THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
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POST GRADUATE SCHOOL FOR
SOCIAL AND EDUCATIONAL SCIENCES
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DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR
SOCIAL SCIENCES
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UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I
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CENTRE DE RECHERCHES ET DE
FORMATION DOCTORALE
EN SCIENCES SOCIALES
ET ÉDUCATIVES
******************
UNITÉ DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES HUMAINES
ET SOCIALE
*****************
LE PERSONNEL POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE CAMEROUNAIS DANS
LE FONCTIONNEMENT ET LE PROCESSUS DE PRISE DE DÉCISION A
L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES (1960-2017)
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
diplôme de Master en Histoire
Spécialisation :
Histoire des Relations Internationales
Par :
Ezékiel ZANG NGBWA
(Licencié en Histoire)
Sous la direction de :
Philippe Blaise ESSOMBA
Professeur
Mai 2021
DÉDICACE
A
Mon père, Gabriel Ngbwa Owono (1953-2016), pour ses
efforts indéfectibles pour l'essor de ma formation et mon
éducation. Que la terre de nos ancêtres lui soit
légère.
SOMMAIRE
DÉDICACE
i
SOMMAIRE
ii
SIGLES ET ACRONYMES
iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS
vi
RÉSUMÉ
vii
ABSTRACT
viii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
CHAPITRE I :
30
LA COOPÉRATION CAMEROUN-ONU : ORIGINES
ET GÉNÉRALITÉS
30
I. DES PREMIÈRES INTERVENTIONS
CAMEROUNAISES À L'ONU : LE NATIONALISME CAMEROUNAIS DANS LES
TRIBUNES ONUSIENNES
32
II. LES FONDEMENTS DE LA DIPLOMATIE ONUSIENNE
DU CAMEROUN
46
III. TYPOLOGIE DES PERSONNELS
53
IV. LES CRITERES DE DESIGNATION DES
ACTEURS
62
CHAPITRE II :
69
I. LES POLITIQUES ET DIPLOMATES CAMEROUNAIS
FACE AUX QUESTIONS D'INTÉRÊT NATIONAL
71
II. LES RESSORTISSANTS CAMEROUNAIS DANS LA
DIPLOMATIE DE L'IMAGE ET DU RAYONNEMENT DU CAMEROUN DANS LES TRIBUNES
ONUSIENNES
84
CHAPITRE III :
91
I. LES CAMEROUNAIS FACE AUX GRANDES
PROBLÉMATIQUES INTERNATIONALES
92
II. LES ACTEURS CAMEROUNAIS FACE AUX CONFLITS
ET CONTENTIEUX INTERNATIONAUX
100
III. QUELQUES GRANDS NOMS CAMEROUNAIS
À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
107
CHAPITRE IV :
111
I. UNE APPROCHE D'ÉQUILIBRE
MESURÉ DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
112
2. FORCES ET FAIBLESSES DE LA DIPLOMATIE
CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
116
3. LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES
TRIBUNES ONUSIENNES : PERSPECTIVES
121
CONCLUSION GÉNÉRALE
124
ANNEXES
126
SOURCES ET RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
135
TABLE DE MATIÈRE
144
REMERCIEMENTS
Ce travail n'a pas été une oeuvre
isolée. C'est pourquoi nous tenons absolument à adresser nos
profonds et sincères remerciements à notre directeur de
mémoire, le Professeur Philippe Blaise Essomba, et son assistant, le
Professeur Moussa II Lissou, qui ont accepté de le diriger, et ceci
nonobstant leurs multiples occupations administratives et académiques.
Nous tenons également à saisir cette occasion pour leur signifier
notre profonde reconnaissance pour tout l'encadrement dont nous avons
bénéficié de leur part depuis notre entrée à
l'université, et pour l'attention particulière dont ils ont fait
montre à notre égard tout au long de notre cursus
académique.
Nous tenons aussi à témoigner tout notre
gré à toute la communauté éducative de
l'Université de Yaoundé I, et en l'occurrence à celle du
Département d'Histoire, pour tous les efforts et moyens mis sur pied
pour la réussite de notre formation.
Nous adressons également nos remerciements les plus
chaleureux aux personnels et responsables des administrations et centres de
recherche dans lesquels nous avons récolté des informations et
effectué nos recherches. Nous pensons particulièrement aux
personnels et responsables du Ministère des Relations Extérieures
et de la Fondation Paul Ango Ela.
La réalisation de ce travail n'aurait pas
été chose aisée sans la présence à nos
côtés de notre famille, dans toute sa largeur et toute sa
diversité. Ceci dit, nous tenons à saisir cette occasion pour
remercier profondément notre mère, Odile Ngbwa, et nos tantes,
Amougou Céline et Angono Bene Jeanne d'Arc, pour tous les efforts et
sacrifices consentis pour notre éducation, et pour leur soutien et
encadrement multiformes. Que tous nos autres parents, frères, soeurs,
neveux et nièces qui ont contribué diversement à la
réalisation de ce travail soient ici remerciés.
Que nos camarades et amis Sébastien Ombe, Alembert
Noumbissie, Stéphane Bindzi, Xavier Mengue, Abdou Youmeni, Yves
Nguélé, Boris Homkimi et Serge Njikam trouvent aussi ici
l'expression de notre gratitude pour tout leur soutien et leur aide
multiforme.
Enfin, nous réitérons toute notre gratitude et
toute notre déférence à tous ceux qui, de près ou
de loin, et sous des formes diverses, ont contribué à la
réalisation de ce travail.
SIGLES ET ACRONYMES
AIEA : Agence Internationale de
l'Énergie Atomique
ARCAM : Assemblée
Représentative du Cameroun
ATCAM : Assemblée territoriale du
Cameroun
BDC : Bloc Démocratique
Camerounais
CEDEAO : Communauté des États
de l'Afrique de l'Ouest
CEEAC : Communauté Économique
des Etats de l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Économique
et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale
CIJ : Cour Internationale de Justice
ENA : École Nationale
d'Administration
ESOCAM : Évolution Sociale du
Cameroun
FOMMUC : Force Multinationale Mixte
Continentale
IRIC : Institut des Relations
Internationales du Cameroun
KNC : Kamerun National
Congress
KNDP : Kamerun National Democratic
Party
MINREX : Ministère/Ministre des
Relations Extérieures
MINUSCA : Mission Multidimensionnelle
Intégrée des Nations-Unies pour le Secours à la
Centrafrique
OACI : Organisation de l'Aviation Civile
Internationale
OCI : Organisation de la
Coopération Islamique
OIF : Organisation Internationale de la
Francophonie
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMPI : Organisation Mondiale de la
Propriété Intellectuelle
ONU : Organisation des Nations-Unies
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs
de Pétrole
OTAN : Organisation du Traité de
l'Atlantique-Nord
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
RDC : République
Démocratique du Congo
RFA : République
Fédérale d'Allemagne
RTI :
Radiotélévision Ivoirienne
SADC : South Africa Development
Corporation
SWAPO: South West Africa People's
Organization
SDN : Société Des Nations
UEAC : Union des Etats de l'Afrique
Centrale
UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest-africaine
UIT : Union Internationale des
Télécommunications
UPC : Union des Populations du Cameroun
URSS : Union Des Républiques
Socialistes et Soviétiques
USA : United States of America
(États-Unis d'Amérique)
USC : Union Sociale Camerounaise
USCC : Union des Syndicats
Confédérés du Cameroun
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Tableau 1 : Les
présidents de la République du Cameroun et leurs principales
interventions aux sessions de l'Assemblée générale des
Nations-Unies
55
Tableau 2 : Les
ministres des Relations extérieures du Cameroun depuis 1960
58
Tableau 3 : Les
représentants du Cameroun à l'ONU depuis 1960
61
Carte N° 1 : Carte de
la péninsule de Bakassi
76
Photo N° 1 : Ruben
Um Nyobe de retour de l'ONU (New-York)
45
Photo N° 2 : Le Premier Ministre Ahmadou
Ahidjo devant le Conseil de tutelle des Nations-Unies en 1958
45
Photo N° 3:
Arrivée du Premier Ministre du Cameroun britannique (Southern
Cameroons), John Ngu Foncha à New-York, février 1959
46
Photo N° 4: Le
Président Paul Biya, le Secrétaire général de
l'ONU, et le Président Obasanjo à la signature de l'accord de
Greentree, 12 juin 2006
81
Photo N° 5: Le
Président Paul Biya s'adressant à l'Assemblée
générale des Nations-Unies lors de la 60ème
session (2005)
85
Photo N° 6: Le
Président Paul Biya à la 70ème session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies
98
Photo N° 7: Le
Président Paul Biya à la 72ème session de
l'Assemblée générale de l'ONU
99
Photo N° 8: Ferdinand
Léopold Oyono
108
Photo N° 9: Paul Bamela
Engo
109
Photo N° 10: Michel
Tommo Monthé
110
RÉSUMÉ
Notre travail s'intitule : «LE PERSONNEL POLITIQUE
ET DIPLOMATIQUE CAMEROUNAIS DANS LE FONCTIONNEMENT ET LE PROCESSUS DE PRISE DE
DECISION A L'ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS-UNIES (1960-2017)». 1960
représente l'accession du Cameroun à la souveraineté
internationale, et le début de ses relations officielles avec le
Système des Nations-Unies en tant qu'Etat à part entière.
2017 quant à lui représente la date de la dernière
intervention d'une personnalité camerounaise à l'Assemblée
générale des Nations-Unies, sur une problématique majeure
de la société internationale.
Cette analyse pose le problème de l'efficacité
de l'action des acteurs politiques et diplomatiques camerounais au sein de
l'Assemblée générale de l'ONU dans le fonctionnement et la
prise de décision dudit organe d'une part, et de tout le système
onusien d'autre part. Cette étude s'inscrit dans une démarche
méthodologique à la fois diachronique et synchronique, et vise un
triple objectif scientifique, pédagogique et prospectif.
Le Cameroun, jadis protectorat allemand, territoire sous
mandate de la SDN puis sous tutelle des Nations-Unies, accède à
l'indépendance et à la souveraineté internationale le
1er janvier 1960. Ainsi, en tant qu'Etat à part
entière, il participe de ce fait à toutes les entités de
la vie internationale, tant à l'échelle africaine que mondiale,
la plus grande de toutes ces entités étant l'Organisation des
Nations-Unies. Sa politique au sein de cette organisation, fondée sur
des facteurs historiques, idéologiques et stratégiques, a pour
principaux acteurs ses dirigeants et ses représentants au sein de ladite
organisation.
Ceux-ci se sont illustrés au sein de l'Assemblée
générale de cette organisation par des interventions et des
prises de position sur des sujets aussi nombreux et variés que les
questions d'intérêt national, la diplomatie de l'image et du
rayonnement, les grandes problématiques internationales, ainsi que les
conflits et contentieux internationaux.
Les succès notoires enregistrés par cette
diplomatie ne doivent pas faire ombrage sur les échecs qui, après
analyse, sont dus à la faiblesse géopolitique et
économique du pays, et au difficile arrimage de ses dirigeants sur les
sentiers de la diplomatie moderne. D'où une impérative
réorientation de sa politique étrangère, basée sur
la recherche de la puissance économique, et sur la refonte des
instruments de sa politique internationale.
ABSTRACT
Our work is entitled: «LE PERSONNEL POLITIQUE ET
DIPLOMATIQUE CAMEROUNAIS DANS LE FONCTIONNEMENT ET LE PROCESSUS DE PRISE DE
DECISION A L'ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS-UNIES (1960-2017)», 1960
representing the date of the formal UN trusteeship territory to international
sovereignty, and 2017 the last intervention of a Cameroonian major political
actor in the Assembly, about a major problematic concerning international
society as a hole.
This study brings out the scientific problem of efficacy
of Cameroonian political leaders and diplomats action in the functioning and
decision process of the Assembly in particular, and the UN System in general.
The work is based on a diachronic, synchronic and qualitative
methodology.
Cameroon has respectively been a German protectorate, a
territory under the mandate of the League of Nations, and an UN trusteeship's
territory, before acquiring its independence and international sovereignty on
the 1st January 1960. Therefore, the country has been participating
since then to all the entities of international society, as well in the
regional level than at world level, United Nations Organization remaining the
greatest of these entities. Its policy in that organization in based on
historical, ideological and strategic factors, with political leaders and
diplomats beside the organization as main actors.
These politicians and diplomats have illustrated
themselves through their interventions and positions concerning several and
various topics as national interest issues, image and shining diplomacy, major
international problematics, and international conflicts
These actions have led to many success and failures.
According to us, these failures can be imputed the poor geopolitical and
economic situation of the country, and to the difficulties of its leaders to
slow the country on the ways of a modern diplomacy. That's why the Cameroon
foreign policy must be reoriented with modern instruments, and a policy of
economic empowerment.
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
1. Cadre
général de l'étude
Le traité de Versailles, signé le 18 juin 1919,
augure une nouvelle période dans l'histoire des relations
internationales contemporaines, à savoir celle de ce que le juriste
camerounais Adamou Ndam Njoya appelle `'l'ère de la
société internationale organisée''.1(*) Même si l'histoire des
organisations internationales ne commence pas exactement avec ce traité
qui, du reste, donne naissance à la Société des
Nations2(*), le
caractère particulier de cette organisation, qui fut tout à fait
spéciale en son genre, fait des organisations internationales des
acteurs de premier plan dans le jeu politique et diplomatique mondial. Pour
comprendre l'importance cruciale que vont jouer ces organisations à
partir de cette période, il faudrait au préalable examiner les
évènements ayant conduit à la mise sur pied de
l'organisation de Genève, et ensuite analyser certains enjeux qui se
dessineront au fil du temps.
La Société des Nations trouve ses origines dans
le traité de Versailles, et dans le célèbre
quatorzième point du président américain Thomas Woodrow
Wilson, qui préconise la création d'une association regroupant
toutes les nations du monde entier, et dont la mission fondamentale serait de
préserver la paix et la sécurité internationales.3(*) Il faut noter que cette
organisation voit le jour au lendemain de la Seconde guerre mondiale, qui
s'inscrit alors dans l'Histoire comme le premier conflit armé à
caractère universel, et le conflit le plus meurtrier La paix et la
sécurité mondiales deviennent donc, dès lors, une
préoccupation majeure de l'ensemble de la communauté
internationale, d'où l'impératif catégorique d'une
organisation dont le rôle sera de coordonner et de réguler la
société internationale. Toutefois, force a été de
constater, plus d'une vingtaine d'années après sa
création, son échec cuisant et lamentable dans sa mission de
préservation d'un monde stable et pacifique. Cet échec, qui soit
dit en passant se traduisit par l'éclatement en août 1939 de la
Seconde guerre mondiale, va justifier son remplacement, le 26 juin 1946, par
l'Organisation des Nations-Unies.
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, on assiste
à l'éclatement d'un conflit idéologique entre les deux
super-grands d'alors (États-Unis et Union Soviétique), lequel va
diviser le monde en deux blocs antagonistes : le bloc capitaliste (bloc de
l'Ouest), et le bloc communiste (bloc de l'Est). Durant cette période,
seront mises sur pied des organisations politico-militaires,
généralement sous l'égide des superpuissances leaders des
deux blocs : l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN),
et le Pacte de Varsovie.
À partir de cette même période, on va
observer la naissance de nouveaux Etats sur la scène internationale,
notamment en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Ces Etats vont manifester,
dès leur entrée dans la société mondiale, leur
désir de s'affirmer auprès de leurs pairs. Ce désir va
tout d'abord se traduire par leur adhésion à des organisations
déjà existantes, dont l'ONU, en particulier, et ensuite par la
naissance d'idéologies nouvelles, tel que le panarabisme et le
panafricanisme. Ces idéologies vont à leur tour accoucher
d'organisations d'une toute autre nature : organisations à
caractère régional, organisations sous-régionales,
organisations à caractère identitaire, organisations de
coopération économique...
Mais toute cette panoplie d'organisations, dont le rôle
et l'action ont certes une grande portée dans la géopolitique
internationale, ne déclassent nullement l'Organisation des
Nations-Unies, dont la place et le rôle dans la coordination et la
régulation des relations internationales reste primordiaux. Notre
travail se situe donc dans un contexte où la diplomatie
multilatérale, dont l'ONU se pose comme principal acteur, s'avère
être la forme de coopération internationale la plus en vogue. Nous
nous proposons, dans cette étude, d'analyser et de comprendre le
rôle de l'Afrique, à travers l'exemple d'un pays africain qui est
le Cameroun, dans ce système onusien, dont l'Assemblée
générale constitue le maillon fondamental.
2. Raisons du choix du
sujet
Le choix de ce thème a été guidé
par trois mobiles fondamentaux : la spécialisation,
l'intérêt pour les affaires africaines, et l'intérêt
pour la géopolitique internationale.
La diplomatie multilatérale est désormais la
forme de coopération internationale prépondérante dans le
système international contemporain. C'est cette nouvelle donne de la
société internationale, dans laquelle l'Organisation des
Nations-Unies est devenue un acteur phare, qui a attiré
l'intérêt d'historien spécialiste des relations
internationales en général, et d'historien africain en
particulier.
Autre facteur ayant guidé ce choix :
l'intérêt pour les affaires africaines. Ce mobile, qui est
également doublé de l'esprit panafricaniste et tiers-mondiste,
est né pendant, et surtout au lendemain des crises ivoirienne et
libyenne, en 2010 et en 2011. Les issues tragiques de ces deux conflits, dont
l'impact et la portée ont fortement compromis l'avenir du continent
africain, ont renforcé la volonté et la détermination pour
les affaires africaines.
L'intérêt pour les affaires africaines, tout
comme la spécialisation choisie, nous a amené à jeter le
dévolu sur un champ tout aussi intéressant et fascinant, à
savoir la géopolitique internationale. En effet, l'observation et
l'analyse des faits et évènements à la fois des jeux
politiques et diplomatiques en Afrique et dans le monde conduisent à un
certain nombre de constats.
Le premier constat est que de façon
générale, les mutations politiques, économiques, et
parfois même sociales de la plupart des Etats africains, sont
conditionnées par les velléités de puissances
étrangères, souvent motivées par des mobiles subtils,
notamment des conflits d'intérêt. L'Afrique en a très
souvent été victime.
En deuxième ressort, il est clair que les organisations
internationales, éléments essentiels de cette chaîne, sont
très souvent utilisées comme des instruments au service des
grandes puissances.4(*)
À titre illustratif, l'Organisation des Nations-Unies est intervenue
rapidement en 1990 lors de la Deuxième Guerre du Golfe pour
préserver les intérêts américains5(*), et en 2011 en Libye pour
préserver ceux d'un ensemble de puissances occidentales
(États-Unis, France, Grande-Bretagne et Italie).
Cependant, les grandes puissances ne sont pas les seuls pays
à se servir des organisations internationales, en l'occurrence des
Nations-Unies à leur guise. En effet, même si tous les autres
Etats n'ont pas le même pouvoir d'instrumentalisation, on peut
néanmoins observer que la politique menée par la plupart d'entre
eux vis-à-vis de ces organisations s'explique par des
intérêts au fil des temps. Par exemple, le Cameroun entretenait
des rapports très tièdes avec les institutions de Bretton Woods
durant la deuxième décennie et jusqu'à la moitié de
la troisième décennie de son indépendance, du fait de sa
situation économique alors reluisante à cette époque.
Toutefois, à partir de la seconde moitié des années 1980,
ces rapports vont devenir étroits à cause des effets
néfastes de la crise économique. 6(*)
Ce sont certainement les mêmes mobiles qui
poussèrent le pays à adhérer à l'Organisation
Internationale de la Francophonie et au Commonweath of Nations, respectivement
en 1990 et 1995. Pourtant, le pays avait toujours marqué sa
défiance vis-à-vis de ces organisations, arguant alors de sa
spécificité biculturelle.
C'est donc cet ensemble d'aléas de la
société internationale qui ont suscité notre
intérêt au comportement d'un Etat au sein de l'Assemblée
générale des Nations-Unies.
3. Objet de
l'étude
Notre travail vise un triple objectif : scientifique,
pédagogique et prospectif. Sur le plan scientifique, il s'agit tout
d'abord de contribuer, en qualité d'historien des relations
internationales, à l'étude d'un domaine encore peu exploré
de la diplomatie camerounaise, à savoir sa politique onusienne. La
présente étude ambitionne donc d'apporter un plus à
l'histoire de la diplomatie et de la politique étrangère du
Cameroun.
Ce travail se propose également de continuer à
défricher un champ scientifique dont les bases avaient
déjà été lancées depuis plusieurs
années par bon nombre d'aînés, dont Georges Patrice Etoa
Oyono et Carine Ngono Owono, qui se sont intéressés à deux
grandes figures de la diplomatie camerounaise, et à bien d'autres
paramètres de la diplomatie camerounaise. 7(*)
Toujours dans le même ordre d'idée, il faut
relever que bon nombre de spécialistes des questions de politique
étrangère avaient déjà travaillé sur la
diplomatie camerounaise. Dans cette trempe, nous pouvons citer Adamou Ndam
Njoya, Dieudonné Oyono, Narcisse Mouelle Kombi, et Yves Alexandre
Chouala.
Cette étude se veut donc être une continuation de
l'oeuvre amorcée par bien des aînés avant nous.
Enfin, ce travail entend apporter un démenti à
certaines conceptions européocentristes selon lesquelles l'Afrique
n'aurait pas d'histoire, ou mieux, ne serait pas encore entrée dans
l'Histoire.8(*) Il
ambitionne de mettre en exergue la présence active et effective d'un
pays africain dans une instance internationale qui est sans aucun doute la plus
importante dans le monde, du fait qu'elle regroupe en son sein la
quasi-totalité des Etats de la planète. Cette présence,
qui repose sur une vision et une stratégie bien pensée, montre
à suffisance la perspicacité dont peuvent faire preuve les
dirigeants africains dans le concert des nations.
Sur le plan pédagogique, ce travail se propose
d'édifier le public sur un domaine presque inconnu de la diplomatie
camerounaise. Il vise à faire comprendre à la fois
l'idéologie, la politique et la vision qui ont sous-tendu les positions
et les interventions camerounaises à l'Assemblée
générale de l'ONU, ainsi que la contribution de ce pays au
fonctionnement et à la prise de décision au sein de cette
institution.
En dernier ressort, le présent mémoire vise un
objectif prospectif et social. Ce mémoire, qui, faudrait-il le rappeler,
s'inscrit en droite ligne de l'histoire des relations internationales, se
propose d'apporter un visage nouveau à la politique
étrangère du Cameroun, en l'occurrence à sa politique
onusienne. À travers une analyse historique des faits et
évènements majeurs ayant meublé la diplomatie camerounaise
à l'Assemblée générale de l'ONU durant les
cinquante-sept premières années de son indépendance, nous
nous pencherons sur les succès et les faiblesses de ladite diplomatie,
en insistant particulièrement sur ses atouts et ses faiblesses.
L'analyse de ces atouts et faiblesses, qui s'est voulu objective et rigoureuse,
permettra sans doute d'apprécier les acquis de ce long périple,
en même temps qu'elle permettra à la classe dirigeante de les
consolider et de dépasser les manquements.
4. Justification des
bornes chronologiques
Cette étude va de la période allant de 1960
à 2017. La borne inférieure (1960) représente
l'année de l'accession du Cameroun9(*) à la souveraineté internationale et de
son admission dans le Système des Nations-Unies, tandis que la borne
supérieure (2017) représente la dernière année de
la participation d'une personnalité politique camerounaise de grande
envergure (le président Paul Biya) à une session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies.
Cette année représente aussi la dernière
prise de parole d'une personnalité camerounaise sur une
problématique notoire de la société internationale,
à savoir l'éthique internationale. En effet, le chef de l'Etat
camerounais s'était illustré, lors de cette
72ème session, par une doléance sur la création
d'un Comité International d'Éthique.10(*)
5.
Intérêt de l'étude
Le présent travail revêt trois principaux centres
d'intérêt : un intérêt scientifique, un
intérêt pédagogique, et un intérêt social.
Sur le plan scientifique, ce travail se présente comme
un plus à la science des relations internationales en
général, et de l'histoire des relations internationales en
particulier. En plus de s'inscrire en ligne de continuité avec des
travaux entrepris antérieurement sur la diplomatie camerounaise, il se
propose également d'explorer un champ encore quasiment vierge de ladite
diplomatie, à savoir la politique onusienne.
Bien plus, ce travail s'inscrit aussi en droite ligne avec
l'idéologie historique des grands penseurs de l'historiographie
africaine comme Cheikh Anta Diop et Joseph Ki-Zerbo, qui prônent le
rétablissement de la vérité historique sur la place de
l'Afrique dans l'histoire du monde. En clair, l'intérêt
scientifique de ce travail est d'abord historique, car il participe à
mettre en exergue le rôle de l'Afrique dans le jeu politique et
diplomatique de l'ONU, l'organisation internationale suprême. Il
contribue de ce fait à apporter des contre-arguments solides aux
thèses européocentristes qui font de l'Afrique un continent
historique, un de continent de sous-hommes dépourvus de raison.
Au plan pédagogique, ou mieux, didactique, cette
étude intéresse tout d'abord les spécialistes des
questions internationales de tous bords (historiens, juristes, politistes,
sociologues...). Elle se propose d'explorer un domaine jusque-là encore
presqu'inconnu du public, à savoir la diplomatie onusienne du Cameroun
à l'Assemblée générale des Nations-Unies, en
s'interrogeant notamment sur son efficacité, son idéologie, et
ses stratégies de mise en oeuvre. Elle contribue donc à
édifier la communauté scientifique et le public de façon
générale, sur la stratégie diplomatique du Cameroun, en
même temps que sur les dessous de la géopolitique
internationale.
Au plan social, ce mémoire s'inscrit dans la logique de
la philosophie de l'Histoire, qui voudrait que l'Histoire soit « la
science qui vise à étudier le passé pour comprendre le
présent et projeter le futur `'. Après une approche
historique, il propose une approche prospective pour un meilleur
déploiement, un plus grand rayonnement et une plus grande
efficacité de la diplomatie onusienne du Cameroun. Les principales
cibles de cette approche prospective, il convient de le signaler, sont les
acteurs de cette chaîne diplomatique, en l'occurrence le premier d'entre
eux, le Président de la République, Son Excellence Paul Biya,
Chef de l'Etat et Chef de la Diplomatie camerounaise.
6. Clarification
conceptuelle
Comme mots-clés de cette thématique, on a les
notions de politique, diplomatie et politique étrangère. Il
s'agit, dans la présente articulation, de les définir et de les
clarifier du point de vue des maîtres des différentes
écoles de pensée. Nous entendons notamment mettre l'accent sur la
nature et la qualité des acteurs, ainsi que sur l'esprit, ou mieux,
l'orientation de leurs actions.
Dans l'Antiquité grecque, la vie sociale était
organisée essentiellement au sein d'entités territoriales
appelées « cités `', en langue grecque polis.
C'est donc de là que dérive le mot
« politique `', compris ici comme étant « la
gestion des affaires de la cité `'.11(*) Le traité de Westphalie, avec lequel on va
assister à la naissance de l'Etat tel qu'elle est connue actuellement,
nous amènera à comprendre la politique comme étant la
gestion des affaires publiques.
La chute du mur de Berlin a joué un très grand
rôle dans l'évolution de la considération du concept de
politique. Il est vrai que des systèmes politiques tels que le
multipartisme existaient déjà depuis au moins la moitié du
XIXème siècle. Cependant, cette notion devient encore plus
universelle après la fin (officielle) de l'affrontement entre les deux
blocs, capitaliste et socialiste. Car il faut noter que, durant cette
période de bipolarisation, bon nombre de pays dans le monde disposaient
de régimes monolithiques, et donc de systèmes à parti
unique. Il était alors plus ou moins aisé de donner à la
notion de politique sa définition première, à savoir la
gestion des affaires de la cité, ou encore, dans un sens plus
élargi, la gestion des affaires publiques.
Les lendemains de la Guerre Froide donnent naissance à
deux grands courants de pensée sur la nature de la politique et la
qualité de ces acteurs : le courant étatiste, et le courant
globaliste.
Le courant étatiste donne la priorité à
la première conception de la notion de politique. Selon ce courant,
parler d'action politique renvoie essentiellement à parler d'action
publique. Il met donc au centre des personnalités publiques tel que les
chefs d'Etat, les chefs de gouvernement, les ministres etc... Selon
l'école étatiste, parler de personnalités politiques
renvoie essentiellement aux acteurs du pouvoir exécutif.
Toutefois, il faut relever que, depuis plusieurs
décennies aujourd'hui, l'architecture politico-institutionnelle a
considérablement évolué, donnant ainsi naissance à
plusieurs catégories d'acteurs. Ainsi en est-il des lois sur la
décentralisation intervenues en France et au Cameroun en 1981 et en
1996,12(*) lesquelles
donnent une grande importance aux élus locaux dans la gestion des
affaires publiques.
Dans la même lancée, on note l'adoption,
dès le début des années 1990, du multipartisme par bon
nombre d'Etats dans le monde.
L'avènement de ce système a donc
entraîné l'émergence d'une nouvelle classe d'hommes
politiques, à savoir les dirigeants des partis politiques, dont
l'importance cruciale dans la vie des sociétés étatiques
contemporaines n'est plus à démontrer.
Enfin, un regard rétrospectif sur la configuration
géopolitique interne des Etats, surtout depuis les antiquités
grecque et romaine, met en exergue une autre catégorie d'acteurs
politiques tout aussi capitaux : les parlementaires, qui constituent, dans
la plupart des pays de l'époque contemporaine, une plaque tournante dans
le processus de décision et d'action politique.
De tout ce qui précède, il ressort donc que le
monopole de l'exercice du pouvoir politique ne saurait être détenu
par les seuls membres de la caste exécutive. D'où notre
école de pensée globale, selon laquelle la politique peut, de
façon synthétique, être définie comme l'ensemble des
moyens et stratégies visant à conquérir le pouvoir et
à manager les hommes.
Cependant, pour autant que notre thématique est
concernée, il faudrait donner la priorité à la
première école qui épouse parfaitement la logique qui est
ici développée. À titre de rappel, ce travail porte sue
l'action du personnel politique et diplomatique camerounais à
l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il se propose
ainsi d'étudier l'élaboration et les stratégies de mise en
oeuvre d'un pan de la diplomatie onusienne du Cameroun. Or, comme nous nous
évertuerons à le démonter tout au long de la
présente étude, les acteurs du pouvoir exécutif, que sont
le Président de la République et le Ministre des Relations
Extérieures, jouent un rôle cardinal dans l'élaboration et
la mise en oeuvre de cette diplomatie. Cette approche étatiste du
concept de politique va également nous amener à examiner les
notions de diplomatie et de politique étrangère à la
lumière d'un certain nombre de doctrines inspirées de la
théorie réaliste qui, comme on le verra plus loin, met l'Etat au
centre de l'action diplomatique.
Selon les réalistes classiques, les relations
internationales reposent essentiellement sur la centralité de l'Etat,
l'anarchie internationale, la recherche de l'intérêt national, et
la normalisation du fait conflictuel. Le philosophe britannique Thomas Hobbes
apparaît comme l'un des pionniers de ce paradigme. Selon sa
théorie de l'état de nature, l'Etat serait né de la
volonté des hommes de se rassembler en une communauté
organisée, lassés qu'ils étaient des exactions des plus
forts. Ce sont cette volonté et cette détermination qui les
auraient conduits à abandonner une partie de leur liberté
initiale à une entité supérieure, qui devint de ce fait le
dépositaire exclusif du droit de recours à la force.13(*) L'Etat devient, par la
même occasion, le dépositaire exclusif des pouvoirs de justice et
de sécurité. Cette conception hobbesienne de l'Etat attribue donc
aux acteurs étatiques la primauté et la légitimité
dans la défense des intérêts de la nation, ceci tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Poursuivant avec sa pensée, l'auteur considère
que l'homme, qui est de nature égoïste et calculateur, ne s'associe
à ses semblables que par peur, et par intérêt. C'est ce
même intérêt qui le motive à renoncer à sa
liberté, et à respecter le Pacte social.14(*)
Cette philosophie de Hobbes peut conduire à au moins
deux déductions, notamment du point de vue de la politique
internationale des Etats. Premièrement, elle vise avant tout, pour les
gouvernants de ceux-ci, la recherche de leurs seuls intérêts, et
deuxièmement, elle stipule que les Etats s'associent
généralement pour préserver leur
sécurité.
Un autre précurseur du réalisme classique fut le
célèbre penseur et conseiller politique florentin Nicolas
Machiavel. Partant du postulat selon lequel la société
internationale serait essentiellement dominée par l'anarchie et le
conflit, il préconise et donne de la légitimité à
l'usage de la force par les plus forts pour le triomphe de leurs
intérêts : « C'est chose vraiment naturelle et
ordinaire que de désirer d'acquérir. Et toujours, quand le font
les hommes qui peuvent, ils en seront loués, et non blâmés
(...) `'.15(*).
Ainsi, du point de vue de Machiavel, la politique
étrangère doit privilégier l'instrument militaire comme
principal moyen de mise en oeuvre de la politique étrangère. Elle
devrait avoir pour objectif ultime la recherche de la puissance de
l'Etat.16(*)
Allant à peu près dans le même sens,
Thucydide explique les alliances entre Etats par la crainte des
différents membres de la communauté internationale de se voir
détruire militairement par un de leurs semblables. Selon ses disciples
et lui-même, `' c'est lorsque qu'un État croit que sa
puissance politique et militaire est menacée par un autre Etat qu'il lui
déclare la guerre `'.17(*) Dans cette vision des relations internationales
selon Thucydide, il apparaît un élément important dans la
diplomatie multilatérale des Etats : la recherche de l'assurance
sécuritaire. L'auteur entre ainsi en parfaite cohésion avec
Guillaume Devin et Marie-Claude Smouts pour qui l'adhésion d'un Etat
à une organisation internationale tient compte de la présence, au
sein de cette organisation, de puissances ayant une force de contrainte sur
d'autres puissances qui pourraient nuire à leur stabilité et
à leur sécurité.
Somme toute, les réalistes classiques
considèrent la politique étrangère comme un ensemble de
moyens et stratégies déployés par les autorités
étatiques, et visant à préserver la sécurité
et les intérêts nationaux, au moyen notamment de la force et/ou de
la contrainte. Cette prépondérance accordée à
l'usage de la force se justifie par la nature de bellicisme permanent de la
société internationale. Cependant, ces thèses ont
fortement été contredites par Kenneth Waltz, lequel est
considéré par une grande partie de la communauté des
internationalistes comme le précurseur du néo-réalisme,
à travers notamment son ouvrage Theory of International Politics.
Tout en réaffirmant la primauté du politique dans les
relations internationales, il récuse l'idéologie des
réalistes classiques selon laquelle la recherche de la puissance
internationale implique obligatoirement l'usage de la force. Comparant la
politique étrangère à une entreprise, il stipule que
l'usage, par les acteurs étatiques de l'instrument militaire est soumis
au préalable à une évaluation de ce qu'on peut appeler la
balance coûts-bénéfices.18(*) En d'autres termes, le recours à la guerre par
un Etat doit d'abord tenir compte des enjeux ambiants, de l'aspect financier de
la guerre, et de ses retombées.
Waltz récuse également la pensée
réaliste classique selon laquelle l'Etat serait le dépositaire
unique de la violence organisée. En effet, selon les partisans du
réalisme classique, l'Etat est la seule organisation politique capable
d'opposer une violence avec pour exécutants des hommes (et femmes)
appartenant à une force bien organisée et bien structurée.
Ainsi, il préfère utiliser la notion de « violence
légitime `'.19(*).
En grosso modo, la politique internationale selon
Waltz, se veut rationnelle quant à l'usage de ses instruments, notamment
l'instrument de la force. Cet usage doit tenir compte à la fois des
enjeux, des coûts, et des retombées ainsi que du contexte
ambiant.
Allant à la suite du néo-réalisme tel que
conçu par Waltz, Barry Buzan, Charles Jones et Richard Little proposent
un courant néo-réaliste plus actuel et plus complet. Ce courant
reconnaît la prééminence de la sphère et de la
classe politiques dans le système international contemporain, mais
reconnaît aussi l'existence d'autres acteurs dans le jeu international,
notamment des acteurs sociaux et économiques. Il prône
également la prise en compte des facteurs idéologiques dans
l'analyse des faits internationaux.20(*)
A l'analyse, le réalisme structurel caractérise
donc l'architecture exacte du système international contemporain, avec
au centre les gouvernements, et à la périphérie, les
acteurs économiques et sociaux que sont les firmes multinationales et
les organisations internationales. La politique étrangère devient
ainsi un ensemble de stratégies reposant sur des bases et des moyens
aussi divers que variés, et dont l'objectif demeure la recherche de
l'intérêt national.
Mais contrairement à toutes ces doctrines
réalistes qui, il faut le relever, ont en commun la vision d'un monde
essentiellement anarchique et belliqueux, le réalisme libéral
rejette l'idée selon laquelle les Etats sont condamnés à
vivre perpétuellement à l'ombre de la guerre. Si les partisans de
ce courant ne rejettent pas totalement le paradigme hobbesien de l'état
de nature, ils estiment néanmoins que la compétition, qui
résulte de l'anarchie de la scène internationale, peut tout aussi
bien conduire à la coopération.22(*) Cette idéologie demeure réaliste du
fait de la prépondérance accordée à l'Etat, mais
embrasse la théorie libérale en associant à l'action
étatique d'autres réseaux de coopération, notamment les
organisations internationales.23(*)
Cette approche doctrinale rejoint donc l'esprit de l'approche
structuraliste, dans la mesure où elle préconise à la fois
la coopération entre les différents acteurs des relations
internationales, et l'utilisation rationnelle de ceux-ci par les Etats comme
moyens et instruments de mise en oeuvre de leur politique internationale. Elle
s'en démarque toutefois ^dans le sens où elle préconise
une autonomie et une indépendance entre ces acteurs. Elle apporte une
innovation sémantique aux notions de relations internationales, de
diplomatie et de politique étrangère, qui deviennent un
système d'interactions entre les différents maillons de la
chaîne.
Au regard de tout ce qui précède, il nous semble
que l'approche doctrinale qui marie le plus avec cette étude, c'est le
réalisme classique. Car, comme on le verra plus loin, l'adhésion
du Cameroun à l'Organisation des Nations-Unies, ainsi que sa politique
générale au sein de l'Assemblée générale de
ladite organisation, sont essentiellement fondées sur des
préoccupations liées à la sécurité
nationale, au rayonnement international, et, de façon plus globale,
à la recherche de l'intérêt national. Il faudrait donc
retenir, au final, que la politique étrangère est l'ensemble des
moyens et stratégies mis en oeuvre par un Etat pour implémenter
sa diplomatie.24(*), cette
diplomatie elle-même étant comprise comme l'ensemble des moyens
d'implémentation de la politique étrangère.25(*) Il apparaît donc, de ce
fait, une relation de réciprocité entre les deux notions.
7. Définition
des concepts opératoires
La définition des concepts opératoires renvoie
à une explication sémantique simplifiée d'un mot. En
d'autres termes, elle consiste à définir un mot du point de vue
du vocabulaire français. Il ne s'agira donc pas, dans la présente
partie, de refaire une revue sémantique de nos termes clés
focalisée sur des approches doctrinales. Il sera simplement question de
donner le sens des mots en se référant aux seules
considérations de la lexicologie française.
De prime à bord, il faut relever, dans notre
thématique, trois mots-clés qui nécessitent d'être
compris pour bien cerner l'essence et le sens de cette étude :
personnel, politique, et diplomatie.
On peut définir le personnel comme étant
l'ensemble des membres d'un corps donné : le corps enseignant, le
corps diplomatique, l'armée, la police, etc... On peut également
définir le personnel comme étant l'ensemble des employés
d'une administration bien précise, toutes catégories
confondues : le personnel du Ministère des Relations
Extérieures, de la Commune de Zoétele, ou encore de la
Communauté Urbaine de Yaoundé.
Le personnel peut aussi être entendu comme étant
l'ensemble des cadres et/ou employés d'une subdivision d'une
administration : le personnel de la Direction des Nations-Unies et de la
Coopération Décentralisée (Ministère des Relations
Extérieures), le personnel de la Direction Générale des
Impôts (Ministère des Finances), le personnel du
Secrétariat Général de la Présidence de la
République...
Enfin, le personnel peut aussi se comprendre comme
étant l'ensemble des travailleurs appartenant à une organisation
publique ou privée bien déterminée. Cette organisation
peut être une entreprise, une administration, organisation
internationale...
De toutes ces définitions, celle qui sied donc le mieux
à cette étude, c'est la première. Car nous entendons, par
personnel l'ensemble des membres des corps politique et diplomatique
intervenant dans la définition et la mise en oeuvre de la politique
étrangère du Cameroun à l'Assemblée
générale des Nations-Unies.
De façon globale, la politique est définie comme
la gestion des affaires publiques, à l'intérieur comme à
l'extérieur. Cette approche lexicologique implique l'intervention de
deux principales catégories d'acteurs : les acteurs du pouvoir
exécutif et les acteurs du pouvoir législatif, le rôle des
premiers étant d'élaborer et de mettre en oeuvre la politique
générale de la Nation, et le rôle des derniers étant
d'assurer le contrôle et le suivi de l'action gouvernementale.
