Mastère professionnel Ingénierie de la Finance
Immobilière
![](Le-developpement-de-la-finance-verte1.png)
Le développement de la finance verte
Enseignant correcteur : Gaelle Audrain-Demey
1 Source :
https://fr.media.amundi.com/media/cache/amundi
content cover grid fs/5fca675762380c091b5c737d
Le développement de la finance verte
Je soussigné DRY Antoine certifie avoir
rédigé personnellement ce mémoire sans reproduction in
extenso du texte d'un auteur ou d'un texte publié dans une revue ou
disponible sur Internet.
|
Remerciements
Dans le cadre de ma formation de mastère professionnel
« Ingénierie de la Finance Immobilière » je tiens
à remercier l'ensemble de l'équipe pédagogique ainsi que
les intervenants et professeurs de l'ESPI pour leur accompagnement et leur
transmission de savoir.
Je tiens aussi à remercier ma tutrice, madame
Gaëlle Audrain-Demey qui a su être disponible et à
l'écoute lors de l'élaboration de ce mémoire.
Je remercie également l'ensemble de l'équipe du
plateau dette immobilière d'Amundi Asset Management, à savoir
monsieur Bertrand Carrez, madame Anne-Sophie Chaffard et monsieur Elie Sarkis.
Un grand merci pour leur accueil, leur bienveillance et leur professionnalisme
dans la transmission de leur savoir.
Enfin, d'un point de vue personnel, je remercie l'ensemble de
mes proches, famille et amis qui m'ont soutenu pendant ces deux
dernières années d'études.
J'espère que mon mémoire sera à la hauteur
de leurs attentes.
Synthèse
Face aux enjeux environnementaux actuels tel que le
réchauffement climatique, la pollution ou encore la préservation
des océans, la finance doit se mobiliser et participer à l'effort
collectif demandé par l'ensemble des instances gouvernementales
internationales.
L'objectif de cette étude est d'analyser les moyens
indirects et directs mis en place par la finance pour faire face aux enjeux
environnementaux actuels. Ainsi, ce mémoire se propose d'étudier
les manières dont la finance contribue à la protection de
l'environnement.
Pour répondre à cette problématique, nous
avons dans un premier temps ciblé les moyens indirects que sont les lois
et/ou les institutions obligeant la finance à s'engager vers le
développement durable et la finance durable. Dans un second temps, nous
avons développé et analysé les moyens directs à
savoir les produits financiers permettant de participer à la
préservation de l'environnement ainsi que des initiatives
financières en faveur de l'environnement propres à chaque
établissement financier et au système financier au sens large.
Après l'analyse des moyens indirects et directs, nous
avons pu constater que la finance participait activement à la protection
de l'environnement. D'une part, un cadre légal et gouvernemental force
la finance à revoir ses stratégies d'investissements ; d'autres
part, les établissements financiers ont conscience qu'ils doivent
participer à la protection de l'environnement, ce qui les engage
stratégiquement à créer des produits financiers permettant
la valorisation du développement durable via la finance durable. Ils
doivent également s'engager pour la cause environnementale en
participant à des coalitions financières qui participent à
la protection de l'environnement.
Mots clés
Finance durable - Développement durable - Enjeux
environnementaux - Finance verte - Taxonomie - Labels ISR - Éthique -
Finance - Climat - Transition énergétique - Investissement
responsable - Banque - Protection - Environnement - Règlement Disclosure
- Obligations vertes - Green bonds - Produits structurés - Principes de
Poséidon - Banques Centrales.
Sommaire
Introduction 1
I. Les contributions indirectes de la finance : l'encadrement des
établissements et des produits
financiers vis-à-vis de l'environnement 4
A. Les principes pour l'investissement responsable (PRI) 4
B. The Network for Greening the Financial System (NGFS)
9
C. L'article 173 et les critères ESG (environnementaux,
sociétaux et de gouvernance) 14
D. Les labels français « green » (label ISR et
label GREEFIN) et le renforcement de leurs critères
d'attributions (réglementation Disclosure et taxonomie)
19
1. Le label ISR 19
2. Le label GREEFIN 21
3. Le règlement Disclosure 25
4. La taxonomie des activités durables 25
II. Les contributions de la finance dans la protection de
l'environnement 27
A. Les produits « green », fonctionnement et impact
(obligations vertes et produits structurés
verts) 27
1. Les green bonds ou obligations vertes 27
2. Les produits structurés verts 31
B. La stratégie ESG en dette immobilière 34
C. Les stress tests climatiques 37
D. Les principes de Poséidon, le financement responsable
des navires marchands. 41
Conclusion 44
Bibliographie 46
Annexes 53
1
Introduction
« Si nous ne traitons pas ces questions
(climatiques), nous serons confrontés à un avenir sombre. Dans 50
ans, nous serons toastés, rôtis2. »
« Trop souvent, le secteur financier s'est
écarté de son noble objectif initial. Et trop souvent, il a
travaillé dur pour, d'abord, se servir, ensuite, servir les gens et
l'économie en général3. »
Ces deux déclarations ont été
prononcées par Christine Lagarde, actuelle Présidente de la
centrale européenne.
La première citation est tirée de son discours
sur le réchauffement climatique lors de la conférence «
Future Investment Initiative » qui s'est tenue à Riyad
(Arabie Saoudite) le 24 octobre 2017. Dans son intervention, elle interpellait
l'ensemble des acteurs (chefs d'États, entreprises et
établissements financiers) pour les encourager à prendre leurs
responsabilités vis-à-vis du réchauffement climatique et
des enjeux environnementaux actuels.
La seconde citation est tirée de son discours à
la City de Londres (centre londonien de la finance). Elle y pointait du doigt
les dérives du système financier et appelait les acteurs à
prendre leurs responsabilités tant sur le plan environnemental que sur
le plan éthique et financier.
Le réchauffement climatique, la protection de
l'environnement, le développement durable sont des sujets et enjeux au
coeur de l'actualité politique mondiale. Nous sommes de plus en plus
nombreux à prendre conscience des efforts considérables qu'il
nous faudra faire afin de protéger et sauvegarder notre
planète.
En décembre 2015, 21 pays se sont réunis
à Paris lors de la COP21 afin de trouver un accord sur les actions et
investissements à faire pour endiguer le réchauffement climatique
et protéger davantage l'environnement. Les 21 pays présents sont
parvenus à un accord : la température mondiale ne doit pas
augmenter de plus de 1,5 degrés par rapport aux niveaux
préindustriels. Ils ont tendu la main à l'ensemble des pays du
globe afin de faire face ensemble au réchauffement climatique. En avril
2016, 55 pays ont ratifié les Accords de Paris au siège de l'ONU.
L'ensemble de ces pays ont conscience qu'ils vont devoir déployer des
moyens financiers important pour faire face aux enjeux environnementaux ce qui
impliquera indirectement une aide du système financier.
Depuis la crise financière de 20084, l'image
du système financier n'a cessé d'être ternie par de
nombreux scandales tels que les subprimes5, le financement
de la déforestation, le financement de puits de pétrole en
Afrique ou encore l'appui financier important à certaines entreprises
participant massivement au réchauffement climatique. Force est de
constater que le système financier n'est
2 Christine Lagarde,
Présidente de la banque Centrale Européenne - discours du 24
octobre 2017 à Riyad.
3 Christine Lagarde,
Présidente de la banque Centrale Européenne - discours du
1er mars 2019 à Londres.
4 Crise financière de 2008
(crise des subprimes), qui a commencé aux USA et qui a
touché le secteur des prêts hypothécaires. Les banques ont
titrisé leurs dettes immobilières et ont vendu les titres au
reste du secteur financier international ce qui a entrainé un effet
dominos lors de la défaillance des banques américaines.
5 Subprimes : désigne
aux USA, un emprunt risqué pour la banque émettrice du dit
emprunt.
pas en ligne avec les politiques internationales qui
prônent un investissement massif dans le développement durable et
la protection de l'environnement. Dans un monde qui tend à devenir plus
respectueux de l'environnement, la sphère financière doit prendre
ses responsabilités et orienter ses politiques vers l'investissement
durable. Pourtant, la sphère financière est probablement la
première à avoir été interpellée pour faire
face aux enjeux environnementaux. En effet, en 2006 les Nations Unies se sont
tournées vers elle afin que les établissements intègrent
des problématiques environnementales dans leurs portefeuilles de
placements.
Au-delà des acteurs internationaux, les populations
accordent de plus en plus d'importance aux enjeux environnementaux tant dans
leur mode de consommation de produits du quotidien que dans la gestion de leur
compte bancaire. Aujourd'hui, un nombre croissant d'investisseurs souhaite
connaître l'impact environnemental de leurs placements et leur
utilité sur le marché de l'économie durable. A qui
donne-t-on mon argent ? Quelle entreprise se trouve derrière ce
placement ? Vais-je participer à la création de valeur pour le
développement durable ? Mon placement est-il éthique et
responsable ? Ma banque respecte-t-elle l'environnement ? C'est ce que l'on
appelle l'investissement responsable.
L'investissement responsable n'a pas de définition
propre. C'est plutôt un concept qui repose sur le fait qu'un investisseur
souhaite savoir si l'entreprise qu'il va financer ou à qui il va
prêter de l'argent via son investissement est responsable et
intègre les principes du développement durable. L'entreprise est
donc jugée sur sa performance financière mais également
sur son engagement face aux enjeux de développement durable actuels. Par
ailleurs, l'investisseur est regardant sur la composition du comité de
direction de l'entreprise et peut, par sa voix, influencer la gouvernance de
l'entreprise. Il est donc en lien direct avec le développement durable
qui, quant à lui, est définit comme « le
développement répondant aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs6 ». Autrement dit, nous devons
utiliser les ressources naturelles actuelles, utiles à notre survie,
sans en abuser, afin de ne pas compromettre l'avenir des
générations futures.
Les enjeux environnementaux actuels ne sont pas que
politiques, ils sont aussi financiers. Nous ne pourrons pas faire face à
ce problème sans déployer des moyens financiers importants et
sans que le monde de la finance ne participe à l'effort collectif. La
finance a toujours été au coeur de nombreux scandales comme
évoqué précédemment, mais on oublie trop souvent
qu'elle a aussi porté secours aux États et entreprises en
difficulté. Aujourd'hui, force est de constater que la finance doit
changer sa stratégie d'investissement et participer à la
protection de l'environnement. Le développement durable et les enjeux
environnementaux actuels sont des orientations majeures pour ce secteur
à travers la finance durable et le développement de la finance
verte. Afin d'éviter de nouvelles dérives similaires à la
crise des subprimes, un encadrement doit être imposé afin
de respecter le côté éthique et responsable du
développement durable. Mais de quelle manière la finance
contribue-t-elle à la protection de l'environnement ?
2
6 Rapport de la Commission mondiale sur
l'environnement et le développement - 1987
3
À travers ce mémoire, nous étudierons
dans une première partie les contributions indirectes de la finance
à travers ses obligations légales, l'encadrement des nouveaux
produits financiers sur le plan juridique ainsi que les institutions mises en
place pour encadrer la finance durable. Une fois le cadre légal et
juridique développé, nous étudierons dans une seconde
partie les contributions directes à la protection de l'environnement
à travers les produits et mécanismes financiers permettant de
venir en aide à l'environnement. Nous analyserons les politiques des
établissements financiers en matière de développement
durable vis-à-vis des entreprises souhaitant faire appel à leurs
services, notamment en financement immobilier puis, nous étudierons la
notion de « stress climatique » qui permet de tester la
résilience du secteur financier aux risques climatiques. Enfin, nous
étudierons la façon dont les banques agissent en coalition sur la
protection des océans à travers le financement responsable des
navires de transport.
4
I. Les contributions indirectes de la finance : l'encadrement
des établissements et des produits financiers vis-à-vis de
l'environnement
Dans cette première partie, nous allons nous
intéresser aux institutions et aux lois qui encadrent les produits et
les établissements financiers vis-à-vis de l'environnement. Nous
verrons qu'il existe, depuis plusieurs années, des institutions
très hiérarchisées afin d'encadrer les banques et que
certaines lois obligent les établissements financiers à se
tourner vers le développement durable.
A. Les principes pour l'investissement responsable (PRI)
Les principes pour l'investissement responsable (PRI) ont
été mis en place par l'Organisation des Nations unies7
(ONU) en 2006 à Wall Street8, sous la direction de son
secrétaire général de l'époque, Kofi
Annan9. Kofi Annan était un précurseur tant sur le
plan économique qu'environnemental. Afin d'instituer les PRI, il a
créé un groupe de réflexion réunissant 20
investisseurs de douze pays différents entourés par 70 experts
venant de différentes branches de l'investissement. Il s'est
également entouré de personnes venant du civil et d'autres
d'organisations gouvernementales de pays différents. Son objectif
était d'asseoir le monde politique et la sphère financière
à la même table pour aborder les questions environnementales. Nous
pouvons affirmer que les PRI sont les premiers textes ou accords mis en place
par une institution pour « verdir » le système bancaire
actuel. En effet, le Grenelle de l'environnement ne s'est tenu qu'en
décembre 2007 et les accords de Paris sur le climat ont
été signés en avril 2016. Il est intéressant de
remarquer que les PRI ont été pensés avant la crise des
subprimes10 de 2008. Ce n'est donc pas une prise de
conscience post crise financière mais plutôt une anticipation de
ce qui allait se produire et les changements que cela allait impliquer pour la
sphère financière. On peut dire que l'ONU est une institution
très avant-gardiste, probablement dû à son rôle et
à sa large vision du monde.
Les PRI sont une charte que certains investisseurs
institutionnels signent et s'engagent à respecter. Cet engagement est
volontaire, il n'existe ni contraintes, ni obligation à y
adhérer. Cette charte est composée de six grands principes
appelés « piliers » en référence aux piliers de
Bâle11 créés en 1988. Les principes ont
été développés par les investisseurs
institutionnels pour leurs bénéficiaires. L'objectif est
d'incorporer les notions économiques, sociales et de gouvernance
7 ONU : organisation regroupant 193 États.
Le but de l'ONU est le maintien de la paix et la sécurité
internationale. Elle promeut la protection des droits de l'Homme, l'aide
humanitaire, le développement durable et la garantie du droit
international. Elle peut appliquer des sanctions internationales et dispose de
forces militaires (les casques bleues).
