MEMOIRE DE RECHERCHE APPLIQUEE
DE MASTERE I
En vue de l'obtention du titre
MANAGER DE LA LOGISTIQUE ET DE LA SUPPLY
CHAIN
TITRE CERTIFIE NIVEAU I INSCRIT AU RNCP DELIVRE SOUS L'AUTORITE
DE L'ESG TOLOUSE
REUSSIR SON EXTERNALISATION
LOGISTIQUE
Présenté par : Gauthier Bourdieu
Sous la direction de : Corinne Maurat
|
Promotion : 2019 / 2020
|
Sommaire
Table des matières
INTRODUCTION 1
I. CONCEPT DE L'EXTERNALISATION 4
1. Définitions et histoire de l'externalisation
logistique 4
2. Concentration des entreprises sur le coeur de métier
6
3. Les différents types d'externalisation 8
4. Motifs et avantages d'une externalisation 10
II. EXTERNALISATION ET SUPPLY CHAIN RISK MANAGEMENT 11
1. Variabilité des risques liés à une
externalisation logistique 12
2. Vue d'ensemble sur le management du risque 21
III. LA PRISE DE DECISION D'EXTERNALISER ET LES ETAPES D'UNE
DEMARCHE
D'EXTERNALISATION 24
1. Différentes approches décisionnelles : 24
2. Modèles d'aide à la prise de décision
26
3. Sélection des prestataires : 32
CONCLUSION 40
INTRODUCTION
Choix du sujet :
Le choix de mon sujet de mémoire de fin d'étude
c'est porté sur l'externalisation et plus précisément sur
l'externalisation de la logistique. Plusieurs raisons caractérisent mon
choix et l'importance de mon sujet. C'est tout d'abord un sujet qui entre dans
l'actualité suite à la crise sanitaire du COVID 19. La vision de
l'externalisation risque de changer dans les années à venir. Les
chaînes de valeur mondiales ont souffert dû à
l'affaiblissement des systèmes. Dans cette période de
pandémie ces chaines logistiques mondiale sont mise à mal, des
blocages peuvent s'observer : par exemple une unité
manufacturière peut retrouver rapidement son niveau de production mais
l'approvisionnement géré par les fournisseurs ou sous-traitants
venant de l'étranger en matière brute peut être
réduit mettant à mal l'ensemble de la chaîne. Certaines
entreprises ont dû constater que leurs prestataires étaient
instables et dans un but de management agile elles vont devoir revoir leur
modèle afin qu'il reste viable. Que ce soit suite à la crise
sanitaire ou simplement pour rester compétitif, des questions peuvent se
poser pour les entreprises quant au choix de leurs prestataires logistiques, la
gestion de ces sous-traitant et les risques encourus à externaliser.
De plus c'est un thème qui s'inscrit dans la
prolongation de certains de mes cours, où nous avons pu aborder la
dimension d'une entreprise étendue avec l'intégration et la
considération de l'ensemble des maillons de la chaîne comportant
également les sous-traitants. C'est pourquoi j'ai décidé
d'approfondir mes connaissances sur l'externalisation logistique qui semble
devenu banal et acquis et qui pourtant s'avère plus complexe qu'on ne le
pense.
1
Niveau d'importance du sujet
:
La logistique était autrefois considérée
comme une activité à faible valeur ajoutée. Mais avec le
développement des marchés prenant une envergure internationale
reflet de la mondialisation et de la globalisation, les circuits et les flux de
production et de marchandises sont devenus de plus en plus complexes. Dans ce
contexte, le sujet m'a été utile pour connaitre l'état
actuel de la logistique et son positionnement dans l'entreprise et dans la
chaîne globale. L'importance du sujet est de comprendre l'univers de
l'externalisation logistique et le tournant stratégique qu'elle a pris
ces dernières décennies. De plus cette mondialisation a
amené à l'apparition de nombreux prestataires logistiques
différents. Dans de nombreux cas d'entreprise, le choix et la gestion
des prestataires logistiques ne se fait pas avec assez d'attention, de recul et
d'analyse de la chaîne. Les dirigeants peuvent encore avoir du mal
à comprendre l'importance stratégique et la valeur ajoutée
que la logistique peut apporter.
L'intérêt de ce sujet est donc de comprendre
qu'une externalisation logistique
peut être bénéfique dans certains cas et
que de nombreuses étapes à ne pas négliger sont
nécessaires pour réussir son externalisation.
Choix de la problématique
:
Naturellement ma problématique porte sur la
détermination des clés de réussites de son externalisation
logistique. Pour répondre à celle-ci de nombreuses sous-questions
viennent à se poser : Est-ce le moment pour externaliser ma logistique ?
Comment choisir mon prestataire parmi une dizaine ayant répondu à
l'appel d'offre ? Existe-t-il des outils d'aide à la décision ?
Quels sont les risques et comment les gérer ? Quelle méthode de
gestion et ligne directrice doit-on mettre en place pour gérer les
relations avec les prestataires ? Autant de questions dont nous nous
efforcerons de répondre autours d'une problématique centrale :
Quels sont les points clés pour réussir son externalisation
logistique ?
L'objectif du mémoire et de cette problématique
est donc de mettre le point sur les étapes de réflexions, les
outils et méthodes utilisables et le management à exercer en
interne et vis-à-vis de ses prestataires pour être novateur et
gagner en compétitivité.
2
Le mémoire a été articulé en trois
parties, en premier un lieu nous définirons les concepts de
l'externalisation avec l'importance d'identifier son coeur de métier
pour juger du type d'externalisation à entreprendre et des
différents avantages qu'elle peut apporter à l'entreprise. Dans
la deuxième partie nous examinerons les principaux risques liés
à une externalisation de ses activités et le management à
mettre en place pour limiter ces risques Nous terminerons ce mémoire en
donnant les principales étapes d'une externalisation logistique
réussie, allant de la prise de décision de faire appel un
prestataire, au choix de sélection de celui-ci et à la
gouvernance à instaurer autours de ses activités
externalisées.
3
I. CONCEPT DE L'EXTERNALISATION
1. Définitions et histoire de l'externalisation
logistique
L'externalisation peut être défini comme le
« résultat de l'intégration d'un ensemble de services
élémentaires, visant à confier à un prestataire
spécialisé tout ou partie d'une fonction de l'entreprise dans le
cadre d'un contrat pluriannuel, à base forfaitaire, avec un niveau de
service et une durée définis » 1. Sous une
approche plus pédagogue, on pourrait comparer l'externalisation à
un artisan venant faire des travaux dans une maison. Lorsqu'un particulier
aménage dans une maison, il se rend compte rapidement que l'entretien
continu, qu'il s'agisse de panne à réparer ou de travaux de
rénovation. Le but étant de vivre dans un environnement
agréable et de protéger son investissement financier en
réalisant ces travaux. Au fur et à mesure que la famille
s'agrandit, des projets de rénovation vont émerger : ajout d'une
chambre, rénovation d'une salle de bain ... La question est alors de
savoir si l'on sait faire ou si on fait faire à un spécialiste
(plombier, maçon ...). Si le propriétaire à les
connaissances et les compétences pour faire de lui-même les
réparations alors il fera des économies de coût. Cependant,
lorsque le projet dépasse les compétences du propriétaire,
il est généralement préférable de faire appel
à un spécialiste du bâtiment afin d'obtenir la
qualité souhaitée. Ce modèle est reproductible pour la
gestion des entreprises à quelques exceptions près dû
à l'évolution du marché.
Au début l'externalisation a commencé sous la
forme de sous-traitance à court termes de fonctions de support «
basiques » (nettoyage, jardinage, maintenance ...) à faible valeur
ajoutée. Ce transfert d'activité était principalement
associé à la réduction des coûts et les entreprises
n'avaient pas de réelle intention d'améliorer leurs processus.
Parfois ces accords étaient conclus à l'amiable et
n'étaient pas contractualisés ce qui engendrait des risques sur
l'intégration des fournisseurs de services dans la stratégie et
la vision de l'entreprise cliente. La culture d'entreprise ne pouvait
être correctement assimilée et les objectifs commerciaux
différaient entre prestataires et clients.
1 Définition de l'infogérance par
l'AFNOR, norme AFNOR Z 67 801-1
4
Mais avec à l'accélération de la
mondialisation financière dans les années 80, les échanges
se sont intensifiés provoquant un remaniement des flux logistiques et la
délocalisation d'activités vers des pays où la main
d'oeuvre est peu chère. La chaîne logistique s'est alors
complexifiée et chaque acteur s'est peu à peu recentré sur
leur coeur de métier, appelé aussi « core business ».
Le coeur de métier d'une entreprise représente son
activité principale (le plus souvent historique) dans laquelle se trouve
les connaissances et compétences centrales qui font sa force et la
différencie de ses concurrents. Les acteurs ont alors dû prendre
en considération la logistique et son importance dans leur
activité de coeur de métier afin d'en décider son
externalisation.
Les années 90 marquent l'essor de l'industrie de la
prestation logistique avec l'émergence des nouvelles technologies de
l'information et de la communication (NTIC). Les entreprises et leurs
prestataires peuvent alors travailler en réseau et normaliser des
processus ce qui accroit leur collaboration. Cela a permis une avancée
managériale et organisationnelles poussant les entreprises à
réfléchir sur l'externalisation de compétences qui
autrefois étaient gardées en interne. De plus, les prestataires
de services logistiques (PSL) agrandissent leur offre au vue de
l'évolution du marché.
Depuis les années 2000 et jusqu'à aujourd'hui, on
assiste lentement à
l'externalisation d'activités proches du coeur de
métier (SAV, R&D, ...) de l'entreprise. Plusieurs facteurs
expliquent cette avancée :
? Les prestataires logistiques se sont
spécialisés dans des secteurs spécifiques au fil du
temps
? Les entreprises ont pris conscience des enjeux de
l'externalisation en terme de gestion. Elle se doivent d'être
réactive face à l'évolution permanente du marché
(obsolescence rapide, phénomène de mode, ...)
? Les nouvelles technologies ont permis une meilleure
appréciation des besoins et ont facilité le pilotage des
collaborations
La définition de l'externalisation logistique a
évolué et ne concerne plus que les
services élémentaires (comme le définit
l'AFNOR) mais aussi des fonctions de support « complexes » de la
chaîne de valeur.
5
Depuis deux décennies on assiste à une
augmentation progressive des contrats d'externalisation sur du long terme
relevant d'activité proche du coeur de métier. L'externalisation
a alors évolué d'une dimension tactique à une dimension
stratégique où l'objectif n'est plus seulement de réduire
les coûts mais aussi d'accroître la performance de l'entreprise et
la rendre plus compétitive.
.
2. Concentration des entreprises sur le coeur de
métier
Comme nous l'avons entrevue dans la partie
précédente, l'environnement du marché économique
est en constante évolution ce qui oblige les entreprises à
être de plus en plus efficientes dans leur branche d'activité. Les
industriels doivent donc tenir compte de tous les facteurs environnants pour
mettre en place un management développant les compétences
fondamentales de l'entreprise tout en gardant une ouverture sur son
environnement. La mondialisation et l'accroissement du nombre de concurrents
ont favorisé les sociétés à se recentrer leur coeur
de métier et donc à externaliser les activités
périphériques. L'externalisation et les partenariats ont
entrainé le développement de collaboration
inter-organisationnelle. L'organisation autrefois dites pyramidale n'est donc
plus d'actualité et ne reflète plus le modèle
économique adopté par les entreprises. Aujourd'hui le mot d'ordre
est « entreprise étendue » ou « organisation en
réseau », l'ensemble des acteurs sont considérés dans
une même chaîne et les frontières entre entreprises sont
plus flous. Cette collaboration verticale permet aux entreprises d'avoir une
meilleure vue d'ensemble sur la fabrication de la chaîne de valeur et
donc de se concentrer plus sereinement sur son « core business ».
Avant de démarrer une démarche
d'externalisation, il s'avère donc évident et
crucial pour l'entreprise d'identifier ses compétences
fondamentales afin de construire une organisation stratégique
cohérente.
6
Identifier ses compétences fondamentales
:
Les compétences fondamentales également
appelées « core competence » sont les compétences
à forte ajoutée réunies dans le coeur de métier de
l'entreprise. Ce sont ces savoir-faire uniques et propres à l'entreprise
qui lui permette de créer de la valeur, d'atteindre ses objectifs et
d'obtenir un avantage concurrentiel.
P. COIMBATORE. et H.GARY 2
ont articulé ces compétences fondamentales
autours de cinq critères. Si la compétence
répond aux conditions de ces cinq paramètres alors elle est
considérée comme fondamentale :
? Elle doit être rare sur le marché,
être détenue par peu entreprises et dans l'idéal
détenue par seulement une entreprise
? Elle doit être difficile à imiter par
les concurrents ou potentiels concurrents. Si elle est rare mais facilement
imitable la compétence sera rapidement adoptée par l'ensemble des
concurrents. Reproduire et développer cette compétence dans une
autre entreprise doit être un investissement financier très lourd.
Son acquisition ne doit pas être facile, on peut par exemple la
protéger avec des clauses de confidentialité, de secret de
fabrication comme la recette de la boisson gazeuse vendue par la
société The Coca-Cola Company.
? Elle doit réduire les coûts ou créer
de la valeur pour le client.
