxie qui ont
révolutionnéles pratiques- et la pratique quasi universelle
toilette des morts qui était davantage un acte de purification et de
respect qu'un acte hygiénique et de maquillage du corps mort-, mais
probablement aussi toute la symbolique entourant la rencontre avec le cadavre.
On ne présente pas le plus souvent un corps inanimé,
diminué, amoindri ou méconnaissable en raison de la maladie ou
brisé par un accident, mais un corps
« revampé », plus digne et qui ne suscitera ni
l'horreur ni la peur ni le rejet. Un corps qui n'a rien d'un cadavre mais qui a
plutôt l'air de dormir ou de se reposer (un « beau
mort »), tellement qu'il donne parfois l'impression d'être sur
le point d'ouvrir les yeux et de se réveiller. Le travail de deuil peut
ainsi commencer plus sereinement, dit-on. Technisation aussi par le biais de la
crémation qui prend de plus en plus deplace- et dont on pourrait
analyser les idéologies légitimatrices- et qui est à des
lieux de la crémation en plein air, sur un bûcher, encore
pratiqué à d'autres endroits de la planète ou en d'autres
temps en Amérique même par certaines tribus amerindiennes.
Crémation qui n'apparaissait pas alors comme un geste technique
pratiqué par des employés utilisant une technologie de pointe qui
en moins d'une heure réduira en cendres, c'est le cas de le dire, un
corps humain, quitte à passer les résidus dans un broyeur pour
obtenir un produit plus uniforme. L'absence totale non seulement de la richesse
symbolique des crémations traditionnelles en lien avec les mythes
fondateurs d'un groupe, mais même d'une quelconque préoccupation
en ce sens, caractérise nos nouvelles pratiques. On mise sur
l'efficacité, la rapidité d'exécution, la réduction
des coûts et le caractère hygiénique et écologique
de l'opération. Professionnalisation en lien avec l'apparition de
l'entreprenariatfunéraire et de son équipe, de leurs contrats,
de leurs produits et services, de leurs locaux pour les vivants comme pour les
morts, de leur guichet et de leurs techniques modernes. Voilà combien
d'atouts réels, mais au prix de la disparition ou de l'éclipse
des rapports humains de proximité et d'intimité pour plusieurs
moments du rite. Professionnalisation aussi, rappelons-le, par le biais du
séjour à l'hôpital où malade et membres de son
entourage se retrouvent « reçus » dans un lieu qui
leur garantit un maximum d'efficacité et de sécurité par
rapport à la maladie et à la mort devenus de plus en plus
étrangères pour nos contemporains, mais qui se retrouvent
« invités » dans un lieu qui n'est pas le leur et
qui possède ses propres normes et règles de conduite (horaires,
places et traitements disponibles, aspects légaux des décisions
à prendre, etc.). Changement des lieux justement avec l'hôpital et
le complexe funéraire qui prennent le relais de la maison du mourant et
de l'église elle-même pour un nombre grandissant de cas.
Changement aussi des lieux parce que les convois funéraires collectifs
n'existent plus pour déplacer le cadavre vers son lieu de
sépulture. Changement des lieux finalement parce que la pratique de la
dispersion des cendres multiplie tout autant qu'elle efface les lieux retenant
les traces de notre passage. Dissimulation parce que tout est entrepris d'abord
pour que le mort n'ait pas l'air d'un mort, mais d'un vivant endormi- si
toutefois il est même exposé, auquel cas la dissimulation est
alors totale-, et ensuite pour que les cimetières s'intègrent
tellement bien au paysage de nos villes qu'on ne les connaisse plus comme
tels : cimetières-parcs, cimetières-tours( le
cimetière est tout simplement un édifice en hauteur où
chaque étage voit s'aligner en feux et niches de columbarium un peu
comme les tours de logement font que les voisins habitent des appartements
adjacents) et cimetières forestiers( où les morts reposent au
pied des arbres, en retrait , en retrait des villes et cachés au regard
des passants). Réduction parce qu'on assiste à une logique
où toutes les traces traditionnelles de la mort ou des morts sont
ramenées à leur plus simple expression, en commençant par
le cadavre réduit en cendres, aux inscriptions minuscules figurant sur
les niches des columbariums et aux inscriptions à tendance minimaliste
que certaines études ont permis d'observer de plus en plus sur les
épitaphes : comme par exemple d'y inscrire tout simplement
« Mère » sans plus. Désocialisation aussi des
rites funéraires qui, on le voit à la lecture des paragraphes
précédents, perdent progressivement leur capacité de
rassemblement pour faire l'événement de la mort une occasion de
renouer les liens sociaux devant ce mystère et son pouvoir de
néantisation. C'est le contraire qu'on observe : simplification
importante de ce qui subsiste des rites, funéraillesréunissant de
faibles foules, endeuillés abandonnéssocialement au lendemain des
funérailles. Luce Des Aulniers13(*) ajoute en renfort, à cette analyse, que
lorsque l'on entend que tout en matière des funérailles est
affaire de choix personnel, on a justement là le signe patent d'une
désocialisation de ces pratiques.Désymbolisation alors que tout
le pouvoir évocateur et guérisseur des rites repose
théoriquement sur la pertinence, la justesse et la puissance des
symboles utilisés et connectés en droite ligne avec nos mythes ou
récits fondateurs, à peu près tout dans l'évolution
récente des rites funéraires contribue à achever cette
désymbolisation, en commençant par la crémation qui, dans
nos cultures, est totalement dépourvue de ce recours aux symboles.
L'exception à ce qui semble devenu une tendance lourdevers la
désymbolisation repose sur l'expérience de
« personnalisation » des funérailles, que ce soit
dans les funérailles religieuses ou civiles. Toujours selon Thomas,
après une longue période qui laissait croire à
l'obsolescence progressive des rites funéraires, on assiste en
même temps, au cours des trois dernières décennies,
à une certaine renaissance des rites. On assiste à une tendance
à l'innovation rituelle.
Loin de connaitre exactement la plénitude des
variations décrites par Thomas, dans l'Espace culturel lega en
général et dans le territoire de Pangi en particulier et
précisément dans le groupement Ulimba, l'Idego qui est un rite
conjuratoire, ostentatoire, transitoire et compensatoire de deuil
destiné à la fois à la réintégration du mort
à son nouveau destin, à l'assurance au défunt un passage
apaisé entre le monde des vivants et des morts et à procurer au
de cujus les hommages et honneurs visibles qu'il n'a pas pu avoir de son vivant
et de resserrer les liens entre les membres de famille rompus par le vide
créé par la mort14(*), les observations faites durant notre enquête
ont révélé que la modernité, dans sa confrontation
dialectique avec la tradition, apporte des modifications qui touchent
substantiellement à l'essence de cette pratique d'indemnisation
a capita du de cujus dans l'espace lega. Ainsi, a-t-on
remarqué que depuis quelques décennies le christianisme
érode progressivement l'Idego dans ce sens que certains défunts
pratiquants laissent, en guise de testament ou de dernière
volonté, une interdiction que leur mort fasse l'objet d'une
indemnisation.
De même, il a été observé que le
rite indemnisatoire (l'idego) est fragilisé du fait de la perte de son
caractère obligatoire du fait de l'acculturation liée au mixage
culturel et du relâchement des instances coutumières (non respect
des recommandations des dépositaires coutumiers) face à
l'imposition du droit positif.
La perte des valeurs monétaires anciennes (igama)a
également imposée des substitutions qui touchent à la
substance même de l'idego imposant ainsi un nouvel instrument de
payement. De la sorte, face à l'omniprésence de la monnaie
scripturale moderne, il est admis que lors du rite de l'Idego, les biens
matériels tels les cauris(Musanga), le métal(le byoma), l'Isuusi
(étoffes en raphia) ou même la chèvre(Mpene) soient
remplacés par de l'argent et que par ce fait, la radicalité et la
substance du rite soient touchées dans leur intégrité
essentielle. Et enfin, eu égard à la nucléarisation de la
famille liée à l'économie marchande, le rite
indemnisatoire de l'Idego jadis, oeuvre de toute la famille élargie du
défunt, connait une privatisation dans le sens où il devient une
affaire personnelle dépendant de la volonté et du statut du
défunt.Certains bénéficiaires sont aujourd'hui
dérogatoirement exclus(le cas des mekolo). Face à ces changements
rituels que l'urbanisation, l'industrialisation, le christianisme et le mixage
culturel imposent aux traditions et rites funéraires lega, certaines
questions ont traversé notre esprit. Nous les avons formulés en
ces termes :
· Quels seraient les apports de la modernité face
aux rites funéraires dont l'Idego dans le groupement Ulimba ?
· Quelles seraient les survivances traditionnelles dans
les rites indemnisatoires de l'Idego dans le groupement Ulimba ?
· Quels seraient les mécanismes conservateurs des
traditions funéraires face à la dynamique sociale
moderne ?
4. HYPOTHESE.
Pour répondre à ces questions, nous avons
formulénos hypothèses que nous appréhendons comme
« une stratégie pour mener à bon port une
étude en proposant des solutions aux questions qui se posent sur l'objet
de la recherche »15(*) ou comme « proposition de
réponse à la question à propos de l'objet de recherche
formulée en des termes tels que l'observation et l'analyse puissent
fournir une réponse »16(*). En termes d'hypothèses, nous présumons
que :
- Loin de disparaitre, l'urbanisation, l'industrialisation et
le métissage culturel auraient imposé la substitution, la
fragilisation, la personnalisation, désymbolisation et la
désocialisation au rite funéraire de l'Idego;
- Au delàdu changement de ses outils de payement et de
sa fragilisation, l'Idego aurait gardé sa quiddité dont sa
symbolique, ses parties et son caractère indémnisatoire ;
- Les mécanismes conservateurs de traditions
funéraires seraient le renforcement de trois piliers culturels lega.
5. OBJECTIFS ET INTERETS DU SUJET.
Il faut admettre que cette étude ne pourra pas
répondre à toutes les questions qui tournent autour du
thème en examen. Toutefois, nous entendons d'une manière
générale :
- Evaluer le niveau de l'influence de la modernité dans
son rapport dialectique avec la tradition ;
- Identifier les indicateurs de résilience des
traditions, rites et symboles culturels des sociétés exotiques
face à la compression de la modernité ;
- Trouver la thérapeutique liée aux
phénomènes de l'inculturation et de l'acculturation dans la
dynamique sociale imposée aux sociétés traditionnelles et
rurales ;
- Interroger le sens des déséquilibres entre la
modernité et la tradition dans le contexte du choc des
cultures ;
Quant à l'intérêt, ce travail revêt
trois :
- Du point de vue personnel, en tant que chercheur en histoire
et sciences sociales, ce travail est la résultante des leçons et
préceptes accumulés dans différents cours (Science
administrative, Théorie des organisations, Institutions administratives,
...) ;
- Sur le plan scientifique, ce travail est une quête
d'établissement d'une corrélation entre la modernité et
la tradition à l'ère de la mondialisation ;
- Quant à l'aspect pratique, ce travail est une
évaluation de l'épineuse question de la viabilité des nos
institutions culturelles traditionnelles ;
6. DELIMITATION DU SUJET.
Fondamentalement, le sujet du travail doit être
limité dans le temps et dans l'espace. Dans le temps, ce travail
s'étale entre 2015 et 2021. Dans l'espace, il couvre le groupement
Ulimba dans le secteur desBeia dans le territoire de Pangi.
7. METHODE ET TECHNIQUES DE RECHERCHE.
Pour infirmer ou confirmer nos hypothèses, nous avons
dû recourir à un arsenal méthodologique conséquent.
Entendue comme « ensemble de procédés, des techniques
perfectibles sur les types de données et d'analyses »17(*), la méthode dialectique
telle que schématisée par POLITZER18(*) et VERAGHEN a
été d'usage explicatif tout le long de cette étude.
Plutôt que de reprendre le protocole descriptif dialecticien, voici
comment nous l'avons appliqué dans notre étude :
1. La loi de la totalité et de l'interdépendance
(réciprocité) cette loi postule que les faits naturels comme les
faits sociaux sont liés les uns aux autres et agissent les uns sur les
autres par voie de conséquence aucun phénomène ou fait
social ne peut être facilement compris sans avoir été
situé dans un contexte global.
La réalité sociale doit être
appréhendée comme un tout faisant partie d'un tout qu'un sens,
c'est-à-dire, le fait doit être compris à d'autres sujets
liés.
En effet, l'usage de cette méthode doit nous amener
à situer les innovations rituelles de l'Idego dans les effets
immédiats de la modernité (urbanisation, industrialisation et
métissage culturel)
2. La loi du mouvement et du changement.
Cette loi renseigne sur le fait que la réalité
n'est pas figée, statique. Elle est en constante mutation, elle est donc
dynamique, tout coule, tout bouge et tout change.
Pour la dialectique, toute chose a un passé, un
présent et un avenir, elle n'est pas là une fois pour toute et
que ce qu'elle est aujourd'hui n'est pas définitif. Dans le cas de
l'accomplissement des attributions du Territoire de Kailo, il convient de noter
que le passage d'un rite indemnisatoire en nature pour un Idego en liquide,
personnel et facultatif est lié au changement apporté par la
modernité dans les sociétés exotiques ;
3. La loi de la contradiction
La loi de la contradiction ou la lutte de contraire stipule
qu'un tout ou un objet est une totalité qui ne nie pas les
opposés ; elle insiste sur l'unité et la lutte contraire, la
quelle lutte est source de progrès. Il s'agit ici de considérer
ces conflits comme producteur des nouvelles perspectives de gestion rituelle
mixte incluant les aspects traditionnels et modernes.
4. La loi du changement
Cette loi stipule que c'est par accumulation de changement
qualitatif qu'on arrive au changement quantitatif. La dialectique
considère comme une totalité mais qui change et évolue.
Il s'agit de partir sur des nouvelles bases de gestion
rituelle de l'Idego.
