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Analyse de l'impact des activités de l'association nationale pour le bien etre de la population (ANBEP) dans la dynamique du développement local au Sénégal


par Aliou WANE
Université de Franche Comté (France) - Master 2 Aménagement et Gouvernance dans les Pays des Suds  2012
  

Disponible en mode multipage

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    AMENAGEMENT ET GOUVERNANCE DANS LES PAYS DES SUDS

    MASTER 2 PROFESSIONNEL

    RAPPORT DE STAGE

    Analyse de l'impact des activités de l'Association Nationale pour le Bien Etre de la Population (ANBEP) dans la dynamique du développement local au Sénégal

    ALIOU WANE

    N° étudiant : 21109452

    Organisme de stage :

    ANBEP

    Agrément ONG N° 003616 MDS/DDC

    Siège social : Houdalaye Yeumbeul

    Tél. : (221) 33 878 96 43 BP 18174 Pikine

    Tuteur de stage de l'organisme : M. ADAMA WATT

    Tuteur universitaire : Professeur ALEXANDRE MOINE

    Année 2012 / 2013

    SOMMAIRE

    ACRONYMES 1

    AVANT PROPOS 2

    INTRODUCTION GENERALE 2

    PREMIÉRE PARTIE : CADRE DU STAGE

    CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE DE L'ANBEP 2

    1.1 La structure de l'ANBEP 2

    1.2 L'organigramme de l'ANBEP 2

    1.3 Les différents programmes 2

    1.4 Les moyens techniques 2

    CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES DU STAGE 2

    2.1 Le contexte du stage 2

    2.2 Les missions du stage 2

    CHAPITRE III : CADRE DE REFERENCE 2

    3.1 Problématique 2

    3.2 Méthodologie 2

    DEUXIÉME PARTIE: PRESENTATION DES RESULTATS

    CHAPITRE I : LE SYSTEME D'ACTEURS ET DE GOUVERNANCE LOCALE 2

    1.1 Présentation des acteurs et leurs fonctions dans le développement local 2

    1.2 La gouvernance locale autour du jeu des acteurs 2

    CHAPITRE II : IMPACT DES ACTEURS ET DES ACTIVITES DANS LES SECTEURS STRATEGIQUES DU DEVELOPPEMENT LOCAL 2

    2.1 L'accés aux services sociaux de base 2

    2.2 Le développement économique local et la question du genre 2

    CHAPITRE III : IMPACT DES ACTIVITES EN TERMES D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE 2

    3.1 Au niveau sectoriel 2

    3.2 Au niveau zonal 2

    3.3 Au niveau territorial 2

    CONCLUSION GENERALE 2

    BIBLIOGRAPHIE 2

    Glossaire 2

    Liste des cartes 2

    Liste des photos 2

    Liste des figures 2

    Annexes 2

    ACRONYMES

    ACDI : Agence Canadienne de Développement International

    ACI : Africa Consultants International

    ADEMAS : Agence pour le Développement du Marketing Social

    AGETIP : Agence d'Exécution des Travaux d'Intérêt Publics

    AGR : Activités Génératrices de Revenus

    AIDSCAP: AIDS Control and Prévention Project

    AJED: Association des Jeunes pour l'Education et le Développement

    AJWS: American Jewish World Server

    AJYPROS : Association des Jeunes de Yeumbeul pour la Promotion Sociale

    ANBEP : Association Nationale pour le Bien Etre de la Population

    ANCS : Alliance Nationale de Lutte Contre le SIDA

    ASDY : Association pour le Sport et le Développement de Yeumbeul

    BM : Banque Mondiale

    CA : Commune d'Arrondissement

    CAMCUD : Coordination des Associations et de Mouvements Associatifs de la Communauté Urbaine de Dakar

    CCGN : Centre Culturel Gallé Nanondiral

    CNLS : Comité National de Lutte Contre le SIDA

    COCADY : Comité de Coordination des Actions pour le Développement de Yeumbeul

    CRDI : Centre de Recherche pour le Développement International

    DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté

    DSQ : Développement Social de Quartier

    ENDA : Environnement et Développement du Tiers-Monde,

    EVF : Education à la Vie Familiale

    GIE : Groupement d'Intérêt Economique

    GPF : Groupement de Promotion Féminine

    IST : Infection Sexuelle Transmissible

    MST : Maladie Sexuellement Transmissible

    OCB : Organisation Communautaire de Base

    OMS : Organisation Mondiale de la Santé

    ONAS : Office Nationale d'Assainissement du Sénégal

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    PADAEC : Projet d'Appui aux Quartiers pour l'Amélioration du Cadre de Vie

    PADELU : Programme d'Appui au Développement Local Urbain

    PAQPUD : Projet d'Assainissement autonome des Quartiers Périurbain de Dakar

    PNUD : Programme des Nations Unis pour le Développement

    PROGEP : Projet de Gestion des Eaux Pluviales

    PVVIH: Personne Vivant avec le VIH

    SAED : Société d'Aménagement des Eaux du Delta et de la Falémé

    SDID : Société de Développement International Desjardins

    SIAS: Société Industrielle d'Aménagement du Sénégal

    SIDA : Syndrome Immuno Déficience Acquise

    SONEES: Société Nationale d'Exploitation des Eaux du Sénégal

    UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

    VIH : Virus Immuno-déficience Humaine

    AVANT PROPOS

    Ce stage présente en nous une importance capitale et se situe à un triple niveau : personnel, professionnel et scientifique. D'abord au plan personnel, le nombre sans cesse croissant des associations et le bon ancrage de la culture associative, ont poussé ma curiosité intellectuelle à s'interroger sur l'impact de ces regroupements sur le développement économique et social du Sénégal. Aussi, vu la rareté des ressources, l'Etat à lui seul ne peut subvenir à l'épanouissement de ses citoyens. Pour cela, il se fait aider naturellement par d'autres acteurs au développement dont les associations. Ce soutien loin d'être une panacée ou un satisfecit, nous interpelle à réfléchir réellement sur le rôle et la place des associations dans les politiques publiques du pays.

    Ensuite, au plan professionnel, nous avons jugé utile d'entamer un début de réflexion autour de la gestion axée sur les résultats dans les organisations. Tout développement suppose un choix judicieux d'outils de planification. Notre ambition est de rendre plus performante et visible l'action des associations sur le terrain par un management opérationnel et stratégique. Cela passe par l'élaboration de meilleurs outils de gestion. Nous demeurons convaincus que grâce au dynamisme et aux génies des associations, les conditions de vies des populations peuvent s'améliorer considérablement.

    Après, au plan scientifique, ce modeste travail peut contribuer à enrichir les écrits sur la vie associative. Notamment à travers un cas spécifique d'associations (en l'occurrence ANBEP) dont l'objectif est de dégager le plus possible la contribution réelle de celle-ci au développement du pays.

    Enfin, ce travail est rendu possible grâce à l'appui de l'Agence Universitaire de la Francophonie pour nous avoir permis de bénéficier d'une bonne formation (allocation d'étude) et d'un plateau technique adéquat. Nous l'adressons nos sincères remerciements. Nous remercions également l'ensemble du corps professoral du Master Aménagement et Gouvernance dans les Pays des Suds pour leur disponibilité et support pendant la durée de la formation et principalement à Monsieur Alexandre Moine pour avoir dirigé ce travail comme tuteur universitaire. Ses suggestions, observations et critiques ont été déterminantes.

    Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude aux membres de l'Association Nationale pour le Bien Etre de la Population (ANBEP) qui ont contribué à l'aboutissement de ce travail, en l'occurrence mon tuteur professionnel Adama Watt et le président de cette structure Alpha Ibrahima Ndiaye. Nos remerciements s'adressent également à tous ceux qui de prés ou de loin ont contribué à la réussite ce stage.

    INTRODUCTION GENERALE

    Le mouvement associatif sénégalais souvent assimilé à la société civile, a connu plusieurs étapes dans son évolution. D'abord faible vers les années 1900, il se limitait aux quatre communes (Gorée et Saint Louis en 1872, Rufisque en 1880 et Dakar en 1887) dont les habitants jouissant d'une citoyenneté française, avaient le droit et la liberté de se constituer en associations. Il faut attendre la généralisation de la citoyenneté, après la seconde Guerre Mondiale, pour assister à un foisonnement du tissu associatif à connotation religieuse, ethnique ou culturelle. Au lendemain des indépendances et après la crise politique de 1962 qui inaugure l'ère du parti unique, le mouvement associatif fut placé sous la tutelle de l'Etat dans le cadre de la mise en oeuvre de l'animation rurale (à travers la création de Centre d'Expansion Rural Polyvalent devenu Centre d'Appui au Développement Local aujourd'hui).

    Au début des années 1970, la vie associative se « libéralise » et on voit émerger des associations autonomes par rapport au pouvoir politique et administratif. Mais ce mouvement va s'intensifier surtout à la fin des années 1980 où l'on va assister à une multiplication de leur nombre.

    L'explosion des mouvements associatifs urbains au Sénégal est en relation étroite avec l'évolution du contexte national pendant la crise multiforme des années 1990. Trois facteurs pourraient expliquer ce phénomène :

    - la crise économique poussant le désengagement de l'Etat confronté aux rigueurs de l'ajustement structurel et des conditionnalités des institutions financières internationales. Elle conduit à une récession persistante et sévère qui gonfle les flux de l'exode rural, intensifie une urbanisation artificielle et transfère la pauvreté des campagnes vers les villes dont la détérioration des conditions de vie du plus grand nombre jette le discrédit sur l'État ;

    - les exigences de « bonne gouvernance » marquent l'intervention directe des bailleurs de fonds au profit de programmes de lutte contre la pauvreté qui ciblent les populations au niveau de leurs territoires amenant une véritable transition politique. Au Sénégal, il a coïncidé avec le paroxysme du mouvement politique1(*) « Sopi », qui réclamait le changement. Les jeunes avaient été les plus séduits par cet appel à un ordre nouveau. La vague Set-Sétal2(*) (nettoyage) a été un moyen d'expression de leur détermination et de leur aptitude au changement.

    - Le processus de décentralisation (la transformation des communes en collectivités locales en 1990) renforce les opportunités de participation populaire au développement national et local. Ainsi, la liberté d'expression donnée aux citoyens, s'accompagne de la liberté d'association, d'une plus grande attention est accordée à l'utilisation des ressources destinées aux acteurs sociaux.

    Ces paramètres apparaissent rétrospectivement comme des catalyseurs ou des accélérateurs des dynamiques associatives. Si les domaines de souveraineté sont exclusivement du ressort de l'Etat, les secteurs socio économiques sont pris en charge de façon complémentaire par les collectivités territoriales, les organisations non gouvernementales (ONG), les associations et le secteur privé. L'Etat accorde ainsi des espaces de liberté aux citoyens afin qu'ils participent de façon responsable aux transformations socio - économiques du pays. Que ce soit de façon formelle ou non, bien structuré ou non, les initiatives à la base ont connu un boom spectaculaire qui témoigne de l'intérêt de la population à s'investir dans l'action associative.

    En fonction de la forme juridique, du champ géographique, de l'importance et de la finalité des mouvements populaires, une typologie de structures se dessine dans la banlieue : les groupements de promotion féminine (GPF), les fédérations de groupements, les groupements d'intérêt économique (GIE), les coopératives, les organisations communautaires de base (OCB), les organisations non gouvernementales (ONG), les « groupes de... (Prière, lecture...) », les tontines (mbotayes), les « communautés de... », les associations religieuses musulmanes (les dahiras) ...

    Les associations, mettant en commun des énergies (investissement personnel) et des ressources (créativité, savoir-faire, biens matériels), visent à produire des réponses aux besoins précis de communautés. Elles sont apparues comme des opportunités pour prendre en charge les problèmes de survie et d'accès au mieux être.

    Cette dynamique associative est réelle dans les quartiers comme Yeumbeul (banlieue situé dans le département de Pikine, la région de Dakar) où 80% des ménages ne bénéficient pas d'un réseau d'alimentation moderne en eau potable guidé par la question de la prise en charge de la demande sociale des jeunes.

    Cette localité a connu un développement démographique fulgurant dans les années 1990 et atteint aujourd'hui 120 000 habitants. Elle est confrontée à des problèmes tels que :

    - une pauvreté profonde en l'absence d'activités génératrices de ressources de survie, le chômage y est généralisé. Les maigres ressources proviennent de l'économie informelle ;

    - une pression démographique très forte sur un espace restreint et sous-équipé ;

    - une urbanisation spontanée avec comme corollaire une carence d'infrastructures socio-économiques et de services sociaux de base comme : eau potable, assainissement, écoles, santé ...

    Face à l'incapacité du pouvoir politique à prendre en charge les services publics et les besoins sociaux, les populations s'organisent pour donner une réponse collective à ces problèmes. A Yeumbeul, ce sont ainsi plus de cinq associations3(*) qui sont créées dans les années 1990 (cf. Carte 1) : l'Association Nationale pour le Bien-Etre de la Population (ANBEP) fondée en 1991, l'Association des Jeunes de Yeumbeul pour la Promotion Sociale (AJYPROS), en 1994, l'Association pour le Sport et le Développement de Yeumbeul (ASDY), en 1996, le Comité de Coordination des Actions pour le Développement de Yeumbeul (COCADY), en 1997.

    Carte 1 : Les territoires d'action des associations de développement à Yeumbeul à la fin des années1990

    Source : Olivier Legros, 2007 modifié par Wane 2013

    De plus prés, l'Association Nationale pour le Bien-être de la Populations (ANBEP), créée en 1991 à l'initiative des notables et des jeunes, tente à bras le corps de répondre aux besoins exprimés par les populations sur l'assainissement des quartiers, l'adduction d'eau, la faible planification familiale, la faible scolarisation, les revenus familiaux insuffisants, la mortalité infantile, l'abandon des enfants, la drogue, la prostitution, la mendicité, le vol, le chômage, l'insalubrité ...

    L'ANBEP a pu attirer des bailleurs de fond et activer les ressources locales pour réaliser ces programmes. Sa stratégie est fondée sur la proximité alliant conférences, débats, théâtre populaire, projections de films, causeries, formation de relais communautaires... Elle a cerné la banlieue

    Dakaroise avant de décentraliser ses activités sur les départements de Kanel et de Mbacké, touchant près de 15 000 personnes.

    Cette association toujours prés du terrain se caractérise par sa capacité à réunir des individus pour mettre en commun leurs connaissances et leurs talents, afin de réaliser un projet commun qui est d'une part l'une des démarches du développement local et d'autre part englobe aussi des aspects sociaux, culturels et environnementaux. Sous l'angle des politiques d'aménagement du territoire, les acteurs locaux interviennent dans la gestion de la complexité institutionnelle4(*), mais aussi celle du dysfonctionnement des divers niveaux et organismes d'interventions.

    D'une manière plus large, l'implication des mouvements associatifs apparaît, de nos jours, comme une donnée essentielle de la décentralisation. Une meilleure implication des organisations de base, dans les débats d'intérêt local et dans les prises de décision, est un gage de succès et permet aussi l'instauration d'un esprit de partenariat entre les différents acteurs. La décentralisation favorise le développement local qui est un sujet très proche des associations. Non seulement parce qu'elles sont concrètement impliquées dans la réalisation des projets de développement local là où ils existent. Mais aussi parce que la démarche du développement local correspond parfaitement à la vision des associations c'est-à-dire la capacité à réunir des individus pour mettre en commun leurs connaissances et leurs talents, afin de réaliser un projet collectif dans un autre but que de partager des bénéfices. Les visions de la politique nationale de développement épousent ces contours que l'association nationale pour le bien être de la population concrétise sur le terrain.

    Pour rédiger ce rapport, nous avons participé aux activités sur le terrain dans les différentes zones d'interventions de l'association. La lecture de cette configuration spatiale laisse entrevoir des formes de partenariats, des jeux d'alliances et de pouvoirs entre les différents acteurs qui interviennent dans les programmes. Nous avons eu recours à l'approche systémique pour identifier les systèmes d'acteurs et leurs jeux multiples afin d'expliquer et de comprendre les observations.

    La cartographie des activités et des réalisations ainsi que la mise en place d'indicateurs d'impacts sont une étape de vérification que cette association s'inscrit dans la dynamique du développement local au Sénégal. Ces différents éléments débouchent à ce rapport présenté en deux grandes parties.

    La première est relative au cadre du stage qui comprend trois points : d'abord la présentation générale de l'ANBEP, ensuite les caractéristiques du stage après le cadre de référence.

    La deuxième partie développe les résultats de l'étude et est scindée en trois chapitres : le premier traite le système d'acteurs et de gouvernance locale, le second l'impact des activités de l'association en termes de développement local et le dernier l'impact des activités en rapport à l'aménagement du territoire.

    CADRE DU STAGE

    CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE DE L'ANBEP

    L'Association Nationale pour le Bien Etre de la Population est localisée dans la région de Dakar, dans le département de Pikine et la commune d'arrondissement de Yeumbeul Sud (carte 2). Pour étudier cette structure, il est nécessaire d'expliquer sa stratification et le cadre de déroulement du stage.

    Carte 2 : Situation de l'ANBEP

    Source : base de données DGTC, Wane 2013

    1.1 LA STRUCTURE DE L'ANBEP

    A la faveur des difficultés nées des politiques d'ajustement structurel et du manque de réponses appropriées de la part des pouvoirs publics, cette mobilisation a donné naissance à une dynamique d'auto-prise en charge s'exprimant, par la naissance des associations. La crise de l'emploi, qui frappe le Sénégal dont 60 % de la population a moins de 20 ans, a poussé ces associations à développer des stratégies de survie. C'est ainsi qu'on assistera à leur transmutation en groupements d'intérêt économique dont la création fut autorisée par une loi datant de 19845(*).

    Ces quartiers sont devenus le centre de la pauvreté et de ses corollaires car la majeure partie de la population est occupée dans les activités de revenus faibles. Partant d'un territoire bien défini où les habitants à travers les difficultés vécues ensemble décident de solutionner leurs problèmes, l'ANBEP suscite un intérêt particulier dans la banlieue.

