2.1.3 L'ethos de « chef »
L'ethos de « chef » se manifeste à travers
diverses figures, de guide, de souverain, de
commandeur. Au centre de la figure du chef-souverain est
placée la souveraineté. Celle-ci est ce qui fonde la
légitimité de l'homme politique. Il s'agit ici de voir comment
l'homme politique peut se construire un ethos qui lui fait prendre une position
de garant des valeurs et va jusqu'à le faire se confondre avec ces
valeurs. Il peut le faire de différentes façons. D'une part,
en
nationale le 16 septembre 2014
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annonçant ses propres valeurs, de façon à
s'incarner dans celles-ci : parler de la démocratie, de la
souveraineté du peuple, de l'identité nationale du peuple, de ce
que doivent être les grands axes d'un projet politique, en
célébrant le peuple, le pays, le régime institutionnel.
D'autre part l'homme politique s'engage à se tenir à distance et
ne pas répondre à des provocations de la part de ses adversaires.
Il ne doit pas s'abaisser au niveau des inférieurs, ne pas prendre des
risques inutiles, et s'élever au-dessus de tout ce qui pourrait
apparaître comme des conflits stériles.
Exemple 8 « Je sollicite votre
confiance afin de poursuivre notre politique économique. Je sollicite
votre confiance car la politique de mon gouvernement est guidée par les
valeurs de la République, des valeurs chères à la gauche -
la Nation, le principe d'égalité et de justice - qui s'adressent
à tous les Français »8.
Le locuteur exprime son souhait et sa volonté en
précisant qu'il aimerait que son auditoire ne soit pas sceptique
à l'égard de la situation politique et économique dans le
pays. En sa qualité de Chef du gouvernement, il sent la
nécessité de parler ouvertement afin de gagner l'empathie du
public pour mieux gérer ses responsabilités professionnelles. Le
sujet parlant se revendique défenseur des valeurs républicaines
en assurant que celles-ci tiennent à coeur son gouvernement. En
l'occurrence, il s'agit d'une confirmation concernant la
légitimité et l'équité de l'homme politique. Ce
dernier éblouit l'auditoire par son discours car il se
révèle altruiste et mené par un sentiment national et
patriotique s'exprimant sous forme d'actes politiques. Pour le locuteur, les
principes et la devise de la France représentent un critère
élevé et il doit être à
8 Ibid. 16 septembre 2014
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la hauteur des exigences du peuple. Le sujet parlant occupe
une position clé et il a la possibilité de faire progresser le
pays en luttant contre les inégalités et les points faibles
dévalorisant l'image de la République.
La figure de commandeur s'associe
à l'image du chef de guerre, de celui qui peut être amené
à déclarer des guerres à ses frontières, faire des
déclarations guerrières contre des ennemis proches ou lointains.
Le commandeur doit avoir une vision claire de ce qui fait la différence
entre le bien et le mal, et en conséquence, se disant
éclairé par une force surnaturelle, il indique la voie qu'il faut
suivre pour combattre les forces du mal.
Exemple 9 « Il faut toujours dire
les choses clairement : oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le
djihadisme et l'islamisme radical. La France n'est pas en guerre contre une
religion. La France n'est pas en guerre contre l'islam et les Musulmans. La
France protégera, et le président de la République l'a
également rappelé ce matin, la France protégera, comme
elle l'a toujours fait, tous ses concitoyens, ceux qui croient comme ceux qui
ne croient pas. Avec détermination, avec sang-froid, la
République va apporter la plus forte des réponses au terrorisme,
la fermeté implacable dans le respect de ce que nous sommes, un Etat de
droit »9.
Dans cette situation atroce pour le pays et ses citoyens, le
locuteur déclare explicitement et bravement que la France est en guerre.
Il tient à préciser qui est l'adversaire que le pays doit
affronter et signale que le peuple français ne doit pas confondre un
mouvement islamiste avec toute une religion. Le sujet parlant affirme
publiquement sa position en effectuant une distinction entre le
9 op. cit. 13 janvier 2015
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bien et le mal. A deux reprises il utilise le verbe «
protéger » pour rassurer le peuple que le gouvernement fera le
nécessaire afin de garantir la sécurité de tout le monde.
En outre, le locuteur souligne que la République est prête
à répondre à cette provocation, à cette attaque
personnelle visant la liberté d'expression et les droits de l'homme. Il
est question de garder l'honneur et la dignité de la France car ses
citoyens méritent d'être respectés par les autres. Donc le
sujet d'énonciation n'épargne d'énergie et de forces dans
ce combat où son pays était gravement blessé dans le coeur
et notamment l'ennemi a rudement attaqué ses valeurs et ses principes.
Le locuteur nous indique qu'il arrive à maîtriser ses
émotions dans cette situation délicate et qu'il compte sur les
forces de l'ordre pour guerroyer contre les forces du mal.
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