Introduction
Dans cette section nous allons présenter la
complexité économique qui est un nouveau concept
développée durant la dernière décennie par Hausman
et Hidalgo. La complexité économique intervient pour nous aider
au travers de ses dimensions de construire notre modèle conceptuel.
Introduit par Hidalgo et Hausmann en 2009, la
complexité économique fait référence à la
capacité de production nationale (Cesar A. Hidalgo1 et Ricardo Hausmann
(2009), The building blocks of economic complexity). Il serait difficile de
donner une définition très précise de la complexité
économique. Cependant nous pouvons la définir comme étant
une mesure de la quantité de savoir qu'une société
mobilise ou comme la relation durable entre la structure productive d'un pays
et les facteurs productifs ou les facteurs de croissance économique.
Dans leur travail intitulé « The building blocks
of economic complexity », Hausmann et Hidalgo (2009) ont montré que
les différences entre pays en termes de de création de
richesse,
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productivité et donc en termes de PIB par habitant
pouvaient être expliquées par les écarts en matière
de complexité économique. Ce concept renvoie selon eux à
la disponibilité de « capacités productives » au sein
d'un pays, mais surtout à l'aptitude de celui-ci à combiner de
manière optimale ces différentes capacités. Ils stipulent
que les capacités non échangeables disponibles dans un pays
détermineront le niveau de productivité du pays. Lorsque la
structure de production d'un pays est plus complexe, les capacités de
production sont plus fortes (Hidalgo et Hausmann 2009, 2010). Un pays avec de
plus grandes capacités sera en mesure de participer à des
activités de production sociale avec une productivité plus
élevée, et donc, le pays se développera plus rapidement
(Felipe et al. 2012).
La complexité économique d'un pays
reflète la quantité de connaissances matérialisées
dans ses systèmes de production (Hidalgo et Hausmann, 2009). La
complexité économique reflète les capacités de
production d'un pays et joue un rôle important dans la croissance
économique. (Shujin et Renyu, 2016).
Plusieurs chercheurs ont étudié empiriquement
l'effet de complexité sur la croissance économique. Hausman et
Hidalgo (2009) dans leurs résultats empiriques montrent que la
complexité est fortement corrélée avec revenu. De plus,
ces résultats ont également démontré que les
différences de revenu entre les pays sont le résultat de
différences de complexité. On peut prévoir la croissance
économique future à long et à court terme au moyen de la
complexité.
Cependant, des chercheurs comme Ourens (2013) suggèrent
que la complexité peut prédire la croissance à long terme
mais ne pourrait pas trouvé de support empirique pour prédire la
croissance à court terme. Felipe et al. (2012) notent que les pays
à haute complexité sont principalement le Japon, l'Allemagne, les
États-Unis, la France et d'autres pays riches, et le les pays à
faible complexité sont principalement Cambodge,
Papouasie-Nouvelle-Guinée, Nigéria et autres pays à revenu
par habitant relativement faible. En 2014 (Felipe et al. 2014), ils notent que
les pays ayants une meilleure performance économique sur une longue
période, comme la Chine, l'Inde, la Pologne, le Brésil et
d'autres pays, ont accumulé plus de capacités de production.
En effet, dès les années 1950 les chercheurs
comme Lewis (1955), Rostow (1959) et d'autres ont décrit le
développement économique d'un pays comme processus de
transformation de la structure et l'augmentation de la productivité, et
la réalisation de ce processus se produit par la transformation des
ressources et augmentations des capacités de production, qui sont
étroitement liées. La transformation des ressources ne peut
être réalisée seulement lorsqu'un
pays a les capacités de production correspondante. Afin
d'augmenter le niveau de capacités de production, un pays doit optimiser
ressources matérielles, telles que la quantité des ressources et
qualité et ressources humaines. Hausman et Hidalgo (2009) indiquent que
la complexité est fortement corrélée avec
différents intrants de main-d'oeuvre dans production. Zhu et Fu (2013),
Wang et Wei (2010) notent que le capital humain est un facteur important qui
affecte la complexité de l'exportation. En outre, Hausmann et al. (2014)
trouvent qu'il y a une relation entre complexité et capital humain. La
production nécessite non seulement des capacités
différentes mais aussi leurs interactions. Ces interactions
dépendent de différents intrants de travail.
L'amélioration du capital humain peut permettre à un pays
d'apprendre et de maîtriser des liens et des tâches plus complexes
afin que le pays ait un avantage comparatif dans la production de produits plus
complexes (Costinot 2009). Par conséquent, l'amélioration du
capital humain peut favoriser l'amélioration des capacités des
produits nationaux. Les pays à faible niveau de capital humain seront
contraints d'améliorer leurs capacités nationales, même
dans un cercle vicieux « faible complexité et faibles
capacités de production ». Ensuite, l'accumulation de
capacités peut entrer dans le « Piège de la Quiescence
» (Hausmann et Hidalgo 2011).
