CLARA KUNTZ
Année 2018-2019
Session : juillet 2019
Travail de fin d'études
UE 5.6-Analyse de la qualité et traitement des
données scientifiques et professionnelles.
Quand la violence impacte la relation
soignant-soigné
02/05/2019
Epreuve du diplôme d'état infirmier.
Institut de formation en soins infirmiers de Mulhouse,
2 rue du Docteur Léon Mangeney, 68070 Mulhouse Cedex
Sommaire
I)
Introduction
3
I) Situation
d'appel
5
II)
Questionnement
6
III) Question de
départ
9
IV) Champs
disciplinaires
9
V)
Intérêts professionnels et personnels
9
VI) Cadre
conceptuel
9
1) La
violence
9
1.1) La
définition
9
1.2) Les
différentes formes de violences.
10
1.3) Gestion de la
violence
11
1.4) Les facteurs
favorisants la violence
13
1.5) L'impact de la
violence sur la victime
14
1.6) L'impact de la
violence sur les établissements de santé
16
1.7) Cadre
législatif : Les droits des victimes
16
2) La relation
soignant-soigné
18
2.1)
Définition
18
2.2) La relation de
confiance
18
2.3) Créer et
maintenir une relation soignant-soigné
19
2.4) Quelques
concepts nécessaire à la relation
19
VII) Phase
exploratoire
20
1) Choix de
l'outil
20
2) Choix des
services
21
3) Analyse
quantitative.
21
4) Analyse
interprétative.
22
5) Synthèse et
question de recherche.
25
6) Limites de
l'enquête
26
7) Perceptives
professionnelles
27
VIII)
Conclusion
27
IX)
Bibliographie
29
Remerciements
Je souhaite adresser mes remerciements à madame Sophie
Oswald, et madame Christine Gredy qui m'ont suivi lors des temps de guidance et
qui m'ont grâce à leurs conseils permis d'arriver à la
rédaction finale de ce mémoire.
J'adresse mes remerciements aussi aux quatre
infirmières qui m'ont accordé du temps, et qui ont accepté
de répondre à mon questionnaire dans le cadre de mon étude
de terrain.
Je tiens aussi tout particulièrement à
remercier madame Stéphanie Tuaillon, ma référente
pédagogique qui m'a accompagné avec bienveillance et
disponibilité ces deux dernières années de formation
à l'IFSI.
I) Introduction
« La violence, sous quelque forme qu'elle se
manifeste, est un échec »1(*). Cette phrase, que Jean-Paul Sartre écrivit
nous donne à réfléchir sur un concept bien
d'actualité, la violence. 22 048 est d'après le rapport de 2018
de l'observatoire national des violences en milieu de santé, le nombre
de signalements des cas de violences commis dans les établissements de
santé en France sur l'année 20172(*). La majorité des victimes sont des soignants
qui ont dû faire face à des insultes, à des provocations,
à des violences volontaires, à des menaces physiques, et parfois
même de mort. Etre confronté à la violence fait pour
certains soignants presque partis de leurs quotidiens. Ils doivent apprendre
à réagir face à ces situations, à s'en
protéger, pour continuer à exercer et à prodiguer des
soins de qualité.
Au cours de mes trois années de formation en soins
infirmiers, j'ai été confrontée plusieurs fois à la
violence des patients. Certaines situations m'ont marqué plus que
d'autres, dont une principalement. Celle où un patient a
été particulièrement violent m'a interpellé et a
fait émerger chez moi beaucoup d'interrogations et
d'incompréhensions. J'étais alors en deuxième semestre, il
s'agissait de la première fois où en tant qu'étudiante
j'avais à faire face à la violence d'un patient. Je ne comprenais
pas comment il était possible qu'un service de soins où la
bienveillance et le respect sont de rigueur puisse devenir un lieu d'insultes,
et de menaces physiques. Je n'avais pas perçu l'origine de la
réaction de ce patient, ni les raisons de la violence envers des
professionnels de santé qui sont là dans un but, celui de soigner
au mieux.
Ma formation m'a démontré que l'aspect
relationnel dans le métier d'infirmier a toute son importance. On
pourrait même décrire cela comme un élément clef au
bon déroulement des soins. L'infirmier par son rôle propre est
tenu de créer au mieux une relation entre lui et le patient afin
d'apporter la meilleure prise en soins possible. Tout un cheminement de
réflexion à partir de la situation de violence à laquelle
j'ai été confrontée m'a amené à me poser la
question suivante ;
En quoi la violence peut-elle avoir un impact sur la relation
soignant-soigné ?
Tout d'abord, la situation que je vais décrire m'a
permis de réaliser toutun questionnement nécessaire à
l'écriture de la question de départ de ce travail de recherche.
J'ai par la suite, effectué des recherches théoriques, et
réalisé une étude de terrain en questionnant des
infirmiers exerçant dans différents services de soins. Cela m'a
alors permis d'aboutir à la confrontation entre les résultats de
cette étude de terrain et le cadre théorique que j'ai pu
élaborer.
II) Situation d'appel
La situation que j'ai choisi de développer s'est
déroulée lors de mon stage de semestre 2 en service de
diabétologie-endocrinologie-nutrition.
Monsieur X, est un patient âgé de 90 ans qui est
hospitalisé pour un diabète de type 2
déséquilibré. Il n'a pas d'autre problème de
santé excepté une hypertension déjà traitée.
Ce jour, monsieur X, a subi une artériographie des
membres inférieurs. En revenant de son examen le patient a reçu
comme consignes médicales de ne pas se lever du lit pendant 24h. Les
barrières lui ont été mises en place sur prescription
médicale par l'infirmière qui l'a raccompagné dans sa
chambre à son retour d'examen. L'artériographie est un examen qui
peut engendrer un risque hémorragique. Il est nécessaire que le
patient garde son pansement compressif et ne se lève pas pendant les
vingt quatre heures qui suivent l'intervention.
Environ une heure plus tard, monsieur X voulait tout de
même se lever car il avait besoin d'aller aux toilettes et n'acceptait en
aucun cas la décision médicale qui lui a été
expliquée par l'infirmière.
Le patient, a donc décidé qu'il allait se lever
pour se rendre à la salle de bain. Son épouse, présente
dans sa chambre à ce moment-là lui a visiblement demandé
de se calmer et a essayé de le raisonner. Monsieur X, a demandé
à sa femme de lui baisser les barrières et de l'aider à se
lever. Cette dernière ayant répondu négativement à
ses demandes, le patient a essayé de passer au-dessus des
barrières du lit. Son épouse ne sachant pas quoi faire a
utilisé la sonnette pour alerter le personnel. Je me suis donc rendu
dans la chambre et ai trouvé monsieur X entrain d'essayer de passer au
dessus des barrières. Sachant qu'il n'avait pas le droit de se lever
à cause de l'artériographie qu'il venait d'avoir et voyant les
risques qu'il était entrain de prendre je me suis rendue auprès
de lui pour lui demander d'arrêter et de m'expliquer ce dont il avait
besoin. Il me répond qu'il doit aller aux toilettes et se met à
hurler que « c'est un scandale qu'on ne le laisse pas se lever comme
il veut ».
Il était très agressif et insultant lorsque je
lui ai dit que ce n'était pas pour l'énerver que le
médecin lui a demandé de ne pas se lever mais bien pour une
raison médicale due à son examen. Je lui ai expliqué que
j'allais lui apporter le bassin mais que je ne baisserai pas les
barrières car je n'ai pas le droit de le faire. Monsieur X, m'a
insulté en me criant qu'il ne voulait pas le bassin. Il était
verbalement très agressif et a même essayé de me lancer au
visage le téléphone présent sur la table de nuit. Le
téléphone étant un fixe il n'a pas réussi à
le prendre entièrement depuis son lit, mais le geste était bien
là. Cela m'a beaucoup questionné. Je ne savais vraiment pas
comment réagir à ses menaces et comment je devais faire pour que
le patient se calme.
J'ai essayé alors d'amorcer une discussion avec lui
pour lui permettre de se calmer et de lui faire comprendre l'importance de la
mesure. J'ai essayé de le raisonner en lui disant que s'il passait
par-dessus les barrières il allait tomber au sol, et risquait de se
fracturer quelque chose. Monsieur X, a donc lâché la
barrière et s'est assis dans le lit en m'ordonnant de le laisser
tranquille et de sortir de sa chambre. J'étais déconcertée
par son comportement et toute la violence dont il faisait preuve. Je me sentais
démunis et en colère face à son attitude.
C'est à ce moment-là, qu'une aide-soignante
est passée devant la chambre et que j'ai pu lui demander d'intervenir.
En effet je n'avais pas eu le temps de refermer la porte entièrement
lorsque je suis entrée dans la chambre, car ma priorité
était de faire en sorte que le patient descende immédiatement de
la barrière et se recouche dans son lit.
L'aide-soignante est donc intervenue, je lui ai rapidement
expliqué la situation et elle a essayé de négocier avec le
patient en lui disant qu'elle allait chercher l'infirmière pour qu'il
puisse s'il souhaite s'entretenir avec elle, tout en expliquant bien qu'en tant
qu'aide soignante elle ne pouvait pas aller à l'encontre de la
décision du médecin donc qu'il était inutile de nous
manquer de respect car ça ne changerait rien.
Malgré cela, monsieur X, devenait de plus en plus
insultant et s'est mis à crier des menaces à l'aide soignante.
L'infirmière qui a entendu le patient depuis le couloir est alors
entrée dans la chambre pour demander à ce patient de se calmer en
lui expliquant bien qu'il se trouve dans un hôpital, qu'il n'est pas le
seul patient pris en soins dans le service et donc qu'il ne peut pas se
permettre de déranger de cette façon tous les autres patients.
Elle lui a expliqué calmement que nous comprenions sa demande mais que
nous ne pouvions pas y répondre favorablement de suite car il s'agissait
une décision médicale. Son épouse est alors intervenue
pour essayer de le raisonner, mais en vain. L'aide-soignante est alors
allée chercher le médecin qui a prescrit la mise en place des
barrières. Je suis restée dans la chambre avec
l'infirmière et nous avons tant bien que mal essayé de
négocier quelques minutes avec le patient pour qu'il reste
allongé le temps que le médecin arrive, tout en essayant de lui
faire comprendre que cette mesure est mise en place uniquement dans son
intérêt. J'ai eu le sentiment de ne pas arriver à
échanger avec la personne. Je sentais que quoi que je dise ça
n'allait pas arranger les choses. L'infirmière elle-même avait des
difficultés à se faire écouter par le patient. Quand elle
essayait de donner des informations, monsieur X lui coupait la parole et
haussait le ton. Je voyais qu'elle prenait sur elle pour rester professionnelle
et essayer de maintenir une communication avec le patient pour pouvoir
désamorcer la situation.
Lorsque le médecin est entré dans la chambre,
il lui a expliqué les raisons de la mesure et lui a demandé de se
calmer. Le patient s'est montré toujours très agressif, et
menaçant. Le médecin lui a signifié qu'il le laisserait se
lever à condition qu'il arrête d'être violent envers le
personnel et qu'une discussion soit possible. Monsieur X, s'est
légèrement calmé. Le médecin lui a alors
baissé une barrière et à demandé à
l'aide-soignante de l'aider à s'assoir aux bords du lit dans un premier
temps et de l'accompagner ensuite aux toilettes si le patient s'en sentait
capable. Le médecin a quitté la chambre. Monsieur X, s'est assis
aux bords du lit pendant quelques instants car il disait avoir « la
tête qui tourne ».
Au bout quelques minutes, il s'est levé
accompagné de l'aide soignante et s'est rendu aux toilettes. Il
était un peu moins agressif dans son comportement même s'il
restait tout de même désagréable. J'ai fini par quitter la
chambre et l'aide soignante est restée pour attendre le patient.
Un peu plus tard, j'ai pu parler de ce qu'il venait de se
passer avec l'infirmière et l'aide soignante. J'ai expliqué que
cette situation m'a questionné, que je ne savais tout simplement pas
quoi faire vis-à-vis de son comportement que sur le moment j'ai
trouvé injuste. J'ai exprimé le fait que j'appréhendais de
retourner dans sa chambre. Je me sentais impuissante et j'ai eu l'impression
que cette situation venait de mettre « un froid » dans la
relation avec ce patient. J'ai ressenti de la colère car je trouvais
cela injuste et inadmissible que le patient se comporte de cette manière
avec l'équipe comme avec moi.
L'infirmière m'a répondu que nous avons le
droit d'être agacé ou énervé de la situation mais
qu'il fallait essayer de prendre le maximum de recul et surtout ne pas croire
que le patient s'adresse à nous de manière personnelle. Elle m'a
expliqué que pour elle la situation était aussi compliquée
et que « ce n'est pas facile en tant que soignant d'être
face à des patients qui réagissent comme cela ».
III) Questionnement
Cette situation m'a permis de me poser un certain nombre de
questions. Le patient réagit avec violence envers moi-même et
l'équipe de soins. Il est menaçant physiquement et insultant.
Cela n'est pas quelque chose d'anodin d'être confronté à
une telle situation. Je peux alors me poser la question suivante ; vers
quel organisme pouvons-nous nous retourner pour déclarer l'incident
lorsque nous sommes victime d'une quelconque forme de violence ?
Pour cela, L'observatoire national des violences en milieu
hospitalier à été ouvert en juillet 2015. « Il a
pour mission de recenser les évènements remontés par les
établissements de soins, afin d'établir des statistiques et
d'apporter des solutions concrètes aux hôpitaux pour la mise en
place de plans d'actions »3(*). Le soignant est aussi tributaire de sa
hiérarchie. Il doit rendre des comptes tout d'abord au cadre du service,
mais il peut aussi y trouver une aide. Que peut-il alors attendre de sa
hiérarchie ? Un professionnel a aussi des droits par rapport
à la violence dont il est victime, il ne peut pas tout tolérer
sous prétexte qu'il est soignant. Mais que dit la loi à ce
sujet ?
