EFFETS DE LA FERTILISATION ORGANIQUE À BASE DE FUMIER DE
VOLAILLES SUR LA PHYSIOLOGIE ET LA NUTRITION DU SAPIN DE NOËL EN
PLANTATION
THÈSE PRÉSENTÉE À LA FACULTÉ
DES ÉTUDES SUPÉRIEURES ET DE LA RECHERCHE EN VUE DE L'OBTENTION
DE LA MAÎTRISE ÈS SCIENCES FORESTIÈRES
ABBÉ JONAS ASSAMOI
FACULTÉ DE FORESTERIE
UNIVERSITÉ DE MONCTON
CAMPUS D'EDMUNDSTON
NOVEMBRE 2007
COMPOSITION DU JURY
Présidente ou Président : Hector G.
Adégbidi Université de Moncton,
Campus d'Edmundston
Faculté de foresterie
Examinatrice ou examinateur
hors programme : Gordon Fairchild Centre de conservation
des
sols et de l'eau de l'Est du
Canada
Directrice ou directeur
de thèse : Manuel Lamontagne Université
de Moncton, Campus d'Edmundston
Faculté de foresterie
Autre membre du jury : Richard Barry Université
de Moncton, Campus d'Edmundston
Faculté de foresterie
AVANT- PROPOS
Cette thèse est
présentée sous forme d'articles. Les deux chapitres qui la
composent sont deux articles scientifiques qui seront soumis pour publication.
Le premier chapitre s'intitule :
Assamoi, A.J., Lamontagne, M. & Adégbidi, H.G.
(sera soumis en 2008). Fertilisation organique d'arbres de Noël (Abies
balsamea (L.) Mill.) en plantation. Réponses physiologiques et
morphologiques. Revue visée : Revue canadienne de recherche
forestière.
Le second chapitre a pour titre :
Assamoi, A.J., Lamontagne, M. & Adégbidi, H.G.
(sera soumis en 2008). Fertilisation organique d'arbres de Noël (Abies
balsamea (L.) Mill.) en plantation. Réponses des
éléments minéraux et de la coloration foliaire. Revue
visée : Revue canadienne de recherche forestière.
Ces articles sont co-signés par le directeur de
thèse, monsieur Lamontagne Manuel qui est l'initiateur et le principal
responsable de ce projet de recherche ainsi que par monsieur Adégbidi
Hector Guy co-initiateur dudit projet. Les données furent prises par une
équipe de recherche composée des directeur et co-directeur de ce
projet, Karl Roussel et Assamoi Abbé Jonas. Les traitements
statistiques, la rédaction de ces articles furent effectués par
Abbé Jonas Assamoi sous la supervision des encadreurs ci-dessus
cités.
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, j'aimerais pouvoir rendre hommage
à tous ceux qui de près ou de loin m'ont apporté leurs
concours et leurs encouragements.
Je me fais un agréable devoir de remercier vivement mon
encadreur, le Dr. Lamontagne Manuel qui a dirigé ce travail de recherche
et m'a fait bénéficier de son expérience et de ses
conseils; je lui suis reconnaissant pour les facilités qu'il a mises
à ma disposition afin de mener à bien ce projet.
Mes remerciements vont également à l'endroit du
Dr. Adégbidi Hector Guy pour ses commentaires et conseils en
statistique.
Je tiens aussi à exprimer ma reconnaissance à
tout le personnel de la faculté de foresterie de l'université de
Moncton ainsi qu'aux producteurs d'arbres de Noël en l'occurrence
messieurs Yves Boulet et Maurice Castonguay pour avoir bien voulu mettre
à la disposition de ce projet une partie de leurs plantations. Mes
remerciements s'adressent également à Karl Roussel pour sa
contribution à la prise des données.
Enfin, je remercie Agriculture et Agroalimentaire Canada,
Agriculture et Aquaculture Nouveau-Brunswick, la Fondation de l'Innovation du
Nouveau-Brunswick, l'organisme INFOR, la Faculté de foresterie de
l'université de Moncton, campus d'Edmundston et l'État ivoirien
pour le soutien tant matériel que financier ayant servi à la
réalisation de ce projet.
SOMMAIRE
L'industrie des arbres de Noël constitue une
activité économique importante partout dans l'est du canadien
avec le sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill.) comme espèce
la plus utilisée. Au nord-ouest du Nouveau-Brunswick, en raison de la
présence de nombreuses installations industrielles d'élevage, le
fumier de volailles constitue une source de matière organique disponible
en grande quantité et ayant un potentiel fertilisant qui pourrait
être valorisé en milieu forestier, notamment en plantation
d'arbres de Noël.
La présente étude avait pour objectifs
spécifiques de déterminer chez le sapin baumier en plantation,
les effets de la quantité et la fréquence d'applications du
fumier de volailles sur (1) la capacité photosynthétique maximale
(Amax), (2) la respiration du sol, (3) la surface foliaire
spécifique, (4) la croissance en hauteur et en diamètre des
arbres, (5) les concentrations foliaires en éléments nutritifs et
(6) la couleur des aiguilles. Pour ce faire, un dispositif expérimental
a été installé en juin 2004 dans deux plantations d'arbres
de Noël situées au nord-ouest du Nouveau-Brunswick. Ce dispositif
comprenait six traitements de fertilisation : l'engrais chimique de
formulation 20-10-10 (20 g N arbre-1 an-1); quatre
niveaux de fertilisation organique avec le fumier de volailles de composition
4-1-2 (20 g N arbre-1 an-1; 40 g N arbre-1
an-1; 40 g N arbre-1 2 ans-1;
80 g N arbre-1 2 ans-1) et le témoin (0 g N
arbre-1 an-1).
Les mesures de photosynthèse, de surface foliaire
spécifique et de respiration du sol ont été prises de mai
à août 2006. Les mesures de croissance en hauteur et en
diamètre et l'évaluation de la couleur des aiguilles ont
été effectuées à l'automne des années 2004,
2005 et 2006. Les échantillons pour les analyses foliaires des aiguilles
ont également été prélevés à
l'automne des années suscitées.
Les traitements au fumier de volailles ont augmenté les
taux de photosynthèse, et de respiration du sol comparativement à
l'engrais chimique. Les valeurs de la surface foliaire spécifique
étaient les plus élevées chez les plants traités au
fumier de volailles. Les traitements bisannuels au fumier de volailles ont
augmenté significativement le diamètre au collet des arbres entre
2005 et 2006 alors que la hauteur des arbres n'a pas varié. L'analyse
vectorielle a montré d'une part que les traitements bisannuels au fumier
de volailles ont augmenté les concentrations et contenus foliaires en
azote et d'autre part une baisse des concentrations et contenus foliaires en
azote au cours des années d'étude a été
observée chez les arbres témoins. Bien que les concentrations
foliaires en éléments nutritifs aient varié durant ces
années, elles sont restées dans des proportions adéquates
ce qui expliquerait l'absence de modification en ce qui concerne la couleur du
feuillage en fonction des traitements.
L'application de fumier de volailles apparaît donc comme
une option valable de substitution aux engrais chimiques.
Étant donné les coûts associés
à l'achat des engrais et à leur manutention, et selon les
résultats obtenus, nous recommandons aux producteurs d'arbres de
Noël d'appliquer le fumier de volailles (4-1-2, N-P-K) à raison de
1 kg par arbre tous les deux ans.
Mots clés : Abies balsamea, fumier de
volailles, capacité photosynthétique maximale, arbres de
Noël, surface foliaire spécifique, respiration du sol, analyse
vectorielle.
TABLE DES MATIÈRES
COMPOSITION DU JURY ii
AVANT-PROPOS iii
REMERCIEMENTS iv
SOMMAIRE v
TABLE DES MATIÈRES vii
LISTE DES TABLEAUX ix
LISTE DES FIGURES x
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
CHAPITRE I 4
Fertilisation organique d'arbres de Noël
(Abies balsamea (L.) Mill.) en
plantation.
Réponses physiologiques et morphologiques
4
1.1. Résumé 4
1.2. Introduction 5
1.3. Matériels et méthodes 8
1.3.1. Les sites d'étude 8
1.3.2. Le dispositif expérimental et les traitements de
fertilisation 9
1.3.3. Les mesures de photosynthèse et surface foliaire
spécifique 10
1.3.4. Les mesures de la respiration du sol 11
1.3.5. Les mesures dendrométriques et taux relatif de
croissance 11
1.3.6. Les analyses statistiques 12
1.4. Résultats 13
1.4.1. Photosynthèse 14
1.4.2. Respiration du sol 15
1.4.3. Surface foliaire spécifique 16
1.4.4. Mesures dendrométriques 17
1.5. Discussion 19
1.6. Conclusion 23
CHAPITRE II 24
Fertilisation organique d'arbres de Noël
(Abies balsamea (L.) Mill.).
Réponses des éléments
minéraux et de la coloration foliaire 24
2.1. Résumé 24
2.2. Introduction 25
2.3. Matériels et méthodes 27
2.3.1. Les sites d'étude
27
2.3.2. Le dispositif
expérimental et les traitements de fertilisation 28
2.3.3. L'échantillonnage
foliaire 28
2.3.4. La coloration foliaire 29
2.3.5. L'analyse vectorielle 29
2.3.6. Les analyses statistiques
30
2.4. Résultats 31
2.4.1. Concentrations des
éléments 32
2.4.2. Contenus des
éléments 36
2.4.3. Biomasses sèches des
aiguilles 38
2.4.4. L'analyse vectorielle 39
2.4.5. Couleurs du feuillage 42
2.5. Discussion 44
2.5.1. Analyses foliaires 44
2.5.2. Analyses vectorielles 45
2.5.3. La coloration foliaire 46
2.6. Conclusion 47
CONCLUSION GÉNÉRALE 48
RÉFÉRENCES 50
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1. Précipitations totales (pluie et neige)
mesurées à la station
météorologique de St-Léonard,
Nouveau-Brunswick, Canada. 9
Tableau 1.2. Concentrations des éléments
minéraux contenus dans le fumier de volailles 10
Tableau 1.3. Sommaire des analyses de variance :
degrés de liberté (ddl) et
valeurs de p des tests de F selon l'analyse
de variance de la capacité photosynthétique maximale, la surface
foliaire spécifique,
la respiration du sol, les diamètres et les hauteurs des
arbres.. 13
Tableau 2.1. Sommaire des analyses de variance :
degrés de liberté (ddl) et
valeurs des tests de F selon l'analyse des variances
des
concentrations foliaires en éléments nutritifs
et
les biomasses sèches des aiguilles. 31
Tableau 2.2. Sommaire des analyses de variance :
degrés de liberté (ddl) et
valeurs des tests de F selon l'analyse des variances
des
contenus foliaires en éléments nutritifs.