8 Wall Street est le nom le plus utilisé
pour désigner la bourse de New-York. En réalité, la bourse
de New-York se nomme le New-York Stock Exchange (NYSE).
9 Kofi Annan est le 7ème
secrétaire général des Nations Unies. Il a occupé
cette fonction de 1997 à 2006. Il a reçu le prix Nobel de la paix
en 2001.
10 Crise des subprimes : crise financière de
2008 qui a commencé aux USA et qui a touché le secteur des
prêts hypothécaires. Les banques ont titrisé leurs dettes
immobilières et ont vendu les titres au reste du secteur financier
international ce qui a entrainé un effet dominos lors de la
défaillance des banques américaines.
11 Piliers de Bâle : Ensembles de
règlementations imposées aux banques européennes et
internationales.
5
(ESG) dans la gestion des portefeuilles d'actifs financiers,
mais également dans l'ensemble des branches de la finance (risque
crédit et solvabilité, dette privée, dette souveraine,
capital investissement, fonds spéculatifs, immobilier, infrastructures,
terres agricoles, forêts, etc.). En signant les PRI, les investisseurs
s'engagent à promouvoir l'investissement responsable afin
d'améliorer les rendements de leurs produits financiers. Nous insistons
sur le fait que cette démarche a bien été initiée
par l'ONU et non par les investisseurs institutionnels. Nous avons
constaté que sur certains de leurs sites, ces institutionnels se vantent
des mérites du lancement des PRI or ce sont bien les Nations Unies qui
ont appelés ces mêmes investisseurs à signer les principes.
Cependant, nous sommes d'accord sur le fait que ce sont les investisseurs
institutionnels qui participent aux PRI et les alimentent. Ils encouragent
également les autres investisseurs à les signer et à y
adhérer.
« En tant qu'investisseurs institutionnels, nous
avons le devoir d'agir dans le meilleur intérêt à long
terme de nos bénéficiaires. Dans ce rôle fiduciaire, nous
pensons que les questions environnementales, sociales et de gouvernance
d'entreprise (ESG) peuvent affecter la performance des portefeuilles
d'investissement12. »
Les six grands principes sont les suivants :
- Principe 1 : Intégrer les questions ESG dans
l'analyse des investissements et les processus de décision.
- Principe 2 : Intégrer les questions ESG dans la
politique et la pratique de l'actionnariat.
- Principe 3 : Demander aux entreprises dans lesquelles ils
investissent de publier régulièrement des rapports sur leur
pratiques ESG.
- Principe 4 : Promouvoir la mise en oeuvre des PRI dans le
secteur de l'investissement et en favoriser son acceptation.
- Principe 5 : Travailler ensemble et d'un commun accord pour
améliorer l'efficacité de la mise en place des PRI.
- Principe 6 : Rendre compte des activités et des
progrès réalisés dans la mise en oeuvre des PRI.
Les PRI sont dirigés par un conseil d'administration Le
Président est élu par les membres de l'ONU en charges de la
gestion des PRI. Le Président est une personne indépendante qui
évolue de près ou de loin dans la sphère
financière. Il ne travaille pas pour un groupe financier en particulier
mais peut intervenir au sein du conseil d'administration comme conseil
extérieur. Il maitrise donc toutes les problématiques
économiques et financières. Le dernier Président en date
est Martin Skancke. Il est membre de la Task Force on Climate-related
Financial Disclosures (TCFD13) et président d'une
commission gouvernementale norvégienne qui identifie les risques
liés au climat. Il est, et a été membre de plusieurs
conseils d'administration d'institutions financières. À ses
côtés, évoluent sept personnes élues par les
investisseurs signataires des PRI et trois autres élues par les
non-investisseurs. Enfin, l'ONU place deux personnes au sein du comité
de direction. Ainsi, nous retrouvons au sein du comité de direction
12 Engagement des signataires de la
charte des PRI « Signatories'commitment », traduit de l'anglais.
13 Le TCFD est un groupe de
travail qui émet et développe des recommandations dans la gestion
des investissements vis-à-vis du climat.
l'idée première de Kofi Annan qui était
de créer un groupe hétérogène où sont
équitablement représentées des personnes issues de la
finance, du civil et d'administrations gouvernementales.
Depuis sa création en 2006, la liste des signataires
s'est allongée de manière significative.
![](Le-developpement-de-la-finance-verte3.png)
14
Graphique 1: Graphique de la croissance des PRI entre 2006 et
2020
En quatorze années, le nombre de signataires est
passé de 100 à 3500. Cet engouement pour l'investissement
responsable peut s'expliquer de plusieurs manières, mais de notre point
de vue, trois causes se distinguent. La première est sans nul doute
liée à la mise en place de lois permettant de répondre aux
questions environnementales et imposant un certain nombre d'obligations aux
entreprises. Nous pouvons constater que depuis 2015 la courbe n'a cessé
de croître. Or, les accords de Paris sur le climat ont été
signés cette même année. Nous supposons donc que
l'entrée en vigueur des accords de Paris a eu un effet sur les
investisseurs institutionnels et les a conduits à signer les PRI. La
seconde cause qui nous semble importante est liée aux changements de
mentalité des investisseurs, clients des institutions
financières. En effet, si celle-ci n'ont pas souhaité prendre
directement les choses en mains, leurs clients investisseurs ont quant à
eux changé de mentalité devant l'urgence climatique. Ils
souhaitent des produits plus verts, plus durables et plus respectueux de la
planète. Ce qui nous amène à notre troisième cause,
la prise de conscience des institutions financières. En effet, devant le
changement de comportement de leurs clients, les institutions
financières n'ont d'autres choix que de reconnaître et prendre en
considération les questions ESG.
6
14 Source :
https://www.unpri.org/pri/about-the-pri
7
« AXA est un investisseur mondial à long terme
à qui il incombe d'agir dans l'intérêt de ses parties
prenantes, ce qui implique de comprendre les risques et les opportunités
liés aux questions ESG pour nos portefeuilles. Nous estimons que ces
facteurs peuvent nuire aux portefeuilles d'investissement dans la durée,
et donc influencer les risques et les rendements. Seul un engagement collectif
peut aboutir à de vrais changements. Voilà pourquoi nous sommes
fiers de signer les Principes pour l'investissement responsable
parrainés par l'ONU15. » Henri de Castries, PDG
d'AXA.
Les PRI constituent également un réseau
international qui permet à l'ensemble de leurs signataires de
répondre aux problématiques ESG via des interconnexions. En
effet, les signataires sont tous en relations avec une antenne locale des PRI
afin de travailler sur leurs problématiques. Ces antennes permettent
également de réaliser des actions communes entre signataires afin
de respecter les enjeux réglementaires propres à leurs pays
d'implantation.
![](Le-developpement-de-la-finance-verte4.png)
16
Carte 1: Carte des antennes PRI dans le monde tiré de
la brochure française 2019 des PRI.
Ce réseau permet aux investisseurs institutionnels de
collaborer avec les PRI afin d'intégrer les critères ESG à
leurs produits. Les antennes des PRI réalisent ce qui pourrait
s'apparenter à un audit interne ciblé sur le développement
durable et la prise en compte des critères ESG dans la gestion, la mise
en place des produits et le traitement des données. Outre la
création d'antennes permettant l'entraide, les PRI mettent à
disposition des signataires une plateforme collaborative en ligne sous forme de
forum. Cette plateforme permet la
15 Citation du PDG d'AXA, Henri de Castries
tirée de la brochure française des Principes pour
l'investissement responsable.
16 Source :
https://www.unpri.org/pri/about-the-pri
mutualisation des informations et le renforcement des enjeux
ESG. C'est également un lieu d'échange pour les investisseurs qui
souhaitent s'engager dans la recherche en faveur de l'environnement et de la
finance. La plateforme permet aussi aux entreprises-investisseurs de proposer
des axes de recherches et d'améliorations.
Par ailleurs, les PRI organisent une fois par an les «
PRI in Person », qui se veulent être la conférence
mondiale sur l'investissement responsable. En 2019, cette conférence a
été organisée à Paris et a réuni plus de 50
pays, 838 organisations et 190 intervenants. Elle a été suivie
par plus de 6,4 millions de personnes et a réuni 1800 participants
répartis de la façon suivante :
Graphique 2: Répartition des participants à
la conférence « PRI in Person » 2019.
L'objectif principal de cette conférence est de
sensibiliser le monde entier à l'investissement responsable. C'est
également l'occasion d'échanger sur les nouvelles pratiques et de
débattre de l'avenir de l'investissement responsable.
Dans cette première sous-partie, nous avons pu
constater que, sous la direction de l'ONU, les acteurs de la sphère
financière s'organisaient pour promouvoir des produits et pratiques plus
vertes à l'échelle mondiale. À plus petite échelle,
il existe aussi une autre organisation encadrée par les banques
centrales qui agit pour le « verdissement » du système
bancaire. Il s'agit du réseau « Network for Greening the
Financial System » (NGFS).
8
17 Source :
https://www.unpri.org/pri/about-the-pri
9
B. The Network for Greening the Financial System
(NGFS)
Le réseau NGFS a été créé
à Paris lors du sommet international « One Planet Summit
». Le « One Planet Summit » avait pour objectif de
faire intervenir la finance en faveur de la lutte contre le
réchauffement climatique. La création de ce sommet a
été annoncée par Emmanuel Macron lors du G2018
de 2017 ; il a été organisé par la France, suivie par
l'ONU et la Banque mondiale19. L'objectif était de
remobiliser les acteurs de la COP2120 face aux enjeux
environnementaux comme le réchauffement climatique.
Lors de ce sommet, huit banques centrales21 et
superviseurs ont décidé de créer un réseau à
travers les banques centrales afin de « verdir » le système
bancaire et participer à l'effort collectif de préservation de
l'environnement. Tout comme les PRI, il a fallu structurer ce réseau
afin de le rendre optimal et fixer des directives. Le 24 janvier 2018, un
comité de pilotage s'est donc réuni dans les bureaux de la Banque
de France afin d'adopter un cadre de gouvernance et débattre sur
l'élaboration d'un programme de travail pour l'année 2018. Le
comité était composé des banques centrales à
l'initiative du NGFS, à savoir :
- La Banque centrale du Mexique (Banco de
México).
- La Banque centrale du Royaume-Uni (Bank of
England).
- La Banque de France / Autorité de Contrôle
Prudentiel et de Résolution
(ACPR22).
- La Banque centrale du royaume des Pays-Bas (De
Nederlandsche Bank)
- La Banque centrale de la République
fédérale allemande (Deutsche
Bundesbank).
- L'Autorité de contrôle et de supervision de
Suède (Swedish FSA ou
Finansinspektionen).
- La Banque centrale de Singapour (Monetary Authority of
Singapore).
- La Banque centrale de la République populaire de Chine
(Banque Populaire
de Chine).
18 G20 : Le G20 et un groupement
de 19 pays et de l'Union Européenne représenté par leurs
chefs d'États, leurs Ministres des finances et les présidents des
banques centrales. Le groupement se réunit une fois par an pour aborder
les questions d'ordres mondiales tels que le réchauffement climatique et
la gestion des crises financières. L'objectif principal est d'ouvrir le
dialogue afin d'apporter des solutions communes et viables.
19 Banque Mondiale : La Banque
Mondiale est un établissement financier d'envergure International dont
le but et de lutter contre l'extrême pauvreté. Elle a
été créée en décembre 1945 à la suite
de la Seconde Guerre Mondiale pour aider les pays à se reconstruire.
Aujourd'hui, elle accorde des prêts sans intérêts à
des pays en développement pour des projets d'investissement. Elle est
composée de 189 États membres et compte plus de 130 antennes
à travers le monde. Son siège est situé à
Washington D.C (USA).
20 COP21 : C'est la
21ème conférence sur le changement climatique qui
s'est tenue à Paris en 2015. Elle a réuni 195 pays afin de
trouver un accord sur le climat applicable à l'ensemble des 195 pays
présents.
21 Banque centrale : La banque
centrale d'un ou plusieurs pays est une institution chargée de
décider et d'appliquer la politique budgétaire sur sa zone (ex :
la banque centrale européenne est chargée de la politique
monétaire de la zone euro). Elle assure l'émission de la monnaie,
fixe les taux d'intérêts, supervise les marchés financiers,
assure le respect des réglementations (notamment de risque) et joue un
rôle de prêteur aux États en cas de crise (ex : crise des
subprimes).
22 Autorité de
Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) : institution faisant
partie de la Banque de France qui a la charge de surveiller l'activité
des banques et des assurances en France.
10
Puis rejoint par :
- La Banque centrale du Maroc (Bank Al-Maghrib).
- La Banque des règlements internationaux (Bank for
International Settlements).
![](Le-developpement-de-la-finance-verte6.png)
23
Image 1: Comité de pilotage du réseau
NGFS
Durant cette première réunion, le réseau
a nommé Frank Elderson (membre du conseil de direction de la Banque
centrale des Pays-Bas) Président et la Banque de France a
été désignée pour assurer le secrétariat et
le lien avec l'ensemble des autres banques centrales.
L'objectif principal du réseau NGFS est de contribuer
au renforcement de l'atteinte des objectifs fixés aux
établissements financiers par les accords de Paris sur le climat. Son
deuxième objectif est de renforcer le rôle du système
financier dans la gestion des risques et la mobilisation des capitaux dans les
investissements verts directement en lien avec le développement durable.
Contrairement aux PRI expliqués en première partie, le
réseau NGFS se préoccupe directement du coeur du système
financier, d'où la participation des banques centrales. En effet,
celles-ci ont la particularité d'être connectées à
l'ensemble des banques de leurs zones géographiques (ex : la Banque
centrale Européenne est directement connectée à la Banque
de France). Par conséquent, le partage et la transmission de bonnes
pratiques se fait plus facilement. Le réseau NGFS émet des
recommandations à l'ensemble du système bancaire mondial mais ne
force en rien leur application.
Aujourd'hui, le réseau NGFS est composé de 34
membres et cinq observateurs qui représentent cinq continents.