L'article 11 de la loi du 13 juillet 1983 portant droits et
obligations des fonctionnaires, expose le fait que « l'hôpital
public est tenu de protéger contre les agressions ses
agents »4(*).
Docteur Giorgio, médecin du travail, expose dans son
article5(*) le fait que les
situations de violence ne peuvent être passées sous silence et que
l'agent est en droit d'attendre des mesures prise par la direction de
l'hôpital (mise en place de moyens de prévention concrets, prise
en charge de la violence psychologique etc.)
Je me demande alors qu'est ce que nous entendons sous ce
terme de violence ? En effet, quels sont les différents niveaux de
violence ?
Docteur Giorgio, distingue les atteintes aux biens et les
atteintes aux personnes. Les atteintes aux personnes sont définies en
quatre niveaux.
- Niveau 1 : injures, insultes, et provocations sans
menaces.
- Niveau 2 : Menaces d'atteinte à
l'intégrité physique ou aux biens de la personne.
- Niveau 3 : Violences volontaires, atteinte à
l'intégrité physiques, menaces avec armes par nature ou par
destination (armes à feu, armes blanches, ou tout autre objets dangereux
etc.).
- Niveau 4 : Violences avec armes, tous autres faits
qualifiés de crime6(*).
Par les propos de docteur Giorgio, on peut bien se rendre
compte qu'il y a différents niveaux en matière d'atteinte aux
personnes. Je me demande donc, comment est-il possible de répondre
à cette violence et surtout y faire face ? Qu'est ce qu'en tant que
soignant on peut mettre en place pour répondre à cela ? En
effet, face à ce patient je pense qu'il est important de répondre
car nous ne pouvons pas le laisser se mettre en danger et menacer toute
l'équipe. C'est pour cela que je me demande quelles réactions les
soignants peuvent-ils mettre immédiatement en place pour répondre
à cette violence ? Que peut-on faire pour répondre de la
manière la plus adaptée lors de la situation ? En effet, il
est attendu d'un soignant qu'il soit capable de s'adapter à la situation
et d'y faire face. Cependant, cela peut-il réellement être le
cas ?
Madame Bourgeois, cadre supérieure de santé,
explique que parfois il est difficile de garder un comportement totalement
professionnel car avant d'être soignant, nous sommes humain. En effet,
elle explique bien que « le comportement agressif du malade peut
désarmer le soignant, qui risque alors de répondre par
l'agressivité. Il s'agit d'une réponse naturelle de
défense »7(*). On comprend donc par les propos de madame Bourgeois,
que l'agressivité n'est pas mise en place volontairement mais bien que
le soignant peut aussi parfois se laisser déstabiliser par la situation
et ne pas répondre forcément de la manière la plus
adaptée.
Madame Balahoczky, infirmière, rejoint les propos de
madame Bourgeois, lorsqu'elle exprime le fait que « la violence fait
peur par son côté destructeur et
imprévisible »8(*). Cela nous permet bien de comprendre que la violence
peut-être déstabilisante et qu'elle peut provoquer des sentiments
parfois compliqués à maitriser chez le soignant. Par
conséquent, il peut être compliqué pour un soignant de
s'adapter à la situation de violence et d'y faire face.
Cependant, monsieur Curchod, avance l'idée que
l'infirmier lorsqu'il est confronté au comportement violent d'un
patient, doit dans tous les cas réagir de manière à
pouvoir développer « l'écoute active, son attitude
empathique»9(*). Le but
est de permettre à la personne de s'exprimer clairement, d'être
écoutée, et ainsi de favoriser une amélioration de la
situation en permettant au patient de comprendre qu'il n'a pas besoin
d'être agressif pour que ses volontés soient
écoutées. Pour cela le soignant aura besoins depercevoir la
situation dans sa globalité, et de réussir à prendre du
recul sur les évènements.
Monsieur Curchod avance l'idée que le soignant ne doit
pas être attentif qu'à la réponse de la personne mais aussi
bien sur les « manifestations non verbales »10(*). Il explique qu'il est
très facile de passer à côté d'informations
importantes pour le soigné lors d'une situation conflictuelle (besoins
peut-être non exprimés verbalement etc.). Et cela peut avoir un
réel impact sur la future prise en soins et sur la relation entre le
soignant et le soigné. En effet, un patient qui ne se sent pas
écouté ne va pas collaborer dans sa prise en soins. Il ne sera
pas possible de mettre en place une relation de confiance, c'est-à-dire
un lien entre les deux personnes basé sur le respect mutuel, et dans
laquelle le patient se sent considéré, écouté, et
bien pris en soins par un professionnel compétent. Sans cela la personne
risque de rester dans une position agressive et conflictuelle car elle n'aura
pas l'impression que le soignant est là pour l'aider dans les
difficultés qui lui sont propres.
Cependant, la confiance que peut accorder le patient, n'est
pas forcément facile à obtenir pour le soignant. Et cette
confiance peut se perdre rapidement. Je me demande alors comment peut-on
maintenir une relation soignant-soigné basée sur la confiance
lors de cas de violence ?
A cela, Virginia Henderson explique que « c'est par
la profondeur de sa compréhension que l'infirmière saura
s'attirer la confiance du malade et de sa famille et qu'elle pourra l'aider
à surmonter certains effets psychologiques de la
maladie »11(*).
En effet, l'infirmier a un rôle
« d'interprète »12(*). Il doit « aider le malade à se
comprendre lui-même »13(*), mais pour cela il faut qu'elle comprenne
elle-même ce que ressent, et vit le patient.
On comprend alors qu'en tant que soignant il est important
d'écouter et de comprendre la situation de la personne. Il est
nécessaire de chercher à comprendre pour quelles raisons la
situation en ait arrivée là. Le soignant a un rôle
fondamental pour permettre au patient d'accepter les contraintes de la maladie.
Cela signifie bien que sans une bonne capacité de compréhension
un soignant ne peut pas créer une relation de confiance avec le patient
et ainsi ne pourra pas efficacement aider un patient à surmonter les
difficultés qui se posent à lui.
Mais pour pouvoir comprendre le patient, l'aider au mieux, et
mettre en place une relation de confiance, le soignant doit tout d'abord
être en mesure de maitriser la violence et de reposer un cadre
respectueux entre lui et le soigné. Je me pose alors la question
suivante ; est-ce que les soignants sont-ils suffisamment formés
pour faire face à la violence à laquelle ils sont
confrontés dans leur pratique ? Cela me questionne car en effet,
pour réagir face à une situation il faut avoir les connaissances
et les compétences nécessaires.
A cela monsieur Curchod, indique que « les
soignants sont encore assez peu formés pour faire face à
l'agressivité des personnes soignées. »14(*)
Cependant, on peut tout de même dire que la formation,
à l'IFSI, permet aux étudiants de développer des
compétences en termes de communication, des techniques d'écoutes
etc. On attend d'un infirmier qu'il soit capable d'adapter sa communication et
son comportement à la personne qu'il a en face de soi. Cela fait partie
de son rôle propre.
De plus, tout au long de son expérience
professionnelle un infirmier va se former, apprendre à s'adapter
quotidiennement aux différents profils des personnes soignées et
donc parfois faire face à la violence d'un individu. L'infirmier doit
être capable de réfléchir à la situation et d'y
apporter des solutions. Il est nécessaire d'être capable de se
remettre en question et de remettre en question ses pratiques pour progresser
en tirant un bénéfice de chaque situation. En effet, l'exercice
professionnel ne permet pas d'apprendre si nous ne portons pas de
réflexion sur les actes que nous faisons. Nous pouvons donc comprendre
que l'exercice de l'analyse de situation professionnelle est inévitable
si nous voulons tirer profit de notre expérience, développer des
compétences qui nous permettrons de réagir aux comportements des
patients et pouvoir mettre en place une relation de confiance dans laquelle le
patient se sent compris, écouté et considéré.
Le soignant doit mettre en place tout ce qui lui est possible
afin de stabiliser la situation de violence. Cependant, un professionnel de
santé n'est pas seul face à la violence dont il est victime. La
collaboration en équipe est importante. Dans la situation
l'aide-soignante et l'infirmière ont demandé au médecin
d'intervenir. Cela a permis de stabiliser la situation. Cela me permet de me
demander en quoi la collaboration pluriprofessionnelle est importante dans la
gestion de la violence ?
Il est important de dire que les situations de violence ne
peuvent pas être ignorées. En effet, toutes personnes à
droit d'être protégées de toutes formes de violence. Cela
veut donc bien dire que la violence n'est pas sans impact sur la personne qui
en est victime. Je me questionne alors. Quel sont les impacts physiques ou
psychologiques sur les soignants qui subissent ce genre de comportement ?
Cela entraine la question suivante ; comment peut-on réaliser des
soins pour des patients quand nous sommes victime de leurs attitudes violentes,
et que cela peut entrainer des conséquences importantes sur notre
santé ? Est-il possible alors de maintenir ou de créer une
réelle relation ?
A cela DocteurLégeron, psychiatre, répond que
la violence est un facteur de stress et que par sa répétition, et
sa gravité peut entrainer un état d'angoisse chez la personne et
un sentiment « d'insécurité au
travail »15(*)
qui épuise. On remarque bien que les conséquences sur la
santé de la victime ne sont pas anodines.
Tout ceci me permet de me poser une autre question. Est-ce
que malgré les impacts de la violence, un soignant peut toujours
être capable de mener une relation soignant-soigné
nécessaire à la bonne prise en soin du patient ?
IV) Question de
départ
Cette situation m'a permis de comprendre que la violence est
bien présente dans les services hospitaliers. J'ai pu me rendre compte
que la confrontation à ce genre de situation peut parfois
s'avérer être une réelle difficulté. En effet, en
tant que soignant il n'est pas simple d'y faire face, et de s'adapterpour
procurer tout de même des soins de qualité dans lesquelles la
relation soignant-soigné, la plus bénéfique à la
prise en soins, est mise en place. C'est pourquoi j'ai choisi la question de
départ suivante :
Enquoi la violence des patients peut-elle avoir un
impact sur la relation soignant-soignée ?
V) Champs disciplinaires
Dans la situation, le champ des sciences humaines, du sociale
et du droit, est traité par l'aspect de la communication et de la
relation entre les différents membres de l'équipe de soins et le
patient. La personne prise en soins se retrouve dans une situation qu'elle
ressent d'une certaine manière et qui lui est propre, ce qui
nécessite une prise en soins singulière. De plus, le cadre
législatif est aussi évoqué par rapport à la
violence envers les soignants et les droits de ses derniers. La loi
légifère les situations de violence qui ne peuvent pas être
passées sous silence. Des institutions sont mises en place pour recenser
les situations de violences et proposer des pistes pour y répondre au
mieux.
VI)
Intérêts professionnels et personnels
J'ai choisi de réaliser mon travail de fin
d'étude sur le thèmede la violence des patients à
l'hôpitalcar cela m'a beaucoup interpellé et questionné
notamment par rapport à l'impact qu'elle pouvait avoir sur la relation
soignant-soigné. Ce genre de situation peut se présenter dans
tous les services de soins. Il est donc intéressant d'étudier ce
sujet d'un point de vue professionnel car la situation à laquelle j'ai
été confrontée au début de ma formation n'est pas
un acte isolé. La violence, dont peut faire preuve les patients, se
produit régulièrement et n'est pas propre à un service de
soins particulier.
En tant que future professionnelle de santé je vais
certainement encore être confrontée à la violence des
patients. Mon travail de fin d'étude va donc me permettre de
développer mes connaissances et compétences qui me seront utiles
pour exercer en tant que professionnelle de santé. De plus, la violence
à laquelle un soignant est confronté dans son exercice
professionnel, peut aussi avoir des impacts sur sa vie personnelle. Je pense,
qu'il est fondamental d'avoir les ressources nécessaires pour y
réagir et pouvoir trouver des solutions afin que cela ne puisse pas
aller jusqu'à impacter notre vie privée.
Je remarque bien que les deux aspects, c'est-à-dire
professionnel et personnel, sont alors intimement liés et
réaliser mon travail de fin d'étude sur un sujet qui est bien
d'actualité, sera une ressource précieuse d'informations, qui
pourra être mis à profit lorsque je serai confronté
à la violence d'un patient dans ma fonction d'infirmière.
VII) Cadre conceptuel
1) La violence
1.1) La définition
Selon l'association l'action sur la violence et intervention
« La violence est une action par laquelle une personne tente
d'établir un rapport de force avec une autre personne. La violence ne
donne pas d'importance aux besoins et aux émotions de l'autre. La
violence n'est pas une caractéristique d'un individu mais plutôt
un moyen d'atteindre ses buts »16(*). Elle est alors décrite comme quelque chose
qui permet d'obtenir ce que l'on souhaite. C'est un moyen pour se faire
entendre, presque une méthode de communication. On comprend donc que la
violence est secondaire à quelque chose, comme un besoin non
comblé par exemple.
Pour Françoise bourgeois, cadre de santé, les
incivilités font aussi partie de la violence. Ce sont des comportements
qui composent des situations d'agressivité. En effet, elle explique que
« les incivilités sont de petites malfaisances faites d'impolitesse
dont la répétition quotidienne rend pénible la vie en
société »17(*). « L'agressivité qualifie aussi bien
une conduite, un comportement, un sentiment, qu'un instinct. C'est l'expression
d'une pulsion intérieure qui permet à l'individu de se relever
et/ou s'adapter aux situations externes et/ou aux difficultés de
l'environnement »18(*).