La politique peut également être entendue comme
étant l'ensemble des moyens et stratégies visant à
conquérir le pouvoir et à manager les hommes. Ceci implique donc
l'ensemble de toutes les forces politiques d'une nation,
généralement réparties en deux grandes
catégories : les acteurs du pouvoir et les acteurs de
l'opposition.
Toutefois, dans le cadre bien précis de cette
étude, on se limitera aux seuls acteurs du pouvoir exécutif,
notamment le Président de la République, et le Ministre des
Relations Extérieures.
Selon la lexicologie française, la diplomatie se
définit comme étant « la connaissance des traditions
qui règlent les rapports mutuels des Etats, et l'art de concilier leurs
intérêts respectifs `'.26(*) Selon cette définition, la diplomatie
apparaît donc à la fois comme la science et la pratique des
relations internationales. On peut en dégager comme principaux acteurs
les chefs d'Etat, les ministres en charge des affaires
étrangères, et les chefs de missions diplomatiques.
Allant à peu près dans le même sens, Jean
Salmon définit le diplomate comme « une personne qui fait
partie du service diplomatique d'un Etat déterminé, qu'elle soit
en poste auprès d'une Organisation internationale ou auprès d'un
Etat étranger ou en service à l'administration
centrale `'.27(*)
Salmon conçoit donc la diplomatie comme l'ensemble des rapports qu'un
Etat entretient avec l'ensemble des membres de la communauté
internationale, ainsi que l'ensemble des moyens et acteurs internes et externes
de ces rapports. Vue sous cet angle, la diplomatie se confond donc à la
politique étrangère.
La diplomatie est aussi souvent aussi souvent définie
comme un instrument de la politique étrangère. Dans ce sens, elle
renvoie généralement au recours, par les Etats, à la
négociation pour régler des conflits ou pour concilier leurs
intérêts dans des domaines et des contextes bien
déterminés.
Enfin, la diplomatie se confond souvent aux personnels
diplomatiques d'un Etat et à l'ensemble de leurs activités C'est
cette définition que nous retiendrons dans le cadre de notre travail,
dans lequel nous nous intéresserons, entre autres, aux activités
des représentants du Cameroun à l'ONU, notamment au sein de
l'Assemblée générale.
8. Revue critique de
littérature
Comme on l'avons souligné plus haut, la
réalisation de ce travail nous a amené à recourir à
de nombreuses sources écrites, au rang desquelles les ouvrages, les
thèses et mémoires.
Adamou Ndam Njoya28(*) se propose de faire une étude panoramique de
l'histoire du Cameroun dans les relations internationales, en s'attardant
notamment sur l'évolution de son statut juridique, ainsi que sur ses
incidences juridico-institutionnelles. Il nous a permis de nous faire une
idée générale sur les différents acteurs du
système diplomatique camerounais, en même temps qu'il nous a
renseigné sur la diplomatie camerounaise face aux ingérences
chinoises. Cependant, en se limitant à un esprit juridique, il ne permet
pas de s'imprégner des profondes implications de certains faits et
évènements de cet aspect de la diplomatie onusienne du Cameroun,
en même temps qu'il ne renseigne pas sur les positions camerounaises sur
les grandes questions internationales telles que la discrimination raciale
(manifeste de Lusaka).
Narcisse Mouelle Kombi29(*) quant à lui étudie les fondements
globaux et le déploiement de la politique étrangère du
Cameroun d'abord en tant qu'entité spécifique, ensuite en tant
que membre de la sphère géopolitique africaine, et enfin comme
membre du système international onusien. Cet ouvrage très
enrichissant nous a permis de comprendre les différents fondements et
contours de la politique étrangère du Cameroun (fondements,
acteurs et aléas). Il s'est également révélé
enrichissant sur bien des aspects de la coopération Cameroun-ONU
(politique, juridique, économique et financière) ;
grâce à cet ouvrage, nous avons pu comprendre les
stratégies et enjeux des positions camerounaises à
l'Assemblée générale des Nations-Unies. Toutefois, il ne
nous a pas renseigné sur les postes de responsabilité
occupés par les ressortissants camerounais au sein dudit organe.
Pour sa part, Yves Alexandre Chouala30(*) s'attelle à faire une
étude complète sur la politique étrangère du
Cameroun, en mettant en exergue les aspects doctrinaux, actanciels, factoriels
ainsi que leurs incidences régionales. Cet ouvrage, qui du reste
s'avère être, à l'heure actuelle l'ouvrage le plus complet
et le plus riche sur la diplomatie camerounaise, en plus de nous avoir
donné des connaissances très larges de la politique
extérieure du pays, nous a également édifié sur la
diplomatie camerounaise relative aux questions de discrimination raciale
(apartheid en Afrique du Sud). Cependant, force est de constater que la partie
de cet ouvrage réservée à la diplomatie onusienne du
Cameroun est très brève, très peu étoffée,
et donc très peu édifiante.
Le président Paul Biya31(*), à travers un ouvrage qui en
réalité tient lieu de projet de société, nous
édifie abondamment sur l'idéologie de la politique du Renouveau.
Cet ouvrage apparaît beaucoup plus édifiant dans le
déroulement de la doctrine diplomatique.
Jean-Marie Atangana Mebara32(*) a récemment entrepris de lever un pan de voile
sur la fonction et les pouvoirs dévolus par les textes et l'imagerie
populaires, au Secrétaire général de la Présidence
de la République du Cameroun. Cet opus nous a beaucoup
édifié sur le rôle des politiques et diplomates camerounais
dans la gestion du conflit de Bakassi. Malheureusement, l'auteur ne s'est pas
attardé sur cette diplomatie dans les tribunes onusiennes, plus
particulièrement à l'Assemblée générale.
Guillaume Devin et Marie-Claude Smouts33(*) procèdent à une
étude générale des organisations internationales. Cette
étude nous a permis de cerner et de comprendre l'esprit desdites
organisations, en même temps qu'elle nous a enrichi sur les
théories y relatives et les fondements de la diplomatie
multilatérale des Etats. Mais la limite de cet ouvrage est qu'il se
limite à une approche explicative et théorique, sans toutefois
mettre en exergue l'action et la mouvance des Etats dans les organisations
internationales. En outre, il faut relever que la place de l'Afrique n'y est
pas suffisamment mise en exergue.
Jean-Baptiste Duroselle34(*) quant à lui a procédé à
une analyse des relations internationales dans toute leur diversité,
depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à la fin des
années 1980. Cet ouvrage, qui peut être présenté
comme étant le plus riche et le plus complet sur l'histoire des
relations internationales, nous a beaucoup enrichi dans bien des domaines, au
rang desquels l'histoire des organisations internationales. Toutefois, on peut
beaucoup déplorer le fait que la place et le rôle de l'Afrique (et
donc du Cameroun) dans ces organisations, et en particulier aux Nations-Unies,
n'y soient pas suffisamment mis en évidence.
Allant dans le même sens, Pascal Boniface35(*) a mené une étude
sur l'histoire des relations internationales du lendemain de la Seconde Guerre
mondiale au lendemain de la chute du mur de Berlin. Bien que quasiment complet
comme l'ouvrage cité plus haut, il a exactement, comme ce dernier, le
défaut de ne pas mettre le rôle de l'Afrique en évidence
dans les organisations internationales en général, et dans le
système onusien en particulier.
Le mémoire de maîtrise en Histoire de Georges
Patrice Etoa Oyono36(*)
s'est aussi révélé très édifiant. Ce
travail, qui portait sur un acteur clé de la diplomatie camerounaise,
nous a beaucoup enseigné sur l`action du Cameroun au sein de
l'Assemblée générale des Nations-Unies, notamment sur les
questions liées à l'impérialisme, à la
discrimination raciale, et aux questions d'intérêt national.
Cependant, il a paru peu édifiant sur les critères ayant conduit
à la nomination de cet acteur à la fonction délicate de
représentant du Cameroun auprès de l'Organisation des
Nations-Unies.
Le mémoire de DEA du même auteur37(*) a été
semblé tout aussi intéressant. Nous avons pu nous y
imprégner des modes de recrutement des personnels diplomatiques
camerounais dans les premiers temps, ainsi que de leur système de
travail. Ceci nous a aidé à nous faire une idée
générale sur les critères de recrutement et de nomination
des chefs de mission permanente du Cameroun aux Nations-Unies. Toutefois,
l'auteur ne s'est pas attardé sur le cas spécifique des
personnels diplomatiques exerçant auprès desdites missions, ainsi
que leurs activités. Dans le même ordre d'idée, on
déplore également le fait qu'il ne se soit pas attardé sur
l'action de ces personnels à l'Assemblée générale
de cette organisation.
Rose Gisèle Ndo'o38(*) a entrepris une étude sur la
coopération bilatérale entre le Cameroun et Israël. Cette
étude nous a permis de mesurer l'importance que revêt cette
coopération pour les dirigeants de Yaoundé, et par ricochet le
comportement de ces derniers à l'Assemblée générale
des Nations-Unies vis-à-vis des différents conflits
israélo-arabes.
Willy Didier Foga Konefon39(*) quant à lui a entrepris une étude sur
le processus migratoire des ressortissants nigérians au Cameroun, de
1916 à 2008. Cette étude, bien que nous ayant beaucoup
édifié sur les fondements profonds de la crise de Bakassi, ne met
pas en exergue l'action du Cameroun à l'Assemblée
générale de l'ONU en vue de la résolution de cette crise.
Abordant le même champ de recherche, Rane Mkpouwoupieko
Zoulica40(*) nous a
beaucoup appris sur les ressources naturelles de la presqu'île de
Bakassi, ainsi que sur le règlement diplomatique de ladite crise. Le
premier point nous a particulièrement aidé à mieux en
cerner les enjeux. Mais, comme le précédent auteur, celui-ci
n'évoque pas non plus la thématique de notre travail.
Enfin, les travaux de Jeanne Pierrette Tiki41(*) nous ont renseigné saur
la politique camerounaise de l'image, même si ils se sont beaucoup plus
focalisés dans les domaines économiques et commerciaux, sans
évoquer l'action des responsables camerounais à
l'Assemblée générale des Nations-Unies.
9.
Problématique
Le problème central de cette thématique est
celui de l'efficacité de la politique étrangère du
Cameroun à l'Assemblée générale de l'Organisation
des Nations-Unies. En d'autres termes, ce travail questionne la
perspicacité de la stratégie diplomatique du Cameroun, ainsi que
ses incidences dans la marche et les résolutions de ladite
assemblée en particulier, et dans la politique de l'Organisation en
général.
De plus, cette étude tend aussi à mettre en
cause la capacité des leaders et diplomates camerounais à jauger
des questions d'intérêt national, et de leur compatibilité
avec leur prise de position et leurs convictions idéologiques.
Enfin, l'autre problème sous-jacent de notre
thème est la nature et l'esprit qui guident les personnels politiques et
diplomatiques camerounais dans leurs interventions et prises de position
à l'Assemblée générale de l'ONU.
Le problème principal de notre thématique tel
que déroulé plus haut, ainsi que les autres sous-problèmes
qui en découlent, nous amènent donc à nous poser un
certain nombre de questions. Premièrement, dans quelle mesure, ou mieux,
jusqu'à quel niveau la participation des hommes politiques et des
diplomates camerounais aux débats de l'Assemblée
générale des Nations-Unies influence-t-elle la marche et
l'adoption de résolutions au sein dudit organe ?
Deuxièmement, jusqu'à quel point le souci d'intérêt
national influence t-il le comportement de ces derniers au sein dudit
organe ? Enfin, quels sont, de façon plus précise, les
différents mobiles ayant guidé leur action au sein de
l'Assemblée tout au long des cinquante-sept premières
années de l'indépendance de leur pays ? Telles sont les
questions auxquelles nous nous efforcerons d'apporter des
éléments de réponse tout au long de cette analyse.
10. Hypothèses de recherche
Guy Roger Assie et Roland Raoul Kouassi définissent
l'hypothèse comme « un énoncé affirmatif
écrit au présent de l'indicatif, déclarant formellement
les prévues entre deux variables ou plus `'.42(*) Il s'agit donc notamment d'une
relation causale entre deux variables. Cette relation peut être de cause
à effet (« ceci entraîne cela `', « ceci
explique cela `'...), ou d'association (« ceci a un lien avec
cela `', « ceci est en relation avec cela `'...).43(*)
Ce travail, qui en termes d'hypothèses s'inscrit
essentiellement dans une logique explicative, convoque deux types
d'hypothèses : une hypothèse générale et des
hypothèses secondaires.
Ø Hypothèse
générale
Le personnel politique et diplomatique camerounais, de par ses
positions et interventions à l'Assemblée générale
des Nations-Unies, influence le fonctionnement et le processus de
décision dudit organe, et du système onusien en
général.
Ø Hypothèses secondaires
v La coopération entre le Cameroun et le système
des Nations-Unies n'est pas un fruit du hasard. Elle remonte certainement
à une période antérieure à l'accession du pays
à la souveraineté internationale.
v La politique étrangère du Cameroun à
l'Assemblée générale des Nations-Unies repose sur des
fondements à la fois historiques, idéologiques et
stratégiques. Elle repose également sur des personnels
minutieusement sélectionnés sur la base de leurs
compétences et/ou leur expérience académique, politique,
ou encore sur leur capital personnel.
v Les politiques et diplomates camerounais recherchent tout
d'abord le triomphe des intérêts du Cameroun, notamment dans les
domaines des conflits, de la diplomatie de l'image et du rayonnement.
v Si le Cameroun participe au fonctionnement et au processus
de prise de décision à l'Assemblée générale
des Nations-Unies, cela suppose donc qu'il prend activement part aux
débats relatifs aux grandes problématiques internationales, ainsi
qu'aux grands conflits et contentieux internationaux. Cela suppose aussi que
son personnel est souvent mis à contribution à travers des postes
de responsabilité tout au long de ces débats.
v Enfin, cette thématique suggère l'idée
selon laquelle les succès et les échecs de la diplomatie
camerounaise à l'Assemblée générale des
Nations-Unies sont dus à certains atouts et faiblesses dont
recèle cette diplomatie.
Telles sont donc les hypothèses que nous nous proposons
de vérifier tout au long de ce travail.
11. Cadre théorique
De façon globale, une théorie peut être
définie comme étant une grille d'analyse d'un
phénomène donné. C'est donc une approche
idéologico-philosophique qui se propose d'expliquer et de faire
comprendre les différents aléas de tout domaine pouvant
intéresser la science, ou mieux, des sciences, que ce soient les
sciences exactes ou les sciences humaines. Pour autant que la science des
relations internationales est concernée, on distingue deux grandes
catégories de théories : les théories globales et les
théories spécifiques. Dans le cadre de notre étude, nous
nous intéresserons à trois théories globales (le
réalisme, le libéralisme et l'idéalisme), et à deux
théories spécifiques (l'idéalisme et l'inter
gouvernementalisme).
De prime à bord, il faut comprendre par théories
globales l'ensemble des théories qui expliquent le fait international
dans toute sa diversité, sans tenir compte des
spécificités de formes, de typologie, et des aires
anthropologiques et culturelles. Concernant cette étude, cette approche
convoque trois grands courants de pensée, à savoir le
réalisme, le libéralisme, et l'idéalisme.
De façon globale, le réalisme peut se
définir par les quatre paradigmes suivants : l'anarchie de la
société internationale, qui entraîne l'état de
guerre, un état de guerre incontrôlable par quelque organisation
supranationale que ce soit ; la centralité des acteurs
étatiques ; la recherche de l'intérêt national par la
puissance ; l'équilibre de puissance comme solution idéale
de la stabilité internationale.44(*)
S'inscrivant dans la logique hobbesienne
sus-évoquée, le théologien et pessimiste Reinhold Niebuhr
estime que l'homme, de par sa nature pécheresse, est égoïste
et calculateur. Cette nature pécheresse l'amène à toujours
vouloir usurper du pouvoir de Dieu, en tentant de s'assurer la mainmise sur les
autres. Sa volonté de survie (will to live) n'a d'égale
que sa volonté de puissance (will to power).45(*)
Ainsi, selon Niebuhr, la nature pécheresse de l'homme
est à l'origine de son égoïsme. Cet égoïsme, qui
est la caractéristique générale de l'être humain,
s'élargit également aux Etats. Ceci implique donc un certain
nombre de conséquences sur la politique internationale menée par
ceux-ci, la première conséquence logique étant la
recherche par chaque Etat de son intérêt individuel.
Comme deuxième implication de la nature
pécheresse de l'Homme, on peut également évoquer le
désir par chaque Etat d'acquérir la puissance internationale.
C'est de cette implication qu'est sans doute née la doctrine
impérialiste, qui prône la domination des Etats forts sur les
Etats faibles. Ces velléités de domination (ayant
généralement pour corollaire le désir d'exploitation), ont
conduit à des tragédies historiques tel que la traite
négrière et la colonisation qui, somme toutes, se sont
avéré être une honte pour l'humanité.
Dans le même esprit, Edward H. Carr estime que «
l'harmonie générale et fondamentale des
intérêts est une utopie. Bien plus, toute diplomatie, bien
qu'idéale, ne fait que traduire l'intérêt de
l'Etat `'.46(*) Ainsi, selon Carr, l'idéologie
diplomatique d'un Etat, même si elle revêt a priori une
diplomatie de bonnes intentions, traduit, parfois inconsciemment, les
intérêts particuliers de cet Etat. Il faut noter, au demeurant,
que cette conception s'inscrit de prime à bord en faux contre
l'idéalisme wilsonien.
En fin de compte, il faudrait retenir que, du point de vue
réaliste, la politique étrangère, au même titre que
la diplomatie, vise essentiellement le triomphe des intérêts
nationaux, dans une société internationale essentiellement
anarchique et belliqueuse. Cet intérêt national se traduit
notamment par la conquête de la puissance internationale, laquelle
renvoie beaucoup plus à des velléités
hégémoniques.
Prenant absolument le contre-pied des réalistes, les
libéraux donnent quant à eux la priorité à la
liberté de l'Homme. Même si le libéralisme s'inspire dans
ses grandes lignes des idéologies des pères de la
démocratie grecque tel Platon et Aristote, il se démarque
cependant de ces idéologies dans ce sens qu'il ne considère pas
l'Homme comme un « animal politique `', mais comme un être
libre de tout lien social et apolitique.47(*) Il prend également le contre-pied de Hobbes en
détruisant l'essence de son mythe de l'état de nature. En effet,
selon la doctrine libérale, avant l'avènement d'une
communauté organisée, les hommes vivaient, non pas dans une
société comparable à une jungle, mais dans un état
de liberté, d'égalité et d'harmonie relative.48(*)
De plus, selon la théorie libérale, les
relations internationales sont essentiellement pacifiques. Ce pacifisme de la
scène internationale est justifié et stimulé par
l'entretien, entre les Etats, de relations économiques et commerciales.
D'où le paradigme de la « paix par le commerce `'.
Enfin, la théorie libérale privilégie la
considération des acteurs secondaires tel que les firmes
multinationales, les organisations internationales, les collectivités
locales...
En gros, l'idéologie libérale des relations
internationales se distingue de l'idéologie réaliste sur trois
points majeurs : les facteurs, la nature de la scène
internationale, et la nature des acteurs. Concernant les facteurs, les
libéraux donnent la priorité aux facteurs
socio-économiques, tandis que les réalistes accordent la
primordialité au facteur politique. De même, le libéralisme
réfute la nature belliqueuse de la société mondiale,
estimant que celle-ci est essentiellement pacifique grâce aux facteurs
économiques et commerciaux.
Enfin, la théorie libérale s'inscrit en faux
contre l'approche stato-centrée du réalisme,
préférant donner la priorité aux acteurs
économiques et sociaux.
De tout ce qui précède, l'on peut donc retenir
que, du point de vue libéral, la diplomatie et les relations
internationales sont l'ensemble des rapports multiformes qu'entretiennent entre
eux les différents membres de la société internationale.
La politique étrangère devient donc un système reposant
sur des instruments et acteurs divers, tel que la politique, la diplomatie,
l'instrument militaire, les firmes multinationales, les personnalités
charismatiques... On peut donc dire que le libéralisme est la
théorie de la diversification des partenaires.
Comme paradigme parallèle à la théorie
libérale, il y a la théorie idéaliste. Elle a pour
principal pionnier l'ancien président américain, Thomas Woodrow
Wilson. En effet, ce dernier, à travers ses célèbres
Quatorze Points qui, en passant, ont conduit à l'avènement de la
Société des Nations, prône un monde pas très
différent de celui des libéraux. À ce propos, on retient
de ces Quatorze Points le libre-échange (abolition des droits de douane,
ouverture des marchés de capitaux et de marchandises), le libre
accès à la mer, la démocratie, l'abolition de la
diplomatie secrète, le désarmement, la restitution de la
souveraineté sur les terres occupées, et le droit à
l'auto-détermination des peuples.49(*)
Les Quatorze Points du président Wilson apparaissent
donc de ce fait comme un idéal moral, politique et économique de
la vie internationale. Ils prônent un monde sans barrières
économiques, sans barrières frontalières, un monde de
liberté, d'égalité, et de respect de la personne humaine
(notamment en tant qu'animal politique). Ainsi, l'idéalisme, tout comme
le libéralisme, réfute les principales thèses
réalistes à savoir la recherche de l'intérêt
individuel par chaque Etat au détriment des autres, et l'anarchie de la
scène internationale. Ainsi, l'idéalisme prône une
politique étrangère axée sur la recherche de la paix,
l'usage et l'exploitation maximale et presqu'exclusive de l'instrument
diplomatique, et ayant, comme objectif ultime la recherche du bien-être
collectif.
En définitive, les théories
générales des relations internationales s'opposent globalement
sur trois points : la nature et la qualité des acteurs, et l'esprit
de la société internationale. Cependant, elles s'accordent sur
l'adoption par chaque Etat, d'une idéologie diplomatique. Cependant,
ladite idéologie peut être teintée d'une recherche subtile
d''intérêts inavoués.
Comme on l'avait déjà relevé à
l'entame de cette partie, la présente étude convoque aussi des
théories spécifiques des relations internationales, en plus des
théories générales sus-évoquées. Cette
étude qui, faudrait-il le rappeler, est centrée sur la diplomatie
multilatérale, convoque précisément les théories de
la coopération et de l'intégration, dont deux
particulièrement attireront notre intérêt ici : le
fonctionnalisme et l'inter gouvernementalisme.
D'après les fonctionnalistes, la coopération
vise, pour les Etats, la résolution avantageuse de conflits
d'intérêts dans le cadre d'un jeu
répété.50(*) Ainsi, d'après ce courant de pensée,
l'adhésion des Etats à une organisation internationale est
généralement stimulée par l'actualité d'un conflit.
Les organisations internationales sont donc présentées comme le
cadre idéal de résolution de ces conflits pour le bien-être
et l'intérêt de tous.
Les fonctionnalistes présentent également les
organisations internationales comme étant un cadre propice de
coopération technique et de régulation dans différents
domaines tel que les sciences, les technologies, les transports et la
communication. Ces organisations internationales, qui soit dit en passant sont
multiformes et multidimensionnelles, sont très souvent
créées en fonction des besoins qui se posent au fil du temps, et
au regard de l'évolution observée dans divers domaines.
Dans les deux cas, on peut citer un certain nombre
d'illustrations : l'OTAN, créée dans le contexte de la
Guerre Froide, et visant à la fois à contrer l'expansion
soviétique en Europe et à assurer la sécurité
collective dans ledit continent ; la Commission du Golfe du Golfe de
Guinée, qui vise la régulation de la circulation et les
activités économiques et commerciales dans ladite zone, en
même temps qu'elle constitue la principale plateforme de
coopération sécuritaire entre les Etats membres. Toujours dans le
même sciage, nous pouvons enfin évoquer les cas d'organisations
comme l'OACI, l'UIT, l'AIEA, et l'OMPI. On peut, bien évidemment,
étendre ce champ d'illustrations à des organisations à
étendue universelle tel que la SDN et les Nations-Unies.
Il faudrait donc retenir que, pour les fonctionnalistes, les
organisations internationales ne sont qu'une plateforme de coopération
ayant pour principaux objectifs la régulation, la préservation
des intérêts de tous, et, de façon plus élargie, la
recherche de la préservation de la paix internationale. On peut aussi
voir en ces objectifs les déterminants fondamentaux de la diplomatie
multilatérale des Etats.
Les inter gouvernementalistes quant à eux
conçoivent la coopération multilatérale comme étant
« un procédé rationnel destiné à
optimiser l'emploi des moyens mis en commun par les
Etats-membres `'.51(*) Cette doctrine, qui a pour pères fondateurs
Stanley Hoffman et Robert Keohane est née dans les années 1960,
suite à l'engagement des deux auteurs à étudier la
construction européenne, et se rapproche de la doctrine fonctionnaliste
en ce sens qu'elle considère les organisations internationales comme une
plateforme de mutualisation et d'optimisation des intérêts des
Etats. Toutefois, elle diffère de celle-ci par son esprit
libéral, et même dans une certaine mesure, socialiste, car
l'intérêt recherché ici n'est plus celui de la seule classe
dirigeante, mais celui des populations.52(*)
Comme on le verra plus loin, la diplomatie onusienne du
Cameroun en général, et à l'Assemblée
générale en particulier, repose a priori sur des
déterminants historiques, psychologiques, et même sentimentaux.
Cette diplomatie se joue très souvent sur plusieurs fronts, impliquant
plusieurs catégories d'acteurs, dont certains n'appartiennent pas
forcément à la classe dirigeante. Toutefois, comme on
s'évertuera à le démontrer tout au long de cette analyse,
l'action des dirigeants et diplomates camerounais au sein de l'auguste instance
onusienne, tout comme l'adhésion du Cameroun à ce système
d'organisations, est essentiellement basé sur la recherche de
l'intérêt national à travers notamment une
« diplomatie de positions sur mesure », ainsi que les
velléités de rayonnement, autrement dit, les
velléités d'empowerment. Ainsi, même si toutes les
théories évoquées et étudiées plus haut
reflètent, chacune à sa manière, des
réalités pertinentes des relations internationales en
général et de la coopération multilatérale en
particulier, il nous semble que la théorie réaliste est celle qui
épouse le mieux l'esprit de la politique onusienne du Cameroun. Elle
apparaît donc, ès qualité, comme la grille doctrinale la
mieux appropriée pour cette étude.
12. Démarche méthodologique
Abdesselam Ouhaijou définit la méthode comme
étant un ensemble de procédés raisonnés pour
parvenir à un but, que ce soit une argumentation quelconque, une
démonstration mathématique, une expérimentation
scientifique, ou encore l'enseignement d'une discipline.53(*) En d'autres termes, la
méthode est un ensemble d'outils utilisés dans la pratique d'un
exercice ou d'une discipline scientifique bien précise. De ce fait, la
méthodologie apparaît donc comme l'étude des mises en
pratiques des différents mécanismes de recherche, d'étude
et d'exploitation des outils dans un travail scientifique. Dans cette partie
introductive de notre travail, nous comptons donc mettre en exergue nos
différents outils de travail, notamment les approches de travail, les
sources et l'école historique.
· Approches de travail
En sciences sociales, il existe plusieurs catégories
d'approche : l'approche diachronique ou génétique
(reconstitution de la genèse des situations étudiées, en
découvrant les antécédents qui permettent d'étudier
des situations) ; l'approche fonctionnaliste (explication des
phénomènes sociaux par le rôle, la fonction qu'ils assument
dans l'ensemble social auquel ils appartiennent) ; l'approche
systémique (distinction dans la réalité de deux parties,
le système et l'environnement, l'environnement étant
constitué par l'ensemble des objets dont un changement affecte le
système, et qui sont eux-mêmes affectés par les variations
de celui-ci)...54(*)
Ce travail, de par son caractère historien, s'inscrit
donc en droite ligne avec l'approche diachronique. Il s'inscrit
également dans une approche qualitative, basée sur une analyse de
faits et de phénomènes divers.
Il s'inscrit également dans une approche synchronique,
au regard de sa subdivision thématique.
· Sources
Les informations et données dont nous nous sommes
servis pour rédiger ce travail ont été tirées de
quatre types de sources : les archives, les sources orales, les sources
écrites, et les sources électroniques.
En ce qui concerne les sources d'archives, nous pouvons les
classer en deux catégories : les archives physiques et les archives
numériques. S'agissant des archives physiques, il s'agit, pour
l'essentiel, de documents exploités au Ministère des Relations
extérieures, notamment des notes confidentielles, des photos, des
extraits de discours...
Dans le même ordre d'idée, nous avons
également pu exploiter les archives privées du regretté
Professeur Albert Pascal Temgoua, qui étaient essentiellement des
documents datant de la période allemande. Il s'agissait d'accords entre
grandes puissances coloniales (Allemagne et Royaume-Uni) sur la
délimitation des frontières entre le protectorat allemand du
Kamerun et la colonie britannique du Nigeria.
Les archives numériques quant à elles
étaient des documents téléchargés et
exploités dans les sites officiels de certaines institutions, notamment
la Présidence de la République du Cameroun, l'Assemblée
générale des Nations-Unies, la Cour Internationale de Justice, et
la Mission Permanente du Cameroun aux Nations-Unies (New-York).
Ces sources nous ont permis de cerner et d'analyser les
différents domaines et champs d'intervention des ressortissants
camerounais à l'Assemblée générale des
Nations-Unies. Elles nous ont également renseigné sur les
fonctions occupées par certains d'entre eux au sein de ladite
assemblée. Enfin, grâce à l'exploitation de ces archives,
nous avons pu nous faire une idée sur certaines faiblesses de la
diplomatie camerounaise.
Parlant des sources orales, nous avons consulté les
experts de différents domaines et disciplines tel que la science
politique, les relations internationales, les questions économiques et
financières, en nous fondant sur leur notoriété dans
lesdits domaines.
Dans le même esprit, ont également
été consultés des acteurs de la diplomatie onusienne du
Cameroun, notamment ceux exerçants au sein de la Direction des
Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée du
Ministère des Relations Extérieures.
Ces deux catégories de sources orales nous ont
renseigné sur des domaines variés tel que les origines de la
coopération bilatérale Cameroun-ONU, les modes de recrutement des
personnels, les fondements de la diplomatie onusienne du Cameroun, ses forces
et ses faiblesses... Malheureusement, nous déplorons beaucoup le fait de
n'avoir pas pu avoir accès à des acteurs ayant exercé dans
le système, notamment des chefs de mission permanente exerçant ou
ayant exercé comme tel.
Les sources écrites auxquelles nous avons eu
accès étaient essentiellement des ouvrages, des thèses,
des mémoires, ou encore des articles publiés dans des revues
spécialisées. Ces écrits, que nous avons, pour certains
consulté dans des centres de recherche comme la Fondation Paul Ango Ela
ou encore à la bibliothèque du Ministère des Relations
Extérieures (D10), et qui, pour d'autres, appartenaient à notre
bibliothèque personnelle, portaient généralement sur des
domaines comme l'histoire politique, la diplomatie et la politique
étrangère du Cameroun, les relations internationales en
général, la géopolitique internationale. Comme les sources
orales, ces écrits, en plus des informations qu'ils nous ont
apportées dans les domaines suscités, nous ont aussi
renseigné sur d'autres domaines, comme la doctrine diplomatique du
Cameroun.
Enfin, les sources électroniques, qui se
résument beaucoup plus en sources audiovisuelles et numériques,
nous ont renseigné, à travers des journaux radioffusés et
télévisés, ainsi que de documentaires, notes biographiques
et autres, sur l'actualité de la diplomatie camerounaise à
l'Assemblée générale des Nations-Unies, l'histoire
politique et diplomatique du Cameroun et de l'Afrique, la biographie de bon
nombre d'acteurs politiques et diplomatiques camerounais qui font l'objet de la
présente étude...
· École historique
Ce travail a eu pour principale référence
doctrinale l'école historique de Dakar, incarnée notamment par le
Professeur Cheik Anta Diop de regrettée mémoire. Cette
école, qui se propose de réfuter les thèses
européocentristes et afro-pessimistes qui font de l'Afrique un continent
ahistorique, propose une réécriture de l'histoire de ce continent
fondé sur son extraversion.55(*) Elle s'enracine également dans le souci de
réaffirmer l'historicité des sociétés africaines,
notamment à travers la démonstration de l'origine noire des
anciens Egyptiens qui, faudrait-il le rappeler, demeurent la civilisation la
plus brillante de toute l'histoire de l'humanité.
Dans le même esprit, nous entendons, à travers
cette étude, nous évertuer à apporter un démenti
à certaines thèses selon lesquelles l'Afrique ne serait pas
encore entrée dans l'Histoire.56(*)
Enfin, cette étude s'inscrit dans la dynamique de la
nouvelle histoire prônée par Fernand Braudel et autres, cette
nouvelle histoire de l'interdisciplinarité, cette histoire de l'analyse
multidimensionnelle des faits, qui sort du cadre exclusivement narratif
d'antan. Car, comme on pourra le constater, nous sommes sorti de notre
casquette historienne en faisant recours aux méthodes analytiques
d'autres disciplines telles que la science politique et les sciences de la
communication. 57(*)
13. Plan de travail
Dans l'optique d'apporter des éléments de
réponse à la problématique soulevée plus haut, nous
avons subdivisé notre travail en quatre parties :
- Le chapitre I, intitulé «LA COOPÉRATION
CAMEROUN-ONU : ORIGINES ET GÉNÉRALITÉS», traite
des origines de la coopération entre le Cameroun et l'Organisation des
Nations-Unies, qui remonte à la période de la tutelle
franco-britannique au Cameroun, sous l'égide de ladite organisation. Il
traite également des généralités sur la
coopération bilatérale entre les deux sujets. Ce chapitre est
divisé en quatre grands axes, qui abordent respectivement les
interventions des nationalistes camerounais à l'ONU, les fondements de
la diplomatie onusienne du Cameroun, ainsi que la typologie, l'inventaire, et
les critères de désignation des acteurs.
- Le chapitre II quant à lui est intitulé
«LES ACTEURS POLITIQUES ET DIPLOMATIQUES CAMEROUNAIS DANS LA
DÉFENSE DES INTÉRÊTS DU CAMEROUN». Il porte sur le
déploiement des acteurs camerounais dans les dynamiques de
défense des intérêts nationaux, et de mise en oeuvre de la
diplomatie de l'image et du rayonnement de leur pays au sein de
l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il est
divisé en deux parties qui épousent les deux axes
susmentionnés.
- Le chapitre III, intitulé «LES GRANDES QUESTIONS
INTERNATIONALES ET LES RESPONSABILITÉS CAMEROUNAISES A
L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES», est
divisé en trois principaux axes, portant respectivement sur les
interventions et positions du Cameroun sur les grandes problématiques
internationales, les conflits et contentieux internationaux, ainsi que sur les
postes de responsabilité occupés par ces derniers au sein de
l'Assemblée.
- Enfin, le quatrième et dernier chapitre, qui porte
sur «LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES :
APPROCHE CRITIQUE ET PROSPECTIVE», se propose de faire une approche
bilancielle et prospective sur la diplomatie camerounaise à
l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il comporte trois
principales parties, traitant respectivement du bilan de la diplomatie
camerounaise à l'Assemblée générale des
Nations-Unies, des forces et faiblesses de cette diplomatie, et des
perspectives d'avenir.
CHAPITRE I :
LA COOPÉRATION
CAMEROUN-ONU : ORIGINES ET GÉNÉRALITÉS
Lorsqu'en 1472 les Portugais découvrent le territoire
qui sera plus tard appelé « Cameroun `', 58(*) celui-ci n'était qu'une
vaste mosaïque de nations. 59(*) Ces nations pouvaient être classifiées
en quatre grandes catégories ethnico-culturelles : l'aire
culturelle bantoue, l'aire culturelle sahélo-saharienne, l'aire
culturelle sawa, et l'aire culturelle des Grassfields. Ainsi, on n'a
pas encore affaire à une entité territoriale homogène et
bien organisée du point de vue politico-institutionnel. Mais la
situation va évoluer dès 1884 avec l'annexion du territoire par
les Allemands. Cette annexion va se matérialiser par la signature, le 12
Juillet de cette année, du traité germano-duala.60(*) Le Cameroun devient donc un
protectorat allemand. Cependant, ce statut va changer en 1914, et se
préciser dès 1916 : avec l'éclatement de la
Première guerre mondiale, les Allemands, vaincus par les Français
et les Britanniques, seront contraints de s'exiler de ce territoire dès
1916.
D'abord condominium franco-britannique, ce territoire a
ensuite été scindé en deux parties, administrées
individuellement par chacune des deux puissances. A la faveur de la
création de la Société des Nations en 1919, ce territoire
va acquérir trois ans plus tard le statut de territoire sous mandat de
ladite organisation61(*).
Mais la Société des Nations, du fait de son incapacité
notoire à remplir sa mission régalienne, à savoir la
préservation de la paix et la sécurité internationales
(puisqu'elle n'aura pas réussi à empêcher
l'éclatement d'un deuxième conflit mondial), va s'effondrer au
profit de l'Organisation des Nations-Unies, laquelle voit officiellement le
jour le 26 Juin 1945. Cette mutation d'organisation mondiale a également
entraîné un changement de régime d'administration
internationale des territoires. C'est ainsi que l'on est passé du
régime de mandat au régime de tutelle. Évidemment, le
Cameroun ne déroge pas à cette nouvelle donne. L'ancien
territoire sous mandat de la SDN devient donc un territoire sous tutelle
onusienne. C'est cette période de l'histoire du Cameroun qui nous
intéressera dans ce premier axe de notre analyse. Nous analyserons
notamment les premières interventions des nationalistes camerounais dans
les tribunes onusiennes, ainsi que leur impact et leur portée sur
l'avenir du Cameroun.
Dans cette partie de notre travail, nous procèderons
également à l'étude de certains aspects
généraux de la coopération bilatérale Cameroun-ONU,
notamment les fondements, la typologie et l'inventaire des acteurs, et leurs
critères de désignation.
I. DES PREMIÈRES INTERVENTIONS
CAMEROUNAISES À L'ONU : LE NATIONALISME CAMEROUNAIS DANS LES
TRIBUNES ONUSIENNES
La période de tutelle marque une étape
décisive dans l'histoire du nationalisme camerounais. Celui-ci
s'était en effet beaucoup plus manifesté jusqu'ici par des
résistances aux différentes puissances coloniales par des leaders
tels que Duala Manga Bell, Adolphe Ngosso Din, Oba'a Beti, Nkal
Mentsouga...62(*)
Il va aussi se manifester par la mise sur pieds d'associations
à caractère ethnico-régional. On peut citer entre
autres : l'Union bamiléké, la Solidarité Babimbi du
Cameroun, l'Association Amicale de Maroua...63(*) On parle alors de «
protonationalisme».64(*)
Mais la particularité du nationalisme camerounais dans
la période sous tutelle est qu'il eut pour tremplin les partis
politiques. Ceux-ci peuvent être classés en deux
catégories : les «partis indépendants» et les
«partis administratifs». Dans la première catégorie, le
parti le plus remarquable est l'Union des Populations du Cameroun (UPC).
Toutefois, il faut noter que les revendications, qui tournaient essentiellement
autour des questions d'indépendance et de réunification,
étaient très loin de faire l'unanimité idéologique
entre les protagonistes des deux camps. D'abord limitées au cadre
territorial camerounais, elles vont s'extrapoler vers d'autres cieux, notamment
à l'Assemblée générale des Nations-Unies. C'est
donc en considération de cette divergence idéologique que nous
avons jugé bon de classer les premières interventions
camerounaises en deux grandes catégories : les interventions des
nationalistes upécistes et les interventions des partis administratifs.
1. Les interventions
des nationalistes upécistes
La conférence franco-africaine de Brazzaville (30
Janvier au 8 Février 1944) marque un jalon décisif dans
l'histoire du nationalisme africain en général, et du
nationalisme camerounais en particulier. Prenant une certaine avance sur les
Nations-Unies, la France adopte un certain nombre de mesures visant d'une part
à accorder une certaine marge d'autonomie aux territoires sous
domination française, et d'autre part à favoriser une plus grande
participation des populations indigènes dans la gestion des affaires
publiques. Mais il convient de souligner au préalable que tout ceci ne
relève que d'une stratégie subtile. Car, au lendemain de la
Seconde guerre mondiale, le principal enjeu est la libération des
territoires colonisés. Ainsi, la France, comme toutes les autres
puissances coloniales d'ailleurs, n'avait pas d'autre choix que de s'arrimer au
contexte de l'heure, ceci d'autant plus que cet arrimage contextuel devait
également lui être utile pour accorder à ces territoires
une «indépendance à la française»... On
comprendra ce que cela veut dire.
Au rang des réformes qui découlèrent de
cette conférence, il y eut notamment la suppression de
l'indigénat prévue dès la fin effective des
hostilités (en d'autres termes la fin de la guerre) ; «la
création d'assemblées représentatives composées en
partie d'Européens et en parties d'indigènes». Ces
assemblées devaient être associées à
l'Assemblée constituante métropolitaine et, au fil du temps,
à la future Union française65(*).Au Cameroun, ce nouvel élan de la vie
politique dans les territoires colonisés va se matérialiser par
le décret du 25 Octobre 1946 instituant l'ARCAM (Assemblée
représentative du Cameroun).66(*) Celle-ci était composée de deux
sièges, dont un collège d'Européens et un collège
d'autochtones.