? Elle doit permettre d'être compétitif,
de profiter des opportunités - comme par exemple l'ouverture sur un
nouveau marché - ou rester forte face à une menace
Développer une stratégie autour du
coeur de métier :
Une fois que les compétences sont définies, une
stratégie doit être élaborée autour de ces
compétences. La communication en interne de ces compétences est
essentielle afin que l'ensemble des salariés se sentent concernés
et qu'une cohésion autour de ces compétences se
créé. Pour que cet esprit collaboratif se développe une
organisation autour de ces compétences est indispensable pour exploiter
toutes les capacités de ce savoir-faire.
2 « The core competence of the corporation
», Harvard Business Review
7
De plus l'investissement doit se concentrer sur ces
compétences afin de bénéficier des meilleures
technologies, processus et apprentissages pour la faire évoluer et
conserver un avantage concurrentiel.
3. Les différents types d'externalisation
Dans la précédente partie les activités de
l'entreprise nécessitant des compétences
fondamentales pour fonctionner ont été
différenciées des activités n'ayant pas besoin de
compétences de notre coeur de métier pour fonctionner.
Le même schéma peut être repris pour
distinguer deux types d'externalisation :
? L'externalisation traditionnelle : Il s'agit
d'activités secondaires externalisées, l'objectif principal est
à terme de réduire les coûts.
? L'externalisation stratégique : Les
activités externalisées sont proches du coeur de métier de
l'entreprise. La stratégie est dessinée sur du moyen long terme
et couvre un horizon plus large impactant la structure organisationnelle de
l'entreprise.
Quel soit traditionnelle ou stratégique,
l'externalisation amène systématiquement à un transfert de
management plus ou moins important. Par contre le transfert de ressources n'est
pas systématique, J. BARTHELEMY 3 propose de distinguer
quatre types d'externalisation :
? L'externalisation traditionnelle sans transfert de
ressources :
Ce type d'externalisation est la plus fréquemment
utilisée par les entreprises. Elle consiste à confier de
manière répétée une fonction opérationnelle
de support « basique », isolée du coeur de métier et
peu sensible à un prestataire. Ces tâches sont
opérationnelles et à faible valeur ajoutée et n'aideront
pas à créer l'avantage concurrentiel de l'entreprise.
Généralement les services généraux sont les premier
concernés par ce type d'externalisation (traitement du courrier,
accueil, nettoyage, gardiennage ...).
3 « Préparer, décider et mettre en oeuvre
l'externalisation d'activités stratégiques »,
Stratégie d'externalisation, 3ème édition,
2007
8
4 L'externalisation traditionnelle avec transfert de
ressources :
Cela équivaut à confier à un prestataire
une activité peu sensible et éloignée du coeur de
métier comme l'externalisation traditionnelle classique. Mais cette
fois-ci elle s'accompagne d'un transfert d'actifs humains et / ou
matériels vers le prestataire.
4 L'externalisation stratégique sans transfert
de ressources :
Ce type d'externalisation est assez récent, elle
consiste à confier à un prestataire une activité sensible,
proche du coeur de métier et des compétences fondamentales comme
par exemple le SAV, la R & D ... Elle est donc considérée
comme stratégique car elle participe à la création de
valeur, de l'avantage concurrentiel et à l'évolution de la
fonction externalisée. Ce type d'externalisation est assez rare de par
sa complexité et sa gestion. Si les fournisseurs de services ne sont pas
à hauteur de la prestation demandée, l'entreprise peut être
fortement impactée.
4 L'externalisation stratégique avec transfert
de ressources :
C'est une fonction externalisée ayant la même
ampleur qu'une externalisation stratégique classique mais à la
différence qu'un transfert de personnels et / ou de matériels
sera constaté. Si sa gestion est correcte, elle contribuera à
renforcer l'avantage concurrentiel de l'entreprise, mais en cas d'échec
celle-ci sera confrontée à de forts dysfonctionnements.
Ces différentes formes d'externalisation auront donc
des objectifs différents en termes de résultats. En règle
générale, plus les résultats attendus sont importants,
plus la prise de risque l'est aussi. Dans le processus d'externalisation
traditionnelle ou non stratégique les résultats recherchés
sont l'optimisation et la diminution des coûts et des délais avec
au minima un maintien de la qualité. Les risques associés sont
plus restreints et plus facilement maîtrisables car la gestion des
activités à forte valeur ajoutée n'a pas été
modifiée. Le prestataire n'est pas intégré dans des
processus et activités proches du coeur de métier, la
réintégration et donc plus facilement réalisable. Dans le
cas d'une externalisation stratégique les objectifs sont
différents et demandent un investissement financier et humain important
pour la mise en place des processus de gestion de gouvernance de
l'externalisation. Les résultats attendus sont avant tout
9
une amélioration des performances. La réduction
des coûts est secondaire, elle peut être espérés mais
sur un horizon à long terme, ce n'est pas le but principal. L'objectif
principal et de maximiser la valeur des actifs et créer un avantage
concurrentiel en faisant évoluer ses processus. La gravité des
risques associés est plus élevée car la prestation a
engendré la modification de processus proches de notre coeur de
métier. En cas d'échec les activités à forte valeur
ajoutée seront impactées. Et en raison de sa relation
étroite avec le coeur de métier, la réintégration
est plus difficile.
De plus, qu'il s'agisse d'une externalisation à
caractère stratégique ou non-stratégique, la
réintégration sera d'autant plus complexe et couteuse s'il y a eu
un transfert de ressources.
4. Motifs et avantages d'une externalisation
L'externalisation des activités logistiques a pour
objectif de réorienter des
stratégies d'entreprise, de nombreux motifs et
avantages peuvent inciter les entreprises à externaliser :
Transformer les coûts fixes en coûts
variables : Le plus souvent la société fera appel
à un prestataire dans le but de réduire ses coûts fixes
(moyens humains et matériels) et de les transformer en coûts
variables. Ce qui est un grand avantage vu la hausse de la volatilité du
marché.
Contrôler les coûts : Les
coûts associés à l'activité externalisée sont
devenus
des coûts fixes et sont donc connus car les frais de
prestation sont contractualisés, donc l'évolution des coûts
peut être mieux comprise.
Améliorer sa compétitivité et
bénéficier de compétences étendues : Les
prestataires logistiques font bénéficier à leurs clients
de leur expérience et de leur expertise en matière de
qualité de ressources humaines, matérielles et technologiques.
L'amélioration de la compétitivité peut profiter à
des activités périphériques mais également à
des compétences fondamentales en fonction du type d'externalisation.
10
Investir dans les activités de coeur de
métier : Cela consiste à externaliser les
activités périphériques qui peuvent être devenues
encombrantes ou mal gérées en interne. De plus, investir dans des
activités à faible valeur ajoutée à un coût
élevé et la qualité ne sera peut-être pas au niveau
d'une prestation de service
Anticipation et flexibilité : En
raison de la volatilité de la demande, l'évolution du
marché est rapide et l'entreprise peut avoir du mal à s'adapter
rapidement à un environnement changeant. L'externalisation permet
d'accélérer et fluidifier le changement et donc d'être
réactif à la demande.
Accéder à de nouveaux marchés :
Un fournisseur peut permettre d'accéder à des nouveaux
marchés géographiques de par sa localisation ou son rayon
d'action. L'accès à de nouveaux marché peut
également se faire sur un horizon stratégique à moyen long
terme grâce à l'acquisition de nouvelles compétences et
technologies.
Pour améliorer ces compétences les partenariats
peuvent être un bon moyen et aujourd'hui ils ne servent plus seulement
à combler un écart ou une faiblesse mais plutôt à
exploiter une force et améliorer son efficacité. Mais
l'externalisation de la logistique est complexe et plus celle-ci prend un
caractère stratégique, plus elle s'expose à des
risques.
II. EXTERNALISATION ET SUPPLY CHAIN RISK
MANAGEMENT
Aujourd'hui les entreprises sont intégrées dans
une chaîne logistique globale avec des degrés d'interconnexion
organisationnel de plus en plus complexe. L'avantage d'une interconnexion est
d'améliorer l'activité et la compétitivité mais
également d'augmenter la valeur ajoutée de l'entreprise et de la
chaîne globale. Ces avantages s'appliquent également lors d'une
externalisation logistique, mais il faut prendre en compte les changements et
les risques que cela amène. Pourtant les entreprises peuvent avoir
tendance à négliger et atténuer les risques liés
à une externalisation
11
logistique. Il convient donc de connaitre les risques auxquels
on s'expose, de les anticiper et de les gérer.
1. Variabilité des risques liés à une
externalisation logistique
De nombreuse classification des risques liés à
l'externalisation sont proposées sur internet, vous en trouverez une en
tant qu'exemple en annexe 9. Nous avons choisi de présenter les risques
qui nous semble les plus important dans le cas d'une logistique
externalisée sans faire de classement spécifique.
Perte de qualité :
Lors d'une externalisation logistique la qualité peut
se définir comme « La conformité de l'ensemble de la
prestation autour d'un produit et non plus seulement la conformité
intrinsèque du produit. » 4 Mais le maintien de cette
qualité le long de la chaîne logistique peut être mis
à mal lorsqu'on externalise notre logistique. Voici quelques exemples de
circonstances pouvant perturber cette qualité :
? De mauvaises conditions de stockage, d'emballage, de
manutention ou bien un transport non adapté au produit
? Un prestataire n'accordant que peu d'importance à sa
qualité de service
? Un manque d'expérience du prestataire et donc
celui-ci n'a pas l'habitude de traiter ce type de demandes
? La perte d'employés-clés affaiblissant le
système et les processus mis en place par le prestataire pour son
client
Pour éviter une diminution de la qualité dans
notre chaîne logistique, il convient de bien décrire au
prestataire les caractéristiques et spécificités du
produit ou du service et le niveau de qualité attendue. Cette
qualité doit être définies dans le contrat en prenant en
compte la présence du prestataire dès qu'il est lié
directement ou indirectement dans un processus ou une tâche.
4 Qualité / Logistique : des métiers
de l'exigence à fort potentiel d'emploi, Nicolas Desfray
12
Perte de confidentialité
:
Dès lors que l'on contractualise avec un prestataire,
on peut être exposer à un risque de manque de
confidentialité et de perte de sécurité des informations
pouvant même aller jusqu'à la divulgation à des concurrents
d'informations pertinentes. C'est pourquoi dans le contrat d'externalisation il
est nécessaire de définir les clauses de protection des
données afin de garantir une sécurité. En plus de ces
clauses il faudra assurer un suivi de gestion et de contrôle de ce
risque. Que ce soit sur le plan opérationnel ou sur le plan financier
cette gestion n'est pas à négliger. Par exemple la mise en place
d'un système de surveillance à un coût à prendre en
considération lorsqu'on choisit d'externaliser. Cependant, les standards
de confidentialité adoptés par les prestataires sont en
général bien détaillés et étoffés car
il en va de leur réputation de ne pas faire défaut à leurs
clients. Mais ce risque reste tout de même un point sensible qu'il faut
surveiller car les conséquences peuvent être dramatiques pour
l'entreprise en fonction des informations divulguées et des acteurs
recevant les informations.
Perte de vision :
L'externalisation de la logistique peut provoquer une perte de
vision pour l'entreprise cliente sur le processus qu'elle externalise mais
aussi sur les acteurs de la chaîne qui sont associés au processus
externalisé. A contrario le prestataire peut également avoir une
perte de vision dû à un manque de communication notamment.
La conséquence est une rupture des flux à
double-sens :
? Perte de vision aval : Par exemple, si le
prestataire gère l'achat des matières première mais n'a
pas assez de recul pour voir les innovations qui se font sur le marché
pour le produit en question. Ces matières premières risquent de
devenir obsolètes pour rester compétitif, et le client
(l'entreprise receveuse de service) peut perdre la possibilité de voir
les innovations faites en amont de la chaîne logistique car le
prestataire ne voit pas la situation commerciale du client.
? Perte de vision amont : Externaliser la chaîne
logistique amont peut mener à ce que les innovations amont soient
réalisées seulement par les
13
prestataires. L'entreprise client s'éloigne alors des
processus amont et peut perdre les connaissances et la vision sur les maillons
en amont de la chaîne.
Si les prestataires sont plus intéressés par la
vente du produit à l'industriel que répondre à la demande
du marché, le produit à un risque de devenir obsolète. Le
prestataire ne doit pas faire barrière entre l'entreprise receveuse de
service et les fournisseurs amont, cette perte de contact est nocive pour la
viabilité de l'activité. C'est pourquoi une bonne gestion des
relations avec le prestataire est nécessaire et doit permettre d'avoir
des contacts directs et communs avec les fournisseurs en amont.
? Exemple sur la perte de vision en amont
- Société Mattel :
Dans le processus d'approvisionnement chaque sous-processus
doit être analysés (innovation, contrôle qualité,
planification ...) afin d'identifier les parties (fournisseur amont,
prestataire, entreprise receveuse de service) les plus efficaces pour
gérer tel ou tel sous-processus dans le but qu'elles en prennent la
direction. Mais en tant que client du prestataire et du fournisseur amont nous
devons superviser et garder un oeil sur les processus au risque d'avoir un
produit ne répondant pas à nos attentes. Parfois le produit est
non conforme sans même que l'on ne le sache dû à un manque
de communication et de visibilité sur la gestion en amont.