L'ensemble des juridictions des membres couvrent 31% de la population
mondiale24, participent à la réduction de 45% des
23 Source :
https://www.ngfs.net/sites/default/files/medias/documents/ngfs-resume-fr-2019vf.pdf
24 Source : Nations Unies, 2017
11
émissions mondiales de gaz à effet de
serre25 et couvrent 44% du PIB mondial26. Notons
également que le réseau NGFS couvre et conseille deux tiers des
banques et des sociétés d'assurances d'importance
systémique27 mondiale28.
![](Le-developpement-de-la-finance-verte7.png)
29
Image 2: Membres et observateurs du NGFS
Pour comprendre l'intérêt de ce réseau, et
notamment sa force, nous avons réalisé ci-dessous un
schéma organisationnel des banques centrales en Europe et leur lien de
subordination avec les établissements bancaires.
25 Source : Global Carbon Project, 2017
26 Source : Banque mondiale, 2017
27 Risque systémique : Le risque
systémique en banque signifie que la faillite économique d'une
banque ou sa défaillance peut entrainer la chute des autres. En d'autres
termes, c'est l'effet dominos.
28 Source : Conseil de stabilité
financière, 2018
29 Source :
https://www.ngfs.net/sites/default/files/medias/documents/ngfs-resume-fr-2019
vf.pdf
![](Le-developpement-de-la-finance-verte8.png)
COMMUNICATION
Banque de France
Banque centrale européenne
Deutsche Bundesbank
BNP Paribas
Société Générale
Crédit Agricole
DLS Bank
GLS Bank
Deutsche Bank
ING Bank
Rabobank
ABN Amro
12
Schéma 1: Schéma de communication des
établissements financiers
La Banque centrale européenne est l'institution qui
dirige l'économie monétaire de l'Union européenne et fait
appliquer sa politique à l'ensemble des banques d'Europe. Pour ce faire,
elle transmet directement ses ordres aux banques centrales de chaque pays. Par
exemple, la Banque centrale européenne donne directement des ordres
à la Banque de France. Par la suite, la Banque de France donne
directement les ordres de la BCE à l'ensemble des établissements
bancaires de France. Ces établissements dépendent
hiérarchiquement de la Banque de France. Les décisions de la BCE
en faveur de l'environnement et du « verdissement » du système
bancaire sont donc largement diffusées à l'ensemble des
établissements bancaires d'Europe. Mais l'information ne va pas que dans
un sens. En effet, les établissements bancaires peuvent également
faire remonter des informations et des retours sur les stratégies mises
en place par la BCE.
Revenons à présent sur le programme de travail
du NGFS. Ce programme est organisé en cinq groupes de travail
présidés par des représentants des banques centrales
mondiales :
- Le premier groupe de travail sur l'aspect «
microprudentiel30 de supervision » est dirigé par M. Zen
Yi Wong de l'Autorité monétaire de Singapour et a pour objectif
de superviser les risques climatiques et environnementaux. Ce groupe est
structuré autour de trois thèmes :
30 Aspect microprudentiel : Le microprudentiel
s'intéresse aux dispositions misent en place par les accords de
Bâle 3 afin de réguler et contrôler le système
bancaire. Ce sont des règlementations qui impactes directement le coeur
des établissements financiers comme par exemple leur ratio de fonds
propres.
l
13
Le suivit de l'évolution de la surveillance. Ici,
l'objectif est de créer une cartographie des différentes
pratiques de surveillance des établissements et de lister les moyens mis
en place pour les observer. La veille permanente facilite l'intégration
des risques climatiques et environnementaux.
l La définition du différentiel de risque
financier qui peut exister entre la classe d'actifs dit « verts » et
les autres actifs. Ici, l'objectif est de comprendre et définir les
risques financiers sur les actifs « verts » et les comparer avec les
risques des actifs classiques. Sont-ils plus risqués ? Sont-ils plus
liquides ? Sont-ils anticipables ?
l L'évaluation et l'étude des
méthodologies déjà existantes qui permettent de mesurer
les risques financiers liés au climat et à l'environnement au
niveau microprudentiel. Ici, l'objectif est de déterminer si les moyens
déjà mis en place sont efficaces au niveau microprudentiel et
s'il est possible de les utiliser, voire de les retravailler pour obtenir une
analyse plus précise.
- Le second groupe travaille sur l'aspect «
macrofinancier31 » et est dirigé par Mme Sarah Breeden
de la Banque centrale britannique. Ce groupe a pour objectif d'analyser
l'impact macrofinancier du changement climatique. Il est articulé autour
de trois thèmes :
l L'élaboration de scénarios catastrophes
climatiques pour les banques centrales et les superviseurs. Cela rejoint donc
la notion de stress climatique que nous avions évoquée dans la
première partie sur les PRI et sur laquelle nous reviendrons. L'objectif
est de tester la résistance économique des banques centrales en
cas de catastrophe climatique.
l La formulation de conseils avisés aux banques
centrales et aux superviseurs dans l'emploi de l'analyse des risques
climatiques au niveau macroéconomique et financier.
l L'analyse à l'échelle mondiale de l'impact
macroéconomique des risques liés au climat.
- Le troisième groupe de travail est dirigé par
Mme Sabine Mauderer de la Deutsche Bundesbank (Banque centrale
allemande). Son objectif est de diffuser/ mettre à l'échelle des
banques centrales le principe de finance verte. Dans ce sens, elle vise
à :
l Promouvoir l'adoption et la mise en place des principes de
finance durable et responsable dans les investissements des banques
centrales.
l Comprendre, analyser et suivre l'essor du marché de
la finance verte/durable.
l Proposer à l'ensemble des banques centrales une
vision commune des problématiques environnementales qui influenceront le
choix de la politique monétaire de celles-ci.
31 Macrofinancier : à l'inverse du
microprudentiel, le macrofinancier va s'intéresser à la finance
dans sa généralité et à l'économie.
14
- Le quatrième groupe de travail est dirigé par
M. Fabio Natalucci du Fonds monétaire international (FMI)32
et M. Patrick Amis qui a la charge de la surveillance économique
à la BCE. L'objectif de ce groupe est de vérifier,
contrôler et structurer les données relatives à la finance
durable avant de les transférer aux banques centrales. Si les
données externes collectées ne sont pas fiables, le groupe doit
se tourner vers ses interlocuteurs afin qu'ils apportent des modifications ou
des éclaircissements. Son rôle est primordial car de sa gestion
des données dépend l'application et la compréhension des
directives transmises aux banques centrales.
- Le cinquième et dernier groupe de travail est
dirigé par M. Ma Jun de la Banque populaire de Chine (Banque centrale de
Chine). Son objectif est d'assurer la coordination de l'ensemble des groupes de
recherche. On peut le comparer à un organe de management en entreprise
dans la mesure où il cherche à développer les relations
avec l'ensembles des groupes, coordonner leurs efforts de recherche et
répondre à leurs questions.
À travers l'analyse du réseau NGFS, nous avons
pu constater que celui-ci était indispensable au « verdissement
» du système financier. Son organisation très stricte
à travers cinq groupes de travail permet un meilleur traitement et une
meilleure diffusion des préconisations en rapport avec la finance
durable. Les connexions entre banques centrales et banques classiques
permettent une meilleure circulation de l'information et une application
directe des directives/ recommandations.
Au long de ces deux premières sous-parties, nous avons
souvent évoqué la notion de critères ESG qui est un des
piliers de la finance durable. Dans notre prochaine partie, nous allons donc
décrypter ces notions et revenir sur L'article 173 de la loi sur la
transition énergétique qui est en lien direct avec les
critères ESG et la finance durable.
C. L'article 173 et les critères ESG
(environnementaux,
sociétaux et de gouvernance)
Si des institutions comme les PRI et le réseau NGFS
sont capables d'encadrer le développement de produits verts et
d'introduire des notions de développement durable dans le système
financier, il n'en demeure pas moins que certaines lois imposent des
contraintes de développement durable aux établissements
financiers. C'est le cas de l'article 173 de la loi sur la transition
énergétique pour la croissance verte du 17 aout 2015. Ce texte a
pour objectif global de lutter contre le dérèglement climatique
en fixant à la France des objectifs chiffrés. Dans ce sens,
l'article 173 intervient auprès des investisseurs institutionnels
(banques, assureurs, sociétés d'investissements, fonds commun de
placement, organisme public d'investissement, fonds de pension, etc...).
L'objectif de l'article 173 est d'obliger les institutions financières
à publier annuellement des rapports sur l'intégration des
critères ESG dans leurs investissements. Il n'y a pas d'obligation
réelle et explicite mais les institutionnels ne souhaitant pas publier
leurs chiffres devront rendre des comptes et cela peut nuire à leur
image.
32 Fond Monétaire International (FMI) :
Institution internationale qui regroupe 189 pays. Son but est de promouvoir
l'entraide monétaire internationale, garantir la stabilité
financière et économique du Monde. Le FMI intervient
auprès des Pays en difficulté financière pour trouver des
solutions et apporter une aide financière.
15
D'un point de vue général, c'est le premier
cadre réglementaire au monde imposé aux institutions
financières. Avant cela, les instituions n'étaient pas
obligées de faire preuve de transparence dans leurs investissements.
L'objectif est d'améliorer la communication autour des critères
ESG mais également de sensibiliser les investisseurs institutionnels aux
enjeux environnementaux. L'article 173 s'applique uniquement aux actifs
domiciliés en France.
Les obligations de publication diffèrent en fonction
de la taille de l'institution (en fonction du montant des actifs sous gestion).
D'un point de vue général, tous les investisseurs institutionnels
ont l'obligation de faire un reporting extra-financier portant sur la
méthode d'évaluation des critères ESG dans leur politique
d'investissement mais également sur la méthode
d'intégration des critères ESG dans leurs portefeuilles d'actifs.
Les investisseurs qui détiennent plus de 500 millions d'euros d'actifs
sous gestion ont des obligations plus importantes. En complément du
reporting sur l'intégration des critères ESG, ils doivent
fournir un rapport complet et détaillé sur leur exposition aux
risques climatiques et leur contribution au financement de l'économie
bas-carbone. Nous pouvons citer quelques exemples de risques climatiques comme
les catastrophes naturelles, l'épuisement des ressources ou encore
l'augmentation du niveau de la mer.
AXA Investment Managers33 a créé un
tableau synthétique qui reprend les grandes lignes des obligations de
communication et l'étendue des rapports.
|
Tous les investisseurs institutionnels
|
Investisseurs institutionnels détenant plus
de 500 millions d'euros d'actifs
|
|
Définir une politique d'investissement
responsable et des objectifs ESG.
|
Définir une politique et des objectifs
sur le changement climatique.
|
Identifier
|
Définir une approche
|
Définir une approche pour
|
|
pour l'intégration ESG
|
les décisions
|
|
dans les décisions
|
d'investissement liées au
|
|
d'investissement.
|
changement climatique.
|
|
|
Mesurer l'exposition et les risques liés
au changement climatique, notamment :
|
|
Établir des
|
l Les risques physiques
|
|
méthodologies pour
|
(ex : montée du
|
Mesurer
|
mesurer l'exposition aux risques ESG et l'intégration
des
|
niveau de la mer, catastrophes naturelles),
|
|
critères ESG aux décisions
|
l Hausse du prix des
|
|
d'investissement.
|
ressources naturelles et pénuries,
l Exposition aux combustibles fossiles,
|
|
33 AXA Investment Managers st une
société d'investissement du groupe d'assurance AXA. C'est un
gestionnaire d'actifs financiers d'envergure international.
16
|
l Risques économiques et sectoriels résultant
de la transition énergétique et liés à la
régulation environnementale.
|
|
|
Mesurer la part des activités vertes sur
l'ensemble de leurs actifs.
|
|
Expliquer la fréquence
|
Prendre en compte les
|
|
et le contenu des
|
enjeux/risques ESG sur les
|
|
rapports ESG pour la
|
décisions d'investissements.
|
|
communication avec les
|
Communiquer sur la
|
|
clients et les
|
contribution à :
|
Agir
|
actionnaires.
|
l La réduction des risques climatiques,
l La transition énergétique et
écologique.
|
|
Tableau 1: Tableau synthétique d'AXA Investment
Manager 34
Ce tableau est évidemment synthétique et chaque
investisseur institutionnel est libre d'ajouter des critères tout en
respectant les directives de l'article 173. L'objectif ici était de
montrer l'application de l'article 173 par un investisseur institutionnel.
Abordons maintenant la notion de critères ESG dont
nous avons souvent évoqué l'acronyme au cours de ce
mémoire. Dans un premier temps, il est important de revenir sur
l'apparition de ces critères. Les critères ESG ont fait leur
première apparition avec l'entrée en vigueur de l'article 224 de
la loi Grenelle 235 du 12 juillet 2010 qui a résulté
du Grenelle de l'environnement36 de septembre 2007. L'article
22437 oblige les sociétés de gestion d'actifs à
déclarer dans des rapports extra-financiers la manière dont ils
prennent en compte les critères environnementaux, sociétaux et de
gouvernance. Les critères ESG sont applicables à toutes les
entreprises, qu'elles aient un lien avec la finance ou non. Dans notre cas,
nous attacherons une grande importance à comprendre l'intégration
des critères ESG par des sociétés de gestion d'actifs
financiers.
34
https://reseau.axa-
im.fr/documents/24052/1937913/Note+explicative+de+l%E2%80%99article+173+de+la+loi+sur+la+Transition+
Ecologique+et+Energ%C3%A9tique/14f71588-c6a7-0065-d2bc-0d8c9f647bb2
35 Loi Grenelle 2 : elle fait suite à la loi
Grenelle 1 et porte sur un engagement national en faveur de
l'environnement. Cette loi vise donc à protéger
l'environnement à travers une série de plus de 100 articles de
lois ciblant 6 grands axes à savoir : les bâtiments et
l'urbanisme, les transports, l'énergie et le climat, la
préservation de la biodiversité, la protection sanitaire et la
gestion des déchets, la mise en place d'une nouvelle gouvernance
écologique.
36 Grenelle de l'environnement : le Grenelle de
l'environnement de septembre 2007 a réunis des représentants de
l'État français, des collectivités territoriales, des ONG,
des entreprises et des salariés afin de prendre des décisions en
faveurs de l'environnement et de mener des actions nationales.