Pour recueillir les données ou informations relatives
à notre étude, nous avons recouru à plusieurs techniques
entendues comme instruments de mise en oeuvre pratique et limités
de la méthode»19(*) à savoir :
- La technique documentaire qui nous a permis d'accéder
à certaines données glanées dans les documents officiels,
sites web, ouvrages et archives ;
- L'observation directe : selon NgaNdongo20(*), recourir à
l'observation directe, c'est procéder à
l'« enregistrement, par notes descriptives ou analytiques,
d'actions ou d'observations perçues sur le terrain, dans un contexte
naturel». Concrètement, il était question au cours de
la recherche d'accorder une attention particulière à toute
entreprise ou activité, à tout fait ou événement en
rapport avec les préoccupations de l'étude. Il s'agissait pour
nous d'identifier les sens et la quiddité de l'Idego, d'éplucher
les nombreuses innovations et survivances dans le rite funéraire de
l'Idego.
Après avoir recueilli ces données, nous les
avons traitées au moyen des techniques statistiques et de l'analyse de
contenu :
- La technique statistique, quant à elle, nous a permis
de quantifier les données par les formules de fréquence et
pourcentage afin de dégager les inférences.
- L'analyse de contenu : elle est, d'après Quivy
et Campenhoudt21(*),
« un ensemble des techniques d'analyse des communications visant,
par les procédures systématiques et objectives de description du
contenu des messages, à obtenir des indicateurs (quantitatifs ou non)
permettant l'inférence des connaissances relatives aux conditions de
produit/réception des messages » ;
L'analyse de contenu porte sur des messages aussi
variés que des oeuvres littéraires, des articles de journaux, des
documents officiels, des programmes audiovisuels, des déclarations
politiques, des rapports de réunions. Il s'agit de passer au crible de
l'analyse en profondeur, les termes utilisés, leur fréquence et
leur mode d'agencement, la construction du discours et son
développement. C'est ainsi que dans ce travail, les données
recueillies sur le terrain à travers les divers documents, ont
été exploitées à l'aune de l'analyse de contenu. En
fait, la problématique des valeurs culturelles lega face
à la modernité, mythe ou réalité. Cas de l'
« idego » de 2015 à 2021 s'inscrit
dans une perspective cumulant à la fois les données qualitatives
et quantitatives. Elles ont été obtenues à partir
de trois outils : l'observation indirecte, les entretiens et comme dit
plus haut, l'analyse de contenu.
8. DIFFICULTES RENCONTREES.
Cette étude ne pourrait se réaliser sans se
buter aux écueils de tout ordre. Le premier a été d'ordre
de documentation et des sources ; l'indisponibilité, la carence ou
l'inaccessibilité des ouvrages et sources qui abondent dans le sens
de notre objet d'étude a été un handicap majeur; le
deuxième a été d'ordre financier ; la collecte des
données ainsi que la matérialité de ce travail ont
exigé de nous de l'argent que nous n'avions pas toujours en
quantité suffisante. Le troisième est d'ordre de la
texture : compte-tenu de la diversité des données, il nous a
fallu des efforts énormes et des conseils pour rédiger le texte
avec un enchainement logique. Seuls le courage et la détermination qui
nous caractérisaient nous ont permis de contourner toutes ces
difficultés.
9. SUBDIVISION DU TRAVAIL.
En fait de subdivision, ce travail ne comprend que trois
chapitres. Le premier parle deconsidérations générales sur
le groupement ulimba. Le deuxième se penche sur les règles
traditionnelles de l'organisation de la société lega. Alors que
le troisième porte sur les facteurs modernes érosifs de la
culture lega.
CHAPITRE I. CONSIDERATIONS GENERALES SUR LE GROUPEMENT
ULIMBA
Dans ce chapitre portant sur les considérations
générales sur le groupement Ulimba, il est d'abord question de
définir les concepts clés constitutifs de notre sujet de
recherche. Il sera ensuite question de présenter, de façon
synthétique notre univers d'étude qui est le groupement ulimba.
1.1. DEFINITION DES CONCEPTS
Pour rendre à la fois facile et souple la
compréhension du contenu de ce travail, les concepts Culture lega,
Problématique, Modernité et Ulimba seront clarifiés aux
fins de préciser leur connotations et de les départir des
dénotations plus générales et ambigües, sachant que
les concepts sont assez polysémiques.
1.1.1. PROBLEMATIQUE
La problématique est l'aptitude de saisir les enjeux
d'une situation.L'expression problématique de recherche se
réfère généralement à l'ensemble
d'éléments formant un problème. Elle donne le point de
départ auquel découla toute recherche et constitue le sens
à partir de celui-ci.22(*)
Georges DEFOUR, quant à lui, a
défini la problématique comme une préoccupation majeure
de la recherche qui se traduit par une série de question qu'il se
propose en vue d'y trouver des réponses appropriés23(*)
Dans le cadre de ce travail, la problématique se
définie comme l'ensemble des faits observés en contradiction avec
la culture lega dont le groupement Ulimba ou l'écart observé
entre ce qui est et ce qui devrait être.
1.1.2. CULTURE LEGA
Pour mieux cerner ce groupe nominal « culture
lega », il faille méthodiquement les définir
séparément d'abord et appréhender leur acception globale
par la suite. Ainsi nous allons définir le concept
« Culture » et le concept « lega »
ensuite.
La culture est l'ensemble des connaissances et pratiques
acquises par plusieurs individus vivant en société et dont le but
est d'assurer la spécificité ou l'identité, la
stabilité et la permanence de comportement individuel et
collectif.24(*)
Elle se définit comme un tout complexe qui inclut les
connaissances, les croyances, les arts, les morales, les lois, les coutumes et
toute autres dispositions et habitudes acquises par l'homme en tant que membre
d'une société. C'est autrement dit l'ensemble des
réalisations de l'homme dans une société.25(*)
Elle se conçoit donc comme l'ensemble des
activités soumises à des normes socialement et historiquement
différentiées, et des modèles de comportement
transmissible par l'éducation propre à un groupe social
donné.
Le peuple Lega est une population forestière bantoue
d'Afrique centrale, établie principalement en République
démocratique du Congo, à l'Est du Lualaba (le fleuve Congo),
jusqu'en altitude dans les monts Mitumba, dans les provinces du Nord-Kivu,
du Sud-Kivu et du Maniema.
La culture lega est donc à comprendre comme le modus
vivendi comprenant la langue, les habitus alimentaires, la danse, l'agir, l'art
et les connaissances et les croyances propres au peuple lega.
La culture se confond, dans ce sens, avec la tradition.
Celle-ci peut être saisie d'abord en rapport avec le temps. Dans ce sens,
elle désignerait ce qui est de l'ordre du passé, par opposition
au présent et au futur. Il s'agirait de tout ce qui appartient à
une époque révolue, et qui par conséquent, reflète
une apparence dépassée.Par ailleurs, ce concept pourrait aussi
être envisagé par rapport à la morale. Il aurait alors pour
contenu, un ensemble des normes et des prescriptions destiné à
la codification des attitudes et des comportements des individus dans une
société donnée. Bien plus, l'usage du concept
« tradition », on peut aussi entendre un état
d'arriération qui se mesure au degré de la rusticité. On
parlerait dans ce sens de l'état primitif pour ainsi dire, un
état de développement encore rudimentaire. Lorsqu'elle est ainsi
considérée, la tradition semble développer à
l'égard de la modernité une relation pour le moins
antinomique.
1.1.3. ULIMBA
Le mot « Ulimba » est un
terme lega qui signifie « secret ». Étymologiquement
parlant, « Ulimba » veut dire secret de la cohabitation,
de la présence simultanée des communautés humaines
d'origine familiale différente institution dans une entité par le
pouvoir colonial pour être reconnue périodiquement et
sociologiquement intégré.26(*)Ulimba est l'un des groupements du secteur de Beia
dans le territoire de Pangi, dans la province du Maniema en République
Démocratique du Congo.
1.1.4. LEGA
Le peule Lega est, comme dit précédemment,une
population forestière bantoue d'Afrique centrale, établie
principalement en République démocratique du Congo, à
l'Est du Lualaba (le fleuve Congo), jusqu'en altitude dans les monts
Mitumba, dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema.
C'est une communauté humaine située dans les
territoires de Pangi, Shabunda, Mwenga et Walikale. Le terme lega, veut dire
que « les hommes ».
1.1.5. MODERNITE
Caractère de ce qui est moderne.27(*)
Par le moderne, on comprend, ce qui convient au temps
présent ou à une époque relativement récente ou ce
qui est dans le goût moderne de notre temps ou époque. Du point de
vue du temps, la modernité semble s'opposer au passé et au
dépassé, pour s'identifier, au présent et à
l'actuel. De plus, lorsqu'elle est envisagée du point de vue moral, elle
s'opposerait à l'échelle des valeurs traditionnelles,
généralement taxées d'obscurantisme. Du point de vue
développement, la modernité correspondrait à un niveau de
transformations scientifiques, marqué par une évolution technique
très perfectionnée. C'est dire pourquoi au regard de ces trois
critères, la modernité constituerait une rupture radicale par
rapport à la tradition.
Pourtant, un regard plus attentif peut constater qu'entre ces
deux notions, il existe également des points de convergences. Ce qui
veut dire qu'au-delà des apparences, il n'est pas possible
d'ériger entre elles une cloison étanche. Nous pouvons une fois
de plus réaliser la complexité de ces deux notions à la
lecture de cet ouvrage d'Antoine Compagnon : Les cinq paradoxes de la
modernité28(*),
dans lequel il entreprend de dénoncer entre autres la
prétention de la nouveauté que revendique la modernité.
L'auteur parle notamment de la « superstition du
nouveau », pour designer cette propension au changement qui
caractérise la modernité et qui pousse très souvent au
rejet de tout ce qui relève du passé pour ne considérer
que l'actuel. Or l'expérience commune nous montre que ce qui est moderne
aujourd'hui appartiendra au passé demain. De même, ce qui
était relégué au passé peut ressurgir pour faire
partie du présent. Aussi dans le domaine artistique, certains styles
vestimentaires jadis dépassés reviennent-ils à la mode et
sans aucune difficulté. Cet exemple montre à suffisance la
légèreté d'une rupture radicale entre les termes tradition
et modernité.
Actuellement la culture lega a tendance de tomber en
désuétudes suite à son caractère contraignant
à ses membres.Après avoir donné les définitions de
concepts réformant notre sujet de recherche. Il est nécessaire de
relever la présentation de notre milieu d'étude son cadre
historique et géographique.
1.2. CADRE GEOGRAPHIQUE DU GROUPEMENT ULIMBA
a. Localisation et limite
Le groupement Ulimba est une entité
politico-administrative située dans le secteur des BEIA en territoire de
Pangi, dans la Province du Maniema en République démocratique du
Congo. Il est limité :
v Au Nord par la rivière Lubilaza dans le Territoire de
Kailo ;
v Au sud par la rivière Lutshurukuru dans le groupement
Nsange;
v A l'Est par la rivière Songe en territoire de
Shabunda ;
v A l'Ouest par la rivière Mili dans le groupement
Jua.29(*)
b. Population
Le Groupement Ulimba est habité principalement par les
balega. Mais cette population est devenue hétérogènes,
c'est-à-dire elle comporte plusieurs tribus installées dans cette
entité suite à la migration de travailleurs due à
l'implantationdes sociétés SYMETAIN et COBELMIN dont la fusion
avec d'autres sociétés dont la SOMINKI sur les ruines de laquelle
d'autres sociétés comme la SOMICO et la SOMINKI ont vu le jour.
De ce fait, dans ce groupement on trouve des populations d'origine rwandaise,
burundaise, luba, Kusu, Songola, des Bangubangudont le mixage avec les
autochtones lega a engendré un (fatras) culturel à l'origine
d'une dynamique socioculturelle assez importante.
c. Economie et commerce
L'économie du groupement Ulimba est basée sur
l'agriculture l'élevage, l'exploitation artisanale de minerais et
commerce. Sur le plan agricole, on produit les riz, les maniocs, les
arachides, les maïs, l'huile de palme,...
Pour ce quide l'élevage, les fermes domestiques des
capucins, des porcins, des volailles font partie des activités
zootechniques du groupement. Auxquelles, la pisciculture est aussi
intensément pratiquée dans la quête des protéines
animales.
Quant à l'exploitation artisanale des minerais, seuls
la cassitérite et l'or en occupent le grand monopole
Le secteur du commerce subsiste tant bien que mal grâce
au dynamisme des opérateurs économiques et à l'essor
du secteur informel. A ce titre, nous trouvons des magasins, des boutiques et
pharmacies, des comptoirs d'achats de minerais. En bref, le groupement Ulimba
est le poumon économique du territoire de Pangi. Cependant, le gros des
activités commerciales est tenu par les populations allochtones dont les
shi, les yira, et les commerçants des produits vivriers en provenance de
Kasongo et Kabambare.
Le groupement Ulimba dispose de plusieurs facteurs important
pouvant relancer le secteur commercial.
En outre, les débouchés importants offrent des
perspectives heureuses pour les activités économiques : la
présence d'une route nationale reliant Kindu, Chef-lieu de la province
du Maniema et Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu ; deux
Aérodromes abandonnés dont l'un à Kalima et l'autre
à Moga (Ngongomeka), enfin pour le grand centre commercial
érigé durant la période qui est situé à
Kakutya chefferie dans la commune rurale de Kalima.
1.3. HISTORIQUE DU GROUPEMENT ULIMBA.
1.3.1. GENESE DES ENTITES TERRITORIALES EN RDC OU AU
MANIEMA
La problématique des entités territoriales en
RDC date de l'époque de l'Etat Indépendant du Congo (EIC). De
1888, précisément le décret Royal du
IerAoût 1888 crée le district Stanley Falls.
A la suite de l'arrêté Royal du 25/09/1933 qui
divisait le territoire Congolais en six provinces, le district du Maniema s'est
vu détaché de la province orientale pour être annexé
à la province du Kivu. Ainsi créé30(*), le district du Maniema
comptait 7 territoires, Lubutu, Punia, Kibombo, Kasongo, Kabambare et Pangi.
C'est la configuration actuelle de la Province du Maniema, l'une des 26
province de la RDC.