Toutefois, les incidences les plus remarquables de cette
nouvelle ère de l'histoire coloniale en Afrique francophone en
général, et au Cameroun en particulier furent la naissance et
l'action des syndicats, dont la plupart avaient été formés
avant la fin de la guerre, et donc, par ricochet, avant l'avènement
officiel de la tutelle onusienne.
L'Union des Syndicats Confédérés du
Cameroun (USCC) fut l'un des syndicats les plus remarquables de cette
époque. Fondée en décembre 1944 sous l'égide de
Ruben Um Nyobe et de Charles Assalé, elle s'illustra en
septembre 1945 lorsqu'elle demanda une augmentation de salaire pour les
travailleurs camerounais. Il s'ensuivit alors une grève au cours de
laquelle le secrétaire de la Chambre de Commerce trouva la
mort.67(*) Cette
organisation syndicale est le stade embryonnaire de l'Union des Populations du
Cameroun, dont le «congrès constitutif » a un
caractère assez singulier. Il a en effet lieu dans un café
situé au quartier Ndog Bati à Douala, appartenant à un
Espagnol nommé Sierra.68(*) C'était alors le 10 avril 1948.69(*) Ce mouvement politique, dont
les statuts furent déposés auprès du haut-commissaire deux
jours plus tard à 10 :50 minutes, 70(*) avait pour but de «grouper et d'unir les
habitants de ce territoire afin de permettre l'évolution plus rapide des
populations et l'élévation de leur standard de
vie».71(*)
Par ailleurs, ce parti fit également de
l'indépendance et de la réunification ses deux chevaux de
bataille. Cependant, aussi bien l'idéologie que l'action de ce parti
étaient très loin d'arranger le colonisateur français.
Car, s'il est vrai que l'indépendance future du territoire camerounais
apparaissait désormais comme un fait inéluctable, l'idée
était cependant de maintenir encore le territoire sous domination aussi
longtemps que possible. En effet, l'un des enjeux du régime de tutelle
pour les puissances colonisatrices était de préparer les
territoires concernés à acquérir l'indépendance,
tout en les préparant aussi à se maintenir dans leur
pré-carré...ce qui ne rimait pas vraiment avec la vision de
l'UPC. Ainsi, l'administration coloniale française mit sur pieds nombre
de moyens et stratégies pour réduire à néant
l'action de ce parti.
Tout d'abord, les autorités françaises vont
penser à mettre sur pieds une stratégie pour «casser»
l'action du parti. Celle-ci avait consisté à en disperser les
leaders principaux pour empêcher un travail dans l'unité, ce qui,
selon eux, devait contribuer à réduire à néant
l'expansion du parti. Erreur de calcul : cette stratégie produisit
plutôt l'effet inverse de ce qui était initialement
escompté. Au lieu de freiner l'empowerment du parti, la
dispersion de ses leaders entraîna plutôt sa propagation sur
l'étendue du territoire. À titre d'illustration, on assista
à l'implantation de l'UPC au nord, à l'ouest, au centre, au
littoral et à l'est. Les principaux acteurs de cette progression du
parti étaient Félix Moumié, Singap Martin, Um
Nyobe...72(*)
Étant donné que cette stratégie ne
portait pas de fruits, l'administration réfléchit
autrement : elle opta pour la stratégie de «diviser pour mieux
régner». Elle consistait notamment en la création de partis
politiques qui avaient pour principale mission de prendre le contre-pied de
l'UPC. Mais, parce que la plupart de ces partis n'étaient rien d'autre
qu'une mascarade et une manoeuvre de l'administration coloniale, nous nous
joignons de fait au Professeur Daniel Abwa pour les taxer de «partis
administratifs».73(*)
Au rang de ceux-ci, on peut citer l'Évolution Sociale du
Cameroun(ESOCAM), le Bloc Démocratique Camerounais(BDC), l'Union sociale
camerounaise(USC)...74(*)
L'autre manoeuvre des autorités françaises pour
faire obstruction à l'UPC fut de lui coller, à travers des partis
comme l'ESOCAM, l'étiquette de parti communiste. En effet, l'article 2
des statuts de ce parti préconisait la lutte contre l'idée de
l'indépendance et de la réunification qu'il (le parti ESOCAM)
taxait d' «idée politique communiste».75(*)
De ce qui qui précède, deux
éléments doivent attirer l'attention. Premièrement,
l'instauration par les autorités de partis administratifs avait pour
principal effet d'empêcher l'unanimité des Camerounais sur
l'idéologie de l'UPC. D'ailleurs, en ce qui concerne l'ESOCAM, le fait
qu'elle soit dirigée par Pierre Dimalla, originaire de l'ethnie bassa
comme le secrétaire général de l'UPC ne peut
paraître banal que pour les esprits naïfs. En effet, on peut y voir
le désir des autorités coloniales de jeter le discrédit
sur l'action du parti d'Um Nyobe dans sa propre ethnie. Or, l'expérience
a prouvé qu'en Afrique en général et au Cameroun en
particulier, l'on ne peut prétendre à une ascension, et
même à une acceptation politique, si l'on n'a pas au
préalable une assise solide au niveau ethnico-régional.
De plus, il faudrait qu'on se rappelle que le contexte
était celui de la Guerre froide. Or le territoire camerounais
était censé appartenir au camp libéral. Ainsi, taxer un
parti de communiste aurait automatiquement pour effet de le discréditer,
tant sur le plan interne qu'au plan international, notamment auprès des
États-Unis, leader du monde libéral et première puissance
mondiale.
Enfin, l'UPC a été privée, par des
obstructions, fraudes et manigances diverses, de participer aux
élections de 1952, élections qu'elle aurait remportées, ce
qui aurait pu conduire, et dans les plus brefs délais, au triomphe de
ses idéaux. 76(*)
Ainsi minée politiquement à l'intérieur,
l'UPC se tourna alors vers les Nations-Unies, où elle poursuivit son
combat.77(*)
S'agissant de l'indépendance du Cameroun, le
«parti du crabe» l'envisageait en trois principales étapes,
à savoir : la révision des accords de tutelle, la fixation
d'un délai pour l'octroi de l'indépendance et l'organisation
institutionnelle de la période pré-indépendance.78(*)
La première sortie du secrétaire
général de l'UPC aux Nations-Unies remonte au 17 décembre
1952. Elle visait à défendre le deuxième point du
programme du parti pour l'indépendance. À ce propos, laissons-lui
la parole :
Ici, je serais (sic) particulièrement bref puisque
l'Assemblée générale des Nations-Unies avait adopté
une importante résolution à ce sujet, au cours de la
sixième session, en invitant les autorités administrantes
à proposer les délais après lesquels les territoires sous
tutelle pourront accéder à leur autonomie ou à leur
indépendance. Ce que nous pouvons demander à votre commission,
c'est une recommandation invitant les gouvernements français et anglais
à faire ces propositions lors même de l'élaboration des
rapports annuels sur l'administration du Cameroun pour l'année 1952 et
recommander expressément (...) que ce délai doit
représenter un laps de temps le plus court possible(...)79(*).
Ici, il convient de constater deux choses :
premièrement, l'auteur de cette pétition demande aux responsables
de la Commission de Tutelle des Nations-Unies d'inviter les gouvernements des
territoires sous tutelle à rendre annuellement compte de leurs
activités. Ainsi, on peut déceler, à travers cette
pétition, une stratégie subtile des upécistes pour
anéantir l'action des partis administratifs. En effet, lorsqu'il demande
à cette commission d'exiger aux autorités tutélaires
d'adresser des rapports aux Nations-Unies, l'on peut aisément comprendre
que ledit rapport est censé être fidèle et réel.
Ceci suppose qu'il ne doit nullement être influencé par l'action
instrumentalisée des partis administratifs.
Le deuxième constat souligne que les upécistes,
par la voix de leur secrétaire général, en appellent
à l'octroi de l'indépendance aux territoires sous tutelle (et en
l'occurrence le Cameroun). Ceci peut être interprété comme
une volonté manifeste de ce parti d'utiliser les instances onusiennes
pour mettre la pression sur les puissances tutrices. Car, faudrait-il le
rappeler, l'ONU est le mandant, ou mieux, l'acteur majeur du régime de
tutelle et ès qualité, elle est mieux placée que tout
autre type d'acteur pour faire instance sur les autorités tutrices.
Il va de nouveau s'y rendre en 1953 et en 1954.
Toujours concernant l'indépendance, il va se poser,
après l'adoption de la loi-cadre en 1956, un problème
fondamental, à savoir celui de l'avenir politico-institutionnel du futur
Etat. Deux thèses s'affrontaient à ce propos, à
savoir : celle d'une indépendance précédée par
un référendum populaire, et celle d'une indépendance sans
consultation électorale préalable.
Les principaux tenants de la première thèse
étaient les militants de l'UPC. Se présentant à la tribune
onusienne dès le 28 octobre 1958, ils exposent la
nécessité d'un référendum et celle de
l'élection d'une nouvelle Assemblée législative ou
constituante (l'ATCAM votée en 1956 paraissant déjà
caduque dans un contexte de pré-indépendance).80(*)
De plus en plus se pose également la
problématique de la réunification des deux Cameroun. Celle-ci
devra-t-elle avoir lieu avant ou après l'accession du Cameroun
français à l'indépendance ? Pour traiter de cette
question, l'Union des Populations du Cameroun va dépêcher à
l'assemblée générale des Nations-Unies (session d'octobre
1958) trois pétitionnaires, précisément Félix
Roland Moumié, Abel Doo Kingué et Ndeh Ntumazah. 81(*)
Les pétitions des nationalistes upécistes aux
Nations-Unies peuvent se comprendre et s'expliquer par deux principaux
éléments, par ailleurs étroitement liés : le
regard que les membres de ce parti avaient sur le gouvernement camerounais en
place, et leur désir d'empêcher ce dernier d'accéder aux
affaires dans un contexte de pré-indépendance.
Les militants de l'UPC considéraient le gouvernement de
l'Etat sous tutelle du Cameroun comme une horde d'usurpateurs. En effet, comme
il a déjà été démontré plus haut, les
nationalistes upécistes avaient été les premiers à
revendiquer aussi bien l'indépendance du Cameroun français que sa
réunification avec le Cameroun sous tutelle britannique.
Paradoxalement, ces concepts étaient progressivement en train
d'être appropriés par les pseudo-nationalistes issus des partis
administratifs... Fidèles à leur volonté de voir le
Cameroun accéder à une réunification er à une
indépendance immédiate, ils réclamaient également
la mise sur pieds d'un gouvernement démocratique au Cameroun, ce qui,
selon eux, ne serait possible qu'une fois Ahidjo et sa clique
écartés des affaires.82(*)
Par ailleurs, ces derniers, en s'appuyant sur l'exemple
nigérian, firent la suggestion à l'Assemblée
générale des Nations-Unies de rendre effectif le transfert des
pouvoirs en sa treizième session de septembre 1959, question de
permettre à ladite assemblée de valider l'option du peuple
camerounais pour le terme de la tutelle onusienne.83(*)
De plus, et dans le même ordre d'idée, les
upécistes considéraient comme « fantoche `' ce
gouvernement qui visiblement était aux ordres de Paris. Or dans leur
esprit, il n'était nullement question pour le Cameroun d'embrasser
l'indépendance sous le profil du néocolonialisme qui se dessinait
alors en filigrane.
Enfin, il était désormais clair pour toute la
classe politique camerounaise que si on laissait Ahidjo et ses affidés
poursuivre leur bonhomme de chemin sans obstruction, ils seraient
« auréolés d'une reconnaissance internationale'' (pour
reprendre les termes de Philippe Gaillard) au lendemain de l'accession du
Cameroun à l'indépendance. Des consultations électorales
apparaissaient donc dans ce sens comme une recette idoine pour prendre le
contre-pied d'une dynamique en marche. Car, si Ahidjo était
assuré du soutien solide et inconditionnel de la France, ce
n'était pas le cas lorsqu'on considère le point de vue des
populations.
Face donc à tous ces défilés des
pétitionnaires upécistes devant l'organisation internationale,
l'administration coloniale et ses partenaires des partis administratifs ne sont
pas restés les bras croisés. Ces derniers, évoluant
toujours dans leur logique de prendre le contre-pied de l'UPC, se sont à
leur tour présentés devant les différentes tribunes
onusiennes.
2. Les interventions
des nationalistes modérés
Les premiers contradicteurs du secrétaire
général de l'UPC aux Nations-Unies furent Charles Guy René
Okala, président de l'USC, et représentant du Cameroun au
Sénat français, et le prince Douala Manga Bell en qualité
de membre de la délégation française. Ces deux
contre-pétitionnaires affirmaient qu' «il est
prématuré de parler d'indépendance au Cameroun et que la
France y mène à bien la mission à elle confiée par
l'ONU».84(*)
D'autres allèrent même jusqu'à affirmer
que les upécistes n'avaient pas qualité de revendiquer quoi que
ce soit devant une quelconque tribune onusienne, car n'étant
représentés dans aucune institution locale. Ainsi l'UPC
paraît donc comme un parti illégitime et fantoche. Comme on peut
le constater, à travers ce jeu de la contestation de la
légitimité de l'UPC, tout comme par la présentation d'une
France qui mène à bien la mission à elle confiée
par l'ONU, on assiste à un renversement des rôles : le parti
légitime devient le parti `'fantoche'', et le parti
`'fantoche'' devient le parti `'légitime''.
L'autre stratégie des «nationalistes
modérés »a également consisté à
démontrer que le Cameroun n'est pas encore prêt pour
l'indépendance. C'est ce qui ressort de ce discours d'Okala :
En effet, l'indépendance suppose
déjà la jouissance pleine et totale des facultés d'Etat
libre avec sa cohorte d'avantages et d'inconvénients. Elle suppose
déjà une majorité politique, des cadres assurés,
une technique à toute épreuve, un équipement
économique, industriel et agricole moderne, une constitution
établie, une monnaie reconnue, une armée, etc. (...).85(*)
De ce discours, il ressort un élément
phare : selon Charles Okala, le Cameroun n'était pas prêt
pour l'indépendance, tant au point de vue politico-institutionnel qu'au
point de vue économique, social et humain. Cette prise de position
visait ainsi à démontrer à l'organisation mondiale
l'absurdité de l'indépendance immédiate revendiquée
par l'UPC.
Les nationalistes «administratifs» ont enfin
attaqué les upécistes sur les modalités pratiques de
l'accession à l'indépendance. À titre de rappel, deux
thèses s'affrontèrent à ce sujet : celles de la tenue
des élections avant l'indépendance, et celle de la tenue
d'élections après l'indépendance. Les «nationalistes
modérés» étaient naturellement partisans de la
seconde thèse.
L'administration coloniale s'était auparavant
évertuée à démontrer à la mission de visite
des Nations-Unies au Cameroun que cette thèse était
partagée par tous les politiciens camerounais. Elle avait usé de
ruse en amenant ladite mission à mener une grande partie de ses
enquêtes auprès de la classe politique pro-administration. Et la
ruse porta des fruits : puisque les ressortissants de cette classe
politique constituaient la seule élite politique légale (et donc,
légitime), elle représentait la volonté populaire. Les
upécistes jouissaient donc déjà d'un préjugé
négatif auprès des instances onusiennes, lesquelles
considéraient d'ores et déjà que, l'indépendance
faisant déjà l'unanimité au sein de la classe politique,
la tenue d'élections n`était plus nécessaire.86(*)
Cependant, il faudrait souligner que le nationalisme
camerounais à l'ONU ne fut pas l'affaire des politiciens du seul
Cameroun sous tutelle française. En effet, d'autres tendances se firent
remarquer au Cameroun sous tutelle britannique. Le cheval de bataille de ces
derniers fut la réunification. À ce propos, deux principales
tendances se dégagèrent, à savoir celle prônant la
réunification du Southerns Cameroons au Cameroun
français d'une part, et celle soutenant la réunification du
Cameroun britannique au Nigeria d'autre part.
3. Les nationalistes
du Southerns Cameroons aux Nations-Unies
Comme on l'a déjà souligné plus haut, le
principal point qui a attiré notre attention dans les premières
interventions des Camerounais britanniques aux Nations-Unies est la
réunification. Ainsi, notre analyse va beaucoup plus s'appesantir sur la
session de février 1959.
John Ngu Foncha, leader de la première tendance, se
présenta devant l'Assemblée comme leader du KNDP.87(*) Il signifia à
l'auditoire le programme de son parti, qui, avait remporté les
élections législatives au Cameroun britannique. Ce programme
s'articulait autour des points suivants :
D'abord, la constitution du Southerns Cameroons en
une entité séparée avant l'accession du Nigeria à
l'indépendance. Ceci devrait permettre entre autres à ce dernier
d'avoir la latitude pour l'option de la réunification avec le Cameroun
français. Il faut noter qu'au cours de cette période, cette
partie du Cameroun britannique devrait rester sous tutelle (provisoire) des
Nations-Unies.
Ensuite, la réunification des deux Cameroun
était bel et bien envisageable. Cependant, la condition sine qua
none était la séparation préalable du Northens
Cameroon de la fédération nigériane.
Enfin, le plébiscite devrait être la voie par
laquelle les populations du Southerns Cameroons britannique devaient
être consultées sur la question de la
réunification.88(*) De cette intervention de Foncha à la
tribune onusienne, quatre points méritent d'attirer l'attention.
Premièrement, le fait de se présenter comme
leader du KNDP, parti qui avait remporté les élections
législatives au Cameroun sous tutelle britannique. En effet, en se
présentant comme le leader de ce parti, il était en train de
signifier à l'organisation mondiale que la volonté de
réunification des deux Cameroun émane d'un désir
populaire. Ceci constitue donc en quelque sorte à prendre le contre-pied
de ses adversaires de l'autre tendance dans Southerns Cameroons.
De plus, à travers le deuxième point
susmentionné de la pétition du Premier ministre du Cameroun
britannique, on peut comprendre une invitation tacite de ce dernier à
ses compatriotes du Nord-Cameroun anglophone à s'aligner derrière
l'idée de réunification, nonobstant les différents jeux et
manoeuvres auxquels s'adonnaient les autorités nigérianes et
leurs compères de Londres pour empêcher la matérialisation
de cette idée.89(*)
Enfin, presque tous les points de cette allocution
traduisaient la volonté du numéro 1 du Southerns Cameroons
britannique de ne pas forcer la main aux populations de ce territoire pour
ce qui est de la réunification avec le futur Etat indépendant du
Cameroun français. En d'autres termes, son souhait était que
l'organisation mondiale pût laisser ces populations décider de
leur avenir en toute âme et conscience.
À cette même session de l'Assemblée
générale, un autre leader nationaliste du Southerns
Cameroons, en la personne d'Emmanuel Endeley, se présenta devant le
« parlement `' onusien. Il commença d'abord par faire
une espèce de rappel implicite de ses réalisations passées
pour le Cameroun britannique, exhortant ainsi son auditoire à prendre en
considération, et sur cette base, son intervention. À travers
cette doléance, Endeley voulait signifier aux uns et aux autres que,
bien que n'étant pas une personnalité officielle dans la zone du
Cameroun britannique, il y jouissait quand même d'une
notoriété qui n'était pas à négliger. Il
s'agissait en quelque sorte pour lui de «légitimer son intervention
a priori illégitime».
Ensuite, il argua que le Cameroun britannique ne saurait
accéder à l'indépendance autrement qu'en tant que partie
intégrante du Nigeria, vu que ce n'était qu'avec lui qu'il avait
des possibilités d'investissement.90(*)
Allant toujours dans le même esprit, il déclara
que, s'il avait été un partisan de la réunification, sa
position avait changé. Car non seulement en cette année 1959
cette question était hors contexte et ne faisait pas partie des accords
se tutelle, mais ne faisait même pas l'unanimité au sein de
l'opinion politique du Cameroun français.91(*)
Il poursuivit son argumentaire en soulignant que la
réunification était basée sur de fausses idées
sentimentales, car elle apporterait des frontières plus longues que
celles qui existeraient entre le Cameroun et le Nigeria. Par contre, elle
serait avantageuse uniquement dans le cadre d'une union sud-africaine incluant
le Southerns Cameroons. 92(*)
Ainsi, Endeley procéda à un déconstruit
des vertus de la réunification tel que ses partisans les
présentaient. D'abord, il s'évertua à démontrer que
le Southerns Cameroons économiquement ne pourrait s'en sortir
en étant uni avec le Cameroun français qui, d'après lui,
ne lui offrait pas de possibilité d'investissement, contrairement au
Nigéria. Il serait donc de ce fait plus bénéfique pour les
«Camerounais britanniques `' d'opter pour la réunification
avec la fédération nigériane, s'ils voulaient un avenir
certain.
De plus, en soulignant que la réunification ne faisait
pas partie des accords de tutelle, le leader du KNC93(*) remettait en cause la
légalité et même la légitimité de la
réunification. Le jeu consistait en effet à démontrer
à l'organisation mondiale que les partisans de cette doctrine
étaient en train d'aller à l'encontre de ce qui avait
été initialement prévu par elle et les puissances
tutélaires. L'aspiration à la réunification apparaissait
dès lors comme un défi lancé à l'organisation de
New-York...
Enfin, en évoquant les questions culturelles et
« sentimentales `', Endeley entendait prouver à tous
qu'une réunification entre Camerounais francophones et anglophones
serait culturellement incompatible, les fondements ethnologiques d'un tel
avenir ne relevant que de la pure illusion. Car on avait affaire ici à
deux peuples qui, du fait colonial, n'avaient rien en commun, des points de vue
culturel (en l'occurrence linguistique) et politique. En revanche, ils avaient
tout en commun avec les Nigérians, imprégnés comme eux de
la culture anglo-saxonne...
En somme, les premières interventions camerounaises
dans les tribunes onusiennes entre 1952 et 1959 furent centrées autour
de deux principaux éléments, à savoir
l'indépendance et la réunification. Ces deux thèses
créèrent deux grands camps autant au Cameroun français
qu'au Cameroun britannique : un camp radicalisé, et un camp
modéré. Cependant, les deux idéologies posèrent des
problématiques différentes dans les deux parties de ce qui
constituera plus tard le territoire camerounais. Si au Cameroun français
on parlait des délais de l'indépendance et de la
réunification, au Cameroun britannique, on, ne s'entendait même
pas sur la nécessité d'une quelconque réunification. Au
Cameroun français, la thèse de l'indépendance
immédiate finit tout de même par s'imposer, même si cela
n'intervint que dans un contexte purement contraignant. Quant à la
question de la réunification, elle fut remise à plus tard par
l'organisation internationale.
Ainsi s'achève l'étude d'un pan essentiel de la
période du Cameroun sous tutelle onusienne. L'histoire se voulant
être la science qui étudie le passé pour mieux comprendre
le présent et projeter le futur, il ne serait pas judicieux de boucler
cette articulation sans passer cette période de l'histoire du Cameroun
sous le crible de la critique.
4.
Impact et portée des premières interventions camerounaises
à l'ONU
De façon globale, les interventions des nationalistes
camerounais aux Nations-Unies se soldèrent par un succès. En
effet, le territoire sous tutelle française accéda à la
souveraineté internationale. Cela traduisait donc la victoire des
revendications des nationalistes camerounais dans les instances de
l'organisation mondiale. Cependant, les divergences dont ces revendications
furent l'objet entre les protagonistes, ainsi que les différentes
manoeuvres qui en découlèrent, ont largement
hypothéqué l'avenir du pays. L'impuissance de l'ONU à
s'imposer aux puissances tutélaires a eu des incidences à long
terme sur le nouvel Etat du Cameroun, surtout sur les plans politique et
économique.
Sur le plan politique, l'incapacité de l'ONU à
faire triompher les thèses nationalistes initiales et authentiques
(celles de l'UPC) a entraîné l'arrivée au pouvoir d'hommes
totalement acquis à la cause de la France. Ainsi, le Cameroun entre de
pleins pieds dans l'ère du néocolonialisme, avec tous les effets
pervers que cela comporte C'est ainsi qu'on se retrouva en train de
déclencher et de faire aboutir un processus d'«unité
nationale» qui a abouti, le 20 mai 1972, à l'avènement de
l'Etat unitaire. En réalité (et ceci est un fait inédit),
ce processus n'est que la suite chronologique de la découverte
d'importants gisements d'hydrocarbures en zone anglophone, ce qui incita Paris
à mettre la pression au pouvoir de Yaoundé dans ce sens.94(*) Les manoeuvres qui aboutirent
à ce processus peuvent aisément aider les uns et les autres
à comprendre le malaise qui sévit actuellement dans ces
zones.95(*)
Sur le plan économique, les principaux aspects qui
retiennent l'attention sont les aspects financier et monétaire. En
effet, selon les accords de coopération franco-camerounais signés
le 13 novembre 1960, la trésorerie camerounaise est totalement
assujettie à la trésorerie française. Ainsi, tous les
fonds issus des recettes domaniales et fiscales de l'Etat camerounais doivent
impérativement transiter vers le trésor français.96(*) Ces accords font en sorte
que, pour tout besoin de financement d'un projet quelconque, le gouvernement
camerounais doive au préalable se référer à la
France. Et très souvent, il ne reçoit pas toujours la somme
nécessaire pour la réalisation du projet. Il arrive parfois qu'on
se retrouve dans des situations inouïes, comme par exemple celle où
l'Etat camerounais se retrouve débiteur de ses propres fonds...97(*) Avec de tels aléas, on
peut aisément comprendre que le développement devient fortement
hypothéqué.
Un autre aspect qui mérite d'attirer l'attention, c'est
l'aspect éducatif. Selon les accords de coopération
franco-camerounais susmentionnés, les programmes scolaires et
universitaires (même dans les grandes écoles et académies
militaires) sont proposés par Paris.98(*) Point n'est besoin de rappeler que bon nombre de ces
programmes n'étaient nullement adaptés aux réalités
locales. De ce fait, ils ne pouvaient en aucun cas contribuer à booster
le développement du pays.
Enfin, ces accords de coopération stipulaient que tout
produit acheté à l'étranger doit obligatoirement transiter
par les ports français avant d'arriver en terre camerounaise. Cette
subordination politique peut avoir pour conséquence l'interception et le
remplacement de certains produits dans les ports parisiens lorsqu'ils sont
jugés trop bons pour le Cameroun...99(*)
En somme, tous ces effets néfastes des traités
franco-camerounais sont issus de l'arrivée au pouvoir d'hommes
inféodés à la France, corollaire à l'impuissance
des Nations-Unies à faire triompher le vrai nationalisme au
Cameroun,100(*) alors sous
tutelle onusienne.
Photo N°
1 : Ruben Um Nyobe de retour de l'ONU (New-York)
Source :
www.jeuneafrique.com,
consulté le 1er mars 2021.
Photo N° 2 :
Le Premier Ministre Ahmadou Ahidjo devant le Conseil de tutelle des
Nations-Unies en 1958
Source :
www.jeuneafrique.com,
consulté le 1er mars 2021
Photo N° 3:
Arrivée du Premier Ministre du Cameroun britannique
(Southern Cameroons), John Ngu Foncha à New-York,
février 1959
Source : fr.wikipedia.com,
consulé le 1er mars 2021.
II. LES FONDEMENTS DE
LA DIPLOMATIE ONUSIENNE DU CAMEROUN
Devenu un Etat souverain le 1er janvier 1960, le
Cameroun est admis à l'ONU le 13 septembre de la même
année, par la résolution 1476 de l'Assemblée
générale100(*). On a déjà eu à le dire plus
tôt : le Cameroun est un Etat, et en tant que tel, il a une
politique étrangère. Or la politique étrangère
d'un Etat, surtout dans le cadre de ses relations avec les autres acteurs de la
société internationale, doit être basée sur un
certain nombre d'éléments justifiant son engagement dans ces
relations. Ainsi, dans cette première partie du deuxième axe de
notre étude, nous nous proposons d'examiner les facteurs ayant
motivé le Cameroun à adhérer au système onusien en
général, et les raisons de sa présence à
l'Assemblée générale de ladite organisation en
particulier. À ce propos, deux types de facteurs ont été
retenus : le facteur historique et idéologique, et les facteurs
stratégiques.
1.
Les facteurs historique et idéologique
Du point de vue historique, le principal élément
qui lie le Cameroun et l'organisation new-yorkaise, c'est la période
pendant laquelle ce territoire fut sous la tutelle de ladite organisation.
Comme nous nous sommes attelé à le démontrer plus haut, du
fait de ce statut, l'organisation internationale a tant bien que mal suivi de
près l'évolution politique et socio-économique de ce
territoire. En témoignent ses nombreuses missions de visite à
l'intérieur du territoire, ainsi que les différentes sessions
spéciales qu'elle y consacra dans ses tribunes, notamment à
l'Assemblée générale et à la Quatrième
Commission du Conseil de tutelle.101(*)
De plus, en sa qualité de tuteur, l'ONU s'est donc, au
fil du temps, érigé en une sorte de « mère
protectrice `' pour le Cameroun. Vues sous cet angle, les relations entre
le Cameroun, alors territoire sous tutelle, et l'ONU, organisation tutrice, ont
largement débordé les cadres juridique et politique pour
rejoindre les cadres de la psychologie à travers les
sentiments.102(*) C'est
ce qui ressort du discours du président Biya prononcé le 29
février 1998 à l'occasion de la visite d'un secrétaire
général de l'organisation à
Yaoundé :«L'Organisation des Nations-Unies (...) a
permis à notre jeune nation d'exister Nous sommes tous
particulièrement conscients du rôle de l'ONU dans le processus de
décolonisation qui a conduit le Cameroun à son
indépendance"103(*).
Au plan idéologique, l'adhésion du Cameroun au
système onusien peut se comprendre, ou mieux, s'analyser sous deux
prismes : le prisme idéologique national et le prisme
idéologique onusien.
Parler du prisme idéologique renvoie à certains
principes phares de la politique étrangère du Cameroun. Au
lendemain de son accession à l'indépendance, le Cameroun se fixe
pour principales lignes directrices de politique étrangère la
défense de son indépendance et de sa souveraineté
nationale et internationale, la coopération et la solidarité
internationales, le non-alignement et l'unité africaine. Pour mieux
comprendre les premier, deuxième et quatrième principes, il
faudrait considérer le contexte de l'après-indépendance
dans lequel ils sont énoncés. En effet, le Cameroun, comme
l'Afrique en général, sort fraîchement de l'ère
coloniale, et entre, vollens nollens, dans la toute nouvelle
ère du néocolonialisme. 104(*) Ainsi, les autorités de Yaoundé
entendent se joindre à leurs pairs africains pour porter haut ces
revendications qui, du reste, sont les problèmes les mieux
partagés par les Africains de cette époque.
Il faut ajouter à tout ceci que le continent noir n'est
pas encore totalement sorti de l'ère coloniale, et ceci au sens le plus
strict du terme. De plus, ledit continent est encore sujet à des maux
vicieux tels que le racisme qui se vit notamment en Afrique du Sud et en
Rhodésie du Sud (futur Zimbabwe). Toutes choses que le président
camerounais d'alors, Ahmadou Ahidjo, considère comme l' `'injustice
de ce siècle `'105(*) Ce dernier a donc foi en les tribunes
internationales en général, et en les tribunes onusiennes en
particulier pour faire résonner et triompher ces idéologies
Le Cameroun prône également le dialogue entre les
civilisations (et peuples) du monde. Vu sous cet angle, l'Assemblée
générale des Nations-Unies apparaît donc comme la
plateforme par excellence pour l'atteinte de ces objectifs.106(*)
Avec l'accession à la magistrature suprême de
Paul Biya le 6 novembre 1982, on va assister à une réorientation
des principes diplomatiques du Cameroun. Ainsi,l'on projettera désormais
de déborder les principes initiaux suscités au profit de trois
nouveaux principes, qui s'érigeront aussi en objectifs, à savoir
la présence active, la participation effective, et le
rayonnement.107(*)
Intimement liés à ces facteurs
idéologiques purement camerounais s'ajoutent également des
principes onusiens tels la solidarité et la coopération
internationale108(*),
principes dont le Cameroun entend s'approprier et entend promouvoir au sein des
tribunes de l'organisation mondiale.
Au-delà de ces éléments
idéologiques qui sou tendent la politique onusienne du Cameroun, il y a
également des facteurs stratégiques.
2. Les facteurs
stratégiques
Comme il avait déjà été
mentionné plus haut, la naissance en 1919 de la Société
des Nations marque une toute nouvelle ère dans l'histoire des relations
internationales contemporaines, à savoir l'avènement d'une
société internationale organisée. Avec la naissance de
l'Organisation des Nations-Unies (prolongement de la SDN) le 26 Juin 1945 et la
fin de l'affrontement entre les deux blocs (Guerre froide) en 1989, on assiste
à l'avènement d'une toute autre ère dans la
géopolitique mondiale, laquelle n'est rien d'autre que la suite logique
de la première : le multilatéralisme. Il ne faudrait pas
oublier un autre élément qui n'est pas de moindre importance par
rapport aux deux facteurs suscités : la naissance de nouveaux Etats
dans les quatre coins du monde en général, et en Afrique en
particulier à partir notamment des années 1960. Le défi
des nouveaux Etats est dès lors de s'affirmer sur la scène
internationale. Ceci va, entre autres, se matérialiser par
l'adhésion de ces derniers à des organisations et mouvements
internationaux divers. Outre les organisations à caractère
universel comme les Nations-Unies, vont donc naître des organisations
intergouvernementales tenant le plus compte des facteurs régionaux,
ethnico-identitaires, économiques et stratégiques. On peut entre
autres citer les organisations régionales et sous régionales
africaines (OUA, UA, UDEAC, UEAC, CEMAC, CEEAC, CEDEAO, UEMOA, SADC...), la
Ligue arabe, l'Organisation de la Conférence islamique, 109(*) la Francophonie, le
Commonwealth, l'OPEP...110(*)
Toutefois, cette pléiade d'organisations
internationales n'enlève pas à l'ONU sa place cardinale dans les
relations internationales modernes. L'ONU demeure en effet le socle du
multilatéralisme. Vue sous cet angle, l'adhésion audit
système d'organisations et à son Assemblée répond
donc à un certain nombre d'objectifs et d'enjeux. Avant donc d'entrer de
pleins pieds dans les fondements stratégiques de la diplomatie onusienne
du Cameroun, nous tenons à préciser que nous analyserons
simultanément les fondements globaux de la politique onusienne du
Cameroun, ainsi que les fondements spécifiques de ladite diplomatie au
sein de l'Assemblée générale.
De prime abord, la diplomatie onusienne du Cameroun s'articule
autour des objectifs suivants :
- Assurer la consolidation de l'image de marque du Cameroun
sur la scène internationale ;
- Veiller à ce que les positions du Cameroun soient
clairement énoncées sur les questions débattues et prises
en compte dans les résolutions adoptées ;
- consolider l'amitié et la solidarité avec
différents pays du monde.111(*)
Cette panoplie d'objectifs assignés par les politiques
camerounais à la diplomatie du pays au sein de l'organisation mondiale
dégage également un certain nombre d'intérêts du
point de vue de ces dirigeants, à savoir :
- Le rayonnement et la promotion de l'image de marque du
Cameroun ;
- De la sauvegarde de l'intégrité territoriale
et de la souveraineté de l'Etat ;
- De la participation du pays à certains organes de
l'ONU ;
- de la présence des Camerounais dans les rouages de
l'organisation...112(*)
Tels sont donc les objectifs et les intérêts de
la diplomatie de l'Etat camerounais dans le système onusien,
déroulés par des canaux officiels. Ils paraissent donc assez
exhaustifs et explicites pour qu'on ne s'y attarde plus. Néanmoins, il
serait utile et nécessaire de se pencher davantage sur quelques
points.
Le premier élément qui attire l'attention ici
est la question de l'image, dont le prolongement est le concept de l'image de
marque. Jean Saucin définit l'image d'une organisation (organisation
entendue ici comme Etat) comme «la représentation qu'a le public de
l'organisation à travers les différents signes que celle-ci
émet». Il poursuit en disant que « c'est
l'élément le plus tangible et qui persiste le plus auprès
du public `'113(*)
Ainsi, le facteur de l'image peut justifier la diplomatie onusienne du Cameroun
dans un sens double : la recherche de la reconnaissance auprès de
ses pairs (les autres membres de l'Assemblée générale, et
plus globalement, du système onusien), et la recherche du rayonnement,
ces deux éléments étant intimement liés.
Il convient de rappeler d'emblée que le Cameroun est un
jeune et nouvel Etat dans le système international.114(*) Ayant déjà
obtenu la reconnaissance de l'ensemble de la communauté internationale,
il a donc pour défi et enjeu majeurs de se faire remarquer par celle-ci
comme entité distincte et spéciale de la géopolitique
internationale. L'Assemblée générale des Nations-Unies,
rassemblement de la quasi-totalité des Etats de la planète,
apparaît de ce fait comme une plateforme idéale. Ceci sans oublier
que, comme tout Etat dans le monde, le Cameroun peut connaître des
moments de crise, lesquelles crises peuvent parfois aller jusqu'à
altérer son image et sa réputation auprès de l'opinion
publique internationale. Vue sous cet angle, l'Assemblée
générale de l'ONU apparaît également comme un lieu
par excellence d'éventuelles communications de crise, visant à
protéger, à préserver et à restaurer en tant que de
besoin l'image du pays.
Le deuxième élément sur lequel il serait
judicieux de s'attarder ici est le deuxième objectif ci-haut
déroulé, à savoir « veiller à ce que
les positions du Cameroun soient clairement énoncées lors des
questions débattues et prises en compte dans les résolutions
adoptées `'. De cet objectif ainsi formulé, il ressort que
le Cameroun entend, par son adhésion au système des Nations-Unies
et par ricochet à son Assemblée générale,
influencer le cours des relations internationales. L'Organisation de New-York
devient donc de ce fait pour les autorités de Yaoundé un
instrument de ce qu'on pourrait appeler à juste titre « la
diplomatie de puissance `'.
Par ailleurs, l'Assemblée générale de
l'ONU regroupe quasiment tous les Etats de la planète. Certains de ces
Etats ont des particularités bien précises : d'aucuns sont
des puissances économiques et technologiques (Japon, Allemagne,
Corée du Sud...) ; d'autres sont à la fois des puissances
économiques, technologiques, politiques et militaires (USA, Chine,
Russie, France, Royaume Uni). Ainsi, la présence du Cameroun aux
Nations-Unies lui offre donc non seulement l'occasion de faire d'utiles
rencontres, mais également l'opportunité de nouer des
partenariats stratégiques avec des puissances stratégiques,
lesquelles puissances peuvent concourir non seulement à l'accompagner
dans sa politique de développement, mais peuvent aussi lui être
utiles pour d'éventuels lobbyings, en tant que de besoin. Tout ceci
explique donc le désir de Yaoundé de «consolider
l'amitié et la solidarité avec différents pays du
monde».
De plus, cette idéologie s'impose d'autant plus que
depuis son accession à l'indépendance, le Cameroun fait face
à plusieurs contraintes intérieures : rébellion
upéciste durant les onze premières années de son
existence, récession économique depuis la fin des années
1980, et très récemment, des crises sécuritaires dans
différents coins du pays.115(*) La présence du pays à New-York lui
offre donc l'occasion d'accéder aux partenaires bilatéraux en
matière économique et sécuritaire, aussi bien qu'elle lui
ouvre l'accès à des partenaires économiques et financiers
onusiens de choix tel que le Fonds Monétaire International et la Banque
mondiale.
Nicolas Machiavel disait en son temps que le système
international était essentiellement dominé par la loi du plus
fort. Selon lui, «c'est chose vraiment tout à fait naturelle et
ordinaire que de désirer d'acquérir (...)».116(*) Ainsi, selon le philosophe
et conseiller politique florentin, le système international est
essentiellement caractérisé par le désir constant des plus
forts de dominer les plus faibles. Même si de nos jours cette dynamique
n'a plus pour objet final la conquête par une grande puissance d'un
territoire ou d'une portion de territoire appartenant à un Etat faible
(du moins le principe n'est plus officiel et légitime), elle n'est pas
moins ardente et continue de se manifester sous des formes tout aussi
flagrantes tel que les ingérences et les interventions diverses dans les
affaires internes de ces Etats. C'est conscient de cette dure
réalité de la vie internationale que le Cameroun s'appuie sur les
principes de sauvegarde de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale comme fondement de sa politique
onusienne.
Dans le même ordre d'idée, le Cameroun est
également conscient que ce fait n'est pas un apanage à lui tout
seul. C'est pourquoi il se veut également porteur au sein de
l'Assemblée générale onusienne, de la voix de l'Afrique
opprimée et dominée. Écoutons à ce propos le
président Paul Biya : «En définitive, la politique
étrangère du Cameroun s'impose comme une exigence de contribution
courageuse et généreuse de libération des
peuples».117(*)
En ce sens, pour autant que la politique onusienne du pays est
donc concernée, le chef de l'Etat camerounais entend donc faire de son
pays « la voix des sans voix `'. Pour parler comme Yves
Alexandre Chouala, l'Assemblée générale des Nations-Unies
se présente pour le pays de Paul Biya comme « un creuset des
nationalismes `' et `' un cadre idéal pour la
libération et le progrès `'. 118(*)
Enfin, le dernier facteur stratégique qui peut
justifier la présence camerounaise à l'ONU est la coercition. En
effet, selon Guillaume Devin et Marie-Claude Smouts, « la
coopération (multilatérale) peut être aiguillonnée
par des dispositions de nature coercitive. Un acteur plus puissant et/ou un
régime de sanctions contraignent d'autres acteurs à rallier un
jeu coopératif qui n'était pas souhaité initialement ou
à s'y maintenir malgré les velléités de
défection `'.119(*) L'Organisation des Nations-Unies, point de rencontre
entre les puissances du globe, apparait ainsi comme une garantie pour
Yaoundé contre toute velléité préjudiciable d'une
de ces puissances.