37 Annexe 1
17
Aujourd'hui, une entreprise se doit de respecter aussi bien
l'environnement que ses salariés. Elle n'a pas que pour but de gagner de
l'argent. Elle a aussi une responsabilité sociale. Comme nous l'avons
évoqué plus haut, l'investissement responsable prend en compte
non seulement la performance financière de l'entreprise, mais
également son niveau d'engagement en faveur du développement
durable. À ce titre, il est important que les sociétés de
gestion d'actifs prennent en compte les critères ESG.
Les critères ESG correspondent à trois piliers
:
- Environnemental : il s'agit des
éléments qui ont trait à l'environnement comme les
émissions de gaz à effets de serre, la gestion de l'eau,
l'utilisation du charbon ou encore, plus simplement, la pollution. Pour un
gestionnaire d'actifs, l'idée est de savoir si les entreprises pour
lesquelles il gère des actifs ou propose des participations respectent
l'environnement. Le gestionnaire doit donc se poser les bonnes questions
puisque ces critères ESG dépendent en grande partie des
entreprises pour lesquelles il travaille. Avant d'investir dans une entreprise
ou d'émettre des titres de cette entreprise, le gestionnaire d'actifs
doit connaitre les rapports d'émissions de CO2, d'énergie, de
consommation d'eau, etc., de l'entreprise, il doit savoir s'il existe des
objectifs environnementaux (quantitatif et qualitatif) au sein de celle-ci,
s'il existe des objectifs de sortie du charbon (travailler avec des
énergies renouvelables), si des audits externes sont
réalisés sur l'application de la stratégie
environnementale, etc.
- Social : le pilier social est important. De
nombreuses organisations ont souvent négligé l'aspect social qui
est le moteur de l'entreprise. Un salarié qui ne se sent pas bien au
travail, un fournisseur délaissé, un client mécontent,
peut être une source de conflit social nuisible pour l'image de la
société. Ce critère s'intéresse donc aux conditions
de travail des salariés mais également des sous-traitants. Il
s'intéresse également à la diversité, aux questions
de sécurité et à la santé des salariés. En
d'autres termes, cela correspond au bien-être au travail. Mais il n'y a
pas que la relation avec les salariés qui est au centre de ce volet
social. En effet, il comprend également les clients et les prestataires.
Il est important de savoir si ceux-ci sont satisfaits des méthodes de
collaboration. Afin de déterminer si ce volet social est respecté
par les entreprises souhaitant investir, le gestionnaire d'actifs doit
établir si les entreprises ont mis en place un suivit des indicateurs de
bien-être au travail pour leurs salariés (enquêtes
auprès des salariés, évolution de la
rémunération, parité, etc.). Des mesures pour
améliorer la satisfaction clients doivent également être
prises. Le gestionnaire d'actifs doit aussi se poser les bonnes questions :
« l'entreprise dispose-t-elle de données sur les accidents de
travail ? » ou encore « l'entreprise réalise-t-elle des audits
sociaux » ? Ce ne sont ici que des exemples car il existe une multitude de
questions et d'actions possible à mener.
- Gouvernance : ce pilier s'intéresse à
la direction et à la gouvernance de l'entreprise. L'objectif est de
vérifier les pratiques fiscales de l'organisation, la déontologie
mais également la structure et la diversité de la direction.
Existe-t-il des comités indépendants de la direction ?
Existe-t-il des auditeurs externes indépendants ? La
rémunération des dirigeants est-elle encadrée et
18
contrôlée par un comité indépendant
? etc. L'objectif est de montrer la clarté et la transparence de la
direction.
Chaque entreprise est ainsi notée sur la base de ces
trois critères qui témoignent de la qualité de
l'engagement d'une société dans le développement durable.
Dans un monde où la transition énergétique, l'humain et
les bonnes pratiques sont placés au centre des débats sociaux et
politiques, l'ESG permet d'appréhender les grands changements en cours
au sein de notre société et des entreprises, y compris les
sociétés financières.
Si les trois piliers ESG sont des critères importants
d'analyse, la plupart des gestionnaires d'actifs appliquent en premier lieu des
exclusions en rapport avec les critères ESG. Ces exclusions sont
rédhibitoires.
Les exclusions portent sur les points suivants :
- Exclusion liée à des pays :
l'entreprise a-t-elle des liens avec la Corée du Nord ? La Somalie ? La
Syrie ? etc. Ces pays sont considérés comme les plus corrompus au
monde et ne respectent pas les accords internationaux de l'ONU.
- Exclusion liée au non-respect des conventions
internationales : L'entreprise est-elle impliquée dans la
fabrication, le commerce ou le stockage de mines antipersonnel, de bombes
à sous-munitions ? L'entreprise est-elle en conformité avec les
conventions d'Ottawa38 et d'Oslo39 ?
- Politique d'exclusion du charbon : l'entreprise
développe-t-elle de nouvelles activités de charbon thermique ?
L'entreprise réalise-t-elle de l'extraction de charbon thermique ?
L'entreprise réalise-t-elle plus de 50% de ses revenus à travers
l'exploitation du charbon ?
- Politique d'exclusion sur le tabac : L'entreprise
fabrique-t-elle des produits complets de tabac et son chiffre d'affaires
provenant de cette activité est supérieur à 5% ? Cette
politique d'exclusion rentre dans le cadre d'accords passés avec
l'organisation mondiale de la santé (OMS40) visant à
réduire la consommation mondiale de tabac.
L'ensemble des gestionnaires d'actifs ont adopté ces
critères d'exclusion, ils sont donc rédhibitoires. Cela signifie
qu'aucun investissement ou collaboration n'est possible avec des entreprises
qui ne les respectent pas.
Si les critères ESG permettent, dans un premier lieu,
aux gestionnaires d'actifs de mieux respecter les normes environnementales, il
a également fallu encadrer les produits durables conçus par les
gestionnaires eux-mêmes. À ce titre, des labels « durables
» ont vu le jour afin de poser un cadre réglementaire et des
38 La convention d'Ottawa (Canada) a
été signée par 122 Gouvernements en décembre 1997.
Elle impose une interdiction totale de mines terrestres antipersonnel.
39 La convention d'Oslo (Norvège) qui en
réalité a été signé à Dublin en mai
2008, interdit l'emploi, la production, le transfert ou le stockage d'armes
à sous-munitions.
40 Organisation mondiale de la santé :
créée en 1948 par l'ONU, l'OMS est une agence
spécialisée dans la santé publique mondiale. Son
rôle est d'assurer la santé présente et future de
l'ensemble des habitants du monde. Pour ce faire, elle dispose de plusieurs
bureaux dans 150 pays.
19
normes d'acceptations aux produits dit « green »
prenant en compte l'environnement, le développement durable et les
critères ESG.
D. Les labels français « green » (label ISR
et label GREEFIN) et le renforcement de leurs critères d'attributions
(réglementation Disclosure et taxonomie)
Plus haut, nous avons évoqué l'ISR
(investissement socialement responsable). L'objectif de ce label est de
promouvoir, dans les investissements, la notion de développement
durable. En d'autres termes, un ISR est un placement qui prend en compte les
critères ESG que nous avons vus dans la partie précédente.
À travers l'ISR, les investisseurs participent donc au «
verdissement » de l'économie et de facto de la finance.
Afin d'encadrer les investissements responsables, il a fallu créer des
normes pour différencier les fonds dits « green » des autres
fonds et surtout permettre une communication plus claire et transparente sur
ces nouveaux fonds.
1. Le label ISR
En France, le premier label ISR apparaît en 2009. Nous
passerons brièvement sur ce premier label puisqu'il a été
remplacé en 2016 par un label d'État et les critères
d'éligibilité ont par conséquent changé. Ce premier
label ISR a été créé par Novethic41,
filiale de la Caisse des dépôts et consignations42.
Rappelons que la Caisse des dépôts et consignations est une
institution gouvernementale. Ce label était ouvert à toutes les
classes d'actifs (OPCVM, obligations, assurance-vie, SICAV, etc.) tant que ces
actifs étaient agréés par l'AMF43. Afin
d'être éligible au label ISR, les fonds devaient respecter quatre
critères (le règlement de ce label ISR est consultable sur le
site de Novethic) :
l Critère numéro 1 : Le fonds doit prendre en
compte les critères ESG.
l Critère numéro 2 : Le gestionnaire du fonds
doit être transparent sur les caractéristiques de ce dernier.
L'investisseur doit comprendre aisément les caractéristiques ISR
du fonds sans se sentir trompé.
l Caractéristique numéro 3 : Le gestionnaire du
fonds doit obligatoirement réaliser un reporting
extra-financier trimestriel qui doit comporter des informations qualitatives et
quantitatives sur les critères ESG du dit fonds. À titre
indicatif, la majorité des fonds et des actifs financiers ont un
reporting trimestriel.
l Critère numéro 4 : Pour les créations
de portefeuilles d'actifs (plusieurs actifs ISR dans un même portefeuille
par exemple), la composition du
41 Novethic est un média de
référence en économie responsable. C'est un ensemble de
personnes expertes dans le domaine de la finance durable. Leur site Internet
est la référence pour les entreprises qui souhaite passer sur une
économie et un modèle durable.
42 La Caisse des Dépôts et Consignations
appelée CDC ou Caisse des dépôts est une institution
financière publique française. Ses missions sont diverses et
variées allant du soutien au secteur du logement social (HLM), au
financement des entreprises ou encore développer les territoires
à travers le financement des collectivités.
43 L'AMF ou Autorité des Marchés
Financiers est une autorité financière française
indépendante créée en 2003 par la loi de
sécurité financière. Elle joue plusieurs rôles dont
le plus important est de réguler et agréer des placements
financiers. Elle veille à ce que ces placements soient en règle
avec la réglementation financière française.
portefeuille doit être publiée tous les semestres.
L'objectif ici est
d'informer l'investisseur sur l'ensemble des actifs du
portefeuille.
Le label ISR de Novethic a été remplacé en
2016 par un label ISR certifié par le ministère de
l'Économie, des Finances et de la Relance.
Ce nouveau label reprend les principes de l'investissement
responsable et permet, grâce à son logo, une meilleure
visibilité pour les investisseurs désireux de placer leur argent
dans des fonds « green ».
![](Le-developpement-de-la-finance-verte9.png)
44
20
Image 3 : Logo du label ISR Gouvernemental
Le label gouvernemental est plus strict dans son attribution.
Afin de l'obtenir, le gestionnaire de fonds doit passer par trois étapes
:
- Étape 1 : le gestionnaire doit demander un audit
interne du fonds qu'il souhaite soumettre à la labélisation.
L'audit doit être effectué par un organisme externe à la
société du gestionnaire, par exemple le cabinet
Deloitte45 ou encore le cabinet EY46. L'objectif est
d'avoir un premier avis externe sur le fonds. L'auditeur va donc passer au
crible le fonds et vérifier si les critères
d'éligibilité au label sont remplis.
- Étape 2 : comme pour le label de Novethic, il existe
des critères de labélisation que le fonds doit obligatoirement
remplir pour recevoir le label ISR. Ici, les critères sont au nombre de
six :
l Critères 1 : les objectifs du fonds, qu'ils soient
financiers (Rentabilité, financement de quoi ? Par qui ?) ou ESG,
doivent être définis dans la politique d'investissement afin de ne
pas tromper l'investisseur.
l Critère 2 : le gestionnaire du fonds doit
impérativement passer au crible les méthodes d'analyse des
critères ESG des entreprises dans lequel le fonds investit. Autrement
dit, toutes les entreprises faisant partie du futur fonds ISR doivent respecter
les critères ESG et publier des rapports annuels concernant leur
politique ESG.
l Critère 3 : le gestionnaire du fonds doit prendre en
compte les critères ESG tout au long de la vie du portefeuille dans
lequel le fonds va
44 Source :
https://www.google.com/search?q=logo+label+isr&client=firefox-b-
d&sxsrf=ALeKk02ZhrB26FFwmY5 rel="nofollow"37rwb3D8fO0w:1618383327799&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=2ah
UKEwiVkvTak3vAhUPCxoKHSICD7cQAUoAXoECAEQAw&biw=1920&bih=938#imgrc=9NtfYI8ONdMQZM
45 Cabinet Deloitte : Le cabinet Deloitte est un
acteur majeur mondiale en termes d'audit d'entreprise et de conseil.
46 EY pour Ernst and Young est l'un des plus gros
cabinets d'audit financier et de conseil au monde.
21
évoluer. Autrement dit, il va devoir harmoniser ses
portefeuilles en fonction de la typologie des fonds en concurrence avec le
futur fonds ISR.
l Critère 4 : tout comme pour le label de Novethic, le
gestionnaire du fonds doit s'assurer que les entreprises à travers
lesquelles le fonds va investir respectent les critères ESG.
l Critère 5 : le gestionnaire du fonds devra faire
preuve de transparence et publier trimestriellement ses résultats
extra-financiers et durables.
l Critère 6 : le gestionnaire du fond devra produire
un rapport détaillé des effets bénéfiques du fonds
sur l'environnement. Autrement dit, le gestionnaire doit être capable de
mesurer l'impact positif du fonds sur le développement et
l'économie durables.
- Étape 3 : c'est l'étape finale de validation
du dossier de candidature. Elle se base sur les analyses effectuées en
étape 1 et 2. Après validation, le fonds obtient la certification
ISR et est inscrit sur une liste officielle du ministère de
l'Économie et des Finances. Il obtient donc sa légitimité
de fonds « green » et durable. Le label ISR est accordé pour
trois ans renouvelables si les contrôles montrent que le fonds respecte
toujours les critères ESG et les critères
d'éligibilité ISR.
Aujourd'hui, le label ISR a été attribué
à 617 fonds portés par 125 sociétés de gestion.
Cela représente 469 milliards d'euros d'encours. Cela signifie que 469
milliards d'euros sont mobilisés en faveurs du développement
durable et de l'environnement dans le monde ! L'ensemble des fonds ISR sont
répertoriés sur le site du label ISR47. On peut y
retrouver le nom du fonds, sa structure, son éligibilité, la
stratégie d'investissement du gestionnaire, l'évolution du fonds,
etc.
Nous venons de voir que le label ISR accordait beaucoup
d'importance et de légitimité aux critères ESG dans la
validation de ses fonds. Il existe également un autre label
français qui porte la même attention aux critères ESG mais
qui pousse l'analyse environnementale plus loin. Il s'agit du label «
GREEFIN ».