On peut par exemple citer le cas de l'organisme Mattel
détenant la filiale Fisher-Price, fabricant américain de jouet
pour enfant. « La société Mattel a été
condamné à une amende de 2,3 millions de dollars pour avoir
commercialisé des jouets contaminés au plomb »
5. En Août 2017 la société Mattel a mené
une enquête sur son sous-traitant Chinois charger de la fabrication de
leurs jouets, ils se sont aperçus des non-conformités et ont
rappelé des millions de jouets à travers le monde. Suite à
ce rappel la justice a été saisie et Mattel a été
condamné a versé cette somme alors que le sous-
traitant a été disculpé par les
autorités chinoises. Mattel n'avait pas adopté la bonne
stratégie et avait perdu la visibilité nécessaire en amont
et c'est donc exposé à des risques.
5 Jouets dangereux: lourde amende pour
Mattel, Publication du journal LeParisien, 2009
14
Perte de savoir-faire et de compétences
:
L'externalisation de la logistique peut mener l'entreprise
à ne plus couvrir en interne certaines compétences et
qualifications associées aux fonctions externalisées, cette
expertise peut être en rapport avec un processus ou de
l'équipements spécifiques. En préférant
externaliser, la société peut devenir vulnérable et peut
perdre ces connaissances et son expertise, affaiblissant sa
compétitivité. Ceci peut découler de différentes
causes, comme par exemple :
- Des salariés fautes de pratique peuvent perdre ces
compétences,
- La présence d'un turn - over au sein de la
société s'accompagnant de la perte d'employés ayant les
qualifications pour les tâches externalisées,
- Des évolutions technologiques importantes dans les
processus externalisés provoquant la caducité des qualifications
autrefois d'actualité,
- Un transfert de compétences et de ressources
indispensable pour réaliser des innovations. En outre, l'organisation
peut perdre le contact avec les savoir - faire nouveaux.
Les conséquences d'une perte de savoir en interne va
engendrer d'autres risques, et notamment la dépendance aux prestataires
et aux ressources externes. Cette dépendance entrainant elle -
même d'autres risques comme la diminution du pouvoir de
négociation et la difficulté à réintégrer en
interne les activités. Il est donc important de suivre de près
ces activités, en continuant de réaliser une partie en interne ou
bien en intégrant des salariés de l'entreprise sur des missions
réalisées par le prestataire.
Externaliser trop de connaissances
:
Les connaissances sont les atouts d'une entreprise, ce sont
elles qui ont permis à l'entreprise de naître et de se
développer. Ces compétences font la force de l'entreprise, elles
se situent dans le coeur de métier de la société. Si l'on
fait le choix d'externaliser trop de connaissances faisant partit de notre
« core competence » on s'expose à des risques. La menace est
de créer des concurrents puissants utilisant nos connaissances.
15
Exemple de New Balance : Se fait duper par son fournisseur
chinois
On peut citer l'ouvrage «THE SUPPLY-BASED ADVANTAGE»
où l'auteur dans un passage du livre nous parle de sa rencontre avec un
responsable de la société Black & Decker (fabricant
américain d'outillage de bricolage et de jardinage). Le responsable lui
a expliqué qu'ils évaluaient en interne les prestataires sur la
base de plusieurs critères, dont le critère « potentiel
concurrentiel ». Il explique que certains de leurs fournisseurs sont
localisés dans des pays où la main-d'oeuvre est peu chère
et si ces fournisseurs acquièrent trop de connaissances de l'entreprise
client, le risque est qu'ils deviennent des concurrents.
Le responsable parle ensuite de la société New
Balance (équipementier sportif Américain) ayant rencontrée
des problèmes en décidant d'externaliser sa production au
marché Chinois. Il y a quelques années la société
New Balance a surpris un de leur fournisseur chinois passer une commande de
matière première pour la production de 500 millions de paires. La
marque n'avait pas passé commande pour ces paires. Dans la même
période, il y a eu l'apparition de contrefaçons en Europe de
l'Ouest et au Japon. New Balance a alors fait le lien, elle a alors rompu les
contrats avec ce fournisseur de longue date et a repensé sa
stratégie et sa base fournisseur. Ils ont fait le choix de
réduire leur nombre de fournisseurs ayant leurs usines basées en
Chine et ont installé une gouvernance plus stricte et plus proche de
leurs prestataires.
Ce qui a été mis en évidence est le
partage de trop de connaissances mais aussi la différence de culture
entre les deux organisations. Les écarts de culture sont aussi
considérés comme un facteur d'échec. Le vice -
président des ventes internationales de New Balance s'est exprimé
en disant « Une fois que vous leur avez appris à fabriquer, tout le
monde peut le faire. Cela peut arriver à n'importe lequel de nos
fournisseurs, n'importe où dans le monde » En d'autres termes
« le choix d'une externalisation poussée allant jusqu'à
la conception et/ou la vente du produit peut amener à la création
de concurrents, antithèse de l'avantage concurrentiel » 6 .
6 The Supply Chain Bases Advantage, Stephen
C. Rogers
16
Opportunisme :
Il s'avère que l'engagement d'un prestataire de service
peut être favorable pour se recentrer sur son coeur de métier.
Mais d'autres fois, ce prestataire cherche à répondre à
ses besoins commerciaux avant de répondre à ceux de ses clients.
Les risques d`opportunisme sont nombreux :
- Une mauvaise relation avec son prestataire, l'exploitation
de celui-ci peut se retourner contre le client en question en engendrant des
attitudes opportunistes.
- Le prestataire dans le cadre de sa mission peut avoir
accès à des informations confidentielles entrant dans un cadre
stratégique. S'il est mal intentionné il peut utiliser ces
informations à des fins d'enrichissement et les divulguer à des
concurrents dans le but de travailler avec eux.
- Une négligence du prestataire pour sa mission et le
non-respect du contrat pouvant entraîner une diminution de la
qualité de service (sans diminution des tarifs), des retards
d'exécution, une augmentation des prix sans raisons apparentes ...
- La surexploitation de ressources communes de la part du
prestataire. Il peut par exemple utiliser des ressources communes qu'elles
soient humaines ou matérielles pour son propre compte et pour d'autres
de ses clients.
- Le non-respect du contrat et des missions à la charge
du prestataire. Son but peut être de travailler et créer de la
valeur ajoutée pour son propre compte au détriment de son client.
On pourrait constater la falsification de ressources ou d'informations, la
duplicité de sa stratégie (par exemple sous-traiter en cascade
sans en avertir son client).
Exemple du prestataire AEY : Quand les fournisseurs
volent la valeur au lieu de la créer
Pour exemple d'opportunisme et de falsification on peut citer
l'énorme scandale de fraude sur des contrats logistiques de
l'armée Américaine. Lors de la guerre d'Irak et d'Afghanistan,
l'armée Américaine aurait débloqué près de
290 milliards de dollars d'argent du contribuable. Elle a lancé des
appels d'offre de tout type ouvert aux
17
entreprises du secteur privé. On peut notamment
évoquer la société d'armement AEY, elle avait
décroché un contrat avec le Pentagone de 300 millions de dollars
pour fournir l'armée Afghane en munition d'arme. Sous ce contrat il
était spécifié que l'achat d'armement Chinois
étaient interdit. Voulant s'enrichir injustement la
société a acheté un stock de munition
périmée à une société Albanaise qui
elle-même se fournissait sur le marché Chinois. AEY a alors
reconditionné les boîtes de munitions pour cacher leur origine
7 .
A cette époque, de nombreux contrats prêtant
à controverse ont fait l'objet d'enquête judiciaire : double
facturation, ristourne, pots-de-vin, conflit d'intérêt
(attribution de contrats à des entreprises liées à des
employés du gouvernement sans processus d'appel d'offre).
Ce risque peut découler d'un autre cité
précédemment : « La perte de vision » en amont (Exemple
de l'entreprise Mattel). La conclusion est qu'une gouvernance limitée,
des systèmes d'information médiocres, un manque de
compétence et de processus cohérant de gestion des fournisseurs
et des sources d'approvisionnement amène à un mauvais
contrôle des dépenses.
Le risque social :
Lors d'une externalisation le risque social est l'une des
premières menaces auquel
on peut se confronter. Un changement de gestion lié
à une externalisation impact directement les salariés. En effet
deux volets principaux sont à prendre en compte :
- Les changements en interne impactent la manière de
travailler des salariés et peuvent amener à une réticence
et une démotivation des salariés du au changement pouvant aller
jusqu'à la suppression de postes. Certains collaborateurs vont
être contre ce changement, pouvant générer des conflits
sociaux.
- L'externalisation peut entraîner un transfert de
personnel, mais ce n'est pas si simple d'un point de vue juridique. Client et
prestataire doivent respecter les dires de l'article L122-12 du code du
travail. Il impose que le transfert dépend d'une « entité
économique autonome » qui par définition signifie un
« ensemble
7 Cette histoire de fraude a été
adaptée au cinéma dans le film War dogs, 2016
18
organisé de personnes et d'éléments
corporels ou incorporels permettant l'exercice d'une activité
économique poursuivant un objectif propre » 8.
Il faut alors savoir si la logistique est définie comme une
entité économique autonome, si c'est le cas le transfert de
personnel est autorisé.
Dans les deux cas des tensions sociales peuvent être
créées prenant différentes formes : grèves,
diminution de la productivité des salariés, ... Les prestataires
dans une optique stratégique devront accompagner l'entreprise dans cette
démarche d'ingénierie sociale et organisationnelle.
Coûts :
Lors d'une externalisation, la première idée que
l'on se fait est une augmentation de la compétitivité en passant
par une diminution des coûts et une augmentation des gains. Mais cela
s'avère plus complexe, il y aura certes une diminution des coûts
directs mais une création de coûts induits (« cachés
») souvent sous-estimés.
On pourra distinguer différents coûts cachés
:
- Les coûts d'étude de marcher, de recherches de
prestataires (appel d'offre) et d'élaboration du contrat
- Les coûts de pilotage et animation des équipes
- Les coûts d'actualisation des contrats. Pouvant
entraîner une augmentation du prix de la prestation. Et si l'entreprise
est trop dépendante de son prestataire il lui sera difficile de refuser
cette augmentation.
- Les coûts en rapport avec les clauses du contrat
(pénalité, bonus-malus ...) - L'analyse des coûts et le
suivi des activités
D'autres part il arrive que les coûts de
réalisation en interne soient moins élevés qu'en
externalisant. Il faut alors bien réfléchir sur du moyen long
termes aux bénéfices que le partenariat peut nous permettre de
réaliser : développement sur un nouveau marché,
augmentation de la qualité, réduction des délais ... Si
aucun bénéfice ne peut
8 Cass. soc., 28 juin 2000, no 98-43.692
19
être constaté sur du moyen long termes il faut se
tourner vers un autre prestataire ou garder en interne son activité
logistique.
Perte de contrôle :
Lorsqu'on externalise sa logistique, si l'on ne met pas des
mesures en place dans le suivi et la gestion des processus l'entreprise peut
perdre pied. L'entreprise cliente peut se retrouver dans une position où
elle ne contrôle plus l'activité ou l'opération qu'elle a
externalisé. Si le contrat n'est pas bien défini et que la
gestion des risques n'est pas performante il peut y avoir de nombreuses
conséquences amenant à une perte de contrôle. Comme par
exemple la dépendance aux prestataires, une image et une
réputation qui se dégrade, une perte de qualité ou de
connaissances ...
Pour contrer ces risques il est donc important que
l'entreprise cliente développe des aptitudes de maitre d'ouvrage et des
outils de gestion appropriés aux fonctions externalisées (tableau
de bord de contrôle et d'audit interne et externe, identification des
dérives ...). Ce management est essentiel pour se défendre et
s'adapter à ces risques mais aussi se conformer à la
variabilité de la demande. Il convient alors de prendre conscience des
risques auxquels on s'expose avant de se lancer dans un processus
d'externalisation des fonctions de la chaîne logistique.
20
2. Vue d'ensemble sur le management du risque
Le supply chain risk management pourrait se définir
comme « la mise en oeuvre de stratégies pour gérer les
risques quotidiens et exceptionnels tout au long de la chaîne
d'approvisionnement sur la base d'une évaluation continue des risques
dans le but de réduire la vulnérabilité et d'assurer la
continuité » 9 .
Comme nous l'avons constaté et décrit dans la
précédente partie, l'externalisation ne possède pas que
des avantages mais possède également de nombreux risques qu'il
convient de maîtriser afin d'éviter que la situation ne devienne
incontrôlable. Pour manager ces risques il faut que le supply chain
manager connaisse les processus de sa chaîne logistique global. En
d'autres termes le management des risques doit s'appliquer en internes mais
aussi en externe à cause de l'interconnexion entre entreprises et
prestataires. Chaque risque doit être géré de
manière différente en fonction de la situation de l'entreprise et
de l'environnement dans lequel elle est positionnée. Le mangement du
risque sera donc vu sous un angle holistique en cinq étapes :
1. Fixer les objectifs :
Le risque zéro n'existe pas, lors d'une
externalisation on s'expose à des risques. La question qui se pose est
de savoir quel niveau de risque vous voulez prendre et ce que vous êtes
prêt à dépenser pour le gérer. Il faut donc se fixer
des objectifs en adéquation avec ce que l'on est capable de
supporter.