En grosso modo, les fondements de la diplomatie
onusienne du Cameroun peuvent se résumer dans les quatre mots
suivants : image, rayonnement, sécurité et
développement Parler des généralités de la
diplomatie onusienne du Cameroun sans en évoquer les bases fondamentales
n'eût été qu'incongruité, tant cet aspect est
crucial pour la compréhension des faits qui vont être
évoqués et analysés dans la suite de cette étude.
Toute aussi cruciale est la connaissance des différentes chaînes
d'acteurs qui interviennent dans ladite diplomatie. Car, faudrait-il le
rappeler, «il n'est de richesse que d'hommes».
III. TYPOLOGIE DES PERSONNELS
La diplomatie multilatérale d'un Etat suppose
l'implication de diverses catégories d'acteurs ou d'intervenants :
les acteurs étatiques, les acteurs diplomatiques, les élites
intellectuelles, les personnels militaires... Comme énoncé par la
thématique, pour autant que la diplomatie camerounaise à
l'Assemblée générale des Nations-Unies est
concernée, nous nous sommes intéressé à deux
catégories particulières d'acteurs, à savoir les acteurs
politiques et les acteurs diplomatiques. Ici, il s'agira de classifier ces
différents types d'acteurs selon les différentes strates
spécifiques auxquelles ils appartiennent dans les deux grands ensembles
globaux suscités, tout en mettant l'accent sur le rôle joué
par chacun d'entre eux.
1. Les acteurs
politiques
Le mot «politique» dérive du grec ancien
polis, qui veut dire «cité». Ainsi, la politique
renvoie à «la gestion des affaires de la
cité».120(*)
En procédant à une transposition contextuelle par rapport
à l'époque contemporaine, on pourrait définir la politique
comme étant la gestion des affaires d'un Etat. Cette gestion implique
l'intervention de deux principales catégories d'acteurs. D'une part,
nous avons les acteurs de ce que Montesquieu appelle «les trois
pouvoirs», et d'autre part, nous avons ceux de l'opposition.
Du côté des «trois pouvoirs», on
distingue le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le
pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif, dont les principaux maillons
sont généralement le chef de l'Etat et le gouvernement, est
chargé de la définition et de la mise en oeuvre de la politique
générale de la Nation. Le pouvoir législatif, dont les
acteurs majeurs sont les parlementaires, est chargé, entre autres, du
vote des lois et du contrôle de l'action gouvernementale ; le
pouvoir judiciaire, lui, est globalement chargé de l'administration de
la justice et de la gestion des fonctionnaires dudit corps.
Comme son nom l'indique, l'opposition désigne
l'ensemble des forces politiques opposées au régime gouvernant
d'un pays. Cependant, il peut arriver (ce qui est d'ailleurs très
récurrent) qu'il y'ait interaction entre les acteurs de l'une comme de
l'autre catégorie. Par exemple, des opposants peuvent être soit
membres du gouvernement, soit membres du parlement, le second cas étant
le plus courant.
Toutes ces catégories d'acteurs politiques peuvent
intervenir, à des degrés divers, dans le jeu diplomatique
(multilatéral, plus précisément) d'un Etat. Toutefois,
dans le cadre de cette analyse, nous nous limiterons aux seuls acteurs du
pouvoir exécutif, en nous focalisant notamment sur le Président
de la République et le Ministre des Relations extérieures.
Aux termes des dispositions pertinentes des articles 5 (al.
2), et 8 (al. 1, 4 et 9) de la Loi fondamentale du 18 janvier 1996, le
Président de la République :
- Définit la politique de la Nation ;
- Représente l'Etat dans tous les actes de la vie
publique ;
- Accrédite les ambassadeurs et les envoyés
extraordinaires auprès des puissances étrangères ;
- Crée et organise les services publics de l'Etat.
A ces textes de la Loi fondamentale suscitée, on
pourrait ajouter l'article 10 alinéa 1 selon lequel « le Chef
de l'Etat nomme le Premier ministre, et sur proposition de celui-ci, les autres
membres du Gouvernement''.
De ces textes ainsi cités, l'on peut faire, ou mieux,
tirer un certain nombre d'interprétations quant au rôle
joué par le chef de l'Etat dans la diplomatie onusienne du Cameroun.
Premièrement, sa qualité de définisseur
de la politique générale de la Nation stipule qu'il est, entre
autres, l'ordonnateur de la politique étrangère du pays. Ceci
signifie donc que les différentes lignes de la politique onusienne du
Cameroun sont définies et arrêtées depuis la
Présidence de la République. Le locataire des lieux dispose
certes, d'un conseiller spécial en charge des affaires
diplomatiques,121(*)
tout comme il existe, dans l'architecture gouvernementale, un
département en charge des relations extérieures.
De plus, le président de la République, chef de
l'Etat, représente l'Etat dans tous les actes de la vie publique,
c'est-à-dire aussi bien dans la vie publique intérieure que dans
la vie publique internationale. En prenant aussi en compte le fait que le
Président de la République, de par sa qualité d'élu
de la nation toute entière, incarne en quelque sorte la nation
camerounaise et l'Etat camerounais, on peut donc déduire que ce dernier
est le représentant, le porte-parole naturel et légitime du
Cameroun auprès des instances internationales, et par ricochet de
l'instance suprême qui est l'Assemblée générale des
Nations-Unies.
Les alinéas 1, 4 et 9 de l'article 8 édifient
sur le fait que ce dernier est le seul compétent pour organiser les
services centraux en charge de l'élaboration, de la mise en oeuvre et de
la coordination des affaires étrangères de l'Etat. Il dispose
également des mêmes pouvoirs pour ce qui est des services
diplomatiques déconcentrés de l'Etat.
Au total, le Président de la République est
l'ordonnateur, le coordonnateur, bref, le « chef
suprême `' de la politique onusienne du Cameroun.
Tableau 1 :
Les présidents de la République du Cameroun et leurs
principales interventions aux sessions de l'Assemblée
générale des Nations-Unies
Présidents
|
Année d'intervention
|
Idée(s) forte(s)
|
Ahmadou Ahidjo
|
1969
|
Présentation du manifeste de Lusaka condamnant les
régimes racistes en Afrique du Sud et en Namibie
|
|
1971
|
Reconnaissance de la République Populaire de Chine
|
Paul Biya
|
1996
|
Revendication d'une réforme du système
onusien
|
|
2000, 2010, 2017
|
Appel à la mise sur pieds d'un observatoire
international d'éthique
|
|
2005
|
Appel à une réforme du Conseil de
Sécurité et à l'adoption de mesures économiques et
commerciales en faveur des pays africains
|
|
2008
|
Appel pour une synergie globale pour la lutte contre la crise
alimentaire mondiale
|
|
2009
|
Réforme, rénovation et revitalisation du
système onusien
|
Source : Tableau
réalisé par l'auteur à base des Archives du Cabinet Civil
de la Présidence de la République et de la Mission Permanente du
Cameroun auprès des Nations-Unies
Le Ministère des Relations extérieures est quant
à lui chargé d'assurer la mise en oeuvre de la politique des
relations extérieures arrêtée par le Président de la
République. À ce titre, il est chargé entre autres
des relations avec les États étrangers, les organisations
internationales et les autres sujets de la communauté
internationale ; de la gestion des carrières des personnels
diplomatiques.
En outre, il concourt à l'information des gouvernements
étrangers, de leur opinion publique, ainsi que des organisations
internationales en ce qui concerne le développement politique,
économique, social et culturel du Cameroun (...).122(*)
De cet extrait de décret, on peut retenir trois
à quatre principales fonctions du Ministère des Relations
extérieures dans le système diplomatique camerounais en
général, et dans la diplomatie onusienne du Cameroun en
particulier.
Premièrement, c'est l'institution compétente en
matière de coordination des relations bilatérales Cameroun-ONU.
Autrement dit, le MINREX est l'organe du pouvoir central de Yaoundé qui
assure, pour le compte de ce dernier, la liaison avec l'organisation de
Brooklyn. C'est donc une espèce de courroie de transmission entre la
Présidence de la République du Cameroun et les hautes instances
des Nations-Unies.
Deuxièmement, ce texte révèle que le
MINREX, organe compétent en matière de coordination des affaires
étrangères de l'État camerounais, est également
l'organe compétent en matière de gestion des ressources humaines
du corps diplomatique dudit État. Ce dernier point suggère deux
choses.
D'une part, on peut être tenté de croire que
c'est ce département ministériel qui propose au chef de l'Etat,
chef de la diplomatie camerounaise, les personnels à nommer aux
fonctions de représentant permanent du Cameroun auprès des
Nations-Unies. D'autre part, on considérer ledit département
comme centre d'émanation des instructions du pouvoir central vers les
diplomates camerounais en poste à New-York.
On pourrait même aller jusqu'à affirmer que le
ministre en charge des relations extérieures a son mot à dire
pour ce qui de l'opportunité de nommer lesdits diplomates... Mais ici,
la réalité est toute autre.
De par l'extrait de décret ci-dessus, l'on apprend que
le Ministère des Relations extérieures est chargé, entre
autres, d'informer l'opinion publique internationale des questions relatives
à l'évolution politique, économique, sociale et culturelle
du pays. Lorsqu'on sait que cette évolution peut ne pas être
toujours positive (et par conséquent peut impacter négativement
l'image du Cameroun), on peut donc déduire que l'une de ses fonctions
consiste également à protéger, à défendre et
à préserver l'image du Cameroun à l'international, et par
ricochet auprès des Nations-Unies.
Le MINREX peut aussi bénéficier de certaines
délégations de la part du chef de l'Etat. Il s'agit notamment de
la délégation de représentation, en cas
d'empêchement de ce dernier. À titre d'exemple, les discours
présidentiels de 1997 et de 2017, pour ne citer que ces deux exemples,
ont été prononcés par des ministres des relations
extérieures.
Enfin, le ministre des relations extérieures, tel que
défini par le préambule de l'article 2 du présent
décret, est chargé de l'élaboration et de la mise en
oeuvre de la politique des relations extérieures arrêtée et
définie par le président de la République. Il
apparaît donc à la fois comme un stratège et un
exécutant de ladite politique, et par ricochet, de la politique
onusienne.
Tableau 2 :
Les ministres des Relations extérieures du Cameroun depuis 1960
MINISTRES
|
DATE DE NOMINATION
|
FIN DE FONCTION
|
Charles Okala
|
16-05-1960
|
20-10-1961
|
Jean-François Bétayéné
|
20-10-1961
|
01-07-1964
|
Benoît Balla
|
01-07-1964
|
25-05-1965
|
Simon Nko'o Etoungou
|
25-05-1965
|
20-05-1967
|
Benoît Bindzi
|
20-05-1967
|
15-01-1968
|
Simon Nko'o Etoungou
|
15-01-1968
|
12-06-1970
|
Raymond Nthepe
|
12-06-1970
|
25-01-1971
|
Jean Keutcha
|
25-01-1971
|
03-07-1972
|
Victor Efon
|
03-07-1972
|
30-06-1975
|
Jean Keutcha
|
30-06-1975
|
17-07-1980
|
Paul Dontsop
|
17-07-1980
|
12-04-1983
|
Félix Tonye Mbog
|
12-04-1983
|
07-07-1984
|
William Etéki Mboumoua
|
07-07-1984
|
23-01-1987
|
Paul Mataga
|
23-01-1987
|
16-05-1988
|
Jacques Roger Booh Booh
|
16-05-1988
|
27-11-1992
|
Ferdinand Léopold Oyono
|
27-11-1992
|
09-04-1997
|
Augustin Kontchou Kuomegni
|
09-04-1997
|
27-04-2001
|
François Xavier Ngoubeyou
|
27-04-2001
|
07-12-2004
|
Laurent Esso
|
07-12-2004
|
07-09-2006
|
Jean-Marie Atangana Mebara
|
07-09-2006
|
07-09-2007
|
Henri Eyebe Ayissi
|
07-09-2007
|
09-12-2011
|
Pierre Moukonko Mbonjo
|
09-12-2011
|
02-10-2015
|
Lejeune Mbella Mbella
|
Depuis le 02-10-2015
|
|
Sources : Narcisse Mouelle
Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris,
L'Harmattan, 1996, p. 33 ;
http://mobilecamerounweb.com;
Poste National de la CRTV, Journal de 17 h, 02-10-2015.
2. Les acteurs
diplomatiques
Claude Cheysson, ancien ministre français des Relations
extérieures, justifiait ainsi le remplacement nominal du
Ministère des Affaires étrangères intervenu dans son pays
en 1981 : « Nous voulons simplement manifester notre
volonté d'exprimer en politique étrangère nos
préoccupations intérieures `'.123(*) Ainsi, pour l'ancien chef de
la diplomatie française, la politique extérieure d'un État
n'est rien d'autre que la continuation de sa politique intérieure.
Autrement dit, la politique étrangère est au service de la
politique intérieure. Ceci suppose donc la présence à
l'extérieur d'hommes et de femmes qui sont en réalité la
continuation des leaders du pouvoir central. Ceux-ci sont
généralement appelés diplomates. Aucun
État moderne n'échappe à cette configuration
traditionnelle du système international contemporain. L'État du
Cameroun dispose donc, au même titre que les autres pays membres de
l'Organisation des Nations-Unies, d'un représentant permanent
auprès de ladite organisation à New-York et auprès de
l'Office des Nations-Unies à Genève. Représentant direct
du gouvernement camerounais en général et du chef de
l'État en particulier, c'est lui qui incarne l'État camerounais
auprès de la haute hiérarchie du système onusien. A ce
titre, il peut jouer plusieurs rôles.
Rôle de représentation dans les sommets
du système onusien
Ici, trois principaux aspects peuvent être
considérés : la délégation de
prérogatives, la défense des intérêts nationaux, et
l'aspect communicationnel.
La délégation de prérogatives sou tend
à notre sens deux principaux cas : la représentation
générale et la représentation fonctionnelle. Le premier
cas est celui le plus classique. En effet, il peut arriver qu'en l'absence de
représentants du pouvoir central (en l'occurrence le Président de
la République ou le Ministre des Relations extérieures), le
représentant permanent du Cameroun auprès des Nations-Unies ait
à assister en leur lieu et place à des sommets d'organismes
onusiens, notamment l'Assemblée générale et le Conseil de
Sécurité.
Dans le même ordre d'idées, ce dernier peut
également être amené à présider, au nom de
son État accréditant, des sessions des hautes instances de ladite
organisation. A ce propos, notons que la session du Conseil de
sécurité de 2003 au cours de laquelle l'organisation mondiale
devait se prononcer sur l'intervention américaine en Iraq fut
présidée par un Camerounais, en la personne de l'ancien directeur
du Cabinet civil de la Présidence de la République, Martin
Belinga Eboutou.124(*)
Enfin, le représentant permanent du Cameroun à
l'ONU peut être appelé à participer à des
commissions spécifiques lors des sommets internationaux (voir chapitre
suivant).
Pour ce qui est de la défense des intérêts
nationaux, deux cas peuvent être considérés, à
savoir les situations conflictuelles avec les autres États (cas du
conflit de Bakassi), ainsi que la protection et la défense de l'image du
pays devant les instances de l'Organisation. Le second cas est beaucoup plus
valable lorsqu'il survient des événements ou des crises
susceptibles d'écorner l'image du Cameroun sur la scène
internationale. 125(*)
Étroitement lié à la défense des
intérêts de l'État, l'aspect communicationnel fait du
représentant camerounais auprès de l'ONU le porte-parole de son
pays auprès de ladite organisation. En cette qualité, il est le
principal dépositaire des pouvoirs des autorités de
Yaoundé en matière de protection, de promotion, et de
défense de l'image et des positions camerounaises devant les hautes
instances onusiennes, en l'occurrence l'Assemblée
générale.
Rôle fonctionnel
Outre les différentes fonctions représentatives
citées ci-dessus, l'ambassadeur camerounais auprès des
Nations-Unies peut également bénéficier de la
recommandation du pouvoir central pour des postes à pourvoir dans le
système de l'organisation pour des ressortissants du pays. Ainsi en
fut-il pour Martin Belinga Eboutou (ancien président de
l'Autorité Internationale des Fonds marins) et de Michel Tommo
Monthé (ancien membre du Conseil des Nations-Unies pour les Droits de
l'Homme).126(*) Vu sous
cet angle, le poste de représentant permanent aux Nations-Unies
apparaît donc comme un excellent tremplin pour l'État camerounais
en matière d'insertion de ses ressortissants dans la fonction publique
onusienne.
Tableau 3 :
Les représentants du Cameroun à l'ONU depuis 1960
Représentants
|
Intervalle de fonction
|
Raymond Nthépé
|
1960-1962
|
Benoît Bindzi
|
1962-1966
|
Owono Nkoudou Joseph
|
1966-1967
|
Michel Njine
|
1967-1974
|
Ferdinand Oyono
|
1974-1982
|
Paul Bamela Engo
|
1984-1990
|
Pascal Biloa Tang
Martin Belinga Eboutou
Michel Tommo Monthé
|
1990-1995
1997-2007
Depuis 2008
|
Source : Narcisse Mouelle Kombi,La
politique étrangère...p. 26 ;
www.cameroon-info.net;
http://www.wikipedia.org;
Archives de la Direction des Nations-Unies et de la Coopération
Décentralisée(Ministère des Relations Extérieures),
`'Les représentants permanents du Cameroun aux Nations-Unies depuis 1960
jusqu'à nos jours'' (archives photographiques).
Au total, les acteurs politiques et diplomatiques jouent, dans
la politique onusienne du Cameroun, des fonctions respectives d'ordonnateur, de
coordonnateur et d'exécutants. Au regard donc de la complexité et
de l'importance des enjeux y afférents, le choix desdits acteurs ne
saurait relever du hasard. Il fait appel à un certain nombre de
critères souvent variables, mais non négligeables.
IV. LES CRITERES DE
DESIGNATION DES ACTEURS
Deux grandes catégories d'acteurs interviennent dans la
diplomatie onusienne du Cameroun, à savoir les acteurs centraux (le
Président de la République et le ministre en charge des Relations
extérieures), et les acteurs
« déconcentrés `' (les diplomates). Ceux-ci
interviennent respectivement comme ordonnateurs, coordonnateurs et
exécutants de la politique onusienne du pays. Au regard des enjeux qui
sou tendent cette coopération, il est donc évident que le choix
des intervenants, loin d'être une résultante du hasard ou de la
fantaisie, réponde toujours à des critères bien
définis. Ceux-ci sont généralement de trois natures :
académique ou technique, politique et stratégique.127(*)
1. Les
critères académiques ou techniques
Les critères académiques ou techniques pour
être désigné aux fonctions de ministre des Relations
extérieures ou de représentant permanent auprès du
Système des Nations-Unies tiennent généralement compte de
deux facteurs : le facteur intellectuel et le facteur du parcours
professionnel des intéressés. Parlant des ministres des Relations
extérieures, ces deux facteurs (surtout le premier) sont devenus
très cruciaux sous le président Biya. Pour mieux le comprendre,
il conviendrait de nous intéresser un peu plus en détail au
curriculum vitae de quelques-uns d'entre eux.
De prime abord, il est clair que sous le magistère de
Paul Biya, la plupart des ministres des Relations extérieures
étaient soit des diplomates de carrière, soit des diplomates de
par le parcours professionnel, soit des diplômés en droit, en
sciences politiques ou en relations internationales. Dans les premier et
deuxième cas, on a les exemples de William Etéki Mboumoua,
ancien secrétaire général de l'OUA, et conseiller
diplomatique du président Ahidjo, Ferdinand Léopold Oyono, qui
aura été, entre autres, et ce, pendant plus de treize ans,
représentant permanent du Cameroun auprès du système
onusien ; il y a également les cas de François Xavier
Ngoubeyou, ancien directeur en charge de la division Asie-Afrique au
Ministère des Affaires étrangères, ancien adjoint au
représentant permanent du Cameroun auprès des Nations-Unies, et
ancien ambassadeur du Cameroun en Suisse, ainsi que celui de l'actuel ministre
des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, qui fut, entre autres,
ambassadeur du Cameroun en France, et ce pendant près de dix ans
(2006-2015).128(*)
De façon générale, la désignation
au poste de ministre des Relations extérieures commande au
préalable pour l'intéressé d'avoir déjà
flirté avec le monde diplomatique soit au niveau central, soit à
l'extérieur.
Dans le même sciage, le parcours universitaire des
intéressés apparaît également comme un facteur
crucial. On peut en effet constater que sous l'ère Biya, la plupart des
patrons de ce département ministériel sont titulaires d'un
diplôme en droit, en sciences politiques, en relations internationales ou
sont diplômés d'une grande académie de formation en
sciences politiques, administratives et/ou diplomatique. À ce propos, on
a les cas de Benoît Bindzi, Nko'o Etoungou et Raymond
Nthépé (qui obtinrent le statut de diplomate après un
stage effectué à l'ENA et au ministère français des
Affaires étrangères129(*)) ; Jacques Roger Booh Booh (titulaire d'un
Doctorat d'Etat en Droit et ancien ambassadeur),130(*) Ferdinand Oyono (titulaire
d'un Diplôme d'études supérieures en Droit public et
diplômé de la section diplomatique de l'ENA),131(*) Henri Eyebe Ayissi
(titulaire d'un Doctorat en Droit public),132(*) Pierre Moukoko Mbonjo (titulaire d'un Doctorat
d'Etat en Sciences politiques et diplômé de Sciences Po Paris en
Relations internationales)133(*), et Lejeune Mbella Mbella, titulaire d'un doctorat
en Sciences politiques et relations internationales.134(*) De façon globale,
les mêmes critères s'appliquent également aux membres du
corps diplomatique. Toutefois, leur itinéraire fut assez particulier.
Dans les premières années de
l'indépendance et même avant (à quelques rares exceptions
près comme Ferdinand Oyono), bon nombre de diplomates camerounais furent
recrutés sur la base des trois critères suivants : l'envoi
en stage, les recrutements directs, et l'emprunt aux fonctionnaires d'autres
corps.135(*) On va
assister à une évolution de la donne avec la création, en
1971, de l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) qui va
devenir le centre de formation par excellence des diplomates camerounais.
Ainsi, les représentants de Yaoundé à New-York
n'échapperont pas, dans l'ensemble, à cette trajectoire qui fut
celle de bon nombre de diplomates camerounais. Toutefois, on notera ici la
prégnance des critères techniques, impliquant à la fois le
volet académique et le cursus professionnel des
intéressés. À titre d'illustration, on peut citer les cas
de Ferdinand Oyono, Pascal Biloa Tang (diplômé en Droit public, en
sciences politiques, et ayant occupé, entre autres, les fonctions de
directeur au ministère des Affaires étrangères), Martin
Belinga Eboutou (titulaire d'un doctorat en Droit, diplômé de la
section diplomatique de l'ENA, ancien directeur du Protocole d'Etat à la
Présidence de la République et chef du service des organisations
internationales au ministère des Affaires
étrangères)136(*), et Michel Tommo Monthé (titulaire d'un
doctorat en relations internationales et ancien chargé de mission
à la Présidence de la République).137(*)
Ces critères académiques et techniques peuvent
parfois revêtir des caractères politiques et
stratégiques.
2. Les
critères politiques et stratégiques
Étroitement liés aux
critères académiques et techniques évoqués plus
haut, les critères politiques et stratégiques tiennent
également compte d'un certain nombre de facteurs tant subjectifs
qu'objectifs, de même que les aspects politiques et stratégiques
dans la désignation des acteurs de la diplomatie onusienne du Cameroun
se confondent parfois, pour ne pas dire très souvent, tant ils sont
intimement liés.
De prime abord, on notera qu'à la veille comme aux
toutes premières heures de l'accession du Cameroun à
l'indépendance et à la souveraineté internationale, les
critères de choix des acteurs de la diplomatie camerounaise en
général et de la diplomatie onusienne du Cameroun en particulier
furent essentiellement politiques, et donc, dans une certaine mesure,
subjectifs. En effet, lorsqu'on examine minutieusement les profils des premiers
diplomates camerounais, on se rend compte qu'ils furent, pour la plupart, et
chacun à un certain degré, des proches, des amis du
président camerounais d'alors, Ahmadou Ahidjo. Ainsi en est-il par
exemple de Christian-Tobie Kuoh et Haman Dicko, Charles Okala et Jean
François Bétayéné, futur ambassadeur pour le
premier, et futurs ministres des Affaires étrangères pour les
deux derniers. Il conviendrait de souligner que ces quatre personnalités
furent d'une très grande aide et d'un très grand soutien dans
l'ascension politique de l'ancien chef de l'Etat. Leur désignation
apparaît donc ainsi comme une application de la règle selon
laquelle « la politique est un jeu de donnant-donné `'.
En d'autres termes, la désignation et la nomination de ces
personnalités à des responsabilités politico-diplomatiques
relève d'une récompense politique de la part du décideur.
Néanmoins, il faudrait relever que certaines d'entre ces personnes
avaient dans leur manche un certain nombre d'atouts, à l'instar d'Okala.
Ancien sénateur à l'Union française, fervent
défenseur des causes gouvernementales et coloniales à la tribune
des Nations-Unies, il apparaît donc comme une personne assez
rôdée pour défendre les intérêts du Cameroun
et de son dirigeant sur la scène internationale, surtout dans ce
contexte où une grande partie de la communauté internationale se
montrait plutôt hostile au gouvernement camerounais en place.138(*)
De plus, en sa qualité d'ancien sénateur
à l'Union française, Okala dispose également d'un autre
atout : disposant potentiellement de nombreuses et solides relations
nouées à Paris tout au long de son séjour au palais
Bourbon, il se présente ainsi comme une courroie de transmission solide
entre Paris et Yaoundé. Or, faudrait-il le rappeler, l'assistance
française est très capitale au Cameroun en ce moment où le
pays fait face à de très graves troubles internes et à une
récession économique, conséquence de ces troubles.
Les bases de la diplomatie camerounaise ainsi jetées
dès les premières heures de l'indépendance sont celles qui
vont prévaloir à long terme, même si viendront s'ajouter
par la suite les valeurs académiques et techniques mis en exergue plus
haut. À l'analyse, parler de critères stratégiques dans le
choix des acteurs à la fois de la politique étrangère et
de la politique onusienne du Cameroun renvoie à trois
éléments essentiels, certains rejoignant parfois ceux des
premiers critères cités plus haut : l'expérience dans
l'administration des affaires diplomatiques ou politiques, l'expérience
dans la fonction publique internationale, et l'expérience
académique.
Si la nomination à des fonctions de
responsabilité dans les affaires diplomatiques commande, entre autres,
un parcours atypique préalable pour les intéressés, cela
implique la maîtrise et la connaissance par ces derniers, des rouages et
des enjeux d'un domaine aussi crucial et délicat que la
coopération entre le Cameroun et l'ONU. Ce facteur constitue
également un tremplin pour l'accession à des hautes fonctions
dans le système onusien. Dans le premier cas de figure, on peut citer,
en guise d'illustration, les cas de Martin Belinga Eboutou et de Michel Tommo
Monthé qui, fort de leur expérience aussi bien dans les services
de la Présidence de la République qu'au Ministère des
Affaires étrangères, se sont vu confier, respectivement la
présidence du Conseil de sécurité et la
vice-présidence de l'Assemblée générale. Le cas le
plus illustrant est cependant celui de Martin Belinga Eboutou, car, faudrait-il
le rappeler, la présidence du Conseil de sécurité lui a
été confiée au moment où ladite instance devait se
prononcer sur une question à la fois complexe et notoire, à
savoir l'intervention américaine en Iraq.139(*) Ainsi, la
considération par le décideur du facteur parcours entre
également en droite ligne avec la politique et la stratégie
camerounaise de placement des nationaux dans la fonction publique onusienne.
L'expérience dans la fonction publique internationale
quant à elle, outre qu'elle implique également la maîtrise
des rouages et des enjeux du monde diplomatique par les
intéressés, les pare également d'un autre atout, à
savoir celui de la reconnaissance internationale, laquelle implique à
son tour la détention d'un « carnet d'adresses `'
consistant pour les personnes concernées, facteur crucial pour
d'éventuels jeux de lobbying. Ainsi en est-il de Ferdinand Oyono et de
William Etéki Mboumoua. Le premier avait déjà
commencé par établir sa notoriété sur le plan
culturel, 140(*) avant
de se rôder pendant plus de vingt années dans le système
international, dont environ une quinzaine dans le système onusien. Cette
notoriété internationale lui a valu d'occuper, entre autres, les
fonctions de ministre des relations extérieures et d'être,
jusqu'à sa mort, une éminence grise de la diplomatie
camerounaise.141(*) Pour
le second, sa qualité d'ancien secrétaire général
de l'Organisation de l'Unité africaine n'aura certainement pas
été étrangère à sa désignation, en
1984, au poste de ministre des Affaires étrangères.
Au même titre que le facteur du parcours, le facteur de
l'expérience académique implique la connaissance par le
« candidat `' au poste de ministre des Relations
extérieures ou de représentant permanent du Cameroun à
l'ONU la connaissance des enjeux et rouages du système diplomatique,
lorsqu'on considère par ailleurs qu'une carrière universitaire
peut aussi ouvrir la voie à une carrière de consultant dans
diverses instances internationales. De ce qui précède, on
pourrait donc déduire que c'est sans doute dans cet ordre d'idée
que les Professeurs Moukoko Mbonjo et Augustin Kontchou Kuomegni,
éminences grises des sciences politiques et des relations
internationales, ont été nommés aux fonctions de ministre
des relations extérieures, respectivement les 09 avril 1997 et 09
décembre 2011.
Enfin, à travers le cas de Ferdinand Oyono, on apprend
également que la notoriété personnelle,
indépendamment de l'expérience politico-diplomatique des
postulants, peut également constituer un atout stratégique majeur
dans le choix des acteurs de la diplomatie onusienne du Cameroun. En effet, il
demeure certain que la notoriété acquise par Oyono grâce
à ses trois oeuvres littéraires que nous avons déjà
eu à citer, n'a pas échappé au président Ahidjo
lorsqu'il décidait de faire de lui, à l'aube de
l'indépendance, le représentant permanent du Cameroun aux
Nations-Unies.
Le régime de tutelle, naquit à la suite de la
dissolution de la SDN au profit de l'Organisation des Nations-Unies. Il
revêtait un enjeu global (la libération des peuples
dominés), et des enjeux spécifiques pour le Cameroun (maintien du
futur Etat indépendant dans le giron des anciennes puissances
coloniales, et l'avenir des politiciens autochtones dans le jeu politique dudit
Etat). C'est fort de ce vent de liberté général et des
aléas de la politique intérieure que les nationalistes
camerounais exportèrent leurs velléités dans les tribunes
onusiennes.
Toutefois, leurs revendications étaient loin
d'être convergentes. Si les uns militaient pour une indépendance
immédiate précédée par une réunification des
deux Cameroun, les autres militaient en faveur d'une indépendance
progressive, remettant la question de la réunification à plus
tard. Les thèses des seconds l'emportèrent, conduisant de ce fait
à l'accession de ces derniers à la tête du nouvel Etat.
Du fait que le nationalisme camerounais ait été
confisqué par des «pseudo-nationalistes», cette
indépendance fut taxée de «fantoche» par une bonne
partie de l'opinion nationale et internationale. La fin de la période de
tutelle ne mettra cependant pas fin aux relations Cameroun-ONU., et ceci pour
bon nombre de raisons.
Au lendemain de son accession à l'indépendance,
le Cameroun fait face à de graves troubles internes
matérialisés par la guérilla upéciste, et à
une récession économique subséquente. Bien que ces
troubles aient pris fin à 1971 avec l'exécution d'Ernest
Ouandié, dernier chef notoire de cette guérilla, et bien que le
Cameroun ait connu, à partir de cette décennie 1970, une
prospérité particulièrement remarquable, il ne demeurera
cependant pas un ilot de paix, de sécurité et de
prospérité. En effet, depuis la fin des années 1980, le
pays fait face à de nombreuses difficultés : troubles
internes avec ce qu'on a appelé «les années de
braise»,142(*)
récession économique, et depuis une période très
récente attentats terroristes dans la partie septentrionale et
anglophone du pays. Il ne faudrait pas perdre de vue que le pays appartient
à l'ensemble appelé régulièrement «le
Tiers-Monde », c'est-à-dire au groupe de ceux que Bertrand
Badié appelle «les humiliés des relations
internationales».
Tout cet ensemble de faits justifie la présence du
Cameroun dans des instances internationales comme l'Assemblée
générale des Nations-Unies, instance qui constitue une occasion
d'utiles rencontres. Les acteurs les plus actifs dans ce volet de la diplomatie
camerounaise sont, outre le Président de la République qui assure
les fonctions d'élaborateur et d'ordonnateur, le ministre des Relations
extérieures et le représentant camerounais à l'ONU,
lesquels jouent les rôles respectifs de coordonnateur et de
porte-étendard. Ces derniers sont généralement choisis en
fonction de leurs compétences académiques et/ou de leur
expérience professionnelle, parfois aussi en fonction de leur
proximité avec le chef de l'Etat, chef suprême de la diplomatie
camerounaise. Au rang de leurs nombreuses missions, on a la
défense des intérêts et de l'image de leur pays
CHAPITRE II :
LES ACTEURS POLITIQUES ET
DIPLOMATIQUES CAMEROUNAIS DANS LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS DU
CAMEROUN
Certains spécialistes des questions internationales
définissent la politique étrangère comme étant
«l'ensemble des moyens et stratégies mis sur pieds par un Etat pour
implémenter sa diplomatie».143(*) Cette notion repose sur un certain nombre de
principes et d'instruments, aussi bien qu'elle obéit à un certain
nombre de déterminants tant structurels que conjoncturels.
Au rang des déterminants conjoncturels, il y a les
déterminants historiques, la politique intérieure, la politique
internationale, et l'intérêt national. Il faudrait cependant
signaler que parmi ces déterminants, le dernier est on ne peut plus
primordial dans la politique extérieure de tout Etat. Car on a coutume
de le dire, et on ne le dira sans doute jamais assez : les relations
internationales sont essentiellement basées sur la recherche par chaque
Etat de son intérêt individuel. Ainsi, que l'on se situe dans
l'Antiquité, au Moyen-Âge, aux temps modernes ou encore à
l'époque contemporaine, aucun Etat n'a jamais dérogé
à cette règle, qui apparaît donc comme une règle
d'or dans le jeu diplomatique. Ainsi, tout acte posé par un Etat en
matière de diplomatie vise essentiellement la recherche de
l'intérêt national, même si les politiques ont très
souvent tendance à habiller l'essence de ces actes par des discours
à caractère philanthropique, voire humaniste...
Ce n'est donc pas le Cameroun, Etat appartenant à un
ensemble géopolitique plutôt défavorisé, et, de
surcroît, comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent,
confronté à de nombreuses difficultés d'ordre
économique et sécuritaire, qui fera une exception à la
règle. En effet, tant dans le cadre de sa diplomatie bilatérale
que multilatérale, la recherche de l'intérêt national a
toujours constitué pour les autorités de Yaoundé un
déterminant primordial. Ces différents éléments
ainsi mis en exergue conduisent donc à une question : dans le
cadre de l'Assemblée générale des Nations-Unies, comment
les personnels politiques et diplomatiques camerounais se déploient-ils
pour assurer la défense et la sauvegarde des intérêts de
leur pays ? La réponse à cette problématique nous
conduira à mettre un accent particulier sur les deux aspects
suivants : la défense des intérêts du Cameroun et la
diplomatie de l'image et du rayonnement.
I. LES POLITIQUES ET DIPLOMATES
CAMEROUNAIS FACE AUX QUESTIONS D'INTÉRÊT NATIONAL
L'évocation des questions d'intérêt
national renvoie ici à la défense de la cause du pays à
chaque fois qu'il s'est retrouvé confronté à un litige ou
à un conflit avec un Etat tiers. Dans cet ordre d'idée, trois
principaux cas retiennent l'attention : le dossier de la
réunification avec le Cameroun britannique, les ingérences
chinoises et le conflit avec le Nigeria au sujet de la péninsule de
Bakassi.
1. Le dossier de la
réunification avec le Cameroun britannique
Le mouvement nationaliste au Cameroun, dont le 10 avril 1948
reste une date mémorable, tournait autour de deux grands axes :
l'indépendance immédiate du Cameroun sous tutelle
française, laquelle devait être précédée par
la réunification avec le Cameroun sous tutelle britannique.
D'abord combattue au début, cette idée fut
acceptée progressivement par l'administration coloniale. Cependant, elle
était loin de faire l'unanimité au sein de la classe politique
camerounaise quant à la forme et aux modalités. Les principales
problématiques qui se posèrent à ce propos furent les
suivantes : la question à poser à l'électorat du
Cameroun britannique, et l'attitude à adopter par les Nations-Unies.
Déjà, il conviendrait de noter que, bien que l'idée de la
réunification commençât à être admise au sein
de la classe politique, elle ne continuait pas moins à faire des
sceptiques. En effet, pour les « Camerounais français `'
comme pour les « Camerounais anglais'', les différents
territoires constituaient, pour les uns comme pour les autres, une terra
incognita.144(*)
D'une part, les Camerounais francophones, et notamment leur chef de file
Ahmadou Ahidjo, considéraient la réunification avec le Cameroun
britannique comme une potentielle entrave aussi bien à
l'idéologie qu'au processus de construction nationale, si chers au
président Ahidjo.
De leur côté, les ressortissants du Cameroun
britannique, marginaux au sein de la fédération nigériane,
craignent aussi de subir le même sort dans la République
(fédérale) du Cameroun, parce qu'anglophones, et de fait
numériquement minoritaires.145(*)
Néanmoins, un certain nombre de facteurs d'ordre
surtout politique et stratégique vont inciter aussi bien les acteurs du
pouvoir que ceux de l'opposition dans les deux Cameroun à militer en
faveur de l'aboutissement du processus de réunification.
Du côté du pouvoir, le Premier ministre (et futur
président) du Cameroun français, Ahmadou Ahidjo, voit en la
réunification une occasion de revigoration politique, notamment à
travers une éventuelle alliance peule constituée par les
populations du Northen Cameroons. Par ailleurs, Ahmadou Ahidjo
considère également la réunification comme un atout
géopolitique, dans le sens où celle-ci pourrait être utile
pour l'agrandissement du territoire national.
Les opposants pour leur part reprennent l'analyse d'Ahidjo,
mais, évidemment, dans le sens inverse : ils voient en la
réunification avec le Cameroun britannique l'occasion de se constituer
une «alliance bantoue» avec les populations du Southerns
Cameroons, ce qui, selon eux, devrait contribuer à affaiblir le
Premier ministre.146(*)
Ainsi, au Cameroun français, les leaders politiques sont partisans du
rattachement à l'une ou à l'autre partie du Cameroun britannique,
selon leurs convenances politiques.
Les politiciens du Cameroun britannique ne sont pas
épargnés par ces considérations ethnico-politistes. John
Ngu Fontcha, Premier ministre depuis 1959, considère la
réunification comme une opportunité de ralliement avec «les
cousins bamiléké et bamoun». De plus, il est conscient du
fait que ce processus, une fois arrivé à terme, lui attirerait
inéluctablement l'hostilité de Londres. Ainsi dépourvu du
soutien d'un allié aussi stratégique, il aurait donc besoin du
soutien à la fois des autorités de Yaoundé et des
autorités... de Paris.147(*)
Toutes ces considérations ethnico-politiques et
stratégiques amenèrent donc les acteurs internes et externes
à se mettre résolument au travail pour l'aboutissement heureux du
processus de réunification. Cependant, il se posait, comme nous l'avions
déjà dit plus haut, deux principaux problèmes : la
question à poser à l'électorat et l'attitude à
adopter par l'ONU.
Concernant la question à poser à
l'électorat, elle constituait notamment un point de divergence entre les
deux principaux leaders du Cameroun britannique, John Ngu Foncha et Emmanuel
Endeley. Le premier prône pour une indépendance préalable
à toute consultation populaire, tandis que le second voudrait que soit
clairement posée la question de savoir si les populations souhaitaient
la réunification avec le Cameroun français ou avec le
Nigeria.148(*)
Les Nations Unies, quant à elles se montrent perplexes
quant à l'attitude à adopter. Même si sa quatrième
mission de visite a conclu que l'indépendance et la réunification
ne sauraient faire l'objet d'une consultation populaire parce que faisant
l'unanimité, elle préfère que cette question soit
décidée par voie de plébiscite le 7 novembre 1959.
L'attitude de l'organisation de Brooklyn peut sans doute s'expliquer par le
fait que la question de la réunification pose un important
problème de conflit d'intérêt entre deux grandes puissances
notoires, à savoir la France et la Grande Bretagne, face auxquelles
elle s'avère, somme toute, impuissante, et préfère par
conséquent adopter une politique de prudence. Le vote du 7 novembre se
soldera, entre autres, par le vote du Cameroun septentrional contre
l'intégration au Nigeria (62%). Mais la question de la
réunification n'est pas réglée pour autant.