1.3.2. ORIGINE DU GROUPEMENT ULIMBA
L'histoire du Congo n'est pas forcement tributairede
l'indépendance ni même de la colonisation Belge. Les groupes
ethniques habitant dans les frontières de la République
démocratique du Congoont une trajectoire bien remplie qu'ils trainent
derrière eux d'autant plus que leurs ancêtres se sont
installés sur cet espace, au début du premier millénaire
de notre ère.
Pendant des siècles, ils ont assuré la
maîtrise de l'environnement, façonné des grandes
originalités et élaboré de systèmes politiques
complexes qui ont produits des chefferies, des royaumes et Empire.31(*)
1.3.3. DENOMINATION DU GROUPEMENT ULIMBA
La dénomination du groupement Ulimba, en
français, signifierait « Secret »
cela veut dire que la conception du groupement Ulimba est tout à fait
différentedecelle de ses voisins du groupement N'sange qui reconnaissent
leur appartenance à un ancêtre commun. La répartition
clanique du groupement Ulimba est établie selon l'origine des
peuples :
· Le Clan Bausse, selon certaines sources, les Bausse
seraient venus de secteur des Ikama dans le territoire de Pangi. Ses
membresauraient fuit les conflits internes entre eux.
· Les peuples du Village KAKUTYA appartiennent au MEYA,
d'origine SALU, l'un de groupement qui composent le secteur des Beia.
Ces peuples ont été chassés par leurs
ancêtres à cause de l'inceste commise entre fille et
garçon d'une même famille dans un contexte des familles à
normes exogamiques.
· Le peuple du village formant le clan Gunga serait
d'origine du territoire de Kailo.
Nous faisons remarquer que la forêt située entre
Kankenge et la rivière Mili offre des garanties suffisantes pour la
survie du groupement. L'on trouve de la sécurité
alimentairesuffisante. Dans ces conditions, il s'y était produit au
contraire une véritable explosion démographique avec ses
voisins.
De 1908 à 1960, le Congo était une colonie
Belge, il était subdivisé administrativement et placé sous
les ordres des fonctionnaires Européens qui à leur tour le
subdivisé en circonscription indigènes qui sont les chefferies.
Les groupements et secteurs, avaient à leur tête de chefs
reconnus et investies par eux pour le pouvoir colonial.
La notion de groupement est introduite par l'autorité
coloniale Belge dont le but était le règlement des
différentes révoltes politiques ou administratives entre les
indigènes et les Belges.
Trois attributions réservées aux chefs furent le
maintien de l'hygiène publique dans sa juridiction par des travaux
d'entretien et nettoyage, la vie de miliciens et des militaires, fournitures de
prestation imposée à la chefferie. C'est ainsi le groupement
Ulimba sera créé par l'arrêté du 10 juin 1933
portant création des circonscriptions indigènes et dont ses
actuelles limites géographiques.
Après les résistances de Nkenye, Milanga, chef
Juwa et celle de Kangela, chef N'sange, l'administration coloniale avait
réussi à créer, le groupement Ulimba, dont le peuple est
composé en majorité de fuyards venus du groupement Nkumba Basoko,
du secteur de Wasongola, dans le territoire de Kailo.
Le groupement comptera trois villages formant chacun sur un
clan ; villages Bisamengo, comme le clan Bausse, village Koki, comme le
clen Gunga et village Luzi Lukulu, comme le clan Meya.
1.4. CADRE JURIDIQUE ET ADMINISTRATIF
Comme nous l'avons souligné ci-dessus, le groupement
Ulimba est une entité administrative créée par
l'arrêté royale du 10 juin 1933, portant création des
circonscriptions indigènes.
Dans sa structure, ce groupement était composé
des trois clans : Bausse, Meya et Gungu, ces trois clans sont repartis en
Village.
CHAPITRE II : REGLES ETABLIES DANS L'ORGANISATION
DE LA SOCIETE LEGA
Dans le cadre de ce chapitre, nous tacherons d'élucider
les points suivants : le mariage, le décès, la
répartition des produits de chasse et l'élevage.
Les sages de la communauté lega avaient prévu un
certain nombre de règles pour une bonne gestion de la
société.
Très souvent, les oppositions sont visibles entre les
individus, les groupes sur les points ci-hauts dans la société
humaine.
C'est ainsi que, pour chaque cas, on observe les lois ou
normes établies.
2.1. POUR LE MARIAGE
Selon Junior KyangulukaLumpempe32(*), Le mariage, chez les lega,
est un acte social qui occupe une place de choix dans la société.
Il est ressenti comme un devoir à remplir par tout parent envers sa
progéniture. Car cet acte non seulement consacre à cette
dernière le statut de responsable, mais ouvre la voie à une
assurance sur la perpétuation de l'espèce familiale qui constitue
le souci majeur pour les géniteurs. Le célibat est
considéré comme une situation marginale. Chez les lega comme chez
la plupart des peuples de la République démocratique du Congo,
l'engagement des familles passe avant celui des individus appelés
à s'unir. Le choix d'un futur conjoint opéré par une
famille dans une autre famille s'appuie sur le critère de
moralité et de fécondité. Il faut noter que la
décision finale pour qu'un parent marie un fils est conditionnée
par la capacité avérée de celui-ci à se prendre en
charge. En général, un membre de famille (souvent le père
ou l'oncle) du jeune homme que l'on veut marier se rend auprès de la
familleciblée de la jeune fille pour demander la main de cette
dernière. Une fois la demande acceptée, la période des
fiançailles est ouverte. Le jeune pourra alors à sa guise se
rendre au moment opportun en visite test auprès de la famille de sa
fiancée. Cette visite est désignée sous le vocable
« Itendia ». Tout se sera bien passé si la
réception se termine par un repas comprenant un coq sur pied
égorgé à cette occasion.
Le mariage dans la communauté lega est une institution
très complexe, car elle a trop des règles et c'est la source de
toutes les relations humaines sur la nature sociale.
Le mariage se définit comme étant une union
légitime envisagée entre un homme et une femme ou plus d'une
femme.33(*)
Cette institution couvrait assez de problèmes chez les
Balega. Comme il a trop de problème, raison pour laquelle il a aussi
trop de règles ou principes.
Les règles de la gestion de cette institution commence
depuis la conception jusqu'au divorce. Pour le jeune garçon, avoir la
capacité de construire une case, cultiver un champ, tuer les gibiers de
la forêt moyennant les pièges et convaincre les parents de
certaines capacités vitales à résoudre de situations
survenues en rapport avec les épreuves de vie d'une
société.34(*)
Dans la communauté lega le mariage est possible entre
les membres des familles différentes cela revient à dire que le
mariage endogamique est beaucoup plus préférentiel chez les
Balega dans le but de consolider les liens claniques.
L'âge dans la communauté lega était
facteur aléatoire, c'est-à-dire le facteur qui pouvait influencer
ou définir le mariage.
2.1.2. DE LA VALEUR DOTALE
Comme institution, le mariage est un processus
clairsemé de différentes étapes dont les principales sont
décrites dans les pages qui suivent :
· La prédot (Kebengelela)
C'est une valeur variant selon la possibilité
financière du groupement familial du jeune garçon. Mais la
virginité de la jeune fille sévèrement observée,
facteur influant la valeur dotale, d'une part lorsque la virginité est
observée, la taxation de la valeur revient en deux parties une partie
constituant les biens révolus à la maman et l'autre partie
revient au père de la jeune fille vierge. D'autre part, elle donne la
chance d'être plus valeureux que possible.
· La dot proprement dite (Kasala)
Dans la conception lega, la dot joue un rôle
prépondérant dans la vie conjugale et aux membres de groupement
et aussi aux enfants qui proviendront de ce mariage.
Lorsque le jeune garçon ou le groupement familial de
celui-ci verse la dot à la famille de la jeune fille, plusieurs faits
importants et symboles ressortiront.
D'abord ces deux groupements familiaux engagé dans le
mariage, chacun gagnera la confiance de l'autre, cette confiance poussera la
famille de la jeune fille de la remettre entre les mains de la famille du jeune
garçon. Cette cérémonie est appelée accompagnement
de la femme à son mariage.
Cérémonie qui s'en suit avec un certain nombre
de matériel tels que casseroles, assiettes, paniers, voiles (bien de la
cuisine) et une quantité de la nourriture cuite et non cuite y compris
les poules et le coq, l'huile, le sel, bois,... comme signe symbolique visible
marquant l'amour. Ensuite et en contrepartie de ces biens, le groupement
familial du jeune garçon peut remettre à sa belle-famille des
chèvres, ou boucs et la boisson.
Ensuitele respect mutuel devient contraignant entre les
membres de ces deux groupements familiaux.35(*)
Dans la culture lega, la dot est une institution qui varie
selon la possibilité financière des familles engagées et
la circonstance à laquelle on se trouve, c'est-à-dire chez les
Balega, la dot n'a pas de prix fixe et tout bien constitue la valeur dotale,
parfois même des prestations entrent en ligne de compte.
Pour le mariage proprement dit, les deux familles se fixent
un jour pour la cérémonie de la dot. La nomenclature des biens
est communiquée à la belle famille et comprend
obligatoirement :
1. Le « Musanga » : monnaie
ancestrale constituée de pièces de coquilles d'escargot et
d'huitres en forme rectangulaire ou circulaire percées de trous en leurs
milieux et entassées autour d'un fils passant par ces trous.
2. Des billets de banque en monnaie nationale ;
3. Des caprinés (chèvres ou moutons sur
pied) ;
4. Du matériel pour l'agriculture et la chasse :
haches, machettes, houes, lances, fusil calibre 12 ;
5. Des habits : pagnes, foulards, pantalons, chemises,
costumes.
Suivant la tradition, les lega se complaisent à
n'établir aucune sorte de facture fixant le nombre des biens
énumérés ci-dessus. Les quantités respectives
à fournir constituent un test du degré d'amour du fiancé
envers sa future conjointe. Ce degré est traduit par la hauteur des
quantités de ces biens remis à la belle famille. Le jour choisi,
la belle famille se rend auprès de la famille prétendante pour la
cérémonie de mariage coutumier. Après un bref
échange, la famille prétendanteétale et compte les biens.
C'est en ce moment que la belle famille exprime sa satisfaction totale ou
partielle sur la valeur de la dot. Dans ce dernier cas, la famille
prétendantedéclare la quantité ou valeur minimale
souhaitéepour un type bien donné et, généralement,
si le prétendant ne peut y remédier, il recourt à
l'expression : « Isongamuzinga, talikusilaga mu
busibumozi ». C'est qui veut dire
littéralement : « la dot est comparable à un trou
béant à remblayer, on ne peut y parvenir en un jour ».
Et, littéralement, « la valeur significative de la dot est
telle que qu'on ne peut s'en acquitter en une seule
échéance ». En effet, au cours de sa vie
professionnelle, l'époux est appelé à faire à ses
beaux frères des dons à valoir sur la dot.
Aussitôt après, la belle famille emballe tous ces
biens et rentre chez elle. Il n'y a aucune cérémonie de
réjouissance organisée à cette occasion. La famille
prétendante peut alors fixer le jour de sa convenance où la belle
famille accompagnerait la jeune épouse au domicile de son mari.
2.2. POUR LE DEUIL ET LES RITES DE DEUIL
Tout homme est mortel. Le Mulega- peuple de l'Est de la RDC
définit bien cette fatalité à travers un dicton traduit en
français « personne ne vivra éternellement sur la
terre ». Toutefois que la mort intervient, tout naturellement elle ne
laisse pas indifférents les membres de la communauté dont faisait
partie le défunt. Elle suscite sans nul doute la douleur, la souffrance
ou l'angoisse chez les proches et les survivants. C'est la confirmation de
l'origine du deuil, du latin « dol » signifiant souffrance,
affliction. Comme Millet36(*) en fait état, le deuil se manifeste à
la fois par les signes extérieurs de la souffrance ressentie,
consacrés par l'usage (port de vêtements, normes de comportement),
les pratiques et les rites accompagnant le décès (conduite de
deuil) et la perte elle-même (deuil d'un membre de famille). Ngo
NyembWisman37(*)
écrit que les deuils sont des lieux d'expressions diverses, de rapports
sociaux, de logiques de milieux et de représentations dont les deux
moteurs sont les croyances et les pratiques locales séculaires. Le sens
attribué au deuil décrit moins
l'événementlui-même (dont le mot approprié est mort,
décès, disparition ou perte) que la relation entre cette perte et
une personne subissant le deuil, relation menant parfois à un
véritable statut (être en deuil). Dans cette perspective, il est
recommandable de lire notamment HanusBacque38(*) pour les termes utilisés en circonstance de
deuil : grief au sens de tristesse douloureuse, mouning
au sens de deuil social et Bereavment au sens de situation objective
de deuil.
Il est vrai que l'organisation ou le déroulement du
deuil varie selon les coutumes et les culturesdes peuples, comme le reconnait
Ngo NyembWisman lorsqu'il écrit que les rites funéraires ne sont
ni identiques, ni homogènes d'une société à l'autre
et, d'autre part Millet qui souligne que l'état de deuil impose un
comportement, des actes, des pratiques et rites selon des normes de la
société et/ou du microcosme familial. Le Mulega, du reste comme
tous les autres peuples, sont émus par le deuil. Ceci s'observe, se
traduit ou s'exprime dans la symbolique, la sémiotique et les discours.
Et, malgré le mixage culturel consécutif à la cohabitation
et au voisinage avec les autres peuples ainsi que la modernité qui n'ont
pas épargné l'édulcoration de la culture lega en
matière de la mort et du deuil, il reste encore des
éléments faisant la différence des rites de deuil et de
mort chez les Lega.
Par rapport à la symbolique lega de la mort, la
société lega fonde sa croyance cosmogonique sur une synergie des
relations et des forces entre des êtres immortels, qui vivent dans un
monde immatériel, invisible, et des êtres mortels, vivant dans un
monde matériel, visible. Elle la fonde aussi sur une croyance que lega,
chef de file du peuple Lega vivant dans le monde visible, vit pourtant à
califourchon entre les deux mondes. Selon des récits mythiques Lega sur
l'origine de la mort, la mort est un phénomène qui se vit comme
un destin humain fixé par « Kalaga ou Kenkonga » en
français « Dieu ». Ce dernier est, dans la
cosmogonie Lega, reconnu comme la source de la vie et de la mort. Dans le monde
invisible où vit Kalaga vivent également les esprits, donc des
esprits divinisés, de dimension tribale. Ce sont de grands esprits et
ils sont comme tels à cause de leur valeur historico-sociale. Ils
continuent à être en relation avec leurs familles.