2. Rassembler, classer et hiérarchiser les
risques :
De nombreuse catégorisation des risques sont possibles,
on pourrait les regrouper en 3 catégories :
? Nature du risque :
- Environnement de l'entreprise (économique,
concurrents, demande ...)
- Réglementaire (lois, normes, ...)
- Opérationnel (qualité des
prestataire/fournisseur, disponibilité de
l'approvisionnement, ...)
9 A Critical Review on Supply Chain Risk -
Definition, Measure and Modeling, I. Heckmann; T. Comes, S. Nickel
21
- Financier (coûts cachés, volatilité des
prix, ...)
- Juridique (contrats, transfert de personnel illégaux,
...)
? Interne ou externe : En externalisant les principales
sources de risques vont surement être modifiées. Il conviendra de
juger dans quel axe il faut s'investir et développer sa gestion des
risques.
3. Gestion réactive ou proactive
:
Cette catégorie dépendra des objectifs
fixés lors de la précédente étape mais aussi de
l'efficacité à prévoir et contrôler les risques. Le
but d'une gestion réactive est de s'adapter rapidement à des
risques inattendus (concerne des risques que l'on ne peut prévoir).
Alors que le but d'une gestion proactive est de connaitre son environnement en
amont afin d'anticiper et éviter les risques. Une combinaison de ces
deux gestions est nécessaire pour avoir un haut niveau
d'adaptabilité.
4. Comprendre les risques :
Le risque doit être compris à deux
échelles : comme un risque individuel et comme un risque qui
interfère avec d'autres risques. On a pu le remarquer dans la partie
précédente les risques sont la cause d'autre risques entrainement
un mouvement en cascade. Par exemple la perte de savoir-faire sur les fonctions
externalisées peut amener à une dépendance envers le
prestataire pouvant engendrer à son tours un risque d'opportunisme comme
l'augmentation des coûts de la prestation. C'est pourquoi une
compréhension et une évaluation des risques est primordial.
5. Gouverner le risque :
Une fois le risque appréhendé et cerné, il
faut le gérer. Une distinction en trois
étapes peut se faire mais dans le cas d'une
externalisation logistique on peut ajouter une quatrième étape
:
Prise de risque : comme décrit dans la
première étape, c'est en fixant les objectifs que l'on
déterminera notre niveau de prise de risque.
Modérer le risque : Mise en place de
mesures pour éviter ou diminuer le risque avec l'élaboration de
planning d'urgence adapté à la situation.
22
Gestion du risque : Pour gérer le
risque il faut s'adapter à la situation et tenir compte des facteurs de
risque lié à l'environnement de l'entreprise. La mise en oeuvre
de plans d'atténuation des risques est essentiel et reflète une
gestion proactive.
Collaboration des risques avec le prestataire et les
autres acteurs : Dans une démarche d'externalisation le
prestataire se doit de s'intégrer dans la démarche de supply
chain risk management, en particulier si l'externalisation est de nature
stratégique. Une collaboration et le partage d'informations et
d'indicateurs avec les autres acteurs de la chaîne logistique
étendue est essentiel.
6. Reporting intégré :
Création d'un reporting sur le suivi de la situation du
service de gestion des risques et sur les risques liés à la
prestation. L'utilité est de suivre l'évolution des risques et
par la même occasion vérifier la santé du système et
s'adapter en conséquent à l'environnement et au marché. Le
reporting permet d'avoir une réponse rapide au changement et donc
d'adopter une certaine agilité.
Comme a pu le remarquer et le développer dans cette
partie, un risque est rarement indépendant et va découler
d'autres risques et en causer lui-même de nouveaux. Ces risques sont
variés en fonction de la nature de l'industrie et dépendent de
l'environnement et du secteur de la chaîne logistique. Il faut donc les
aborder de manière différente en fonction de ces
paramètres.
La mise en place d'un management de ces risques est
obligatoire pour assurer la viabilité du système
externalisé et celle de l'entreprise. Cela s'effectue par l'instauration
de procédures de contrôle et de suivi, par une gestion des
relations avec le prestataire, l'élaboration de contrats
détaillés ...
23
III. LA PRISE DE DECISION
D'EXTERNALISER ET LES ETAPES D'UNE DEMARCHE D'EXTERNALISATION
1. Différentes approches décisionnelles :
Le processus de décision peut se définir comme
l'acte d'un acteur (ou d'un ensemble d'acteurs collaborant) à effectuer
un choix en conformité avec les objectifs de l'entreprise dans le but
d'apporter une solution à un problème ou d'améliorer un
système. Dans la vie d'une entreprise les décisions prise doivent
être réfléchies et s'appuyer sur des connaissances.
Les niveaux de management :
Les prises de décision peuvent s'illustrer en trois niveau
comme le décrit IGOR
ANSOFF dans son livre Corporate Strategy (1965) : Niveau
opérationnel, tactique et stratégique.
4 Niveau opérationnel :
Les décisions ont une portée limitée dans
temps et le champ de l'entreprise. Ces décisions découlent
d'actions établies au niveau tactique. Elles peuven<t concerner la
gestion des stocks sur du court terme, l'ordonnancement d'activités, la
gestion de transport ...
On pourrait l'assimiler aux décisions que prend G.
CAUBET, responsable logistique rencontré lors de mes interviews que l'on
peut retrouver en annexe 3 bis. Lorsqu'il choisit de faire appel à un
sous-traitant particulier pour réaliser un enlèvement de
marchandises, c'est une prestation sur du court terme.
4 Niveau tactique :
Les décisions tactiques ont un impact sur le moyen
terme. Elles dépendent des décisions stratégiques prisent
en amont et doivent être en continuité de celles-ci. Elles vont
concerner les processus d'approvisionnement, de production, de gestion des
stocks et de distribution.
24
? Niveau stratégique
Les décisions stratégiques ont des
conséquences beaucoup plus importantes pour l'entreprise puisque de ces
choix dépendront les décisions tactiques et
opérationnelles. Elles portent « sur la définition de
politiques d'investissement, de gestion et de conception du réseau
logistique » 10 . Pour l'externalisation c'est au niveau
stratégique qu'on déterminera le choix des prestataires, leur
localisation, leur qualité ... Ces décisions vont
également être liées à des remaniement
d'infrastructures, de personnels, de matériels, de technologies ou de
processus liés à la modification de gestion des activités
logistiques.
Les univers décisionnels
Selon que l'on considère notre environnement et
l'univers dans lequel évolue la décision à prendre, les
hypothèses de travail et les outils à utiliser ne sont pas les
mêmes. Une approche peut être faites selon l'univers dans lequel se
trouve l'entreprise :
|
DEMARCHES
|
OUTILS D'AIDE A LA DECISION
|
UNIVERS CERTAIN
|
Connaissance parfaite des paramètres et des
conséquences des décisions
|
Optimisation linéaire Actualisation des
données Data warehouse de l'entrprise
|
UNIVERS ALEATOIRE
|
Paramètres pas entièrement maitrîsés
mais leur fluctuation peut être prévue
|
Probabilité Statistiques (variance et écart
pour idenfier les risques) Arbre de décision (Pour analyser
les conséquences de la décision)
|
UNIVERS INCERTAIN
|
Paramètres non maîtrisables
Pas assez d'informations pour prévoir
les conséquences de la décision
|
Théorie des jeux (s'intéresse aux
décisions stratégiques des acteurs
économiques) Critères maximax (choix optimiste) et minimax
(choix d'un gain minimum mais prenant moins de risque)
|
UNIVERS CONFLICTUEL
|
L'événement dépend
essentiellement d'acteurs hostiles (Ex : situation oligopole)
|
Théorie des jeux
|
10 Interconnexion des réseaux logistiques :
éléments de définition et potentiel, S. ROCHDI
25
2. Modèles d'aide à la prise de
décision
Modèle de CUMMINS :
? Matrice de décision
:
A la fin des années 1990, Bob Monczka
propriétaire de l'entreprise Cummins Engine présente une matrice
de décision pour l'externalisation des opérations de fabrication
et prouve comment l'externaliser l'a aidée à redresser son
entreprise. Ce processus a changé la culture de Cummins, qui est
passé d'une réticence à externaliser ses activités
à une ouverture d'esprit sur le sujet.
Aujourd'hui, cette matrice de décision est toujours
utile et d'actualité pour
permettre une bonne réflexion sur l'externalisation
d'une opération, qu'il s'agisse de la fabrication ou d'un processus
commercial.
Ce modèle conduit à quatre types
d'opérations, donc à quatre types de décisions.
1. Processus stratégiques bien
exécutés : (tant sur le plan opérationnel qu'au niveau
de la compétitivité et des coûts) Dans cette partie on
trouvera les activités de coeur de métier, les compétences
de base qui doivent être conservés et entretenues.
2. Processus stratégiques mal
exécutés : Il s'agit de la zone la plus critique du cadran.
Ces processus sont indispensables pour obtenir un avantage concurrentiel, mais
l'entreprise n'est pas douée pour les mettre en oeuvre. Plusieurs
options s'offrent à l'entreprise :
- Reconstruire en interne ces compétences n'ayant su
suivre l'évolution du marché : C'est généralement
un processus long et coûteux. Où plusieurs questions doivent
être émises : Ai-je les moyens financiers et le temps de le faire
? Et quand bien même c'est le cas, ai-je les compétences
nécessaire pour le faire ?
- Faire appel à un prestataire externe. Ce fournisseur
de services doit être spécialisé dans le domaine à
externaliser afin d'avoir les connaissances nécessaires pour rendre
l'entreprise plus compétitive.
26
3.
Processus non stratégiques mal
exécutés : Ce sont des opérations basiques à
faible valeur ajoutée qui sont mal gérées en interne. On
peut choisir de faire une réorganisation en interne, mais il peut
être plus avantageux de l'externaliser. Les confier à un
prestataire peut permettre des économies de coûts et un meilleur
fonctionnement.
4. Processus non stratégiques bien
exécutés : A ce niveau une réflexion doit être
faîtes : Est-il judicieux ou pas d'externaliser ces activités ?
Certes elles sont biens exécutées en interne et donc la
performance opérationnelle est au rendez-vous. Mais il faut
également s'assurer que la performance économique l'est aussi et
est proche ou supérieure à celle disponible à
l'extérieur. Il faut donc mettre en place un système de
contrôle afin de s'assurer régulièrement que les
résultats de l'opération ne s'érodent pas avec
l'évolution des technologies, des concurrents et des fournisseurs de
services. T'en que les performances économiques internes sont plus
compétitives que celles pour la même opération
externalisée il va de soi que l'activité peut être
gardée en interne. Cependant si le système de contrôle
remarque que l'opération non stratégique s'affaiblies
économiquement ou opérationnellement, il faudra
réfléchir à ce qui est le plus rentable : Investir pour
remettre à flot l'opération en interne ou externaliser
l'opération qui n'est plus possible de gérer au vue de
l'évolution du marché.
? Décider du caractère
stratégique d'une opération :
L'entreprise Cummins a dû réfléchir
à comment identifier les caractères stratégiques d'un
processus. La société s'est basée sur 3 critères
simples et efficaces. La règle est que si le processus analysé
répond à l'un de ces 3 critères alors il est
considéré comme stratégique :
? Le processus en fonction de s'il est géré en
interne ou en externe conduit à une différenciation perceptible
par le client. La conclusion est que le client doit voir une différence
positive et compétitive pour son activité. Même si cette
vision est indirecte comme par exemple lorsqu'un système d'information
est remanié et
27
permet de mieux lire, traiter et utiliser les informations et
donc de se comporter plus efficacement pour la gestion de l'activité.
? Les compétences à mettre en oeuvre pour
effectuer le travail et répondre à la demande sont trop
difficiles à instaurer et à construire et les remplacer ou les
adapter prendraient trop de temps et d'argent.
? L'entreprise est assez importante est compétitive
dans son secteur et le secteur en question est bien développé. Ce
qui a pour conséquence d'éviter un comportement opportuniste du
prestataire. Cela signifie qu'un grand nombre de prestataires seront
spécialisés dans le secteur et que le marché de
l'externalisation sera concurrentiel. L'acheteur de prestation sera en position
de force face aux prestataires. Ses pouvoirs d'appréciation et de
sélection du prestataire se voit élargis.
Malgré tous ce critère est plus tendancieux car
lorsqu'un accord est passé avec un prestataire le pouvoir peu changer de
camp. Si les termes du contrat n'ont pas été clairement
définis et ceux jusqu'aux moindre détails, le prestataire peut
devenir opportuniste amenant à : une diminution des performances, un
manque de renouvellement et d'innovation permanente, une augmentation des prix
... Ce critère demande donc de la réflexion et d'avoir une vision
future sur les évènements pouvant se produire :
dégradation de la relation, évolution du marché. Il faut
donc toujours envisager des solutions échappatoires et prévoir
des stratégies de sorties avant même d'avoir signé un
accord.
MODELES IMC :
? Une rationalité limitée
:
L'économiste et sociologue H. SIMON a
étudié les processus de prise de décision et
développé un modèle basé sur la rationalité
limitée nommé IMC (1960). Selon lui, les véritables
entreprises visent à satisfaire plutôt qu'à maximiser leurs
résultats. En d'autres termes, certaines entreprises peuvent se
contenter de réalisations « assez bonnes » au lieu de
s'efforcer d'obtenir les meilleurs résultats. Cette approximation de
28
résultat se base sur l'approche de la
rationalité limitée. Pour la prise de décision, les
acteurs impliqués savent qu'il est déraisonnable de rechercher
des informations complètes et donc selon la situation, la
décision prise sera rationnellement limitée. Par
conséquent, le décideur adopte souvent une solution qu'il
considère comme satisfaisante. Mais ce n'est que lors de son application
qu'il sera si la solution était optimale et efficace.