Néanmoins, il est décidé, lors de la session de
l'Assemblée générale du 12 décembre 1959, de
l'organisation d'un plébiscite au Cameroun septentrional entre le 30
septembre 1960 et le 30 mars 1961 sur la base de deux questions :
Désirez-vous accéder à
l'indépendance en vous unissant à la République
camerounaise indépendante
Ou
Désirez-vous accéder à
l'indépendance en vous unissant à la Fédération
nigériane indépendante ?149(*)
Dans l'optique de faire triompher le point de vue du
gouvernement camerounais, Ferdinand Léopold Oyono, alors
représentant permanent du Cameroun à New-York, fut
dépêché en «mission d'explication et de lobbying»
auprès de certains chefs d'Etat influents du continent, notamment ceux
du Ghana, du Mali et du Maroc, afin d'obtenir leur soutien lors d'un
éventuel vote à l'Assemblée générale. Ainsi,
le rôle d'Oyono (qui soit dit en passant, était accompagné
pour l'occasion du député travailliste Bebey Eyidi), consista en
un jeu qui se joua en grande partie hors de la tribune des Nations-Unies.
Lorsqu'on considère l'aura dont étaient revêtus les
dirigeants des quatre pays suscités (en l'occurrence Kwame Nkrumah du
Ghana, Hasan II du Maroc et même, dans une certaine mesure Sékou
Touré de la Guinée), on peut dire que le jeu était
plutôt bien calculé, notamment de par l'influence que ceux-ci
devraient exercer sur leurs pairs africains en particulier, et tiers-mondistes
en général. Il convient à cet effet de souligner que
l'Afrique dispose d'un bon capital numérique à l'Assemblée
générale de l'ONU ( le tiers de la totalité des Etats
membres).150(*)
Le résultat de tout cet ensemble de tractations fut
globalement satisfaisant. En effet, le 11 février 1961, les populations
du Cameroun méridional optèrent, à 70,49%, pour la
réunification avec la République du Cameroun, tandis que celles
du Cameroun septentrional votèrent pour le rattachement avec le Nigeria.
Ainsi, grâce à l'action de Ferdinand Oyono, l'idéologie et
le processus de réunification du gouvernement camerounais
triomphèrent, même si la victoire ne fut que partielle. Toutefois,
une autre affaire vint se greffer à ce processus de réunification
inachevé : l'affaire Bakassi, laquelle nécessita une fois de
plus, l'exhibition et le déploiement des talents diplomatiques des
personnels camerounais devant les tribunes onusiennes.
2. Le conflit de
Bakassi
Il est clair que la diplomatie camerounaise à
l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations-Unies
est sous-tendue par un certain nombre de facteurs, au rang desquels figure
l'intérêt national. Ainsi, pour mieux comprendre le
déploiement des politiques et diplomates camerounais à
l'Assemblée générale des Nations-Unies en faveur de la
rétrocession de la péninsule de Bakassi au Cameroun, il serait
convenable, pour ne pas dire crucial, de procéder à une
présentation de ladite péninsule. Ceci devrait permettre de mieux
cerner d'une part les atouts et les enjeux dont elle recèle, et d'autre
part l'intérêt qu'elle a suscité de la part des deux Etats
belligérants (Cameroun et Nigeria).
La péninsule de Bakassi est située entre la
Cross River près de la ville de Calabar (Nigeria) à l'ouest et le
Rio del Rey à l'Est.151(*) Avec sa longueur estimée à 1600 km,
elle est majoritairement occupée par des populations ibo, efik et ekoi,
et quelques autres peuples semi-bantu. Cette péninsule revêt un
nombre important d'atouts à la fois géopolitiques et
géoéconomiques
Tout d'abord, elle regorge d'une importante richesse
piscicole, ce qui représente un atout important pour la pratique
d'activités lucratives, dont la pêche et le commerce du poisson,
activités très prometteuses dans une zone où le poisson
constitue un aliment de base. Cet atout faunique (par ailleurs très
diversifié) que constitue la presqu'île de Bakassi justifie
également le développement de plusieurs villages de
pêcheurs dans la région. De ceci ressort également une
autre qualité de la presqu'île, à savoir l'atout
alimentaire pour les populations.
De plus, de par sa position stratégique dans le Golfe
de Guinée, la presqu'île confère à l'Etat qui y
exerce sa souveraineté un ajout géopolitique majeur sur ses
pairs. En effet, elle commande la navigation de la baie du Biafra,
s'érigeant de ce fait en base militaire potentielle. Point de
surveillance majeure dans le Golfe de Guinée, elle facilite
également l'accès à la zone de Calabar, laquelle s'est
révélé d'une importance cruciale durant la guerre du
Biafra.152(*)
Par ailleurs, Bakassi est devenu un enjeu géopolitique
et géoéconomique d'autant plus crucial que, depuis environ deux
décennies aujourd'hui, on assiste à un assèchement de plus
en plus en croissant des eaux du lac Tchad, lequel constituait, jusqu'à
une période très récente, un pôle aquatique de
premier plan autant dans la géopolitique que dans le commerce
régional.
Enfin, la péninsule de Bakassi renferme
d'énormes réserves pétrolifères et
gazifères, soit environ 10%des réserves mondiales, ainsi que des
gisements de nodules polymétalliques153(*). Il faut noter que le premier facteur constitue le
fondement et l'enjeu majeur du conflit frontalier qui opposa les deux Etats.
Cependant, s'ajoutent aussi à ces différents facteurs, des
éléments historiques et de politique intérieure.
Carte N° 1 : Carte de
la péninsule de Bakassi
Source : fr.m.wikipedia.org
Le plan historique ramène ici à deux principales
époques de l'histoire du Cameroun, à savoir l'époque du
protectorat allemand et la fin de ladite époque. Concernant
l'époque allemande, elle fut caractérisée par la signature
de nombreux traités et accords frontaliers entre l'Allemagne, puissance
dominante, et d'autres puissances exerçant l'autorité coloniale
dans la région, notamment le Royaume-Uni. Les clauses des accords entre
les deux puissances stipulaient clairement et sans équivoque que la zone
de Bakassi appartenait au protectorat allemand du Kamerun. Mais
l'ignorance de ces accords par les autorités britanniques et les
résidents nigérians de la région ont conduit à une
déformation totale des clauses, et à une appropriation du
territoire par ces derniers.154(*)
En 1914 est déclenchée la Première
guerre mondiale. Dans la zone de l'Afrique centrale, les principaux
belligérants sont, entre autres, la France la Grande Bretagne,
l'Allemagne et la Belgique. Vainqueurs de la guerre au Kamerun, la France et le
Royaume-Uni se partagent le territoire en mars 1916, qui marque donc la fin de
l'ère allemande au Cameroun. On assistera d'abord à une
période dite de condominium (1916-1919), ensuite à une
période de mandat (1919-1945), et enfin à la période de la
tutelle onusienne (1945-1961).155(*) Tout au long de ces trois périodes, on a
observé un très grand afflux d'immigrés nigérians
dans la zone. C'est ce phénomène qui conduira plus tard à
une « auto-autochtonisation `' de ces derniers dans la
presqu'île, et qui ne sera pas tout à fait de nature à
faciliter sa camerounisation.156(*)
Du point de vue de la politique intérieure, certains
facteurs ont aussi contribué à favoriser le conflit. En effet, on
note de prime abord des effectifs faibles, et très souvent inexistants
de forces de défense et de sécurité dans bon nombre
d'espaces frontaliers au Cameroun, ce qui favorise des migrations de personnes
et d'activités de toutes natures.157(*)
De plus, il faut noter que les autorités camerounaises
ont pendant très longtemps fait peu de cas du contrôle sur les
habitants de la région et de leurs activités, notamment en ce qui
concerne leur identification. Elles ont également manqué
d'élaborer et de mettre en oeuvre une politique migratoire restrictive
et circonspecte, ce qui aurait pu y empêcher la domination des
populations nigérianes.
Dans la perspective des manifestations du conflit, il s'est
essentiellement matérialisé par des incidents frontaliers,
notamment entre forces armées camerounaises et pêcheurs
nigérians, et aussi entre des pêcheurs des deux pays. L'incident
le plus remarquable fut celui du 16 mai 1981, à l'issue duquel il y eut
cinq morts et des blessés du côté nigérian. Cette
escalade provoqua d'une part une grave crise diplomatique entre les
autorités des deux Etats, et d'autre part de vives émotions de la
part des populations nigérianes, qui appelèrent le gouvernement
à «s'acheminer sur Yaoundé et piller le gouvernement de
banane de là-bas».158(*)
Mais le paroxysme du conflit fut véritablement atteint
le 21 décembre 1993 avec l'envoi par les autorités
nigérianes d'unités armées dans la région. Le but
officiel de cette mission armée était de protéger les
ressortissants nigérians des exactions de la gendarmerie
camerounaise.159(*) En
1994, le Cameroun introduisit, auprès de la Cour Internationale de
Justice, une requête demandant la rétrocession à l'Etat du
Cameroun de la péninsule, ainsi que la reconnaissance par ladite cour de
sa souveraineté sur la presqu'île.
Dans le cadre de ce conflit, la principale intervention
à l'Assemblée générale des Nations-Unies fut celle
du président Paul Biya. Il réaffirma, devant ladite
assemblée, en septembre 1995, la volonté de son pays de
régler ce conflit par la voie juridique, appelant à
«une coopération et au partenariat de la part des pays
amis»160(*)
Parallèlement à l'intervention du
président Paul Biya à l'Assemblée générale
de l'ONU en 1995, d'autres actions furent engagées par le gouvernement
camerounais en vue de tenter une résolution diplomatique du conflit
d'une part, et d'autre part, mobiliser une grande partie de l'opinion
internationale en sa faveur. C'est ainsi qu'après l'invasion de la
péninsule de Bakassi en décembre 1993 par l'armée
nigériane, Ferdinand Léopold Oyono, alors ministre des Relations
extérieures, fut dépêché à Abuja par le
président Paul Biya, auprès du chef de l'Etat nigérian, le
Général Abacha Cette mission avait pour but de transmettre au
président nigérian, de la part de son homologue camerounais, un
message de paix et de conciliation, en vue d'un règlement pacifique du
conflit.161(*)
Dans le même esprit, le ministre camerounais des
Relations extérieures conduisit une délégation de huit
membres à Addis-Abeba pour assister aux travaux de l'organe central du
mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des
conflits de l'OUA. Cette délégation, conduite par le patron de la
diplomatie camerounaise, avait pour mission principale de défendre la
camerounité de la péninsule de Bakassi, et d'obtenir, de la part
de l'organisation panafricaine, un retrait immédiat des troupes
nigérianes de ladite péninsule.162(*) On peut relever ici une volonté des
autorités de Yaoundé de s'attirer les faveurs de l'organisation
panafricaine d'Addis-Abeba, dont les membres constituent, à titre de
rappel, le tiers des membres de l'Assemblée générale des
Nations-Unies.163(*)
D'autres actions furent entreprises dans ce sens par d'autres
dirigeants africains, tel le Togolais Gnassingbé Eyadema, qui entreprit
une médiation entre les présidents camerounais et
nigérian. Cette médiation aboutit au processus de Kara, lequel
suscita des visites de missions onusiennes à Yaoundé, à
Abuja et à Bakassi en 1996.164(*)
Pour revenir à la position du chef de l'Etat
camerounais à l'Assemblée générale des
Nations-Unies à ce propos, elle peut s'analyser, à notre sens,
sous deux prismes : le prisme idéologico-diplomatique, et le prisme
réaliste.
Au plan idéologico-diplomatique, il convient de
rappeler que la politique étrangère du Cameroun repose sur un
principe phare, à savoir la résolution pacifique des conflits et
litiges internationaux. Ainsi, en optant pour un règlement judiciaire de
ce conflit frontalier, le gouvernement camerounais, par la voix de son leader
suprême, opte également pour un arrangement pacifique du conflit.
Car il va sans dire qu'une option militaire aurait incontestablement conduit
à une situation de guerre entre les deux Etats belligérants.
Toutefois, il faudrait souligner que cette prise de position du premier
magistrat était également teinte de réalisme. Cette
opinion peut être justifiée par trois facteurs : la politique
intérieure, le facteur militaire, et le facteur stratégique.
Depuis la fin des années 1980, le régime
politique en place au Cameroun faisait face à une vive contestation due
à la désintégration économique que le pays
subissait depuis le milieu de la décennie. Cette contestation ne manqua
pas d'impacter sur la politique étrangère du Cameroun. En effet,
on assista à des prises de position hostiles au gouvernement
camerounais, de la part de certaines chancelleries occidentales, en
l'occurrence Washington.165(*) Vu sous cet angle, on peut donc aisément
déduire que le choix de l'instrument militaire par le pouvoir de
Yaoundé ne pouvait que lui être défavorable, car cela
aurait été pour ses «opposants de l'extérieur»
(dont on connaît la puissance politique et diplomatique) de
« connaître de son cas `'. Ensuite, sur le plan militaire,
il n'aurait pas été très prudent pour le Cameroun
d'engager ses forces armées dans une guerre contre le Nigéria,
les forces nigérianes étant mieux nanties en hommes, en
équipements et en moyens financiers.
Enfin, il faut relever que, bien que le Cameroun ait
signé avec certaines puissances étrangères (en
l'occurrence la France) des accords de défense stipulant, entre autres,
qu'en cas de conflit armé elles interviendraient militairement (et de
façon automatique) en faveur du Cameroun, l'attitude de ces puissances
pendant le conflit fut plutôt ambiguë. En réalité, la
France, comme d'autres grandes puissances, avait des intérêts plus
importants au Nigéria qu'au Cameroun.
Tous ces faits montrent donc à suffisance, que le
Cameroun, en choisissant la voie judiciaire comme moyen de règlement du
litige de Bakassi, a opté pour une politique et une diplomatie
réalistes, car tout autre instrument (notamment l'instrument militaire)
lui aurait, à coup sûr, été désavantageux.
Cette voie ne tardera d'ailleurs pas à porter ses fruits : en
juillet 2002, la Cour Internationale de Justice se prononcera sur l'affaire en
sa faveur, par un arrêt énonçant que `'la
souveraineté sur la presqu'île de Bakassi est
camerounaise''.166(*)
Suite à ces accords, une commission mixte sera constituée, sou
l'égide du Secrétaire général de l'ONU, Koffi Anan.
Les négociations entre les deux parties (Cameroun-Nigeria),
coordonnées par l'ONU, vont aboutir, le 12 juin 2006, à la
signature de l'accord de Greentree, par lequel le Nigeria reconnaît
officiellement la camerounité de la péninsule de Bakassi, et par
lequel les deux parties s'engagent à mettre en oeuvre les
recommandations de la Cour de la Haye.167(*) et la péninsule lui sera officiellement
rétrocédée le 14 août 2008.168(*)
Photo N° 4: Le
Président Paul Biya, le Secrétaire général de
l'ONU, et le Président Obasanjo à la signature de l'accord de
Greentree, 12 juin 2006
Source : Photo prise par l'auteur au
Ministère des Relations Extérieures (Direction des Nations-Unies
et de la Coopération Décentralisée)
Au regard de l'intense engagement des politiques et diplomates
camerounais dans les dossiers de la réunification et du conflit de
Bakassi, aussi bien à l'Assemblée générale que sur
des fronts parallèles, le moins qu'on puisse dire, ou mieux,
déduire, c'est que l'intégrité territoriale du pays est
d'un enjeu et d'un intérêt cruciaux pour les
autorités de Yaoundé. Mais tout aussi cruciaux sont les
principes de l'indépendance et de la souveraineté nationales et
internationales du pays, qui constituent d'ailleurs le socle moral et
éthique de sa politique étrangère. Ceci permettra sans
doute de mieux comprendre ses positions et sa politique face aux
ingérences chinoises dans sa politique intérieure.
3. Les
ingérences chinoises
Le 1er janvier 1960, le Cameroun accède
à l'indépendance et à la souveraineté
internationale dans un contexte plutôt difficile et ambigu. En effet, la
lutte pour la conquête de l'indépendance au Cameroun s'est faite
par deux camps antagonistes, à savoir le camp des nationalistes radicaux
(UPC) d'une part, et le camp des nationalistes
« modérés `' d'autre part. Les soutiens
extérieurs aux deux camps étaient révélateurs de la
configuration et de l'ambiance mondiale de l'époque, qui était
celle de guerre froide. C'est ainsi que les radicaux
bénéficièrent du soutien des pays socialistes et
communistes (en particulier la Chine et l'URSS), tandis que leurs adversaires
bénéficièrent de l'aide du bloc capitaliste (en
l'occurrence la France).
La reconnaissance de l'Etat et du gouvernement camerounais au
lendemain de la proclamation de son indépendance par une grande partie
de la communauté internationale169(*), et l'affluence internationale qui s'ensuivit sur le
sol camerounais, ne changèrent pas grand-chose à la position
chinoise. Les autorités de Beijing choisirent en effet de ne pas suivre
l'exemple de leurs homologues soviétiques, qui avaient reconnu le
gouvernement de Yaoundé, et s'étaient même fait
représenter à la cérémonie solennelle
d'indépendance par Frol Kozlov, deuxième secrétaire du
Parti communiste, et Nicolas Firyubine, ministre adjoint des Affaires
étrangères.170(*) Bien au contraire, non seulement elles ne
reconnaissaient toujours pas le gouvernement camerounais171(*), mais aussi elles
continuaient d'apporter leur soutien aux rebelles upécistes en termes
politiques, logistiques et financiers. Sur le plan politique, la capitale
chinoise abrita de nombreux nationalistes upécistes, et sur le plan
logistique, on assista à l'armement par Pékin de nombreux
insurgés de l'UPC intérieure.
Cette ingérence chinoise dans la politique
intérieure du Cameroun eut des incidences sur la politique
extérieure du pays, et plus particulièrement dans sa diplomatie
onusienne vis-à-vis de la Chine. En effet, outre le fait qu'il
n'existait pas de relations diplomatiques formellement établies entre
les deux pays (le Cameroun avait plutôt signé des accords de
coopération diplomatique avec Taiwan en 1960), les autorités de
Yaoundé ne reconnaissaient pas celles de Beijing comme gouvernement
légitime de la République chinoise.172(*) En 1967, le président
Ahidjo déclara devant l'Assemblée générale des
Nations-Unies que la reconnaissance du gouvernement de Beijing serait
conditionnée par la cessation par ce dernier des ingérences dans
les affaires intérieures des autres Etats.
Cependant, la position camerounaise sur la
problématique chinoise ne demeura pas statique. On assista en effet
à une évolution notoire après l'exécution d'Ernest
Ouandié, dernier chef historique de la rébellion upéciste,
le 18 janvier 1971. Le 26 mars 1971, les deux pays s'engagèrent à
coopérer dans le strict respect de leur souveraineté, de leur
indépendance et de leur intégrité territoriale.173(*) Ceci fut l'une des clauses
majeures de l'accord de coopération diplomatique alors signé
entre les deux pays. Yaoundé reconnaîtra officiellement le
gouvernement de Beijing en septembre de la même année, devant
l'Assemblée générale des Nations-Unies. En 1972, sur
hautes instructions du président Ahmadou Ahidjo, une mission de bonne
volonté séjournera en Chine et en Corée du Nord pour
renforcer les liens d'amitié nouvellement établis avec ces deux
pays.174(*)
Si au regard de ces faits on peut logiquement et
indéniablement déduire que les différentes positions
camerounaises à l'Assemblée générale de l'ONU
furent essentiellement tributaires des aléas de la politique
intérieure du pays, il ne faut cependant pas perdre de vue un certain
nombre de faits importants, qui auraient pu influencer la diplomatie du
Cameroun vis-à-vis de la Chine. Au rang de ces faits, deux sont
particulièrement dignes d'attention : l'évolution de la
conjoncture internationale, et les perspectives d'avenir de la Chine.
Du point de vue de la conjoncture internationale, on avait
assisté à une évolution relativement considérable
des relations entre les deux blocs antagonistes (capitaliste et socialiste).
Depuis 1953, les deux dirigeants américain et soviétique,
Eisenhower et Khroutchev avaient opté pour la pratique d'une politique
et d'une diplomatie de détente. Cette option des deux grands
s'était alors concrétisée, entre autres faits, par la
reconnaissance du gouvernement chinois en 1971 par le président
américain Richard Nixon,175(*) reconnaissance qui avait entraîné une
grande partie des membres de la société internationale, parmi
lesquels le Cameroun.
S'agissant des perspectives, il apparaissait évident,
aux yeux de tout observateur averti de la scène internationale, que la
Chine était une grande puissance en devenir.176(*) Déjà
qualifié de « géant aux pieds d'argile `' au
IXème siècle, membre du club des cinq décideurs de la
planète (G5), disposant d'une élite visionnaire et d'une
population nombreuse, la Chine regorgeait en effet d'atouts suffisants pour
être propulsée en avant de la scène mondiale. Cet
état de choses a dû motiver et amener les dirigeants de
Yaoundé à revoir leur position, tant au niveau bilatéral
qu'au niveau multilatéral, et notamment aux Nations-Unies.
En somme, on peut retenir que la défense des
intérêts du Cameroun devant l'Assemblée
générale des Nations-Unies est sous-jacente à deux
éléments cardinaux : l'idéologie diplomatique et les
enjeux divers, qui peuvent être d'ordre géopolitique,
géostratégique ou économique. La diplomatie de l'image et
du rayonnement n'échappe pas à ces conditionnements.
II. LES RESSORTISSANTS
CAMEROUNAIS DANS LA DIPLOMATIE DE L'IMAGE ET DU RAYONNEMENT DU CAMEROUN DANS
LES TRIBUNES ONUSIENNES
De façon globale, la diplomatie camerounaise de l'image
et du rayonnement aux Nations-Unies se résume en quatre points
cardinaux : le Cameroun, bon élève des Nations-Unies, le
Cameroun, mendiant de la paix et promoteur de la solidarité africaine,
la participation aux instances de l'Organe, et la diplomatie de promotion de
l'image de marque du Cameroun.
1. Le Cameroun, bon
élève des Nations-Unies
Ce slogan consiste, pour les politiques et diplomates
camerounais, à démontrer à l'opinion internationale, via
l'Assemblée générale des Nations-Unies, la bonne mise en
oeuvre par le Cameroun des politiques et programmes arrêtés par
l'Organisation. Dans ce sens, deux points mériteraient qu'on y focalise
l'attention, à savoir la problématique de l'environnement, et les
objectifs de développement durable.
En ce qui concerne la problématique de l'environnement,
la politique et la diplomatie de l'image du Cameroun sont menées dans ce
sens sur deux principaux fronts, à savoir le front onusien et le front
interne. Sur le front onusien, cette politique se mène sous deux angles,
à savoir l'angle juridique et l'angle oratoire.
L'angle juridique consiste en la signature, par l'Etat du
Cameroun, de conventions et traités internationaux relatifs à la
protection et à la préservation de l'environnement. Aussi bien,
le Cameroun est partie de la Convention des Nations-Unies sur les changements
climatiques, signée à Rio de Janeiro (Brésil) à
l'issue du sommet sur la terre qui s'y est tenu en 1992, ainsi de la Convention
de Bonn (Allemagne) portant réduction des gaz à effet de serre,
et du Protocole de Kyoto, ratifié en 2004 par les autorités de
Yaoundé.177(*)
Le discours oratoire consiste quant à lui pour les
dirigeants et diplomates camerounais à notifier les membres de
l'auditoire de la mise en oeuvre par le pays de politiques adéquates de
préservation de l'environnement. Écoutons à ce propos le
président Paul Biya :
Par ailleurs, je voudrais rappeler que le Cameroun et les
autres pays du Bassin du Congo qui est la deuxième réserve
forestière mondiale, ont adopté des politiques de gestion qui
préservent durablement l'environnement et l'écosystème.
Nos pays sont heureux de contribuer ainsi à l'amélioration de la
qualité de la vie sur notre planète (...)».178(*)
Photo N° 5: Le
Président Paul Biya s'adressant à l'Assemblée
générale des Nations-Unies lors de la 60ème
session (2005)
Source : Photo prise par l'auteur au
Ministère des Relations Extérieures
Concernant le front interne, les autorités
camerounaises agissent sur deux lignes : la ligne institutionnelle et la
ligne médiatique.
Au plan institutionnel, on note la création, le 9
décembre 2004, du Ministère de l'Environnement, de la Protection
de la nature, et du Développement durable. On assiste de ce fait,
à cette date à la scission du Ministère de l'Environnement
et des Forêts, scission qui aboutira à la naissance de deux
départements ministériels bien distincts, dont un se nommera
dès lors le Ministère des Forêts et de la Faune.179(*) Cette modification de
l'architecture gouvernementale par le chef de l'Etat relevait certainement de
sa volonté à faire comprendre à l'opinion internationale
que son pays avait pris connaissance des différents angles de la
problématique de l'environnement, à savoir la préservation
de la nature, la préservation des écosystèmes et la
préservation des espèces animales dans leur globalité et
leur diversité.
Dans le même esprit, on note la création, en
2006, d'un Observatoire Nationale de l'environnement.180(*)
Sur le volet médiatique, on note des actes en
mondovision tendant à démontrer à l'opinion mondiale
l'hostilité du gouvernement camerounais contre les
phénomènes destructeurs de l'environnement, de la nature et de la
faune, tels que le braconnage et le trafic de ressources animales. Ainsi en
est-il de la destruction, le 12 mai 2016, devant une kyrielle d'organes de
presse et de médias, d'une centaine de défenses
d'éléphants, alors saisies dans le cadre d'un commerce illicite.
Cette opération avait été menée à
l'initiative du ministre des Forêts et de la Faune d'alors, Ngole Philip
Ngwesse.181(*)
Parlant des Objectifs du Millénaire pour le
Développement, il conviendrait de noter que le Cameroun fait une emphase
concernant sa politique de lutte contre la pauvreté. Donnons encore la
parole au numéro 1 camerounais :
(...) C'est ainsi qu'au Cameroun, nous avons, entre autres,
procédé au renforcement des secteurs productifs et entrepris des
actions visant à réduire les prix des denrées de
première nécessité et à améliorer
l'environnement des affaires (...)182(*)
La politique et la diplomatie de l'image se mènent donc
ici sur deux fronts, à savoir le front onusien et la politique
intérieure. Si dans leur globalité elles visent à
démontrer à l'ensemble de la communauté internationale
(réunie au sein de l'Assemblée générale de l'ONU)
la bonne volonté du Cameroun dans la mise en oeuvre des politiques et
principes onusiens, notamment en matière environnementale, il faut
toutefois noter que cette politique et cette diplomatie visent d'abord et avant
tout l'intérêt du Cameroun. En effet, d'abord du point de vue
géographique, le Cameroun appartient à des ensembles on ne peut
plus stratégiques dans le monde : le Bassin du Congo
(deuxième réserve forestière dans le monde), et le Bassin
du lac Tchad. Ensuite, le pays regorge de bon nombre de potentialités,
du point de vue écologique : faune abondante et variée,
immenses richesses forestières (plus précisément en bois)
...
Enfin, on assiste, depuis bon nombre d'années, à
l'avènement d'un certain nombre de faits destructeurs, tant dans
l'hinterland du Cameroun que dans l'ensemble des grands espaces
géographiques et écologiques susmentionnés :
désertification croissante dans les régions septentrionales du
pays, disparition progressive de certaines espèces animales (à
l'instar des pachydermes), assèchement du lac Tchad.
On peut donc, au regard de ces faits, conclure
qu'au-delà de l'image, l'élaboration et la mise en oeuvre de ces
différentes politiques et diplomaties environnementales par les
autorités de Yaoundé revêtent un intérêt
crucial pour le pays.
2. Le Cameroun,
mendiant de la paix et promoteur de la solidarité africaine
Bien que le concept de « mendiant de la paix `'
ait été énoncé officiellement et chronologiquement
par le Chef de la Diplomatie camerounaise à l'occasion de la
72ème session de l'Assemblée générale
des Nations-Unies en septembre 2017, les allocutions allant dans ce sens sont
cependant bien antérieures à cette date.183(*) En effet, le premier
magistrat camerounais avait d déjà, à maintes
reprises, mis en exergue l'idéologie et les pratiques de son pays allant
dans le sens de la promotion et du maintien de la paix. Ainsi en est-il, par
exemple, de son discours lors de la 64ème session de ladite
assemblée, il déclarait, à propos de l'issue du conflit de
Bakassi :
L'avancée historique enregistrée dans le
règlement du différend concernant la presqu'île de Bakassi,
constitue l'un des meilleurs exemples des résultats appréciables
auxquels peut conduire une volonté de paix authentique et
partagée des parties(...) .184(*)
Poursuivant son propos dans le même sens, il
déclare que cette heureuse issue du conflit provient également de
« l'attachement à la paix dont ont su faire preuve les
dirigeants et les peuples des deux pays (Cameroun et
Nigéria) `'.185(*)
Ainsi, le Président de la République du Cameroun
présente à ses homologues, réunis dans l'enceinte abritant
la tribune onusienne, un pays épris de paix, tant dans
l'idéologie que dans les faits, à travers la résolution
pacifique des conflits et contentieux internationaux, et la participation du
pays dans différentes missions de maintien de la paix.
En tant que promoteur de la solidarité africaine, le
Cameroun organisa, à l'occasion de la célébration du
cinquantenaire de son indépendance en 2010, une conférence
internationale dénommée Africa 21, au cours de laquelle il s'est
agi, pour les décideurs du continent, de revisiter le chemin parcouru
par le continent en cinq décennies d'indépendance. Le
président Biya ne manqua pas d'y faire allusion lors de son discours du
23 septembre 2010, à l'occasion de la tenue de la
65ème session de l'Assemblée générale
des Nations. A travers cette allusion de son leader, le Cameroun se donnait le
beau rôle de principal promoteur, au niveau africain, des principes de
coopération et de solidarité internationale prônée
par la Charte des Nations-Unies.
La convocation et la tenue d'une telle conférence sur
leur territoire donnent également le sentiment que les autorités
camerounaises ont bel et bien conscience des enjeux et des jeux du monde
contemporain, dont la diplomatie de l'image de marque, qui s'avère
être un instrument avec lequel il faut compter.
3. La diplomatie de
promotion de l'image de marque du Cameroun
Le monde contemporain, on ne le
dira jamais assez, est essentiellement fait d'enjeux, de jeux et d'instruments
subséquents, au rang desquelles la diplomatie de l'image de marque, et
plus globalement, la promotion de l'image du pays. Il convient de noter
d'emblée que cette politique et cette diplomatie, bien que ne
s'opérant pas forcément dans les enceintes onusiennes, ne
manquent cependant pas d'incidences sur la diplomatie onusienne du pays,
notamment en termes de considération auprès de ses pairs.
La promotion de l'image de marque du Cameroun repose sur trois
principaux axes : les campagnes médiatiques, les publications dans
de grandes revues internationales et le recrutement de grands cabinets de
conseil en communication et en image.
Les grandes campagnes médiatiques se font à
travers l'achat d'espacés dans de grands médias internationaux,
à l'instar du magazine panafricain Jeune Afrique Economie et de
son corolaire Jeune Afrique Intelligent, sans oublier le magazine
Forbes. Ces magazines, qui jouissent d'un très grand nombre de
lecteurs tant à l'échelle africaine qu'à l'international,
présentent essentiellement les progrès sociaux ainsi que la
vision globale du leadership au Cameroun.186(*)
Dans le même ordre d'idées, le Cameroun s'offre
également des espaces dans des revues internationales de grande
renommée, telle la revue Doing Business de la Banque mondiale,
ceci afin d'améliorer son image internationale en termes de politique
d'investissements, et par ricochet, la création d'un climat favorable
aux affaires.187(*)
Le Cameroun s'attire aussi la sympathie de grands
médias de renommée internationale, à l'instar de la
télévision panafricaine Africa 24, qui a joué un grand
rôle lors de l'élection présidentielle de 2011. Durant
cette période, elle a organisé une semaine «Spécial
Cameroun'' au cours de laquelle se sont tenues des
conférences-débats portant sur des sujets aussi divers que
variés tel que la démocratie, la liberté de la presse, la
justice et la lutte contre le chômage. Cette conférence visait la
mise en exergue de la diversité et des richesses de l'Afrique en
général, et du Cameroun en particulier.188(*)
Dans le but d'améliorer et de protéger son image
(et celle de son pays, par la même occasion), le Président
camerounais s'offre les services d'experts reconnus en matière d'image
et de communication, à l'instar des Français Stéphane
Fouks et Patricia Balme.189(*) Si le premier lui a été très
utile pendant les années dites «de braise `' et la campagne
présidentielle de 1992, 190(*) le rôle de la seconde est beaucoup plus
important. Très impliquée depuis plus de deux décennies
dans le management de l'image et de la communication du président
camerounais, elle a joué un rôle phare dans la mise sur pieds du
Centre International de Recherche Chantal Biya, institution
spécialisée dans la lutte contre le VIH/SIDA. Cette institution
vit le jour grâce au lobbying de la communicante française qui
avait conduit à l'arrivée au Cameroun, en 2002, des Professeurs
Luc Montagnier et Robert Gallo, codécouvreurs du virus du Sida.
Elle joue également un grand rôle dans la gestion
et la promotion de l'image électronique du chef de l'Etat camerounais,
à travers la création d'une chaîne de
télévision Internet en juin 2008 pour le compte de ce
dernier.191(*)
Crs différentes actions contribuent à redorer le
blason de l'image du Cameroun au sein de la communauté internationale,
dont les membres sont également, dans leur immense majorité,
membres du Système des Nations-Unies.
Enfin, relevons, pour conclure, que la diplomatie camerounaise
du rayonnement se traduit également par la participation
régulière de ses ressortissants à différentes
instances de l'institution.192(*).
À l'entame de ce chapitre, nous nous sommes globalement
interrogé sur la stratégie de déploiement des personnels
politiques et diplomatiques camerounais dans la diplomatie de défense
des intérêts de leur pays au sein de l'Assemblée
générale des Nations-Unies. Il en est ressorti que les
problématiques de défense de l'intégrité
territoriale et de la souveraineté nationale, qui ont
généralement débouché sur des situations
conflictuelles ouvertes ou latentes avec d'autres membres de la
société mondiale, reposaient essentiellement sur des enjeux
géopolitiques, géoéconomiques et
géostratégiques Les personnels politiques et diplomatiques
camerounais ont mené la bataille sur deux fronts : le front onusien
et le front de la négociation. C'est ce qu'enseigne, par exemple la
gestion du dossier de la réunification avec le Cameroun anglophone, dont
le principal acteur fut le représentant permanent du Cameroun à
New-York, Ferdinand Oyono, et qui a abouti à la naissance de la
République Fédérale du Cameroun, le 1er octobre
1961.
Il en est de même de la diplomatie de l'image de marque
du pays, menée de mains de maître par le Président de la
République, au travers notamment des campagnes médiatiques. Cette
diplomatie a conduit à une forte mobilisation de personnalités
politiques africaines en terre camerounaise le 20 mai 2010, à l'occasion
de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance du
pays. Il faut souligner que cet évènement et cette mobilisation
ont fortement contribué à redorer le blason de l'image du pays.
Et, après observation attentive de la scène politique
intérieure et internationale, on peut être tenté d'affirmer
que cette diplomatie des intérêts, de l'image et du rayonnement a
un atout : celui d'être presque toujours en concordance avec les
grandes questions internationales de l'heure. Mais seule la suite permettra de
mieux juger.
CHAPITRE III :
LES GRANDES QUESTIONS
INTERNATIONALES ET LES RESPONSABILITÉS DES
CAMEROUNAIS A L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
Une petite rétrospective permet de tirer une
conclusion : la scène internationale n'est pas statique, mais
dynamique. En effet, force est de constater qu'entre autres, de
l'Antiquité aux temps modernes en passant par le Moyen-Âge, le
monde est passé de la nature de «jungle anarchique» (pour
parler comme Machiavel) à celle d'un monde de droit avec le
traité de Westphalie.
De même, on est peu à peu sortis du cadre de la
diplomatie bilatérale, qui jadis était pratiquement la seule
forme de coopération, à la diplomatie multilatérale, qui
s'est progressivement imposé comme instrument par excellence des
relations internationales contemporaines, et qui est devenu la tribune
d'expression et d'affirmation de la plupart des Etats et groupes d'Etats du
monde. Cette diplomatie multilatérale, dont les organisations
intergouvernementales sont les acteurs majeurs, est également devenue le
lieu par excellence des discussions et des débats sur les
différents sujets qui animent la scène internationale.
Cet état de choses amène donc à se poser
une question fondamentale, laquelle constitue d'ailleurs la
problématique centrale de cette partie de notre travail : comment
l'Etat du Cameroun, à travers les responsables de sa diplomatie
onusienne, participe-t-il au sein de l'Assemblée générale
des Nations-Unies, aux débats relatifs aux grandes questions qui minent
la sphère internationale ? Plus précisément, quelles
sont ses positions, ainsi que leurs motivations, leur impact et leur
portée ? Lui arrive-t-il, dans un cadre non seulement oratoire,
mais aussi organique ? Il sera donc question ici d'apporter des
éléments de réponse à toutes ces interrogations en
nous attardant sur trois aspects particuliers : les Camerounais face aux
grandes problématiques internationales, les Camerounais face aux grands
conflits et contentieux internationaux, et les postes attribués à
ces derniers au sein de l'Assemblée générale des
Nations-Unies.
I. LES CAMEROUNAIS FACE AUX GRANDES
PROBLÉMATIQUES INTERNATIONALES
Il faut entendre par « problématiques
internationales `' les grands sujets qui sont au centre des
préoccupations de la communauté internationale. Au rang de
ceux-ci, on a notamment l'impérialisme et la discrimination raciale, le
désarmement, ainsi que l'épineuse problématique de la
paix, de la sécurité et de l'éthique internationales.
1.
L'impérialisme et la discrimination raciale
Il ne fait pas de doute que depuis 1960, le Cameroun est un
acteur des relations internationales. Et lorsqu'on se penche sur l'histoire
politique et sociale du continent africain en général pendant les
trois à quatre premières décennies des
indépendances et même au-delà, l'on se rend compte que
cette histoire a été particulièrement mouvementée.
Durant cette période, les pays africains firent face à plusieurs
problèmes épineux, au rang desquels l'instabilité
politique, l'impérialisme et la discrimination raciale. Bien
évidemment, ces problèmes ne manquèrent pas d'attirer
l'attention de la communauté internationale, réunie
majoritairement à l'Assemblée générale des
Nations-Unies. Ici, il convient de porter un regard sur trois cas
particuliers : le cas congolais, le phénomène de l'apartheid
en Afrique du Sud, et le problème namibien.
Le Congo Belge (ancien Zaïre et actuelle
République Démocratique du Congo) , tout comme le Cameroun,
accède à la souveraineté internationale dans un contexte
particulièrement difficile et belliqueux. En effet, cette ancienne
colonie belge a également connu, pendant la lutte d'indépendance,
l'affrontement entre deux parties majeures, à savoir le camp des
kasavubistes d'un côté, et le camp des lumumbistes
de l'autre côté. Ce conflit, qui perdura jusqu'à
l'indépendance, avait pour principaux fondements la question de
tribalité et le contexte international de l'époque.193(*)
La question de la tribalité et du régionalisme
se posa dès les années 1940, avec l'apparition de deux grandes
tendances indépendantistes : celle des «gens d'en bas»
(Bakongo et Bandundu), et celle des «gens d'en haut», parlant le
lingala et venant de l'Equateur.194(*) Formée en 1949, la première
catégorie, l'Alliance du Bakongo, fut dirigée par Joseph
Kasa-Vubu dès 1954, avec pour ambition de rétablir l'ancien
royaume du Kongo de l'époque des Portugais ; la deuxième
tendance quant à elle, vit le jour en 1956 avec la publication, par le
professeur belge Jef Van Bilsen, du «Plan de 30 ans pour
l'émancipation de l'Afrique», qui ne manqua pas de séduire
plus d'un nationaliste de ce côté du Congo, à l'instar de
l'unitariste Patrice Emery Lumumba. L'idéologie de ce mouvement
était la formation d'un grand Congo uni.195(*) Il serait important de
noter, au demeurant, que la revendication ultime des deux tendances
était l'indépendance du Congo, la première
réclamant l'indépendance du Bakongo, et la seconde
l'indépendance du Congo en tant qu'entité territoriale
homogène. Cette divergence idéologique entre les deux parties fut
donc le fondement ethnico-régional du conflit qui s'ensuivit et qui
perdura jusqu'à l'indépendance.
