Appréciation des services et intention de switch dans une institution du système financier décentralisé: application aux membres de la COOPEC AKIBA YETUpar Etienne MUMBERE KASUMBA Université Libre des Pays des Grands-Lacs ULPGL/Goma - Licence 2020 |
1.1.2.2. L'épargneLa première compréhension du concept « Microfinance » a occulté la vue de plusieurs chercheurs comme de praticiens. Son assimilation éclipsée par celui de « microcrédit », re?étant l'accent qui avait été mis sur le crédit au détriment des autres services ?nanciers. Les raisons de la prise de conscience assez tardive de l'importance de l'épargne sont multiples28(*) : - Intuitivement, le besoin d'épargne et son impact sur le niveau de pauvreté du béné?ciaire sont moins évidents : « Comment et pourquoi les pauvres épargneraient-ils ? En somme, c'est un problème de riche » ; - Pour cette raison, le déploiement de services d'épargne était moins « vendeur » pour les bailleurs de fonds. Les clients de la Micro?nance choisissent généralement les services d'épargne sur la base de quatre critères, à savoir la sécurité, l'accessibilité, la liquidité et la rémunération. La sécurité est le premier qui pousse les clients de la Microfinance à constituer des épargnes, un mécanisme de sécuriser leurs ressources. L'accessibilité se définie comme étant la possibilité d'accéder à un service d'épargne et à proximité. Pour les clients, un besoin primordial s'exprime, celui d'une épargne accessible, notamment en cas de problèmes familiaux ou d'opportunité d'investissement. Le critère de rémunération est souvent moins central que les autres dans le cadre de la Micro?nance. Dans des contextes où le fait d'épargner est désiré mais concrètement difficile, les clients ont même l'habitude de payer pour avoir accès à ce service. Les principaux produits d'épargneLes institutions de Micro?nance peuvent proposer une gamme de produits d'épargne assez large, dont voici les principaux : L'épargne obligatoire L'épargne obligatoire désigne les dépôts que les emprunteurs doivent verser pour pouvoir béné?cier d'un crédit. Elle est généralement calculée en proportion du montant de crédit octroyé et doit être versée au moment de l'octroi du crédit ou même avant. Elle peut être complétée par des montants ?xes collectés par l'institution de Micro?nance à chaque échéance de remboursement. Elle est en général accessible pour le client quand il a complètement remboursé son crédit. Cette liquidité reste néanmoins souvent théorique car les prêts sont généralement renouvelés. Dans la plupart des cas, l'épargne obligatoire peut être considérée comme partie prenante du produit de crédit, et non comme un produit d'épargne véritable puisqu'elle est liée à l'octroi et au remboursement du prêt. Elle est souvent perçue par les clients comme une contrainte et un coût d'accès au crédit, mais elle peut aussi représenter un service apprécié si elle est mobilisable en cas de « coups durs ». L'épargne volontaire bloquée L'épargne volontaire bloquée est un dépôt à terme, c'est-à-dire un compte sur lequel l'épargne versée est bloquée pendant une durée déterminée (de quelques semaines à plusieurs années). Ce compte est souvent rémunéré, en général en fonction de la durée du dépôt. Ce type de produit est apprécié par les IMFs car il permet de plani?er la gestion de la liquidité des dépôts. Cette épargne peut donc être « reprêtée » assez facilement aux clients de l'IMF souhaitant obtenir un crédit. Le besoin du service d'épargne pour les pauvres Répondre à cette question apparait très sensible, seulement comme toute offre doit avoir une demande bien spécifiée. Certes, les pauvres économisent leurs ressources tout au long de leur vie. Dans bien des cas, l'épargne est pour eux le seul moyen de couvrir les frais induits lors d'un événement de vie majeur, survivre à une catastrophe naturelle ou profiter d'une opportunité commerciale. Les pauvres épargnent surtout pour couvrir les besoins suivants : Encadré n°1.1. Les besoins des pauvres pour épargner29(*)Les besoins cycliques : dans le cadre d'événements prévisibles tels que naissance, frais de scolarité, mariage et décès, les pauvres vont devoir dégager des montants supérieurs aux fonds généralement disponibles au sein du ménage. Certains besoins sont prévisibles, mais peuvent causer beaucoup de soucis. Les urgences : Les événements imprévisibles créent un besoin soudain et imprévu de rassembler des montants supérieurs aux sommes généralement disponibles au sein du foyer. Les urgences personnelles sont le décès du soutien de famille, la perte d'emploi et le vol ; les urgences impersonnelles incluent quant à elles la guerre, les inondations, les incendies, ainsi que les cyclones ou les ouragans. Les opportunités : Outre lesbesoins en
liquidités importantes, on relève également
des Caractéristiques d'un service d'épargne adapté aux pauvres Les individus souhaitent généralement une épargne sûre, avec des frais de transaction réduits, un mode de conception adapté et, si possible, des rendements réels. Voici leurs priorités, par ordre de préférence (CGAP, 2002)30(*) : Sécurité : Une épargne sûre n'est pas menacée par la fraude, le vol, l'incendie et les sollicitations financières des parents. La sécurité est d'une importance capitale, même face à l'inflation. Frais de transaction réduits : La proximité est un critère essentiel pour réduire les coûts élevés de transaction sur les dépôts et les retraits. Il est également important de proposer des horaires commodes et des formalités administratives aussi réduites que possible. Un mode de conception approprié : Les meilleurs produits de dépôt volontaire individuel sont ceux qui permettent des dépôts fréquents de petites sommes variables et un accès rapide aux fonds. L'épargne contractuelle est également utile lorsqu'il s'agit de dépenses prévues telles qu'un mariage, une construction immobilière et l'éducation. Taux d'intérêt : Si les frais de transaction sont faibles, l'épargne rurale s'opère même avec des rendements réels négatifs, ce qui indique que les pauvres peuvent être relativement insensibles aux taux d'intérêt et plus intéressés par d'autres caractéristiques de l'épargne. La demande en produits d'épargne progresse néanmoins à mesure que les taux d'intérêt réels augmentent. * 28 S. BOYÉ, Op.cit., p.73. * 29 Bureau International du Travail, Épargne (module), CGAP, p.8. * 30 Bureau International du Travail, Épargne (module), CGAP,p.9. |
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