    Elle a vu le jour le 27 janvier 1991 à l'initiative de 19 notables et de quelques jeunes qui ont perçu les problèmes que rencontrent ces populations (accès à l'eau potable, assainissement, éducation, santé ....), et a provoqué l'union des bonnes volontés dans les différents sous-quartiers pour promouvoir des actions communautaires basées sur la solidarité.

    L'ANBEP, afin de contribuer à l'amélioration des conditions de vie de ces populations a provoqué une solidarité collective dans les différents quartiers pour promouvoir des actions communautaires.

    D'où la nécessité d'étudier l'organigramme de cette structure, les différentes commissions qui la composent et les moyens dont elle dispose.

    1.2 L'ORGANIGRAMME DE L'ANBEP

    En remplissant la mission d'aider la population à parvenir à son bien-être pour oeuvrer à son épanouissement et son développement, le fonctionnement de cette association repose sur deux organes (figure 1) : l'organe de contrôle et l'organe exécutif.

    L'organe de contrôle est composé de l'assemblée générale, le conseil d'administration et le conseil des sages. L'assemblée générale est ouverte à toute personne ayant sa carte de membre, aux leaders d'associations et aux conseillers. Elle est souveraine, élabore des statuts et règlements intérieurs, adopte le plan d'action et élit les membres du conseil d'administration. Elle a un droit de regard sur la gestion tous les deux mois.

    Le conseil d'administration est constitué de 33 membres élus par l'assemblée générale pour deux années renouvelable aux 2/3 sortants. Ce conseil élit en son sein le bureau exécutif et les commissions. Le conseil des sages a pour mission de veiller au respect des différentes règles et règlements. Il est constitutif de l'assemblée générale et supervise le conseil d'administration. Les acteurs de l'organe de contrôle jouent un rôle d'interface entre les populations et l'organe exécutif. Ils sont moins influents dans l'orientation de l'association en raison d'un renouvellement des instances qui tarde à se dérouler et de leur manque d'outil de contrôle.

    L'organe exécutif repose sur celui d'orientation et de gestion qui est élu pour deux années (on y retrouve le président de l'association, deux vices présidents dont une femme, un secrétaire général et deux adjoints, une trésorière et son adjoint).On y repère également l'organe de fonctionnement composé par les responsables de programme qui demeurent le moteur même de cette association.

    PARTENAIRE AU DEVELOPPEMENT

    (Bailleurs de fonds et Collectivités locales)

    Figure 1: Les relations horizontales entre les différents acteurs de l'association

    Organe Exécutif

    Organe de Contrôle

    Programmes

    Organe de fonctionnement

    Organe d'orientation et de gestion

    Président et deux vices présidents dont une femme

    Responsable Santé

    210 relais communautaires sur SIDA/MST, 2 relais en Education à la Vie Familiale

    Responsable Economie

    4 agents d'administration et de gestion, 37 groupements de promotion féminine

    Responsable Environnement

    4 animateurs de quartiers et des relais pour l'assainissement, les chefs de quartiers

    Responsable Education

    5 Moniteurs des collectivités éducatives, 2 agent d'alphabétisation fonctionnelle, centre communauté

    Assemblée Générale

    Trésorier et Adjoint

    Secrétaire Générale et Adjoint

    Conseil des Sages

    Conseil d'Administration

    Moyens matériels

    Relais communautaires

    Centre de santé

    GIE et GPF

    Ecole communautaire

    Légende

    Liens faibles

    Liens intenses

    1.3 LES DIFFERENTS PROGRAMMES

    Tout le poids de l'association repose sur les programmes créés en fonction de quatre grands volets : l'éducation, l'environnement, la santé et l'insertion socioéconomique des femmes membres des groupements locaux de promotion féminine.

    - Le programme éducation 

    Son fonctionnement repose sur la création d'un centre communautaire d'éducation et de formation destiné aux enfants et aux jeunes de Yeumbeul dont les parents ne possèdent pas de ressources suffisantes. Ce centre dispose d'une bibliothèque communautaire et d'un centre de documentation pour répondre aux besoins d'éducation des habitants. Les acteurs qui sont chargés du bon fonctionnement de ce volet sont au premier chef le responsable éducation (directeur de l'école), deux moniteurs des collectivités éducatives et un agent d'alphabétisation fonctionnelle.

    - Le programme environnement 

    Cette commission trouve son sens dans la réalisation d'ouvrages d'assainissement à Yeumbeul ainsi que des campagnes ambulantes pour promouvoir les règles d'hygiène, Yeumbeul étant marqué par la prolifération des maladies liées à l'eau et au paludisme. Elle a pour objectif principal l'amélioration du cadre de vie.

    - Le programme santé

    C'est le maillon le plus fort de cette association car bénéficiant la quasi totalité des financements de la part des bailleurs de fonds grâce aux programmes de prise en charge des personnes vivantes avec le VIH, le programme annuel de prévention sur le VIH/SIDA et les IST, sur l'hygiène et l'environnement (formation, sensibilisation). L'ambition de cette commission est concrétisée par la naissance d'une case de santé communautaire à Yeumbeul.

    - Le programme insertion socioéconomique 

    L'ANBEP excelle également dans les activités génératrices de revenus (AGR) au niveau communautaire. Cette commission coordonne d'une part le maraîchage intégrant des activités de prévention incitant les populations au dépistage volontaire à Matam et d'autre part le fonctionnement d'une unité de fabrique de savon à Yeumbeul. La mise en place d'un fond de crédit d'épargne a permis également de financer des activités de teinture et de transformations des céréales locales.

    1.4 LES MOYENS TECHNIQUES

    Les moyens techniques de l'ANBEP sont essentiellement composés par les ressources humaines, les ressources matériels et les partenaires au développement.

    - Les ressources humaines

    Elles sont composées de : cinq moniteurs des collectivités éducatives, quatre animateurs de quartiers, 210 animateurs relais sur le SIDA (60 dans la région de Dakar, 120 à Matam et 30 à Touba), deux jeunes relais en EVF (Education à la Vie Familiale), un régisseur de théâtre pour les enfants, quatre jeunes formés pour l'administration et la gestion de l'association, un jeune formé en alphabétisation fonctionnelle, des groupements féminins composé entre 45 et 50 femmes (on a 37 groupements de femmes : 19 dans le département de Pikine, 2 à Mbour, 2 à Tivaoune et 14 dans la région de Matam), 22 cellules dont 19 dans le département de Pikine et 3 à Rufisque (chaque cellule est composée de 60 à 80 membres).

    - Les ressources matérielles

    Elles sont constituées par : un centre communautaire d'éducation, d'information et de formation, une case de santé, une structure de fabrication de savon, les groupements de promotion féminine, de maraichage, de teinture et de transformation des céréales locales. Elles donnent un soubassement solide à l'association et sont le lieu d'expression des différents rapports entre les acteurs.

    - Les partenaires au développement 

    Pour ces multiples activités ANBEP a su développer un réseau de partenaires composés de services techniques de l'Etat, de municipalités, d'associations locales et d'organisations non gouvernementales. On peut citer : ENDA Santé, PNUD/life, ANCS, UNESCO, ACI, ENDA Ecopop, Fondation France, les enfants du Téranga, AJWS et Solidarité SIDA France. Ces partenaires au développement participent au financement des programmes.

    De forts liens existent entre le bureau et l'organe de fonctionnement, notamment le président et le trésorier qui veillent au bon fonctionnement des différents programmes qui alimentent les finances de l'association en même temps.

    Toutefois, de faibles rapports unissent l'organe de contrôle et l'organe exécutif lié au déficit de formation des membres et au manque de coordination des différentes cellules.

    Cette représentation des instances de l'association montre le fonctionnement de cette structure et tout le sens qu'elle porte à la banlieue. Elle devient le porte-parole des populations devant les autorités et effectue des travaux d'intérêts publics. À partir de la réalité, elle s'auto-attribue des responsabilités, invente, prend des initiatives et cherche des partenaires.

    CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES DU STAGE

    Grâce aux instruments juridiques et règlementaires favorables, des milliers d'associations se créent ou s'établissent au Sénégal chaque année. Cet environnement propice s'est renforcé avec le processus de décentralisation qui prône une concertation étroite et permanente entre tous les acteurs du territoire. Ce qui nécessite d'illustrer le contexte du stage, les activités réalisées ainsi que les contraintes.

    2.1 LE CONTEXTE DU STAGE

    ANBEP se localise dans la banlieue informelle de Dakar, là où on retrouve aujourd'hui les plus grandes concentrations de pauvreté au Sénégal. Actif dans de nombreux projets de développement solidaire et plus spécifiquement d'éducation, de sensibilisation, d'assainissement et d'activités génératrices de revenus, cette structure attache une importance toute particulière à la qualité pédagogique des activités proposées et à l'impact de celles-ci sur le public cible.

    Ce bilan des activités va permettre d'éclairer et de mettre en parallèle : les partenaires au développement coptés, les fonds et subventions reçus et les réalisations en retour.

    L'étude de l'impact spatial des activités de l'association depuis sa création en 1991 est une nécessité pour sa traduction en termes de développement local (renforcement de la décentralisation) et de sa participation au processus d'aménagement du territoire au Sénégal. Ce travail permettra également d'effectuer un diagnostic organisationnel et de préparer de prochaines échéances de renouvellement du bureau.

    2.2 LES MISSIONS DU STAGE

    Pour réaliser cette mission un certain nombre d'objectifs sont fixés dont le principal est d'assister le coordonnateur de l'ONG dans l'exécution des tâches administratives et de suivi opérationnel des programmes mis en oeuvre sur le terrain pour la rédaction d'un rapport sur l'impact des activités de la structure.

    D'une manière spécifique ce travail permet de :

    - vivre une expérience de travail en mettant en pratique les connaissances théoriques acquises dans le cadre de ce master et de participer au pilotage, suivi-évaluation de projets notamment par la mise en place d'indicateurs ;

    - S'impliquer dans la vie de l'association et à l'actualisation de ces données pour la production d'un rapport détaillé.

    CHAPITRE III : CADRE DE REFERENCE

    Ce travail s'est réalisé au siège social de ladite structure avec des sorties sur le terrain. On a adopté une méthodologie de recherche basée sur l'approche systémique qui a permis de faire une analyse approfondie des différents acteurs intervenants dans le développement local au Sénégal.

    Il s'agit d'analyser l'ensemble des forces qui interviennent dans l'association (membres, populations cibles, partenaires extérieurs et collectivités locales) qui forment un système complexe de faits interreliés dans la fabrication de ce territoire de projet. L'étude de ces éléments dans sa globalité permet de spécifier les niveaux d'analyse (échelle) et les actions d'aménagement. La production d'infrastructures et d'activités de développement ont marqué un emprunte dans la zone d'intervention de cette association qui est la résultante des choix et décisions des acteurs (collectivités locales et bailleurs de fonds) extérieurs au système.

    Ce diagnostic territorial est nécessaire pour organiser et structurer les informations relatives au territoire de l'association, les éléments indispensables à sa représentation et les types d'équipements réalisés.

    3.1 PROBLEMATIQUE

    La recherche de l'amélioration des conditions de vie des populations a toujours été la préoccupation majeure de tous les gouvernants. Malheureusement, nombre d'Etats des pays pauvres ne peuvent garantir des services collectifs efficaces et universels à leurs populations, ni financer d'importants investissements d'infrastructures pour assurer le développement. Depuis l'accession du Sénégal à l'indépendance, les différents gouvernements ont essayé à travers des outils de planification de résoudre cette équation du développement harmonieux. Malgré les multiples efforts fournis, les résultats obtenus sont largement en deçà des attentes. Les citoyens ont compris la nécessité de se regrouper, de s'unir, afin de construire durablement leur nation.

    L'association nationale pour le bien être de la population s'inscrit dans cette logique. Son atout majeur est lié au fait qu'elle est plus proche de la population. Etant l'émanation du peuple, elle remplit une mission d'utilité sociale, de relais, d'accompagnement, de substitution, de contre - pouvoir, de participation aux projets et programmes, bref, de développement local. Elle est alors à l'avant-garde de tous les combats qui sont menés en faveur des populations à la base.

    Pour mieux cerner les contours de cette problématique, les orientations suivantes sont élaborées.

    3.1.1 Contexte et justification de l'étude

    A l'image de toutes les grandes villes des pays Suds, Dakar est le lieu d'accueil des populations en situation difficile, territoires que l'on qualifie de quartiers en crise, lieux-refuge de populations rejetées par le reste de la ville. Les mécanismes de redistribution des richesses ont généré une ville à plusieurs vitesses à tous les points de vue (économique, social, politique et institutionnel...).

    L'habitat irrégulier s'est étendu dans la capitale suite à l'afflux de populations, aux déguerpissements et à la vente des terres par les propriétaires coutumiers. Les migrants venus à la recherche de meilleures conditions de vie, ne disposent pas d'une stabilité économique leur permettant d'être éligibles aux programmes immobiliers. C'est ainsi qu'ils se retournent vers les propriétaires qui ont commencé à parcelliser et à commercialiser des terres dont la majeure partie se trouvait dans des parties basses réservées à des exploitations agricoles. En témoigne cette fulgurante occupation de l'espace à Yeumbeul entre 1954 et 2003 (Carte 3).

    Carte 3: Occupation du sol de la zone de Yeumbeul en 1954 (a), en 1978 (b), et en 2003 (c)

    Source : Aminata DIOP, 2006, modifié par Wane 2013

    L'extension des zones d'habitations dans la région de Dakar a influencé négativement le cadre de vie des populations. Il est certes difficile d'analyser tous les problèmes mais certains d'entre eux sont directement et quotidiennement vécus par les populations : les problèmes liés aux inondations, à l'assainissement et à la gestion des ordures ménagères ainsi qu'à la santé des populations.

    Les pouvoirs politiques ont participé à la production de cet espace en mettant à la disposition des populations des équipements de base (l'eau, l'électricité, l'extension de la route, la poste de santé etc.) pour bénéficier leurs suffrages lors des élections municipales ou présidentielles.

    Cependant à partir des années 1980, la défection de l'Etat dans la prise en charge de la demande sociale a eu des incidences négatives sur les conditions de vie. Le désengagement progressif de l'Etat a coïncidé avec une réorientation de l'aide internationale dont trois nouvelles règles ont été appliquées avec insistance dans les actions de lutte contre la pauvreté, favorable à l'émergence des associations.

    D'une part, la principale stratégie faisait son cheval de bataille de la réponse à des requêtes émanant du milieu associatif et du milieu communautaire  et, si possible, de « groupes déjà organisés ». L'accès aux financements de nombreuses institutions de développement, est largement conditionné par l'appartenance à des associations, lesquelles ont comme point commun d'être des organisations reconnues par les pouvoirs publics. L'ANBEP est à mettre dans le foisonnement des associations nait à cette période. Suite au retrait de l'Etat6(*), elle a joué un rôle alternatif en essayant de prendre en charge les préoccupations des populations.

    L'école communautaire ANBEP a émergé dans le contexte de la dégradation des conditions scolaires7(*) dans la banlieue Dakaroise (la classe à double flux, la classe multigrade, diminution des subventions destinées au cycle moyen, secondaire et universitaire, avec en contrepartie l'augmentation des frais d'inscription).

    Sur le plan sanitaire, ANBEP s'est développé dans le cadre de l'absence de système de collecte des ordures ménagères qui plonge la banlieue dans un état d'insalubrité désolant. La prolifération des maladies sexuellement transmissibles et le SIDA constituaient également un tabou dans ce milieu (l'association a brisé le silence autour de ces maladies honteuses). Le diagnostic de la situation médicale de la ville de Pikine a conduit au développement des activités de sensibilisation, de formation et même la décentralisation de certaines d'entre elles à l'intérieur du pays dans la région de Matam.

    D'autre part, la deuxième règle est la gouvernance. Nouveau principe de structuration de l'action publique dans les pays en développement comme dans les pays développés (Gaudin, 2002), la gouvernance implique l'instauration d'espaces de concertation réunissant élus locaux et représentants de la société civile8(*). Le quartier s'est révélé ainsi un cadre favorable à l'émergence d'une démocratie participative9(*) . Le mouvement associatif sert de trait d'union entre les résidents des quartiers comme lieu de discussion et de gestion des problèmes du territoire. ANBEP a su associer aux groupements de femmes et aux cercles de sages, les jeunes. C'est grâce à cette entente, que la zone de Yeumbeul, précisément le quartier Houdalaye a eu à bénéficier de certains services urbains essentiels.

    La troisième règle est relative à la contractualisation de l'action publique qui fait que la gestion d'équipements comme les bornes-fontaines revient à des comités de quartier (GIE, ASC etc.), lesquels sont liés aux financiers de l'équipement par un contrat d'exploitation ou de concession.

    Cette réponse est porteuse d'alternatives car elle vise la transformation du milieu de vie qu'est le quartier. La vie de quartier se transformant en une culture entrepreneuriale, a créé une solidarité de génération qui s'est révélée plus solide que tout autre lien social. Les initiatives menées au niveau local ont pu bénéficier d'une reconnaissance de la part des autorités municipales qui pourtant voyaient en elles de potentiels concurrents au départ. Notre thème de stage « Analyse de l'impact des activités de l'Association Nationale pour le Bien Etre de la Population (ANBEP) dans la dynamique du développement local au Sénégal » trouve son intérêt dans ce contexte global de promotion des initiatives locales comme facteur de développement. Cette association est un cadre favorable pour mener cette étude, de part l'étendue de ses activités, les secteurs touchés et les populations impactées. A travers un réseau d'acteur constitué, elle a responsabilisé les populations, décloisonné l'espace local et joué un rôle dans la promotion et la réalisation du développement local. Il s'agit donc de comprendre le rôle joué par l'ANBEP à l'échelle locale en termes d'organisation et d'aménagement de l'espace, d'offre de service, de médiation entre les populations et les institutions, etc.