Ensuite dans le monde invisible se trouvent aussi les esprits
claniques. Chaque clan a son esprit protecteur. Il s'agit des ancêtres de
clans ou leurs fondateurs. Ils sont invoqués pour les besoins de chaque
clan. Enfin, viennent les Mizimu. Il s'agit d'un ensemble des mânes des
ancêtres de famille auréolés par Kenkonga : ils le
sont en raison forcement des biens dominants qu'ils ont réalisés
pendant leur séjour dans le monde visible. C'est dans cette perspective
que les esprits, les Mizimu ne sont pas neutres. De temps à autre, ils
viennent dans leurs familles humaines et partagent leurs repas, quoique de
façon symbolique. Ils sont au courant des événements
familiaux et y prennent intérêt. Lorsqu'ils apparaissent, en
général aux personnes âgées, ils sont reconnus par
leurs noms comme tel ; ils s'informent des affaires de la famille et
parfois même avertissent un danger imminent ou réprimandent ceux
qui n'ont pas obéi à leurs instructions. Ce sont eux les gardiens
de la tradition, de l'éthique, de la coutumeet des activités
familiales. Toute faute commise dans l'un de ces domaines est en fin de compte
une faute commise contre les ancêtres qui, en cette qualité,
agissent comme la police invisible de la famille et de la communauté. En
revanche, les morts qui ont passé leur vie dans le monde visible
à faire du mal sont déchus par Kalaga lorsqu'ils passent dans le
monde invisible, se contentant de nuire aux humains dans le monde visible. Ces
deux cas, celui d'élévation au rang d'ancêtres
auréolés ou d'ancêtres déchus, laissent apparaitre
au grand jour que, dans le monde invisible, les morts récoltent ce
qu'ils ont semé comme bien ou mal pendant leur séjour terrestre.
Les hommes vivent dans le monde visible et sont condamnés à
mourir et personne ne peut y échapper. La mort est en tout cas la seule
voie possible pour passer du monde visible au monde invisible. C'est ainsi que
lorsque quelqu'un meurt, pour le Mulega c'est une continuité de la vie
dans l'au-delà, car en mourant, seul le corps périt et disparait.
Les concepts de deuil et rite, quoiqu'apparemment familiers,
ne signifient pas forcement et exactement ce que le commun des mortels en sait.
Albert de Surgy39(*)
rapporte : « le mot de deuil désigne aussi bien le
douloureux désarroide celui qui vient de perdre un des ses proches que,
de façon plus objective, l'ensemble des mesures par lesquelles la
société en prend acte et dirige l'expression ».
Pour Millet, le deuil n'est que la réaction des hommes devant la
disparition d'un être cher ou d'un membre du groupe. Au regard de
ces définitions, le deuil se présente à la fois comme un
phénomène social, psychologique ou un état d'esprit et un
événement social. Toutefois, la définition de
Bourgeois40(*) semble plus
précise. Pour lui, le « deuil désigne tout à
la fois la perte d'un parent, d'un proche, d'un être cher et la tristesse
profonde causée par ce malheur, ainsi que du temps de deuil, ses
manifestations extérieures et ses rituels, et le processus psychologique
évolutif consécutif ou au travail du deuil ».
Cette définition donne une idée sur les
différentes manifestations du deuil. En fait, trois conditions
s'imposent avant de parler véritablement du deuil. Primo, nous sommes en
deuil, chaque fois qu'un parent proche disparait et les réactions qui
s'en suivent en fonction des normes ou traditions sociales, devant cette perte.
Secundo, « nous portons le deuil », dès l'instant
que la perte de l'êtreprécieux est manifestée à
travers quelques signes distinctifs diversifiés qui ont la
particularité de se distinguer d'un groupe à un autre, voir d'un
cadre culturel à un autre. Il peut s'agir d'un changement vestimentaire
et stylistique catégorique (pour du noir, coiffure spéciale par
exemple), du saupoudrage du visage et de la charpente corporelle, du silence
imposé, d'une retraite momentanée. Tertio, « nous
faisons le deuil » dès que nous reconnaissons le
décès et décidons de mettre en oeuvre un ensemble des
moyens matériels et symboliques nécessaires pour faciliter la
rupture afin de retrouver le goûtde vivre.
C'est ce moment déterminant de la vie de l'individu
appelé le jargon psychanalytique, et même anthropologique,
« le travail de deuil »41(*).En effet, comme le plus souvent le deuil appelle
à l'observance de certains rites, il est alors important de savoir
également ce que c'est qu'un rite.Le rite (du latin ritus) est un terme
qui, dans son acception originelle, signifie : forme légale, usage,
habitude, coutume, moeurs, manière, usage sacré, formes
religieuses, etc.
Il renvoie aussi à ritualis, adjectif et substantif
masculin que l'on peut traduire par : qui concerne les rites et les
rituels. Mais, en fait, pour avoir une idée exacte de l'action rituelle,
il est nécessaire de se référer à l'anthropologie
qui, plus que toute autre discipline des sciences humaines, s'est
intéressée davantage au rite, au profane et/ou au sacré,
ponctuant la vie de l'individu depuis la naissance jusqu'à la mort et
même au-delà42(*).Thomas pense que « le rite invente la
mise en scène qui déplace le centre de gravité des
funérailles de la personne du mort et des deuilleurs affligés
vers la collectivité rassemblée. L'attention est peu à peu
détournée de la mort réelle, inacceptable dans sa
dimension individuelle et affective, pour se hisser au plan symbolique
où la mort annonce un surplus de vie qui va renforcer la cohésion
du groupe ».
Pour le Mulega ordinaire, le rituel varie selon qu'il s'agit
d'un homme marié, d'une femme mariée, d'un adulte
célibataire ou d'un enfant. Pour toutes ces catégories, les rites
s'étalent de l'annonce, la toilette du cadavre, l'enterrement, la
levée de deuil, la purification et les indemnisations.
La mort comme un fait naturel à tout être humain.
Dans la culture lega, toute mort aune cause, soit la sorcellerie qui s'explique
par les accidents occasionnés, modification morphologique de membres ou
longue maladie, l'imprudence des membres. Ce qui revient à dire que
pendant la grossesse, le vagabondage sexuel est interdit entre la femme et son
époux et certain aliments pour la protection de la femme et de l'enfant
durant l'accouchement, une fois les règles sont violées, si la
mort intervient un groupement familial sera inquiété.
Plusieurs cas de morts se présentent chez les Balega,
à chaque cas convient sa manière de traitement lors
d'indemnisation. En général, ce sont les oncles maternels qui
sont bénéficiaires de l'indemnisation à l'occasion du
décès de leur neveu. La remise des biens matériels et
symboliques, est, en grande partie systématiquement prévus par
la tradition Lega. Un éventail des cas se présente. Parmi ces cas
on cite :
· Cas du décès situé entre la
naissance jusqu'à l'apparition des dents (Kalenge), la coutume lega
avait pris des dispositions suivantes :
- Pas de pleur
- L'indemnisation est nulle
- L'enterrement de la dépouille mortelle se fait par
les sages-femmes
- Toutes les cérémonies de deuil ne sont pas
obligatoires, d'autres cas de même espèce s'ajoutent et rentrent
dans la catégorie des décès non indemnisables. Il
s'agit :
- D'un albinos, militaire mort en guerre,
épileptique,....
· Du premier mort survenu au sein de la famille, il peut
être l'aîné, le premier né ou le puiné. Dans
ce cas, la valeur de biens prévus pour l'indemnisation se donne en
partie. Ce genre du traitement chez lesBalega est souvent comme cas
exceptionnel ou particulier.
· Pour le cas général, c'est-à-dire
qui respecte toutes les dispositions établies par la coutume lega, cas
concernant les hommes et femmes adultes et valides, dotées de toutes les
qualités physiques et mentales, la tradition et les rites
funéraires lega ont prévu des étapes à suivre de
l'annonce à l'enterrement de la dépouille mortelle jusqu'à
l'étape des indemnisations.
· L'indemnisation d'une femme mariée : le
bénéficier en titre principal est le groupement familial du
père de la défunte, les autres membres attachés au cadavre
sont des bénéficiaires secondaires.
D'après les informations en notre possession, la
cérémonie d'indemnisation de cadavre se fait en deux grandes
étapes que les balega intitulent MIBULOBULO (première partie) et
IDEGO (la seconde partie). Cette dernière est plus spécifique et
coûteuse que la première.
DU RITE DE DEUIL APPELE
« MIBULOBULO »
Le Mibulobulo est la ration ou la pitance à offrir
à tous ceux qui considéraient le défunt comme leur neveu
ou proche. Un adage lega traduit bien cette pratique funéraire :
« zamisongazikuliagabaringi banzela», Parce que,
selon Véronique MatemngoTonle43(*), la mort d'un individu suscite, chez ses proches,
prioritairement ceux qui lui sont liés par la filiation, la
collatéralité et l'affinité, un ensemble de
cérémonies. Désigné par le terme deuil, cet
ensemble de cérémonies se manifeste de façons diverses
selon les cultures. Si en occident, le deuil tend à être comme un
fait privé, en Afrique au sud du Sahara, il est perçu comme une
entreprise collective mobilisant de nombreux individus en vue de sa
réalisation.En plus des membres de la parenté, le deuil
rassemble d'autres individus prévenus et disponibles, tels les
voisins du lieu de résidencedu défunt comme ceux du lieu de
l'enterrement, des membres des diverses associations auxquelles il
adhérait, ses amis.
Le Mibulobulo est donc, selon SumailiDunia44(*), un repas d'adieu et de deuil.
Il faut dire que le Mulega ne considère pas ce qui est servi à la
fin des allocutions comme repas en raison, notamment, du fait que cette
nourriture est un repas de deuil. Elle est prise non pas dans une circonstance
heureuse, mais plutôt malheureuse. Toutefois, cette nourriture
était servie traditionnellement en nature. Cette pitance alimentaire,
assure, pensait-on, le bon voyage du défunt dans l'au-delà et
permet de réconforter les différents liens entre les survivants.
Au cours de ce repas, en particulier, et de toutes les
cérémonies, en général, ce sont les gendres du clan
éprouvé qui constituent la colonne vertébrale du service
de protocole. De manière générale, les gens sont
protocolairement rangés selon l'ordre de préséance
suivant : les neveux(Bangubangu), les parentèles à blague
(batani), les veilleurs, les gendres et les voisins (bilongo) et les autres
citoyens. Le Mibulobulo est, en substance, constitué de l'ibangansinda,
du mbembe, d'une chèvre, d'une corbeille d'arachides, d'un panier de
paddy ou de farine de manioc, d'une bouteille d'huile, d'un paquet de sel, un
régime de banane (mutengowigoma). Cette pitance se donne sans
délai notamment après les trois jours de deuil.
LE RITE INDEMNISATOIRE D'IDEGO
Comme dit précédemment à l'introduction
de cette étude, l'idegoest constitué, en fait, des biens ou
redevances que la famille paternelle du défunt paye à la famille
maternelle. Il peut s'agir d'un enfant qui meurt, dans ce cas son père
est redevable de l'idego auprès des oncles de son fils (sa
belle-famille). Il peut également s'agir d'une épouse et dans ce
cas d'espèce, c'est son mari éploré qui doit verser
l'indemnité funéraire de l'Idego. Ça concernerait
également un homme adulte qui meurt. Dans ce cas, sa famille
élargie doit verser son indemnité funéraire à ses
oncles.
Son sens est de resserrer davantage les liens familiaux et de
perpétuer le lien du mariage. L'Idego est généralement et
invariablement constitué d'une chèvre (Kiburikyampene), du
Musanga (100 unités de cauris ou coquillage) ou Magana mabele ma
mosanga(2000 FC), du byomamorobakamo, de l'Isuusimwanakunina(pièce de
pagne en raphia) et les redevances corporelles et les outils de travail jadis
utilisés par le défunt.
Ordinairement, cette dernière partie de ces redevances
compensatoires varie selon les sexes des défunts. Ainsi, pour l'homme
adulte et valide, l'ensemble des biens suivants doivent également faire
partie de la composition de l'Idego : le Minkwankete( deux ossements du
dentier de la chèvre), le Munkinini( deux parties du tronc), le
Buntonto( le cervelet ou la moelle épinière), l'Isumo( la lance),
le Mugusu(la machette), le Mwene( couteau) et le nsago( le sacoche
traditionnel). Par contre pour la femme, le byoma (métal), le luzi(
panier ) et le Mwene.
La redevanceindemnisatoire de l'Idegobénéficie
en premier lieu à la parentèle du défunt alors que la
pitance alimentaire dite Mibulobulo est une manne collective
bénéficiant à tous les deuilleurs présents ou aux
neveux du défunt ainsi qu'à tous les passants. Les
bénéficiaires de la pitance alimentaire dite
« Mibulobulo » sont les petits-fils et
arrières-petits fils du défunt. Ils sont appelés en
dialecte lega « Basawakalanga ». Les neveux
également en sont bénéficiaires ou les membres de
certaines tribus qui ont un quelconque lien avec les Lega, comme les
Bangubangu, considérés comme les descendants de la soeur des
Lega, appeléeNgalia. A ceux-ci, le Mibulobulo est constituée
d'une poule, d'une vanne de paddy ou de farine de manioc, d'une bouteille
d'huile et un colis de sel. Le Bangubangu, par contre, payent aux Lega, en cas
de décès d'un Mubangubangu les biens suivants : un bouc,
unbassin de paddy ou de farine de manioc et un colis du sel.