Hausman et Hidalgo (2009) ont tenté à apporter
la solution à la question de savoir si pourquoi il y a des
différences dans le produit intérieur brut par habitant des pays
si tous les pays sont connectés les uns aux autres dans un réseau
mondial. Ils stipulent que, cela est dû du fait que certaines des
activités individuelles qui découlent de la division du travail
ne peuvent pas être importées, telles que les droits de
propriété, la réglementation, les infrastructures, les
compétences spécifiques de la main-d'oeuvre, etc., et les pays
doivent donc les disposer localement pour produire. Par conséquent, la
productivité d'un pays réside dans la diversité de ses
« capacités » non échangeables disponibles et, par
conséquent, les différences de revenu entre les pays peuvent
s'expliquer par des différences de complexité économique,
mesurées par la diversité des capacités présentes
dans un pays et leurs interactions. .
Au cours des 20 dernières années, les
modèles de croissance économique ont souvent inclus
l'hypothèse que la variété des intrants entrant dans la
production des biens produits par un pays affecte la productivité
globale de ce pays. A cet effet, Hausman et Hidalgo (2009) introduisent la
notion des mesures indirectes des capacités disponibles dans un pays en
considérant chaque capacité comme un bloc de construction ou une
pièce Lego. Dans cette analogie, un produit équivaut à un
modèle Lego et un pays équivaut à un seau de Lego. Les
pays pourront fabriquer des produits pour lesquels ils ont toutes les
capacités nécessaires, tout comme un enfant est
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capable de produire un modèle Lego si le seau de
l'enfant contient toutes les pièces Lego nécessaires. En
utilisant cette analogie, il serait possible de déduire des
propriétés telles que la diversité et l'exclusivité
des pièces Lego à l'intérieur du seau d'un enfant en ne
regardant que les modèles qu'un groupe d'enfants, chacun avec un seau
différent de Legos, peut faire. Ceci, nous montrons que cela est
possible si nous interprétons les données reliant les pays aux
produits qu'ils exportent comme un réseau bipartite et supposons que ce
réseau est le résultat d'un réseau tripartite plus vaste,
reliant les pays aux capacités dont ils disposent et les produits aux
capacités qu'ils possèdent. Exiger Par conséquent, les
connexions entre les pays et les produits signalent la disponibilité des
capacités dans un pays, tout comme la création d'un modèle
par un enfant signale la disponibilité d'un ensemble spécifique
de pièces Lego.
Il convient de noter que cette interprétation ne dit
rien des processus par lesquels les pays accumulent des capacités et des
caractéristiques d'une économie qui pourraient les affecter. Il
tente simplement de développer des mesures de la complexité de
l'économie d'un pays à un moment donné. Cependant,
l'approche présentée ici peut être considérée
comme un élément constitutif d'une théorie qui rend compte
du processus par lequel les pays accumulent des capacités. (Hausman et
Hidalgo, 2009).
Sur la base des données d'un panel de villes chinoises,
Poncet et Starosta de Waldemar (2013) constatent que si la complexité
peut promouvoir la croissance économique, il dépend
principalement des capacités de production des entreprises
nationales.
L'application de la complexité économique est
une rupture avec la vision réductionniste et le paradigme de l'ordre
(Cairney et Geyer, 2017). Elle est une nouvelle façon de penser et une
nouvelle vision du monde qui se caractérise par la fluctuation,
l'instabilité et le désordre.
Les adeptes de la complexité économique
considèrent l'économie comme étant un système
complexe. Selon Kirman (2016), les phénomènes économiques
sont considérés comme des modèles qui résultent de
l'interaction des facteurs hétérogènes.
La Complexité économique repose sur 4 concepts
(Hausmann, Hidalgo , et al, 2011). A savoir:
1. Les capabilités productives implicites (Renvoie
à l'ensemble de compétences, intensité de savoir,
connaissance et de moyens nécessaire mobilisable afin de produire)
2. La sophistication (Renvoie au niveau de
développement que connait et subit un bien durant son processus de
production)
3. La diversification (Elle renvoie à l'existence de
plusieurs variétés d'activités ou des biens)
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4. Le réseautage (Il renvoie aux liens qui existent et/ou
qui nait entre les activités durant son processus de production)
La complexité économique, nous permettra dans
cette étude de penser à un développement axé sur
quatre plans : la sophistication, le réseautage, la diversification et
les habiletés productives implicites. Mais aussi avec une approche
globaliste et de reliance, la complexité nous permet de traiter notre
problématique en mettant ensemble tous les secteurs d'activités
économiques.
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