Françoise Bourgeois explique que la violence peut
débuter par le simple oubli de dire merci, ou l'interpellation d'une
personne avec un vocabulaire grossier, en allant jusqu'au comportement
menaçant. Elle rejoint alors la définition de l'association
contre la violence et intervention en disant bien que « le
comportement agressif peut être une réponse à la non
satisfaction de nos besoins »19(*). Pour elle il s'agit d'une méthode qui permet
d'obtenir de l'autre l'écoute, l'attention dont on a besoin. En effet,
être face à une personne qui nous ignore ou qui n'entend pas ce
qui nous voulons exprimer peut engendrer un sentiment d'incompréhension,
pouvant même aller jusqu'au sentiment d'être humilié. Tout
ceci est alors source d'une réaction violente, pouvant parfois cacher un
sentiment ou une émotion.
Le concept de violence et celui de l'agressivité
peuvent parfois être perçus différemment. Pour madame
Martel psychothérapeute il y a plusieurs différences. Une des
différences concerne « le comportement avec le
cadre »20(*).
Elle explique que la violence est toujours quelque chose qui outrepasse les
limites du cadre, alors que l'agressivité peut avoir lieu dans les
limites fixées par le cadre. Elle rajoute aussi que la violence est une
« rupture de la relation »21(*) avec autrui, à ce moment là l'autre
devient « l'objet à détruire »22(*). Elle oppose cela à
l'agressivité, en expliquant que l'agressivité est une recherche
de contact avec l'autre. Il n'y a pas la volonté de détruire.
Il est tout de même nécessaire de rappeler que
le ressenti de la violence diffère selon les individus. Françoise
Bourgeois explique que la violence est un comportement que chaque individu
perçoit de manière différente. En effet, ce qui est
ressenti d'une manière par une personne peut-être totalement
considérée d'une autre façon par quelqu'un d'autre. Pour
elle, cela dépend du « seuil d'indulgence, de son vécu
familial, social »23(*). On remarque bien par là, que la violence est
un concept qui se diffère selon chaque individu et qu'une même
situation peut avoir un impact totalement différent suivant la personne
qui en est victime.
1.2) Les différentes formes de violences.
La violence peut se manifester de différentes formes.
On retrouve la violence physique se manifestant par des atteintes
physiques comme des coups, des projections d'objets, des bousculades etc.
portées à autrui dans le but de le blesser, d'avoir un
contrôle sur lui, ou de lui nuire. Il y a la volonté d'intimider
la personne, de créer un sentiment de peur, et d'avoir une emprise
physique sur elle.
On retrouve aussi la violence psychologique qui se manifeste
par des critiques, de l'intimidation, des insultes etc. La violence
psychologique est aussi grave que la violence physique car elle est un facteur
des sentiments de peur, d'insécurité, d'humiliation. La violence
psychologique marque profondément la victime. Cette forme de violence a
la particularité d'être difficile à détecter car
elle ne laisse pas de traces directement visibles comme les marques de coups
par exemple. Elle peut donc facilement passer inaperçu. Cela demande
à l'entourage de la victime de porter une attention particulière
aux éventuels propos de cette personne, à ses changements de
comportement inexpliqués pour pouvoir lui venir en aide etc.
La philosophe Claire Marin, à travers son ouvrage
Hors de moi24(*),
nous expose un concept différent. Celui de « la violence
symbolique ». Elle explique que « la froideur dans les
prescriptions », les difficultés de compréhension des
discours médicaux, ou encore la pathologie en elle-même peuvent
créer chez un patient un « sentiment de
dépossession ». Elle qualifie cela d'un effacement de
« la vie ordinaire ». Elle évoque même le
terme d'un « exil hors de soi ». On comprend bien
qu'à travers les propos de cette philosophe que l'identité du
patient, sa manière d'être, de vivre, de choisir, et de maitriser
le court de sa vie est alors altéré. Le patient est victime de sa
pathologie, et de tout ce que cela implique. Sa vie est bouleversée par
une suite d'événement sur lesquels il n'a plus le contrôle.
Il ne peut garder la maitrise sur quelque chose qui s'impose à lui, et
cela devient une angoisse parfois extrême. Dans cette forme de violence
personne n'a la volonté de faire du mal à autrui. Il s'agit d'un
évènement sur lequel personne n'a le contrôle, entrainant
un ensemble de changement dans la vie d'une personne qui ne s'attendait
à rien de tout ce qu'elle doit vivre.
On peut retrouver une autre forme de violence. Les violences
dites économiques. Par définitions elles se caractérisent
par le fait de priver quelqu'un de ses biens, de ses revenus, ou de ses
ressources. Didier Sicard, médecin et ancien président du
comité consultatif national d'éthique expose le fait que les
hôpitaux sont soumis à des choix budgétaires qui impliquent
parfois toute une réorganisation, la prise de nouvelles
décision25(*). Il
s'agit comme le caractérise Catherine Le Grand-Sebille,
socio-anthropologue et enseignante-chercheuse à la faculté de
Lille, d'une « pression économique sur les
établissements de santé »26(*). Ces choix là peuvent
être alors à l'origine de la priorisation des soins techniques au
détriment des soins relationnels. Cela peut s'expliquer par un manque de
temps, de moyens matériels ou encore humains. En effet, Docteur Sicard,
parle lui, de la logique comptable des établissements de santé
comme ce qui entraine le fait de « privilégier les aspects
biologiques [...] de la médecin au détriment de ses autres
dimensions »27(*).
1.3) Gestion de la violence
Si l'on veut réagir face à la violence il est
nécessaire de la reconnaitre, et de chercher à mettre en oeuvre
des moyens afin de maitriser au mieux la situation.
Pour madame Françoise Bourgeois, la violence doit
toujours être gérée en équipe. Elle explique qu'il
est important de mettre en place des réunions qui favorisent des
« temps d'expression »28(*). Il est nécessaire de permettre à
chaque soignant de s'exprimer, de mettre en lumière ses
difficultés et d'y réfléchir en équipe pour ne pas
laisser un soignant seul face à une situation qui l'a mis en
difficulté. Cela permet aussi à l'équipe de soins de se
rendre compte des éléments déclencheurs de la situation et
de pouvoir alors proposer des solutions adaptées aux difficultés
du patient.
MadameBalahoczkyexplique que pour apporter des
réponses à une situation de violence il est important
« de renforcer ses capacités de défense contre un agent
stressant en augmentant l'estime de soi, en créant un climat de
confiance, en favorisant le développement de la capacité à
faire face »29(*). Pour elle, il est important d'
« - Encourager la personne à exprimer
verbalement sa colère et son hostilité, au lieu d'agir par des
actes compulsifs.
- Aider la personne à identifier les facteurs qui
augmentent son stress.
- Inviter la personne à chercher plusieurs
réponses ou alternatives dans une situation donnée.
- Eviter d'augmenter sa sensation d'être prise au
piège.
Le deuxième niveau consiste à agir sur
l'environnement ; parmi les actions possibles, retenons :
- Eloigner la personne de la source de stress.
- Diminuer les pressions extérieures.
- L'aider à identifier un système de support
dans son entourage.
- Réduire les stimulations sensorielles.
- Encourager la personne à retrouver le contrôle
de sa situation »30(*).
En matière d'adaptation à un
évènement bouleversant, ou stressant comme une situation de
violence la victime peut mettre en place des méthodes de
défenses. Il est important de distinguer « les défenses
psychiques » des « stratégies de
coping »31(*).
En effet, les défenses psychiques sont inconscientes, alors que les
stratégies de coping sont conscientes.
Tout d'abord il y a plusieurs stratégies de
coping, comme l'explique Docteur Da silva, basées sur « les
difficultés et sur les émotions »32(*).
Les stratégies centrées sur les
difficultés vont permettre à la personne de faire face à
la situation en s'y adaptant. Par exemple une personne qui présente
un problème de santé va consulter un médecin. C'est une
manière de s'adapter à la situation en y apportant une
réponse logique.
Les stratégies centrées sur les émotions
permettent de les réguler pour pouvoir faire face à la situation
qui nous pose problème. Par exemple lorsqu'une personne est
confrontée à une situation qui est difficile pour elle, le fait
de minimiser les évènements va lui permettre de s'adapter
à ce qui est source de problème. C'est une manière de
détourner les évènements pour arriver à les
accepter avec plus de facilité.
Ces stratégies de coping sont extrêmement
variées, plusieurs classifications ont été
proposées. La typologie réalisée grâce aux travaux
de Houston, de Skinner, Edge, Sherwood nous propose une classification en trois
familles33(*). La
première des stratégies relève de la
« confrontation aux problèmes »34(*) (recherches de solutions par
exemple), la deuxième celle de
« l'évitement »35(*), et la troisième est celle de la
« confrontation improductive »36(*) (comme l'agression, la
rumination etc.)
Ces trois grandes familles sont toutes divisées en deux
catégories qui sont, la sphère cognitive et la sphère
comportementale.
La sphère cognitive permet d'apporter des solutions
à l'émotion, par l'utilisation de distraction mentale,
l'acceptation, la planification mentale etc.
La sphère comportementale permet de proposer des
solutions à la situation grâce à l'utilisation de
l'évitement, par l'agression, etc.
Lorsqu'un individu est confronté à une
situation qui s'avère être source de difficulté
émotionnelle, de stress, de peur etc. Cette personne va mettre en place
des mécanismes de défenses pour s'adapter à la situation.
Comme l'explique Docteur Henri Chabrol37(*), Ils font partie intégrante du fonctionnement
psychique. Ils ne sont considérés comme étant anormaux
uniquement lorsque la personne les utilise de manière abusive. Docteur
Chabrol expose le fait qu'en psychologie il existe une liste d'environ
vingt-neuf mécanismes de défenses, parmi lesquels on retrouve la
dénégation, le déni, l'humour, le refoulement etc.
1.4) Les facteurs favorisants la violence
La violence n'est pas un état qui se présente
par hasard sans qu'aucun facteur ne l'ait favorisé. Les personnes qui
font preuve de violence ont toutes des raisons, des explications qui leurs sont
propres. Alors même si la violence envers autrui n'est pas quelque chose
d'acceptable, ou de tolérable, elle peut s'expliquer et être
comprise.
Madame Balahoczky explique que « pour commettre un
acte de violence, l'individu doit se sentir menacé dans son
intégrité. Au niveau physique, insatisfaction des besoins de
base. Au niveau psychologique, violence de l'intimité,
impossibilité de vivre selon ses valeurs et ses croyances, privation de
sa liberté d'agir, déresponsabilisation face à ses
rôles sociaux. Au niveau matériel, être
dépossédé de ses biens et de ses
possessions »38(*).
On comprend alors qu'énormément de facteurs
sont sources potentielles d'une situation de violence. Il est, je pense,
important de comprendre que ce qui à nous ne pose pas de problème
et semble banal, peut être pour quelqu'un d'autre source de
difficultés. Madame Balahoczky évoque différents aspects
au niveau physique, psychologique ou matériel qui peuvent être
responsable de la violence. Il est nécessaire alors de comprendre que
ces trois niveaux ne sont pas perçus par tous de la même
manière. Nous n'avons pas tous le même seuil de tolérance
face à une situation, quelque chose qui pour nous est acceptable, peut
être totalement inacceptable pour l'autre. Cela diffère bien parce
que la singularité de chaque individu entraine des différences en
matière de valeurs, de limites, de croyances etc. Il est important en
tant que soignant de chercher à comprendre les besoins et les attentes
de ce patient en question.
Si celui qui fait preuve de violence ne se sent pas compris
ou comme le dit madame Balahoczky « quand la personne a le sentiment
d'être manipulée, qu'elle se sent prise au piège, qu'elle
se sent impuissante à gérer une situation difficile, quand elle
subit des contraintes importantes qui durent dans le temps, elle perd alors
toute lucidité, cède à la panique et passe à
l'acte »39(*).
La violence est alors une réponse à un stress, un état
difficilement contrôlable pour le patient.
On comprend bien par là que le fait de ne pas se
sentir entendu dans ses revendications, peut devenir angoissant et pousser
à devenir violent pour se faire écouter et entendre. Quand le
patient utilise la violence comme moyen de communication il faut se questionner
sur l'origine de cette réaction pour pouvoir en apporter des solutions
et stabiliser la situation au plus vite car elle est difficile à vivre
pour le patient comme pour le soignant. En effet, Monsieur Balahoczky explique
bien que la violence n'est pas une réaction que le patient adopte par
plaisir mais qu'il s'agit des conséquences de réelles
souffrances.
Madame Bourgeois explique qu'il est important qu'un soignant
puisse repérer chez un patient les facteurs favorisants la violence afin
de prévenir la survenu de l'altercation. Pour elle, « la
tristesse, la colère, l'anxiété »40(*) sont des émotions qui
peuvent utiliser la violence comme méthode de défense. Monsieur
Michel psychosociologue et Monsieur Thirion docteur en sciences de
l'éducation évoquent dans l'ouvrage Faire face à la
violence des patients dans les institutions de santé41(*), l'ennui et l'inconfort comme
sources potentielles de réaction de violence. En effet, Ils expliquent
dans leur ouvrage que l'hospitalisation déboussole les patients qui
doivent s'habituer à un fonctionnement différent du leur. Les
habitudes de vie sont perturbées. Il faut parfois partager sa chambre
avec une autre personne et arriver à vivre avec elle. Les patients sont
confrontés au bruit des passages du personnel, des familles, des
patients, aux visites que reçoit le voisin de chambre etc. Le confort
n'est pas le même que chez soi. De plus, dans leur ouvrage les deux
auteurs parlent des journées du patient comme de quelque chose de
« monotone »42(*) et d' « uniforme »43(*). Les journées sont
parfois longues pour une personne hospitalisée, l'irritabilité
peut se faire sentir et engendrer un comportement violent de la part du
patient.
Madame Bourgeois, explique aussi dans son article44(*)qu'il est nécessaire en
tant que soignant de bien repérer les signes de douleur physiques, et
les symptômes somatiques la déshydratation par exemple. En effet,
cela peut aussi être à l'origine de réactions de violences.