La chèvre (Kiburikyampene) constitutive de la redevance
de l'idego est d'une importance capitale. En fait, cette chèvre n'est
pas destinée à la consommation mais plutôt à
l'élevage de sorte que si elle parvient à avoir des chevreaux,
ceux-ci serviront de dot pour le mariage d'un jeune, membre de la famille
maternelle du défunt. Et, le nouveau marié à l'aide de la
chèvre de Maliba, en cas de procréation, est soumis à
l'obligation de donner au nouveau-né le nom du défunt pour
assurer, croit-on, la perpétuation de ce dernier. C'est pourquoi un
adage lega illustre bien cette croyance en ces termes :
« Muntuntende, ikolo », c'est qui voudrait dire
littéralement que l'homme ne meurt pas, c'est un rejet de l'igname. Il
ne disparait pas complètement, il faut qu'il se réincarne au sein
de la famille. Par ailleurs, le bouc du Misonga ou Mibulobulo est
égorgé immédiatement alors que la chèvre de Maliba
est élevée pour la pérennisation du nom du
défunt.
L'idego joue également le rôle de resserrement
des liens familiaux que le vide créé par la mort allait
détruire ou affaiblir. Un proverbe lega l'illustre très bien en
ces termes : « bukutibwamubuto »
(révérence à la fraternité) ou
« kubulunganiamubuto »(ne pas s'acquitter de l'idego
équivaut à la destruction des liens familiaux).
L'Idegorecèleégalement deux facettes
(idegoenankundumabele) :
1. IBANGO (La manière dont vous mangez)
C'est la convention implicite de payement de l'Idego. Le barza
lega a fixé le mode de payement pour le décès
ordinaire.
2. KUBAKAMIA IBANGO
C'est en fait faire flamber les redevances de l'idego
au-delà de la convention ordinaire du payement en tenant compte de la
nature du décès survenu : décès survenu
à la suite d'un assassinat à l'aide d'une lance ; mort
survenu à la suite des coups et blessures ainsi qu'une mort subite due
au gri-gri. La tristesse profonde provoquée par un tel
décès modifie les modalités de payement de la redevance de
l'Idego. C'est une mort volontairement provoquée qui angoisse toute la
communauté. Le proverbe lega « witabubi,
walegabusoga » (si tu tues mal, tu dois bien payer) traduit bien
cette réalité.
A la fin du rite de l'Idego, le Ntendi(porte-parole) est
payé au même titre que tous ceux qui ont un quelconque lien avec
le défunt(Bilongo). Ces derniers sont payés car ils sont
témoins et conseillers de la famille qui paye la redevance. Jadis, le
non payement de l'Idego provoquait des affrontements à l'arme blanche
débouchant au versement du sang. Certains décès
dérogeaient exceptionnellement au rite de l'Idego : la mort d'un
bébé (kazwa), mort par enflement du ventre, le
décès d'un fou (musile), décès d'une femme enceinte
(mpita, mpinde), mort par auto-pendaison (kwikama), mort d'épilepsie
(luungu), la mort d'un soldat au front (wakwaku bita) et la mort d'un albinos
(kyema). Ces derniers cas de décès ne font pas l'objet de l'Idego
parce que les intéressés n'ont rien légué à
la famille. Cependant, si un de ces cas de décès survient, un
bouc doit être offert et égorgé pour le repas entre les
deux familles éprouvées. Cette cérémonie s'appelle
simplement « Kisabululu ». Si le destin a fait du
défunt un homme riche, la valeur de sa redevance d'idego prend de
l'ascenseur. Mais par contre, si c'était un indigent, sa redevance
d'idego reste tout ordinaire. Comme le propose l'objet de cette étude,
il sied de noter que les indemnisations funéraires ne sont plus
versées ou payées comme elles l'étaient dans les temps
immémoriaux. Des édulcorations de ces rites funéraires
sont tangiblement observées. L'argent a remplacé les cauris dans
le payement des Misonga. De même, la monnaie a remplacé certains
biens matériels de l'Idego.
Pour terminer, chez le peuple Lega, l'Idego n'est pas une
institution si vieille que ça. Les légendes de ce peuple le font
remonter au deuil d'une épouse dont l'époux a été
tellement rongé par le chagrin de la mort de sa femme bien aimée
qu'il a jugé opportun de repartir son patrimoine en deux parties. Une
partie a été offerte à sa belle-famille et l'autre partie,
a été donnée à sa propre famille. Il a
renoué et retissé les liens et l'amour avec sa belle-famille.
Cette reprise des relations aurait incité sa belle-famille à lui
donner la main d'une autre jeune femme. C'est pourquoi, il nous est convenable
de déduire que la signification profonde de l'Idego est de consolider
l'amour et combler le vide béat provoqué par la mort et
recréer la paix dans les deux familles éprouvées. L'Idego
est une communion entre les deux familles éplorées afin
d'éviter et d'amortir le sentiment de haine.
2.3. POUR LE REGLEMENT DES CONFLITS INTER CLANIQUE
La résolution traditionnelle dans l'espace lega, depuis
les siècles qui ont précédé la civilisation
arabo-islamique et plus récemment malgré l'apport de la
civilisation occidentale, s'est toujours effectuée sur les règles
endogènes des traditions lega. Les valeurs qui s'attachent au dialogue,
à la tolérance, l'hospitalité et à la non-violence
sont les fondements des traditions lega. Les réunions des chefs des
familles et les gardiens de coutume(Bami) dans le barza ou sous l'arbre
à palabre, font encore aujourd'hui, office de tribunal local, dont
souvent les décisions sont plus suivies que celles des autorités
administratives et judiciaires. Ceci s'explique par le fait que les dites
décisionsémanent des villageois eux-mêmes ; parce
qu'au conseil du village, tout le monde occupe, selon son statut, le même
rang. Sont généralement admis comme conflits dans les traditions
lega, les conflits intrafamiliaux caractérisés par les
irréductibles antagonismes entre les enfants d'un même
père. D'autre part, de nos jours d'autres formes de conflits sont
apparues : entre les particuliers et les villages. Ce sont des litiges
concernant les contestations foncières, les litiges d'héritage et
matrimoniaux qui sont les plus répandus dans les zones rurales.
Selon Squire Patton Boggs45(*), la tradition s'est plus appesantie sur la
prévention que sur la résolution du conflit ouvert. Du coup la
recherche de la paix reposait sur les principes suivants : on cherchait
à prévenir les conflits par des canaux de régulation
sociale ou par des actions de médiation ou de communication. En effet,
il est constant que les traditions lega ont plutôt une approche
dynamique, communautariste et humaniste, fondée sur la solidarité
et, permettez-moi le barbarisme, l'
« unisme-humain », car ce sont les mots les plus
appropriés pour rendre fidèlement les mécanismes et
règles qui permettent à l'homme de considérer son prochain
comme lui-même (alter ego) et est différent du concept
d'égalité et de fraternité à l'occidentale. Du dit
concept, découlent tous les mécanismes de prévention et de
résolution de conflit dans l'espace lega, qui diffère selon la
communauté ou les entités organisées dont voici les
principaux. Dans les rapports au sein d'un village, le chef de village ainsi
que les dépositaires de la coutume sont les autorités morales qui
tranchent les litiges et conflits qui arrivent dans leurs limites
territoriales. C'est seulement en cas de non-satisfaction que les populations
font recours aux tribunaux. Lesdits litiges et conflits sont de tous genres
(matrimonial, partage successoral, fonciers, réclamation de
créances, vols, querelles, ...). Les sociétés Lega
à la base sont claniques. Pour les parties, les alliances constituent
l'espoir de prévenir les conflits et de maintenir l'entente
sociale ; c'est une sorte de contrat social pour la paix.
· Le mariage inter clanique ou inter entités et la
polygamie forment des liens de sang qui réduisent les risques de
conflits ;
· Le « cousinage à
plaisanterie », « alliance à
plaisanterie » ou même « fraternité à
plaisanterie vexatoire ».
Ici, on utilise des plaisanteries ou dérisions entre
alliés, très souvent injurieuses et ridiculisantes, permettant de
décrisper les rapports. La méthode donne à l'allié
tous les pouvoirs de dire sans détour ni ménagements à
l'autre allié tout ce que bon lui semble. En cas de conflit le
« frère à plaisanterie » peut user du pacte
qui le lie à son frère pour lui faire entendre raison et le
pacifier. La fraternité à plaisanterie peut contribuer à
prévenir et à endiguer un conflit dans les sociétés
traditionnelles. La médiation est dévolue aux anciens car nous
sommes dans les sociétés gérontocratiques où les
plus vieux bénéficient d'une immunité et sont entendus en
toutes situations et cela est encore d'actualité dans l'Urega. Dans les
rapports inter communautés, nous retrouvons également les
alliances matrimoniales.
Comme nous l'avons signifié au point
précèdent, le mariage est une institution très importante,
source à la fois de relation et des problèmes. Ceci revient
à dire que, le mariage de par son caractère unificateur, la
coutume lega est très sévère pour faire respecter cette
union.D'où entre les membres de deux groupements familiaux
engagés au mariage, c'est la relation d'évitement qui doit
être observée, c'est-à-dire tout membre de la famille du
groupement familial du garçon doit éviter tout cas de manquement
à la belle-famille. Tout geste de manque de respect est appelée
« Tabou » (Kitampo), simple ou complexe, sa
réparation exige un bouc ou son équivalent au
bénéfice de la belle-famille. Les manquements réparables
de cette façon sont du genre d'injure, coups et blessures,... et le
non-respect peut être la cause de divorce. D'autre part, pour le
côté de la famille ou groupement familial du garçon comme
bénéficiaire ou prévue d'être
réparée.On prévoit la poule ou le coq ou son
équivalent. La remise se fait sans délais.
Pour le cas de l'oncle et son neveu, si l'oncle a
manqué son neveu, l'oeuf, la poule ou le coq peut réparer le
préjudice.
Bref, le produit d'élevage chez les balega est
principalement prévu pour les règlements de différents
conflits de toute nature et genre qu'ils soient de façon secondaire. La
viande de bétail est consommée à des grandes circonstances
ou cérémonies telles que la fête de naissance, de nouvel an
ainsi que l'arrivée d'un visiteur de marque.
2.4. POUR LES PRODUITS D'ELEVAGE ET DE LA CHASSE
Les produits d'élevage, pour les balega, est
consacré au règlement des conflits survenus entre les membres
vivant en société. La chèvre ou le bouc est d'une valeur
très considérable au même titre que l'homme. Dans le
langage lega « mpenemonto », c'est-à-dire
« la chèvre a une même valeur que l'homme ou la
personne ».La présence de la chèvre devant n' importe
quel problème ou conflit donne solution à ce propos.46(*)
La chèvre de son vivant les particules de son corps
sont bien réparties entre les membres de la famille et même pour
tout autre animal.
Lorsqu'on égorge une chèvre, la
répartition de la viande se fait de la manière suivante
- La tête est réservée pour les enfants de
l'âge de la préadolescence ;
- Les entrailles pour le père, grand père
- Les reins pour les neveux (Mpigo) ;
- La hanche pour les oncles maternels ou la maman.
Quand il s'agit d'une bête sauvage, la première
bête attrapée aux pièges, le piégeur n'a pas droit
de consommer cet animal. Cet animal est considéré comme
sacrilège, même les femmes n'ont pas droit d'y consommer, sous
prétexte de biaiser l'évolution de l'activité.
Il y a une série de bêtes dont son traitement et
sa consommation est spéciale telles que :
- Le serpent
- La tortue
- Le clairon
- La salamandre
- Les pangolins, surtout le grand pangolin qui exige de rituel
coutumier très particulier.
2.5. QUELQUES PROVERBES EDUCATIFS CHEZ LES BALEGA
Par manque d'expérience sur l'intervention de
l'écriture afin d'écrire pour informer la
génération future, le mulega a conservé toute sa sagesse
dans la tradition orale à travers laquelle, il a édicté
des règles éducatives.
Voici quelques proverbes lega couramment
utilisés :
v BwakwisongaBwakwitantiukolola,
c'est-à-dire le gendre ne peut pas reprocher aucun membre de la
belle-famille.
v Mwanabwatowabubazabukakaluga,
c'est-à-dire l'enfant est comparable à une pirogue, vous l'avez
enfanté, il vous viendra en aide ou assistance
v Kamukazinsagazakikuko na
molongontakajajelamugo ; qui signifie, la femme est comparable
à un balai qui nettoien'importe où.
v Bwana zobe misakontanambanibwe,
c'est-à-dire à chacun convient son comportement,
très souvent il faut éviter d'imiter les mauvais
comportements.
v Ute na mokoloekampumbantizikazima,
c'est-à-dire, quand on n'a pas de conseiller, on réussit
dans la vie difficilement.
Dans ce deuxième chapitre qui a porté sur les
règles sociales d'usage dans l'espace lega, il a été
question de passer en revue les prescrits en vigueur lors du mariage, du
règlement des conflits, des rites d'indemnisation funéraire et de
répartition des produits d'élevage ou de chasse. Les
différents témoignages nous livrés par des
personnes-ressources ont révélé de véritables mines
d'informations qui font la richesse et la complexité de la culture et
des traditions Lega dans les différents secteurs de la vie du peuple
Lega.
CHAPITRE III :FACTEURS MODERNES A PROBLEME AVEC LA
CULTURE LEGA
Dans ce troisième chapitre, nous allons analyser les
facteurs modernes tels que l'église, l'institution juridique, la
Musique et danses, le mariage, le barza et la morale comme
éléments de la culture lega en opposition avec la
modernité. Mais avant de toucher le vif du sujet, il est important
d'aborder la socio-dynamique subie par le rite funéraire d'Idego.
En fait, actuellement, la modernité traduite par
l'industrialisation, l'urbanisation, le christianisme, le mixage culturel et la
mondialisation ont affecté tous les secteurs de la vie des
sociétés exotiques. Le changement des mentalitésest devenu
une nouvelle donne sociale en opposition avec la coutume traditionnelle en
place.
Comme la modernité constitue une force sociale, le
groupement Ulimba, la culture lega est édulcorée par elle.
Cettesocio-dynamique fait à ce que la culture lega soit
déséquilibrée.