    3.1.2 Position du problème

    Caractérisées par sa grande flexibilité, ANBEP a su diversifier ses interventions en fonction de la demande sociale. On peut retrouver cet état des faits à travers les groupements de promotion féminine à objectif commercial qui, devant l'ampleur de la saleté dans les quartiers, mobilisent les habitants pour un investissement humain. Les jeunes face à la montée des braquages se sont rapidement transformés en veilleurs de nuit pour faire face à l'insécurité (le bras armé du quartier) ou en manoeuvres pour construire un édifice d'intérêt public (mosquée, école du quartier, etc.) ou évacuer les eaux stagnantes sans contrepartie financière.

    Il est donc nécessaire de s'interroger sur l'existence, l'importance et le regain de la vie associative autour de ces paramètres : comment cette association contribue-elle au développement socio - économique du pays ? Quel est l'impact de cette contribution sur les conditions de vie des populations et sur le développement local ? Comment est-on arrivé à ce que cette association urbaine devient aujourd'hui un acteur de premier plan dans la « fabrication » des identités urbaines et locales10(*), dans la gestion des quartiers ?

    Ce regard critique, nous permettra d'évaluer d'une manière spécifique l'impact spatial des associations de façon globale par rapport à leur raison d'être, à leur mission qui est de participer au développement du pays.

    Pour mieux aborder ce problème, il est important de définir le sens que nous octroyons aux concepts utilisés.

    3.1.3 Analyse conceptuelle et théorique

    Pour mieux cerner les contours de ce travail, il nous a paru nécessaire de définir les concepts clés ci-après et de faire des analyses de chacun d'eux en vue de préciser le sens que nous leur accordons. Que signifie l'impact ? Qu'est-ce qu'une association ? Quelle signification conférons-nous à la dynamique et au développement local ?

    Dans le dictionnaire universel (page 595) l'impact est défini comme un effet produit, une influence sur l'opinion par un événement. Le mot « impact » vient du latin « impactus », du participe passé de « implique », signifiant heurté. Selon l'encyclopédie libre wikipédia, dans les sciences de l'environnement, l'impact environnemental désigne l'ensemble des modifications qualitatives, quantitatives et fonctionnelles de l'environnement (négatives et positives) engendrées par un projet, un processus ou un procédé.

    Dans les sciences sociales notamment en gestion des projets, les impacts sont décrits comme la combinaison des résultats (changement produit directement par l'action en fonction des objectifs du départ) et des effets (incidences directes et indirectes de l'action sur le milieu). Le temps joue également un rôle important dans l'analyse d'impact. Ici, l'échelle temporelle est prise sur une période de 20 ans. D'une manière plus pratique, on inclut dans le cadre de ce travail tous les changements significatifs dus aux projets où ce qui en restera. Autrement dit, l'ensemble des changements significatifs, durables, positifs et négatifs, prévus et imprévus sur les personnes, les groupes et leur environnement ayant un lien de causalité avec l'action. La réalisation des projets a donc entraîné une modification, c'est-à-dire une perturbation du système par rapport à l'état initial dont il faut rendre compte.

    En ce qui concerne le mot association, étymologiquement il vient du latin associare qui signifie compagnon. C'est l'action d'associer, de s'unir. C'est le fait de réunir, d'unir, de joindre, d'assembler, de grouper.

    Aux origines, les hommes et les femmes ont toujours eu besoin de s'associer. C'est pourquoi, on retrouvait en Egypte à l'époque de la construction des pyramides, des structures qu'on peut considérer comme les ancêtres des associations de secours mutuel.

    De même, la vie économique et politique du Moyen Age a largement reposé sur des formes d'organisation à caractère associatif (communes, confréries, monastères, corporations,...) 
    L'article 1er de la loi française du 1er juillet 1901 définit l'association comme la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices.

    Il ressort d'une manière générale qu'une association est un regroupement volontaire et idéalement affinitaire d'au moins deux personnes qui décident de mettre en commun des moyens afin de poursuivre un but commun sans qu'il y ait enrichissement personnel et sans chercher à réaliser des bénéfices au profit des membres.

    Plusieurs définitions ont été données pour caractériser le monde associatif. Pour la Commission Européenne11(*): « À la base, une association est tout simplement un groupe de personnes réunies en vue d'atteindre un but quelconque ». Pour le Petit Larousse12(*) illustré : « L'association est un groupement de personnes réunies dans un intérêt commun, différent de la poursuite de bénéfices ».

    Par principe toute association naît d'un besoin. Celui-ci peut être de nature différente. Il est le moteur de la volonté de quelques-uns de faire naître une association. Au Sénégal quatre éléments caractérisent une association :

    - La forme juridique : toute association est soumise à une déclaration préalable consistant pour les fondateurs à déposer, dès la constitution de l'association, deux exemplaires des statuts au Ministère de l'Intérieur qui après vérification délivre un récépissé dépôt. L'ANBEP est reconnue comme association sous le numéro 06458 du M. Int du 24 Octobre 1991. De par son rayonnement plus large et la nature de ses activités, elle est considérée comme poursuivant un but d'intérêt général (utilité publique), au bénéfice de tous et de ce fait tirant parti des subventions publiques c'est-à-dire des aides du gouvernement, des dons et legs provenant de toutes personnes. D'ailleurs, elle s'est transformée en ONG (sous l'agrément d'ONG n° 003616) depuis le 31 Mai 2003 sous l'autorité du Ministère de la Famille, de la Solidarité Nationale, de l'Entreprenariat Féminin et de la Micro Finance.

    - Le champ géographique est relatif à la zone ou au domaine d'intervention de l'association. Certaines associations ont une vocation strictement locale, à l'échelle de la commune, d'un quartier, voire d'une institution.

    - Pour la finalité, on peut avoir des associations sportives, de culture au sens large, d'éducation et de formation, de défense d'idées, d'intérêts, de solidarité et d'action sociale.

    - L'importance peut s'évaluer de plusieurs manières : le nombre de membres, le rythme des activités, le public drainé par ces dernières, le volume des ressources humaines et financières, l'infrastructure, la médiatisation ... C'est donc une notion très relative.

    En ce qui concerne la dynamique, elle est définit selon Salimata Wade13(*) comme « une initiative de développement qui s'opère dans le temps, dans un espace donné, et qui se caractérise par l'existence d'une motivation (d'ordre social, politique, économique) ». Dans un cadre plus large, nous intégrons dans la dynamique l'existence d'au moins une action, l'intervention d'un ou plusieurs acteurs avec des stratégies pour surmonter les difficultés et exploiter les opportunités. Nous y joignons, l'existence de résultats tangibles, susceptibles d'être reproduits, multipliés jusqu'à produire une évolution notable de l'environnement.

    Le développement local est un concept qui est au coeur des débats dans les pays des Suds et en Afrique en particulier depuis la fin du 20 siècle. Esquissé déjà dans la réforme foncière de 1964, ce concept est réapparu au Sénégal vers les années 1980 à la faveur de la loi sur la décentralisation de 1972.

    Il est formé de deux termes : « développement » et « local ». Le développement est une notion polysémique qui sur le plan théorique est toujours en construction (il est qualifié par certains d'utopie). Selon Brunet14(*): « le développement n'est pas et ne sera sans doute jamais une science exacte mais une délicate alchimie qui s'élabore et se transforme jour après jour dans ces nouveaux laboratoires de la société que sont les territoires ». En revanche, le local est un concept qui a été développé par les géographes pour exprimer une catégorie d'acteurs qui implique la notion de proximité, d'exercice des actes à une grande échelle (exemple le quartier). La notion de « local » recouvre un échelon infra-régional, qui selon les cas peut-être une ville, une zone rurale, une commune, un quartier. La notion de territoire, plus globale, permet de faire le lien entre différents espaces locaux, régionaux ou nationaux ainsi qu'entre les espaces ruraux ou urbains. En effet, le développement local a été défini par Jacqueline Mengin15(*) comme « une intervention structurée, organisée, à visée globale et continue dans un processus de changement des sociétés locales en proie à des déstructurations et des restructurations ».

    Le développement local, tout en répondant à un certain nombre de finalités, est fondé sur un ensemble de postulat notamment :

    - Il s'agit d'un processus ou d'une démarche et non un projet défini ou une simple procédure. C'est un type de réflexion concertée sur les problèmes locaux et sur les spécificités sociales ;

    - Il intervient dans un espace donné (un territoire construit) non pas administratif mais dans lequel les acteurs se retrouvent sur les bases de solidarité (lien entre les acteurs) et d'identité (les gens se connaissent et se reconnaissent dans cet espace et appartiennent à un même milieu territorial et culturel) ;

    - Il dépasse l'échelle communale, régionale..., qui était historiquement l'espace social de base. Le niveau local permet une meilleur identification des besoins et par là une plus grande souplesse, de capacité d'ajustement et de suivi. L'échelle d'intervention du développement local est ainsi un territoire de vie. La proximité et la connaissance du terrain facilitent la construction d'une confiance entre acteurs nécessaire à la concertation ;

    - Il se fonde sur un mode de gestion basé sur le partenariat entre la société civile et les autres acteurs du développement. Les pouvoirs publics vont jouer un rôle de régulateur et de facilitateur autorisant un partenariat public - privé ;

    - Il réunit une pluralité d'acteurs dont la gouvernance locale (jeu des acteurs) permet à chacun d'entre eux (entreprise, élus, associations, population) de faire valoir sa vision du problème ce qui amène une meilleure prise de décision et l'émergence d'un espace d'information et de discussion.

    Le développement local est ainsi une nouvelle forme de l'action publique basée sur le constat de dysfonctionnement. De ce fait, ce processus s'applique à tous les territoires en proie à une gestion de l'espace inexistant, défaillant ou encore inefficace. Au Sénégal, les villes et les campagnes cristallisent les dysfonctionnements et celles-ci sont soumises à une paupérisation aggravée par le manque de moyens financiers des pouvoirs publics. S'appuyant donc sur un important dynamisme des populations et surtout des associations, le développement local consisterait à définir une nouvelle gestion de l'espace permettant à terme, une réduction de la pauvreté et une amélioration des conditions de vie des habitants.

    Les zones d'interventions de l'ANBEP sont le lieu d'analyse et d'observation privilégié du phénomène. Le développement local s'apparente ici au développement à la base16(*) et se fonde sur deux constats importants :

    - Le premier concerne les politiques d'aménagement du territoire (logique d'Etat) mises en oeuvre pour corriger les grands déséquilibres géographiques et socio-économiques (logiques de marché) qui ont montré leurs limites. Le mode de gouvernance s'appuyant sur une organisation des volontés locales (logique de territoire) se trouve ainsi plus efficace ;

    - Le second est celle de l'échec des projets de développement n'impliquant pas et ne responsabilisant pas assez les populations bénéficiaires (ou les associations communautaires) notamment à cause d'un manque de moyens d'actions et de leur inadéquation par rapport aux besoins réels.

    Placé sous l'angle des associations, le développement local est un projet global d'animation du territoire et permet un renforcement des capacités d'agir des collectivités locales. Autrement dit, une démarche partant du bas et privilégiant les ressources endogènes. La pertinence en est que ce type de développement se délimite dans des territoires correspondant à un espace de solidarité, dans lequel les habitants ont une histoire commune (pauvreté, exclusion sociale, même identité culturelle...), à laquelle ils sont attachés individuellement et collectivement.

    3.2 METHODOLOGIE

    La méthodologie est une exigence pour tout travail car sans elle on ne peut prétendre à aucun résultat scientifique conséquent. Chemin faisant, nous avons adopté un processus permettant de recueillir des informations appropriées selon une démarche en trois phases. 

    3.2.1 La démarche de diagnostic

    Elle s'est réalisée selon trois phases : l'analyse des données primaires et secondaires, les sources tertiaires (interviews) et l'observation directe.

    Une des premières étapes du stage a consisté à faire un état de la question. Elle s'est résumée à la collecte et à la vérification des données disponibles relatives au développement local. Les sources consultées sont :

    - de types primaires (document officiels) ;

    - secondaires (articles, revues et livres) ;

    - et les données socio-économiques sur la zone d'intervention de l'association.

    Ce travail a permis de faire un état des lieux de l'ensemble des activités menées par l'association, d'analyser et de faire la synthèse des données pour l'identification et la mise en évidence des enjeux spécifiques liés au développement local.

    Ce procédé a revêtu une importance capitale dans notre démarche en orientant la conception méthodologique et la problématique des associations pour le développement local. Cette étape est complétée par la fréquentation des centres de documentation comme : la bibliothèque de l'école Nationale d'Economie Appliquée, de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, de l'UCAD, de l'Institut de Recherche pour le Développement et le CRDI. Nous avons aussi consulté des sites web d'organisme spécialisé sur la question.

    La seconde phase plus pratique s'est résumée d'une part à la participation aux activités de cette structure par :

    - l'appui à l'organisation, aux suivis quotidiens de réunions et de mission sur le terrain ;

    - la participation active aux tâches administratives et logistiques, la rédaction de comptes-rendus.

    D'autre part, nous avons réalisé des interviews vers les cibles pouvant détenir une réponse appropriée à nos préoccupations. Puisque le cadre d'étude est restreint et limité à l'aire d'intervention de l'ANBEP, nous n'avons pas effectué d'échantillonnage. Une étape préparatoire (le croisement des documents papiers et électroniques) a facilité le dialogue avec les acteurs locaux. En s'appuyant sur l'expérience vécue, les interviewés sont plus coopératifs et s'ouvrent plus à la discussion. L'enquête par entretien était une démarche pertinente, car elle est de nature un processus exploratoire. Alain Blanchet et Anne Gotman17(*) le soulignent, « l'entretien s'impose chaque fois que l'on ignore le monde de référence, ou que l'on ne veut pas décider à priori du système de cohérence interne des informations recherchées ».

    La dernière étape est consacrée à l'observation directe sur le terrain. Elle a permis de procéder à des vérifications et d'évaluer l'incidence des activités réalisées.

    Cette démarche de diagnostic territorial a intégré une dimension plurielle du territoire notamment :

    - la multiplicité des acteurs intervenants dans le territoire de l'association (pour appréhender systématiquement les relations entre le local et le global) ;

    - les relations entre les phénomènes (superposition des localités, des spécificités culturelles et territoriales) ;

    - la compréhension des acteurs en présence, leurs prérogatives formelles et informelles et la traduction spatiale de ces dernières ;

    - l'explication de cette organisation spatiale ;

    - l'identification et la compréhension des jeux d'acteurs qui sont en amont, leur position institutionnelle ou non, les ressources et contraintes qui leurs sont associés.

    3.2.2 Les informations collectées

    Pour analyser l'impact des activités et la participation des différents acteurs sur le développement local, les informations collectées sont en gros :

    - les données et indicateurs qui permettent de décrire l'organisation spatiale par une analyse multi-échelle ;

    - les temporalités et dates clés de l'association qui permettent d'interconnecter les processus et d'identifier les étapes essentielles au système territorial ;

    - les connaissances liées aux processus de décision et aux équilibres entre les acteurs qui placent les territoires en tension autour des organisations spatiales ;

    - les rapports d'activités et d'évaluations réalisées par les institutions chargées de l'exécution des projets ;

    - les entretiens effectués avec les personnes ressources ;

    - l'observation participante qui permet de saisir les acteurs sur le vif.

    3.2.3 Analyse et interprétation des données

    La méthode d'analyse par de l'observation des actions identifiées, les réseaux d'acteurs ou sociaux impliqués à la manière dont ils se l'approprient et transforment les projets en ressources économiques ou politiques. Cette analyse s'est effectuée selon une démarche déductive en partant du général vers le particulier. La grille d'analyse des entretiens exploratoires et la construction du cadre théorique ont fortement permis de dégager les grandes étapes de l'association et les stratégies mises en place. Nous avons utilisé les procédés de traitement du cycle de l'information. Les différentes données (phénomènes observables et matériaux bruts retenus) traitées et analysées ont servi à la production de ce rapport.

    En fonction des différents objectifs que nous nous sommes fixés, nous avons établi des indicateurs d'impacts18(*) (cf. tableau 1) pour évaluer les incidences des activités de l'ANBEP sur le terrain. La situation de référence est l'année de création de l'ANBEP qui se distingue par la raréfaction des infrastructures de bases dans la zone d'intervention de cette structure.

    Tableau1 : Indicateurs d'impacts

    Impacts

    Indicateurs

    Modalité d'analyse

    Source à mobiliser

    Impact social et sanitaire

    - Nombre d'activités volet environnement,

    - Action thématiques et outils utilisés

    - Nombre de relais communautaires formés

    - Nombre d'infrastructures d'amélioration du cadre de vie

    Extension des activités et pérennité du réseau des acteurs.

    Diminution de certaines maladies liées à l'hygiène.

    Comparaison des données sanitaires

    En interne : rapports annuels des activités de formation, information et sensibilisation, sur la gestion de l'environnement.

    En externe : entretiens avec les deux Infirmiers Chefs de Poste (ICP) de Yeumbeul

    Impact économique et financière

    - Nombre de AGR crée et de personnes employées

    - Nombre de caisse d'épargne crée

    - Nombre d'atelier de formation en économie

    Evaluation de la situation financière des personnes impliquées dans les activités économiques depuis la situation de référence.

    En interne : rapports annuels des AGR

    Impact technique et organisationnel

    - Nombre de formation des populations à la gestion, à l'entretien d'ouvrage

    - Nombre de comité de gestion crée

    Implication des services techniques

    En interne : rapport des ateliers de formation

    Implication dans la gouvernance locale

    - Publication des rapports mensuels, semestriels et annuels

    - Organisation de réunion, d'ateliers périodiques

    - Nombre de participants aux assemblées

    Evaluation des rencontres réunissant membres de l'association et membres de la collectivité locale

    Nature des subventions accordées à l'association

    En interne : participation aux rencontres de l'association

    En externe : évaluation des rapports des collectivités locales dans l'implication et l'appui aux OCB

    PRESENTATION DES RESULTATS

    CHAPITRE I : LE SYSTEME D'ACTEURS ET DE GOUVERNANCE LOCALE

    Se trouvant presque dans une situation d'abandon social, hors du soutien des institutions et de la reconnaissance de l'Etat, les populations de Yeumbeul ont pris connaissance de cette faiblesse et ont entreprit une dynamique spatiale qui part de l'existence de forces sociales organisées. Ce projet de territoire s'est effectué sur la base des réseaux de solidarité locale (familiaux, traditionnel et ou de voisinage) et constitue le principal rempart des habitants face aux aléas de l'existence. ANBEP demeure un point de départ dans la génération d'une dynamique de promotion de la culture démocratique et d'amélioration des conditions de vie. Dans ce rôle, elle est appuyée par un système d'acteurs ayant des rapports divers. Une gouvernance locale spécifique découle de ce jeu des acteurs.