On peut distinguer différents facteurs limitant la
rationalité du décisionnaire :
- Le temps et le budget à allouer à cette
décision
- La tendance à favoriser le choix de solutions
déjà connues et expérimentées
- Les connaissances et compétences limitées des
décideurs : Leur limitation
affectera la perception et la compréhension des
différents choix possibles
- L'esprit du décideur : La compréhension des
objectifs et les risques que cela
impose peuvent varier en fonction de la personnalité du
décideur
- Le degré de centralisation du pouvoir décisionnel
dans l'entreprise
- L'environnement plus ou moins complexe : Le décideur
doit prendre en compte les limites de l'environnement et les
opportunités qu'il offre d'un point de vue économique, juridique,
de ressources matérielles et immatérielles ...
- La nature et le type de décision (programmables vs
non programmables, opérationnelles - tactiques - stratégiques)
Il décrit également l'apparence d'une entreprise
ou d'une organisation appliquant
un modèle rationnel. Les décisionnaires
devraient avoir connaissance de toutes les solutions et des conséquences
de chacune d'elles.
? Les trois phases décisionnelles
:
H. SIMON a modélisé le processus
décisionnel en trois phases sous le nom de « modèle IMC
(Intelligence - modélisation - Choix) » :
- Phase d'intelligence :
L'idée est ici de d'identifier le problème ou
les objectifs en collectant le maximum d'informations sur l'entreprise et son
environnement. Les décideurs devront analyser les enjeux soulevés
en utilisant les informations internes et externes recueillies.
29
- Phase de modélisation :
Le décideur doit considérer les risques et les
opportunités pour évaluer, développer et concevoir les
solutions qui peuvent être utilisées.
- Phase de choix :
Il s'agit d'évaluer, comparer et classer les solutions
précédemment identifiées dans la phase de
modélisation. Cette étape requiert les compétences
entrepreneuriales des décideurs. Les risques dépendront du choix
qui est pris.
Le processus de décision ne peut pas s'arrêter au
choix de la solution, celle-ci doit maintenant être mise en oeuvre. Cela
implique une dernière phase à ajouter au modèle IMC, la
phase de contrôle et d'évaluation de la décision
appliquée. La complexité de cette dernière phase
dépendra du caractère de la décision (stratégique,
tactique ou opérationnelle). Les suivis de la phase de contrôle
permettront d'évaluer la qualité et l'efficacité de la
solution et d'ajuster si nécessaire avec des actions correctives.
Le processus décisionnel s'articule donc autour de
quatre phrases, en commençant par l'identification des problèmes,
la proposition de solutions puis la sélection de l'une d'elle en
adéquation avec les objectifs, et pour finir par l'évaluation de
celle-ci. Le résumé du processus est schématisé en
annexe 10.
? Structuration de la décision
:
Parrallèlement dans les années 1970, SIMON
différencie les décisions
programmées des décisions non programmées
que l'on pourrait comparer aux modèle rationnel et de rationalité
limitée :
- Les décisions programmées : Sont
considérées comme programmables les décisions dites «
répétitives et routinières ». Des procédures
standards ont été définit pour appliquer ces
décisions sans avoir à les reconsidérer à chaque
fois qu'elles se présentent comme par exemple le traitement des
commandes à l'aide d'un programme informatique.
- Les décisions non programmées : Sont
considérées comme non programmables les décisions
faiblement structurées : « inhabituelles,
30
nouvelles, non structurées ». Des
procédures spécifiques ont été
déterminées pour appliquer ces décisions
stratégiques comme par exemple l'extension d'un réseau de
distribution.
Il faut le voir comme un continuum de structuration de la
décision :
? Correspondance entre la structuration des
décisions et les phases décisionnelles :
LE MOIGNE (1973), spécialiste en
épistémologie constructiviste et systémique met en
corrélation la structuration de la décision et le modèle
IMC pour éclaircir les zones à privilégiées :
Pour faire de nouveau une similitude avec nos interviews
(Annexe 3 bis) : Dans le classement des décisions par niveau, nous
avions catégorisé comme action opérationnelle le fait
d'appeler un sous-traitant pour la réalisation d'un enlèvement
particulier comme le fait G. CAUBET. Dans le modèle IMC cette
décision est semi-programmable. C'est-à-dire que l'on connait la
demande d'enlèvement du fournisseur
31
(ce n'est pas inhabituelle), mais on ne connait pas avec
certitude le sous-traitant qui s'en chargera. Plusieurs transporteurs peuvent
être en mesure de répondre à cette demande de
réception, le responsable logistique peut donc utiliser plusieurs
solutions. Ce qui correspond bien à la zone à privilégier
dans le graphique présenté plus haut.
3. Sélection des prestataires :
Toute entreprise souhaite exécuter sa stratégie
comme elle l'entend afin d'obtenir l'objectif final voulu. Mais ce n'est pas si
simple, le marché est en constante évolution. On peut l'analyser
mais on ne peut pas connaitre la répercutions d'évènement
inattendus comme nous le vivons actuellement l'exemple avec la crise
économique causée par le COVID 19. Cette idée est à
prendre compte lors du choix d'un fournisseur de services. Lors de notre
recherche de prestataires il ne faut pas s'attendre à trouver la perle
rare qui sera répondre parfaitement à nos attentes pour obtenir
l'objectif voulu. Il advient qu'il faut réfléchir autrement, il
faut analyser les offres de manière à établir les options
qui s'offre à nous. Plusieurs étapes essentielles sont
nécessaires pour sélectionner le ou les futurs prestataires.
Création d'un cahier des charges et l'appel
d'offre
Le cahier des charges doit décrire ce qui doit
être fait d'un point de vue technique et fonctionnel et exposer les
résultats que l'on souhaite obtenir. On peut aussi y introduire la
vision de l'entreprise en termes de développement. Il n'est pas
nécessaire de décrire en détail les processus pour y
parvenir. Si on recherche un prestataire c'est que nos processus
n'étaient plus à même de suivre l'évolution du
marché. Le prestataire a probablement ses propres processus de travail.
Contraindre le prestataire à appliquer un processus unique, c'est
recréer un goulot, une individualité et rester dans une vision
cloisonnée du marché rendant la fonction peu performante et non
compétitive. Les processus doivent se créer collectivement et
traduire une volonté de partage social. Le rôle des
employés doit être intégrés à
différents niveau dans le cahier des charges afin d'assurer leur statut
et leur sentiment d'appartenance au groupe. L'organisation du suivi du
contrôle de la qualité et de l'amélioration des
32
performances sont à émettre dans le cahier des
charges afin d'être rapidement opérationnel.
Nous pouvons également effectuer du Sourcing et
e-Sourcing pour étendre notre spectre de recherche et dénicher
des candidats dit « passif » c'est à dire des candidats qui ne
recherchent pas activement un emploi mais qui ne refusent pas d'offrir leur
prestation. Cependant il faut prendre en compte le temps et le coût
financier que cela engendre.
Traitement de réponses et approches
multicritères
Une fois l'appel d'offre clôturé il faudra faire
un choix parmi les candidats à la prestation. Le choix doit être
réfléchis et tenir compte de différents paramètres.
Une approche multicritère est relativement efficace, le principe est de
choisir des critères de sélection adéquate à la
situation et aux objectifs visés.
L'analyse multicritères permet de faire face à deux
contraintes :
? La subjectivité dans l'importance des
critères. Les critères doivent être communs et non
contradictoires afin qu'ils soient réalistes.
? L'hétérogénéité des
critères. « Si quelques critères sont
définissables objectivement (les coûts, la qualité, les
délais, le profil financier du partenaire), d'autres, plutôt
comportementaux, intègrent une part de subjectivité (climats
social chez le prestataire, compatibilité culturelle, compétences
réelles, expérience, capacités d'adaptation, les relations
personnelles, implication future...). » 11 . Ces critères sont
parfois complexes à comparer, ils doivent être abrégeables
et rationnels.
? Evaluation de l'importance relative des
critères sélection :
L'efficacité d'une analyse multicritère
dépends donc du choix des critères mais aussi de l'importance
qu'on leur accorde sous forme de pondération. La détermination du
poids des critères découle de négociations internes. Des
désaccords peuvent s'observer car chaque individu ou équipe vont
lister les critères en fonctions de leurs
11 Construire collectivement le processus de
sélection d'un prestataire logistique, T. SAUVAGE
33
propres besoins. Pour rationaliser le poids de ces
critères il faut appliquer une démarche constructive de
manière à gérer les désaccords. L'opération
consiste à échanger avec les acteurs définissant les
critères afin de leur fournir des informations et une vision plus large
de la stratégie d'externalisation. Le but est d'enrichir et stabiliser
leur point de vue.
Cette démarche doit permettre de sélectionner
des critères distincts et en nombres réduits afin de faciliter
leur pondération. Pour déterminer le coefficient de
pondération, des méthodes mathématiques peuvent
également être utilisées, on peut notamment citer la
méthode ELECTRE (développée par Bernard Roy en 1968)
basée sur les notions de concordance et discordance des
critères.
? L'agrégation des
préférences internes :
Le processus de sélection d'un prestataire logistique
affectera de nombreux acteurs directs (logistique, achat, ...) et indirects
(ressources humaines, communication ...). Les différents services
peuvent avoir des avis qui divergent et donc être en conflit sur la
pondération des critères sélectionnés. Pour pallier
à ce problème et obtenir un système cohérent et
significatif des préférences internes, on peut attribuer un
coefficient de pondération aux individus ou service en fonction de leur
pouvoir d'influence sur les résultats.
L'approche multicritère est résumée en
annexe 11 sous la forme d'un tableau.
On remarque que la modélisation ne suffit pas, un travail
de terrain est nécessaire
pour identifier, discriminer, restreindre et pondérer
le nombre de critères. L'utilisation de cette méthode demande du
temps et une gestion minutieuse.
34
Contractualisation de la prestation
:
Un contrat pourrait être définit comme « un
accord de volontés concordantes entre
une ou plusieurs personnes (les parties) en vue de
créer une ou des obligations juridiques. C'est aussi la relation
juridique qui découle de cet accord » 12 .
Le contrat est un outil de contrôle de la prestation et
de la structure inter-organisationnelle qui en découle. Il permet de
fixer la structure de la relation de manière légale. Il
définira la gestion des processus et des relations mis en place, son
impact est ciblé sur les objectifs à atteindre. Par
conséquent, le contrat de prestation doit :
? De s'appuyer sur le cahier des charges fonctionnel et
technique pour décrire la prestation et les moyens à mettre en
oeuvre
? D'indiquer les tarifs de la prestation (coût variables et
fixes)
? De fournir les modalités de résiliation afin
d'éviter une rupture soudaine des relations commerciales
? De prévoir les clauses générales
? Contrôler efficacement les fournisseurs de
services avant de conclure
un accord
Différents points doivent être
contrôlés avant la signature d'un contrat. Il est conseillé
de faire des visites sous forme d'audit chez les prestataires
présélectionnés, afin de vérifier leurs ressources,
leurs process, leur stabilité financière ... De même, il
peut être profitable de faire appel à des consultants du secteur
pour avoir un avis extérieur.
De plus le développement d'une stratégie de
Sourcing en amont s'avère efficace
et doit permettre d'avoir une approche nette du marché
et c'est aussi cette stratégie qui conduit au processus
décisionnel et à la prise de décision d'externaliser.
12 Le Droit des obligations, P. TERCIER et P.
PICHONNAZ, 2012
35
4 Ouvrir ses portes aux prestataires
présélectionnés :
Le receveur de service devra « ouvrir ses portes »
aux prestataires présélectionnés. Le but est de permettre
aux prestataires de voir les méthodes de travail des opérations
ayant un lien direct ou indirect avec la prestation qui lui sera
peut-être confiée. Cela permet d'identifier les processus internes
bancals qui peuvent altérer la prestation. Les fournisseurs de services
pourront également aider à l'amélioration de ces processus
dans le cadre d'une mission stratégique d'amélioration de la
chaîne.
La finalité de cette démarche est d'annoncer les
mauvaises nouvelles au plus tôt pour savoir comment les modifier et
adapter le contrat à ces contraintes. Le prestataire doit connaitre le
fonctionnement de l'entreprise receveuse avant que la transition ne se fasse.
« Ce niveau d'ouverture, qui semble contre-intuitif par rapport
à certains achats simples de marchandises, est essentiel lorsque le
travail fait partie du système de livraison de la valeur (par exemple,
planification logistique, centres d'appel du service clientèle,
promotion des ventes/publicité) ou de la gestion interne de l'entreprise
(comptabilité, gestion des commandes, comptes fournisseurs, technologie
de l'information). » 13 Dans ces conditions le contrat aura plus de
chance de perdurer dans le temps car les facteurs internes de l'entreprise
seront pris en compte dans sa rédaction. A contrario, un contrat
rédigé sans une vision globale de la situation interne de
l'entreprise sera voué à l'échec.