Elle explique aussi que les
« conflits latents »45(*) dans l'équipe, un « manque de
communication »46(*) peut aussi être des facteurs favorisants les
situations de violence. On comprend bien par là que les problèmes
internes à l'équipe de soins peuvent être sources de
difficultés pour le patient. En effet, être confronté
à des soignants qui ont des difficultés à trouver un
terrain d'entente ou qui ne s'accordent pas sur ce qu'ils transmettent comme
informations peut perturber la prise en soins du patient. Ce dernier à
besoin de se sentir bien pris en soins par une équipe qui communique
entre elle pour lui apporter la meilleure prise en soins possible. Ressentir
les difficultés d'organisation d'une équipe peut-être
source d'interrogation et même de stress pour lui.
A travers tout cela, il est important de
signifierréussir à comprendre l'origine des réactions de
violence, n'est pas quelque chose de simple vu la multitude de facteurs pouvant
amener de telles situations. Il est nécessaire alors d'être
attentif à tous détails pour repérer au plus vite le ou
les éléments déclencheurs.
1.5) L'impact de la violence sur la victime
Entre confronté à une situation de violence
peut engendrer chez la victime un stress. Il s'agit d'une réaction
physiologique que la psychologue clinicienne, Christiane Donati
caractérise dans son livre le stress intelligent 47(*)comme fondamental à
la vie. Elle définit ainsi le stress comme une réaction non
« homogène sur la durée »48(*).
Comme l'explique Docteur Luminet, professeur de psychologie
à l'Université de Louvain en Belgique, le stress que ressent un
individu dépend de sa manière de percevoir
l'élément stresseur. Un élément devient
source de stress uniquement s'il est considéré comme tel. Comme
Docteur Luminet l'a évoqué il n'y a pas de « stresseur
universel »49(*).
Madame Donati, décrit le stress comme ce qui entraine
des modifications dans le temps, qui se réalisent en trois
étapes.
En effet, lorsqu'une personne est confrontée à
un élément déclencheur de stress la première
réaction est la phase d'alarme. La psychologue définit cela
comme d'une réaction de forte intensité sur un court temps. Dans
son ouvrage elle explique que le système neuro-végétatif
donne le signal à l'organisme d'utiliser ses « ressources
physiques »50(*)
pour adapter le comportement de l'individu en mettant en place l'attaque ou la
tentative de fuite par exemple. Dans son ouvrage la psychologue explique que
durant la phase d'alarme les facultés d'attentions, de concentration
sont mises « en tension ». De plus, les réactions
émotionnelles comme « la colère », ou
« l'inquiétude » par exemple peuvent alors
être observées. L'auteure rajoute alors que lorsque ces
réactions sont d'une intensité
« modérée » les réponses
comportementales sont alors souvent plus adaptées à la situation.
C'est alors ce que Madame Donati décrit comme le stress positif. Au
contraire, si l'intensité de la colère ou de l'inquiétude
devient trop importante l'attitude comportementale de la personne devient
« disproportionnée » et donc souvent
« inefficace » car il s'agit d'une
« réaction de panique ». C'est alors ce que la
psychologue décrit dans son ouvrage comme le stress négatif.
La deuxième réaction de stress est la phase
« d'adaptation ». Il s'agit comme l'explique la psychologue
d'un « travail d'ajustement » de l'organisme. Le
système hormonal sécrète de la cortisol et des
catécholamines (adrénaline, et noradrénalines). Comme
l'indique Docteur Luminet51(*), ces hormones entrainent des modifications
biologiques, comme la transformation des lipides en glucides au niveau
hépatique, l'augmentation de la pression artérielle par exemple.
Le but est de permettre à l'organisme d'avoir l'énergie de
répondre au stress. Madame Donati, explique alors que dans les cas
favorables la situation est surmontée. Cependant, parfois cela n'est pas
le cas.
Lorsque la situation de stress perdure, cela entraine alors
la troisième phase du stress
« l'épuisement »52(*). On remarque alors une baisse des capacités
d'adaptation de l'organisme. Cela peut entrainer comme l'expose la psychologue
dans son ouvrage, une augmentation de « l'irritabilité, des
troubles de l'humeur, perte de la capacité de concentration, insomnies
multiples »53(*).
La répétition de situation de violence n'est
pas sans conséquences sur la victime. Pierre Canouï psychiatre, et
Aline Mauranges psychologue clinicienne évoque dans leur ouvrage Le
burn-out à l'hôpital54(*) l'idée de l'épuisement professionnel
chez les soignants. Ils définissent dans leur ouvrage le burn-out comme
l'expression du « stress chronique au travail et le surmenage
professionnelle pouvant parfois conduire à des
dépressions ». Ils parlent alors d'un
« épuisement émotionnel » dû à
ce stress chronique. Le sentiment « de perte d'accomplissement de
soi » accompagné de la dévalorisation de soi, de sa
compétence professionnelle, d'une perte de confiance, d'une envie de
changer de profession. Les deux auteurs rajoutent ensuite dans cet ouvrage, un
concept important dans le burn-out du soignant celui de la
« déshumanisation de la relation avec autrui ». En
effet, cela est bien souvent la source d'une perte d'empathie et peut
créer chez le soignant des comportements maltraitants et des
réactions de violences. La personne victime d'épuisement
professionnelle peut alors devenir distante envers ses collègues, ses
proches, et avoir tendance à rechercher l'isolement. Nous comprenons
alors bien que les conséquences ne se retrouvent pas seulement sur la
vie professionnelle de la personne puisque l'impact est aussi présent
dans sa vie privée. Docteur Canouï et madame Mauranges
soulève dans leur ouvrage l'idée que les soignants
n'écoutent pas assez les « signaux d'alarme du
burn-out »55(*).
Ils expliquent que les soignants sont « attentifs à
autrui » mais qu'ils ont du mal à « s'écouter
eux-mêmes ». Les professionnels confrontés alors au
burn-out ne s'arrêtent parfois que lorsque physiquement et
psychologiquement ils ne peuvent vraiment plus exercer. L'ouvrage évoque
bien l'idée que reconnaitre que nous sommes victimes de burn-out est
parfois vécu comme l'idée d'être quelqu'un de
vulnérable. Il y a bien souvent une « connotation de
faiblesse ».
1.6) L'impactde la violence sur les établissements de
santé
Dans son rapport de 2002 l'organisation mondiale de la
santé56(*) faisait
état de la violence des patients et de ses répercussions sur les
soignants dans les établissements de santé. Le rapport
décrit la violence comme une
« épidémie ». Il y est décrit que les
actes de violences impacts négativement la qualité des soins et
participe à la diminution de l'attrait pour les professions
médicales.
La violence a un coût sur les établissements de
santé, le guide 2017 de l'observatoire national des violences en milieu
de santé57(*)
évoque la violence à l'hôpital en la décrivant comme
un « fardeau pour l'économie ». En effet,
pour estimer le coût de la violence il faut prendre en compte
« la perte de productivité du à [...] un traumatisme,
à l'absentéisme, à une incapacité de longue
durée ». La prise en compte des frais liés
« aux dégâts causés aux bien et infrastructures
publics ». On remarque donc que les impacts de la violence sur les
établissements de santé est quelque chose de complexe qui n'est
pas simple de recenser puisqu'elle implique énormément de
coût indirect.
Le rapport explique qu'actuellement aucun organisme ne
répertorie les conséquences de la violence sur les
établissements de santé en France d'un point de vue
économique.
1.7) Cadre législatif : Les droits des
victimes
Les soignants sont confrontés à la violence
dans le cadre de leur exercice professionnel. L'observatoire national des
violences en milieu de santé, à retiré de son rapport de
2017, que « 20 048 atteintes aux personnes ont été
signalées »58(*)
Lorsque la violence est une atteinte à la personne, il
est nécessaire qu'un examen médico-légal soit
réalisé dans les plus brefs délais afin de pouvoir
orienter la victime en fonction de son état de santé. Les
informations précises de l'agression seront répertoriées,
les éléments de preuves seront gardés. Le constat d'ordre
médical sera utile pour effectuer une déclaration d'accident du
travail59(*).
Lorsqu'un professionnel de santé est confronté
à une situation de violence il peut rédiger un rapport
circonstancié de l'agression. La victime établie elle-même
le rapport, cependant le cadre de santé peut le faire si l'agent n'en
est pas en capacité.
L'agence régionale de la santé, doit être
informée des faits de violence dans les plus brefs délais,
grâce à une « fiche signalétique»60(*).
Il est important de noter que l'article L.6143-7 13, du code
de la santé publique expose le fait que le directeur d'un
établissement publique de santé peut prendre « toutes
les mesures appropriées pouvant aller éventuellement jusqu'au
prononcé de la sortie»61(*) d'un individu qui causerait des désordres de
manière répétées.
Il est possible aussi de saisir le comité
d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail au
titre de sa mission « de contribution à la protection de la
santé et à la sécurité des travailleurs de
l'établissement »62(*). Mais aussi car il a rôle
« d'enquête en matière d'accident du
travail »63(*).
Le soignant pourra aussi
déposer plainte auprès du commissariat ou de la gendarmerie
même si « l'administration ne peut pas se constituer partie
civile en lieu et place de son agent, dès lors qu'elle n'est pas la
victime directe de l'infraction, il convient de rappeler qu'elle a l'obligation
de signaler toute infraction pénale dont elle aurait eu connaissance
auprès du procureur de la république, en application de l'article
40 du Code de procédure pénale »64(*).
En effet, cela signifie bien que le directeur de
l'établissement dans lequel à eu lieu l'agression ne peut lui
porter plainte que si l'établissement est directement victime de
l'infraction. En cas de dégradation des biens appartenant à
l'établissement par exemple.
Le soignant qui aura été victime de violence
aura aussi le droit de
Bénéficier d'une protection juridique
lorsque l'employeur est un établissement public. En effet, en cas
d'attaque dans l'exercice de ses fonctions, l'agent bénéficie de
la protection organisée par l'établissement public qu'il sert, au
titre de l'article 11 de la loi du 13 juillet 198365(*). Cette protection est due aux
fonctionnaires, mais également aux agents publics non titulaires. Il
peut s'agir de la prise en charge des frais d'avocat, dans l'hypothèse
d'une action judiciaire, de la prise en charge psychologique, ou encore de la
réparation du préjudice causé. Si la protection
fonctionnelle est un droit, elle n'est pas pour autant automatique ; il
est donc nécessaire que le soignant qui souhaite en
bénéficier avise son employeur. De ce fait, il devra formuler une
demande écrite motivée, en apportant toutes les précisions
utiles sur les faits.
L'agent a aussi la possibilité de « faire
valoir son droit de retrait, s'il a un motif raisonnable de penser que sa
situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou
pour sa santé, ou s'il constate une défectuosité dans les
systèmes de protection »66(*).
La personne prise en soins dans un établissement de
santé à aussi des devoirs. En effet, L'article 1240 du code civil
concernant la responsabilité du fait personnel prévoit que
« Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
réparer »67(*).L'article 1241 du code civil explique aussi que
« chacun est responsable du dommage qu'il a causé non
seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou son
imprudence »68(*).
On comprend bien par là, que le patient est
responsable s'il commet un dommage à l'encontre d'un soignant et qu'il
doit endosser la responsabilité de ses actes.
2) La relation soignant-soigné
2.1) Définition
D'une part la relation se définit dans le dictionnaire
Le Robert comme « tout ce qui dans l'activité d'un être
vivant implique une interdépendance, une interaction dès lors
qu'une modification de l'un entraine une modification de l'autre
».69(*) D'autre part,
la relation soignant-soigné se définit d'après monsieur
Curchod, comme étant « une rencontre singulière et
unique, elle relève de la prise de conscience de la présence de
l'autre »70(*).
Il existe différentes formes de relation. Telle que la
relation dite de civilité s'inscrit dans la recherche d'un
échange convivial, agréable. Elle nécessite un climat
respectueux dans lequel une relation spontanée peut s'établir.
Il existe aussi la relation dite fonctionnelle permet
au professionnel de pouvoir recueillir des informations sur les patients. Cela
permet une connaissance précise du patient à un moment
donné afin d'adapter au mieux les soins.
On peut aussi évoquer la relation aidante. Cette forme
de relation répond aux besoins d'une personne. Cela demande au soignant
de pouvoir recevoir les émotions d'un patient et d'y
répondre de manière ajustée.
2.2) La relation de confiance
La confiance est selon madame Mazaro, philosophe,
« l'idée que l'ont peut se fier à quelqu'un ou à
quelque chose. [...] On remet, en effet, quelque chose de précieux
à quelqu'un en se fiant à lui et en s'abandonnant ainsi à
sa bienveillance et à sa bonne foi »71(*).
L'auteure expose la confiance comme un concept essentiel pour
un individu tout en étant potentiellement source de déception.
C'est bien ce qu'elle nous explique dans son ouvrage en disant de la confiance
qu'
« Elle est fondamentale car, sans confiance,
il serait difficile d'envisager l'existence même des relations humaines -
des rapports de travail jusqu'à l'amitié ou bien l'amour. Sans
confiance, on ne pourrait même pas envisager l'avenir et chercher
à bâtir un projet qui se développe dans le temps. [...]
Mais la confiance est aussi dangereuse, car elle implique toujours le risque
que le dépositaire de notre confiance ne soit pas à la hauteur de
nos attentes ou, pire encore, qu'il trahisse délibérément
la confiance que nous lui faisons »72(*).