    1.1 PRESENTATION DES ACTEURS ET LEURS FONCTIONS DANS LE DEVELOPPEMENT LOCAL

    Plusieurs acteurs interviennent dans les actions de développement local de Yeumbeul à différentes échelles. En fonction de leurs missions et de leurs spécificités, ils jouent divers rôles qui revêtent un caractère stratégique créant des interférences (doubles emplois et conflits). Il est nécessaire de distinguer ces différents acteurs appuyant l'ANBEP dans la dynamique spatiale afin de distinguer leurs prérogatives.

    1.1.1 Le système d'acteurs

    A chaque type d'activité, des acteurs spécifiques interviennent dans sa réalisation. D'une manière explicite, on peut les regrouper en trois catégories (ANBEP au niveau local ou micro, l'Etat et les bailleurs de fonds au niveau macro) en fonction de trois échelles : quartier, commune d'arrondissement et projet.

    - Echelle quartier : ANBEP et les délégués de quartiers

    Les acteurs que nous retrouvons à l'échelle du quartier sont d'abord l'association de développement locale ANBEP et les délégués de quartier. ANBEP joue un rôle de maitre d'oeuvre, elle a identifié les contraintes et les besoins de son territoire d'action. Elle met en place plusieurs projets tels que : ramassage des ordures, alimentation en eau, installation de puisards, formation en santé - hygiène, implication dans les actions de développement et d'amélioration des conditions de vie. Elle capte l'aide, mobilise et organise les habitants devant les institutions internationales au point d'ailleurs de vouloir s'assurer le monopole de la représentation locale. ANBEP coiffe les quartiers de sa zone d'intervention où l'on retrouve les délégués de quartier.

    Les fonctions de délégués de quartier sont régies par le décret n°86 - 761 du 30 juin 1986 relatif à l'organisation des communes en quartier et fixant leurs statuts. Les délégués de quartier sont mobilisés par les autorités administratives et municipales aux affaires relatives à l'hygiène et la salubrité publique ainsi que la sensibilisation et la mobilisation de la population pour combattre les calamités graves. Leurs pouvoirs se résument aux signatures des certificats de domicile, signatures des actes de vente, le recouvrement des impôts et le recensement des ménages. ANBEP et délégués de quartier ont comme principale cible la population notamment l'amélioration de leurs conditions de vie et la mise en place d'un dispositif organisationnel pour une prise en compte spécifique à chaque sous groupe de la population (jeunes, vieux, femmes et hommes).

    - Echelle communale : Sous préfet, Maire et services techniques

    A ce niveau, les acteurs qui interviennent directement dans les quartiers sont les organes déconcentrés en l'occurrence le sous préfet et les services techniques de même que le maire (organe décentralisé). L'année 1996 marque une étape décisive à l'échelle nationale par la subdivision des départements en arrondissement accompagnant la division de la Ville de Pikine en communes d'arrondissement pour un affinement de la maille administrative.

    A travers le sous préfet cette déconcentration vise à instituer des relais dans la zone périurbaine échappant à l'emprise de l'appareil administratif assez lointain parce que limité au niveau préfectoral (décret n°96 - 1117 du 27 Décembre 1996). Son rôle est le contrôle de légalité à postériori des actes municipaux. Les délégués de quartiers sont également nommés par arrêté du sous préfet.

    Né à la suite de gestion liée à la grande étendue des territoires communaux et à la croissance démographique, la Ville de Pikine est subdivisée en 16 communes d'arrondissement dont celle de Yeumbeul Nord et de Yeumbeul Sud érigées au sein même des quartiers non réglementaires. Le maire d'arrondissement assure la gouvernance locale à travers la gestion des marchés de quartier, les petits travaux d'assainissement et d'hygiènes, la participation à la collecte des ordures ménagères, l'entretien des équipements scolaires, sanitaires...

    Les maires et les délégués de quartiers constituent les premiers interlocuteurs institutionnels des citadins ordinaires, ce qui est primordial dans les quartiers mal lotis où les équipements comptent parmi les premières revendications des habitants.

    - Echelle projet : les partenaires au développement

    A ce stade, on retrouve les bailleurs de fonds (UNESCO, PNUD, Solidarité SIDA...) et les organisations non gouvernementales dont principalement ENDA ECOPOP et AJED. En gros, ces différents bailleurs de fonds ont la même approche fondée sur l'auto développement (appui sur les acteurs locaux, la gouvernance locale comme la solidarité locale). Ils encouragent la mobilisation locale, s'appuient sur les ressources réelles et la recherche - action. Ils mobilisent les actions concertées des administratives locales et des agents de développement.

    Figure 2: Cadre général d'intervention des acteurs

    ANBEP

    Représentant l'organisation des quartiers

    Echelle quartier

    AJED, Enda Ecopop

    ONG locale de développement

    ETAT

    Commune d'Arrondissement

    Sous préfet, Services techniques

    Echelle communale

    Echelle projet

    Partenaires au développement

    Organisations Internationales

    - UNESCO - PNUD

    Légende

    Lien intense

    Relation moins intense

    Cette figure (figure 2) illustre les principaux acteurs intervenant dans l'aire d'intervention d'ANBEP, de même que les liens entre les structures. Les institutions ont un rôle de régulation de la vie sociale que ne peuvent accomplir ni les associations de quartier, ni les ONG de développement. De même, les bailleurs de fonds et les ONG favorisent la recherche-action, élaborent, promeuvent des cadres et des modèles d'action pour le développement et la promotion d'une culture démocratique en milieu urbain. Ils coordonnent et financent les différents projets. Les ONG ENDA Ecopop et AJED jouent un rôle d'opérateur technique.

    1.1 2 Les types de relations entre acteurs

    La typologie des acteurs, les positions qu'ils occupent et les liens les mettant en relation sont divers. ANBEP est à l'origine de la dynamique territoriale de Yeumbeul autour des projets en particulier le projet PADAEC de l'UNESCO. Elle présente des potentialités que tous les bailleurs de fonds ont besoin pour entamer des actions : le diagnostic socio-économique de Yeumbeul et la mise en place d'un plan d'actions pour le développement de la banlieue. Elle joue un rôle d'animateur des projets par la sensibilisation des populations cibles. Elle est ainsi un intermédiaire entre les ONG chargé de la maitrise d'oeuvre et la population bénéficiaire. Même si la commune d'arrondissement est au-dessus de cette association officiellement (élus locaux), les rapports ne sont pas des meilleurs car la zone d'intervention de l'association constitue également l'aire d'influence de la municipalité. D'intenses liens unissent les chefs de quartiers et les maires en fonction des alliances politiques (figure 3). La confrontation entre ANBEP et les élus locaux est donc patente19(*) : d'un coté ANBEP s'approprie volontier des quartiers de sa zone d'influence, de l'autre les élus se présentent comme les dirigeants de la population au sein de la commune d'arrondissement qu'ils assimilent de la sorte à leur « territoire ».

    Figure 3: Les types de relations entre acteurs

    Réseau de solidarités locales

    Les chefs de quartiers

    ANBEP et les Organisations de quartiers

    ONG locale de développement

    AJED, Enda Ecopop

    ETAT

    Commune d'Arrondissement

    Sous préfet, Services techniques

    Partenaires au développement

    Organisations Internationales

    UNESCO - PNUD

    Contexte allant jusqu'au niveau international. Economie - Politique - Information

    Légende 

    Conflit, compétition

    Partenariat, contractualisation

    Hiérarchie

    En fait ces conflits de territoires révèlent l'existence de modes de légitimation politique antagonique, ANBEP se référant à sa capacité d'agir et à la démocratie participative tandis que les élus locaux s'appuient sur les élections municipales sur la démocratie représentative.

    De forts liens existent entre les bailleurs de fonds et ANBEP mais depuis la naissance des communes d'arrondissement, les partenaires au développement sont obligés d'intégrer ces autorités dans la gouvernance locale des projets.

    Les bailleurs de fonds de leur coté veulent à ce que des positions partisanes ne s'accaparent pas des projets d'une part et d'autre part à ce que des logiques et des comportements communautaires ne les phagocytent pas.

    Les élus de leur part sont impliqués en leur qualité de représentants de la population. Ils s'opposent à toutes les interventions de l'extérieur sur le territoire communautaire sans leur autorisation préalable. Ils réclament un système de partenariat en leur faveur.

    Les associations campent sur leur position communautaire, tandis que les élus dont la légitimité est contestée par les militants associatifs ont du mal à s'imposer comme des acteurs de premier plan dans l'action du développement.

    1.2 LA GOUVERNANCE LOCALE AUTOUR DU JEU DES ACTEURS

    On note une certaine gouvernance dans la banlieue. Les projets ont favorisé à l'échelle locale, de nouveaux dispositifs de gestion de l'action publique, en rupture avec les modes régaliens de gestion propres à l'Etat - nation en se fondant sur les principes de contractualisation, de participation et de bonne gouvernance.

    De façon tout aussi remarquable, les acteurs locaux prennent en compte les normes organisationnelles fixées par les partenaires extérieures, comme le révèle la transformation des « mbotayes » de l'ANBEP en groupement de promotion féminine (GPF) structure adéquate pour recevoir des financements.

    En termes de gestion, nous illustrons la gouvernance autour du projet de développement social des quartiers (DSQ) financé par l'UNESCO et la banque mondiale dont une grande partie des quartiers des communes d'arrondissements de Yeumbeul Sud, Yeumbeul nord et Keur Massar sont bénéficiaires. Le dispositif gestionnaire est conçu sur la base d'un découpage rationnel de l'espace en secteurs ou zones qui regroupent plusieurs quartiers (figure 4).

    Dans chaque zone, ENDA ECOPOP installe un conseil qui assure l'intermédiaire entre la population et le projet de développement social des quartiers. ANBEP leader communautaire est chargée de la gouvernance des quartiers d'Ouest 3, Néma, Gandiol et Houdalaye (lié aux réseaux familiaux et sociaux).

    Figure 4 : Gouvernance locale autour du projet de développement social des quartiers

    Fond local,

    Caisse de Solidarité

    Représente les conseils de zone, les associations de développement (ANBEP), les élus locaux, les partenaires au développement (Enda Ecopop, UNESCO)

    Rôle : définition des orientations du projet et exécution des actions, gestion du fond local

    Comité d'orientation et de suivi (échelle projet)

    Comité de développement municipal

    (Echelle Commune d'Arrondissement)

    Représente les conseils de zone et les élus locaux, les partenaires au développement (Enda Ecopop, UNESCO)

    Rôle : définition des orientations du projet et exécution des actions, gestion du fond local

    Habitants, leaders communautaires

    Conseil de zone (échelle quartier)

    Le comité de développement municipal regroupe les représentants des conseils de zone et les élus locaux à l'échelle des communes d'arrondissement.

    Le comité d'orientation et de suivi rassemble tous les acteurs locaux impliqués dans le projet (représentant du comité de développement municipal, association local et commune d'arrondissement) et les partenaires extérieurs (Enda Ecopop, administration, services techniques municipaux, bailleurs de fonds). Les fonctions assignées au comité d'orientation et de suivi à l'échelle des communes d'arrondissement sont :

    - orientations du projet et

    - exécution des actions.

    C'est l'acteur collectif chargé de la gouvernance participative et démocratique à l'échelle de la localité.

    Ce dispositif qui s'articule autour des conseils de zone et des deux structures de pilotage (le comité de développement municipal et le comité d'orientation et de suivi des projets) devait à la fois permettre d'instituer la gouvernance comme mode de gestion collective du projet et d'élargir le cercle des bénéficiaires tout en atténuant les conflits. Cette organisation a mal fonctionné en raison d'une faible implication des acteurs locaux dans les structures de gestion et de suivi. Les conseils de zones se sont peu réunis.

    *

    * *

    En gros, ces différents acteurs ont le mérite de dégager une méthodologie de lutte contre la pauvreté urbaine à travers une démarche participative venant d'en bas, s'intégrant dans une stratégie de développement endogène. La prise en charge de la population par elle même constitue donc un élément majeur de la philosophie des bailleurs de fonds et l'ANBEP a su se constituer comme intermédiaire pour répondre aux besoins des partenaires. Les projets appuient les initiatives locales existantes et cherchent à promouvoir la gouvernance locale, participative et démocratique. Les partenaires au développement ont le mérite d'inscrire leurs actions dans une logique de « faire faire » en suscitant un type de dynamique participative. Ils exercent une action de légitimation des acteurs du développement (soutien aux initiatives des habitants et de leurs organisations de quartier), « incitation de l'État à être l'État » et encouragement d'un type d'action démocratique.

    CHAPITRE II : IMPACT DES ACTEURS ET DES ACTIVITES DANS LES SECTEURS STRATEGIQUES DU DEVELOPPEMENT LOCAL

    Mal lotis, les quartiers irréguliers font l'objet de nombreux projets d'aménagements et d'équipements. Traduction d'une reconnaissance par l'Etat, ces travaux participent aussi à l'intégration des quartiers à la ville par la mise en niveau des équipements et la régularisation foncière. Ces projets de développement économique et social s'inscrivent dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

    Les activités menées par l'ANBEP entrent dans la ligne droite des axes du document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP). Elles visent à améliorer les conditions de vie des populations quantitativement et qualitativement. Son objectif se définit comme un projet mobilisant un certain nombre d'acteurs et visant à la fois à l'assainissement, l'accès à l'eau potable et la promotion d'activités génératrices de revenus.

    2.1 L'ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE

    ANBEP a joué un rôle important dans l'accès des services sociaux de base à Yeumbeul dans la banlieue Dakaroise. L'influence de ces réalisations sur le développement local peut être analysée autour des axes comme : l'accès à l'eau potable, l'assainissement, la santé et l'éducation.

    2.1.1 L'accès à l'eau potable

    Yeumbeul malgré son existence quasi séculaire souffre de carence réelle en service urbain essentiel. Cette zone périurbaine disposait d'un faible réseau d'adduction d'eau. La proportion de ménages ayant une installation d'eau à domicile était de 26% dans la commune de Yeumbeul en 1988. Dans certains quartiers comme Houdalaye et Al puular (zone où l'association a connu son essor), dépourvus de toutes infrastructures hydrauliques, il est probable que cette proportion soit bien inférieure à la moyenne. En outre, selon le diagnostic des communes d'arrondissement en 1990, il y'avait au total 28 bornes fontaine à Yeumbeul (58 000 habitants) c'est-à-dire 1 borne fontaine pour 2000 habitants.

    Les puits constituaient un important moyen d'accès à l'eau potable. Mais, la qualité de l'eau y était souvent menacée à cause de la nappe phréatique souillée avec comme corollaire un risque de contamination par des matières organiques (d'origine humaine) et inorganiques. Cela a été constaté par l'étude réalisée dans le cadre de l'initiative CSI de l'UNESCO. Cette dernière établi un taux moyen de pollution par les nitrates de 200mg/l, largement au-dessus des normes OMS de potabilité (NO3 50mg/l)20(*).

    L'ANBEP, après avoir amassé une certaine somme d'argent  (cotisations et donations des gens du quartier) s'est rapproché des responsables nationaux de la SONEES chargés de fournir cette denrée précieuse et a négocié l'installation de branchements sociaux. Elle sera d'ailleurs rejointe par d'autres associations de Yeumbeul lorsque ce projet était appuyé par Enda Tiers-Monde, l'UNESCO et la Coopération Française. Les différents acteurs ayant participé à cette accessibilité de l'eau potable se dessinent comme suit (figure 5) :

    Figure 5 : Le rôle de l'ANBEP dans la fourniture de l'eau à Yeumbeul

    Banque Mondiale et Agence Française du Développement

    ETAT DU SENEGAL

    Projet Sectoriel Eau

    Directeur de l'Urbanisme

    Commune d'Arrondissement

    UNESCO

    SONEES

    ANBEP

    Quartiers mal lotis

    L'intervention de l'ANBEP s'inscrit dans la réforme du secteur de l'eau potable et l'assainissement engagée par l'Etat du Sénégal avec l'appui de la Banque Mondiale et de l'Agence Française de Développement à travers le projet sectoriel eau au début des années 1990. Ce projet présente trois composantes : le renforcement des capacités institutionnelles, l'approvisionnement en eau potable de la région de Dakar et l'assainissement urbain. L'Etat a procédé à une réorganisation de la société publique responsable du secteur de l'eau. Depuis 1995, la SONEES (Société Nationale d'Exploitation des Eaux du Sénégal) est scindée en deux sociétés : l'une SONES (Société Nationale des Eaux du Sénégal) est chargée depuis Avril 1995 de la gestion du patrimoine de l'hydraulique urbain, l'autre SDE (Sénégalaise des Eaux) est responsable depuis 1996 de l'exploitation du réseau de distribution. La SONES subventionne ainsi les demandes de branchements sociaux collectées par ANBEP. Le directeur de l'urbanisme est consulté puisque le quartier est irrégulier (mais avec le poids démographique, il donne le feu vert après l'entretien avec l'association). ANBEP reçoit également l'appui de l'UNESCO par la réalisation de l'étude sur l'eau et le financement des travaux par la sous structure Enda Ecopop.

    La commune d'arrondissement intervient en respectant les exigences de la SONES (large diffusion) et en mettant un visa sur les demandes de branchement.

    La population participe financièrement et matériellement en creusant les tranchées. Alors qu'ANBEP joue un rôle de médiation avec l'administration et avec la SONES, par la collecte de la participation financière nécessaire pour l'exécution du projet auprès des familles. Elle négocie les conditions financières et physiques des habitants avec la direction de la SONES, ce qui dessine une mobilisation horizontale autour du projet.