2. Le label GREEFIN
Le label GREEFIN a été créé en
2015 par le ministère de l'Écologie en parallèle de la
COP21.
Image 4: Logo du label GREENFIN tiré du site du
ministère de l'écologie
47 Répertoire des fonds labelisé ISR
:
https://www.lelabelisr.fr/comment-investir/fonds-labellises/
48
https://www.google.com/search?q=label+greenfin&client=firefox-b-
d&sxsrf=ALeKk0194UNat3VbJn3l7FLE1D3ell2k8w:1618383370242&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=2ahUK
Ewje1ZLvk 3vAhWDzIUKHXSEBMUQ
AUoAXoECAEQAw&biw=1920&bih=938#imgrc=JCrUzQ9xRxG5hM
22
Tout comme le label ISR, le label GREEFIN dispose d'un cahier
des charges bien précis. Les sociétés de gestion
souhaitant postuler pour l'obtention du label doivent cocher toutes les cases.
Le fonctionnement est le même que pour le label ISR. Un comité est
élu afin d'organiser la vie du label, lui apporter des modifications et
animer l'ensemble des dispositifs qui y sont rattachés. Un audit externe
est demandé comme pour le label ISR afin de s'assurer que les
critères ESG sont bien remplis, tant par le gestionnaire du fonds que
par les entreprises y prenant part. La différence avec le label ISR est
que le label GREEFIN exige des fonds voulant y adhérer, qu'ils
participent à la transition écologique et à la lutte
contre le changement climatique. Cela signifie que les fonds labellisés
GREEFIN doivent obligatoirement servir à financer une
éco-activité, par exemple la construction d'éoliennes ou
encore le traitement des déchets. C'est ce que l'on appelle la part
verte. Cette part verte est catégorisée en huit
éco-activités :
- Energie : pour les énergies renouvelables telles que les
éoliennes.
- Bâtiment : pour la fabrication de matériaux
durables et moins énergivores
pour les constructions.
- Gestion des déchets et contrôle de la pollution :
investissement dans des
entreprises qui agissent en ce sens et produisent des
technologies en rapport
avec ce thème.
- Industrie : création de machines moins polluantes.
- Transport propre : par exemple une entreprise qui produit des
batteries
solaires pourraient rentrer dans cette catégorie
(éco-activité).
- Technologie de l'information et de la communication.
- Agriculture et forets : gestion de l'eau dans l'agriculture et
outils de gestion
des forêts (notamment calcul de la reproduction des
arbres).
- Adaptation au changement climatique.
Ces activités sont donc éligibles à la
labellisation GREEFIN et le fonds doit être en majorité
représenté par ces éco-activités.
Les exclusions sont les mêmes que pour le label ISR
(armement, nucléaire, etc.) mais sont étendues aux entreprises
prestataires. Nous entendons par là que si une entreprise réalise
plus de 33% de son chiffre d'affaires avec une entreprise dont
l'activité est exclue, elle sera directement écartée du
fonds. Des exclusions plus durables et environnementales sont
appliquées. Sont exclues, les entreprises réalisant plus de 33%
de leur chiffre d'affaires dans le stockage et l'enfouissement de
déchets, radioactifs ou non, les entreprises dont l'activité est
l'exploitation forestière non maitrisée, l'agriculture sur
tourbière49, l'incinération sans traitement des
cendres et récupération des énergies
dégagées par cette activité, production et transport
d'électricité par le biais de combustible fossile (charbon).
Tout comme pour le label ISR, le gestionnaire du fonds a
l'obligation de mesurer l'impact du fonds sur l'environnement. Cependant, le
label GREEFIN demande plus de visibilité et est plus strict sur les
rendus que le label ISR. En effet, le
49 Tourbière : zone humide ou la
biodiversité est très élevée.
gestionnaire doit avoir la capacité de fournir des
informations quantifiables quant à la participation des investissements
de son fonds à la transition énergétique et
écologique. Des reportings extra-financier sont
également demandés afin de mesurer la contribution du fonds dans
quatre domaines bien précis :
- Le changement climatique. - L'eau.
- Les ressources naturelles. - La biodiversité.
Aujourd'hui, il existe plus de 55 fonds labellisés
GREEFIN. Ils représentent à eux seuls une collecte
d'investissement de 17 milliards d'euros. Cela signifie que dans le monde, 17
milliards d'euros sont mobilisés par les épargnants pour
participer à la transition énergétique. La liste des fonds
GREEFIN est consultable sur le site de ministère de
l'Écologie50.
Nous venons de présenter deux labels français
qui encadrent les fonds « green » issus des institutions
financières françaises. D'un côté, le label ISR qui
est encadré par les critères ESG et de l'autre, le label GREEFIN
qui est encadré par les critères ESG et une thématique
d'investissement environnemental. Mais il existe une multitude de labels dit
« green » à travers le monde. En Europe, il existe neufs
labels qui permettent d'encadrer les fonds à prépondérance
ESG et les fonds à thématique environnementale.
23
50
https://www.ecologie.gouv.fr/label-greenfin
![](Le-developpement-de-la-finance-verte11.png)
24
51
Tableau 2: Liste des fonds ESG et à thématique
environnementale européens
Ces fonds sont gérés et
référencés sur une plateforme européenne
appelée Luxembourg Green Exchange (LGX) créée en
2016 par la Bourse du Luxembourg.
Les produits et fonds verts sont devenus très à
la mode et leur nombre ne cesse d'augmenter en Europe. Afin de resserrer la
surveillance et le respect des critères ESG, la Commission
européenne52 a créé deux mesures : le
règlement Disclosure et la taxonomie.
51 Source :
https://www.novethic.fr/finance-durable/publications/etude/panorama-des-labels-europeens-de-finance-durable-2020.html
52 Commission européenne : c'est l'un des
principales institutions de l'Union européenne. Elle est composée
d'un commissaire européen par État membre soit 27 commissaires.
Sa mission principale est de proposer et de mettre en oeuvre les politiques
communautaires. Elle veille également à la bonne application des
traités.
3. 25
Le règlement Disclosure
Ce règlement publié en novembre 2019
crée de nouvelles obligations en matière de reportings
extra-financiers et de développement durable pour les gestionnaires
de fonds et d'actifs. L'objectif de la Commission européenne est de
promouvoir les investissements durables et d'orienter les flux d'investissement
dans ce sens. Ce règlement est entré en vigueur le 10 mars 2021
mais les « Regulatory Technical Standards » (normes
techniques) ne seront applicables qu'en janvier 2022. En effet, la Commission
européenne a demandé à des institutions comme l'AMF de
proposer une liste d'éléments extra-financiers à prendre
en compte dans l'élaboration de ce règlement. Nous pouvons noter
que ce règlement laisse apparaitre une nouveauté dans les
reportings extra-financiers. Les gestionnaires de fonds devront savoir
calculer la part d'investissements non verts dans leur fonds et d'en tirer les
conséquences négatives afin de corriger le tir et obtenir un
fonds vert à 100%. Ce règlement permettra également de
différencier les investissements durables des investissements
environnementaux et sociétaux.
Nous ne détaillerons pas davantage le
règlement Disclosure puisqu'il constitue uniquement un
renforcement des règles existantes. À titre indicatif, ce
règlement est consultable sur le site du Parlement européen.
4. La taxonomie53 des activités durables
La taxonomie des activités durables repose sur une
classification standardisée qui permet d'évaluer la
durabilité de 70 activités économiques qui
représentent environ 93% des émissions de gaz à effet de
serre (GES) de l'Union européenne, selon trois types d'activités
:
- Les activités déjà
considérées comme bas-carbone et qui respectent les accords de
Paris.
- Les activités qui sont en cours de
métamorphose et qui se dirigent vers une activité zéro
carbone d'ici 2050. Ces activités produisent encore du carbone, mais
réduisent leurs émissions tous les ans.
- Les activités permettant la réduction de
l'émission de gaz à effet de serre pour les autres
activités. Nous entendons par là, les nouvelles technologies
permettant la réduction des émissions de CO2.
L'objectif de la taxonomie est donc de répertorier les
secteurs d'activités et entreprises qui agissent positivement sur
l'environnement. À ce titre, la taxonomie permet d'orienter le choix des
gestionnaires de fonds lorsqu'ils décident de créer des
portefeuilles d'investissements. Cela leur permet également de
créer des fonds durables avec des entreprises
présélectionnées remplissant déjà les
critères ESG. Les taxonomies concernent donc aussi bien les
gestionnaires de fonds que les entreprises. C'est pourquoi ces deux parties
doivent renforcer leurs reportings extra-financiers ainsi que leurs
reportings ESG. La taxonomie permet une meilleure lecture des
différents fonds et
53 La taxonomie est la science des lois et des
principes de classifications des organismes vivant. En d'autres termes, c'est
la manière de classer les organismes vivants celons certains
critères.
entreprises les composant. Il est possible pour un
gestionnaire de comparer les entreprises qu'il souhaite inclure dans son fonds
en fonction de certains critères comme la part verte de l'entreprise.
26
Concernant l'entrée en vigueur de la taxonomie, d'ici
fin 2021, les investisseurs qui proposent des fonds durables en Europe devront
expliquer comment ils l'ont utilisée afin de déterminer la
durabilité de leurs investissements et des sous-jacents (nous entendons
par sous-jacents, les entreprises proposées dans le fonds). Ils devront
également indiquer la proportion des sous-jacents respectant la
taxonomie en pourcentage de l'investissement, du fonds ou du portefeuille.
À titre indicatif, le règlement Taxonomie est consultable sur le
site du Parlement européen.
Dans cette première partie de mémoire, nous
avons vu que la finance durable, les produits financiers durables et les
établissements financiers étaient subordonnées à
des institutions de contrôles (PRI), des organismes de contrôles et
des réglementations internationales. Nous avons constaté que les
produits verts étaient strictement encadrés par des labels
faisant l'objet d'une surveillance accrue. Le « verdissement » du
système financier est également sous surveillance par le biais
des banques centrales (réseau NGFS). Le système financier et les
produits financiers sont donc en ligne avec les objectifs internationaux de
préservation de l'environnement et y contribuent fortement.
Dans la seconde partie de ce mémoire, nous orienterons
notre réflexion sur les apports de la finance dans la protection de
l'environnement. Nous étudierons le fonctionnement des produits dit
« green » et détaillerons leurs impacts sur l'environnement.
Nous nous intéresserons également au financement de l'immobilier
et à la manière dont les institutions financières
parviennent à agir pour l'environnement sur ce type de produit
financier. Nous aborderons aussi la notion de stress climatique,
mécanisme géré par les banques centrales afin
d'évaluer la résilience du système financier aux
catastrophes naturelles. Enfin, nous étudierons la façon dont les
banques agissent en coalition sur la protection des océans à
travers le financement responsable des navires de transport.
54 Source :
https://eco-act.com/fr/eu-green-deal/taxonomie-verte-europeenne/
27
II. Les contributions de la finance dans la protection de
l'environnement
Dans cette seconde partie de mémoire, nous allons nous
intéresser aux solutions mises en place par la finance pour
protéger l'environnement, mais également à la
manière dont il est possible d'y parvenir sur des produits
spécifiques comme les financements immobiliers via l'application d'une
politique ESG. Nous allons vous expliquer comment certains produits financiers
peuvent participer à la protection de l'environnement grâce
à leurs mécanismes. Nous détaillerons également la
notion de stress climatique qui permet aux banques centrales et à l'ACPR
de tester la résistance des établissements financiers face aux
catastrophes naturelles, mais également de suivre leurs avancées
dans la réduction de leurs émissions de carbones. Enfin, nous
verrons que les établissements financiers sont capables de s'entraider
pour lutter contre un problème climatique majeur comme la protection des
océans.
A. Les produits « green », fonctionnement et impact
(obligations vertes et produits structurés verts)
Il existe une multitude d'outils et de placements financiers
qui permettent l'intégration de produits verts dans leurs
mécanismes. Dans cette sous partie, nous nous intéresserons
à quelques outils et produits que nous estimons facile à aborder
pour les investisseurs et dont le mécanisme est plutôt simple
à comprendre. Dans un premier temps nous étudierons les green
bonds ou obligations vertes, puis dans un second temps nous expliquerons
comment il est possible d'intégrer ces obligations vertes dans un
mécanisme financier dit de produits structurés.
1. Les green bonds ou obligations vertes
Les green bonds, ou obligations vertes, fonctionnent
de la même façon qu'une obligation classique mais ont une
appétence pour la transition écologique. Une obligation classique
est émise par une entreprise ou une entité rattachée au
gouvernement (publique) afin de financer un projet. C'est une émission
d'emprunt dont le rendement et la durée de maturité sont connus
à l'avance. Il est donc possible d'acheter une ou plusieurs obligations
d'un coup. Citons comme exemple les obligations émises par l'État
français pour la construction du tunnel sous la manche. L'obligation
verte est émise pour financer un projet qui doit absolument contribuer
à la transition énergétique. Cela peut être l'achat
de panneaux solaires pour une entreprise ou encore la création d'un parc
éolien public en France. Tout comme les fonds ESG, l'obligation verte
est soumise à un reporting ESG détaillé afin de
vérifier que son utilité est bien en rapport avec la transition
écologique.
![](Le-developpement-de-la-finance-verte13.png)
28
55
Schéma 2: Mécanisme d'une obligation
verte
C'est un mécanisme très simple qui est
généralement bien connu des investisseurs et des particuliers
souhaitant investir sans prendre de risque. En effet, contrairement aux
actions, la rémunération est connue à l'avance et n'est
pas indexée sur le très volatile marché des actions. C'est
donc un moyen très sécurisant pour investir dans le
développement durable et la transition énergétique.
À fin 2020, le marché mondial des obligations vertes
représentait 1300 milliards de dollars. Du point de vue d'un
gestionnaire de fonds, les obligations vertes sont un atout majeur. Elles sont
sécurisantes, car l'investisseur retrouvera au minimum sa mise de
départ, et elles peuvent être utilisées sur de nombreux
supports comme les PEA56, les assurances-vie57, etc.