La confiance permet à chacun de se situer et de
gérer les événements qui vont découler de la
relation ou de l'échange avec l'autre. Nous avons conclu un certain
accord avec un individu en lui accordant notre confiance.C'est bien ce
qu'affirme Madame Mazaro, lorsqu'elle dit que « conclure une
alliance ou promettre quelque chose, [...], est une manière de rendre
prévisible et maîtrisable le futur, soit parce que l'on s'engage
envers un tiers à faire quelque chose, soit parce que quelqu'un nous
assure de sa parole »73(*).
On peut donc dire que la confiance en l'autre rassure.
Accorder notre confiance en quelqu'un c'est croire en ce qu'il dit, en ce qu'il
fait, ne pas douter de ses compétences et de sa bonne volonté. Un
soignant qui a gagné la confiance du patient qu'il prend en soins
à alors d'une certaine manière favorisé la
coopération de ce dernier. Il s'agit alors de l'alliance entre deux
personnes, dont parle l'auteure. Une forme de contrat dans lequel on invite
l'autre à nous croire. Cependant cela demande un réel
investissement, car la personne attend quelque chose de nous. Si d'une
manière ou d'une autre nous la décevons, si elle se sent
trompée, nous risquons de perdre notre crédibilité. Elle
doutera de nous, de nos compétences, de la réalité de nos
volontés vis-à-vis d'elle, et c'est tout un lien qui
peut-être définitivement rompu.
2.3) Créer et maintenir une relation
soignant-soigné
Pour créer une relation entre deux personnes le
langage verbal, et non verbal peuvent être utilisés.Docteur Da
Silva, neuropsychologue, explique que la communication non verbale contient
trois principes, à savoir « la proxémique, la
kinésie, le paralangage »74(*).
Il explique qu'il y a la proxémique signifie la
distance à laquelle se déroule l'échange entre des
individus. Il y a la « distance intime », elle se situe
entre « 0 et 60 cm », la « distance
personnelle »entre « 60 cm et 1,20 m »,
la « distance sociale » entre « 1,20 m et 3
m », la « distance publique »supérieure
à « 3 m ». La distance est adoptée en
fonction de la personne avec qui nous échangeons, du contexte et de la
relation que nous avons avec cet individu. La proxémique se mets en
place de manière plus ou moins naturellement. Il est important d'avoir
une proxémique adaptée pour ne pas devenir trop intrusif en se
tenant trop proche de la personne par exemple.
Docteur Da Silva évoque dans son cours, la
kinésique qui est l'utilisation des « gestes, les expressions, la
posture, la démarche ». Avoir une kinésique
approprié à la situation est nécessaire pour communiquer
avec une personne en lui faisant comprendre notre message. Notre posture, la
démarche que nous adoptons donne des informations à la personne
avec qui nous communiquons. Un soignant doit y faire attention, afin
d'être congruent entre ce qu'il dit verbalement et ce qu'il montre
physiquement.
Le paralangage est constitué par l'utilisation de la
« tonalité dans la voix, du débit, des vocalisations,
du volume, de l'articulation, des onomatopées ». Cela est
aussi très important pour communiquer avec une personne. Le paralangage
dépasse les mots prononcés, il montre des sentiments, appuie nos
propos.
L'utilisation de ces éléments est important
lors d'un échange entre deux personnes. En effet, utilisé ces
outils à bonne escient donne une impression positive à l'autre.
Le soignant aura l'air crédible et enverra l'image d'un professionnel
sérieux. Il est important de renvoyer à l'autre une bonne image
car dans le cas inverse le patient risque d'être méfiant, de ne
pas croire totalement les dires du soignant et ne lui accordera pas
forcément sa confiance.
En tant que soignant pour maintenir une relation avec un
patient, il peut être nécessaire aussi d'être en
capacité de se remettre en question. Peut-être que l'attitude que
le soignant à adopté n'était en adéquation avec la
situation ou les valeurs du patient etc. Le soignant ne s'est peut être
pas rendu compte que son attitude a semblé déplacé au
patient. Il est important que le soignant puisse s'interroger la dessus aussi.
De plus, il est aussi important que le soignant soit en
capacité, ou du moins essaie, de ne pas prendre directement les
remarques pour lui. Il est nécessaire de se rappeler que le soignant
représente l'image de l'hôpital. Il est professionnel de
santé, et les attaques que peuvent réaliser les patients ne sont
pas forcément dirigées vers la personne, mais vers le
professionnel.
2.4) Quelques concepts nécessaire à la
relation
Dans un premier temps, pour pouvoir mettre en place une
relation basée sur le respect et l'écoute de l'autre, avec la
personne soignée, savoir faire preuve d'empathie, est un concept
important qui nécessite la recherche de la compréhension de la
situation du patient sans pour autant souffrir avec lui. Il s'agit d'une
démarche d'écoute, de soutien, de conseil qui nécessite de
la part du soignant d'être en capacité de rester soi-même et
de ne pas jouer un rôle.
Docteur Jean-Claude Abric, Professeur de psychologie, explique
que l'empathie n'est pas
«Une écoute interprétative ou
évaluative, mais une écoute compréhensive. C'est dans les
situations où les individus se sentent réellement
écoutés qu'ils s'expriment le plus et le mieux,
c'est-à-dire le plus authentiquement possible... Celui qui souhaite
faciliter l'expression de l'autre est donc soumis à deux
impératifs : - manifester cette attitude de compréhension ; -
contrôler ses réactions spontanées qui vont beaucoup plus
dans le sens de l'évaluation, de l'interprétation, et de l'aide
ou du questionnement que celui de la compréhension. »75(*)
Un autre concept tout aussi important lorsque l'on s'adresse
à un soigné est la capacité à faire preuve
d'authenticité. Cela signifie rester soi-même. Ne pas faire
semblant d'être ou de penser autre chose que ce qui nous
caractérise nous même. C'est ne pas mentir au patient, être
cohérent dans nos réactions. Cependant, il ne s'agit pas de tout
dire au patient sous prétexte de vouloir être sincère. Il
faut savoir trouver les limites de l'authenticité pour pouvoir maintenir
une relation de soignant à soigné. En effet, les patients ne sont
pas là pour être les amis des soignants. L'authenticité
permet de créer et de maintenir une relation soignant-soigné
basé sur la confiance et la congruence.
La congruence est un autre concept important de la
relation soignant-soigné. Il signifie mettre en place une communication
verbale et non verbale en accord avec notre perception de la situation. C'est
être en accord avec ce que l'on dit, ce que l'on fait, et ce que l'on
pense. Cela permet de montrer au patient que nous sommes sincères avec
lui. C'est une manière de garder la confiance d'un patient qui aura
l'impression alors que l'on s'adresse à lui de manière
honnête et qu'on le considère en tant que personne en
échangeant avec lui en toute sincérité.
La considération positive inconditionnelle s'explique
d'après le psychologue clinicien monsieur Manoukian comme l'idée
que « le soignant accepte le patient tel qu'il est, sans
jugement sur ce qu'il fait ou dit »76(*). Cela signifie que le soignant doit accepter le
patient tel qu'il est. Chaque individu ayant ses volontés, ses
croyances, ses idées etc. Chacun est unique. Il faut le prendre en
compte pour pouvoir créer et maintenir une relation aidante et
constructive pour le soigné comme pour le soignant. La
considération est inconditionnelle puisqu'elle exclue tout jugement,
toute évaluation, elle se fonde sur l'acceptation de l'autre.
Ces concepts me semble être les bases d'une relation
soignant-soigné. On ne pourrait pas imaginer prendre en soins une
personne sans faire preuve d'empathie, d'authenticité, et de
considération positive inconditionnelle car cela entrainerait l'oublis
du respect de l'autre, l'écoute et la compréhension. Dans une
relation cela est nécessaire pour permettre de gagner la confiance de
l'autre, et de parvenir lorsque cela est nécessaire à
éviter ou dépasser les conflits. La communication est une
composante importante à la relation. Et une relation construite avec des
valeurs qui impliquent l'acceptation et le respect de l'autre peut parfois
éviter lu survenu de réaction violente.
VIII) Phase exploratoire
1) Choix de l'outil
Pour effectuer la partie d'enquête j'ai choisi de
réaliser quatre entretiens dans quatre lieux différents. J'ai
pris la décision de réaliser des entretiens semi-directifs afin
d'obtenir des réponses détaillées aux questions que
j'avais préparées. J'ai utilisé cet outil car je souhaitai
pouvoir rencontrer les professionnels, pouvoir échanger avec eux. J'ai
voulu adopter cet outil afin de pouvoir directement questionner
l'infirmière dans le cas où elle m'aurait donné une
réponse qui n'était pas assez explicite à mon sens, ou si
cela avait soulevé de nouvelles interrogations chez moi.
2) Choix des services
Afin de pouvoir réaliser mes entretiens j'ai choisis
de me rendre dans un service d'urgences, de psychiatrie, de soins de suite et
de réadaptation, ainsi que dans un EHPAD. J'ai volontairement choisi de
contacter quatre lieux différents les uns des autres afin d'avoir une
vision large de la manière dont la violence peut impacter la relation
dans des services où la relation soignant-soigné peut être
complètement différente.
J'ai donc choisi de questionner un infirmier des urgences car
il s'agit d'un service où les patients arrivent souvent en situation de
stress, de peur etc. Ils doivent parfois attendre longtemps avant de pouvoir
être pris en soins. De plus, certains patients peuvent arriver
alcoolisés ou sous l'emprise de drogues. Tout cela peut favoriser des
situations où le patient devient violent face aux soignants.
J'ai aussi réalisé un entretien en psychiatrie
sous contraintes car les patients hospitalisés dans ce service souffrent
de troubles psychiatriques qui peuvent entrainer des comportements de
violences. Les patients sont hospitalisés parfois pour de longs moments
et la violence dont certains peuvent faire preuve peut parfois impacter la
relation soignant-soignée. Interroger un IDE de psychiatrie
peut-être intéressant car les patients sont hospitalisés
parfois des mois et maintenir une relation soignant-soignant est certainement
indispensable car il ne sera pas toujours possible de passer le relais.
Un autre de mes entretiens à été
réalisé dans un EHPAD car à mon sens interroger un
infirmier travaillant dans un lieu de vie va me permettre d'avoir un regard
différent par rapport à la violence car il s'agit de
résidents qui sont chez eux dans l'établissement. L'infirmier
connait bien les résidents, leurs habitudes de vie, leursmanières
d'être, etc. une relation à pu se construire parfois au fur et
à mesure des années. Peut-être que les impacts de la
violence ne sont pas les mêmes que dans un service
« classique » mais peut-être qu'au contraire cela n'a
pas d'impact particulier.
Le dernier entretien que j'ai réalisé a eu lieu
avec une infirmière exerçant en service de soins de suite et de
rééducation. J'ai souhaité aller dans service comme
celui-ci afin d'obtenir les réponses d'un soignant qui travaillent pour
des patients qui viennent de leurs plein grés dans un
établissement où ils vont rester plusieurs semaines. Les
soignants ont le temps d'apprendre à connaitre les patients qui ne sont
pas de passage quelques heures comme cela peut-être le cas des urgences.
J'ai donc voulu savoir si je pouvais trouver des points communs ou des
différences dans la relation soignant-soigné et l'impact de la
violence au sein d'un service de long séjour comparé aux autres
services.
3) Analyse quantitative.
|
Année d'obtention du diplôme.
|
Expériences professionnelles.
|
Lieux d'exercices actuels.
|
Infirmière 1
|
1992
|
Psychiatrie, huit ans en maison d'arrêt.
|
Depuis treize ans en EHPAD
|
Infirmière 2
|
1984
|
Urgences
|
Urgences depuis dix huit ans.
|
Infirmière 3
|
2003
|
Psychiatrie
|
Psychiatrie sous contraintes depuis quinze ans
|
Infirmière 4
|
2014
|
EHPAD et SSR
|
SSR depuis trois ans.
|
Au cours de mes quatre entretiens j'ai pu me rendre compte
que 100 % des infirmières évoquaient l'idée que la
violence peut-être aussi bien psychique que psychologique.
L'infirmière 3, me parle du « degré de
violence » elle explique que cela commence par les
« incivilités, les insultes » jusqu'au «
menaces ». Cette même infirmière définit la
violence comme quelque chose qui n'est pas forcément visé contre
une personne mais qui l'est contre du matériel. L'infirmière 1,
évoque aussi le fait que la violence peut aussi être une simple
attitude de « méfiance, de recul » envers quelqu'un
qui vient avec la volonté de bien faire. L'infirmière 4 a
répondu que pour elle la violence pouvait être une réaction
lorsqu'une relation entre un soignant et un soigné se passe mal. Pour
elle, la violence est alors l'expression de la colère. Cette
infirmière rajoute aussi que la violence peut être
engendrée par le fait qu'une personne n'arrive pas à accepter sa
situation. Elle donne l'exemple de l'accident qui engendre un handicap chez une
personne. Cela est bouleversant, peut entrainer un réel impact sur la
vie privée et professionnelle de la personne qui n'est pas simple
à accepter. La violence peut alors être la manifestation de cette
difficulté.
Au cours de mes entretiens j'ai pu me rendre compte que 50%
des soignantes interrogées c'est-à-dire l'infirmière 2 et
3, peuvent être confrontées à des situations de violences
parfois plusieurs fois par semaine. 25% disentêtre confrontées
à une situation de violence environ deux fois par mois. Et 25% explique
que la violence peut se produire environ une fois par moi.
50% des infirmières disent réagir à la
violence en expliquant clairement au patient qu'il a un comportement
déplacé et qu'il n'a pas besoin de se comporter comme ça
pour être écouté. Elles disent essayer toujours en premier
lieu d'ouvrir le débat avec le patient pour lui permettre d'exprimer ce
qui ne va pas. 25% des infirmières disentpouvoir réagir à
la violence d'un patient en faisant parfois demi-tour, et qu'il est
déjà arrivé d'avoir répondu en étant
verbalement agressive. 25% des infirmières interrogées expliquent
qu'elle essaye directement de se mettre en sécurité
elle-même ainsi que de sécuriser le patient.