    Cet équipement permet à ANBEP de marquer son territoire d'action et ses grandes capacités de mobilisation verticale (aide à l'aide internationale).

    Par ce jeu des acteurs, l'accès à l'eau potable fut effectif à Yeumbeul par l'extension du réseau d'adduction d'eau sur 12 000 mètres linéaires et l'accès aux branchements sociaux (en eau potable) à plus de 1 000 concessions. 98% de la population de Houdalaye ont bénéficié de cette action entre 1992 et1998.

    Photo 1 : Accès public à l'eau potable Photo 2 : Borne fontaine à deux robinets

    Afin d'atteindre le plus grand nombre de personnes, le mode d'accès à l'eau potable choisi a été l'installation de bornes-fontaines, celles-ci étant placées sur la voie publique. Ces installations, dotées de 1 à 2 robinets (photo 1 et 2), permettent l'accès à l'eau de toutes les familles avoisinantes. Le nombre de bénéficiaires est estimé à 10.000, selon un ratio de 12 membres par concession.

    L'inauguration de ces bornes fontaines laisse deviner les acteurs ayant intervenus dans ce projet : les représentants de l'Etat (Maire et sous préfet), les responsables politiques locaux, ANBEP et la population reconnaissante. L'inscription du nom du bailleur (UNESCO) est une manière de médiatiser la pertinence de l'approche du développement local préconisée par l'UNESCO.

    Pour la gestion de ce dispositif, chaque borne fontaine est administrée par un fontainier qui reçoit la facture occasionnée et qui, à son tour, reçoit une petite somme pour chaque seau d'eau vendu. En théorie, les tarifs sont établis officiellement en fixant la marge de profit des fontainiers. Sous l'égide des chefs de quartier, un comité de gestion centralise toutes les bornes-fontaines afin de faire bénéficier l'ensemble de la population des retombées de l'activité de vente d'eau21(*).

    Bref, l'organisation sociale s'est consolidée autour des bornes-fontaines qui ont permis de surmonter les rivalités entre délégués de quartier. On note également une amélioration importante de la qualité de vie des populations et notamment des conditions de salubrité (contamination de la nappe phréatique).

    2.1.2 L'assainissement

    ANBEP a surgi au moment où la banlieue est minée par l'insalubrité vecteur de plusieurs maladies telle que le péril fécal, la peste, le choléra, les parasitoses... De même, la question des eaux usées à Yeumbeul, notamment la forme de leur traitement posait un certain nombre de problèmes concernant à la fois l'environnement et les conditions d'hygiène de la population.

    Un important travail a été réalisé dans ce domaine et les résultats peuvent s'apprécier à travers l'approche utilisée, les moyens mis en oeuvre et l'impact sur la zone cible.

    La situation qui prévalait dans la banlieue dans les années 1990 s'illustrait par un système de gestion des déchets solides et liquides très rudimentaire. La population se servait des latrines d'usage collectif ou des édicules publics qu'il faut vider une fois leurs capacités remplies en pleine rue, non loin des concessions. L'évacuation des eaux de toilette, cuisine, linge et autres se faisait directement dans la rue entraînant également une importante dégradation environnementale.

    De même, la collecte des ordures ménagères était inexistante suite à la fermeture de la SIAS22(*) à cette période de crise économique. Sur le plan de l'assainissement, la zone de Yeumbeul ne faisait pas partie des cibles de l'ONAS. Le système le plus répandu était l'enfouissement des déchets sur le sol et quand la pluie tombait, les risques de péril fécal étaient réels avec l'émergence des détritus.

    Au-delà de l'habitat non structuré, le manque d'infrastructures hygiéniques et sanitaires encourageaient une détérioration du cadre de vie par la reproduction de moustiques et de microbes occasionnant beaucoup de cas de paludisme et de diarrhées.

    Pour répondre à ces difficultés, ANBEP a pu attirer des bailleurs de fond et activer les ressources locales pour réaliser un important programme d'assainissement. Les principaux partenaires qui ont mis à contribution leur savoir faire sont : le collectif des associations de la communauté urbaine de Dakar (CAMCUD), qui s'occupe de la collecte des ordures après la disparition de la SIAS, le programme life du PNUD qui s'occupe de l'environnement, l'AGETIP, ENDA Ecopop, l'ONG AJED et le service d'hygiène de Pikine. (Figure 6)

    Banque Mondiale

    UNESCO

    Figure 6: Les acteurs autours de la gestion des déchets à Yeumbeul

    PNUD

    AGETIP

    CAMCUD

    ENDA ECOPOP

    Projet PAQPUD

    2007

    2007

    Projet PADAEC

    (1996- 2001)

    Projet life

    (1995-1997)

    Service d'hygiène

    Commune d'Arrondissement

    ANBEP

    Quartiers mal lotis

    ANBEP capture plusieurs partenaires pour réaliser ces projets. Après sa première expérience avec le projet LIFE où l'association a joué le rôle de maitre d'oeuvre, elle a acquis une certaine expérience dans ce domaine. A cause des risques épidémiques générés par le déversement des eaux usées à l'air libre et sur la voie publique, la construction de puisard fait partie des besoins prioritaires et des axes d'intervention sélectionnés par le PADAEC en concertation avec ANBEP qui avait déjà expérimenté ce type de projet dans le passé.

    Dans la plupart de ces projets ANBEP joue le rôle majeur en assurant la collecte des demandes auprès des familles, l'animation et la sensibilisation autour des ouvrages d'assainissement. Des séances de théâtres, de démonstration et de causeries ont été organisées pour éveiller sur l'hygiène.

    Dans le projet PAQPUD ANBEP est appuyée par l'AGETIP dans la fourniture de matériel alors que pour le PADAEC l'association est l'opérateur technique en élaborant et exécutant le projet.

    La population est impliquée par une participation financière et matérielle, elle est recrutée parmi la main d'oeuvre locale.

    L'approche prônée est la réalisation d'ouvrages, la participation physique et financière des populations et la plaidoirie pour l'environnement.

    Si l'ANBEP a réussi à animer le territoire de la banlieue, c'est par la synergie qu'elle a su créer en impliquant tous les acteurs par un système de communication différencié et approprié (vieilles personnes, jeunes, femmes, enseignants, etc.) reposant sur le quartier, qui est vécu par les habitants comme un espace commun à protéger et à valoriser. De fait, l'association s'érige en autorité locale reléguant la mairie au second plan. En effet, les relations avec la Ville (Commune de PIKINE) et la commune d'arrondissement (Yeumbeul Nord) sont marquées par la méfiance : ANBEP est perçue comme une rivale23(*) dans la mesure où elle empiète sur les compétences des services publics en réalisant certaines fonctions dévolues à ceux-ci. La situation est d'autant plus compliquée que certains membres influents de l'association sont impliqués dans les luttes politiques locales. L'ANBEP met ainsi à nu la carence du pouvoir local. On note une évolution du rôle de l'ANBEP devenu un prestataire de service pour le compte des institutions de développement et de la population.

    En faveur du dynamisme de l'ANBEP et de ses partenaires, plusieurs infrastructures d'assainissement ont été construites telles que :

    - installation des édicules publics et acquisition d'un véhicule attelé24(*) pour la vidange des fosses septiques dans les quartiers inaccessibles, toilette à chasse manuelle (photo) 4;

    - réalisation des latrines (fosses septiques, étanches), bac à laver (BALP) et puisards (photo 3) dans les concessions pour évacuer les eaux usées;

    - mise en place d'un dispositif de collecte des ordures ménagères par des charrettes ;

    - environs 250 relais hygiène ont été formés dans les quartiers pour une meilleure connaissance des problèmes environnementaux, la collecte (décharge contrôlé) et le recyclage des ordures ménagères (plastiques, papiers, compostage) ;

    - organisation de vaste campagne de formation en éducation environnementale sur le péril fécal (les maladies diarrhéique, parasitaire et infectieuse), l'eau de consommation et les ordures ménagères.

    Photo 3 : Puisard où sont déversées les eaux usées Photo 4 : Toilette à chasse manuelle et fosses septiques

    Avec l'appui des différents partenaires au développement et les actions menées sur le terrain, les efforts consentis par l'association ont permis d'améliorer sensiblement les indicateurs de santé de la banlieue et de participer à la régression de certaines maladies. La comparaison des données socio-sanitaires du district de Yeumbeul montre cette situation (tableau 2). Les maladies liées à la précarité comme la toux, la fièvre et la diarrhée ont connu une baisse sensible entre 1987 et 2007 avec respectivement : 4%, 8% et 10%.

    Tableau 2 : Comparaison de dix principaux motifs de consultation entre 1987 et 2007

    Principaux motifs de consultation

    1987

    2007

    Nombre de cas

     Fréquence

    Nombre de cas

     Fréquence

    Toux

    3 073

    18%

    820

    14%

    Fièvre

    4 403

    25%

    982

    17%

    Diarrhée

    4728

    27%

    994

    17%

    Vomissements

    1 252

    8%

    565

    9%

    Douleurs abdominales

    762

    4%

    524

    8%

    Convulsions

    733

    4%

    449

    7%

    Détresse respiratoire

    489

    3%

    317

    6%

    Céphalées

    312

    2%

    216

    4%

    Infection cutanée

    686

    4%

    410

    8%

    Parasitose intestinale

    845

    5%

    604

    10%

    TOTAL

    17 283

    100%

    5881

    100%

    Source : Registre de consultation district sanitaire de Yeumbeul et rapport d'activité 2007

    Les actions de l'ANBEP sur le plan de la gestion de l'environnement ne sont pas étrangères à cette diminution. Ces différentes activités ont permis l'animation territoriale avec comme effet la promotion de la citoyenneté : par l'éducation environnementale, la formation à travers l'alphabétisation, l'hygiène à l'école, l'animation et la célébration des journées mondiales de l'environnement, de la population, de la quinzaine de l'hygiène....

    Ce volet assainissement a régularisé sur le plan environnemental le milieu de vie des habitants de la commune d'arrondissement de Yeumbeul Nord et Sud. Les populations ont changé de comportement d'où un environnement plus sain aujourd'hui.

    2.1.3 La santé

    ANBEP est la première association à s'investir dans le champ de la prévention du SIDA dans la banlieue dakaroise caractérisée par une forte population jeune et la pauvreté. Fidèle à sa devise d'être au plus près de la population, elle a amélioré les conditions sanitaires des populations par plusieurs procédés.

    L'association déroule un important programme de lutte contre la propagation du SIDA et les MST dans la banlieue Dakaroise d'une part, et sur certaines régions du Sénégal d'autre part. L'objectif principal est de sensibiliser sur ces deux fléaux et l'utilisation des mesures préventives. Ce volet phare a reçu plusieurs financements de 1992 à nos jours (figure 7).

    Figure 7 : Evolution temporelle des partenaires et d'échelles d'interventions de l'ANBEP

    Principaux bailleurs de fonds

    ENDA-SANTE, SDID-ACDI, AIDSCAP, ANCS

    Principaux bailleurs de fonds

    ACI, ARCAT, ADEMAS, Solidarité SIDA, PROTEC, CNLS

    Principaux bailleurs de fonds

    AJWS, Fondation France (MARC), APAPS, Enfants de la Téranga, Solidarité SIDA

    1996 - 2007

    Depuis 2007

    1992 - 1996

    Chaque partenaire met en jeu une multitude d'acteurs dont la dénomination commune est le financement directe du programme santé de l'ANBEP. A ses débuts en 1992, le quartier était l'échelle d'intervention de l'association par la méthode utilisée (la proximité de la cible, les liens de solidarité ou familiales). Les activités de sensibilisation et de prévention se limitaient à la banlieue, zone plus exposée à la prolifération du SIDA. Le partenariat avec ENDA SANTE, SDID-ACDI et AIDSCAP s'effectue par le financement de l'association qui va réaliser une importante campagne de sensibilisation par des moyens audiovisuelle (projection de films, émission à la radio), sketch (dotation en percussion et déguisement de la troupe théâtrale), causeries et formation de relais communautaires. L'ANCS pour sa part privilégiait le renforcement des capacités financières de l'association (achat de chaise, d'ustensiles de cuisine pour location, achat d'une charrette). La stratégie se référait à une approche participative de la prévention.

    A partir de 1996, l'association obtient le financement de partenaires souhaitant l'extension des activités de prévention et de sensibilisation au niveau des départements de Pikine, de Rufisque et l'espace périurbaine de Dakar. Des moyens substantiels sont utilisés pour toucher le maximum de personnes. Ainsi, les partenaires comme ADEMAS et CNLS -BM mettent à la disposition de l'association un camion podium pour sillonner les lycées, collèges et marchés en vue de sensibiliser le maximum de personnes. L'ACI prône l'usage des langues locales (Wolof et Puular) dans la prévention pour rendre l'information plus accessible en milieu rural. Cette période s'est soldée par une participation des différentes associations de la banlieue (AJYPROS, CCGN, ASDY) dans la lutte contre le SIDA et le renforcement du centre de documentation de l'ANBEP.

    Depuis 2007, ANBEP intervient à l'échelle nationale en intégrant la région de Thiès, Diourbel et Matam dans sa zone d'intervention grâce aux subventions accordées par le fond de soutien SIDA-Afrique (Solidarité SIDA) dans le volet prise en charge des personnes vivantes avec le VIH à Matam. De même, la fondation AJWS (American Jewish World Server) finance le volet maraichage et prévention dans la vallée. Mieux, ANBEP représente le Sénégal dans le festival de Solidays en France.

    L'approche utilisée par ANBEP diffère en fonction de ses zones d'intervention et de la cible, on peut retenir en gros :

    - les séances d'animation et de sensibilisation sur le SIDA et les MST que les relais communautaires sont chargés régulièrement d'effectuer parfois en éduquant par le divertissement grâce à son troupe théâtral,

    - les projections de film (vidéo et TV obtenu par ANCS) permettent de voir des situations réelles de sidéens et d'en faire des cas pratiques.

    - la fourniture d'information par le biais du centre de documentation (dépliants, autocollants, banderoles, graffitis, affichages)

    - le porte à porte pour sensibiliser les notables, chefs religieux et leaders d'ASC afin de bien véhiculer l'information

    - la méthodologie des histoires25(*) est un procédé très instructif permettant la participation effective des populations.

    Le volet santé reçoit une bonne partie des subventions des partenaires. Les réalisations en ce domaine tournent autour d'un important volet sur la formation, la sensibilisation et la prévention du SIDA en milieu urbain et rural ainsi que l'accès aux équipements sanitaires à travers le centre de santé communautaire.

    Ces activités ont eu un impact positif sur les populations. Dans la banlieue, une vaste campagne de sensibilisation et de prévention se poursuit toujours dans les espaces publics. Aujourd'hui, les activités sont ciblées vers les jeunes et les espaces demandeurs.

    En milieu rural, ANBEP ayant décentralisée ses activités dans les régions de Thiès, Diourbel et Matam, rompe le tabou autour de ces maladies honteuses. Depuis 2004, le programme santé s'est enrichi d'un important volet intitulé maraichage et prévention VIH/SIDA  à Matam.

    En effet, cette région est exposée au syndrome du VIH et des MST du fait de la forte mobilité de ces habitants, la survivance de pratiques socioculturelles à haut risque d'infection (lévirat, sororat, excision, etc.) alliées aux faibles niveaux des interventions en matière de mobilisation sociale autour de cette maladie. Il s'y ajoute que la situation de zone frontalière de la région de Matam avec la Mauritanie où les interventions en matière de lutte contre les IST/VIH-SIDA sont peu structurées, multiplient les facteurs à risque.

    Les campagnes de dépistage combinées au programme « Maraîchage  et Prévention Sida» ont offert aux populations du département de Kanel des activités agricoles tout en leur permettant de faire la sensibilisation contre le VIH/SIDA (photo 5 et 6). Cette stratégie constitue une nouvelle démarche en termes de réponse contre cette pandémie : elle aide non seulement les populations à mieux connaître les dangers du SIDA, mais aussi à faire le test de dépistage afin de connaître leur statut sérologique.

    Photo 5 : Maraichage et prévention à Matam Photo 6 : Formation des relais communautaires

    Ce programme a ciblé en moyenne 1 585 femmes réparties en groupements dans 10 villages (Thially Maka, Thially Soubalo, Horndoldé, Bow, Ngano, Barmathial, Soringho, Gouriki, Bélone et Dolol) qui exploitent des périmètres de maraîchage. Chaque groupement villageois est divisé en sous-groupes (de 25 à 35 femmes) et au niveau de chaque sous-groupe deux femmes relais sont formées sur les techniques de l'approche participative de prévention. Ces relais organisent des animations et des discussions avec leurs groupes avant chaque séance de travail dans les parcelles où se déroulent les activités de maraîchage. Pour la continuité de cette phase pilote, ANBEP a reçu un appui financier d'AJWS pour subventionner les groupements afin de mener des campagnes agricoles. Les facilités d'accès à l'eau et les moyens mis à la disposition des femmes autorisent deux récoltes par an. En outre, les personnes vivantes avec le VIH ont droit chacune à un lopin de terre où elles pourront s'adonner au maraîchage et à l'arboriculture. Parmi les activités réalisées, on peut citer :

    - les formations de relais axées sur le VIH, relation IST/SIDA, démonstration de l'utilisation de préservatifs, élaboration de plan d'action individuel,

    - formation sur les techniques de production maraîchères : animée par deux conseillers de la SAED pour promouvoir les compétences locales, augmenter la production maraîchère et la transformation des légumes,

    - les causeries participatives (tableau 3) : pour aider les femmes sidéennes à adopter des comportements à moindre risque en recourant à des approches leur permettant d'acquérir les compétences nécessaires pour pouvoir prendre conscience de leur vulnérabilité. Un total de 852 causeries participatives ont été réalisées et 1 585 femmes touchées de janvier à décembre 2010 au niveau des 10 villages.