4 Définir méthodiquement la
durée du contrat qui serait la plus avantageuse
Au début de l'externalisation, les contrats convenus
entre receveurs et fournisseurs de services s'étalaient sur de longues
périodes allant jusqu'à dix ans. Les contrats à court
terme (entre un et deux ans) sont souvent mis de côtés du fait du
temps de Sourcing qu'il faudrait y engager. De mon point de vue, le temps
passé pour le remaniement d'un contrat ou la recherche d'un prestataire
plus compétitif peut être intéressant notamment lors d'une
première externalisation. (Un contrat à court terme permettra par
exemple de rebondir sur des erreurs ou le manque de détails dans la
13 The supply-based
advantage, Stephen C. Rogers, 2009
36
rédaction d'un premier contrat ou bien lors un choix
précipité dû à une stratégie de Sourcing
néophyte).
Mais tous cela n'est que purement subjectif et dépend
de la complexité de l'opération à externaliser et de
l'horizon de nos objectifs.
4 Quelques risques liés à la
contractualisation :
Parfois les exécutants au contrat s'exposent à
différents risques :
- Juridique : Ils se voient dans l'embarrât de
contourner les clauses du contrat. Il arrive que la nature des processus soit
si complexe que les personnes les exécutant ne les réalisent pas
tel que décrit dans le contrat. Les accords écrits sont trop
restreints et sans marge de manoeuvre.
- Différences d'interprétations de ce qui a
été convenu (entre les fonctions en interne et avec le
prestataire par rapport au contrat)
- Coûts imprévus
- Dégradation des niveaux de service
-
...
4 Les clauses liées au contrat :
Pour éviter ces risques il faut élargir la
capacité et la maniabilité du contrat, des scénarios
d'évolution positif et négatif amenant à
différentes options doivent être proposés. Egalement
l'inscription au contrat des conséquences dû à
l'échec d'un accord sur une des options des scénarios permet
d'avoir une sécurité supplémentaire. Cet enrichissement du
contrat permet aux deux parties de se mettre en accord sur des conditions
imprévues et donc de clarifier le contrat, en d'autre terme le contrat
doit être vivant et évolutif.
Gouvernance : là ou se trouve vraiment
l'avantage concurrentiel :
Une fois le contrat signé suite à un accord
trouvé entre les parties, la gouvernance
du contrat et la nouvelle gestion qu'il engendre est tout
aussi important. En effet une externalisation réussit et ne
dérivant pas vers un échec nécessite une bonne
37
gouvernance. Une bonne gouvernance engendrera une bonne
relation entre les parties prenantes au contrat. On pourrait définir la
gouvernance comme un système de gestion utilisé pour
établir et gérer des relations, et pas seulement un processus de
mesure. Le fournisseur de services et son client utilisent le système de
gouvernance pour gérer mutuellement : la relation, les
dépendances contractuelles, la prestation de services et les attentes.
Pour cette gestion mutualisée il faut adopter un ensemble de processus
et de pratiques qui comprennent la relation, le contrat, le changement, la
performance et la gestion des conflits.
? Gouvernance dans les grands contrat
d'externalisation :
Lorsque qu'une entreprise externalise une activité
importante encadrée autour de nombreux accords, il est fréquent
que sa gestion demande du personnel commercial et technique. La faute à
ne pas commettre est de se détacher complètement du processus
à externaliser et d'en perdre les compétences, la gouvernance qui
s'en suit sera biaisée de la réalité. Il est important de
maintenir ses connaissances sur l'activité externalisée pour que
la gouvernance suive une ligne directrice correct.
Lors de grands contrats un ensemble de comités est mis
en place pour la gouvernance du contrat, chaque personne intégré
dans la gouvernance est qualifiée dans la gestion d'une partie du
contrat. Si un processus est partagé entre le prestataire et
l'entreprise, les comités de gouvernance doivent être très
bien structurés et la gouvernance du prestataire et du client doivent
travailler conjointement. Une bonne gouvernance avec une bonne gestion des
relations va permettre de reconstruire une connaissance interne sur des
processus évolutifs ou nouveau.
Dans ce type de cas, prestataire et client peuvent se
retrouver à travailler dans les mêmes locaux physiquement ou
virtuellement. Se met alors en place une hiérarchie commune pour diriger
collectivement l'opération de prestation. On peut par exemple citer le
cas de Daher, expert dans la logistique intégrée ayant repris la
logistique d'Airbus en France en 2017. Suite à cela un nouveau Hub a
été créé en 2018 à Cornebarrieu en
périphérie de Toulouse. La gestion de cette plateforme logistique
nommée Airlog II a été confié à Daher qui
travaille conjointement avec Airbus sur ce site.
38
? Une gouvernance mutualisée :
Les groupes de gouvernance du prestataire et de son client
interagissent pour diriger l'activité externalisée et
gérer et entretenir la culture commune de la relation et des
infrastructures. La réduction de ces efforts en vue de diminuer les
effectifs est contre-efficient et formule une fuite de valeur et non une
création de valeur. L'idée est d'aborder le travail
d'externalisation des services comme s'il s'agissait d'une unité
commerciale commune et inter fonctionnelle vendant ses services au client
final. Cette mentalité est source d'avantages concurrentiels car elle
permet de créer un ensemble de points de contact pour maintenir la
communication et l'action à mesure que les choses changent. Ces points
de contact comprennent :
- Des liens et des responsabilités claires entre les
dirigeants, mais aussi des principes sur la manière d'interagir dans les
relations et les processus de déploiement pour communiquer avec le
personnel de gouvernance des deux entreprises
- Des KPI (indicateurs clés de performance)
partagés et communs afin d'éviter une double vérification
inefficiente
- Des réunions régulières, avec des
ordres du jour clairs et communs
- Des unités de travail commune afin de diminuer le
nombre de petites unités créant trop d'indépendance
- Des processus clairs et compréhensibles par les deux
parties
La finalité d'une telle gouvernance est de créer
de la valeur et un avantage concurrentiel en s'appuyant sur une unité
commerciale commune et inter fonctionnelle par le biais de bonnes relations
entre les parties interne et externe. La clé consiste à essayer
de rendre les conflits constructifs plutôt que destructeurs.
39
CONCLUSION
Réussir son externalisation logistique n'est pas chose
facile, la complexité du marché et les risques encourus font que
les entreprises sont réticentes à l'idée d'externaliser
certaines de leurs activités. Le premier constat à faire est de
déterminer les activités à forte valeur ajoutée et
celles en périphérie mais aussi d'identifier les activités
qui battent de l'aile, difficilement gérées en interne et qui
sont d'avantage un poids pour l'entreprise qu'une création de valeur. En
d'autre l'entreprise doit faire un constat de de sa situation afin se situer
dans son environnement, connaitre ses faiblesses et ses forces pour anticiper
ses besoins. La situation éclairée en interne va permettre de
mieux entrevoir l'externalisation de certaines activités. L'acte de la
prise de la prise de décision peut s'appuyer sur des modèles
comme on a pu en citer. La collaboration est également un point central
dans la réussite d'une externalisation. Elle intervient dans toute les
étapes de réflexion et d'application du process
d'externalisation, que ce soit dans la prise de décision en
définissant les critères de sélection, dans
l'élaboration du cahier des charges, dans la contractualisation avec le
prestataire puis dans la gouvernance commune et mutuelle devant être mis
en place pour assurer la gestion de ces activités. Le contrat doit
être le plus complet possible, prestataire et client doit
l'élaborer ensemble se mettre d'accord sur les processus, les relations
et l'investissement qu'il engage. L'inscription de clauses au contrat est aussi
essentielle pour limiter les risques. La dernière clé de
réussite est la gouvernance du contrat, l'application des règles
définit dans celui-ci.
40
NOMBRE DE MOTS : 1753
41
Annexe 1 - CALENDRIER DES ECHEANCES DU SUIVI DES
MEMOIRES 2019/2020
42
Annexe 2 - FICHE DE VALIDATION
43
Annexe 3 - FICHE DE LECTURE
FICHE DE LECTURE N°1 :
Prénom : Gauthier Nom : Bourdieu
Classe : M1 Supply Chain Nom du tuteur : Mme Maurat
Problématique : Quelles sont les clés de
réussites de son externalisation logistique ?
1. Identification de l'ouvrage :
Titre : «The Supply-Based Advantage : How to Link Suppliers
to Your
Organization's Corporate Strategy»
Auteur : Stephen C. Rogers
Editeur : Amacom
Date d'édition : 2009
2. L'auteur :
Stephen C. Roger a travaillé pendant 30 ans chez
Procter & Gamble, multinationale américaine
spécialisée dans les biens de consommation courante. Grâce
à cette expérience et des recherches il a accumulé des
connaissances sur l'optimisation des relations avec les fournisseurs et la
gestion de la chaîne d'approvisionnement. Il a écrit cette ouvrage
pour conseiller les professionnels du secteur.
44
3.
Intérêt de l'ouvrage pour ma
problématique :
Le livre est composé de 14 chapitres. Dans un chapitre
nommé « Externalisation : utiliser les fournisseurs pour maintenir
et remodeler la capacité » il y est abordé les
données à étudier pour la prise de décision
d'externaliser et également les risques d'une externalisation.
4. Principales conclusions de l'auteur :
Dans cet ouvrage l'auteur explique pourquoi et comment on doit
intégrer les fournisseurs dans notre stratégie d'entreprise en
plus d'une stratégie orientée client afin d'être plus
compétitif. Le livre intègre théorie, pratique et des
exemples intéressant de sociétés ayant vécue
différentes situations. On apprendra dans l'ouvrage les manières
de développer une stratégie de gestion permettant de créer
un avantage concurrentiel. Mais aussi les capacités à
développer pour maintenir la flexibilité de la chaîne
d'approvisionnement permettant de faire face à différentes
situations commerciales.
Sur le chapitre concernant l'externalisation, l'auteur fait
plusieurs conclusions. Il nous explique la nécessité
d'étudier avec minutie les objectifs d'un projet d'externalisation et
s'appuie sur le modèle de Cummins pour la prise de décision
d'externaliser et décider du caractère stratégique d'une
opération.
La sélection d'un prestataire est abordée,
l'auteur en conclu que les points clés d'une bonne sélection sont
: l'élaboration d'un cahier des charges, le contrôle des
prestataires avant accord, la durée du contrat la plus avantageuse et la
transparence des informations entre prestataire et receveur de services.
L'auteur donne une place importante dans ce chapitre à
la gouvernance de l'accord d'externalisation qui s'en suit. Pour lui, bien que
la sélection des fournisseurs et la stratégie soit importante,
c'est la gestion de la gouvernance qui détermine la relation avec le
prestataire et un bon fonctionnement.
La dernière partie du chapitre concerne les risques
d'une externalisation. Il étudie les risques d'une externalisation en
amont de la chaîne d'approvisionnement, ces risques qui peuvent
également s'appliquer à une externalisation aval. Pour l'auteur
ces risques ont évolué avec la montée de l'externalisation
stratégique couvrant un ensemble de services. Il reprend la gouvernance
comme point clé pour gérer les risques.
45
Il dénonce le manque de communication entre le
prestataire et son client amenant à un manque de visibilité
réciproque. Il avertit également sur l'excès d'une
externalisation pouvant mener à une perte de connaissance et même
à la création de concurrent dû à l'externalisation
de ces connaissances.
5. Commentaires critique, analyse personnelle :
L'ouvrage peut aussi bien servir de cour
spécialisé dans la logistique que pour des professionnels du
secteur voulant accroitre leur performance. Il pourra permettre à ces
professionnels d'avoir une vision de la rentabilité et de la
compétitivité pas seulement basée sur la demande client
mais également sur la gestion des fournisseurs en amont.
6. Appréciation globale :
Ce livre peut paraitre complexe au premier abord au vue des
éléments qu'il traite. Mais l'auteur a su le rendre facile
à lire et captivant en détaillant d'une manière
théorique et presque « psychologique » les processus qu'il
traite.
46
FICHE DE LECTURE N°2 :
Prénom : Gauthier Nom : Bourdieu
Classe : M1 Supply Chain Nom du tuteur : Mme Maurat
Problématique : Quelles sont les clés de
réussites de son externalisation logistique ?
1. Identification de l'ouvrage :
Titre : Logistique et Supply Chain management :
Intégration, collaboration et
risques dans la chaîne logistique globale
Auteur : Médan Pierre
Editeur : Dunod
Date d'édition : 2008
2. L'auteur :
Cet ouvrage a été écrit par Pierre
Medan, maître de conférence à l'Université Paris I
Panthéon-Sorbonne dans les Sciences de gestion et directeur de l'Ecole
de management de la Sorbonne. Il a également écrit d'autres
livres traitant du management de production et de microéconomie.
3. Intérêt de l'ouvrage pour ma
problématique :
Ce livre écrit pour les étudiants, m'a permis
d'étoffer la première partie de mon mémoire « le
concept de l'externalisation ». Un chapitre est réservé
à la logistique désintégrée, il y est abordé
l'évolution de l'externalisation devenant stratégique et
multipliant les sous-traitants. Des modèles théoriques sont
également présentés.
47
4.
Principales conclusions de l'auteur :
Dans cet ouvrage les fondamentaux de la Supply Chain sont
traités, le livre s'articule autour de trois grands thèmes : les
grandes stratégies logistiques (globale, intégrée et
désintégrée), l'organisation des flux de produits, les
sources de progrès dans la mise en oeuvre des stratégies
logistique.