Il est très difficile de connaitre avec exactitude le
nombre d'obligations vertes émises dans le monde et leur impact sur
l'environnement. Cependant, il est possible de suivre avec précision les
obligations vertes émises par la Banque mondiale58 et surtout
leur impact sur l'environnement. Ses obligations vertes agissent donc pour
l'environnement au niveau mondial. Depuis l'émission de la
première obligation verte en 2009 par l'International Finance
Corporation (IFC)59, 171 autres obligations vertes ont vu le
jour. En dix ans, le montant des
55 Source :
https://www.ecologie.gouv.fr/obligations-vertes
56 PEA : Plan d'Épargne en Action : produit
financier permettant d'acheter des actions, des obligations, des OPCVM, etc.
57 Assurance-vie : produit financier permettant
d'investir dans des fonds durables ou non.
58 Pour rappel, la Banque Mondiale est une
institution internationale agissant en faveur du développement des pays
en voie de développement et ayant une grande implication dans le
monde.
59 International Finance Corporation :
Créée en 1956, la société financière
internationale est une organisation appartenant à la Banque Mondiale.
Son activité est consacrée au secteur privé. Elle peut
donc accorder des prêts aux entreprises dans les pays en
développement et ainsi permettre le développement de ces pays.
Comme la
29
investissements dans les obligations vertes émises par
l'IFC s'est chiffré à 10,4 milliards de dollars pour 221 projets
créés et 8,4 milliards d'investissements dans ces projets. En
2020, 24 obligations vertes ont été créées,
totalisant 1,2 milliards de dollars d'investissement dans huit secteurs
(éoliennes, énergies solaires, biomasse60, immobilier
vert, « verdissement » du système financier, transport,
agriculture et forêt, industrie). Pour le moment, les chiffres exacts de
l'impact des obligations vertes sur l'environnement de l'année 2020
n'ont pas encore été tous validés. Cependant, l'IFC a
publié quelques chiffres proches de la réalité. Les
investissements dans les éoliennes devraient produire 4 984 550
mégawattheures61 d'énergies renouvelables ce qui
suffit à alimenter la Moldavie en énergie pendant trois ans.
L'ensemble des obligations vertes devraient réduire les émissions
de gaz à effet de serre de 3,4 millions de tonnes. L'ensemble de ces
données sont issues du reporting 2020 de l'IFC consultable en
ligne62.
Les obligations vertes ne servent pas uniquement à
financer des projets de développement durable. En effet, depuis 2013
elles servent également le volet social que nous avons
évoqué en traitant les critères ESG. Nous pouvons
constater que depuis 2013, les obligations vertes ou durables subissent une
croissance exponentielle. Ce phénomène est facilement explicable
par l'envie des investisseurs de placer leur argent dans des produits aux
appétences ESG. Le monde change et les mentalités des
investisseurs également.
Graphique 3: Croissance exponentielle du marché des
obligations durables depuis 2013.
Banque Mondiale, l'IFC est détenue par 185 pays membres.
L'IFC gère également la validation et l'émission des
obligations vertes dans le monde.
60 Biomasse : la biomasse correspond
à la combustion des déchets pour obtenir de la chaleur.
61 Mégawattheure :
unité de mesure correspondant à l'énergie
dépensée pour un appareil d'une puissance de 1 million de watts
pendant une heure.
62 Site de l'IFC :
https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/corp_ext_content/ifc_external_corporate_site/home
63 Source du graphique : Bloomberg
30
La France et l'Europe en général sont de
très bons élèves concernant les émissions
d'obligations vertes et durables. Le graphique ci-dessous proposé par
Bloomberg64 montre que la France est l'un des plus gros
émetteurs d'obligations vertes et durables dans le monde. Cela n'est pas
une surprise puisque la France et l'Europe restent les pionnières du
développement durable dans le monde et sont souvent à l'origine
des actions de concertations avec le reste des pays du monde sur cette
question. On peut rappeler les accords de Paris par exemple ou encore le
Grenelle de l'environnement.
![](Le-developpement-de-la-finance-verte15.png)
65
Graphique 4: Émetteurs les plus importants du
marché des obligations durables
Nous pensons que le marché des obligations vertes et
durables va connaitre un nouvel essor en 2021. La pandémie que nous
traversons actuellement à fortement ralenti le marché, allant
jusqu'à annuler certaines émissions d'obligation. Cependant,
malgré cela, le marché est resté très attractif et
a résisté à la crise contrairement à celui des
actions. Cela montre encore une fois le changement de mentalité des
investisseurs qui devraient sans aucun doute répondre présent en
2021.
Si les obligations vertes sont en quelque sorte la colonne
vertébrale de l'investissement durable par leur facilité
d'accès et la transparence des investissements, il est possible de les
introduire dans un montage financier pour les coupler avec d'autres placements
verts.
64 Bloomberg : Bloomberg est une
entreprise financière américaine spécialisé dans
les services aux professionnels des marchés financiers et dans
l'information économique et financière. L'entreprise
réalise beaucoup de reporting extrafinancier et propose un logiciel qui
permet de suivre en temps réel l'évolutions de n'importe quel
actions, obligation, entreprise, etc.
65 Source du graphique : Bloomberg
31
2. Les produits structurés verts
Avant de développer l'utilité des produits
structurés verts et leur intérêt dans la finance durable,
nous allons nous pencher sur le fonctionnement d'un produit structuré
classique.
Les produits structurés sont une classe d'actifs
financiers à part entière comme le sont les actions, les
obligations, les OPCVM66, etc. C'est un produit d'épargne
à long terme (en général 10 ans) dont le rendement
dépend d'une obligation et d'un actif sous-jacent67. Comme
pour les obligations, les conditions de rendements sont
prédéfinies (l'échéance, la distribution du coupon,
le niveau de risques, etc.). Comme l'ensemble des produits financiers
liés au marché, les produits structurés ont leurs propres
règles de fonctionnement et caractéristiques. Ils sont
également sensibles aux évolutions de marchés en fonction
de leur sous-jacent. Ce sont donc des produits pouvant représenter une
perte en capital mais si le marché est porteur cela entrainera de gros
gains pour l'investisseur. Pour résumer, un produit structuré est
composé de trois partie :
- La composante obligation : nous avons déjà
évoqué le fonctionnement d'une obligation. Ici, l'obligation sert
à assurer le rendement minimum du produit structuré si le
sous-jacent est en perte de capital (moins-value).
- La composante sous-jacent (le sous-jacent) : comme
expliqué plus haut, c'est la valeur de référence dont va
dépendre la performance du produit structuré. Il peut y avoir un
ou plusieurs sous-jacent. Ce sont des produits dit dérivés
correspondant à des produits financiers.
- La composante dérivée (l'option) qui compose
le sous-jacent : elle peut être un cours de bourse, une action, une
obligation, etc. Son risque varie en fonction de sa volatilité. Par
exemple, une action ou un indice boursier comportera plus de risque en capital
qu'une obligation. C'est à l'investisseur de faire son choix en
connaissance de cause des futurs risques.
Afin de mieux saisir cette notion de sous-jacent, nous allons
détailler un exemple clair.
Dans notre exemple, le sous-jacent sera l'indice
CAC4068 sur une période cible de 10 ans. Pour 200€
investis :
l 180€ sont utilisés sur la partie obligation.
Cela permet de rembourser l'investissement initial au bout des 10 ans.
L'obligation couvre donc le risque en capital de départ.
l 20€ sont utilisés pour acheter des produits
financiers (les dérivés) qui vont être le moteur de
performance du produit structuré.
66 OPCVM : Organisme de Placement
Collectif en Valeurs Mobilières. Un OPCVM est un intermédiaire
financier qui permets aux investisseurs de placer leur épargne sur
différents marchés financiers. L'investisseurs investi dans une
part du fonds créé par l'organisme de gestion.
67 Actif sous-jacent : un actif
sous-jacent est la valeur de référence dont dépend la
performance du produit structuré. Cela peut être une action, un
indice boursier, un taux d'intérêts ou un mix de ces valeurs.
68 CAC 40 : l'indice CAC40
représente la valorisation boursière des 40 entreprises
française dont le volume d'échange de titre est le plus
important. C'est l'indice boursier de la place de paris.
Si la performance du CAC40 est positive à terme 10 ans
(échéance du produit structuré) alors l'investisseur
recevra un pourcentage de son placement correspondant à la performance
du CAC40. À cela s'ajoute l'investissement initial sur l'obligation et
la performance de l'obligation. Le gain est donc double ! À contrario,
si le CAC40 n'atteint pas les objectifs fixés, l'investisseur recevra
uniquement une partie ou la totalité de son capital investi. Cependant,
et comme expliqué sur la partie obligation, l'obligation est
calculée pour palier une éventuelle perte en capital sur le
sous-jacent. C'est pourquoi, dans la plupart des cas, l'investisseur
récupère son capital au bout de 10 ans mais n'aura pas de
plus-value.
Afin de mieux visualiser le mécanisme, nous avons
réalisé un schéma explicatif qui met en lumière la
partie obligation et la partie sous-jacente, « l'option ».
100%
![](Le-developpement-de-la-finance-verte16.png)
OBLIGATION
OPTIONS
MOTEUR DE PERFORMANCE
Achat d'options
Investissement dans une obligation zéro
coupon garantissant le capital à l'échéance
finale
SECURITE
PERFORMANCE
32
Date de mise en place
|
Schéma 3: Le fonctionnement d'un produit
structuré
|
Date
d'échéance finale
|
|
Sur ce schéma, le capital est garanti par l'obligation
et la plus-value potentielle dépendra de la performance de l'option.
Nous venons de voir le mécanisme d'un produit
structuré. Nous allons maintenant expliquer pourquoi à nos yeux
c'est un produit plus que recommandé pour investir dans le
développement durable et la protection de l'environnement. Comme nous
l'avons expliqué, un produit structuré dépend dans un
premier temps de l'obligation choisie puis des options prises dans le
sous-jacent. Les produits structurés verts sont composés d'une
obligation verte, comme nous
33
l'avons vu plus haut. L'obligation assure le risque en capital
pour l'investisseur mais permet également de financer un projet durable
en rapport avec l'environnement. L'obligation doit donc remplir les
critères ESG. Pour le moment, rien de très innovateur. Là
où le produit structuré vert devient intéressant c'est sur
la partie sous-jacent (option). Le sous-jacent peut très bien être
affilié à un panier d'options respectant les critères ESG.
Nous avons évoqué les fonds ESG dans la première partie de
ce mémoire. Il est possible d'intégrer ces fonds ESG dans le
montage d'un produit structuré.
À titre d'exemple, en 2020, Natixis69 a
lancé un nouvel indice boursier vert afin de compléter ses offres
de produits structurés. Il s'agit de l'indice « Euronext water
and ocean Europe 40 EW Decrement 5% ». Cet indice est composé
de 40 valeurs européennes sélectionnées pour leur
contribution à la préservation de la ressource en eau et des
océans70. Les entreprises composant cet indice respectent
donc les critères ESG et ont des notes « Eau et océan »
supérieures aux autres entreprises.
À ce jour il est impossible de mesurer l'impact des
produits structurés sur l'environnement à cause de leur
complexité de montage. Il faudrait calculer l'impact de l'obligation
verte puis l'impact du ou des sous-jacents qui les composent. Cependant, un
produit qui propose une combinaison de deux ou plusieurs placements durables ne
peut qu'accroitre les effets positifs de la finance sur l'environnement.
Nous venons de présenter deux produits verts qui,
à nos yeux, sont facilement accessibles aux investisseurs et sont
faciles d'utilisation. N'importe quel banque ou conseiller en gestion de
patrimoine est capable de proposer ce genre de produit à sa
clientèle. Il ne faut pas oublier que d'autres produits verts existent
sur le marché de la finance durable mais ces deux produits sont, pour
nous, les placements le plus avantageux pour le développement
durable.
Nous avons beaucoup parlé de produits financiers et de
l'impact de la politique ESG d'un établissement financier sur leur
fonctionnement. Les produits financiers tels que les obligations ne sont pas
les seuls produits proposés par les institutions financières. En
effet, celles-ci proposent également des crédits à des
entreprises pour financer par exemple des bureaux, des sièges sociaux,
etc. Ces crédits dits immobiliers servent également à
acquérir des hôtels, des portefeuilles de résidences
étudiantes ou encore des centres commerciaux. Ces actifs immobiliers
dégagent beaucoup d'énergie polluante pour la planète et
ne respectent pas forcément les normes environnementales. La
stratégie ESG des institutions financières s'applique
également aux financements immobiliers et joue un rôle important
dans la protection de l'environnement et des personnes (critères
ESG).
69 Natixis : créée en 2006, Natixis est
une filiale du groupe bancaire BPCE. C'est la filiale investissements, gestion
et placements financiers du groupe BPCE.
70 Source :
https://eavest.fr/natixis-parle-a-eavest-de-son-nouvel-indice-eau-et-ocean-pour-produits-structures/
B. La stratégie ESG en dette
immobilière
Dans un premier temps, il est important de définir la
notion de dette immobilière. La dette immobilière est un outil
d'investissement pour les investisseurs institutionnels tels que les compagnies
d'assurances, les fonds de pension, etc. L'objectif pour ces institutionnels
est de placer de l'argent dans des fonds tenus par des gérants de fonds
de dette immobilière afin d'obtenir un rendement compris entre 1,50% et
3%. Le gérant du fonds utilise l'argent placé pour financer des
projets immobiliers le plus souvent proposés par des asset
manager71, des brokers, des banques, ou d'autres gérants
de fonds qui souhaitent monter un pool bancaire72(syndication).
L'argent placé est donc utilisé sous forme de crédit
immobilier. La rémunération dépend du taux du
crédit immobilier, les gérants se rémunérant
uniquement sur les frais financiers. Dans ce type de financement, il est
important d'identifier tous les acteurs :
Le Sponsor
|
Veut acheter
|
L'actif immobilier
|
|
|
|
![](Le-developpement-de-la-finance-verte17.png)
Recherche un financement
![](Le-developpement-de-la-finance-verte18.png)
Asset Manager ou banque arrangeuse
Propose le dossier
Gestionnaire dette immo
Gestionnaire dette immo
Gestionnaire dette immo
Accepte de financer la totalité ou via un pool
Place son argent dans différents fonds de dette
immobilière
Investisseurs institutionnels
34
Schéma 4 : Fonctionnement d'un financement en dette
immobilière
71 Asset manager : c'est un
gestionnaire d'actifs immobiliers. Son rôle est de garantir la
rentabilité d'un portefeuille d'actifs immobiliers. Dans ce sens, il
s'occupe de ventre et d'acheter des actifs immobiliers.