    Tableau 3 : Nombre de causeries réalisées en fonction des villages pour l'année 2010

    Villages

    Nombre de causeries

    Nombre de femmes touchées

    Thially Maka et Thially Soubalo

    132

    380

    Dolol

    108

    125

    Horndoldé

    120

    325

    Bow

    120

    150

    Barmathial

    96

    125

    Soringho

    96

    125

    Gouriki

    72

    150

    Ngano

    60

    125

    Bélone

    48

    80

    Source : Rapport annuel du programme de la santé 2010

    Grâce à l'approche « maraîchage et prévention SIDA » les femmes ont plus accès à l'information, ce qui limite la discrimination des sidéens. ANBEP est bien ancrée dans cette zone en s'insérant dans le programme annuel du conseil régional, ce qui la met au rang des ONG intervenant dans la région de Matam.

    Photo 7 : Célébration des 20 ans d'ANBEP à Matam Photo 8: Président ANBEP en compagnie du Préfet,

    Sous préfet et président du conseil régional de Matam

    D'ailleurs, en 2010 la journée mondiale du SIDA et les 20 ans de cette association ont été célébrées dans cette région (photo 7 et photo 8).

    A ce titre, une journée de plaidoyer sur la stigmatisation et la discrimination des personnes vivantes avec le VIH (PVVIH) fût lancée en même temps qu'une caravane fluviale à travers les villages de Matam.

    Pour mieux marquer son territoire dans la santé au Sénégal, cette association a concrétisé ses actions par la construction d'un centre de santé à Yeumbeul. Cette zone disposait une seule structure sanitaire à l'époque et les populations éprouvaient beaucoup des difficultés pour accéder aux soins primaires. Ces obstacles sont aussi liés à la paupérisation accélérée consécutivement à la dévaluation du franc CFA et à la privatisation des soins de santé. L'objectif principal de la case de santé (photo 9 et photo 10) est l'accès pour tous aux soins à des coûts abordables. Pour sa mise en place, elle mobilise les ressources humaines locales en faisant appel aux professionnels et techniciens de la santé résidant dans le quartier, mais aussi en demandant une participation financière aux habitants.

    Photo 9 : Centre de santé ANBEP Photo 10 : Equipement du centre de santé

    Cette case de santé offrant des coûts de consultation et de médicaments moins élevés que les structures médicales publiques a changé de statut pour devenir un poste de santé avec le partenariat « des enfants du Téranga ». Pour assurer l'accès aux soins au plus grand nombre, ce centre de santé a été délocalisé de Médina Gazon (commune d'arrondissement de Yeumbeul Sud) à Keur Massar.

    En perspective, l'installation d'un centre de santé communautaire qui va allier plusieurs volets est prévue à Malika sous peu.

    2.1.4 L'éducation

    La promotion de l'éducation informelle s'apprécie à travers la participation de cette association dans la promotion de l'éducation pour tous.

    Pour pallier aux déficits de l'offre éducationnelle dans la banlieue, une école communautaire est créée depuis 1994 pour jouer un rôle d'assistance sociale. Egalement siège de l'association, le centre porte le nom de Christine Etchépare, en hommage à l'une des partenaires de l'association, qui l'a soutenue à ses débuts.

    Cette école communautaire (photo 11 et photo 12) est adaptée aux besoins de la population en complément de l'école classique à la fois :

    · pour accompagner les enfants de l'école publique en leur offrant un suivi scolaire,

    · pour prendre en charge les personnes exclues du circuit scolaire faute de moyens.et permettre aux élèves de s'intégrer au système public à partir du collège afin qu'ils poursuivent leur scolarité selon la voie classique organisée par l'Etat,

    · proposer également des formations pour adulte, en alphabétisation fonctionnelle en langues nationales (Wolof et Pulaar), en informatique, en gestion-comptabilité.

    L'alphabétisation fonctionnelle constitue ainsi un atout essentiel pour diminuer la vulnérabilité des femmes et des filles.

    Photo 11 : Centre de formation ANBEP Photo 12 : Initiation des élèves à l'informatique

    Pour développer ce centre de formation, des liens solides sont tissés avec certains réseaux (figure 8) à l'instar de :

    - Rotary Club Millénium de Dakar qui participe à l'amélioration de la condition d'étude des élèves. Cette Organisation Non Gouvernementale qui intervient à l'échelle internationale finance certaines activités éducatives de l'association.

    - Pour l'association des Enfants de la Téranga, elle fait une dotation en fournitures scolaires (des livres, des cahiers, des sacs et autres accessoires), elle intervient au niveau local et illustre le rapport entre deux ONG au niveau local (partenariat inter-association)

    - La Direction de la protection des droits de l'enfant intervient au niveau du département de Pikine, elle implique l'association dans ses programmes comme la semaine de l'enfant, la journée de l'enfant africain...

    Figure 8: Les partenaires de l'ANBEP dans le volet éducation

    Dans le volet de l'éducation, un important programme est exécuté sur : l'alphabétisation fonctionnelle en français (classe du maternelle au primaire) et l'alphabétisation en langues nationales (initiation à l'écriture et à la lecture en Wolof). Ce centre a joué un rôle important dans l'insertion des enfants déscolarisés dans le circuit normal. Cette évolution peut être illustrée à travers le nombre d'apprenant et de sections créées (figure 9).

    Figure 9 : Evolution du nombre d'élèves à l'école communautaire de l'ANBEP de 1995 à 2010

    Source : Directeur de l'école ANBEP

    C'est ainsi qu'au niveau des inscriptions pour l'année scolaire 2010, deux cent quinze (215) enfants se sont inscrits dont quatre vingt quinze (95) garçons et cent vingt(120) filles contre 92 élèves en 1994 lors du début de cette école

    Ces acquis illustrent la participation de cette association dans l'augmentation de l'offre éducative, la hausse du taux brut de scolarisation, d'alphabétisation et la diminution des déperditions scolaires.

    Par ailleurs, l'ANBEP reste un des pionniers de la scolarisation des filles à travers plusieurs plaidoyers dans les journées mondiales de la population. Les activités de vacances avec le programme Siggi-journées aérées26(*) de 1994 à 1996, des sorties pédagogiques à l'air aéro-club Iba Guéye de Dakar Yoff permettent l'épanouissement des enfants.

    2.2 LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE LOCAL ET LA QUESTION DU GENRE

    Face à la précarité des conditions de vie des populations, des réalisations sont effectuées dans le domaine économiques et plusieurs actions ont permis de relever le niveau de vie des cibles dont l'aspect genre est fortement tenu en compte.

    2.2.1 Le développement économique local

    Comment aider les démunis à s'assurer d'un minimum de capital qui leur permettent de s'insérer dans les réseaux financiers d'épargne et de crédit ? ANBEP a tenté d'apporter une réponse à cette interrogation en initiant un important volet sur l'économie sociale. La stratégie mise en place repose sur la microfinance (finance locale) dont l'objectif est de permettre une autonomisation intégrale et une responsabilisation financière des femmes. Elle a crée des groupements de promotion féminine avec l'appui des bailleurs de fonds (Enda tiers monde). L'approche se résume en deux éléments : formation et financement.

    A ce titre, 60 femmes leaders de groupements de promotion féminine sont formées en gestion comptable simplifiée ainsi qu'une trentaine financée sous forme de subvention non remboursable destinée aux microcrédits. Les activités génératrices de revenus constituent également une autre méthode de développement économique.

    Dans cette figure ANBEP ne finance pas réellement les groupements de promotion féminine mais joue un rôle d'interface. En effet, elle a transformé la plupart des « mbotayes »27(*) en groupement de promotion féminine en fonction des normes organisationnelles fixées par les bailleurs de fonds. La nouvelle composition des GPF est généralement la suivante : une présidente, vice présidente, une trésorière et une commissaire aux comptes. Le comité travaille en étroite collaboration avec l'association de quartier. Ces partenaires financiers se sont appuyés sur l'ANBEP pour mettre à la disposition des populations démunies un capital remboursable pour faire face aux dépenses urgentes, appuyer les formes d'épargne populaire et pallier ainsi à l'absence d'un capital de départ ou d'un fonds de roulement pour le développement d'activités génératrices de revenus.

    Nous avons ainsi trois niveaux d'intervention (figure 10) : d'abord la coopération belge (Vredeseilanden) et l'UNESCO qui interviennent d'une manière globale dans les pays Suds, ensuite les organisations non gouvernementale à l'échelle locale (AJED et Enda GRAF) appuient et jouent un rôle d'intermédiaire entre ANBEP qui intervient au niveau des quartiers et les bailleurs de fonds. Après, ANBEP initie directement les femmes aux règles de fonctionnement des GPF.

    Figure 10 : Appui financier des groupements de l'ANBEP

    UNESCO

    Coopération Belge

    ENDA GRAF

    AJED

    ANBEP

    Groupement de Promotion Féminine (GPF) et Groupement d'Intérêt Economique (GIE)

    Sur le plan économique, les acquis sont multiples et participent à la lutte contre la pauvreté, car les associations sont de véritables acteurs de l'économie locale et nationale. Pour rappel, Yeumbeul est le secteur de la banlieue où le revenu mensuel est le plus faible de la région de Dakar dépassant juste le seuil de pauvreté fixé à 50 000F par mois selon la Direction de la Statistique en 1992.

    La création d'un fond d'épargne et de crédit a assuré le financement des activités féminines : le système de crédits rotatifs a été instauré et a constitué la technique d'autofinancement. Les remboursements effectués après une durée de six mois permettent d'assurer le financement d'autres groupements.

    Après le test effectué à Matam avec 127 femmes, l'impact de ce projet a révélé de bons résultats. Des femmes entrepreneurs sont apparues dans la banlieue : certaines sont actuellement en possession de frigos alors que d'autres des boutiques marquant une étape vers leurs autonomisation. Les programmes de crédits ont créé des espaces de rencontres, d'échanges, de mobilisation, espaces de formation et de réflexion sur la gestion de la cité. Ils ont poussé les femmes à sortir de leur foyer et à participer à une dynamique locale.

    La mise en place d'une unité de fabrique de savon (photo 13 et 14) a marqué le pas vers une industrialisation des activités féminines.

    Photo 13 : Unité de fabrique du savon Photo 14: Savon label ANBEP

    Cette unité de fabrique de savon a été crée en 2008. Cependant au bout de deux années de fonctionnement les activités sont aux rabais à cause de la guerre en Cote d'Ivoire et du conflit casamançais espaces qui fournissaient la matière de base. Au-delà, cette unité de savonnerie a créé un système de partenariat au Sud : ANBEP s'intègre à un territoire au Sud du Sénégal avec l'appui d'AJWS le partenaire commun et un espace même de la sous région (Côte d'Ivoire). La transformation des céréales locales (photo 15 et 16) est une autre activité permettant à l'association de s'insérer dans le réseau des producteurs locaux des pays Suds en participant au forum social de Dakar.

    Photo 15 : Ensachage du couscous de patate Photo 16 : Femmes s'activant à la préparation de l'ensachage

    Ces femmes du milieu populaire se sont transformées en «entrepreneuses» et sont entrées de plein pieds au développement d'une logique de marché, censée résoudre les problèmes de pauvreté et d'exclusion sociale.

    Cette approche selon le genre est déterminante dans la mesure où beaucoup de femmes sont des chefs de foyers à la suite des années de crises et de l'accroissement du chômage. Les activités génératrices de revenus entrent en droite ligne de la politique de valorisation et d'émancipation de la femme, car elles favorisent l'égalité entre les sexes. Elles participent aussi à la libération de la femme du joug social et partant à son épanouissement total.

    En ce qui concerne les personnes du 3éme âge, un atelier de menuiserie est ouvert pour eux avec le financement de Rotary Club. La fonction assignée à cette fabrique est d'assurer une alternative aux élèves ayant échoué dans les études pour leur insertion dans le tissu économique.

    D'une manière plus approfondie, ces différentes activités ont contribué à l'emploi des jeunes : le centre de formation et de documentation, le centre de santé, l'unité de fabrique du savon et l'unité de transformation des céréales locales et les travaux d'assainissement, de prévention sur le SIDA ont conduit au recrutement de personnel issu du milieu populaire.

    En outre, ces différentes activités économiques ont relevé le défi de la faiblesse des ressources fiscales de la commune d'arrondissement. La création d'activités et de revenus pour et par les masses appauvries qui prennent conscience d'une mobilisation solidaire et active, a eu pour effet de créer des ressources susceptibles d'alimenter le budget (taxe d'impôt, taxe sur les activités) des collectivités locales.

    2.2.2 La question du genre

    Le point fort de l'ANBEP est l'intégration de l'aspect genre dans ses activités. En effet, les femmes ont montré une grande capacité de mobilisation dans leur groupement de promotion féminine (épargne et crédit) et dans la gestion de l'environnement de leur quartier (opérations de nettoyage, d'embellissement). Face à la précarité de leurs conditions de vie, les femmes s'organisent dans des cadres de mobilisation sociale comme les GIE (Groupements d'Intérêt Economique) et les GPF (Groupement de Promotion Féminine) pour mener des activités communautaires lucratives. Elles participent à leur promotion économique d'une part, et à leur participation substantielle aux économies familiales d'autre part. Le leadership féminin est ainsi le moteur même de cette association : sur un effectif de 950 membres les femmes représentent 800 soit 84 %. Les femmes ont donné des résultats satisfaisants en termes de gestion financière, en témoigne la petite fabrique de savon et la transformation des céréales locales.

    Les jeunes se sont surtout fait remarquer dans les opérations de collecte des ordures ménagères et dans les travaux physiques (construction des ouvrages d'assainissement comme les puisards et la creusée des tranchées pour les tuyaux d'eau potable). Parfois, les hommes et les femmes sont intervenus ensemble, lors des séances de sensibilisation environnementale organisées par les associations ou durant certaines opérations de ramassage des ordures et d'embellissement du quartier.

    Le troisième âge est consulté régulièrement dans toutes les activités et les réalisations. Le mode de fonctionnement de l'association (logique de solidarité à base locale, liens de parenté, de voisinage, d'ethnie et/ou d'appartenance religieuse) les intègre pleinement dans le déroulement des processus. La plupart des bornes fontaines sont gérées par eux.

    Dans un milieu à forte prégnance religieuse, le genre occupe une place centrale dans la gouvernance locale en termes de représentativité et de participation.

    *

    * *

    Ces différentes activités ont eu un impact positif sur le milieu par l'amélioration des conditions et du cadre de vie des populations. Les projets de cette association ont eu beaucoup d'impact sur la communauté. Ils ont revalorisé l'action communautaire et amélioré l'environnement général (collecte des ordures ménagères, puisards, éducation environnementale, etc.). Si les jeunes et les personnes âgées ont eu à bénéficier des actions de ces programmes, les femmes aussi en ont tiré profit. L'aspect genre est bien tenu en compte car une bonne partie des activités génératrices de revenues sont occupées par les femmes. Elles sont devenues des instruments économiques et des cadres de réflexion sur la gestion sociale des quartiers, pour ne pas dire un tremplin à la gouvernance locale.

    Cette association participe également au renforcement du processus démocratique, du fait que son fonctionnement repose sur la notion de participation populaire et l'intégration de toute les catégories de la population (jeunes, adultes, personnes de la 3éme âge, hommes / femmes) ce qui obéissent aux principes essentiels de la démocratie. Sa force réside aussi dans sa flexibilité : les actions dépendent plus de la cible que du milieu d'intervention et ne connaissent pas de limite communale, départementale ou régionale.

    CHAPITRE III : IMPACT DES ACTIVITES EN TERMES D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    Dans le cadre de la décentralisation l'aménagement du territoire est une compétence transférée ce qui laisse une marge de manoeuvre aux associations.

    La réalisation des activités de l'ANBEP par la création d'infrastructures obéit à une certaine logique d'aménagement du territoire par la restructuration du milieu de vie. Il existe une certaine cohérence entre les exigences de la population et les équipements mis à leur disposition. De la région de Dakar à celle de Diourbel, de la région de Matam à celle de Thiès, les activités génératrices de revenus, de l'éducation environnementale, de sensibilisation et de prévention sur le SIDA ont animé l'espace d'une manière spécifique.

    ANBEP est également de plus en plus ou timidement intégrée dans le plan de développement communal de Yeumbeul Sud (subvention des activités de l'association, participation aux différentes activités) d'une part et du département de Kanel d'autre part. Les activités ont eu un effet catalyse par l'élargissement du champ des acteurs, de leurs domaines d'application et des populations impactées.

    En termes d'aménagement du territoire, ces dynamiques ont un impact sectoriel, zonal et territorial.

    3.1 AU NIVEAU SECTORIEL

    La fourniture des services sociaux de base a été le fer de lance des activités de l'ANBEP, qui en quelques sortes a pris le relais des autorités publiques (tableau 4) au niveau micro dans certains secteurs du développement.

    Dans le secteur de l'éducation, l'école communautaire de cette structure a participé aux objectifs du millénaire pour le développement (qui prône l'éducation pour tous) en réduisant le taux de déperdition scolaire dans la banlieue. D'ailleurs, la promotion de l'école informelle intègre l'association dans la cartographie de l'éducation non formelle au Sénégal. Les ressortissants de la banlieue sont favorables à ce type d'école très souple dans la mesure où dans les expériences d'éducation non formelle, c'est le système de formation qui s'adapte à la personne et non le contraire. En outre, elle n'a pas un caractère sélectif. Cela se répercute sur les modes d'évaluation et les mécanismes de progression. Selon, le mot du coordonnateur lors de notre entretien : "il est possible qu'on redouble, mais il ne saurait y avoir d'exclus car c'est avant tout une école communautaire qui vise justement à récupérer et à intégrer ceux qui sont déjà marginalisés".

    Dans le secteur de l'eau et de l'assainissement, les équipements ont amélioré le cadre de vie des populations en leur octroyant une certaine légitimité dans l'espace d'occupation (quartier spontané, occupation anarchique de l'espace). Actuellement l'espace couvert par cette association est en train de bénéficier d'un vaste programme de canalisation (PROGEP : projet de gestion des eaux pluviales) pour lutter contre les inondations dans le quartier de Yeumbeul Ouest financé par la banque mondiale et l'Etat du Sénégal à hauteur de deux milliards.