32
LISTE DES FIGURES
Figure 1.1. Effets des traitements sur la capacité
photosynthétique maximale 14
Figure 1.2. Effets des traitements sur la respiration du sol
15
Figure 1.3. Effets des traitements sur la surface foliaire
spécifique 16
Figure 1.4. Effets des traitements sur les taux de croissance en
hauteur 17
Figure 1.5. Effets des traitements sur les taux de croissance en
diamètre
au collet 18
Figure 2.1. Concentrations foliaires en azote fonction des
traitements et
des années 33
Figure 2.2. Concentrations foliaires en phosphore en fonction des
traitements 34
Figure 2.3. Concentrations foliaires en magnésium en
fonction des traitements
et des années 35
Figure 2.4. Concentrations foliaires en manganèse en
fonction des traitements 36
Figure 2.5. Contenus foliaires en azote en fonction des
traitements et des années 37
Figure 2.6. Contenus foliaires en manganèse en fonction
des traitements 37
Figure 2.7. Contenus foliaires en magnésium en fonction
des traitements
et des années 38
Figure 2.8. Valeurs moyennes de la biomasse sèche en
fonction des années 38
Figure 2.9. Réponses en nutriments (azote, phosphore et
potassium) et
poids sec des aiguilles du sapin baumier selon les traitements
en
2004 (a), 2005 (b) et 2006 (c). 41
Figure 2.10. Effets des traitements sur les proportions des
couleurs
7.5 GY 3/4 (a), 7.5 GY 4/4 (b), 7.5 GY 3/4 (c), 5 GY 4/4 (d),
et 5 GY 3/4 (e). 43
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
L'industrie des arbres de Noël constitue une
activité économique importante dans tout l'est canadien. Le
Canada compte plus de 4000 entreprises de production d'arbres de Noël sur
plus de 5000 ha la plupart au Québec, en Nouvelle-écosse, en
Ontario et au Nouveau-Brunswick. Cette industrie génère plus de
50 millions $ de vente par an (Statistique Canada 1996). Au Nouveau-Brunswick,
c'est le sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill.) qui est
l'espèce la plus souvent utilisée pour la production d'arbres de
Noël. En dépit de cette performance économique, les
producteurs d'arbres de Noël sont confrontés à divers
problèmes. Ainsi, il leur faut d'une part satisfaire les exigences du
consommateur qui veut avoir un arbre de qualité, c'est-à-dire un
arbre ayant un fût droit, de belles branches remplies d'aiguilles de
couleur vert foncé qui ne tombent pas facilement, etc. D'autre part, ils
doivent contrer les difficultés liées à l'implantation
même de la plantation, c'est-à-dire aux conditions du site,
à la provenance des semis, aux divers traitements à administrer
aux arbres et à la plantation (fertilisation, épandage
d'herbicides et de pesticides, etc..). Aussi la satisfaction des exigences du
consommateur incite les producteurs à utiliser divers produits dont les
effets à long terme, combinés aux aléas climatiques et
autres facteurs édaphiques sont souvent pervers.
Les producteurs d'arbres de Noël, comme dans toute
entreprise, tentent de diminuer leurs dépenses. Un aspect maintes fois
exprimé par ceux-ci est le coût associé à l'achat
des engrais chimiques. Puisqu'on retrouve une forte concentration de
producteurs de volailles dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick, il a
été proposé de valoriser ce fumier de volailles dans des
plantations d'arbres de Noël. L'intérêt du fumier de
volailles réside dans sa grande richesse en azote (N), phosphore (P) et
potassium (K). Certaines études (Wilhoit, Stokes, Samuelson &
Johnson 1999; Richardson, Dickens & McElvany 2004; Tejada, Hernandez
& Garcia 2006) ont d'ailleurs montré son efficacité dans la
croissance des conifères en plantation, en plus d'améliorer les
propriétés physico-chimiques et biologiques du sol. La plupart
des fertilisants chimiques utilisés en milieu agricole ou forestier ont
produit de bons effets mais leur coût souvent élevé
doublé des risques importants de lessivage des éléments
minéraux limitent leur utilisation.
La présente étude a pour but de
déterminer si la fertilisation organique à base de fumier de
volailles est aussi efficace que l'engrais chimique couramment utilisé
en plantation d'arbres de Noël.
Pour ce faire, divers paramètres physiologiques et
morphologiques seront utilisés pour vérifier l'efficacité
de l'engrais organique. Les paramètres physiologiques
étudiés sont la photosynthèse, la respiration du sol, la
surface foliaire spécifique et les analyses foliaires (concentrations
des éléments minéraux et analyses vectorielles). Les
paramètres morphologiques étudiés sont la coloration du
feuillage ainsi que les diamètre et hauteur des arbres.
Il est bien évident que la croissance
des arbres et des peuplements forestiers a, comme support
indispensable, leur nutrition en général,
c'est-à-dire, en fait, leur activité photosynthétique.
L'efficacité photosynthétique est largement affectée par
la fertilité du sol (Mitchell & Hinckley 1993), qui a un impact
direct sur les protéines et donc les enzymes impliquées dans la
photosynthèse. Les plus importants facteurs environnementaux qui
influencent la photosynthèse sont la lumière, la
température, l'humidité du sol, les éléments
nutritifs et le contenu atmosphérique en CO2 (
Clark 1961). L'assimilation
totale du CO2 est la méthode la plus utilisée parmi
d'autres pour mesurer la capacité photosynthétique des arbres
(Clark 1961).
La mesure de la respiration du sol est un indice de
l'activité biologique du sol car cette dernière est en relation
avec la disponibilité des éléments minéraux
présents dans la solution du sol et nécessaires au
développement des plantes.
La respiration du sol résulte de l'activité des
microorganismes et de la faune du sol qui décomposent la matière
organique (respiration hétérotrophe), de la respiration des
racines des végétaux généralement associées
à des microorganismes (respiration autotrophe rhizomicrobienne), et,
dans une moindre mesure, de l'oxydation chimique de composés organiques
(Burton & Beauchamps 1994). Le flux de CO2 échangé
à la surface du sol dépend de la vitesse de production de ce gaz
dans le sol, fonction de variables édaphiques et climatiques, et de la
capacité du sol à diffuser le CO2 respiré,
fonction de sa porosité et de la vitesse du vent au-dessus du sol.
La surface
foliaire spécifique (surface foliaire par unité de biomasse
sèche) est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus
importants des plantes (Lambers, Chapin & Pons 1998). Une surface foliaire
spécifique élevée permet de maximiser la capture de la
lumière et l'assimilation du CO2 (Field, Merrino & Mooney
1983). En assurant une plus grande interception de la lumière par
unité de masse foliaire, une surface foliaire spécifique
élevée aboutit à une vitesse de croissance plus
élevée. En d'autres termes, le coût de fabrication des
feuilles, par unité de surface, est plus faible chez les plantes
à surface foliaire spécifique élevée. Selon
Cornelissen (1999) et Westoby (1998), la surface foliaire spécifique
(SFS) est le paramètre le plus utilisé pour évaluer la
surface foliaire captant la lumière.
L'état nutritionnel des plantes est un facteur
important qui influence la qualité des cultures ainsi que les
rendements. En général, cet état nutritionnel de
même que l'efficacité du transfert d'éléments
nutritifs vers les tissus de la plante, demeurent invisibles. Toutefois,
lorsqu'un important déséquilibre des minéraux survient,
des symptômes visuels apparaissent sur la végétation. Afin
de déterminer adéquatement l'état nutritionnel des plantes
durant la saison de croissance, une analyse de laboratoire des tissus
végétaux est requise.
La présence d'un déséquilibre
nutritionnel pourrait modifier la couleur des aiguilles. Ceci pourrait
désavantager les producteurs puisque, dans le marché des arbres
de Noël, la couleur du feuillage est un critère de vente assez
important. Une couleur vert foncé traduit naturellement un état
de bonne santé du végétal.
Compte tenu de la nature différente des
paramètres étudiés, cette thèse est
structurée en deux chapitres. Le premier chapitre traite des
réponses physiologiques et morphologiques suite à l'application
des fertilisants et le second des réponses nutritives et de la
coloration foliaire.
Les objectifs spécifiques du premier chapitre sont de
déterminer les effets des quantité et fréquence
d'applications du fumier de volailles sur (1) la capacité
photosynthétique maximale (Amax), (2) la respiration du sol,
(3) la surface foliaire spécifique, et (4) la croissance en hauteur et
en diamètre des arbres tandis que ceux du second chapitre sont de
déterminer les effets des quantité et fréquence
d'applications du fumier de volailles sur (1) les concentrations foliaires en
éléments nutritifs et (2) la couleur des aiguilles.
CHAPITRE I
Fertilisation organique d'arbres de Noël
(Abies balsamea (L.) Mill.) en plantation. Réponses
physiologiques et morphologiques.
1.1 Résumé
Le fumier de volailles possède une bonne valeur
fertilisante et est disponible en grande quantité et à plus
faible coût que l'engrais chimique couramment utilisé par les
producteurs d'arbres de Noël. Toutefois, il s'avère
nécessaire de démontrer son efficacité avant de modifier
la régie de fertilisation des producteurs. Pour ce faire, un dispositif
expérimental a été établi à
l'été 2004 dans deux plantations d'arbres de Noël (Abies
balsamea (L.) Mill.) du Nouveau-Brunswick. Les objectifs
spécifiques étaient de déterminer la quantité et la
fréquence d'applications du fumier de volailles. Ce dispositif comprend
six traitements de fertilisation: l'engrais chimique de formulation 20-10-10
(20 g N arbre-1 an-1); quatre niveaux de fertilisation
organique avec le fumier de volailles de composition 4-1-2 (20 g N arbre-1
an-1; 40 g N arbre-1 an-1; 40 g N
arbre-1 2 ans-1; 80 g N arbre-1 2
ans-1) et le témoin (0 g N arbre-1
an-1); Des mesures de photosynthèse, de surface foliaire
spécifique et de respiration du sol ont été prises en
juillet 2005 et de mai à août 2006. Des mesures de croissance en
hauteur et en diamètre ont été prises à l'automne
en 2004, 2005 et 2006.
Le fumier a augmenté les taux de photosynthèse
et de respiration du sol comparativement à l'engrais chimique. Les
valeurs de la surface foliaire spécifique mesurées durant les
mois de mai à août 2006 étaient plus élevées
chez les plants ayant reçu des traitements au fumier de volailles. Le
fumier appliqué tous les deux ans a significativement augmenté le
diamètre au collet des arbres pour la période 2005-2006. Par
contre, la hauteur n'a pas significativement varié entre les
traitements; cette variable étant affectée par la taille des
arbres. Peu de différences des variables mesurées ont
été observées chez le témoin. Les résultats
suggèrent que le fumier de volailles est aussi efficace, sinon plus, que
l'engrais chimique.
1.2 Introduction
Le sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill.) est le
seul sapin atteignant la 58e latitude et le plus septentrional des
Abies connus. Emblème du Nouveau-Brunswick, il constitue un
arbre de Noël de plus en plus recherché, non seulement sur le
marché régional mais bien plus encore sur celui de l'exportation.