La modernité est le véhicule de la
mondialisation. D'après ce nouveau concept forgé et
valorisé par les chercheurs du moment, les valeurs traditionnelles de
la société Lega sont remises en question sous différentes
formes. Cette nouvelle idéologie a embrassé tous les facteurs de
la vie d'une société. Elle soulève l'épineuse
question de l'antagonisme entre la tradition et la modernité :
ruptures et continuités.
III.1. LA SOCIO-DYNAMIQUE SUBIE PAR LES RITES
FUNERAIRES D'IDEGO
Dans cette section, nous décortiquons
les ruptures imposées à la tradition funéraire d'Idego par
la modernité. Mais avant nous y présentons le processus
méthodologique que nous avons emprunté pour aboutir aux
résultats.
III.1. PROCESSUS
METHODOLOGIQUE
La population d'enquête, l'échantillon ainsi que
les instruments de récolte des données sont décrits dans
cette section.
III.1.1 Population et
échantillon.
De la population d'étude, mentionnons qu'elle est
constituée de l'ensemble des populations du groupement ulimba, membres
des différents villages qui composent ce groupement ainsi que de
certains témoins privilégiés (Tendi et Bami) au cours des
années 2016-2020.
En effet, tenant compte de la nature quelque peu
délicate de la question que nous nous sommes proposé de
débattre à savoir, le phénomène de la confrontation
entre les valeurs culturelles Lega et la modernité, il s'est
révélé difficile d'asseoir notre enquête sur une
base de sondage, particulièrement pour deux raisons. D'abord, les
familles au sein desquelles notre enquête a été
menée disposent plus des listes de membres de famille non exhaustives -
du reste moins détaillées et incomplètes - que celles
nominales. Ensuite, la carence des listes de membres transfuges nous a
entraînés à une enquête sélective personnelle
des transfuges parmi les membres des différentes familles.
C'est pourquoi, nous avons dû adopter un
échantillonnage à choix raisonné, c'est-à-dire du
type non probabiliste de soixante unités. Deux caractéristiques
ont été retenues à savoir, le sexe et la profession.
Tableau 1.
Répartition de l'échantillon d'après le
sexe.
Sexes
|
F
|
%
|
Masculin
|
45
|
75
|
Féminin
|
15
|
25
|
TOTAL
|
60
|
100
|
Source:notreenquête.
Légende:
F:Fréquences
%:Pourcentage
A la lumière de ce tableau, il se dégage que
notre échantillon comprend 45 sujets sur 60 soit 75% des sujets de sexe
masculin contre 15 sujets sur 60 soit 25% de sexe féminin.
Cet écart, s'explique notamment par une participation
accrue des hommes par rapport aux femmes aux enquêtes scientifiques et
par une réticence des femmes auxenquêtes scientifiques.
Tableau 2 :
Répartition de l'échantillon d'après la
profession.
EMPLOIS
|
F
|
%
|
Employés
|
19
|
31,6
|
Indépendants
|
02
|
3,4
|
Sans emplois
|
39
|
65
|
TOTAL
|
60
|
100
|
Source : notre
enquête.
Légende :
F : Fréquences
% :Pourcentage
Employés :
|
Dans cette catégorie, figurent notamment ceux qui
travaillent sous statut ou sous contrat : les salariés
privés ou de l'Etat.
|
Indépendants :
|
Cette catégorie rassemble ceux qui exercent des
professions qui ne les lient à un tiers ni par un statut ni par un
contrat (commerçants, artistes, artisans)
|
Sans emplois :
|
Cette catégorie réunit en son sein, tous nos
enquêtés qui n'ont pas d'emploi spécifique. C'est la
tranche des chômeurs, des débrouillards, paysans et
d'étudiants.
|
Comme l'indique le tableau 2, notre échantillon
comprend sur soixante unités, trente neuf sans emploi soit 65%, deux
indépendants sur 60 soit 3,4 % et 19 employés soit 31,6 %.
Cet écart est justifié par le taux de
chômage élevé au sein de la population à l'âge
de travailler et par le faible taux des travailleurs indépendants
III.1.2. Instruments de
récolte et de traitement des données.
Outre les données puisées de la documentation
disponible relative à notre objet d'étude, il sied de faire
remarquer le rôle combien important joué par la technique
d'entretien structuré dans la récolte des données portant
sur les opinions relatives aux socio-dynamiques causéespar la
modernité sur les traditions lega.
En effet, notre guide d'entretien comporte sept questions dont
quatre sont ouvertes et trois à éventail des réponses.
Quant au traitement des données, nous nous sommes
bornés à faire usage de la statistique élémentaire,
tenant compte de nos limites en ce domaine.
Concrètement, notre effort a consisté en la
quantification des opinions en termes des fréquences et en la
transformation de ces derniers en pourcentages. Ceux-ci ont reçu la
dénomination générique de taux qui nous servirons pour
désigner telle ou telle autre opinion qualifiée.
Ceci dit, passons à présent à la seconde
section consacrée à l'analyse des résultats sur la
confrontation entre les valeurs culturelles lega confrontées a la
modernité
III.2. VALEURS CULTURELLES
LEGA CONFRONTEES A LA MODERNITE
Sous cette section, nous étalons et examinons les
différents changements apportés par les éléments de
la modernité sur les traditions lega en général et les
indemnités funéraires en particulier.
L'analyse nous a cependant été rendue
aisée par les questions que nous avons posées au cours de notre
enquête. Ces questions dégagent les différents
thèmes d'analyse des critères d'adhésion. Il s'agit des
thèmes ci-après:
- Le phénomène d'idego dans le groupement
Ulimba ;
- Les continuités et ruptures de l'indemnité
funéraire d'Idego
Tableau 3 :
spécification des thèmes d'analyse et questions y
relatives
N°
|
THEMES
|
QUESTIONS
|
NOMBRES
|
01
|
Le phénomèned'idego
|
01
|
01
|
02
|
Les ruptures et continuités d'Idego
|
3 et 4
|
02
|
Source : notre enquête.
Le tableau ci-dessus présente de façon
synoptique les différents thèmes autour desquels s'articule la
deuxième section de ce chapitre et les questions y correspondantes
respectivement et le nombre de celles-ci.
En effet, le premier thème est la certification du
phénomène d'Idego dans le groupement Ulimba.
L'appréhension de ce thème est rendue possible par les
réponses des enquêtés à la question n° 1.
Le deuxième thème se rapporte aux ruptures et
continuités d'Idego dans le groupement Ulimba. L'appréhension de
ces fait est rendue possible grâce aux réponses de nos
enquêtés aux questions 3 et 4.
III.2.1. L'INDEMNISATION
FUNERAIRE DE L'IDEGO
L'Idego est une rédevabilité traditionnelle lega
liée à celle dela mort. Cherchant à nous enquérir
de la nouménalité de ce devoir d'indemnisation, il nous a fallu
tout d'abord démontrer la réalité de ceux-ci. Ainsi, nous
avons dû poser la question suivante : vous êtes du groupement
Ulimba ? De quel village ? Avez-vous déjà connu un
décès dans votre famille ? Vous vous êtes soumis au
payement d'Idego ?
Tableau 4 :
Réponses des enquêtés par village
d'origine.
Villages
|
F
|
%
|
Kakutyachefferie.
|
12
|
20
|
Kalema.
|
12
|
20
|
Mungembe
|
12
|
20
|
Kimbiambia
|
12
|
20
|
Luzilukulu
|
12
|
20
|
TOTAL
|
60
|
100
|
Source : notre enquête.
A la lecture de ce tableau, il ressort que tous nos
enquêtés appartiennent aux différents villages du
groupement Ulimba en raison de 12 par village sur 60 soit 20 % pour chaque
village repris dans le tableau.
Au-delà de la péréquation des sujets par
village et de la démonstration de la consubstantialité d'idego et
de la mort, ce tableau révèle aussi que l'idego existe bel et
bien dans ce groupement et que les membres de ces villages en ont
déjà été soit bénéficiaires soit
redevables d'Idego, directement ou indirectement.
La réalité de l'existence d'Idego dans le
groupement Ulimba introduit son revers : ses ruptures. Plus nombreux sont
les originaires du groupement Ulimba qui ont déjà vécu
l'Idego, moins sont ceux qui saventles changements que celui-ci a subi au fil
des ans. Ceux qui ne le savent pas constituent la catégorie des
conservateurs négationnistes qui, évitent la reconnaissance des
changements des coutumes. Par contre, les adhérents aux changements
culturels sont ouverts et acceptent les innovations. Ils veulent proclamer au
grand jour leurs identités culturelles hybrides et mixées.
Les activités funéraires et notamment celles
d'indemnisationd'Idegoles sont parce que « tous ont
besoin de croire à une cause simple et de vibrer en écoutant aux
valeurs. Tous ont un goût extrême pour une vision du
monde »47(*)
Au fait, les valeurs culturelles sontla vision du monde
auxquels croient les membres d'une communauté constituent, comme nous
allons le constater, les causes et les facteurs de
l'adhésibilitéaux rites.
III.2.2. les ruptures et
continuités du rite indemnisatoire d'Idego
A travers ce point, sont décrits les changements que
les traditions pourtant séculaires subissent quand elles se confrontent
à la modernité.
Ainsi, nous avons posé la question suivante :
quelles sont les évolutions que le rite d'Idego a subies dans votre
milieu de vie ?
Tableau 5 :
Opinions des enquêtés sur les évolutions de
l'Idego
REPONSES
|
Kakutyachefferie.
|
Kalema
|
Mungembe
|
Kimbiambia
|
Luzilukulu
|
TOTAL
|
F
|
%
|
F
|
%
|
F
|
%
|
F
|
%
|
F
|
%
|
F
|
%
|
1) la disparution
|
1
|
8,3
|
-
|
-
|
2
|
16,7
|
-
|
-
|
1
|
8,3
|
4
|
6.6
|
2) la privatisation
|
2
|
16,7
|
3
|
25
|
3
|
25
|
1
|
8,3
|
1
|
8,3
|
10
|
16.7
|
3la desymbolisation
|
1
|
8,3
|
1
|
8,3
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2
|
16,7
|
4
|
6.7
|
4) la desocialisation
|
1
|
8,3
|
1
|
8,3
|
2
|
16,6
|
3
|
25
|
-
|
-
|
7
|
11.7
|
5) la fragilisation
|
3
|
25
|
3
|
25
|
2
|
16,7
|
4
|
33,3
|
3
|
25
|
15
|
25
|
6) les substitutions
|
4
|
33,4
|
4
|
33,4
|
3
|
25
|
4
|
33,4
|
5
|
41,7
|
20
|
33.3
|
TOTAL
|
12
|
100
|
12
|
100
|
12
|
100
|
12
|
100
|
12
|
100
|
60
|
100
|
Source: notre enquête.
Comme l'indique ce tableau, les modifications subies par le
rite funéraire de l'Idego dans le groupement ulimba sont les
substitutions, la fragilisation, la privatisation, la desymbolisation, la
desocialisation ainsi que le risque de disparition.
A la lumière de ce tableau, il ressort que les
enquêtés reconnaissent que l'Idego a subi des nombreuses
substitutions: 20 sujets sur 60 soit 33,3 % ; D'autres ont certifié
qu'il a été fragilisé : 15 sujets sur 60 soit 25% de
nos enquêtés ; une autre catégorie
d'enquêtés estime que l'Idego a été
privatisé : 10 sujets sur 60 soit 16,7 % de nos
enquêtés.
Une autre frange affirme que ce rite d'indemnisation
funéraire a connu une desocialisation : 7 sujets sur 60 soit 11,7%.
D'autres enfin, attestent que l'idego a été
desymbolisé : 4 sujets sur 60 soit 6,6% de nos
enquêtés.
III.2.2.1. les substitutions
de l'idego face à la modernité.
Comme dit dans les lignes précédentes, l'Idego
est en fait payé en nature.L'Idego est généralement et
invariablement constitué d'une chèvre (Kiburikyampene), du
Musanga (100 unités de cauris ou coquillage) ou Magana mabele ma
mosanga(2000 FC), du byomamorobakamo, de l'Isuusimwanakunina(pièce de
pagne en raphia) et les redevances corporelles et les outils de travail jadis
utilisés par le défunt. Cependant, avec l'apparition de la
monnaie en pièce ou en billet de banque, l'idego est également
soumis à l'obole de Charon. En effet, selon Katerina
Chryssanthaki-Nagle48(*),
le placement de la monnaie dans la bouche dudefunt49(*) pour l'accompagner lors de son
voyage vers le royaume d'Hadès figure parmi les rites funéraires
les plus connus du monde grec. Cette pratique monétaire dans le contexte
funéraire a été mise en rapport avec le mythe de Charon.
Le vieux Nocher avait pour mission de transporter sur sa barque les âmes
qu'Hermès lui amenait. Pour les conduire au monde des morts, Charon
leur faisait traverser soit le fleuve Styx ou Achéron, soit le lac
Archérousia, pour la somme d'une obole. Ainsi, l'utilisation de la
monnaie pour remplacer le troc dans les transactions commerciales et sociales a
rendu obsolètes les anciennes et traditionnelles unités
monétaires de l'espace Lega. Subséquemment, le Musanga, le
mbembe, le byoma et l'Isuusi ont été carrément
remplacés par de la valeur monétaire. Donc, si la substance de
l'Idego n'est pas encore ici touchée mais ses artifices et supports
matériels ont été touchés dans leur
intégrité.
III.2.2.2. La fragilisation de l'Idego dans le
groupement Ulimba
La conservation et la sécularisation de la tradition
à laquelle fait partie le rite funéraire de l'Idegotient
également à l'existence des institutions traditionnelles de
préservation comme le barza tenue par les dépositaires de la
coutume Lega ainsi qu'à la résilience du droit coutumier en
concurrence avec le droit positif moderne. Or, depuis quelques années,
suite à l'envahissement des chefferies traditionnelles par les
superstructures modernes (c'est le cas notamment du groupement Ulimba qui est
supplanté par la commune rurale de Kalima), les institutions
traditionnelles chargées de la conservation des cultures des
sociétés exotiques sont, si pas remplacées par les
institutions modernes mais écornées par elles. Ainsi par exemple,
les tribunaux coutumiers devant lesquels un insolvable de l'idego devait
être déféré ont été supprimés
et remplacés par les tribunaux de paix, matériellement
incompétents pour connaitre des litiges coutumiers. Il en est de
même des barza traditionnels qui n'ont pas d'imperium coercitif pour
faire appliquer les résolutions arrêtées par les
dépositaires de la coutume. Ainsi, l'Idego dont le payement fut
obligatoire il y a quelques années, est laissé au bon vouloir et
aux sottes humeurs des individus. Le respect des délais impartis pour le
payement de l'Idego en pâtissentégalement. Le payement de l'Idego
n'est plus sûr aujourd'hui à cause de l'obsolescence des
institutions d'application. L'Idego est instabilisé.