75 % des interrogées expliquent que le fait d'avoir eu
une altération violente avec le patient changent leur manière
d'aborder ce dernier par la suite, et impact la relation qui avait
été déjà mis en place auparavant. Alors que 25 %
disent de manière certaine que cela n'a pas d'impact pour elle sur la
relation avec ce patient car elle pourra passer à autre chose et revenir
vers le patient un peu plus tard sans avoir l'impression que quelque chose ait
changé.
75 % des infirmières expliquent que le fait
d'être confronté à la violence peut impacter de
manière physique et psychologique la santé des soignants alors
que 25 % disent que la violence n'a pas d'impact d'après elle car si le
soignant peut s'expliquer la situation et comprendre la violence il pourra
facilement passer au dessus et cela ne l'affectera pas lui directement. 75 %
des interrogés disent qu'elles échangent beaucoup en
équipe lorsqu'un soignant a été confronté à
des situations de violences, cela peut être lors de temps informels au
cours de la journée, des transmissions ou lors des réunions pluri
professionnels etc. 100 % des infirmières expliquent qu'il n'y a pas de
temps spécifique pour échanger en équipe des situations de
violences.
De mon enquête de terrain ressort que 25 % des
interrogées utilisent l'humour comme méthodes pour arriver
à dédramatiser la situation et en échanger ensuite en
équipe. 100 % parlent de l'équipe de soins, de la
hiérarchie comme d'une ressource fondamentale face à la violence
de certains patients.
4) Analyse interprétative.
Lorsque j'ai souhaité réalisermon étude
de terrain je me suis intéressée à l'année
d'obtention du diplôme des infirmières interrogées ainsi
qu'à leurs expériences professionnelles. Cela avait pour but de
me permettre de percevoir ou non des différencesdans leurs
réponses pouvant s'expliquer par le nombre d'année d'exercice ou
la multiplicité des expériences professionnelles. D'après
les réponses que j'ai obtenues à mon questionnaire, je ne note
pas de différences pouvant s'expliquer par un éventuel manque
d'expérience ou par la multiplicité des expériences.
Cependant, cela est totalement subjectif, je n'ai pas d'élément
dans mon cadre conceptuel pouvant me permettre de comparer cela puisque la
violence et l'impact qu'elle peut avoir sur la relation est multifactoriels.
Je me suis aussi interrogée sur la définition
de la violence que pouvait avoir chaque personne. En effet, tout individu n'a
pas la même idée de la violence, et tout le monde n'a pas les
mêmes représentations de ce qu'est une situation de violence. J'ai
pu remarquer que toutes les infirmières rejoignent madame Bourgeois sur
la définition de la violence lorsqu'elles disent que la violence peut
être physique mais aussi psychologique. On comprend donc que la violence
peut-être une interpellation grossière, un manque de politesse ou
comme l'a affirmé une infirmière que j'ai pu interroger une
attitude de méfiance envers une personne qui a de bonnes intentions.
Madame Bourgeois et les infirmières interrogées s'accordent
toutes à dire que la violence est un moyen de s'exprimer, de se faire
entendre, et donc d'être écouté par l'autre. Cette violence
résulte toujours d'une chose qui est mal vécu par la personne
comme la douleur, l'attente, la peur, la colère, le sentiment de ne pas
être considéré etc. On comprend alors bien que la violence
a rarement lieu dans le simple but de faire mal à l'autre
gratuitement mais qu'il faut en recherche la raison pour répondre
à la difficulté de l'autre.
Cependant, l'étude de terrain s'éloigne de ce
qu'affirme la psychothérapeute Madame Martel qui différencie
violence et agressivité comme deux comportements presque totalement
opposés. En effet, cette dernière explique que la violence est
une situation qui outre passe les limites du cadre alors que la violence peut
très bien avoir lieu dans les limites fixés pour ce cadre.
Cependant, au cours de mes entretiens j'ai pu me rendre compte que les
infirmières utilisaient le terme agressivité au même titre
que la violence en ne décrivant pas de différence entre la
violence et l'agressivité. Madame Martel donne l'idée que la
violence est destructrice ce qui n'est pas le cas de l'agressivité
qu'elle caractérise de « force de vie ». Elle
différencie aussi le sentiment qu'éprouve la personne et qui peut
créer la situation. Elle explique alors que le sentiment de surpuissance
et au contraire d'impuissance peuvent engendrer la réaction violente
alors que le sentiment de puissance va plutôt créer ce qu'elle
appelle la réaction agressive. Lors de mon enquête de terrain j'ai
pu remarquer que les infirmières ne faisaient pas ces distinctions
là et que pour elles l'agressivité était une
réaction qui caractérisait la violence. L'agressivité
était alors décrite comme de la violence en elle-même.
Toutes les infirmières s'accordent à dire que
pour réagir face à cette situation de violence et s'y adapter il
est important de comprendre d'où elle vient et pourquoi elle a lieu. De
mon étude de terrain ressort l'idée que la violence est difficile
à accepter quand on ne l'a comprend pas et que l'on juge cela être
gratuit ou sans fondement. Sur ce point les infirmières rejoignent
monsieur Balahoczky infirmier et enseignant lorsqu'elles évoquent le
fait de trouver les facteurs favorisants la survenue de cette réaction.
Ce dernier expose l'idée de favoriser l'échange et de pousser la
personne à exprimer ses difficultés pour pouvoir calmer la
violence de la personne. Il rejoint alors madame Bourgeois, sur
l'idéeque l'échange verbal est fondamental car un patient ne
devient pas violent pour aucune raison. L'étude de terrain montre
effectivement que les infirmières cherchent le dialogue et essaient
comme le préconise monsieur Balahoczky de maintenir leur calme et leur
professionnalisme. Comme me le disait une personne interrogée
« la violence appelle la violence ». On comprend donc bien
par là que si le soignant commence aussi à perdre son calme le
patient ne réussira pas à se calmer et la situation ne va
qu'empirer par la suite. Cependant, lors de mon enquête une
infirmière m'a répondu que la première réaction
qu'elle a déjà pu avoir, face à la violence d'un patient,
est l'agressivité verbale. Elle a expliqué qu'il lui est
déjà arrivé de perdre son sang-froid et de répondre
d'une manière agressive sans l'avoir voulu. Il est aussi ressorti de
mes entretiens que la fuite est une réaction pouvant avoir lieu
lorsqu'un individu est confronté à la violence. En effet, une
infirmière m'a expliqué qu'il lui est déjà
arrivé de sans y réfléchir faire
« demi-tour » face à la situation. De mon
étude de terrain, je remarque face à une situation de violence
différente réaction telle que l'agressivité ou la fuite,
on était parfois utilisé sans que les infirmières qui
réagissent comme cela en est réellement conscience. Il s'agit
comme le dit Docteur Chabrol de mécanismes de défenses. Par ses
réactions non conscientes l'individu qui se retrouve dans une situation
d'inconfort va chercher instinctivement à se protéger. Il est
nécessaire d'affirmer que chaque personne réagit comme elle peut
à une situation qui est source de stress pour elle. Docteur Da silva,
neuropsychologue,rejoins Docteur Chabrol en disant que lors d'une telle
situation des mécanismes de défenses peuvent se mettre en place.
Mais, parfois de stratégies totalement consciente peuvent être
utilisées. Docteur Da Silva parle alors des stratégies de coping.
Se sont des réactions conscientes qu'adoptent la personne pour faire
face à la source de stress. Lors de mon enquête de terrain une
infirmière m'a avoué utiliser l'humour comme moyen de
dédramatiser la situation une fois qu'elle a été
stabilisée, et ainsi arriver à pouvoir passer outre l'altercation
et ne pas en souffrir.
Je retire de mes entretiens que la réaction que l'ont
mets en place volontairement ou non lorsqu'on est confronté à la
violence, est étroitement liée à notre état
d'esprit, à notre niveau de fatigue, à notre patiente, à
nos représentations de la violence, ou encore à notre seuil de
tolérance face à la violence. La notion de tempérament et
caractère personnel ressort des entretiens. Plusieurs interrogées
m'ont expliqué que notre capacité à faire face à la
violence à l'instant où elle se produit est souvent lié
à notre manière de percevoir cette violence. Une personne
fatiguée, qui a des problèmes personnels, etc. aura
peut-être plus de difficultés à accepter la réaction
de l'autre et à s'y adapter. Cela rejoint les propos de Françoise
Bourgeois, lorsqu'elle évoque très clairement le fait que nos
capacités à recevoir la situation, et s'y adapter
dépendent de nous, des ressources que nous avons pour faire face,
lorsque la situation a lieu. On comprend bien par là
qu'énormément de facteurs ont une influence sur les
réactions lors d'une telle situation.
J'ai pu à travers mon étude de terrain
remarquer que la violence n'est pas sans impact sur la relation
soignant-soigné. Les interrogés expliquent que d'après eux
la violence change la manière qu'ils ont d'aborder le patient. Il en
ressort l'idée de devenir un soignant strictement professionnel,
c'est-à-dire que le travail est réalisé correctement au
près du patient. Mais, il n'y aura pas de discussion plus approfondie
que le nécessite le bon déroulement du soin. L'échange
sera strictement lié à la prise en soins et n'ira pas plus loin.
Une des infirmières évoquait le terme de
« professionnalisme un peu froid ». Cela rejoint ce que
monsieur Curchod, infirmier et enseignant, lorsqu'il évoque et
définit la « relation fonctionnelle » dans son
ouvrage prévenir et dépasser les conflits. C'est pour
lui une des relations qui peuvent être mis en place entre un soignant et
un soignant. Il s'agit d'une relation qui a pour but de recueillir les
informations sur le patient, de connaitre la personne à un moment
précis pour adapter ses soins. Il ne s'agit pas d'une relation de
civilité qui serait alors plus conviviale et spontanée. Il
explique que la relation fonctionnelle à des but précis et se
crée dans les limites d'un cadre. Lors de mon étude j'ai pu
remarquer que la relation qui pouvait passer ce que monsieur qualifie de
« civilité » à une relation dit
« fonctionnel ». Les interrogés expliquent ce
changement de comportement parce qu'ils gardent à l'esprit que la
violence à eu lieu et que donc elle peut se reproduire. On entend en
cela l'idée de méfiance face au soigné, et donc d'une
certaine manière cela entraine la perte de confiance en l'autre. Les
professionnels expliquent aussi qu'après avoir été
confronté à une situation qui a mis à mal la relation
entre eux et le patient qu'il est difficile de la retrouver comme avant. Ils
évoquent très clairement l'idée d'une prise de distance
entre le soignant et le soigné. Ce qui ressort de mon étude de
terrain confirme bien les propos de Docteur Mazaro, philosophe. En effet,
l'auteure évoque le fait que la confiance est difficile à gagner
mais facile à perdre. Donner notre confiance en de la violence. Le lien
peut alors parfois être « définitivement
rompu ».
Cependant Docteur Da silva évoque lui dans son cours
intitulé la relation de soins, donné à
l'IFSI de Mulhouse en 2016, l'idée que pour le soignant il est important
de comprendre qu'il représente l'image de l'hôpital. Docteur Da
silva explique alors que le soignant ne doit pas considérer la violence
comme étant directement une atteinte à sa personne mais bien
à l'image qu'il renvoi. De mes entretiens cela n'est pas toujours
ressorti et je comprends alors que mettre en place cela n'est pas simple. En
effet, même si le patient n'est pas violent contre ce soignant
précisément il faut bien se rappeler tout de même que c'est
le soignant qui essuie les attaques physique, ou psychologique.
De plus, monsieur Manoukian psychothérapeute
évoque dans son ouvrage « la relation
soignant-soigné » l'idée de la considération
positive inconditionnelle. C'est-à -dire que le soignant doit accepter
le soigné comme il est, sans aucun jugement, aucune évaluation.
Cela est valable à n'importe quel moment dans la prise en soin du
patient qui doit être pris en totale considération en tant
qu'individu à part entière avec ses idées, ses
volontés, et ses croyances. Cependant, au cours de mon enquête
j'ai pu me rendre compte que ce concept est plus ou moins facile à
appliqué. En effet, l'idée qu'avance monsieur Manoukian à
toute son importance dans la prise en soins d'un patient. Mais lorsqu'un
soignant est confronté à la violence d'un soigné il
devient alors parfois compliqué pour lui de maintenir ce concept de
« considération positive inconditionnelle » quand
lui-même se sent vulnérable et dépasser par les
évènements face à ce patient. De mes entretiens il ressort
l'idée de distance avec le patient qui se crée même sans le
vouloir réellement, sans y avoir réfléchi. Quelque chose
à été fragilisée, voir rompu dans cette relation.
On remarque alors que les concepts de la relation tels que l'empathie, ou
encore l'authenticité, deviennent parfois extrêmement difficiles
à mettre en place lorsqu'on se sent victime de cette personne.
Se sentir alors victime de la violence d'une personne est une
situation qui entraine différents sentiments comme la peur, l'agacement,
l'humiliation, ou encore la colère. Tout ceci n'est alors pas sans
conséquences sur la santé d'une personne comme l'indique madame
Donati, psychologue dans son ouvrage « Le stress intelligent »
où elle expose l'idée que la violence peut-être la source
d'un état de stress. Lors de mon enquête de terrain j'ai pu
comprendre que pour les soignants la violence est aussi source de stress. Ce
qui ressort alors c'est l'idée de la répétition de la
violence qui impact la santé du soignant. Le psychiatre Pierre
Canouï et la psychologue Aline Mauranges évoquent dans leur ouvrage
« Le burn-out à l'hôpital » l'idée que
le stress est un déclencheur de l'épuisement professionnel dont
peuvent être victime les personnes soumissent à la violence dans
l'exercice de leur fonction. Mon enquête m'a montré l'idée
que la violence est responsable de cet épuisement qui peut pousser le
soignant à démissionner car il ne se sent plus capable de
continuer l'exercice de sa profession. A travers mes lectures j'ai pu
comprendre que la violence touche aussi le soignant personnellement. L'impact
n'est pas que professionnelle. La vie privée du soignant victime de
violence peut aussi en être impactée. Mon enquête à
mis en lumière la même idée puisque les professionnels ont
évoqués l'idée d'une atteinte personnelle à travers
la violence au travail car la barrière de soignant ne suffit pas
toujours. Au contraire, de mon enquête est aussi ressorti l'idée
comme quoi la violence n'aurait pas d'impact sur la santé du soignant.