D'après Bonin (1971), les principales essences cultivées en
Amérique du Nord pour la production d'arbres de Noël sont le sapin
baumier (Abies balsamea (L.) Mill.) et le pin sylvestre (Pinus
sylvestris (L.)). L'exploitation de plantations de sapin baumier comme
arbre de Noël est un investissement à long terme :
d'ordinaire, douze à seize ans séparent la mise en terre de la
récolte. Depuis peu, de nouvelles méthodes de production ont
diminué cette période d'au moins un tiers et peut-être
même, avec de bons soins culturaux et des plants de qualité, l'ont
réduite à six ou huit ans. Parmi celles-ci, on compte la
fertilisation annuelle dont dépend en grande partie la
productivité des plantations. Au nord-ouest du Nouveau-Brunswick, en
raison de la présence de nombreuses installations industrielles
d'élevage, le fumier de volailles constitue une source de matière
organique disponible en grande quantité et à plus faible
coût. Il se vend au détail à 80$ la tonne comparativement
à 350$ la tonne pour l'engrais chimique, présentant ainsi
l'avantage de réduire les coûts de fertilisation annuelle.
Richardson et al. (2004) ont noté que chez
Pinus taeda en plantation, le fumier de volailles avait
augmenté de 42 % et 44 % l'accroissement en volume des tiges
comparativement au témoin et au traitement chimique (Phosphate
diammonique, DAP) respectivement. Aussi, Wilhoit et al. (1999) ont
constaté une augmentation de la croissance en diamètre des tiges
chez Pinus taeda de 38 % et 25 % respectivement pour les traitements
au fumier de volailles et au fertilisant chimique (DAP). D'autres travaux
réalisés ont par ailleurs montré des augmentations de la
biomasse microbienne de sols traités avec du fumier de volailles (Tejada
et al. 2006).
Généralement, la fertilisation accroît la
surface foliaire chez les pins, ce qui améliore globalement la
productivité par une fixation importante du carbone (Vose & Allen
1988; Teskey, Gholz &
Cropper 1994; Albaugh, Allen, Dougherty, Kress & King 1998). Les masses et
surfaces foliaires chez Pinus pinaster (Ait) et d'autres
conifères se sont accrues suite à l'application de fertilisant
(Brix 1983 ; Sheriff 1996) induisant une surface foliaire
spécifique plus importante. Aussi celle-ci augmente les taux de
photosynthèse dans certains cas (Brix 1983 ; Smolander & Oker-Blom
1989 ; Sheriff 1996).
L'apport de matière organique a deux rôles :
(1) augmenter la teneur en matière organique du sol pour
améliorer les paramètres physico-chimiques et biologiques et (2)
augmenter la disponibilité en nutriments pour les cultures par les
éléments apportés. La plupart des besoins des
végétaux en éléments minéraux proviennent de
la décomposition de la matière organique des sols (Swift, Heal
& Anderson 1979). Les principales transformations biochimiques du
matériel mort sont assurées par l'activité des
microorganismes (Killham 1994). Ces derniers peuvent à la fois agir
comme source (phénomène de minéralisation) et comme
réservoir (phénomène d'immobilisation) des nutriments
nécessaires à la croissance et au développement des
végétaux (Diaz-Ravina, Acea & Carballas 1993); Bauhus &
Khanna 1999). De la fraction minéralisée, une partie est
également réorganisée en composés plus stables (les
acides fulviques et humiques) stockés dans le sol. Selon la
prépondérance plus ou moins grande d'un des deux
phénomènes, immobilisation ou minéralisation, il se
créera plus ou moins de réserve organique dans le sol. Cette
réserve sera décomposée lentement, voire très
lentement, et fournira une certaine partie des nutriments nécessaires
aux plantes en été, pendant les périodes de forte
activité biologique. Toutefois elle ne fournit presque rien lorsque le
sol est froid et l'activité biologique réduite, comme au
printemps par exemple (Chabalier, Kerchove & Macary 2006).
La fertilisation minérale procure aux plantes les
éléments nutritifs dont ils ont besoin mais elle est sujette au
lessivage en cas d'inadéquation entre la période d'application et
celle des besoins réels des plantes. Au vu de ces
phénomènes ci-dessus cités, les questions suivantes se
posent : (1) quelles sont les quantités de matière organique
à appliquer? (2) quelles sont les période et fréquence
d'applications en vue d'une meilleure disponibilité des
éléments nutritifs nécessaires à la croissance des
arbres? Le but de la présente étude est de déterminer la
quantité et la fréquence d'applications du fumier de volailles
afin de remplacer l'utilisation de l'engrais chimique dans la production
d'arbres de Noël.
Les objectifs spécifiques consistent à
déterminer les effets des quantités et fréquences
d'applications du fumier de volailles expérimentées dans le
dispositif étudié sur (1) la capacité
photosynthétique maximale (Amax), (2) la respiration du sol,
(3) la surface foliaire spécifique, et (4) la croissance en hauteur et
en diamètre des arbres.
Bien que les producteurs effectuent une taille annuelle des
arbres au mois de juillet, la mesure de la hauteur a été prise
à chaque automne afin de vérifier si les traitements influencent
la hauteur de livraison.
1.3 Matériels et méthodes
1.3.1 Les sites d'étude
Les sites d'étude sont localisés à
l'intérieur de deux plantations de sapin baumier appartenant à
deux producteurs d'arbres de Noël du nord-ouest du Nouveau-brunswick.
Le site de Saint-Quentin (47o 30' 35" Nord ;
67o 23' 18" Ouest) (Services Nouveau-Brunswick 2002), est
situé à plus de 300 m d'altitude au centre d'un plateau dans la
chaîne des montagnes des Appalaches sur un sol de type loam à
limoneux. Le terrain est plat et couvert en majorité de forêts et
de terres agricoles. Le pH est compris entre 5.5 et 6.5. Les
températures moyennes pour le mois de janvier sont de -12° C et
pour le mois d'août de 17° C (van Groenewoud 1983). La moyenne
annuelle des précipitations est d'environ 991 mm. Les conditions
météorologiques ayant prévalu durant la période
d'étude sont présentées au tableau 1.1
Le site de Connors (47o 13' 0" Nord
; 68o 49' 59" Ouest) (Services Nouveau-Brunswick 2002) est
situé à environ 45 km à l'ouest d'Edmundston. Le terrain
est vallonné et le territoire est surtout couvert de forêts et de
terres agricoles. Le pH est compris entre 5 et 5.5. La moyenne annuelle des
précipitations est d'environ 976.4 mm. Les températures moyennes
au mois de janvier sont de -7.4° C et au mois d'août de 23° C.
Le sol est aussi de type loam à limoneux.
Les plantations en étude comportent des arbres
âgés de cinq ans et la mise en place du dispositif fut
effectuée lorsque ceux-ci étaient âgés de deux ans.
La plupart des semis étaient des sauvageons.
Tableau 1.1. Précipitations totales (pluie et neige)
mesurées à la station météorologique de
St-Léonard, Nouveau-Brunswick, Canada.
|
|
|
|
Mois
|
Années
|
|
2004
|
2005
|
2006
|
|
|
|
|
janv.
|
32,1
|
53,2
|
132,7
|
févr.
|
17,1
|
58,4
|
71
|
mars
|
50,9
|
110,6
|
31,8
|
avr.
|
86
|
142,4
|
44,4
|
mai
|
70,1
|
103,6
|
123,2
|
juin
|
93
|
51,8
|
122,6
|
juil.
|
122,3
|
76,9
|
86,8
|
août
|
112,5
|
121,8
|
76,4
|
sept.
|
80
|
144,6
|
92,9
|
oct.
|
51,3
|
165,3
|
156,6
|
nov.
|
93,4
|
169,3
|
151,2
|
déc.
|
121,6
|
183,9
|
58,4
|
|
|
|
|
Total
|
930,3
|
1381,8
|
1148
|
Source : Environnement Canada (2007)
1.3.2 Le dispositif expérimental et les traitements de
fertilisation
Le dispositif expérimental a été
établi selon un plan en blocs aléatoires complets et a
été installé en juin 2004 dans deux plantations de sapins
de Noël. On retrouve dans ce dispositif quatre blocs
répétitions. A l'intérieur de chaque bloc, on retrouve
treize rangées d'arbres comprenant six rangées pour les six
traitements de fertilisation et une rangée d'arbres agissant comme une
zone tampon entre deux traitements adjacents.
L'utilisation des blocs aléatoires complets se justifie
par l'hétérogénéité du matériel
expérimental d'une part et d'autre part par les critères de
blocking relatifs à des facteurs édapho-climatiques
incontrôlés qui pourraient influencer les variables
mesurées. L'objectif poursuivi dans le choix de ce plan
expérimental est d'augmenter la précision de l'analyse en
réduisant la variable aléatoire.
La poudre sèche du fumier de volailles a
été appliquée au pied des arbres selon les
quantités prescrites par le dispositif expérimental. Le fumier
utilisé est de la fiente de volailles déshydratée et non
compostée, obtenue en vrac par les producteurs d'arbres de Noël
auprès de l'entreprise WestCo filiale de ENVIREM Technologies INC. Il a
une teneur en matière organique supérieure à 75 % et un pH
de 6.3. Les différentes concentrations en éléments
minéraux du fumier de volailles utilisées sont
présentées dans le tableau 1.2. L'engrais chimique
dénommé McCain Fertilizer est du nitrate d'ammonium de
formulation 20-10-10 (N-P-K).
La fertilisation a eu lieu au mois de juin des années
2004 à 2006. Les traitements sont : témoin ; 0.5 kg de
matière organique (M.O.) arbre-1an-1; 1 kg M.O.
arbre-1an-1; 1 kg M.O. arbre-1 2
ans-1; 2 kg M.O. arbre-1 2 ans-1et 115 g de
20-10-10 (NPK) arbre-1an-1.
Tableau 1.2. Concentrations des éléments
minéraux contenus dans le fumier de volailles.
Éléments minéraux
|
Concentrations
|
|
|
|
N total
|
4.12 %
|
|
P total
|
1.18 %
|
|
K total
|
2.07 %
|
|
Ca
|
3%
|
|
Mg
|
0.41 %
|
|
Fe
|
0.52 %
|
|
Zn
|
294 ppm
|
|
Mn
|
328 ppm
|
|
Cu
|
66 ppm
|
|
B
|
22 ppm
|
|
Source: Envirem Technologies INC.
Source : ENVIREM technologies INC.
Source : ENVIREM technologies INC.