III.2.2.3. Les desocialisation et privatisation de
l'Idego face à la modernité.
Le rite indemnisatoire et funéraire de l'Idego a
été privatisé. D'abord parce que les individus et familles
ont de plus en plus d'occasion de personnaliser l'IDEGO pour tenir compte de
l'individu visé par ces rites, de ses dernières volontés,
de sa vie, de ses croyances ou de sa non croyance, des liens qu'il a
établi avec son entourage et avec sa communauté. Mais
privatisation également dans le sens où les rites sont moins
qu'avant l'occasion d'un large rassemblement communautaire quasi obligatoire ou
automatique. Ces rites dépendent plutôt de la volonté
personnelle de l'individu que du principe selon lequel les faits sociaux
seraient totaux, globaux et impératifs. Nombreux sont aujourd'hui les
testaments ou les dernières volontés des de cujus qui refusent
que leur mort fasse l'objet de l'Idego, le considérant comme un rite
paganiste et rétrograde.
L'idego a été également
désocialisé aussi dans la mesure où ce rite
funéraire qui, on le voit à la lecture des paragraphes
précédents, perdent progressivement leur capacité de
rassemblement pour faire l'événement de la mort une occasion de
renouer les liens sociaux devant ce mystère et son pouvoir de
néantisation. C'est le contraire qu'on observe : simplification
importante de ce qui subsiste des rites, funérailles réunissant
de faibles foules, endeuillés abandonnés socialement au lendemain
des funérailles. L'Idego est devenu une affaire de groupuscule, une
cérémonie non flamboyante concernant la lignée directe du
défunt et excluant des grands pans des descendants et frères
lointains à cause de la nucléarisation de la famille
imposée par l'urbanisation et l'individualisme occidental. Jadis affaire
de la famille élargie, l'Idego est devenue la charge de la famille
restreinte et du statut du défunt.
III. 2.2.4. Le risque de disparition de l'idego
Jadis, nous avions des rites réparateurs de
séparation et de deuil : les parents, amis, voisins, venaient
veiller le mort et lui dire au revoir. Il y avait les vêtements noirs,
les fleurs et les couronnes, des cérémonies de tout genre, les
prières, les adieux, l'enterrement. On faisait l'éloge du
défunt. Il y avait les visites, les lettres de condoléances et de
remerciements, la sortie du deuil et la messe d'anniversaire. Il y avait
aussi, juste après la cérémonie mortuaire, des repas
conviviaux au cours desquels la vie sociale reprenait. Boire et manger ensemble
étaient un rite d'union, quelle qu'en soit l'occasion. On parlait du
disparu, on se souvenait des bons moments passés ensemble. Ce temps de
convivialité pouvait être un repas en famille, une simple
collation chez soi, dans un restaurant ou café, près du
cimetière. C'était un moment important, ressourçant, afin
de ne pas repartir seul avec des tristes pensées. La
convivialité, le fait d'être ensemble, entourée
d'êtres qui nous aiment, peut soulager la tension de l'adieu et apporter
un certain réconfort. Dans l'ensemble, ces rites que l'on retrouvait
dans les sociétés traditionnelles, ne sont plus
intégralement pratiqués de nos jours. Il y a de plus en plus des
deuils non faits qui se sont accumulés au fil du temps. De même,
certains rites consubstantiels à la mort et au deuil courent le risque
de disparaitre. C'est le cas de l'Idego qui de plus en plus est
considéré d'anabaptiste par certaines religions et inutilement
onéreux dans une société où la théorie de la
rationalité (coût-avantage) forge les comportements des individus
et des sociétés.
III.3. FACTEURS DE RUPTURE DE L'IDEGO FACE A LA
MODERNITE
Loin de disparaitre complètement, le rite
funéraire de l'idego connait des variations, de l'usure, des
amputations, bref des ruptures qui, même si elles ne touchent pas
à sa substance mais modifient progressivement ses artifices. Ces
modifications sont liées à certains facteurs comme les
églises chrétiennes, les institutions judiciaires, la musique et
la danse, le mariage et le barza.
3.3.1. LE CHRISTIANISME ET SES EGLISES
Comme une société religieuse fondée par
Jésus Christ, l'église chrétienne se targue d'avoir
reçu la mission évangélique d'amener les hommes à
la vie éternelle, par la recherche de vie, les familles se divisent.
Certaines doctrines et prédications de l'église chrétienne
sont en contradiction flagrante avec les cultures et les cosmogonies des
sociétés exotiques qu'elles jugent de satanistes et
paganistes.
D'après nos observations sur le terrain, nous
constatons, nous avons constaté que la solidarité clanique
diminue et que la cohabitation entre les membres du même clan jadis
cimentée par les pratiques et les croyances magico religieuses, devient
très difficile. Les prophéties comme mode opératoire pour
exorciser les communautés traditionnelles dont les membres seraient des
sorciers jeteurs des mauvais sorts, les méthodes de conversion et de
conviction basée sur les guérisons-miracles impactent
négativement la tradition lega.
3.3.2. LES INSTITUTIONS JUDICIAIRES
Parler des institutions juridiques et judiciaires, revient
à désigner l'ensemble des lois édictées par l'Etat
qui renvoient en seconde zone les traditions, la coutume lega, les us et
coutumes lega dans le groupement Ulimba. Des pratiques coutumières
telles la circoncision, les cérémonies sont presque
attaquées par la loi comme on le dit souvent « toute coutume
contraire à la loi doit être abrogée », alors que
la coutume devrait être parmi les premières sources de la loi
écrite50(*)Dans
cette philosophie le droit positif devrait respecter l'institution car c'est
d'elle qu'elle a eu son essence. L'exemple du conflit entre la coutume et la
loi se trouve dans le code de la famille congolaise. Alors que le mariage est
soumis au consentement de deux familles dans la coutume, la loi congolaise le
fonde sur le consentement des conjoints. Même si les parents n'y ont pas
consenti, les tourtereaux peuvent sur décision du juge, contourner le
refus des parents.
La coutume lega dans le groupement Ulimba est prise en otage
par les institutions juridiques modernes. Tous les biens traditionnels
relevant de la faune et de la flore, du relief et de l'hydrographie tels que
les rivières, les forêts, les espèces animales et
végétales sont soit domanialisés soit
répertoriés dans la catégorie d'espèce en voie de
disparition faisant partie soit du patrimoine national ou mondial
échappant aux populations riveraines à tel point que les ayants
droits ne bénéficient d'aucun avantage. Alors que les autres
groupements des secteurs gardent encore leur valeur traditionnelle.
3.3.3. MUSIQUE ET DANSE
La musique et la danse, dans la tradition lega,sont les arts
expressifs et ludiques qui se pratiquent selon les circonstances heureuses ou
dramatiques.Les instruments musicaux utilisés servaient à la fois
comme des outils artistiques mais aussi parfois comme moyens de
communication.
Le Mokembe qui se jouait lors des circonstances sociales
telles que lors du contrat de mariage, ou des manifestations festives ou
funéraires est aujourd'hui pris de vitesse par les musiques urbaines
comme le rap, le slow, le rock, le reggae, le swing et les
variétés musicales étrangères.La musique et la
danse traditionnelles lega sont remplacées par des cantiques
religieuses, de râpes qui se chantent à des langues très
diverses.Ces différentes langues utilisées concourent au
dépérissement du dialecte lega.
3.4. LE MARIAGE
Le mariage est un fait social qui est universel, quelle que
soit la pluralité des peuples et des cultures, il a toujours
gardé sa nature de la communauté humaine qui le pratique suivant
plusieurs objectifs, entre autres :
ð La solidification des relations
traditionnelles ;
ð Le soutien à la famille,
ð l'entraide mutuelle entre les familles de deux
conjoints,
ð la procréation ;
ð l'intégrité morale et psychologique
Le mariage comme une institution socioculturelle varie d'une
société à l'autre. Dans la communauté des Balega du
groupement Ulimba, plusieurs mimétismes modifient lesétapes
traditionnelles du mariage. Ces mimétismes dénaturent
l'institution traditionnelle du mariage.Mais aujourd'hui confronté
à la multi culturalité des sociétés modernes
porteuses des crises d'adaptation et de mutation diverses, le mariage culturel
chez les Balega est sujet de controverses provoquant plusieurs
conséquences ;
On peut signaler ;
- difficile accès à la demande de la valeur
dotale fixée par la famille de la jeune fille, cela est à la base
d'instabilité dans la vie conjugale, qui précipite le divorce.
- Le manque de respect entre les partenaires à
l'égard de leurs familles ;
- L'infidélité à outrance de deux
partenaires encouragés par les parents qui en tirent profit,
- Les enfants sacrifiés suite aux désaccords des
parents.
Le matérialisme capitaliste a pris le pas sur l'amour,
l'affection et le dénuement sur lesquels étaient bâtis les
mariages traditionnels qui, adossés sur des fondements
immatériels, étaient cachés à l'abri des
convoitises et le consumérisme qu'imposent l'urbanisation et la
modernité.
3.5. LE BARZA
Le barza constituait également chez balega :
ð Le lieu de la transmission de la culture ;
ð Le lieu de protection des orphelins et
vieillards ;
ð Le lieu de prise de repos,
ð Le lieu de rassemblement de famille
Tous les éléments cités ci-haut ont
tendance à disparaitre chez les balega du groupement Ulimba et surtout
que ces peuples s'accommodent à toute influence culturelle
étrangère.
Dans ce troisième chapitre relatif aux facteurs
modernes à problème avec la culture lega, il a d'abord
été question de présenter le processus
méthodologique de collecte et de traitement des données. Il s'est
ensuite agi d'aborder la socio dynamique de l'Idego dans le groupement Ulimba
et enfin, il a été décortiqué les facteurs à
la base des modifications de l'institution Idego.
CONCLUSION GENERALE
Nous voici au terme de notre recherche dont le sujet a
porté sur la « problématique de la culture lega face
à la modernité dans le groupement Ulimba, mythe ou
réalité. Cas de l'Idego de 2015 à 2021 ». Le
sujet est né du perpétuel constat de la confrontation entre la
tradition et la modernité : rupture ou continuité. Eu
égard à ce dualisme apparemment contradictoire, nous nous sommes
posé les questions suivantes, en guise de problématique :
· Quels seraient les apports de la modernité face
aux rites funéraires dont l'Idego dans le groupement Ulimba ?
· Quelles seraient les survivances traditionnelles dans
les rites indemnisatoires de l'Idego dans le groupement de l'Ulimba ?
· Quels seraient les mécanismes conservateurs des
traditions funéraires face à la dynamique sociale
moderne ?
Pour repodre provisoirement à ces questions, en termes
d'hypothèses, nous avons présumé que :
- Loin de disparaitre, l'urbanisation, l'industrialisation et
le métissage culturel auraient imposé la substitution, la
fragilisation, la personnalisation, désymbolisation et la
désocialisation au rite funéraire de l'Idego;
- Au delà du changement de ses outils de payement et de
sa fragilisation, l'Idego aurait gardé sa quiddité dont sa
symbolique, ses parties et son caractère indémnisatoire ;
- Les mécanismes conservateurs de traditions
funéraires seraient le renforcement de trois piliers culturels lega.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons fait
recours à la fois aux méthodes dialectique, historique et
comparative, lesquelles ont été appuyées par les
techniques d'observation, d'interview, documentaire et
statistique.Après nos enquêtes sur terrain, nous sommes aboutis
aux résultats suivants :
· l'Idego a subi des nombreuses substitutions: 20 sujets
sur 60 soit 33,3 % ;
· D'autres ont certifié qu'il a été
fragilisé : 15 sujets sur 60 soit 25% de nos
enquêtés ;
· une autre catégorie d'enquêtés
estime que l'Idego a été privatisé : 10 sujets sur 60
soit 16,7 % de nos enquêtés.
· Une autre frange affirme que ce rite d'indemnisation
funéraire a connu une desocialisation : 7 sujets sur 60 soit 11,7%.
· D'autres enfin, attestent que l'idego a
été desymbolisé : 4 sujets sur 60 soit 6,6% de nos
enquêtés. Eu égard à tous ces résultats,
nous osons affirmer que nos hypothèses ont été
confirmées, toute proportion gardée.
Par rapport aux mécanismes de perpétuation des
traditions positives lega, il nous a été donné de
suggérer ce qui suit :
Q Aux autorités politico-administratives de faire
appliquer et respecter la culture lega aux cérémonies qui mettent
en scène la coutume ;
Q A la jeunesse lega du groupement Ulimba de revivre de
nouveau la culture par sa mise en pratique et d'éviter toutes valeurs
modernes en contradiction avec la culture lega,
Nous n'avons pas la prétention d'avoir
épuisé toutes connaissances sur la culture lega. C'est pourquoi,
nous exhortons d'autres chercheurs de nous compléter en orientant cette
recherche sur d'autres pistes de recherche scientifique.