Outre cet aléa de la politique intérieure, la
crise congolaise était aussi étroitement liée à la
configuration de la géopolitique internationale de l'époque,
alors caractérisée par des tensions entre les blocs capitaliste
et communiste. La première tendance reçut le soutien et l'aide du
bloc capitaliste, tandis que la seconde fut appuyée par le bloc
communiste
L'affaire est soumise le 28 Septembre 1960 à
l'Assemblée générale des
Nations Unies. Le représentant camerounais, Ferdinand Oyono, se fit
particulièrement remarquer d'abord à travers ses prises de
position contre l'URSS, ensuite contre l'Organisation des Nations Unies. Contre
l'URSS, il a eu à fustiger sa politique d'ingérence qui tendait
à favoriser le camp des lumumbistes. Il déclara notamment
que : «L'Afrique ne saurait servir de terrain à la
guerre froide»196(*)
De la même façon, il s'est opposé à
l'intervention des Nations Unies sur le sol congolais, arguant
que : «les Nations Unies ne devraient pas intervenir en terre
africaine à chaque fois qu'un gouvernement africain fait face à
une crise ».197(*)
À l'analyse, deux grandes attitudes
caractérisent le diplomate camerounais, à savoir le respect de la
diplomatie du non alignement et l'idéologie de l'indépendance et
de la souveraineté des territoires africains, laquelle se traduit ici
par la non-ingérence. Toutefois, on peut aussi y noter une diplomatie de
prudence, et même de parti pris. Car le Cameroun, qui appartient au
«pré carré» africain de la France (puissance du bloc
occidental), a des tendances beaucoup plus capitalistes.
Durant ces quatre premières décennies des
indépendances africaines, le Cameroun s'est également fait
chantre de la lutte contre les fléaux tels que la discrimination
raciale, particulièrement en Afrique.198(*) Ainsi en est-il de l'Afrique du Sud, pays dans
lequel la ségrégation raciale avait été
institutionnalisée depuis 1911 par le régime de l'apartheid. En
1969, le président Ahmadou Ahidjo, désigné par ses pairs,
présente, devant l'Assemblée générale des Nations
Unies le manifeste de Lusaka. En s'appuyant sur ce document, les chefs d'Etats
africains ont exigé « que s'arrêtent toutes
négociations entre les pays africains, les Nations Unies et le
gouvernement de Pretoria, tant que celui-ci n'aura pas revu sa politique
raciale».199(*)
Le diplomate camerounais Ferdinand Oyono est même allé plus
loin en 1975 lorsqu'il demanda et obtint la suspension dudit gouvernement du
système des Nations Unies.200(*) 201(*). Le Cameroun était alors membre du Conseil de
sécurité.
Un autre problème qui marqua l'histoire de l'Afrique en
cette période des indépendances fut le problème namibien.
Ce territoire, ancienne colonie allemande sous l'appellation de `'Sud-Ouest
africain'', fut tour à tour un territoire sous mandat de la
Société des Nations dès 1920, puis un territoire sous
tutelle des Nations-Unies dès 1946. Il faut alors noter que le Royaume
Uni, d'abord puissance mandataire puis tutélaire, délégua
l'administration de ce territoire à l'Union sud-africaine. Le
gouvernement de Pretoria décida de l'administrer comme une province
intégrante de son territoire. Il y appliquait alors la politique de
l'apartheid, exploitant à son compte ses ressources minières, et
utilisant ses populations comme main-d'oeuvre migrante.202(*) En 1966, l'Assemblée
générale de l'ONU déclara illégales l'occupation et
l'administration de ce territoire par l'Afrique du Sud. Trois ans plus tard, le
Conseil de sécurité adopta une résolution allant dans le
même sens. Cette affaire fut même portée devant la Cour
Internationale de Justice qui, au terme d'un long procès, décida,
en 1971, de la création d'un Conseil des Nations-Unies chargé de
l'administration du territoire. Dans la foulée, la SWAPO (South West
Africa Peoples Organization) fut reconnue comme représentant
légitime du peuple namibien.203(*)
Cependant, le gouvernement de Pretoria refusa de se soumettre
aux résolutions des Nations-Unies, en n'accordant pas
l'indépendance à la Namibie. Ceci aboutit à une lutte
armée qui fut amplifiée par le soutien des gouvernements des pays
dits de la `'ligne de front'' (Angola, Mozambique, et Botswana principalement).
Avec la bénédiction des autorités de Pretoria, il fut mis
sur pieds en Namibie, un gouvernement formé essentiellement par le
Republican Party et le South West African National Party,
lesquels formèrent alors l'Alliance démocratique de la Turnhalle,
dirigée par Dick Mudge. Ce gouvernement `'aux ordres'' fut
dénoncé par la SWAPO, les Etats de la ligne de front, l'OUA, et
les Nations-Unies. La scène internationale fut dès lors
divisée en deux camps à ce propos : d'une part, on avait la
SWAPO, les Etats de la ligne de front, l'OUA et l'ONU, et d'autre part,
l'Afrique du Sud, l'Alliance de la Tunrhalle et les Etats du `'Groupe de
contact'' (Royaume Uni, France, RFA et Canada).204(*)
L'attitude du Cameroun à ce sujet fut assez
ambigüe. En effet, dans un premier temps, le Cameroun (toujours
représenté à l'ONU par Ferdinand Oyono) joignit sa voie
à celles des Etats de la ligne de front et de l'OUA au sein de
l'Assemblée générale des Nations-Unies, condamnant
fermement l'occupation de la Namibie par l'Afrique du Sud. Ensuite, le
gouvernement de Yaoundé se joignit au fameux `'Groupe de contact'', qui
avait pour but de trouver un accord entre les parties en conflit.205(*)
A l'analyse, deux principales déductions peuvent
être faites. Premièrement, le Cameroun, en joignant sa voie
à celles de ses pairs de la ligne de front et de l'OUA en
général, restait fidèle à ses principes
d'indépendance et de souveraineté des territoires africains. Sa
participation aux activités du `'Groupe de contact'' (groupe d'Etats en
réalité favorables à la politique pratiquée par le
gouvernement sud-africain en Namibie) quant à elle peut laisser
entrevoir un certain embarras dans la politique étrangère de
Yaoundé. Car s'il est vrai que cette participation s'inscrivait en
droite ligne avec l'idéologie camerounaise de résolution
pacifique des conflits, elle ne traduisait pas moins un certain revirement de
position, lorsqu'on sait que la plupart des Etats de ce groupe étaient
favorables au gouvernement sud-africain.
En somme, l'on peut conclure que la position camerounaise sur
la question namibienne était teinte de realpolitik, lorsqu'on
considère aussi certaines grandes puissances occidentales dont les
intérêts étaient en jeu dans cette affaire, notamment les
Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France. Ces différentes positions
vont par ailleurs conduire à la proclamation de l'indépendance de
la Namibie en 1989, et des élections générales dont la
SWAPO sortira vainqueur.206(*)
Enfin, il faut relever que le Cameroun, par la voix du
président Ahmadou Ahidjo, a apporté son soutien devant
l'Assemblée générale de l'ONU aux nationalistes de la
Rhodésie du Sud, futur Zimbabwe.
2. Le
désarmement
Parallèlement à l'impérialisme et la
discrimination raciale, le problème du désarmement a aussi
préoccupé les diplomates camerounais. Conscients du danger que
représentent les armes stratégiques en général, et
l'arme nucléaire en particulier, les dirigeants américains et
soviétiques ont engagé des négociations qui ont abouti
à la signature par les gouvernements des deux pays en 1973, des accords
SALT (Strategic Arms Limitations Talk). Ces accords furent
complétés lors des 44ème et
45ème Sessions, par les résolutions 44/116 et 45/74,
portant respectivement sur les «Armes chimiques et
bactériologiques `', et « le désarmement
général et complet `'207(*). Face à ces résolutions, les
représentants camerounais ont préféré
émettre des réserves, en votant par abstention. Si l'on peut
comprendre difficilement l'attitude des politiques et diplomates camerounais
face à la première résolution, le Cameroun étant
techniquement incapable de se procurer une arme nucléaire, il en va
autrement des fondements stratégiques. En effet, voter pour
l'arrêt des activités nucléaires dans le monde serait
allé à l'encontre des intérêts des grandes
puissances, principaux acteurs et bénéficiaires de cette
politique. Il en est de même pour les deux dernières
résolutions. Sont étroitement liées à la question
du désarmement les épineuses problématiques de la paix, de
l'éthique et de la sécurité internationales.
3. La paix, la
sécurité, et l'éthique internationales
Il est clair que les autorités de Yaoundé sont
particulièrement sensibles aux questions liées à la paix,
à la sécurité et à la morale internationale, comme
l'attestent les sessions de 2010, 2015 et 2017. Lors de ces sessions, le
Président Biya n'a pas manqué de proposer la création d'un
Comité International d'Éthique, proposition qui n'a toujours pas
abouti. Lors de la dernière session, il a présenté son
pays (et lui-même, par la même occasion), comme étant un
«mendiant de la paix». Il a eu pour habitude de mentionner, le plus
souvent, et du haut de cette tribune, la participation du Cameroun à
différentes missions de maintien de la paix.
Il ne passa certainement pas inaperçu lors de son
intervention à la 70ème session de l'Assemblée, le 26
septembre 2015. Déjà, au début de cette même
année, il avait déclaré, devant le corps diplomatique
accrédité à Yaoundé, et alors réuni à
l'occasion de la présentation des voeux de nouvel an au Palais de
l'Unité : «(...) À menace globale,
réponse globale»..208(*) À travers cette formule, le premier
diplomate camerounais préconisait déjà une mutualisation
et une globalisation des efforts dans la lutte contre les
phénomènes constituant un danger pour la paix et la
sécurité internationales, en l'occurrence le terrorisme. Il
réitéra ces soucis de globalisation et de mutualisation devant
l'Assemblée générale des Nations-Unies :
« On comprendra dès lors que mon pays ne puisse qu'approuver
un engagement renouvelé des Nations-Unies en faveur de la paix, de la
sécurité et des droits de l'homme ».209(*)
Photo N° 6: Le
Président Paul Biya à la 70ème session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies
Source : Cameroun-Infonet.com,
consulté le 27 février 2021.
Photo N° 7: Le
Président Paul Biya à la 72ème session de
l'Assemblée générale de l'ONU
Source :
www.prc.com,
consulté le 27 février 2021.
Si autrefois la sensibilité camerounaise à la
paix, à la sécurité et à l'éthique
internationales fut essentiellement teintée à la fois
d'idéologie nationale et tiers-mondiste,210(*) elle est, en revanche,
liée actuellement à la configuration de la politique
intérieure. En effet, depuis 2013, le Cameroun fait face à de
nombreuses crises sécuritaires, des assauts de la secte islamique Boko
Haram à la crise socio-politique dans les régions du Nord-Ouest
et du Sud-Ouest, en passant par les attaques des rebelles centrafricains dans
la région de l'Est, et le phénomène des preneurs d'otages
dans la région de l'Adamaoua. C'est donc dire que les interventions
camerounaises en vue de la mobilisation de la communauté internationale
en faveur de la préservation de la paix et de la sécurité
internationale ont pour mobile fondamental l'intérêt national.
En fin de compte, on peut donc retenir que les interventions
camerounaises à l'Assemblée générale des
Nations-Unies, et relatives à l'impérialisme, la discrimination
raciale, le désarmement, la paix, la sécurité et
l'éthique internationales, obéissent d'une part aux principes
idéologiques, et d'autre part au principe de la défense et de la
préservation de l'intérêt national. Sans doute en est-il
également de ses positions vis-à-vis des conflits et contentieux
internationaux.
II. LES ACTEURS
CAMEROUNAIS FACE AUX CONFLITS ET CONTENTIEUX INTERNATIONAUX
Le système international est miné par bon nombre
de fléaux. Au rang de ceux-ci, on a divers conflits et crises à
l'international, lesquels n'ont pas manqué d'attirer l'attention de la
haute institution onusienne. Ce second axe consistera à étudier
le comportement des ressortissants camerounais vis-à-vis de trois cas
particuliers : la crise israélo-palestinienne, l'intervention
américaine au Nicaragua, et les crises ivoirienne et libyenne.
1. La crise
israélo-palestinienne
Le 15 mai 1948, David Ben Gourion proclame la naissance de
l'Etat d'Israël. La réaction des Etats arabes ne se fit pas
attendre. Dès le lendemain, Palestiniens, Syriens et Égyptiens
(entre autres Etats) envahirent le nouvel Etat : c'est le
déclenchement de la première guerre israélo-arabe, et le
début d'une longue série d'affrontements entre l'Etat
hébreu et les Etats arabes.
À l'Assemblée générale des
Nations-Unies, dans les discours comme dans les faits, à
l'intérieur comme à l'extérieur, l'attitude des
représentants camerounais a été fluctuante et
évolutive. En effet, si le Cameroun, sous l'impulsion de son leader
d'alors, le président Ahmadou Ahidjo, se joignit aux voix des
« pays frères `' africains en décidant de rompre
ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv,211(*) ses positions dans ce sens ne furent plus tellement
les mêmes à partir du milieu de la décennie 1980 et au
début des années 1990. L'exemple de la 45ème
session de l'ONU est à ce propos très illustratif.
Lors de la 45ème session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies, est émise
une résolution (45/74-, portant « Rapport du Comité
spécial d'enquêtes sur les pratiques israéliennes affectant
les droits de l'homme du peuple palestinien et autres Arabes en territoire
occupé `'.212(*) Le Cameroun, une fois de plus, vota avec
abstention.
Ce revirement d'attitude de la part des autorités et
diplomates camerounais peut s'expliquer essentiellement par des aléas de
la politique intérieure, lesquels ont fortement impacté sur les
relations entre Yaoundé et Tel-Aviv. En effet, à la suite du coup
d'Etat manqué du 6 avril 1984, le Cameroun a sollicité
l'expertise israélienne pour le renforcement du dispositif de
sécurité du Président de la République, Paul Biya.
Au début limitée à la formation et à
l'équipement de la toute nouvelle Garde présidentielle et de la
garde rapprochée du chef de l'Etat, la coopération militaire et
sécuritaire entre les deux Etats s'est beaucoup densifiée tout au
long des trous dernières décennies. On assista, en 1994, à
la création (avec l'assistance technique israélienne) d'un corps
d'élite dans l'armée camerounaise, lequel n'a pas tardé
à établir sa renommée au Cameroun, et même
au-delà213(*).
D'ailleurs, il fut commandé, pendant très longtemps, par un
officier supérieur de l'armée israélienne, en la personne
du colonel Abraham Avi Sivan, jusqu'à son décès suite
à un crash d'avion en fin 2011.
Bien plus, il faut noter que le chef de l'Etat camerounais
bénéficie de l'expertise d'autres officiers haut gradés de
l'armée israélienne, à l'instar du général
Mayer Hères, que la presse camerounaise a qualifié, à tort
ou à raison, de «conseiller militaire de l'ombre du chef de
l'Etat».214(*)
De tout ce qui précède, le moins qu'on puisse
dire c'est que Tel-Aviv occupe une place de choix dans la politique de
défense et de sécurité de Yaoundé. Au regard de
l'importance cruciale de ces deux domaines dans la vie d'un Etat, on peut donc
facilement comprendre l'attitude des ressortissants camerounais à
l'Assemblée générale de l'ONU qui, somme toute, est une
attitude de réserve et de prudence.
Toutefois, il n'en demeure pas moins que le Cameroun se soit
souvent prononcé favorablement pour des résolutions allant
à l'encontre des intérêts de l'Etat hébreu, comme le
paragraphe B de la résolution 45/74 suscitée, condamnant
Israël pour violation des droits de l'homme et du droit humanitaire dans
les territoires occupés.215(*)
Pour des raisons à peu près similaires (mais
différentes en bien des points), le Cameroun a adopté des
positions semblables vis-à-vis d'autres conflits internationaux,
à l'instar de l'ingérence américaine au Nicaragua
2.
L'ingérence américaine au Nicaragua
Le Nicaragua est un pays d'Amérique centrale,
limité au sud par le Costa Rica, au nord par le Honduras, et
bordé à l'ouest par l'Océan Pacifique et à l'est
par la mer des Caraïbes. D'abord colonisé au
16ème siècle par les Espagnols, il fut ensuite membre
de la République fédérale d'Amérique centrale,
alors proclamée le 22 novembre 1822, en tant qu'entité
provinciale.216(*) Il
devint ensuite, dès 1911, un protectorat américain avant de
devenir une république totalement indépendante et
souveraine.217(*) Il
conviendrait de noter, au demeurant, que le régime de protectorat ainsi
instauré est l'aboutissement de la politique du big stick (gros
bâton), élaborée et mise en oeuvre par le président
américain Theodore Roosevelt.218(*) Cette politique interventionniste ainsi
augurée fut à l'origine de plusieurs interventions
américaines sur le sol nicaraguayen, interventions qui aboutirent au
traité Bryan-Chamorro en 1914. Ce traité consacre, entre autres,
la création de la Garde Nationale (Guardia Nacional), formation
à la fois militaire et policière dont la principale mission
consistait à protéger les intérêts
américains, et dont le commandement fut confié à un homme
acquis à la cause de Washington, Anastasio Somoza Garcia.219(*) Cependant, les forces
américaines vont être contraintes de quitter le pays dès
1933, notamment à cause de la guérilla menée par le
général Augusto César Sandino, opposé aux clauses
de l'accord de 1914.220(*) Après l'assassinat de ce dernier en 1934 par
des officiers de l'armée, s'établit alors au Nicaragua une
classe politique qui, bien qu'appartenant à la dynastie Somoza,
s'identifie beaucoup plus, dans son idéologie et dans les faits,
à la politique de Sandino, raison pour laquelle ils seront d'ailleurs
taxés de `'Sandinistes'' . C'est donc dans l'optique de renverser
cette dynastie, dont la politique allait manifestement à l'encontre de
ses intérêts, que le gouvernement américain, sous
l'administration Reagan, entreprit des activités militaires intenses en
Amérique centrale (Panama et Nicaragua).221(*)
Lors des 77ème et 88ème
séances plénières de l'Assemblée
générale des Nations-Unies, qui se tinrent respectivement les 7
et 29 décembre 1989, il fut question, pour l'organe onusien, de de se
prononcer sur des textes condamnant les États-Unis pour non-respect ou
violation du droit international. Le texte en question était la
résolution 44/43 demandant «que soit pleinement et
immédiatement appliquée par les Américains, et
conformément à la Charte, l'arrêt de la CIJ l'arrêt
des activités militaires et paramilitaire au Nicaragua et contre
celui-ci». 222(*)
Comme elle le fit avec les résolutions relatives
à la crise israélo-palestinienne et les questions relatives au
désarmement, la délégation camerounaise s'abstint de se
prononcer sur cette résolution, optant même carrément,
cette fois, pour la politique de la chaise vide.223(*) Comme pour les deux cas
suscités, l'attitude camerounaise ici semble tout à fait
compréhensible. En effet, même si l'axe Yaoundé-Washington
n'est pas aussi étroit que l'axe Yaoundé-Tel-Aviv, les
États-Unis ne demeurent pas moins la première puissance mondiale
sur tous les plans : politique, diplomatique, économique et
militaire. Et, de ce fait, il vaudrait mieux, surtout pour un pays dans la
situation géopolitique et socio-économique du Cameroun,
s'abstenir de tout acte, individuel ou collectif, pouvant lui attirer
l'hostilité de la superpuissance.224(*) Ces considérations d'ordre
géopolitique, géostratégique et diplomatique ont
certainement influé sur la diplomatie camerounaise à New-York
lors de crises internationales plus récentes, à l'instar des
crises ivoirienne et libyenne des années 2010 et 2011.
3. Les crises
ivoirienne et libyenne
Le 28 novembre 2010, à la suite d'une intense campagne
électorale, est proclamé vainqueur à l'élection
présidentielle ivoirienne, M. Alassane Dramane Ouattara. Cependant, son
adversaire, le président sortant, M. Laurent Gbagbo, refuse de
reconnaître sa victoire. C'est le début d'une longue crise qui
dura environ sept mois, et se solda, le 28 avril 2011, par l'arrestation du
président sortant par les forces républicaines ivoiriennes, avec
le concours des forces françaises (forces Licorne).225(*)
Nous ne reviendrons pas sur tous les épisodes de ce
tragique feuilleton. Cependant, il convient de considérer quelques
éléments antérieurs à cette crise, lesquels
permettront de comprendre d'une part les enjeux de la crise, et d'autre part
l'attitude camerounaise à l'Assemblée générale des
Nations-Unies.
Tout d'abord, il faut relever qu'avant l'accession du
président Laurent Gbagbo à la magistrature suprême
ivoirienne en 2000, le palais présidentiel ivoirien de Côte
d'Ivoire était sous location, et ceci au profit des
Français.226(*)
Le président Gbagbo vint mettre un terme à ce système,
estimant que «le bail payé aux Français durant les
quarante années de l'indépendance de la Côte d'Ivoire avait
largement compensé les dépenses occasionnées par la
construction de ce palais».227(*)
Ensuite, il conviendrait également de dire un mot sur
le cacao ivoirien, notamment sur la problématique du prix qui, tout
comme celle de la location du palais, contribua considérablement
à assombrir le ciel des relations Paris-Abidjan. En effet, le prix du
cacao ivoirien (à l'international, plus précisément),
était, pendant très longtemps, dicté par les
autorités de Paris et leurs acolytes de l'Organisation mondiale du
Commerce (OMC). Une fois de plus, le président Gbagbo vint mettre ce
système à mal, arguant que les Européens (et les
Occidentaux en général), ne subissant aucun diktat (africain,
plus précisément) sur les prix de leurs produits industriels,
devraient appliquer la politique de la réciprocité à ce
propos, en laissant aux Etats africains la latitude de déterminer
eux-mêmes les prix de leurs produits.228(*)
Au regard de tous ces éléments, on peut donc
facilement comprendre que la crise ivoirienne, comme tout conflit
international, était fondamentalement un conflit d'intérêt,
avec en avant-garde les intérêts français. D'où le
soutien politique, diplomatique et militaire apporté par Paris au camp
Ouattara tout au long de ladite crise.
Par la même occasion, on peut aussi comprendre la
politique de la chaise vide adoptée par les ressortissants camerounais
aussi bien à l'Assemblée générale des Nations-Unies
qu'en dehors. Si l'on peut évoquer le principe de non-ingérence
dans les affaires des autres Etats comme justificatif de cette attitude, il ne
faudrait cependant pas perdre de vue qu'une politique allant à
l'encontre des intérêts de la France aurait attiré à
Yaoundé l'hostilité de cette dernière, avec qui elle
entretient d'ailleurs des relations on ne peut plus privilégiées.
De plus, faudrait-il le rappeler, la France s'impose, somme toute, sur la
scène internationale, comme une puissance avec laquelle il faut
compter.
Un examen minutieux de la crise libyenne,
débutée en février 2011 et ayant abouti, le 20 octobre de
la même année, à l'assassinat du guide libyen, Mouammar
Kadhafi, conduit à des conclusions analogues. En effet, selon certaines
sources, les véritables fondements de la guerre en Libye reposaient
essentiellement sur trois facteurs : le facteur énergétique,
le facteur économique et financier, et le facteur
géopolitique.
La Libye, huitième réserve
pétrolifère mondiale229(*) et deuxième producteur africain de
pétrole après le Nigeria,230(*) envisageait déjà, sous l'égide
de son illustre leader, de s'autonomiser quant à l'exploitation et
à la transformation de son pétrole, ce que n'auraient pas
apprécié certaines chancelleries occidentales, en l'occurrence la
France, qui détenait une bonne partie des concessions
pétrolières. Outre l'immense fortune du dirigeant
libyen,231(*) les
technologies acquises par ce dernier auprès de son ancien homologue
irakien, Saddam Hussein,232(*) lui permettaient de mettre en oeuvre cette
politique.
Allant dans le même sens, il existait clairement, dans
l'esprit des dirigeants occidentaux, notamment les Français et leurs
homologues américains, la crainte que le leader libyen, mû par ses
convictions panafricanistes, ne divulguât ces technologies à ses
pairs africains, ce qui aurait constitué pour leurs pays respectifs une
catastrophe économique et financière.
Il faut noter, par ailleurs que, toujours sous l'effet de
l'esprit panafricaniste qui l'animait, le guide libyen s'était
également érigé en chaud partisan d'une monnaie africaine
et d'une institution africaine de coopération économique et de
développement. Cette idéologie devait se concrétiser par
la création d'une Banque Centrale africaine et d'un Fonds
monétaire africain. Une fois de plus, les intérêts
occidentaux se trouvaient gravement menacés. Car non seulement l'emprise
du FMI et de la Banque mondiale sur le continent allait être fortement
diminuée, mais aussi les intérêts de la France se
trouvaient ainsi en danger, du fait de l'effet que la mise en oeuvre de ces
projets aurait eu sur les accords de coopération financière et
monétaire signés avec les pays africains membres de la zone
franc.
Enfin, il faut relever que Kadhafi envisageait
également la création d'un satellite panafricain233(*), ce qui promettait d'avoir
des conséquences à la fois géopolitiques et
économiques. En effet, outre que les chancelleries occidentales allaient
voir leur contrôle sur les dirigeants africains fortement
annihilé, les firmes occidentales, qui détiennent quasiment le
monopole en la matière sur le continent, auraient, à coup
sûr, vu leur chiffre d'affaires fortement diminué sur le
continent.
Une fois de plus, l'on comprend que la diplomatie
camerounaise dans les tribunes onusiennes ait également
été muette à ce sujet car, comme dans les cas
précédents, les intérêts de grandes puissances se
trouvaient en jeu.
Toutefois, il faut noter que les relations entre
Yaoundé et Tripoli n'avaient jamais été
particulièrement roses, surtout sous l'ère Biya.
L'animosité naquit du fait de la décision du chef de l'Etat
camerounais de renouer ses relations diplomatiques avec Israël.234(*) Cet acte a attiré au
chef de l'Etat camerounais l'hostilité du guide libyen, qui l'a
traité de «traitre» à la cause africaine.
Il s'ajoute également à ceci le soutien de
Yaoundé à la cause tchadienne durant la crise frontalière
d'Aozou qui opposait alors le Tchad à la Libye de Mouammar Kadhafi. Le
Cameroun a, à cet effet, accordé des facilités logistiques
à la France dans le cadre de son intervention militaire au Tchad et,
dans une certaine mesure, aux États-Unis, par une visite officielle du
président Biya à Washington en 1986. Cette visite intervenait
à la suite de bombardements américains en Libye.235(*)
Cet état de choses a amené le dirigeant libyen
à déclarer «le Cameroun de M. Biya ennemi numéro
1 de la Libye en Afrique noire».236(*) Les mutations géopolitiques et diplomatiques
qui s'opérèrent en 1990 suite à la résolution du
conflit tchado-libyen par la CIJ ne changèrent pas grand-chose aux
relations plutôt houleuses entre Yaoundé et Tripoli.
Au regard des trois illustrations qui
précèdent, on peut donc déduire que les positions
camerounaises à l'Assemblée générale des
Nations-Unies relatives aux conflits et contentieux internationaux prennent en
compte deux principaux facteurs : le poids de l'acteur majeur du conflit,
et l'importance de ses relations avec ledit acteur. Ces deux facteurs
l'amènent très souvent à pratiquer une diplomatie de
neutralité, à travers des votes abstentionnistes, et parfois, la
politique de la chaise vide. Mais ces facteurs ne lui font cependant pas
oublier sa diplomatie du rayonnement, qui l'amène très souvent
à participer à diverses instances de l'Organe onusien.
III. QUELQUES GRANDS NOMS CAMEROUNAIS À
L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
Comme nous l'avions déjà relevé dans le
chapitre précédent, l'axe majeur de la diplomatie camerounaise de
rayonnement au sein de l'Assemblée générale des
Nations-Unies consiste essentiellement en la participation du pays dans les
instances de l'institution. A ce propos, trois représentants camerounais
à New-York se sont particulièrement illustré, à
savoir S.E. Ferdinand Léopold Oyono, S.E. Paul Bamela Engo, et S.E.
Michel Tommo Monthé.
1. Ferdinand Léopold Oyono
Né en 1928 à Ngoulemakong dans le
département de la Mvila (région du Sud-Cameroun), et originaire
de l'arrondissement de Biwongbané dans le même département,
Ferdinand Léopold Oyono, après avoir fait ses études
primaires et une partie de ses études secondaires dans son pays,
s'envole pour la France au milieu des années 1950. À
l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, il obtint une licence,
puis un Diplôme d'études supérieures en Droit public, et un
diplôme de la section diplomatique de l'ENA (Ecole nationale
d'administration) de Paris.237(*)Après s'être illustré sur le plan
culturel par la publication de trois oeuvres littéraires qui eurent un
grand écho dans les milieux scolaires et politiques africains et
internationaux238(*), il
fut nommé, en 1960, représentant permanent du Cameroun aux
Nations-Unies. C'était le début d'une longue carrière
diplomatique qui le conduisit dans de nombreuses capitales africaines et
mondiales (Monrovia, Paris, Moscou, Bruxelles entre autres).239(*)
À l'Assemblée générale des
Nations-Unies, il se fit notamment remarquer par ses positions sur les
questions d'impérialisme et de discrimination raciale, ainsi que dans la
défense, au sein dudit organe, du dossier de la réunification du
Cameroun.240(*)
Président du Fonds de Solidarité de l'UNICEF en 1973241(*), président du Conseil
de sécurité en 1975, il a également été
vice-président de l'Assemblée générale des
Nations-Unies en 1978.242(*)
Ferdinand Oyono a par ailleurs occupé plusieurs
fonctions gouvernementales dans son pays, notamment celles de ministre des
Relations Extérieures et de ministre de la Culture243(*). Nommé ambassadeur
itinérant à la Présidence de la République en 2009,
il y resta jusqu'à sa mort, qui aura lieu l'année suivante.
Photo N° 8:
Ferdinand Léopold Oyono
Source : http://fr.m.wikipedia.org
2. Paul Bamela
Engo
Né le 21 octobre 1931 et décédé le
28 avril 2010, ce magistrat international et triple sauteur244(*) fut le représentant
permanent du Cameroun aux Nations-Unies de 1984 à 1990, après une
longue carrière dans les services centraux du Ministère de la
Justice et du Ministère des Affaires Étrangères
(actuellement Ministère des Relations Extérieures). Pendant son
séjour new-yorkais, il s'illustra par son accession à la
vice-présidence de l'Assemblée générale des
Nations-Unies, et à la présidence de la Première
Commission de la troisième conférence des Nations-Unies sur le
droit de la mer.245(*)
Il fut également l'une des figures emblématiques
de la défense du Cameroun dans l'affaire Bakassi, tant à
l'Assemblée générale qu'à la Cour Internationale de
Justice.
Photo N° 9:
Paul Bamela Engo
Source : http://fr.m.wikipedia.org
1. Michel Tommo Monthé
Né le 26 mars 1947 à Bana, à l'Ouest du
pays, M. Tommo Monthé est un diplomate de carrière, titulaire
d'un doctorat en Relations Internationales, obtenu à l'Institut des
relations internationales du Cameroun (IRIC). Il s'est rôdé
à la chose diplomatique dans les hautes arcanes de l'administration
centrale à Yaoundé. De cette longue et riche carrière
administrative, on retient qu'il fut, entre autres, Chargé de mission
à la Division des Affaires diplomatiques de la Présidence de la
République, Conseiller technique au Ministère des Relations
Extérieures, et Inspecteur Général au sein dudit
département ministériel. Il fut ensuite Premier Conseiller
à la Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies
à New-York.246(*)
Bien avant sa nomination comme Représentant Permanent
du Cameroun aux Nations-Unies en 2008, il avait déjà
occupé des postes importants au sein de l'auguste Assemblée
onusienne : conseiller spécial du Président de la
cinquante-neuvième session (2004-2005), et Vice-Président du
Comité consultatif pour les questions administratives et
budgétaires des Nations-Unies (CCQAB) depuis 2006.247(*)
Il occupa, après sa nomination, les fonctions de
Président de la Troisième Commission (Questions sociales,
culturelles et humanitaires.248(*)
Photo N° 10:
Michel Tommo Monthé
Source :
http://fr.m.wikipedia.org
Les positions camerounaises à l'Assemblée
générales des Nations-Unies relatives aux problématiques
de l'impérialisme, de la discrimination raciale, du désarmement,
de la paix, de la sécurité et de l'éthique internationales
sont subordonnées aux considérations idéologiques et
stratégiques. Les considérations idéologiques sont
relatives aux principes camerounais de la solidarité africaine, de la
paix et de la justice internationales, lesquels convoquent à leur tour
les principes de l'égalité entre nations, et
l'indépendance des peuples du monde en général, et des
peuples africains en particulier. Les considérations
stratégiques, quant à elles, renvoient à deux principaux
facteurs, notamment en ce qui concerne les débats relatifs aux conflits
et contentieux internationaux : le poids multidimensionnel de l'acteur
majeur du conflit, et le degré d'étroitesse de ses relations avec
lui. Reste donc maintenant à examiner la pertinence de ces
considérations, notamment à travers leur impact et leur
portée dans la politique onusienne du Cameroun.
CHAPITRE IV :
LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE
DANS LES TRIBUNES ONUSIENNES : APPROCHE
CRITIQUE ET PROSPECTIVES
L'Histoire, on ne le dira jamais assez, est la science qui
permet de connaître le passé pour comprendre le présent et
se projeter dans le futur. En d'autres termes, la tâche de l'historien en
général, et celle de l'historien africain en particulier,
consiste à revisiter les faits et évènements posés
par les hommes dans les temps passés, ces temps passés qui
peuvent parfois se rapprocher des époques très récentes de
notre histoire. À travers ce retour aux sources, on peut mieux cerner le
pourquoi et le comment de certains faits et réalités vécus
dans les temps présents, et lancer des bases prospectives pour un avenir
meilleur.
Tout au long de cette étude, nous avons essayé
de procéder à une analyse historique de l'action du personnel
politique et diplomatique camerounais à l'Assemblée
générale des Nations-Unies. La réflexion a notamment
porté sur l'efficacité, l'impact et la portée de cette
action dans le fonctionnement et le processus de prise de décision au
sein dudit Organe en particulier, et du Système onusien en
général. Ainsi, cette quatrième et dernière partie
de la présente analyse, se fonde sur les questions suivantes :
quels ont été les succès et les échecs de la
diplomatie camerounaise au sein de l'Assemblée générale
des Nations-Unies, tout au long des cinquante-sept premières
années de l'accession du pays à la souveraineté
internationale ? Quels sont les atouts et les faiblesses que revêt
la diplomatie onusienne du Cameroun, et qui ont pu justifier ces
différents succès ou échecs ? Et quelles perspectives
pour un plus grand triomphe du Cameroun dans le concert des nations,
incarné ici par l'Assemblée générale des
Nations-Unies ? Le souci d'apporter des réponses à ces
différentes questions nous a conduit à scinder ce chapitre en
trois parties, dont chacune épousera respectivement l'une desdites
questions.
I. UNE APPROCHE D'ÉQUILIBRE
MESURÉ DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
Le bilan de l'action des personnels politiques et
diplomatiques camerounais à l'Assemblée générale
des Nations-Unies passe par l'examen de deux points cardinaux : les
succès et les échecs.
1.
Succès
Comme nous l'avons vu dans les parties antérieures, les
interventions des dirigeants et diplomates camerounais dans les tribunes de
l'Organisation de New-York sont axées sur des thématiques et
centres d'intérêt aussi divers que variés. Au rang de
ceux-ci, il nous semble que les autorités de Yaoundé et leurs
auxiliaires de New-York aient enregistré des victoires dans quatre
points en particulier, à savoir : les questions liées
à l'impérialisme et à la discrimination raciale, la paix
et la sécurité internationales, les questions
d'intérêt national, et la diplomatie du rayonnement.
Pour ce qui concerne les questions d'impérialisme et de
discrimination raciale, la victoire la plus remarquable enregistrée par
les ressortissants camerounais est sans aucun doute le cas de l'apartheid en
Afrique du Sud. En effet, comme on a pu l'observer plus haut, toutes les
résolutions suggérées par les ressortissants camerounais
à ce sujet ont été adoptées, notamment celle
d'interrompre toute négociation avec le gouvernement raciste de Pretoria
d'une part, et d'autre part, celle de suspendre le pays comme membre de
l'ONU.249(*)
Par ailleurs, il faut relever que cette histoire connut
plutôt une fin heureuse, d'abord avec l'abolition, au début des
années 1990, des différentes lois ségrégationnistes
dans le pays, et l'organisation, en 1994, d'élections multiraciales dans
le pays, lesquelles ont conduit à l'accession au pouvoir, d'un Noir, en
la personne de Nelson Mandela.250(*)
Il en fut de même pour le Zimbabwe et la Namibie,
où les nationalistes ayant bénéficié du soutien de
Yaoundé devant la haute instance onusienne se virent octroyer la
souveraineté internationale, respectivement en 1980 et en 1990, et ceci
au détriment des gouvernements racistes ayant à leur égard
des dispositions hostiles.251(*)
Sur les questions relatives aussi bien à la paix et
à la sécurité internationale qu'aux questions
d'intérêt national, le mérite des ressortissants
camerounais apparait sur deux principaux points : la victoire du Cameroun
dans la crise de Bakassi252(*), et la globalisation sécuritaire de plus en
plus croissante.
En juillet 2002 est prononcé, par la Cour
Internationale de Justice (CIJ), l'arrêt reconnaissant la
camerounité de la péninsule de Bakassi, jusqu'alors
disputée avec le voisin nigérian.253(*) Le 14 août 2008, cette
décision est concrétisée par la rétrocession
officielle de ladite péninsule au Cameroun par les autorités
nigérianes. L'aboutissement heureux de ce conflit ayant opposé
Yaoundé et Abuja pendant plus de deux décennies est dû,
d'une part, à l'idéologie pacifiste qui constitue une essence
fondamentale de la diplomatie camerounaise, et d'autre part, à la
volonté politique, au patriotisme254(*) et à la diplomatie réaliste dont a
fait preuve le Président de la République, Paul Biya, durant la
période de la crise.
La globalisation sécuritaire, prônée par
le président Paul Biya, a beaucoup plus porté ses fruits en terre
africaine. On assiste en effet, en 2013, à la création, au sein
du Golfe de Guinée, d'une force maritime multinationale chargée
de lutter contre la piraterie maritime dans la région.255(*) Ladite force aura d'ailleurs
son siège à Douala, au Cameroun.
On note également, au cours de la période allant
de 2013 à 2017, la création de plusieurs coalitions de cette
nature dans le continent : La Force Multinationale Mixte
(FOMMUC),256(*) la
Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour le
Secours à la Centrafrique (MINUSCA)...257(*)
Par ailleurs, une force similaire a été
créée au sein de la Communauté Economique des Etats de
l'Afrique centrale, faisant suite à un sommet extraordinaire de cette
organisation tenu à Yaoundé, le 18 janvier 2015.258(*) Même si la
majorité de ces forces mixes ont beaucoup de peine à être
opérationnelles, leur mise sur pied augure néanmoins
déjà de bons auspices dans la préservation de la paix et
de la sécurité en Afrique. De ce fait, on peut donc
déduire que les appels du président camerounais à
l'Assemblée générale des Nations-Unies en vue de la
mobilisation globale dans le maintien de la paix et de la
sécurité internationale ont porté des fruits.
Enfin, on note un triomphe de la diplomatie de rayonnement par
une participation régulière des personnels camerounais à
diverses instances de l'Assemblée générale des
Nations-Unies. Ceci entraîne le triomphe des trois idéaux
fondamentaux de la diplomatie camerounaise, à savoir : la
présence active, la présence effective, et le rayonnement.
Toutefois, cette kyrielle de lumières sur le tableau ne
devrait en aucun cas gommer les ombres.
2.
Échecs
Les échecs de la diplomatie camerounaise à
l'Assemblée générale des Nations-Unies se situent,
à l'analyse, à trois niveaux : l'impérialisme, les
conflits africains, et l'éthique internationale.
Pour ce qui concerne l'impérialisme, le premier point
qui devrait attirer l'attention, c'est l'ingérence
étrangère, dont les principaux acteurs sont les grandes
puissances. Force est en effet de constater que, durant les interventions
américaines au Nicaragua et à Panama, on n'a guère entendu
la voix du Cameroun. Même si des circonstances atténuantes d'ordre
géopolitique et géostratégique peuvent lui être
accordées dans ces deux cas, sa politique de la chaise vide demeure tout
de même sujette à question, pour un pays qui, depuis son
avènement sur la scène internationale, s'est fait le chantre des
principes de la non-ingérence et de la souveraineté
internationale, et qui était confronté lui-même à
une situation à peu près similaire, avec la rébellion
upéciste et les ingérences étrangères que l'on
sait.
Il en est de même pour des conflits tels que la crise
israélo-palestinienne, où le Cameroun a, une fois de plus,
opté pour la diplomatie de la chaise vide. Comme dans les cas
suscités, l'on peut justifier son attitude ici par des raisons
stratégiques. Toutefois, cela fait problème quand on se souvient
que le Cameroun est également très attaché aux principes
d'intégrité territoriale des Etats et d'intangibilité des
frontières, principes qui sont régulièrement foulés
aux pieds par l'Etat hébreu.
De plus, on constate également que certaines
suggestions émises par les représentants camerounais à
propos de certains conflits sur le continent africain n'ont pas
été prises en compte. Ainsi en est-il de la crise congolaise
(RDC), dans laquelle une mission onusienne de maintien de la paix (MINUSCO)
exerce depuis près de six décennies, et sans véritable
succès, malgré les appels des responsables camerounais à
la gestion des problèmes africains par les Africains. Il faut, au
demeurant, noter que cette mission, qui oeuvre très peu pour le
bien-être du peuple congolais, exerce régulièrement des
abus sur les populations, s'évertuant à attiser les conflits,
pour le plus grand bonheur des firmes multinationales installées sur
place.