1.3.3 Les mesures de photosynthèse et surface foliaire
spécifique
Les mesures de la capacité photosynthétique
maximale (Amax) des pousses annuelles ont été prises
sur le terrain de mai à août 2006. Les données de la
photosynthèse ont été obtenues à l'aide de
l'appareil LI-6400 (Li-cor, Nebraska, USA). Cet appareil est un système
d'échanges gazeux qui fournit les données nécessaires pour
le calcul de la photosynthèse réalisée par le
matériel végétal étudié. Pour ce faire, une
concentration de 400 ppm CO2 et une intensité lumineuse de
1000 umol m-2 s-1 ont été utilisées.
Un éclairage artificiel (lampe halogène, 1000 watts) a
été utilisé afin de s'assurer de toujours avoir une
saturation lumineuse du feuillage. Un arbre par unité
expérimentale, choisi aléatoirement a été
mesuré. Par la suite, la surface foliaire des aiguilles exposées
à la lumière a été mesurée au laboratoire
à l'aide du logiciel Windseedle (Régent Instruments Inc.,
Québec) afin d'exprimer les mesures de la photosynthèse en umol
m-2 s-1.
Ces aiguilles ont ensuite été
séchées au four à 65°C pendant 48 heures et
pesées (Mettler AE 260 Delta Range) pour calculer la surface foliaire
spécifique (SFS), exprimée en centimètre carré par
gramme (cm2 g-1) et dont les mesures ont
été effectuées de mai à août 2006.
1.3.4 Les mesures de la respiration du sol
La respiration du sol a été mesurée
à l'aide de l'appareil LI-6400 (Li-cor, Nebraska, USA)
équipée d'une chambre de flux de CO2 du sol
(LI-6400-09). Le dispositif était installé sur un collet
enfoncé dans le sol avant les mesures au pied des arbres de Noël et
le CO2 principalement produit par la respiration racinaire et
l'activité microbienne était mesuré. Une sonde de
température du sol était enfoncée dans le sol à une
profondeur appropriée (en général 5 à 10 cm)
près de la chambre de respiration du sol ; ces mesures ont
été effectuées de mai à août 2006 sous les
conditions suivantes : 25°C, 400ppm CO2 ; elles ont
porté sur les 6 arbres ayant servi à la mesure de la
photosynthèse.
1.3.5 Les mesures dendrométriques et taux relatif de
croissance
Les hauteurs des arbres du dispositif ont été
mesurées à l'aide d'une règle métrique extensible
de 5 m et les diamètres au collet à l'aide d'un pied
à coulisse. Les mesures ont été effectuées à
l'automne des années 2004, 2005 et 2006. Tous les arbres du dispositif
dont 248 dans le bloc 1, 226 dans le bloc 2, 338 dans le bloc 3, et 374 arbres
dans le bloc 4 furent mesurés pour un total de 1186 arbres.
Les taux relatifs de croissance en hauteur et en
diamètre au collet ont été obtenus par la formule
suivante (Margolis & Brand 1990):
T : Taux relatif de croissance
1.3.6 Les analyses statistiques
Le test d'ANOVA du logiciel de traitement des données
SPSS 15.0 for Windows a été utilisé pour évaluer
l'effet des traitements sur la capacité photosynthétique maximale
(Amax), la surface foliaire spécifique (SFS), la respiration
du sol de même que les hauteurs et les diamètres des arbres,
à un seuil de signification de 10%. Le test de comparaison multiple
Tukey du logiciel SPSS a été utilisé pour la comparaison
des moyennes des traitements lorsque les tests de l'analyse des variances
étaient significatifs. Le test LSD a été utilisé
lorsque le test Tukey ne décelait pas de différences statistiques
entre les moyennes des effets simples.
Le choix du seuil de signification à 10% se justifie
d'une part par une variabilité initiale que l'on juge importante par
rapport aux variables mesurées et d'autre part pour diminuer les risques
d'erreur de type II (â ; ne pas rejeter H0.lorsque
H0 est fausse) (Lemelin 2004 ; Scherrer 1984).
1.4 Résultats
Tableau 1.3. Sommaire des analyses de variance :
degrés de liberté (ddl) et valeurs de p des tests de
F selon l'analyse de variance de la capacité
photosynthétique maximale, la surface foliaire spécifique, la
respiration du sol, les diamètres et les hauteurs des arbres.
Les résultats de l'analyse de variance pour la
capacité photosynthétique maximale (Amax), la
respiration du sol, la surface foliaire spécifique, les taux de
croissance en diamètre au collet et en hauteur des arbres sont
présentés dans le tableau 1.3.
1.4.1 Photosynthèse
Les résultats montrent un effet significatif
(p=0.064, Tableau 1.3) des traitements sur la capacité
photosynthétique maximale (Amax) (Figure 1.1) pour les
mesures effectuées de mai à août 2006. La Amax a
varié entre 6.3 et 8 umol m-2 s-1 au cours de
cette étude. Les traitements au fumier de volailles ont augmenté
la Amax de 17 % et 7 % comparativement à l'engrais chimique
et au témoin respectivement. La Amax a également
augmenté durant la saison de croissance (p=0.000, Tableau 1.3).
La Amax était de 4 umol m-2 s-1, 5 umol
m-2 s-1, 10 umol m-2 s-1 et 9 umol
m-2 s-1 en mai, juin, juillet et août
respectivement.
Figure 1.1. Effets des traitements sur la capacité
photosynthétique maximale. Les moyennes affectées de
la même lettre ne sont pas statistiquement différentes au seuil
á=0.1. p est la probabilité du test de l'effet des
traitements sur la Amax au seuil choisi.
1.4.2 Respiration du sol
Un effet significatif (p=0.078, Tableau 1.3) des
traitements est observé sur les flux de respiration du sol (Figure 1.2)
pour les mesures effectuées de mai à août 2006. Les
traitements au fumier de volailles ont augmenté les flux de respiration
de 23.5% et 19.3% comparativement au traitement chimique et au témoin
respectivement. Les flux de CO2 ont varié entre 4 et 5.2 umol
m-2 s-1 au cours de cette période. La respiration
du sol a également augmenté durant la saison de croissance
(p=0.000, Tableau 1.3). La respiration du sol était de 2,5 umol
m-2 s-1, 4 umol m-2 .s-1, 6 umol
m-2 s-1, 6 umol m-2 s-1 en mai,
juin, juillet et août respectivement.
Figure 1.2. Effets des traitements sur la respiration du
sol. Les moyennes affectées de la même lettre ne sont
pas statistiquement différentes au seuil á=0.1. p est la
probabilité du test de l'effet des traitements sur la respiration du
sol.
1.4.3 Surface foliaire spécifique
Un effet significatif (p=0.014 ; Tableau 1.3)
des traitements est observé sur la surface foliaire spécifique
(SFS) (Figure 1.3) pour les mesures effectuées de mai
à août 2006. La SFS a varié entre 136 et 160 cm2
g-1 au cours de cette étude. Les traitements au fumier
de volailles ont augmenté la SFS de 4 et 7 % comparativement à
l'engrais chimique et au témoin respectivement. La SFS a diminué
durant la saison de croissance (p=0.000, Tableau 1.3). La SFS
était de 109 cm2 g-1, 222 cm2
g-1, 126 cm2 g-1 et 115 cm2
g-1 en mai, juin, juillet et août respectivement.
Figure 1.3. Effets des traitements sur la surface foliaire
spécifique. Les moyennes affectées de la même
lettre ne sont pas statistiquement différentes au seuil á=0.1.
p est la probabilité du test de l'effet des traitements sur la
SFS.
1.4.4 Mesures dendrométriques
Hauteur
Les traitements appliqués n'ont eu aucun effet sur les
taux de croissance en hauteur des arbres (p=0.800 ; Tableau 1.3)) et il n'y a
pas eu d'interaction entre traitement et année (p=0.834 ; Tableau
1.3).
Figure 1.4. Effets des traitements sur les taux de croissance
en hauteur. p est la probabilité de l'interaction entre
traitement et année. 2SE=0.03.
Diamètre au collet
Une interaction significative (p=0.000 ; Tableau 1.3)
entre les traitements et les années d'étude a été
observée pour le diamètre au collet (Figure 1.5). Entre 2004 et
2005, les traitements au fumier de volailles ont augmenté les taux de
croissance en diamètre de 52 et 9.75% et de 4.88 et 2.4 % entre 2005 et
2006 comparativement à l'engrais chimique et le témoin
respectivement.
Figure 1.5. Effets des traitements sur les taux de croissance
en diamètre au collet. p est la probabilité de
l'interaction entre traitement et année.
2SE=0.03.
1.5 Discussion
Les traitements au fumier de volailles ont augmenté en
2006 la Amax, les flux de respiration du sol et la surface foliaire
spécifique comparativement au traitement chimique et au témoin.
Entre 2004 et 2005 et entre 2005 et 2006, les traitements au fumier de
volailles ont également augmenté les taux de croissance en
diamètre au collet comparativement à l'engrais chimique et au
témoin. Par contre, les traitements appliqués n'ont eu aucun
effet sur les taux de croissance en hauteur des arbres.
Pirson (1958), Kramer & Kozlowski (1960), Keller &
Koch (1962) ont montré qu'une fertilisation azotée affectait
positivement le taux maximal de photosynthèse de plusieurs plantes. Dans
cette étude, les traitements au fumier de volailles ont probablement
occasionné une meilleure disponibilité des éléments
minéraux dans la solution du sol expliquant ainsi les taux de la
Amax comparativement aux autres traitements. Aussi, les taux de la
Amax chez le témoin pourraient être dû à
un effet résiduel des éléments minéraux
observé durant ces années d'étude.
De manière générale, les traitements au
fumier de volailles ont induit des flux de CO2 les plus
élevés. L'augmentation des flux de CO2 observée
chez les arbres traités au fumier de volailles s'expliquerait soit par
une respiration racinaire plus importante soit par une forte activité
microbienne des plants ayant reçu une application de fumier de volailles
sans doute favorisées par une température du sol adéquate
ainsi qu'une meilleure disponibilité en eau. Karin, Bertilsson,
Cederlund, Stenström & Hallin (2006) ont obtenu des résultats
similaires dans une étude dans laquelle des taux de respiration du sol
étaient les plus élevés avec les traitements au fumier de
volailles ainsi que des boues d'égoûts. Les valeurs de la
respiration du sol observées sont similaires à celles obtenues
par d'autres études sur des conifères dont celles de Carlyle,
Carlyle & Than (1988) qui chez Pinus radiata étaient
comprises entre 1.83 et 7.08 ìmol m-2 s-1; celles
de Maier & Kress (2002) qui chez Pinus taeda étaient
comprises entre 0.5 et 6.0 ìmol m-2 s-1 ainsi que
celles de Xu & Qi (2001) qui chez Pinus ponderosa étaient
comprises entre 1.67 et 5.87 ìmol m-2 s-1.
