2.2.2 L'ethos de « vertu »
L'ethos de « vertu » est utile et nécessaire
à l'homme politique parce que ce dernier, élu par le peuple, doit
donner un bon exemple à ses compatriotes. L'homme politique
possédant cet ethos prouve sa sincérité et sa
fidélité mais également dégage une image
d'honnêteté personnelle.
Exemple 12 « Je vous dois cette
vérité, et nous devons cette vérité aux
Français. Pour y faire face, partout sur le territoire, des militaires,
des gendarmes, des policiers sont mobilisés.»12
Le locuteur est conscient de l'importance de la situation.
Quelques jours après les attentats à Paris, les citoyens sont
toujours inquiets. Donc le sujet parlant fait preuve d'honnêteté
en révélant la vérité qui consiste dans le choix de
mesures adéquates et efficaces. En l'occurrence, cette
vérité est une forme de soulagement qui n'a pas de prix. En
sachant qu'il doit être un modèle pour son peuple, le locuteur
rassure ses compatriotes et leur annonce qu'ils peuvent se sentir
protégés car les forces de l'ordre assurent leur
sécurité. La fidélité à ses engagements se
définit par la réalisation de ses propres idées, la preuve
qu'il agit au nom de valeurs qui sont au fondement de son projet politique. Et
notamment ces valeurs ne sont ni discutables, ni négociables ; elles
sont une
12 Ibid.
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source d'inspiration pour l'accomplissement de ses actes.
C'est laisser percevoir une certaine force de conviction. A ces images
vertueuses de fidélité et de courage du sujet politique s'ajoute
l'honnêteté personnelle. Selon P. Charaudeau, cette image -
à l'encontre de celle de l'esprit de ruse - renvoie à la droiture
et à la sincérité, elle est valable dans la vie publique
et privée. Autrement dit, il est question d'être transparent et de
dire ce que l'on pense. Cette honnêteté peut également
s'exprimer vis-à-vis des adversaires en termes de loyauté : celui
qui combat son opposant, en étant capable de reconnaître la
validité du jugement de l'autre, voire ses propres torts.
Exemple 13 « Mais quel
mépris, quelle manière de faire de la politique. Quelle
manière et quel type de langage vous utilisez. La manière dont
vous parlez. Jamais je n'oserai parler d'un responsable de l'opposition de
cette manière. Jamais ! »13.
Notre exemple nous propose une situation où le locuteur
(le Chef du gouvernement) défend un de ses ministres et estime qu'il est
inacceptable de s'adresser d'une telle manière au ministre en question.
Le sujet parlant est direct et dit ce qu'il pense ; il considère qu'il
est nécessaire d'avoir une dose de respect entre les membres de
différents partis politiques. Etre honnête et prendre toujours une
position concernant un débat ou une dispute, est une arme à
double tranchant car la partie adverse, et les opposants en
général, n'aiment pas entendre la vérité parce
qu'elle fait mal. Nous remarquons que celui qui possède cet ethos est
quelqu'un qui est prêt à tout au nom de ses
13 La réponse de Manuel Valls après les
propos de Christian Jacob sur Stéphane Le Foll, Assemblée
nationale - 22 juillet 2015
principes et qu'il préfère mourir que les
négliger. Cet ethos s'associe également à l'honneur du
locuteur et son besoin d'être loyal avec ses allocutaires.
Nous pouvons dire que l'ethos de « vertu »
s'accompagne d'une marque de respect vis-à-vis du citoyen : l'homme
politique se doit d'être transparent, franc et direct. L'objectif
principal du politicien est d'être compris par le grand public et non
seulement par une catégorie de spécialistes ou des gens
compétents dans un certain domaine. Autrement dit, il doit se servir de
propos simples et efficaces pour exprimer ses convictions.
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