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
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le monde actuel, Gallimard, Paris, 1985, p. 21
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ANONYME, petit la rousse illustré, ed Larousse, paris
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Célestin Kaffo, ChapgangNoubactep, Judith Cynthia
AkambaBekono et Hervé Tchekote, « Les
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l'Ouest-Cameroun », Géographie et cultures, 110/1, 13-32
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GEORGES DEFOUR, Méthodes de recherche en sciences
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Jacques Barrou et Roger Navarro, Rites funéraires et
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cours inédits, G2 DECO, UML/Kalima, 2014-2015
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Archéologie et systèmes d'information
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Luce Des Aulniers, « Rites d'aujourd'hui et de
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M. L Bourgeois, Le deuil, clinique et pathologie, Paris, PUF,
1996 ;
MAMPETA WABASA, Etude des cultures et
sociétés Africaines cours inédit G2 HSS, ISP-Kalima
2017-2018
M-C Ngo NyembWisman, les rites funéraires dans la tribu
Bassa au Cameroun: entre tradition et modernité, Université
Catholique de Louvain La Neuve, Faculté des sciences économiques
et politiques, unité de sciences politiques et sociales (sd)
NGA NDONGO V., l'opinion camerounaise, Tome I,
Problématique de l'opinion en Afrique noire, Thèse de doctorat
d'Etat en sociologie, Université de Paris X-Nanterre, 1999.
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de Franche-Comté, Québec, 2006 ;
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philosophie, paris, éd, sociale, 1975.
Rapport annuel du groupement Ulimba 2016, 2017 ;
SALUMU KALOKWA, Droit coutumier, cours
inédit en G3 HSS, ISP-Kalima, 2021
Squire Patton Boggs, Afrique : Résolution
traditionnelle des conflits au Mali, Droit international et
comparé-droit communautaire, Juin 2008, p. 20
SumailiDunia, la mort et le deuil chez les bavira,
TABEZI PENEMAGU, Méthodologies en sciences sociales, cours
inédit, ISP/Kalima, 2003.
Véronique MatemngoTonle, Gestion des conflits dans le
deuil au prisme des négociations, transactions sociales et
compromis : le cas du deuil d'un roturier chez les Bamileké de
l'Ouest du Cameroun, Thèse doctorale, Sociologie et Ethnologie,
Université de Strasbourg, 2017.
VARHAEGEN B, sources et méthodes de
l'histoire immédiate, cahier d'actualité, juillet 195.
ANNEXES
1. LISTE DES PERSONNES ENQUETES
N°
|
NOM ET POST-NOM
|
SEXE
|
EMPLOI
|
OBSERVATION
|
1
|
KikuniSumaili
|
M
|
Cultivateur
|
|
2
|
SalumuKalokwa
|
M
|
Historien
|
|
3
|
KisambalaKakusenywa
|
M
|
cultivateur
|
|
4
|
Thomas Muloba
|
M
|
Cultivateur
|
|
5
|
KitanguIbonga
|
M
|
sculpteur
|
|
6
|
Mampetawabasa
|
M
|
Sociologue(Professeur)
|
|
7
|
Kakutya Jacques
|
M
|
Cultivateur
|
|
8
|
Kisanga Joseph
|
M
|
Cultivateur
|
|
9
|
Munyangi Jérôme
|
M
|
Cultivateur
|
|
10
|
KisombaMulonga
|
M
|
Cultivateur
|
|
11
|
Kalobya Donatien
|
M
|
Cultivateur
|
|
12
|
Masangu Joseph
|
M
|
Cultivateur
|
|
13
|
NguwaConstatin
|
M
|
Cultivateur
|
|
14
|
Shindano Justin
|
M
|
Cultivateur
|
|
15
|
Fataki Justin
|
M
|
Cultivateur
|
|
16
|
Mukengwa Pascal
|
M
|
Cultivateur
|
|
17
|
Kilomba Jacques
|
M
|
Cultivateur
|
|
18
|
Kataleka Gilbert
|
M
|
Cultivateur
|
|
19
|
Mambo Jean
|
M
|
Cultivateur
|
|
20
|
Kikomba Charles
|
M
|
Cultivateur
|
|
21
|
Yaye Justin
|
M
|
Cultivateur
|
|
22
|
Lukusa Manda
|
M
|
Cultivateur
|
|
23
|
Mulala Jérôme
|
M
|
Cultivateur
|
|
24
|
Kindingili Jean
|
M
|
Cultivateur
|
|
25
|
Kasangania Marc
|
M
|
Cultivateur
|
|
26
|
Lusolo Jean
|
M
|
Cultivateur
|
|
27
|
Moise Kilali
|
M
|
Cultivateur
|
|
28
|
Musimbi Dieu
|
M
|
Cultivateur
|
|
29
|
Kalumba Jean
|
M
|
Cultivateur
|
|
30
|
Masandi Jean
|
M
|
Cultivateur
|
|
31
|
Ngoma Christophe
|
M
|
Cultivateur
|
|
32
|
Salumu Norbert
|
M
|
Cultivateur
|
|
33
|
Mandombela Jules
|
M
|
Cultivateur
|
|
34
|
Kulwakusangila Roger
|
M
|
Cultivateur
|
|
35
|
Mobenga Jean
|
M
|
Cultivateur
|
|
36
|
Lutongo Jean
|
M
|
Cultivateur
|
|
37
|
Wakengela Moise
|
M
|
Cultivateur
|
|
38
|
Wamora Damas
|
M
|
Cultivateur
|
|
39
|
Kilegalega Evariste
|
M
|
Avocat
|
|
40
|
FatumaByanumba
|
F
|
Commerçante
|
|
41
|
Salubezya Marie
|
F
|
Femme de ménage
|
|
43
|
Nyota Lubango
|
F
|
Paysanne
|
|
44
|
Mapenzilohata Esther
|
F
|
Infirmière
|
|
45
|
BilemboNyabigano
|
F
|
Enseignante
|
|
46
|
AnyasiFeza
|
F
|
Paysanne
|
|
47
|
Kakutya Bernard
|
M
|
Orpailleur
|
|
48
|
Kalema
|
M
|
Chef coutumier
|
|
49
|
Masumbuko Benoit
|
M
|
Cultivateur
|
|
50
|
Kilolo Doudou
|
M
|
Cultivateur
|
|
51
|
Maloani Jean
|
M
|
Cultivateur
|
|
52
|
Mamboleo Kita
|
M
|
Creuseur artisanal
|
|
53
|
KikuniDalas
|
M
|
Cultivateur
|
|
54
|
Wangabo Yuma
|
M
|
Négociant
|
|
55
|
Masumbuko Benoit
|
M
|
Cultivateur
|
|
56
|
MauwaKatimba
|
F
|
Commerçante
|
|
57
|
MwayumaBilembo
|
F
|
Institutrice
|
|
58
|
Yohalisiti
|
F
|
Couturière
|
|
59
|
Wabigwajosée
|
F
|
Commerçante
|
|
60
|
Samaju joseph
|
M
|
Chasseur
|
|
|
|
|
|
|
2. Carte administrative du groupement Ulimba
* 1 Martin HEIDEGGERS,
Etre et temps, Paris, Gallimard, 1964, pp. 459-160
* 2 Le peuple Lega, in
fr.wikipedia.org
* 3Le Bwali ou Bwale est
l'initiation chez les Balega pour lesquels la circoncision de la chair n'avait
aucune valeur juridique. Il crée encore une hiérarchie sociale
exclusive entre le Mukuli(Maitre d'initiation chez Kimbilikiti, le
Mutende(l'initié), le Mugunda(profane) et le Musuli(incirconcis ou non
initié)
* 4 Charles Bilembo,
Praeterrerumordinem. Regard sur ma vie, Editions du Pangolin, Kinshasa, 2013,
p. 14
* 5 Dans son roman
« entre les eaux », Yves Valentin Mudimbe démontre
l'ambigüité de l'Africain. Un prêtre (Abbé Nlandu),
un intellectuel occidentalisé découvre l'ambigüité
de sa situation. Si par fidélité au message
évangélique, il renie l'église, son adhésion aux
thèses marxiste-léninistes n'est encore qu'une fuite, un
tourment et un terrible échec.
* 6 BOULANGER et BALLEGUIER,
cités par A. MULUMBATI NGASHA, Manuel de sociologie
générale, Lubumbashi, Edition Africa, 1980, pp. 20-21.
* 7 Célestin Kaffo,
ChapgangNoubactep, Judith Cynthia AkambaBekono et Hervé Tchekote,
« Les cérémonies funéraires à
l'Ouest-Cameroun », Géographie et cultures, 110/1, 13-32
* 8 Jacques Barrou et Roger
Navarro, Rites funéraires et figures de la mort en Afrique et en
Occident, in « Ethnologie française », 2007/HS
(vol. 37), pp. 83-87 ;
* 9 Jean Cuisenier,
Mémoire des Carpates. La Roumanie millénaire, un regard
intérieur, Plon, Terre humaine, 2000, p.48
* 10 Luc Bussieres, Rites
funèbres et sciences humaines : synthèse et
hypothèses, Nouvelles perspectives en sciences sociales, vol.3,
n°3, 2007, pp 161- 139
* 11Louis-Vincent Thomas, Les
chairs de la mort, Paris, Institut d'édition Sanofi-Synthélabo,
2000, p. 161 ;
* 12Louis-Vincent Thomas, La
Mort, Paris, PUF, 2003, pp 102-106 ; Rites de mort. Pour la paix des
vivants
* 13Luce Des Aulniers,
« Rites d'aujourd'hui et de toujours », Frontières,
Variations sur le rite, vol.10, n°2, hiver 1998, pp. 3-6 ;
* 14 Kouassi Kouakou, la mort
en Afrique. Entre tradition et modernité, dans Etudes sur la mort,
2005/2, (n° 120), pp. 145-149
* 15 T. RONGERE cite par TABEZI
PENEMAGU, Méthodologies en sciences sociales, cours inédit,
ISP/Kalima, 2003.
* 16 PINTO et GRAWITZ,
Méthodes de recherche en sciences sociales, Dalloz, 4eme Edition, Paris,
1971, p.10.
* 17 PINTO et GRAWITZ,
op.cit.
*
18POLITZER ;Principes élémentaires de
philosophie, paris, éd, sociale, 1975 p.156.
* 19 J. MASUDI, Méthodes
de recherche en sciences sociales, cours inédits, G2 DECO, UML/Kalima,
2014-2015
* 20 NGA NDONGO V., l'opinion
camerounaise, Tome I, Problématique de l'opinion en Afrique noire,
Thèse de doctorat d'Etat en sociologie, Université de Paris
X-Nanterre, 1999.
* 21Quivy et Campenhoudt,
Manuel de recherche en sciences sociales, Dalloz, Paris, 1988, p. 85
* 22VARHAEGEN
B, sources et méthodes de l'histoire immédiate, cahier
d'actualité, juillet 195, pp 30-31
* 23 GEORGES DEFOUR,
Méthodes de recherche en sciences sociales BANA BUKAVU, 1994. P.34
* 24MAMPETA
WABASA, Etude des cultures et sociétés Africaines cours
inédit G2 HSS, ISP-Kalima 2017-2018
* 25 Idem
* 26KITANGU IBONGA
JEAN BATISTE Alias Acheké, informateur interrogé
à Kalima
* 27 ANONYME, petit la
rousse illustré, edlarousse, paris 2009 P, 666
* 28Antoine Compagnon, Les cinq
paradoxes de la modernité, Paris, Edition du Seuil, 1990
* 29 Rapport annuel du
groupement Ulimba 2016, 2017 p3
* 30 Jean-OMASOMBO TSHOMBA
etalii, Maniema, espace et vie. Éd. le cri Tervuren 2011 p 59
* 31 NDAYWELL, la
rébellion de 1964 au Congo, Dalloz, Paris, 1967
* 32Junior KyangulukaLumpempe,
les rites d'investitures d'un chef coutumier comme espace communicationnel
chez les lega du territoire de Shabunda en RDC, TFC, UPN, 2011-2012.
* 33SALUMU KALOKWA,
Droit coutumier, cours inédit en G3 HSS, ISP-Kalima, 2021
* 34KIKUNI
SUMAILI, Informateur Interrogé à Kakutya le
10/07/2021
* 35KISAMBALA,
Informateur interrogé à Kakutya chefferie le
15/07/2021.
* 36 P. Millet,
« Le deuil », Université de
Franche-Comté, Québec, 2006, p.14
* 37 M-C Ngo NyembWisman,
les rites funéraires dans la tribu Bassa au Cameroun: entre tradition
et modernité, Université Catholique de Louvain La Neuve,
Faculté des sciences économiques et politiques, unité de
sciences politiques et sociales (sd)
* 38 M. Hanus et M-F Bacque,
cités par Millet, Ed Laroche, Paris, 1998
* 39Albert de Surgy(1989)
cité par C-A Angoué, « le retrait de deuil :
déconstruction du système de don et contre-don dans les
patrilignages du Nord et Nord-est du Gabon, in Annales de l'Université
Omar Bongo, n°11, 2005, p. 266
* 40 M. L Bourgeois, Le
deuil, clinique et pathologie, Paris, PUF, 1996 ;
* 41 L-V. Thomas, Rites
de mort, Paris, Fayard, 1985, p.71
* 42L-V. Thomas, La mort
africaine, Paris, Payot, 1982, p. 248
* 43Véronique
MatemngoTonle, Gestion des conflits dans le deuil au prisme des
négociations, transactions sociales et compromis : le cas du deuil
d'un roturier chez les Bamileké de l'Ouest du Cameroun,
Thèse doctorale, Sociologie et Ethnologie, Université de
Strasbourg, 2017.
* 44SumailiDunia, la mort et
le deuil chez les bavira, in Etudes africaines, n° 212, 2015, p.
24
* 45 Squire Patton Boggs,
Afrique : Résolution traditionnelle des conflits au Mali, Droit
international et comparé-droit communautaire, Juin 2008, p. 20
* 46THOMAS
MULOBA, informateur intérrogé à Kakutya chefferie
le 15/07/2021.
* 47 Alain DUHAMEL,
le complexe d'Astérix, le monde actuel,
Gallimard, Paris, 1985, p. 21
* 48 Katerina
Chryssanthaki-Nagle, l'obole de Charon. Les données
archéologiques de la Grèce du Nord, Archéologie et
systèmes d'information
* 49 Selon Aristophane(Les
guêpes : 608-609 : l'assemblée des femmes :
817-819), la pratique de placer de la menue monnaie dans la bouche pour la
transporter était également utilisée par les Grecs de leur
vivant.
* 50KALOKWA A,
droit civil des biens et des personnes, cours inédit en G2 HSS,
ISP-Kalima, 2019-2020
|
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