Raich & Potter (1995) ont trouvé une
corrélation positive entre la productivité primaire nette (NPP)
et la respiration annuelle du sol. Cette tendance a été
également mise en évidence par Janssens, Lankreijer &
Matteucci (2001). Une NPP élevée génère des flux de
respiration du sol élevés et vice versa : l'augmentation des flux
de CO2 du sol peut également conduire à une
augmentation de la NPP. En effet, la minéralisation de la matière
organique du sol conduit à une libération
d'éléments nutritifs, dont l'azote, le phosphore et le potassium
par exemple, qui fertilisent les arbres et influencent directement la
croissance de la végétation. Il ne s'agit donc pas de variables
indépendantes. Ce phénomène est particulièrement
manifeste dans les forêts boréales où les
éléments nutritifs sont limitants (Perrin, Laitat, Yernaux &
Aubinet 2004).
Les faibles taux de photosynthèse et respiration du sol
observés dans les traitements au fertilisant chimique pourraient
s'expliquer par une perte importante d'azote suite à l'application, tel
que rapporté par Westerman & Tucker (1979) et Nissen & Wander
(2003). On peut également poser l'hypothèse d'un lessivage
dû à la forte pluviométrie observée au cours du mois
de juin 2006 (Tableau 1.1, Chapitre I).
La surface foliaire spécifique est un indice de
l'allocation des ressources des arbres à la constitution de leur
appareil foliaire. Par conséquent, une augmentation de la surface
foliaire spécifique permet un rendement photosynthétique plus
élevé par unité de masse (Lambers & Poorter 1992) ce
qui favoriserait l'allocation du carbone vers d'autres organes, notamment au
niveau des tissus de support (tronc, branches...) et du système
racinaire et conduirait à un taux de croissance plus élevé
pour ces arbres. Brix (1983) et Sheriff (1996) ont observé des
résultats similaires dans une expérimentation de la croissance
des arbres suite à une augmentation des masse et surface foliaire
obtenues à partir d'une fertilisation azotée. Toutefois, nos
résultats ne démontrent pas qu'une augmentation de la SFS
correspond à une photosynthèse et une croissance
élevées.
L'invariabilité de la hauteur des arbres entre les
traitements et la réduction du taux relatif de croissance au cours de
ces années d'étude s'expliquent par le fait que les producteurs
réalisent la taille annuelle de la flèche terminale des arbres
entraînant un biais dans les données de hauteur obtenues. On peut
se demander si la taille de la flèche terminale par les producteurs est
trop sévère ou est-ce que la croissance en hauteur de la
flèche terminale est très importante mais que les producteurs
doivent la tailler sévèrement pour garder un équilibre
esthétique de l'arbre ?
Par contre, les traitements au fumier de volailles ont eu des
effets positifs sur le diamètre au collet des arbres, notamment avec les
quantités 1 kg / 2ans et 2 kg / 2ans (Figure 1.5). Certains auteurs ont
montré que l'incorporation au sol des amendements organiques
s'était soldée par une augmentation de l'activité
microbienne (Elliot & Lynch 1994 ; Liu & Ristaino 2003) et une
diversité microbienne (Girvan, Bullimore, Ball, Pretty & Osborn
2004) favorisant ainsi la croissance des arbres. Wilhoit et al. (1999)
ont également observé une augmentation de la croissance en
diamètre des tiges chez Pinus taeda de 38 et 25 % par le
fumier de volailles et le traitement chimique (diammonium-phosphate)
respectivement. D'autres études dont celles de Richardson et
al. (2004) ont montré que quatre années après
l'application de traitement chimique et de fumier de volailles chez Pinus
taeda en plantation, le fumier de volailles avait augmenté de 42 %
et de 44% l'accroissement en volume comparativement au témoin et au
traitement chimique respectivement.
En ce qui concerne notre étude, nous ne sommes pas en
mesure de distinguer l'activité microbienne de l'activité
racinaire. Par conséquent, ces taux de croissance en diamètre
observés dans les traitements organiques ne s'expliquent pas seulement
par une meilleure disponibilité des éléments
minéraux dans la solution du sol puisque les flux de respiration du sol
ne diffèrent pas statistiquement entre les traitements organiques
(Figure 1.2). Les résultats de photosynthèse et surface foliaire
spécifique (SFS) ne procurent pas non plus d'explication à ce
sujet. On peut supposer une stratégie différente de l'allocation
du carbone ou de la disponibilité des éléments
minéraux associées avec la fertilisation organique
bisannuelle.
D'après Waring & Schlesinger (1985), les glucides
synthétisés lors de la photosynthèse servent d'abord
à satisfaire les besoins métaboliques prioritaires de l'arbre,
puis ils sont consacrés à des activités moins essentielles
comme la croissance en diamètre de la tige. Kozlowski, Kramer &
Pallardy (1991) indiquent toutefois que les facteurs qui contrôlent la
répartition des photosynthétats entre les diverses parties de
l'arbre sont peu connus. En ce qui concerne les résultats de croissance
en diamètre au collet des arbres obtenus avec les traitements bisannuels
au fumier de volailles, on peut supposer que les photosynthétats
produits étaient alloués en quantité plus importante vers
cet organe de support.
Les taux de photosynthèse, de respiration du sol et de
surface foliaire spécifique obtenus chez les arbres traités avec
1kg/an de fumier de volailles supposent selon la théorie de
l'équilibre fonctionnel élaborée par Brouwer (1962 a et b,
1983) que les plantes ont augmenté l'allocation de leurs assimilats vers
les parties aériennes, ce qui impliquerait les fortes valeurs de surface
foliaire spécifique observées. À la lueur des
résultats obtenus par Waring & Schlesinger (1985) ainsi que Brouwer
(1962 a et b, 1983), il apparaît que les arbres traités au fumier
de volailles avec les quantités 1kg/an et 1kg/2ans ont des
stratégies différentes d'allocation de leurs assimilats. Aussi
est-il important de préciser que la théorie de Brouwer bien que
remise en cause par d'autres études (Wilson 1988; Körner 1994;
Ericsson 1995; Farrar & Jones 2000) n'est valable que lorsque l'absorption
et l'assimilation du carbone par les arbres sont limitées par un faible
niveau de disponibilité de ressources comme la lumière, le
CO2. Dans le cas de notre étude ces limitations n'ont pas
été prouvées.
1.6 Conclusion
Nos résultats indiquent que le traitement au fumier de
volailles est aussi efficace que l'engrais chimique couramment utilisé
en plantation d'arbres de Noël et que les quantité et
fréquence d'applications du fumier de volailles ont influencé
positivement (1) la capacité photosynthétique maximale
(Amax), (2) la surface foliaire spécifique, (3) la
respiration du sol, et (4) la croissance en diamètre des arbres. La
hauteur des arbres n'a pas été influencée par les
traitements à cause de la taille de la flèche terminale par les
producteurs. En général, les traitements bisannuels au fumier de
volailles ont produit les meilleurs résultats sur les paramètres
physiologiques étudiés.
Étant donné les coûts des fertilisants et
la manutention en plantation d'arbres de Noël, l'utilisation du fumier de
volailles avec la quantité 1kg/2ans pourrait être
recommandée aux producteurs. Cependant, compte tenu de
l'hétérogénéïté du matériel
expérimental caractérisée par des arbres d'âge et
taille variables, la prise des mesures des échanges gazeux sur un plus
grand nombre d'unités d'échantillonnage donnerait des
résultats beaucoup plus représentatifs des arbres du dispositif
étudié. Aussi d'autres paramètres tels que la
densité racinaire, variable ayant une corrélation notable avec la
respiration du sol et un échantillonnage stratifié des bourgeons
néoformés en vue de la détermination de leur nombre
pourraient davantage fournir des éléments de réponse
à cette étude.
CHAPITRE II
Fertilisation organique d'arbres de Noël
(Abies balsamea (L.) Mill.) en plantation. Réponses des
éléments minéraux et de la coloration
foliaire.
2.1 Résumé
Un dispositif expérimental a été
établi à l'été 2004 dans deux plantations d'arbres
de Noël (Abies balsamea (L.) Mill.) du Nouveau-Brunswick afin de
réduire les coûts de fertilisation annuelle car le fumier de
volailles, en plus de posséder une bonne valeur fertilisante est
disponible en grande quantité et à plus faible coût que
l'engrais chimique couramment utilisé en plantation d'arbres de
Noël. Toutefois, il est nécessaire de démontrer son
efficacité avant toute recommandation aux producteurs. Les objectifs
spécifiques étaient de déterminer la quantité et la
fréquence d'applications du fumier de volailles. Ce dispositif comprend
six traitements de fertilisation: le témoin (0 g N arbre-1
an-1); l'engrais chimique de formulation 20-10-10 (20 g N
arbre-1 an-1); et quatre niveaux de fertilisation
organique avec le fumier de volailles de composition 4-1-2 (20 g N arbre-1
an-1; 40 g Narbre-1 an-1; 40 g N
arbre-1 2 ans-1; 80 g N arbre-1 2
ans-1). Des échantillonnages d'aiguilles en vue de la
détermination des concentrations d'éléments
minéraux dans le feuillage ont été effectués
à l'automne des années 2004, 2005 et 2006. L'évaluation
des couleurs du feuillage s'est faite à l'automne de ces mêmes
années.
Les résultats ont indiqué une variation à
l'intérieur de limites adéquates des concentrations et contenus
foliaires des éléments nutritifs analysés.
L'analyse vectorielle des concentrations en azote a
indiqué de meilleurs effets des traitements bisannuels au fumier de
volailles alors que peu de résultats significatifs ont été
obtenus avec le phosphore et le potassium. Les couleurs du feuillage n'ont pas
varié significativement entre les traitements au cours des années
d'étude.
2.2 Introduction
Au Nouveau-Brunswick, comme dans tout l'est canadien,
l'industrie des arbres de Noël majoritairement composée du sapin
baumier (Abies balsamea (L.) Mill) constitue une activité
économique importante. En effet, cette industrie n'a cessé de
connaître depuis son installation au Canada vers les années 1945,
un essor économique grandissant, générant des revenus
importants (environ 5.7 millions de dollars au Nouveau-Brunswick ;
Statistique Canada 1996). Malgré cette performance économique,
les producteurs d'arbres de Noël sont en proie à des
difficultés liées à la mise en place de leurs plantations.
