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Règle de Taylor: application au cas de la banque de la république du Burundi


par Thierry KWIZERA
Ouaga 2 - DEA 2018
  

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CONCLUSION GENERALE ET IMPLICATION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

Dans ce travail, nous avons cherché à vérifier si la politique monétaire de la BRB peut être appréhendée à travers la règle de type-Taylor.

Spécifiquement, il était question d'une part, de mesurer les poids implicites accordées par la BRB à l'objectif de stabilité des prix qu'à celui de la stabilisation de l'activité ; de vérifier si la BRB prend en compte le taux de change dans la fixation du taux directeur d'autre part.

En vue d'éclairer la Banque Centrale du Burundi dans ses prises de décisions sur la politique monétaire, plusieurs études (Busogoro (2014), Niyongabo et al. (2017),Bigendako (2017)) ont été réalisées. Elles ont porté notamment sur l'efficacité de la politique monétaire, les canaux de transmission, la structure et les performances de financement au Burundi. Cependant, aucune étude n'a été abordée dans l'angle où nous avons orienté notre recherche.Or la vérification des actions des autorités monétaires à la Taylor, comme le font les autres banques centrales, s'avère nécessaire. C'est pourquoi nous avons mené cette étude.

Les aspects théoriques et empiriques de la règle de Taylor montrent d'une part, qu'elle reste le socle de référence dans l'évaluation des actions des autorités monétaires, et d'autre part, qu'elle est aussi vérifiable dans la plus part des Banques Centrales.

Ainsi, pour vérifier la pertinence de cette règle pour le cas de la BRB, nous avons commencé par estimer d'abord une règle de type Taylor classique, n'incorporant que l'écart d'inflation et de celui de production auxquels on a ajouté le taux directeur retardé pour vérifier si dans la fixation du taux directeur, les autorités monétaires tiennent compte du taux directeur passé. A ce niveau, nous attendions à des coefficients de signes positifs pour toutes les variables, avec un coefficient supérieur à l'unité pour l'écart d'inflation.

En plus, la seconde estimation concerne la règle de Taylor majoré d'autres variables supplémentaires qui serait susceptible d'être prise en compte par la BRB dans mise en oeuvre de la politique monétaire. Ainsi, une série d'étapes s'est succédé. Après avoir testé la stationnarité des variables et déterminé l'ordre d'intégration, nous nous sommes servi d'une méthode des moments généralisée inspirée par Clarida et Al. (1998), Mésonnier et Renne (2004) et De Lucia et Lucas (2007). Cette méthode est préférée aux méthodes standards (MCO, MCG,...) dans la perspective de corriger le biais d'endogénéité.

Les résultats des tests de stationnarité montrent que la série chronologique est intégrée d'ordre 1. Ces mêmes résultats ont renforcé le choix de notre modèle du moment que la MMG prend en compte le caractère éventuellement non stationnaire des séries.

Les résultats d'estimation de la règle de Taylor, donnent d'abord un coefficient de lissage très élevé, ce qui signifie que la Banque Centrale ajuste progressivement sa politique monétaire à l'environnement économique. Les coefficients de l'écart d'inflation et de celui de production ne remplissent pas les conditions du « principe de Taylor ». Il s'est révélé également que la significativité du modèle n'est pas élevée.

Les résultats d'estimation de la fonction de réaction de la BRB, à travers une approche positive de Taylor, après l'introduction des variables supplémentaires montre que la fixation des taux par la BRB a une composante systématique simple mais pas de type-Taylor. Ceci infirme notre première hypothèse.

En effet, on remarque encore une persistance du taux directeur traduisant une forte tendance des autorités monétaires à fixer le taux directeur en fonction des taux passés, 92%. En plus, le poids est accordé à l'inflation et non à l'activité, ce qui est en conformité avec le fait que l'inflation soit l'objectif prioritaire de la politique monétaire. Toutefois, le principe de Taylor n'est pas respecté. Le coefficient associé au taux de change est négatif, significatif mais proche de zéro, ce qui veut dire que cet indicateur n'a pas été prise en compte dans la fixation du taux directeur. Ceci infirme encore notre deuxième hypothèse. Le coefficient associé à la masse monétaire, quant à lui, comporte un signe attendu. Cela confirme le fait que les autorités monétaires accordent plus de priorité au contrôle de la masse monétaire pris comme objectif intermédiaire.

Dans l'ensemble, la règle de Taylor ne décrit donc pas le comportement des actions des autorités monétaires de la BRB dans la fixation du taux directeur.

En guise de recommandations, nous suggérons que le cadre de la conduite de la politique des taux directeurs de la BRB doit être beaucoup proche de celui d'un ciblage de l'inflation. En effet, les résultats non satisfaisants sur la relation entre le taux directeur et l'inflation mettent en évidence la pertinence du débat sur l'infériorité du contrôle monétaire par rapport à un ciblage du niveau général des prix au service de l'objectif de la stabilité des prix.

Ces résultats doivent interpeller la BRB à ne pas s'enfermer sur le ciblage des agrégats monétaires, mais plutôt, de s'acharner à déterminer les instruments endogènes de régulation des conditions financières qui seront les relais véritables de sa politique monétaire afin d'en tirer des enseignements pour la gestion de l'inflation.

Nous ne prétendons pas avoir mené un travail exhaustif sur ce sujet, d'autres pistes de réflexions restent à explorer. En effet, nous avons été limité, dans notre travail, par la non disponibilité de certaines données notamment les réserves de change. Par ailleurs, il serait plus intéressant de refaire le même exercice à l'aide des données trimestrielles, voire même mensuelles. Enfin, on pourrait introduire, dans le modèle, d'autres variables explicatives pour voir si, à la suite de cela, ce dernier se rapproche du principe de Taylor.

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