Par ailleurs, la voix du Cameroun ne s'est pas fait entendre
lors des récentes crises ayant animé l'actualité africaine
entre 2010 et 2017, notamment la crise ivoirienne et la crise libyenne.
Lorsqu'on connaît la position stratégique du Cameroun en Afrique
en général et dans le Golfe de Guinée en particulier,
lorsqu'on connaît le statut presque patriarcal occupé par son
dirigeant dans la sphère politique et diplomatique africaine (et
même mondiale, dans une certaine mesure)259(*), cela apparaît
incompréhensible et inexcusable, nonobstant les considérations
sous-jacentes qui peuvent être décelées à ce
propos.
Enfin, on observe que la création de l'Observatoire
Mondial pour l'Éthique, si chère au président Biya, a
beaucoup de mal à se concrétiser.
Une analyse méticuleuse de ces différents
succès et échecs de l'action des ressortissants camerounais
à l'Assemblée générale des Nations-Unies nous
amène à croire que ces succès et ces échecs sont
dus à un certain nombre d'atouts et de faiblesses de la diplomatie
camerounaise.
2. FORCES ET FAIBLESSES DE LA DIPLOMATIE
CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
1. Forces
Les atouts de la diplomatie onusienne du Cameroun en
général, et de la diplomatie camerounaise à
l'Assemblée générale en particulier, apparaissent à
notre sens sous trois angles : l'angle géopolitique, l'angle
idéologique, et l'angle humain.
La géopolitique renvoie ici à trois sens :
la géopolitique africaine, la géopolitique internationale, et la
politique étrangère.
Du point de vue de la géopolitique africaine, le
Cameroun jouit tout d'abord d'un atout géographique, situé au
centre de l'Afrique, au coeur du Golfe de Guinée, et principale porte
d'entrée de l'Afrique centrale, notamment avec la péninsule de
Bakassi dont les potentialités ont été
évoquées plus haut.260(*)
De plus, le Cameroun a hérité de la colonisation
franco-britannique un statut particulier, du fait notamment de sa
dualité culturelle, et de son statut de territoire à
régime particulier durant la période de tutelle. Cet
héritage colonial lui a valu une considération
particulière de la part de ses pairs. Cette considération est
sans doute à l'origine de la désignation, par ces derniers, de
l'ancien chef de l'Etat pour porter, devant l'Assemblée
générale des Nations-Unies, le manifeste de Lusaka. C'est sans
doute également à cette considération que les appels
à la globalisation et à la mutualisation sécuritaire du
président Paul Biya ont beaucoup plus d'effets en terre africaine.
La notoriété du Cameroun sur le continent
africain a d'autant plus d'incidences sur sa diplomatie onusienne que la
plupart des Etats membres de l'ONU, soit les 1/3, sont originaires dudit
continent.261(*)
Dès les premières heures de son accession
à la souveraineté internationale, le Cameroun a joui d'une forte
notoriété et a été au centre des
intérêts dans une bonne partie de la communauté
internationale. En témoigne la grande affluence internationale
observée lors des cérémonies
d'indépendances.262(*) Cette notoriété s'est encore plus
accentuée dans les années 1970 avec l'avènement de ce que
l'on pourrait appeler «l'âge d'or''. En effet, au milieu de cette
décennie, le Cameroun connait une croissance économique presque
spectaculaire, avec notamment le lancement de l'exploitation du pétrole,
l'explosion de certains produits agricoles sur le marché international,
surtout le cacao et le café. En cette même période, le pays
en arrive même à un niveau où il peut se permettre
d'investir sans s'endetter ; il est alors cité par les institutions
de Breton Woods comme un modèle africain.263(*)Cette notoriété
internationale s'arrêta toutefois en 1986 avec l'éclatement de la
crise économique, qui causera bien des ravages dans le pays.
Parlant de la politique étrangère du Cameroun
à l'Assemblée générale des Nations-Unies, et
notamment de ce qu'on pourrait appeler « la diplomatie des
positions `', le modèle camerounais apparait très original.
En effet, la prise de position par les ressortissants camerounais repose
généralement sur les positions des autres membres de ladite
Assemblée264(*).
Ceci relève également d'une diplomatie de prudence.
L'idéologie pacifiste du Cameroun est une autre force
majeure dont dispose le pays dans sa politique onusienne. Elle lui a permis
à la fois de redorer son image et de rallier la majorité des
membres de l'Assemblée à certaines de ses causes, comme ce fut le
cas pour la crise de Bakassi l'ayant opposé au voisin
nigérian.
Mais plus que tout, la diplomatie camerounaise à
l'Assemblé générale de Nations-Unies doit ses
succès à la qualité de son personnel, tant politique que
diplomatique. Tout d'abord, la plupart des acteurs intervenants dans ce jeu
diplomatique sont choisis sur des critères minutieux et rigoureux.
Certains, de par leur parcours académique et professionnel, et d'autres
de par l'aura dont ils disposent à cause de leur capital personnel.
Il faut cependant relever que les atouts majeurs dont a
jusqu'ici bénéficié la diplomatie onusienne du Cameroun
sont ses deux leaders, chefs de cette diplomatie. De par leur vision
diplomatique, leur style pondéré et leur tact, ils auront, chacun
à sa manière, contribué à faire respecter le
Cameroun par leur père au sein de l'Organe onusienne.
Cependant il faut noter que certains des
éléments suscités, au-delà de constituer des
atouts, s'érigent également en faiblesses.
2. Faiblesses
Les faiblesses de la diplomatie onusienne se situent selon
nous à deux niveaux majeurs : géopolitique et économique.
La géopolitique, une fois de plus, peut être analysée sous
deux angles : l'angle interne et l'angle international.
Au plan de la géopolitique internationale, le Cameroun
appartient tout d'abord à un ensemble géopolitique
défavorisé, à savoir le Tiers-Monde. Ce groupe d'Etats
apparaît, à notre sens, comme un ensemble de victimes de
l'Histoire, du fait d'avoir subi les deux phénomènes de
domination les plus humiliants de toute l'histoire de l'humanité,
à savoir la traite négrière et la colonisation. De ces
deux tragédies historiques a découlé, entre les anciens
« maîtres » et les anciens « serviteurs », une
relation de dominant-dominé qui est devenue à la longue comme un
phénomène naturel, transformant ainsi les seconds en ce que Paul
Elvic Batchom a appelé `'les parias de la scène internationale
`'. De cette configuration est sans doute né le schéma marxiste
qui fait en sorte que la société internationale soit
constituée de deux principales catégories d'acteurs : les acteurs
du centre et les acteurs de la périphérie.
Dans le même ordre d'idée, on note
également l'appartenance de notre pays à une autre sphère
géographique et raciale tout aussi défavorisée :
l'Afrique. En effet, point n'est besoin de rappeler les préjugés
négatifs dont ce continent, en majorité peuplé de Noirs, a
toujours été l'objet auprès des peuples des autres
continents. Faut-il revenir sur les pensées hégéliennes
selon lesquelles les peuples africains ne seraient que des singes et des
animaux, dépourvus de toute capacité de penser ? Ou encore sur
Lévy Brühl pour qui ces peuples ne seraient que des sauvages
animés par les turpitudes du « ça » ? De ces
conceptions idéologiques, il ressort donc que le fait racial constitue,
pour l'Afrique en général, et pour le Cameroun en particulier, un
gros handicap dans leur affirmation dans le concert des nations.
Bien plus, la situation politique et économique de bon
nombre d'Etats africains depuis leur accession à la souveraineté
internationale n'a pas vraiment été de nature à redorer
cette image. Car, faudrait-il le rappeler, depuis cette époque, le
continent noir a été le théâtre principal de bon
nombre de drames, de difficultés, de malheurs et de tragédies,
entre coups d'Etat, guerres civiles, sécheresses, famines,
pauvreté, terrorisme... Cet ensemble de faits donne donc à ses
ressortissants une position assez désavantageuse au sein de la
communauté internationale, réunie dans sa grande majorité
à l'Assemblée générale des Nations-Unies.
Au plan de la géopolitique intérieure, nous
pensons que les principales difficultés résident à la fois
dans le domaine idéologique, au plan institutionnel, et dans le
difficile arrimage de la diplomatie camerounaise à la modernité.
La vision diplomatique du Cameroun fait encore en effet très peu, ou
assez peu de cas, des nouveaux aléas de la géopolitique et de la
diplomatie contemporaine : la culture, le sport, et la communication, domaines
dans lesquels le pays dispose pourtant d'énormes potentialités,
et qui constituent le socle de la puissance dans le monde actuel.
Au plan institutionnel, on observe une très grande
prééminence de la Présidence de la République dans
le fonctionnement et la gestion des affaires de l'Etat. Cette
prééminence, outre qu'elle entraîne une forte
centralisation du système politique, constitue un gros handicap dans
l'implémentation des différentes politiques étatiques,
dont la diplomatie. En effet, cette centralisation de la vie étatique
autour de l'institution présidentielle a souvent contribué
à annihiler certaines actions entreprises par le Ministère des
Relations Extérieures. Ainsi en est-il des projets de décret
initiés par ce Département ministériel en 1995, et qui
avaient pour but d'améliorer les conditions de vie des personnels
diplomatiques dans un contexte de crise économique. Ces projets de
décret, malgré leur pertinence, et surtout, leur extrême
urgence, restèrent pourtant bloqués pendant très longtemps
au Secrétariat général de la Présidence.265(*)
Dans le même ordre d'idée, on peut
déplorer certaines incongruités dans le fonctionnement du
système diplomatique camerounais. C'est ainsi que des responsables de la
Division des affaires diplomatiques de la Présidence de la
République ont eu à effectuer diverses missions en lieu et place
des responsables du Ministère des Relations Extérieures.
Au total, le présidentialisme camerounais handicape
lourdement la politique étrangère du pays dans le sens où
il crée de l'incohérence dans l'action diplomatique de l'action
diplomatique du pays, aussi bien qu'il y occasionne de l'incohérence et
d'énormes lenteurs. Toutes choses qui ne contribuent pas à
l'efficacité de cette diplomatie, surtout dans un domaine aussi crucial
que la diplomatie onusienne.
La situation économique et financière du
Cameroun, qui est tout aussi défavorable que la situation
géopolitique, influence sa diplomatie onusienne du pays dans deux
principaux aspects : l'aspect humain et l'aspect de l'implémentation.
Parlant de l'aspect humain, on note un difficile
déploiement des personnels diplomatiques, notamment à New-York,
ceci étant dû à l'insuffisance des moyens
financiers.266(*) C'est
ainsi qu'on observe un effectif d'à peine cinq personnels à la
Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies à
New-York, tandis que, dans celles d'autres pays comme la Chine par exemple, on
en voit souvent une centaine. Or, lorsque nous savons l'importance capitale de
l'aspect humain dans l'implémentation de toute politique, on peut donc
aisément comprendre à quel point la faiblesse économique
du pays peut constituer un frein dans la mise en oeuvre de sa politique au sein
de l'Assemblée générale des Nations-Unies.
Outre l'aspect humain sus-évoqué, le manque de
moyens financiers entraîne aussi un taux de participation
financière très faible au budget de l'Organisation, en même
temps qu'elle entraîne souvent des irrégularités dans cette
participation. Ceci, non seulement contribue à diminuer
considérablement le pouvoir du pays dans le processus de
décision, mais aussi à le priver de bien d'avantages au sein du
système onusien.
Enfin, il faut également relever que la crise
économique qui a sévi dans le pays au milieu des années
1980 a créé une forte situation de dépendance
vis-à-vis des institutions de Breton Woods, notamment à travers
les politiques d'ajustement structurel imposées par le FMI, et
l'assistance financière très considérable dont le pays est
l'objet depuis lors.
Par ailleurs, le pays a conclu avec l'institution, en juin
2017, un accord de facilitation élargie de crédit, accord qui
vient renforcer la dépendance de Yaoundé vis-à-vis de
ladite institution. Cette dépendance très étroite
vis-à-vis des deux institutions financières onusiennes contribue
donc à affaiblir davantage la position du pays au sein de
l'Assemblée générale des Nations-Unies, s'érigeant
par ce fait même en entrave à une portée significative de
l'action de son personnel politique et diplomatique au sein de ladite
Assemblée.
Face à toutes ces difficultés, et face à
l'impératif d'un Etat de la trempe du Cameroun de se positionner
valablement sur la scène internationale dont l'Assemblée
générale des Nations-Unies constitue le socle fondamental, il
devient dès lors nécessaire de cogiter sur des perspectives qui
pourraient nous conduire vers un avenir meilleur.
3. LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES
TRIBUNES ONUSIENNES : PERSPECTIVES
L'orientation de la diplomatie onusienne du Cameroun passe,
selon nous, par l'adoption et la mise en oeuvre de deux mesures majeures,
à savoir la recherche de l'empowerment économique, et la
redéfinition de la politique étrangère du pays.
1. La recherche de
l'empowerment économique
Il faut entendre par « empowerment `'
économique l'érection du Cameroun en une puissance
économique à l'échelle continentale d'abord, et mondiale
ensuite. Cela passe, d'après nous, par l'élaboration et la mise
en oeuvre d'une vision de développement socio- économique
homogène et rationnelle. En fait, une observation attentive des
politiques de développement au Cameroun laisse croire que celles-ci
n'obéissent pas à une logique cohérente, ordonnée
et progressive. C'est ainsi qu'on a pu observer, en 2004, la mise sur pied par
le chef de l'Etat, Paul Biya, d'une politique des « grandes
ambitions `'. À côté de celle-ci s'élaborait
également un « Document de stratégie pour la croissance
et l'emploi `', lequel a été rendu public en 2010. Ensuite,
alors que la plupart des projets relatifs aux grandes ambitions
n'étaient pas encore arrivés à maturation, on
annonçait, en début 2011, le lancement de la politique
des« Grandes Réalisations `'. Dans la foulée,
jusqu'en 2017, on assiste au lancement de plusieurs autres plans de
développement parallèles les uns aux autres : plan d'urgence
triennal 2015-2018, plan triennal Spécial Jeunes en 2016, plan d'urgence
pour le Grand Nord...267(*)
Cette panoplie de plans de développement crée
une certaine incohérence dans la politique économique du pays,
rendant les projets difficilement réalisables, et freinant de ce fait
son décollage économique. D'où la nécessité
de définir et de mettre en oeuvre une politique de développement
unique, claire, précise, rationnelle, avec des objectifs bien
arrêtés à court, à moyen et à long terme.
Dans le même esprit, il faudrait aussi une meilleure
prise en compte des personnes à associer à ce processus
d'empowerment, et une rigueur sans faille dans le processus de mise en
oeuvre des politiques susmentionnées.
2. La
réorientation de la politique étrangère du Cameroun
Pour une diplomatie plus efficace au sein du système
onusien, les dirigeants camerounais devraient opter pour une
redéfinition de leur politique internationale, en tenant tout d'abord
compte de l'évolution et des réalités du monde
contemporain. Car s'il est vrai que, jusqu'à une date très
récente, les éléments du hard power (puissance
économique, puissance militaire, critères démographiques)
ont longtemps compté comme indices fondamentaux de puissance,
aujourd'hui, la donne a complètement changé. En effet, est
considéré comme puissance tout Etat ayant la détention et
la maîtrise des moyens du soft power que sont les nouvelles
technologies de l'information et de la communication et les médias, la
culture et le sport.268(*) À ce propos, les exemples des crises
ivoirienne et libyenne de 2010-2011 apparaissent très illustratifs.
Durant ces deux conflits, l'action de médias occidentaux tels Euro
News et France 24 en faveur des rebelles des deux pays a fortement
contribué à mettre l'opinion internationale dans sa grande
majorité, du côté de l'Occident et de leurs alliés
rebelles.
De la même façon, et toujours dans le même
contexte, les puissances occidentales se sont servi de leur maîtrise des
technologies satellitaires pour annihiler l'action de la
télévision d'Etat ivoirienne RTI, qui était alors en
faveur du président Gbagbo, maintenant ainsi l'opinion mondiale dans un
état de désinformation totale, ce qui, du reste, leur convenait
parfaitement.
Ainsi, le Cameroun devrait se doter de médias et autres
organes de communication compétitifs, de forte audience et de grande
envergure à l'international, ce qui, nous en sommes convaincu, lui
permettra de mieux asseoir sa diplomatie de l'image, et par ricochet de se
créer une place de choix au sein de l'organe onusien.
Toujours dans la même lancée, les
autorités de Yaoundé devraient mettre un peu plus de moyens en
vue de l'essor du cinéma et de l'artisanat camerounais. C'est en effet
à travers la diffusion et la propagation de ces éléments
clés de leur culture (surtout le premier) que beaucoup de pays se sont
érigé en référence dans le monde : le
Brésil, et le Mexique dans le secteur des
télénovelas, ainsi que l'Inde, le Nigeria et les
États-Unis dans toute la diversité du cinéma.
Le Cameroun devrait davantage renforcer sa diplomatie de
présence active dans toutes les aires géopolitiques et
diplomatiques dans lesquelles il participe, de la sous-région Afrique
centrale à l'Assemblée générale des Nations-Unies,
en passant par l'Union africaine, usant de tout son potentiel politique et
diplomatique pour contribuer de façon remarquable et singulière,
à la dynamique de la vie internationale.
Enfin, le Cameroun gagnerait beaucoup à engager de
profondes réformes au niveau de son appareil politico-institutionnel.
Ces réformes devraient aller dans le sens d'une plus grande
déconcentration de l'activité étatique, ce qui devrait y
engendrer une plus grande efficacité.
Le Cameroun, de par sa position géographique, son
histoire coloniale assez singulière qui lui a conféré un
statut particulier, sa vision idéologico-diplomatique et sa politique
des positions singulière, constituent de grands atouts dans le cadre de
l'action de son personnel politique et diplomatique à l'Assemblée
générale des Nations-Unies. Cependant, son appartenance à
la sphère géopolitique du Tiers-Monde en général,
et africaine en particulier, son régime présidentialiste ainsi
que sa situation économique constituent de très gros handicaps
à cette action. Il devient dès lors impératif pour les
autorités du pays, de prendre les mesures qui s'imposent. Ces mesures
peuvent se mesurer dans la recherche de la puissance économique à
travers la définition et la mise en oeuvre d'une politique
économique cohérente et consistante, une profonde réforme
du système politico-institutionnel, ainsi que la réorientation et
la modernisation de sa politique internationale.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
Arrivé au terme de ce travail de recherche, il convient
de tirer quelques conclusions. D'entrée de jeu, il faut noter que la
coopération entre le Cameroun et l'ONU, qui remonte à la
période de la tutelle franco-britannique, repose principalement sur des
facteurs d'ordre historique, idéologique, géopolitique et
géostratégique. Les interventions et positions camerounaises au
sein dudit organe quant à elles, tiennent compte des
intérêts nationaux, du poids politique et diplomatique des Etats
mis en cause, notamment lors des débats relatifs aux conflits et
contentieux internationaux, ainsi que du degré d'étroitesse des
rapports existants entre le Cameroun et lesdits Etats.
Au rang des nombreux centres d'intérêt et
thématiques évoqués, on peut relever le triomphe du
Cameroun dans certains différends l'ayant opposé à
d'autres membres de la communauté internationale, notamment le Nigeria,
avec l'affaire Bakassi ; on note également des succès lors
de ses prises de position sur certaines questions liées à
l'impérialisme et à la discrimination raciale, notamment en
Afrique. Enfin, il conviendrait aussi de relever que les appels incessants du
Chef de la diplomatie camerounaise, le président Paul Biya, à une
solidarité internationale en faveur de la préservation de la paix
et de la sécurité internationales, commencent à porter de
l'écho, en particulier sur le continent africain, à travers la
mise sur pied de plusieurs forces et missions multinationales de maintien de la
paix, même si bon nombre d'entre elles ont beaucoup de mal à
être opérationnelles. Tout ceci va sans oublier le triomphe de la
diplomatie camerounaise du rayonnement, à travers l'attribution
d'importantes responsabilités à ses ressortissants au sein de la
haute instance onusienne. Toutefois, la voix du Cameroun a eu moins
d'écho dans la gestion de la crise congolaise, et les récents
conflits ivoirien et libyen, où elle ne s'est même pas fait
entendre.
Si les succès du Cameroun peuvent être
attribués à son statut singulier hérité de la
colonisation, à sa position géopolitique en Afrique et à
la qualité de l'ensemble des acteurs intervenant dans le jeu
diplomatique de l'Assemblée générale des Nations-Unies,
ses échecs quant à eux peuvent être imputés d'abord
à son appartenance à des sphères géopolitiques et
anthropologiques plutôt défavorisées et
marginalisées, le centralisme de son système politique, et
à la faiblesse de sa puissance économique et financière.
Pour pallier à ces difficultés et se
repositionner sur la scène internationale en général et
dans le système onusien en particulier, le Cameroun gagnerait à
s'ériger en puissance économique de premier plan, tant dans la
sphère africaine que dans la sphère mondiale. Il gagnerait
également à redéfinir et à mettre en oeuvre une
stratégie diplomatique plus pragmatique, axée notamment sur
l'exploitation des nouveaux instruments de politique étrangère
que sont les technologies de l'information et de la communication, les
médias dans toute leur diversité, et les éléments
fondamentaux de sa culture que sont le cinéma, l'artisanat et l'art
musical. Des réformes politiques allant dans le sens d'une plus grande
déconcentration de l'activité étatique se posent
également comme un impératif.
ANNEXES
Annexe 1:
Intervention de son excellence Monsieur Paul Biya à la
70ème session de l'assemblée générale
des Nations Unies
CAMEROUN
72EME SESSION DE L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES
Réunion de haut niveau sur l'adoption du programme de
développement post 2015,
DÉCLARATION DE S.E.M. PAUL BIYA, PRÉSIDENT DE LA
RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
PRONONCE PAR
S.E.M PIERRE MOUKOKO MBONJO
MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.
New York, le 26 septembre 2015
À vérifier au prononcé
MISSION PERMANENTE DU CAMEROUN PERMANENT MISSION OF CAMEROON
AUPRES DES NATIONS UNIES TO THE UNITED NATIONS
22 EAST 73rd STREET NEW YORK, N.Y. 10021
Tel: (212) 794 2295 Fax: (212) 249 0533
E-mail: delecam@delecam.us /
Cameroon.mission@ahoo.com
Website:
www.delecam.us
Messieurs les co-Présidents,
· Excellences, Mesdames, Messieurs,
La présente session vient d'adopter le cadre de
développement post-2015 qui fera suite aux Objectifs du
Millénaire pour le Développement ou OMD.
Il y a un an, le Cameroun s'était clairement
prononcé en faveur d'un programme « transformateur » se fixant
comme priorités l'élimination de la pauvreté et de la faim
ainsi que la croissance d'une économie soutenue et inclusive. On peut
espérer que le nouveau programme adopté au cours des
présentes assises s'inspire de ces priorités et tiendra toutes
ses promesses.
Nous devons toutefois nous interroger sur les raisons qui ont
fait que les résultats des actions menées dans le cadre
précédent soient restés en deçà des
Objectifs du Millénaire. Peut-être avonsnous été
trop ambitieux ? Peut-être les circonstances ont-elles été
adverses ? Ou peut-être a-t-on manqué de volonté politique
?
Quoi qu'il en soit, l'on doit reconnaître que les
espoirs soulevés à l'origine par les OMD ont été en
partie déçus. Cette constatation un peu amère ne doit pas
nous conduire au découragement. Bien au contraire, elle doit nous
inciter à rassembler nos énergies et à faire nôtre
le slogan de l'Agenda 2030, à savoir « transformer le monde De
toute évidence, c'est par le développement durable que cette
noble cause pourra s'imposer. Il lui faudra pour cela être l'expression
des besoins et des espoirs des populations concernées. C'est ce à
quoi le Cameroun s'emploie sans cesse en appliquant une politique d'inclusion
sociale qui se propose de ne laisser personne au bord de la route.
Après 70 années d'existence, au terme desquelles
le sentiment général est que l'Organisation des Nations Unies a
bien rempli sa mission, il est permis de se demander si le moment n'est pas
venu pour elle d'ouvrir un nouveau chapitre de son action au service de la
communauté internationale.
Si l'Agenda 2030 est, comme je le pense, l'occasion de prendre
-- je cite -- un nouvel engagement pour la paix, la sécurité et
les droits de l'homme -- fin de citation --, je ne doute pas un seul instant
que ce nouvel engagement reçoive l'approbation de la
quasi-unanimité des membres de notre Organisation.
Un rapide survol de la situation internationale montrerait en
effet que les changements intervenus dans le monde au cours des
dernières années, tant dans les rapports de force que s'agissant
des grands défis de notre époque, nécessitent
effectivement un « nouvel engagement » de la part de la
communauté internationale. L'on peut certes se réjouir de
l'accord entre les grandes puissances et l'Iran sur le nucléaire, de la
détente intervenue entre les Etats-Unis et Cuba, de la prise de
conscience des dangers du réchauffement climatique et d'une meilleure
compréhension des exigences du développement durable. En
revanche, il y a tout lieu de s'inquiéter de la progression du
terrorisme, de l'incapacité de contrôler les flux migratoires et
de l'instabilité de l'économie mondiale depuis la crise de
2007/2008.
Le Cameroun, pays qui a connu la stabilité et la paix
pendant des décennies, est confronté, depuis quelques
années sur sa frontière orientale, à une
insécurité provoquée par le désordre régnant
en RCA et, à l'extrême-nord, à des attaques et des
attentats de la secte Boko Haram. Ces agressions ont eu pour
conséquences de perturber la vie économique et sociale de la
région concernée, d'y instaurer un climat
d'insécurité et de provoquer un afflux de centaines de milliers
de réfugiés.
On comprendra dès lors que mon pays ne puisse
qu'approuver un engagement renouvelé des Nations Unies en faveur de la
paix, de la sécurité et des droits de l'homme. Ils constituent
fort heureusement l'ossature du nouveau programme pour un Développement
Durable. Ce programme a le mérite d'affirmer que personne ne sera
laissé pour compte.
Résumant ma pensée, je dirais que pour remplir
de façon efficiente ce nouveau programme, l'ONU se doit de relever le
défi des valeurs éthiques.
Je l'ai souligné ici même le 07 septembre 2000.
Si la mondialisation ne s'accompagne pas d'un nouvel ordre moral, si elle
manque de ce supplément d'âme que constitue la solidarité
entre les nations et les peuples, elle risque de mettre en danger la paix si
chère à notre temps Notre monde, Monsieur le Président, a
besoin de l'éthique, cet ensemble valeurs morales indispensables
à la communauté humaine dans son ensemble. Seule une telle
éthique permettra de préserver la centralité de l'homme
dans toutes nos politiques et actions.
Je renouvelle ici et maintenant la proposition du Cameroun de
voir créée une instance internationale d'éthique,
comité ou observatoire, chargée de promouvoir entre les nations
et à l'intérieur de celles-ci les valeurs humaines fondamentales
et universelles.
Je vous remercie de votre attention.
Source : Archives de la Mission Permanente
du Cameroun aux Nations-Unies
Annexe 2 : Intervention de son excellence
Monsieur Paul Biya à la 72ème session de
l'assemblée générale des Nations Unies
CAMEROUN
72EME SESSION DE L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES
(New York, 12 septembre - 22 décembre 2017) Débat
général
Thème : Priorité à l'être
humain : paix et vie décente pour tous sur une planète
préservée
DÉCLARATION DE S.E.M PAUL BIYA, PRÉSIDENT DE LA
RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
New York, le 22 septiembre 2017
À vérifier au prononcé
MISSION PERMANENTE DIJ CAMEROUN PERMANENT MISSION OF CAMEROON
AUPRÈS DES NATIONS UNIES '10 THE UNITED NATIONS
22 EAST 73rd STREET NEW YORK. N.Y. 10021 101: (212) 794 2295 Fax: (212) 249 0533
E-mail: delecam@delecam.us /
Cameroon.mission@yahoo.com
Website: www.delecam.us
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire Général de l'ONU, Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations,
Je voudrais, Monsieur le Président, vous féliciter
pour votre accession à la présidence de la présente
session de l'Assemblée Générale de l'ONU. Votre grande
expérience vous permettra, j'en suis sûr, de conduire avec plein
succès nos délibérations. Soyez assuré de
l'entière coopération de ma délégation.
A l'Ambassadeur Peter THOMPSON, votre prédécesseur
et maître d'oeuvre de l'agenda 2030 du ·développement
durable, je tiens à présenter mes félicitations pour sori
bilan digne d'éloges.
Enfin, je voudrais renouveler mes chaleureuses
félicitations à.M. Antonio GUTERRES, pour son élection
unanime au poste de Secrétaire Général de notre
Organisation. Vous pouvez, Monsieur. le Secrétaire
Général, compter sur l'appui constant du Cameroun dans l'exercice
de vos hautes et délicates fonctions.
Mesdames, Messieurs,
La présente session se tient dans un contexte
international où de nombreux foyers de tension persistent dans le monde,
où le terrorisme continue de faire des milliers de victimes, où
l'activité humaine provoque des perturbations climatiques, où la
pauvreté est loin de reculer. Mais c'est aussi une période
où des efforts louables sont consacrés à la mise en oeuvre
du Programme de Développement Durable qui vise à
l'épanouissement de l'Etre Humain afin que nul ne soit laissé pour compte.
C'est dire toute la pertinence du thème soumis à
notre réflexion, à savoir (je cite) « priorité
à IEtÈe .humain : paix et vie décente pour tous sur
une planète préservée
Nos débats et surtout nos conclusions constitueront un
test de notre fidélité à l'idéal des peuples des
Nations Unies. Ceux-ci, nous dit le préambule de la Charte, se sont
déclarés résolus à préserver les
générations futures du fléau de la guerre, à
favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures
conditions de vie pour tous les peuples.
· Monsieur le Président
Pour le Cameroun, comme pour la plupart de nos Etats, la paix est
la condition sine qua non de la survie de l'humanité et de tout
développement durable. Cette paix demeure dangereusement menacée,
notamment par le terrorisme, les conflits, la pauvreté et les
dérèglements climatiques.
Aujourd'hui nous sommes tous, je dirais, « mendiants de la
paix Et ces menaces persistantes nous interpellent tous au plus haut niveau.
Monsieur le Président,
Aucun continent, aucun pays n'est épargné
aujourd'hui par le fléau du terrorisme dont le martyrologe rythme
hélas le quotidien de nos vies. Quelques exemples .
août 2017, attentats de Barcelone et de Ouagadougou , juillet 2016, attentat de Bagdad : 292 morts ; octobre 2015, crash d'un Airbus russe dans le Sinaï : 224 morts ,
mars 2015, attaque des mosquées de Sana : 142 morts ; novembre 2015 attentats de Paris et Saint Denis : 130 morts...
Maïduguri, Kolofata, Fotokol... Que de morts sans nom, sans
visage... Le nombre des victimes de la secte terroriste Boko-Haram dans le
bassin du Lac Tchad est estimé à 2000. Le Cameroun et les pays
voisins font face à cette secte qui, chaque jour, renouvèle ses
méthodes et tactiques. Nous apprécions le soutien de nos
partenaires dans le combat contre cette barbarie.
La lutte contre Boko-Haram, cette secte djihadiste, appelle
à une mobilisation générale accrue si nous voulons
réellement en finir avec ce danger. Il est mortel pour nos peuples, pour
nos populations, pour notre indépendance et notre démocratie. Il
est mortel pour la paix. Nous attendons beaucoup, à cet égard, de
la venue, dans la région du Lac Tchad, de la mission de haut niveau
prescrite par le Conseil de Sécurité au Secrétaire
Général de l'ONU par sa résolution 2349,
Monsieur le Président,
Nous déplorons que les conflits perdurent en Afrique, en
Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Ils engendrent douleurs et
souffrances... Que de morts... Que de réfugiés et personnes
déplacées... Que d'enfants errant sans toit et à l'avenir
incertain, voire brisé...
Le Cameroun, qui a accueilli et accueille sur son sol des
milliers de réfugiés centrafricains et nigérians, voit
combien ils se sentent blessés, martyrisés et menacés dans
leur existence.
Alors mobilisons-nous, redonnons, dans nos politiques, dans notre
comportement et dans nos actions, priorité à l'Etre Humain.
Mesdames, Messieurs,
Menacée par le terrorisme et autres conflits, la paix
l'est aussi par la persistance de la pauvreté. Le Conseil de
Sécurité l'a fort opportunément rappelé, la
pauvreté est une menace grave. Comment dès lors, comprendre que
nous ayons peine à lui livrer un combat conséquent.
Les nombreuses déclarations et résolutions, les
différentes décennies des
Nations Unies pour le développement ainsi que les plans
d'action et autres agendas adoptés par l'ONU, ne sortent pas tous leurs
effets. Le résultat est là : la pauvreté persiste ; l'écart entre pays riches et
pauvres ne cesse de se creuser. Cette situation est aggravée par la
baisse des prix des matières premières.
Mobilisons-nous, Monsieur le Président, dans un formidable
élan de solidarité pour faire reculer la pauvreté.
Accordons nos actes à nos paroles. Ce faisant, nous offrirons à
nos populations des conditions d'une vie décente... Priorité
à l'Etre Humain !
Monsieur le Président,
Nous devons, pour les générations actuelles et
futures, préserver notre planète. Nous saluons, à cet
égard, l'Accord de Paris sur le Climat que le Cameroun, je le rappelle,
aura été parmi les premiers pays à signer et à
ratifier. Nous pouvons nous féliciter des mesures actuellement prises
pour sa mise en oeuvre effective.
C'est l'occasion pour nous de réitérer, avec force,
le souhait légitime et unanime des pays en développement. Ces
pays qui polluent peu, comme nous le savons tous, méritent de
bénéficier de la part des pays riches, qui polluent beaucoup, de
moyens multiformes pour promouvoir efficacement, à leur niveau, les
objectifs de l'Accord de Paris.
Pour l'Afrique, deux urgences nous interpellent.
D'abord la dégradation continue des forêts en
Afrique Centrale. Sauvons le Bassin du Congo, le deuxième poumon de la
planète.
Il y a ensuite la désertification qui affecte le Lac Tchad
en voie de disparition. Cet immense plan d'eau, indispensable à la vie
des populations et à la biodiversité, a déjà perdu
90 % de sa surface initiale. Sauvons le Lac Tchad.
En agissant de la sorte, nous contribuons à la
préservation de la planète pour le grand bien de l'Etre
Humain.
Monsieur le Président,
La quête de la paix nous concerne tous. Tous les pays
doivent oeuvrer pour son avènement.
Alors n'est-il pas temps que la voix des pays pauvres,
singulièrement de l'Afrique, porte plus loin ?
N'est-il pas temps, et grand temps, que le message de l'Afrique
au Monde soit mieux pris en compte ?
N'est-il pas grand temps qu'une nouvelle architecture de notre
Organisation permette, justement, à l'Afrique de mieux se faire entendre
au sein d'une Assemblée Générale revitalisée, d'un
Conseil de Sécurité qui nous ouvre davantage et plus
équitablement ses portes ?
Un monde plus solidaire est la condition sine qua non de la paix
sur
ï Monsieur le Président,
Il me faut conclure.
Notre bien le plus précieux c'est la paix. Sans elle, nous
ne pouvons rien entreprendre de durable, d'efficace au bénéfice de nos
jeunes, de nos peuples.
Le thème en débat vient opportunément nous
rappeler l'engagement des pères fondateurs de l'ONU, à savoir
:
ï préserver les générations futures des
affres de la guerre , assurer à tous, grâce à la coopération, une
existence décente, à l'abri du besoin.
Le présent débat nous invite à renouveler
notre foi agissante aux idéaux et objectifs de l'ONU.
Puissions-nous, ensemble, prendre, à bras le corps, la
grande question de la paix et du développement dans le monde.
Le Cameroun, comme il l'a fait ici le 10 Septembre 2000, appelle
à nouveau le Monde à s'unir dans une grande coalition en faveur
de l'Être Humain replacé au centre de nos politiques.
Garantissons-lui la paix et une vie décente dans une planète
préservée.
Je vous remercie, Monsieur le Président. -
Source : Archives- de la Mission Permanente
du Cameroun aux Nations-Unies
SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I. SOURCES PRIMAIRES
A. Archives
1. Archives de l'Assemblée
générale des Nations-Unies
CV de M. Michel Tommo Monthé.
Document GA /1865, `'Résolutions sur les armes
chimiques et bactériologiques et le désarmement
général et complet'', 21 janvier 1991.
`'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la
71ème session de l'Assemblée générale
des Nations-Unies''.
2. Archives du Cabinet Civil de la
Présidence de la République du Cameroun
`'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la
60ème session de l'Assemblée générale
des Nations-Unies''.
`'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la
72ème session de l'Assemblée générale
des Nations-Unies'', dossier de presse.
3. Archives de la Cour Internationale de
Justice
`'Arrêt sur le conflit frontalier terrestre et maritime
opposant la République du Cameroun à la République
Fédérale du Nigeria''.
4. Archives du Ministère des Relations
Extérieures
Dossier Cameroun-ONU
`'Apartheid'', No 4104.
`'Conseil des Nations-Unies pour la Namibie : rapport :
projet de budget de la 38ème session : compte-rendu
analytique de la 9ème séance'', No 678.
`'Déclaration du Président Ahidjo à la
24ème session de l'Assemblée générale de
l'ONU'', No 2430.
`'Différend frontalier, activités militaires et
paramilitaires au Nicaragua, continental shase between Mali and Libya'', No
4772.
`'Intervention de l'Ambassadeur Martin Beliga Eboutou au Conseil
de Sécurité de l'ONU'', No 2424.
15ème session de l'Assemblée
générale, 13 septembre 1960, No 2924.
Dossier Cameroun-OUA
`'Affaire Djiena Wembou : Note du Ministre des Relations
Extérieures à la très haute attention du Président
de la République'' (n. d. )
`'Notes, échanges et correspondances''.
5. Archives de la Mission Permanente du Cameroun aux
Nations-Unies
`'72ème session de l'Assemblée
générale des Nations-Unies : Débat
général : `'Priorité à l'être
humain : paix et vie décente pour tous sur une planète
préservée''.
`'Intervention de S. E. M. Paul Biya à la
50ème session de l'Assemblée générale
des Nations-Unies''.
6. Archives privées d'Albert Pascal
Temgoua
`'Accord entre l'Allemagne et la Grande Bretagne au sujet de
la délimitation territoriale entre le Kamerun et le Nigeria''
B. Sources orales
Noms et prénoms
|
Age
|
Statut social/fonction
|
Date et lieu de l'entretien
|
ADJOMO Thomas Thierry
|
La trentaine environ
|
Secrétaire des Affaires étrangères, cadre
à la Direction des Nations-Unies et de la Coopération
Décentralisée MINREX)
|
25 septembre 2019 à Yaoundé
|
BEKEN Jean Faustin
|
40 ans environ
|
Professeur de lycées (Histoire-Géo-ECM-
|
17 mai 2019 à Yaoundé
|
BISSI MPONDO Giles Paulin
|
33 ans environ
|
Secrétaire des Affaires étrangères, cadre
à la Direction des Nations-Unies et de la Coopération
Décentralisée (MINREX)
|
16 septembre 2019 à Yaoundé
|
MBALLA EYENGA Cécile
|
54 ans
|
Ministre plénipotentiaire, Directeur des Nations-Unies et
de la Coopération Décentralisée (MINREX)
|
16 octobre 2019 à Yaoundé
|
MBOUA Pierre Célestin
|
46 ans
|
Universitaire, consultant auprès du système des
Nations-Unies
|
05 mai 2019 à 22 :30 à Yaoundé
|
MOUNGUI MEDI Ambroise Lasconi
|
40 ans environ
|
Secr2taire des Affaires étrangères, Chef du Service
en charge des relations avec les Organes à caractère politique et
juridique, Direction des Nations-Unies et de la Coopération
Décentralisée (MINREX)
|
1er novembre 2019 à Yaoundé
|
NGBWA OWONO Gabriel
|
1953-2016
|
Professeur de lycées, ancien Inspecteur national de
pédagogie chargé des SVT (MINESEC)
|
|
ONANA NTSA Fabien
|
La trentaine environ
|
Professeur de lycées (Histoire-Géo-ECM,
spécialiste de la politique africaine de la Chine
|
22 avril 2019 à Yaoundé
|
OWONO NGBWA Pierre Rodrigue
|
33 ans
|
Expert financier
|
23 septembre 2016 à Zoétele
|
TCHOFFO MONGUI Rodrigue
|
La trentaine environ
|
Secrétaire des Affaires étrangères, cadre
à la Direction des Nations-Unies et de la Coopération
Décentralisée (MINREX)
|
5 novembre 2019 à Yaoundé
|
BIBLIOGRAPHIE
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du renouveau», in Le journal de Genève, 4 avril 1987.
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l'Amérique centrale », in Lutte de classe,
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Dynamics and the rise of militancy», in IOSR Journal of Humanities
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Zang Ngbwa, E., «Du cinéma à la Haye ou la
politique de deux poids deux mesures », in Nkul du CHGA,
numéro 1, janvier 2020.