De ce fait, des solutions alternatives pourraient leur permettre de
réduire les coûts de leurs plantations. Parmi celles-ci, la
fertilisation dont l'effet bénéfique pour les arbres est
l'augmentation de la quantité d'azote qui est libérée et
disponible dans le sol (Meason, Markewitz & Will 2004; Mälkönen
1990; Miller 1981). Par ailleurs, au nord-ouest du Nouveau-Brunswick, les
nombreuses entreprises de production de volailles fournissent du fumier, source
de matière organique de très bonne valeur fertilisante et
à moindre coût que l'engrais chimique couramment utilisé en
plantation d'arbres de Noël. Moore, Daniel, Sharpley & Wood (1995) ont
montré que presque 90% des déchets de volailles produits
étaient utilisés sur des terres agricoles eu égard
à leurs faibles coûts comparativement aux fertilisants
commerciaux. Actuellement, les producteurs d'arbres de Noël n'optent pas
pour cette approche à cause du manque d'informations sur la
quantité et le rythme d'application de ce fertilisant. Kingery et
al. (1993); Sommerfeldt, Chang & Entz (1988) ont noté une
amélioration des propriétés physico-chimiques de sols
amendés avec du fumier de volailles comparativement aux sols non
amendés; de même Edwards & Daniels (1992) ont noté que
dépendamment de la composition individuelle des déchets de
volailles, ceux-ci pourraient augmenter la production des cultures via leur
capacité à fournir les nutriments et augmenter la qualité
du sol. Par conséquent, le remplacement de l'engrais chimique par un
engrais organique dans les plantations d'arbres de Noël peut modifier la
nutrition des arbres.
L'analyse foliaire est la méthode la plus souvent
utilisée pour évaluer le statut nutritionnel des arbres de
Noël car elle intègre tous les facteurs qui peuvent influer sur la
disponibilité et l'absorption des éléments nutritifs. En
plus d'indiquer les niveaux critiques des concentrations foliaires en
nutriments (Van den Driessche 1974 ; Paarlahti, Reinikainen & Veijalainen
1971), elle indique, le cas échéant, s'il faut modifier le
programme de fertilisation. Plusieurs méthodes ont été
développées pour évaluer le statut nutritif des plantes
incluant les niveaux critiques, les ratios techniques, le système
intégré de diagnostic et de recommandation (DRIS) et l'analyse
vectorielle. De ces méthodes citées, l'analyse vectorielle est
l'outil le plus utilisé dans l'évaluation du statut nutritif des
arbres à travers un format graphique intégré (Timmer &
Stone 1978). Timmer & Stone (1978) ont utilisé cet outil pour
comparer les concentrations foliaires en éléments nutritifs de
jeunes plants de sapin baumier fertilisés avec l'azote, le phosphore, le
potassium et de la chaux. De même, Imo & Timmer (1997) ont
analysé les nutriments de jeunes pousses de Prosopis chilensis
avec cet outil.
Dans cette étude, l'analyse vectorielle a
été utilisée en vue d'examiner les effets de l'application
des traitements sur les concentrations et contenus foliaires des
éléments N, P, K ainsi que la biomasse sèche des aiguilles
échantillonnées.
Bruns (1973) a noté que la fertilisation affectait la
qualité d'un arbre de Noël sur plusieurs aspects. Les traitements
d'azote seul ou combinés au phosphore et au potassium, ont produit un
feuillage plus dense, aux teintes plus vert foncé et doté
d'aiguilles de plus grandes dimensions. Dans cette étude, la coloration
foliaire recherchée par les producteurs correspondait au code 5GY 3/4
fourni par la Charte Munsell.
Les objectifs spécifiques de la présente
étude sont de déterminer les effets des quantités et
fréquences d'applications du fumier de volailles sur (1) les
concentrations foliaires en éléments nutritifs et (2) la couleur
des aiguilles.
2.3 Matériels et méthodes
2.3.1 Les sites d'étude
Les sites d'étude sont localisés à
l'intérieur de deux plantations de sapin baumier appartenant à
deux producteurs d'arbres de Noël du nord-ouest du Nouveau-brunswick.
Le site de Saint-Quentin (47o 30' 35" Nord ;
67o 23' 18" Ouest) (Services Nouveau-Brunswick 2002), est
situé à plus de 300 m d'altitude au centre d'un plateau dans la
chaîne des montagnes des Appalaches sur un sol de type loam à
limoneux. Le terrain est plat et couvert en majorité de forêts et
de terres agricoles. Le pH est compris entre 5.5 et 6.5. Les
températures moyennes pour le mois de janvier sont de -12° C et
pour le mois d'août de 17° C (van Groenewoud 1983). La moyenne
annuelle des précipitations est d'environ 991 mm. Les conditions
météorologiques ayant prévalu durant la période
d'étude sont présentées au tableau 1.1
Le site de Connors (47o 13' 0" Nord
; 68o 49' 59" Ouest) (Services Nouveau-Brunswick 2002) est
situé à environ 45 km à l'ouest d'Edmundston. Le terrain
est vallonné et le territoire est surtout couvert de forêts et de
terres agricoles. Le pH est compris entre 5 et 5.5. La moyenne annuelle des
précipitations est d'environ 976.4 mm. Les températures moyennes
au mois de janvier sont de -7.4° C et au mois d'août de 23° C.
Le sol est aussi de type loam à limoneux.
Les plantations en étude comportent des arbres
âgés de cinq ans et la mise en place du dispositif fut
effectuée lorsque ceux-ci étaient âgés de deux ans.
La plupart des semis étaient des sauvageons.
2.3.2 Le dispositif expérimental et les traitements de
fertilisation
Le dispositif expérimental a été
établi selon un plan en blocs aléatoires complets et a
été installé en juin 2004 dans deux plantations de sapins
de Noël. On retrouve dans ce dispositif quatre blocs
répétitions. A l'intérieur de chaque bloc, on retrouve
treize rangées d'arbres comprenant six rangées pour les six
traitements de fertilisation et une rangée d'arbres agissant comme une
zone tampon entre deux traitements adjacents. L'utilisation des blocs
aléatoires complets se justifie par
l'hétérogénéité du matériel
expérimental d'une part et d'autre part par les critères de
blocking relatifs à des facteurs édapho-climatiques
incontrôlés qui pourraient influencer les variables
mesurées. L'objectif poursuivi dans le choix de ce plan
expérimental est d'augmenter la précision de l'analyse en
réduisant la variable aléatoire.
La poudre sèche du fumier de volailles a
été appliquée au pied des arbres selon les
quantités prescrites par le dispositif expérimental. Le fumier
utilisé est de la fiente de volailles déshydratée et non
compostée, obtenue en vrac par les producteurs d'arbres de Noël
auprès de l'entreprise WestCo filiale de ENVIREM Technologies INC. Il a
une teneur en matière organique supérieure à 75 % et un pH
de 6.3. Les différentes concentrations en éléments
minéraux du fumier de volailles utilisées sont
présentées dans le tableau 1.2 du chapitre I. L'engrais chimique
dénommé McCain Fertilizer est du nitrate d'ammonium de
formulation 20-10-10 (N-P-K).
La fertilisation a eu lieu au mois de juin des années
2004 à 2006. Les traitements sont : témoin ; 0.5 kg de
matière organique (M.O.) arbre-1an-1; 1 kg M.O.
arbre-1an-1;
1 kg M.O. arbre-1 2 ans-1; 2 kg M.O.
arbre-1 2 ans-1et 115 g de 20-10-10 (NPK)
arbre-1an-1.
2.3.3 L'échantillonnage foliaire
Les échantillons des aiguilles de la saison de
croissance en cours ont été prélevés entre les mois
de septembre et octobre des années 2004 à 2006, période
où les teneurs en éléments nutritifs des aiguilles sont
relativement stables et reflètent le mieux les besoins en
éléments nutritifs de l'arbre.
Au total 593 arbres ont été
échantillonnés dont un arbre sur deux dans chaque unité
expérimentale. Par la suite, 250 aiguilles par unité
expérimentale ont été prélevées
aléatoirement, séchées, pesées et les masses
obtenues furent acheminées au Laboratory for Forest Soils and
Environmental Quality (Faculty of Forestry and Environmental Management.
University of New-Brunswick) pour les analyses foliaires en
éléments minéraux.
2.3.4 La coloration foliaire
La couleur des aiguilles de l'année courante a
été déterminée à l'aide de la Charte Munsell
(Munsell Color charts for plant tissues 1977). Les mesures de coloration
foliaire ont été effectuées la même journée
que l'échantillonnage foliaire, soit à l'automne des
années 2004 à 2006 et ont porté sur les 1186 arbres du
dispositif expérimental.
2.3.5 L'analyse vectorielle
Dans l'analyse vectorielle, le contenu en nutriments est
défini comme étant une fonction du poids sec de la plante et de
la concentration en nutriments. Il s'obtient par le produit de la concentration
et la biomasse sèche. L'analyse vectorielle permet d'examiner la
composition en nutriments et la biomasse de la plante dans un diagramme unique
où le contenu en nutriments (x), la concentration en nutriments (y) et
la biomasse (z) satisfont à la fonction : x = f (y, z) (Haase &
Rose 1995). Les valeurs des nutriments et poids sec de référence
ou de contrôle sont généralement fixées à 100
afin de faciliter les comparaisons avec un point de départ commun. Les
valeurs des autres échantillons sont ensuite placées par rapport
à la référence (Haase & Rose 1995).
Dans cette étude les valeurs de référence
sont celles du traitement chimique de formulation 20-10-10.
2.3.6 Les analyses statistiques
Le test d'ANOVA du logiciel de traitement des données
SPSS 15.0 for Windows a été utilisé pour évaluer
l'effet des traitements sur les concentrations et contenus foliaires en
éléments minéraux à un seuil de signification de
10%. Le test de comparaison multiple Tukey du logiciel SPSS a été
utilisé pour la comparaison des moyennes des traitements lorsque les
tests de l'analyse des variances étaient significatifs. Le test LSD a
été utilisé lorsque le test Tukey ne décelait pas
de différences statistiques entre les moyennes des effets simples.
L'évaluation de la coloration du feuillage a été
effectuée avec le test de Khi carré pour l'évaluation des
proportions des couleurs suivi d'un test d'analyse de variance en vue
d'évaluer l'effet des traitements sur ces proportions de couleur.
Le choix du seuil de signification à 10% se justifie
d'une part par une variabilité initiale que l'on juge importante par
rapport aux variables mesurées et d'autre part pour diminuer les risques
d'erreur de type II (â ; ne pas rejeter H0.lorsque
H0 est fausse) (Lemelin 2004 ; Scherrer 1984).
2.4 Résultats
Les résultats des analyses de variance (ANOVA) sont
présentés dans les tableaux 2.1 pour les concentrations foliaires
ainsi que les biomasses sèches des aiguilles et 2.2 pour les contenus
foliaires des éléments minéraux contenus dans les
aiguilles échantillonnées.
Tableau 2.1. Sommaire des analyses de variance :
degrés de liberté (ddl) et valeurs des tests de F selon
l'analyse des variances des concentrations foliaires en éléments
nutritifs et les biomasses sèches des aiguilles.
Tableau 2.2. Sommaire des analyses de variance :
degrés de liberté (ddl) et valeurs des tests de F selon
l'analyse des variances des contenus foliaires en éléments
nutritifs.