    Tableau 4 : Modélisation des actions de l'ANBEP

    Secteurs

    Infrastructures

    Zone de polarisation

    Education

    Ecole communautaire

    Echelle communautaire

    Eau

    Branchement sociaux et individuelles

    Echelle quartiers

    Assainissement

    Puisards, latrines, charrettes et camion de vidange

    Echelle quartiers

    Economie

    Unité de fabrique du savon, unité de transformation des céréales

    Echelle quartiers

    Santé

    Centre de santé

    Echelle intercommunautaire

    Formation et sensibilisation

    Relais communautaires sur le SIDA/MST, maraichage et SIDA

    Echelle familiale, Intercommunautaire et régionale

    Dans le secteur économique, cette association a participé à la promotion de l'emploi des jeunes ainsi qu'en développant l'aspect genre. Elle relève des associations qui ont fait des femmes un levier pour le développement. D'ailleurs, leur dynamique est couronnée de succès par le trophée du Grand prix du chef de l'Etat acquis à leur cause pour la 9éme édition en 1997.

    Dans le domaine de la formation et de la sensibilisation, elle a renforcé la capacité des acteurs locaux par la formation des relais communautaires.

    En réalité, ANBEP a intégré tous les secteurs du développement local (économie, santé, éducation...), ces différentes réalisations ont structuré l'espace en créant un territoire dynamique. Dans un environnement globalement défavorisé, elle constitue pour le plus grand nombre, un moyen de lutter contre la pauvreté et contre de nombreuses formes d'exclusion.

    3.2 AU NIVEAU ZONAL

    Cette association développe ses activités en fonction des particularités des zones d'interventions (zone à risque potentiel). En effet, elle mène des activités dans trois espaces spécifiques : la banlieue (région de Dakar), la vallée du fleuve Sénégal (région de Matam) et le bassin arachidier (région de Thiès et de Diourbel).

    3.2.1 Dans la banlieue

    Dans la région de Dakar, l'échelle d'intervention de l'ANBEP se situe au niveau des quartiers de la banlieue qui regroupent quatre communes d'arrondissement (Keur Massar, Yeumbeul Nord, Yeumbeul Sud et Thiaroye). Cette zone marquée par une forte demande sociale (dégradation de l'environnement, problème d'accès à l'eau potable, manque d'information sur les maladies transmissibles) est un territoire d'action de l'association (carte 4).

    Carte 4: La zone d'intervention de l'ANBEP à l'échelle des communes d'arrondissement

    L'intégration des communes d'arrondissement dans la stratégie d'intervention de l'ANBEP est une condition de réussite des projets de réalisation d'infrastructures d'une manière durable ; la fourniture de l'eau potable, la collecte des ordures ménagères et la vidange des puisards ou latrines nécessitent l'implication de la société des eaux (services techniques) et les municipalités (commune d'arrondissement). Les services urbains sont dépendants des institutions. A travers les projets de quartiers, ANBEP parvient à relier différentes mailles territoriales (quartiers et CA) et des mailles institutionnelles de même niveau (les communes d'arrondissements).

    3.2.2 Dans le bassin arachidier

    ANBEP intervient dans une partie du bassin arachidier composée par la région de Thiès et de Diourbel (carte 5). Le bassin arachidier se distingue par une forte polygamie des ménages : zone carrefour et de transition vers la Gambie.

    Carte 5 : Cartographie de l'intervention de l'ANBEP dans le bassin arachidier

    Elle intervient respectivement dans les départements de Tivaoune et Mbacké.

    - Dans les départements de Thiès et de Tivaoune : Pire et Méckhé ont été la zone pilote en raison de sa forte population (Thiès deuxième région plus peuplée après Dakar) et sa proximité par rapport à la capitale. Un important volet sensibilisation et prévention sur les MST et SIDA ont été déployés dans cette région en vue de réduire les personnes touchées.

    - Si Touba est le fief du mouridisme dont le Magal qui s'y déroule chaque année, est l'occasion de rassembler plus d'un million de personnes, le département de Mbacké est moins contraignant par rapport aux prescriptions religieuses (ilot de libertinage dans un océan d'interdit et de préjugés) un important programme de sensibilisation y est développé.

    3.2.3 Dans la vallée du fleuve Sénégal

    La région de Matam situé à 700km au nord-est de Dakar (vallée du fleuve Sénégal) se singularise par une forte émigration, sa proximité avec la Mauritanie et des pratiques coutumières favorables à la propagation du VIH. Malgré l'implantation d'un certain nombre de structures de santé publique, cette région compte un médecin pour 70 000 habitants. Devant une telle pénurie, le paludisme et la bilharziose se développent rapidement, et la prévalence au VIH connaît une certaine recrudescence avec le retour des populations émigrées d'Afrique Centrale, souvent issues de cette région. Le projet ANBEP propose une prise en charge complète et ciblée de 40 femmes du département de Kanel, dans la région de Matam (carte 6).

    Carte 6 : Les villages d'intervention d'ANBEP dans la vallée du fleuve Sénégal (région de Matam)

    ANBEP contribue également dans la prise en charge des personnes touchées par le VIH dans le district de Kanel. Elle pousse les femmes infectées à accepter leur statut sérologique et à adopter un comportement prudent avec leurs éventuels partenaires ou en cas de grossesse. Ce cheminement est encouragé par la participation des bénéficiaires à des groupes de paroles, des entretiens individuels à leur domicile. Un appui nutritionnel est alloué aux femmes les plus indigentes, de même que du lait artificiel leur est fourni après accouchement. Un important travail de plaidoyer auprès des leaders communautaires vise à boucler ce dispositif en sensibilisant ces derniers à la stigmatisation persistante subie par ces femmes séropositives.

    ANBEP couvre également la prise en charge de personnes vivantes avec le VIH dans le district de Kanel, elle a récemment organisé des séances de dépistage qui ont touché plus de 500 personnes à Ourossogui. Pour assurer une pérennité de ces activités à Matam, la création de l'association « Kawral et Kisaal » regroupe des personnes touchées par cette pandémie qui animent le territoire régional continuellement.

    Enfin, ces femmes bénéficient des formations spécifiques en vue d'effectuer des activités génératrices de revenus et d'assurer leur autonomie financière.

    Cette décentralisation des activités a permis de toucher un plus grand nombre de population, d'élargir le champ des partenaires sur le programme santé MST/SIDA et d'y intégrer un volet économique.

    3.3 AU NIVEAU TERRITORIAL

    ANBEP a tissé un réseau de partenariat au profit d'une pérennité de ces alliances avec les services techniques, les services administratifs, les autres associations à l'échelle du territoire, les acteurs régionaux, nationaux et les collaborateurs financiers.

    En effet, la réalisation de certains projets nécessite l'autorisation de la municipalité dans la banlieue de Dakar et du conseil rural dans les villages d'intervention de cette association, d'où l'efficacité de ce système de partenariat (figure 11).

    Figure 11 : Les partenaires dans le territoire d'action de l'ANBEP

    ANB

    E

    P

    Echelle Quartiers / Villages

    Nous avons une certaine modélisation de l'espace d'intervention de l'association. Que ce soit au niveau des quartiers en milieu urbain ou des villages en milieu rural, ANBEP effectue ses activités avec l'appui de trois acteurs :

    - les autorités des collectivités locales (commune d'arrondissement ou communauté rurale) par un droit d'information (avertissement des autorités qui ont un droit de regard sur tout ce qui se déroule dans leur territoire institutionnel, voire leur circonscription territoriale) ;

    - les services techniques qui sont le plus souvent sollicités par l'association (SAED, service d'hygiène, AGETIP...) et

    - les partenaires internationaux sont en gros le maillon le plus important dans la réalisation des programmes de l'association (la plupart des activités ANBEP) qui entrent dans la ligne de mire ou des objectifs des bailleurs de fond à l'échelle internationale.

    Par delà, il existe une certaine internationalisation des activités d'ANBEP qui confronte ses expériences avec d'autres associations africaines et françaises à travers l'ONG Solidarité SIDA qui en est le catalyseur. Une évolution d'échelle d'intervention de cette association se dessine allant du local au global (photo 17 et 18).

    Photo 17 : Débat autour de l'intervention d'ANBEP Photo 18 : Stand ANBEP lors du festival Solidays à

    au Sénégal Longchamp

    Dans cette orientation, depuis 1999 ANBEP représente le Sénégal au festival de Solidays organisé par Solidarité SIDA qui appui la décentralisation des activités de cette association à Matam par la prise en charge des personnes vivantes avec le VIH. Ainsi, elle s'intègre dans le programme annuel de Solidarité SIDA et demeure un model de structure oeuvrant contre la stigmatisation des personnes vivantes avec cette maladie et sa réduction en Afrique.

    A l'image de toutes les associations, la démarche ANBEP consiste à identifier les organismes intervenant dans le domaine du SIDA. C'est en ce sens qu'elle a ciblé directement l'organisation Solidarité SIDA par une demande de financement. Après l'identification des objectifs et des réalisations de l'association, le financement est obtenu. Solidarité SIDA intervient à l'échelle locale en Afrique en appuyant les associations communautaires plus proche du terrain. Cette relation met en exergue l'échelle internationale car l'intervention de cette association française est liée à la politique de santé publique au niveau nationale et des mécanismes multilatéraux conduisant à un soutien financier.

    Bref, nous avons une chaine de solidarité en faveur des plus vulnérables que l'ANBEP développe par le canal des fonds de solidarité SIDA France qui défend à son tour l'intérêt de cette cible au niveau internationale par la protection des droits des personnes vivantes avec le VIH SIDA. Solidarité SIDA inscrit pleinement sa politique dans la réalisation du 6éme Objectif du Millénaire pour le Développement28(*).

    Mieux, ce programme de santé est devenu un des modèles en Afrique et ces différents partenaires sont fiers de le citer en exemple.

    Sénégal. Lutte contre le SIDA : le Dr Adjobi Christine Nebou visite une communauté de Yeumbeul-Nord

    Pour toucher du doigt les vraies réponses que les communautés encadrées, par les organisations communautaires de base, ont apportées à l'épidémie du VIH/SIDA, le ministre ivoirien de la Lutte contre le SIDA, le Dr Adjobi Christine Nebou, a rendu visite, samedi, à une association de Yeumbeul-Nord dans la grande banlieue dakaroise.

    Le Dr Adjobi Christine Nebou, ministre de la Lutte contre le Sida de la Côte d'Ivoire, a rendu visite, samedi dernier, à l'association sénégalaise pour le bien-être de la population (ANBEP) à Yeumbeul Nord, dans la banlieue dakaroise. Accompagné de M. Baba GOUMBALA, secrétaire exécutif de l'Alliance nationale contre le Sida (ANCS), et de M. Alpha Ndiaye, président de l'ANBEP, le ministre ivoirien a rencontré les responsables de cette association communautaire qui a intégré, en 1992, le volet lutte contre le SIDA dans son programme d'activités. Cette association par ses activités, est un model de développement par le bas en matière de lutte contre le SIDA.

    EXTRAIT DU QUOTIDIEN LE SOLEIL 2 NOVEMBRE 2004 ARTICLE REALISE PAR BABACAR DRAME,

    Par ailleurs, dans le domaine économique ANBEP s'insère dans le réseau international de promotion de la production locale des pays Suds pour défendre l'intérêt des petites exploitations. Elle devient dés lors un territoire du pays des Suds s'intégrant dans le réseau de la mondialisation par la participation au forum social mondial de Dakar en 2011 (photo 19 et 20).

    Photo 19 : Stand ANBEP au Forum Social Mondial Photo 20: Marche des participants pour réclamer un

    de Dakar développement par le bas

    Par cette intervention, les femmes transformatrices de céréales locales défendent leur intérêt en se lançant sur cette vaste campagne de lutte contre les multinationaux et l'exploitation des petits producteurs. Ces activités ont eu un effet catalyseur par l'élargissement des acteurs et du champ d'application des populations impactées. Nous avons une vision pyramidale et hiérarchique du système de gouvernance et de l'agencement des acteurs à la base (figure 12).

    Figure 12 : ANBEP de la gouvernance interne à la gouvernance globale

    Echelle globale

    Gouvernance globale

    Bailleurs de fonds, Partenaires internationaux, Multinationales

    ETAT

    Echelle locale

    Gouvernance locale

    Collectivités locales

    ANBEP

    Citoyens, Populations

    ANBEP offre beaucoup d'opportunité pour des projets d'acteurs à caractère institutionnel moins marqué. Elle sert de liens de proximité aux acteurs intervenant autour de divers projets et introduit une dimension horizontale, voire un système de gouvernance.

    L'échelle globale est composée d'un vaste ensemble régional (pays riches) avec une forte cohérence. On a une prompte transition vers le local voire le micro-local comme l'échelle quartier. Il n'existe pas d'échelle intermédiaire mais deux niveaux d'échelles extrêmes (local - global) : l'échelle locale est caractérisée par des dynamiques endogènes porteuses de changement. C'est à cette échelle que se prennent les initiatives, que s'expérimentent les innovations, que se forment les compétences par de lents processus d'apprentissage tant individuels que collectifs.

    Ces dynamiques locales s'inscrivent dans la mondialisation et le territoire local crée une proximité géographique entre les différents acteurs (locaux et institutionnels)

    Bref, les projets de développement de quartier menés ces dernières années, ont contribué à renouveler la manière de penser de la politique urbaine. Comme le montre l'étude réalisée par Mathilde CHASSOT29(*) sur la Coopération Française « ce renouvellement encore timide est rendu nécessaire par les insuffisances, voire l'échec des méthodes et procédés d'aménagement appliqués antérieurement ». Elles ne permettent plus d'assurer à la ville une croissance organisée.

    *

    * *

    En somme, ANBEP a participé à la structuration de l'espace par la territorialisation de ces actions. La pertinence de ces activités réside dans la promotion sectorielle des initiatives locales dans les domaines de : l'éducation, la santé et l'économie (par la création des activités génératrices de revenues) qui font parti des neufs domaines de compétences transférés que les collectivités locales (surtout la commune d'arrondissement de Yeumbeul Nord) peinent à assurer.

    Toutefois, ce rôle d'auxiliaire de la puissance publique ne leur est qu'exceptionnellement reconnu de manière officielle. L'État et les pouvoirs décentralisés laissent faire (comme sur d'autres plans, par incapacité de contrôler la situation), sans que leur mutisme puisse être distinctement interprété, ni comme un encouragement officiel, ni même comme une reconnaissance tacite.

    Ira-t-on jusqu'à voir en ces regroupements populaires un moyen de recomposer le tissu social à l'échelle de la ville, en suscitant l'embryon d'une fédération sociale urbaine ?

    CONCLUSION GENERALE

    La pertinence des activités de cette association se juge à travers ces réalisations. Elle a relayé l'Etat dans la banlieue par l'offre des services qui sont du ressort des pouvoirs publics. Pour une pérennité de cette dynamique, trois méthodes de suivi sont réalisées : le suivi à travers les réunions du comité d'exécution hebdomadaire, le suivi de proximité du fait que les membres de l'association habitent avec les bénéficiaires et le suivi régionale souvent organisé par les bailleurs de fonds.

    A l'image de l'ANBEP, les associations contribuent activement au développement socio - économique du pays. Au regard des changements quantitatifs et qualitatifs constatés dans les secteurs sociaux, de production et au niveau de la gouvernance, elles sont indispensables au développement d'une manière générale.

    Cependant, les relations entre cette association et les pouvoirs publics sont parfois tumultueuses. L'Etat ne doit pas l'empêcher de jouir de son autonomie d'action. Similairement, il est illusoire qu'elle voit en la décentralisation un moyen de contourner l'Etat et de traiter directement avec les populations. Les forces locales constituent un vecteur de développement autant qu'elles peuvent en constituer un frein. Si dans un premier temps les projets doivent prendre appui sur ce capital social, secondairement, ils doivent surmonter ces limitations, ce qui ne peut pas se produire sans conflit.

    En réalité, associations et Etat doivent s'unir sans se confondre. Si l'Etat est le dépositaire de la puissance publique, l'association est l'interface entre les populations bénéficiaires et l'Etat.

    Pour assurer des services durables aux populations, ANBEP doit disposer de ressources financières requises et des ressources humaines ayant une bonne maîtrise des questions de développement local. Elle doit d'abord compter sur elle - même et oeuvrer à se fédérer davantage afin d'être plus forte sur les chantiers du progrès. Le développement local est un processus qui implique des interactions d'acteurs motivés à la recherche de synergie pour produire la croissance économique.

    Les produits de cette étude nous amènent à formuler quelques suggestions dont la prise en considération permettra d'ouvrir de nouveaux horizons pour bâtir cette association.

    · Élaborer une politique de communication pour faciliter la gouvernance locale

    Les informations sur les activités du projet et les processus de décision devraient être largement diffusées de manière à faciliter la participation. Elles devraient être aisément accessibles, communiquées en temps opportun, compréhensibles et pertinentes. La mise en place d'un site web animé est convenable afin de publier les rapports annuels et les progrès réalisés en matière de participation des populations aux processus de décision des affaires locales.

    · La planification globale des initiatives de développement local

    Sur le modèle de l'ANBEP, les initiatives locales de développement sont souvent dispersées sans articulations entre elles et sans objectifs communs. La collectivité locale (commune d'arrondissement de Yeumbeul sud) peut dans le cadre de son plan local, intégrer toutes ces initiatives locales de développement, les harmoniser, les articuler entre elles afin de les pérenniser. C'est le premier pas vers la transformation des initiatives locales de développement, en initiatives de développement local. Elle doit faire de cette vision son cheval de bataille pour être reconnue d'une manière pérenne.

    · Le financement du développement local 

    La commune d'arrondissement de Yeumbeul doit contribuer aux financements des activités de développement local initiées par les groupements (comme ANBEP), la nomenclature budgétaire le permet. La dynamique associative ouvre ainsi sur des perspectives d'émancipation et de responsabilisation civique même si le caractère massif de cette émancipation reste incertain.

    Bref, les associations populaires ne savent généralement pas présenter leurs expériences pour ce qu'elles sont un trésor de pragmatisme, infiniment précieux pour quiconque veut bien prendre au sérieux les contextes parfois très compliqués (sociaux, psychologiques...) dans lesquels doivent nécessairement s'inscrire des réponses valables à des questions précises. Dans les pays Suds où tous les secteurs sont en léthargie et le chômage un goulot d'étranglement des puissances publiques, les associations peuvent constituer une panacée à ces problèmes.