En effet, l'idée de l'humour et du rire pour se libérer de la
violence et ne pas en être impacté à été
évoqué. C'est une manière de se protégé
peut-être suffisamment pour réussir à ne pas en être
professionnellement et personnellement touché.
Pour faire face aux situations de violences Françoise
Bourgeois, nous expose l'idée que mettre en place des temps de parole en
équipe pluri professionnelle à toute sa place dans la gestion de
la violence. Pour elle, un manque de communication au sein de l'équipe
pourrait engendrer encore d'autres difficultés supplémentaires.
De mon enquête ressort l'idée de l'importance de ces temps pour
pouvoir échanger et exprimer ses difficultés. Tous les
interrogés s'accordent à dire que l'équipe et la
hiérarchie sont des ressources indispensables lorsqu'une situation de
violence à eu lieu. Certains déplorent le fait de ne pas avoir de
temps prévu pour cela notamment dans les services d'urgences où
la violence est malheureusement presque quotidienne.
Malgré tout les soignants trouvent le temps d'en
échanger dans l'équipe, avec les cadres de santé et les
médecins. Certains soignants interrogés m'ont aussi
affirmé qu'ils sont déjà allés interpeller le
psychologue du service pour pouvoir échanger avec lui de la situation
qui les a mis en difficultés.
5) Synthèse et question de
recherche.
Après avoir réalisé la confrontation
entre les recherches théoriques et l'étude de terrain, je peux
ressortir un certains nombres d'idées.
La définition de la violence ressors de mon cadre
théorique et de mes entretiens comme une atteinte physique, verbal,
matériel, ou encore économique. La violence est
considérée comme étant un moyen d'exprimer une
émotion, ou une difficulté. La réaction de violence est
secondaire à quelque chose comme un besoin non comblé par
exemple. Ce n'est pas juste pour faire mal à l'autre gratuitement.
Il ressort aussi de mon analyse que les infirmiers
recherchent le dialogue lorsqu'un patient est violent pour lui permettre
de s'exprimer et d'être compris dans ses revendications. Il est important
de dire aussi que face à la situation les individus réagissent
aussi en fonction de leur seuil de tolérance, de leur capacité
à faire face etc. Les réactions sont personnelles et
dépendantes des capacités de chacun. Face à une situation
source déstabilisante, des mécanismes de défenses et le
coping sont parfois mis en place par les soignants victimes de violence. Parmi
ces réactions qui permettent au soignant de s'adapter à la
situation il est ressortis de mes entretiens la mis en place de la fuite ou
l'agressivité. Plus étonnamment une soignante m'a parlé de
l'utilisation de l'humour pour rire de la situation une fois celle si
stabilisée. Cela permet d'évacuer les sentiments négatifs
qu'à engendré la violence.
La violence change parfois la manière qu'à le
soignant d'aborder le patient. Le fait que le soignant devient
« froid » et « distant » ressort. La
victime garde à l'esprit que cette personne a été
violente, et que par conséquent elle peut être capable de
recommencer. La relation devient alors plus fonctionnelle que de
civilité. Les soins sont toujours réalisés avec le
même sérieux mais l'échange va rester strictement dans la
nécessité du soin. Cependant, la violence n'a pas le même
impact sur chaque soignant. La manière dont le soignant perçoit
la situation est totalement subjective et personnel. Certaine personne vont
trouver les ressources nécessaires pour que la violence ne les impactent
pas, ou très peu.
La violence peut engendrer des sentiments comme la
colère, la peur, l'humiliation etc. Tout cela peut-être source de
stress. Le stress peut entrainer un sentiment d'épuisement
professionnel. Des atteintes d'ordre personnelles ont aussi été
mises en lumière. Le soignant est avant tout un être humain, alors
même si il ne doit pas oublier qu'il représente l'image de
l'hôpital et que la personne violente ne s'adresse pas à lui en
tant qu'individu, il est quand même le soignant qui reçoit les
insultes, ou les coups. Cependant, les atteintes de la violence
dépendent des ressources de la personne à y faire face et
à passer outre.
Face à la violence, ressort l'idée de la
gestion en équipe. Le soignant ne doit jamais rester seul face à
ses difficultés. Les autres membres de l'équipe est une ressource
précieuse pour le soignant victime.
De ce cheminement une idée a particulièrement
retenu mon attention. Il s'agit de l'utilisation de l'humour par le soignant
pour passer outre la violence et se défaire des émotions
négatives qu'elle a créé. Cela m'a alors amené
à me poser la question de recherche suivante ;
En quoi l'humour du soignant permet-il de dépasser les
conséquences de la violence pour permettre le maintien de la relation
soignant-soigné initiale ?
6) Limites de l'enquête
Après avoir retranscris lesentretiens semi-directifs
que j'avais réalisé dans les quatre services je me suis
retrouvée face à une difficulté. Dans la première
question je demandais au soignant de se présenter brièvement en
donnant l'année d'obtention de son diplôme ainsi que ses
expériences professionnelles. J'ai souhaité questionner cet
aspect afin de pouvoir me rendre compte si les réponses données
par les infirmières pouvaient être différentes en fonction
de leurs expériences professionnelles. Cependant, lorsque j'ai
souhaité analyser je me suis rendu compte que même si dans le
cadre théorique j'ai pu trouver des informations relatif à
l'expérience des soignants face à la violence des patients. Il ne
m'a pas été possible de dire si les réponses qui se
différenciaient entre les infirmières pouvaient
éventuellement avoir un lien avec le nombre d'année d'exercice ou
les diverses expériences professionnelles. Pour pouvoir analysé
cela j'aurais peut-être du poser la question dans mon entretien afin
d'obtenir les réponses des soignants eux moi.
7) Perceptives professionnelles
Ce travail de recherches permet de porter une
réflexion sur la violence des patients et l'impact qu'elle peut avoir
sur la relation entre le soignant et le soigné. La violence est un
comportement que l'on retrouve parfois quotidiennement dans les services de
soins. Je pense qu'on peut dire que la violence est présente partout
à l'hôpital. Toute infirmière y sera confronté un
jour ou l'autre et devra y faire face. Il sera attendu de cette
infirmière une adaptation à la situation et des réactions
adaptées pour stabiliser l'incident. Le soignant doit pouvoir se
protéger, protéger le patient lui-même et continuer
à prodiguer des soins de qualités à toutes les personnes
dont il a les soins en charge. Porter une réflexion alors à
partir d'une situation qui m'a mis en difficulté m'a permis de
comprendre des éléments que je n'avais pas perçu au
départ. Cela m'a permis de réfléchir différemment
et de comprendre que la violence est quasiment toujours l'expression d'une
difficulté, de quelque chose qui fait souffrir. Je pense que cela m'a
permis de percevoir la violence avec plus de recul et ça me sera
inévitablement bénéfique pour ma future profession de
soignante.
IX) Conclusion
Lorsque j'ai été confrontée à la
violence d'un patient au début de ma formation d'infirmière, j'ai
été interpellée par cette violence qui me paraissait
à ce moment là être totalement injustifiée. Au fur
et à mesure que j'ai évolué dans la formation, je me suis
rendu compte que la violence était à l'hôpital
présente partout. La situation que j'avais vécue en début
de formation n'était alors pas un cas isolé. Je savais alors
qu'en tant que future professionnelle de santé, je devrai apprendre
m'adapter aux réactions de violences dont pourront faire preuve certains
patients. La volonté de me questionner et de porter une réflexion
sur un sujet qui est d'actualité dans les services de soins, et au quel
j'ai été confronté a été le point de
départ de mon travail de fin d'étude.
Après avoir rédigé la situation qui a
donné le point de départ de ce travail de fin d'étude,
j'ai pu en tiré un questionnement. Et c'est de ce questionnement qu'a pu
être rédigée ma question de départ. J'ai voulu
rechercher en quoi la violence peut avoir un impact sur la relation entre un
soignant et un soigné. J'ai pour commencé effectuer des lectures
théoriques, afin d'étayer un cadre conceptuel. A la suite de cela
j'ai rédigé un questionnaire que j'ai utilisé lorsque j'ai
réalisé auprès de quatre infirmières, des
entretiens semi-directifs. Par ces entretiens j'ai souhaité
confronté la théorie découvert dans mes lectures avec les
idées des infirmiers dans les services de soins. J'ai
réalisé mes entretiens volontairement dans des lieux
différents à savoir, les urgences, un service de psychiatrie sous
contraintes, un service de soins de suite et de rééducation et un
EHPAD. Cela m'a permis de questionner des infirmières exerçant
dans des milieux différents et ne travaillant pas pour le même
type de patient. La durée de prise en soins n'est pas la même, les
patients n'ont pas les mêmes pathologies etc. C'est parce que le travail
de l'infirmière a des particularités spécifiques à
chacun de ces quatre lieux que j'ai trouvé pertinent de questionner
alors ces quatre infirmières. Les réponses ont été
à mon sens riches car la violence pouvant se trouver dans tout service
de soins qu'importe où exerce l'infirmière, elle devra s'y
adapter pour garantir la meilleure prise en soins possible du patient.
L'analyse de la confrontation entre le cadre conceptuel et
les résultats de mon étude de terrain m'a montré que la
violence est un concept qui est perçu parfois totalement
différemment d'un individu à l'autre. Sa capacité à
y faire face, son état d'esprit, son seuil de tolérance etc.
permettent de vivre la violence de manière singulière. J'ai pu
remarquer que parfois la violence est source de distance entre le soignant et
le patient. La victime de cette violence, se méfie, à parfois
perdu confiance en l'autre et s'attend toujours à ce que la situation
puisse se reproduire. La violence est source de peur, de colère,
d'agacement, ou d'incompréhension. Bien souvent elle questionne. Le
soignant veut alors comprendre pourquoi. Pourquoi le patient qu'il prend en
soins à réagit si violemment ? Le soignant cherche alors
à donner la parole à son patient pour lui permettre d'être
entendu autrement que dans la violence. Mais, parfois la violence est une
réelle source de difficulté pour le soignant qui est humain avant
tout. De mécanismes de défenses peuvent se mettre en place,
Des stratégies de coping peuvent être
utilisées. Le soignant peut fuir face à la situation, peut
devenir lui-même agressif, utiliser le silence, ou encore l'humour.
Ainsi, j'ai compris que la gestion de la violence n'a pas de
mode d'emploi prédéfini, il y a des outils mais ils sont à
adapter à chaque situation, à chaque individu. L'utilisation de
l'humour pour se décharger des difficultés qu'à entrainer
la violence pour le soignant est interpellant. Et en même temps, c'est
une manière de s'adapter à la situation qui a été
quelque chose de déboussolant. Je pense alors que cela pourrait
être le départ d'un nouveau travail de recherche. Je suis donc
arrivée à l'interrogation suivante ; en quoi l'humour du
soignant permet-il de dépasser les conséquences de la violence
pour permettre le maintientde la relation soignant-soigné
initiale ?
Résumé
La violence des patients est une réalité
visible dans tous services de soins confondus. Pour certains soignants elle est
presque quotidienne. Et pourtant ils doivent s'adapter à ces
comportements parfois réellement déstabilisants pour eux. Cela
permet alors de se demander en quoi la violence peut-elle avoir un impact sur
la relation soignant-soigné ?
Mon travail de fin d'étude, permet alors mettre en
lumière les connaissances actuelles en termes de violence, à
savoir ce qu'elle signifie, ce qu'elle peut exprimer, ce qu'elle engendre, et
ce qui peut être mis en place face à cela dans les
établissements de santé etc. Ce travail permet alors de porter
une réflexion sur les pratiques mises en place dans le contexte de la
relation de soignant-soigné.
Pour cela, j'airéaliséquatre entretiens
semi-directifs auprès de quatre infirmières exerçants dans
différents services de soins. La différence des lieux d'exercice
permet d'obtenir des réponses diversifiées et avec parfois des
points de vue différent, cela permet d'enrichir la réflexion.
La confrontation avec mes lectures théoriques et les
résultats de mes entretiens, m'a permis de découvrir des
éléments nouveaux que je n'avais pas envisagés au
début de mon travail. J'ai pu ainsi, porter une réflexion sur les
facteurs favorisants la survenue de la violence, les réactions face
à cela mais aussi sur les conséquences de cette violence à
différents niveau de la prise en soins. Cela m'a permis de mieux
comprendre ce que veut dire, la violence et tout ce qu'elle engendre, à
l'hôpital. L'enrichissement de la réflexion m'a fait
découvrir un élément qui m'a surprise autant que
questionner. L'utilisation de l'humour pour outrepasser les impacts de la
violence et maintenir la relation soignant-soigné initiale. Cet
élément nouveau permet alors d'ouvrir mon travail de recherche
vers une autre direction.
Mots clefs : Violence, relation, adaptation,
répercussions.
X) Bibliographie
Cours :
Da silva, M. Psychologie de la santé, Cours
IFSI Mulhouse, année 2016-2017.
Da Silva, E. La dynamique dans la relation de soins,
Cours IFSI Mulhouse, année 2016-2017.
Beirnaerdt, S. La dynamique dans la relation de soin,
Cours IFSI Mulhouse, année 2016-2017.
