CONCLUSION GENERALE ET
IMPLICATION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE
Dans ce travail, nous avons cherché à
vérifier si la politique monétaire de la BRB peut être
appréhendée à travers la règle de type-Taylor.
Spécifiquement, il était question d'une part, de
mesurer les poids implicites accordées par la BRB à l'objectif de
stabilité des prix qu'à celui de la stabilisation de
l'activité ; de vérifier si la BRB prend en compte le taux
de change dans la fixation du taux directeur d'autre part.
En vue d'éclairer la Banque Centrale du Burundi dans
ses prises de décisions sur la politique monétaire, plusieurs
études (Busogoro (2014), Niyongabo et al. (2017),Bigendako (2017)) ont
été réalisées. Elles ont porté notamment sur
l'efficacité de la politique monétaire, les canaux de
transmission, la structure et les performances de financement au Burundi.
Cependant, aucune étude n'a été abordée dans
l'angle où nous avons orienté notre recherche.Or la
vérification des actions des autorités monétaires à
la Taylor, comme le font les autres banques centrales, s'avère
nécessaire. C'est pourquoi nous avons mené cette étude.
Les aspects théoriques et empiriques de la règle
de Taylor montrent d'une part, qu'elle reste le socle de
référence dans l'évaluation des actions des
autorités monétaires, et d'autre part, qu'elle est aussi
vérifiable dans la plus part des Banques Centrales.
Ainsi, pour vérifier la pertinence de cette
règle pour le cas de la BRB, nous avons commencé par estimer
d'abord une règle de type Taylor classique, n'incorporant que
l'écart d'inflation et de celui de production auxquels on a
ajouté le taux directeur retardé pour vérifier si dans la
fixation du taux directeur, les autorités monétaires tiennent
compte du taux directeur passé. A ce niveau, nous attendions à
des coefficients de signes positifs pour toutes les variables, avec un
coefficient supérieur à l'unité pour l'écart
d'inflation.
En plus, la seconde estimation concerne la règle de
Taylor majoré d'autres variables supplémentaires qui serait
susceptible d'être prise en compte par la BRB dans mise en oeuvre de la
politique monétaire. Ainsi, une série d'étapes s'est
succédé. Après avoir testé la stationnarité
des variables et déterminé l'ordre d'intégration, nous
nous sommes servi d'une méthode des moments
généralisée inspirée par Clarida et Al. (1998),
Mésonnier et Renne (2004) et De Lucia et Lucas (2007). Cette
méthode est préférée aux méthodes standards
(MCO, MCG,...) dans la perspective de corriger le biais
d'endogénéité.
Les résultats des tests de stationnarité
montrent que la série chronologique est intégrée d'ordre
1. Ces mêmes résultats ont renforcé le choix de notre
modèle du moment que la MMG prend en compte le caractère
éventuellement non stationnaire des séries.
Les résultats d'estimation de la règle de
Taylor, donnent d'abord un coefficient de lissage très
élevé, ce qui signifie que la Banque Centrale ajuste
progressivement sa politique monétaire à l'environnement
économique. Les coefficients de l'écart d'inflation et de celui
de production ne remplissent pas les conditions du « principe de
Taylor ». Il s'est révélé également que
la significativité du modèle n'est pas élevée.
Les résultats d'estimation de la fonction de
réaction de la BRB, à travers une approche positive de Taylor,
après l'introduction des variables supplémentaires montre que la
fixation des taux par la BRB a une composante systématique simple mais
pas de type-Taylor. Ceci infirme notre première hypothèse.
En effet, on remarque encore une persistance du taux directeur
traduisant une forte tendance des autorités monétaires à
fixer le taux directeur en fonction des taux passés, 92%. En plus, le
poids est accordé à l'inflation et non à
l'activité, ce qui est en conformité avec le fait que l'inflation
soit l'objectif prioritaire de la politique monétaire. Toutefois, le
principe de Taylor n'est pas respecté. Le coefficient associé au
taux de change est négatif, significatif mais proche de zéro, ce
qui veut dire que cet indicateur n'a pas été prise en compte dans
la fixation du taux directeur. Ceci infirme encore notre deuxième
hypothèse. Le coefficient associé à la masse
monétaire, quant à lui, comporte un signe attendu. Cela confirme
le fait que les autorités monétaires accordent plus de
priorité au contrôle de la masse monétaire pris comme
objectif intermédiaire.
Dans l'ensemble, la règle de Taylor ne décrit
donc pas le comportement des actions des autorités monétaires de
la BRB dans la fixation du taux directeur.
En guise de recommandations, nous suggérons que le
cadre de la conduite de la politique des taux directeurs de la BRB doit
être beaucoup proche de celui d'un ciblage de l'inflation. En effet, les
résultats non satisfaisants sur la relation entre le taux directeur et
l'inflation mettent en évidence la pertinence du débat sur
l'infériorité du contrôle monétaire par rapport
à un ciblage du niveau général des prix au service de
l'objectif de la stabilité des prix.
Ces résultats doivent interpeller la BRB à ne
pas s'enfermer sur le ciblage des agrégats monétaires, mais
plutôt, de s'acharner à déterminer les instruments
endogènes de régulation des conditions financières qui
seront les relais véritables de sa politique monétaire afin d'en
tirer des enseignements pour la gestion de l'inflation.
Nous ne prétendons pas avoir mené un travail
exhaustif sur ce sujet, d'autres pistes de réflexions restent à
explorer. En effet, nous avons été limité, dans notre
travail, par la non disponibilité de certaines données notamment
les réserves de change. Par ailleurs, il serait plus intéressant
de refaire le même exercice à l'aide des données
trimestrielles, voire même mensuelles. Enfin, on pourrait introduire,
dans le modèle, d'autres variables explicatives pour voir si, à
la suite de cela, ce dernier se rapproche du principe de Taylor.
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