72 Pool bancaire : un pool bancaire
et un rassemblement de plusieurs établissements bancaires ou financiers
afin de mettre leurs ressources en commun dans le but de financer l'achat d'un
actif immobilier par une tiers personne.
35
Le sponsor est l'entité (l'investisseur) qui souhaite
acheter un actif immobilier, voire un portefeuille d'actifs immobiliers. Il
passe par un asset manager ou par une banque qu'il missionne pour lui trouver
le financement adapter à son besoin. L'asset manager ou la banque se
tourne alors vers les gestionnaires de fonds de dette immobilière afin
de proposer le dossier de leur client et s'accorder sur les modalités de
financement.
Pour un gérant de fonds de dette immobilière,
il est important de bien connaitre le sponsor, l'actif immobilier et les
locataires dominants éventuels. Il est donc primordial de
procéder à une due diligence73 ESG sur ces trois
parties. Cette due diligence ESG n'était pas obligatoire jusqu'à
présent car le sujet ESG n'était pas encore dans les moeurs des
financements immobiliers. Aujourd'hui, pour agir en faveur de l'environnement,
cette due diligence est obligatoire pour chaque investissement. Avant de
procéder à une analyse poussée, les gestionnaires de fonds
appliquent la politique d'exclusion propre à chaque fonds mais qui
rentre dans les exclusions propres aux critères ESG (que nous avons
évoqué en partie I de ce mémoire) à savoir les
exclusions concernant les entreprises fabriquant des armes (mines), les
entreprises de tabac, celles aillant des relations avec la Syrie, la
Corée du Nord, etc. Si l'actif, le sponsor ou un locataire dominant ne
respectent pas la politique d'exclusion, il est directement
écarté et le projet d'investissement sera également
écarté par le fonds de dette immobilière. Chaque
gérant de fonds de dette immobilière peut appliquer sa propre
politique ESG, c'est pourquoi nous donnerons uniquement les grandes lignes.
Elle se décompose donc en trois étapes :
- Analyse de l'actif immobilier : l'objectif de la due
diligence sur l'actif immobilier est de démontrer qu'il n'est pas
énergivore et respecte l'environnement. Il faut donc réaliser un
audit technique de l'immeuble à travers l'analyse de sa gestion de
l'énergie, de la gestion de l'eau, de la gestion des déchets, de
la pérennité des équipements (infrastructure), de la
pollution des sols, de sa performance carbone, etc. Cela permet de
dégager les performances intrinsèques du bâtiment, son
impact sur l'utilisation de ses occupants et les sources éventuelles de
valorisation (par exemple, l'installation de panneaux solaires sur le toit ou
encore si un mur végétal se trouve sur le bâtiment). Dans
ce cas, nous remplissons le critère environnemental (E) de l'ESG. Les
critères que nous venons d'évoquer sont bien évidements
subjectifs et peuvent être agrémentés par d'autres
critères en fonction de la politique ESG du fonds de dette
immobilière. De manière générale, ces
critères sont analysés via une série de questions
posées au sponsor en parallèle de l'analyse de l'audit technique.
Les risques liés au changement climatique son également pris en
compte car ils peuvent détériorer l'immeuble si celui-ci n'est
pas en mesure d'absorber un changement climatique. On regardera la localisation
de l'actif et son implantation (zone sismique, zone inondable, etc.).
73 Due diligence : Une Due diligence est un ensemble
de vérification qu'effectue un investisseur avant e se positionner sur
un investissement. Dans notre cas de Due diligence ESG, l'objectif est de
savoir si les critères ESG sont bien respectés.
36
- Analyse du sponsor : la due diligence sur le sponsor
qui est une entreprise consiste à s'assurer que cette entreprise dispose
d'une politique ESG et que celle-ci est bien respectée. Nous allons nous
attarder sur la gouvernance de la société afin de valider le
critère G (Gouvernance). L'objectif est de s'assurer de la bonne gestion
de l'entreprise par ses responsables. Il faut se concentrer sur les pactes
d'associés par exemple ou encore l'évitement des conflits
d'intérêts. L'objectif est de s'assurer que les dirigeants
appliquent une politique de gouvernance transparente et consultable par tous.
Par exemple, le fait d'avoir un comité de surveillance
indépendant, distinct de l'entreprise est un bon point. Il faut
également s'assurer que la politique d'exclusion est bien
respectée auquel cas, le sponsor se verra écarté du
projet. Cette due diligence peut se faire en partenariat avec la banque
arrangeuse ou l'asset manager afin de faciliter l'étude et la
communication avec le sponsor.
- Analyse des locataires dominant de l'actif immobilier
visé : un locataire dominant est un locataire majoritaire au sein de
l'actif immobilier. Il représente donc un revenu important du fait de
l'occupation de la plus grande partie de l'actif. Il représente
également un risque de par sa taille locative. Il est possible d'avoir
un ou plusieurs locataires dominants sur un seul actif. Il est donc primordial
de réaliser une due diligence sur le ou les locataire(s) dominant(s).
Cette analyse se veut discrétionnaire. On ne peut pas demander
directement au locataire de se justifier sur ses activités car il se
trouve être une partie externe du financement. Il ne peut donc pas
être intégré en tant que partie prenante. De manière
générale, les locataires dominants sont des entreprises de taille
importante qui intègrent déjà une politique ESG. Il est
donc assez facile de trouver sur Internet leur charte ESG ou quelques
informations sur leur politique ESG.
Comme nous venons de le voir, les produits verts comme les
obligations vertes ne sont pas seuls à participer à la protection
de l'environnement. Les institutions financières y prennent
également part à travers l'application de leur politique ESG sur
leurs investissements. Nous venons de présenter un exemple d'application
concrète d'une politique ESG en financement immobilier, mais la
politique ESG d'un établissement financier peut s'appliquer sur tout
type de support et d'investissement. Si les établissements
eux-mêmes, en interne, participent à la protection de
l'environnement, il n'en est pas moins primordial pour les institutions de
surveillance et les régulateurs de surveiller et de tester la
résilience de ces établissements aux risques climatiques. En
effet, aujourd'hui les risques de crises financières ne sont pas
liés uniquement aux marchés financiers. Il est probable dans les
années à venir qu'une catastrophe naturelle entraine la chute de
l'économie. À ce stade, nous ne pouvons faire que des
suppositions mais nous avons déjà vécu des exemples
pratiquement comparables. L'explosion de la centrale nucléaire de
Fukushima à la suite d'un tsunami en mars 2011 est probablement le
meilleur exemple que nous puissions donner. Si
37
C. Les stress tests climatiques
Dans la première partie de ce mémoire, nous
avons parlé du réseau NGFS qui est l'effort commun des banques
centrales afin de « verdir » en interne le système bancaire
actuel. Nous avons également évoqué la notion de stress
climatique comme levier et nous allons nous pencher davantage sur ce
système et détailler quels risques sont couverts et de quelle
manière ces tests sont réalisés. À titre
informatif, le site du NGFS74 et celui de l'Autorité de
Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR)75 mettent
à disposition l'intégralité des études sur les
stress test climatique.
Depuis la crise des subprimes de 2008, les
superviseurs ont ressenti le besoin d'avoir plus de visibilité sur les
effets néfastes d'une nouvelle crise financière. Ils ont donc mis
en place un panel d'outils permettant d'évaluer les risques et les
vulnérabilités des institutions financières. L'objectif
est de savoir si les institutions financières disposent d'assez de fonds
propres76 pour résister à une nouvelle crise et
continuer à fonctionner correctement tant sur la partie financement que
sur la partie gestion au quotidien. Les superviseurs demandent de nombreuses
informations aux institutions financières. Ainsi, au fil des
années, les stress tests ont également permis de récolter
des informations précieuses qui servent à alerter les
marchés financiers. S'il est plus simple de récolter des
informations concernant les marchés et les risques opérant, il
est plus difficile d'avoir des informations concernant l'impact des changements
climatiques sur le système financier. C'est un risque difficilement
quantifiable et qui est très récent pour le monde de la finance.
La création du réseau NGFS permet de pallier le manque
d'information concernant les risques climatiques, mais encore une fois, nous ne
sommes qu'à l'aube de ces analyse extra-financières
environnementales.
Les stress tests climatiques ont le même objectif que
les stress tests classiques. Les superviseurs veulent s'assurer que les fonds
propres des institutions financières seront assez élevés
pour absorber une catastrophe climatique. Cependant, la nature des chocs est
différente puisque non financière mais naturelle. Ils ont des
caractéristiques très différentes. L'ACPR distingue trois
typologies de risques climatiques77 :
- Le risque physique : il mesure l'impact direct du
changement climatique sur les personnes et les biens (sécheresse,
inondations, épisodes climatiques extrêmes, etc.).
74 Site du NGFS :
https://www.ngfs.net/sites/default/files/medias/documents/820184
ngfs scenarios final version v6.pdf
75 Site de l'ACPR :
https://acpr.banque-france.fr/scenarios-et-hypotheses-principales-de-lexercice-pilote-climatique
76 Fond propre : Les fonds propres bancaires
correspondent à la réserve d'argent qu'un établissement
bancaire doit détenir afin de pouvoir distribuer des crédits et
assurer le financement de ses clients. Ces fonds propres doivent
également permettre à la banque d'assurer sa structure
financière en cas de crise financière. Les fonds propres
bancaires sont régis par les accords de bale 3.
77 Source : Article « Évaluer les risques
et les vulnérabilités et sensibiliser les acteurs financiers au
risque de changement climatique : le rôle des stress test » paru
dans la revue « Revue d'économie financière » par
Laurent Clerc (2020).
38
- Le risque de transition : ce risque résulte
d'une modification du comportement des agents économiques et financiers
en réponse à la mise en place de politiques
énergétiques (fiscalité carbone, taxes sur les carburants,
etc.), de changements technologiques ou d'un ajustement spontané des
marchés financiers.
- Le risque de responsabilité : il correspond
aux dommages et intérêts qu'une personne morale devrait payer si
elle était jugée responsable du réchauffement climatique.
Ce risque est parfois considéré comme un catalyseur du risque de
transition et rattaché à ce dernier.
Il est difficile d'anticiper ces risques car la nature est
imprévisible. Cependant ils peuvent se produire à court et moyen
terme. Nous le voyons au quotidien tant par rapport au réchauffement
climatique qu'aux inondations ou encore aux tempêtes comme
Katrina78. Le risque de transition est probablement celui qui se
manifestera en premier en conséquence de la mise en place de politiques
énergétiques importante comme les accords de Paris ou le Grenelle
de l'environnement. Le risque physique peut également survenir mais il
dépend du facteur géographique. En effet, si les catastrophes
naturelles surviennent dans des zones habitées, le risque sera largement
plus fort. Le risque de responsabilité peut être
représenté par le recul du Gouvernement français dans
l'application de certaines lois comme la loi bas carbone mise à mal par
le mouvement des gilets jaunes. En reculant l'application de la loi bas
carbone, le Gouvernement français endosse al responsabilité de
l'augmentation de Co2 dans l'air.
Nous venons de voir que les risques climatiques
étaient identifiés et classés en trois catégories.
Afin de mieux comprendre les mécanismes des stress tests climatiques
nous allons à présent détailler les risques que le
régulateur (l'ACPR) souhaite couvrir. Ce sont des risques bancaires mais
également des risques liés aux assureurs. Les banques et les
assurances sont les deux grandes institutions financières, il est donc
légitime de couvrir leurs risques. Nous pouvons retrouver ces
mêmes risques dans les stress tests réalisés sur les
marchés financier en cas de crise économique par exemple. Ce sont
les risques courant des banques et assurances.
Les risques bancaires sont les suivants :
- Le risque de crédit : c'est le risque pour un
établissement bancaire que son client (particulier, entreprise ou
institutionnel) ne rembourse pas sa dette. Il doit donc être
calculé dans les stress test climatique et ce sur l'ensemble du globe,
un événement climatique pouvant arriver n'importe où.
- Le risque clients (impact sur les ménages) :
l'augmentation soudaine du prix des énergies peut être
problématique et affecter le budget des ménages. Il y a le prix
des énergies que les ménages utilisent (maison, transport, etc.)
mais également le prix des énergies des entreprises des
ménages. L'objectif ici est de calculer le risque crédit sur les
ménages par rapport à l'augmentation
78 Tempête Katrina : Katrina est le nom qui a
été donné à un ouragan qui a ravagé les USA
en 2005. Il est considéré comme l'un des plus violent de sa
génération.
39
éventuel du prix des énergies. On sous-entend
que les ménages devront s'endetter pour absorber l'augmentation des
énergies (crédit consommation et crédit immobilier).
- Le risque de marché : c'est le risque le plus
connu dû aux diverses crises financières. Ici, c'est le risque
qu'une catastrophe naturelle vienne perturber les marchés financiers et
créer une nouvelle crise financière. Étant donné
l'importance de ce risque, il a été divisé en trois
sous-parties :
l La réévaluation des portefeuilles de
produits financiers à leur juste valeur : l'objectif est de
réévaluer les portefeuilles dans le cadre de la transition
énergétique. Les réévaluations portent donc sur les
titres/obligations d'entreprises d'hydrocarbures en particulier et les
entreprises nuisant à l'environnement. La valeur des entreprises sera
amenée à diminuer ce qui impose une réévaluation
des portefeuilles.
l Le risque de contrepartie : C'est le fait qu'une
contrepartie fasse défaut. Par exemple : nous achetons une obligation
d'État français via une banque mais l'État français
n'est plus en mesure de rembourser sa dette. La contrepartie, ici
l'État, fait défaut. Ici, l'objectif est de contrer les effets de
la transition écologique sur le marché. Il est demandé aux
établissements bancaires de dresser une liste de contreparties à
risque liées à la transition écologique.
l Le risque souverain : Le risque souverain est tout
simplement le risque qu'un État soit fortement affecté par
l'impact économique des scénarios de transition écologique
ou que les finances publiques soient durement touchées par ce
phénomène.