Livres :
Curchod, C. Relations soignants-soignés :
prévenir et dépasser les conflits, Elsevier Masson,
année 2009. 212 pages.
Légeron, P. Le stress au travail, Odile Jacob,
année 2014, 200 pages.
Marin, C. Hors de moi, Paris, Allia, année
2008, 126 pages.
Sicard, D. L'évolution éthique à
l'hôpital à l'heure de la tarification à
l'activité, Ethique et santé, Paris, Elsevier Masson vol 7
n°3, Septembre 2010,172 pages.
Luminet, O. Psychologie des émotions, Nouvelle
perspective pour la cognition, la personnalité et la santé,
Bruxelles, De Boeck, année 2013, 317 pages.
Donati, C. Le stress intelligent, Cahors, Demos,
Février 2002, 198 pages.
Canouï, P et allii,Le burn-out à
l'hôpital. Le syndrome d'épuisement professionnel des
soignants, Paris,Elsevier Masson, 5ème édition,
Septembre 2015,191 pages.
Manoukian, A. La relation soignant-soigné,
France,Lamarre, année 2012.
Revues :
Bourgeois, F. Quand les soins infirmiers produisent de la
violence. Revue de l'infirmière n°219, mars 2016. 54 pages.
Bourgeois, F. Violences et soins. Définir et
repérer les situations de soins sources de violence, La revue de
l'infirmière n°217, Janvier 2016. 54 pages.
Le Grand-Sebille, C. Formes et raisons de la violence
à l'hôpital, Bientraitance et relation de soins, Soins
n°805. Paris, Elsevier Masson, mais2016. 59 pages.
Brême, V et allii. La violence à
l'hôpital. Prévention et gestion de la violence en milieu
hospitalier : quel rôle pour le cadre ? Soins cadres
n°84. Novembre 2012. 61 pages.
Revues numériques :
Cité par Poizat, J-C. Le philosophoire. La
violence.Année 2013. 247 pages.
https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2000-3-page-43.htm?contenu=article
Balahoczky, M. La violence dans les soins : la
repérer et la gérer, revue médicale suisse n°
85, Novembre 2006.
https://www.revmed.ch/RMS/2006/RMS-85/31746
Chabrol, H. Les mécanismes de défenses,
Recherches en soins infirmiers, année 2005.
https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2005-3-pages-31.htm
Mazaro, M. Qu'est ce que la
confiance ?Année
2010.https://www.cairn.info/revue-etudes-2010-1-page-53.htm
Textes officiels :
Ministères des solidarités et de la
santé,La violence en milieu de santé.
https://solidarites-sante.gouv.fr/professionnels/ameliorer-les-conditions-d-exercice/observatoire-national-des-violences-en-milieu-de-sante/onvs
Légifrance. Loi n°83-634 du 13 juillet 1983
portant droits et obligations des fonctionnaires.
http://www.legifrance.gouv.fr
OMS. La violence à l'encontre du personnel soignant
menace les services de santé, Mai
2002.https://www.who.int/mediacentre/news/releases/release37/fr/
Ministère chargé de la santé, Guide
méthodologique, Prévention des atteintes aux personnes
et aux biens, Avril 2017.
Légifrance, Code de la santé publique - Article
L6143-7.https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665&idArticle=LEGIARTI000036393572&dateTexte=&categorieLien=id
Légifrance, Loi du 13 juillet 1983 portant droit et
obligation des fonctionnaires.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000024040127&cidTexte=LEGITEXT000006068812
Légifrance, Code civil-art 12-40.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000032041571&cidTexte=LEGITEXT000006070721&dateTexte=20161001
Légifrance, Code civil-art 12-41.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIARTI000006437049
Le robert, La relation.
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/relations/67845
Sites internet :
Giorgio, M.Prévenir la violence chez les soignants
à l'hôpital, 4 mars 2018
http://www.atousante.com/actualites/prevenir-violence-soignants-hopital/
Association contre la violence et intervention. Qu'est-ce
que la violence ?
https://avif.weebly.com/quest-ce-que-la-violence.html.
Martel, B. L'agressivité à l'opposée
de la violence.
http://pedagopsy.eu/agressivite_violence.html
ANNEXE 1
Grille d'entretien
· Pouvez vous vous présentez succinctement
(Année d'obtention du diplôme, expériences
professionnelles) ?
· Avez-vous déjà été
confronté à la violence d'un patient ? Si oui, pouvez-vous
expliquez ce que signifie pour vous la violence ?
· A quelle fréquence êtes-vous exposé
à des situations de violences ? (1x/mois, 1x/semaine, 1x/jour
etc.) Lorsque vous êtes confronté à une situation de
violence que faites-vous face à cela ?
· Est-ce que le fait d'être confronté
à la violence change quelque chose dans votre manière d'aborder
le patient ? Si oui, comment cela s'est manifesté ?
· Est-il possible que la violence puisse impacter la
santé des soignants ou au contraire n'a-t-elle pas d'impact) ce
niveau-là ? Si oui, quels sont les impacts
d'après-vous ?
· Lorsque vous avez été confronté
à une situation de violence quels moyens ou méthodes mettez-vous
en place pour échanger à ce sujet en équipe ?
* 1 Cité par Poizat,
J-C. Le philosophoire. La violence ou la déréliction du
pouvoir.Année 2013. Pages 43.
https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2000-3-page-43.htm?contenu=article
* 2 Ministère des
solidarités et de la santé. Rapport 2018, données 2017.
Observatoire national des violences en milieu de santé.
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgos_onvs_rapport_2018_donnees_2017_2.pdf
* 3 Ministères des
solidarités et de la santé. La violence en milieu de
santé.
https://solidarites-sante.gouv.fr/professionnels/ameliorer-les-conditions-d-exercice/observatoire-national-des-violences-en-milieu-de-sante/onvs
* 4 Légifrance. Loi
n°83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des
fonctionnaires.
http://www.legifrance.gouv.fr
* 5 Giorgio, M. Prévenir
la violence chez les soignants à l'hôpital. 4 mars 2018
http://www.atousante.com/actualites/prevenir-violence-soignants-hopital/
* 6 Ibid.
* 7 Bourgeois, F. Quand les
soins infirmiers produisent de la violence. Revue de l'infirmière
n°219, mars 2016 p.45-46
* 8 Balahoczky, M. La violence
dans les soins : la repérer et la gérer, revue
médicale suisse n° 85. Novembre 2006.
https://www.revmed.ch/RMS/206/RMS-85/31746
* 9 Curchod, C. Relations
soignants-soignés : prévenir et dépasser les
conflits, Elsevier Masson, 2009 p.120-129
* 10 Ibid.
* 11 Henderson, v. Principes
fondamentaux des soins infirmiers, publié par le conseil international
des infirmières par S. Karl, 1969.
* 12 Ibid.
* 13 Ibid.
* 14 Curchod, C. Relations
soignants-soignés : prévenir et dépasser les
conflits, Elsevier Masson, 2009 p.120-129
* 15 Légeron, p. Le
stress au travail, Odile Jacob, 2014 p.112
* 16 Association contre la
violence et intervention. Qu'est-ce que la violence ?
https://avif.weebly.com/quest-ce-que-la-violence.html.
* 17 Bourgeois, F. Violences et
soins. Définir et repérer les situations de soins sources de
violence. La revue de l'infirmière n°217. Elsevier Masson. Janvier
2016. P 45-46.
* 18 Ibid.
* 19 Ibid.
* 20 Martel, B.
L'agressivité à l'opposée de la violence.
http://pedagopsy.eu/agressivite_violence.html
* 21 Ibid.
* 22 Ibid.
* 23 Bourgeois, F. Violences et
soins. Définir et repérer les situations de soins sources de
violences. La revue de l'infirmière n°217. Janvier 2016. P 45.
* 24 Marin, C. Hors de moi.
Paris. Allia. 2008
* 25 Sicard, D.
L'évolution éthique à l'hôpital à l'heure de
la tarification à l'activité. Ethique et santé. Paris.
Elsevier Masson vol 7 n°3. Septembre 2010. P 148-151
* 26 Le Grand-Sebille, C.
Formes et raisons de la violence à l'hôpital. Bientraitance et
relation de soins. Soins n° 805. Paris. Elsevier Masson. mai2016. P 29.
* 27Sicard, D.
L'évolution éthique à l'hôpital à l'heure de
la tarification à l'activité. Ethique et santé. Paris.
Elsevier Masson vol 7 n°3. Septembre 2010. P 148-151
* 28 Bourgeois, F. Violences
et soins. Définir et repérer les situations de soins sources de
violence. La revue de l'infirmière n°217. Elsevier Masson. Janvier
2016. P 46.
* 29Balahoczky, M. la
violence dans les soins : la repérer et la gérer, revue
médicale suisse n°85, 2006
https://www.revmed.ch/RMS/2006/RMS-85/31746
* 30 Ibid.
* 31 Da silva, M.
Psychologie de la santé - Cours IFSI Mulhouse. Année 2016-2017.
* 32Ibid.
* 33Luminet, O. Psychologie
des émotions. Typologie réalisée à partir des
travaux de Houston, de Skinner, Edge, Altman et Sherwood. De Boeck.
Année 2013. P 158-160.
* 34 Ibid.
* 35 Ibid.
* 36 Ibid.
* 37 Chabrol, H. Les
mécanismes de défenses. Recherches en soins infirmiers.
Année 2005. P 31-42.
* 38 Balahoczky, M. la violence
dans les soins : la repérer et la gérer, revue
médicale suisse n°85, 2006.
https://www.revmed.ch/RMS/2006/RMS-85/31746
* 39 Ibid.
* 40 Bourgeois, F.
Définir et repérer les situations de soins sources de violences.
Violences et soins. La revue de l'infirmière n°217. Elsevier
Masson. Janvier 2016. P.45.
* 41 Michel, M et allii.
Faire face à la violence des patients. Lamarre. Année 2004. Pages
78-79.
* 42 Ibid.
* 43 Ibid.
* 44 Bourgeois, F.
Définir et repérer les situations de soins sources de violences.
Violences et soins. La revue de l'infirmière n°217. Elsevier
Masson. Janvier 2016. P 45.
* 45 Bourgeois, F. Violences
et soins. Quand les soins infirmiers produisent de la violence. La revue de
l'infirmière n°219. Mars 2016. P45
* 46 Ibid.
* 47 Donati, C. Le stress
intelligent. Cahors. Demos. Février 2002. P 18-21.
* 48 Ibid.
* 49 Luminet, O. Psychologie
des émotions. Nouvelle perspective pour la cognition, la
personnalité et la santé. Bruxelles. De Boeck. Année 2013.
P151. (317)
* 50 Donati, C. Le stress
intelligent. Cahors. Demos. Février 2002. P 18-21.
* 51 Luminet, O. Psychologie
des émotions. Nouvelles perspective pour la cognition, la
personnalité et la santé. Bruxelles. De Boeck. Année 2013.
P 151.
* 52 Donati, C. Le stress
intelligent. Cahors. Demos. Février 2002. P 18-21.
* 53Ibib.
* 54 Canouï, P et
allii. Le burn-out à l'hôpital. Le syndrome d'épuisement
professionnel des soignants. Paris. Elsevier Masson. 5è édition.
Septembre 2015. Pages 28-30.
* 55 Ibid. P 35
* 56 OMS. La violence à
l'encontre du personnel soignant menace les services de santé. Mai 2002
https://www.who.int/mediacentre/news/releases/release37/fr/
* 57 Ministère
chargé de la santé. Guide méthodologique.
Prévention des atteintes aux personnes et aux biens. Avril 2017
* 58Ministère des
solidarités et de la santé. Rapport 2018, données 2017.
Observatoire national des violences en milieu de santé.
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgos_onvs_rapport_2018_donnees_2017_2.pdf
* 59 Brême, V et
allii. La violence à l'hôpital. Prévention et gestion de la
violence en milieu hospitalier : quel rôle pour le cadre ?
Soins cadres n°84. Novembre 2012. P 22.
* 60 Ibid. P 24
* 61Légifrance, Code de
la santé publique - Article
L6143-7.https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665&idArticle=LEGIARTI000036393572&dateTexte=&categorieLien=id
* 62 Brême, V et
allii. La violence à l'hôpital. Prévention et gestion de la
violence en milieu hospitalier : quel rôle pour le cadre ?
Soins cadres n°84. Novembre 2012. P 23.
* 63 Ibid.
* 64 Ibid. p24.
* 65Légifrance, Loi du
13 juillet 1983 portant droit et obligation des fonctionnaires.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000024040127&cidTexte=LEGITEXT000006068812
* 66 Brême, V et
allii. La violence à l'hôpital. Prévention et gestion de la
violence en milieu hospitalier : quel rôle pour le cadre ?
Soins cadres n°84. Novembre 2012. P 22-24.
* 67Légifrance, Code
civil-art 12-40.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000032041571&cidTexte=LEGITEXT000006070721&dateTexte=20161001
* 68 Légifrance, Code
civil-art 12-41.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721&idArticle=LEGIARTI000006437049
* 69 Le robert, La relation.
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/relations/67845
* 70 Curchod, C. Relations
soignants-soignés : prévenir et dépasser les
conflits, Elsevier Masson, Année 2009 p.120-129
* 71 Mazaro, M. Qu'est ce
que la confiance ? Année 2010. p 53 à 63.
https://www.cairn.info/revue-etudes-2010-1-page-53.htm
* 72 Ibid.
* 73 Ibid.
* 74 Da Silva, E. La dynamique
dans la relation de soins - Cours IFSI Mulhouse. Année 2016-2017.
* 75 Cité par
Beirnaerdt, S. La dynamique dans la relation de soin. Cours IFSI Mulhouse.
Année 2016-2017.
* 76Manoukian, A. La
relation soignant-soigné. France. Lamarre, 2012, pages 7.
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