III.3.8. Lieu d'aisance et accès à l'eau
potable en période d'inondation dans le terroir enquêté
Sur les 120 personnes enquêtées, 118 personnes,
soit 98,33% affirment qu'ils n'ont pas des latrines et 02 personnes, soit un
taux de 1,66% des personnes affirment qu'ils ont une latrine. Le faible taux de
latrines peut s'expliquer par le fait que la nappe phréatique est peu
profonde d'une part et d'autre part en période d'inondation les latrines
disparaissent carrément car, les eaux emportent tous sur leurs passages
y compris les ouvrages d'assainissement et la nappe submerge les latrines. En
effet, ces forts pourcentages de manquer des latrines s'expliquent par le fait
que dans la plaine, la nappe phréatique située à faible
profondeur dans le sol n'autorise pas l'installation de latrines avec des
fosses assez profondes.
Ainsi, sur les 118 personnes enquêtées n'ayant
pas de latrines, 91 personnes affirment qu'ils se mettent à l'aise dans
les eaux stagnantes, soit 77,11% et 27 personnes, soit 22,88% se mettent
à l'aise dans les eaux de ruissellement. Cependant, cette situation
renforce la pollution des eaux stagnantes et du fleuve Logone qu'utilise la
majorité des personnes de la plaine en général et du
village Arainaba en particulier.
L'ensemble des personnes enquêtées dans les
ménages par rapport aux mesures prises avant la consommation d'eau en
période d'inondation, ont révélé qu'une seule
personne, soit 0,83 qui traite son eau de boisson à l'aide d'eau de
javel, 119 personnes, soit 99,16% qui ne traitent pas
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leurs eaux de boisson. Les résultats de l'étude
de Collab (2007) : « Accès à l'eau en zone inondable »
ont révélé que le type de source d'eau de consommation
serait un facteur important à considérer concernant les troubles
gastro-intestinaux ; la prévalence de diarrhée est plus
importante chez les personnes dont l'eau à boire provenait d'une source
douteuse comparativement aux personnes dont l'eau venait d'une autre source.
Cette observation pourrait expliquer le fait que, certaines eaux sont plus
vulnérables à la contamination microbiologique. Par
conséquent, ces tendances montrent que la population de cette zone est
moins informée concernant les impacts négatifs de la consommation
d'une eau d'origine douteuse. Alors, face à cette situation, un effort
de sensibilisation et de formation doivent être fait afin qu'une prise de
conscience de ces populations soit effective pour une meilleure prise en charge
des mesures de traitements de l'eau dans le terroir.
Figure 21 : Forage
inondé Source : Cliché ACEEN, 2020
Dans le cadre de notre recherche, on dira qu'un ménage
a accès à l'eau de bonne qualité en période
d'inondation lorsqu'il utilise l'eau de forages et puits protégés
et traités périodiquement. Ainsi, sur les 120 personnes, soit
100% n'ont pas accès à une eau potable en période
d'inondation. En fait, Pendant la saison des pluies la nappe phréatique
des quartiers
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insalubres dans le terroir étudié est
exposée à la contamination fécale et
bactériologique. Plus de la moitié des nappes submerge les fosses
d'après nos enquêtes du terrain et dans le cas d'inondation, les
excrétas et les ordures submergent dans les maisons et dans les rues. La
majorité des personnes que nous avons enquêté (120) qui
utilisaient l'eau de forage ont difficilement accès pendant les saisons
de pluie. Car, le seul forage du village observé pendant notre recherche
se voit inonder en saison pluvieuse.
Cette situation renforce la pollution de ce forage qui se
manifeste par l'infiltration des eaux stagnées qui sont
déjà polluées par les ordures et les matières
fécales, dans la nappe phréatique qui alimente ce forage. En
matière d'approvisionnement en eau potable, la situation est
déplorable. Pendant les inondations, il est très difficile aux
populations de se déplacer pour s'approvisionner en eau potable. Elles
consomment l'eau du fleuve Logone, les eaux de ruissellements qui sont une
source potentielle de développement de vecteurs de maladies. Ce fort
pourcentage de la fréquence de maladies pendant les inondations est
dû au fait que cette période est celle propice à la
multiplication des germes pathogènes. L'idée est également
confirmée par Olivier (2020), sur l'étude menée par
rapport aux inondations et santé publique en aval du Delta du fleuve
Ouémé, il confirme la mauvaise qualité de l'eau potable,
d'éventuelles contaminations de l'eau qui peuvent survenir car les
populations consomment les eaux du fleuve. Ce sont les eaux à la surface
libre qui sont à risque de contamination, elles sont consommées
par les sinistrés. On déduit alors que l'inondation agit
négativement sur la consommation d'eau potable ou non potable dans ce
village.
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III.4.Mesures prises par la population du terroir
étudié pour prévenir et lutter contre
l'inondation
Mesures prises contre les inondations
18,33%
17,50%
64,17%
Amenagements des diguettes autour des maisons et villages
Elevation de la fondation des maisons
Migration temporaire dans les zones non inondée
Figure 22 : Stratégies endogènes
de lutte contre l'inondation
Au regard de la figure 22, nous constatons que la gestion fait
appels à plusieurs stratégies dans la lutte contre l'inondation.
Au coeur de ces acteurs se trouve la population, en tant que victime de
l'inondation, elle est l'actrice principale de la riposte contre le
fléau. La population victime a le rôle d'acteur principal, c'est
dans cette logique que la figure x résume les solutions endogènes
qu'entreprennent les populations dans la lutte pour limiter les
dégâts. Le constat qui se dégage est qu'il existe
effectivement des solutions de lutte contre les dégâts des
inondations dans la zone. Ainsi, sur les 120 personnes enquêtées,
99 personnes, soit 82,49% de la population l'affirme.
Parmi les mesures, 64,16% aménagent de diguettes autour
des maisons, 18,33% construisent des maisons légèrement en
altitude pour réduire l'entrée des eaux dans les maisons. En
effet pour rendre plus durable les diguettes autour des maisons, la plantation
des arbres pourrait être nécessaire, les arbres pour l'absorption
des eaux comme l'eucalyptus. Les stratégies adoptées par la
population font naitre une solidarité dans la localité, elles
renforcent les liens entre habitants.
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