Les scénarios de tests climatiques sont
réalisés par le réseau NGFS. Tous les acteurs qui
encadrent les banques sont réuni dans ce réseau ce qui explique
pourquoi il a la charge de réaliser les stress tests. L'objectif des
tests est donc de couvrir l'ensemble des risques évoqués plus
haut et de tester la résistance des banques au risque de transition
écologique. Le réseau NGFS a élaboré quatre classes
de scénarios en fonction de la manière dont se réalise la
transition (si les objectifs imposés par le réseau NGFS ou les
États sont atteints). Les classes de scénarios ont
été intégrées dans un tableau ci-dessous :
![](Le-developpement-de-la-finance-verte19.png)
79
40
Schéma 5: Schéma descriptif des objectifs et
des risques liés à leurs atteintes
Si la transition écologique est ordonnée
(qu'elle respecte le calendrier et les engagements imposés par les
États dans la validation des objectifs climatiques), les risques seront
moindres. A l'inverse, une transition plus lente et qui n'atteint pas ses
objectifs sera désordonnée et causera plus de dégâts
d'où l'augmentation des risques. La transition ordonnée est la
transition de référence qui doit être atteinte en 2050. Les
scénarios proposés intègrent des données
difficilement quantifiables dans le présent mémoire, tel que le
calcul des émissions mondiales de CO2 (à la baisse ou à la
hausse en fonction des scénarios), l'augmentation ou la diminution de la
température (réchauffement climatique), la montée des
océans, l'augmentation de la population mondiale, le
développement de nouvelles technologies pouvant affecter la diminution
des rejets de GES, la transition entre l'utilisation du charbon et des
énergies plus vertes ou encore l'utilisation des terres agricoles et des
forêts.
Les banques centrales et le régulateur (ACPR) qui
forment le réseau NGFS sont en quelque sorte des lanceurs d'alertes en
cas de crise climatique pouvant affecter le système financier. Leur
rôle à travers les stress tests est donc préventif mais il
permet également de récolter un grand nombre d'informations sur
le système financier actuel et sa santé. Les banques participent
donc à la protection de l'environnement à travers leur produits
et politiques internes et sont en quelques sortes protégées ou
averties des risques économiques en cas de crise
79 Source du tableau :
https://acpr.banque-france.fr/scenarios-et-hypotheses-principales-de-lexercice-pilote-climatique
41
climatique. Il n'y a pas que les produits financiers verts qui
peuvent permettre aux établissements financiers d'agir en faveur de
l'environnement. En effet, certaines banques spécialisées ont mis
leurs ressources en commun afin de participer directement à la
préservation des océans à travers le financement
responsable des navires de commerce. Cette initiative s'appelle « les
principes de Poséidon » que nous allons développer dans
notre prochaine sous-partie.
D. Les principes de Poséidon, le financement responsable
des
navires marchands.
Le transport maritime international représente environ
80% des échanges mondiaux. La plupart des produits de consommation
passent par le transport maritime. Les bateaux de commerce qui sont de grands
porte-conteneurs sont loin d'être à la pointe de la technologie et
dégagent énormément de gaz à effet de serre (GES).
Cela représente entre 2% et 3% des émissions annuelles mondiales.
À titre de comparaison, c'est ce que l'Allemagne (6ème
plus gros émetteur de GES au monde) rejette sur une année. Force
est de constater que ce problème doit impérativement être
résolu et que des solutions doivent être apportées. Dans ce
sens, l'Organisation maritime internationale80 (OMI) élabore
la convention internationale pour la préservation de la pollution marine
par les navires (MARPOL) le 2 novembre 1973. Nous ne détaillerons pas
les objectifs de la convention MARPOL car ce n'est pas l'objet de ce travail.
Nous devons retenir que cette convention a été amendée
plusieurs fois et qu'à l'heure actuelle, son objectif est de
réduire les GES émis par le secteur maritime, et des navires de
transport en premier lieu, de 50% entre 2008 et 2050.
Alertées par l'OMI, les banques ont reconnu qu'elles
avaient un rôle important à jouer dans ce défi mondial. En
effet, elles sont les principaux financeurs des navires de transport. Elles
disposent donc de portefeuilles de crédits navals importants. Cette
prise de conscience a amené les banques à travailler de concert
avec l'OMI pour créer en juin 2019 les Principes de Poséidon.
L'objectif de cette initiative est, pour les banques, de mener une politique de
transition écologique du transport maritime. Cette politique vise
à intégrer dans les financements des navires des critères
de développement durable afin de promouvoir la décarbonisation du
transport maritime international. Cela n'est pas sans rappeler la notion de
critères ESG que nous avons évoqués tout au long de ce
mémoire. Ces principes ne s'appliquent pas uniquement aux prêteurs
(banques). Ils visent également les bailleurs et les garants financiers.
Aujourd'hui, 24 institutions financières ont signé les Principes
de Poséidon. Cela représente environ 175 milliards de dollars
d'encours bancaires, soit près de 50% du portefeuille mondial de
financement de navires.
Les Principes de Poséidon sont organisés en
association dirigée par un comité de direction composé de
onze membres élus parmi les banques signataires. Le comité n'est
pas là pour surveiller ou sanctionner mais plutôt pour
harmoniser
80 Organisation Maritime Internationale : est une
institution qui dépend directement de l'ONU. Son rôle est
d'assurer la sécurité et la sureté des transports
maritimes et de prévenir de la pollution en mers par les navires qu'ils
soient de transports ou destinés à la pêche.
42
les démarches et faire partager les techniques que
certains établissements auraient développées pour
gérer plus efficacement leurs portefeuilles de crédits maritimes.
Les principes sont au nombre de quatre :
- Principe 1 - L'évaluation par rapport à
l'alignement climatique81 : L'objectif de ce principe est de
mesurer annuellement l'intensité carbone des portefeuilles maritimes
afin de s'assurer qu'ils soient en ligne avec l'objectif établi,
à savoir la réduction de 50% des GES à horizon 2050
(objectif fixé par l'OMI). Pour calculer cet alignement, les Principes
de Poséidon utilisent la méthode dite du ratio
d'efficacité annuelle (REA), plus utilisé sous sa forme anglaise
ARE (Annual Efficiency Ratio). Ce ratio prend en compte la
consommation de carburant annuelle d'un navire, la distance qu'il a parcourue
sur une année, et son poids au tirant d'eau
d'été82. Par la suite, l'ARE du navire est
comparé avec la trajectoire de décarbonisation83. Pour
un portefeuille de navire, il suffit de faire une moyenne
pondérée et de la comparer avec la trajectoire de
décarbonisation. Chaque taille de navire dispose de sa propre
trajectoire de décarbonisation qui est établie par le bureau des
Principes de Poséidon.
Si les navires ne sont plus dans l'alignement, les banques
peuvent alors émettre des recommandations aux armateurs pour diminuer
leur GES. Il est également possible que la banque refuse de
renégocier les financements, voire de ne plus financer certains
navires.
- Principe 2 - Le principe de responsabilité :
À travers ce principe, les signataires s'engagent à n'utiliser
que des données, sources, techniques ou tout autres services pour
réaliser leurs calculs, fournis par l'OMI. Cela garanti la
véracité des informations et assure la conformité de leurs
calculs.
- Principe 3 - Le principe de mise en vigueur :
À travers ce principe, les signataires s'engagent et garantissent que
les informations permettant l'évaluation des navires sont transmises
avec le consentement et l'aide des armateurs propriétaires des navires.
Les signataires s'engagent également à travailler avec les
clients des armateurs. Tout cela pour permettre le bon calcul de
l'intensité carbone des navires.
- Principe 4 : Le principe de transparence : Comme pour
les reportings extra-financiers que nous avons évoqués
dans la partie sur les produits verts, les signataires doivent se plier
à un reporting annuel auprès de l'OMI de l'alignement
climatique de leurs portefeuilles. Les établissements financiers
signataires doivent publier et reconnaitre qu'ils ont signer la charte des
Principes de Poséidon.
81 Alignement climatique : il est
défini comme le degré auquel l'intensité en carbone d'un
navire, d'un produit maritime ou d'un portefeuille est en ligne avec la
trajectoire de décarbonisation imposée par l'OMI.
82 Tirant d'eau
d'été : Le tirant d'eau d'été correspond à
la partie immergée du bateau en été. La partie
immergée varie en fonction des saisons. Le tirant d'eau
d'été est égal à 28.60m pour un supertanker
(transport de pétrole).
83 Trajectoire de
décarbonisation : Elle représente le nombre de grammes de CO2
qu'un navire peut émettre pour déplacer une tonne de marchandise
sur une distance d'un mille nautique (1.852km).
Pour résumer, les Principes de Poséidon reposent
principalement sur l'analyse de l'émission des GES des navires en
portefeuilles des signataires (banques). Les émissions de GES doivent
être en ligne avec les recommandations de l'OMI qui fixent une
réduction de 50% des GES à horizon 2050. Les principes de
Poséidon sont strictement encadrés par quatre principes qui
prônent le partage des informations entre les différents
intervenants (banques, armateurs, clients des armateurs et l'OMI) et la
publication des analyses et résultats communiqués par les
signataires.
Dans cette seconde partie de mémoire, nous avons pu
voir que les établissements financiers participaient à l'effort
collectif de protection de l'environnement à travers la création
de produits financiers « green » tels que les obligations vertes et
les produits structurés verts permettant de financer des projets
écologiques. Nous avons pu constater que les régulateurs comme
les banques centrales et l'ACPR, prenaient part au sujet de protection de
l'environnement en réalisant des stress tests climatiques afin de
s'assurer de la solidité des établissements financiers en cas de
catastrophes naturelles tels qu'un tsunami84, un ouragan ou encore
un tremblement de terre. Enfin, nous avons pu voir que les
établissements financiers étaient capables de mener des actions
communes ciblées sur des thématiques précises comme la
protection des océans à travers les principes de
Poséidéons.
43
84 Tsunami : Tsunami est le mot japonais pour
désigner une vague géante formé par une série
d'ondes de très grande période se propageant à travers
l'eau.
44
Conclusion
Ce mémoire avait pour ambition de démontrer que
la finance, malgré les critiques que l'on peut lui porter, est un acteur
incontournable dans la préservation de l'environnement à travers
la finance verte et durable. Nous nous sommes demandé de quelles
manières elle pouvait contribuer à répondre aux enjeux
environnementaux actuels. Nous avons pu déterminer qu'elle y contribuait
de deux façons. Dans un premier temps de façon indirecte, et dans
un second temps de façon directe.
La finance participe de manière indirecte à
répondre aux enjeux environnementaux à travers le strict respect
de règles juridiques imposées par ses institutions et par les
institutions gouvernementales à l'échelle nationale (France) et
mondiale. La difficulté était de définir un ordre
chronologique d'apparition des règles juridiques et institutions mais
également de comprendre les concepts qui en découlaient. La
première des institutions à lancer l'offensive a
été l'ONU à travers les principes pour l'investissement
responsable (PRI) créés en 2006 forçant les
établissements financiers à intégrer davantage les
problématiques environnementales dans leur gestion de portefeuilles
ainsi que l'ensemble des critères économiques, sociaux et de
gouvernances (ESG). En 2015, l'article 173 de la loi sur la transition
énergétique (France) renforce cette idée et impose
à plus de 840 investisseurs une transparence dans l'intégration
des critères ESG dans leurs investissements. Dans la continuité
de l'article 173, les pouvoirs publics français créent en 2016 le
label ISR qui permet de cibler les fonds à thématique
environnementale et apporte une meilleure lecture aux investisseurs. S'en suit
une multitude de création de labels à taille européenne,
tous permettant le ciblage des fonds éthiquement durable. Afin
d'organiser et de cadrer l'écologisation du système financier,
les banques centrales internationales se mobilisent et créent le
réseau NGFS en 2017. La création de ce réseau est
également une réponse à la crise de 2008. Cette fois-ci,
un superviseur est nommé pour encadrer et s'assurer du bon
fonctionnement de la finance verte.
La participation directe de la finance à la
réponse aux enjeux environnementaux se veut plus financière. En
effet, chaque établissement financier s'est mis à la
création de produits « GREEN ». Ces produits « GREEN
» ont un impact à long terme sur l'environnement via le financement
de reforestation par exemple ou encore l'investissement via des obligations
dans des parcs éoliens. Le strict respect des critères ESG par
les établissements financiers force les entreprises qui ne respectent
pas le cahier des charges ESG à transformer leurs méthodes
d'exploitation vers des méthodes plus éthiques et responsables de
l'environnement. Sans ce changement, les entreprises sont directement
écartées des plans d'investissement des établissements
financiers. Nous avons pu constater que les établissements financiers
passaient également des accords entre eux afin d'investir sur des
thématiques environnementales bien précises telles que la
préservation de l'environnement avec les « principes de
Poséidon » détaillés dans ce mémoire. Nous
avons mis en lumière le rôle des superviseurs tels que les banques
centrales via la réalisation de stress tests climatiques sur les
établissements financiers. A l'inverse de 2008, les instances sont
capables d'anticiper les risques climatiques et donc d'anticiper une future
crise qui serait liée au changement climatique.
45
Ce travail de mémoire se voulait principalement
analytique. Il a permis de mettre en lumière les avancées et
l'évolution de la finance sur les points éthique et responsable
mais également son implication dans les grandes thématiques de la
protection de l'environnement. Nous avons pu constater que la finance mettait
tout en oeuvre pour changer son fonctionnement. Elle essaye de servir
l'intérêt de ses investisseurs et de la planète avant de
servir ses propres intérêts en premier lieu. Nous avons
détaillé certaines solutions qu'elle a mises en place pour
participer à l'effort collectif de sauvegarde de la planète.
Malgré ses nombreux efforts, nous pourrions nous poser la question si
ceux-ci ne sont pas juste un nuage de fumée permettant de couvrir
d'autres activités moins reluisantes telles que la déforestation
ou le financement d'entreprises opaques face au réchauffement
climatique. Toutes ses actions envers l'environnement ne pourraient-elles pas
être considérées comme du « greenwashing » ? Le
« greewashing » consiste pour une entreprise à mettre en avant
son implication dans l'écologie à travers des campagnes marketing
et de communications afin de redorer son image et faire oublier un instant les
parties sombres de son fonctionnement comme la pollution, le financement de la
déforestation etc. Il serait pertinent de développer cette notion
de « greenwashing » et de faire le parallèle avec
l'implications de certaines banques dans des financements opaques.
46
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Annexes
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Annexe 1 : Article 224 de la loi Grenelle 2
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