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    Lien internet

    www.iagu.org

    www.lequotidien.sn,

    www.lesoleil.sn ,

    www.uncdf.org ,

    www.walf.sn

    www.worldbank.org .

    GLOSSAIRE

    Sopi : mot wolof, changement

    Set-Sétal : slogan wolof, propre et rendre propre

    Mbotaye : mot wolof signifiant groupement de femmes

    Dahiras : mot wolof, regroupement religieux

    Téranga : mot wolof, bonté

    Siggi : mot wolof redressement

    Kawral : mot Puular, entente

    Kisaal : mot Puular, sauvetage

    LISTE DES CARTES

    CARTE 1 : Les territoires d'action des associations de développement à Yeumbeul à la fin des années 1990 2

    CARTE 2 : Situation de l'ANBEP 2

    CARTE 3: Occupation du sol de la zone de Yeumbeul en 1954 (a), en 1978 (b), et en 2003 (c) 2

    CARTE 4: La zone d'intervention de l'ANBEP à l'échelle des communes d'arrondissement 2

    CARTE 6 : Les villages d'intervention d'ANBEP dans la vallée du fleuve Sénégal (région de Matam) 2

    CARTE 5 : Cartographie de l'intervention de l'ANBEP dans le bassin arachidier 2

    LISTE DES PHOTOS

    PHOTO 1 : Accès public à l'eau potable 2

    PHOTO 2 : Borne fontaine à deux robinets 2

    PHOTO 3 : Puisard où sont déversées les eaux usées 2

    PHOTO 4 : Toilette à chasse manuelle et fosses septiques 2

    PHOTO 5 : Maraichage et prévention à Matam 2

    PHOTO 6 : Formation des relais communautaires 2

    PHOTO 7 : Célébration des 20 ans d'ANBEP à Matam 2

    PHOTO 8: Président ANBEP en compagnie des Préfets, sous préfet et président du conseil régional de Matam 2

    PHOTO 9 : Centre de santé ANBEP 2

    PHOTO 10 : Equipement du centre de santé 2

    PHOTO 11 : Centre de formation ANBEP 2

    PHOTO 12 : Initiation des élèves à l'informatique 2

    PHOTO 13 : Unité de fabrique du savon 2

    PHOTO 14: Savon label ANBEP 2

    PHOTO 15 : Ensachage du couscous de patate 2

    PHOTO 16 : Femme s'activant à la préparation de l'ensachage 2

    PHOTO 17 : Débat autour de l'intervention d'ANBEP au Sénégal 2

    PHOTO 18 : Stand ANBEP lors du festival Solidays à Longchamp 2

    PHOTO 19 : Stand ANBEP au Forum Social Mondial de Dakar 2

    PHOTO 20: Marche des participants pour réclamer un Développement par le bas 2

    LISTE DES FIGURES

    FIGURE 1: Les relations horizontales entre les différents acteurs de l'association 2

    FIGURE 2: Cadre général d'intervention des acteurs 2

    FIGURE 3: Les types de relations entre acteurs 2

    FIGURE 4 : Gouvernance locale autour du projet de développement social des quartiers 2

    FIGURE 5 : Le rôle de l'ANBEP dans la fourniture de l'eau à Yeumbeul 2

    FIGURE 6: Les acteurs autours de la gestion des déchets à Yeumbeul 2

    FIGURE 7 : Evolution temporelle des partenaires et d'échelles d'interventions de l'ANBEP 2

    FIGURE 8: Les partenaires de l'ANBEP dans le volet éducation 2

    FIGURE 9 : Evolution du nombre d'élèves à l'école communautaire de l'ANBEP de 1995 à 2010 2

    FIGURE 10 : Appui financier des groupements de l'ANBEP 2

    FIGURE 11 : Les partenaires dans le territoire d'action de l'ANBEP 2

    FIGURE 12 : ANBEP de la gouvernance interne à la gouvernance globale 2

    LISTE DES TABLEAUX

    TABLEAU 1 : Indicateurs d'impacts 2

    TABLEAU 2 : Comparaison de dix principaux motifs de consultation entre 1987 et 2007 2

    TABLEAU 3 : Nombre de causeries réalisées en fonction des villages pour l'année 2010 2

    TABLEAU 4 : Modélisation des actions de l'ANBEP 2

    ANNEXES

    ANNEXE I : GUIDES D'ENTRETIEN DES PERSONNES RESSOURCES

    I. Entretien avec l'infirmière chef de poste Yeumbeul

    1. En quelle année est crée le poste de santé, quel est son organigramme ? le personnel sanitaire ?

    2. Quel est le mode de fonctionnement et de financement de la structure ?

    3. Quelles sont les types des soins pratiqués ?

    4. Quel est le niveau ou taux de fréquentation de la structure de santé et le coût de la consultation ?

    5. Quels sont les types maladies les plus consultés et la provenance des malades?

    6. Quelles sont les maladies ayant diminuées à Yeumbeul entre 1990 et 2013 ?

    7. Quelles sont les raisons de cette diminution ?

    8. Quel est l'impact des associations dans cette poste de santé en l'occurrence ANBEP ?

    9. Rôle de la Commune d'arrondissement dans le fonctionnement de la poste de santé ?

    10. Êtes-vous associés dans le programme santé de l'ANBEP ?

    11. En termes de prévention et sensibilisation quel est l'impact de l'ANBEP à Yeumbeul ?

    II. Entretien avec les personnes ressources

    A/ Historique et Composition de l'association

    1. Comment s'est construit ANBEP ?

    2. Quel est le nombre de membres ? Lieu de résidence des membres ? Leur composition ethnique ?

    3. Niveau d'instruction et de formation général des membres ?

    4. Quelle est la situation professionnelle générale des membres

    B/ Organisation et financement des activités

    1. Comment est structurée l'association ? Quel est le mode d'organisation ? Qui sont ses partenaires ? Quel est le mode de gestion du pouvoir au sein de l'association ?

    2. Quelles sont les ressources de l'association ?

    3. Quels sont les types d'activités de l'association ?

    4. Ces activités sont elles en rapport avec le tissu social du quartier ?

    5. Ces activités s'inscrivent elles dans le cadre de la gestion du quartier ?

    6. Quels sont les dispositifs d'occupation et d'animation de l'association dans le quartier ?

    7. Quelles sont les relations sociales et niveaux d'équipements de l'ANBEP ?

    8. Quel est le mode de fonctionnement et de financement des activités d'ANBEP ?

    9. Quel est le type de participation des populations, leur mode de désignation ?

    C/ Rapports entre association et municipalité

    1. Quelles appréciations faites-vous du mode de gestion urbaine dans la commune d'arrondissement ?

    2. Travaillez-vous en partenariat avec les autorités locales dans l'élaboration et l'exécution de vos programmes d'activités ?

    3. Recevez-vous une subvention de la part des autorités ?

    4. Quels sont les rapports entre ANBEP et les différentes associations de Yeumbeul ?

    D/ Dynamique populaires et lutte contre la pauvreté

    1. Quelles appréciations faites-vous de la pauvreté dans la Commune d'Arrondissement en général et dans votre quartier en particulier ?

    2. Quelle est votre perception de la pauvreté ?

    3. Quelles sont les actions que vous mener pour l'éradiquer ?

    4. Quel est le bilan des 20 ans d'existence de l'ANBEP ? Quelles sont les perspectives ?

    ANNEXE II : LES OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DEVELOPPEMENT

    OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DEVELOPPEMENT

    1. D'ici 2015, réduire de moitié, par rapport à 1990, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour et la proportion de la population qui souffre de la faim.

    2. Assurer l'éducation primaire pour tous d'ici à 2015.

    3. Éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaires et secondaires d'ici à 2005, si possible, et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015, au plus tard.

    4. D'ici 2015, réduire de deux tiers, par rapport à 1990, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.

    5. D'ici 2015, réduire de trois quarts, par rapport à 1990, le taux de mortalité maternelle.

    6. D'ici 2015, stopper la propagation du VIH/sida, maîtriser le paludisme et d'autres grandes maladies, et commencer à inverser la tendance actuelle.

    7. Assurer un environnement viable en intégrant les principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux et en inversant la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales.

    8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

    New York, septembre 2000

    ANNEXE III ORGANISATION INTERNE DES PARTIS POLITIQUES AU SENEGAL

    NB : Ce sont les politiciens qui installent les chefs de quartiers

    ANNEXE IV : DIVERS DOCUMENT ILLUSTRANT L'INTERVENTION DE L'ANBEP

    TABLE DE DES MATIERES

    Sommaire 0

    Acronymes 2

    Avant propos 4

    INTRODUCTION GENERALE 5

    PREMIERE PARTIE : CADRE DU STAGE

    CHAPITRE I : PRESENTATION GENERALE DE L'ANBEP 11

    1.1 La structure de l'ANBEP 11

    1.2 L'organigramme de l'ANBEP 12

    1.3 Les différents programmes 14

    1.4 Les moyens techniques 14

    CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES DU STAGE 16

    2.1 Le contexte du stage 16

    2.2 Les missions du stage 16

    CHAPITRE III : CADRE DE REFERENCE 17

    3.1 Problématique 17

    3.1.1 Contexte et justification de l'étude 17

    3.1.2 Position du problème 20

    3.1.3 Analyse conceptuelle et théorique 21

    3.2 Méthodologie 25

    3.2.1 La démarche de diagnostic 25

    3.2.2 Les informations collectées 27

    3.2.3 Analyse et interprétation des données 27

    DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION DES RESULTATS

    CHAPITRE I : LE SYSTEME D'ACTEURS ET DE GOUVERNANCE LOCALE 31

    1.1 Présentation des acteurs et leurs fonctions dans le développement local 31

    1.1.1 Le système d'acteurs 31

    1.1.2 Les types de relations entre acteurs 33

    1.2 La gouvernance locale autour du jeu des acteurs 35

    CHAPITRE II : IMPACT DES ACTEURS ET DES ACTIVITES DANS LES SECTEURS STRATEGIQUES DU DEVELOPPEMENT LOCAL 38

    2.1 L'accés aux services sociaux de base 38

    2.1.1 L'accès à l'eau potable 38

    2.1.2 L'assainissement 41

    2.1.3 La santé 45

    2.1.4 L'éducation 50

    2.2 Le développement économique local et la question du genre 53

    2.2.1 Le développement économique local 53

    2.2.2 La question du genre 56

    CHAPITRE III : IMPACT DES ACTIVITES EN TERMES D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE 58

    3.1 Au niveau sectoriel 58

    3.2 Au niveau zonal 60

    3.2.1 Dans la banlieue 60

    3.2.2 Dans le bassin arachidier 61

    3.2.3 Dans la vallée du fleuve Sénégal 62

    3.3 Au niveau territorial 63

    CONCLUSION GENERALE 68

    BIBLIOGRAPHIE 70

    Glossaire 74

    Liste des cartes 75

    Liste des photos 76

    Liste des figures 77

    Annexe I : Guides d'entretien des personnes ressources 80

    Annexe II : Les objectifs du millénaire pour le développement 82

    Annexe III : Organisation interne des partis politiques au senegal 83

    Annexe IV : Divers document illustrant l'intervention de l'ANBEP 84

    * 1 Salimata Wade 2002 «  La dynamique associative en milieu urbain ouest africain », Enda Tiers Monde Equipe Ecopop, 46 pages

    * 2 Mot Wolof signifiant propre et rendre propre

    * 3 Olivier Legros, 2007 « Le gouvernement des quartiers populaires : production de l'espace et régulation politiques dans les quartiers non réglementaires de Dakar (Sénégal) et de Tunis (Tunisie) » Thèse de Doctorat de 3éme cycle, Université de Tours, 486 pages

    * 4 Le processus actuel de décentralisation, c'est à dire de transfert de compétences vers les collectivités locales, offre au pays de nouvelles opportunités et d'importants défis. La décentralisation et la déconcentration exigent l'établissement de nouveaux partenariats à plusieurs niveaux : entre les différentes instances de l'administration, entre l'Etat, les collectivités locales et les populations organisées

    * 5 Il s'agit de la Loi 84 37 du 17 avril 1984 adoptée pour promouvoir les micro-activités économiques

    * 6 La fin de la guerre froide et de la rente stratégique ont aggravé la situation brutalement. On parle pour les années 1990 de la « décennie perdue » en Afrique. Les politiques d'ajustement structurel ont poussé l'Etat du Sénégal fortement endetté à se désengager par le transfert de compétences de certains services clés aux collectivités locales, le retrait des subventions et la privatisation des sociétés nationales. Les associations se voient ainsi favoriser par cette nouvelle démarche.

    * 7 Elles se traduisent par un cycle prolongé de grèves scolaires et universitaires (avec comme points culminants, l'année blanche de 1988 et l'année universitaire invalidée de 1993).

    * 8Le règlement du Programme d'appui au développement local urbain (PADELU) financé par le Fonds Européen de Développement (FED) indique dans l'article 1 que « la commune est responsable de la phase « Identification et Elaboration des projets », à laquelle les populations à travers les organisations communautaires de base (OCB) participent pleinement selon un processus participatif. L'existence d'un cadre de concertation est une condition sine qua non pour l'agrément des projets par le programme. Le cadre de concertation doit être un espace d'échanges et de réflexions entre les élus, la société civile et les services déconcentrés de l'Etat, pour définir les projets prioritaires de développement de la commune ».

    * 9 Les chefs de quartiers ont toujours joué un rôle de pilier à l'Etat en remplissant un rôle de médiateur.

    * 10 Cadre de socialisation, de reconnaissance où les acteurs locaux bénéficient d'une reconnaissance sociale à l'échelle du quartier

    * 11 Commission Européenne, Communication sur la promotion du rôle des associations et fondations en Europe, Office des publications officielles des communautés européennes, Luxembourg, 1997, p.6

    * 12 Petit Larousse, 1980, page 69

    * 13 Wade, Salimata, 2001, « Lecture des dynamiques associatives à travers leur participation au fonctionnement des villes ouest-africaines », Revue sénégalaise de sociologie, 4-5, pp.129-97.

    * 14 Roger Brunet, 1992 « les Mots de la géographie »

     

    * 15 Jacqueline Mengin, 1989 « Guide du développement local », collection Harmattan, 120 pages

    * 16 Esquissé déjà dans la réforme foncière de 1964, ce concept est réapparu au Sénégal vers les années 1980 à la faveur de la loi de décentralisation de 1972. Le développement à la base est une dynamique de développement impulsée par le bas, c'est-à-dire par la communauté locale elle-même, pour mieux satisfaire les besoins locaux qui se différencient en fonction des caractéristiques naturelles, sociales ou culturelles propres à chaque territoire. Les initiatives locales sont portées par des acteurs locaux issus du monde associatif, de la société civile et de l'économie informelle ou populaire, pour contrecarrer les effets de la crise dans les zones en difficulté.

    * 17 Alain Blanchet et Anne Gotman, 2006 «  L'enquête et ses méthodes : l'entretien ». Armand Colin, coll.128, Paris, Page 40.

    * 18 Il s'agit de signes vérifiables et mesurables qui par comparaison à une référence permettent de porter une appréciation.

    * 19 Le Maire aurait à l'occasion de la délimitation des zones, tenté de scinder le territoire d'action de ANBEP c'est-à-dire les quatre quartiers : Néma, Gandiol, Ouest 3 et Houdalaye, en les rattachant à des conseils de zone installés dans d'autres quartiers. Mais cette tentative a visiblement échoué. En effet, les quatre sous quartiers ont été intégrés à une même zone, dirigés par le président de l'ANBEP de surcroit.

    * 20CSI/UNESCO, 1997 « Qualité de l'eau de la nappe phréatique à Yeumbeul, Sénégal. Étude sur le terrain» UNESCO, L'étude à été réalisé en partenariat du Projet Villes : gestion des transformations sociales et de l'environnement. Environnement and Development in Coastal Regions and in Small Islands (CSI).

    * 21 Ces bénéfices ont permis de donner un crédit de 15.000F CFA à une cinquantaine de femmes intégrées dans des groupes de promotion féminine.

    * 22Société Industrielle d'Aménagement du Sénégal (SIAS) crée en 1986 pour s'occuper du ramassage des ordures ménagères mais la paralysie du système de nettoiement qui a persisté, conduit à sa liquidation en septembre 1995.

    * 23 A certains moments, le maire a fait arrêter des travaux des puisards, prétendant ne pas être au courant.

    * 24 Ce camion de vidange qui a été financé dans le cadre du projet de développement social des quartiers (DSQ) pour couvrir également les trois collectivités : Yeumbeul Nord, Yeumbeul Sud et Malika, est actuellement aux mains d'un promoteur privé qui en assure la gestion.

    * 25Il s'agit de raconter une ébauche d'histoire et de demander à la communauté de continuer son déroulement tout en utilisant les capacités d'introspection de chacun. Cette approche permet de libérer les perspectives individuelles et collectives dans un cadre de respect mutuel et d'acceptation des différences. Elle assure aussi l'apprentissage mutuel et collectif et constitue un catalyseur de changement social.

    * 26 Activités de vacances visant à encadrer les enfants de la banlieue sur le triptyque : lutte contre la pauvreté, environnement et citoyenneté.

    * 27 Forme de groupement solidaire dont l'objectif principale est l'assistance, l'entraide. Ces groupements se forment en fonction des affinités ou de l'identité des groupes (la famille, le lignage, l'ethnie, les associations de quartier, les confréries).

    * 28 Le 6 éme Objectif du Millénaire pour le Développement veut stopper d'ici 2015, la propagation du VIH/SIDA, la maîtrise du paludisme et d'autres grandes maladies, il commence par inverser la tendance actuelle.

    * 29 Mathilde CHASSOT, 2005 «Dix ans de coopération décentralisée française au Sénégal : quelle contribution au processus de décentralisation ? »,  DESS Développement Coopération et Action Humanitaire, Université Paris 1 - Sorbonne 92 pages.






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