4. Conférences et communications scientifiques
Bindzi, S., Ekotto Bindom, U., et Omgba Owono, F.,
communications à la conférence sur «Les défis de la
diplomatie camerounaise face aux enjeux contemporains», Cercle
d'Histoire-Géographie-Archéologie, Université de
Yaoundé I, 22 avril 2019.
5. Sources électroniques
A. Sources audiovisuelles
CRTV, journal télévisé de 20h 30, 14 aout
2008.
Poste National de la CRTV, journal du 20h 00, 090
décembre 2004.
CRTV, Cérémonie de présentation des voeux
au président de la République, retransmission en direct, janvier
2015.
France 24, « Arrestation du président
ivoirien Laurent Gbagbo : édition spéciale », 11
avril 2011 à 15h 00.
Afrique Média Tv, « Documentaire sur la crise
ivoirienne », 23 mai 2011.
Afrique Médiat Tv, « Documentaire sur la vie
Mouammar Kadhafi », 23 octobre 2011.
Maurice Kamto, interview sur Canal 2 international, 2015.
CRTV, journal de 20h 30. Il faut noter que cette mission
était commandée par un officier camerounais, en la personne du
général Martin Toumienta, de regrettée mémoire.
Africa 24, « Retransmission en direct du sommet de
la CEEAC sur la Paix et la Sécurité, 18 janvier 2015.
Interview au Nouvel Observateur du 06 juillet 1981, p. 30.
Afrique Média, Le Débat Panafricain, mai
2014.
CRTV, journal télévisé de 20h 30, 12 mai
2016.
B. Sources numériques
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climatiques », in « dongmo9.over-blog.com »,
consulté le 15 janvier 2020 à 11h 39.
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société des Nations `', consulté le 02 février
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points du Président Wilson `', consulté le 09 février
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à la 70ème session de l'Assemblée
générale des Nations-Unies'', consulté le 27
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en 1958, consulté le 1er mars 2021.
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Cameroun britannique (Southern Cameroons), John Ngu Foncha, à
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https://www.wikipédia.org,
consulté le 20 mai 2019.
6. Textes et lois
Décret No 2013/112 du 22 avril 2013 portant
organisation du ministère des Relations extérieures.
Constitution de la République du Cameroun.
TABLE DE MATIÈRE
DÉDICACE
i
SOMMAIRE
ii
SIGLES ET ACRONYMES
iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS
vi
RÉSUMÉ
vii
ABSTRACT
viii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
1. Cadre général de
l'étude
2
2. Raisons du choix du sujet
3
3. Objet de l'étude
5
4. Justification des bornes
chronologiques
6
5. Intérêt de l'étude
7
6. Clarification conceptuelle
8
7. Définition des concepts
opératoires
13
8. Revue critique de littérature
15
9. Problématique
18
10. Hypothèses de recherche
19
11. Cadre théorique
20
12. Démarche méthodologique
25
13. Plan de travail
28
CHAPITRE I :
30
LA COOPÉRATION CAMEROUN-ONU :
ORIGINES ET GÉNÉRALITÉS
30
I. DES PREMIÈRES INTERVENTIONS
CAMEROUNAISES À L'ONU : LE NATIONALISME CAMEROUNAIS DANS LES
TRIBUNES ONUSIENNES
32
1. Les interventions des nationalistes
upécistes
32
2. Les interventions des nationalistes
modérés
38
3. Les nationalistes du Southerns
Cameroons aux Nations-Unies
40
4. Impact et portée des
premières interventions camerounaises à l'ONU
43
II. LES FONDEMENTS DE LA DIPLOMATIE ONUSIENNE
DU CAMEROUN
46
1. Les facteurs historique et idéologique
47
2. Les facteurs stratégiques
48
III. TYPOLOGIE DES PERSONNELS
53
1. Les acteurs politiques
53
2. Les acteurs diplomatiques
59
IV. LES CRITERES DE DESIGNATION DES
ACTEURS
62
1. Les critères académiques ou
techniques
62
2. Les critères politiques et
stratégiques
64
CHAPITRE II :
69
I. LES POLITIQUES ET DIPLOMATES CAMEROUNAIS
FACE AUX QUESTIONS D'INTÉRÊT NATIONAL
71
1. Le dossier de la réunification avec
le Cameroun britannique
71
2. Le conflit de Bakassi
74
3. Les ingérences chinoises
81
II. LES RESSORTISSANTS CAMEROUNAIS DANS LA
DIPLOMATIE DE L'IMAGE ET DU RAYONNEMENT DU CAMEROUN DANS LES TRIBUNES
ONUSIENNES
84
1. Le Cameroun, bon élève des
Nations-Unies
84
2. Le Cameroun, mendiant de la paix et
promoteur de la solidarité africaine
87
3. La diplomatie de promotion de l'image de
marque du Cameroun
88
CHAPITRE III :
91
I. LES CAMEROUNAIS FACE AUX GRANDES
PROBLÉMATIQUES INTERNATIONALES
92
1. L'impérialisme et la discrimination
raciale
93
2. Le désarmement
97
3. La paix, la sécurité, et
l'éthique internationales
97
II. LES ACTEURS CAMEROUNAIS FACE AUX CONFLITS
ET CONTENTIEUX INTERNATIONAUX
100
1. La crise israélo-palestinienne
100
2. L'ingérence américaine au
Nicaragua
102
3. Les crises ivoirienne et libyenne
103
III. QUELQUES GRANDS NOMS CAMEROUNAIS
À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
107
1. Ferdinand Léopold Oyono
107
2. Paul Bamela Engo
108
1. Michel Tommo Monthé
109
CHAPITRE IV :
111
I. UNE APPROCHE D'ÉQUILIBRE
MESURÉ DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
112
1. Succès
112
2. Échecs
115
2. FORCES ET FAIBLESSES DE LA DIPLOMATIE
CAMEROUNAISE A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS-UNIES
116
1. Forces
116
2. Faiblesses
118
3. LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LES
TRIBUNES ONUSIENNES : PERSPECTIVES
121
1. La recherche de l'empowerment
économique
121
2. La réorientation de la politique
étrangère du Cameroun
122
CONCLUSION GÉNÉRALE
124
ANNEXES
126
SOURCES ET RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
135
I. SOURCES PRIMAIRES
135
4. BIBLIOGRAPHIE
137
5. Conférences et communications
scientifiques
141
6. Sources électroniques
141
7. Textes et lois
143
TABLE DE MATIÈRE
144
* 1 A. Ndam Njoya, Le
Cameroun dans les relations internationales, Paris, LGDJ, 1976, p. 7.
* 2 Il faut noter qu'avant la
SDN, d'autres organisations internationales avait déjà vu le
jour, notamment au courant du XIXème siècle : l'Union
Postale Universelle, la Commission de navigation sur le Rhin, la Commission de
navigation sur le Ruhr...
* 3 htpps // fr.m.
wikipedia.org, «La Société des Nations'', consulté le
02 février 2020.
* 4 Cf. G. Devin et M.-C.
Smouts, Les organisations internationales, Paris, Armand Colin, 2011,
pp. 109-110.
* 5 La Deuxième Guerre
du Golfe avait initialement pour principaux belligérants l'Iraq et le
Koweït. Au regard des intérêts pétroliers très
importants de Washington au Koweït, les Nations-Unies ont, sous
l'impulsion de l'administration Bush (senior), décidé de l'envoi
d'une coalition internationale sur les lieux. Cette coalition fut, au
demeurant, dirigée par les Etats-Unis.
* 6 N. Mouelle Kombi, La
politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996,
pp. 57-58 et 178-179.
* 7 Lire G. P. Etoa
Oyono : «Ferdinand Oyono : le diplomate», mémoire de
maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2004 ;
«Le personnel diplomatique camerounais», mémoire de
DEA en Histoire, UYI, 2009, et sa thèse de Doctorat portant sur
l'ambassade du Cameroun en France, soutenue en 2015 : lire C. Ngono Owono,
«Joseph Owono Nkoudou, l'un des pionniers de la diplomatie
camerounaise», mémoire de maîtrise en Histoire,
Université de Yaoundé I, 2002.
* 8 Cf. le discours de
l'ancien président français Nicolas Sarkozy à Dakar en
2009.
* 9 La date susmentionnée
renvoie à l'ancien Cameroun français. En effet, la forme de
l'Etat a évolué au fil des temps, notamment en
1961(1er octobre), avec la réunification avec l'ex-Cameroun
britannique.
* 10 Cf. Chapitre III.
* 11 G. Tate, La
Grèce antique, Paris, Hachette, 1990, p. 11.
* 12 Au Cameroun, cette loi
a été récemment modifiée en décembre 2019
par l'adoption et la promulgation d'un nouveau Code général des
Collectivités Territoriales Décentralisées.
* 13 J.-J. Roche,
Théories des relations internationales, Paris,
Montschrétiens, 2001, p.23.
* 14 Ibid.
* 15 N. Machiavel, Le
Prince, Paris, Garnier-Flammarion, 1992, chap. XXI.
* 16 Marchstein,
Introduction aux relations internationales... p.19.
* 17
mapageweb.unmontreal.ca, « Classification des théories des
relations internationales `', consulté le 07 février
2020.
* 18 Roche,
Théories des relations internationales... p.52.
* 19 Ibid., pp.
51-52.
* 2021 B. Buzan et al.,
The logic of anarchy. Neorealism to structural realism, New-York,
Columbia University Press, 1993.
* 22 R. Little,
«Structuralism and Neo-Realism», in International Relations, A
Handbook of Current Theory, Light and Groom, Boulder, Lynne
Rienner, p.75.
* 23 Ibid.
* 24 M.-C. Smouts et al.,
Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2006, pp.
138-143.
* 25 Ibid.
* 26 Larousse, Dictionnaire
électronique, 2003-2019.
* 27 J. Salmon,
Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001,
p. 407.
* 28Ndam Njoya, Le Cameroun
dans les relations internationales...
* 29 N. Mouelle Kombi, La
politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan,
1996.
* 30Y. A. Chouala, La
politique extérieure du Cameroun. Doctrines, acteurs, processus et
dynamiques régionales, Paris, Karthala, 2014.
* 31 P. Biya, Pour le
libéralisme communautaire, Paris, Favre, 1987.
* 32 J. -M. Atangana Mebara,
Le Secrétaire général de la Présidence de la
République du Cameroun. Entre mythes, textes et réalités,
Paris L'Harmattan, 2016.
* 33 Devin et Smouts, Les
organisations internationales...
* 34 J.B Duroselle,
Histoire diplomatique, tome 2, Paris, Dalloz, 1990.
* 35 P. Boniface, Manuel de
relations internationales, Paris, Dunod, 1995.
* 36 G.P. Etoa Oyono,
«Ferdinand Oyono : le diplomate», mémoire de
Maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2004.
* 37 G. P. Etoa Oyono, «Le
personnel diplomatique camerounais», mémoire de DEA en
Histoire, Université de Yaoundé I, 2009.
* 38 R. G. Ndo'o, La
coopération israélo-camerounaise 1959-2008»,
thèse de Doctorat/Ph.D en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2016.
* 39 W. D. Foga Konefon,
«Les migrations nigérianes au Cameroun : incidences et
représentations sociales (1916-2008)», thèse de
Doctorat/Ph.D en Histoire, Université de Yaoundé I, 2017.
* 40 R. Mpkpouwoupieko Zoulica,
«Le processus de décision dans la politique étrangère
du Cameroun : le cas du règlement judiciaire dans le conflit de
Bakassi», mémoire de Master en Relations Internationales, IRIC,
2011.
* 41J. P. Tiki,
«L'action gouvernementale en matière de promotion de l'image de
marque du Cameroun», mémoire de Master en Relations
Internationales, IRIC, 2012.
* 42 G. R. Assie et R. R.
Kouassi, Cours d'initiation à la méthodologie de recherche,
Ecole Pratique de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Abidjan, p. 23.
(Inédit).
* 43 Ibid.,
p.24.
* 44 Marchstein,
Introduction aux relations internationales... p. 35.
* 45 Ibid.
* 46 E. H. Carr, The
twenty years crisis. 1919-1939. An introduction to the Study of International
relations, New York, Harper and Row, 1964, pp. 87-88.
* 47
mapageweb.unmontreal.ca...
* 48 Ibid.
* 49 Https//.
Fr.wipedia.org, « Les Quatorze Points du Président
Wilson `', consulté le 09 février 2020.
* 50 Devin et Smouts,
Les organisations internationales... p. 14.
* 51 Roche,
Théories des relations internationales... p.38.
* 52 Ibid., pp.
139-140.
* 53 A. Ouhaijou,
Méthodes des sciences sociales, inédit.
* 54 Ouhaijou,
Méthodes des sciences sociales...
* 55 A. Fogou,
« Histoire, conscience historique et devenir de l'Afrique :
revisiter l'historiographie africaine `', in Revue de la Fondation
Maison des Sciences de l'homme, numéro 60, janvier 2014.
* 56 Cf. plus haut.
* 57 Cf. l'articulation
portant sur la diplomatie de l'image et du rayonnement, Chapitre III. Notre
formation (autodidacte) dans les domaines de l'image et de la communication
(politique) nous a été dans ce sens très utile.
* 58 Les explorateurs
portugais seront particulièrement émerveillés par la
richesse en crevettes du fleuve Wouri, qu'ils baptiseront à cet effet
Rio dos Camaroes(rivière des crevettes). Ce nom évoluera
pour devenir tour à tour `' Cameroon `' avec les explorateurs
anglais, `' Kamerun `' avec les colons allemands, puis
`' Cameroun `' avec les Français.
* 59 Lorsque nous parlons de
« nations `' ici, nous faisons référence aux
groupes ethniques.
* 60 Pour les faits ayant
conduit à cette annexion, lire A.OWONA, La naissance du Cameroun,
Paris, L'Harmattan, 1996 ; E. Meng, Histoire du Cameroun,
tome 2, Yaoundé, CEPER, 1985 ; V. J. Ngoh, Cameroun
1884-1985 Cent ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990, etc...
* 61 Le territoire a ce
statut depuis 1919, mais il ne devient effectif qu'en 1922.
* 62 Il s'agit ici des
résistances armées, dirigées contre l'ancien occupant
allemand.
* 63 D. Mokam, «Les
associations régionales et le nationalisme camerounais
(1945-1960)», thèse de Doctorat/Ph. D en Histoire,
Université de Yaoundé I, 2005, pp. 66-92.
* 64 D. Abwa, Cameroun
histoire d'un nationalisme (1884-1961), Yaoundé, Editions CLE,
2010, Préface.
* 65 J. Ki-Zerbo,
Histoire de l'Afrique noire d'hier à demain, Paris, Hatier,
1978, p. 500.
* 66 Gaiilard, Ahmadou
Ahidjo..., p. 40.
* 67 Ngoh, Cameroun
1884-1985..., p.119.
* 68 Abwa, Cameroun,
histoire d'un nationalisme..., p.210.
* 69 Abwa, Cameroun,
histoire d'un nationalisme...
* 70 D. Abwa,
Commissaires et haut-commissaires de la France au Cameroun
(1916-1960)
Ces hommes qui ont façonné politiquement le
Cameroun, Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé et
Presses de l'Université Catholique d'Afrique centrale, 1998, p. 339.
* 71 Extrait des statuts de
l'UPC, cité par Y. Mintogue, «L'indigène comme acteur
politique. Militantisme et formes de participation politiques dans
l'Union des Populations du Cameroun (UPC). (1948-1955)»,
mémoire de Master 2 en Sciences politiques, Université Paris I,
2011, p.24.
* 72 Abwa, Cameroun,
histoire d'un nationalisme... p.211.
* 73 Abwa, Cameroun,
histoire d'un nationalisme... p.211.
* 74 Ibid, pp. 212
et 216 ; Ngoh,Cameroun 1884-1985... pp.119-120.
* 75 Abwa, Cameroun,
histoire d'un nationalisme... p.213
* 76 A propos de ces
trucages électoraux et autres manigances administratives dont l'UPC fut
victime, lire les deux ouvrages de D. Abwa mentionnés dans le texte,
notamment Commissaires et haut-comissaires..., p. 352.
* 77 En
réalité, les premières interventions camerounaises aux
Nations-Unies datent de 1945, avec Louis Paul Aujoulat et Alexandre Douala
Manga Bell. Ceux-ci s'étaient rendus devant l'Assemblée
générale de ladite organisation pour défendre les accords
de tutelle entre la France et le Cameroun. Cf. A. Eyinga, UPC, une
révolution manquée, Paris, Editions Chaka, 1991, p. 49. Mais
dans le cadre de notre analyse, nous avons décidé de nous
intéresser aux interventions datant des années 1950.
* 78 Eyinga,
L'UPC..., pp. 48, 52-53.
* 79 Ibid. p.
53.
* 80 Gaillard, Ahmadou
Ahidjo... pp. 91-92.
* 81 Mokam, `'Les
associations régionales et le nationalisme''...,
p.399.
* 82Ibid.
* 83 Mokam,
«Les associations régionales et le nationalisme''...p.399.
* 84 Abwa, Cameroun,
histoire d'un nationalisme... p.323.
* 85 Eyinga, L'UPC... p.
73.
* 86 Gaillard, Ahmadou
Ahidjo... p. 92.
* 87 Kamerun National
Democratic Party.
* 88 B. Chem
Langhëë, «The Kamerun Plebiscites1951-1961: Perceptions and
strategies», thèse de Doctorat/Ph.D en Histoire,
University of California, Santa Barbara, 1976, p.141.
* 89 A ce propos, lire
Gaillard, Ahmadou Ahidjo...
* 90 Chem Langhëë,
«The Kamerun plebiscites...
* 91 Chem Langhee, `'The
Kamerun plebiscites''...
* 92 Langhee, The
Kamerun plebiscites...
* 93 Kamerun National
Congress.
* 94 P. Ela, Dossiers
noirs sur le Cameroun, Paris, Papyrus, 2002.
* 95 Pour en savoir plus sur
ces manoeuvres, lire Gaillard, Ahmadou Ahidjo...
* 96 J. Essola Ngbwa,
«L'évolution de l'administration du trésor au Cameroun et
son fonctionnement depuis 1962», thèse de
Doctorat/Ph. D. en Histoire, Université de Yaoundé I (en
cours).
* 97 Entretien avec Pierre
Rodrigue Owono Ngbwa, 36 ans, financier, le 26 décembre 2016 à
Zoétele.
* 98 Afrique Media, Le
Débat Panafricain, mai 2014.
* 99 Entretien avec Gabriel
NGBWA OWONO (1953-2016), professeur de lycées. Nous avons eu plusieurs
entretiens sur cette question durant les quatre à cinq dernières
années qui précédèrent sa mort ; nous les
eûmes notamment à Yaoundé et à Zoétele.
* 100 Archives du
Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU,
`'15ème session de l'Assemblée
générale'', 13 septembre 1960,No 2924.
* 101 Voir plus haut, et
lire les différents ouvrages qui y sont cités à ce
propos.
* 102 Chouala, La
politique extérieure du Cameroun...p.190
* 103 Toast au dîner
offert en l'honneur du Secrétaire général de l'ONU, Javier
Pérez, le 29 février 1998, cité par Chouala, La
politique extérieure du Cameroun...
* 104 S. Bindzi,
Communication à la conférence sur «La diplomatie
camerounaise face aux défis contemporains `', Cercle
d'Histoire-Géographie-Archéologie, Université de
Yaoundé I, 22 avril 2019..
* 105 Gaillard, Ahmadou
Ahidjo...p.174
* 106 Chouala, La
politique extérieure du Cameroun... p.191
* 107 U. Ekotto,
Communication à la conférence sur `'La diplomatie camerounaise
face aux défis contemporains `', Cercle
d'Histoire-Géographie-Archéologie, Université de
Yaoundé I, 22 avril 2019.
* 108 Cf. Préambule
de la Charte des Nations-Unies.
* 109 Aujourd'hui
Organisation de la Coopération islamique.
* 110Il faut relever que
certaines de ces organisations, au-delà de leur essence fondamentale,
ont souvent des natures cachées. L'Organisation des Pays exportateurs de
pétrole (OPEP) par exemple, fondamentalement une organisation de
coopération économique et commerciale, peut également
apparaître comme un puissant instrument de lobbying, premièrement
dans le sens où elle vise à contrecarrer le diktat des puissances
occidentales par rapport aux cours du pétrole, et deuxièmement
quand on sait qu'elle sert souvent de moyen de pression aux Etats arabes (qui
en sont les membres les plus nombreux et les plus influents) par rapport
à certaines problématiques internationales. La crise du Yom
Kippour et ses suites sont à ce propos très édifiantes.
* 111 Archives du Cabinet
Civil de la Présidence de la République du Cameroun,
« Intervention de S.E. M. Paul Biya à la
72ème session de l'Assemblée générale
des Nations-Unies », dossier de presse, archives numériques
consultées le 2 mai 2019.
* 112 Ibid.
* 113 J. Saucin, Cours sur
La communication de crie, Institut des Hautes Études des
Communications Sociales de Bruxelles, 2015, 1ère
édition, p. 6
* 114 Nous parlons ici du
Cameroun au lendemain de son accession à la souveraineté
internationale.
* 115 Attaques de la secte
terroriste Boko Haram dans l'Extrême-Nord ; crise
sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du
Sud-Ouest ; crise des réfugiés centrafricains à
l'Est ; phénomène des preneurs d'otages dans
l'Adamaoua...
* 116 Cité par
Marchstein, Introduction aux relations internationale... p. 19.
* 117 Biya, Pour le
libéralisme communautaire... p. 26.
* 118 Chouala, La
politique extérieure du Cameroun...
* 119 Devin et Smouts,
Les organisations internationales... p.15.
* 120 G. Tate, La
Grèce antique...
* 121 Mouelle Kombi, La
politique étrangère... pp. 23-24.
* 122 Décret No
2013/112 du 22 avril 2013 portant organisation du Ministère des
Relations extérieures. C'est nous qui mettons en évidence.
* 123 Interview au Nouvel
Observateur du 06 Juillet 1981, p. 30.
* 124
Http ://www.wikipedia.org `'Martin Belinga Eboutou'', biographie,
consulté le 15-05-2019.
* 125 Nous venons de vivre
cela lors de la dernière session du Conseil de sécurité.
Le représentant permanent du Cameroun à l'ONU, M. Michel
Tonmo Monthé, déclarait : `' Le Cameroun n'est pas un
paradis, mais il n'est pas non plus l'enfer que certains
dépeignent `'. Notons que cette déclaration intervenait
à la suite de nombreuses accusations émant de part et d'autre de
la communauté internationale, faisant état du viol des droits de
l'homme par l'Etat camerounais, notamment dans la gestion de la crise
anglophone et ce qu'il convient désormais d'appeler
« l'affaire Kamto ».
* 126 Archives de
l'Assemblée générale des Nations-Unies, `'CV de Michel
Tommo Monthé'', consulté le 07-05-2019.
* 127 Entretien avec Pierre
Célestin Mboua, 46 ans, universitaire et diplomate, consultant
auprès du Système des Nations-Unies, le 05 mai 2019 à
22 :30.
* 128
http://www.wikipedia.org,
consulté le 03 Octobre 2015 ;
http://www.camerlex.com,
consulté le 20 mai 2019.
* 129 Gaillard,
Ahmzadou Ahidjo... p. 94.
* 130 Mouelle Kombi, La
politique étrangère... p. 36.
* 131 Etoa Oyono,
«Ferdinand Oyono'... mémoire de maîtrise en
Histoire, Université de Yaoundé I, 2004.
* 132
http://www.wikipédia.org,
consulté le 03 octobre 2015.
* 133 Ibid,
consulté le 20 mai 2019.
* 134 Ibid.
* 135 Etoa Oyono,
« Le personnel diplomatique camerounais....
* 136
http://www.wikipedia.org,
consulté le 20 mai 2019.
* 137Ibid.
* 138 Il s'agit surtout de
la frange acquise au bloc communiste, soit en très grande partie les
pays de la communauté dite des `' non-alignés `'.
Ceux-ci, non seulement apportaient ouvertement leur soutien politique,
diplomatique et même logistique pour certains, mais n'hésitaient
pas à parier sur la stabilité et la longévité du
nouveau chef de l'Etat camerounais.
* 139 Archives u
Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU :
Intervention de l'Ambassadeur Martin Belinga Eboutou au Conseil de
Sécurité des Nations-Unies, No 2424.
* 140 Ferdinand Oyono a
publié trois oeuvres littéraires qui ont eu un très grand
écho dans les milieux scolaires et littéraires africains et
même internationaux, à savoir : Le vieux nègre et
la médaille, Une vie de boy, et Chemin d'Europe.
* 141 Etoa Oyono,
«Ferdinand Oyono''...
* 142 F. Pigeaud, Au
Cameroun de Paul Biya, Paris, Karthala, 2011, p. 46.
* 143 Smouts et al.,
Dictionnaires des relations internationales....
* 144 Expression
utilisée par Gaillard, Ahmadou Ahidjo...p. 98.
* 145 Ibid. Les
autres analyses qui vont suivre sur la question découlent du même
ouvrage.
* 146 Cette analyse est
beaucoup plus valable pour des opposants comme Paul Soppo Priso, qui appartient
à l'aire culturelle sawa, aire à laquelle appartiennent
également les populations originaires de la région de Buea.
* 147 Abwa, Cameroun,
histoire d'un nationalisme...
* 148 Gaillard, Ahmadou
Ahidjo... p.100.
* 149 Etoa Oyono,
«Ferdinand Oyono...« p.30.
* 150 Voir A. Lewin,
« Les Africains à l'ONU `', in Cairn. Info,
consulté le 31 mai 2019.
* 151 H. M., Yerima, R.
Singh, «The Bakassi Dispute: People's Dynamics and the rise of
Militancy `', in IOSR Journal of Humanities of Social Science
(IOSR/JHSS), volume 2, Issue I, 6 janvier 2017.
* 152 Mkpouwoupieko
Zoulica, «Le processus décisionnel dans la politique
étrangère du Cameroun...» p. 33.
* 153 Archives du
Gouvernement de la République du Cameroun, `'Dossier sur le conflit
frontalier de Bakassi'', consulté le 22 septembre 2020.
* 154 Archives
privées d'Albert Pascal Temgoua, `'Accords entre l'Allemagne et la
Grande Bretagne au sujet de la délimitation territoriale entre le
Kamerun et le Nigeria'', consultées en décembre 2014.
D'après cette source, c'est la mise à jour et la publication de
ces accords qui ont permis de régler le conflit du point de vue
historique, devant la Cour Internationale de Justice.
* 155 Par cette borne
chronologique, nous nous référons plus au Cameroun britannique,
étant donné que c'est lui qui fait l'objet de notre attention
dans cette sous-partie de notre travail.
* 156 Pour mieux comprendre
l'impact des immigrations nigériane dans le conflit de Bakassi, lire la
thèse de Doctorat /Ph.D de W. D. Foga Konefon
intitulée : «Les migrations nigérianes au
Cameroun : incidences et représentations sociales
(1916-2008)», Université de Yaoundé I, novembre 2017.
* 157 V. Wanyaka Bonguen,
«La coopération militaire entre la France et le Cameroun : de
l'assistance à la quête d'un partenariat technique'', thèse
de Doctorat/Ph.D en Histoire, Université de Yaoundé I, 2008.
* 158 Ngoh, Cameroun
1884-1985..., p.241.
* 159 Mouelle Kombi, La
politique étrangère..., p.105.
* 160 Archives de la
Mission Permanente du Cameroun auprès des Nations-Unies, `'Intervention
de S.E. M. Paul Biya à la 50ème session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies `', septembre
1995.
* 161 Etoa Oyono, `'Ferdinand
Oyono''...p.111.
* 162 Archives du
Ministère des Relations Extérieures, `'Dossier
Cameroun-OUA : notes, échanges et correspondances''.
* 163 Lewin, `'Les Africains
à l'ONU''...
* 164 Etoa Oyono, `'Ferdinand
Oyono''..., p. 111.
* 165 D'après
certaines sources orales que nous avons eu à consulter, le gouvernement
américain aurait pris fait et cause pour la principale figure de
l'opposition d'alors, Ni John Fru Ndi, candidat à la
présidentielle de 1992. Il lui aurait plus précisément
apporté son soutien technique (envoi d'experts américains pour
l'assister et le conseiller) et financier.
* 166 Archives de la Cour
Internationale de Justice, `'Arrêt sur le conflit frontalier terrestre et
maritime opposant la République du Cameroun à la
République Fédérale du Nigeria au sujet de la
péninsule de Bakassi'', juillet 2002, consulté le 26
février 2021 ; Atangana Mebara, Le Secrétaire
général de la Présidence..., p. 203.
* 167 Atangana Mebara, Le
Secrétaire général de la Présidence..., p.
207.
* 168 CRTV, Journal
télévisé de 20 :30, 14 août 2008.
* 169 Voir Gaillard,
Ahmadou Ahidjo...
* 170 Ibid,
p.104.
* 171 Du moins
officiellement. Néanmoins, le Premier ministre Chou En Lai avait
transmis un télégramme de félicitations à son
homologue camerounais, Ahmadou Ahidjo, au lendemain de la proclamation de
l'indépendance.
* 172 À cette
époque, il existait, en Chine, deux gouvernements parallèles et
antagonistes qui revendiquaient chacun la légitimité à
l'international, à savoir le gouvernement de Pékin, dirigé
par Mao Zedong, et le gouvernement taiwanais, dirigé par Tchang Kai
Tchek. D'où la problématique de la reconnaissance internationale
de la Chine qui se posait alors.
* 173 J. R. Booh Booh,
« Cameroun : Dans les coulisses des relations avec la Chine il y
a 40 ans `', https : //www.pairault.fr, consulté le 14 janvier
2020.
* 174 Ibid.
* 175 Ibid.
* 176 Entretien avec
Fabrice Onana Ntsa, environ 36 ans, professeur de lycées,
spécialiste de la politique africaine de la Chine, le 22 avril 2019
à Yaoundé.
* 177 E. Alontsi Dongmo,
« Le Cameroun et les changements climatiques `', in
« dongmo9.over-blog.com », consulté le 15 janvier
2020.
* 178 Archives du Cabinet
Civil de la Présidence de la République, « Intervention
de S. E. M. Paul Biya à la 60ème session de l'Assemblée
générale des Nations-Unies », 16 septembre 2005.
* 179 Poste National de la
CRTV, Journal du 20 :00, 09 décembre 2004.
* 180 F. Omgba Owono,
«Le Cameroun et la problématique de l'environnement dans le
monde : une diplomatie de bonnes intentions », communication
à la conférence sur « Les défis de la diplomatie
camerounaise face aux enjeux contemporains », Cercle
d'Histoire-Géographie-Archéologie, Université de
Yaoundé I, 22 avril 2019.
* 181 CRTV, journal
télévisé de 20 :30, 12 mai 2016.
* 182 Archives du Cabinet
Civil de la Présidence de la République, « Intervention
de S. E. M. Paul Biya à la 64ème session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies, 25 septembre
2009.
* 183Cf. Archives de la
Mission Permanente du Cameroun aux Nations-Unies (New-York, 12 septembre-24
décembre 2017) « 72ème session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies Débat
général : « Priorité à l'être
humain : paix et vie décente pour tous sur une planète
préservée ». Déclaration de S. E. M. Paul Biya,
Président de la République du Cameroun.
* 184Archives du Cabinet
Civil de la Présidence de la République, « Intervention
de S. E. M. Paul Biya à la 64ème session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies ».
* 185Ibid.
* 186 Tiki, «L'action
gouvernementale en matière de promotion de l'image de marque du
Cameroun..., pp 39-42.
* 187 Ibid.
* 188 Ibid.
* 189 Pigeaud, Au
Cameroun de Paul Biya... ; https. // : www.
Cameroun-info. Net, « Cameroun : les hommes de main du
Président `', consulté le 15 janvier 2020.
* 190 Selon les
informations recueillies du site web mentionné ci-dessus, Fouks serait
à l'origine du célèbre sobriquet
d «'homme-lion `' arboré par le Président de la
République du Cameroun.
* 191 Https :
//fr.m.wipedia.org, « Biographie de Patricia Balme''.
* 192 Voir chapitre
suivant.
* 193 Https :
//fr.wikipedia.org, «La République Démocratique du Congo,
histoire'', consulté le 17 février 2020.
* 194 Ibid.
* 195 Https:
//fr.wikipedia.org, `'La République Démocratique du Congo''...
* 196 Etoa Oyono,
«Ferdinand Oyono...»
* 197 Ibid.
* 198 Ibid.
* 199 Archives du
Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU,
`'Déclaration du Président Ahidjo à la
24ème session de l'Assemblée générale de
l'ONU'', No 2430.
* 200 Archives du Cabinet
Civil de la Présidence de la République, `' Intervention de S.E.
Paul BIYA à la 71ème Session Ordinaire de l'ONU New
York 18-26 Septembre 2016 ; Archives du Ministère des Relations
Extérieures, Dossier Cameroun-ONU, `'Apartheid'', No 4104.
* 201 Entretien avec Beken
Jean Faustin, environ la quarantaine, professeur de lycées,
Yaoundé, 17 Mai 2019
* 202 A. A. Mazrui et C.
Wondji, Hitoire générale de l'Afrique, tome VIII, L'Afrique
depuis 1935, Paris, UNESCO, 1998, pp. 297-298.
* 203 Ibid.
* 204 Mazrui et Wondji,
Histoire générale de l'Afrique... pp. 298-299.
* 205 Archives du
Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU ,
`'Conseil des Nations-Unies pour la Namibie : rapport : projet de
budget de la 38ème session : compte-rendu analytique de
la 9ème séance'', No 678.
* 206 Mazrui et Wondji,
Histoire générale de l'Afrique...
* 207Archives de
l'Assemblée Générale des Nations Unies, Document GA/8165,
`'Résolutions sur les Armes chimiques et bactériologiques et le
désarmement général et complet'' du 21 Janvier 1991.
* 208 CRTV,
Cérémonie de présentation des voeux au Président de
la République, retransmission en direct, janvier 2015.
* 209 Archives de
l'Assemblée générale des Nations-Unies, `'Intervention de
S. E. M. Paul Biya à la 70ème session de
l'Assemblée générale des Nations-Unies''...
* 210 M. Hypollyte,
«La problématique des groupes aux Nations-Unies»,
RFSP, Volume XX, numéro 3, juin 1970, pp. 453-482.
* 211 Cette
résolution intervient à la suite de la guerre du Yom Kippour,
à l'issue de laquelle les pays africains dans leur ensemble avaient
décidé de manifester leur solidarité au
« frère » égyptien, à cause de
l'occupation du Sinaï par l'armée israélienne.
* 212 Archives de
l'Assemblée générale des Nations-Unies, `'Rapport du
Comité spécial d'enquêtes affectant les droits de l'homme
du peuple palestinien et autres Arabes en territoire occupé''.
* 213 R. G. Ndo'o, `'La
coopération israélo-camerounaise (1959-2008)'',
thèse de Doctorat/Ph.D en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2016.
* 214
www.cameroun-info.com,
« Cameroun... `'
* 215 Mouelle Kombi, La
politique étrangère..., p.172.
* 216 Https :
//googleweblight.com, « Histoire du Nicaragua »,
consulté le 19 janvier 2020 à 17 :08.
* 217 Https://
fr.m.wikipedia.org, « L'occupation américaine au
Nicaragua », consulté le 18 janvier 2020 à
17 :00.
* 218 https: //
googlewebligtht.com...
* 219https:
googleweblight.com...
* 220 Ibid.
* 221 «Panama et
Nicaragua : la mainmise américaine sur l'Amérique
centrale », in Lutte de classe, numéro 31, mars
1990.
* 222 Archives du
Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-ONU,
`'-Différend frontalier, activités militaires et paramilitaires
au Nicaragua, continental shel case between Mali and Libya'', No 4772..
* 223 Mouelle Kombi, La
politique étrangère..., p. 173.
* 224 Entretien avec
Tchoffo Mongui Rodrigue, environ 36 ans, cadre à la Direction des
Nations-Unies et de la Coopération Décentralisée
(Ministère des Relations Extérieures), 5 novembre 2019,
Yaoundé.
* 225 France 24,
«Arrestation du président ivoirien Laurent Gbagbo :
édition spéciale », 11 avril 2011 à
15 :00.
* 226 Afrique Média
Tv, «Documentaire sur la crise ivoirienne », 23 mai 2011.
* 227 Entretien avec Pierre
Rodrigue Owono Ngbwa... Selon cette source, le bail de ce palais aurait
été imposé par Paris aux dirigeants ivoiriens, pour
rembourser au Trésor français les dépenses
effectuées à cette occasion.
* 228 E. Zang Ngbwa,
« Du cinéma à la Haye ou la politique de deux poids
deux mesures », in Nkul du CHGA, numéro 1, janvier
2020.
* 229 Afrique Média
Tv, 'Documentaire sur la vie de Mouammar Kadhafi, 23 octobre 2011.
* 230 J. Criaud,
Géographie du Cameroun, 2ème édition,
Yaoundé, Imprimerie Saint-Paul, 1987.
* 231 La fortune de
l'ex-dirigeant libyen s'élevait à 84 milliards de dollars US.
* 232 Entretien avec
Gabriel Ngbwa Owono...
* 233 Afrique Média
TV...
* 234 Mouelle Kombi, La
politique étrangère... p.119.
* 235 Mouelle Kombi, La
politique étrangère, pp. 118-119.
* 236 M. Liniger-Gormaz,
«Le Cameroun à l'heure du renouveau », in Le Journal
de Genève, 4 avril 1987.
* 237 https :
//fr.m.wikipedia.org, «Biographie de Ferdinand Oyono'', consulté le
19 janvier 2020.
* 238 Le vieux
nègre et la médaille, Une vie de boy (1956), et Chemin
d'Europe(1960).
* 239 Etoa Oyono,
«Ferdinand Oyono''...
* 240 Cf. Chapitre II-1 ;
voir aussi la première partie du présent chapitre (1).
* 241 Etoa Oyono,
«Ferdinand Oyono''...
* 242 Ibid.
* 243 https :
//fr.m.wikipedia.org, «Biographie de Ferdinand Oyono''...
* 244 Https://
fr.m.wikipedia.org, «Biography of Paul Bamela Engo »,
consulté le 19 janvier 2020.
* 245 Archives de la Cour
Internationale de Justice...
* 246 Https :
//fr.wikipedia.org, « Biographie de Michel Tommo
Monthé `', consulté le 19 janvier 2020 à
19 :50.
* 247
www.un.org, « Michel Tommo
Monthé, du Cameroun, Président de la Troisième
Commission , Notice biographique », consulté le 19
janvier 2020 à 20 !00.
* 248 Ibid.
* 249 Entretien avec Beken
Jean-Faustin...
* 250 Il conviendrait de
relever au demeurant que depuis cette date, les présidents sud-africains
ont tous été de couleur noire.
* 251 Entretien avec
Ambroise Lasconi Moungui Medi, 40 ans environ, Chef du Service en charge des
relations avec les Organes à caractère politique et juridique,
Direction des Nations-Unies et de la Coopération
Décentralisée, Ministère des Relations Extérieures,
Yaoundé, 1er novembre 2019.
* 252 Entretien avec Pierre
Célestin Mboua...
* 253 Archives de la Cour
Internationale de Justice...
* 254 Maurice Kamto,
Interview sur Canal 2 International, 2015.
* 255 CRTV,
« Sommet de la Commission du Golfe de Guinée, portant sur la
lutte contre la piraterie maritime dans la région », 25 et 26
juin 2013 à Yaoundé.
* 256 Créée
en 2015, cette force est une coalition militaire d'Etats africains en vue de la
lutte contre le phénomène terroriste Boko Haram, devenu alors une
menace grave pour la sécurité de plusieurs de ces Etats.
* 257 CRTV, Journal de
20 :30. Il faut noter que cette mission était commandée par
un officier camerounais, en la personne du général Martin
Toumienta, de regrettée mémoire.
* 258 Africa 24,
« Retransmission en direct du Sommet de la CEEAC sur la Paix et la
Sécurité«, 18 janvier 2015.
* 259 Il faut noter que depuis
le départ du pouvoir de l'ancien président israélien
Shimon Pérès en 2014, et la déchéance de l'ancien
président zimbabwéen Robert Mugabe, le Président Biya est
le dirigeant élu le plus âgé du monde.
* 260 Cf. Chapitre II, I-2.
* 261 Lewin,
« Les Africains à l'ONU `'...
* 262 Gaillard, Ahmadou
Ahidjo... pp. 103-104.
* 263 Ibid., p.
183.
* 264 Ngoh, Cameroun
1884-1885...
* 265 Archives du
Ministère des Relations Extérieures, Dossier Cameroun-OUA,
`'Affaire Djiena Wembou : Note du Ministre des Relations
Extérieures à la très haute attention du Président
de la République'', (n. d. )
* 266 Entretien avec
Cécile Mballa Eyenga, 54 ans, Directeur des Nations-Unies et de la
Coopération Décentralisée, Ministère des Relations
Extérieures, le 16 octobre 2019 à Yaoundé.
* 267CRTV, Journaux
Officiels télévisés et radioffusés.
* 268 À propos des
notions de hard et de soft power, lire : Hans Morgenthau,
Politics amoung nations, the struggle for power and peace, PaNew-York,
KNOPF, 1973, P. 2 ; Raymond Aron, Paix et guerres entre les nations,
Paris, Commonlévy, 1984, p. 62.
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