L'auteur nous informe sur la prise de conscience des
entreprises au sujet de l'importance d'un système logistique de
qualité. Et ainsi intégrer le supply chain management dans une
dimension stratégique. Grâce à l'étude de nombreux
cas Pierre Medan nous amène à distinguer les opérations
tactiques des opérations stratégiques. Pour lui le basculement de
la logistique vers une dimension stratégique s'est
accélérée avec la globalisation amenant à la
complexification des chaînes logistiques. Et ce basculement a
été possible grâce au développement de
l'informatique et la télécommunication que l'on appelle les
NTIC.
L'auteur aborde également la difficulté d'une
externalisation logistique réussie. Il nous explique les théories
des coûts de transaction, des ressources et la théorie de l'agence
afin de cerner la complexité de l'externalisation. Il analyse ensuite en
détail l'essor de la collaboration entre industriels et distributeurs et
nous expose les risques globaux de la supply chain. Il entre également
en détail sur les risques spécifiques à une
externalisation logistique avec notamment la perte de contrôle de la
gestion, la diminution de la qualité d'un processus, la
répercussion négative sur les coûts, la difficulté
à gérer les ressources humaines et la perte de savoir-faire. Il
explique ensuite que cette gestion des risques passe par une prise de
conscience collective de la culture du risque qui se doit d'être
imposé aux entreprises (avec notamment un réseau structuré
et des bases contractuelles très précises). Il nous fait
également part de l'importance de la collaboration et de la transparence
entre acteurs de la supply chain afin d'avoir une vision globale de la
chaîne logistique et des sources de risques.
5. Commentaires critique, analyse personnelle :
L'auteur décrit de manière
détaillée et claire l'approche de l'externalisation sous trois
modèles théoriques énumérés
précédemment, cela m'a permis de voir l'externalisation d'une
autre manière.
48
6. Appréciation globale :
Cet ouvrage a été écrit pour donner une
vision d'ensemble de ce qu'est la Supply Chain. Il se lit facilement, il serait
je pense d'avantage destiné à un usage pédagogique, pour
des étudiants. Par contre certains sujets sont traités assez
rapidement et un professionnel du métier n'acquérait pas beaucoup
de connaissances.
49
FICHE DE LECTURE N°3 :
Prénom : Gauthier Nom : Bourdieu
Classe : M1 Supply Chain Nom du tuteur : Mme Maurat
Problématique : Quelles sont les clés de
réussites de son externalisation logistique ?
1. Identification de l'ouvrage :
Titre : Construire collectivement le processus de
sélection d'un prestataire
logistique
Auteur : Sauvage Thierry
Editeur : Gestion 2000
Date d'édition : 2003
2. L'auteur :
Thierry Sauvage, anciennement responsable logistique au
technocentre de Renault et actuellement professeur et directeur à ESLI
(Ecole supérieur de logistique industrielle) a écrit plusieurs
articles traitant des Achats et de la supply chain.
3. Intérêt de l'ouvrage pour ma
problématique :
Cet article traite des risques de l'externalisation mais
surtout du processus de sélection d'un prestataire logistique. Il y est
abordé l'établissement du cahier des charges et des appels
d'offres. L'auteur aborde ensuite une approche multicritère de
sélection et propose un modèle à cette approche.
50
4.
Principales conclusions de l'auteur :
L'auteur en s'appuyant sur des études qui ont
été menée nous fait prendre conscience qu'un grand nombre
de donneur d'ordres ne sont pas satisfait de leurs prestataires logistiques et
que l'on constate également un chiffre important de rupture de contrat
de prestation. Il est parti du principe que l'hypothèse retenue pour
écrire cet article est que le succès d'une démarche
d'externalisation logistique dépend de la qualité du processus de
sélection précontractuel des prestataires. C'est pourquoi son
article est pratiquement dédié entièrement à la
construction d'un processus de sélection d'un prestataire logistique.
L'auteur décrit les quatre étapes de
sélection d'un prestataire : la pré consultation technique,
l'établissement d'un cahier des charges, l'appel d'offre, le traitement
des réponses à celui - ci et enfin la sélection avec
l'approche multicritère. Thierry sauvage accorde la moitié de son
article a cette approche multicritère. Il insiste sur l'importance d'une
analyse des besoins en interne afin d'avoir des critères
cohérents et bénéfiques à l'ensemble des acteurs
internes. Puis il s'exprime sur la pondération des critères et
vérifie l'intensité des critères en s'appuyant sur le
calcul d'indices de sur- classement et de discordance. Il utilise un cas
pratique à titre d'exemple d'une entreprise fictive voulant externaliser
sa logistique.
5. Commentaires critique, analyse personnelle :
Cet article m'a été utile à mon
mémoire car la connaissance du processus de sélection d'un
prestataire logistique est indispensable pour réussir son
externalisation. De plus le cas pratique permet une meilleure
compréhension du lecteur.
6. Appréciation globale :
Cet article était intéressant, dans mon
année de M1 j'ai pu étudier les méthodes de
sélection de prestataire mais n'avions pas abordé comme l'auteur
l'utilisation de calcul d'indices afin de valider l'intensité des
critères et sélectionner le prestataire.
Annexe 3 BIS - INTERVIEWS
INTERVIEW N°1 :
Christian MAZE - Responsable de l'agence
Midi-Pyrénées d'SNCF Immobilier
Présentation et contexte :
Nous avons interviewé Christian MAZE, responsable
d'agence chez SNCF Immobilier rattaché à la direction Sud-Ouest
Facility Management & Environnement de Travail. Une partie de ses missions
et de celle de son équipe sont centrées sur le service aux
résidents. Leurs prestations (nettoyage, gestion du courrier, de
l'accueil dans les locaux, ...) sont proposées à d'autres
entités internes SNCF. Pour réaliser ces prestations son
équipe s'appuient également sur des prestataires externes. Il
s'agit donc de prestations en interne pouvant être
réalisées par des prestataires externes.
1. Comment voyez-vous l'évolution de
l'externalisation dans les prochaines années ?
Il y a 7 ans la SNCF a décidé de créer
une direction Facility Management, le but était d'uniformiser et
simplifier les méthodes et processus liés aux activités et
métier de la SNCF. Ce qui est donc passé par un regroupement de
gestion des activités de services aux résidents. «
L'objectif a été de se professionnaliser et de mettre en place
des processus pour répondre aux demandes des clients internes.
».
L'évolution de l'externalisation au sein de la SNCF
:
52
« Avec la pyramide des âges, les salariés
partant à la retraite ne sont pas remplacés quand ce n'est pas
nécessaire.
L'objectif au niveau national est de tendre vers
l'externalisation de ces activités autrefois gérées en
interne et faire du pilotage de prestataires. On assiste à beaucoup de
restructuration interne ces dernières années »
2. Avez-vous su définir votre coeur de
métier ? Recentralisation vers le coeur de
métier pour les clients internes :
Certaines entités SNCF loue à SNCF IMMOBILIER
des locaux et vont devoir prendre en prestation l'agence de Christian Maze pour
la gestion des services associés à l'immeuble (accueil,
ménage, courrier, dépannage, interlocuteurs
privilégiés pour les travaux de l'immeuble ...). Ces prestations
seront facturées aux entités locatrices. SNCF IMMO propose donc
un service complet : location + services aux résidents.
Ces entités clientes vont donc pouvoir se recentrer
sur leur coeur de métier en sortant de leur périmètre
cette gestion. L'entité Facility Management va à son tour
externaliser ces activités à des prestataires externes
spécialisés leur permettant d'une part de diminuer leurs charges
fixes mais également de proposer des tarifs de prestation plus
avantageux aux clients internes.
3. Dans votre entreprise avez-vous su
différencier les processus opérationnels des processus
stratégiques ?
Au seins de leur entité les processus
opérationnels ont été identifiés comme les
opérations basiques de gestion du courrier, de l'accueil, du
ménage ... Elles sont gérées par des comités de
suivi et des comités de pilotage.
Les processus stratégiques dépendent des
directives nationales. Mais ces processus stratégiques s'appuient sur
des analyses de terrain que le responsable d'agence et son équipe
peuvent réaliser pour certaines missions. Par exemple, SNCF a pour
objectif de mutualiser les véhicules de services afin d'en
réduire leur nombre et donc faire des économies. Pendant 1 an il
a en gestion et à l'étude une flotte de 40 véhicules de
différentes entités SNCF.
53
Son objectif sera d'analyser la flotte de véhicule et
leur taux d'utilisation afin de proposer une nouvelle gestion plus
économique à ses entités clientes. On n'est plus seulement
dans la gestion d'une flotte de véhicule mais également dans
l'amélioration de cette flotte pour le client.
4. Sur quels méthodes ou
éléments vous êtes-vous basé pour
sélectionner vos prestataires actuels ?
« Ce n'est pas notre direction qui choisis les
prestataires. Les appels d'offres se font au niveau national ». Mais
chaque responsable d'agence est sollicité afin d'identifier leurs
besoins et faire des appels d'offre en conséquent. « Pour
l'écriture du cahier des charges ils nous consultent et nous-même
on consulte nos clients en interne ».
Cette centralisation des appels d'offres permet de simplifier
la gestion et d'obtenir des baisses tarifaires en vue de la signature de
contrats nationaux ou régionaux avec de grands groupes
spécialisées dans un type de prestation.
Le choix des prestataires s'appuie sur 2 critères
principaux : technique et financier. Les responsables d'agence et leur
équipe sélectionneront le meilleur prestataire sur le plan
technique en s'appuyant des tableaux multicritères. Ce sera ensuite au
niveau national d'effectuer le choix final.
5. Comment élaborer vous un contrat
d'externalisation logistique ?
« L'élaboration du contrat est
réalisée en interne par le pôle contrat », ce qui
semblait assez évident pour un groupe international.
Les agences proches et en communication avec les prestataires
exposent leurs remarques techniques pour l'élaboration du cahier des
charges. « Il y a aussi le prestataire qui nous apporte son expertise et
qui nous propose des choses en fonction de l'appel (notamment lors d'une
prestation à caractère stratégique)».
54
6.
Que pensez-vous des prestataires logistiques
?
« Au départ c'est toujours compliqué, il y
a beaucoup d'échange et de remise à niveau, beaucoup de
non-conformités partent, beaucoup d'explications pour que le prestataire
comprenne bien la demande et le process à mettre en place ». En
plus des COPIL une fois par an, des comités de suivis mensuel assurent
la gestion des prestataires.
Et si les dysfonctionnements persistent des
pénalités identifiées dans les clauses des contrats
peuvent s'appliquer. Mais quand tout fonctionne bien, « l'avantage, c'est
la souplesse qu'une prestation nous apporte ».
7. Que pensez-vous de vos clients en t'en que
prestataire interne ?
Dans le cas de Christian Mazé, ses clients sont
internes à l'entreprise mais sont tout de même exigeants. La
collaboration est largement facilitée car ils ont la même culture
d'entreprise. Des comités résidents ont lieu deux fois par an
pour faire le point sur la prestation avec le client.
8. De votre point de vue quel sont les risques
à externaliser ses activités ?
De son point de vue, externaliser ses activités peut
amener à la perte de connaissances et à un éloignement de
la culture de l'entreprise.
55
INTERVIEW N°2 :
Gregory CAUBET - Responsable logistique chez
Sarremejean Matériaux et
Bricolage
Présentation et contexte :
Nous avons interviewé Gregory CAUBET, responsable
logistique chez Sarremejean matériaux et bricolage, entreprise de 160
employés spécialisée dans la vente de matériaux de
construction pour professionnels et particuliers. La société
à sa propre flotte de véhicules pour assurer les
enlèvements chez les fournisseurs et les livraisons à ses
clients. Elle fait également appel à des sous-traitant pour de
gros enlèvements chez les fournisseurs.
1. Comment définiriez-vous l'externalisation
et comment voyez-vous son évolution dans les prochaines années
?
Avec la crise économique de 2008 nos prestataires de
transports locaux (firmes de 5 ou 6 camions) ont peu à peu disparu et
ont laissé place à des transporteurs de moyennes et grandes
entreprises. Le risque est qu'à termes on manque de transporteurs
faisant du régional ou du départemental, nous avons de plus en
plus de mal à trouver des sous-traitants pour des trajets
spécifiques. Le développement des grands groupes de transporteurs
a amené à une augmentation tarifaire et à une
rigidité des négoces.
Si on sort du contexte d'entreprise, l'externalisation est en
plein développement notamment avec l'explosion du e-commerce et la
professionnalisation du frêt l'entourant.
56
2.
Avez-vous su définir votre coeur de
métier ?
Notre coeur de métier est de vendre des
matériaux, que ce soit en magasin ou par le biais des commerciaux. Nous
sommes également propriétaire de centrales à béton
et sommes spécialisés dans sa vente et sa livraison à
l'aide de toupie.
La livraison est également au centre de nos
activités et nous ne sommes pas prêt d'externaliser nos transports
car il faut un matériel adaptés (toupies de béton
équipées, camions spécifiques en fonction des livraisons)
et les clients sont de plus en plus exigeants. De plus nos chauffeurs livrent
et proposent un service aux clients, (« par exemple lors de la livraison
de plancher hourdi à nos clients, le chauffeur l'installe directement
»). C'est pourquoi il est compliqué de trouver un prestataire avec
ces qualités et proposant ce type de service : « Chaque
véhicule répond à un besoin et quand on en a besoin c'est
la veille pour le lendemain ».