2.4.1 Concentrations des éléments
Azote
Entre 2004 et 2006, on a noté une interaction
significative (p=0.001 ; Tableau 2.1) entre traitements et
années d'étude quant aux concentrations (Figure 2.1) foliaires en
azote. Au cours de la saison de croissance de 2004, les concentrations
foliaires en azote étaient élevées pour l'ensemble des
traitements notamment chez les arbres issus des traitements organiques 1kg/an
et 2kg/2ans. En 2005, les concentrations foliaires en azote ont diminué
chez les arbres traités au fumier avec les quantités 1kg/2ans et
2kg/2ans. En 2006, une baisse des concentrations a été
généralement observée chez tous les arbres traités,
sauf pour les traitements au fumier de volailles bisannuels (1kg/2ans et 2
kg/2ans). Les concentrations foliaires en azote ont également
varié selon les années (p=0.021 ; Tableau 2.1).
Celles-ci étaient en moyenne de 2.34%, 2.24% et 2.17% en 2004, 2005 et
2006 respectivement.
Figure 2.1. Concentrations foliaires en azote en fonction des
traitements et des années. p est la probabilité du test
de l'interaction entre traitement et année. 2SE=0.09.
Phosphore
On a noté un effet significatif
(p=0.019 ; Tableau 2.1) des traitements sur les concentrations
foliaires en phosphore entre 2004 et 2006 (Figure 2.2). Les concentrations
foliaires en phosphore ont diminué pour les traitements organique et
chimique et sont restées élevées chez le témoin.
Cependant ces concentrations des arbres traités au fumier de volailles
avec les quantités 1kg/an et 1kg/2ans ne sont statistiquement pas
différentes de celles du témoin. Il a également
été observé une variation des concentrations foliaires en
phosphore selon les années (p=0.000 ; Tableau 2.1).
Celles-ci étaient en moyenne de 0.25 %, 0.23 % et 0.20 % en 2004, 2005
et 2006 respectivement.
Figure 2.2. Concentrations foliaires en phosphore en fonction
des traitements. Les moyennes affectées de la même lettre ne sont
pas statistiquement différentes au seuil á=0.1. p est la
probabilité du test de l'effet des traitements sur les concentrations
foliaires en phosphore.
Potassium
Aucun effet des traitements sur les concentrations foliaires
en potassium n'a été constaté au cours de cette
période (p=0.872; Tableau 2.1).
Calcium
Les traitements n'ont pas eu d'effet sur les concentrations
foliaires en calcium. Toutefois, ces concentrations ont varié selon les
années (p=0.062; Tableau 2.1). Celles-ci étaient en
moyenne de 0.50%, 0.49% et 0.58% en 2004, 2005 et 2006 respectivement.
Magnésium
Entre 2004 et 2006, on a noté une interaction
significative (p=0.019 ; Tableau 2.1) entre traitements et
années (Figure 2.3) quant aux concentrations foliaires en
magnésium. Ces concentrations ont généralement
augmenté au cours de cette période pour l'ensemble des
traitements y compris le témoin. Les concentrations foliaires en
magnésium ont également varié selon les années
d'étude (p=0.000 ; Tableau 2.1). Celles-ci étaient
en moyenne de 0.07%, 0.1 % et 0.1% en 2004, 2005 et 2006 respectivement.
Figure 2.3. Concentrations foliaires en magnésium en
fonction des traitements et des années. p est la
probabilité du test de l'interaction entre traitement et année.
2SE=0.006
Oligo-éléments
Aucun effet des traitements n'a été
observé dans les concentrations foliaires en fer et en zinc entre 2004
et 2006. Par contre, on a noté un effet significatif
(p=0.034 ; Tableau 2.1) des traitements sur les concentrations
foliaires en manganèse entre 2004 et 2006 (Figure 2.4). Les
concentrations foliaires en manganèse ont diminué chez le
témoin et le traitement au fumier de volailles avec la quantité
0.5kg/an. Les concentrations foliaires en fer ont également varié
selon les années d'étude (p=0.023 ; Tableau
2.1).
Celles-ci étaient en moyenne de 48 ppm, 67 ppm, et 40
ppm en 2004, 2005 et 2006 respectivement.
Figure 2.4. Concentrations foliaires en manganèse en
fonction des traitements. Les moyennes affectées de la même lettre
ne sont pas statistiquement différentes au seuil á=0.1.
p est la probabilité du test de l'effet des traitements sur les
concentrations foliaires en manganèse.
2.4.2 Contenus des éléments
Les contenus des aiguilles en azote ont augmenté de
2004 à 2006 (p=0.017 ; Tableau 2.2) chez tous les
traitements sauf pour les traitements bisannuels (1kg/2ans et 2kg/2ans) (Figure
2.5). Selon les années, il a été observé des
variations dans le contenu des aiguilles pour les éléments
minéraux suivants : potassium (p=0.006 ; Tableau
2.2), calcium (p=0.006; Tableau 2.2), magnésium
(p=0.001; Tableau 2.2), fer (p=0.168; Tableau 2.2) et
zinc (p=0.087, Tableau 2.2).
Par contre aucun effet des traitements n'a été
constaté dans les contenus foliaires en phosphore (p=0.856), en
calcium (p=0.906), en magnésium (p=0.792), en fer
(p=0.558) et en zinc (p=0.759). Il a également
été observé un effet des traitements
(p=0.025 ; Tableau 2.2) dans les contenus foliaires en
manganèse (Figure 2.6) ainsi qu'une interaction significative
(p=0.053 ; Tableau 2.2) entre les traitements et les
années dans les contenus foliaires en magnésium (Figure 2.7).
Figure 2.5. Contenus foliaires en azote en fonction des
traitements et des années. p est la probabilité du test
de l'interaction entre traitement et année. 2 SE= 0.3.
Figure 2.6. Contenus foliaires en manganèse en fonction
des traitements. Les moyennes affectées de la même lettre ne sont
pas statistiquement différentes au seuil á=0.1. p est la
probabilité du test de l'effet des traitements sur les contenus
foliaires en manganèse.
Figure 2.7. Contenus foliaires en magnésium en fonction
des traitements et des années. p est la probabilité du
test de l'interaction entre année et traitement. 2SE=0.012.
2.4.3 Biomasses sèches des aiguilles
Aucun effet des traitements sur les biomasses sèches
des aiguilles n'a été observé (p=0.995 ;
Tableau 1.3). Cependant elles ont augmenté avec les années
(Figure 2.8) ayant des valeurs plus importantes en 2006.
Figure 2.8. Valeurs moyennes de la biomasse sèche en
fonction des années. Les moyennes affectées des lettres
différentes sont statistiquement différentes au seuil
á=0.1. p est la probabilité du test de l'effet des
traitements sur la biomasse sèche des aiguilles.
2.4.4 L'analyse vectorielle
Azote
L'analyse vectorielle des aiguilles
échantillonnées en 2004 indique une augmentation des
concentrations et contenus foliaires en azote sans changement notable de la
biomasse sèche pour tous les traitements à l'exception du
traitement avec 0.5 kg/an de fumier de volailles par rapport à la
référence (traitement chimique). Ces résultats
observés au cours de cette année indiquent une consommation de
luxe en azote pour tous les traitements à l'exception du traitement
avec 0.5 kg/an de fumier de volailles par rapport à la
référence (traitement chimique). À noter que les
concentrations, contenus et biomasses sèches les plus importants furent
observés chez les arbres traités avec 2kg/2ans de fumier de
volailles (Figure 2.9a). En 2005, l'analyse vectorielle indique un effet
d'antagonisme chez les traitements bisannuels avec le fumier de volailles de
même que ceux n'ayant reçu aucune application de fertilisant
comparativement à l'engrais chimique (Figure 2.9b). En 2006, Les arbres
traités avec 1kg/2ans de fumier de volailles ont eu les concentrations
et contenus foliaires en azote les plus élevés (Figure 2.9c). En
général, les arbres témoins ont connu une baisse des
concentrations et contenus foliaires de même que la biomasse sèche
au cours des années 2004 à 2006.
Phosphore
L'analyse vectorielle des aiguilles
échantillonnées en 2004 indique une augmentation des
concentrations et contenus foliaires en phosphore sans changement de la
biomasse sèche pour tous les traitements à l'exception du
traitement avec 0.5 kg/an de fumier de volailles par rapport au traitement de
référence. (Figure 2.9a). Ce résultat indique que le
phosphore est en consommation de luxe comme observé chez l'azote au
cours de cette année. En 2005, les traitements au fumier de volailles
avec les quantités 1kg/2ans et 0.5kg/an ont induit une diminution des
concentrations et contenus foliaires en phosphore sans changement de la
biomasse. Ce résultat indique que le phosphore apporté en 2005
par la fertilisation avec ces quantités est en excès
entraînant un effet d'antagonisme (Figure 2.9b).
En 2006, aucun résultat significatif ne fut noté
bien qu'on ait observé une hausse non significative de la biomasse
sèche chez les arbres traités au fumier de volailles avec la
quantité 0.5kg/an.
Potassium
En 2004 et 2005 tous les traitements y compris le
témoin ont induit une augmentation en concentration, contenu sans
changement de la biomasse sèche comparativement au traitement chimique
(point de référence). Ce résultat indique une consommation
de luxe en potassium chez ces traitements.
En 2006, aucun résultat significatif ne fut noté
bien qu'on ait observé une hausse non significative de la biomasse
sèche chez les arbres traités au fumier de volailles avec la
quantité 0.5kg/an.
a) 2004
b) 2005
c) 2006
Figure 2.9. Réponses en nutriments (azote, phosphore et
potassium) et poids sec des aiguilles du sapin baumier selon les traitements en
2004 (a), 2005 (b) et 2006 (c).
2.4.5 Couleurs du feuillage
Les résultats du test de Khi carré
n'étaient pas conformes aux conditions d'application de ce test puisque
80% des classes ne possédaient pas une fréquence théorique
supérieure ou égale à 5 (Scherrer 1984). Pour y
remédier, une seconde analyse a été réalisée
en sélectionnant dans la base de données les couleurs les plus
représentées (effectifs plus importants) et
considérées optimales de par les meilleures couleurs
observées.
Cette analyse a porté sur les couleurs 7.5 GY 3/4; 7.5
GY 4/4 ; 7.5 GY 3/4 ; 5 GY 4/4 et 5GY 3/4. Les résultats obtenus ont
satisfait aux conditions d'application du test de Khi Carré puisque
aucune classe n'avait un effectif théorique inférieur à 5.
La signification asymptotique (bilatérale) n'était pas
significative (p=0.631). On en a déduit que la distribution des
couleurs n'était statistiquement pas différente entre les
traitements.
Les proportions des cinq couleurs représentatives par
bloc et par traitement ci-dessus énumérées ont
été ensuite analysées à l'aide de l'analyse de
variance (ANOVA). Aucun traitement n'a modifié la coloration foliaire
entre 2004 et 2006. Les seuils de signification obtenus pour chacun des codes
de couleur étaient : 7.5 GY 3/4 (p=0.68), 7.5 GY 4/4
(p=0.79), 7.5 GY 3/4 (p=0.84), 5 GY 4/4 (p=0.39), 5
GY 3/4 (p=0.92).
a)
b)
c)
d)
e)
Figure 2.10. Effets des traitements sur les proportions des
couleurs 7.5 GY 3/4 (a), 7.5 GY 4/4 (b), 7.5 GY 3/4 (c), 5 GY 4/4 (d) et 5 GY
3/4 (e).
