PARAGRAPHE II : GESTION CONSENSUELLE DES CONFLITS LIES
A LA
MOBILITE PASTORALE
Dans les conflits liés à la mobilité
pastorale, les belligérants optent soit pour les règlements
formels soit pour les règlements traditionnels. Les règlements
formels des conflits surtout s'il s'agit des conflits liés à la
mobilité pastorale se passent soit à la Brigade soit à la
justice. Les règlements traditionnels que peuvent être les
règlements à l'amiable (A) ou devant les
autorités traditionnelles (B) offrent de nombreux
avantages aux populations concernées. Par conséquent, ils doivent
être privilégiés au détriment des règlements
dits formels.
A. Privilégier le règlement des conflits
à l'amiable
Compte tenu de la malhonnêteté des commandants de
brigade qui, à chaque occasion veulent profiter des paisibles citoyens
pour remplir leurs poches ou gonfler leurs troupeaux ; de la lenteur, du
coût élevé, de la dépendance de la justice, du fait
que des chefs traditionnels et coutumiers soient corrompus et partiaux ; les
citoyens en conflit doivent privilégier les règlements à
l'amiable sans frais, rapides et consensuels. Ils s'effectuent directement
entre l'agriculteur victime et l'éleveur responsable des
dégâts et vice-versa. C'est une entente mutuelle entre deux
parties, sans intervention ni d'une tierce personne, ni des autorités,
ceci pour éviter que l'affaire ne monte à un niveau
supérieur, qui ne rendrait pas forcément plus transparent ou plus
satisfaisant. Le règlement à l'amiable est de loin l'arrangement
le plus utilisé en cas de dévastation de cultures, les blessures
sur les animaux, notamment dans le cas des dégâts de peu
d'importance. On aurait cru que la tension latente qui règne entre les
agriculteurs et les éleveurs ces derniers temps rendrait cette
démarche plus rare et plus difficile, mais la pratique des rackets
systématiques par les autorités pousse les deux entités
à continuer à privilégier ce mode de règlement. Il
est difficile d'en estimer la fréquence mais le nombre de
règlements à l'amiable parait nettement supérieur à
celle des autres règlements. Plusieurs interlocuteurs ont
souligné qu'il serait toujours mieux de se mettre d'accord sans
interférence de tiers et de déterminer la hauteur des
dédommagements dans un processus de négociation. L'Etat doit
aider les paysans à régler leurs problèmes tant qu'il est
possible à l'amiable, ce type de règlement a d'innombrables
avantages pour les parties. L'Etat doit appuyer cette démarche en se
rassurant qu'avant chaque jugement devant ses instances (la
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police, la gendarmerie, la justice, la sous-préfecture
etc.) que les parties ont essayé un arrangement à l'amiable qui
n'a pas abouti. Son but étant d'assurer une vie paisible aux citoyens,
l'Etat doit renvoyer les agriculteurs et les éleveurs à
régler leurs problèmes entre eux tant qu'il y a cette
possibilité.
Les négociations tiennent généralement
compte des dégâts causés mais également de la
capacité financière de celui qui les a causés. Cette
méthode comporte beaucoup d'avantages. Elle permet aux parties de
discuter de manière plus informelle du différend auquel ils font
face. En effet, ce caractère informel permet d'aborder ouvertement des
facteurs, tels que les intérêts, les besoins, les contraints, les
inquiétudes ou les circonstances, qui sont importants pour les parties
mais qui ne seraient pas pertinents à titre de preuve dans un processus
d'arbitrage112. La plupart des agriculteurs estiment cependant que
la somme versée ne représente pas la valeur réelle des
dégâts, tandis que les éleveurs estiment qu'ils sont
victimes de surestimations systématiques. En effet, les éleveurs
se voient souvent contraints d'accepter des dommages surévolués
et de payer pour avoir la paix sociale. La plupart d'entre eux
préfèrent un arrangement rapide pour se débarrasser de
l'affaire et continuer leur chemin. Cependant, à l'heure actuelle la
plupart de paysans ont tendance à vouloir saisir les autorités
traditionnelles.
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