II- PROBLEMATIQUE ET ENONCIATION DES HYPOTHESES
Cette sous section porte sur la problématique et
lé énonciation des hypothèses de notre étude.
II.1. Problématique
Originellement confinées à la mission
d'intégration économique, les organisations
sous-régionales ont progressivement pris en compte le lien étroit
existant entre la paix et le développement et se sont en
conséquence investies dans le domaine de la prévention, de la
gestion et du règlement des conflits et de la lutte contre
l'insécurité sous toutes ces formes11. En Afrique
centrale, la CEEAC a emboîté le pas à cette nouvelle
dynamique en s'engageant résolument dans la promotion des mesures de
confiance en vue de la prévention des conflits et du maintien de la
paix. La conférence au sommet du Conseil de
sécurité permanent pour les questions de sécurité
en Afrique australe qui a eu lieu à Yaoundé les 25 et 26
février 1999, les états membres ont proposé la
création d'une organisation chargée de la promotion, de la
maintient et de la consolidation de la paix et de la sécurité en
Afrique centrale : le Conseil pour la Paix et la Sécurité en
Afrique Centrale (COPAX), disposant deux instruments ou moyens de mise en
oeuvre : le MARAC et la FOMAC qui ont la charge d'assister les instance du
COPAX12. Le premier rassemble et analyse les informations pour une
alerte avancée et la prévention de crises, le second est la force
non permanente constituée de contingents militaires des états
membres dont le but est de mettre en place et d'assurer les missions pour la
paix, la sécurité et l'aide humanitaire. Seulement, on constate
que l'Afrique centrale continue d'être une zone conflictogène (RCA
et RDC) et insécuritogène (développement des actes de
piraterie maritimes dans le golfe de Guinée, développement de la
criminalité transfrontalière, trafic de drogue, circulation
d'armes légères et de petits calibres etc.)
De ce fait, les instruments du COPAX que sont le MARAC
et la FOMAC remplissent-ils pleinement les missions qui leur sont
assignées ? En d'autres termes, ces instruments sont-ils efficaces dans
la lutte contre la conflictualité et la criminalité sous toutes
ses formes en Afrique centrale ?
11 Anatole Ayissi
(éd.), Coopération pour la paix en Afrique de
l'Ouest : Agenda pour le 21ème siècle, UNIDIR,
Genève: Nations -Unies, 2001, pp. 12-13.
12 Protocole relatif au Conseil de Paix et de
Sécurité de L'Afrique Centrale (COPAX), article 20.
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II.2. Enonciation des hypothèses
Au vu du questionnement qui précède,
quelques hypothèses peuvent être émises :
> Les instruments du COPAX sont inefficaces, car
ceux-ci souffrent d'un manque véritablement de moyens financiers,
humains et surtout logistiques ; ce qui favorise la non maîtrise des
espaces continentaux et maritimes et ne permet pas à ces Etats en
général et ces instruments en particulier de faire face à
toutes formes de criminalités qui s'opèrent dans cette partie du
continent et qui peuvent être des sources d'instabilité et de
menaces pour la paix sous-régionales.
> La perception commune de la menace est le point
de départ obligé pour l'élaboration d'une politique de
sécurité et de défense commune13. Or, cela ne
semble pas être le cas des Etats membres de la CEEAC. Car, tous les
membres de cette institution ne semblent pas avoir la même perception des
menaces qui pèsent sur leur espace. Ce qui peut justifier l'engagement
partiel de ces Etats en termes de financement et expliquer
l'inefficacité de ces deux instruments.
> Le COPAX en général et ses moyens
de mise en oeuvre en particulier dépendent dans leur
quasi-totalité du soutient extérieur. Tant que la CEEAC sera
incapable de faire face de façon autonome à ses besoins, son
efficacité en termes de capacité opérationnelle sera
toujours sujette à caution. Car le jour où elle ne recevra plus
aucune aide de l'extérieur alors qu'elle n'aura aucun moyen de se
prendre en charge, ses activités risqueront de prendre un
coup.
> Une reforme du COPAX s'avère urgente car
au regard des nouveaux enjeux sécuritaires, la CEEAC devrait songer
à inclure dans les textes du COPAX d'autres instruments qui prendront en
compte ces différentes formes de criminalité, car, les
instruments traditionnels que sont le MARAC et la FOMAC ne sont
focalisés que sur la conflictualité.
13 André Dumoulin (1997), Perception
de la sécurité et de la défense des pays européens:
vers l'adoption d'un Livre blanc européen de la
défense, Rapport final, Affaires universitaires,
Bruxelles.
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