3. Dans votre entreprise avez-vous su
différencier les processus opérationnels des processus
stratégiques ?
La stratégie est étroitement liée aux
opérations. Plus la qualité de service est élevée
plus on de la chance de récupérer des clients (notamment les
artisans).
4. Sur quel méthode ou
élément (multicritère ...) vous êtes-vous
basé pour sélectionner vos prestataires actuels
?
Nos relations avec nos prestataires sont assez anciennes mais
avoir tous les oeufs dans le même panier n'est jamais bon, donc chaque
année j'entre un nouveau prestataire afin d'éviter de se
retrouver coincé en cas de problème avec un d'eux. Mais je reste
fidèle à mon cheptel de transporteur. Ils ont chacun une petite
spécialité, leur approche tarifaire varie en fonction des
secteurs et spécificité géographique.
En ce qui concerne leur sélection, nous ne faisons pas
d'approche multicritère. On fait du Sourcing sur Internet par secteur
géographique puis on envoi nos grilles tarifaires aux candidats et on
leur demande de remplir les zones géographiques qu'ils sont en
capacité de livrer.
On peut également apparenter cette méthode
à des critères : un critère financier (grille tarifaire)
et un critère technique (zone géographique).
57
5.
Comment élaborer vous un contrat
d'externalisation logistique ?
Aucun contrat d'externalisation n'est passée. Les
sous-traitant sont contactés par mail ou appel
téléphonique lorsqu'on a des besoins en transports. « Le
risques est qu'une fois qu'on a raccroché on est sûr que ce soit
fait ou pas fait d'ailleurs. »
« Mais si on continue à se développer on
sera obligé de revoir la copie de nos prestataires et il faudra
réfléchir à la contractualisation. Actuellement c'est
compliqué car nous n'avons pas d'enlèvement ou livraison
régulière. Nous, nous sommes là pour effectuer le retour
des camions des entreprises prestataires mais si on s'agrandit on risque
d'inverser la vapeur et il va falloir travailler avec des transporteurs en
propre et c'est nous qui donneront les descentes. A eux ensuite de se
débrouiller pour trouver un chargement pour le retour. »
En d'autres termes « Nous déclencherons du
transport, alors qu'aujourd'hui les prestataires nous contactent en nous
donnant la localisation de leur transporteur afin de voir si ça colle
avec nos demandes de livraison et enlèvement du moment ».
6. Que pensez-vous des prestataires logistiques
?
Un prestataire de service permet d'amener de la
réactivité et c'est un confort car on ne s'occupe plus d'une
partie de la gestion de l'activité.
7. De votre point de vue quel sont les risques
à externaliser ses activités ?
Le risque est de « ne plus rien maîtriser ».
On en ne connait pas tous les détenant et aboutissements qui peuvent se
passer. S'il y un problème ça peut être difficile de le
réparer.
58
INTERVIEW N°3 :
Mbaga RUREMESHA - Responsable logistique France chez
Extex Group
Présentation et contexte :
Nous avons interviewé Mbaga RUREMESHA, responsable
logistique France chez Etex Group, entreprise internationale de 13 000
salariés spécialisée dans la production et la distribution
de matériaux de construction destinée à de gros
chantiers.
1. Comment définiriez-vous
l'externalisation et comment voyez-vous son évolution dans les
prochaines années ?
Aujourd'hui l'externalisation consiste à se concentrer
sur les activités de coeur de métier et à externaliser les
activités périphériques à des
sociétés expertes dans leur domaine.
Dans l'avenir de plus en plus d'entreprises vont se
concentrer sur le coeur de métier et à terme l'externalisation
des activités à faible valeur ajoutée va se
démocratiser.
2. Avez-vous su définir votre coeur de
métier ? (Les fonctions qui font la force de l'entreprise, qui lui a
permis de se développer)
Oui, on a défini nos coeurs de métier mais
certaines tâches ou services manque à être
externalisés, l'historique de l'entreprise à l'heure
d'aujourd'hui nous ne le permet pas. Mais on sait sur quoi on apporte de la
valeur ajoutée et sur quoi on en apporte pas. On est je dirais sur
l'organisation à l'ancienne.
59
3.
Dans votre entreprise avez-vous su
différencier les processus opérationnels des processus
stratégiques ?
L'externalisation des tâches opérationnelles
sont à prioriser et les points stratégiques doivent rester dans
le périmètre de l'entreprise car il en va de l'avenir de
celle-ci. On externalise des activités qui sont
opérationnellement stratégique mais en termes de prise de
décision et d'organisation des flux, l'entreprise reste l'acteur
principal sur la prise de décision et sur la déclinaison de la
stratégie. Le prestataire à son tour met en place des techniques
et processus en concordance avec notre stratégie et nos objectifs.
4. Sur quel méthode ou
élément (multicritère ...) vous êtes-vous
basé pour sélectionner vos prestataires actuels
?
Pour sélectionner nos prestataires on se base sur :
? La qualité de service
? La stabilité financière car on veut
créer des relations de partenariat longue durée et on veut que
nos partenaires nous suivent dans cette démarche à long terme et
ne rencontre pas de soucis financier
? Le tarif, il doit nous permettre d'être
compétitif sur le marché.
Une méthode de sélection interne nommé
« Crystal » a été mis en place.
5. Comment élaborer vous un contrat
d'externalisation logistique ? Les contrats sont
élaborés en interne, nous avons un service achat et juridique.
60
6.
Que pensez-vous des prestataires logistiques ?
M. RUREMESHA a noté 3 défauts principaux chez les
prestataires :
? La partie innovation leur fait défaut, ils doivent
essayer de se différencier les uns des autres. Souvent ils se battent
sur le prix mais nous recherchons surtout la qualité de service avant le
prix (donc il ne faut pas qu'ils négligent la qualité au prix).
Le fait qu'ils soient innovant doit permettre au client de se
différencier sur le marché.
? Les relations et l'accompagnement qu'ils réservent
à leurs clients est restreint ce qui a un impact négatif sur les
économies d'échelle attendues par le client. Les prestataires ont
du mal à se mettre à la place du client, ils ne comprennent pas
les contraintes commerciales du client.
? Les turn-over chez le prestataire dû à un
manque de fiabilité et de fidélisation de leurs équipes,
de leur personnel.
Le point fort d'un fournisseur de service est d'amener une
flexibilité à l'entreprise et une expertise que l'on n'a pas en
interne.
7. Que pensez-vous des clients des prestataires
logistiques ?
Les clients sont trop exigeant par rapport à leur
produit et process. Mais ils sont exigeant car ils veulent se démarquer
sur le marché et tenir compte de leurs contraintes commerciales.
8. De votre point de vue quel sont les risques
à externaliser ses activités ?
Les risques stratégique d'une externalisation
logistique est que le prestataire ne soit pas à la hauteur de nos
attentes et qu'il mette en péril les activités commerciales de
l'entreprise. L'image de l'entreprise peut également être
impactées si les prestations ne sont pas qualitatives.
61
Annexe 4 - BIBLIOGRAPHIE
OUVGRAGES :
+ BARTHELEMY Jérôme, Préparer,
décider et mettre en oeuvre l'externalisation d'activités
stratégiques, Stratégie d'externalisation,
3ème édition, 2007
+ FULCONIS François, PACHE Gilles et ROVEILLO
Gérard, La prestation logistique : Origines, enjeux et
perspectives, EMS Editions, 2011
+ GRATACAP Anne et MEDAN Pierre, Logistique et Supply
Chain Management : Intégration, collaboration et risques dans la
chaîne logistique globale, Dunod, 2008
+ ROGER Stephen C., The Supply-Based Advantage : How to
Link Suppliers to Your Organization's Corporate Strategy, Amacom, 2009
+ SADLER Ian, Logistics and Supply Chain Integration,
Edition 1, SAGE Publications, 2007
+ SAUVAGE Thierry, Construire collectivement le processus
de sélection d'un prestataire logistique, Gestion 2000, 2003
MEMOIRES ET THESES :
+ ARIF Jadir, L'externalisation des activités
logistiques, vers la mise au point d'un outil d'aide à la
décision, Thèse de doctorat, Université Sidi Mahamed
Ben Abdellah, 2016, [En ligne :
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Consulté le 27 Juin 2020.
+ BOUKHERROUB Tasseda, GUINET Alain et Julien FONDREVELLE,
Méthode d'aide à la décision multicritères pour
l'internalisation/externalisation "durable", 9th International Conference
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62
Bordeaux, [
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Consulté le 4 Août 2020.
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d'externalisation logistique un risk management « sur mesure »
?, Cahier de recherche, Université Nancy 2, 2009,
[En ligne :
http://cerefige.univ-lorraine.fr/sites/cerefige.univ-
lorraine.fr/files/users/cahier
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? MICHON Valérie, Le rôle du
prestataire de services logistiques dans l'émergence des cas de
mutualisation logistique concertée : application à la
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2014, [
https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01428812],
Consulté le 9 Juin 2020.
? OTTO Marie, Dans le cadre d'une
stratégie ECR, le choix de l'externalisation logistique est-il la
solution pour répondre aux besoins de la collaboration «
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d'étude, Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne, 2007, [En ligne :
https://www.pantheonsorbonne.fr/fileadmin/diplomelogistique/Memoires/Pro
motion 2006-2007/Memoire Marie-Odile Otto.pdf], Consulté le 3 Juin
2020.
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Modélisation et Réorganisartion des Processus dans le Cadre
de l'Externalisation, Thèse de doctorat, Université
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https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00157738],
Consulté le 15 Juin 2020.
ARTICLES DANS UNE REVUE :
? AYADI Sofiane, « Externalisation et
création de valeur au sein de la « Supply Chain » :
l'entreprise étendue », La Revue des Sciences de Gestion,
2009, n°236 p. 85 à 93, [En ligne :
https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2009-2-page-85.htm],
Consulté le 18 Juin 2020.
63
+ SAUVAGE Thierry, « Quelles relations contractuelles pour
l'externalisation logistique ? », Revue d'économie
industrielle, n° 106, 2e trimestre 2004, p. 6991, [En ligne
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https://www.persee.fr/doc/rei0154-32292004num1061T10080000],
Consulté le 15 Août 2020
ARTICLES :
+ PRAHALAD Coimbatore Krishnao et HAMEL Gary, « The core
competence of the corporation », Harvard Business Review, 2009,
[En ligne :
http://www.cfmt.it/sites/default/files/af/materiali/The
Core Competence of the Corporation.pdf], Consulté le 17 Juillet
2020
RESSOURCES ELECTRONIQUES :
+ BANAIS Yann, Externaliser sa logistique dans le cadre du
L 122-12, 2006, [En ligne :
http://supplychainmagazine.fr/TOUTE-INFO/Lecteurs/Externaliser.pdf],
Consulté le 15 Août 2020
+ Externaliser sa logistique : avantages et
inconvénients, RAJA, 2018, [En ligne :
https://blog.raja.fr/externaliser-logistique-avantages-inconvenients].
Consulté le 11 Juillet 2020.
+ GAUTIER Amélie, Contrat de prestation logistique
: comment le rédiger ?, 2019, [En ligne :
https://www.captaincontrat.com/articles-droit-commercial/contrat-prestation-logistique],
Consulté le 15 Août 2020
+ MULLER Thierry, Global sourcing : Externalisation et Centres
de Services Partagés, les nouvelles stratégies des Directions
Financières, Technologies, management et finances : les directions
financières en pleine mutation, Conference IDC - Ernst & Young,
2009, [En ligne :
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Pres%20IDC%20DAF Muller.pdf],
Consulté le 2 Juin 2020.
+ Quels sont les avantages et les inconvénients de
l'externalisation logistique ?,
Mecalux logismarket, [
https://www.logismarket.fr/blog/avantages- inconvenients-externalisation-logistique/],
Consulté les 11 Juillet 2020.
64
Annexe 5 - CHARTE ANTI-PLAGIAT
65
Annexe 6 - CHARTE ANTI-PLAGIAT : Déclaration
sur
l'honneur
66
Annexe 7 - GRILLE D'EVALUATION MEMOIRE DE RECHERCHE
APPLIQUEE
ECRIT
67
Annexe 8 - GRILLE D'EVALUATION MEMOIRE DE RECHERCHE
APPLIQUEE
ORAL
68
Annexe 9 - Exemple de classification des risques
Domaine de risque
|
Risques
|
Relationnel / Humain
|
Dépendance
|
Opportunisme
|
Fuite d'information et perte de confidentialité
|
Mauvaise sélection des prestataires
|
Financier
|
Coûts cachés
|
Le risque majeur encouru par le prestataire
|
Technique
|
Perte de savoir faire
|
Perte de contrôle sur l'activité
|
Perte d'expertise et de connaissance
|
Social / Organisationnel
|
Dilution des responsabilités
|
Incompatibilité culturel
|
Risque social
|
Incompatibilité des compétences
|
Juridique
|
Contractuel
|
Modification de la structure juridique de l'entreprise
|
Stratégique
|
Déterioration de l'image de marque
|
Irréversabilité
|
Source : « L'externalisation des activités
logistiques, vers la mise au point d'un outil d'aide à
la décision », J ARIF, 2016
69
Annexe 10 - SCHEMATISION DU MODELE IMC
70
Annexe 11 - RESUME DE L'APPROCHE MULTICRITERE
71
|