2.5 Discussion
2.5.1 Analyses foliaires
Les traitements organiques annuels n'ont pas modifié
significativement les concentrations des éléments minéraux
par rapport au traitement chimique contrairement aux traitements organiques
bisannuels. De plus, les variations observées ont toujours
été dans des proportions adéquates pour ces
éléments indiquant l'absence d'effet toxique ou d'une
déficience. Les traitements appliqués ont modifié les
concentrations foliaires en azote au cours des années 2004 à
2006. Des résultats similaires furent observés par Leaf, Berglund
& Léonard (1970) dans une expérience sur le feuillage de 40
espèces de pin rouge (Pinus resinosa, Ait.) au cours de
laquelle, ils ont observé des différences significatives des
concentrations foliaires en N, P, K, Ca et Mg sur une période de six
années.
Dans un essai de l'application d'un fertilisant sur
l'épinette de Norvège, Tamm (1968) a montré des variations
substantielles des concentrations en nutriments dans les parcelles
témoins sur une période de six années comme
observées par Leaf et al. (1970). En 2005 les concentrations
des traitements annuels demeurent élevées par contre celles du
témoin et des traitements bisannuels ont diminué fort
probablement parce qu'aucun traitement n'a été appliqué au
cours de cette année dans ces unités expérimentales. En ce
qui concerne les concentrations observées chez le témoin en 2004,
il est plausible de croire que l'azote ait été transloqué
vers les aiguilles de l'année courante afin de maintenir une
concentration comparable aux autres traitements. Toutefois, dès 2005, la
concentration en azote a diminué chez le témoin. En 2006, la
concentration foliaire en azote diminue chez tous les traitements. Cette
diminution pourrait s'expliquer par la forte pluviométrie
enregistrée au cours du mois de juin 2006 (Tableau 1.1; Chapitre I),
période d'application des fertilisants qui aurait occasionné un
lessivage de cet élément. Cependant, les concentrations en azote
foliaire obtenues sont dans des proportions adéquates (entre 1.8 et 2% ;
Hatch 1987).
Les concentrations foliaires en phosphore chez les arbres
traités sont en baisse comparativement au traitement témoin bien
que les concentrations obtenues soient dans les limites adéquates (0.2
à 0.5% ; Heller et al. 1998). Cette baisse des concentrations
chez les arbres fertilisés pourrait s'expliquer par une insuffisance du
phosphore disponible pour le maintien de la biomasse végétale
produite. Cette insuffisance serait attribuable à la fixation des ions
phosphoriques aux hydroxydes de fer et d'aluminium, aux colloïdes
minéraux et organiques (Blanchet 1959), les rendant de ce fait moins
assimilables par les arbres.
L'effet des concentrations en calcium observé durant
les années 2004 à 2005 pourrait s'expliquer par un manque ou un
excès d'humidité dans le sol qui interfère avec
l'absorption du calcium (Kirkby & Pilbeam 1984). Aussi, Marschner (1986)
attribue une baisse des concentrations en calcium à la
compétition de cet élément avec d'autres cations tels que
NH4+ (ammonium), K+ (potassium),
Mg++ (magnésium) et le Na+ (sodium) pour son
absorption par les racines. Les résultats indiquent des proportions
adéquates en magnésium dans les tissus foliaires et une
augmentation des concentrations et des contenus en fonction des traitements et
des années dénotant ainsi de sa parfaite assimilation pour
l'ensemble des traitements. En général, les concentrations et
contenus en manganèse dans les tissus foliaires ne diffèrent pas
de manière significative chez les arbres traités à
l'engrais chimique et au fumier de volailles, laissant supposer une absorption
de cet élément dans les mêmes quantités. L'effet des
concentrations en fer et en zinc observé au cours des années
pourrait être lié à des phénomènes
d'antagonisme ou de synergie et même à des facteurs climatiques
intervenant en milieu incontrôlé.
2.5.2 Analyses vectorielles
Les analyses vectorielles n'ont pas montré de
problème de déficience en azote, phosphore ou en potassium
(Figure 2.9). Toutefois, un antagonisme a été noté chez
l'azote au niveau des traitements bisannuels au fumier de volailles et les
arbres témoins en 2005. De plus ces analyses ont montré que les
traitements bisannuels au fumier de volailles ont produit les meilleurs effets
sur les concentrations et contenus foliaires en azote des aiguilles
échantillonnées en 2004 et 2006. Ce fait étant lié
à une plus importante disponibilité des éléments
minéraux associée à ces quantités et
fréquences d'applications ainsi qu'une meilleure absorption de ceux-ci
dans la solution du sol.
La baisse des concentrations en phosphore chez les arbres
traités peut être attribuable à un effet d'antagonisme de
l'azote sur l'absorption du phosphore comme rapporté par Bekele, Hudnall
& Tiarks (1999) lors d'une expérience dans une plantation
juvénile de Pinus taeda suite à une fertilisation
azotée.
Aussi Olykan, Adams, Normeyer & McLaren (1995) ont
observé une baisse significative des concentrations foliaires en
phosphore dans une plantation de Pinus radiata âgée de 4
ans une année après une fertilisation azotée.
Les variations de biomasse sèche observées dans
l'analyse vectorielle reflètent bien les traitements administrés.
La biomasse sèche des aiguilles chez le témoin diminue de 2004
à 2006 alors que celles des traitements organiques bisannuels fluctuent
en réponse à la fertilisation appliquée en 2004 et 2006.
2.5.3 La coloration foliaire
Les tests de coloration foliaire ont montré que la
fertilisation aussi bien chimique qu'organique n'a pas influencé la
couleur des aiguilles au cours de ces trois années d'étude. On
peut supposer que les éléments minéraux majeurs tels que
l'azote et le magnésium, constituants essentiels de la chlorophylle
étant dans des proportions adéquates, la couleur des aiguilles ne
pouvaient pas varier.
Aussi est-il important de mentionner que la coloration
recherchée par les producteurs correspondant au code 5GY3/4 a
dominé dans toutes les unités expérimentales du dispositif
étudié.
2.6 Conclusion
Les différents traitements ont fait varier les
concentrations foliaires en éléments nutritifs à
l'intérieur des proportions adéquates et n'ont pas modifié
la coloration des aiguilles. De plus, l'analyse vectorielle a montré que
les traitements bisannuels au fumier de volailles ont produit les meilleurs
effets sur les concentrations et contenus foliaires en azote des aiguilles
échantillonnées sans avoir varié la biomasse de celles-ci.
Cette accumulation d'éléments nutritifs notamment l'azote dans
les aiguilles sans allocation vers leur croissance suscite de l'interrogation
sur les applications de ce fertilisant organique. Les questions qui se posent
sont de savoir si ces applications résulteront à long terme
à un effet toxique ou en un effet bénéfique pour la
croissance des arbres. Aussi, les observations chez les arbres témoins
laissent suggérer l'avantage d'une expérimentation sur des sites
préalablement exempts d'application de fertilisants pour mener à
bien une meilleure discussion des variables mesurées suite aux
traitements.
Eu égard aux résultats de l'analyse vectorielle
chez les arbres traités avec les quantités bisannuelles de fumier
de volailles en réponse à la fertilisation en 2004 et en 2006, le
traitement 1kg/2ans de fumier de volailles pourrait être
recommandée aux producteurs. L'application de cette quantité leur
permettrait de réduire les coûts liés à l'achat des
fertilisants et de la manutention en plantation d'arbres de Noël.
Cependant, il conviendrait d'encourager la poursuite de cette étude et
réaliser un suivi des nutriments dans le sol.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Nos résultats indiquent que le traitement au fumier de
volailles est aussi efficace que l'engrais chimique couramment utilisé
en plantation d'arbres de Noël et que les quantité et
fréquence d'applications du fumier de volailles ont influencé
positivement (1) la capacité photosynthétique maximale
(Amax), (2) la surface foliaire spécifique, (3) la
respiration du sol, et (4) la croissance en diamètre au collet des
arbres. La hauteur des arbres n'a pas été influencée par
les traitements à cause de la taille de la flèche terminale par
les producteurs. Les différents traitements de fumier de volailles ont
également varié les concentrations foliaires en
éléments nutritifs à l'intérieur des proportions
adéquates et n'ont pas modifié la coloration des aiguilles. De
plus, l'analyse vectorielle a montré que les traitements bisannuels au
fumier de volailles ont produit les meilleurs effets sur les concentrations et
contenus foliaires en azote des aiguilles échantillonnées.
L'absence de différences très significatives
entre le témoin et les traitements organiques pour la Amax,
la surface foliaire spécifique et le taux relatif de croissance en
diamètre observée dans le chapitre 1, de même que les
concentrations toujours dans des proportions adéquates dans le chapitre
2 suscitent des interrogations sur l'opportunité de fertiliser les
plants ou non à ce stade de croissance. De plus, la comparaison entre le
témoin et le traitement chimique semble nous indiquer que la
fertilisation chimique pourrait ne pas être optimale pour la croissance
des arbres.
Selon les résultats obtenus et les coûts
associés à l'achat et à la manutention des fertilisants en
plantation d'arbres de Noël, nous recommandons aux producteurs d'appliquer
1kg de fumier de volailles par arbre tous les deux ans. Il faut tout de
même rappeler aux producteurs d'évaluer leur coût en
fonction du prix de la tonne métrique et de la quantité
appliquée en engrais chimique ou en engrais organique.
Dans notre étude, nous appliquions 5 fois plus de
matière organique (M.O.) que d'engrais chimique pour obtenir la
même quantité d'azote (0,5 kg M.O. par arbre vs 0,1 kg 20-10-10
par arbre). Donc, le prix revient au même si la tonne d'engrais chimique
de formulation 20-10-10 vaut 400$ et que la tonne de M.O. équivaut
à 80$. Toutefois, la fertilisation organique améliore les
propriétés physico-chimiques du sol contrairement à
l'engrais chimique.
Nous recommandons également d'évaluer la
période de temps nécessaire pour l'apparition de carences
nutritives chez le témoin et ainsi confirmer la nécessité
de fertiliser ou non les arbres. Un suivi des nutriments dans la solution du
sol pourrait aussi répondre à la question du lessivage des
nutriments et suggérer des quantités d'application
inférieures, voire 0,5 kg tous les deux ou trois ans. De plus, nous
suggérons de surveiller les concentrations en
oligo-éléments tels le cuivre et le zinc qui sont
généralement abondants dans le fumier de volailles et qui
pourraient s'accumuler dans le sol et causer éventuellement des effets
toxiques chez les arbres.
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